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Document 52023AE0128

    Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Le rôle des jeunes dans la transition écologique» (avis exploratoire à la demande de la présidence suédoise)

    EESC 2023/00128

    JO C 184 du 25.5.2023, p. 13–17 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, GA, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

    25.5.2023   

    FR

    Journal officiel de l'Union européenne

    C 184/13


    Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Le rôle des jeunes dans la transition écologique»

    (avis exploratoire à la demande de la présidence suédoise)

    (2023/C 184/03)

    Rapporteure:

    Nicoletta MERLO

    Demande de la présidence suédoise du Conseil

    lettre du 14.11.2022

    Base juridique

    Article 304 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne

    Compétence

    Section «Emploi, affaires sociales et citoyenneté»

    Adoption en section

    8.3.2023

    Adoption en session plénière

    22.3.2023

    Session plénière no

    577

    Résultat du vote

    (pour/contre/abstentions)

    152/00/01

    1.   Conclusions et recommandations

    1.1.

    Le CESE est d’avis que les jeunes peuvent et doivent jouer un rôle essentiel dans le contexte de la transition écologique. Il estime qu’il est primordial d’élaborer un nouveau modèle de gouvernance plus inclusif et capable de garantir la participation active des jeunes aux processus décisionnels en surmontant les obstacles qui subsistent.

    1.2.

    Le CESE souligne qu’il importe de s’assurer que les organisations de jeunesse jouent un rôle de premier plan dans le processus décisionnel ainsi que dans l’élaboration et la diffusion de projets liés à la durabilité et à l’environnement, notamment en leur garantissant le soutien financier nécessaire à cette fin.

    1.3.

    Le CESE considère qu’il est crucial de surveiller en permanence les effets que les investissements publics, y compris ceux liés à la transition écologique, ont et auront à l’avenir sur les jeunes, au moyen d’une évaluation fondée sur des indicateurs de l’impact économique, politique et social des politiques à mettre en œuvre, et ce avant, pendant et après leur approbation.

    1.4.

    Le CESE encourage les institutions de l’Union européenne et les États membres à mettre en œuvre les mesures et les mécanismes nécessaires pour s’assurer que la perspective de la jeunesse soit prise en compte dans tous les domaines d’action et créer un espace permettant de garantir leur participation active grâce à l’adoption intégrale de l’évaluation d’impact de l’Union du point de vue des jeunes.

    1.5.

    Le CESE estime qu’il est essentiel de relier les initiatives et les politiques qui seront adoptées dans le cadre de l’Année européenne des compétences au thème de la transition écologique, du développement durable et des défis auxquels les jeunes sont confrontés dans un monde en constante évolution.

    1.6.

    Le CESE juge qu’il est primordial d’envisager l’éducation et le développement des compétences attendues par les jeunes sur cette question en suivant une approche transversale capable de fournir des compétences théoriques et pratiques, notamment par la mise en œuvre et l’amélioration des parcours de transition de l’école à l’emploi et des apprentissages professionnels, et en associant également les partenaires sociaux. Il y a également lieu de donner à la formation sur ces sujets un caractère structurel, en la concevant et en la développant à partir des territoires et de leurs besoins, dans un cadre plus large au niveau national.

    1.7.

    Le CESE estime qu’il est nécessaire de commencer à enseigner les questions de durabilité et de protection de l’environnement dès le plus jeune âge, en recourant à des outils éducatifs innovants qui tiennent compte de la protection de l’environnement, du développement social et économique et de la réalisation des objectifs connexes. Assurer une éducation de qualité pour tous et un travail décent à ceux qui la dispensent est essentiel à cette fin.

    1.8.

    Le CESE souligne qu’il importe que les écoles s’engagent sur les questions de transition écologique en concertation avec les autorités locales et dans le cadre d’activités extrascolaires, en associant notamment à la démarche les organisations de jeunesse et la société civile organisée, de manière à stimuler une sensibilisation et une participation accrues des citoyens ordinaires. À cet égard, le Comité juge positive l’expérience acquise dans le cadre du projet Erasmus vert et attend avec intérêt sa mise en œuvre.

