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Document 52017AE5043

    Avis du Comité économique et social européen sur la communication conjointe au Parlement européen et au Conseil «Un nouvel élan pour le partenariat Afrique-UE» [JOIN(2017) 17 final]

    EESC 2017/05043

    JO C 237 du 6.7.2018, p. 66–73 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

    6.7.2018   

    FR

    Journal officiel de l'Union européenne

    C 237/66


    Avis du Comité économique et social européen sur la communication conjointe au Parlement européen et au Conseil «Un nouvel élan pour le partenariat Afrique-UE»

    [JOIN(2017) 17 final]

    (2018/C 237/11)

    Rapporteur:

    Mihai MANOLIU

    Consultation

    Commission européenne, 5.7.2017

    Base juridique

    Article 304 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)

    Compétence

    Section spécialisée «Relations extérieures»

    Adoption en section spécialisée

    22.2.2018

    Adoption en session plénière

    15.3.2018

    Session plénière no

    533

    Résultat du vote

    (pour/contre/abstentions)

    185/2/1

    1.   Conclusions et recommandations

    1.1.

    Le CESE estime que dans un contexte mondial qui évolue rapidement, l’année 2018 jouera un rôle déterminant pour approfondir le partenariat UE-Afrique. Les deux continents sont confrontés à des transformations majeures et profondes, concernant la dimension politique, économique et sociale. Cet environnement ouvre des possibilités de remodeler et d’approfondir le partenariat. Ainsi, le CESE considère que, cette fois-ci, l’Union doit s’attacher en particulier à faire participer à des projets de développement sur le continent africain de nouveaux acteurs émanant tant de la sphère économique que de la société civile européenne. Le soutien au développement de l’Afrique ne devrait pas relever de la seule responsabilité des institutions de l’UE, mais aussi d’un effort de l’ensemble de la société européenne.

    1.2.

    Le Comité économique et social européen préconise par conséquent que toutes les institutions européennes compétentes poursuivent leurs efforts de maintien de la paix et de la sécurité en Afrique et aident les organisations africaines dans le combat qu’elles mènent pour prévenir les conflits et faire barrage au terrorisme et au crime organisé. Le CESE se félicite que l’initiative d’un partenariat Afrique-UE ait été prise et il considère qu’il est nécessaire d’entreprendre une telle démarche, tenant compte des nouvelles réalités géostratégiques auxquelles les deux continents sont confrontés:

    la gestion humaine et digne des flux migratoires perçus comme non contrôlés,

    la possibilité qu’un afflux de réfugiés se produise,

    l’insécurité qui, aux frontières de l’Union européenne, est générée par l’instabilité de divers régimes politiques et l’absence d’état de droit dans certains États africains,

    l’influence toujours plus grande exercée en Afrique par certaines puissances régionales comme la Chine, étant donné que les intérêts spécifiques concernant les ressources naturelles de l’Afrique et les relations économiques bilatérales n’incitant pas les pays de ce continent à intensifier leur coopération transnationale,

    les actions imprévisibles des États-Unis sur la scène politique internationale, ainsi que les défis découlant du changement climatique.

    1.3.

    S’agissant de résoudre le problème de l’alimentation, le CESE estime que l’UE, en coopération avec l’Union africaine, doit détecter des projets locaux et des politiques qui ont été couronnés de succès et favoriser leur extension dans le plus grand nombre possible de régions et de pays africains. À cet égard, il convient de ne pas oublier le paramètre de la démographie, dont l’écrasante dynamique nécessitera de créer des emplois supplémentaires, au rythme de 18 millions par an jusqu’en 2035. En Afrique, le développement économique durable est soumis à de graves contraintes, dont l’UE se doit de tenir compte et qui sont étroitement liées aux aspects suivants:

    la forte dépendance à une exploitation intensive des ressources naturelles, qui donne lieu à leur trafic illicite,

    les foyers d’instabilité générés par les guerres, les violations des droits de l’homme, les inégalités sociales, le fondamentalisme, et les catastrophes climatiques,

    les retombées du changement climatique,

    les effets de la pénurie alimentaire et du manque d’eau,

    les carences en matière d’assainissement,

    les épidémies et les maladies infectieuses,

    l’absence de politiques agricoles cohérentes et répondant aux réalités locales.

    1.4.

