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Document 52021AE2708

    Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Éducation et formation des adultes» (Avis exploratoire à la demande de la présidence slovène)

    EESC 2021/02708

    JO C 374 du 16.9.2021, p. 16–21 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

    16.9.2021   

    FR

    Journal officiel de l'Union européenne

    C 374/16


    Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Éducation et formation des adultes»

    (Avis exploratoire à la demande de la présidence slovène)

    (2021/C 374/04)

    Rapporteure:

    Tatjana BABRAUSKIENĖ

    Consultation de la présidence slovène du Conseil

    Lettre du 19.3.2021

    Base juridique

    Article 304 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne

    Décision du bureau

    23.3.2021

    Compétence

    Section «Emploi, affaires sociales et citoyenneté»

    Adoption en section

    21.6.2021

    Adoption en session plénière

    8.7.2021

    Session plénière no

    562

    Résultat du vote

    (pour/contre/abstentions)

    233/3/5

    1.   Conclusions et recommandations

    1.1.

    Le CESE se félicite de l’importance accrue accordée à l’éducation et à la formation des adultes, à la formation et au développement des compétences, telle que réaffirmée dans les récentes initiatives de la Commission européenne, principalement dans la stratégie européenne en matière de compétences. Le CESE demande que soient conçues et mises en œuvre immédiatement des mesures politiques ciblées, accompagnées de mesures d’incitation destinées à soutenir les États membres, comme il l’a déjà souligné dans son avis sur «Des systèmes éducatifs porteurs pour prévenir l’inadéquation des compétences — Quelle transition s’impose?» (1).

    1.2.

    Le CESE fait observer que, face à la rapidité de l’invention et de la diffusion de nouvelles technologies, il s’impose de développer un perfectionnement et une reconversion professionnels efficaces. Le CESE souligne que l’impact de la crise de la COVID-19 sur la société et l’économie européennes a encore mis en évidence l’importance de disposer de politiques efficaces d’éducation et de formation et d’emplois de qualité pour soutenir une reprise et une résilience durables et justes sur le plan social et économique, ce qui est essentiel pour aider l’Europe à surmonter les conséquences de la pandémie. L’investissement dans l’éducation et la formation des adultes et dans le développement des compétences peut jouer un rôle crucial pour la reprise économique et l’Europe sociale.

    1.3.

    Le CESE recommande à la Commission européenne et aux États membres de renforcer les politiques en matière d’éducation et de formation des adultes en adoptant une vision globale et en améliorant leur accessibilité, leur qualité et leur caractère inclusif, tout en respectant les compétences nationales et le principe de subsidiarité. Il demande que soient améliorées ces politiques au sens large, en prenant en considération des stratégies qui se sont montrées efficaces pour répondre aux nouvelles exigences en matière de compétences, adaptées aux besoins locaux. Il souligne qu’il importe d’améliorer la pédagogie et, pour l’éducation et la formation des adultes, l’andragogie, en proposant une formation initiale de qualité, un perfectionnement professionnel continu et des conditions de travail améliorées et équitables, tout en dotant les enseignants et formateurs des adultes d’un meilleur environnement de travail.

    1.4.

    Le CESE souligne que l’éducation et la formation des adultes est essentielle pour aider ces derniers à améliorer leurs compétences de citoyens, en acquérir de nouvelles et jouer un rôle actif dans la société. L’apprentissage tout au long de la vie devrait devenir un mode de vie pour tous afin de surmonter les disparités et les inégalités au sein de la société, et il devrait également devenir une réalité sur le lieu de travail. À cet égard, l’utilisation de «compétences» est plus qu’importante dans son sens et sa conception plus larges, embrassant le lieu de travail et la vie sociale et personnelle, dans une perception globale du processus de développement des compétences.

    1.5.

