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Document 52002DC0096

    Communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen - L'internet nouvelle génération : priorités d'actions dans la migration vers le nouveau protocole internet IPv6

    /* COM/2002/0096 final */

    52002DC0096

    Communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen - L'internet nouvelle génération : priorités d'actions dans la migration vers le nouveau protocole internet IPv6 /* COM/2002/0096 final */


    COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU PARLEMENT EUROPÉEN - L'internet nouvelle génération : priorités d'actions dans la migration vers le nouveau protocole internet IPv6

    1. Introduction

    2. L'internet - adresses et applications

    2.1. La communication et l'adressage sur l'internet

    2.2. Attribution d'adresses IP

    2.3. Le manque d'espace d'adressage dans l'IPv4

    2.4. Applications futures sur l'internet

    3. Développement et déploiement de l'IPv6

    3.1. Élaboration de normes IPv6

    3.2. Recherche et développement sur l'IPv6

    3.3. De l'IPv4 à l'IPv6

    3.4. Déploiement de l'IPv6 dans le monde

    3.5. Vie privée

    4. Actions à engager au niveau de l'UE

    5. Glossaire

    Synthèse

    L'internet est le principal outil, partout présent, de l'économie de la connaissance. La croissance rapide et continue de l'internet impose aujourd'hui de nouvelles mesures afin de garantir qu'il continue de satisfaire à des exigences nouvelles et en évolution.

    Il est largement admis que l'Union européenne doit jouer un rôle plus affirmé dans le développement et la maîtrise des technologies de base qui sous-tendent l'internet de prochaine génération, en accélérant le développement d'un infrastructure de communications de haute capacité, fiable et sûre, offrant la possibilité d'une connexion permanente et une grande mobilité sans fil.

    En effet, l'ambition européenne de devenir d'ici à 2010 l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique ne pourra être concrétisée que si l'Europe se place à la pointe de ce renforcement des capacités de l'internet. Il est crucial à cet égard de maintenir et de tirer parti de la première place de l'UE dans les communications sans fil et mobiles et de prévoir un passage efficace à l'internet de nouvelle génération, fondé sur le nouveau protocole internet (IPv6).

    Étant donné la convergence prévue des communications sans fil et de l'internet, une occasion unique se présente actuellement aux industries de transformation et de services européennes de tirer parti de leur savoir-faire technologique, de renforcer leur position concurrentielle, d'exploiter l'excellence de son système éducatif, de donner libre cours à leur esprit d'entreprise afin de permettre la création d'applications et de services nouveaux qui ouvriront des débouchés commerciaux au bénéfice de tous les acteurs de la nouvelle économie de l'internet.

    Il est cependant essentiel, afin que soient déployés en temps utile ces nouveaux services en ligne, de structurer, consolider et intégrer les efforts européens concernant l'Pv6, et notamment de développer la base nécessaire de ressources humaines compétentes, d'harmoniser pleinement, en cas de besoin, les approches politiques, de soutenir les efforts de recherche, de promouvoir les travaux sur les normes et les spécifications techniques, et enfin de veiller à ce que tous les secteurs de la nouvelle économie susceptibles d'être concernés par l'IPv6 soient pleinement conscients des bénéfices potentiels attachés à l'adoption de ce nouveau protocole internet.

    Outre les travaux menés par la task force Ipv6, la Commission propose une série d'actions visant à garantir que l'Europe conserve l'initiative et la première place dans ces évolutions mondiales. Ces actions nécessitent une approche concertée visant à structurer, consolider et intégrer les efforts européens concernant l'IPv6, et comprenant notamment:

    1. un soutien accru à l'IPv6 dans les réseaux et services publics,

    2. l'élaboration et le lancement des programmes d'éducation à l'IPv6,

    3. l'adoption de l'IPv6 dans le cadre de campagnes de sensibilisation,

    4. la poursuite de la stimulation d'une large utilisation de l'internet dans toute l'Union européenne,

    5. un soutien accru aux activités liées à l'IPv6 dans le 6e programme cadre,

    6. le renforcement du soutien au passage à l'IPv6 des réseaux de recherche nationaux et européens,

    7. une contribution active à la promotion des travaux de normalisation de l'IPv6,

    8. l'intégration de l'IPv6 dans tous les plans stratégiques concernant l'utilisation des nouveaux services internet.

