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Document 52018IE1021

    Avis du Comité économique et social européen sur la «Bioéconomie durable inclusive — De nouvelles possibilités pour l’économie européenne» (avis d’initiative)

    EESC 2018/01021

    JO C 110 du 22.3.2019, p. 9–13 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

    22.3.2019   

    FR

    Journal officiel de l'Union européenne

    C 110/9


    Avis du Comité économique et social européen sur la «Bioéconomie durable inclusive — De nouvelles possibilités pour l’économie européenne»

    (avis d’initiative)

    (2019/C 110/02)

    Rapporteur:

    Mindaugas MACIULEVIČIUS

    Corapporteure:

    Estelle BRENTNALL

    Décision de l’Assemblée plénière:

    15.2.2018

    Base juridique

    Article 29, paragraphe 2, du règlement intérieur

    Avis d’initiative

     

     

    Compétence

    Commission consultative des mutations industrielles (CCMI)

    Adoption par la CCMI

    25.9.2018

    Adoption en session plénière

    12.12.2018

    Session plénière no

    539

    Résultat du vote

    (pour/contre/abstentions)

    205/3/3

    1.   Conclusions et recommandations

    1.1.

    Mettre en place des mesures incitatives et un cadre stratégique à long terme, cohérent et transparent visant à promouvoir la bioéconomie. Un engagement politique à haut niveau est nécessaire si l’on veut relever les nombreux défis transversaux qui se posent pour la société, et la politique environnementale de l’Union européenne pourrait être plus favorable aux bioproduits innovants et aux matières premières produites dans l’Union européenne de manière durable. Des incitations financières ou fiscales pourraient contribuer à favoriser les investissements nécessaires, étant donné que ce sont les États membres et les régions qui sont compétents dans ces domaines, et non l’Union européenne. Les grappes d’entreprises qui regroupent des PME, ainsi que les producteurs primaires de biomasse durable, jouent un rôle essentiel dans le développement des relations entre les acteurs de la chaîne d’approvisionnement. Réaliser un inventaire qui serait tenu constamment à jour (1) et mesurer parallèlement les effets de la bioéconomie permettrait d’identifier les grappes d’entreprises actives dans le domaine des bio-industries, et des mesures devraient être prises pour promouvoir la création de nouveaux pôles là où il en manque, aux niveaux européen, régional et national.

    1.2.

    Le rôle des agriculteurs, des propriétaires de forêts et de leurs coopératives est indispensable pour assurer une utilisation efficace des ressources naturelles et contribuer à une bioéconomie circulaire. Un cadre financier pluriannuel, une politique agricole commune et une stratégie forestière européenne qui soient solides sont nécessaires pour soutenir les services de conseil, la formation et l’échange des connaissances, afin de mieux répondre aux besoins des agriculteurs et des coopératives agricoles. Il convient de promouvoir des exemples concrets afin de sensibiliser le public et lui montrer les avantages que revêt la bioéconomie pour l’ensemble de la chaîne de valeur. Cela permettra d’inciter les jeunes agriculteurs et les nouveaux entrants à créer de nouvelles entreprises dans ce domaine. Les organisations de producteurs et les coopératives devraient également être encouragés en tant qu’elles constituent des outils importants pour renforcer la mobilisation et la valeur ajoutée de la biomasse existante dans l’Union européenne. Par conséquent, il est essentiel de soutenir les secteurs de l’agriculture et de la sylviculture de l’Union européenne pour poursuivre les investissements et l’innovation dans la production durable de biomasse.

    1.3.

    Soutenir la création de marchés et aider les consommateurs et les citoyens à choisir au quotidien les produits et industries qu’ils soutiennent en connaissance de cause. Afin de pallier la sensibilisation insuffisante des consommateurs et de diffuser des messages cohérents et précis sur les bioproduits, l’Union européenne doit élaborer une stratégie de communication associant tous les partenaires de la chaîne de valeur, ainsi que toutes les autres parties prenantes. La définition de normes européennes précises relatives aux bioproduits a constitué une première étape importante, qui pourrait ouvrir la voie à l’adoption de mesures de création de marchés afin d’inciter davantage les consommateurs et les acheteurs publics à adopter les bioproduits européens.

    1.4.