    1.9.

    Afin de doter les travailleurs, jeunes comme âgés, des compétences permettant de gérer l’innovation induite par la transition écologique, le CESE estime qu’il est important d’investir dans la formation par le travail et de promouvoir la formation sur le lieu de travail et des stages et des apprentissages de qualité capables de créer un dialogue vertueux entre les besoins du marché et les compétences individuelles des jeunes. À cet égard, le dialogue social et la négociation collective peuvent jouer un rôle de premier plan.

    1.10.

    Le CESE estime qu’il est essentiel de disposer de politiques de formation globales, intégrées aux politiques industrielles, coordonnées avec d’autres stratégies de développement et planifiées en détail au niveau territorial et local, en étroite collaboration avec les partenaires sociaux, de manière à s’assurer que la transition écologique soit juste et ne laisse personne de côté.

    1.11.

    Afin de garantir une participation adéquate des femmes dans les secteurs liés à la transition écologique, le CESE estime que l’égalité entre les hommes et les femmes doit faire partie intégrante de ladite transition. Les États membres devraient investir davantage de ressources dans l’orientation professionnelle des jeunes à l’école et l’accompagnement de leur parcours vers l’emploi grâce à des services publics de l’emploi efficaces, qui sont suffisamment liés au tissu productif du territoire.

    1.12.

    Les jeunes entrepreneurs peuvent jouer un rôle important dans le développement de l’innovation, y compris dans le domaine de la transition écologique. Le CESE estime qu’il y a lieu d’encourager ces jeunes en prévoyant une formation spécifique, une aide pour les projets innovants et un soutien financier adéquat.

    1.13.

    Pour faire en sorte que la transition écologique soit également juste et éviter les fermetures d’entreprises et les pertes d’emplois qui en découlent, le CESE estime qu’il est prioritaire pour les États membres d’investir des ressources considérables, à commencer par celles des plans nationaux pour la reprise et la résilience, afin de soutenir les entreprises qui doivent reconvertir leurs activités, de redéployer les travailleurs licenciés et d’aider les entrepreneurs, en particulier les jeunes entrepreneurs, qui ont l’intention d’investir dans des entreprises vertes.

    2.   Informations contextuelles

    2.1.

    Le présent avis exploratoire a été demandé par la présidence suédoise du Conseil de l’UE afin d’examiner le rôle des jeunes dans la transition écologique.

    2.2.

    La transition écologique fait référence à la transition de l’économie et de la société de l’UE vers la réalisation des objectifs climatiques et environnementaux, principalement au moyen de politiques et d’investissements, conformément à la loi européenne sur le climat prévoyant l’obligation de parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050, au pacte vert pour l’Europe et à l’accord de Paris, d’une manière qui assure une transition juste et inclusive pour tous.

    2.3.

    Face à ces grands défis, il est important de noter que c’est précisément la génération des jeunes qui est la plus sensible et consciente de la nécessité d’agir pour atteindre la durabilité environnementale. En effet, s’il existe à l’heure actuelle un thème capable de créer un lien vertueux entre la sensibilité et les valeurs des jeunes et les grandes questions de notre époque, et qui recèle un fort potentiel d’innovation en matière de modèles de production et de consommation, c’est bien celui de l’environnement, de la promotion de la santé et de la préservation de la biodiversité de la planète.

    2.4.

    Ces dernières années, l’action pour le climat a mobilisé un grand nombre de jeunes dans toute l’Europe. De nombreux mouvements sociaux et de protection de l’environnement se sont développés aux niveaux territorial, national et européen, et les jeunes qui en sont membres ont manifesté et réclamé des mesures tangibles de la part des gouvernements et des décideurs politiques afin de protéger l’environnement et de parvenir à la neutralité climatique.

    2.5.