    1. Introduction

    Les technologies de l'information et la communication (TIC) révolutionnent le fonctionnement de l'économie et de la société, et suscitent de nouvelles méthodes de travail, de commerce et de communication. La poursuite du développement des TIC au XXIe siècle aura des conséquences étendues et durables non seulement sur l'économie, mais aussi sur tous les aspects de la vie quotidienne, ce qui entraînera des transformations et des changements profonds. En effet, ces évolutions ne concernent pas seulement la technologie, mais touchent aussi à la création de richesses et à l'ouverture de nouveaux débouchés commerciaux, au partage de la connaissance, au rapprochement des communautés et à l'enrichissement de la vie de tous.

    Face à ces développements attendus, le Conseil Européen, lors de sa réunion à Lisbonne [1] en mars 2000 [2], a fixé pour l'Europe l'objectif de devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi.

    [1] Conseil européen de Lisbonne, 23-24 mars 2000: conclusions de la présidence, http://europa.eu.int/council/off/conclu/index.htm

    [2] eEurope - Une société de l'information pour tous, Communication sur une initiative de la Commission en vue du Conseil Européen spécial de Lisbonne, 23-24 mars 2000,

    En juin 2000, le Conseil Européen a approuvé le plan d'action "eEurope 2002" [3] qui définit les mesures nécessaires pour réaliser l'objectif d'une "société de l'information pour tous". Le plan définit trois principaux objectifs (un internet moins cher, plus rapide et plus sûr; l'investissement dans les hommes et les compétences et la stimulation de l'utilisation l'internet) pour lesquels l'action au niveau européen apporterait une valeur ajoutée, et décrit en détail plusieurs actions politiques en relation avec ces objectifs. Il s'agit notamment de l'accès abordable, pour les entreprises et les particuliers, à une infrastructure de communications de classe mondiale, et du développement rapide d'un large éventail de services en ligne compétitifs. Le plan porte plus précisément sur l'internet de nouvelle génération, y compris l'internet mobile, et souligne la nécessité d'un accroissement considérable de l'espace disponible pour les adresses IP, à la mesure des besoins prévus à moyen et à long termes. En effet, l'apparition des communications d'égal à égal, le développement rapide des infrastructures d'accès à large bande tels que l'ADSL, la nécessité de faire face à la demande de communications poste à poste, sont autant d'éléments qui font apparaître la nécessité d'une évolution rapide vers l'internet de nouvelle génération.

    [3] Plan d'action eEurope 2002,

    Dans le contexte des communications mobiles de troisième génération, la Commission a publié une communication [4] qui souligne également que le protocole internet utilisé actuellement (IPv4) est susceptible d'entraver, à terme, le plein déploiement des services de troisième génération. La nouvelle version proposée du protocole internet, IPv6, résoudrait le problème de la pénurie d'adresses qui se pose avec l'IPv4 et permettrait des fonctionnalités supplémentaires. La mise en oeuvre d'IPv6 dans les réseaux mobiles autorisera également l'interconnexion poste à poste sans fil, ce qui élargira considérablement l'éventail d'application des communications mobiles de troisième génération. S'il est largement admis que le passage à des réseaux tout-IPv6 demandera plusieurs années d'efforts, on considère également que tout retard dans cette transition est susceptible d'entraver le déploiement de ces services avancés de 3e génération, ce qui privera l'Union européenne d'une occasion unique d'assumer un rôle de premier plan dans l'internet de nouvelle génération.

    [4] Introduction des communications mobiles de troisième génération dans l'Union européenne: Situation actuelle et voie à suivre COM(2001)141, http://europa.eu.int/ISPO/infosoc/telecompolicy/fr/com2001-141fr.pdf

    Dans la déclaration sur l'administration en ligne convenue par les ministres de 28 pays européens le 29 novembre 2001, les ministres ont invité la Commission européenne à réaliser les investissements nécessaires dans la recherche et le développement technologique, en particulier dans le 6e programme cadre, afin d'assurer l'interopérabilité et la disponibilité des prochaines générations d'infrastructures [5] et de systèmes ouverts.

    [5] Notamment une transition rapide mais cohérente vers l'accès à large bande et le nouveau protocole internet.

