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Document 52012DC0411
REPORT FROM THE COMMISSION TO THE EUROPEAN PARLIAMENT AND THE COUNCIL On Progress in Bulgaria under the Cooperation and Verification Mechanism
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN ET AU CONSEIL sur les progrès en Bulgarie dans le cadre du mécanisme de coopération et de vérification
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN ET AU CONSEIL sur les progrès en Bulgarie dans le cadre du mécanisme de coopération et de vérification
/* COM/2012/0411 final */
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN ET AU CONSEIL sur les progrès en Bulgarie dans le cadre du mécanisme de coopération et de vérification /* COM/2012/0411 final */
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU
CONSEIL sur les progrès réalisés par la Bulgarie au titre du
mécanisme de coopération et de vérification I. Le mécanisme de coopération et de vérification:
soutien à la Bulgarie en matière de réforme de la justice et de lutte contre la
corruption et la criminalité organisée Dans le cadre des préparatifs d'adhésion de la Bulgarie à
l'UE en 2007, il avait été convenu qu’il serait nécessaire de poursuivre les
efforts dans des domaines fondamentaux, afin de combler certaines lacunes en
matière de réforme du système judiciaire et de lutte contre la corruption et la
criminalité organisée. Un cadre avait donc été créé pour soutenir la Bulgarie
et suivre les progrès réalisés dans ces domaines: le mécanisme de coopération
et de vérification (MCV)[1].
Les six objectifs de référence définis couvrent l'indépendance et la
responsabilisation du système judiciaire ainsi que sa transparence et son
efficacité; les poursuites en matière de corruption de haut niveau et de corruption
dans l’ensemble du secteur public; et la lutte contre la criminalité organisée.
La décision prévoyait l'établissement de rapports réguliers par la Commission
et la poursuite du mécanisme tant que ses objectifs n'auraient pas été remplis
et les six objectifs de référence atteints[2].
Cinq ans plus tard, le présent rapport évalue si les
objectifs du MCV ont ou non été atteints. Cette évaluation est le fruit de
l’analyse figurant dans le rapport technique accompagnant le présent rapport.
Elle dresse le bilan des réalisations à ce jour et fait le point sur le chemin
qu'il reste à parcourir. Elle se penche sur les travaux réalisés au cours des
cinq dernières années, la législation et les instruments qui ont été mis en
place et les résultats qui s’en sont suivis. Au cours de cette période, il y a
eu des moments où les progrès se sont accélérés et d’autres où des reculs ont
été enregistrés. La coopération a été active à certaines occasions tandis qu’à
d'autres, le MCV a été mal perçu et a fait l’objet d’une résistance. D’une
manière générale, la Commission est convaincue que le MCV a largement contribué
à la réforme en Bulgarie. Le présent rapport examine en particulier le
caractère durable et irréversible du processus de réforme, notamment la
question de savoir si l'appropriation par le pays est suffisamment solide pour
permettre de garder le cap des réformes. De nos jours, les composantes de l'Union européenne sont
fortement interdépendantes. L'État de droit constitue l'une des valeurs
fondamentales de l'UE et il suscite un vif intérêt commun, à l'image de celui
de la population bulgare pour ces questions[3].
Un sondage Eurobaromètre a montré que 96 % des Bulgares considéraient que
la corruption et la criminalité organisée étaient des problèmes importants pour
leur pays, 92 % d'entre eux ayant une réponse similaire en ce qui concerne
les carences de leur système judiciaire. Le même sondage a aussi montré que
76 % des Bulgares estimaient que l’UE devrait contribuer à résoudre ces
problèmes[4]. Le MCV n'attend pas de la Bulgarie qu'elle obtienne de
meilleurs résultats que ce qui se fait dans les autres États membres. Son but
est d'aider le pays à parvenir à des résultats comparables à ceux des autres
États membres, un objectif qui a les faveurs de 78 % des Bulgares[5].
Pour évaluer les progrès accomplis par la Bulgarie depuis l'adhésion, la
situation dans d'autres États membres est un facteur important. La Commission a
recours, dans le présent rapport, à des points de référence et à des
indicateurs de comparaison, pour autant qu'ils soient disponibles[6].
