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Document 52009AE0867

Avis du Comité économique et social européen sur le thème Société de l'énergie sans carbone — Éducation et formation (avis exploratoire)

JO C 277 du 17.11.2009, p. 15–19 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

17.11.2009   

FR

Journal officiel de l’Union européenne

C 277/15


Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Société de l'énergie sans carbone — Éducation et formation»

(avis exploratoire)

(2009/C 277/03)

Rapporteur: M. IOZIA

Par lettre en date du 23 octobre 2008, la Commission a demandé au Comité économique et social européen, conformément à l'article 262 du traité instituant la Communauté européenne, d'élaborer un avis exploratoire sur le thème

«Société de l'énergie sans carbone – Éducation et formation».

La section spécialisée «Transports, énergie, infrastructures, société de l'information», chargée de préparer les travaux du Comité en la matière, a adopté son avis le 15 avril 2009 (rapporteur: M. IOZIA).

Lors de sa 453e session plénière des 13 et 14 mai 2009 (séance du 13 mai 2009), le Comité économique et social européen a adopté le présent avis par 161 voix pour, 7 voix contre et 5 abstentions.

1.   Conclusions et recommandations

1.1.   Le CESE est conscient du rôle crucial de l'éducation à tous les âges et de la formation des techniciens et des diplômés dans l'instauration d'une société à «zéro» émission de gaz à effet de serre. Les gouvernements et les milieux scientifiques reconnaissent la nécessité de faire de la lutte contre le réchauffement climatique progressif une priorité. Les pays les plus développés, qui sont responsables de la majeure partie des émissions, se doivent de déployer les efforts les plus significatifs et de soutenir les PVD dans l'adoption de politiques de développement écologiquement et socialement durable.

1.2.   En dépit des engagements solennels (déclaration de Kiev de 2003, Décennie des Nations unies pour l'éducation en vue du développement durable (2005-2014)), les initiatives des gouvernements et des collectivités locales dans le domaine de l'éducation et de la formation restent tout à fait insuffisantes, à l'exception de quelques rares exemples notables.

1.3.   La Commission européenne s'emploie à promouvoir dans les États membres l'efficacité énergétique, la baisse de la consommation et la réduction de la dépendance énergétique à l'égard de pays tiers, l'interconnexion transnationale des réseaux – grâce à une simplification des protocoles de connexion – l'édification laborieuse d'une Europe de l'énergie capable de parler d'une seule voix. Les progrès accomplis ces dernières années ont été considérables, mais un véritable engagement de la société civile a fait défaut et les avancées en matière d'éducation et de formation ont été très modestes. Le CESE accueille favorablement le rétablissement d'une DG Énergie et appelle de ses vœux une coordination plus efficace des interventions de l'Union visant à lutter contre le changement climatique, grâce au regroupement des compétences sous une autorité unique.

1.4.   Dans certains pays, à l'initiative notamment d'ONG se consacrant à cet objectif spécifique, les initiatives visant à diffuser les informations et les connaissances en la matière se sont multipliées. Lors de l'audition organisée par le CESE avec la participation du Commissaire en charge de l'énergie Andris Piebalgs, certaines de ces expériences ont été présentées, telles que Terra Mileniul III, Eurec (Agence européenne des centres sur l'énergie renouvelable), la Fondation Collodi (Pinocchio pourrait être une très belle figure emblématique de l'éducation environnementale des enfants), ARENE Île de France, KITH (Kyoto in the home). Des associations professionnelles comme l'EBC (European Builders Confederation), celles représentatives de l'habitat social comme le CECODHAS (Comité européen de coordination de l'habitat social) ou celles des producteurs de piles à combustible comme FuelCellEurope, fournissent elles aussi un concours très important à la diffusion d'activités d'information concernant les potentialités offertes par le marché.

1.5.   Le CESE est convaincu de la nécessité de faire mieux et davantage et d'agir au niveau d'une multiplicité de fonctions clés de la société:

Les enseignants. Il faut faire appel à eux pour qu'ils diffusent parmi les jeunes générations les informations environnementales et la sensibilité à ces questions. L'éducation environnementale devrait figurer non seulement dans les cursus d'enseignement mais aussi dans les matières enseignées dans le cadre de l'éducation et de la formation tout au long de la vie.

