COMMISSION EUROPÉENNE
Luxembourg, le 13.7.2022
SWD(2022) 510 final
DOCUMENT DE TRAVAIL DES SERVICES DE LA COMMISSION
Rapport 2022 sur l’état de droit
Chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France
accompagnant le document:
Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions
Rapport 2022 sur l’état de droit
La situation de l’état de droit dans l’Union européenne
{COM(2022) 500 final} - {SWD(2022) 501 final} - {SWD(2022) 502 final} - {SWD(2022) 503 final} - {SWD(2022) 504 final} - {SWD(2022) 505 final} - {SWD(2022) 506 final} - {SWD(2022) 507 final} - {SWD(2022) 508 final} - {SWD(2022) 509 final} - {SWD(2022) 511 final} - {SWD(2022) 512 final} - {SWD(2022) 513 final} - {SWD(2022) 514 final} - {SWD(2022) 515 final} - {SWD(2022) 516 final} - {SWD(2022) 517 final} - {SWD(2022) 518 final} - {SWD(2022) 519 final} - {SWD(2022) 520 final} - {SWD(2022) 521 final} - {SWD(2022) 522 final} - {SWD(2022) 523 final} - {SWD(2022) 524 final} - {SWD(2022) 525 final} - {SWD(2022) 526 final} - {SWD(2022) 527 final}
Résumé
Un vaste processus de consultation a été mené afin de répertorier les nouvelles réformes nécessaires pour résoudre les problèmes potentiels touchant au système de justice français. Dans ce contexte, l’appareil judiciaire, en particulier le Conseil supérieur de la magistrature, a lancé plusieurs appels en faveur de réformes, notamment en ce qui concerne la responsabilité et la protection des magistrats, ainsi qu’en faveur d’un renforcement des ressources humaines en sus des ressources supplémentaires déjà allouées. La durée des procédures judiciaires s’est allongée, et le ministère de la justice évalue actuellement les besoins supplémentaires. La décision du ministre de la justice d’ouvrir des enquêtes administratives sur plusieurs magistrats pour violation présumée de leurs obligations déontologiques est actuellement examinée par la justice. Si certains outils numériques à l’intention des justiciables et des professionnels de la justice continuent d’être déployés avec succès, la mise en œuvre des principaux projets en cours destinés à accroître la numérisation de la justice civile et pénale s’est heurtée à des difficultés. S'agissant des avocats, la loi pour la confiance dans l’institution judiciaire a posé de nouvelles garanties en matière de secret professionnel, de déontologie et de procédures disciplinaires.
Des résultats tangibles continuent d’être enregistrés en ce qui concerne les condamnations dans les affaires de grande corruption en dépit des difficultés liées aux ressources limitées et aux faiblesses structurelles. La mise en œuvre du plan national de lutte contre la corruption pour la période 2020-2022 se poursuit. Des règles relatives aux conflits d’intérêts sont en place et une nouvelle loi a été adoptée pour protéger les lanceurs d’alerte. La défense d’intérêts (lobbying) est réglementée, mais l’application des règles en vigueur à tous les types d’acteurs du secteur suscite toujours d’importantes préoccupations. Les déclarations de patrimoine sont rendues publiques et sont vérifiées régulièrement. Les ressources humaines de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques restent insuffisantes au regard de sa charge de travail. Les mesures prises dans le domaine des marchés publics pendant la pandémie de COVID-19 restent en place.
La France dispose d’un cadre juridique solide garantissant la liberté et le pluralisme des médias, fondé principalement sur des garde-fous tant constitutionnels que législatifs. Une nouvelle autorité indépendante, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) a été créée à partir de la fusion du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI), l’autorité compétente en matière de droits d'auteur en ligne, et est dotée de compétences accrues dans l’ensemble du domaine du contenu audiovisuel et numérique. Des garde-fous juridiques et structurels garantissent l’indépendance des médias français de service public. Le gouvernement a pris des mesures pour faire face à l’augmentation des attaques et des menaces contre des journalistes lors de protestations ou de manifestations. Le problème persistant que constitue la concentration horizontale et croisée de la propriété des médias a été examiné par une commission d’enquête du Sénat, qui a suggéré une révision substantielle de la législation existante afin de préserver la liberté d’information. Des difficultés subsistent en ce qui concerne la transparence des structures complexes de propriété des médias.
La pratique des consultations publiques nationales a encore été renforcée et étendue à de nouveaux domaines, dont le système de justice. Les procédures accélérées pour l'adoption des textes de loi continuent d’être utilisées régulièrement, y compris pour des lois qui ont une incidence significative sur les libertés individuelles. Le régime d’urgence lié à la pandémie de COVID-19 a été prolongé jusqu’en juillet 2022, tandis que le Conseil constitutionnel a défini les limites des pouvoirs exécutif et législatif dans ce contexte. Des autorités indépendantes ont émis des avis sur l’incidence des lois adoptées pour gérer les situations de crise sur les libertés individuelles. De nouvelles lois ont été adoptées pour améliorer l’environnement financier dans lequel évoluent les organisations de la société civile. La loi sur les principes de la République est entrée en vigueur et un certain nombre de parties prenantes ont exprimé des craintes quant à son incidence potentielle sur l’espace dévolu à la société civile.
Recommandations
Il est recommandé à la France de prendre les mesures suivantes:
·poursuivre ses efforts afin d’achever les projets en cours visant la numérisation complète des procédures civiles et pénales;
·poursuivre les efforts déployés pour garantir au système de justice des ressources humaines suffisantes, notamment pour améliorer son efficience, en tenant compte des normes européennes sur les ressources du système de justice;
·continuer d’enquêter sur les infractions relevant de la corruption à haut niveau, de les poursuivre et de les sanctionner de manière effective;
·veiller à ce que les règles relatives aux activités de lobbying soient appliquées de manière cohérente à tous les acteurs concernés, y compris au plus haut niveau de l’exécutif;
·renforcer la transparence en matière de propriété des médias, en particulier en ce qui concerne les structures d’actionnariat complexes, en s’appuyant sur les garanties juridiques existantes.
I.Système de justice
Le système de justice est composé de deux branches autonomes de juridictions: les juridictions de droit commun compétentes en matière civile et pénale, d’une part, et les juridictions administratives, d’autre part. Ces deux branches se composent de trois niveaux de juridictions, à savoir les tribunaux de première instance, les cours d’appel et une juridiction suprême (la Cour de cassation et le Conseil d’État, respectivement). Le Conseil d’État possède également une branche consultative chargée de rendre des avis sur les projets de loi et il est chargé de la gestion des tribunaux administratifs et des cours d’appel. Le Conseil supérieur de la magistrature, composé pour moitié de magistrats élus par leurs pairs, joue un rôle important dans la préservation de l’indépendance de la justice. Il désigne les candidats aux hautes fonctions juridictionnelles et, en ce qui concerne la nomination des juges par le ministre de la justice, émet des avis contraignants
. Le parquet fait partie de l’appareil judiciaire et est placé sous l’autorité du ministre de la justice. Ce dernier peut adresser des instructions générales en matière de politique pénale, mais ne peut adresser aucune instruction dans des affaires individuelles. En outre, le Conseil constitutionnel est compétent pour contrôler la constitutionnalité des lois. La France participe au Parquet européen. Les avocats sont représentés par différents barreaux dans toute la France.
Indépendance
Le degré d’indépendance de la justice en France reste perçu comme moyen parmi le grand public et est désormais perçu comme élevé parmi les entreprises. Au total, 56 % du grand public et 61 % des entreprises avaient une perception «plutôt satisfaisante» ou «très satisfaisante» du degré d’indépendance des juridictions et des juges en 2022
. Selon les données du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE, aucune tendance nette n’a pu être dégagée de l’évolution du niveau perçu d’indépendance depuis 2016. Le degré de perception de l’indépendance de la justice parmi le grand public est légèrement en baisse par rapport à 2021 (57 %), mais est plus élevé qu’en 2016 (54 %). Le degré de perception de l’indépendance de la justice parmi les entreprises s’est amélioré par rapport à 2021 (58 %) et à 2016 (59 %).