    L’année 2022 a été proclamée Année européenne de la jeunesse pour célébrer et soutenir les jeunes, la génération la plus durement touchée par la pandémie, en leur insufflant de nouveaux espoirs et en leur donnant de la force et confiance en l’avenir, mais elle a aussi été l’occasion de souligner comment la transition écologique et numérique offre de nouvelles perspectives et de nouvelles possibilités.

    3.   La participation des jeunes à la transition écologique

    3.1.

    Pour parvenir à une transition écologique juste, il est nécessaire de mettre en œuvre le programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies et ses 17 objectifs de développement durable (ODD) dans le cadre du pacte vert pour l’Europe, y compris en adoptant un nouveau modèle de gouvernance plus inclusif et capable d’associer activement les jeunes aux processus décisionnels.

    3.2.

    Les décisions prises aujourd’hui par les dirigeants politiques concernant le changement climatique et d’autres questions environnementales auront des répercussions sur les jeunes d’aujourd’hui et sur les futures générations en particulier. Les jeunes ont le droit de se prononcer sur les questions qui les concernent, comme le prévoit le programme à l’horizon 2030, qui les reconnaît en tant qu’«agents de changement essentiels» dans le cadre de ses ODD.

    3.3.

    Bien que le rôle des jeunes dans la construction d’un monde plus durable, plus inclusif et plus vert soit de plus en plus reconnu, et malgré la proclamation d’une année qui leur est consacrée, il est clair qu’en réalité, ils ont encore du mal à participer activement aux organes de décision.

    3.4.

    Ces dernières années, malgré le haut niveau d’engagement des jeunes en faveur de la lutte contre le changement climatique, on a également observé un mécontentement grandissant et une perte de confiance parmi les jeunes à l’égard des institutions politiques, se traduisant par une baisse de leur participation active au sein de partis politiques et une hausse de l’abstentionnisme lors d’élections politiques, en qualité d’électeurs comme de candidats. Cette évolution menace le système démocratique et entrave l’élaboration de politiques tournées vers l’avenir, à commencer par celles qui sont nécessaires pour relever les défis de la transition climatique, et qui sont en mesure de répondre aux différentes sensibilités et aux différents besoins. À cet égard, le CESE est convaincu que la promotion de la participation des jeunes à la vie politique et à d’autres processus décisionnels devrait être une priorité et que toutes les options devraient être explorées pour que cela soit possible et effectif à tous les niveaux.

    3.5.

    En guise de point de départ, il conviendrait de recenser et de surmonter les obstacles sociaux, économiques et culturels à la pleine participation des jeunes. La faible participation actuelle peut également être liée à un manque de sensibilisation ou à un accès difficile aux informations relatives à la participation des jeunes et aux mécanismes de représentation. Un autre aspect qu’il convient de souligner concerne les nouveaux modes d’engagement et de dialogue, souvent informels, privilégiés aujourd’hui par les jeunes, qui ont à cette fin fréquemment recours à la technologie et aux médias sociaux. Ces modes de participation devraient être dûment pris en considération, vu leur capacité manifeste à mobiliser des générations entières.

    3.6.

    La durabilité est profondément ancrée dans la vision qu’ont les jeunes du monde et dans leurs processus décisionnels, mais avec beaucoup de pragmatisme. Les organisations de jeunesse, qui représentent les intérêts et les sensibilités de millions de jeunes en Europe, peuvent donc jouer un rôle important pour faire en sorte que la voix de la jeune génération soit entendue au sein des institutions et de la société civile, mais aussi lui permettre d’apporter une contribution significative et utile au processus décisionnel à l’échelon local, régional, national et européen (1).

    3.7.

    Pour ces raisons, le CESE insiste sur l’importance de créer des possibilités pour que l’ensemble des organisations de jeunesse les plus représentatives, à commencer par celles qui représentent les jeunes les plus vulnérables et ceux qui vivent dans les zones les plus périphériques et rurales, soient associées à l’élaboration des politiques et au développement d’idées sur les questions de durabilité.

    3.8.

