Choose the experimental features you want to try

This document is an excerpt from the EUR-Lex website

Document 52022IP0335

Résolution du Parlement européen du 4 octobre 2022 concernant l’impact des nouvelles technologies sur la fiscalité: crypto-technologies et technologies de chaînes de blocs (2021/2201(INI))

JO C 132 du 14.4.2023, p. 15–22 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, GA, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

14.4.2023   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 132/15


P9_TA(2022)0335

Impact des nouvelles technologies sur la fiscalité: crypto-technologies et technologies de chaînes de blocs

Résolution du Parlement européen du 4 octobre 2022 concernant l’impact des nouvelles technologies sur la fiscalité: crypto-technologies et technologies de chaînes de blocs (2021/2201(INI))

(2023/C 132/02)

Le Parlement européen,

vu la communication de la Commission du 15 juillet 2020 intitulée «Un plan d’action pour une fiscalité équitable et simplifiée à l’appui de la stratégie de relance» (COM(2020)0312),

vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil sur les marchés de crypto-actifs (COM(2020)0593), présentée par la Commission le 24 septembre 2020,

vu la communication de la Commission du 24 septembre 2020 sur une stratégie en matière de finance numérique pour l’UE (COM(2020)0591),

vu le rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) du 12 octobre 2020 intitulé «Fiscalité des monnaies virtuelles: panorama des traitements fiscaux et des sujets émergents de politique fiscale»,

vu la communication de la Commission du 18 mai 2021 intitulée «Fiscalité des entreprises pour le XXIe siècle» (COM(2021)0251),

vu le document de travail de 2021 du Centre commun de recherche de la Commission sur la fiscalité et les réformes structurelles intitulé «Cryptocurrencies: an empirical view from a tax perspective» (Cryptomonnaies: point de vue empirique sur les questions fiscales),

vu la proposition de la Commission du 20 juillet 2021 relative à un règlement du Parlement européen et du Conseil sur les informations accompagnant les transferts de fonds et de certains crypto-actifs (COM(2021)0422),

vu le document de travail de la Banque mondiale intitulé «Crypto-Assets Activity around the World: Evolution and Macro-Financial Drivers» («Activités liées aux crypto-actifs dans le monde: évolution et facteurs macro-financiers»), publié le 8 mars 2022,

vu le document de consultation publique de l’OCDE du 22 mars 2022 intitulé «Crypto-Asset Reporting Framework and Amendment to the Common Reporting Standard» (Cadre de déclaration des crypto-actifs et modifications de la norme commune de déclaration),

vu son étude du 15 octobre 2018 intitulée «VAT fraud: economic impact, challenges and policy issues» (Fraude à la TVA: conséquences économiques, défis et questions politiques), son étude de juillet 2018 intitulée «Cryptocurrencies and blockchain — Legal context and implications for financial crime, money laundering and tax evasion» (Cryptomonnaies et chaîne de blocs — contexte juridique et implications pour la criminalité financière, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale) et son étude du 15 février 2018 intitulée «Impact of Digitalisation on International Tax Matters» (Conséquences de la numérisation sur les questions fiscales internationales),

vu son étude du 21 octobre 2021 intitulée «Exploring the opportunities and challenges of new technologies for EU tax administration and policy» (Étude des possibilités et des difficultés liées aux nouvelles technologiques pour l’administration et la politique fiscales de l’UE),

vu l’article 54 de son règlement intérieur,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires (A9-0204/2022),

A.

considérant que l’utilisation des nouvelles technologies sur le marché unique de l’Union et le passage au numérique des administrations fiscales dans toute l’Europe transforment les relations entre les contribuables, à savoir les citoyens et les entreprises, et les autorités fiscales nationales; que l’Union pourrait jouer un rôle de premier plan en veillant à ce que les aspects procéduraux et techniques de la numérisation des administrations fiscales soient coordonnés afin d’éviter les obstacles à l’interopérabilité des plateformes techniques nationales;

B.

considérant que les différentes caractéristiques des divers types de crypto-actifs et les frontières entre les différents types de crypto-actifs pourraient être pertinentes pour déterminer leur traitement fiscal;

C.

considérant que la dynamique de marché des crypto-actifs montre qu’il est nécessaire de créer un cadre juridique clair, stable et transparent;

D.