Les gestionnaires des collectivités locales. Ils ont la possibilité d'influer sur les choix urbanistiques ainsi que sur les programmes scolaires s'adressant aux jeunes générations, en intégrant dans leurs programmes administratifs les éléments nécessaires à une société à faibles émissions de CO2. L'importance donnée à l'initiative européenne «Pacte des maires», dans le cadre de laquelle plus de 300 maires se sont engagés à encourager les économies d'énergie et l'efficacité énergétique sur leur territoire, témoigne de l'importance de ce niveau d'action et de son potentiel.

Les associations d'entreprises, en particulier de PME. Chaque association territoriale devrait se doter d'un service aux entreprises afin de faciliter la réalisation de projets d'information et de formation. L'Espagne a expérimenté avec succès les «classes mobiles», c'est-à-dire des bus spécialement équipés qui sont réservés par les entreprises pour dispenser des cours de formation «volants», c'est-à-dire auprès du siège de l'entreprise. Ce projet, réalisé conjointement par les entreprises et avec la participation de la région de Castille-et-León, a formé 5 600 salariés travaillant dans l'industrie des énergies renouvelables.

Les organisations syndicales. Le TUC (Confédération des syndicats britanniques) par exemple a lancé un projet pilote, «Green Workplaces», qui a déjà donné des résultats appréciables, en concluant avec certaines entreprises et institutions des accords dans le but de réduire la consommation et les émissions. Inclure dans les négociations collectives des programmes d'efficacité énergétique comportant des objectifs à poursuivre conjointement et, une fois réalisés, à récompenser, peut représenter un moyen intelligent d'augmenter les revenus et les profits.

Les ONG. La compétence des organisations environnementales, jointe à l'expérience didactique de professeurs et de scientifiques, représente une valeur ajoutée irremplaçable. Des cours à destination des enseignants, des entreprises et des agents de la fonction publique pourraient être organisés en accord avec les collectivités locales.

Les architectes et les ingénieurs du bâtiment, qui peuvent apporter un concours essentiel à la conception des nouvelles constructions et à la rénovation des logements.

Les pouvoirs publics, qui peuvent influer favorablement sur l'orientation du marché en augmentant le pourcentage de marchés publics «verts», c'est-à-dire d'appels d'offres comportant des critères de plus en plus stricts en matière de préservation de l'environnement.

Les gouvernements des États membres, en faisant enfin suivre leurs engagements solennels d'actes concrets concernant le soutien apporté à l'éducation en matière d'environnement.

1.6.   Investir dans les énergies à faibles émissions de gaz à effet de serre est intéressant à tous points de vue. Plusieurs millions de nouveaux emplois de qualité sont nécessaires pour pouvoir atteindre les objectifs de limitation des émissions, de réduction de la dépendance vis-à-vis des fournisseurs extérieurs, de développement de technologies innovantes et de recherche.

1.7.   Compte tenu de l'impossibilité de définir le contenu des programmes au niveau européen, il conviendra de procéder à une analyse comparative de leur qualité.

1.8.   Le développement des compétences et le fait d'intéresser les enfants à des activités en rapport avec les problèmes environnementaux, y compris en dehors du milieu scolaire, en leur laissant le choix des initiatives, entraînera un changement des modes de vie, ce qui permettra également de redécouvrir la valeur de la socialisation. En éteignant la télévision, les enfants pourront de nouveau partager les jeux de leur âge avec leurs amis.

1.9.   La plupart des actions à mettre en œuvre relèvent de la responsabilité des États membres, des collectivités locales, des institutions, de l'économie et de la société et d'une manière générale des citoyens. L'UE pourrait néanmoins jouer un rôle important en encourageant et en promouvant le vaste éventail de mesures nécessaires.

1.10.   Éducation des consommateurs. Il y a lieu de renforcer et d'étendre la directive 2006/32 en général et notamment les dispositions spécifiques invitant à diffuser auprès des consommateurs l'information relative à l'efficacité énergétique des différents biens et services, afin qu'ils puissent agir en tant que «citoyens responsables». La Commission devrait inclure dans les modèles qui contiendront les informations relatives aux plans énergétiques nationaux les initiatives en matière d'éducation, de formation et d'information que chaque État membre se propose de réaliser.

1.11.   Importance du secteur de la construction. La nouvelle directive proposée par la Commission améliorera l'efficacité énergétique du patrimoine immobilier. La Commission pourrait lancer un programme européen afin de stimuler et d'accélérer une nette amélioration en termes de développement des compétences des techniciens.

