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Document 52016AR6940

Avis du Comité européen des régions: Proposition concernant un nouveau européen pour le développement «Notre monde, notre dignité, notre avenir»

JO C 207 du 30.6.2017, p. 39–44 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

30.6.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 207/39


Avis du Comité européen des régions: Proposition concernant un nouveau européen pour le développement «Notre monde, notre dignité, notre avenir»

(2017/C 207/08)

Rapporteur:

Jesús Gamallo Aller (ES/PPE), directeur général chargé des relations extérieures et européennes de la Junte de Galice

Texte de référence:

Communication de la Commission sur la proposition concernant un nouveau consensus européen pour le développement — «Notre monde, notre dignité, notre avenir»

COM(2016) 740 final

RECOMMANDATIONS POLITIQUES

LE COMITÉ EUROPÉEN DES RÉGIONS

Introduction

1.

reconnaît que le programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté par les Nations unies en septembre 2015, définit un nouveau cadre ambitieux d’engagements, qui invite tous les pays à faire un effort de transformation pour évoluer vers des stratégies de développement inclusives et durables, tant au niveau national qu’international;

2.

note que le programme à l’horizon 2030 a été défini dès l’origine, comme étant universel, et partant, engageant tous les pays et chacun d’entre eux, également l’Union européenne et ses États membres, à revoir leurs politiques nationales et leurs engagements internationaux pour les aligner sur les buts et les objectifs dudit programme; attire néanmoins l’attention sur le fait que cela doit se faire non seulement au niveau national mais aussi dans le cadre des politiques et des compétences propres aux gouvernements régionaux et locaux de l’Union européenne;

3.

souligne que l’Union européenne et ses États membres doivent jouer un rôle essentiel dans le développement et la mise en œuvre du programme à l’horizon 2030; juge en ce sens positives les avancées des communications intitulées «Prochaines étapes pour un avenir européen durable: action européenne en faveur de la durabilité» et «Une stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne»;

4.

considère que le programme de développement durable à l’horizon 2030 doit être compris comme un programme multiniveaux et multi-acteurs, qui fait appel à et engage tous les pouvoirs publics à leurs différents niveaux (local, régional, national et international), ainsi que d’autres acteurs sociaux par-delà la sphère gouvernementale; attire dans le même temps l’attention sur le fait que bon nombre des buts et objectifs du programme à l’horizon 2030 touchent directement des domaines politiques et des compétences propres aux pouvoirs infranationaux, de sorte qu’il est nécessaire, pour sa mise en œuvre, de promouvoir la pleine participation des régions et des autorités locales à la transposition des ODD et à l’élaboration des politiques si l’on veut les réaliser;

5.

convient avec la Commission de la nécessité d’établir un nouveau consensus sur le développement pour revoir et mettre à jour celui convenu en 2005 afin de faire face aux défis soulevés par le programme à l’horizon 2030 ainsi qu’aux changements intervenus dans l’environnement international et dans le système de coopération au développement;

6.

convient avec la Commission que le meilleur moyen de faire progresser le programme à l’horizon 2030 est de renforcer la coordination des politiques de coopération entre l’Union européenne et ses États membres; insiste toutefois, compte tenu du caractère complet du programme et de l’interconnexion entre ses objectifs, sur la nécessité d’encourager des progrès en matière de cohérence des politiques, tant de l’Union européenne que des États membres;

Les défis mondiaux et le programme de développement durable à l’horizon 2030

7.

constate que les progrès réalisés dans la dynamique de la mondialisation ont créé un monde plus intégré et complexe, avec des changements dans la nature et la répartition du pouvoir au niveau international, une plus grande hétérogénéité des pays en développement, une nouvelle répartition de la pauvreté à l’échelle mondiale, une augmentation des inégalités au sein des pays et l’expansion de l’espace occupé par les biens publics internationaux; comprend que le programme de développement durable à l’horizon 2030 a clairement pour intention de répondre à ces changements et aux enjeux de la promotion du développement dans les décennies à venir;

8.

prend note du caractère universel du programme à l’horizon 2030, qui exige de tous les pays et de toutes les sociétés de faire un effort de coopération pour essayer d’aligner leurs politiques sur les objectifs qui y sont définis; attire toutefois l’attention sur la nécessité d’accomplir un tel effort à tous les niveaux de l’action publique, autorités régionales et locales comprises;

9.

