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Document 52020AE1431

Avis du Comité économique et social européen sur la «Proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant le cadre requis pour parvenir à la neutralité climatique et modifiant le règlement (UE) 2018/1999 (loi européenne sur le climat)» [COM(2020) 80 final — 2020/0036 (COD)]

EESC 2020/01431

JO C 364 du 28.10.2020, p. 143–148 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

28.10.2020   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 364/143


Avis du Comité économique et social européen sur la «Proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant le cadre requis pour parvenir à la neutralité climatique et modifiant le règlement (UE) 2018/1999 (loi européenne sur le climat)»

[COM(2020) 80 final — 2020/0036 (COD)]

(2020/C 364/20)

Rapporteur:

Jan DIRX

Corapporteure:

Tellervo KYLÄ-HARAKKA-RUONALA

Consultation

Parlement européen, 10.3.2020

Conseil, 13.3.2020

Base juridique

Article 192, paragraphe 1, et article 304 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne

Compétence

Section «Agriculture, développement rural et environnement»

Adoption en section

29.6.2020

Adoption en session plénière

16.7.2020

Session plénière no

553

Résultat du vote

(pour/contre/abstentions)

210/2/9

1.   Conclusions et recommandations

1.1.

À l’instar de nombreuses institutions et personnalités de premier plan de l’Union, le CESE souligne que l’action en faveur du climat ainsi que la reconstruction et la reprise de l’économie après la crise due à la pandémie de COVID-19 peuvent et doivent aller de pair. Pour ce faire, l’on pourrait relancer l’économie européenne en promouvant un ensemble efficace et pleinement durable d’investissements publics et privés. Le CESE voit dès lors dans la proposition de loi européenne sur le climat l’un des instruments permettant de contribuer à la reconstruction souhaitable et nécessaire de l’économie européenne.

1.2.

Le CESE soutient l’approche d’une transition vers la neutralité climatique qui intervient de manière globale à l’échelon de l’Union européenne plutôt que de manière individuelle au sein de chacun de ses États membres. Cette approche présente l’avantage de permettre une répartition optimale des efforts à l’échelle de l’Union en tenant compte des différences entre les États membres. De même, le CESE est convaincu que le soutien à la politique climatique sera d’autant plus important que l’objectif global sera de parvenir à une réduction maximale des émissions de gaz à effet de serre au coût socio-économique le plus bas.

1.3.

Il demande instamment à la Commission de tenir pleinement compte de l’impact de la crise due à la pandémie de COVID-19 dans son évaluation de l’objectif d’émissions pour 2030, et d’opter pour une réduction d’au moins 55 % d’ici 2030 dans ses propositions législatives afférentes. Le CESE fait valoir que le rapport 2019 du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions indique qu’un objectif encore plus ambitieux de réduction des émissions à l’horizon 2030 est nécessaire à l’échelle mondiale pour parvenir à la cible de 1,5 oC fixée dans l’accord de Paris.

1.4.

Le CESE reconnaît que chacun devra prendre des mesures supplémentaires pour atteindre l’objectif fixé en matière de neutralité climatique en 2050. La récente enquête Eurobaromètre (avant la crise de la COVID-19) a montré que 92 % des citoyens de l’Union soutiennent l’objectif de l’Union en matière de neutralité climatique. Pour conserver ce soutien, une accélération de l’action en faveur du climat conjuguée au redressement et à la reconstruction économiques s’impose.

1.5.

Le CESE demande à l’Union de jouer un rôle de chef de file et de servir d’exemple lors du sommet, désormais reporté, de Glasgow sur le climat, dont la tenue était prévue au mois de novembre 2020, et des futurs sommets sur le climat, afin d’engager au moins les principaux acteurs mondiaux à œuvrer énergiquement en matière de neutralité climatique.

1.6.

La réalisation de l’objectif de neutralité climatique dans l’Union d’ici 2050 au niveau européen n’est possible que si chaque pays apporte ses contributions en matière d’atténuation et d’adaptation dans les délais impartis. Le CESE est dès lors favorable à ce que la Commission adresse des recommandations à un État membre si les mesures prises par ce dernier ne sont pas conformes à l’objectif d’atténuation ou ne permettent pas de progresser sur la voie de l’adaptation, sur la base de critères d’évaluation clairs et transparents.