considérant que les autorités fiscales sont aujourd’hui confrontées à de nombreuses difficultés pour ce qui est d’assurer l’efficacité de l’application de la législation fiscale, et tout particulièrement de la coopération transfrontière, compte tenu de l’accélération des transactions numériques, de la mobilité croissante des contribuables, du nombre d’opérations transfrontières et de l’internationalisation des opérations économiques et des modèles d’entreprise, ainsi que des risques de double imposition et des régimes fiscaux agressifs complexes;

E.

considérant que les autorités fiscales doivent s’adapter aux risques potentiels qui menacent la pérennité des systèmes fiscaux et leur capacité à faire respecter les cadres juridiques nationaux et européens en matière de fiscalité;

F.

considérant que les nouvelles solutions technologiques, telles que la chaîne de blocs, peuvent être employées par les administrations fiscales pour mieux répondre aux besoins des contribuables, pour échanger des informations entre juridictions, pour différents types d’enregistrement, ainsi que pour décourager et/ou combattre la corruption, mais que ces technologies peuvent également être utilisées à mauvais escient et servir de canal à des activités illicites, dans l’intention criminelle d’éviter l’impôt; que, en particulier, la visibilité accrue des transactions des chaînes de blocs pourrait faciliter les efforts déployés par les administrations fiscales pour lutter contre la fraude fiscale;

G.

considérant que plusieurs administrations fiscales dans des pays européens prennent déjà, à des degrés divers, des mesures importantes en vue de numériser leurs processus, ce qui rend le respect des obligations fiscales plus simple, plus rapide et plus efficace; que l’utilisation des nouvelles technologies varie encore considérablement d’un État membre à l’autre; que les administrations fiscales nationales, en général, requièrent encore davantage d’incitations et de mesures de sensibilisation pour réaliser le potentiel de transformation technologique et numérique; que la technologie peut contribuer à faciliter la coopération entre différentes entités des pouvoirs publics, notamment sur des sujets en lien avec la fiscalité;

H.

considérant que l’utilisation croissante des crypto-actifs contraint les administrations fiscales à adapter les pratiques fiscales en vigueur au sein du marché unique; que, sur le marché des crypto-actifs, il est difficile de recenser les activités d’intérêt fiscal, parce que ce recensement s’appuie moins sur les intermédiaires financiers traditionnels, qui fournissent généralement des informations à des fins fiscales;

I.

considérant que 5 États membres sur 27 ont des dispositions juridiques spécifiques en matière d’imposition des crypto-actifs; que 19 États membres disposent d’orientations administratives sur l’imposition des crypto-actifs;

J.

considérant que la norme commune de déclaration de l’OCDE a amélioré la transparence fiscale internationale en exigeant des juridictions qu’elles obtiennent des informations sur les actifs offshore détenus auprès d’établissements financiers et qu’elles échangent automatiquement ces informations avec les juridictions de résidence des contribuables sur une base annuelle; que, cependant, dans la plupart des cas, les crypto-actifs ne relèveront pas du champ d’application de la norme commune de déclaration, qui s’applique aux actifs financiers traditionnels et aux monnaies fiat;

K.

considérant que des efforts sont déployés et que des engagements sont pris au niveau international afin d’élaborer une meilleure réglementation en vue d’une fiscalité équitable pour l’économie numérique; que les crypto-actifs pourraient être exploités pour saper les initiatives internationales existantes en matière de transparence fiscale, comme l’a souligné l’OCDE; que, dans ce contexte, l’Union doit jouer un rôle de premier plan, notamment en favorisant une coopération étroite entre les États membres en vue de taxer les crypto-actifs de manière équitable et transparente;

L.

considérant que l’économie mondiale évolue et se numérise progressivement, et que les principes qui sous-tendent le cadre fiscal international actuel sont progressivement dépassés et ne peuvent plus garantir que les bénéfices sont imposés là où les activités économiques génératrices de bénéfices sont exercées et où la valeur est créée;

M.

considérant qu’il n’existe pas d’instrument international concernant la taxation des crypto-actifs et qu’il y a un large éventail d’approches en la matière, par différents pays; que l’Union doit jouer un rôle moteur en vue d’une participation financière plus inclusive des citoyens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières, dans les plateformes internationales concernées;

N.