    Le CESE souligne l’importance que revêt l’éducation et la formation des adultes et regrette que les institutions de l’Union et plusieurs États membres ne la considèrent pas comme une priorité politique, alors qu’elle est essentielle pour exploiter pleinement le potentiel de l’emploi et de l’inclusion sociale et pour permettre aux adultes de participer activement au marché du travail et d’être des citoyens impliqués dans la vie démocratique. Le CESE recommande aux États membres de renforcer la politique, la gouvernance et le financement de l’éducation et de la formation des adultes conformément aux principes des quatre piliers de l’éducation de l’Unesco (2): apprendre à connaître, à faire, à vivre ensemble, à être. Afin de mettre en œuvre l’objectif de développement durable no 4, il convient d’apporter à la société civile un soutien efficace pour qu’elle mette en place un partenariat concernant l’offre d’éducation et de formation des adultes dans des contextes informels et non formels et assure une communication efficace avec les citoyens.

    1.6.

    Le CESE suggère que la Commission européenne et les États membres fixent des objectifs réalisables à long terme et mettent en place, pour chaque État membre, un système de suivi continu de la participation à l’éducation et à la formation des adultes et de la qualité et de l’accessibilité de l’apprentissage tout au long de la vie, y compris la formation des salariés, en tenant compte des disparités régionales. Ce système devrait viser à faire en sorte que chacun dispose des connaissances, des aptitudes, des compétences et du savoir-être nécessaires pour que l’Europe puisse établir une société juste, cohésive, durable, numérique et prospère. Il importe également d’améliorer le renseignement en matière de recherche et de compétences au niveau sectoriel et national en ce qui concerne les besoins en compétences et les prévisions en matière de compétences afin de mettre à jour l’éducation et la formation des adultes pour ceux qui sont en transition, d’améliorer les données relatives à l’investissement des États membres dans l’éducation et la formation des adultes et d’assurer un suivi et une collecte de données fréquents sur les apprentissages et les formations suivis par les salariés. Les partenaires sociaux et la société civile devraient être activement associés au renforcement des renseignements sur les compétences au niveau national, y compris l’analyse, la prévision et l’anticipation des besoins en compétences.

    1.7.

    Les États membres doivent accélérer la mise en œuvre de la recommandation du Conseil du 19 décembre 2016 relative à des parcours de renforcement des compétences: de nouvelles perspectives pour les adultes (3), pour garantir que tous les adultes peu qualifiés développent leurs compétences de base et soient guidés et encouragés à suivre des formations afin d’améliorer leur vie et leur employabilité. Afin de garantir que 80 % des adultes possèdent des compétences numériques de base, le CESE invite la Commission européenne et les États membres à aider les adultes à acquérir un minimum de compétences numériques de base, ce gratuitement, pour leur permettre d’acquérir par la suite des compétences professionnelles ou de la vie quotidienne.

    1.8.

    Le CESE relève que tous les adultes, quels que soient leurs qualifications et leur milieu socio-économique, ont besoin d’un soutien pour accéder à un apprentissage inclusif et de qualité tout au long de la vie ainsi que pour valider leurs aptitudes et compétences. Les services publics de l’emploi devraient élargir, améliorer et faciliter l’accès à des services d’orientation et de conseil équitables et gratuits, et garantir que tous les adultes soient informés des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie et que les travailleurs soient sensibilisés à la manière dont les emplois évolueront et aux compétences nécessaires pour exercer de nouveaux emplois et de nouvelles tâches.

    1.9.

    Le CESE demande à la Commission européenne et aux États membres de lancer des campagnes d’information et de sensibilisation avec les partenaires sociaux à l’intention des adultes et des travailleurs concernés par la transition écologique et numérique afin d’aider la main-d’œuvre à acquérir les compétences nécessaires. La Commission devrait organiser des manifestations annuelles, à l’instar de la Semaine européenne des compétences professionnelles, afin d’informer et de motiver les adultes au sujet des formations qui leur sont réservées et de la formation continue et de soutenir les politiques nationales en la matière.

    1.10.