    En causant des déplacements forcés et volontaires, les problèmes que l’on vient d’énoncer contribuent fortement aux migrations illégales, souvent contrôlées par le crime organisé, qui exercent une pression considérable sur les systèmes de gouvernance des pays d’origine et de transit, ainsi que sur leurs autorités politiques. L’Europe est en mesure d’y répondre, grâce au nouveau consensus européen pour le développement, à la politique de voisinage et à l’agenda européen en matière de migration, ainsi que par la mise en place d’une relation fondée sur le concept de partenariat. Avec les représentants reconnus de la société civile (plate-forme, forum, volontaires) et des partenaires sociaux d’Afrique, le CESE peut apporter une contribution fondamentale à la démocratie et aux droits de l’homme.

    1.5.

    Le CESE demande que la société civile soit mieux intégrée dans le prochain partenariat et qu’il lui soit octroyé un rôle plus important, qui aille de la consultation au suivi de la mise en œuvre des politiques. Cet aspect est important pour garantir le respect du principe de la cohérence des politiques au service du développement et pour associer effectivement les acteurs intéressés à la démarche. Par conséquent, l’UE peut constituer pour les États africains un modèle de bonnes pratiques pour ce qui concerne l’association de la société civile au processus décisionnel et la conception de programmes qui facilitent l’émergence d’une société civile africaine transnationale. De même, dans les pays où la société civile est absente ou très faiblement développée, l’Union doit assumer un rôle actif dans son développement.

    1.6.

    Compte tenu de l’importance stratégique que revêtent l’enseignement, le transfert de connaissances sans discrimination, l’accès généralisé à la culture, comme élément essentiel pour l’instauration d’un climat de coopération et le partage de valeurs assumées de manière unanime, ainsi que l’ouverture de perspectives positives pour un nombre considérable de jeunes africains, le CESE préconise que le futur partenariat UE-Afrique s’oriente sur les axes suivants:

    il y a lieu d’étendre également à l’Afrique des programmes européens qui ont été couronnés de succès, tel qu’Erasmus+, afin de permettre la mobilité des étudiants et des enseignants sur les deux continents et de susciter un échange d’expériences au niveau universitaire,

    il conviendrait d’encourager et de soutenir financièrement les partenariats entre universités d’Europe et d’Afrique propices au développement de projets et de programmes d’étude communs,

    seuls des programmes éducatifs de qualité et des stratégies de lutte contre l’exclusion sociale permettront de juguler le fondamentalisme religieux affectant certains pays d’Afrique.

    1.7.

    Le CESE estime que le principal modèle que l’Union européenne peut proposer au continent africain est son propre exemple de coopération transnationale et la réalisation de grands projets à caractère transfrontière, comme ceux en matière d’infrastructures, dans la mesure où les États africains conviennent de coopérer entre eux pour les mettre en œuvre. En outre, l’Union européenne doit prendre conscience de l’expertise qu’elle peut offrir, en ce qui concerne les politiques de transition vers une société démocratique et une économie de marché qui soit pleinement fonctionnelle, compétitive et inclusive.

    1.8.

    Le CESE propose qu’il soit assigné au partenariat de promouvoir et de réaliser l’égalité entre les sexes et l’émancipation de la femme et des jeunes filles, ainsi que de reconnaître leur contribution à la paix et à l’édification de l’État, à la croissance économique, au développement technologique, à la lutte contre la pauvreté, à la santé, au bien-être et au développement culturel et humain. Il convient d’éliminer de l’ensemble du continent africain toutes les formes de violence et de discrimination sociale et politique à l’encontre des femmes, afin qu’elles puissent jouir pleinement de l’égalité des droits.

    1.9.

    Le CESE fait observer que depuis peu, la Chine est devenue le principal partenaire économique de l’Afrique et que cette évolution peut notamment avoir pour effet que les pays de la région modifient leurs objectifs de politique extérieure ou se montrent moins intéressés à mettre en œuvre des réformes démocratiques. En conséquence, l’UE a besoin de nouer avec l’Afrique un partenariat qui relance et intensifie réellement les relations commerciales entre les deux continents et crée de meilleures conditions, au niveau local, pour les investisseurs européens.

    1.10.

    Le CESE recommande d’introduire des clauses de bonne gouvernance dans toutes les conventions pertinentes conclues entre l’UE et des régions ou pays tiers, afin de promouvoir un développement durable, lequel suppose l’existence d’un processus de mise en œuvre des politiques qui soit responsable, transparent, dynamique, équitable, inclusif, efficace, participatif et respectueux de l’état de droit.

    1.11.