    Fournir un retour sur investissement durable par l’intermédiaire d’un fonds unique. Une réglementation intelligente et une mise en œuvre cohérente à plusieurs niveaux dans l’ensemble de l’Union devraient constituer une priorité afin d’éliminer les obstacles et de réduire les charges administratives, tout en garantissant un développement durable. Ainsi, un outil en ligne pourrait aider à identifier les financements disponibles et à déterminer si le demandeur remplit les critères permettant de bénéficier de ce mécanisme. Cette structure fournirait aussi les liens et ressources nécessaires pour introduire directement une demande auprès du mécanisme de financement. Elle pourrait servir de marché, en publiant les informations sur les financements disponibles et en mettant en contact les demandeurs avec les bailleurs de fonds potentiels (un site de financement participatif, par exemple). La poursuite de l’entreprise commune Bio-industries (EC Bio-industries 2.0) au-delà de l’actuel cadre financier pluriannuel est essentielle pour favoriser la création et le renforcement des chaînes de valeur des bioproduits et renforcer la compétitivité des installations de production existantes, ainsi que pour contribuer au développement rural par la création d’emplois et la promotion de la création d’entreprises.

    1.5.

    La politique de développement régional de l’Union européenne pour l’après-2020 devrait fournir suffisamment de fonds pour continuer à développer les zones rurales. L’accent devrait être mis principalement sur le soutien à l’investissement dans les infrastructures et les services qui sont nécessaires pour des entreprises rurales efficaces et durables dans le secteur de la bioéconomie.

    1.6.

    Tirer parti des possibilités scientifiques et soutenir l’adoption des innovations grâce à un cadre juridique souple, proportionné et robuste. La recherche est déterminante afin de promouvoir, introduire et évaluer l’innovation dans la bioéconomie. L’exploitation commerciale ne dépend pas seulement de l’excellence de la recherche, mais également d’un cadre stratégique, juridique et sociétal qui soit propre à garantir des transferts rapides de connaissances vers l’industrie. Les pionniers doivent bénéficier de l’espace et du soutien nécessaires pour innover et avancer dans les limites de la réglementation. Il convient de conclure des accords d’innovation et des accords «verts» avec les parties prenantes, dans les cas où la réglementation pourrait favoriser davantage le développement de la bioéconomie dans son ensemble et où des solutions créatives sont nécessaires. En outre, l’innovation joue également un rôle crucial dans le renforcement de la viabilité de la production de biomasse dans l’Union européenne.

    1.7.

    Renforcer les programmes d’éducation, de formation et de développement des compétences pour les nouveaux talents et les travailleurs actuels. La libération du potentiel de la bioéconomie pourrait déboucher sur la création de nouveaux emplois. Cependant, l’introduction de nouvelles technologies engendre d’importantes difficultés sur les plans de l’organisation du travail et des exigences en matière de compétences imposées aux travailleurs. Par conséquent, il est de la plus haute importance de garantir l’adaptation et le développement constants de leurs compétences tout au long de leur carrière. Il est primordial que tous les acteurs concernés — producteurs de biomasse, prestataires de services éducatifs, entreprises, syndicats, services publics de l’emploi et pouvoirs publics — s’engagent à améliorer la qualité et la rapidité d’adaptation de l’enseignement et des formations professionnelles afin de réduire l’inadéquation des compétences, en renforçant les liens entre les systèmes éducatifs et le marché du travail. Toutefois, d’une manière générale, le développement des compétences et l’adéquation des politiques devraient faire partie intégrante d’un ensemble de mesures plus vaste incluant les politiques relatives à l’emploi, à l’industrie, aux investissements, à l’innovation et à l’environnement.

    1.8.