    Le CESE souligne l’importance de la subsidiarité en ce qui concerne les politiques d’éducation et de formation des adultes, pour que soit respecté le rôle que jouent les partenaires sociaux nationaux et sectoriels dans l’identification des besoins en compétences et dans la gestion des systèmes nationaux de financement et de garantie de l’accès à la formation des adultes et à la formation des salariés. Il note que, dans la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux, il y a lieu de veiller à ce que toutes les entreprises aient le droit et la capacité de mettre en place des stratégies de compétences pour répondre aux besoins en matière d’innovation et soutenir une transition juste pour les travailleurs, ainsi que des apprentissages de qualité pour les jeunes et les adultes dans le contexte de la transition écologique et numérique. Les lignes directrices pour l’emploi du Conseil (4) (2020) établissent une distinction claire entre la garantie des droits à la formation et la mise en place de comptes individuels de formation, qui constituent l’un des outils possibles, ce qui permet aux pays de décider de la manière de garantir ces droits. Les comptes individuels de formation sont des outils qui pourraient garantir le droit à la formation. Tous les adultes et tous les travailleurs devraient avoir le droit, conformément aux conventions collectives et aux législations nationales, d’avoir accès à la formation en tant que salariés, au congé d’éducation rémunéré, aux qualifications, à la validation de l’apprentissage informel et non formel, ainsi qu’à des services d’orientation et de conseil flexibles et de qualité. Les États membres de l’Union doivent mettre en place des mécanismes et des outils financiers pour faciliter l’accès des adultes — et en particulier des travailleurs — à l’apprentissage et à la formation, avec la participation des partenaires sociaux.

    1.11.

    Le CESE rappelle que les États membres doivent veiller à ce que tous les adultes, en particulier ceux issus de milieux socio-économiques défavorisés, aient un accès égal à l’apprentissage tout au long de la vie, qui leur soit bénéfique tant sur le plan de l’intérêt personnel qu’en matière d’évolution de carrière. Un soutien ciblé doit être apporté aux NEET (personnes ne travaillant pas et ne suivant pas d’études ou de formation), aux migrants et aux réfugiés, aux groupes défavorisés et vulnérables, ainsi qu’aux personnes âgées afin de garantir un vieillissement actif et en bonne santé. Le CESE invite la Commission européenne à veiller à ce que la nouvelle stratégie de l’UE en matière de droits des personnes handicapées élargisse sa priorité pour la faire porter sur l’éducation pour les apprenants de tous âges et se concentre sur l’accessibilité et la gratuité, dans des environnements physiquement accessibles, de la formation des adultes pour tous les apprenants handicapés ou ayant des difficultés d’apprentissage, mais aussi à veiller à ce que des formations soient dispensées aux enseignants quant à la manière d’adapter leur enseignement et de le rendre également accessible en ligne.

    1.12.

    Le CESE souligne que la gouvernance démocratique, notamment un dialogue social efficace et une consultation constructive des organisations de la société civile, est essentielle pour les systèmes d’éducation et de formation, afin de soutenir le développement des compétences pour tous les adultes, en particulier les travailleurs et les personnes sans emploi, tout en réalisant les objectifs de l’Union en matière de participation à l’éducation et à la formation des adultes, tels que définis par le plan d’action relatif au socle européen des droits sociaux (SEDS), la recommandation du Conseil en matière d’enseignement et de formation professionnels (EFP) et la déclaration d’Osnabrück, ainsi que pour contribuer à la prochaine résolution du Conseil relative à un programme pour l’éducation et la formation des adultes. Le CESE souligne que le dialogue social et l’interaction entre les syndicats et les employeurs sont essentiels pour améliorer l’accès de tous à l’éducation et à la formation des adultes, promouvoir la flexibilité et l’orientation, aligner la formation sur les besoins du marché du travail, garantir la qualité de la formation et la financer.

    1.13.

    Le CESE souligne que les adultes, en particulier les travailleurs, doivent avoir un meilleur accès à des informations actualisées sur les procédures de reconnaissance et de validation de ces acquis. Pour ce faire, il convient de mettre effectivement en œuvre la recommandation du Conseil du 20 décembre 2012 relative à la validation de l’apprentissage non formel et informel (5) et veiller à ce que les systèmes de validation reçoivent un financement public suffisant dans chaque pays de l’Union. En veillant à ce que la formation soit reconnue, les employeurs et les syndicats peuvent améliorer les niveaux de qualification des travailleurs et contribuer à l’évolution de leur carrière ainsi qu’à une transition juste sur le marché du travail. La participation des partenaires sociaux à la gouvernance des systèmes de formation professionnelle, de formation des salariés et de congés de formation rémunérés est essentielle, et il conviendrait notamment de promouvoir des actions conjointes entre les partenaires sociaux.