    Le CESE dit également son regret que l’Afrique soit le continent le plus pauvre du monde, et le seul dans lequel la pauvreté ait augmenté. Que plus de 50 % de sa population vive dans le dénuement absolu constitue une réalité intolérable. Il est nécessaire de mener un combat international antipauvreté, auquel il convient d’associer les grands acteurs du processus de développement, ainsi que d’élaborer des stratégies et des plans d’action pour atteindre les populations défavorisées. Une nouvelle enveloppe financière, programmable et prévisible, doit être prévue. Le CESE estime par ailleurs qu’assurer le suivi effectif des aides financières est primordial afin de parvenir à une meilleure mise en œuvre des objectifs visés.

    1.12.

    Le CESE salue la volonté de l’Afrique, exprimée par l’adoption de l’Agenda 2063 et la création de l’Union africaine, d’être traitée comme un ensemble unitaire, inclusif et panafricain. La bonne gouvernance pour le développement durable doit avoir pour base des politiques économiques solides, équitables du point de vue social et environnemental, la création d’institutions démocratiques incorruptibles, attentives aux besoins des citoyens, la promotion de la société civile, la lutte contre l’exclusion sociale, ainsi que la cohésion économique, sans oublier l’état de droit, la prévalence de la loi, les droits de l’homme et l’égalité des chances. Un climat favorable à l’investissement peut conduire au succès.

    2.   Contexte

    2.1.

    L’Union européenne (UE) et la majorité des États africains sont déjà liés par un accord de coopération internationale global et juridiquement contraignant, couvrant plus de la moitié des États-nations du monde. Baptisé «accord de partenariat de Cotonou» (APC, ou accord de Cotonou), il a été signé au Bénin en l’an 2000 et vise à renforcer la coopération à long terme en matière de politique, de commerce et de développement entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Cet accord a abouti à la création d’une série d’institutions qui facilitent la coopération ACP-UE entre les gouvernements, les fonctionnaires des pouvoirs publics, les parlementaires, les collectivités locales et la société civile, y compris le secteur privé.

    2.2.

    La stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne fait observer que vu la proximité géographique, promouvoir la paix et le développement sur le continent africain revient en fait à investir pour la paix et la prospérité de l’Union européenne. Il est extrêmement difficile pour elle d’être prospère si ses voisins sont sous-développés et en conflit. En conséquence, l’UE se doit de prendre part, de manière active et intense, à la constitution d’une Union africaine et à la relance économique de la région.

    2.3.

    Ces derniers temps, relève le CESE, le contexte international a évolué considérablement, des nouveaux défis mondiaux se sont fait jour, la sécurité des personnes a été affectée et les efforts à déployer pour lutter face à la pauvreté et aux pandémies, le changement climatique et la désertification, les migrations, la gestion durable des biens publics sont des questions qui ont influé constamment sur les politiques des États africains et sur celles menées dans le cadre de l’UE.

    2.4.

    Il est nécessaire de tracer une nouvelle vision politique commune Afrique-UE, qui soit concrète, repose sur des intérêts et des valeurs partagés, la considération réciproque et le respect du principe de la souveraineté de chacun et reflète les aspirations légitimes des deux parties. Ces deux entités doivent l’une et l’autre exprimer une volonté commune à travers un partenariat d’égal à égal, conscient et préférentiel, pour continuer à encourager la paix, par la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique, et la sécurité, dont le continent africain constitue un facteur important, ainsi que le développement durable, les droits de l’homme et l’intégration régionale et continentale.

    2.5.

    Le CESE dit également son regret que l’Afrique soit le continent le plus pauvre du monde, et le seul dans lequel la pauvreté ait augmenté. Que plus de 50 % de sa population vive dans le dénuement absolu constitue une réalité intolérable. Il est nécessaire de mener un combat international antipauvreté, auquel il convient d’associer les grands acteurs du processus de développement, ainsi que d’élaborer des stratégies et des plans d’action pour atteindre les populations défavorisées. Une nouvelle enveloppe financière, programmable et prévisible, doit être prévue. Le CESE estime par ailleurs qu’assurer le suivi effectif des aides financières est primordial afin de parvenir à une meilleure mise en œuvre des objectifs visés.

    2.6.

    Le CESE salue la volonté de l’Afrique, exprimée par l’adoption de l’Agenda 2063 et la création de l’Union africaine, d’être traitée comme un ensemble unitaire, inclusif et panafricain. La bonne gouvernance pour le développement durable doit avoir pour base des politiques économiques solides, équitables du point de vue social et environnemental, la création d’institutions démocratiques incorruptibles, attentives aux besoins des citoyens, la promotion de la société civile, la lutte contre l’exclusion sociale, ainsi que la cohésion économique, sans oublier l’état de droit, la prévalence de la loi, les droits de l’homme et l’égalité des chances. Un climat favorable à l’investissement peut conduire au succès.