    Explorer les utilisations de la biomasse. Une utilisation plus efficace de l’approvisionnement en biomasse existant doit être une priorité afin de faire face à l’accroissement de la demande de matières premières. Ensuite, il convient également d’améliorer la qualité et la quantité des sols productifs destinés à l’agriculture et de fournir des incitations à l’utilisation des terres abandonnées, marginales ou sous-utilisées. Les producteurs de matières premières, et surtout les agriculteurs et les propriétaires forestiers, jouent un rôle crucial dans le développement de la bioéconomie. Il convient de les sensibiliser aux possibilités qui pourraient s’offrir à eux (en recourant à différentes cultures), et de garantir le développement d’infrastructures pour la collecte, le stockage et le transport de la biomasse. La simplification des dispositifs de déclaration sur le développement durable ainsi que l’amélioration des capacités de production et de transformation de la biomasse de manière polyvalente peuvent également jouer un rôle clé. L’utilisation des déchets et des résidus en tant que sources de biomasse alternatives et la gestion durable des forêts européennes offrent des possibilités pour la bioéconomie et la bioénergie. Une valorisation des flux de déchets durables s’impose, de même que de nouveaux investissements dans la mobilisation des ressources de bois et des résidus. En outre, il convient de développer des technologies permettant de faire face à la variabilité inhérente à ce type de produits. Dans certains cas, les politiques nationales risquent de devoir s’adapter pour permettre l’utilisation des déchets dans la production de bioproduits.

    2.   Observations générales

    2.1.

    La bioéconomie englobe la production de ressources biologiques renouvelables et leur transformation en denrées alimentaires, aliments pour animaux, bioproduits et bioénergie. Il s’agit notamment des secteurs de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche, de l’alimentation, de la production de pâte à papier et de papier, ainsi que de certains segments des secteurs de la chimie, des biotechnologies et de l’énergie. Pour les besoins du présent avis, la recherche sur les génomes, les processus cellulaires et la bio-informatique n’est pas spécifiquement considérée. La stratégie de l’Union européenne en faveur de la bioéconomie de 2012 visait à «[…] faciliter l’avènement d’une société plus innovante, plus économe en ressources et plus compétitive qui concilie la sécurité alimentaire et l’utilisation durable des ressources renouvelables à des fins industrielles tout en garantissant la protection de l’environnement». En 2017, la Commission a procédé à un réexamen de ladite stratégie de 2012, et en a conclu qu’elle avait démontré la pertinence de ses objectifs et que l’importance des possibilités offertes par la bioéconomie était de plus en plus reconnue en Europe et au-delà de ses frontières.

    2.2.

    Néanmoins, bien que les objectifs de la stratégie de l’Union européenne en faveur de la bioéconomie de 2012 conservent leur pertinence face aux défis en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, et que le plan d’action qui l’accompagne ait atteint les objectifs proposés, il est jugé nécessaire d’en recentrer les actions et d’en évaluer le champ d’application à la lumière des développements récents des politiques, y compris les objectifs de développement durable des Nations unies (ODD) et la convention sur les changements climatiques (COP 21). La population mondiale devrait presque atteindre les dix milliards d’habitants d’ici 2050 et les ressources biologiques doivent être exploitées plus efficacement, en vue de pouvoir produire des denrées alimentaires sûres, nutritives, de qualité et abordables pour davantage de personnes en réduisant l’incidence environnementale et climatique par unité produite, et en produisant suffisamment de matières biologiques renouvelables pour remplacer dans une proportion importante ce que nous produisons aujourd’hui à partir de pétrole brut d’origine fossile, tout en recourant à l’énergie éolienne et solaire et aux autres énergies renouvelables.

    2.3.

    Dans ce contexte, la bioéconomie durable est un secteur économique qui est transversal aux différents secteurs et constitue la pierre angulaire de stratégies économiques durables à l’échelle mondiale. La bioéconomie peut jouer un rôle décisif dans la compétitivité européenne et il importe désormais de recenser et d’exploiter les possibilités qu’elle offre, à la fois au niveau de l’Europe et à celui des États membres et des régions. À titre d’exemple, des pays tiers tels que les États-Unis ont expérimenté une approche descendante du développement d’une bioéconomie, laquelle a permis de générer près de 400 milliards de dollars (USD) et de soutenir plus de quatre millions d’emplois grâce à des contributions directes, indirectes et induites (2).

    2.4.