considérant que l’OCDE recense, dans son rapport de 2020 sur l’imposition des monnaies virtuelles, un certain nombre de points importants à aborder, à savoir la définition du fait générateur, les formes de revenus associées aux monnaies virtuelles et la manière dont la fiscalité peut être ajustée à la nature et à la dynamique des crypto-actifs afin de capter les bénéfices de manière juste et efficace, entre autres aspects;

O.

considérant que l’Union a déjà pris des mesures importantes en vue d’une définition claire de certains crypto-actifs et prestataires de services sur crypto-actifs et, plus généralement, de la mise en place d’un cadre réglementaire approprié pour les crypto-actifs, le règlement sur les marchés de crypto-actifs (MiCA); que ce cadre et ces définitions faciliteront l’imposition équitable et simple de ces actifs; que les définitions de ces crypto-actifs doivent être alignées sur les normes internationales, à savoir celles élaborées par l’OCDE et le Groupe d’action financière;

P.

considérant que les définitions des crypto-actifs doivent être uniformes dans l’ensemble de l’Union et alignées sur les normes internationales; que le même crypto-actif peut entrer dans diverses catégories d’«objet fiscal» dans l’ensemble de l’Union, ce qui conduit à un traitement fiscal différent;

Q.

considérant que certains domaines de la politique fiscale sont une compétence nationale et que la coopération entre les États membres demeure essentielle pour répondre aux périls menaçant l’intégrité du marché unique et la pérennité des régimes fiscaux, notamment l’utilisation croissante des crypto-actifs; qu’un cadre fondé sur 27 approches sensiblement différentes de la fiscalité des crypto-actifs peut constituer un obstacle important à la réalisation des objectifs du marché unique numérique; qu’il existe donc des arguments évidents en faveur d’une coordination et d’une coopération au niveau de l’Union;

R.

considérant que l’Union et son marché unique doivent faire en sorte d’offrir aux entreprises (en particulier aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux jeunes pousses) un environnement propice à l’innovation en ce qui concerne les nouvelles technologies dans le domaine des services financiers et des crypto-actifs; que ce grand objectif exige des États membres qu’ils s’engagent résolument à mettre en place des politiques, notamment en matière de fiscalité, qui garantissent un cadre réglementaire stable, clair et sûr permettant aux entreprises de prospérer et de contribuer à la croissance économique; que cet effort nécessite enfin une volonté ferme de protéger les droits des citoyens, en tant que contribuables et consommateurs de services financiers;

S.

considérant que des lignes directrices claires sont essentielles pour un système fiscal juste et efficace qui, s’il est mis en œuvre efficacement par les États membres, pourrait aboutir à des réformes bénéfiques en réduisant les coûts administratifs et les délais, en limitant les barrières à l’entrée et en garantissant la sécurité et la stabilité, qui sont des conditions préalables à la compétitivité, ainsi que pour combler les écarts entre les entreprises, en particulier pour les PME;

T.

considérant que les crypto-actifs forment un milieu en évolution rapide et que les décideurs politiques doivent donc être réactifs; que les implications sur les plans de la politique fiscale et de l’évasion fiscale doivent encore être examinées de près, étant donné qu’elles constituent un aspect important du cadre réglementaire global;

U.

considérant que le Parlement a déjà souligné que «les règles internationales actuelles en matière d’impôt sur les sociétés ne sont plus adaptées dans le contexte de la numérisation et de la mondialisation de l’économie» et que «l’évolution de la numérisation et le renforcement de la dépendance à l’égard des actifs incorporels et de leur augmentation dans les chaînes de valeur créent des perspectives et des défis en termes de traçabilité des activités économiques et des faits générateurs de l’impôt, y compris la possibilité de pratiques d’évasion fiscale, en particulier lorsque ces activités sont transfrontières ou ont lieu en dehors de l’Union» (1);

V.

considérant que, contrairement à la finance traditionnelle, le monde du crypto est parfois organisé de manière décentralisée, ce qui rend plus difficile le recours à des intermédiaires pour aider les autorités fiscales; que ces intermédiaires servent souvent de fournisseurs d’informations pertinents dans le cadre des régimes traditionnels de déclaration fiscale des tiers; qu’en ce qui concerne l’intersection entre le secteur crypto et le système financier traditionnel, il existe généralement un intermédiaire tel qu’un échange;

Potentiel des nouvelles technologies telles que la chaîne de blocs pour mieux répondre aux besoins des contribuables, décourager les pratiques de corruption, donner des moyens d’action aux administrations fiscales et lutter contre la fraude et l’évasion fiscales

