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Document 32024H06982

Recommandation du Conseil du 18 novembre 2024 évaluant les progrès réalisés par les États membres participants en vue de remplir les engagements pris dans le cadre de la coopération structurée permanente (CSP)

ST/13815/2024/INIT

JO C, C/2024/6982, 19.11.2024, ELI: http://data.europa.eu/eli/C/2024/6982/oj (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, GA, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

ELI: http://data.europa.eu/eli/C/2024/6982/oj

European flag

Journal officiel
de l'Union européenne

FR

Série C


C/2024/6982

19.11.2024

RECOMMANDATION DU CONSEIL

du 18 novembre 2024

évaluant les progrès réalisés par les États membres participants en vue de remplir les engagements pris dans le cadre de la coopération structurée permanente (CSP)

(C/2024/6982)

LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE,

vu le traité sur l'Union européenne, et notamment son article 46, paragraphe 6,

vu le protocole no 10 sur la coopération structurée permanente établie par l'article 42 du traité sur l'Union européenne, annexé au traité sur l'Union européenne et au traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu la décision (PESC) 2017/2315 du Conseil du 11 décembre 2017 établissant une coopération structurée permanente (CSP) et fixant la liste des États membres participants (1),

vu la proposition du haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité,

considérant ce qui suit:

(1)

L'article 4, paragraphe 2, point d), de la décision (PESC) 2017/2315 dispose que le Conseil adopte des décisions et des recommandations évaluant les contributions apportées par les États membres participants en vue de remplir les engagements convenus, conformément au mécanisme décrit à l'article 6 de ladite décision.

(2)

L'article 6, paragraphe 3, de la décision (PESC) 2017/2315 dispose que, sur la base du rapport annuel sur la coopération structurée permanente (CSP) présenté par le haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (ci-après dénommé «haut représentant»), le Conseil examine une fois par an si les États membres participants continuent de respecter les engagements plus contraignants visés à l'article 3 de ladite décision.

(3)

À l'appendice 1 de l'annexe des conclusions du Conseil du 20 novembre 2020 sur la revue stratégique de la CSP 2020, il est précisé que le haut représentant doit présenter le rapport annuel concernant la mise en œuvre de la CSP au plus tard en juillet de chaque année, afin que le Conseil adopte, au plus tard en novembre de ladite année, sa recommandation évaluant les progrès réalisés par les États membres participants en vue de remplir les engagements pris dans le cadre de la CSP. Le point 16 de la recommandation du Conseil du 6 mars 2018 concernant une feuille de route pour la mise en œuvre de la CSP (2) indique que le Comité militaire de l'Union européenne (CMUE) devrait fournir au Comité politique et de sécurité des avis et des recommandations militaires permettant à ce dernier de préparer l'examen du Conseil visant à déterminer si les États membres participants continuent de respecter les engagements plus contraignants.

(4)

Le point 26 de la recommandation du Conseil du 16 novembre 2021 définissant les différentes étapes de la réalisation des engagements plus contraignants pris dans le cadre de la CSP et déterminant des objectifs plus précis, et abrogeant la recommandation du 15 octobre 2018 (3) (ci-après dénommée «recommandation du 16 novembre 2021»), indique que les États membres participants réexamineront et mettront à jour leurs plans nationaux de mise en œuvre en conséquence, et les communiqueront au secrétariat de la CSP au plus tard le 10 mars 2022, et ensuite annuellement à la même date, conformément à l'article 3, paragraphe 2, de la décision (PESC) 2017/2315, en vue du processus d'évaluation prévu à l'article 6, paragraphe 3, de ladite décision. Tous les deux ans, les plans nationaux de mise en œuvre devraient être accompagnés d'une déclaration politique de haut niveau dans laquelle les États membres participants pourraient exposer leurs principales réalisations, faire état de leurs priorités nationales spécifiques, ainsi que partager leur expérience en ce qui concerne la planification et les contributions au respect de l'ensemble des engagements plus contraignants.

(5)

Le point 28 de la recommandation du 16 novembre 2021 indique que, à partir de 2022, le haut représentant devrait tenir compte de ladite recommandation dans le rapport annuel sur la CSP, à l'appui de l'évaluation du respect des engagements plus contraignants par chaque État membre participant.

(6)

Le 23 mai 2023, le Conseil a adopté la décision (PESC) 2023/1015 (4), qui a confirmé, entre autres, la participation du Danemark à la CSP.

