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Document 52013DC0809
REPORT FROM THE COMMISSION TO THE EUROPEAN PARLIAMENT AND THE COUNCIL Third report on the implementation by Ukraine of the Action Plan on Visa Liberalisation
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL Troisième rapport sur la mise en œuvre par l’Ukraine du plan d'action concernant la libéralisation du régime des visas
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL Troisième rapport sur la mise en œuvre par l’Ukraine du plan d'action concernant la libéralisation du régime des visas
/* COM/2013/0809 final */
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL Troisième rapport sur la mise en œuvre par l’Ukraine du plan d'action concernant la libéralisation du régime des visas /* COM/2013/0809 final */
I. Introduction Le dialogue sur la libéralisation du régime des visas entre
l'Union européenne (UE) et l'Ukraine examinant les conditions d'exemption de
visa pour les ressortissants ukrainiens se
rendant dans l'UE a été lancé le 29 octobre 2008. Le plan d'action concernant la libéralisation du régime
des visas
(VLAP)[1] a été présenté à l'Ukraine
par la Commission le 22 novembre 2010. Le plan d'action
définit une série de critères de référence précis pour l'Ukraine
concernant quatre «blocs»[2]
de questions pertinentes, aux fins de l'adoption d'un cadre législatif,
politique et institutionnel (phase 1) et de sa mise en œuvre effective et
durable (phase 2). La Commission a régulièrement fait rapport au Parlement européen
et au Conseil sur la mise en œuvre du plan d'action. Le premier rapport d'étape sur la mise en œuvre par
l'Ukraine de ce plan a été présenté le 16 septembre 2011[3]. Le deuxième rapport d'étape sur la mise en œuvre par l'Ukraine du plan d'action concernant la
libéralisation du régime des visas a été publié le 9 février 20123.
Une réunion de hauts fonctionnaires, au cours de laquelle le deuxième rapport
d'étape a été présenté et les prochaines étapes du processus ont été examinées,
a eu lieu en avril 2012. L'Ukraine a remis son propre troisième
rapport d'étape le 22 juillet de cette année et a fourni une mise à jour
le 11 octobre, qui était la date limite pour la prise en compte de nouveaux
développements législatifs. Des missions d'évaluation portant sur les quatre blocs et menées par
neuf experts ont été organisées en septembre 2013. Une réunion de hauts
fonctionnaires avec l'Ukraine s'est tenue le 27 septembre. Le présent rapport de la Commission est le troisième rapport d'étape sur la première phase du plan
d'action. Il présente une évaluation récapitulative et consolidée, effectuée
par la Commission, des progrès accomplis par l'Ukraine pour
atteindre les critères de référence de la première phase du plan d'action relatifs à la
mise en place du cadre législatif, politique et institutionnel. Au-delà des critères de référence du plan d'action, les questions
relatives à la réforme du système judiciaire et du Bureau du Procureur sont
suivies dans d'autres cadres de dialogue, comme le dialogue informel sur le système judiciaire lancé en février 2013,
le comité de coopération, le conseil de coopération, le sommet ainsi que dans
le contexte de la mise en œuvre du programme d'association. II. Évaluation
des mesures relevant des quatre blocs du plan d'action concernant la
libéralisation du régime des visas Bloc 1: Sécurité
des documents, y compris la biométrie Évaluation générale Le
cadre législatif de base (droit primaire) est largement en place. Des plans
d'action ont été adoptés à la fois pour le déploiement de passeports
biométriques conformes aux normes de l'Organisation de l'aviation civile
internationale (OACI) et pour l'élimination progressive des passeports non
conformes aux normes de l'OACI. La
Commission considère que l'Ukraine remplit largement les critères de référence fixés dans le
cadre du bloc 1.
Il y a lieu de clarifier davantage l'utilisation des empreintes digitales en tant qu'élément
d'identification biométrique obligatoire pour les passeports et les règlements
nécessaires fixant les procédures de délivrance doivent encore être adoptés. Commentaires détaillés ·
Adoption d'un cadre juridique pour la délivrance
de passeports internationaux biométriques lisibles par machine pleinement
conformes aux normes les plus strictes de l'OACI sur la base d'une gestion
sécurisée des identités (registre d'état civil et documents sources) et en
tenant compte d'une protection adéquate des données à caractère personnel Une loi-cadre[4] a été
adoptée et est entrée en vigueur le 20
novembre 2012. Celle-ci crée un registre national unique de la population
et établit une liste des données qui seront collectées et utilisées en vue de
la délivrance de documents d'identité ou de voyage comportant des éléments
d'identification biométriques. La loi instaure 14 types de documents
d'identité, de voyage et de séjour biométriques pour les Ukrainiens, les
étrangers et les apatrides, dont le passeport international et le passeport
interne, à savoir la carte d'identité, principale pièce justificative à
produire lors de la demande d'un passeport international. La loi fixe la
plupart des règles de base qui régissent la délivrance de documents de voyage
conformes aux normes de l'OACI (principe «une personne, un document», pas
d'extension de la validité, règles en matière de protection des données
indiquant les fins pour lesquelles les données sont collectées, stockées et
utilisées, etc.). Concernant les données biométriques à recueillir, la loi
mentionne explicitement la photographie numérisée et la signature, mais
n'évoque les empreintes digitales que comme un élément supplémentaire et facultatif
sans préciser de quels doigts elles doivent provenir, et sans indiquer non plus
quelles exceptions sont jugées appropriées et quelles procédures doivent être
suivies. Il conviendrait d'expliciter quelles empreintes digitales doivent être
collectées et enregistrées dans le passeport. De même, la référence qui est
faite dans la loi aux recommandations de l'OACI doit être davantage détaillée. En raison la
suspension des mesures adoptées en mars 2013, des dispositions d'exécution
énonçant les procédures de délivrance et diverses spécifications techniques
supplémentaires devront être adoptées. Cette occasion pourrait être mise à
profit pour simplifier et rationaliser la procédure de demande. ·
Adoption d'un plan d'action assorti d'un
calendrier pour le déploiement complet de passeports internationaux
biométriques conformes aux normes de l'OACI, y compris dans les consulats
ukrainiens à l'étranger, ainsi que pour le retrait progressif et complet des
passeports non conformes aux normes de l'OACI Un
plan d'action pour le retrait progressif des passeports non conformes aux
normes de l'OACI avait été adopté dès 2011. Celui-ci énumère une série de
mesures et d'actions à mener à bien avant le 24 novembre 2015 et indique
par ailleurs que ce retrait interviendra au fur et à mesure de la délivrance
des documents biométriques mais sans fournir de calendrier pour le déploiement
desdits documents biométriques. S'agissant du déploiement des passeports biométriques conformes
aux normes de l'OACI, un plan d'action 2013-16 a été adopté le 11 septembre 2013.
Celui-ci devra faire l'objet d'une évaluation une fois que sa traduction en
anglais sera disponible. ·
Mise en place de programmes de formation et
adoption de codes de déontologie relatifs à la lutte contre la corruption et
destinés aux fonctionnaires et agents de toute autorité publique chargée des
passeports internationaux, ainsi que des passeports nationaux et des autres
documents sources Le Service
national des migrations (SNM) intégré au ministère de l'intérieur est l'organe
responsable de la gestion du registre et de la délivrance des passeports
internationaux et des autres documents d'identité. Un code de
déontologie – axé sur l'intégrité de la fonction publique, les déclarations de
patrimoine et les règles relatives aux dénonciateurs – a été adopté dès 2011 et
un autre code plus général destiné aux agents des organes ukrainiens chargés des affaires intérieures a été adopté en 2012[5]. Il
reste à voir s'il n'y a pas lieu de les mettre à jour, compte tenu des
changements intervenus ultérieurement dans le cadre juridique global de la
lutte contre la corruption (pour plus de détails, voir la section consacrée au
bloc 3). En avril 2012,
la division anti-corruption a été créée au sein du SNM avec pour objet la
prévention et la répression de la corruption. Le directeur du SNM a approuvé un
plan d'action annuel pour la prévention et la répression des délits de
corruption. Bien qu'il
n'existe pas de formation spécifique pour les fonctionnaires chargés des
passeports internationaux, plusieurs cours de formation interne avancés et
spécialisés destinés aux fonctionnaires du SNM ont été élaborés en coopération
avec des universités et dispensés cette année (juin 2013). Les cours, qui
abordent la lutte contre la corruption et des questions de biométrie, sont
articulés en un programme d'une semaine et dispensés par la division
anti-corruption. Leur contenu
semble assez complet et contribue à sensibiliser les fonctionnaires à la
corruption et aux sanctions encourues. L'effectivité de
ces mesures devra être évaluée ultérieurement, une fois que la délivrance des
documents biométriques aura commencé. Bloc 2: Immigration
clandestine, y compris la
réadmission Évaluation générale Dans le domaine de la gestion des frontières,
toutes les lois nécessaires sont en place au même titre que le cadre
institutionnel, y compris la mise à disposition de formations et de codes de
déontologie ciblant la lutte contre la corruption. L'échange d'informations inter-agences doit être amélioré
en rendant possible les échanges d'informations aux niveaux régional et local. En
ce qui concerne la
gestion des migrations, l'Ukraine a
établi une base globale en vue d'un système de gestion efficace des migrations
et le cadre législatif correspondant est en place. Dans
le domaine de l'asile, la base législative existe aussi et est largement conforme aux
normes européennes et internationales, bien que certaines améliorations restent
nécessaires, en ce qui concerne notamment l'élargissement de la définition de
la protection subsidiaire et temporaire et les dispositions sur les soins
médicaux à prodiguer aux demandeurs d'asile. L'essentiel du cadre
institutionnel est en place, même si davantage de ressources devraient être
allouées à la mise en œuvre de la législation. Commentaires détaillés par domaine stratégique Bloc 2 / thème 1 – Gestion
des frontières ·
Adoption de toutes les mesures nécessaires pour
la mise en œuvre du programme des services répressifs dans le cadre du
développement des frontières nationales, ainsi que du concept de reconstruction
et de développement du service national des gardes-frontières, durant la
période allant jusque 2015, y compris un cadre juridique pour la coopération
entre le service des gardes-frontières, les services répressifs et les autres
agences qui participent à la gestion des frontières et permettant au service
des gardes-frontières de participer à la détection de la criminalité
transfrontière et aux enquêtes y afférentes en coordination avec toutes les
autorités répressives compétentes Le cadre
législatif était déjà en place, avec la loi sur le contrôle aux frontières en
vigueur depuis décembre 2010 et la modification de divers autres actes
législatifs et règlements. Ces deux dernières années, seules quelques modifications
mineures ont été apportées à la législation ayant trait aux frontières. L'une
d'entre elles, touchant aux dispositions du nouveau Code de procédure pénale, a
eu une incidence sur les compétences du Service national des gardes-frontières
(SNGF), qui a perdu le droit d'entamer la procédure d'enquête pénale, le Bureau
du Procureur possédant désormais la maîtrise de l'action publique (requêtes
préalables établies par le ministère public). Dans la phase de mise en œuvre,
il y aura lieu de clarifier les conséquences exactes de cette évolution sur la
capacité du SNGF, en tant que service répressif, à lutter efficacement contre
la criminalité transfrontière. La démarcation
des frontières nationales a commencé à la frontière ukraino-russe en novembre 2012
et a progressé de manière substantielle à la frontière ukraino-moldave (95 %
de cette frontière, longue de 1 163 km, ont été finalisés, y compris 88 %
du segment transnistrien). Le tracé de la frontière ukraino-moldave devrait
être achevé d'ici à fin 2013. À la frontière avec la Biélorussie, le travail
n'a pas encore commencé, mais en juin 2013, l'Ukraine et la Biélorussie
ont signé un protocole sur l'échange de notes de ratification relatives à
l'accord sur les frontières nationales déjà conclu par les deux pays en mai 1997.