confirme que les buts qui sous-tendent les ODD obligent à transcender le cadre de travail propre à l’aide publique au développement (APD); estime que, bien que l’APD demeurera cruciale en tant que source de financement pour les pays les plus pauvres et en tant que mécanisme catalyseur de changement dans d’autres catégories de pays, le nouveau programme exige une perspective plus large englobant d’autres flux et instruments qui sont en dehors du ressort de l’APD;

10.

admet que la nécessité de mobiliser des ressources et des capacités au-delà de l’aide oblige à fonctionner de façon plus stratégique avec les différents régimes et modalités de coopération existant à l’échelle internationale; même si la coopération Nord-Sud continuera à jouer un rôle important à l’avenir, il est nécessaire que celle-ci soit articulée de manière plus coordonnée avec des schémas de coopération Sud-Sud ou triangulaire; dans le même ordre d’idée, attire l’attention sur le rôle que la coopération décentralisée peut jouer dans le nouveau programme pour promouvoir l’échange d’expériences entre les acteurs infra-étatiques dans leur domaine de compétences spécifique; comprend, enfin, que la coopération de l’Union européenne et des États membres doit faire appel davantage aux différents mécanismes de coopération régionale et multilatérale, en accord avec la logique d’action à plusieurs niveaux qui préside au programme à l’horizon 2030;

11.

estime que, en raison de son ambition et de son caractère exhaustif, le programme à l’horizon 2030 exige d’articuler, pour l’appuyer, l’intervention du plus grand nombre possible d’acteurs, et des plus divers, dont les autorités régionales et locales, ainsi que les organisations de la société civile, les entreprises, les fondations, les universités ou les centres d’études, entre autres, afin de mobiliser et de capitaliser la valeur ajoutée que chacun recèle en fonction de son expérience et de son champ d’action;

La réaction de l’Union européenne

12.

souscrit à l’objectif d’un engagement fort et actif de l’Union européenne et de ses États membres dans la mise en œuvre du programme à l’horizon 2030, raison pour laquelle il est nécessaire de promouvoir une intégration transversale cohérente des ODD dans l’ensemble des politiques publiques appliquées au sein de l’Union européenne aux différents niveaux, communautaire, national, régional et local; et souligne la nécessité d’aligner progressivement les politiques et les incitations au moyen desquelles les acteurs opèrent sur les buts fixés dans ce programme;

13.

reconnaît que l’action extérieure de l’Union européenne joue un rôle crucial dans la réalisation des ODD et se félicite par conséquent des progrès accomplis pour y parvenir, conformément aux priorités définies dans le traité de l’Union européenne (TUE — article 21.2), et le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE — article 208); et soutient l’intention de la Commission de faire en sorte que le nouveau consensus sur le développement contribue à rendre effectives les priorités de l’action extérieure de l’Union européenne, telles que définies dans la stratégie globale de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité;

14.

souscrit à l’intention de la Commission d’améliorer la coordination entre la politique de développement et les autres politiques de l’Union européenne qui sont menées au plan international, comme en matière d’aide humanitaire, d’échanges commerciaux, d’intégration régionale, de santé, d’éducation, d’énergie, de pêche, d’agriculture, d’environnement, de science et de technologie, de migration, d’asile ou de politique européenne de voisinage, entre autres; souligne toutefois qu’il ne suffit pas d’améliorer les niveaux de coordination des politiques, mais qu’il faut aussi relever les niveaux de cohérence entre ces politiques et les objectifs de développement convenus au niveau international;

15.

partage le point de vue de la Commission selon lequel pour être efficace la réponse doit être apportée par l’Union européenne collectivement et obéir à des critères partagés; souligne toutefois que cette articulation devrait se produire non seulement entre l’Union européenne et les États membres, mais aussi entre eux et les autorités régionales et locales, qui sont dépositaires d’une partie des compétences nécessaires pour la réalisation des ODD;

16.

souscrit à l’intention de la Commission de faire reposer la coopération au développement de l’Union européenne et des États membres sur une approche fondée sur les droits, qui fait de l’être humain un acteur à part entière et le destinataire des efforts de développement; admet également que cette approche est compatible avec les ODD et le principe qui sous-tend le programme à l’horizon 2030 selon lequel «personne ne doit être laissé pour compte», en faisant en sorte que les progrès accomplis dans le domaine du développement atteignent les secteurs les plus fragiles et les plus vulnérables de la société;

17.