1.

estime que les administrations fiscales nationales devraient être mieux équipées et disposer de ressources suffisantes pour permettre une perception efficace des impôts, faire respecter les règles, mieux servir les contribuables et assurer la conformité; invite les États membres à s’engager, compte tenu des défis croissants liés à la transition numérique, à investir suffisamment dans les ressources humaines, notamment dans la formation, les infrastructures numériques ainsi que le personnel et les équipements spécialisés;

2.

invite la Commission à étudier, dans de futures propositions législatives, comment veiller à ce que la technologie sous-jacente à la législation nouvellement adoptée soit intrinsèquement liée à la bonne mise en œuvre de la législation;

3.

indique que l’adaptation des capacités informatiques des autorités fiscales à l’aide des nouvelles technologies émergentes, telles que les technologies des registres distribués comme les chaînes de blocs ou l’intelligence artificielle, doit permettre de favoriser des procédures fiscales et administratives intelligentes, efficaces et efficientes, de décourager et d’endiguer la corruption, de faciliter le respect des obligations fiscales par les citoyens et les entreprises, et d’améliorer la traçabilité et l’identification des opérations imposables et de la propriété des actifs corporels et incorporels dans un environnement mondialisé où les opérations transfrontières se multiplient, afin ainsi de créer des possibilités d’améliorer et de rendre plus justes les systèmes fiscaux en vue de taxer équitablement les contribuables et les actifs; demande à la Commission d’analyser et d’évaluer les effets sur la protection des données et les recettes de la mise en œuvre d’une éventuelle taxe sur le stockage des données à caractère personnel;

4.

souligne que les technologies émergentes telles que la technologie des registres distribués et la chaîne de blocs, grâce à leurs caractéristiques uniques, comme la traçabilité et leur capacité à stocker des données immuables et fiables, et donc à protéger l’intégrité de ces données, pourraient offrir un nouveau moyen d’automatiser la perception de l’impôt; estime que cela permettrait d’assurer que les citoyens paient ce qu’ils doivent, garantirait le respect des obligations fiscales et faciliterait la perception des recettes fiscales à la source des différentes étapes du cycle de vie d’un produit ou d’un service en temps utile, tout en protégeant les données à caractère personnel des citoyens et en garantissant un niveau élevé de protection des données;

5.

souligne qu’il est nécessaire de recenser les meilleures manières d’utiliser la technologie afin de renforcer la capacité d’analyse des administrations fiscales (par une meilleure analyse des données), de normaliser les données afin de faciliter le respect des obligations fiscales des PME et des contribuables (au moyen notamment de normes communes de déclaration) et de veiller à ce que la fiscalité corresponde davantage à l’environnement commercial à l’ère numérique, tout en garantissant un niveau élevé de protection des données;

6.

prend acte du lancement de la Communauté européenne de coopération administrative internationale avancée (communauté AIAC de l’Union) et de la contribution précieuse du sommet européen des administrations fiscales (TADEUS) au débat sur l’incidence des nouvelles technologies sur le travail des autorités fiscales nationales; invite dès lors la Commission à associer ces forums à la conception d’un programme de formation spécifique pour le personnel des administrations fiscales sur l’utilisation des nouvelles technologies dans la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales et à s’appuyer sur leur rôle dans l’amélioration de l’interopérabilité des systèmes fiscaux en ce qui concerne la normalisation des données et le partage automatique et en temps réel de données dans un contexte transfrontière; rappelle qu’un tel programme doit être intégré dans l’activité du programme Fiscalis;

7.

souligne toutefois que l’utilisation de la chaîne de blocs, de l’IA et d’autres outils numériques par les administrations fiscales a ses avantages mais présente aussi des risques, lesquels doivent être dûment atténués, notamment pour prévenir les violations de la vie privée et le traitement biaisé et discriminatoire des contribuables;

8.

souligne en particulier les risques en matière de qualité des données; relève à cet égard qu’une chaîne de blocs autorisée, assortie d’autorisations limitées accordées à des intermédiaires, est essentielle dans le contexte des administrations fiscales et peut contribuer à améliorer l’intégrité du système, car elle permet le partage d’informations fiscales, entre autres données, dans un environnement sécurisé;

9.