(7)

Le 13 novembre 2023, le Conseil a adopté sa recommandation (5) évaluant les progrès accomplis par les États membres participants en vue de remplir les engagements pris dans le cadre de la coopération structurée permanente, dans laquelle il fournit des orientations pour la mise en œuvre de la CSP, ainsi que pour la revue stratégique de la CSP, y compris son objectif et son calendrier.

(8)

Le 20 mars 2024, le haut représentant a présenté le rapport annuel sur la mise en œuvre de la boussole stratégique, dans lequel il a souligné que la CSP demeure un cadre essentiel pour la coopération en matière de défense afin d'accroître la capacité d'agir et d'investir ensemble et a noté que la revue stratégique constitue une occasion majeure d'adapter la CSP à l'évolution de l'environnement et de faire en sorte qu'elle réponde aux besoins des années à venir.

(9)

Le 27 mai 2024, le Conseil a approuvé des conclusions sur la sécurité et la défense de l'UE, dans lesquelles il a souligné que la CSP constitue un cadre central pour approfondir la coopération en matière de défense entre les États membres participants au niveau de l'Union, en renforçant la préparation opérationnelle et l'interopérabilité, les dépenses et les investissements dans le domaine de la défense, le développement des capacités et la contribution de leurs forces armées aux missions les plus exigeantes, ainsi qu'en contribuant à la mise en place d'une culture stratégique commune. Le Conseil a également fourni des orientations pour la revue stratégique de la CSP en cours, portant à la fois sur les engagements plus contraignants et sur les projets collaboratifs.

(10)

Le 31 juillet 2024, le haut représentant a présenté au Conseil le rapport annuel sur l'état de la mise en œuvre de la CSP (ci-après dénommé «rapport annuel»), y compris sur le respect par chaque État membre participant de ses engagements, conformément à son plan national de mise en œuvre actualisé et réexaminé, et a présenté des recommandations, sur la base de la phase de réflexion du processus de revue stratégique, sur l'adaptation de la CSP à sa deuxième phase de 2026 à 2030, afin de mieux réagir à l'environnement de sécurité en mutation et d'obtenir des résultats dans ce cadre.

(11)

Il convient dès lors que le Conseil adopte une recommandation évaluant les progrès réalisés par les États membres participants en vue de remplir les engagements pris dans le cadre de la CSP,

A ADOPTÉ LA PRÉSENTE RECOMMANDATION:

I.   Objectif et champ d'application

1.

La présente recommandation a pour objectif d'évaluer les contributions apportées par les États membres participants en vue de remplir les vingt engagements plus contraignants pris dans le cadre de la CSP. L'évaluation est fondée sur le rapport annuel présenté par le haut représentant le 31 juillet 2024 et sur les plans nationaux de mise en œuvre présentés par les États membres participants en 2024, qui ont été accompagnés de déclarations politiques de haut niveau. Cette année, le rapport annuel comporte une section consacrée à la revue stratégique de la CSP.

II.   Conclusions et recommandations

2.

Le rapport annuel constitue une base solide pour évaluer l'état d'avancement de la mise en œuvre de la CSP, y compris le respect, par chaque État membre participant, conformément à son plan national de mise en œuvre, des vingt engagements plus contraignants, y compris à travers les projets CSP.

3.

Le Conseil note que, conformément au cycle biennal, tous les États membres participants ont accompagné leurs plans nationaux de mise en œuvre d'une déclaration politique de haut niveau, exposant les principales réalisations et faisant état des priorités nationales spécifiques et des contributions à la réalisation des engagements plus contraignants. Le Conseil insiste sur la pertinence des plans nationaux de mise en œuvre ciblés en tant que base pour l'évaluation des progrès réalisés dans le cadre de la CSP, ainsi que sur celle des déclarations politiques en tant que moyen d'assurer l'adhésion politique nécessaire.

4.

Le Conseil prend acte des progrès accomplis par les États membres participants en ce qui concerne l'adoption, dans leurs plans nationaux de mise en œuvre, d'une approche plus stratégique et orientée vers l'action, s'appuyant sur des exemples de mesures concrètes prises. Toutefois, il insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts pour mieux refléter, dans ces plans nationaux de mise en œuvre, les politiques de défense, les stratégies tournées vers l'avenir et la planification des États membres participants, ainsi que les objectifs à long terme des États membres participants. Ce faisant, ils contribueront à énoncer leur intention et leur vision politiques en ce qui concerne la réalisation des engagements. Cette approche contribuera également à la visibilité politique de l'initiative.