Le Conseil supérieur de la magistrature a appelé à des réformes visant à renforcer la responsabilité et la protection des magistrats. Le 24 septembre 2021, le Conseil supérieur de la magistrature réuni en formation plénière a rendu l’avis sollicité par le président de la République sur la responsabilité et la protection des magistrats. Il a formulé 30 propositions articulées autour de quatre objectifs: placer la déontologie au cœur de la fonction de magistrat, favoriser la détection des manquements disciplinaires, améliorer le déroulement des poursuites disciplinaires et l’échelle des sanctionset renforcer la protection personnelle et fonctionnelle des magistrats. Certaines propositions rappellent la nécessité d’adopter les réformes constitutionnelles lancées à plusieurs reprises par le passé, mais sans jamais aboutir. Les modifications qu’il est proposé d'apporter à la Constitution transféreraient notamment du ministre de la justice au Conseil supérieur de la magistrature le pouvoir de statuer sur les questions disciplinaires concernant les magistrats du parquet et aligneraient les conditions de nomination du parquet sur celle du siège, rendant ainsi l’avis du Conseil supérieur de la magistrature contraignant pour le ministre de la justice. Sur ce point, l’avis du Conseil supérieur de la magistrature converge avec les recommandations du Groupe d’États contre la corruption (GRECO) et les récentes propositions de la Conférence nationale des procureurs de la République, qui a appelé à une réforme du statut des magistrats du parquet afin d’accroître leur indépendance. Dans une décision du 14 septembre 2021, le Conseil constitutionnel a déclaré conformes à la Constitution les dispositions permettant aux procureurs généraux de communiquer au ministre de la justice des rapports particuliers portant sur des procédures judiciaires en cours, étant donné que ce dernier ne peut adresser aux magistrats du parquet aucune instruction dans des affaires individuelles, même lorsqu’il sollicite ou se voit transmettre de tels rapports particuliers.
En 2020
, le ministre de la justice a décidé, sur recommandation de son administration, d’ordonner des enquêtes administratives sur plusieurs magistrats pour violation présumée de leurs obligations déontologiques, et cette décision est actuellement examinée par la Cour de justice de la République (CJR). Trois associations de magistrats avaient déposé une plainte contre le ministre de la justice pour conflits d'intérêts avec ses anciennes activités professionnelles d'avocat. Le ministre de la justice a transféré au Premier ministre la compétence d’agir dans les affaires dans lesquelles il était précédemment impliqué en tant qu’avocat. Le 16 juillet 2021, au terme d’une audition, le ministre de la justice a été mis en examen par la CJR
pour prise illégale d’intérêts. Entendu par la CJR, il a usé de son droit au silence, considérant que les méthodes d’enquête n'étaient pas impartiales
. L'affaire est toujours en cours. Le procureur général a décidé de ne pas saisir la CJR d’une troisième plainte déposée par un syndicat de magistrats au sujet d’une enquête portant sur la gestion d’une cour d'appel
.
Une loi pour la confiance dans l’institution judiciaire a posé de nouvelles garanties en matière de secret professionnel, de déontologie et de procédures disciplinaires concernant les avocats. La nouvelle loi
, adoptée en décembre 2021, complète le code de procédure pénale en réaffirmant la protection du secret professionnel pour les activités tant de défense que de conseil. Plus précisément, un juge peut ordonner une perquisition du cabinet ou du domicile d’un avocat, à condition qu’il existe des raisons plausibles de soupçonner l’avocat d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction qui fait l’objet de la procédure. En outre, le magistrat qui effectue la perquisition doit veiller à ce que les investigations conduites ne portent pas atteinte au libre exercice de la profession d’avocat et à ce qu’aucun document relevant de l’exercice des droits de la défense et couvert par le secret professionnel ne soit saisi. Les propositions les plus importantes formulées par le Conseil national des barreaux, en particulier la volonté d’étendre les dispositions relatives au secret professionnel aux activités de conseil des avocats
, ont été reprises dans la version finale de la loi. Cette évolution est également en phase avec les préoccupations des avocats au niveau européen quant à la protection du secret professionnel. En ce qui concerne les procédures disciplinaires, les nouvelles dispositions offrent plus de garanties aux parties concernées et laissent davantage de place à la conciliation. Le conseil de discipline devient une juridiction, présidée, dans certains cas, par un magistrat du siège. Concernant les réclamations formées par des particuliers, lorsque la nature de la réclamation le permet, une conciliation peut être organisée entre les parties, à laquelle prend part un avocat au moins. Afin de prévenir les infractions disciplinaires, l’article 42 de la loi prévoit la création d’un code de déontologie des avocats, élaboré par le Conseil national des barreaux, et maintient ainsi l'auto- réglementation de la profession en ce qui concerne les devoirs déontologiques.
Qualité
La Cour des comptes a mis en évidence des difficultés dans la mise en œuvre des principaux projets destinés à accroître la numérisation de la justice civile et pénale. En dépit des efforts déployés pour améliorer la numérisation du système de justice et des progrès déjà accomplis, des améliorations restent possibles en ce qui concerne l’utilisation des outils numériques au sein des tribunaux et des parquets et dans la communication électronique avec les utilisateurs. Dans un rapport présenté au Sénat le 26 janvier 2022 et fondé sur une appréciation de la situation au printemps 2021, la Cour des comptes décrit les retards et les problèmes stratégiques rencontrés dans la mise en œuvre du plan visant à numériser la justice lancé en 2018 et formule un certain nombre de recommandations pour rendre ce plan plus efficace. La Cour des comptes estime qu’à ce stade, soit un an avant la fin de sa mise en œuvre, le plan de transformation numérique lancé en 2018 a donné des résultats mitigés et que tous les objectifs ne seront pas atteints. Plus précisément, la Cour des comptes a relevé que les projets essentiels pour la numérisation de la justice, à savoir la Procédure pénale numérique, Cassiopée, qui est l’élément central du traitement numérique des procédures pénales, et Portalis, un projet ambitieux visant à numériser toutes les étapes de la procédure civile
, ont accumulé retards et dépassements de budget. La Cour des comptes suggère d’améliorer la gouvernance des projets structurants pour éviter des retards dans leur mise en œuvre. Le ministère de la justice a approuvé en grande partie les conclusions du rapport et a déjà pris un certain nombre de mesures pour améliorer la gouvernance des projets, dont la systématisation des analyses coûts-avantages. Depuis l'analyse de la Cour des comptes, d'autres améliorations ont été apportées en matière de procédure pénale numérique, libérant le personnel des tribunaux de tâches d’enregistrement fastidieuses et autorisant la communication numérique avec les avocats. Toutefois, des mesures supplémentaires s’imposent pour donner suite aux recommandations de la Cour des comptes, notamment pour centraliser le suivi global des projets en réduisant l’externalisation, en particulier pour les fonctions de pilotage des projets, afin de conserver le contrôle du développement des systèmes d’information.
Les outils numériques à la disposition des justiciables et des professionnels de la justice continuent d’être déployés avec succès. Comme indiqué dans le rapport 2021 sur l’état de droit, le déploiement, dans les bureaux d’aide juridictionnelle, du système d’information de l’aide juridictionnelle (SIAJ), qui permet aux particuliers de déposer une demande d’aide juridictionnelle en ligne, a débuté dans deux juridictions pilotes entre mars et octobre 2021 et progresse à un rythme soutenu. À la fin de 2021, 30 % des juridictions étaient équipées et, selon les prévisions, le système devrait être mis en œuvre dans 90 % des juridictions d’ici à la mi-2022. Il a été signalé que, dans les juridictions où le SIAJ était déjà mis en œuvre, le temps nécessaire au traitement des demandes d’aide juridictionnelle était réduit de deux tiers en moyenne. S’agissant de l’accessibilité en ligne des décisions de justice, toutes les décisions rendues publiquement par la Cour de Cassation, le Conseil d’État, l’ensemble des juridictions administratives de première instance et d’appel et les juridictions d'appel en matière civile, sociale et commerciale sont désormais accessibles sur la base de données ouvertes. Des améliorations restent possibles en ce qui concerne la publication des décisions rendues par d’autres juridictions, en particulier par les juridictions inférieures, et des travaux sont en cours pour adapter le moteur d'anonymisation de l’intelligence artificielle à la publication des décisions des juridictions de première instance en matière civile et commerciale et des juridictions du travail de première instance, ainsi que des décisions rendues en matière pénale.