invite la Commission à évaluer la manière dont les différents États membres taxent les crypto-actifs ainsi que les différentes politiques nationales en matière de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales dans le domaine des crypto-actifs, en mettant en évidence les bonnes pratiques et les éventuelles lacunes, ainsi qu’en tirant parti des plateformes de coopération dans le domaine fiscal, telles que le programme Fiscalis; invite la Commission, avec le soutien du groupe «Code de conduite (fiscalité des entreprises)», à lutter contre les pratiques fiscales dommageables dans le domaine des crypto-actifs dans l’Union;

10.

souligne que l’impact des nouvelles technologies telles que la chaîne de blocs sur les questions fiscales peut être perçu de différentes manières, selon que l’accent soit mis sur la fiscalité directe (retenue à la source, par exemple), la fiscalité indirecte (TVA ou droits de douane) ou le respect des règles; met en exergue le potentiel qu’offre la technologie des registres distribués en vue d’améliorer le système de retenue à la source dans chaque pays, mais aussi de permettre des procédures transfrontières sans accroc et de prévenir toute activité frauduleuse; recommande à la Commission de tenir compte des caractéristiques spécifiques de chaque dimension; engage la Commission à prendre en considération les solutions numériques existantes dans les États membres et à évaluer la possibilité d’intégrer des solutions fondées sur la chaîne de blocs sur les plateformes d’échange d’informations afin de promouvoir l’audit et l’échange d’informations en temps réel, dans le plein respect des règles de l’Union en matière de protection des données;

11.

invite la Commission à envisager la création d’une nouvelle plateforme de formation et de partage des bonnes pratiques entre les autorités fiscales nationales dans le domaine de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales au sein de l’économie numérique, et notamment dans le contexte de l’utilisation des crypto-actifs; est conscient que cette nouvelle plateforme peut être intégrée dans les initiatives existantes, telles que le programme Fiscalis;

12.

invite la Commission à continuer d’évaluer l’incidence opérationnelle et les aspects liés à la gouvernance fiscale de la technologie des chaînes de blocs et des autres registres distribués, notamment dans le cadre du programme Fiscalis;

13.

rappelle sa proposition d’initiative de la Commission concernant «une norme pour la communication en ligne de données pour (en premier lieu) les échanges transfrontières de l’Union, de préférence en utilisant des données provenant de la facturation électronique (ou d’une autre source, mais en maintenant le principe selon lequel les données doivent être fournies une seule fois), y compris un traitement de données centralisé/décentralisé efficace et hautement sécurisé pour détecter la fraude» (2);

14.

insiste sur son invitation aux États membres «à poursuivre la réforme des autorités fiscales, à accélérer la numérisation et à initier la mise en œuvre d’approches stratégiques visant à soutenir les PME en matière de respect des obligations fiscales ainsi qu’à recenser les possibilités de réduction des charges» (3);

15.

invite la Commission à explorer toutes les possibilités offertes par l’infrastructure européenne de services de chaînes de blocs (EBSI) — un réseau de pair-à-pair de nœuds interconnectés exploitant une infrastructure de services de chaînes de blocs — aux autorités fiscales nationales, principalement dans le domaine de la conformité liée à la TVA, dans le plein respect des normes les plus élevées en matière de protection des données et de la vie privée, dans le but de mettre à leur disposition des protocoles de chaînes de blocs multiples et innovants et d’aider les administrations fiscales nationales à s’adapter à l’utilisation de ces technologies;

16.

rappelle l’importance du numéro d’identification fiscale européen (NIF) et invite la Commission à évaluer la valeur ajoutée des technologies fondées sur la chaîne de blocs aux fins d’une véritable identité fiscale transfrontière, assortie de normes élevées en matière de protection des données et de protection de la vie privée;

Enjeux fiscaux liés aux crypto-actifs

17.

estime que les crypto-actifs doivent être soumis à une imposition équitable, transparente et efficace, afin de garantir une concurrence juste et des conditions de concurrence équitables entre le traitement fiscal des actifs et des produits financiers et entre les prestataires de services financiers; est conscient que les décisions liées à la fiscalité des crypto-actifs relèvent de la responsabilité des États membres, conformément aux traités; invite les autorités à envisager un traitement fiscal simplifié pour les petits opérateurs et les opérateurs occasionnels ainsi que pour les opérations de faible valeur; est favorable à la création d’un environnement propice à l’innovation sur le marché unique numérique, qui permette aux entrepreneurs, aux PME et aux jeunes pousses de prospérer, de générer de la croissance, de créer des emplois et de contribuer à la reprise économique grâce aux recettes fiscales, et ce au sein d’un cadre réglementaire efficace;