5.

Le Conseil souligne que, pendant la période de référence, la CSP a continué de constituer un cadre central pour approfondir la coopération en matière de défense entre les États membres participants au niveau de l'Union, en renforçant la préparation opérationnelle et l'interopérabilité, les dépenses et les investissements dans le domaine de la défense, le développement des capacités et la contribution de leurs forces armées aux missions les plus exigeantes, ainsi qu'en contribuant à la mise en place d'une culture stratégique commune.

6.

Le Conseil se félicite que le rapport annuel comporte des recommandations propres à la revue stratégique de la CSP, fondées sur les résultats de la phase de réflexion du processus de revue, menée conformément à la recommandation du Conseil du 13 novembre 2023.

Engagements

7.

Dans le contexte géopolitique actuel, le Conseil se félicite du renforcement de la coopération dans le cadre de la CSP et des améliorations intervenues dans tous les domaines où des engagements ont été pris. Dans le même temps, il reconnaît que des progrès supplémentaires sont nécessaires pour remplir tous les engagements d'ici la fin de la deuxième phase initiale de la CSP, en 2025.

8.

À cet effet, le Conseil souligne que:

a)

face à l'évolution de l'environnement de sécurité, la grande majorité des États membres participants ont continué d'accroître leurs dépenses de défense, ce qui s'est traduit par une augmentation de 10 % des dépenses de défense en 2023 par rapport à 2022. De nouvelles augmentations sont prévues en 2024, les dépenses de défense devant augmenter de 16 %, pour atteindre 1,9 % du PIB de l'UE. Approximativement la moitié des États membres participants consacrent plus de 2 % de leur PIB à la défense, satisfaisant également à la directive OTAN en la matière, le cas échéant. La plupart des États membres participants ont également consacré au moins 20 % de leur budget total de défense à des investissements dans le domaine de la défense, atteignant ainsi le niveau fixé dans le critère collectif établi en 2007 par le comité directeur de l'AED réuni au niveau ministériel. Le Conseil note donc que les deux engagements concernés peuvent être considérés comme largement remplis au cours de la phase initiale de la CSP.

En dépit d'une augmentation globale de 28 % en 2024 des investissements de l'UE dans la recherche et la technologie dans le domaine de la défense, la plupart des contributions des États membres participants à la réalisation du critère collectif restent inférieures à 2 %, le total des dépenses consacrées à la défense s'élevant à 1,6 %. Les États membres participants dépensent plus, mais pas plus ensemble: l'augmentation des dépenses et des investissements dans le domaine de la défense ne s'est pas traduite par un accroissement des projets collaboratifs. Les activités de passation conjointe de marchés et de nouveaux instruments et propositions législatives au niveau de l'Union, tels que le règlement relatif à la mise en place d'un instrument visant à renforcer l'industrie européenne de la défense au moyen d'acquisitions conjointes (EDIRPA) et le règlement, proposé par la Commission, relatif à l'établissement du programme pour l'industrie européenne de la défense et d'un cadre de mesures visant à assurer la disponibilité et la fourniture en temps utile des produits de défense, pourraient contribuer à inverser cette tendance, soutenant ainsi la réalisation des critères européens en matière d'acquisition collaboratives d'équipements de défense (35 %) et de R&T dans le domaine de la défense collaborative européenne (20 %) établis en 2007 par le comité directeur de l'AED réuni au niveau ministériel. Le Conseil rappelle que la promotion de la recherche, de la technologie, du développement et de l'innovation, ainsi que de l'acquisition, en particulier de manière coopérative entre les États membres participants, devrait rester une priorité pour les États membres participants, qui doivent dans le même temps trouver le juste équilibre entre l'innovation à long terme pour les capacités futures et des quantités suffisantes d'équipements et de stocks militaires, également en vue de renforcer la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE).