    Les organisations de jeunesse peuvent remplir de nombreuses fonctions et jouer un rôle crucial dans la diffusion et la mise en œuvre de projets liés à l’environnement et à la durabilité. Pour cette raison, le CESE invite les institutions de l’Union à mobiliser des ressources adéquates et spécifiques pour fournir à ces associations un soutien financier structurel grâce auquel les organisations de jeunesse bénéficieront de conditions favorables pour assurer et développer l’engagement des jeunes dans la transition écologique.

    3.9.

    Toutefois, la participation à elle seule ne suffit pas. Il importe également de s’assurer qu’il soit tenu compte dans toutes les politiques publiques de l’impact qu’elles auront sur les jeunes et leurs attentes, notamment celles des générations futures. Par conséquent, il convient de procéder à une évaluation ex ante, en cours d’exécution et ex post de tous les investissements, y compris ceux liés à la transition écologique, afin d’établir avec certitude, à l’aide d’indicateurs, les incidences économiques, politiques et sociales qu’ils auront sur les jeunes générations.

    3.10.

    Le CESE encourage les institutions de l’Union et les États membres à mettre en œuvre les mesures et les mécanismes nécessaires pour s’assurer que la perspective de la jeunesse soit prise en compte dans tous les domaines d’action, tout en créant un espace permettant aux jeunes d’apporter une contribution cohérente et fondée sur les compétences en vue de relever les défis auxquels ils sont confrontés, grâce à l’adoption intégrale de l’évaluation d’impact de l’UE du point de vue des jeunes (2) («test jeunesse»).

    3.11.

    Il est nécessaire, tant pour la planète que pour le développement avancé de nos États membres, d’assurer l’autonomisation des jeunes autour de quatre piliers: la participation aux processus de changement, la possibilité de jouer un rôle actif en exerçant sa responsabilité dans des choix individuels et collectifs, l’amélioration des connaissances concernant les transformations en cours et les conséquences inévitables de la transition écologique et numérique et le développement des compétences nécessaires pour intervenir de manière qualifiée.

    4.   La transition écologique dans l’éducation et sur le marché du travail

    4.1.

    L’année 2023 a été proclamée «Année européenne des compétences». Le CESE estime qu’il est essentiel de relier les initiatives et les politiques qui seront adoptées dans ce contexte au thème de la transition écologique, du développement durable et des défis auxquels les jeunes sont confrontés dans un monde en constante évolution.

    4.2.

    Dans la situation d’urgence climatique et environnementale que nous connaissons aujourd’hui, l’éducation à la durabilité devrait devenir une priorité dans les écoles. Les éducateurs ont un rôle déterminant à jouer pour faire en sorte que les élèves soient au fait des questions climatiques et possèdent les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour participer à l’économie verte. Les approches que les enseignants et les écoles peuvent adopter pour étudier ces questions avec les élèves ne manquent pas, mais l’objectif poursuivi requiert également une éducation de qualité pour tous et des conditions de travail décentes pour ceux qui la dispensent. Le CESE estime essentiel de garantir un financement adéquat aux niveaux européen, national, régional et local afin de soutenir les projets et initiatives visant à encourager et à mettre en œuvre l’enseignement et l’apprentissage dans les domaines de l’environnement et de la durabilité.

    4.3.

    La question des stratégies de transition écologique et de développement durable est éminemment transversale. Il est donc nécessaire d’envisager l’éducation et le développement des compétences attendues par les jeunes sur cette question en suivant une approche transversale capable de fournir des compétences théoriques et pratiques, notamment par la mise en œuvre et l’amélioration des parcours de transition de l’école à l’emploi et des apprentissages professionnels. Il y a également lieu de donner à la formation sur ces sujets un caractère structurel, en la concevant et en la développant à partir des territoires et de leurs besoins, dans un cadre plus large au niveau national et dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie.

    4.4.

    L’éducation des enfants aux questions de durabilité et de protection de l’environnement devrait commencer dès le plus jeune âge, tout d’abord au jardin d’enfants et ensuite dans le cadre de programmes spécifiques pendant toute la scolarité. Il est donc important que les enseignants reçoivent également une formation spécifique et que des possibilités de mise à jour régulière de leurs compétences leur soient garanties.