18.

observe que les opérateurs de l’économie numérique peuvent exercer d’importantes activités commerciales dans un État membre sans y établir de présence physique, et que, par conséquent, les impôts payés dans une juridiction ne reflètent plus la valeur et les bénéfices qui y sont générés; insiste dès lors sur la nécessité d’adapter la notion d’établissement stable, notamment au moyen d’une définition claire de l’établissement stable virtuel, conformément aux normes internationales; rappelle par conséquent l’importance d’une transposition effective du premier pilier du cadre inclusif de l’OCDE/G20 concernant l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices;

19.

reconnaît que la définition de la base d’imposition des crypto-actifs est une question essentielle pour la politique fiscale; constate qu’il n’existe actuellement aucune définition uniformément reconnue au niveau international du terme crypto-actif et des types d’actifs à inclure dans la définition; est conscient que l’élaboration d’une telle définition constitue l’une des grandes priorités du cadre législatif européen, car elle doit permettre d’assurer à l’Union une position de premier plan au niveau international; croit savoir que l’OCDE, mandatée par le G20, travaille à l’élaboration d’un nouveau cadre mondial de transparence fiscale pour ce qui est de la déclaration et de l’échange d’informations sur les crypto-actifs;

20.

estime qu’il est nécessaire de disposer d’une définition claire et largement acceptée des crypto-actifs à des fins fiscales; souligne que cette définition devrait être alignée sur celle du règlement MiCA; insiste sur la nécessité d’assurer une cohérence systématique entre les différents instruments juridiques qui réglementent ou réglementeront les crypto-actifs (par exemple, le règlement MiCA, le règlement sur les transferts de fonds (4), la directive sur la coopération administrative (5) et d’autres initiatives en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux) et, surtout, de préserver la sécurité juridique et la stabilité;

21.

souligne qu’avec les crypto-actifs, il peut y avoir différentes options pour définir un fait générateur pertinent, comme la création de monnaie par le minage, l’échange de crypto-actifs en monnaie fiat ou d’autres crypto-actifs, une fourche majeure ou le jalonnement de crypto-actifs; relève qu’une définition cohérente du fait générateur doit être trouvée afin de garantir un niveau d’imposition adéquat, tout en évitant les cas de double imposition;

22.

invite la Commission à présenter une évaluation de la conversion d’un type de crypto-actif en un autre type de crypto-actif et à présenter des options pour définir le fait générateur, en tenant compte du risque de voir augmenter considérablement le nombre de faits générateurs et surgir d’importants problèmes de valorisation; engage la Commission à évaluer la possibilité que la conversion d’un crypto-actif en monnaie fiat pourrait constituer un choix plus approprié pour un fait générateur, si des gains ont été réalisés;

23.

constate que chaque pays a tendance à utiliser sa propre terminologie lorsqu’il élabore des solutions réglementaires nationales concernant les crypto-actifs, ce qui pourrait créer une insécurité juridique pour les citoyens et les entreprises, mettre gravement à mal la coopération transfrontière et, partant, constituer une menace pour l’intégrité du marché unique de l’Union, ouvrir involontairement des failles et créer des possibilités de fraude et d’évasion fiscale, ainsi que saper les normes internationales actuelles de transparence fiscale, telles que la norme commune de déclaration;

24.

souligne qu’en raison de la dynamique des marchés de crypto-actifs (6), il est urgent de disposer de règles quant au choix du type d’imposition à appliquer, à la définition du fait générateur, au moment et au lieu où un fait générateur se produit, ainsi qu’à sa valorisation;

25.

souligne que l’imposition des crypto-actifs dans les situations transfrontières dépend de plusieurs aspects de la politique fiscale, tels que l’impôt sur le revenu ou la TVA, et que ces différents aspects sont répartis actuellement entre les compétences nationales et européennes, mais que les avantages découlant d’une démarche européenne commune pourraient être plus marqués dans des domaines liés, entre autres, à la coopération administrative, aux échanges d’informations et à la fiscalité des entreprises;

26.

invite la Commission à tenir compte de la question des crypto-actifs, de la numérisation et des nouvelles technologies dans toutes ses propositions législatives prévues et à venir dans le domaine fiscal, notamment dans la future proposition intitulée «Entreprises en Europe: cadre pour l’imposition des revenus» (BEFIT); invite les États membres, dans ce contexte, à faire preuve d’ambition et à mener le débat international;