    La bioéconomie propose des solutions qui peuvent contribuer à diminuer les émissions de CO2, ainsi qu’à réduire la dépendance vis-à-vis des ressources fossiles importées. Par exemple, les forêts de l’Union européenne séquestrent une quantité de carbone correspondant à 10 % des émissions annuelles de l’Union, tout en assurant un approvisionnement durable et constant de biomasse pour les énergies renouvelables. En outre, d’après les estimations, les 100 000 produits chimiques actuellement en production peuvent, en théorie, être conçus à partir de matières premières renouvelables. Cela ne signifie pas que tous doivent l’être, mais que c’est théoriquement possible. Cela permettra non seulement de produire localement et durablement les articles ménagers utilisés quotidiennement, mais également de contribuer à la création d’emplois et à la croissance en Europe, qui conserve une avance technologique forte.

    2.5.

    Toutefois, d’importants obstacles subsistent sur la voie du développement de l’innovation dans la bioéconomie de l’Union européenne. Un obstacle majeur consiste en la compétitivité des coûts des produits, par rapport tant aux combustibles fossiles qu’aux produits équivalents provenant d’autres parties du monde. La compétitivité des coûts est déterminée par de nombreux facteurs, dont le niveau de maturité technologique, le coût du travail, les subventions aux combustibles fossiles et l’amortissement, ainsi que le faible niveau du soutien des bioproduits par le marché. À cette question de la compétitivité s’ajoutent des difficultés d’accès au financement pour les projets novateurs et les installations de production, la sensibilisation souvent insuffisante des utilisateurs finaux aux bioproduits, ainsi que le manque de compétences et de relations opérationnelles pour faire progresser ce secteur. En outre, les procédures d’autorisation pour les nouveaux projets bioéconomiques deviennent longues et pesantes, ce qui conduit à d’importantes incertitudes sur le plan juridique et à des risques financiers pour les acteurs économiques.

    3.   Observations particulières

    3.1.

    L’on estime que les secteurs de la bioéconomie dans l’Union européenne représentent un chiffre d’affaires annuel avoisinant les 2 000 milliards d’EUR et emploient quelque 19,5 millions de personnes (3), dont la plupart sont installées dans des zones rurales et côtières, ce qui représente environ 8,5 % de la main-d’œuvre dans l’Europe des Vingt-huit. Le développement du secteur des bioproduits au sein de l’Union européenne devrait créer des emplois et générer des revenus pour l’agriculture, le secteur forestier et les populations rurales. La transformation de la biomasse et la fabrication des bioproduits ouvrent de nouvelles possibilités commerciales, consistant en la culture et la commercialisation de divers produits agricoles. Associées aux cultures conventionnelles telles que celles des céréales, des graines oléagineuses, des pommes de terre et des betteraves sucrières, les cultures novatrices telles que les graminées, les cultures forestières, les algues et les microalgues sont considérées comme potentiellement génératrices de revenus dans les zones rurales et côtières.

    3.2.

    Les bioraffineries qui sont déjà en activité sont une source de revenus et d’autonomisation économique pour les familles et les populations rurales. Les bioraffineries, c’est-à-dire les usines qui utilisent des matières premières renouvelables (biomasse, sous-produits et coproduits, ainsi que les déchets) en lieu et place des ressources fossiles, jouent un rôle central dans la bioéconomie: elles sont installées dans des zones rurales et côtières, à proximité des matières premières renouvelables qu’elles transforment, au cœur de la production de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux, de produits industriels, de bois et d’énergie.

    3.3.

    Les bioraffineries mettent en valeur chaque composant végétal traité, en produisant un minimum de déchets. Grâce à l’utilisation de technologies efficaces et/ou innovantes, les bioraffineries installées dans l’Union européenne fabriquent un large éventail de produits, tels que des denrées alimentaires, des aliments pour animaux, des produits chimiques, des fibres et des carburants qui combinent différentes caractéristiques: ils sont renouvelables, réutilisables, recyclables, compostables ou biodégradables. La polyvalence des bioproduits et de leurs ingrédients est si grande qu’ils peuvent être utilisés à des fins très diverses, par exemple la nourriture pour poisson, les matériaux de construction, les cosmétiques, le carton, les détergents, les carburants, les lubrifiants, la peinture, le papier, les médicaments, les matières plastiques et autres produits industriels, substituant ainsi des matières renouvelables aux matériaux fossiles.

    3.4.