    Grâce à sa capacité à se fixer en temps utile des objectifs ambitieux et stratégiques et au dynamisme de ses opérateurs de réseaux et fabricants d'équipements, l'Union européenne a conquis une position de leader incontesté dans l'utilisation des communications mobiles, qu'illustre un taux de pénétration très élevé (près de 73% en moyenne en janvier 2002). En ce qui concerne l'internet, le taux de pénétration moyen dans les États membres de l'UE augmente, même si l'on observe encore des variations importantes d'un État membre à l'autre, et atteint plus de 35% des ménages et plus de 50% des travailleurs [6].

    [6] Eurobaromètre, nov. 2001- Le travail dans l'économie de la connaissance: une amélioration.

    La convergence que devrait connaître ces deux secteurs des industries de la communication donne aux industries européennes de transformation et de services une occasion unique de tirer parti de leur savoir-faire technologique, de renforcer leur compétitivité, de donner libre cours à leur esprit d'entreprise et de réussir le passage au monde de l'internet sans fil. En effet, l'accès et l'utilisation de l'internet à partir d'un téléphone ou d'un ordinateur mobile, ou encore d'un décodeur de télévision devrait se généraliser dans les années à venir, et permettre la création d'applications et de services nouveaux ouvrant des débouchés commerciaux qui bénéficieront à tous les acteurs de la nouvelle économie de l'internet.

    Un déploiement précoce et sans heurts de l'IPv6 éviterait également des coûts de transition futurs bien plus élevés et réduirait le risque de devoir précipiter ultérieurement les choses, exercice plus périlleux et coûteux. Cette question est d'une importance capitale (il existe un risque important que les adresses IPv4 se raréfient de plus en plus au niveau mondial d'ici 2005) pour de nombreuses industries qui fabriqueront des produits intégrant d'origine un accès à l'internet, notamment les voitures et l'électronique grand public ainsi que les communications fixes, mobiles et sans fil.

    Afin que de nouveaux services sur l'internet soient mis en place en temps utile, il est crucial de structurer, consolider et intégrer les efforts européens concernant le nouveau protocole internet IPv6, en vue notamment de développer la base nécessaire de ressources humaines compétentes, d'harmoniser pleinement, lorsque c'est nécessaire, les approches politiques, de soutenir les efforts de recherche, de promouvoir les travaux sur les normes et les spécifications techniques, et de veiller à ce que tous les secteurs de la nouvelle économie susceptibles d'être concernés par l'IPv6 soient pleinement conscients de tous les bénéfices potentiels associés à son adoption.

    Un effort concerté s'impose donc, afin de permettre le renforcement de la compétitivité de l'Union européenne dans ce domaine d'importance stratégique.

    2. L'internet - adresses et applications

    Alors que la population mondiale devrait atteindre les 9 milliards d'habitants en 2050, il devient essentiel de planifier au point de vue technique de façon que l'ensemble de cette population puisse accéder à l'internet. L'IPv6 est la seule technologie capable de satisfaire les besoins de la population humaine prévue à cet horizon, tout en permettant également la mise en réseau et l'interconnexion d'une multitude d'entités telles que les voitures, les foyers, les avions, les appareils d'électronique grand public, etc.

    2.1. La communication et l'adressage sur l'internet

    Pour un utilisateur de l'internet, les ordinateurs sont connus par leur nom de domaine, par exemple, sur le Web, l'adresse de la task force IPv6 est "www.IPv6-TaskForce.org", tandis que son adresse électronique est "editors@IPv6-TaskForce.org". Ces noms de domaines sont faciles à mémoriser, mais par contre les appareils mis en réseau (tels que les serveurs Web, les serveurs de courrier électronique ou les ordinateurs personnels) communiquent entre eux à l'aide d'une adresse numérique et d'un protocole appelé protocole internet. On peut assimiler grossièrement les noms de domaine aux noms propres des personnes et les adresses IP à leurs adresses postales. Le protocole internet nécessite que les dispositifs qui communiquent, où qu'il se trouve sur internet, possèdent chacun leur propre adresse IP, afin que les paquets de données puissent être transportés (routés) entre les appareils par l'intermédiaire d'un ou plusieurs réseaux de fournisseurs de service internet.