est d’accord avec la Commission pour souligner que l’égalité hommes-femmes est au cœur de cette approche fondée sur les droits et doit inspirer l’ensemble de l’action de l’Union et de ses États membres en matière de coopération au développement, ainsi que de coopération décentralisée, ce qui signifie non seulement agir contre les inégalités existantes dans ce domaine, mais également promouvoir les droits des femmes, leur émancipation et leur accès à l’éducation, et ce à tous les niveaux;

Nos priorités communes

18.

considère que l’un des objectifs centraux de la politique de développement de l’Union européenne et des États membres est de soutenir les pays dans leur lutte contre la pauvreté, y compris l’amélioration des niveaux de prestation et de qualité des services sociaux de base à l’ensemble de la population, comme le prévoit le programme à l’horizon 2030; attire toutefois l’attention sur le fait que la plupart de ces services sont fournis par les administrations décentralisées, et qu’il est donc essentiel d’apporter un soutien aux autorités régionales et locales dans la mise en œuvre des ODD;

19.

approuve le but du programme à l’horizon 2030 consistant à construire des sociétés inclusives, en luttant contre les inégalités et en assurant la promotion de la cohésion sociale; estime dans le même temps que l’administration décentralisée joue un rôle central pour cerner et corriger les phénomènes d’exclusion et de marginalisation sociales qui sont à l’origine de ces inégalités;

20.

note l’importance qu’il y a à édifier des sociétés pacifiques et bien gouvernées, en éradiquant l’insécurité et la violence et en renforçant les institutions pour plus d’efficacité et de transparence; attire l’attention sur la nécessité d’ancrer ce processus dans une base territoriale plus proche des citoyens, en soutenant l’amélioration des institutions locales et régionales, afin de faciliter ainsi l’enracinement des mécanismes de participation et de contrôle démocratique par les citoyens engagés dans la réalisation des objectifs de développement durable du programme à l’horizon 2030. C’est pourquoi l’éducation à la citoyenneté mondiale doit devenir une dimension incontournable des politiques et des stratégies des différents acteurs et parties prenantes qui composent le système international de coopération au développement, qu’elles soient gouvernementales ou non gouvernementales;

21.

partage l’objectif du programme à l’horizon 2030 consistant à assurer les conditions de la durabilité environnementale des processus de développement, en améliorant la gestion des ressources naturelles et la protection des écosystèmes les plus fragiles; encore une fois, les autorités locales et régionales sont essentielles pour entreprendre ces politiques, en essayant de concilier la durabilité avec le progrès économique et social des communautés concernées; cet objectif est particulièrement pertinent en ce qui concerne l’ODD 11 qui soulève la nécessité de «rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résistants et durables»;

22.

estime qu’il est important d’encourager les pays à emprunter la voie d’une croissance économique inclusive et durable, capable de générer du travail décent, tel qu’envisagé dans le programme à l’horizon 2030; attire l’attention sur le rôle que les autorités régionales et locales peuvent jouer dans la promotion de ces processus, en créant un tissu productif sur des bases territoriales bien définies, grâce à des partenariats entre les parties prenantes, petites et moyennes entreprises locales comprises;

23.

attire l’attention, en bref, sur l’importance de l’administration publique décentralisée dans les pays partenaires pour concrétiser le programme à l’horizon 2030; met l’accent sur le rôle que la coopération décentralisée peut avoir dans le transfert d’expériences et de capacités entre ces acteurs; et insiste pour que le nouveau consensus sur le développement reconnaisse et stimule le potentiel de cette forme de coopération;

Partenariat: L’Union européenne en tant que force de mise en œuvre du programme à l’horizon 2030

24.

reconnaît que bien que chaque pays doive être responsable de son propre développement, la réalisation des ODD ne peut devenir réalité que si l’on scelle une alliance mondiale qui englobe tous les pays, les institutions multilatérales et les autres acteurs sociaux, au sein de laquelle l’on coopérerait pour l’élaboration de stratégies de développement inclusives et durables, comme le préconise le programme à l’horizon 2030; réaffirme en même temps que les autorités régionales et locales doivent être parties prenantes dans cet effort de coopération, en apportant les capacités et les ressources propres à leur champ d’action;

25.

met l’accent sur le rôle crucial que la coopération décentralisée peut avoir dans la formation de partenariats pluripartites visant à promouvoir des changements dans les pays en développement, dans le sens préconisé dans le programme à l’horizon 2030; la contribution de cette forme de coopération et sa complémentarité avec d’autres modalités devraient être reconnues dans le nouveau consensus sur le développement;

26.