Il est à espérer que ce document lancera le travail pratique de délimitation de
la frontière ukraino-biélorusse. Malgré l'absence de démarcation, un mécanisme
de contrôle aux frontières existe et les frontières sont, de part et d'autre,
placées sous le contrôle des autorités compétentes. Au chapitre de
la coopération internationale, le SNGF développe activement ses relations avec
les autorités des pays voisins et d'autres acteurs dans le domaine des
frontières internationales. Ce travail de développement s'est poursuivi et tend
de plus en plus à servir la coopération pratique. Des progrès notables ont été
réalisés, en particulier dans le domaine de la surveillance conjointe des
frontières sur la base d'accords bilatéraux conclus avec les pays voisins: un
accord avec la Hongrie est en vigueur depuis mai 2012, et un autre avec la
Russie depuis février 2012. La coopération avec Frontex s'est poursuivie
dans le cadre du nouveau plan de coopération 2013-2015, qui met l'accent sur
les opérations communes, l'analyse des risques, l'échange d'informations, la
formation du personnel et la coopération technologique. La coopération
inter-agences est un des domaines qui réclament toujours l'attention. Quelques
premières mesures ont certes été prises, mais une véritable coopération inter-agences
– en particulier pour ce qui est de l'échange d'informations – ne s'observe
guère qu'au niveau le plus élevé des organisations. Il est primordial de
reconnaître la valeur ajoutée de la coopération inter-agences, non seulement
pour le SNGF, mais également pour les autres autorités engagées dans la
prévention de la criminalité transfrontière, et d'examiner avec soin, y compris
du point de vue juridique, s'il ne subsiste pas des obstacles inutiles.
L'échange d'informations au niveau inter-agences s'opère par le biais du Centre
de contacts et d'analyses virtuel – qui interconnecte certaines unités du SNGF,
le ministère de l'intérieur, le ministère des affaires étrangères, le Service
national des migrations, le Service national des douanes, le Service de
sécurité et l'Agence nationale de la fonction publique – et le rôle de
coordination y est tenu par le SNGF. Le Centre a produit des rapports d'analyse
conjoints sur la base desquels les directions du SNGF et du Service national
des douanes prennent des décisions en matière de protection des frontières. ·
Adoption d'une stratégie nationale de gestion
intégrée des frontières et d'un plan d'action pour sa mise en œuvre effective,
assorti d'un calendrier et d'objectifs précis pour la poursuite du renforcement
de la législation, de l'organisation, des infrastructures, des équipements, et
prévoyant suffisamment de ressources humaines et financières dans le domaine de
la gestion des frontières Les documents de
base étaient déjà en place, à savoir une stratégie approuvée en 2006 et un plan
d'action couvrant la période 2007-2015 et ayant pour but de transformer le SNGF
en un service répressif moderne de type européen. Un texte sur la réforme des
brigades mobiles a été adopté en juillet 2012 et des stratégies («Concepts»)
pour la garde côtière et l'aviation en 2011. Les résultats
atteints suggèrent qu'en général, les Concepts susmentionnés sont mis en œuvre
avec succès (par exemple l'affectation de soldats du contingent à des tâches
relevant du contrôle aux frontières a désormais pris fin et tous les employés
du SNGF sont sous contrat et spécialement formés pour leurs missions). Au
niveau de l'aviation, des avions supplémentaires ont été acquis et les pilotes
ont été formés conformément aux normes de l'OACI. S'agissant des ressources
maritimes, les projets ont été menés à bien (le navire de patrouille «Oral» a
été déployé) et un nouveau concept de formation et un système de formation du
troisième cycle sont en cours d'élaboration. Un système
d'information et de communication inter-agences intégré baptisé «Arkan» est
utilisé pour le contrôle des personnes, des véhicules et des produits qui
franchissent la frontière nationale. Il relie entre eux neuf ministères et
agences, permet des activités d'information et d'assistance fonctionnelle, et
offre à ses utilisateurs la possibilité de gérer des bases de données,
d'accéder à celles des autres et d'échanger des informations de manière
sécurisée. Bien qu'«Arkan» soit déjà opérationnel, son utilisation demeure
limitée dans la mesure où aucun échange d'informations inter-agences n'est
possible entre les niveaux local et régional. ·
Mise en place de programmes de formation et
adoption de codes de déontologie relatifs à la lutte contre la corruption,
destinés spécifiquement aux gardes-frontières, au service des douanes et à tout
autre fonctionnaire ou agent participant à la gestion des frontières L'Académie SGBS
a accentué l’amélioration de son niveau de formation ainsi que les conditions
de formation. En ce qui concerne la structure institutionnelle, un département
spécial a été créé au sein du SGBS dont la mission spécifique est de prévenir
la corruption. Au plan éducatif, le curriculum de l'Académie SNGF comprend 114
heures académiques d'études juridiques sur la lutte contre la corruption et le
code de conduite du personnel chargé de la gestion des frontières. Il existe
aussi une formation spéciale de niveau avancé pour le personnel affecté à la
gestion des frontières. D'autres mesures
concrètes sont également en place: il existe ainsi un bureau d'accueil recevant
les plaintes de citoyens et une ligne téléphonique directe accessible 24 heures
sur 24. Des campagnes de lutte contre la corruption sont menées, notamment en
coopération avec certaines ONG. Pour ce qui est
des douanes, le ministère des finances a aussi consolidé le département de
sécurité interne traitant les cas de corruption. Celui-ci a été doté de
pouvoirs étendus pour détecter et prévenir les délits de corruption dans le
domaine douanier. La stratégie anti-corruption des douanes a notamment pour
objectifs de réduire la corruption parmi leur personnel en menant un travail
préventif et en suscitant une attitude de rejet envers l'acceptation de
pots-de-vin. L'opération «Frontières nationales» 2013 a été lancée en février 2013
pour s'attaquer à ce problème. Bloc 2 / thème 2 – Gestion
des migrations ·
Adoption d'un cadre juridique pour la politique
migratoire, fournissant une structure institutionnelle efficace pour la gestion
des migrations, des règles applicables à l'entrée et au séjour des étrangers,
des mesures pour la réintégration des ressortissants ukrainiens (qui retournent
dans leur pays volontairement ou en application de l'accord de réadmission
UE-Ukraine), la surveillance des flux migratoires, et des mesures pour la lutte
contre la migration clandestine (y compris les procédures de retour, les droits
des personnes faisant l'objet de telles procédures, les conditions de
détention, les efforts pour conclure des accords de réadmission avec les
principaux pays d'origine et repérer sur le territoire les migrants en
situation irrégulière) Une loi-cadre sur les étrangers et les apatrides a déjà été
adoptée et est en vigueur depuis septembre 2011. Elle couvre les règles
relatives à l'entrée sur le territoire, au séjour et au retour. Suite aux
recommandations antérieures de la Commission, cinq autres lois ont ensuite été
modifiées en vue de définir des règles détaillées pour la
procédure d'expulsion, les documents délivrés aux migrants et des compétences
additionnelles pour le Service national des gardes-frontières dans le domaine
du retour forcé. Des règles opérationnelles supplémentaires ont été ajoutées sous
la forme de règlements qui clarifient les procédures
relatives au séjour régulier. La réintégration des ressortissants ukrainiens réadmis ou
retournés volontairement dans le pays fait formellement partie du plan d'action
en matière d'intégration qui cible à la fois les migrants et les ressortissants
nationaux. Certains aspects spécifiques (comme la validation de la formation
professionnelle acquise de manière informelle dans le cadre du travail à
l'étranger) ont été pris en charge par voie de règlements. Une approche plus
globale de la réinsertion sur le marché du travail a été préconisée par le
Président (discours annuel du Président devant la Verkhovna Rada, juin 2013),
qui a chargé le ministère de la politique sociale d'élaborer une loi et un
programme national ciblé en ce sens. En 2012, les règles s'appliquant au retour
volontaire ont été inscrites dans un règlement mais des spécifications
supplémentaires quant au mécanisme s'avèreraient utiles. L'expulsion
ou l'éloignement forcé d'un migrant en situation irrégulière implique la
détention de ce ressortissant étranger dans un centre de rétention
administrative (CRA) pendant la période nécessaire pour la mise à exécution de
la décision de justice relative à l'expulsion, qui ne peut en principe dépasser
12 mois en vertu des dispositions pertinentes de la loi de 2011 sur le statut
juridique des ressortissants étrangers et des apatrides[6]. À
moins d'un appel sur le fond de l'affaire, c'est-à-dire l'expulsion[7], aucun
contrôle juridictionnel de la décision de détention administrative dans un CRA
n'est prévu; les autorités répressives sont seulement tenues de notifier le
Bureau du Procureur dans les 24 heures. Concernant les capacités institutionnelles, le Service national
des migrations (SNM) est l'organe principal, en charge de la mise en œuvre et
de la coordination de la politique migratoire. Créé en 2011, il est aujourd'hui
devenu pleinement opérationnel et emploie 199 fonctionnaires dans son siège
central et 5 133 fonctionnaires dans ses bureaux régionaux. Par ailleurs,
il envisage de recruter 1 500 personnes supplémentaires pour traiter le
problème de l'immigration clandestine. Le service est à la fois compétent pour
la migration régulière et clandestine, bien qu'au regard de cette dernière, vu
son caractère civil, il doive alors faire appel aux autorités répressives (en
cas de détention, par exemple). S'agissant des
réadmissions, l'Ukraine a conclu des accords de réadmission avec
l'Union européenne
(en vigueur depuis le 1er janvier 2008). Un protocole de mise en œuvre a
été conclu avec l'Autriche. Des négociations portant sur des protocoles
similaires touchent à leur fin avec la République tchèque, la Pologne et
l'Estonie et sont en cours avec 12 autres États membres. Un nouvel accord avec
la Russie couvrant la réadmission accélérée a été signé et est entré en vigueur
en 2013. Des négociations sont en cours avec un certain nombre d'autres pays
(pays des Balkans occidentaux, Suisse et Islande). Le comité de réadmission
mixte UE-Ukraine s'est réuni en mai 2012 et a noté que la mise en œuvre pratique de l'accord n'avait posé aucun problème majeur, tout en discutant d'un certain nombre de
questions techniques. ·
Adoption d'une stratégie nationale de gestion
des migrations pour la mise en œuvre effective du cadre juridique pour la
politique de migration et d'un plan d'action, assorti d'un calendrier,
d'objectifs spécifiques, d'activités, de résultats et d'indicateurs de
performance, et prévoyant suffisamment de ressources humaines et financières La stratégie sur les migrations et l'asile – identifiant les tendances,
les principes et les priorités – a été adoptée le 30 mai 2011, en même temps qu'un plan
d'action définissant activités, calendrier et autorités responsables.