    Créer de nouvelles bioraffineries, développer et étendre les bioraffineries existantes revient à investir dans une industrie pionnière. Les bioraffineries sont à forte intensité de capital, ont de longs délais d’amortissement et sont exposées à des risques liés aux technologies et au marché. Par conséquent, il est important de définir un cadre réglementaire et financier clair, stable et favorable afin de promouvoir ces investissements en Europe. Divers instruments sont aujourd’hui disponibles, y compris Horizon 2020 (la nouvelle législation proposée dans le cadre d’Horizon Europe est un programme d’innovation et de recherche ambitieux, fort bienvenu) et l’entreprise commune Bio-industries, les Fonds structurels et d’investissement européens (Fonds ESI), le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), InnovFin, le Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI), et enfin, et ce n’est pas le moindre instrument, la Banque européenne d’investissement (BEI) pour les prêts et les garanties. Y accéder peut toutefois s’avérer difficile. Un guichet unique permettant aux entreprises d’accéder à des informations personnalisées et détaillées qui répondent à leurs besoins permettrait de supprimer ces goulets d’étranglement.

    3.5.

    Dans ce contexte, le dialogue avec la société civile, les agriculteurs, les propriétaires forestiers et l’industrie, dans l’objectif de favoriser un débat sur le façonnement d’une bioéconomie plus compétitive pour l’Europe, qui soit profitable à tous, est absolument indispensable. Il est crucial de contribuer à communiquer sur les avantages de la bioéconomie afin de parvenir à ce renversement de modèle que constitue le passage à une économie fondée sur les énergies renouvelables à faibles émissions de carbone. À cet égard, des systèmes de certification et d’étiquetage crédibles pourraient être des outils importants dans la perspective de la mise en place d’une bioéconomie durable et fiable, et pour inspirer confiance aux clients industriels, aux acheteurs publics et aux consommateurs.

    3.6.

    L’Union européenne, les États membres et les autorités régionales peuvent jouer un rôle capital dans le développement de la bioéconomie, en stimulant la demande du marché en matière de produits et services renouvelables, intelligents et économes en ressources. Les États membres devraient inclure dans les futurs plans stratégiques de la PAC des mesures concrètes pour développer et/ou soutenir davantage les investissements et promouvoir des solutions durables pour les agriculteurs et les propriétaires forestiers de l’Union européenne ainsi que leurs coopératives afin d’accroître leur compétitivité et leur efficacité. Lorsque l’on peut potentiellement substituer de façon durable des bioproduits aux équivalents conçus à partir de ressources fossiles ou émettrices de carbone, le catalyseur pourrait être l’élaboration d’une nouvelle législation, telle que le train de mesures sur l’économie circulaire, associée à une éventuelle révision d’autres dispositions législatives existantes pertinentes, afin d’encourager le remplacement des traditionnels produits d’origine fossile ou émetteurs de carbone par des bioproduits de substitution produits localement. En outre, les activités de normalisation existantes, telles que le cadre TC411 et les régimes de certification déjà en place, et/ou de nouveaux systèmes d’étiquetage volontaires, tels que l’initiative Biobased %, peuvent être mises à profit.

    3.7.

    Les acheteurs publics aux niveaux national et régional devraient se référer davantage à ce type de certification et d’étiquetage fiables du contenu biologique des produits. Par exemple, en 2016, l’organisme de normalisation néerlandais (NEN) a lancé un nouveau système de certification des bioproduits: Biobased % (http://www.biobasedcontent.eu/). Ce système permet d’établir la quantité de biomasse contenue dans un produit. Il aide les entreprises à fournir des informations crédibles et transparentes sur le contenu biologique d’un produit, dans le cadre de la communication entre entreprises et entre entreprises et consommateurs. Il repose sur la norme européenne EN 16785-1: 2015 (qui fournit une méthode permettant de déterminer le contenu biologique des produits solides, liquides et gazeux au moyen de l’analyse du radiocarbone et de l’analyse élémentaire). Les évaluations de la conformité sont effectuées par des organismes de certification, qui ont conclu un accord avec le NEN. Cette certification étant mise sur pied, il est important d’accroître la visibilité des matières premières renouvelables et d’encourager leur utilisation dans la législation européenne actuelle et future.

    3.8.