Les ressources allouées au système de justice ont augmenté pour la deuxième année consécutive, et les magistrats ont appelé à des efforts supplémentaires pour continuer à garantir la qualité de la justice. En 2020, les dépenses consacrées au système de justice ont été relativement faibles, en termes comparatifs, même si elles ont augmenté par rapport à 2019. En 2022, le budget alloué au système de justice a encore été augmenté de 3,4 % par rapport à 2021 et a atteint 3,849 milliards d’EUR. L’enveloppe affectée à l’aide juridictionnelle a également augmenté, passant de 585 millions d’EUR en 2021 à 615,2 millions d’EUR en 2022. En outre, parmi les postes contractuels de courte durée créés en 2021, dont des postes de juristes adjoints aux magistrats, 1 414 deviendront permanents. Le Conseil supérieur de la magistrature a toutefois souligné que le budget alloué par la France au système de justice et le nombre de magistrats par habitant restent nettement inférieurs à ceux d’autres pays européens au PIB comparable, et il a demandé des garanties réglementaires supplémentaires pour stabiliser davantage le budget annuel de la justice. Le Conseil supérieur de la magistrature recommande également de réformer le statut et les missions des équipes autour des magistrats, ce qui permettrait aux juges et aux procureurs de se concentrer davantage sur leurs fonctions juridictionnelles et contribuerait de ce fait à la qualité de la justice. Dans une lettre ouverte publiée dans un quotidien national, un grand nombre de magistrats ont décrit la détérioration des conditions de travail dans de nombreuses juridictions, due notamment à un manque de ressources humaines et à une charge de travail comparativement excessive, ce qui les oblige à sacrifier la qualité au profit de la rapidité.
Une vaste consultation sur le système de justice a eu lieu afin de répertorier les problèmes et les réformes nécessaires pour y remédier. Le président de la République a lancé les États généraux de la justice le 18 octobre 2021. La première présidente de la Cour de cassation et le procureur général près cette dernière avaient précédemment exprimé leurs préoccupations face à une «remise en cause systématique de la justice». Cette consultation à l'échelle nationale, associant professionnels de la justice et grand public, vise à dresser un état de situation de la justice et à formuler des propositions concrètes pour remédier à tout problème non résolu. Une consultation en ligne a eu lieu et plusieurs conférences ont été organisées. Un rapport final a été rédigé par un comité indépendant à partir des nombreuses contributions reçues et sera présenté par le président de la République.
La loi pour la confiance dans l’institution judiciaire renforce les dispositions relatives à la médiation volontaire en tant qu’alternative aux procédures judiciaires. L’article 45 de cette loi établit un conseil national de la médiation dont les missions principales consistent à rendre des avis et à formuler des recommandations dans le domaine de la médiation à l’intention des pouvoirs publics, à rédiger un recueil de déontologie applicable à la médiation, à concevoir des référentiels nationaux de formation des médiateurs et à émettre des propositions sur les conditions d’enregistrement de ces derniers. La loi renforce également l’efficacité des actes constatant un accord issu d'une médiation, d'une conciliation ou d'une procédure participative en prévoyant que, lorsqu’ils sont contresignés par les avocats des parties et revêtus de la formule exécutoire par le greffe de la juridiction compétente, les transactions et autres accords conclus dans le cadre d’une médiation, d’une conciliation ou d’une procédure participative deviennent exécutoires. La promotion et les incitations en faveur du recours aux méthodes de règlement extrajudiciaire des litiges sont relativement développées, en termes comparatifs, mais des améliorations restent possibles.
Efficience
La durée des procédures judiciaires en matière civile, commerciale et administrative, mesurée en termes de durée d’écoulement du stock d’affaires pendantes, a fortement augmenté au cours de l’année écoulée, sauf pour les affaires administratives, pour lesquelles la situation est restée stable. Plus précisément, le temps nécessaire estimé pour trancher les affaires civiles et commerciales contentieuses en première instance est passé de 432 jours en 2019 à 637 jours en 2020, l’une des valeurs les plus élevées dans l’UE. Le nombre d’affaires pendantes a légèrement augmenté, mais est resté globalement stable
. Le taux de variation du stock d’affaires pendantes, qui montre comment le système de justice traite la charge de travail, a considérablement diminué, en particulier pour les affaires civiles et commerciales contentieuses, pour lesquelles il est passé de près de 100 % à moins de 93 %. Comme indiqué plus haut, plusieurs institutions judiciaires ont insisté sur la nécessité de recruter du personnel supplémentaire au sein du système de justice, plus particulièrement au sein des tribunaux et des parquets
, afin de pouvoir gérer plus efficacement, dans la durée, le nombre d'affaires qui leur est attribué. À cette fin, le ministère de la justice met actuellement au point un outil de mesure qui permettra d’évaluer précisément les besoins de recrutement à moyen et à long terme
. De plus, 1 914 agents contractuels ont été recrutés pour traiter l’arriéré judiciaire. Le ministère de la justice a rapporté que le nombre d’affaires pendantes a fortement diminué à partir de 2021. Parallèlement, la Conférence nationale des présidents des tribunaux judiciaires a mis au point et rendu public son propre outil de mesure destiné à évaluer précisément la charge de travail des magistrats du siège en tenant compte de toutes leurs attributions et missions actuelles
. Il ressort de la première évaluation réalisée par les deux tiers des juridictions sur cette base que, dans les juridictions de première instance, 1 500 magistrats du siège supplémentaires seraient nécessaires pour faire face durablement à la charge de travail actuelle, et que l’outil de mesure mis au point par le ministère de la justice permettrait d’affiner cette évaluation.
II.Cadre de lutte contre la corruption
Parmi les instances chargées de lutter contre la corruption figurent l’Agence française anticorruption (AFA), qui élabore le plan pluriannuel de lutte contre la corruption et aide les personnes morales de droit public et de droit privé à prévenir et à détecter les faits de corruption, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée de veiller à la probité des agents publics, et l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLIFF), un service de police spécialisé dans les enquêtes sur les infractions économiques, y compris la corruption et le blanchiment de capitaux. Le Parquet national financier (PNF) est compétent pour enquêter dans les affaires de grande corruption.
Les experts et les dirigeants d’entreprise perçoivent le niveau de corruption dans le secteur public comme étant relativement faible. Dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International publié en 2021, la France obtient un score de 71/100 et se classe au 8e rang dans l’Union européenne et au 22e rang dans le monde
. Cette perception est restée relativement stable au cours des cinq dernières années. L’enquête «Eurobaromètre spécial» de 2022 sur la corruption montre que 64 % des personnes interrogées estiment que la corruption est répandue dans leur pays (moyenne de l’UE: 68 %) et que 7 % des personnes interrogées se sentent personnellement touchées par la corruption dans leur vie quotidienne (moyenne de l’UE: 24 %). En ce qui concerne les entreprises, 50 % d’entre elles estiment que la corruption est répandue (moyenne de l’UE: 63 %) et 31 % estiment que la corruption est un problème dans le monde des affaires (moyenne de l’UE: 34 %). En outre, 23 % des répondants estiment qu’il existe un nombre suffisant d'actions pénales ayant abouti à des condamnations pour dissuader les personnes de se livrer à des pratiques de corruption (moyenne de l’UE: 34 %)
, tandis que 37 % des entreprises estiment que les personnes et les entreprises poursuivies pour corruption d’un haut fonctionnaire sont sanctionnées de manière appropriée (moyenne de l’UE: 29 %)
.
La mise en œuvre du plan national de lutte contre la corruption pour la période 2020-2022 se poursuit. Le plan de lutte contre la corruption fixe huit objectifs, parmi lesquels la prévention de la corruption dans l’organisation de deux grands événements sportifs internationaux en cours de préparation. Le rapport sur la mise en œuvre finale du plan de lutte contre la corruption devrait être élaboré par l’agence anticorruption d’ici à la fin de 2022, parallèlement à l'élaboration du prochain plan national de lutte contre la corruption (post-2022).