Une
commission inter-agences intérimaire a été chargée de la mise en œuvre de la
politique migratoire et un conseil de coordination a été créé pour coordonner
les activités relevant du plan d'action. ·
Mise en place d'un mécanisme pour le
suivi des flux migratoires, définissant un profil de migration régulièrement
mis à jour pour l'Ukraine et
contenant des données sur les migrations légale et
clandestine, et création d'organes chargés de la collecte et de l'analyse des
données sur les stocks et les flux migratoires Un mécanisme de
surveillance des flux migratoires est en train d'être mis en place sur la base
d'une résolution du cabinet de ministres de 2012, en tant que sous-système
d'Arkan (le système d'information inter-agences intégré, voir plus haut thème 1
sur la gestion des frontières). Les termes de référence ont été produits. Les profils
migratoires sont régulièrement mis à jour et pour le dernier en date, celui de 2012
(publié en 2013), le Service national des migrations tenait déjà les rênes,
avec l'assistance active d'experts du BIT. Pour ce qui est
de l'analyse des risques, une méthode de lutte contre l'immigration clandestine
faisant appel à un Centre d'analyse et de contact est toujours en cours
d'installation, sur la base d'une stratégie adoptée en 2011. Actuellement, le
travail est entièrement assumé par l'Unité d'analyse, composante du Service
national des migrations, qui collecte manuellement les statistiques et autres
données, sans assistance informatique de la part des organismes compétents. Bloc 2 / thème 3 – Politique
d'asile ·
Adoption d'une législation pour l'asile conforme
aux normes internationales (Convention de Genève de 1951, complétée par le
Protocole de New York) et européennes, jetant les bases d'une protection
internationale (y compris les formes subsidiaires de protection), des règles de
procédure pour l'examen des demandes de protection internationale, et des
droits des demandeurs d'asile et des réfugiés Une loi-cadre de 2011 sur les réfugiés et personnes ayant besoin
d'une protection subsidiaire et temporaire est en vigueur. Elle offre une base
juridique solide pour les procédures d'asile qui est largement conforme aux
normes européennes et internationales. Certains aspects nécessitent toutefois
d'être améliorés, dans la mesure où la loi n'a pas été modifiée en dépit de
recommandations antérieures de la Commission et de celles du HCR, formulées
dans un rapport national en juillet de cette année[8]. Il y a lieu, en
particulier, d'élargir la définition de la protection complémentaire et de la
protection temporaire, et de veiller à ce que les soins médicaux nécessaires –
à tout le moins les soins médicaux d'urgence – soient dispensés gratuitement
aux demandeurs d'asile. Le SNM a d'ores et déjà élaboré un projet concernant ce
dernier point. À la suite des recommandations émises, une action a été
entreprise en 2012 afin d'aligner d'autres actes législatifs sur la loi cadre,
moyennant l'instauration de divers droits pour les personnes bénéficiant d'une
protection temporaire et subsidiaire (éducation, soins de santé, allocations
familiales, services sociaux, etc.). Concernant la procédure d'asile, la loi est aussi en place, bien
que certaines améliorations doivent être envisagées, en particulier au niveau
du délai de recours, qui est actuellement de cinq jours, même si à en croire
les autorités ukrainiennes, il n'est pas appliqué
de manière stricte par les tribunaux. Il y aurait également lieu de se référer
spécifiquement aux informations sur les pays d'origine. Des questions comme le
droit à l'interprétation, la confidentialité des entretiens, les motifs fondant
le rejet et l'irrecevabilité des demandes d'asile doivent être clarifiées.
Enfin, les règles en matière de rétention doivent être plus clairement
définies, en prêtant une attention particulière à la nécessité d'obtenir l’autorisation
d’un juge. S'agissant de
l'aide judiciaire, il existe une loi sur l'aide judiciaire gratuite qui
s'appliquera à partir de 2014, apparemment aussi via des «cliniques juridiques»
fournissant également des avocats aux étrangers et aux demandeurs d'asile, mais
le financement n'est pas parfaitement clair. La loi ne prévoit cependant l’octroi
d’une aide judiciaire que pour les ressortissants des pays avec lesquels
l'Ukraine a conclu un accord bilatéral sur l'aide judiciaire gratuite – une
disposition qui exclut de facto de nombreux demandeurs d'asile de
l'accès à l'aide judiciaire gratuite. Sur le plan
politique, un plan d'action concernant l'intégration des réfugiés et des
personnes ayant besoin d'une protection supplémentaire a été adopté en juillet 2012.
Celui-ci déclenche une approche plus coordonnée au niveau des différentes
autorités, y compris le ministère de la politique sociale, mais des questions
importantes comme la création de provisions budgétaires pour sa mise en œuvre
devraient être réglées. En termes
institutionnels, le Service national des migrations (SNM) est la principale
agence gouvernementale compétente pour la prise de décision en matière de
demandeurs d'asile. Dans une perspective de mise en œuvre, le nombre d'agents
en charge des demandeurs d'asile devrait être augmenté et le processus de
décision pourrait être rationalisé. Les relations avec la société civile et le
HCR ne se sont guère améliorées. Bloc 3: Ordre public
et sécurité Évaluation générale Le
cadre législatif et politique pour la prévention de la criminalité organisée et la lutte contre ce
phénomène a été mis en place.