    1.14.

    Le CESE souligne que le perfectionnement et la reconversion professionnels sont de la plus haute importance pour soutenir les transitions écologique et numérique des industries et qu’ils doivent être considérés comme relevant de la responsabilité sociale et économique, l’objectif étant d’assurer une formation inclusive en vue d’emplois de qualité, et d’imprimer une transition juste pour tous. Des stratégies industrielles tournées vers l’avenir, y compris des politiques efficaces en matière de compétences, sont nécessaires pour soutenir le perfectionnement et la reconversion professionnels de la main-d’œuvre. Elles sont à même de contribuer à assurer une transition juste et socialement équitable vers une économie neutre pour le climat en équilibrant le marché du travail, de sorte à favoriser une numérisation inclusive et des emplois de qualité. Les entreprises ont besoin d’un soutien efficace pour renforcer et financer leurs stratégies de perfectionnement et de reconversion professionnels afin d’encourager l’innovation. Dans le même temps, il convient de respecter l’intérêt général, tant sur le plan économique que social. Les conventions collectives devraient déterminer les conditions d’accès aux différents types de congés de formation rémunérés répondant aux besoins personnels et professionnels des travailleurs. Le CESE rappelle aux États membres de l’Union d’aligner l’accès des travailleurs au congé de formation rémunéré sur la convention de l’OIT (no 140) concernant le congé-éducation payé dans les meilleurs délais, par l’intermédiaire d’actions nationales et de conventions collectives, et à veiller, avec le soutien des partenaires sociaux, à ce que son utilisation soit efficace.

    1.15.

    Le CESE plaide en faveur d’un financement national durable pour l’éducation et la formation des adultes, complété par l’utilisation efficace des fonds de l’Union, y compris la facilité pour la reprise et la résilience (FRR), afin de soutenir la croissance économique et la résilience de la société dans le contexte des transitions numérique et verte de l’économie, en garantissant la qualité et l’inclusion de l’éducation et de la formation des adultes pour tous, y compris les chômeurs et les autres personnes en dehors du marché du travail, en veillant tout particulièrement à rendre la formation disponible et accessible pour tous les travailleurs. Cette démarche exige que les niveaux européen et national s’engagent résolument à consacrer une part appropriée des ressources disponibles à promouvoir le développement de dispositifs d’éducation et de formation des adultes systématiques et coordonnés en tant qu’élément clé des plans nationaux.

    1.16.

    Le CESE souligne qu’il importe, dans le domaine de l’éducation et de la formation des adultes, de veiller à la qualité, à la pertinence, à l’efficacité et à l’inclusion des dispositifs. Il suggère d’encourager les États membres à veiller à ce que tous les programmes scolaires et tous les dispositifs et programmes de formation des salariés définissent clairement les acquis d’apprentissage et les compétences clés, et il estime que la Commission européenne devrait poursuivre ses travaux sur la mise en œuvre de la recommandation du Conseil du 22 mai 2018 relative aux compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (6) et soutenir les actions conjointes des partenaires sociaux. Il est important d’améliorer les systèmes d’assurance de la qualité pour l’éducation et la formation des adultes et de développer davantage le réseau CERAQ de la Commission européenne afin qu’il porte également sur la formation des adultes, l’EFP continu, l’apprentissage, et la formation des salariés. Dans le cadre de cette démarche, il convient de tenir compte de la nécessité d’intégrer les besoins de l’économie, des employeurs et des travailleurs dans les dispositifs et programmes de formation des adultes.

    1.17.

    Le CESE invite instamment les États membres à associer pleinement les entreprises et les syndicats à la mise en place de stratégies de développement des compétences pour les transitions numérique et écologique des industries. Le CESE suggère de relier les politiques environnementales aux politiques éducatives et de mettre en place des stratégies nationales en matière d’aptitudes et de compétences vertes pour sensibiliser tous les adultes au changement climatique, à la responsabilité environnementale et au développement durable dans le cadre de l’apprentissage tout au long de la vie, en nommant des coordinateurs nationaux.

    1.18.