1.7.

Il propose également que les documents d’évaluation de tous les projets de mesures ou de propositions législatives en rapport avec l’objectif de neutralité climatique soient rendus publics en totalité dès que l’évaluation sera terminée.

1.8.

La proposition de la Commission couvre à juste titre à la fois l’atténuation et l’adaptation, «conformément à l’article 7 de l’accord de Paris».

1.9.

Le CESE propose de créer une plateforme des parties prenantes du pacte européen pour le climat, telle que définie dans son avis sur le pacte européen sur le climat, afin d’organiser et de faciliter la participation active de «toutes les composantes de la société».

2.   Introduction

2.1.

La crise mondiale actuelle, due à la pandémie de COVID-19, montre une fois de plus à quel point la vie sur notre Terre est vulnérable. S’il est nécessaire de combattre par tous les moyens la pandémie et ses effets sur le plan économique, social et écologique, il l’est tout autant de continuer à privilégier la prévention et, le cas échéant, la lutte contre d’autres événements susceptibles de menacer la qualité de la vie, tels que le changement climatique et la perte de biodiversité (1). Ou, pour reprendre les mots de Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC), lors de l’annonce du report du sommet de Glasgow sur le changement climatique (COP 26) dont la tenue était prévue en novembre 2020: «Si la COVID-19 est aujourd’hui la menace la plus pressante pour l’humanité, nous ne devons pas oublier que le changement climatique est la plus grande menace à long terme.»

2.2.

De l’avis du CESE, l’action pour le climat d’une part, la reprise et la reconstruction de l’économie après la crise de COVID-19 de l’autre, peuvent et doivent aller de pair. Les mesures de relance et de reconstruction doivent être conformes à l’objectif en matière de climat et les mesures en faveur du climat doivent permettre de réduire les coûts et d’apporter des avantages économiques.

2.3.

Dans cet esprit, le CESE prend également note des déclarations suivantes, effectuées par des institutions et personnalités éminentes de l’Union:

Le 16 avril 2020, le Parlement européen a voté à une vaste majorité pour placer le pacte vert pour l’Europe au centre du futur train de mesures de relance et de reconstruction de l’Union européenne «afin de donner un coup de fouet à l’économie, d’améliorer sa résilience et de créer des emplois, tout en contribuant à la transition écologique, à la promotion d’une économie durable et au développement social».

Le même jour, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déclaré que l’Europe devait doubler ses investissements en faveur du pacte vert pour l’Europe. Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, a envoyé le même message dans une lettre ouverte publiée dans sept bulletins d’information européens. Charles Michel, président du Conseil européen, souhaite lui aussi profiter de cette occasion pour rendre l’Union plus verte: «L’Union européenne doit s’améliorer, et nous devons tirer parti de cette crise.»

2.4.

Pour ce faire, il convient de relancer l’économie européenne en promouvant un ensemble durable d’investissements publics et privés efficaces, par exemple dans les domaines de la réduction de la consommation d’énergie, de l’énergie durable, des réseaux, des procédés de production propres ou du recyclage, tout en favorisant la consommation durable. En outre, afin de parvenir à la neutralité climatique, il est nécessaire de renforcer les puits de carbone et le stockage de ce dernier grâce par, exemple, à une gestion durable des forêts et des sols. Une loi européenne sur le climat est l’un des instruments permettant de contribuer à la reconstruction, souhaitable et nécessaire, de l’économie européenne.

2.5.

C’est pourquoi le CESE accueille favorablement la proposition de loi européenne (2) sur le climat présentée par la Commission européenne le 4 mars 2020, qui établit un cadre juridique pour atteindre l’objectif de neutralité climatique dans l’Union d’ici à 2050. Le CESE reconnaît le bien-fondé et la nécessité de l’objectif de neutralité climatique d’ici à 2050 et plus tôt si possible, de contribuer à la réalisation de l’objectif de l’accord de Paris, à savoir que le réchauffement de la planète doit demeurer largement en-dessous de 2 oC, et de poursuivre les efforts pour le maintenir en dessous de 1,5oC.

2.6.