Des mesures législatives ont été prises pour améliorer le cadre juridique de lutte contre la corruption. À la suite des recommandations formulées dans le rapport publié en juillet 2021 par la commission des lois du Parlement, un nouveau projet de loi anticorruption a été présenté au Parlement en octobre 2021; il comprend des dispositions à la fois préventives et répressives, notamment en ce qui concerne la lutte contre la corruption, les atteintes à la probité, la justice négociée et un registre des représentants d’intérêts.
Des résultats tangibles continuent d’être enregistrés en ce qui concerne les condamnations dans les affaires de grande corruption en dépit des difficultés liées aux ressources limitées et aux faiblesses structurelles. L’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLIFF) reste chargé des enquêtes dans les affaires de grande corruption. Le personnel dont dispose l’office (78 agents) par rapport à sa charge de travail (250 dossiers en cours) est source de préoccupation. Le parquet national financier (PNF) a prononcé 40 condamnations en 2021, approuvé 12 comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) et conclu trois conventions judiciaires d'intérêt public (CJIP) (pour un montant cumulé d’amendes de près de 45 millions d’euros), ainsi que deux autres compositions pénales. La même année, il a récupéré un montant total de 173,1 millions d’EUR. En août 2021, le gouvernement a adopté une simplification des procédures applicables à la convention judiciaire d’intérêt public. À la suite d’une instruction ministérielle à cet effet, le nombre de remontées d’informations a diminué (passant de 3 834 en 2021 à 1 854 de janvier à avril 2022). Bien qu’en 2021, le nombre de magistrats affectés au PNF soit passé de 17 à 18, des efforts supplémentaires s’imposent pour donner suite à la recommandation du GRECO sur ses effectifs. Il convient de remédier aux problèmes structurels affectant la procédure pénale applicable à la corruption d’agents publics étrangers, y compris les activités du PNF et de l’AFA. Le projet de loi adopté par le Parlement en novembre 2021 a suscité des critiques quant à l’effectivité des enquêtes en matière de corruption d'agents publics étrangers. De même, le cadre législatif concernant la responsabilité pénale des entreprises en cas de corruption d’agents publics étrangers présente certaines lacunes.
L’AFA continue de publier des orientations en matière d’intégrité à l’intention des entités des secteurs public et privé. En 2021, l’AFA a continué de publier des orientations thématiques, y compris à l’intention du secteur privé, conçu un exercice de sensibilisation aux obligations anticorruption, signé des protocoles d’accord institutionnels et dispensé des formations à différentes parties prenantes des secteurs public et privé. Malgré une baisse de ses effectifs en 2021, l’Agence estime que les ressources humaines dont elle dispose sont globalement suffisantes. Le taux de renouvellement du personnel, dû à la rotation des personnes occupant des postes détachés, a diminué.
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) continue de contrôler la probité des agents publics. La HATVP continue de fournir des conseils sur les règles de probité applicables aux agents publics, y compris celles qui concernent la déclaration de patrimoine. En 2021, sur les 15 574 déclarations d’intérêts et de patrimoine reçues, elle n’en a examiné que 3 150, et a transmis 11 dossiers au ministère public en vue d’une analyse plus approfondie pour cause de présomption d’infractions. Pour la même année, la HATVP a examiné environ 19 000 rapports sur des cas de (rétro)pantouflage (circulation de professionnels entre le secteur privé et le secteur public).
Si les contrôles portant sur les fonds des partis et des responsables politiques se poursuivent, un grand nombre de préoccupations subsistent en ce qui concerne l’application des règles relatives à la défense d’intérêts à tous les acteurs concernés, y compris au plus haut niveau de l’exécutif. En 2021, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a examiné un total d’environ 8 200 déclarations financières de candidats au Sénat ou aux élections régionales et en a rejeté 582. de la gestion du registre des représentants d’intérêts. Une recommandation du GRECO appelant à faire rapport publiquement sur les représentants d’intérêts rencontrés par des personnes exerçant de hautes fonctions de l’exécutif au niveau national reste sans réponse. Malgré le nouveau projet de loi anticorruption (voir page 13 ci-dessus), aucune réponse n’a été apportée aux préoccupations existantes concernant le type d’activités de défense d’intérêts et de représentants d’intérêts. Les déclarations exigées par le système pour de nombreuses activités de défense d’intérêts (y compris au niveau local) créent une charge de travail importante pour la HATVP, qui manque de ressources humaines et techniques. En 2021, un certain nombre de personnes politiquement exposées ont été condamnées pour fraude fiscale. Dans le premier rapport de conformité, adopté moins de deux ans après le rapport d’évaluation, le GRECO a affirmé que neuf recommandations étaient considérées comme partiellement mises en œuvre et que huit n’avaient pas été mises en œuvre. Des progrès devront donc être réalisés en ce qui concerne les codes de conduite (pour les personnes exerçant de hautes fonctions de l’exécutif au niveau national), la vérification et l’accessibilité des déclarations de patrimoine (du candidat à l’élection présidentielle, des personnes exerçant de hautes fonctions de l’exécutif, ainsi que des membres de l’Assemblée nationale et des sénateurs), les conflits d’intérêts et l’examen des affaires de corruption impliquant des membres du gouvernement.
Les règles de probité applicables aux membres de l’Assemblée nationale et du Sénat continuent d’être mises en œuvre. En 2021, la commission de déontologie de l’Assemblée nationale a émis 50 avis individuels, répondu à quelque 443 demandes de clarification sur l’utilisation des fonds pendant la campagne électorale présidentielle et vérifié des déclarations financières émanant de députés (150 déclarations pour 2020 et 50 pour 2021), pour lesquelles seules des violations mineures ont été constatées. En 2021, seules des infractions mineures aux règles en matière de conflits d’intérêts ont été constatées. En janvier 2022, l’Assemblée nationale a adopté un nouveau code de conduite comportant des dispositions modifiées concernant les activités de défense d’intérêts. La commission de déontologie du Sénat est l’organe responsable de la déontologie des sénateurs.
Si des dispositions en matière de probité sont mises en œuvre dans l’ensemble du secteur public, il reste nécessaire d’améliorer les contrôles de sécurité liés à la probité dans la police, ainsi que le pouvoir disciplinaire à l’égard des juges. Le personnel de la police reçoit du matériel de formation et de sensibilisation ciblé en matière de lutte contre la corruption. La gendarmerie nationale organise des formations en déontologie à l’intention du personnel militaire à tous les niveaux. L’inspection générale de la gendarmerie met la dernière main à un plan d’action sur la déontologie, lequel comporte des mesures de lutte contre la corruption. Néanmoins, la recommandation du GRECO d’effectuer à intervalles réguliers des contrôles de sécurité tenant à l’intégrité des membres de la police nationale et de la gendarmerie nationale reste sans réponse. L’école nationale de la magistrature organise des formations sur la lutte contre la corruption. À la demande du président de la République, le Conseil supérieur de la magistrature a publié, en septembre 2021, une série de propositions en matière de déontologie. Lorsque des membres du corps judiciaire changent de poste, ils doivent déclarer leur patrimoine et assister à une réunion consacrée à la conduite déontologique. Toutefois, aucune information n’est disponible sur le fonctionnement de ce système de déclaration. La recommandation du GRECO appelant à concentrer le pouvoir disciplinaire à l’égard des juges entre les mains de la commission du service judiciaire doit encore être mise en œuvre.
Une nouvelle loi a été adoptée pour protéger les lanceurs d’alerte. En mars 2022, le Parlement a adopté une nouvelle loi sur la protection des lanceurs d’alerte, qui transpose en droit national la directive de l’UE sur les lanceurs d’alerte. Conformément à cette nouvelle loi, le Défenseur des droits se verra confier un rôle central et de référence pour les nouvelles dispositions, y compris en ce qui concerne le rapport sur le fonctionnement du système de lancement d’alerte. Cette évolution législative sera utilisée pour réévaluer la recommandation précédente du GRECO appelant à réviser le régime de protection des lanceurs d’alerte. En 2021, le Défenseur des droits a traité 81 alertes.
Les mesures anticorruption prise dans le cadre des marchés publics au moment de la pandémie de COVID-19 continuent d’être mises en œuvre. Le guide spécifique publié en juin 2020 par l’AFA et la Direction des achats de l’État continue de s’appliquer.