    4.5.

    L’introduction de parcours de transition écologique et culturelle dans les processus éducatifs implique de réaffirmer le rôle éducatif des écoles, qui sont chargées d’appuyer des parcours civiques capables d’enseigner aux élèves comment habiter le monde d’une manière nouvelle et durable. Les étudiants deviennent ainsi les protagonistes d’un changement qui les oriente vers un nouveau modèle de société plaçant l’environnement au centre et leur permet d’expérimenter et de diffuser de nouveaux modes de vie en équilibre avec la nature.

    4.6.

    Le contexte actuel, en évolution constante et rapide, incite à mettre en place des environnements éducatifs innovants en créant un nouvel alphabet écologique conforme aux objectifs du programme à l’horizon 2030 et centré sur les méthodes de mise en œuvre de l’économie circulaire et sur les outils offerts par la réflexion sur le cycle de vie (RCV) (3), qui tienne compte de la protection de l’environnement, du développement social et économique et de la réalisation des objectifs connexes.

    4.7.

    Le CESE fait observer que chacun a besoin des connaissances nécessaires pour lutter contre le changement climatique, en particulier en ce qui concerne tous les aspects de la consommation et de la production durables, les choix alimentaires responsables et la réduction du gaspillage alimentaire, et l’utilisation de l’énergie durable. L’éducation des jeunes devrait être soutenue par l’apprentissage tout au long de la vie des parents et l’éducation des citoyens (4).

    4.8.

    Le succès de la transition écologique dépendra donc de la capacité des écoles à travailler de concert avec les autorités locales et dans le cadre d’activités extrascolaires, en associant notamment à la démarche les organisations de jeunesse et la société civile organisée, de manière à stimuler une sensibilisation et une participation accrues, y compris parmi les citoyens. À cet égard, le Comité juge positive l’expérience acquise dans le cadre du projet Erasmus vert et attend avec intérêt sa mise en œuvre.

    4.9.

    La prise de conscience, les connaissances et le leadership positif en matière de protection de l’environnement s’observent de manière encore plus importante parmi la jeune génération, à savoir la «génération Z» (moins de 25 ans) et chez les individus ayant un niveau d’éducation plus élevé et maîtrisant des outils culturels plus puissants. Cela signifie que la prise de conscience et l’information de qualité devraient s’accroître et se consolider, mais également qu’il est possible de favoriser les réactions positives requises en améliorant l’éducation des jeunes et en renforçant leur capital humain dans les sphères sociale et économique. À l’inverse, un faible niveau d’études et des difficultés à entrer dans le monde du travail non seulement ralentissent la contribution à la croissance actuelle du pays, mais affaiblissent également le rôle des jeunes en tant qu’acteurs actifs de nouveaux processus de croissance qui répondent davantage aux défis de l’époque dans laquelle ils vivent.

    4.10.

    Il ne peut y avoir de transition sans compétences. Il est essentiel de doter les travailleurs, jeunes comme âgés, des compétences permettant de gérer l’innovation induite par la transition écologique qui a inéluctablement, et devrait continuer d’avoir à l’avenir, une incidence considérable sur le monde du travail. Le CESE estime qu’il est important d’investir dans la formation par le travail, à savoir une série de pratiques de formation et d’apprentissage mises en œuvre dans des contextes professionnels, notamment sous la forme d’apprentissages, qui constitue un atout considérable en vue de l’acquisition ou de la réacquisition de compétences, tant techniques que transversales. La formation en cours d’emploi, les stages et les apprentissages sont trois modes d’apprentissage qui, à leurs manières propres et diverses, contribuent à créer un dialogue vertueux entre les besoins du marché et les compétences individuelles des jeunes. Les partenaires sociaux ont un rôle essentiel à jouer dans la réalisation de cet objectif par le biais du dialogue social et de la négociation collective.

    4.11.