insiste sur le fait qu’il serait opportun que l’Union européenne et ses États membres facilitent les processus de coordination et de répartition des tâches ainsi que la cohérence entre les acteurs dans le cadre de cette alliance mondiale; estime que cet objectif sera plus facilement atteint si l’Union européenne et ses États membres renforcent la programmation conjointe dans le domaine de la coopération au développement, sur la base de visions communes et négociées avec les pays partenaires; attire l’attention, cependant, sur la nécessité d’une participation des autorités régionales et locales à ce processus de dialogue et de concertation;

27.

estime, dans la même veine, que cet effort de coordination doit se traduire en termes opérationnels dans la mise en œuvre des programmes indicatifs communs dans les pays partenaires; aussi, il souligne l’importance d’opérer lorsque cela est possible, au moyen d’actions conjointes au niveau national, régional ou international, afin d’améliorer l’impact collectif de l’action conjuguée de l’Union européenne et de ses États membres; de même, insiste sur le fait que les acteurs de la coopération décentralisée devraient également participer au processus de définition et de mise en œuvre de ces programmes ainsi qu’à leur suivi et évaluation;

28.

appelle à recourir, dans la mesure du possible, dans les pays partenaires à des modalités de coopération telles que le soutien direct au budget ou les fonds fiduciaires de l’Union européenne, qui facilitent la coordination entre les acteurs et permettent une utilisation plus intégrée et plus souple des ressources dans les pays partenaires;

29.

est d’accord avec la Commission quant à la pertinence de la mobilisation massive des ressources publiques et privées, nationales et internationales, au service des objectifs du programme à l’horizon 2030, comme indiqué par le programme d’action d’Accra; considère qu’il importe à cette fin d’utiliser les ressources publiques pour mobiliser et lever des ressources privées en faveur du développement grâce à l’utilisation d’instruments financiers innovants et à différentes formules de financement mixte (combinaison de subventions avec des prêts); cependant, il attire l’attention sur la nécessité de s’assurer comme il se doit que les ressources mobilisées: i) ont un objectif clair de développement; ii) répondent aux priorités du pays partenaire; iii) obéissent à un critère d’additionnalité claire par rapport aux ressources publiques; et iv) sont soumises à des mécanismes de contrôle efficaces quant à leur utilisation et leur destination ainsi qu’à des vérifications progressives quant à la réalisation des objectifs de développement déclarés;

30.

souligne l’importance pour la coopération au développement de l’Union européenne et des États membres d’inviter, de mobiliser et d’intégrer, à l’appui des ODD, le plus grand nombre d’acteurs possible, y compris les collectivités locales et régionales, le secteur privé, la société civile et le milieu universitaire notamment, chacun apportant ses propres compétences, expériences et ressources; attire l’attention sur le fait que la coopération décentralisée est une forme de coopération particulièrement adaptée pour promouvoir et articuler ces partenariats multipartites ayant un ancrage territorial;; invite la Commission et les États membres à aider les administrations publiques locales et régionales à intégrer les ODD dans leurs politiques; et signale que la coopération décentralisée constitue un terrain propice pour créer des espaces pour la citoyenneté mondiale, afin que les citoyens mènent une réflexion sur les objectifs de développement durable, participent à la mise en œuvre des politiques publiques, ainsi qu’au suivi de la mise en œuvre du programme à l’horizon 2030;

31.

signale l’importance du renforcement des capacités techniques et institutionnelles des pays partenaires, afin qu’ils puissent impulser la transition vers les stratégies de développement inclusives et durables, comme préconisé dans le programme à l’horizon 2030; attire l’attention sur la nécessité que ce processus atteigne également l’administration décentralisée des pays partenaires;

32.

souligne l’opportunité de veiller à ce que, dans le cadre de leur coopération au développement, l’Union européenne et ses États membres distribuent leurs ressources en fonction de règles claires et transparentes, en tenant compte des besoins, des lacunes structurelles et de la capacité à mobiliser des ressources alternatives des pays partenaires; insiste également sur la nécessité que l’utilisation des ressources et les activités obéissent au principe selon lequel «personne ne doit être laissé pour compte»;

33.

attire l’attention sur le fait que, conformément à ce qui a été dit, les pays à plus faible revenu, et tout particulièrement les pays les moins avancés (PMA) et les États fragiles ou en situation de post-conflit, doivent être les destinataires prioritaires des composantes les plus avantageuses de l’aide internationale de l’Union européenne et de ses États membres;

34.