III.Pluralisme et liberté des médias
Le cadre juridique français relatif au pluralisme des médias est établi par la Constitution et par une législation sectorielle spécifique, mise en œuvre par l’autorité indépendante de régulation des médias. La Constitution protège la liberté d’expression et garantit le pluralisme des médias. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen reconnaît la liberté d’expression comme un droit fondamental. La transparence en matière de propriété des médias est garantie par une législation spécifique. La législation visant à transposer la directive «Services de médias audiovisuels» a été adoptée.
L’autorité indépendante de régulation des médias a été repensée en vue d’une meilleure réglementation de l’environnement en ligne. À compter du 1er janvier 2022, le régulateur des médias [Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)] et l’autorité en matière de droit d’auteur en ligne [Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI)] ont fusionné pour créer un nouveau régulateur doté de compétences élargies: l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). L’objectif de la réforme est de créer un régulateur national unique doté de compétences accrues (y compris des pouvoirs en matière de procédures de conciliation et des pouvoirs d’enquête) dans l’ensemble du domaine du contenu audiovisuel et numérique. L’ARCOM est dotée de compétences plus étendues liées à la création de contenu et aux obligations, au droit d’auteur, à la lutte contre la désinformation ainsi qu’aux contenus en ligne préjudiciables. Le conseil d’administration de l’ARCOM est composé de neuf membres, nommés tous les deux ans par cinq autorités différentes (dans les domaines exécutif, législatif et judiciaire) pour un mandat unique non renouvelable de six ans. L’ARCOM jouit des mêmes garanties d'indépendance que celles prévues pour le CSA et la HADOPI. D’après le Media Pluralism Monitor (MPM 2022) l’indépendance de l’autorité de régulation des médias est un domaine présentant un risque très faible.
Aucun changement n’a été apporté au cadre juridique régissant la transparence de la propriété des médias depuis le dernier rapport sur l’état de droit; les problèmes de la concentration horizontale et crossmédia persistent. La France a mis en place des garanties juridiques afin de veiller à la transparence de la propriété des médias, garantie par la loi sur la liberté de communication, la loi pour la confiance dans l'économie numérique et la loi sur la liberté de la presse. Ces lois prévoient que tout rédacteur d’un service de radiodiffusion ou directeur de publication doit tenir certaines informations à la disposition du public en permanence, y compris les informations relatives à la propriété
. Le MPM 2022 fait état d’un risque moyen pour la transparence de la propriété des médias, signalant la complexité des structures d’actionnariat dans le secteur des médias
et indique un degré élevé de concentration dans le paysage médiatique français. Au cours de la campagne électorale présidentielle, Reporters sans frontières (RSF) a adressé plusieurs recommandations aux candidats afin de renforcer la liberté des médias et a demandé la révision de la législation sur la concentration des médias. En novembre 2021, une commission d’enquête du Sénat a été créée pour examiner la concentration des médias en France et son impact sur la démocratie. Le rapport final de la commission du Sénat a été adopté le 31 mars 2022. La commission du Sénat a proposé une réécriture complète de la loi sur la liberté de communication, qui, selon elle, est devenue «obsolète», et a présenté 32 propositions. Les propositions comprenaient le renforcement des garanties en matière d’indépendance et de déontologie, la prévention des conflits d’intérêts dans les grands groupes et la limitation de la concentration verticale de la propriété des médias.
Les autorisations et les licences dans le secteur des médias sont régies par la loi sur la liberté de communication. Les autorisations de télévision terrestre et de radiodiffusion sont accordées par l’autorité de régulation des médias (aujourd’hui ARCOM) à la suite d’appels d’offres et sous réserve de la conclusion d’un accord avec l’autorité de régulation des médias, à l’exception des prestataires publics nationaux, France Télévisions et Radio France. La durée des autorisations ne peut en principe excéder 10 ans, mais peut faire l’objet de prorogations et de dérogations diverses. Les services de radiodiffusion qui ne sont pas soumis à une autorisation, à savoir ceux qui sont diffusés ou distribués par l’intermédiaire d’un réseau qui n’utilise pas les fréquences attribuées par l’autorité de régulation des médias (câble, satellite, liaison numérique sur ligne d’abonné à débit asymétrique (ADSL), internet, téléphonie, etc.), doivent néanmoins conclure un contrat type ou introduire préalablement une déclaration auprès de l’autorité de régulation.
Des garanties juridiques structurelles préservent l’indépendance des médias français de service public. Les médias français de service public (France Télévisions) sont régis par la loi sur la liberté de communication (loi Léotard). L’État français détient la totalité du capital de France Télévisions, qui est soumise à la législation sur les sociétés anonymes. Conformément à la loi Léotard, les médias de service public doivent garantir le pluralisme et l’indépendance de l’information ainsi que la diversité des opinions, le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques. En outre, les services de France Télévisions disposent d’une ligne éditoriale indépendante dans le cadre de la diffusion des informations télévisées. Le MPM 2022 considère que l’indépendance de la gouvernance des médias de service public est un domaine présentant un risque faible. Les organes directeurs de France Télévisions sont le conseil d’administration et ses comités, le président et le conseil consultatif du programme. Les procédures de nomination de la direction et des conseils d’administration des médias de service public, prévues par la loi sur la liberté de communication, sont transparentes et équilibrées. Le président est nommé pour cinq ans par l’ARCOM, à la majorité de ses membres. Cette nomination fait l’objet d’une décision motivée fondée sur des critères de compétence et d’expérience. Le conseil d’administration compte 14 membres en plus du président; cinq membres sont des personnalités indépendantes désignées par l’ARCOM pour leurs compétences, dont l’une représente les associations de protection des consommateurs. Il existe également des garanties contre les licenciements arbitraires. Le président de France Télévisions présente un rapport annuel sur la satisfaction des conditions du mandat aux commissions chargées des affaires culturelles et des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat. L’ARCOM garantit l’indépendance et l’impartialité des médias de service public. Dans son rapport annuel d’activité, l’ARCOM doit faire état du respect par France Télévisions de ses obligations.
Les agressions contre les journalistes et les menaces envers leur sécurité physique persistent mais le gouvernement a pris des mesures pour renforcer leur protection. Depuis le rapport 2021 sur l’état de droit, un nombre important d’alertes ont été publiées pour la France sur la plateforme du Conseil de l’Europe visant à promouvoir la protection du journalisme et la sécurité des journalistes. Elles concernaient en particulier le harcèlement, l’intimidation et les atteintes à la sécurité physique et à l’intégrité des journalistes. Afin de remédier aux tensions entre la presse et les forces de police, à la suite du rapport présenté par la commission indépendante sur les relations entre la presse et les forces de l’ordre, un comité de liaison mensuel entre le ministère de l’intérieur et la presse a été créé en janvier 2022 afin de permettre un dialogue permanent. Parallèlement, un groupe de travail a été créé en juillet 2021, consacré à l’identification des journalistes, à des fins de sécurité, dans le cadre de manifestations publiques de rue. Il a réuni des représentants de journalistes et de leurs employeurs, des associations de journalistes et de la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP). Une nouvelle version du schéma national du maintien de l'ordre (SNMO) a été publiée le 16 décembre 2021, qui reconnaît le rôle particulier des journalistes lors des manifestations. Elle prévoit également l’obligation de garantir leur sécurité lors des manifestations, y compris les manifestations non autorisées, voire interdites. Les infractions commises à l’encontre de journalistes lors de manifestations font l’objet de procédures judiciaires, à condition qu’elles soient détectées ou portées à la connaissance des autorités répressives. Le MPM 2022 fait état d’un risque moyen en ce qui concerne la protection du droit à l’information, en raison de critiques liées à l’extension du champ d’application de la loi sur la «protection des secrets d’affaires».
IV.Autres questions institutionnelles en rapport avec l’équilibre des pouvoirs
La France dispose d’un système de gouvernance semi-présidentiel, le président étant directement élu par le peuple et le premier ministre tenu de rendre compte devant le Parlement. Le parlement bicaméral se compose de l’Assemblée nationale et du Sénat. Les propositions législatives peuvent émaner du gouvernement ou de membres des deux chambres parlementaires. Le Conseil constitutionnel contrôle la constitutionnalité des actes législatifs, avant ou après leur adoption. L’indépendance des autorités joue un rôle important dans le système d’équilibre des pouvoirs.