b)

les États membres participants ont fait la preuve d'améliorations en ce qui concerne l'utilisation des outils et des initiatives de l'UE en matière de développement des capacités en tant que références dans les processus nationaux, et la plupart d'entre eux se sont montrés soucieux d'étudier la meilleure utilisation de ces outils et initiatives pour soutenir leurs efforts à l'avenir. Étant donné que de nombreux États membres participants reconnaissent que les priorités de l'UE en matière de développement des capacités pour 2023 sont alignées sur leurs priorités nationales, cet alignement pourrait se traduire par une coopération plus poussée pour combler les lacunes en matière de capacités de l'UE recensées d'un commun accord, tout en contribuant aux besoins nationaux et aux priorités de l'OTAN, pour les États membres qui sont aussi membres de l'OTAN. Le Conseil rappelle que les États membres participants sont encouragés à utiliser pleinement les outils et initiatives de l'UE en matière de hiérarchisation des priorités, notamment le plan de développement des capacités de l'UE (PDC), qui sert de référence centrale pour le développement des capacités de l'UE, en tenant compte du processus relatif à l'objectif global, ainsi que des recommandations de l'examen annuel coordonné en matière de défense (EACD) afin d'informer les responsables nationaux de la planification. Cela vient soutenir, dans la mesure du possible, les efforts déployés par les États membres participants pour faire converger leurs plans de défense. Le Conseil rappelle que la cohérence des résultats entre, d'une part, le PDC et l'EACD et, d'autre part, les processus respectifs de l'OTAN, tels que le processus d'établissement des plans de défense de l'OTAN est assurée et le restera, lorsque les besoins se recoupent, tout en reconnaissant la nature différente des deux organisations et de leurs responsabilités et compositions respectives.

c)

les États membres participants se sont engagés à mettre en œuvre la capacité de déploiement rapide de l'UE (CDR de l'UE), un élément essentiel de la boussole stratégique, en vue d'atteindre la pleine capacité opérationnelle de la CDR de l'UE d'ici à 2025. Les États membres participants ont continué de contribuer à remplir le tableau de roulement des groupements tactiques et ont déclaré des modules nationaux supplémentaires dans la base de données complète, et nombre d'entre eux ont participé en 2023 au premier exercice réel de l'UE, destiné à soutenir la préparation de la CDR de l'UE. Le Conseil se félicite des progrès accomplis dans l'ensemble et souligne qu'il importe de poursuivre les efforts pour conserver cette tendance positive en maintenant les engagements à l'égard de la CDR de l'UE. Le Conseil encourage également les États membres participants à envisager d'assumer la responsabilité en tant que nation-cadre pour les groupements tactiques de l'UE. Parallèlement, compte tenu des lacunes critiques auxquelles la plupart des missions et opérations PSDC ont été confrontées, il invite les États membres participants à renforcer d'urgence leurs contributions, tout en gardant à l'esprit le principe de réservoir unique de forces. Tous ces efforts contribueront à accroître encore l'interopérabilité, l'état de préparation et l'efficacité opérationnelle. Par ailleurs, le Conseil accueille favorablement la réévaluation du champ d'application et de la définition des coûts communs des missions et opérations militaires PSDC, des exercices militaires et de la CDR de l'UE, ainsi que la modification de la décision du Conseil relative à la FEP qui en a découlé. En ce qui concerne le processus relatif à l'objectif global, le Conseil encourage les États membres participants à renforcer les contributions au catalogue des forces au moyen de toutes les capacités nationales déployables et à mieux tenir compte, dans les plans nationaux de mise en œuvre, des efforts de planification visant à atteindre les objectifs de capacité à fort impact.

d)

si de nombreux États membres participants réévaluent leurs politiques et stratégies afin de mieux tirer parti d'une approche collaborative européenne pour combler les lacunes en matière de capacités nationales, la majorité des États membres participants n'ont pas encore suffisamment donné la priorité à une approche collaborative européenne. Le Conseil invite donc les États membres participants à continuer d'utiliser leurs budgets de défense croissants pour accroître les investissements dans des solutions collaboratives européennes, contribuant ainsi à rendre le paysage de la défense de l'UE plus cohérent et à réduire les dépendances technologiques et industrielles. Afin de renforcer encore l'approche collaborative européenne, les États membres participants sont également invités à mieux tirer parti des possibilités de collaboration proposées dans l'EACD pour élaborer de nouvelles propositions dans la perspective de la sixième vague de projets CSP.