La loi sur la criminalité organisée a été adoptée ainsi que la stratégie
(«Politique nationale») et le plan d'action qui l'accompagne, et ils sont
largement conformes aux normes européennes et internationales. Le
cadre législatif, politique et institutionnel pour la prévention de la traite des êtres humains (TEH) et la lutte contre ce phénomène est consolidé et dans l'ensemble conforme aux normes européennes
et internationales. Le plan d'action pour la période 2012-15 prévoit
une approche globale de la traite des êtres humains. En
ce qui concerne la politique
de lutte contre la corruption, bien que des progrès substantiels aient été accomplis ces deux
dernières années, des améliorations ultérieures restent nécessaires pour
compléter le cadre législatif et politique. Pour
ce qui est de la coopération
entre les autorités répressives, la coordination a été améliorée de manière générale, permettant
ainsi un échange d'informations plus efficace. Le cadre législatif et politique
pour la prévention du
blanchiment de capitaux et
du financement du terrorisme, et pour la lutte contre ces phénomènes est
en place et est conforme aux normes européennes et internationales. L'Ukraine a
adhéré à toutes les conventions des Nations unies et du Conseil de l'Europe
dans le domaine de l'ordre public et de la sécurité, et à la plupart des
conventions des Nations unies et du Conseil de l'Europe dans le domaine de la
lutte contre le terrorisme. D'autres
mesures devraient être prises pour réaliser des progrès en vue de la conclusion
d'accords avec Europol ainsi qu'avec Eurojust. Le
cadre législatif et institutionnel en matière de protection des données est
conforme aux normes européennes, bien que certains ajustements restent
nécessaires pour élargir les compétences de l'Autorité de contrôle de la
protection des données. L'Ukraine
a mis en place le cadre législatif, politique et institutionnel nécessaire à la politique antidrogue, qui est en conformité avec les normes européennes et
internationales. Le
cadre législatif relatif à la coopération judiciaire en matière pénale a été renforcé. L'Ukraine a d'ores et déjà ratifié le deuxième
protocole additionnel à la convention du Conseil de l'Europe sur l'entraide
judiciaire en matière pénale et a introduit des dispositions appropriées dans
son nouveau Code de procédure pénale. Au-delà
des critères de référence du plan d'action, il importe de noter que l'Ukraine a
pris des mesures qui sont étroitement liées à la réforme constitutionnelle afin
de réformer le système judiciaire ainsi que le Bureau du Procureur. Commentaires
détaillés Bloc 3 / thème 1 – Prévention de
la criminalité organisée, du terrorisme et de la corruption et lutte contre ces
phénomènes ·
Adoption d'une stratégie globale pour la lutte
contre la criminalité organisée, conjointement à un plan d'action assorti d'un
calendrier, d'objectifs spécifiques, d'activités, de résultats et d'indicateurs
de performance, et prévoyant suffisamment de ressources humaines et financières Révisée en 2011,
la loi relative à l'organisation et aux principes juridiques de la lutte contre
la criminalité organisée fournit une base juridique pour la lutte contre la
criminalité organisée en formulant un cadre organisationnel général et en
établissant un système d'autorités nationales responsables, dont elle définit
les compétences et méthodes de coopération. En plus de la loi, il existe une
stratégie («Concept») orientant les politiques nationales de lutte contre la
criminalité organisée qui date d'octobre 2011 et est déclinée dans un plan
d'action adopté en janvier 2012. Le cadre
juridique en matière de prévention et de lutte contre la criminalité organisée
a été complété par des modifications pertinentes du Code pénal et en
particulier par les dispositions pertinentes du nouveau Code de procédure
pénale qui est entré en vigueur le 19 novembre 2012. Le Code de procédure
pénale contient des dispositions essentielles pour la lutte contre la
criminalité organisée dont, singulièrement, des règles détaillées concernant
les enquêtes discrètes, tandis que le Code pénal fixe les critères qui permettent
de qualifier les infractions comme relevant de la criminalité organisée et les
rendent passibles de sanctions plus sévères. La protection des témoins a été renforcée
par l'introduction de mesures de précaution, mais il demeure toutefois
souhaitable d'introduire des dispositions spécifiques supplémentaires pour favoriser
la coopération d'anciens membres de groupes criminels avec les autorités
répressives dans le cadre de la mise en place de programmes spécifiques
encourageant et récompensant leur coopération. Au niveau des procédures
pénales, afin d'améliorer encore l'efficacité de la lutte contre la criminalité
organisée, il serait par ailleurs avantageux d'introduire des types de
confiscation plus avancés (confiscation élargie, confiscation en l'absence de
condamnation, confiscation en valeur et par la suite, création d'un organe
indépendant pour la gestion des avoirs saisis et confisqués). S'agissant du
cadre politique, le «Concept» des politiques nationales et le plan d'action
détaillé qui l'accompagne sont pleinement mis en œuvre, les objectifs et les
échéances sont respectés, avec une attention particulière portée à l'analyse de
la législation pertinente et des modifications ultérieures, ainsi qu'au
développement d'un mécanisme de coopération efficace. En outre, une analyse
annuelle systématique des causes et des facteurs influençants est menée à
partir d'un registre unifié reprenant toutes les enquêtes préliminaires
diligentées par le Bureau du Procureur général (BPG). Enfin, pour ce
qui est de la structure institutionnelle, le nouveau Code de procédure pénale
souligne clairement le rôle majeur de coordination et de supervision que joue
le Bureau du Procureur, en précisant que le pouvoir de décision lui revient en
cas de conflit. Les autorités nationales spécifiquement créées pour lutter
contre la criminalité organisée – au sein du ministère de l'intérieur et du
Service de sécurité – pourraient renforcer d’autant le système des autorités
publiques engagées dans la lutte contre la criminalité organisée. ·
Adoption d'une loi sur la traite des êtres
humains et d'un plan d'action permettant la mise en œuvre effective du
programme national de lutte contre la traite des êtres humains, assorti d'un
calendrier, d'objectifs spécifiques, d'activités, de résultats et d'indicateurs
de performance, et prévoyant suffisamment de ressources
humaines et financières La loi relative
à la lutte contre la traite des êtres humains est en vigueur depuis octobre 2011.
Elle fixe les principales dispositions qui régissent la prévention et la lutte
contre la traite, ainsi que l'aide et la protection à prodiguer aux victimes,
conformément aux normes européennes et internationales pertinentes (convention
du Conseil de l'Europe). Ces deux dernières années, cette loi a été complétée
par divers instruments législatifs qui améliorent et consolident de manière
substantielle le cadre juridique et donnent suite à presque toutes les
recommandations formulées dans le deuxième rapport d'étape de la Commission. Pour
la mise en application de la loi, des actes de droit dérivé (résolutions du
cabinet des ministres) ont été adoptés, en mai 2012, en vue d'introduire
des procédures de reconnaissance standardisées pour l'octroi du statut de
victimes de la traite et, en août 2012, concernant le mécanisme
d'interaction national entre les agents chargés de la lutte contre la traite.
L'objectif de ce dernier était d'éviter les chevauchements de compétences et de
créer un système global. Concernant
les droits procéduraux des victimes, certaines dispositions du nouveau Code de procédure pénale (en vigueur depuis
le 19 novembre 2012) relatives à la protection des témoins sont
également pertinentes pour les victimes de la traite (audience à huis clos,
enquête préliminaire à distance et procédures judiciaires à distance). Les
droits procéduraux pourraient être davantage renforcés par un système qui
permettrait d'instaurer des mesures de précaution avant l'entretien avec les
victimes potentielles et d'assurer la confidentialité dès ce stade. S'agissant
des victimes étrangères, la législation sur le statut juridique des étrangers
doit être complétée pour leur permettre d'obtenir des permis de séjour suite à
la reconnaissance de leur statut. Un
plan d'action, qui a été adopté en mai 2012, établit des mesures jusqu'en 2015,
avec des calendriers, des objectifs, des résultats et des indicateurs de
performance spécifiques. L'aide aux victimes (réhabilitation et assistance
sociale, judiciaire, médicale et psychologique) est sur le point d'être
consolidée à travers un système concret de suivi et une meilleure coordination.
Dans le domaine de la prévention, des campagnes d'information et d'autres
activités de sensibilisation sont prévues et bénéficient d'une allocation
budgétaire spécifique. Des programmes de formation avancée destinés aux
fonctionnaires publics, y compris les agents de première ligne, ont été adoptés
avec un budget spécifique. L'allocation budgétaire prévue au titre de
l'assistance pourrait toutefois être plus spécifique de manière à garantir des ressources
suffisantes tant au niveau national qu’au niveau local. Sur le plan institutionnel, le ministère
de la politique sociale remplit, depuis janvier 2012, les fonctions de
coordinateur national de prévention et des méthodes de coopération ont été
convenues avec les ONG reprises dans un mémorandum de coopération signé en avril 2013
avec l'ONG pan-ukrainienne «Coalition contre la
traite des êtres humains». Un système transparent d'implication de la société
civile dans la mise en place de services sociaux aux victimes de la traite doit
être établi. En
ce qui concerne la lutte contre la traite des êtres humains, c'est le procureur
qui est appelé à coordonner les autorités répressives et il existe au sein de
la Militia un département distinct doté de compétences d'investigation
spécifiques depuis août 2013. ·
Adoption d'une législation sur la prévention de
la corruption et la lutte contre ce phénomène et mise en place d'une agence
anti-corruption indépendante; renforcement de la coordination et de l'échange
d'informations entre les autorités chargées de la lutte contre la corruption Après l'adoption
en avril 2011 de la législation sur la lutte contre la corruption,
l'Ukraine a pris d'autres initiatives législatives (paquets législatifs de mai 2013)
pour donner suite à certaines des recommandations formulées par la Commission
et le Groupe d'États contre la corruption (GRECO) restées en suspens. Dans le
même temps, il convient de souligner qu'à l'inverse d'une approche stratégique
cohérente des réformes législatives, des modifications législatives fragmentées
et fréquentes entraînent des risques sérieux en termes de sécurité juridique et
peuvent rendre plus difficile la mise en œuvre de politiques de lutte contre la
corruption. Davantage d'efforts doivent être déployés en vue d'améliorer la
qualité du processus législatif, d'élaborer une approche stratégique globale
basée sur des études d'impact solides et de sensibiliser les acteurs concernés aux
changements législatifs en cours. S'agissant du
cadre pénal, des améliorations peuvent être observées, comme la clarification du
champ couvert par les faits de corruption. Une loi a en outre été adoptée pour
abroger les articles du Code des infractions administratives qui couvraient des
infractions impliquant une responsabilité pénale au titre de faits de
corruption active ou passive. En 2012, des règles de comportement éthique ont été adoptées pour toutes
les personnes habilitées à remplir des fonctions dans les administrations
publiques centrales ou locales. Pour ce qui est
du secteur privé, des progrès ont été réalisés grâce à l'introduction de la
responsabilité pénale des entreprises pour les faits de corruption commis dans
l'intérêt ou pour le compte de personnes morales. On ne sait cependant pas
exactement si et comment la nouvelle législation couvre la responsabilité des
entreprises en cas de défaut de supervision ou de contrôle. Les sanctions
actuellement applicables aux personnes physiques et aux personnes morales pour
faits de corruption dans le secteur privé ne sont pas suffisamment dissuasives.
Une nouvelle loi a été soumise au Parlement aux fins d'alourdir les sanctions,
en laissant néanmoins subsister les peines d'emprisonnement pour les personnes
physiques en tant qu'alternative pour les infractions moins graves. Le suivi de la
stratégie nationale de lutte contre la corruption 2011-2015 est l'une des
tâches du Comité national anti-corruption (CNA). Le plan d'action
correspondant (programme national), qui est coordonné par le ministère de la
justice, tirerait avantage d'une mise à jour des mesures prévues en
consultation avec la société civile et d'une allocation de fonds budgétaires
suffisants. La société civile est représentée au sein du CNA (un cinquième de
ses membres). Dans la pratique, toutefois, le CNA ne s'est pas réuni l'an
dernier et le simple fait pour la société civile d'être représentée au sein de
ce Comité n'entraîne en soi que peu de résultats concrets, si tant est qu'il y
en ait. De son côté, le GRECO a aussi fait observer que des doutes subsistent
quant à savoir si le CNA est effectivement «en mesure de remplir une fonction
de surveillance digne de ce nom». Le
nouveau Code de procédure pénale, qui est entré en vigueur le 20 novembre 2012,
a encore conforté la fonction de surveillance du procureur dans les procédures
pénales. Il semble qu'une nouvelle législation sur le fonctionnement des
parquets soit en préparation. On peut toutefois se demander jusqu'à quel point
la situation institutionnelle actuelle offre des garanties
adéquates d'indépendance et d'efficacité, notamment pour ce qui est de la
spécialisation anti-corruption des organes répressifs et de poursuite, de la
répartition de leurs tâches et de leur coopération concrète. Le GRECO
a indiqué que ses recommandations concernant les garanties d'indépendance du
procureur vis-à-vis des interférences politiques n'étaient pas encore
pleinement mises en œuvre, tout en reconnaissant les défis constitutionnels et
pratiques qui freinent l'adoption de la législation réformée sur les parquets.