La pratique des consultations publiques nationales a été encore renforcée et étendue à d’autres domaines, dont le système de justice. Comme indiqué plus haut, les États généraux de la justice ont été conçus comme un débat démocratique structuré et ouvert. À la fois le grand public et les professionnels du droit ont pu exprimer leur point de vue sur les réformes à apporter au système judiciaire. Une consultation en ligne a eu lieu au niveau national
et 266 manifestations, telles que des débats et des conférences, ont été organisées dans tout le pays. Parallèlement, jusqu’à la fin du mois de janvier 2022, sept groupes de travail thématiques rassemblant plus de 60 professionnels de la justice et du droit (dont des magistrats, des avocats, du personnel du greffe et des professeurs d’université) ont été créés
. Le comité indépendant chargé de rédiger le rapport final a reçu pour instruction de prendre en considération toutes les contributions recueillies dans le cadre de cet exercice pour alimenter son évaluation. En outre, une plateforme de participation citoyenne nouvellement créée permet au public d’avoir accès à toutes les informations relatives aux procédures de participation citoyenne non obligatoires menées par l’État et, le cas échéant, de manifester son intérêt à s’inscrire, ainsi que de consulter les contributions des citoyens et les suites qui leur sont données, et donc de mesurer l’impact de leur participation sur les politiques publiques. En 2021, trois consultations à l’échelle nationale ont été élaborées et codirigées par le ministère chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne et le Centre interministériel de la participation citoyenne (CIPC), notamment sur le thème de la discrimination et dans le cadre de la conférence sur l’avenir de l’Europe. Afin d’assurer le suivi des propositions formulées dans le cadre de cette conférence, un comité de suivi des citoyens, composé de 15 citoyens ayant participé à la consultation, a été mis sur pied.
Les procédures accélérées pour l'adoption des textes de loi continuent d’être utilisées régulièrement, y compris pour des lois qui ont une incidence significative sur les libertés individuelles. Sur les 67 lois adoptées entre le 1er juillet 2021 et le 8 avril 2022, 45 avaient fait l’objet d’une procédure accélérée par le gouvernement. Comme déjà indiqué dans le rapport 2021 sur l’état de droit, cette procédure a été utilisée à plusieurs reprises pour les lois ayant une incidence importante sur les libertés individuelles, telles que la loi relative à la prévention d'actes de terrorisme et au renseignement, la loi pour la confiance dans l’institution judiciaire
, la loi relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure et la loi renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire. S’agissant de cette dernière, l’assemblée générale du Conseil national des barreaux a émis une résolution désapprouvant le recours à la procédure accélérée, qui empêche un véritable débat et un véritable contrôle parlementaire, pour adopter une loi portant atteinte aux libertés fondamentales, en l’absence d’un danger imminent. La commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a réitéré sa désapprobation quant au recours fréquent à cette procédure en dehors des situations d’urgence stricte et dans des domaines ayant une incidence directe sur les libertés publiques et les droits de l’homme, car elle restreint considérablement le débat parlementaire essentiel dans une démocratie.
Le régime d’urgence destiné à lutter contre la pandémie de COVID-19 a été étendu, le Conseil constitutionnel définissant les limites des pouvoirs exécutif et législatif. Le régime transitoire de sortie progressive de l’état d’urgence sanitaire, introduit par la loi du 31 mai 2021 jusqu’au 30 septembre 2021, a été initialement prorogé jusqu’au 15 novembre 2021, puis jusqu’au 31 juillet 2022. Le Conseil constitutionnel a examiné les deux lois avant leur promulgation, les a déclarées partiellement inconstitutionnelles et a formulé des conclusions importantes concernant l’étendue du contrôle juridictionnel de ces lois. En particulier, dans sa décision sur la loi du 5 août 2021, le Conseil constitutionnel a rejeté l’argument selon lequel les délais impartis au Parlement pour examiner et modifier le texte étaient trop courts, mais il a également relevé les limites de son pouvoir constitutionnel en matière de contrôle de l’opportunité d’adopter une loi introduisant un tel régime. Sur le fond, le Conseil constitutionnel a souligné que l’évaluation du législateur était corroborée par les avis d’un comité scientifique conformément aux exigences de la loi et que les mesures étaient assorties de garanties suffisantes, à l’exception de certaines dispositions jugées inconstitutionnelles. En ce qui concerne la loi du 10 novembre 2021, le Conseil constitutionnel a validé la prolongation du régime d’urgence jusqu’au 31 juillet 2022, rappelant les principes fondamentaux imposés au législateur et au pouvoir exécutif dans un tel contexte. Sur le fond, la possibilité pour les chefs d’établissement scolaires d’accéder aux données de santé des élèves et plusieurs autorisations gouvernementales d’émettre de nouvelles ordonnances ont été déclarées inconstitutionnelles. Dans son étude annuelle relative à 2021, consacrée à l’état d’urgence, le Conseil d’État a souligné que le recours prolongé à de tels régimes déstabilise l’équilibre institutionnel et les institutions démocratiques, et a formulé 15 propositions visant à mieux définir et organiser les états d’urgence.
Au 1er janvier 2022, 25 arrêts pilotes de la Cour européenne des droits de l’homme étaient en attente d’exécution en France
. À cette date, la proportion d’arrêts pilotes des 10 dernières années qui restaient en attente d’exécution en France était de 28 %, et les arrêts étaient en attente d’exécution depuis 2 ans et 11 mois en moyenne
. L’arrêt pilote le plus ancien, en attente d’exécution depuis 12 ans, concerne l’inaction des autorités dans l’exécution des mesures judiciaires d’expulsion concernant des terres occupées illégalement
. Au 1er juillet 2022, le nombre de jugements pilotes en attente d’exécution était descendu à 24.
Des autorités indépendantes ont exprimé des inquiétudes concernant l’incidence des lois adoptées pour gérer les situations de crise sur les libertés individuelles. Dans un avis du 20 juillet 2021, le Défenseur des droits s’est déclaré préoccupé par l’incidence potentielle des lois relatives à la gestion de la crise sanitaire sur les libertés individuelles, et plus particulièrement par les risques de discrimination et de violation des droits de l’enfant et des règles en matière de protection des données. En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, la Commission consultative des droits de l’homme (CNCDH) a critiqué l’inclusion en droit commun de mesures préventives faisant partie de la loi relative à l’état d’urgence. Initialement introduites en droit commun à titre expérimental, ces mesures ont été rendues permanentes par la loi relative à la prévention d'actes de terrorisme et au renseignement. Lors d’une audition avec des députés, la CNCDH a réitéré son inquiétude à l’égard de ces mesures, d’autant plus que leur incidence sur les droits de l’homme n’a pas encore fait l’objet d’une évaluation indépendante. En ce qui concerne la loi sur la sécurité globale, qui a suscité des préoccupations en ce qui concerne les libertés d’expression et d’information et la liberté de réunion pacifique, les autorités indépendantes ont souligné qu’il n’avait pas été possible d’évaluer son impact réel sur la société civile, dès lors qu’il n’y a pas eu de manifestations majeures ou d’autres événements de grande ampleur au cours desquels les mesures prévues auraient pu être mises en œuvre.
Une enquête pénale a été ouverte sur l’utilisation de logiciels espions de surveillance ciblant en particulier des journalistes. Il a été rapporté qu’un certain nombre de journalistes et de propriétaires d’entreprises de médias français et basés en France ont été visés par Pegasus et par des logiciels espions de surveillance équivalents
. Les 19 et 20 juillet 2021, respectivement, la société de médias Mediapart et l’ONG Reporters sans frontières (RSF) ont déposé des plaintes pénales auprès du parquet de Paris
, qui a ouvert une enquête sur des accusations d’atteinte à la vie privée, d’interception de correspondance, d’accès frauduleux à un système informatique et d’association criminelle.