1.12.   Marchés publics. Les marchés publics peuvent avoir une énorme influence sur l'amélioration de l'efficacité énergétique. Tous les marchés publics dans le domaine de la construction devraient comporter des critères poussés et rigoureux en matière d'efficacité énergétique, de sorte que les économies d'énergie soient considérées comme un élément déterminant pour l'évaluation des propositions dans le cadre des appels d'offre. Une formation spécifique devrait être prévue pour les fonctionnaires intéressés.

1.13.   Étant donné le caractère multidisciplinaire de la question, il est nécessaire de prévoir des cours spécifiques afin de former les enseignants. La création d'un réseau européen des forums nationaux sur l'éducation à l'énergie propre, à partir des initiatives existantes et des organisations soutenant les énergies propres, faisant office de vecteurs nationaux de diffusion au moyen de programmes et de matériaux appropriés, pourrait faciliter l'intégration des énergies propres dans les programmes scolaires. Le CESE est favorable à l'établissement d'un tel réseau.

2.   Introduction

2.1.   Lors de la Conférence des ministres de l'environnement (Kiev 2003), une déclaration solennelle a été adoptée: «[Nous reconnaissons que] l'éducation est une condition sine qua non [de la protection de l'environnement et] du développement durable. [Nous demandons à tous les pays] d'intégrer le développement durable dans le système d'enseignement à tous les niveaux, de l'enseignement préscolaire à l'enseignement supérieur […], afin de promouvoir l'éducation en tant que catalyseur du changement.»

2.2.   En décembre 2002, la 57e session de l'assemblée générale des Nations unies a proclamé la période 2005-2014 Décennie des Nations unies pour l'éducation au développement durable, en coopération avec l'Unesco et les autres organisations compétentes.

2.3.   Le Commissaire Piebalgs a déclaré: «Nous devons développer une société qui utilise les ressources de la Terre de manière à assurer la survie à long terme des générations futures et nous devons le faire de façon à garantir dans une mesure croissante la santé, la paix et la prospérité. Il s'agit là d'un défi considérable qui nécessitera un changement radical de la société, en d'autres termes une troisième révolution industrielle.»

2.4.   La concentration actuelle de CO2 dans l'atmosphère, qui pendant des milliers d'années s'est constamment maintenue autour de 260 ppm, est aujourd'hui proche de 390 ppm et s'accroît d'environ 2 ppm par an. Si l'on ne prend pas des mesures énergiques pour limiter les émissions, en 2050 le niveau sera de 550 ppm. Avec un tel niveau de concentration, les agences internationales et le GIEC estiment que l'augmentation des températures moyennes de la planète pourrait aller jusqu'à 6 °C au cours du XXIe siècle.

2.5.   L'Europe, consciente de ses responsabilités en tant que grand «pollueur», se rendra à la Conférence de Copenhague avec les cartes en main pour obtenir des autres grands partenaires internationaux des engagements tout aussi ambitieux. La création récente d'une DG Énergie est d'une grande importance, mais il serait logique de réunir sous une «autorité unique» les problématiques relatives au changement climatique.

2.6.   Pour atteindre les résultats escomptés, un effort de la société en général et de chaque citoyen en particulier est à l'évidence nécessaire et il faut susciter dès l'âge scolaire ou, mieux encore, préscolaire, une prise de conscience et une adhésion à ce projet. Le problème du réchauffement climatique doit être envisagé dans le cadre plus général de la limitation des ressources et du développement durable.

2.7.   Lors de l'audition publique, le représentant du projet KITH a conclu de manière percutante son intervention en paraphrasant J. F. Kennedy: «Ne demande pas ce que la Terre peut faire pour toi, mais ce que tu peux faire pour la Terre.» Un tel changement de mentalité sera déterminant pour l'avenir de l'humanité.