De nouveaux amendements au Code pénal et au Code de procédure pénale ont été
adoptés, notamment des dispositions sur la confiscation en valeur et la
confiscation des avoirs de tiers. Au
chapitre des immunités, des motifs de préoccupation demeurent en ce qui
concerne l'immunité des députés qui ne peuvent être ni poursuivis pénalement ni
arrêtés, ce qui crée un risque d'obstruction et de politisation des procédures
judiciaires. Aucune procédure pénale (enquêtes préliminaires, perquisitions,
interceptions, opérations discrètes, etc.) ne peut être menée à l'encontre d'un
député sans le consentement du Parlement. Cela risque d'affecter gravement
l'efficacité et la solidité des procédures pénales et peut en fait déboucher
sur une situation où le Parlement se substitue au système judiciaire. Des
motifs de préoccupation subsistent également pour ce qui est de l'immunité des
juges et procureurs en matière d'arrestation ou de détention, mais aussi à
l’égard de la décision rendue sur la levée de l'immunité, qui appartient
actuellement au Parlement. Un projet de législation a été déposé devant le
Parlement, qui envisage de confier au Conseil supérieur de la justice le
pouvoir de lever les immunités des juges et des procureurs. Si
l'Ukraine dispose d'un système de déclaration
du patrimoine applicable aux fonctionnaires publics, un surcroît d’efforts doit
cependant être consenti pour garantir un mécanisme de vérification correct et
indépendant et un système de sanctions efficace, proportionné et dissuasif. Des
mécanismes de contrôle interne spéciaux ont été créés au sein des institutions
publiques et le ministère des finances a été désigné comme institution compétente
pour la vérification des déclarations de patrimoine. Des mesures supplémentaires
sont toutefois requises pour faire en sorte que les déclarations de patrimoine
soient plus largement publiées et accessibles par voie électronique. On ignore
du reste toujours comment le travail de vérification du ministère des finances
sera organisé, quelles méthodes et outils seront appliqués et comment sa
capacité de s'acquitter de cette nouvelle tâche supplémentaire sera assurée. Le
ministère n'aura pas non plus le pouvoir d'appliquer lui-même des sanctions. Il
ne pourra que transférer les dossiers à d'autres autorités ou services
répressifs. La coopération, pour les besoins de la vérification des
déclarations de patrimoine, entre cette autorité de contrôle et les autres
organes administratifs et répressifs doit être clairement définie. Concernant
la question des conflits d'intérêts, si un certain contrôle interne est certes
envisagé, aucune vérification externe indépendante n'est par contre en place.
Le régime de sanctions doit être renforcé pour que dans la pratique, des
sanctions et mesures dissuasives puissent être appliquées en temps opportun
pour remédier aux atteintes portées ou risquant d'être portées à l'intérêt
public. À
la mi-2012, des dispositions législatives ont été adoptées
à propos d’un nouveau système de passation électronique des marchés. Or, un
certain nombre de questions restent toujours en suspens, comme la nécessité
d'améliorer davantage la transparence des marchés publics et de
rationaliser leur attribution, de répondre aux préoccupations soulevées
par l'existence de nombreuses exclusions du mécanisme de passation des marchés
publics et de clarifier la nature des «entités adjudicatrices»
auxquelles les règles des marchés publics sont appliquées, en particulier
lorsqu'il est question d'entreprises publiques ou d'intérêt public. Un
projet de loi qui se trouve actuellement devant le Parlement entend accroître
la transparence des dépenses publiques, notamment au regard des entreprises
publiques. La
législation ukrainienne impose aux fonctionnaires publics de rendre compte des
faits de corruption et comporte des dispositions générales sur la protection
des dénonciateurs. En pratique, la protection des dénonciateurs semble être
perçue de manière plutôt restrictive (limitée aux enquêtes criminelles).
L'Ukraine a introduit quelques dispositions générales dans un certain nombre de
réglementations sectorielles afin d'y remédier. Davantage d'efforts s'avèrent
nécessaires pour élargir encore le champ de la protection et créer une culture
de confiance dans les mécanismes de communication d’informations. Le
financement des partis politiques et des campagnes électorales est un domaine
dans lequel subsistent des lacunes importantes. Un projet de législation est en
préparation en vue de donner suite aux recommandations
du GRECO restées en suspens. Au début de 2013, le GRECO a conclu que 11
des 25 recommandations issues des deux premiers cycles d'évaluation conjoints
n'avaient pas été mises en œuvre de manière satisfaisante. Le GRECO a souligné
que pour des domaines aussi fondamentaux que les parquets, la réforme de
l'administration publique et les marchés publics, le cadre juridique «n'était
toujours pas fixé, ce qui entraîne un manque de sécurité juridique et vide de
leur sens les mesures d’exécution nécessaires». ·
Adoption d'une stratégie nationale pour la
prévention du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme et pour
la lutte contre ces phénomènes; adoption d'une loi sur la prévention du
financement du terrorisme Dans le domaine
du blanchiment de capitaux, des améliorations législatives significatives ont
été réalisées ces dernières années et un bon système semble être en place pour
assurer la surveillance de la politique globale. Un plan d'action annuel, qui
détaille la stratégie nationale couvrant la période jusqu'en 2015, est adopté
chaque année (par le Cabinet des ministres). Le plan d'action comprend des
mesures concrètes et la responsabilité de leur mise en œuvre est clairement
attribuée à des institutions déterminées. Le plan précise également des
échéances pour les différentes mesures. Au plan
institutionnel, les responsabilités afférentes à la supervision des différents
secteurs sont partagées, le premier rôle étant tenu par la Cellule de
renseignement financier (CRF). La CRF est composée d'analystes hautement
qualifiés qui évaluent quotidiennement les rapports émanant des entités déclarantes.
Des programmes de renforcement des capacités institutionnelles ont été
organisés ces dernières années au profit de la CRF et d'autres services
répressifs actifs dans le domaine du blanchiment de capitaux. Les questions en
suspens liées à la répression des délits d'initiés et des manipulations de
marché ont aussi trouvé une réponse dans les amendements législatifs qui ont
été adoptés. Les délits d'initiés et les manipulations de marché sont
sanctionnés en vertu du Code des infractions administratives ou du Code pénal.
Les personnes morales reconnues coupables de ces infractions assument une
responsabilité financière et la révocation de la licence en vertu de laquelle
ils opéraient sur le marché. Les domaines où
un travail supplémentaire s'avère indispensable sont liés à la nécessité de
couvrir dans la législation les personnes politiquement exposées (PPE) et de
clarifier le fait que le blanchiment de capitaux est un crime autonome, en
dépit de certains cas de jurisprudence pertinents qui pointent déjà dans cette
direction. Dès lors qu'on souhaite engranger de meilleurs résultats dans la
lutte contre les crimes économiques à grande échelle et priver les groupes
criminels d'une richesse obtenue de manière illicite, le blanchiment de
capitaux devrait être perçu comme allant au-delà de la simple association avec
des criminels dans le but de dissimuler les preuves du crime. ·
Adoption d'une nouvelle stratégie antidrogue
nationale et du plan d'action y afférent; ratification du protocole d'accord
avec l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies Les mesures
législatives, politiques et institutionnelles pertinentes sont en place et sont
conformes aux normes européennes et internationales. Une stratégie
(«Concept») de mise en œuvre de la politique nationale visant à prévenir
l'expansion de la toxicomanie et à lutter contre le trafic de drogues, de
substances psychotropes et de précurseurs de drogues pendant la période 2011-2015,
assortie d'un plan d'action pour la mettre en œuvre, sont en place depuis 2010.
À noter aussi, l'existence d'un Concept pour un système de suivi datant de 2011,
et accompagné du plan d'action correspondant adopté en juillet 2012. Plusieurs lois
et règlements ont été adoptés afin de mettre en œuvre ces documents
d'orientation. Une nouvelle
stratégie antidrogue courant jusqu'en 2020 a été approuvée par décret
présidentiel le 28 août 2013. Elle garantit certes la sécurité nationale
mais donne aussi la priorité à la protection des droits de l'homme
(simplification de l'accès aux drogues légales à des fins médicales, accent
général sur l'assistance médicale et juridique, amélioration des profils de
prévention). À cette fin, le système de suivi analytique devrait permettre à
des personnes morales de prodiguer un traitement médical et d'utiliser des
drogues dans le cadre de leur travail. Des universitaires, des ONG et diverses
organisations internationales, y compris le Groupe Pompidou du Conseil de
l'Europe, ont été consultés sur le projet de stratégie. S'agissant du
cadre institutionnel, le Service national de contrôle des drogues (SNCD) a été
créé en 2011 en tant que principal organe (avec les six bureaux régionaux mis
en place par la suite) en charge de la mise en œuvre de la politique
antidrogue. Le SNCD intervient non seulement en qualité de coordinateur mais
aussi comme initiateur d'actions pour lutter contre le trafic de drogues,
réduire la consommation de drogues, réaliser une approche inter-agences
intégrée, renforcer la réhabilitation des toxicomanes et œuvrer à la
sensibilisation. La loi sur les drogues a été amendée en mars 2013 afin de
clarifier les pouvoirs de coordination du SNCD et ses relations avec les autres
parties prenantes. La coopération
et la coordination interinstitutionnelles et inter-agences se sont améliorées.