27.

engage les États membres à tenir compte des spécificités de l’utilisation des crypto-actifs dans leurs réformes fiscales nationales et à envisager de mettre au point des systèmes plus efficaces, qui réduisent les coûts de mise en conformité et la charge administrative mais garantissent, dans le même temps, une imposition équitable, transparente, proportionnée et efficace des crypto-actifs; souligne que les incitations fiscales temporaires et justifiées peuvent être un choix judicieux pour soutenir l’innovation et le développement technologiques, en particulier dans le secteur des chaînes de blocs; insiste sur l’importance cruciale des normes communes de déclaration pour les prestataires de services sur crypto-actifs ainsi que pour les particuliers et les entités;

28.

engage les États membres à traiter les différents types de crypto-actifs d’une manière cohérente avec le traitement fiscal des actifs non cryptographiques similaires;

29.

invite les États membres, dans le cadre de leurs options législatives concernant le traitement fiscal des crypto-actifs, à tenir compte des objectifs stratégiques de l’Union tels qu’ils sont consacrés à l’article 3 du traité de l’Union européenne, en particulier une économie sociale de marché hautement compétitive et un niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement;

30.

demande à la Commission d’évaluer si le traitement fiscal des crypto-actifs par rapport au traitement fiscal des autres actifs est cohérent et équitable, en particulier en ce qui concerne le traitement TVA de ces actifs;

Progression dans l’élaboration d’un cadre réglementaire et juridique efficace

31.

souligne que les crypto-actifs sont utilisés dans le monde entier et que le traitement fiscal des crypto-actifs doit se fonder sur une approche internationale coordonnée; estime, à cet égard, qu’il est nécessaire de poursuivre les négociations relatives aux instruments internationaux en la matière; estime que l’OCDE, qui a déjà accompli un travail considérable en matière de fiscalité et de traitement des crypto-actifs, pourrait être en l’espèce une enceinte appropriée, notamment pour ce qui est de la révision de la norme commune de déclaration;

32.

relève que l’OCDE a déjà entamé des travaux sur un nouveau cadre de déclaration des crypto-actifs;

33.

estime qu’en l’absence d’accord international sur l’imposition des crypto-actifs, l’Union et ses États membres sont dépourvus d’une base sur laquelle ils pourraient bâtir une approche intelligente et tournée vers l’avenir;

34.

demande à la Commission de présenter une évaluation des principaux faits générateurs et des formes de revenus associés aux crypto-actifs, en mettant l’accent sur les conséquences fiscales d’un certain nombre d’opérations clés, telles que l’émission de crypto-actifs, l’échange de crypto-actifs contre des monnaies fiat, des biens ou des services, l’octroi par don ou succession, ainsi que la perte ou le vol, etc.;

35.

demande à la Commission de réaliser une analyse d’impact sur les bonnes pratiques recensées pour taxer équitablement et efficacement les crypto-actifs, dans le respect de l’ensemble des compétences de l’Union en matière fiscale, d’examiner le rôle des prestataires de services sur crypto-actifs et de déterminer dans quelle mesure les crypto-actifs s’inscrivent dans le cadre fiscal existant; estime que la politique fiscale devrait être intégrée dans un cadre réglementaire solide pour les crypto-actifs et être cohérente avec d’autres aspects, notamment la transparence fiscale ainsi que les exigences juridiques, financières et de protection des consommateurs;

36.

rappelle qu’aux fins de la pleine intégration du marché unique de l’Union, il est nécessaire d’adopter une approche commune en ce qui concerne la fiscalité des crypto-actifs, dans le respect des compétences définies par les traités; invite dès lors le Conseil, dans sa formation «Affaires économiques et financières», à engager un dialogue structuré avec le Parlement sur cette question; invite le président de l’Eurogroupe à initier un débat sur la fiscalité des crypto-actifs avec les ministres des finances de la zone euro;

37.

