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Document 52012XG1219(01)

    Conclusions du Conseil du 26 novembre 2012 sur la littératie (maîtrise de la lecture et de l'écriture)

    JO C 393 du 19.12.2012, p. 1–4 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, GA, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

    19.12.2012   

    FR

    Journal officiel de l'Union européenne

    C 393/1


    Conclusions du Conseil du 26 novembre 2012 sur la littératie (maîtrise de la lecture et de l'écriture)

    2012/C 393/01

    LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE,

    VU:

    1.

    les conclusions du Conseil du 12 mai 2009 concernant un cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l'éducation et de la formation («Éducation et formation 2020») (1), dont l'un des objectifs est de réduire à 15 %, d'ici à 2020, la proportion des personnes ayant une maîtrise insuffisante des compétences de base (lecture, écriture, mathématiques et sciences),

    2.

    la résolution du Conseil du 20 décembre 2011 sur un agenda européen renouvelé dans le domaine de l'éducation et de la formation des adultes (2), qui vise à améliorer le niveau des aptitudes des adultes en matière de lecture, d'écriture et de calcul et à élargir les possibilités d'apprentissage offertes aux Européens peu qualifiés,

    ET RAPPELANT NOTAMMENT:

    les conclusions du Conseil du 19 novembre 2010 concernant le relèvement du niveau des compétences de base dans le cadre de la coopération européenne pour l'école du XXIe siècle (3), qui ont confirmé la volonté des États membres, dans le cadre de leurs efforts de réforme, de se pencher sur la conception des programmes et sur la promotion de la lecture et de l'écriture dans toutes les matières des programmes, à tous les niveaux d'enseignement; de stimuler l'intérêt pour la lecture, en particulier chez les garçons; d'analyser l'influence des nouvelles technologies sur la lecture chez les enfants afin d'exploiter le potentiel de ces technologies pour développer de nouvelles formes d'apprentissage; d'apporter davantage de soutien aux lecteurs en difficulté et aux élèves issus de l'immigration; de renforcer la formation des enseignants en ce qui concerne l'acquisition de la lecture et de mettre l'accent sur la culture de l'école.

    DÉFINISSANT:

    la littératie comme la maîtrise, à un niveau de base, un niveau fonctionnel ou un niveau multiple, des compétences de lecture et d'écriture permettant de comprendre, d'utiliser et d'apprécier de manière critique différents types d'informations, notamment des textes écrits, imprimés, sous format électronique et des images (4).

    SALUANT:

    le rapport du groupe d'experts à haut niveau de l'UE sur la lutte contre l'illettrisme (5), qui présente les principales données concernant les degrés d'alphabétisation dans l'UE et invite à prendre des mesures pour améliorer les niveaux de littératie dans toute l'Union.

    AU VU DE:

    la conférence organisée par la présidence, les 5 et 6 septembre 2012, à Nicosie, sur le thème «La littératie pour tous», au cours de laquelle les conclusions du rapport du groupe à haut niveau ont été présentées pour la première fois,

    et de la rencontre ministérielle informelle qui s'est tenue à Nicosie, les 4 et 5 octobre 2012, durant laquelle les ministres de l'éducation de l'UE ont débattu de cette problématique.

    PRENANT NOTE DES ÉLÉMENTS CI-APRÈS:

    1.

    la littératie est essentielle dans la vie, dans la mesure où elle donne à l'individu les moyens de développer des capacités de réflexion et d'expression orale ainsi qu'un esprit critique et de faire preuve d'empathie, stimulant ainsi le développement personnel, la confiance en soi, le sentiment d'identité et favorisant la pleine participation à l'économie et à la société numériques et de la connaissance;

    2.

    la faiblesse des niveaux de littératie freine la croissance économique et la rend moins durable. La réalisation de l'objectif de l'UE consistant à réduire à moins de 15 % la proportion des jeunes de quinze ans ayant une maîtrise insuffisante de la lecture peut représenter un avantage économique considérable pour les États membres;

    3.

    dans la plupart des pays européens, les niveaux de littératie n'évoluent pas, et au moins 1,1 million de jeunes de quinze ans (soit un sur cinq) ont à cet égard des niveaux insuffisants (6);

    4.

    savoir lire et écrire ouvre la voie à tous les autres apprentissages. Relever les faibles niveaux de maîtrise de ces compétences est un moyen efficace pour s'attaquer aux causes profondes du décrochage scolaire, du chômage et d'une participation limitée des personnes peu qualifiées à la formation tout au long de la vie;

    5.