    La version actuelle du protocole internet, IPv4, est utilisée depuis plus de vingt ans, mais à l'époque de sa conception, dans les années 1970, personne ne prévoyait la croissance énorme qu'a connu depuis l'internet, et le Web a été conçu de nombreuses années plus tard. De ce fait, et compte tenu des limitations du matériel à l'époque, les concepteurs initiaux de l'internet ont choisi un format de 32 bits pour les adresses IPv4, ce qui permet l'attribution de 232, soit un peu plus de 4 milliards, d'adresses IPv4.

    On ne dispose pas actuellement d'un nombre d'adresses IP suffisant pour chaque habitant de la planète. Si l'on considère par ailleurs que chaque foyer, voiture, bureau et autres environnements sont susceptibles de contenir plusieurs dispositifs utilisant le protocole internet dans un proche avenir, la pression sur l'espace d'adressage est évidente, étant donné que chaque dispositif sur le réseau peut essayer de se connecter à un autre (par ex., un ordinateur chez un concessionnaire automobile peut contrôler à distance les capteurs d'une voiture aux fins de la prévention des pannes). Cette pression est encore accrue par le fait que toute la gamme des adresses IP ne peut jamais être pleinement utilisée, et aussi en raison de l'attribution d'un grand nombre d'adresses à chaque fournisseur de service internet ou à chaque site dans les premiers temps de l'internet.

    IPv6 est en cours de développement depuis le milieu des années 1990, et se trouve aujourd'hui à un stade de maturité suffisant pour que des distributeurs proposent les premiers produits utilisant cette version et que les premiers déploiements interviennent. Le principal avantage d'IPv6 tient au fait qu'il utilise des adresses codées sur 128 bits, ce qui est suffisant pour assurer une adresse IP unique à tous les dispositifs susceptibles d'en nécessiter une dans un avenir prévisible [7]. Compte tenu du fait que toutes les communications internet utilisent une adresse IP, on ne soulignera jamais assez l'importance de la disponibilité d'une adresse IP pour tous.

    [7] Un codage sur 128 bits permet d'obtenir 2128, soit plus de 4 milliards x 4 milliards x 4 milliards x 4 milliards d'adresses IP.

    2.2. Attribution d'adresses IP

    En Europe, l'espace d'adressage IPv6 est géré et attribué aux fournisseurs de service internet par RIPE NCC [8]. Les trois registres régionaux - RIPE NCC, APNIC et ARIN, qui sont responsables de l'attribution des adresses, mettent en oeuvre une politique commune d'attribution des adresses IP.

    [8] RIPE NCC: http://www.ripe.net/

    La disponibilité de l'espace d'adressage IPv6 devrait, par le jeu du marché, faire baisser le prix des adresses internet (par rapport aux adresses IPv4), qui pourraient même être gratuites pour l'utilisateur final. De nombreux utilisateurs de l'ADSL n'ont actuellement aucune chance d'obtenir une adresse IPv4 unique et stable pour leur réseau domestique. Avec l'IPv6, non seulement l'utilisateur d'un réseau domestique obtient tout une série d'adresses IPv6 (au lieu d'une seule adresse IPv4), mais il n'y a plus de rareté des adresses IP obligeant le fournisseur de services internet à limiter l'accès aux adresses IP stables.

    La combinaison de la disponibilité d'adresses IPv6 accessibles partout dans le monde pour un réseau domestique et d'un accès à large bande permet toute une nouvelle gamme d'applications de gestion domestique à distance (caméras Web multiples, capteurs de température sans fil) qui n'étaient pas envisageables avec l'IPv4.

    2.3. Le manque d'espace d'adressage dans l'IPv4

    Le risque d'une pénurie aiguë d'adresses IPv4 au niveau mondial d'ici à 2005, associé à la distribution inégale de l'espace d'adressage entre l'Amérique du Nord [9] et le reste du monde constitue une raison suffisante pour agir maintenant et rapidement, et ainsi promouvoir la réalisation des objectifs stratégiques définis à Lisbonne. S'il reste possible que les adresses IPv4 ne soient jamais complètement épuisées, elles deviennent de plus en plus rares, en particulier pour les demandes à grande échelle. Cette pénurie entraînent des coûts indésirables pour tous ceux qui souhaitent obtenir des adresses IP.

    [9] 74% des adresses IPv4 sont déjà attribuées à des organisations d'Amérique du Nord (15% pour le seul gouvernement des États-Unis): l'université de Stanford et le MIT totalisent à eux seuls davantage d'adresses que la République populaire de Chine.