Des allocations budgétaires claires doivent toutefois être prévues pour la mise
en œuvre des mesures et pour le fonctionnement des structures
institutionnelles, en particulier les bureaux régionaux. Le protocole
d'accord entre l'Ukraine (ministère de la santé)
et l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) a été conclu
en 2010 pour une période de cinq ans et est en vigueur depuis lors sans
nécessiter de ratification. Il est mis en œuvre de façon continue. La
coopération est efficace (par exemple échange régulier d'informations sur les
nouveaux types de drogues, application en Ukraine de nouveaux protocoles
concernant des maladies infectieuses en lien avec l'usage de drogues,
enregistrement de nouveaux indicateurs de toxicomanie). Une loi permettant
à l'Ukraine d'adhérer au Groupe Pompidou du Conseil de l'Europe est étudiée par
le gouvernement. En ce qui concerne les aspects répressifs, l'Ukraine n'étant
pas seulement un pays de transit mais une destination finale pour la marijuana,
l'opium et les drogues synthétiques (Subutex), le Bureau du Procureur général a
pour objectif de renforcer les enquêtes, à travers la formation des policiers,
un recours accru à des agents infiltrés et la création d'une division spéciale
au sein du ministère de l'intérieur. ·
Adoption des conventions pertinentes des Nations
unies et du Conseil de l'Europe dans les domaines énumérés ci-dessus et celui
de la lutte contre le terrorisme L'Ukraine a adhéré à toutes
les conventions des Nations unies et du Conseil de l'Europe pertinentes pour
les domaines énumérés ci-dessus. L'Ukraine a aussi adhéré au protocole additionnel de 2001 contre
la fabrication et le trafic illicites d'armes à feu, de leurs pièces, éléments
et munitions. Elle a ratifié le protocole en avril 2013 et adopté en mai 2013
les nécessaires modifications du Code pénal qui sont entrées en vigueur le 4 juillet 2013.
Bloc 3 / thème 2 – Coopération
judiciaire en matière pénale ·
Adoption d'un cadre
juridique en matière d'entraide judiciaire Le cadre
législatif dans le domaine de l'entraide judiciaire est en place et conforme
aux normes européennes. Comme
indiqué plus haut (sous bloc 3 / thème 1), l'Ukraine a mené un processus de
réforme de sa législation en matière pénale et relative à la procédure pénale,
qui a entraîné l'adoption d'un nouveau Code de procédure pénale (CPP), en
vigueur depuis novembre 2012. Une loi sur l'entraide
judiciaire avait déjà été adoptée en juin 2011. Le nouveau CPP contient
des dispositions spécifiques sur les
principes généraux de la coopération internationale, fournit une base juridique
pour l'entraide judiciaire internationale et établit des
dispositions appropriées concernant l'extradition, la reprise de procédures pénales, la reconnaissance et
l'exécution de jugements de tribunaux étrangers et le transfèrement des
personnes condamnées. Pour
ce qui est du cadre institutionnel, le nouveau CPP a confirmé le rôle du Bureau
du Procureur général (BPG) et du ministère de la justice en tant qu'autorités
centrales pour l'entraide judiciaire internationale. Les demandes de
coopération judiciaire reçues au stade des enquêtes préliminaires sont évaluées
par le BPG, et celles afférentes aux procédures judiciaires le sont par le
ministère de la justice. Les contacts directs entre autorités ont été
autorisés, avec certaines exceptions dans les cas spécifiques où les autorités
centrales exercent leur compétence à titre exclusif. ·
Ratification du deuxième
protocole additionnel à la convention européenne d'entraide judiciaire Le deuxième
protocole additionnel à la convention du Conseil de l'Europe sur l'entraide
judiciaire a déjà été ratifié et est entré en vigueur le 1er janvier 2012,
quoiqu'assorti de plusieurs déclarations et réserves. Les réserves concernent la
remise par voie postale (article 16), les observations transfrontalières (article 17)
et les enquêtes discrètes (article 19). Le nouveau CPP et d'autres lois
comme celle de 1993 sur la criminalité organisée, telle que modifiée par la
suite, régissent certaines des situations couvertes par les réserves. Si les réserves
émises par l'Ukraine ne compromettent pas le niveau de la coopération
internationale, il serait cependant souhaitable qu'elles soient levées afin
d'améliorer le cadre de la coopération judiciaire. Certaines
dispositions particulières du deuxième protocole additionnel à la convention
européenne
d'entraide judiciaire ont aussi été reprises dans le nouveau CPP:
présence de représentants d'autorités étrangères durant certains actes de
procédure, audition par vidéoconférence ou conférence téléphonique,
informations sur les crimes, transfèrement temporaire de personnes détenues sur
le territoire de la partie requise, livraisons surveillées et équipes communes
d'enquête. ·
Conclusion d'un accord avec Eurojust Un projet d'accord avec Eurojust a été
initialisé en décembre 2011 et un point de contact a d'ores et déjà été
créé au sein du BPG. Les prochaines étapes vers la signature de l'accord dépendent
toutefois des résultats de l'analyse permanente par Eurojust des modifications
apportées au cadre législatif sur la protection des données (voir thème 4 sur
la protection des données). Bloc 3 / thème 3 - Coopération
en matière répressive ·
Mise en place d'un mécanisme de
coordination approprié entre les services nationaux compétents et d'une base de
données commune garantissant un accès direct dans toute l'Ukraine Conjointement au projet de loi sur le nouveau Bureau du
Procureur général, le nouveau CPP a introduit des modifications majeures et
donné suite aux recommandations formulées dans les rapports précédents de la
Commission. Ces recommandations préconisaient de revoir les compétences du
Bureau du Procureur de sorte qu'il soit immédiatement informé de tous les actes
criminels et puisse, le cas échéant, les classer dans une catégorie spécifique
(criminalité organisée) et confier le cas à l'agence compétente, en augmentant
par là le degré de coordination entre les autorités répressives. Un registre unifié (intégré) des enquêtes préliminaires
a été créé[9],
dans lequel les principales informations relatives aux crimes mis au jour
doivent être introduites immédiatement (dans les 24 heures), dès qu'un service
répressif a été informé d'un crime. L'enquête préliminaire peut démarrer une
fois cet enregistrement effectué. Le Bureau du Procureur général (BPG)
supervise la gestion de ce registre. Il est aussi en mesure, à ce stade,
diligenter des enquêtes, d'assigner le dossier à l'agence compétente et de
prendre des décisions de procédure, et notamment coordonner d'éventuelles
demandes d'entraide judiciaire internationale. Le CPP prévoit aussi la création
d'une nouvelle unité d'enquête, dénommée «Bureau national d'enquête». Celle-ci
sera compétente pour enquêter sur les crimes commis par des fonctionnaires
détenant un statut particulier, les juges et le personnel des services
répressifs. Récemment, une nouvelle fonction judiciaire – celle de juge
d'instruction – a été créée. Ce magistrat devra émettre des autorisations pour
toutes les activités d'enquête susceptibles de restreindre les droits et
libertés des citoyens (arrestation, perquisition domiciliaire, interrogatoire,
etc.) et il exercera un contrôle procédural sur les enquêtes. Quant aux
compétences spécifiques du Bureau du Procureur dans la coordination des
enquêtes sur les crimes commis par des groupes organisés, le BPG supervise en
fait les activités d'enquête des unités spécialement créées à cet effet au sein
du ministère de l'intérieur dans le cadre de la loi sur la criminalité
organisée. Pour être
fonctionnel, le Bureau national d'enquête devra attendre l'adoption d'autres
textes, suivant un calendrier défini dans la disposition finale et transitoire
du CPP. La loi qui doit être adoptée en rapport avec le Bureau du Procureur
public est elle aussi essentielle à cet égard. S'agissant de la
mise en place de bases de données centralisées contenant des informations
sur les crimes commis par des groupes organisés, des bases de données séparées
fonctionnent en fait actuellement au sein du ministère de l'intérieur et du
Service de sécurité. Les autres autorités n'y ont accès qu'en en faisant
formellement la demande. Un décret émis en 2011 par le ministère de l'intérieur
et le Service secret fournit des instructions sur la coopération en matière répressive dans le
domaine de la criminalité organisée. Il évoque des méthodes de coopération
(échange d'informations, création de groupes de travail, analyse conjointe de
la nature et de la structure des crimes), mais il ne précise aucun
délai. Cet élément devrait être ajouté afin de garantir un échange
d'informations correct et régulier, ainsi qu'une activité de compte rendu adéquate. Il n'existe pas de standard universel pour la mise à disposition
d'une «base de données commune»: certains pays disposent d'une seule base de données,
d'autres en comptent plusieurs distinctes. Quoi qu'il en soit, il importe dans
tous les cas de mettre en place les outils nécessaires pour permettre une
consultation proactive de toutes les bases de données disponibles, comme
indiqué plus haut. ·
Conclusion d'un accord de coopération
opérationnelle avec Europol privilégiant les dispositions relatives à la
protection des données La négociation d'un accord opérationnel avec Europol est
subordonnée à l'évaluation par Europol des normes pertinentes de protection des
données (voir le point 4 sur la protection des données). Du côté
d'Europol, l'évaluation est
permanente. Deux séries de questionnaires ont été complétées (en octobre 2011
et juin 2012) par l'Ukraine. Europol réalisera sous peu une mission en
Ukraine qui devrait faire la lumière sur la situation actuelle. Bloc 3 / thème 4 – Protection des
données ·
Adoption d'une législation adéquate sur la
protection des données à caractère personnel et mise en place d'une autorité
indépendante de surveillance de la protection des données L'Ukraine disposait d'une loi sur la
protection des données, entrée en vigueur en janvier 2011 mais qui
comportait diverses lacunes. Le pays ne comptait pas non plus d'autorité
indépendante de surveillance de la protection des données. Aux deux
modifications de la loi sur la protection des données, adoptées en novembre 2012
et juillet 2013, se sont donc ajoutés les amendements apportés à la loi
sur la médiation et visant à investir le médiateur de fonctions en rapport avec
la protection des données. Les versions amendées des lois sur la protection des
données et sur la médiation devraient entrer en vigueur le 1er janvier 2014. Des progrès significatifs ont été accomplis
pour remédier aux lacunes relevées et le cadre législatif est désormais
largement conforme aux normes européennes, y compris l'acquis de l'UE. Les amendements à la loi sur la
protection des données introduisent l'exception essentielle des traitements de
données effectués aux seules fins de journalisme ou d'expression artistique,