avertit néanmoins que de grands groupes de pays à revenu moyen souffrent de graves limitations structurelles, avec des réalités internes très hétérogènes, des institutions fragiles et des sociétés fracturées; la coopération au développement, dont la coopération financière, peut être utile pour permettre à ces pays de surmonter leurs faiblesses et de promouvoir un processus de développement durable, qui améliorerait également leur capacité à participer plus activement à la mise en œuvre du programme à l’horizon 2030;

35.

estime qu’une migration ordonnée peut être un levier de progrès tant pour le pays d’origine que pour celui de destination, en plus d’être bénéfique pour les migrants eux-mêmes; considère que la bonne gestion des migrations doit faire partie des objectifs de l’action en faveur du développement, afin de tenter d’apporter des réponses réglementaires et un soutien appropriés pour défendre les droits de l’homme des migrants tout au long du parcours migratoire et dans le pays de destination et leur offrir des possibilités dans leur pays d’origine, dans le but de réduire la pression des flux migratoires incontrôlés;

36.

note que les instruments à la disposition de la coopération au développement vont au-delà de la sphère spécifique de l’aide internationale, et englobent des moyens qui, même s’ils ne sont pas chiffrables comme l’APD, recèlent un potentiel de création de possibilités de développement; estime que la coopération au développement de l’Union européenne et de ses États membres devrait intégrer activement cet ensemble de moyens instrumentaux et adapter les sources et les instruments utilisés aux conditions propres à chacun des pays partenaires, y compris ceux à revenu intermédiaire;

37.

soutient la proposition de la Commission de lancer un ambitieux plan d’investissement extérieur pour tenter de mobiliser l’investissement privé, renforcer l’assistance technique pour la bonne formulation des projets des collectivités locales et des entreprises et créer un bon climat pour les affaires, tout en prenant dûment en considération les priorités de développement territorial définies par les pouvoirs locaux et régionaux; considère que le plan devrait être aligné sur les objectifs définis dans le programme à l’horizon 2030 et qu’il devrait faciliter la participation des collectivités locales et régionales afin qu’il soit mis en œuvre de manière appropriée;

38.

est d’accord avec la Commission sur l’importance de soutenir des programmes d’intégration régionale afin de permettre le renforcement des processus de développement des pays concernés et améliorer la fourniture de biens publics régionaux, en vue d’une meilleure mise en œuvre du programme à l’horizon 2030; et souscrit à la révision de la politique de voisinage sur la base des nouvelles priorités découlant de ce programme; dans le même temps, signale la nécessité de renforcer, dans le cadre de cette politique, la coopération entre régions à l’aide de mesures de soutien adéquates;

Améliorer l’impact de l’Union européenne

39.

souligne la nécessité de poursuivre les efforts visant à améliorer l’efficacité de la coopération au développement, en appliquant ce qui a été convenu lors des sommets de Rome, Paris, Accra et Busan; estime dans le même temps qu’il importe de soutenir le développement des capacités institutionnelles dans les pays partenaires, notamment en encourageant les États partenaires à inclure également dans leurs documents nationaux de planification les priorités les plus importantes des pouvoirs locaux et régionaux, afin que les efforts de coopération portent leurs fruits et traduisent tous les besoins concrets du territoire et de la population qui sont concernés;

40.

admet que la coopération au développement ne peut, à elle seule, financer les transformations demandées dans le programme à l’horizon 2030; souligne par conséquent la nécessité pour l’Union européenne et les États membres d’utiliser la coopération comme un mécanisme de levier pour mobiliser des ressources supplémentaires provenant d’autres sources et comme un catalyseur pour changer les incitations et promouvoir les évolutions positives dans les pays en développement;

41.

rappelle que si les pays de l’Union européenne veulent être des référents crédibles sur la scène internationale, ils doivent respecter leurs engagements; considère dès lors qu’ils devraient viser à atteindre les objectifs que l’Union européenne s’est fixés dans le cadre des priorités internationales en matière de financement du développement; de même, approuve que les pays respectent leurs engagements pris dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, y compris les accords sur le financement en faveur de l’environnement;

42.

confirme l’intérêt d’adapter la coopération au périmètre des instruments et des actions qui, au-delà de l’aide, entrent en jeu dans le système international pour soutenir les processus de développement; à cet égard, admet l’intérêt de poursuivre les efforts déployés par l’OCDE afin de fournir une nouvelle méthode pour mesurer le financement du développement, incluant notamment la création du concept de soutien public total au développement durable (SPTDD);