    En l'absence d'un espace d'adressage IP suffisant, les applications sont forcées de fonctionner avec des mécanismes qui fournissent un adressage local de site (soit, grosso modo, l'équivalent des premiers temps de la téléphonie, lorsque les utilisateurs devaient parler à un (ou plusieurs) opérateurs pour un appel. Ces mécanismes (traduction des adresses réseau: Network Address Translation, ou NAT) limite la fonctionnalité de bout en bout de l'internet et dégrade ses performances globales. En effet, si un client utilisant un dispositif NAT peut communiquer avec des serveurs sur l'internet (modèle de communication "client-serveur"), ce même utilisateur (client) ne peut avoir l'assurance d'être accessible lorsque des dispositifs extérieurs tentent d'établir une connexion (comme dans le cas d'un modèle de communication "poste-à-poste").

    Le besoin d'environnements à connexion permanente (always-on) tels que l'internet à large bande, les modems par câble, les liaisons par satellite) joignables partout dans le monde exclut la conversion d'adresses IP sur le mode du NAT, la mise en commun (pooling) et les techniques d'attribution temporaire, et les exigences des dispositifs internet grand public "prêts à tourner" (plug and play) accroissent encore la pression sur les adresses. Plutôt qu'une connexion temporaire via une ligne téléphonique avec une adresse IP également temporaire prise au hasard dans un pool, les utilisateurs et les applications du futur auraient besoin d'une connexion permanente avec des adresses IP dédiées.

    L'IPv6 réinstaure la sécurité et la communication de bout en bout et sa fonction plug and play facilite le déploiement de dispositifs, notamment à la maison, car les fournisseurs et les utilisateurs finaux n'ont pas besoin de configurer leurs appareils réseau.

    2.4. Applications futures sur l'internet

    Dans le contexte d'un espace d'adressage considérablement élargi (comme seul IPv6 peut l'offrir), une multitude d'applications et de services internet nouveaux deviendront possible. Le développement attendu des communications d'égal à égal, l'utilisation de nouvelles formes de services multimédias interactifs sur l'infrastructure d'accès à large bande et l'adoption des communications poste-à-poste, soulignent le besoin pressant du passage à l'IPv6.

    La mise en oeuvre de l'IPv6 dans les réseaux mobiles permettra également l'interconnexion sans fil poste-à-poste, ce qui élargira considérablement l'éventail d'applications de la troisième génération. S'il est généralement admis que le passage à des réseaux tout-IPv6 demandera plusieurs années d'effort, on considère également que tout retard dans cette transition est susceptible de freiner le déploiement de ces services avancés de troisième génération, ce qui priverait l'Union européenne d'une occasion unique d'occuper le devant de la scène de la nouvelle économie sur l'internet.

    Lors de la phase initiale du GPRS/UMTS, avec quelques millions de terminaux, l'IPv4 demeure cependant une solution tout à fait valable, mais pour offrir un service modulable pouvant accueillir plus d'un milliard de terminaux, l'IPv6 est impératif. En adoptant ce dernier, l'industrie européenne des communications mobiles a une chance unique d'explorer l'avenir en pionnier, en même temps que tous les autres acteurs liés à l'internet, qu'ils s'agissent de fournisseurs de services internet, d'opérateurs de réseaux fixes, de réseaux câblés, etc. Ce faisant, elle acquerra une avance concurrentielle qui pourra être exploitée et exportée.

    En outre, la combinaison des technologies du VoIP (Voice over IP, ou téléphonie sur l'internet) et des LAN (local area networks) sans fil pourrait avoir un impact commercial important, du fait qu'elle donne la possibilité d'offrir un degré de mobilité avec accès à l'internet et communications vocales intégrées modiques.

    L'IPv6 facilitera l'accès à des services et des applications fondés sur l'IP utilisant un large éventail de technologies d'accès. Les opérateurs de réseaux pourront fournir leurs services quel que soit le type d'accès (UMTS, LAN sans fil) et aussi proposer à leur client une expérience en matière d'internet sans rupture. Les utilisateurs pourront se connecter à n'importe quel site Web, entrer dans l'Intranet de leur société (et être joints depuis ce réseau), téléphoner sur l'internet, obtenir des données audio/vidéo en ligne, utiliser n'importe quelle application disponible sur le réseau (dans une variété de contextes tels que l'éducation, la santé, les transports, les jeux, etc.). Ils ne seront pas limités par la gamme restreinte de services réseau à valeur ajoutée que proposent les opérateurs sur leurs propres portails. Ce niveau d'interopérabilité des services renforcera la concurrence et améliorera la cohésion sociale dans l'Union européenne.