estime qu’il est nécessaire de modifier le champ d’application de la directive relative à la coopération administrative afin que le cadre pour l’échange d’informations dans le domaine fiscal englobe les crypto-actifs et la monnaie électronique; invite l’OCDE à adopter sans plus tarder une nouvelle définition d’une norme de déclaration aux fins de l’échange d’informations; considère que la révision de la directive relative à la coopération administrative est une priorité dans le domaine fiscal; invite la Commission à inclure sans délai, dans sa future révision de la directive, les futures recommandations de l’OCDE sur la déclaration des crypto-actifs et les révisions de la norme commune de déclaration, ainsi que les recommandations du Parlement telles que formulées dans sa résolution sur l’application des exigences de l’Union en matière d’échange de renseignements fiscaux (7); invite le Conseil à adopter rapidement les modifications proposées;

38.

souligne qu’il importe de veiller à ce qu’une future révision de la directive relative à la coopération administrative vienne compléter les obligations de déclaration au titre d’autres instruments juridiques, en aidant les autorités à échanger automatiquement des données sur les crypto-actifs et la monnaie électronique, afin qu’elles puissent évaluer les revenus et les recettes provenant d’investissements et de paiements utilisant des crypto-actifs et de la monnaie électronique; insiste sur la nécessité de préserver une cohérence systématique qui apporte une sécurité juridique aux opérateurs et fournisse des orientations techniques aux autorités fiscales nationales;

39.

invite la Commission et les autorités publiques nationales à faire en sorte que la technologie des chaînes de blocs utilisée pour faire respecter les règles ou fournir des services publics soit conforme aux droits fondamentaux, ainsi qu’aux normes relatives à la cybersécurité et à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme;

40.

encourage la Commission à prendre en considération les solutions numériques existantes, les dispositions juridiques et les orientations administratives sur lesquelles s’appuient les États membres afin d’évaluer la façon d’exploiter les technologies des chaînes de blocs et d’autres registres distribués pour éviter la fraude et l’évasion fiscales et lutter contre la corruption; est favorable au développement d’une infrastructure européenne de services de chaînes de blocs;

41.

demande à la Commission d’évaluer les moyens d’aboutir à un meilleur respect des obligations fiscales, compte tenu de l’évolution rapide des valeurs des crypto-actifs, de l’absence de traduction évidente en monnaie fiat dans certains cas, mais aussi des difficultés que rencontrent les administrations fiscales pour obtenir des informations fiables et en temps utile sur ces opérations;

42.

estime que, étant donné que le secteur des cryptos est actuellement en pleine transition et ne devrait pas se stabiliser dans un avenir proche, la nécessité d’une évaluation de la situation ne devrait pas empêcher les institutions de l’Union de légiférer sur une meilleure surveillance et une meilleure imposition des crypto-actifs;

43.

insiste sur la nécessité d’un réexamen et d’une adaptation fréquents de la politique fiscale afin de pouvoir réagir aux évolutions du secteur et de veiller à ce qu’elle reste pertinente face aux évolutions technologiques et du marché liées aux monnaies virtuelles et à d’autres types d’actifs émergents;

o

o o

44.

charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.

(1)  Résolution du Parlement européen du 10 mars 2022 contenant des recommandations à la Commission sur une fiscalité équitable et simplifiée à l’appui de la stratégie de relance (rapport du Parlement faisant suite au plan d’action de la Commission de juillet et de ses 25 initiatives dans le domaine de la TVA, de la fiscalité des entreprises et de la fiscalité individuelle) (JO C 347 du 9.9.2022, p. 211).

(2)  JO C 347 du 9.9.2022, p. 211.

(3)  Résolution du Parlement européen du 15 février 2022 sur l’impact des réformes fiscales nationales sur l’économie de l’UE. Textes adoptés de cette date (JO C 342 du 6.9.2022, p. 14).

(4)  Règlement (UE) 2015/847 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2015 sur les informations accompagnant les transferts de fonds (JO L 141 du 5.6.2015, p. 1).

(5)  Directive 2011/16/UE du Conseil du 15 février 2011 relative à la coopération administrative dans le domaine fiscal (JO L 64 du 11.3.2011, p. 1.).

(6)  Le poids économique du marché des cryptomonnaies a été évalué à 2 200 milliards d’EUR en mai 2021 et a atteint le niveau record de 2 500 milliards d’EUR en octobre 2021 (Centre commun de recherche de la Commission, 2021).

(7)  Résolution du Parlement européen du 16 septembre 2021 sur l’application des exigences de l’Union en matière d’échange de renseignements fiscaux: progrès, enseignements tirés et obstacles à surmonter (JO C 117 du 11.3.2022, p. 120).


Top