    la numérisation croissante suppose des exigences toujours plus élevées en matière de littératie, et notamment l'aptitude à porter un jugement critique sur les textes, à traiter de multiples formes de textes, à décoder des images et à faire la comparaison et la synthèse de segments d'information disparates. En outre, les réseaux de médias sociaux ont accru l'importance et la visibilité des compétences d'écriture;

    6.

    on observe, dans tous les pays européens, un écart considérable en termes de résultats d'apprentissage entre élèves favorisés et élèves défavorisés sur le plan socio-économique. Dans de nombreux pays de l'UE, les élèves qui se situent dans le quartile inférieur en termes de statut social ont plus de deux, voire trois ans de retard par rapport aux étudiants du quartile supérieur, tandis que dans un petit nombre de pays, les étudiants défavorisés ont tendance à être considérés comme des illettrés fonctionnels dès l'âge de quinze ans;

    7.

    on observe un écart important et de plus en plus grand, de l'ordre d'un an environ, entre les compétences en lecture des garçons et celles des filles, mesurées à l'âge de quinze ans, dont la cause essentielle est à chercher dans la motivation;

    8.

    dans le domaine de l'enseignement et de la formation professionnels, le soutien apporté est dans certains cas insuffisant pour améliorer les compétences de base et prendre conscience de l'importance du lien qui existe entre ces compétences et les compétences professionnelles.

    CONVIENT QUE:

    1.

    La littératie n'est pas uniquement une question d'enseignement; c'est aussi une question personnelle, économique, culturelle et sociale. De ce fait, et afin de susciter une prise de conscience générale, toute une série d'acteurs de la société – parmi lesquels les entreprises, les médias, les ONG, les partenaires sociaux, les professionnels de l'apprentissage non formel, les institutions culturelles, ainsi que les services sociaux, pour l'emploi et de santé au niveau local – doivent être associés aux initiatives visant à relever les niveaux de maîtrise des compétences de base.

    2.

    Pour créer une culture de l'écrit dans le but de promouvoir la lecture et d'améliorer la maîtrise de la lecture et de l'écriture, il faut rendre plus accessibles divers matériels de lecture, dans les écoles, les bibliothèques ou les médiathèques, mais aussi dans des lieux plus inhabituels, ainsi qu'à la maison, et offrir davantage de soutien aux familles, dès le plus jeune âge des enfants. Il faut sensibiliser les parents à cette problématique et au rôle essentiel qu'ils peuvent jouer pour améliorer la littératie de leurs enfants, en encourageant leur intérêt pour la lecture et leur volonté de lire, tant pendant la petite enfance que durant toute leur scolarité.

    3.

    Il est urgent de renforcer l'efficacité des mesures prises dans les États membres et au niveau de l'UE dans le but d'améliorer la littératie chez les enfants et les adultes, en particulier ceux issus de milieux socio-économiques défavorisés. On dispose d'éléments démontrant que les programmes d'alphabétisation familiaux présentent un bon rapport coût/efficacité et qu'ils donnent de très bons résultats.

    4.

    Pour réduire les écarts socio-économiques et donner aux jeunes enfants une base solide pour l'avenir, il est essentiel de pouvoir participer à des services d'éducation et d'accueil des jeunes enfants gérés par du personnel qualifié, qui soient de grande qualité et assurent un développement et une stimulation ludiques du langage.

    5.

    Le personnel des services d'éducation et d'accueil des jeunes enfants et les enseignants du primaire devraient posséder les compétences nécessaires pour détecter les troubles du langage et de l'apprentissage et y remédier à un stade précoce.

    6.

    Les compétences pédagogiques des enseignants du primaire pour l'enseignement de la lecture et de l'écriture, pour l'utilisation des TIC à des fins pédagogiques, par exemple, doivent au besoin être renforcées. En outre, en soutenant les enseignants du secondaire pour qu'ils donnent une place à la lecture et à l'écriture dans toutes les matières et en favorisant, le cas échéant, l'accès de tous les enseignants à des avis d'experts, on contribuera à consolider les acquis et à réaliser de nouveaux progrès.

    7.

    Les systèmes éducatifs n'ont pas encore tiré pleinement parti de l'apport des nouvelles technologies pour la littératie. Le fait de repenser les matériels et les méthodes d'apprentissage en tenant compte de la numérisation croissante et de soutenir les enseignants qui utilisent de nouvelles formes de pédagogie peut renforcer la motivation des apprenants.

    8.

    Il faudrait encourager l'évaluation des compétences langagières, en lecture et en écriture des enfants et des adultes immigrés primo-arrivants dans la ou les langues du pays de résidence, et fournir un soutien plus personnalisé à ces groupes. Un soutien dans la langue d'origine pourrait également être fourni, s'il est jugé nécessaire, et pour autant que les ressources le permettent.