sans que cela soit du reste limité au journalisme professionnel. Les droits de
la personne concernée par les données à caractère personnel et la définition du
responsable du traitement ont été clarifiés et le système d'enregistrement,
critiqué car réputé bureaucratique, a été remplacé par un système de
notification des traitements de données sensibles. Les aspects suivants restent
toutefois à prendre en compte: la définition du consentement de la personne
concernée par les données à caractère personnel doit être réintroduite dans la
loi et les notifications doivent avoir lieu avant le traitement des données
sensibles et pas ensuite, comme stipulé actuellement. Il faut veiller tout
particulièrement à assurer un juste équilibre entre la liberté d'expression et
le droit au respect de la vie privée. À cet égard, une interprétation
appropriée de l'accès restreint aux données à caractère personnel s'avèrera
également cruciale pour éviter d'entraver l'accès aux informations publiques. S'agissant du cadre institutionnel, une
autorité indépendante de surveillance de la protection des données a été créée
en confiant cette tâche au médiateur, dont l'indépendance est garantie par les
modalités de sa désignation et de sa révocation et l'existence d'un budget
distinct. Les pouvoirs du médiateur sont bien définis dans la loi (informer,
recueillir les plaintes, enquêter, rendre compte des violations au juge, suivre
les nouvelles pratiques, établir des catégories de traitements de données
devant donner lieu à notification, adopter des recommandations, etc.). Ses
compétences devront toutefois être étendues au secteur privé. Le Service de
protection des données en place depuis 2011 sera aboli. Un arrêté conjoint du médiateur
et du ministre de la justice, adopté en septembre de cette année, contient
un plan d'action précisant les mesures nécessaires dans le cadre du transfert
de compétences au médiateur. Il reste à voir comment les ressources humaines et
financières requises seront garanties et de quelle manière les capacités du
médiateur seront accrues pour faire face à sa nouvelle mission. D'autres actes
d'exécution doivent toujours être adoptés avant la fin de cette année. Un
nouveau projet de loi élargissant les pouvoirs du médiateur au secteur privé et
contenant la notion de consentement de la personne concernée par les données à
caractère personnel fait actuellement l'objet d'une consultation interservices. ·
Ratification des conventions
internationales pertinentes, comme la convention du Conseil de l'Europe pour la
protection des personnes à l'égard du traitement automatisé des données à
caractère personnel et son protocole additionnel de 2001 L'Ukraine a déjà
ratifié la convention de 1981 du Conseil de l'Europe pour la protection des
personnes à l'égard du traitement automatisé des données à caractère personnel
et son protocole additionnel de 2001 concernant les autorités de contrôle et
les flux transfrontières de données, qui est entré en vigueur dans le pays en
date du 1er janvier 2011. Bloc 4: Relations extérieures et
droits fondamentaux
Évaluation
générale L'Ukraine a réalisé des progrès dans le cadre du
bloc 4 sur les relations extérieures et les droits fondamentaux. En
particulier, elle a réglé la question de la délivrance non-discriminatoire de
documents d'identité aux réfugiés et aux apatrides, en prolongeant leur période
de validité de manière adéquate. Elle a adopté une loi sur la prévention et la
lutte contre la discrimination. Elle a également adopté une stratégie et un
plan d'action pour l'intégration sociale de la minorité rom. Elle a simplifié
les procédures d'enregistrement et de radiation du lieu de résidence. La législation anti-discrimination adoptée en
septembre 2012 représente un pas dans la bonne direction, mais n'est
toujours pas complète. Ainsi, la sécurité juridique reste encore insuffisante
en ce qui concerne la portée de la loi, en particulier s'agissant de
l'interdiction de la discrimination fondée sur l'identité sexuelle et l'orientation
sexuelle, dans la perspective, notamment, de l'accès à l'emploi et à la
formation professionnelle. De même, en l'absence de renversement de la charge
de la preuve et vu le manque de clarté quant aux mécanismes de compensation,
les droits des victimes ne sont pas protégés de manière adéquate. Si des documents (stratégie et plan d'action) ont
certes été adoptés en ce qui concerne l'intégration de la minorité rom,
fournissant un cadre politique spécifique et déclenchant un certain courant
d'opinion en ce sens, ils présentent toutefois plusieurs lacunes. Quant aux procédures d'enregistrement et de
radiation du lieu de résidence, bien qu'améliorées, elles sont toujours
susceptibles de créer des difficultés pour les groupes vulnérables. Commentaires
détaillés Bloc
4 / thème 1 - Libre circulation au sein de l'Ukraine ·
Révision du cadre juridique et réglementaire
relatif aux procédures d'enregistrement et de radiation des ressortissants
ukrainiens et des étrangers en séjour régulier ou des apatrides en vue d'éviter
les restrictions injustifiées La
loi reprenant les amendements apportés à certaines lois antérieures, concernant
l'enregistrement de la résidence et du lieu de résidence des personnes en
Ukraine, est entrée en vigueur le 5 août 2012. Dans
le nouveau cadre juridique, le système d'enregistrement de la résidence a été
placé sous la juridiction du Service national des migrations (SNM), une agence
du ministère de l'intérieur créée en décembre 2010 (décret n° 1085/2010 du
9 décembre 2010 du président de l'Ukraine; décret n° 405/2011 du 6 avril 2011du
président de l'Ukraine) pour prendre en charge un large éventail de questions
liées à la politique des migrations et de l'asile et à l'enregistrement des
individus. Le
nouveau cadre juridique a introduit certaines améliorations qui visent à rendre
la procédure moins lourde, plus expéditive et plus efficace. Contrairement à ce
que prescrivait l'ancienne réglementation, l'enregistrement s'effectue
désormais le jour où la personne présente l'avis prescrit au siège du SNM. En
d'autres termes, la radiation du lieu de résidence antérieur et
l'enregistrement dans le nouveau lieu de résidence s'opèrent désormais
simultanément, le même jour. La procédure d'enregistrement peut être effectuée en
personne, mais elle peut également être confiée à un représentant légal. La
possibilité d'enregistrement a aussi été élargie aux cas où la personne réside
dans une institution sociale spécialisée (maisons de repos, pensionnats,
centres de réadaptation, etc.) et pas seulement dans des appartements et des
maisons appartenant à des particuliers. Pour
pouvoir s'enregistrer, il y a eu de posséder le titre de propriété d'une unité
d'habitation ou d'un terrain ou une convention passée avec un propriétaire
toujours valide. L'annulation d'un enregistrement de résidence peut se faire
sur la base d'une demande individuelle, sur présentation d'un certificat de
décès, d'une décision de justice mettant un terme à la possession ou à l'usage
d'un logement, mais également à la demande du propriétaire de la résidence où
un bail a expiré. Il peut donc s'avérer difficile d'obtenir ou de maintenir un
tel enregistrement pour les personnes appartenant à des catégories vulnérables
comme les réfugiés ou les Roms qui vivent dans des campements informels – d'où
la nécessité de prévoir certaines actions correctives à cet égard. Il est en
effet concevable que la faculté offerte aux sans-abris de s'enregistrer au
travers de centres de soins sociaux ne réponde pas suffisamment aux besoins de
ces groupes. En
vertu de la loi sur la libre circulation[10],
l'enregistrement du lieu de résidence des personnes ou l'absence dudit
enregistrement ne saurait être une condition préalable à l'exercice des droits
et libertés inscrits dans la Constitution et les lois de l'Ukraine ainsi que
les traités internationaux qui la lient, ou un motif de les restreindre. Or,
dans la pratique, la confirmation de l'enregistrement est généralement
indispensable pour pouvoir accéder aux soins médicaux, inscrire des enfants à
l'école et percevoir pensions ou allocations sociales. Dans ces conditions, il
peut donc s'avérer malaisé pour les individus d'accéder à ces droits sociaux
fondamentaux lorsqu'ils sont loin de leur lieu de résidence enregistré. Cette
pratique devra par conséquent être revue dans la phase de mise en œuvre. En
général, la loi sur la libre circulation et les réglementations connexes
accordent aux étrangers des droits et des responsabilités semblables à ceux des
ressortissants ukrainiens (hormis quelques exceptions), pour autant que l'étranger
ou l'apatride possède un statut juridique en Ukraine conformément à la
législation sur les migrations et l'asile. Les étrangers qui résident en
Ukraine sont légalement tenus d'enregistrer leur lieu de résidence dans les 10
jours de leur arrivée dans le nouveau lieu de séjour, délai généralement
interprété comme prenant cours lors de la délivrance du permis de séjour par
les autorités compétentes. Bloc
4 / thème 2 - Conditions et procédures pour la délivrance des documents
d'identité ·
Révision du cadre juridique et réglementaire visant
à garantir un accès effectif aux documents de voyage et d'identification sans
aucune discrimination, et en particulier pour ce qui concerne les groupes
vulnérables Les
autorités ukrainiennes ont donné suite à la recommandation formulée dans le
deuxième rapport d'étape, à savoir de ne pas limiter déraisonnablement la
période de validité des titres de séjour permanent pour les apatrides, et les
documents internes et de voyage pour les réfugiés. Des amendements ont été
apportés à la législation en 2012 afin de porter la validité du certificat de
réfugié à cinq ans et faire en sorte que les documents de voyage des réfugiés
(titres de voyage conformes à la convention) soient délivrés avec la même
période de validité que leur certificat de réfugié, dès lors que celui-ci n'est
pas délivré pour une période de moins de cinq ans (article 34(5)). Ces
dispositions sont maintenant pleinement conformes à celles de la loi de 2011
sur les réfugiés. Des ajustements doivent encore être faits en ce qui concerne
le statut de protection complémentaire, afin de prévenir toute entrave
éventuelle au plein exercice des droits élargis associés à ce statut de
protection complémentaire. Bloc
4/ thème 3 - Droits des citoyens, y compris la protection des minorités ·
Adoption d'une législation globale en matière de
lutte contre les discriminations, comme recommandé par les instances de
contrôle des Nations Unies et du Conseil de l'Europe, afin d'assurer une
protection efficace contre les discriminations En
septembre 2012, l'Ukraine a adopté la loi sur la prévention et la lutte
contre les discriminations, une loi cadre qui devrait fournir les instruments
nécessaires pour garantir une protection efficace contre les discriminations.