e)

les États membres participants ont continué à mettre à profit l'Agence européenne de défense (AED) en tant qu'enceinte pour le développement conjoint des capacités. Le rôle capital de l'AED en tant que structure d'interaction intergouvernementale au niveau de l'UE dans le domaine de la défense a été renforcé par son étude à long terme, adoptée récemment par les ministres de la défense. L'AED soutiendra les États membres via ses cinq tâches essentielles, consistant à recenser les besoins communs en matière de capacités, à favoriser la RT&I collaborative dans le domaine de la défense, à harmoniser les exigences, à agréger la demande en vue de la passation conjointe de marchés et à faire office d'interface avec les politiques civiles et de défense de l'UE. Les États membres participants sont encouragés à tirer le meilleur parti du rôle renforcé de l'AED tout au long du cycle de développement des capacités, améliorant encore la cohérence des résultats avec l'OTAN.

f)

en faisant appel de manière constante et croissante au Fonds européen de la défense pour soutenir des projets, les États membres participants ont contribué à la coopération transfrontière et au renforcement de la BITDE. En outre, de nombreux États membres participants font preuve d'un soutien croissant en faveur d'une industrie européenne de la défense plus intégrée et plus forte, comme en témoigne également leur participation à des instruments et à des initiatives tels que l'EDIRPA et l'action de soutien à la production de munitions (ASAP). Le Conseil encourage vivement les États membres participants à redoubler d'efforts pour faire en sorte que leurs programmes de coopération et leurs stratégies d'acquisition aient une incidence positive sur la BITDE, et à tirer le meilleur parti des outils financiers actuels et futurs de l'UE à cet égard, y compris le Fonds européen de la défense et ceux envisagés dans le règlement, proposé par la Commission, relatif à l'établissement du programme pour l'industrie européenne de la défense et d'un cadre de mesures visant à assurer la disponibilité et la fourniture en temps utile des produits de défense. Dans ses conclusions du 27 mai 2024, le Conseil s'est félicité de la présentation de la communication conjointe de la Commission européenne et du haut représentant sur une nouvelle stratégie pour l'industrie européenne de la défense et a appelé à faire progresser tous les travaux concernant ce document en coordination avec les États membres.

9.

Le Conseil invite à nouveau chaque État membre participant à tenir compte des conclusions et recommandations figurant dans le rapport annuel, et à revoir et actualiser sa contribution à la réalisation des engagements plus contraignants.

Projets CSP

10.

Prenant note du rapport du 16 juillet 2024 sur l'état d'avancement des projets CSP (6), le Conseil se félicite des progrès accomplis globalement dans le cadre des projets, tous domaines confondus, un nombre important de projets ayant progressé jusqu'à la phase d'exécution. Le Conseil note également qu'au cours de l'année écoulée, les projets CSP ont continué de produire des résultats, tandis que certains accusent des retards.

11.

Le Conseil insiste sur la pertinence des projets CSP pour ce qui est de renforcer les capacités de l'UE dans la nouvelle situation géostratégique; ils démontrent dans le même temps leur résilience et leur capacité d'adaptation face à des défis multidimensionnels. Le Conseil note que le fait que les projets CSP restent pertinents est confirmé par une augmentation importante du niveau de participation des États membres participants au cours de l'année écoulée et par le souhait de certains États tiers de participer à des projets spécifiques.

12.

Le Conseil souligne la nécessité de prendre en considération dans le contexte de la CSP, dans différents domaines opérationnels, y compris dans le cadre des projets CSP actuels et à venir, les implications de la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine. Le Conseil se félicite que, à cette fin, plusieurs projets en cours s'emploient à tirer les enseignements du retour de la guerre de haute intensité sur le continent européen, notamment en ce qui concerne les capacités de tir indirect et la formation médicale dans le domaine terrestre, le transport aérien stratégique, les mesures propres à assurer le contrôle de l'espace aérien, les capacités de reconnaissance, de surveillance et de repérage d'objectifs dans le domaine aérien, la protection des infrastructures sous-marines critiques dans le domaine maritime et les plateformes de simulation dans le domaine cyber.

13.

