Choose the experimental features you want to try

This document is an excerpt from the EUR-Lex website

Document 52007IR0173

    Avis du Comité des régions sur Promouvoir la citoyenneté active des jeunes par l'éducation

    JO C 105 du 25.4.2008, p. 21–24 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

    25.4.2008   

    FR

    Journal officiel de l'Union européenne

    C 105/21


    Avis du Comité des régions sur «Promouvoir la citoyenneté active des jeunes par l'éducation»

    (2008/C 105/05)

    LE COMITE DES RÉGIONS

    Estime que les ressortissants des pays membres connaissent généralement mal les fondements de la construction de l'Union européenne et ses perspectives d'évolution.

    Cette méconnaissance est encore plus dommageable de la part des jeunes qui sont appelés à construire leur avenir économique et social dans l'Union européenne. Il est important pour l'avenir de l'Union que les jeunes aient un comportement de citoyen actif à l'égard de l'UE.

    Le Comité des régions estime dans ce contexte qu'il a un rôle à jouer du fait des responsabilités qu'ont dans certains pays les autorités régionales et locales sur l'éducation des jeunes et de leur proximité des jeunes pour les encourager à l'exercice d'une participation citoyenne.

    Le Comité estime que s'il est essentiel que tout jeune Européen reçoive une éducation adaptée à ses besoins professionnels et à son développement personnel, il est tout aussi important qu'il reçoive durant sa scolarité les éléments de connaissance qui lui permettront de se sentir citoyen de l'Union.

    Il se défend de proposer que l'Union se substitue aux autorités éducatives des pays membres mais encourage l'Union à évaluer les pratiques qui vont dans le sens d'une meilleure connaissance de l'Union européenne.

    Il souligne la pertinence des actions d'éducation non formelle qui existent et qui méritent d'être développées, pour compléter cet enseignement formel à l'Europe, car elles attestent généralement une première responsabilisation librement consentie, prélude à la citoyenneté active.

    Rapporteuse

    :

    Claude du GRANRUT, Conseillère régionale de Picardie (FR/PPE)

    Recommandations politiques

    LE COMITÉ DES RÉGIONS,

    1.

    constate que les ressortissants des pays membres connaissent généralement mal les fondements de la construction de l'Union européenne et ses perspectives d'évolution;

    2.

    estime que cette méconnaissance est encore plus dommageable de la part des jeunes qui sont appelés à construire leur avenir économique et social dans l'Union européenne et que parallèlement il est important pour l'avenir de l'Union que les jeunes soient en mesure d'avoir un comportement de citoyen actif à l'égard de l'Union;

    3.

    considère que la citoyenneté européenne comme introduite dans le traité de Maastricht (1992) et affinée dans le traité d'Amsterdam (art. 8.1) en 1997 offre certains droits et privilèges importants à tous les citoyens de l'Union européenne dont certains touchent directement aux jeunes de l'Union: le droit de voyager, de vivre, de travailler ou d'étudier dans tout État membre de l'Union européenne et le droit de vote. La citoyenneté européenne ne se substitue pas à la citoyenneté nationale; elle la complète;

    4.

    considère que s'il est essentiel que tout jeune Européen reçoive une éducation adaptée à ses besoins professionnels et à son développement personnel, il est tout aussi important qu'il reçoive durant son cursus scolaire les éléments de connaissance qui lui permettront de se sentir citoyen de l'Union;

    5.

    se félicite que l'importance de la citoyenneté active européenne soit reconnue dans la communication de la Commission européenne récemment adoptée «Communiquer sur l'Europe en partenariat» (1), il salue en particulier l'approche pratique consistant à fournir aux enseignants des publications et du matériel téléchargeable sur des thématiques européennes. Il encourage la Commission européenne à rendre ce matériel accessible dès que possible;

    6.

    reconnaît que l'appropriation de la citoyenneté européenne par les jeunes nécessite d'une part une reconnaissance des fondements qui constituent l'identité européenne c'est-à-dire une éducation positive à l'Europe: la découverte des valeurs partagées, d'une histoire commune, de l'interaction des cultures, d'un même niveau de droits et de devoirs sociaux et politiques et d'autre part, la compréhension que l'Europe les concerne dans leur quotidien et dans leur avenir;

    7.

    tire la conclusion des résultats d'un récent sondage (Eurobaromètre juillet 2007) qui indique que si la perception de ces différents fondements de l'identité européenne est relativement aisée pour des «élites» européennes, il en est tout autrement de l'ensemble des ressortissants jeunes de l'Union, que c'est durant le cursus scolaire qui s'adresse à tous les jeunes que doit leur être enseigné le contenu essentiel de la citoyenneté européenne, en tant que l'une des bases de l'identité européenne;