    Dans la sylviculture, les systèmes de certification jouent un rôle important pour garantir une mobilisation durable de la biomasse. Par exemple, 60 % des forêts de l’Union sont certifiées dans le cadre du programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC) et/ou du système du Conseil de bonne gestion forestière (FSC). En outre, le secteur forestier de l’Union européenne assure sa production dans le cadre des normes environnementales les plus élevées du monde, issues de textes législatifs tels que le règlement de l’Union européenne sur le bois, les règles relatives à l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie (UTCATF), les directives «Oiseaux» et «Habitats» et le train de mesures sur l’économie circulaire.

    3.9.

    Il est dès lors primordial d’améliorer la communication entre les entreprises et entre les entreprises et les consommateurs. Sensibiliser le grand public, en lui donnant des informations précises, pertinentes et accessibles, est essentiel si l’on veut garantir le développement d’une bioéconomie intelligente, durable et inclusive, créer un marché de bioproduits durables et promouvoir une consommation et une production plus durables. Des mesures de sensibilisation du grand public sont nécessaires, notamment au niveau local et régional, y compris des prix ou des récompenses, ainsi que des expositions sur le rôle de la science et de la technologie dans la bioéconomie.

    3.10.

    Il est donc très important d’élaborer des messages clairs et précis à l’attention du grand public. Dans la mesure où la bioéconomie offre plusieurs possibilités de relever les défis de société, il est nécessaire de la mesurer par l’intermédiaire d’une évaluation économique complète. Celle-ci consistera à fournir des informations sur la taille de la bioéconomie, qui couvre différents secteurs, ainsi que sur sa contribution à la croissance économique et sur les effets connexes pour le marché du travail. À cet égard, la communauté scientifique a un rôle central à jouer. C’est également la raison pour laquelle il est essentiel de renforcer l’investissement dans la recherche fondamentale interdisciplinaire, afin que l’Union européenne puisse réaliser son potentiel pour ce qui est de contribuer, au niveau mondial, à la recherche et à l’innovation en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de compétitivité et de bioéconomie fondée sur la connaissance. Il est indispensable que la position législative de l’Union européenne soit pleinement informée en se fondant sur les données scientifiques les plus avancées et les expériences engrangées dans le monde entier et que les processus de décision en matière de surveillance réglementaire soient transparents.

    3.11.

    L’éducation des écoliers et des étudiants de l’enseignement secondaire est primordiale si nous voulons former une nouvelle génération qui comprenne les défis posés par la bioéconomie et qui profite des possibilités offertes par celle-ci. Ainsi, l’enseignement des principes de la circularité et de l’action à l’échelle à la fois mondiale et locale («glocal») ainsi que la sensibilisation aux expérimentations aideront la nouvelle génération à trouver sa place. De nouveaux programmes d’études ont déjà été conçus dans les universités, qui combinent les sciences du vivant, l’ingénierie et le marketing, par exemple. Ces passerelles établies entre des disciplines différentes, associées à un environnement propice aux jeunes entreprises, peuvent contribuer à faire des étudiants des entrepreneurs de la bioéconomie. La formation professionnelle doit évoluer afin de répondre aux besoins de compétences dans la production primaire, l’industrie manufacturière, les transports et d’autres secteurs pertinents. Par ailleurs, au cours de leur carrière, les travailleurs doivent actualiser leurs aptitudes et compétences. Des programmes d’apprentissage tout au long de la vie qui mettent en relation prestataires de services éducatifs et producteurs, employeurs et travailleurs, ou encore chercheurs et innovateurs, peuvent y contribuer.

    Bruxelles, le 12 décembre 2018.

    Le président du Comité économique et social européen

    Luca JAHIER


    (1)  https://biconsortium.eu/news/mapping-european-biorefineries

    (2)  Voir la fiche d’information du ministère de l’agriculture des États-Unis (USDA) intitulée «An Economic Impact Analysis of the U.S. Biobased Products Industry: 2016 Update» («Analyse de l’impact économique du secteur des bioproduits aux États-Unis — Mise à jour 2016»), à l’adresse: https://www.biopreferred.gov/BPResources/files/BiobasedProductsEconomicAnalysis2016FS.pdf

    (3)  Tous les chiffres cités sont extraits du rapport du Centre commun de recherche intitulé «JRC science for policy report: 2016 Bioeconomy Report», disponible à l’adresse suivante: http://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/bitstream/JRC103138/kjna28468enn.pdf


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