    2.7.

    L’efficacité et la responsabilité mutuelle de tout un chacun nécessitent des ressources humaines et financières considérables de long terme, avec des engagements clairs de l’une et l’autre partie. Le CESE est d’avis que l’association de la société civile à cette démarche peut s’effectuer au départ d’une plate-forme d’adhésions volontaires et qu’elle est susceptible de faciliter le processus de développement. Il est urgent que les acteurs non étatiques et les collectivités locales soient pleinement associés à toutes les étapes du processus, y compris le suivi et l’évaluation. En effet, ils sont à même de donner un nouvel élan concernant le développement de l’Afrique et de renforcer la légitimité de l’action extérieure de l’UE, ainsi que de faire diminuer le niveau d’euroscepticisme en Europe. La vision commune en la matière doit comprendre la démocratie participative, le pluralisme et les libertés fondamentales, c’est-à-dire, pour résumer ces notions en un seul concept, le respect de l’état de droit.

    2.8.

    Une autre menace d’importance majeure réside dans l’épuisement des ressources naturelles de l’Afrique, qui fera obstacle au processus de réduction de la pauvreté. Une compensation devra être offerte pour les services écosystémiques qu’elle rend, dont le stockage de carbone dans les forêts tropicales. Une approche commune est nécessaire face aux défis mondiaux, de même qu’un partenariat mené de manière unitaire et ciblé sur le citoyen, grâce à une démarche de continent à continent, tant au niveau politique qu’à celui, concret, des négociations.

    2.9.

    Le CESE juge que les parties prenantes doivent se montrer responsables et cohérentes en ce qui concerne la responsabilité mutuelle, le dialogue et les contributions. En outre, le futur accord devra se fonder sur le principe de partenariat. Les partenaires sont égaux en droits et en devoirs, s’agissant des pratiques de développement et d’investissement. Il existe cependant un véritable fossé au niveau de l’intégration et à celui des ressources humaines, techniques et financières. En conséquence, il convient de développer et de renforcer le dialogue politique entre l’UE et l’Afrique.

    2.10.

    L’éradication de la pauvreté et le développement durable constituent un objectif cohérent (par une meilleure coordination entre les bailleurs de fonds et les acteurs non étatiques) et un engagement de coopération entre l’UE et l’Afrique, défini par les politiques européennes comme celle concernant le commerce, avec le libre accès au marché de l’Union dans le cadre des accords de partenariat économique (APE), ou encore l’environnement ou l’agriculture.

    2.11.

    Le CESE souligne que l’approche globale des conflits doit s’enraciner dans la responsabilité, la prévention, la résolution, la gestion et la reconstruction. La paix joue un rôle capital, en ce qu’elle constitue le premier jalon vers un développement durable, qui soit équitable d’un point de vue politique, économique et social, dans le plein respect des droits de l’homme. Il y a lieu de redoubler de vigilance vis-à-vis de l’apparition de tensions ethniques et religieuses sur le continent africain. Toute l’attention voulue doit être portée aux exportations d’armes, grâce à un code de conduite, y compris en ce qui concerne le trafic d’armements.

    3.   Observations générales

    3.1.

    La communication de la Commission intitulée «Un nouvel élan pour le partenariat Afrique-UE» constitue une initiative coordonnée et renforcée, qui est conforme à l’Agenda 2063 et concorde avec la stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne. Elle apporte une contribution au processus de réflexion, constituant l’assise cohérente des prochaines négociations sur le pilier africain.

    3.2.

    Le CESE estime que l’UE a un intérêt stratégique, politiquement orienté et fondé sur des valeurs et intérêts communs bien établis, à approfondir et adapter son partenariat durable avec l’Afrique. Elle doit devenir le principal investisseur étranger et partenaire en matière humanitaire et commerciale pour ce continent, et contribuer à sa sécurité.

    3.3.

    L’UE poursuit trois objectifs stratégiques:

    un renforcement du partenariat mutuel et une coopération accrue sur la scène internationale, sur la base de valeurs et d’intérêts communs, y compris dans le cadre des relations bilatérales,

    la sécurité, tant terrestre que maritime, et la lutte contre les menaces transnationales, qui constituent un investissement dans la sécurité sur les deux continents,

    un développement économique durable et inclusif en Afrique, l’objectif étant de créer les emplois dont le continent a besoin et de tirer parti des possibilités qu’un tel développement offre à l’Europe.

    3.4.