3.   Importance de l'éducation et de la formation dans une société à faibles émissions de CO2

3.1.   L'objectif de réalisation d'une société à faible niveau d'émissions de dioxyde de carbone exige la mise en place rapide d'un réseau d'infrastructures, en particulier celles visant à 1) garantir aux citoyens une information appropriée sur les questions relatives aux émissions de CO2; 2) former un nombre suffisant de techniciens de différents niveaux, spécialisés dans le nouveau secteur des technologies sans carbone; 3) investir dans la recherche et le développement dans ce domaine. Souvent, les schémas comportementaux traditionnels constituent un obstacle à l'adoption d'habitudes plus compatibles avec la réduction du CO2. C'est donc à ce niveau-là que doit commencer l'éducation. En outre, il est nécessaire d'assurer l'éducation technique et scientifique des citoyens. Quant à la formation de personnel technique, c'est bien évidemment un préalable nécessaire pour que le développement du secteur ne soit pas entravé par un manque de techniciens disposant des qualifications requises. Parmi les technologies à faible taux d'émissions de carbone dans lesquelles il faudra former un nombre suffisant de techniciens et d'ingénieurs, il ne faut pas oublier le secteur nucléaire, qui restera pendant de nombreuses années encore une source d'énergie à faibles émissions de gaz à effet de serre. Concernant ce secteur, il est primordial que les citoyens bénéficient d'une information exhaustive et transparente sur les avantages et les inconvénients de cette option.

3.2.   Les initiatives dans le cadre desquelles les enfants sont incités de manière ludique à développer une sensibilité à la protection de l'environnement, à travers de petites compétitions fondées sur l'impact environnemental des activités domestiques, sont particulièrement utiles à cet égard. En rendant compte à l'école d'une série d'actions réalisées jour après jour dans leur famille et en apprenant à quantifier les économies d'énergie ou d'émissions de CO2 ainsi réalisées, venant s'ajouter à quantité de petits gestes quotidiens, les enfants développent un esprit d'émulation et associent les adultes à ces actions, les informent et les sensibilisent à l'adoption de comportements vertueux.

3.3.   L'éducation à partir de l'école primaire. Celle-ci contribue sans aucun doute à sensibiliser les jeunes aux problèmes environnementaux et aux nouvelles habitudes permettant de réduire les émissions de CO2. Mais cette éducation devrait ensuite être développée progressivement jusqu'à atteindre le plus haut niveau technique possible dans tous les établissements d'enseignement supérieur, surtout dans les filières techniques et scientifiques, dans le double objectif de former une société plus sensibilisée à ces questions et de fournir à de nombreux jeunes un socle de connaissances spécifiques susceptible de les orienter vers une profession en rapport avec le contrôle des émissions de CO2.

3.4.   L'Europe traverse actuellement une crise économique mondiale. L'une des voies possibles pour surmonter celle-ci passe par le développement de secteurs de haute technologie axés sur la protection de l'environnement. La réduction des émissions de CO2 constitue sans aucun doute l'une de ces options, puisqu'elle peut s'appliquer à de nombreux secteurs clés des économies avancées, tels que l'industrie automobile, le transport public de passagers et de marchandises, la construction, voire même la production d'électricité, souvent associée à la possibilité de réaliser des économies grâce à une plus grande efficacité énergétique.

3.5.   La vitesse à laquelle l'appareil productif européen sera en mesure de s'orienter vers les nouvelles technologies, par rapport à d'autres acteurs centraux de l'économie mondiale, pourrait être déterminante pour l'avenir économique de l'Europe.

3.6.   Certains pays européens sont à la pointe au niveau mondial dans de nombreux domaines technologiques liés aux économies d'énergie et aux faibles émissions de CO2, mais les récents investissements réalisés dans d'autres parties du monde (par exemple par l'administration américaine dans le secteur automobile) pourraient à brève échéance reléguer l'Europe dans une position d'arrière-garde très dangereuse.

3.7.   En tout état de cause, il y a lieu de réduire les fortes disparités existant entre les États membres, tant en ce qui concerne leur capacité à produire et innover dans ce domaine que le niveau qualitatif de l'éducation et de la formation scolaire et universitaire en la matière, en encourageant les échanges entre les États membres dans les secteurs de formation de haut niveau technologique.

3.8.   Le fait qu'il soit difficile d'appliquer des normes didactiques uniformisées au niveau européen en matière d'éducation à l'environnement ne doit pas empêcher de diffuser les connaissances en exploitant les possibilités des pays les plus avancés. Une analyse comparative de la qualité devrait être introduite afin de relever le niveau européen moyen.

3.9.   Les programmes européens ManagEnergy, Intelligent Energy Europe, Comenius et Leonardo Da Vinci, diversement orientés vers la formation, le conseil et l'éducation, constituent d'importantes contributions au développement d'une Europe utilisant au mieux ses ressources humaines et environnementales.