    3. Développement et déploiement de l'IPv6

    Actuellement, l'IPv6 est en cours d'introduction progressive. Mais il convient d'accélérer ce processus afin d'empêcher que les insuffisances actuelles d'IPv4 n'entravent le développement d'internet, de garantir un environnement plus ouvert et concurrentiel pour la fourniture de services de nouvelle génération, et d'éviter des coûts de transition beaucoup plus élevés si ce processus est retardé.

    3.1. Élaboration de normes IPv6

    Les normes IPv6 sont élaborées par l'Internet Engineering Task Force (IETF) [10], organisme autonome qui couvre le monde entier et possède des groupes de travail traitant de l'IPv6. Dans le domaine du non-filaire, des normes sont élaborées par le 3GPP [11] et le 3GPP2, ainsi que l'UIT [12]. Le travail de 3GPP et 3GPP2 est crucial, car la troisième génération est considérée comme un secteur de choix pour le déploiement commercial précoce de l'IPv6.

    [10] Internet Engineering Task Force: http://www.ietf.org/

    [11] Projet 3rd Generation Partnership: http://www.3gpp.org/

    [12] Union internationale des télécommunications: http://www.itu.org/

    L'IETF adopte des normes mais il ne conçoit pas de politique ni ne formule de suggestions. D'autres organismes, telles que l'Internet Society (ISOC) [13] ou le forum IPv6 [14] jouent un rôle important, respectivement en matière d'éducation et de commercialisation.

    [13] Internet Society: http://www.isoc.org/

    [14] IPv6 Forum: http://www.ipv6forum.org/

    3.2. Recherche et développement sur l'IPv6

    Tous les aspects d'IPv6, et notamment la recherche et le développement, sont abordés par une multitude d'organismes, d'opérateurs de télécommunications, de fabricants d'équipements et d'instituts universitaires.

    La Commission européenne a joué un rôle crucial en apportant les fonds nécessaires à des travaux de recherche et développement sur divers aspects liés à l'IPv6. En particulier, et en réponse aux conclusions du sommet de Stockholm, la Commission a intensifié ses efforts de R&D, notamment dans le 5e programme cadre. De nombreux projets IPv6, représentant un financement communautaire total de 55 millions d'euros, sont actuellement en cours, dont notamment deux grands essais IPv6, intitulés 6NET [15] et Euro6IX [16]. Ces essais sont pleinement complémentaires des travaux menés au niveau national dans le cadre des réseaux de recherche et d'éducation nationaux (NREN) ainsi qu'au niveau européen dans le contexte d'initiatives telles que GÉANT [17].

    [15] Projet 6NET: http://www.6net.org/

    [16] Projet Euro6IX: http://www.euro6ix.org/

    [17] Projet GÉANT: http://www.dante.org.uk/geant/

    Dans ses travaux préparatoires en vue du 6e programme cadre, la Commission a souligné l'importance de la poursuite des efforts de R & D concernant l'IPv6, en vue de donner à la communauté des chercheurs la possibilité de poursuivre leurs travaux et d'assurer ainsi notamment le développement d'outils, d'applications et de services innovants.

    3.3. De l'IPv4 à l'IPv6

    Si l'IPv6 offre des lendemains qui chantent à l'internet, cela ne signifie pas pour autant que l'IPv4 disparaîtra du jour au lendemain. Le déploiement de l'IPv6 intervient en effet en parallèle à l'utilisation de l'IPv4. Les premières applications d'IPv6 ont eu lieu en 1996, et sont à l'origine du développement du réseau d'essai 6bone IPv6 [18], qui couvre aujourd'hui plus de 50 pays et 1000 sites. Des applications commerciales d'IPv6 voient le jour, avec le Japon en tête, ainsi que dans les pays dont les attributions d'adresses IPv4 ont toujours été faibles (en Asie notamment).