    Le CESE convient qu’il est possible de réussir à mettre en œuvre un programme commun ambitieux:

    en approfondissant les coalitions sur les questions de gouvernance mondiale, par un dialogue intense et une coopération efficace, avec des partenaires stratégiques et des alliés essentiels, promouvant et soutenant l’état de droit et la justice,

    en renforçant la coopération dans des domaines d’intérêt commun et sur la base d’interactions politiques intenses, au niveau multilatéral, continental, régional, national et local, dans le respect du principe de subsidiarité,

    en donnant corps à un partenariat axé sur les personnes, les pouvoirs politiques, les collectivités locales, les partenaires sociaux, le secteur privé et l’ensemble de la société civile.

    3.5.

    Le CESE a la conviction que la stratégie commune Afrique-UE doit être fondée sur une politique soutenue de développement durable, qui ait pour assise les réalités locales africaines, car c’est à cette condition que l’assistance sera efficace pour lutter équitablement contre la pauvreté, assurer une croissance qui sera saine sur le plan économique, environnemental, face à des changements climatiques dévastateurs, et social, qui aura pour base le travail décent, avec des emplois de long terme, et qui sera placée sous le signe de la productivité, de la liberté, de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, de l’éthique et de la dignité. L’augmentation de la production locale, gage de sécurité alimentaire, un revenu décent pour les petites exploitations agricoles familiales et les PME, la création d’un marché intérieur, grâce aux droits de propriété, à la diminution des charges administratives et au recul de la corruption, sont autant de facteurs qui peuvent contribuer à combattre la misère. En conséquence, l’agriculture et la sécurité alimentaire doivent bénéficier, dans le cadre des politiques communes, de toute l’attention voulue. Il convient de soutenir les modèles agricoles durables, tournés vers les petits exploitants, offrant des perspectives concrètes d’emploi grâce au développement de secteurs spécialisés. Il est du devoir de l’UE et de l’UA de recenser et de promouvoir les modèles et les politiques qui ont fait leurs preuves en matière d’agriculture parmi les communautés défavorisées, soit au sein du même pays, soit dans d’autres États africains en développement.

    3.6.

    La lutte contre la désertification, ainsi que l’accès à l’eau pour tous, constituent des facteurs déterminants en ce qui concerne la sécurité alimentaire, la migration et la présence de réfugiés. L’Afrique est le continent qui est le plus affecté par les changements climatiques. Il convient que l’UE et l’UA, tout comme leurs États membres, les acteurs économiques et les investisseurs, prennent leurs responsabilités, dans la lutte contre les changements climatiques, et qu’elles se dotent d’un cadre financier souple et efficace pour une nouvelle approche écologique.

    3.7.

    L’existence d’échanges commerciaux libres qui respectent les normes environnementales et sociales est propre à stimuler la croissance économique et le progrès social et politique, avec pour effet concret de jouer un rôle de catalyseur dans la lutte contre la pauvreté, grâce à un développement durable généralisé. Pour une intégration régionale, pour un cadre fiable de commerce et d’investissement, il est nécessaire qu’une asymétrie existe en faveur des marchés africains. Les accords de partenariat économique (APE) constituent un outil d’échanges et d’intégration régionale pour autant qu’ils soient favorables au développement, en ménageant des dérogations pour que les industries locales en transition s’adaptent aux nouvelles conditions de marché. Les relations économiques entre l’UE et l’Afrique doivent être fondées sur des échanges commerciaux équitables et sur une approche différenciée et diversifiée, débouchant sur une intégration africaine qui aboutira à la création de produits et services nécessaires et compétitifs.

    3.8.

    Un facteur déterminant en matière de développement économique et d’élimination de la pauvreté est constitué par le partenariat énergétique UE-Afrique, qui est de nature à susciter des projets susceptibles de fournir, à un prix abordable et de manière efficace, de l’énergie issue de sources renouvelables. Dans ce cas, le climat et les conditions géographiques qui sont ceux du continent africain peuvent constituer un avantage, en particulier pour ce qui est de l’énergie solaire. L’accès à l’énergie peut stimuler le développement socio-économique de l’Afrique.

    3.9.

    Le CESE estime qu’un engagement en faveur de l’éducation et de la santé pour tous peut constituer un outil efficace et concret dans une démarche de développement en faveur des personnes pauvres. La stratégie doit contribuer à intégrer une dimension fondamentale d’égalité entre les sexes et d’émancipation de la femme, sans oublier les populations vulnérables et celles de réfugiés, qui apparaissent à la suite de crises humanitaires. L’accès aux soins de santé et la lutte contre les médicaments de contrefaçon constituent des composantes essentielles du combat contre le fléau grandissant des maladies mortelles. Il est également nécessaire que des mesures adéquates soient prises à cet égard, au plan juridique et pénal.