    8.

    se félicite du programme Urbact II qui met en priorité l'intégration sociale des jeunes et des actions d'information et de communication émanant des diverses institutions européennes, de même que des effets positifs du programme Socrates et reconnaît l'efficacité des groupements d'enseignants, des associations de jeunes ou œuvrant pour les jeunes qui ont le souci de donner aux élèves ou à leurs membres une initiation aux réalités européennes;

    9.

    se félicite des échanges de bonnes pratiques à l'échelon local et régional en Europe, qui doivent permettre que les enfants et les jeunes aient la possibilité de découvrir l'Europe et ses États membres. Il n'en reste pas moins persuadé que pour être réellement efficace, une action généralisée à tous les jeunes d'âge scolaire doit être entreprise pour aboutir à une véritable appropriation de la citoyenneté européenne;

    10.

    souligne, dans cet objectif, la pertinence des actions d'éducation non formelle qui existent et qui méritent d'être développées, pour compléter cet enseignement formel à l'Europe car elles attestent généralement une première responsabilisation librement consentie, prélude à la citoyenneté active;

    11.

    encourage l'utilisation du Youthpass qui permet la reconnaissance du travail social des jeunes dans le cadre du programme Jeunesse et de l'Europass qui favorise la mobilité des jeunes travailleurs en Europe;

    12.

    est conscient que l'éducation scolaire est une obligation qui relève de la responsabilité des gouvernements des États membres de l'Union, rappelle néanmoins la décision des ministres de l'Éducation d'assurer à tous les jeunes scolarisés un socle des connaissances comportant une connaissance de base de l'Union européenne;

    13.

    se défend de proposer que l'Union se substitue aux autorités éducatives des pays membres mais encourage l'Union à évaluer les pratiques qui vont dans le sens d'une meilleure connaissance de l'Union européenne;

    14.

    estime dans ce contexte que le Comité des régions a un rôle à jouer du fait des responsabilités qu'ont dans certains pays les autorités régionales et locales sur l'éduction des jeunes et de leur proximité des jeunes pour les encourager à l'exercice d'une participation citoyenne;

    15.

    soutient les actions de communication que la Commission doit mettre en oeuvre en liaison avec la ratification du futur traité de Lisbonne;

    16.

    souligne que les éventuelles modifications ou intégrations d'éléments nouveaux dans l'enseignement scolaire en vue de renforcer la citoyenneté active nécessite une réflexion et une préparation minutieuse et que ses effets s'étendront sur plusieurs années;

    Concernant l'appropriation par les jeunes d'une citoyenneté active

    17.

    considère que l'appropriation d'une citoyenneté européenne active par les jeunes nécessite l'appréhension de la diversité de l'identité européenne, qui se constitue à partir de la connaissance du passé et des évolutions de l'Europe, de ses affrontements internes comme de ses valeurs, de sa richesse culturelle, de ses traditions démocratiques et plus récemment de l'affirmation des droits fondamentaux de ses ressortissants;

    18.

    est d'avis, dans ce contexte, que l'art et la culture en général, et la formation culturelle formelle et non formelle en particulier, revêtent une grande importance pour le développement d'une citoyenneté active chez les jeunes de l'Union européenne;

    19.

    est convaincu que cette connaissance passe d'une part par l'éducation formelle et d'autre part par l'éducation informelle;

    20.

    invite la Commission européenne à actualiser l'enquête effectuée par Eurydice sur l'éducation à la citoyenneté à l'école en Europe;

    21.

    suggère que toutes les matières concernées enseignées dans le cadre de l'éducation formelle soient enrichies de leur dimension européenne. Cette pédagogie d'ouverture contribuera à en faire des citoyens réalistes quant à l'utilité de l'Union et ambitieux pour son évolution;

    22.

    insiste sur la nécessité de l'apprentissage de plusieurs langues. Le multilinguisme est reconnu par les jeunes comme un atout pour tout parcours professionnel et se félicite des conclusions du Groupe d'experts de haut niveau crée par le commissaire ORBAN sur le multilinguisme et de la prochaine communication de la Commission sur le multilinguisme dont les jeunes doivent être les premiers bénéficiaires;

    23.

    propose d'encourager les États membres à dispenser un enseignement de la nature et des compétences, ainsi que du fonctionnement institutionnel de l'Union durant le cursus scolaire. De même que tout jeune est instruit des institutions administratives et politiques de son pays, de même tout jeune européen devra pouvoir se situer par rapport à celles de l'Union européenne. Les autorités locales et régionales peuvent faire valoir les actions concrètes menées à leur niveau telles que l'aide économique et solidaire des Fonds structurels mis en œuvre par l'Union;