3.10.   L'établissement d'un réseau européen de forums nationaux pour l'éducation dans le domaine des énergies propres, fondé sur les organisations et les initiatives déjà existantes en matière d'énergies propres et faisant office de canal de diffusion au niveau national, destiné à mettre les éducateurs en relation avec des programmes et des matériels adaptés, pourrait faciliter l'inclusion des énergies propres et de l'environnement dans les programmes éducatifs nationaux.

3.11.   L'UE doit donc mettre en œuvre sans attendre, de manière cohérente et coordonnée, une action tendant à développer le secteur des technologies à faibles émissions de CO2. Il est primordial de former une «masse critique» d'experts en mesure d'alimenter la croissance de ce secteur au cours des prochaines décennies.

3.12.   La formation dispensée dans les établissements d'enseignement supérieur et les universités peut et doit être coordonnée au niveau européen, grâce à la suppression des barrières linguistiques. Il existe déjà en Europe des exemples de cette coordination interuniversitaire: l'agence EUREC, qui gère un Master européen en énergies renouvelables grâce à la coopération d'universités d'Allemagne, de France, du Royaume-Uni, de Grèce et d'Espagne, et le Master international en technologies de réduction des gaz à effet de serre, géré en coopération par les universités de Pérouse (Italie), Liège (Belgique) et la Mälardalen University de Västerås (Suède) (www.masterghg.unipg.it). Ces initiatives devraient toutefois être diffusées et financées par la Communauté et leur programmation devrait être axée sur des thèmes spécifiques, dans le cadre d'un plan coordonné garantissant la formation d'une génération de techniciens disposant de compétences élevées dans tous les secteurs économiquement pertinents.

3.13.   S'agissant de l'enseignement universitaire et para-universitaire, la création de cursus d'études et de diplômes spécifiquement dédiés au développement durable (problèmes liés au CO2, mais aussi économies d'énergie, production d'énergie «propre», etc.) devrait aller de pair avec une nette augmentation des financements destinés à la recherche dans ces domaines. En effet, un enseignement de haut niveau n'est pas possible si les enseignants ne sont pas engagés dans des projets de recherche de niveau international dans le secteur où ils exercent leur activité.

4.   Éducation: exemples à suivre

4.1.   Il existe en Europe et dans le monde de remarquables exemples d'activités d'enseignement liées à la promotion de la protection de l'environnement et dans certains cas spécifiquement axées sur la réduction des émissions de CO2.

4.2.   L'Université du Texas à Austin et son département Jackson School of Geosciences ont lancé depuis quelques années un programme de collaboration avec les écoles primaires et secondaires du Texas, dénommé programme GK-12. Des cours destinés aux professeurs et aux étudiants sont financés à l'aide de fonds publics (les professeurs bénéficient également d'une petite allocation de 4 000 $/an).

4.3.   En Europe, il existe de très nombreuses initiatives similaires, parmi lesquelles celle du gouvernement britannique, qui invite à calculer sa propre empreinte carbonique et donne des conseils pour réduire les consommations (http://actonco2.direct.gov.uk/index.html).

4.4.   Le conseil régional d'Île-de-France a récemment (2007) organisé et financé un projet intégré concernant l'éducation à l'environnement vers un développement durable (EEDD), qui encourage des initiatives pédagogiques spécifiques et le regroupement d'associations en vue de coordonner les initiatives au niveau régional.

4.5.   Le projet de l'UE Young Energy Savers produira plusieurs dessins animés amusants, sous la direction des plus grands dessinateurs, qui montreront de manière attrayante et séduisante aux enfants que, comme les personnages des dessins animés, eux aussi peuvent faire de petits gestes efficaces pour réduire leur empreinte carbonique.

4.6.   L'école, la famille, le poste de travail constituent des lieux privilégiés pour diffuser, à l'aide d'instruments éducatifs, la connaissance et la prise de conscience de ces problèmes. Les objectifs ambitieux et nécessaires fixés ne pourront être atteints que grâce à la diffusion et la généralisation de comportements collectifs et le choix de nouveaux modes de vie.

4.7.   Il convient de créer des mécanismes et des instruments permettant aux jeunes de réaliser leurs propres initiatives en dehors du milieu scolaire. Les jeunes sont doués pour l'innovation et enthousiastes vis-à-vis du changement, mais souvent ils veulent agir par eux-mêmes. De nombreux jeunes restent à l'écart des activités menées par les adultes, mais celles-ci les stimulent à plusieurs égards.