    Le CESE invite la Commission européenne et les États membres à renforcer les politiques en matière d’éducation et de formation des adultes afin de faire de l’éducation et de la formation inclusive et de qualité pour les compétences de la vie courante un droit pour tous les adultes, d’atteindre l’objectif de 60 % de participation annuelle à cette formation et de l’augmenter, en remédiant à l’inadéquation des compétences, et en améliorant la gouvernance et le financement de cette forme d’éducation, y compris la formation des salariés. Le CESE invite la Commission européenne à rétablir des méthodes ouvertes de coordination entre les ministères des États membres de l’Union compétents pour les questions d’éducation et de formation des adultes, les partenaires sociaux et la société civile dans le cadre d’un groupe de travail, et à veiller à ce que les travaux fructueux menés par les groupes de travail précédents se poursuivent. Le CESE demande également la mise en place d’une plateforme, distincte de la plateforme électronique pour l’éducation et la formation des adultes en Europe (EPALE) (7), pour les coordinateurs nationaux de l’éducation et la formation des adultes, les partenaires sociaux et les parties prenantes, et préconise que ces différents acteurs se réunissent régulièrement en réseau.

    2.   Contexte

    2.1.

    La crise enclenchée par la COVID-19, les changements démographiques, la numérisation du marché du travail et la décarbonation de l’économie entraînent d’énormes mutations dans les emplois et les tâches effectuées par les travailleurs. Dès avant la pandémie, l’on prévoyait (en l’occurrence le Cedefop) que, dans 2 emplois sur 5, certaines tâches changeraient de nature et que 14 % des emplois subiraient une mutation en raison de la numérisation. D’après l’OCDE, d’ici à 2030, jusqu’à 20 millions d’emplois pourraient être créés dans le monde grâce à la transition écologique des industries. Ce sont quelque 128 millions d’adultes (8), soit 46,1 % de la population adulte d’Europe, qui ont besoin d’un perfectionnement ou d’une reconversion professionnels. L’incidence de la numérisation, de la robotisation, des nouveaux modèles économiques tels que l’industrie 4.0 et l’économie circulaire et du partage sur les nouvelles exigences en matière de compétences nécessite une action concertée pour stimuler davantage l’éducation et la formation des adultes en Europe.

    2.2.

    Les dirigeants des pays de l’Union se sont réunis à l’occasion du sommet social de Porto le 7 mai 2021 afin de renforcer le socle européen des droits sociaux. Les mesures proposées dans le plan d’action pour la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux visent à créer «des emplois plus nombreux et de meilleure qualité», à promouvoir «[les] compétences et [l’]égalité» et à améliorer «[la] protection et [l’]inclusion sociales». Les dirigeants ont fixé une série d’objectifs pour 2030: par exemple, «au moins 60 % des adultes devraient participer à des activités de formation chaque année» et 80 % d’entre eux devraient posséder au moins des compétences numériques de base. Ces objectifs portent sur le premier principe du socle social, qui dispose que «toute personne a droit à une éducation, une formation et un apprentissage tout au long de la vie inclusifs et de qualité afin de maintenir et d’acquérir des compétences lui permettant de participer pleinement à la société et de gérer avec succès les transitions sur le marché du travail», ainsi que sur les droits mentionnés dans le quatrième principe, y compris le soutien à la formation et à la reconversion, en particulier l’accès des jeunes à la formation continue, à l’apprentissage et aux stages.

    2.3.

    La mise en œuvre des récentes initiatives politiques de la Commission européenne (9) relatives à l’apprentissage tout au long de la vie, au perfectionnement professionnel et à la reconversion professionnelle doit contribuer à la réalisation des objectifs du socle européen des droits sociaux grâce à un dialogue social efficace avec les partenaires sociaux et à la consultation de la société civile. Selon la recommandation (UE) 2021/402 (10) de la Commission, il est nécessaire que les systèmes d’éducation et de formation des adultes soient complétés par la mise en place de systèmes efficaces en matière d’orientation tout au long de la vie, par des activités de conseil et de sensibilisation, intégrant les groupes vulnérables, et des dispositifs efficaces de validation de l’apprentissage non formel et informel pour tous.