    24.

    reconnaît qu'une attention particulière devra être accordée aux jeunes issus de l'immigration ou de milieux défavorisés afin de répondre à leurs besoins spécifiques mais également parce que mieux intégrés, ils peuvent être source d'enrichissement culturel et de solidarité pour la collectivité. L'année 2008 a d'ailleurs été désignée comme année européenne du dialogue interculturel pour une meilleure connaissance et compréhension des autres pays d'Europe et du monde;

    25.

    est conscient qu'une attention accrue aux langues et à l'Europe dans l'enseignement ne peut se faire sans l'impulsion et le soutien des responsables politiques, administratifs et économiques de l'éducation mais aussi sans les enseignants eux-mêmes: il est important qu'ils puissent si nécessaire, avoir accès à des formations appropriées;

    26.

    note avec intérêt les initiatives déjà prises par des associations éducatives complémentaires de l'enseignement public;

    27.

    suggère que soient pleinement utilisées les nouvelles technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement des langues concernant l'UE et l'Europe, et notamment Internet, qui permet de mieux associer les jeunes à leur formation et de toucher ceux qui ne peuvent pas bénéficier d'une formation scolaire normale;

    28.

    soutient la proposition de se concentrer sur le développement et la promotion des potentialités des actions d'éducation non formelle en faveur des jeunes, qui est au moins aussi importante que l'éducation formelle pour créer une citoyenneté européenne dynamique;

    29.

    considère que l'éducation non formelle constitue un échelon essentiel de la préparation des jeunes à la citoyenneté active: prise de responsabilité bénévole dans les associations, ouverture aux autres, perception du bien commun, intérêt pour la vie publique, engagement politique local conduisant à l'appropriation du destin politique de l'Union;

    30.

    Par son approche centrée sur la participation volontaire des jeunes et par sa proximité avec leurs besoins et leurs aspirations, l'éducation non formelle permet aux jeunes d'acquérir des compétences nouvelles, voire complémentaires à leurs cursus scolaire et des qualifications spécifiques. L'éventail des actions qu'elle propose est particulièrement approprié pour les jeunes défavorisés. Enfin elle ouvre aux jeunes la voie d'une prise de conscience de leur nécessaire adaptabilité à l'évolution économique et sociale de l'Union;

    31.

    est d'avis que les parents et leur propre sensibilisation à l'UE jouent un rôle très important pour discuter de la citoyenneté active; de façon générale, il faut contribuer à améliorer la sensibilisation des parents, car à mesure que l'UE se développe, les connaissances courantes sur l'UE ont besoin d'être constamment complétées et actualisées;

    32.

    appelle les collectivités locales et régionales à s'impliquer dans le soutien ou la mise en œuvre des initiatives de cette éducation à l'Europe que ce soit par l'organisation de jumelages d'établissements scolaires, l'encouragement matériel des initiatives des associations de jeunes ou œuvrant pour les jeunes, l'accueil de classes de jeunes européens, l'ouverture de leurs structures de loisirs ou sportives et de leurs propres institutions en insistant sur les compétences partagées avec les institutions européennes;

    33.

    insiste sur la nécessité de stimuler la réflexion sur les enjeux et les modalités de l'appropriation par les jeunes d'une citoyenneté active qui permettront aux jeunes Européens de participer efficacement à l'économie de l'Union dans un contexte de mondialisation et de prendre la responsabilité de la faire évoluer sur le plan politique;

    Concernant les actions

    34.

    fonde ses propositions d'une part sur la décision des ministres de l'Éducation d'offrir à tous les jeunes d'Europe les compétences clé qui comportent une réelle connaissance de l'Union européenne et d'autre part sur le récent programme de la Commission approuvé par le Parlement et par le Conseil européen intitulé «L'Europe pour les citoyens» sur les propositions du rapport Beazley concernant les mesures à prendre pour intégrer la dimension européenne dans les cursus scolaires;

    35.

    considère que l'intégration de la dimension européenne dans le cursus scolaire constitue une base indispensable à une appropriation réelle et durable d'une citoyenneté active pour l'ensemble des jeunes européens des pays membres. Cette dimension européenne comporte deux volets: l'intégration dans toutes les matières enseignées du «prisme» européen, c'est-à-dire du rapport européen à chacune de ces matières, et un enseignement spécifique sur la construction de l'Union européenne, ses fondements, ses valeurs, ses institutions, leur fonctionnement et leur impact sur la vie quotidienne des jeunes, son évolution et ses rapports au reste du monde;