5.   La formation professionnelle des techniciens et des cadres

5.1.   Plusieurs millions de nouveaux emplois seront créés en Europe et dans le monde.

5.2.   En septembre 2008 a été publié le rapport du PNUE, de l'OIT, de l'OIE et de la CSI intitulé «Emplois verts: Vers un travail décent dans un environnement durable à faible taux de carbone». S'agissant de l'UE, cette étude extrêmement intéressante prévoit la création d'un nombre d'emplois compris entre 950 000 et 1 700 000 d'ici à 2010 et entre 1 400 000 et 2 500 000 d'ici à 2020, suivant la stratégie choisie, normale ou avancée. De 60 à 70 % de ces emplois devraient être créés dans le secteur des énergies renouvelables et un tiers au moins d'entre eux concernent des qualifications de haut niveau.

5.3.   Si l'on considère les technologies et les activités relatives à l'efficacité énergétique et aux économies d'énergie, à la gestion des déchets et au recyclage, à la distribution d'eau et à l'efficacité de sa gestion, au transport durable et innovant, les investissements attendus, qui permettront de développer fortement l'emploi, s'élèvent à des centaines de milliards de dollars.

5.4.   Ces considérations préalables mettent en évidence le rôle central joué par la formation scientifique et professionnelle dans la préparation des travailleurs aux futures activités.

5.5.   Pour inverser plus rapidement cette tendance – dans un contexte il est vrai difficile pour les budgets publics – il y a lieu d'investir massivement en faveur des «emplois verts». D'importantes aides publiques devraient être consacrées à des cours de formation pour les jeunes générations et au perfectionnement professionnel des travailleurs.

5.6.   Les industries, les syndicats, les organisations non gouvernementales et les pouvoirs publics devraient déployer des efforts communs, en organisant des conférences nationales spécifiques pour trouver les solutions les plus adaptées aux particularités nationales, afin de soutenir les activités d'enseignement et de formation professionnelle concernant les secteurs les plus innovants en général et une société à faible contenu de CO2 en particulier.

5.7.   L'audition publique a permis de souligner, s'agissant en particulier de l'administration publique, l'importance des activités d'information et de soutien technique à l'intention des cadres et des employés de la fonction publique, afin de leur permettre d'organiser efficacement le travail, d'être informés des produits et des technologies à faibles émissions de CO2 disponibles et de fixer des normes quantitativement raisonnables pour les marchés publics «verts».

5.8.   Dans le secteur du bâtiment, il est possible de réaliser des économies d'énergie très significatives, avec une réduction correspondante des émissions. Sur les 40 % de l'énergie qui est utilisée dans les bâtiments, 22 % pourraient être économisés. 41,7 % des travailleurs (avec des différences notables d'un pays à l'autre) sont faiblement qualifiés et leur formation implique des coûts prohibitifs pour les petites entreprises. Il convient donc d'encourager les initiatives telles que celle prise en Espagne, où une école mobile forme les travailleurs aux technologies de construction éco-compatibles sans qu'ils aient à s'éloigner longtemps de leur lieu de travail. Les organismes en charge des logements sociaux ont lancé un ensemble d'initiatives destinées à informer les gestionnaires et les utilisateurs de ces logements. Le projet «Energy Ambassadors» consiste à former des «ambassadeurs de l'énergie», recrutés parmi le personnel déjà en fonction auprès des autorités locales, des organisations sans but lucratif et des organismes sociaux, afin qu'ils deviennent dans un premier temps des personnes de contact pour l'énergie au sein de leurs organisations, pour ensuite diffuser les connaissances auprès du public.

5.9.   Parmi les catégories professionnelles susceptibles d'avoir une influence positive sur les émissions, il y a les architectes. L'on constate de plus en plus chez ceux-ci un changement d'approche culturelle: plutôt que de concevoir des projets destinés à satisfaire des styles de vie artificiels ayant largement recours à la mécanique et à l'électricité, ils sont désormais enclins à adapter le style de vie et l'aménagement des cadres de vie aux exigences découlant des rythmes naturels. Il est également important de diffuser des connaissances techniques spécifiques sur les caractéristiques des matériaux innovants permettant de réaliser des économies d'énergie.

Bruxelles, le 13 mai 2009.

Le Président du Comité économique et social européen

Mario SEPI


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