Il est évident que pour le CESE, il est impératif, pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, qu’au moins tous les grands acteurs mondiaux œuvrent aussi énergiquement en matière de neutralité climatique. Pour ce faire, il est nécessaire d’une part que l’Union européenne déploie une diplomatie climatique active, et d’autre part de prendre des mesures, telles que la tarification du carbone, afin que les produits et services de l’Union bénéficient de conditions de concurrence équitables du point de vue de leur empreinte de gaz à effet de serre par rapport à leurs concurrents établis en dehors de l’Union.

2.7.

La proposition de loi européenne sur le climat est l’une des pierres angulaires du pacte vert pour l’Europe (3) que la Commission a publié le 11 décembre 2019. Le pacte vert explique comment faire de l’Europe le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici à 2050, stimuler l’économie, améliorer la santé et la qualité de vie des citoyens, prendre soin de la nature et ne laisser personne de côté.

2.8.

Le CESE note avec satisfaction qu’au niveau politique, cet objectif de neutralité climatique d’ici 2050 a déjà été approuvé par le Parlement européen dans sa résolution du 14 mars 2019 et par le Conseil européen dans ses conclusions du 12 décembre 2019. En outre, le 5 mars 2020, le Conseil «Environnement» de l’Union a présenté à la CCNUCC (4), au nom de l’Union européenne et de ses États membres, la stratégie à long terme de développement à faibles émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne et de ses États membres (dans le but de parvenir à une Union neutre pour le climat d’ici 2050).

2.9.

Le CESE reconnaît que la réalisation de l’objectif de neutralité climatique en 2050 exigera des efforts considérables de la part des gouvernements, des municipalités, des entreprises, des syndicats, des organisations de la société civile et des citoyens. Cela signifie que chacun devra consentir des efforts supplémentaires pour atteindre cet objectif en 2050; le document de la Commission précise qu’il est «impératif de prendre des mesures supplémentaires, mettant à contribution tous les secteurs, car les politiques actuelles ne permettront de réduire les émissions de gaz à effet de serre que de 60 % d’ici à 2050. Beaucoup reste donc à faire pour parvenir à la neutralité climatique» (5).

2.10.

Le CESE insiste sur l’importance de prendre en considération «l’évolution de la situation et les efforts entrepris au niveau international» et «la compétitivité de l’économie de l’Union» mentionnés par l’article 3, paragraphe 3, de la proposition à l’examen. En outre, le CESE attire tout particulièrement l’attention sur toute l’importance de «la nécessité de faire en sorte que la transition soit juste et socialement équitable» [article 3, paragraphe 3, point h)]. Il entend faire valoir qu’il s’impose en particulier de prévenir la précarité énergétique, et il recommande d’intégrer ce problème dans l’évaluation des mesures nationales prévue à l’article 6 de la proposition.

2.11.

La Commission prévoit de réexaminer d’ici septembre 2020 l’objectif de l’Union en matière de climat à l’horizon 2030 à la lumière de l’objectif de neutralité climatique, d’étudier les différentes options possibles pour un nouvel objectif de réduction des émissions d’ici 2030 qui se situerait entre 50 et 55 % par rapport aux niveaux de 1990, et de publier les propositions législatives correspondantes d’ici la mi-2021. Le CESE escompte que le nouvel objectif en matière d’émissions à l’horizon 2030 se fonde sur un examen général et une analyse d’impact appropriée. Il fait en outre valoir que des arguments déterminants plaident en faveur d’une réduction d’au moins 55 % d’ici à 2030, afin que l’Union réponde, pour ce qui la concerne, à la nécessité impérieuse de réduire les émissions à l’échelle mondiale. Par exemple, le rapport 2019 du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions (6) indique qu’il convient de fixer un objectif encore plus ambitieux en matière de réduction des émissions d’ici 2030 à l’échelle mondiale pour atteindre l’objectif des 1,5 oC défini par l’accord de Paris (7).

2.12.

Dans le cadre des analyses d’impact réalisées, il est important de reconnaître que la crise due à la pandémie de COVID-19 a des conséquences économiques, sociales et environnementales sans précédent, lesquelles, à leur tour, ont des répercussions sur l’impact des mesures à prendre pour atténuer le changement climatique.

2.13.

Le CESE est d’avis que les répercussions possibles de la crise du coronavirus ne peuvent et ne sauraient conduire à affaiblir l’objectif de réduction à l’horizon 2030.

2.14.