    36.

    s'appuie sur les conclusions du Groupe sur le multilinguisme pour proposer que les jeunes Européens soient encouragés à pratiquer deux langues européennes en plus de leur langue maternelle. Le multilinguisme est une ouverture non seulement sur les autres cultures mais également sur les échanges économiques, professionnels et sur une communauté de recherche et d'innovation;

    37.

    il serait souhaitable de faciliter la mobilité des jeunes et des enseignants et sa reconnaissance dans leur cursus scolaire ou professionnel;

    38.

    préconise l'adoption de mesures appropriées, avec la participation active des enseignants, afin que puisse s'instaurer dans les écoles un climat éducatif sûr, fondé sur le respect réciproque et la coopération, de manière à empêcher ou enrayer l'émergence de phénomènes de violence et d'intolérance parmi les jeunes;

    39.

    préconise le développement des actions des associations éducatives complémentaires de l'enseignement public et de l'éducation non formelle en direction des jeunes d'âge scolaire telles que jumelage, échanges entre établissement scolaires, compétitions sportives, stages sportifs ou linguistiques pendant les périodes de congés scolaires;

    40.

    encourage le développement de projets similaires à celui des «jeunes ambassadeurs» désignés dans le cadre des universités d'été des jeunes, une initiative lancée par l'Assemblée des régions d'Europe. Il convient de confier aux jeunes la responsabilité de communiquer avec d'autres jeunes sur différents sujets, notamment la citoyenneté active. Il faudrait se concentrer davantage sur le travail consistant à explorer le concept de citoyenneté dans une Europe multiculturelle et à aborder les questions telles que la société multiconfessionnelle, le multiculturalisme à l'école et sur le lieu de travail et les réponses que la culture peut apporter aux problèmes qui touchent les jeunes;

    41.

    appelle les collectivités régionales et locales à encourager matériellement ces initiatives en faveur des jeunes et à les compléter par des actions spécifiques telles que des mises en situation basées sur les Institutions européennes à l'instar des Conseils municipaux ou des Assemblées Régionales de jeunes pour qu'ils prennent conscience de leurs responsabilités politiques européennes;

    42.

    suggère que chacune des actions préconisées par le programme «L'Europe pour les citoyens» fasse une place aux initiatives émanant des jeunes ou qui leur seraient destinées. Et ce, qu'ils s'agissent de projets dits populaires, de programmes émanant de la société civile, de création d'évènements de haute visibilité ou d'action de préservation d'une mémoire européenne;

    43.

    suggère que soient évalués les effets des actions déjà initiées par les groupements d'enseignants et par des associations de jeunes ou œuvrant pour les jeunes afin que puissent être échangées et développées les bonnes pratiques de ces organismes et qu'elles s'insèrent dans les programmes d'action de l'Union. C'est par la pratique que l'on peut le plus efficacement sensibiliser les jeunes à la citoyenneté active: en les plaçant dans une situation qui leur fasse sentir que leur opinion compte et a des répercussions directes sur leur propre vie. Les conseils d'élèves dans les écoles ou, à un niveau plus élevé, les comités locaux d'enfants ou de jeunes constituent autant de bons terrains d'essai en la matière. Les retombées directes de l'activité de ces derniers sont particulièrement perceptibles dans les petites communes;

    44.

    ce sera une reconnaissance officielle du rôle de l'éducation non formelle pour favoriser l'inclusion sociale des jeunes, leur adaptation aux évolutions du marché du travail, leur participation à la vie publique et au bout du compte leur appropriation d'une citoyenneté active et motivée;

    45.

    insiste pour la mise en œuvre de l'enseignement de l'Europe soit à la mesure de l'ambition tant elle est essentielle pour l'avenir de l'Union européenne et de ses citoyens. Un tel enseignement favorise une rénovation nécessaire des concepts traditionnels de l'éducation pour adapter les jeunes ressortissants des Pays-membres à leur avenir professionnel et à leur engagement social et politique dans un monde dominé par la globalisation de l'économie. Elle confère à l'éducation formelle complétée par l'éducation non formelle un objectif civique de participation à la construction démocratique de l'Union;

    46.

    insiste fortement sur la nécessité d'utiliser activement et de développer plus avant les programmes de l'UE et des États membres ainsi que les nombreux projets d'ONG pour le déploiement de vastes activités de formation culturelle formelle et non formelle au sein de l'UE.

    Bruxelles, le 7 février 2008.

    Le Président

    du Comité des régions

    Luc VAN DEN BRANDE


    (1)  COM(2007) 568 final.


    Top