    La transition écologique doit être une transition juste, garantissant la reconversion et le perfectionnement professionnels des travailleurs ainsi que des emplois de qualité pour tous afin de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. Pour cette raison, le CESE juge essentiel que les politiques de formation soient globales, intégrées aux politiques industrielles, coordonnées avec d’autres stratégies de développement et planifiées en détail au niveau territorial et local, en étroite collaboration avec les partenaires sociaux.

    4.12.

    On observe actuellement qu’une telle approche globale fait défaut et que la diffusion des compétences vertes et, partant, le développement des emplois verts sont lacunaires, particulièrement parmi les personnes ayant des niveaux d’éducation et de compétences moins élevés. De ce fait, une nouvelle polarisation risque de voir le jour entre, d’une part, ceux qui possèdent des compétences vertes et jouissent dès lors d’une excellente employabilité dans les scénarios ouverts par la transition écologique et, d’autre part, ceux qui demeurent exclus de ces processus de formation, disposent de compétences limitées et s’acquittent souvent de tâches opérationnelles susceptibles de disparaître sous l’effet combiné de la transition écologique et de l’automatisation industrielle.

    4.13.

    L’égalité entre les hommes et les femmes doit également faire partie intégrante des stratégies en faveur de l’économie verte. Les jeunes femmes sont sous-représentées dans les domaines technologiques et scientifiques du fait qu’il est peu probable qu’elles optent pour une éducation spécialisée dans ces secteurs compte tenu des stéréotypes de genre qui considèrent certains emplois comme purement masculins. Pour permettre une participation adéquate des femmes dans ces secteurs qui connaissent et connaîtront dans un avenir proche une évolution majeure découlant de la transition écologique, il importe de s’attaquer à ces stéréotypes, et l’orientation professionnelle dans les écoles peut jouer un rôle crucial à cet égard. Le CESE estime que les États membres devraient investir davantage de ressources pour que les jeunes puissent bénéficier d’une orientation professionnelle à l’école et être aidés dans leur parcours vers l’emploi par des services publics de l’emploi efficaces, suffisamment liés au tissu productif de la région.

    4.14.

    Le développement de l’innovation est l’une des clés du succès de la transition écologique. Encourager les jeunes à adopter une attitude entrepreneuriale dans le cadre du processus d’innovation grâce à une formation spécifique et à un soutien pour les projets innovants et en garantissant une aide financière adéquate constitue dès lors un aspect essentiel en vue de la réalisation des objectifs.

    4.15.

    Selon une étude d’impact (5) réalisée par l’Agence européenne pour l’environnement, la transition écologique pourrait créer un million de nouveaux emplois dans l’Union européenne d’ici à 2030 mais également entraîner entre 500 000 et deux millions de pertes d’emploi. Le CESE estime qu’il est prioritaire pour les États membres d’investir des ressources considérables, à commencer par celles des plans nationaux pour la reprise et la résilience, afin de soutenir les entreprises qui doivent reconvertir leurs activités, de redéployer les travailleurs licenciés et d’aider les entrepreneurs, en particulier les jeunes entrepreneurs, qui ont l’intention d’investir dans des entreprises vertes.

    Bruxelles, le 22 mars 2023.

    La présidente du Comité économique et social européen

    Christa SCHWENG


    (1)  Avis du CESE sur le thème «Vers une participation structurée des jeunes au processus décisionnel de l’Union européenne concernant le climat et la durabilité» (JO C 429 du 11.12.2020, p. 44).

    (2)  Avis du CESE sur le thème «Évaluation d’impact de l’UE du point de vue des jeunes» (JO C 486 du 21.12.2022, p. 46).

    (3)  https://www.lifecycleinitiative.org/starting-life-cycle-thinking/what-is-life-cycle-thinking/

    (4)  Avis du CESE sur le thème «Donner aux jeunes les moyens de réaliser le développement durable grâce à l’éducation» (JO C 100 du 16.3.2023, p. 38).

    (5)  https://www.eea.europa.eu/policy-documents/swd-2020-176-final-part


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