La loi confortant le respect des principes de la République, qui complète le règlement sur les activités de financement des associations, est entrée en vigueur et un certain nombre de parties prenantes ont exprimé des craintes quant à son incidence potentielle sur l’espace dévolu à la société civile. En vertu de cette loi, les associations ou fondations sollicitant des subventions publiques doivent souscrire et respecter un «contrat d’engagement républicain», sous peine de retrait des subventions allouées. Le respect du «contrat» devient également une condition pour qu’une association soit reconnue comme ayant une utilité publique. En outre, la loi étend la liste des motifs de dissolution des associations par décret du président de la République. Le Conseil constitutionnel a condamné une disposition autorisant la suspension provisoire d’une association. En ce qui concerne le financement des associations, en particulier des associations à caractère religieux, la loi prévoit qu’il fera l’objet d’un suivi plus étroit. La loi confortant le respect des principes de la République a également modifié les conditions de création et de fonctionnement des associations religieuses, qui devront se déclarer au préfet tous les cinq ans, et a renforcé leurs obligations comptables. Avant l’adoption de la loi et après son entrée en vigueur, un certain nombre d’acteurs nationaux et internationaux, y compris des autorités indépendantes, ont exprimé des critiques quant à l’incidence potentielle des nouvelles dispositions sur la liberté d’association et la liberté d’expression. Plus particulièrement, la CNCDH a exprimé ses craintes selon lesquelles l’obligation de souscrire un «contrat d’engagement républicain» risque de créer un climat général de méfiance à l’égard des associations
. Dans l’ensemble, l’espace dévolu à la société civile en France a été jugé restreint
.
De nouvelles lois ont été adoptées pour améliorer l’environnement financier dans lequel évoluent les organisations de la société civile. La loi en faveur de l’engagement associatif atténue la responsabilité financière des dirigeants associatifs bénévoles en cas de faute de gestion, en étendant "l’exception de négligence" prévue pour les dirigeants d’entreprises. Auparavant, les biens personnels de ces dirigeants bénévoles pouvaient être saisis en cas de mauvaise gestion. En outre, une loi visant à améliorer la trésorerie des associations permet désormais de conserver, sous certaines conditions, l’excédent non dépensé d’une subvention de plus de 23 000 EUR. La nouvelle loi prévoit également que l’autorité publique est tenue de verser la subvention dans un délai de 60 jours à compter de la date de notification de la décision d’octroi, sauf si l’administration a fixé d’autres dates de paiement ou a subordonné le paiement à la survenance d’un événement déterminé. En outre, la loi permet aux associations d’intérêt général ou reconnues d’utilité publique d’accorder des prêts à taux zéro à d’autres associations qui sont membres de la même union ou fédération d’associations. Enfin, la loi a introduit la possibilité pour la Caisse des dépôts de verser une partie des sommes provenant des comptes d’associations qui ne sont plus en activité au profit du développement de la vie associative.
Annexe I: liste des sources par ordre alphabétique*
* La liste des contributions reçues dans le cadre de la consultation préalable à l’élaboration du rapport 2022 sur l’état de droit peut être consultée à l’adresse
https://ec.europa.eu/info/publications/2022-rule-law-report-targeted-stakeholder-consultation_en
.
Agence française anticorruption (AFA) (2021), Prévention des conflits d’intérêts dans l’entreprise (Les contrôles comptables anticorruption en entreprise)
https://www.agence-francaise-anticorruption.gouv.fr/files/2021-11/projet%20guide%20contr%C3%B4les%20comptables%20anticorruption%20en%20entreprise.pdf
.
Agence française anticorruption (AFA) (2022) «En quête d’intégrité», le jeu sérieux de sensibilisation à la prévention de la corruption
https://www.agence-francaise-anticorruption.gouv.fr/fr/decouvrez-en-quete-dintegrite-jeu-serieux-sensibilisation-prevention-corruption
Agence française anticorruption (AFA) (2022), La mise en place d’un dispositif de prévention des risques de corruption dans le secteur du bâtiment et des travaux publics
https://www.agence-francaise-anticorruption.gouv.fr/files/files/Guide_BTP_AFA_Web.pdf
.
Agence française anticorruption (AFA) (2022), Maitriser le risque d’atteinte à la probité au sein des associations et fondations reconnues d’utilité publique
https://www.agence-francaise-anticorruption.gouv.fr/files/files/GuideArupFrup_Web.pdf
.
Agence française anticorruption (AFA), Contribution de l’Agence française anticorruption au rapport 2022 sur l’état de droit.
Assemblée générale du Conseil national des barreaux (2021), Résolution du 17 septembre 2021
https://www.cnb.avocat.fr/sites/default/files/documents/cnb-mo_2021-09-17_secret-professionnel_boissavyadopte.pdf
.
Assemblée nationale (2021), Commission du droit, Rapport d’information n° 4325
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_lois/l15b4325_rapport-information.pdf
.
Assemblée nationale (2022), Code de déontologie des députés
https://www2.assemblee-nationale.fr/content/download/461868/4506828/version/1/file/code+de+d%C3%A9ontologie_actualis%C3%A9+suite+bureau+21022022.pdf
Banque mondiale (2022), Communiqué de presse, World Bank Group Debars ADP International S.A. (Groupe de la Banque mondiale ADP International S.A.)
https://www.worldbank.org/en/news/press-release/2022/01/04/world-bank-group-debars-adp-international-s-a
.
Banque mondiale (2022), Communiqué de presse, World Bank Group sanctions Bouygues Bâtiment International (Sanctions du groupe de la banque mondiale contre Bouygues Bâtiment International)
https://www.worldbank.org/en/news/press-release/2022/01/04/world-bank-group-sanctions-bouygues-b-timent-international
.
Centre pour le pluralisme et la liberté des médias, Media pluralism monitor 2022, rapport sur la France.
Civicus, Monitor tracking civic space (outil de surveillance de l’espace civique), France,
https://monitor.civicus.org/country/france/
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Civil Liberties Union for Europe, Contribution au rapport 2022 sur l’état de droit.
Commission européenne (2020), Rapport 2020 sur l’état de droit – Chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France.
Commission européenne (2021), Rapport 2021 sur l’état de droit – Chapitre consacré à la situation de l’état de droit En France.
Commission européenne (2022), Tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE.
Commission nationale consultative des droits de l’homme (2022), Contribution de la commission nationale consultative des droits de l’homme au rapport 2022 sur l’état de droit.
Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) (2022), Contribution de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) au rapport 2022 sur l’état de droit.
Conférence nationale des présidents de tribunaux judiciaires (2022), Communiqué de presse du 16 février 2022
https://www.cnptj.fr/abo/cnptj/media_pdf/communique_cnptj_referentiel_national_16_fevrier_2022.pdf
.
Conférence nationale des procureurs (2021), Dix propositions pour le devenir de la justice pénale
https://twitter.com/conf_nat_procs/status/1479062944940011520
Conseil d’État (2021), Étude annuelle 2021: Les états d’urgence: la démocratie sous contraintes, 8 juillet 2021
https://www.conseil-etat.fr/Media/actualites/documents/2021/09-septembre/ea21_etat-d-urgence.pdf
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Conseil de l’Europe, Plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes – Belgique,
https://fom.coe.int/fr/pays/detail/11709510
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Conseil de l’Europe: Comité des ministres (2010), Recommandation CM/Rec(2010)12 du Comité des ministres aux États membres sur les juges: indépendance, efficacité et responsabilités.
Conseil de l’Union européenne, Annexe de la décision d’exécution du Conseil relative à l’approbation de l’évaluation du plan pour la reprise et la résilience pour la France.
Conseil des barreaux européens (CCBE), Déclaration sur l’utilisation du logiciel Pegasus, 1er février 2022
https://www.ccbe.eu/fileadmin/speciality_distribution/public/documents/SURVEILLANCE/SVL_Statements/FR_SVL_20220201_CCBE-Statement-on-the-Pegasus-Scandal.pdf
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Conseil national des barreaux (2022), Résolution du 14 janvier 2022
https://www.cnb.avocat.fr/sites/default/files/documents/04.cnb-re_2022-01-14_ldh-txt_pjl-outils-gestion-crise-sanitaire-modifiant-code-sante-publique_fau-roquesfinal-p.pdf
Conseil supérieur de la magistrature (2021), Avis au président de la République Saisine du 17 février 2021
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Conseil supérieur de la magistrature (2021), Contribution écrite de la Commission aux États généraux de la justice
http://prod.conseil-superieur-magistrature.fr/sites/default/files/atoms/files/csm_egj_2022.pdf
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Conseil supérieur de la magistrature (CSM) (2022), Contribution du Conseil supérieur de la magistrature au rapport 2022 sur l’état de droit.