43.

reconnaît que, pour bon nombre des problèmes auxquels il est fait référence dans le programme à l’horizon 2030, l’on manque de réponses techniques efficaces, et qu’il faut rechercher des solutions alternatives basées sur la créativité, la promotion de la connaissance ainsi que sur l’innovation technologique et sociale; estime qu’à cet égard la coopération décentralisée peut jouer un rôle important, en transmettant les expériences acquises aux niveaux local et régional;

44.

constate que le programme à l’horizon 2030 ne sera pas réalisable si l’on n’améliore pas de manière significative la cohérence des politiques, en tenant compte de l’effet de l’ensemble des politiques publiques sur les objectifs de développement; insiste, par ailleurs, sur le fait que les progrès en matière de cohérence doivent intervenir aussi bien entre les différents segments de l’action publique (horizontale) qu’entre les divers niveaux de gouvernement (local, régional, national et européen) au moyen d’une approche globale de la gouvernance dans le cadre des politiques et des programmes publics à court, moyen et long termes;

45.

attire l’attention sur la nécessité pour tous les acteurs de la coopération de l’Union européenne de participer à l’effort de transparence en ce qui concerne les ressources mobilisées par chacun d’eux; considère que les pouvoirs publics (de l’Union européenne, national, régional et local) devraient prendre la tête de cet effort comme un moyen d’améliorer la responsabilisation et la qualité de leurs interventions;

46.

estime que l’ancrage territorial des actions transformatrices, conjugué à la participation des acteurs qui cohabitent sur un même territoire et appuyé par la coopération décentralisée, peut être la meilleure voie pour promouvoir un processus dense et complexe de transition vers des modèles de développement inclusifs et durables;

47.

au regard de ce qui précède, le Comité européen des régions réaffirme qu’il est disposé à contribuer à la mise en œuvre du programme à l’horizon 2030 et à l’échange de connaissances et d’expériences avec les autres pouvoirs publics et les autorités homologues des pays en développement au moyen de la plate-forme d’information et de discussion des autorités régionales et locales en matière de développement, du dialogue semestriel sur la coopération décentralisée et des enceintes internationales de l’Assemblée régionale et locale euro-méditerranéenne (ARLEM) et la Conférence des collectivités régionales et locales pour le partenariat oriental (CORLEAP). Le Comité européen des régions souhaite stimuler et coordonner la coopération décentralisée des autorités locales et régionales de l’Union européenne avec les autorités locales et régionales des pays voisins dans le cadre d’initiatives spécifiques, telles que l’initiative de Nicosie en faveur de la Libye;

48.

estime qu’il est important d’appliquer une politique de communication efficace en matière de développement durable, qui contribue à une vision plus informée des défis et des politiques à mettre en œuvre et qui mène à un soutien plus conscient et actif de la part des citoyens, considérant la coopération au développement et les engagements dans le cadre du programme à l’horizon 2030 comme un investissement pour l’avenir; juge nécessaire également de sensibiliser les citoyens européens à la pertinence des objectifs de la coopération au développement en les informant des avantages mutuels résultant de cette politique, tels que la création de zones de stabilité régionales; enfin, considère qu’il est nécessaire de mettre en exergue l’action des différents acteurs qui prennent part à ce processus, notamment les collectivités locales et régionales, et parmi celles-ci, celles des régions ultrapériphériques qui développent depuis des années des politiques de coopération couronnées de succès avec les pays voisins;

Suivi de nos engagements

49.

soutient l’idée selon laquelle tous les acteurs de la coopération doivent adapter progressivement leurs systèmes d’établissement de rapports et leurs indicateurs de suivi des contenus du programme à l’horizon 2030; est également favorable à des rapports de synthèse conjoints, qui rendraient compte de l’état d’avancement du programme à l’horizon 2030, et pourraient être remis au Forum politique de haut niveau des Nations unies; et insiste sur le fait que les autorités régionales et locales doivent participer activement à la préparation de ces rapports, en rendant compte des actions menées dans leurs domaines de compétence et à travers la coopération décentralisée;

50.

admet la nécessité de renforcer les systèmes statistiques pour assurer le suivi du programme à l’horizon 2030; attire l’attention sur la nécessité qu’un tel renforcement intervienne également dans la production de l’information à caractère régional et local, afin de garantir que les progrès parviennent à tous les secteurs et à tous les territoires.

Bruxelles, le 8 février 2017.

Le président du Comité européen des régions

Markku MARKKULA


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