Il demande que ce processus soit effectué de manière à permettre à l’Union de jouer un rôle de chef de file et de servir d’exemple lors du sommet, désormais reporté, de Glasgow sur le climat, dont la tenue était prévue au mois de novembre 2020, et des futurs sommets sur le climat, afin d’engager au moins les principaux acteurs mondiaux à œuvrer énergiquement en matière de neutralité climatique.

2.15.

Le CESE recommande en outre à la Commission de commencer à élaborer un objectif intermédiaire pour le climat à l’horizon 2040 concernant les réductions d’émissions, pour parvenir à une neutralité climatique d’ici 2050 ou plus tôt si possible, et d’accompagner le tout d’une proposition législative au Parlement européen et au Conseil à cet effet, y compris une proposition pour adoption avant 2028 visant à poser de nouvelles obligations en matière de réduction des émissions pour la période 2031-2040. La fixation d’un objectif en temps opportun est nécessaire pour garantir le plus haut degré possible de prévisibilité et de transparence pour la société et l’ensemble des secteurs économiques.

2.16.

Le récent sondage Eurobaromètre (effectué avant la crise de la COVID-19) révèle que 93 % des citoyens de l’Union considèrent le changement climatique comme un problème grave et que 92 % soutiennent l’objectif de l’Union en matière de neutralité climatique (8). Pour conserver ce soutien, une accélération de l’action en faveur du climat conjuguée à la reconstruction et au redressement économiques s’impose.

3.   Délégation de pouvoir

3.1.

La proposition de loi sur le climat (article 3) confère à la Commission un pouvoir délégué pour «compléter» la législation en matière de climat «en définissant la trajectoire à suivre au niveau de l’Union pour atteindre l’objectif de neutralité climatique énoncé à l’article 2, paragraphe 1, et ce jusqu’en 2050». En outre, la Commission réexamine la trajectoire au plus tard six mois après chaque bilan mondial prévu à l’article 14 de l’accord de Paris.

Le CESE estime qu’il est nécessaire qu’au lieu d’adopter des actes délégués, la Commission présente une proposition législative visant à fixer et à adapter la trajectoire qu’elle juge appropriée à la suite du réexamen.

3.2.

Quelles que soient les circonstances, il s’impose de pérenniser les règles démocratiques de notre système institutionnel. Cela inclut notamment le droit des acteurs de la société civile et de leurs organisations, telles que le CESE, de contribuer au processus de prise de décision démocratique. Sur ce point, nous renvoyons à ce que dit la Commission à l’article 8 du projet de loi sur le climat: «La Commission dialogue avec toutes les composantes de la société […]»

4.   Évaluation des progrès et des mesures

4.1.

Conformément à l’article 5, la Commission évalue les progrès accomplis et les mesures de l’Union. Elle évalue, avant son adoption, «tout projet de mesure ou de proposition législative au regard de l’objectif de neutralité climatique [et] inclut cette évaluation dans toute analyse d’impact accompagnant lesdites mesures ou propositions […]».

En pratique, cela signifie que la Commission inclut la prise en compte de l’impact sur la neutralité climatique dans les analyses d’impact qui accompagnent ses propositions. Le CESE conseille à la Commission d’examiner si cet objectif peut être atteint dans le cadre existant en vue d’une meilleure réglementation sans qu’il soit nécessaire de modifier la législation.

4.2.

L’article 5 dispose que le résultat de cette évaluation est rendu public au moment de son adoption. Toutefois, la Cour de justice (dans l’affaire C-57/16 P, Client Earth/Commission, décision du 4 septembre 2018) est très claire: même les projets de rapports d’analyse d’impact doivent être rendus «directement accessibles» conformément à l’article 12, paragraphe 2, du règlement (CE) no 1049/2001 (9). Par conséquent, le CESE propose de modifier la formulation et de proposer que le document d’évaluation soit rendu public dans sa totalité dès que l’évaluation est achevée.

4.3.

Il estime que la réalisation au niveau européen, d’ici 2050, de l’objectif de neutralité climatique dans l’Union à l’horizon 2050 n’est possible que si chaque pays apporte ses contributions en matière d’atténuation et d’adaptation dans les délais impartis.