Le Conseil rappelle que, en vue d'atteindre les objectifs fixés dans la revue stratégique de la CSP de 2020 (7), 26 projets devaient produire des résultats concrets ou atteindre une pleine capacité opérationnelle d'ici à 2025. Le Conseil note que, à l'heure actuelle, la moitié de ces projets devraient atteindre cet objectif, dont deux qui se sont déjà achevés avec succès en produisant des résultats en 2024: le noyau opérationnel EUFOR de réaction aux crises, qui contribue au développement des mécanismes d'évaluation des forces de l'UE, et le commandement médical européen, qui met en place une capacité médicale permanente soutenant la coordination des services médicaux militaires des États membres. Cette capacité médicale a déjà été utilisée pour soutenir des missions et opérations PSDC de l'UE pendant la pandémie de COVID-19 et a fourni une assistance à l'Ukraine après le début de la guerre d'agression menée par la Russie contre ce pays.

14.

Le Conseil se félicite que les projets CSP dans les domaines cyber et maritime contribuent à la réalisation des objectifs des politiques plus larges de l'UE bénéficiant également au domaine militaire, à savoir la politique de cyberdéfense de l'UE (8) et la stratégie de sûreté maritime de l'UE (9). Le Conseil se félicite également que la mise en œuvre du nouvel ensemble d'actions arrêtées dans le cadre de l'engagement en faveur de la mobilité militaire de 2024 soit facilitée par les projets CSP «Mobilité militaire» et «Réseau de pôles logistiques en Europe», qui constituent un exemple de collaboration entre les projets CSP.

15.

Le Conseil souligne que les institutions, organes et organismes de l'UE devraient bénéficier des résultats des projets CSP, optimisant ainsi les ressources existantes et améliorant leur efficacité globale. À cet égard, plusieurs projets en cours recherchent une telle coopération.

16.

Le Conseil souligne qu'une proposition bien établie présentant un niveau de maturité approprié et assortie d'un calendrier clair constitue un élément fondamental de la réussite des projets CSP. En témoignent plusieurs projets adoptés en mai 2023 qui progressent déjà, et un projet qui a commencé à être mis en œuvre dans le cadre de la CSP dès la phase d'exécution.

17.

Compte tenu de l'appel en vue d'une sixième vague de propositions de projets CSP, lancé en juillet 2024, le Conseil souligne la nécessité pour les nouveaux projets d'assurer une parfaite cohérence avec les priorités de l'UE en matière de développement des capacités pour 2023, y compris les objectifs en matière de capacités à fort impact, et avec les résultats de l'examen annuel coordonné en matière de défense (EACD) de 2024. Le Conseil souligne que les possibilités de collaboration recensées dans le cadre de l'EACD devraient inspirer les États membres en vue de la mise en place de nouveaux projets CSP, ainsi que de la poursuite éventuelle des projets existants et de l'élargissement de leur champ d'application. Compte tenu de la dégradation rapide du paysage des menaces et de la nécessité de renforcer d'urgence la préparation de l'Union en matière de défense et de réaliser le niveau d'ambition de l'UE, le Conseil juge opportun que soient envisagés de nouveaux projets ambitieux d'importance stratégique axés sur ceux qui porteront sur les capacités les plus critiques des États membres participants, y compris pour assurer la protection de l'Union et de ses citoyens, ainsi que des projets visant à soutenir la CDR de l'UE et les missions et opérations PSDC, la préparation et l'interopérabilité des forces afin de continuer à favoriser la mise en œuvre de la boussole stratégique en matière de sécurité et de défense.

18.

Le Conseil rappelle que les États tiers qui remplissent les conditions générales pourraient, à titre exceptionnel, être invités à participer à des projets CSP donnés conformément à la procédure d'invitation prévue dans la décision (PESC) 2020/1639. Le Conseil rappelle qu'il se réjouit également de la future participation du Royaume-Uni au projet «mobilité militaire», dès la conclusion de l'arrangement administratif, comme le prévoit la décision (PESC) 2022/2244 du Conseil (10).

III.   Revue stratégique de la CSP

19.

Le Conseil rappelle les orientations qu'il a fournies dans sa recommandation du 13 novembre 2023 en ce qui concerne la revue stratégique de la CSP, à travers lesquelles les États membres participants évalueront le respect de tous les engagements pris dans le cadre de la CSP pour la phase initiale, et débattront et décideront de nouveaux engagements, en vue d'entamer une nouvelle étape vers l'intégration européenne en matière de sécurité et de défense, conformément à la boussole stratégique.

20.

Dans ce contexte, le Conseil se félicite de l'aboutissement de la phase de réflexion, menée tout au long de la période allant de novembre 2023 à mai 2024, qui englobe les discussions entre les États membres participants sur la portée et la profondeur du processus de revue stratégique de la CSP, et prend note des recommandations qui figurent dans le rapport annuel.