    3.   Observations générales

    3.1.

    Le renforcement de la gouvernance démocratique au niveau européen et national et l’exploitation du potentiel qu’ont les partenaires sociaux pour recenser les besoins en compétences et contribuer à améliorer l’inclusion sur le marché du travail sont essentiels pour concevoir et mettre en œuvre des systèmes d’éducation et de formation des adultes plus accessibles et de qualité afin d’améliorer les compétences de la vie courante pour tous les adultes, y compris les sensibiliser au développement durable, à la responsabilité environnementale, à la citoyenneté démocratique, à la tolérance et aux valeurs européennes. Il est important de renforcer les politiques d’éducation et de formation des adultes au sens large et de prendre en considération des stratégies efficaces pour répondre aux nouvelles exigences en matière de compétences.

    3.2.

    Un dialogue social performant avec les partenaires sociaux et la consultation de la société civile sont essentiels pour garantir la bonne conception et mise en œuvre des politiques d’éducation et de formation des adultes. Les partenaires sociaux jouent un rôle fondamental pour ce qui est de définir les besoins en compétences et de mettre à jour les profils de qualification, étant donné que les entreprises et les travailleurs font face quotidiennement à une évolution des emplois et des tâches accomplies. Les entreprises et les travailleurs doivent être pleinement associés à la mise en place de stratégies visant à développer les compétences nécessaires aux transitions numérique et verte des industries.

    3.3.

    Pour rendre les systèmes d’éducation et de formation des adultes plus accessibles à tous, il est nécessaire de mettre en place des stratégies puissantes au niveau national et de renforcer la coopération politique entre les pays de l’Union, en particulier entre les ministères, les partenaires sociaux de l’éducation et les acteurs concernés de la société civile. Il est important de relier les politiques européennes et nationales, régionales et locales entre elles afin de parvenir à un accès effectif à l’éducation et à la formation des adultes et à la formation des travailleurs, ainsi que de relier différents domaines d’action, de manière que les politiques sociales, environnementales, de numérisation et financières puissent conduire à une amélioration de ces formations.

    3.4.

    L’objectif ambitieux de participation des adultes à la formation fixé par le plan d’action du socle européen des droits sociaux peut être atteint si une initiative de l’Union soutenue par une recommandation du Conseil encourage les gouvernements à garantir un meilleur accès et des financements suffisants pour la formation des adultes et des travailleurs au moyen de divers instruments financiers. Le CESE renvoie à son avis intitulé «Le financement durable de l’apprentissage tout au long de la vie et du développement des compétences dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qualifiée» (11) et souligne que des investissements publics durables dans l’éducation et la formation des adultes et des investissements privés efficaces dans la formation des salariés sont des conditions préalables à la réussite des mesures politiques en faveur de l’inclusion sociale et économique des apprenants de tous âges et du soutien aux entreprises. Par conséquent, le plan de relance, l’instrument «Next Generation EU» et d’autres Fonds de l’Union, tels que le FSE+ ou le Fonds pour une transition juste, doivent être utilisés de manière efficace et cohérente pour soutenir les politiques d’éducation et de formation dans le cadre du semestre européen.

    3.5.

    Le CESE note (12) qu’il importe d’améliorer les aptitudes, les compétences et les comportements de chacun en Europe par rapport à l’environnement et de répondre aux besoins en matière de compétences. Les États membres de l’Union doivent articuler les politiques environnementales et éducatives et mettre en place des stratégies nationales en faveur des aptitudes et compétences vertes afin de sensibiliser tous les adultes au changement climatique, à la responsabilité environnementale et au développement durable dans le cadre de l’apprentissage tout au long de la vie, et de veiller à ce que les travailleurs soient également dotés des aptitudes et des compétences vertes nécessaires aux transitions justes des industries.

    3.6.