Conseil supérieur de la magistrature, Avis du 24 septembre 2021 sur la responsabilité et la protection des magistrats
http://www.conseil-superieur-magistrature.fr/sites/default/files/atoms/files/avis_pr_vd_internet_0.pdf
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Cour des comptes (2021), Communication à la commission des finances du Sénat, «Améliorer le fonctionnement de la justice – Point d’étape du plan de transformation numérique du ministère de la justice»
http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/commission/finances/Controle/58-2/Plan_de_transformation_numerique_de_la_justice.pdf
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Cour européenne des droits de l’homme, arrêt du 21 janvier 2010, Barret et Sirjean/France, 13829/03.
Décision du Conseil Constitutionnel n° 2021-828 DC du 9 novembre 2021.
Décision du Conseil Constitutionnel n° 2021-927 QPC du 14 septembre 2021.
Défenseur des droits (2021), Avis du 20 juillet 2021
https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=20864
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Défenseur des droits (2022), Contribution de l’Association européenne des magistrats au rapport 2022 sur l’état de droit.
Direction générale de la communication (2019), Eurobaromètre Flash 482 sur les entreprises et la corruption dans l’UE.
Direction générale de la communication (2020), Eurobaromètre spécial 502 sur la corruption.
Direction générale de la communication (2022), Eurobaromètre Flash 507 sur les entreprises et la corruption dans l’UE.
Direction générale de la communication (2022), Eurobaromètre spécial 523 sur la corruption.
European Implementation Network (2022), Contribution du European Implementation Network au rapport 2022 sur l’état de droit.
Forum civique européen (2022), Contribution du Forum civique européen au rapport 2022 sur l’état de droit.
Gouvernement français (2021), Communiqué de presse du 15 septembre 2021, «Remise du rapport d’enquête administrative concernant Édouard Levrault»
https://www.gouvernement.fr/communique/12445-remise-du-rapport-d-enquete-administrative-concernant-edouard-levrault
.
Gouvernement français (2021), Communiqué de presse du 17 avril 2021, «Saisine du Conseil supérieur de la magistrature»
https://www.gouvernement.fr/communique/12235-saisine-du-conseil-superieur-de-la-magistrature
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Gouvernement français (2022), Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit.
GRECO (2022), Cinquième cycle d’évaluation – Rapport de conformité concernant la France sur le thème «Prévention de la corruption et promotion de l’intégrité au sein des gouvernements centraux (hautes fonctions de l’exécutif) et des services répressifs.
GRECO (2022), Quatrième cycle d’évaluation – Addendum au deuxième rapport de conformité concernant la France sur la prévention de la corruption des parlementaires, des juges et des procureurs.
Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) (2022), Contribution écrite de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) dans le cadre de la visite dans le pays.
L’Opinion (2022), Dupond-Moretti à la Cour de justice de la République: «Tout démontre votre détermination à me salir»
https://www.lopinion.fr/politique/dupond-moretti-a-la-cour-de-justice-de-la-republique-tout-demontre-votre-determination-a-me-salir
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Le Figaro (2021), «Affaire Pegasus: le parquet de Paris ouvre une enquête sur l’espionnage de journalistes»
https://www.lefigaro.fr/flash-eco/affaire-pegasus-enquete-ouverte-a-paris-sur-l-espionnage-de-journalistes-parquet-20210720
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Le Monde (2021), «L’appel de 3000 magistrats et d’une centaine de greffiers»
https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/23/l-appel-de-3-000-magistrats-et-d-une-centaine-de-greffiers-nous-ne-voulons-plus-d-une-justice-qui-n-ecoute-pas-et-qui-chronometre-tout_6103309_3232.html
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Ligue des droits de l’homme (2022), Contribution au rapport 2022 sur l’état de droit au nom du Forum civique européen
https://civicspacewatch.eu/wp-content/uploads/2022/01/France-Lay-out-done-highlights.pdf
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Ministère français de la justice (2022), Contribution du ministère de la justice dans le cadre de la visite dans le pays.
OCDE (2021), Mise en œuvre de la convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption, rapport de suivi de la phase 4, France
https://www.oecd.org/daf/anti-bribery/France-Phase-4-Report-EN.pdf
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Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) (2022), Contribution de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales au rapport 2022 sur l’état de droit.
Parquet national financier (2021), Rapport annuel 2021
https://www.tribunal-de-paris.justice.fr/sites/default/files/2022-01/PNF-brochure_A5-2021%5B2%5D.pdf
Parquet national financier (2022), Contribution du Parquet national financier au rapport 2022 sur l’état de droit.
Premier président de la Cour de cassation (2022), Communiqué de presse du 4 mars 2022
https://www.courdecassation.fr/toutes-les-actualites/2022/03/04/communique-de-madame-chantal-arens-premiere-presidente-de-la-cour
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Présidence de la République (2021), Communiqué de presse du 18 octobre 2021
https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2021/10/18/etats-generaux-justice
Protocole de coopération signé en février 2022 entre la Commission interministérielle de coordination des contrôles (CICC) et l’Agence française anticorruption relatif à la mise en œuvre de la facilité pour la relance et la résilience (FRR), volet européen du plan de relance
https://www.agence-francaise-anticorruption.gouv.fr/fr/securisation-des-modalites-daudit-dans-cadre-facilite-pour-reprise-et-resilience
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Reporters sans frontières — France
https://rsf.org/fr/pays/france
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Reporters sans frontières (2022), Communiqué de presse du 5 août 2021, «NSO/Pegasus: 17 journalistes de 7 pays se joignent aux plaintes déposées par RSF à l’ONU et devant la justice française»
https://rsf.org/fr/nsopegasus-17-journalistes-de-7-pays-se-joignent-aux-plaintes-deposees-par-rsf-lonu-et-devant-la
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Reporters sans frontières (2022), Présidentielle 2022: dix propositions de RSF pour la liberté et l’indépendance du journalisme
https://rsf.org/fr/presidentielle-2022-dix-propositions-de-rsf-pour-la-liberte-et-lindependance-du-journalisme
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Réseau européen des institutions nationales des droits de l’homme (2022), Contribution du Réseau européen des institutions nationales des droits de l’homme au rapport 2022 sur l’état de droit.
Sénat, Ordonnance n° 58-1100
http://www.senat.fr/role/comite_deontologie.html
Sénat: commission d’enquête relative à la concentration des médias en France (2022), Rapport final
http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/commission/affaires_culturelles/CEmedias/ESSENTIEL_cemedias.pdf
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Transparency International (2022), Indice de perception de la corruption 2021.
Annexe II: Mission en France
Les services de la Commission ont tenu des réunions virtuelles en mars 2022 avec:
·France Télévisions
·l’Agence française anticorruption
·l’Agence France Presse
·l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM)
·l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales
·l’Union syndicale des magistrats
·la Commission nationale consultative des droits de l’Homme
·la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques
·la délégation des barreaux de France
·la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique
·le commissaire à l’éthique et à la déontologie de l’Assemblée nationale
·le Conseil d’État
·le Conseil de déontologie journalistique et de médiation
·le Conseil national des barreaux
·le Conseil supérieur de la magistrature
·le défenseur des droits
·le Ministère de la culture
·le Ministère de la justice
·le Parquet national financier
·le syndicat de la Magistrature
·le Syndicat national des journalistes
·Radio France
·Reporters sans frontières
* La Commission a également rencontré les organisations suivantes lors de plusieurs réunions horizontales:
·Amnesty international
·Article 19
·Civil Society Europe
·European Partnership for Democracy
·Free Press Unlimited
·Human Rights Watch
·ILGA Europe
·International Press Institute
·l’Observatoire des Balkans et du Caucase - Transeuropa
·l’Open Society European Policy Institute
·l’Union des libertés civiles pour l’Europe
·la Fédération européenne des journalistes
·la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH)
·le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias
·le Forum civique européen
·le Forum européen de la jeunesse
·Philea
·Reporters sans frontières
·Transparency International UE