    9.

    Un programme d'études plus cohérent en matière de littératie, qui inscrive notamment la lecture et l'écriture dans toutes les matières enseignées et qui prévoie l'élaboration d'un programme de lutte contre l'illettrisme pour les adultes, devrait être assorti de normes et d'outils d'évaluation distincts en fonction de l'âge ainsi que d'un dispositif efficace d'assurance de la qualité.

    10.

    Observer les niveaux de compétences dans la population adulte et faire participer les entreprises, les médias, les ONG, les partenaires sociaux, les institutions culturelles, ainsi que les services sociaux, pour l'emploi et de santé au niveau local devrait constituer la base des stratégies visant à sensibiliser davantage la société dans son ensemble aux problèmes liés à l'illettrisme.

    11.

    Si l'on veut proposer aux adultes des solutions diversifiées et de meilleure qualité pour sortir de l'illettrisme, il faut que les personnes qui leur apprennent à lire et à écrire reçoivent une formation pédagogique adaptée, que les programmes soient en lien étroit avec les compétences nécessaires pour travailler et qu'ils soient assortis de supports adéquats, que la durée et l'intensité des cours soient appropriées, qu'un soutien informatique et des méthodes d'évaluation soient prévus.

    INVITE DÈS LORS LES ÉTATS MEMBRES:

    1.

    à constituer un ensemble de données concrètes disponibles en procédant à un suivi et une collecte de données, en utilisant au mieux les ressources disponibles, telles que les études PISA et PIAAC;

    2.

    à élaborer des approches visant à améliorer la littératie, qui regroupent les contributions spécifiques de l'ensemble des acteurs, organisations et autorités concernés, dans le domaine de l'éducation ou non, pour les intégrer dans des stratégies plus globales en matière de compétences; et, le cas échéant, à renforcer la coopération dans le cadre des initiatives en matière de littératie entre les autorités locales, régionales et nationales, les partenaires sociaux et les représentants des enseignants, des parents et des apprenants adultes;

    3.

    à encourager l'adoption de mesures diversifiées de sensibilisation de manière que la population ne perde pas de vue la question de l'illettrisme et pour briser le tabou d'une maîtrise insuffisante de la lecture et de l'écriture à tous les âges. Les employeurs pourraient notamment être davantage sensibilisés aux avantages que représente, en termes économiques et de motivation, le renforcement des compétences de leurs employés pour la lecture et l'écriture, et être encouragés à agir en conséquence;

    4.

    à promouvoir l'élaboration et la mise en œuvre de programmes d'alphabétisation familiaux, notamment dans le cas des familles défavorisées sur le plan socio-économique, afin d'aider les parents et d'autres membres de la famille à améliorer leur propre maîtrise de la lecture et de l'écriture et celle de leurs enfants;

    5.

    à promouvoir un accès équitable et généralisé à des services d'éducation et d'accueil des jeunes enfants qui soient de grande qualité, car il s'agit d'un facteur essentiel pour réduire les écarts socio-économiques;

    6.

    à procéder à un examen périodique des supports et des méthodes d'apprentissage en tenant compte de la numérisation croissante, afin de renforcer la motivation des apprenants, et à recourir davantage à des ressources d'apprentissage non formelles; à promouvoir le développement de logiciels pour les écoles dans le but d'aider les enseignants à concevoir de nouvelles approches pour améliorer la littératie;

    7.

    à encourager la définition d'orientations claires concernant les compétences que les enseignants doivent avoir pour enseigner la lecture et l'écriture, aussi bien dans les écoles qu'à des apprenants adultes, en favorisant le recours à des approches personnalisées en matière d'enseignement, pour répondre à des besoins spécifiques;

    8.

    à sensibiliser davantage les enseignants et à veiller à ce qu'ils connaissent les fondements théoriques de l'apprentissage et de l'enseignement de la lecture et de l'écriture afin qu'ils soient en mesure de repérer les difficultés de leurs élèves à ce niveau et d'y remédier; et à promouvoir l'accès aux avis d'experts et, le cas échéant, le soutien d'enseignants spécialisés.

    INVITE LES ÉTATS MEMBRES ET LA COMMISSION:

    1.

    à rendre compte des actions qu'ils ont entreprises pour augmenter les niveaux de littératie à tous les âges et, dans la mesure du possible, des effets de ces actions, dans le prochain rapport conjoint du Conseil et de la Commission sur la mise en œuvre du cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l'éducation et de la formation («ET 2020») qui paraîtra en 2015;

    2.