Le CESE soutient dès lors l’intention suivante, affichée par la Commission, à savoir qu’elle peut adresser des recommandations à un État membre si les mesures adoptées par ce dernier sont incompatibles avec l’objectif d’atténuation ou inappropriées pour améliorer la capacité d’adaptation au vu des plans nationaux. Le CESE soutient la Commission sur ce point et préconise que la Commission opte, dans ses recommandations, pour une combinaison efficace de mesures adaptées aux circonstances. Il demande toutefois qu’il soit précisé à l’aune de quels objectifs et de quels critères les progrès réalisés dans les différents États membres sont évalués.

4.4.

La proposition de la Commission vise à parvenir à une Union européenne neutre pour le climat à l’horizon 2050. Cela signifie que tous les États membres ne sont pas tenus de parvenir individuellement à la neutralité climatique. Le CESE soutient cette approche — qui est en fait le prolongement de l’approche actuelle de la législation de l’Union en matière de climat — car elle présente l’avantage de permettre une répartition optimale des efforts à l’échelle de l’Union, en tenant compte des différences entre États membres. Toutefois, le CESE estime qu’il est nécessaire que chaque État membre soit tenu d’indiquer dans le plan national intégré en matière d’énergie et de climat qu’il doit notifier d’ici le 1er janvier 2029 [conformément à l’article 3 du règlement (UE) 2018/1999 (10) sur la gouvernance] s’il entend parvenir à la neutralité climatique, et en ce cas à quel moment, et quel type de mesures il entend prendre pour parvenir à un résultat optimal au niveau de l’Union, y compris les mesures qui contribuent aux efforts des autres États membres ou dont la réalisation interviendra dans un ou plusieurs autres États membres, permettant ainsi de garantir que de telles dispositions soient prises à temps et par la voie d’accords exécutoires.

4.5.

De même, le CESE est convaincu que le soutien à la politique climatique sera d’autant plus important que l’objectif global sera de parvenir à une réduction maximale des émissions de gaz à effet de serre au coût socio-économique le plus bas. En conséquence, les compensations entre États membres devraient être possibles si elles sont régies par un cadre réglementaire solide, assorti d’une application effective. De même, il importe de reconnaître que dans le système actuel, les secteurs relevant du système d’échange de quotas d’émission (SEQE) sont régis par un dispositif à l’échelle de l’Union tandis que d’autres relèvent de la répartition des plafonds d’émissions nationaux. Au fil du temps, toujours plus de secteurs entreront évidemment dans le cadre de l’échange de droits d’émission.

4.6.

En plus du SEQE, il existe de nombreux actes législatifs pris à l’échelon de l’Union, tels que les exigences techniques, qui régissent les émissions de différents secteurs et qui s’intègrent donc dans la mise en œuvre de l’objectif d’ensemble. La réglementation de l’échelon de l’Union revêt une importance toute particulière dans les domaines liés au bon fonctionnement du marché unique.

4.7.

Le CESE propose également de suivre de manière appropriée les conséquences possibles des mesures de l’Union dans le contexte mondial. Il s’agit, par exemple, des effets sur l’investissement étranger et sur le commerce extérieur et des incidences qui en découlent à la fois directement et indirectement sur le développement des émissions.

4.8.

La proposition de la Commission précise qu’une «[…] action au niveau de l’Union devrait tendre à la réalisation économiquement efficiente des objectifs climatiques à long terme, tout en garantissant l’équité et l’intégrité environnementale». Le CESE reconnaît que de nombreuses questions sont encore en suspens quant à la manière d’y parvenir, tant sur le plan de la procédure (quelle est la meilleure approche décisionnelle?) que sur le fond (quels sont les critères de répartition équitable et économiquement viable qui garantissent un niveau élevé de protection de l’environnement?). L’aspect du processus (le débat horizontal en cours entre les institutions de l’Union, y compris le CESE et le CdR, et vertical avec les États membres) est important. Plus fondamentale encore est la question de savoir ce qu’il y a lieu de faire si les États membres veulent parvenir à la neutralité climatique dans leur propre pays avant 2050 lorsque cette démarche n’est pas la plus intéressante au niveau de l’Union, que ce soit du point de vue financier ou de celui du climat. Le CESE invite la Commission et le Conseil à fournir dès que possible des éclaircissements et des orientations à ce sujet.

5.   Adaptation

5.1.