    Il y a lieu d’offrir des soutiens à la formation à ceux qui en ont le plus besoin, tels que les travailleurs peu qualifiés ou atypiques. La formation des salariés et celle qui s’effectue en dehors des entreprises mais est financée par elles doivent aller dans le sens du développement des compétences visant à répondre aux besoins des entreprises et des travailleurs. Pour garantir que tous les travailleurs, indépendamment de leur niveau de compétences et de leur situation contractuelle, aient accès au perfectionnement et à la reconversion professionnels, il convient que soient conclus, aux niveaux sectoriel, national et de l’entreprise, des accords pour déterminer les besoins de formation et les dispositions à prendre en la matière. Des conventions collectives doivent être conclues pour garantir que les travailleurs aient accès, via des dispositifs d’incitation variés, à des parcours d’éducation et de formation et à des congés de formation rémunérés.

    3.7.

    Le CESE renvoie à la résolution du Conseil sur un agenda européen renouvelé dans le domaine de l’éducation et de la formation des adultes (13) et souligne que les États membres doivent redoubler d’efforts pour améliorer la qualité de l’enseignement dans le secteur de l’éducation des adultes en améliorant la formation initiale et le perfectionnement professionnel continu avec la participation des enseignants, en facilitant la mobilité des enseignants, des formateurs et des autres membres du personnel de l’éducation des adultes, et en garantissant de bonnes conditions de travail et un environnement de travail favorable à ce personnel. Un dialogue social efficace avec les syndicats correspondants est nécessaire pour que des mesures puissent être adoptées en vue de rendre la profession plus attractive et d’améliorer le recrutement et le maintien dans l’emploi.

    3.8.

    Pour améliorer l’accès aux formations pour adultes et renforcer la confiance dont elles bénéficient, il peut être utile de mettre en place une plateforme européenne d’échange de contenus et de cours numériques dans le cadre du plan d’action en matière d’éducation numérique 2021-2027, ainsi que des normes européennes en matière de microqualifications. Il est essentiel d’informer pleinement les apprenants s’agissant de savoir si les cours mènent à des qualifications complètes ou partielles ou à des microqualifications, de savoir qui valide et assure la qualité des cours, de savoir si et comment ceux-ci sont reconnus et comment ils pourraient être convertis en qualifications complètes.

    Bruxelles, le 8 juillet 2021.

    La présidente du Comité économique et social européen

    Christa SCHWENG


    (1)  JO C 228 du 5.7.2019, p. 16.

    (2)  https://en.unesco.org/themes/education/research-foresight/revisiting-learning

    (3)  JO C 484 du 24.12.2016, p. 1.

    (4)  Lignes directrices pour l’emploi.

    (5)  JO C 398 du 22.12.2012, p. 1.

    (6)  JO C 189 du 4.6.2018, p. 1, https://ec.europa.eu/education/education-in-the-eu/council-recommendation-on-key-competences-for-lifelong-learning_fr

    (7)  https://epale.ec.europa.eu/fr

    (8)  Cedefop: Empowering adults through upskilling and reskilling pathways.Volume 1: adult population with potential for upskilling and reskilling (Autonomiser les adultes grâce à des parcours de reconversion et de perfectionnement professionnels. Volume 1: population adulte avec un potentiel de reconversion et de perfectionnement professionnels), février 2020.

    (9)  Ces initiatives sont: la communication relative à la stratégie européenne en matière de compétences en faveur de la compétitivité durable, de l’équité sociale et de la résilience, la recommandation du Conseil du 24 novembre 2020 en matière d’enseignement et de formation professionnels (EFP) en faveur de la compétitivité durable, de l’équité sociale et de la résilience (JO C 417 du 2.12.2020, p. 1), la communication de la Commission intitulée «Soutenir l’emploi des jeunes — Un pont vers l’emploi pour la prochaine génération — Renforcer la garantie pour la jeunesse», la proposition de recommandation du Conseil relative à «Un pont vers l’emploi — Renforcer la garantie pour la jeunesse», et le plan d’action en matière d’éducation numérique pour la période 2021-2027.

    (10)  Recommandation (UE) 2021/402 de la Commission du 4 mars 2021 concernant un soutien actif et efficace à l’emploi (EASE) à la suite de la crise de la COVID-19 (JO L 80 du 8.3.2021, p. 1).

    (11)  JO C 232 du 14.7.2020, p. 8.

    (12)  JO C 56 du 16.2.2021, p. 1.

    (13)  JO C 372 du 20.12.2011, p. 1.


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