    à tirer parti de toutes les actions pertinentes prévues par le programme pour l'éducation et la formation tout au long de la vie et par le futur programme de l'UE pour l'éducation et la formation, ainsi que des ressources du Fonds social européen pour encourager et diffuser des approches innovantes visant à améliorer les résultats en matière de littératie au sein de l'UE et à étayer les données disponibles en vue de l'élaboration des futures politiques. Sans préjuger le résultat des négociations sur le prochain cadre financier pluriannuel, à soutenir, dans le cadre du prochain programme de l'UE pour l'éducation et la formation, des actions plus stratégiques et transsectorielles en matière de littératie afin de stimuler l'innovation et d'améliorer l'efficacité des mesures;

    3.

    à s'assurer, le cas échéant, que la problématique de la littératie est suffisamment prise en compte dans le processus «Europe 2020».

    INVITE LA COMMISSION:

    1.

    à soutenir la coopération européenne sur les questions relatives à la littératie, en particulier par la mise en place d'un réseau européen d'organisations œuvrant dans ce domaine dans les différents États membres, afin de promouvoir la coopération transnationale et de soutenir l'élaboration de politiques nationales en la matière; et à organiser, en collaboration avec les États membres intéressés, une semaine sur le thème «L'Europe aime lire», dans le but de sensibiliser le public, dans toute l'Union, à la problématique de la littératie;

    2.

    à présenter, en 2013, un rapport sur la coopération en matière de compétences de base indiquant les mesures efficaces pour réduire la proportion de personnes possédant une maîtrise insuffisante de la lecture, de l'écriture, des mathématiques et des sciences dans l'ensemble des apprentissages tout au long de la vie et insistant sur les aptitudes et compétences en lecture et en écriture;

    3.

    à s'assurer que les initiatives qu'elle propose concernant les TIC dans le domaine de l'éducation, et dans celui de la jeunesse, correspondent véritablement aux défis et aux possibilités liés au numérique et aux nouvelles technologies en matière de littératie;

    4.

    à faciliter l'identification, l'analyse et le partage des bonnes pratiques en matière d'initiatives visant à améliorer la maîtrise de la lecture et de l'écriture par tous les moyens appropriés, y compris les instruments mis à disposition au titre de la méthode ouverte de coordination et la nouvelle page du site internet «Europa» consacrée à la littératie;

    5.

    à utiliser le moniteur périodique de l'éducation et de la formation pour diffuser des données et une analyse comparatives sur les progrès réalisés en vue d'atteindre le critère de référence fixé dans le cadre stratégique «Éducation et formation 2020» en matière de compétences de base et pour étayer les données disponibles en vue d'élaborer des politiques en matière de littératie;

    6.

    à utiliser le nouveau cadre de coopération avec l'OCDE (7) dans le domaine de l'éducation afin d'améliorer l'accès aux suivis nationaux et aux données recueillies.


    (1)  JO C 119 du 28.5.2009, p. 2.

    (2)  JO C 372 du 20.12.2011, p. 1.

    (3)  JO C 323 du 30.11.2010, p. 11.

    (4)  Littératie de base: connaître les lettres et les mots et savoir comment les textes sont structurés afin de pouvoir lire et écrire à un niveau qui permette d'acquérir la confiance en soi et la motivation nécessaires pour poursuivre l'apprentissage.

    Littératie fonctionnelle: savoir lire et écrire à un niveau qui permette de s'épanouir et de bien fonctionner dans la société, à la maison, à l'école et au travail.

    Littératie multiple: savoir utiliser ses compétences en lecture et en écriture pour produire, comprendre, interpréter et apprécier de manière critique des informations écrites. L'alphabétisation multiple est une base indispensable pour pouvoir participer au monde numérique et faire des choix avisés en matière de finance, de santé, etc.

    (5)  http://ec.europa.eu/education/literacy/what-eu/high-level-group/documents/literacy-final-report_en.pdf

    (6)  Aux fins du présent texte, on entend par «niveaux de littératie insuffisants» des compétences en lecture de niveau 1 ou inférieur selon l'étude PISA, ce qui correspond à la capacité d'utiliser les compétences de lecture les plus basiques, telles que le fait de décoder des mots et de rédiger des phrases simples. À ce niveau, les élèves ne sont pas capables de comparer, de mettre en opposition, de classer par catégories, d'intégrer ou d'évaluer des informations, de traiter des textes longs, complexes, contradictoires ou qu'ils ne connaissent pas, de tirer des conclusions, de faire des hypothèses ou d'avoir une approche critique à l'égard d'un texte.

    (7)  Il y a lieu de garantir la participation de tous les États membres aux travaux de cette organisation.


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