    3.10.

    Le CESE préconise que des analyses soient réalisées à intervalles réguliers concernant les principales raisons à l’origine des migrations, ainsi que les questions des droits de migrants et de leur intégration, dont la problématique de la fuite des cerveaux. Des solutions pratiques sont requises pour produire une migration circulaire efficace. Ce ne sont pas les barrières qui pourront résoudre le problème, alors que le dialogue fondé sur l’identité nationale et régionale, sur la solidarité et la culture est susceptible de jeter les bases d’un programme de développement durable pour tous, pour autant que des moyens matériels adéquats soient également mis à sa disposition.

    3.11.

    Le CESE pense que la dette constitue un fardeau qui annihile tous les efforts en faveur de ce développement durable pour tous. Sa gestion, à examiner au cas par cas, devra être subordonnée au renforcement des politiques économique et sociale et à une gouvernance qui gagne en efficacité. Gérer la dette et la transférer vers d’autres créanciers doit constituer un facteur essentiel pour un soutien budgétaire, qui, fondé sur des indicateurs de performance, devra être à même d’offrir des services sociaux de base, en consolidant ainsi la structure des pays africains. Il est nécessaire de mener en la matière une surveillance transparente, à laquelle les pouvoirs locaux et la société civile soient associés.

    4.   Observations particulières

    4.1.

    Le CESE considère que l’Agenda 2063, pour une Afrique pacifique, sûre et prospère, où règnent la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la justice et l’État de droit, dont le développement s’appuie sur les populations, qui tire parti du potentiel des jeunes, en particulier des jeunes femmes et dans laquelle personne n’est laissé de côté, constitue un programme qui est propre à transformer le continent et est organisé en vue de le réformer, et qu’il convient de le centrer autour de deux grands axes:

    d’une part, rendre les États et les sociétés plus résilients face aux chocs:

    prévenir les conflits, gérer les crises et consolider la paix,

    renforcer les systèmes de gouvernance,

    gérer la migration et la mobilité,

    d’autre part, créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, en particulier pour les jeunes:

    attirer des investissements responsables et durables,

    garantir des services énergétiques en Afrique,

    transformer l’agriculture et le secteur agroalimentaire de l’Afrique, ainsi que son économie bleue, y compris la pêche,

    promouvoir l’activité des partenaires sociaux,

    faire progresser les connaissances et les compétences.

    4.2.

    Les raisons qui militent pour la création d’États et de sociétés plus résilients face aux chocs résident dans les aspirations légitimes, les valeurs et les objectifs de l’UE, dans la fragilité actuelle de ses propres frontières et dans les périls qui menacent ses intérêts vitaux. Le terrorisme, la traite des êtres humains, la criminalité, l’extrémisme violent représentent autant de menaces qui pèsent sur la stabilité et la paix et constituent les symptômes d’une instabilité structurelle, profonde, le cas échéant.

    4.3.

    Dans cette ligne, l’UE a défini les initiatives phares suivantes:

    créer une plate-forme collaborative réunissant l’Organisation des Nations unies et les partenaires européens, africains et internationaux,

    verser une contribution initiale au fonds pour la paix de l’UA,

    soutenir les initiatives africaines dans le domaine de la sécurité maritime.

    4.4.

    Il est bien connu que la bonne gouvernance, la sécurité et le développement constituent les piliers d’une société solide, moderne et résiliente face aux chocs, qui soit dotée d’institutions démocratiques, efficaces, transparentes et responsables. Pareilles communautés stables, qui respectent les droits de l’homme et forment des noyaux de développement durable, fonctionnent dans un cadre prévisible et constant au plan macroéconomique, propre à offrir des services à leurs citoyens. Dans ce domaine, l’UE peut apporter une contribution au développement de l’Afrique, d’une part grâce à l’expertise qu’elle peut offrir par l’intermédiaire de certains de ses États membres en ce qui concerne les politiques de transition vers une société démocratique et une économie de marché viable, assorties d’une politique de cohésion sociale et territoriale, et, d’autre part, au moyen de son modèle de coopération transnationale, au moyen d’institutions communes.

    4.5.

    Dans cette ligne, l’UE a défini les initiatives phares suivantes:

    organiser une conférence conjointe à haut niveau UA-UE sur les processus électoraux, la démocratie et la gouvernance en Afrique et en Europe,

    doubler l’aide à la mobilisation de ressources nationales d’ici à 2020, conformément à l’initiative fiscale,

    mener une action conjointe pour renforcer la gestion durable des ressources naturelles, notamment par l’élaboration d’une charte commune UE-Afrique.