La proposition de la Commission couvre à juste titre à la fois l’atténuation et l’adaptation, «conformément à l’article 7 de l’accord de Paris». S’agissant plus particulièrement de l’adaptation, la Commission propose d’étendre l’action de l’Union au niveau national.

De manière générale, l’adaptation est perçue comme étant davantage liée à l’action locale des pouvoirs publics que l’atténuation. Le CESE estime dès lors que, conformément au principe de subsidiarité, la Commission devrait préciser dans quelle mesure il convient de conférer des compétences au niveau de l’Union et quelles sont les obligations à imposer aux États membres.

5.2.

En outre, il reste à examiner ce que l’obligation implique pour les «institutions de l’Union compétentes». La proposition précise que les États membres doivent adopter des stratégies et des plans nationaux d’adaptation. Aucune action spécifique — telle qu’un plan — n’est requise pour les institutions de l’Union.

5.3.

La Commission propose d’obtenir le pouvoir d’évaluer non seulement les mesures d’atténuation, mais aussi les mesures visant à garantir des progrès en matière d’adaptation prises par les États membres [article 6, paragraphe 1, point b)]. Si la Commission constate que les mesures prises par un État membre sont «inappropriées pour améliorer la capacité d’adaptation, conformément à l’article 4, elle peut adresser des recommandations à cet État membre». Il s’agit d’une disposition très ouverte. Le CESE estime souhaitable que la Commission définisse des critères pour une telle évaluation.

6.   Participation du public

6.1.

Le CESE estime qu’elle va de soi et se félicite dès lors de l’article 8 (Participation du public) de la loi sur le climat. La participation active de «toutes les composantes de la société» est une condition nécessaire à la réussite de la politique climatique au sein de l’Union, étant donné que ce sont les acteurs de la société civile (entreprises, travailleurs, consommateurs, citoyens et organisations) qui mettent en œuvre les objectifs climatiques dans la pratique.

Par conséquent, le CESE invite la Commission et les États membres à convier tous ces acteurs de la société civile à participer et à mettre sur la table leurs propositions en matière de politique et d’action pour le climat.

6.2.

Le CESE se réjouit donc que la Commission européenne ait récemment entrepris une consultation publique afin de recueillir les différents points de vue sur les manières de dialoguer avec les citoyens sur l’action pour le climat (11). Cette démarche nourrira les travaux de la Commission en vue de lancer son «pacte pour le climat» au cours du troisième trimestre de 2020. Avec le pacte européen pour le climat, la Commission entend réunir les parties prenantes, notamment les régions, les collectivités locales, les communautés locales, la société civile, les écoles, les entreprises et les particuliers.

6.3.

Compte tenu des expériences positives de la plateforme des acteurs européens de l’économie circulaire créée par la Commission européenne et le Comité économique et social européen, et conformément aux propositions formulées dans son avis sur le pacte pour le climat (NAT/785) (12), le CESE propose de créer une plateforme des parties prenantes au pacte européen pour le climat, fondée sur les principes de l’inclusion et de la transparence ainsi que d’une participation et d’une adhésion réelles des acteurs locaux du climat.

Bruxelles, le 16 juillet 2020.

Le président du Comité économique et social européen

Luca JAHIER


(1)  Certains experts maintiennent que la biodiversité est un obstacle naturel au virus et à la transmission de maladies de la faune aux humains (zoonose). Par conséquent, la perte de biodiversité pourrait conduire à une augmentation des pandémies à l’avenir. Il s’agit d’un argument supplémentaire d’actualité.

(2)  Loi européenne sur le climat.

(3)  Pacte vert pour l’Europe.

(4)  Communication à la CCNUCC.

(5)  Loi européenne sur le climat, voir par exemple la page 2.

(6)  Rapport 2019 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions (résumé analytique en français).

(7)  Le rapport 2019 du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions indique que les émissions mondiales doivent être réduites de 7,6 % par an à compter de maintenant, afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 oC, ce qui équivaut mathématiquement à un objectif de réduction d’au moins 68 % d’ici 2030.

(8)  Soutien des citoyens à l’action pour le climat.

(9)  JO L 145 du 31.5.2001, p. 43.

(10)  JO L 328 du 21.12.2018, p. 1.

(11)  Consultation sur le pacte européen pour le climat.

(12)  Avis du CESE sur le «Pacte européen pour le climat» (voir page 67 du présent Journal officiel).


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