Même si l'adoption de la loi représente un progrès, celle-ci ne satisfait pas à
toutes les exigences européennes et internationales. En particulier, elle ne
fournit pas de sécurité juridique suffisante en ce qui concerne l'interdiction
de la discrimination fondée sur l'identité sexuelle et l'orientation sexuelle.
La loi n'a pas davantage contribué à améliorer la
protection des droits des victimes, puisque le renversement de la charge de la
preuve n'y a pas été introduit. Par ailleurs, des définitions font défaut pour
certaines formes de discrimination, comme la ségrégation, la victimisation et
les discriminations multiples. Ces questions doivent être abordées d'une
manière qui garantira une sécurité juridique irréfutable. Qui plus est, le
champ d'application (par exemple celui-ci s'étend-il au secteur privé, tous les
aspects des droits du travail sont-ils couverts, y compris la formation
professionnelle et la participation à une organisation de travailleurs) et les
dispositions concernant les aménagements raisonnables à prévoir pour les personnes
handicapées doivent être clarifiés. En mars 2013, le gouvernement a déposé
devant le Parlement les amendements à la loi qui, entre autres choses,
comprenaient une interdiction de la discrimination fondée sur l'orientation
sexuelle dans le cadre de travail et abordait la question de la charge de la
preuve. La proposition n'a pas été soumise au vote durant les sessions
parlementaires de printemps ni d'automne. Bien
que désigné pour être l'institution chargée de la mise en œuvre de la loi
anti-discrimination, le médiateur n'est pas juridiquement habilité à connaître
des incidents de discrimination survenant entre individus ou entre individus et
personnes morales. L'Ukraine a annoncé qu'un amendement législatif allait
permettre au médiateur de connaître des cas de discrimination entre citoyens
et/ou citoyens ou sociétés ou personnes morales privées. Or, cet amendement
doit toujours être adopté. En matière
d'anti-discrimination, la Commission suivra aussi de près tous les
développements ultérieurs des projets de loi pendants 0711 (ensuite 0945) ainsi
que 0290, en prenant en compte les préoccupations soulevées par la Commission
de Venise dans son avis[11]. ·
Suites données aux recommandations spécifiques
des organes des Nations Unies, de l'OSCE (BIDDH), du Conseil de l'Europe (ECRI)
et des organisations internationales de défense des droits de l'homme en ce qui
concerne la mise en œuvre des politiques de lutte contre les discriminations,
la protection des minorités et la lutte contre les crimes inspirés par la haine L'Ukraine
a ratifié la convention-cadre pour la protection des minorités nationales en mai 1998
et la charte européenne des langues régionales ou minoritaires en janvier 2006.
Elle a adopté la loi sur les principes de la politique linguistique nationale
en juin 2012. Afin
de donner suite aux recommandations formulées par la Commission dans son
dernier rapport d'étape, une stratégie et un plan d'action pour l'intégration
de la minorité rom ont été adoptés par l'Ukraine en avril et septembre 2013
respectivement. Si ces deux documents ont été discutés avec la société civile
locale, ils n'ont pas fait l'objet d'une consultation avec l'OSCE et le Conseil
de l'Europe avant leur adoption, et des recommandations clés formulées par la
société civile n'ont pas été incluses dans le texte approuvé. Une bonne
pratique voudrait qu'en la matière, on se fonde sur un scénario
de base plus élaboré, assorti d'une définition et d'une quantification du
problème (par exemple estimations du nombre de Roms sans documents et d'enfants
roms non scolarisés). Les mesures et le calendrier doivent en outre être
présentés de manière plus détaillée. Des ressources
appropriées devront être garanties et il y aura lieu de
veiller à une implication sans réserve de la société civile dans le processus
de mise en œuvre. Pour assurer un suivi adéquat de ces documents d'orientation,
un organe de coordination et un mécanisme de suivi robustes devront être
établis dans la phase de mise en œuvre. Actuellement, l'unité en charge de la
politique des Roms fait partie du ministère de la culture, alors que nombreuses
questions clés relevant de la politique sociale et de la protection des droits
de l'homme relèvent de la compétence d'autres départements ministériels. L'Ukraine
a ratifié le protocole facultatif à la convention sur les droits des personnes
handicapées du 13 décembre 2006, qui est entré en vigueur pour l'Ukraine le 4 février 2010.
L'Ukraine a adopté une série de mesures législatives concernant l'accessibilité
des lieux et services publics. ·
Ratification des instruments pertinents des Nations
Unies et du Conseil de l'Europe dans la lutte contre les discriminations L'Ukraine
est partie à la plupart des textes des Nations Unies et du Conseil de l'Europe
sur la protection des droits de l'homme et la lutte contre les discriminations. Des
efforts additionnels doivent être consacrés à l'amélioration de la législation
dans le domaine de la lutte contre les discriminations et à l'alignement de la
législation existante sur les dispositions des traités et conventions
internationales ratifiés, comme détaillé plus haut. ·
Clarification des conditions et circonstances
requises pour l'obtention de la citoyenneté ukrainienne Les conditions à
remplir en vue de l'obtention de la citoyenneté ukrainienne sont définies par
la loi ukrainienne sur la citoyenneté adoptée le 18 janvier 2001.
L'Ukraine a retenu le principe de la citoyenneté unique.
La
loi soutient le principe de l'égalité en droit de tous les ressortissants
ukrainiens, quels que soient les raisons pour, le contexte dans, et la date
auxquels ils ont acquis la citoyenneté. De ce point de vue, la loi est alignée
sur la convention du Conseil de l'Europe sur la nationalité, entrée en vigueur
en 2000. L'Ukraine a signé en 2006, mais ne l'a pas encore ratifiée, la
convention du Conseil de l'Europe sur la prévention des cas d'apatridie en
relation avec la succession d'États. III.
Évaluation globale et prochaines étapes Conformément
à la méthodologie établie, la Commission a procédé à des évaluations continues
et elle fait rapport régulièrement (premier rapport, septembre 2011;
deuxième rapport, février 2012) sur la mise en œuvre par l'Ukraine des
critères de référence du plan d'action concernant la libéralisation du régime
des visas (VLAP),
sur la base des informations et des textes législatifs adoptés mis à
disposition par l'Ukraine, ainsi que des missions d'évaluation menées sur le
terrain par des fonctionnaires de la Commission et du SEAE, accompagnés d’experts
des États membres. Outre
ce processus de compte rendu intensif pour le plan d'action, la Commission a
aussi continué à suivre les progrès enregistrés par l'Ukraine dans les domaines
pertinents du plan d'action, dans le cadre du comité
mixte UE-Ukraine sur la
facilitation de la délivrance des visas, du comité
de réadmission UE-Ukraine et du sous-comité
mixte n° 3 UE-Ukraine. Dans chacun de ces comités,
le dialogue et la coopération entre l'UE et l'Ukraine ont atteint un niveau
avancé. Le dialogue sur
la libéralisation du régime des visas entre l'Union européenne (UE) et
l'Ukraine a continué d’être un outil important et
particulièrement efficace pour faire avancer les réformes dans le domaine de la
justice et des affaires intérieures, mais aussi au-delà.
L'évaluation a montré que l'Ukraine avait réalisé
des progrès substantiels dans les quatre blocs du plan d'action et en
particulier depuis fin 2012, en accélérant sa mise en œuvre et en adoptant un
certain nombre de paquets législatifs substantiels afin de remédier aux lacunes
relevées. Il reste cependant à satisfaire encore à plusieurs exigences
importantes de la première phase. En ce qui concerne la sécurité des
documents, l'utilisation des empreintes digitales en tant qu'identificateur
biométrique obligatoire pour les passeports doit être davantage précisée dans
la loi. Dans le domaine de l'asile, certains ajustements doivent être réalisés
avec une attention particulière pour la protection temporaire et subsidiaire
ainsi que les soins médicaux d'urgence pour les demandeurs d'asile. Dans le
domaine de la lutte contre la corruption, la législation doit être renforcée,
en prévoyant notamment des sanctions dissuasives pour le secteur privé, en
assurant une vérification impartiale des déclarations de patrimoine, en durcissant
les règles d'attribution des marchés publics et en fixant des règles
appropriées en matière d'immunité. Enfin, le cadre législatif de la lutte
contre les discriminations doit être renforcé pour fournir une protection
juridique adéquate, conforme aux normes européennes et internationales. Des informations
supplémentaires sont attendues sur les étapes envisagées pour finaliser le
cadre législatif et institutionnel relatif à la protection des données. La
Commission continuera à œuvrer en étroite relation avec les autorités
ukrainiennes de manière à pouvoir traiter rapidement les questions en suspens recensées
plus haut en s’inscrivant dans la perspective d'une communication au Parlement
européen et au Conseil lorsque toutes les mesures requises par la première
phase du plan d'action auront été adoptées. [1]Document du Conseil; SEC (2011) 1076 final. [2]À savoir: 1) sécurité des documents, y compris la biométrie; 2)
immigration clandestine, y compris la réadmission; 3) ordre public et sécurité;
et 4) relations extérieures et droits fondamentaux. [3] SWD(2012) 10 final. [4] Loi ukrainienne n° 5492 sur le registre national unique de la
population et les documents confirmant la citoyenneté ukrainienne, l'identité
de la personne et son statut particulier. [5] Décret
du ministère de l'intérieur ukrainien n° 155 du 22 février 2012 adoptant
les règles de conduite et d'éthique professionnelle à l'usage des agents des
organes ukrainiens chargés des affaires intérieures. Ce décret aborde la
question des conflits d'intérêts et la prévention de la corruption. [6] Articles 30(3) et (4) de la loi de 2011 sur
le statut juridique des ressortissants étrangers et des apatrides. [7] Voir en particulier le
paragraphe 2 des articles 183-5 et 256(9) du Code de procédure
administrative. [8] http://www.refworld.org/docid/51ee97344.html [9] Une ordonnance émise par le BPG en date du 17 août 2012 fixe
la procédure pour le stockage et la tenue des données. [10] Loi 1382-IV de décembre 2003 sur la libre circulation et le libre
choix du lieu de résidence en Ukraine. [11] Voir Avis 707/2012 émis par la Commission de Venise du Conseil de
l'Europe le 18 juin 2013.