    4.6.

    Parmi les grandes problématiques touchant à l’économie, à la société et à la sécurité, on peut dire que la migration et la mobilité peuvent tout aussi bien renforcer et enrichir les sociétés que produire des déstabilisations majeures, si elles ne sont pas gérées de manière adéquate et efficace. Concernant cette migration et cette mobilité, on constate que les flux atteignent aujourd’hui des niveaux record de dangerosité pour ce qui est de l’intégrité physique des migrants. À cet égard, il existe une responsabilité commune et des solutions d’ensemble qui sont fondées sur le partage des responsabilités et sur la solidarité découlant d’un cadre politique qui a valeur déterminante pour la circulation élargie des réfugiés et des migrants.

    4.7.

    Dans cette ligne, l’UE a défini les initiatives phares suivantes:

    soutenir les initiatives africaines sur la migration et la mobilité régulières sur le territoire africain, du point de vue de la libre circulation, des régimes de protection sociale, de la transférabilité des droits afférents et de la reconnaissance des qualifications,

    accroître la coopération Afrique-UE en matière de lutte contre les réseaux de passeurs et de trafiquants.

    4.8.

    Un changement de paradigme est nécessaire, pour donner naissance à un continent prospère, qui dispose des moyens et ressources voulus afin de coordonner son propre développement et dans lequel les économies auront opéré une transformation structurelle par l’industrialisation, l’activité de transformation et la valeur ajoutée, de manière à susciter une croissance partagée, grâce à l’essor du secteur privé, au développement de l’esprit d’entreprise et à la création d’emplois décents pour tous.

    4.9.

    Le CESE juge que la mutation socio-économique doit être compatible avec les ouvertures et les défis qui découlent des forts changements climatiques et de la notion de durabilité environnementale. Il s’impose de créer des marchés régionaux et un climat d’investissement favorable, générant une valeur adéquate et féconde grâce au libre-échange stable et prévisible offert par les accords de partenariat économique.

    4.10.

    Le Comité souligne qu’afin de réaliser l’intégration économique de l’Afrique au niveau régional et continental, il y a lieu d’assurer le respect de la bonne gouvernance des entreprises et des normes environnementales et sociales. Il convient de tirer parti de toutes les possibilités voulues pour mettre en place l’économie verte, bleue et circulaire, sur la base de la responsabilité sociale des entreprises, de l’entrepreneuriat social et de la conduite éthique, afin de créer une zone continentale de libre-échange.

    4.11.

    Le monde des entreprises joue un rôle fondamental dans le développement de la société, d’une part en tant qu’investisseur majeur, source d’innovation, créateur de qualifications et d’emplois, soutien de la croissance économique et source de revenus (directs et indirects) à même de dégager des recettes publiques permettant de réaliser les investissements nécessaires dans le bien-être, ainsi que dans des segments de l’infrastructure clé, tels que les établissements scolaires ou les hôpitaux, et d’autre part, en tant que vecteur d’intégration, tant pour les jeunes que les migrants, offrant aux personnes une chance de s’épanouir et d’avoir des revenus stables.

    4.12.

    Dans cette ligne, l’UE a défini les initiatives phares suivantes:

    enclencher des investissements massifs de l’UE en Afrique, grâce au plan d’investissement extérieur européen ou au pacte avec l’Afrique,

    favoriser un climat plus prévisible et plus favorable pour l’investissement en Afrique,

    soutenir la stratégie numérique de l’Afrique.

    4.13.

    Le CESE estime qu’un accès universel à des énergies durables et renouvelables, sur la base de tarifs raisonnables, offre des perspectives en matière de création d’emplois décents et de développement concret, qui tienne compte des changements climatiques. L’UE et l’Afrique peuvent renforcer la coopération en faveur de la transition vers une énergie propre, au départ d’un faisceau de valeurs communes. L’Union européenne joue, au plan mondial, le rôle de fer de lance pour la promotion de ces énergies propres. Afin d’exploiter le potentiel de l’Afrique pour produire de l’énergie électrique et l’utiliser de manière efficace, sur la base d’une réglementation adéquate, il est nécessaire de consentir de forts investissements, propres à satisfaire la demande, étant entendu qu’il existe également des possibilités d’interconnexion avec les réseaux européens de transit. Il est possible de faire pièce aux changements climatiques grâce à une électrification réalisée à partir de sources renouvelables.

    4.14.