    [18] Projet 6bone: http://www.6bone.net/

    Le passage à l'IPv6 se faisant progressivement et à des rythmes différents selon les secteurs industriels, il va s'avérer nécessaire de définir des lignes directrices en la matière qui tiennent compte du fait que la coexistence entre l'IPv4 et l'IPv6 va durer de très nombreuses années, que l'abandon d'IPv4 sera lent et progressif, et qu'il n'y aura donc pas de jour J imposé à telle ou telle industrie (comme dans le cas d'Y2K) pour le passage à l'IPv6, mais qu'il y aura plutôt des incitations à agir avant qu'il ne soit trop tard et trop cher.

    Une transition sans heurts permettra aux fournisseurs et aux utilisateurs de rentabiliser leurs investissements dans les services IPv4 d'aujourd'hui, tout en préparant une migration sans heurt vers IPv6 à mesure que des éléments IPv6 seront mis en ligne. L'IETF a conçu un large éventail de techniques de transition et d'intégration qui permettent aux fournisseurs de choisir les méthodes qui leur conviennent. À terme, de nombreuses applications IPv6 seront "autochtones", c.à.d uniquement IPv6 plutôt que construites en îlots d'IPv6 reliés au moyen de l'internet IPv4 existant.

    3.4. Déploiement de l'IPv6 dans le monde

    Le Japon a récemment (le 21 septembre 2000) pris l'initiative politique dans la fixation d'un calendrier du déploiement de l'IPv6, en fixant à l'horizon 2005 le passage à l'IPv6 des réseaux existants dans chaque entreprise ainsi que dans le secteur public. Le Japon considère que l'IPv6 constitue un des moyens de s'appuyer sur l'internet pour rénover l'économie japonaise, et a créé un conseil de promotion de l'IPv6 [19] chargé de la mise en oeuvre du programme "Japon en ligne".

    [19] IPv6 Promotion Council: http://www.v6pv.jp et http://cwg.v6/keel.net/apwg/en/index.html

    Cette initiative du Japon a eu un grand retentissement dans la zone Asie-Pacifique. La Corée lui a emboîté le pas le 22 février 2001, en annonçant des plans de déploiement de l'IPv6. Taiwan a également pris des décisions en la matière, notamment la création d'un comité directeur pour l'IPv6. Des consultations bilatérales ont eu lieu au niveau ministériel entre la R.P. de Chine et le Japon sur les moyens de promouvoir l'IPv6.

    Bien que l'essentiel des travaux de conception de l'IPv6 et des applications commerciales aient été réalisés aux États-Unis, les avantages de ce protocole n'y ont en général pas été perçus, jusqu'à une période très récente, aussi nettement que dans d'autres régions du monde. En effet les États-Unis, premiers partis dans la "course aux adresses IPv4", ne se trouvent pas, de ce fait, dans la situation critique de l'Asie-Pacifique ou de l'Europe. Une initiative industrielle en vue de la création d'une Task Force nord-américaine pour l'IPv6 a néanmoins été lancée en décembre 2001, signe qu'une pression croissante se fait sentir en faveur d'une modernisation de l'internet.

    Dans l'Union européenne, en comparaison de la région Asie-Pacifique, le déploiement commercial de l'IPv6 est actuellement marginal, et se limite essentiellement à des bancs d'essai. C'est pourquoi la Commission européenne a lancé en avril 2001 une task force IPv6 dirigée par l'industrie et qui représente un large éventail d'acteurs clés des domaines des communications mobiles, des télécommunications et de l'internet [20]. Cette task force a terminé ses travaux [21], et formulé une série de recommandations appelant à une action rapide au niveau européen. Les propositions d'action formulées dans le présent document s'inspirent dans leurs grandes lignes des travaux de la task force IPv6.

    [20] ETSI, Eurescom, EICTA, DANTE, EACEM, Euro ISP Association, UMTS Forum, GSM Europe, IPv6 Forum, RIPE, Eurocontrol, SITA, ISOC UK, UIT ainsi que des représentants des principaux fabricants, opérateurs et instituts universitaires.

    [21] EU IPv6 Task Force: http://www.IPv6-TaskForce.org

    3.5. Vie privée

    L'internet ayant dès le début été considéré comme un réseau ouvert, de nombreuses caractéristiques de ses protocoles de communication peuvent, plus par accident que par conception, aboutir à des intrusions dans la vie privée des utilisateurs d'internet.