21.

Rappelant que la revue stratégique de la CSP devrait conduire à une CSP plus stratégique et plus efficace au-delà de 2025, le Conseil fournira, afin de finaliser la phase de décision, des orientations ciblées sur l'avenir de la CSP, via ses conclusions qui doivent être approuvées en novembre 2024.

IV.   Prochaines étapes

22.

Les États membres participants devraient progresser davantage dans la mise en œuvre des vingt engagements plus contraignants, en vue de les réaliser tous d'ici à 2025, et des projets connexes, en tenant compte de la présente recommandation. Le Conseil souligne que les projets devraient aider les États membres participants à respecter les engagements plus contraignants.

23.

Le rapport annuel a fait état des progrès accomplis dans la réalisation des engagements plus contraignants depuis le lancement de la CSP en 2017, présentant ainsi l'état d'avancement de la mise en œuvre de la CSP à l'heure où l'initiative approche de la fin de sa phase initiale, en 2025. Les États membres participants sont donc invités à valider les informations figurant dans leurs plans nationaux de mise en œuvre pour 2024 et à n'y ajouter que des changements substantiels par rapport à l'année précédente, en continuant de mettre l'accent sur les questions politiques et ayant trait à l'action à mener qui modifient ou améliorent la situation globale.

24.

Le Conseil réaffirme les orientations exposées dans sa recommandation du 13 novembre 2023, en particulier celles énoncées aux points 20 à 23 de ladite recommandation, concernant les engagements, les projets, la cohérence avec d'autres initiatives et processus, et le contrôle politique global, qui restent valables. Le Conseil engage instamment les États membres participants à donner suite à ces orientations, ainsi qu'aux recommandations qui sont formulées dans le présent document, tout en les invitant à mettre en œuvre, dans toute la mesure du possible dans le cadre de la phase actuelle de la CSP, les orientations qui seront présentées dans les conclusions du Conseil sur la revue stratégique de la CSP. Cela contribuera à jeter les bases de la deuxième phase de la CSP, qui devrait débuter en 2026.

25.

À cet égard, le Conseil attend avec intérêt la modification des actes juridiques pertinents de la CSP en 2025, sur la base des orientations qui seront fournies dans ses conclusions à venir sur la revue stratégique de la CSP, qui doivent être approuvées en novembre 2024.

Fait à Bruxelles, le 18 novembre 2024.

Pour le Conseil

Le président

J. BORRELL FONTELLES


(1)   JO L 331 du 14.12.2017, p. 57.

(2)   JO C 88 du 8.3.2018, p. 1.

(3)   JO C 464 du 17.11.2021, p. 1.

(4)  Décision (PESC) 2023/1015 du Conseil du 23 mai 2023 confirmant la participation du Danemark à la CSP, et modifiant la décision (PESC) 2017/2315 établissant une coopération structurée permanente (CSP) et fixant la liste des États membres participants (JO L 136 du 24.5.2023, p. 73).

(5)  Recommandation du Conseil du 13 novembre 2023 évaluant les progrès réalisés par les États membres participants en vue de remplir les engagements pris dans le cadre de la coopération structurée permanente (CSP) (C/2023/994) (JO C, C/2023/994, 14.11.2023, ELI: http://data.europa.eu/eli/C/2023/994/oj).

(6)  Rapport sur l'état d'avancement des projets CSP du 16 juillet 2024 (doc. ST 12340/24).

(7)  Conclusions du Conseil du 20 novembre 2020 sur la revue stratégique de la CSP 2020 (doc. ST 13188/20).

(8)  Conclusions du Conseil du 22 mai 2023 sur la politique de cyberdéfense de l'UE (doc. ST 9618/23).

(9)  Conclusions du Conseil du 24 octobre 2023 sur la stratégie de sûreté maritime de l'UE (SSMUE) révisée et son plan d'action (doc. ST 14280/23).

(10)  Décision (PESC) 2022/2244 du Conseil du 14 novembre 2022 relative à la participation du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord au projet CSP «mobilité militaire» (JO L 294 du 15.11.2022, p. 22).


ELI: http://data.europa.eu/eli/C/2024/6982/oj

ISSN 1977-0936 (electronic edition)


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