    Dans cette ligne, l’UE a défini les initiatives phares suivantes:

    fournir la contribution de l’UE à l’initiative africaine pour les énergies renouvelables (IAER) et atteindre une capacité de génération d’énergies renouvelables de 5 GW d’ici à 2020 tout en ouvrant à 30 millions d’Africains la possibilité d’accéder à une énergie durable et en réduisant les émissions de CO2 de 11 millions de tonnes par an,

    lancer une nouvelle initiative visant à faciliter la coopération public-privé entre l’UE et l’Afrique, afin d’accroître les investissements dans le secteur de l’énergie durable en Afrique au moyen d’une plate-forme à haut niveau,

    procéder au lancement d’un nouveau partenariat UE-Afrique dans le domaine de la recherche et de l’innovation en matière de changement climatique et d’énergie durable.

    4.15.

    Le CESE souligne que l’agriculture l’élevage, l’aquaculture et le pêche représentent une importante source de revenus, fournissant des moyens de subsistance vitaux pour l’Afrique. Il apparaît que la gestion non durable des ressources, les problèmes liés aux droits de propriété foncière, l’insécurité en mer et, facteur qui n’est pas le moins important, le manque de capitaux et de possibilités d’accès aux financements posent des obstacles majeurs pour le développement du secteur. La production vivrière, qui présente un gros potentiel de développement, peut assurer la création d’emplois et l’émancipation, tout en garantissant la sécurité alimentaire.

    4.16.

    L’Afrique peut dégager une valeur ajoutée pour ses ressources naturelles, tout en menant une politique d’industrialisation qui mettra l’accent sur la création de petites et moyennes entreprises et microentreprises manufacturières. Le CESE souligne le rôle important que jouent des chaînes de valeur responsables, génératrices de développement des campagnes, qui assurent la gestion politique durable des ressources des eaux et des sols. Il y a lieu de conclure des accords de partenariat politique, ainsi que d’exploiter les perspectives de marché qui s’offrent aux produits alimentaires africains.

    4.17.

    Dans cette ligne, l’UE a défini les initiatives phares suivantes:

    encourager le développement de la chaîne de valeur, en facilitant les investissements responsables dans un secteur agroalimentaire et une économie bleue à caractère durable,

    susciter des investissements, de la part de l’Afrique comme de l’UE, pour soutenir la recherche et le développement,

    étendre, pour autant qu’il est approprié de le faire, le réseau d’accords de partenariat conclus dans le domaine de la pêche durable entre l’UE et les pays africains.

    4.18.

    De l’avis du CESE, une condition essentielle pour assurer un développement durable qui soit irréversible réside dans un accès à l’éducation sans restriction ni discrimination aucune. Il faut qu’en Afrique, les systèmes éducatifs et les régimes d’enseignement technique et professionnel soient nettement plus corrélés avec les besoins du marché de l’emploi, en lien avec le développement démographique, économique et social. Les dispositifs doivent être novateurs, axés sur l’éducation et la formation en vue de la création de services et d’entreprises, afin de dégager les ressources voulues pour passer de l’économie informelle à celle de type formel. L’Afrique doit encourager activement les sciences, la technologie, la recherche et l’innovation.

    4.19.

    Le CESE estime qu’il y a lieu de lancer un partenariat qui stimule l’égalité des chances, la réduction des inégalités et le développement des capacités d’insertion sociale. La cohésion, l’équité, la diversité et l’inclusion sont des éléments essentiels pour réussir à promouvoir les connaissances et les compétences dans le sens d’une nouvelle culture africaine.

    4.20.

    Dans cette ligne, l’UE a défini les initiatives phares suivantes:

    lancer une facilité en faveur de la jeunesse africaine, en étendant le champ d’application du programme Erasmus+,

    soutenir financièrement la coopération entre les universités européennes et celles d’Afrique, et développer des programmes d’étude communs,

    mettre en place une facilité de l’UE pour l’enseignement professionnel et technique.

    4.21.

    Le programme Erasmus+ encourage la coopération entre l’Union européenne et l’Afrique dans le domaine de l’enseignement supérieur. Les projets qui associent des partenaires appartenant à l’une et l’autre région contribuent, entre autres, à améliorer les perspectives professionnelles des étudiants, à conforter la coopération universitaire et à tisser des réseaux entre les établissements d’enseignement supérieur. La collaboration menée avec l’Afrique dans le domaine de l’enseignement supérieur s’inscrit dans la ligne des objectifs de la politique extérieure de l’UE, notamment en matière de coopération au développement.

    Bruxelles, le 15 mars 2018.

    Le président du Comité économique et social européen

    Georges DASSIS


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