    Des inquiétudes sont régulièrement exprimées en ce qui concerne la nécessité de trouver un équilibre entre le caractère "ouvert" de l'internet et les besoins contradictoires de la maintenance et du déverminage d'une part et de la protection des données personnelles des utilisateurs d'internet d'autre part. Le droit fondamental à la vie privée et à la protection des données est inscrit dans la Charte des droits fondamentaux de l'UE, et précisé dans les directives communautaires 95/46/CE et 97/66/CE sur la protection des données, qui s'appliquent aux données personnelles sur l'internet. Dans sa communication d'avril 2000 sur l'organisation et la gestion des noms de domaine sur l'internet, la Commission a déjà déclaré qu'une adresse IP peut être une donnée personnelle au sens du cadre juridique (par exemple dans le cas des adresses IP dynamiques). Le groupe de travail sur la protection des données institué en application de l'article 29 de la directive 95/46/CE, qui constitue un organe consultatif indépendant sur la protection des données et de la vie privée, a attiré l'attention à plusieurs reprises sur les questions soulevées par l'utilisation d'internet en relation avec la vie privée. Ce groupe de travail, ainsi que le groupe de travail international sur la protection des donnés dans les télécommunications (le "groupe de Berlin") envisage d'examiner en particulier l'IPv6.

    Il est donc indispensable que la Commission européenne et l'Union européenne dans son ensemble examinent la question de la vie privée dans le développement futur de l'internet. Bien que ces questions soient actuellement prises en compte dans le développement de l'IPv6 [22], il est essentiel que la confiance des utilisateurs de l'internet dans l'ensemble du système, notamment en ce qui concerne le respect de leurs droits fondamentaux, soit assurée.

    [22] http///www.ietf.org/internet-drafts/darft-ietf-ipngwg-temp-addresses-v2-00.txt

    4. Actions à engager au niveau de l'UE

    Il est largement admis que l'Union européenne doit jouer un rôle plus affirmé dans le développement et la maîtrise des technologies de base qui sous-tendent l'internet de nouvelle génération, en accélérant le développement d'un infrastructure de communications de haute capacité, fiable et sûre, offrant la possibilité d'une connexion permanente et une grande mobilité sans fil.

    Il est cependant essentiel, pour que des services sur l'internet soient mis en place en temps utile, de structurer, consolider et intégrer les efforts européens concernant le nouveau protocole internet (IPv6), afin de garantir que la base de ressources humaines compétentes indispensable soit disponible, que l'effort de recherche soit soutenu, que les travaux sur les normes et les spécifications techniques soient promus et que tous les secteurs de la nouvelle économie susceptibles d'être concernés par l'IPv6 aient pleinement conscience des bénéfices potentiels associés à son adoption.

    Il convient donc de déployer des efforts stratégiques concertés afin de renforcer la compétitivité de l'industrie européenne. Il y a lieu de poursuivre les travaux de normalisation, tandis que les développeurs d'applications et les organismes soumissionnant pour de nouveaux services IP devraient s'interroger sur l'adaptation à l'IPv6 et les essais futurs des services qu'ils prévoient de mettre en place.

    En adoptant rapidement l'IPv6, l'industrie européenne dans son ensemble, comprenant tous les acteurs liés à l'internet, fixes (câble, ADSL) ou sans fil (3G, WLAN) a une occasion unique d'explorer l'avenir en pionnier. Ces secteurs acquerront ainsi une avance concurrentielle qu'ils pourront exploiter et exporter. La maîtrise de l'IPv6, tant du point de vue de l'offre technologique que de son éventail plus large d'applications, représentera pour l'Union européenne un avantage stratégique dans le commerce mondial et le développement.

    Sur la base des considérations qui précèdent, la Commission propose la série de recommandations suivantes pour la mise en oeuvre de l'IPv6 par tous les secteurs concernés des TIC:

    Les États membres de l'UE sont invités à:

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    Les entreprises sont invitées à:

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    Actions complémentaires à mener par la Commission européenne:

    Le 6e programme cadre n'a pas encore été adopté; l'allocation des ressources affectées à ce programme respectera les procédures et les objectifs spécifiques fixés dans sa base juridique. Dans les limites autorisées et de manière pleinement complémentaire avec les actions proposées plus haut aux États membres et aux entreprises, la Commission européenne se propose:

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    5. Glossaire

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