Pour comparer les progrès réalisés par la Bulgarie à la situation dans d'autres
États membres, la Commission a également fait appel à des experts de haut
niveau représentant des professions clés s’occupant de ces questions[7]. Depuis 2007, près de 41 millions d'EUR, prélevés sur le
budget de l'UE, ont été consacrés au soutien de la réforme judiciaire en
Bulgarie par le biais des Fonds structurels. À la fin du premier semestre 2012,
25 projets pour un montant de 13,6 millions d’EUR avaient été approuvés
dans les domaines de la formation, du développement des ressources humaines, du
renforcement des capacités et de l'assistance technique. Dans le même temps,
plusieurs États membres ont soutenu la Bulgarie dans le cadre de projets
bilatéraux dans tous les domaines de la réforme de la justice, notamment la
réorganisation de la police et la lutte contre la corruption et la criminalité
organisée[8]. II. Analyse des progrès réalisés dans le cadre du MCV
2007-2012 L’évaluation
globale par la Commission, dans le cadre du MCV, des progrès accomplis depuis
l'adhésion de la Bulgarie montre que des avancées importantes ont été réalisées
en ce qui concerne le cadre législatif de base. À des moments clés, le
gouvernement bulgare a fait preuve d'une ferme volonté politique de parvenir à
une réforme profonde et durable. Le défi consiste à présent à combler certaines
lacunes stratégiques essentielles et à veiller à une mise en œuvre efficace. Au
sein de la société bulgare, la volonté de procéder aux réformes contrôlées par
le MCV a été variable. Une mise en œuvre plus cohérente est nécessaire pour
coordonner les actions disparates. Cette gestion plus méthodique des réformes
constituerait le meilleur indicateur du caractère durable et irréversible du
processus. Depuis 2007, la Bulgarie s’est engagée dans plusieurs
réformes constitutionnelles et juridiques majeures. Bien qu'incomplètes, ces
réformes ont contribué à la mise en place de structures importantes et parfois
innovantes, visant en particulier à encourager une approche spécialisée des
problèmes rencontrés. Des institutions clés telles que le Conseil supérieur de
la magistrature et son Inspection sont entrées en fonction. De gros
investissements ont été consacrés aux structures de lutte contre la criminalité
organisée, ce qui a donné lieu à la création d’organismes spécialisés au niveau
de l’appareil judiciaire et de la police. En outre, des mesures importantes ont
été prises pour améliorer le cadre juridique relatif à la confiscation des avoirs
et à une coopération fructueuse avec d’autres États membres. Les potentialités offertes par ce cadre n'ont toutefois pas
encore été pleinement utilisées. Le Conseil supérieur de la magistrature a été
doté de pouvoirs étendus pour gérer et diriger l'appareil judiciaire. Ces
pouvoirs n’ont pas été utilisés pour administrer efficacement la magistrature,
sur la base du mérite et de l’intégrité, ni pour promouvoir la cohérence et
l'indépendance de la justice, éléments sur lesquels s’appuie la confiance de la
population. Le fait qu’une orientation de politique générale fasse
toujours défaut a freiné les progrès. De nombreuses institutions ont pris des
mesures utiles. Cependant, la portée limitée de ces mesures au sein des
institutions en question et l’absence d’approche coordonnée continuent de
susciter des interrogations à propos de l’orientation de la réforme. Au cours
des cinq années d’existence du MCV, les gouvernements et parlements qui se sont
succédé n’ont pas accordé la même importance à ces questions et ont affiché une
détermination variable à obtenir des résultats. Un plan d'action pour la
réforme de la justice a été adopté en 2010. Des principes fondamentaux tels que
l'indépendance du pouvoir judiciaire n'ont pas toujours été intégralement
respectés. Du fait du manque de constance, le processus de réforme n'a pas
atteint le rythme nécessaire pour être accepté en tant qu'élément constitutif
du développement de la Bulgarie. Cette conclusion est renforcée par le fait que de nombreuses
mesures importantes semblent avoir été prises essentiellement en raison de
pressions extérieures. Le MCV a lui-même joué un rôle capital dans ce
processus, rôle qui lui est reconnu de fait par l’opinion publique bulgare[9].
Il a aidé à maintenir le cap des réformes envers et contre les pressions et à
encourager les changements demandant un certain courage dès lors qu'il
s'agissait de toucher à des intérêts particuliers. Le fait qu’un aiguillon
extérieur reste nécessaire pour avancer soulève des doutes quant au caractère
durable et irréversible du changement. Appropriation et mise en œuvre sont donc les éléments
fondamentaux de la réalisation des objectifs de référence définis dans le MCV.
Elles déterminent le caractère durable et irréversible du processus. La
nomination du nouveau Conseil supérieur de la magistrature et du nouveau
procureur général et leur action figureront parmi les indicateurs du caractère
durable des réformes. II.1 Réforme judiciaire 2007-2012 Objectif de référence n° 1: adopter des amendements à la Constitution levant toute ambiguïté quant à l'indépendance et à la responsabilisation du système judiciaire Objectif de référence n° 2: garantir un processus judiciaire plus transparent et plus efficace en adoptant et en mettant en œuvre une nouvelle loi sur le système judiciaire et le nouveau code de procédure civile. Rendre compte de l'incidence de ces deux nouvelles lois, ainsi que des codes de procédure pénale et administrative, notamment au cours de la phase pré-contentieuse Objectif de référence n° 3: poursuivre la réforme du système judiciaire, de manière à renforcer le professionnalisme, la responsabilisation et l'efficacité de celui-ci. Évaluer les effets de cette réforme et en publier les résultats chaque année Lors de l'adhésion, la Bulgarie s’était engagée à renforcer
l'indépendance, la responsabilisation et l’intégrité du système judiciaire et à
garantir un processus judiciaire plus efficace, plus cohérent et plus
transparent. Ces objectifs de réforme en profondeur nécessitaient des
modifications de la législation, une réorganisation des structures et du
personnel de la justice et des améliorations des procédures et de la pratique
judiciaires. Ils exigeaient également des changements d'attitude au sein de la
magistrature et parmi les autres acteurs du système judiciaire. Tout cela
impliquait un engagement de la part de l’ensemble des autorités publiques, à
savoir le parlement, le pouvoir exécutif et l’appareil judiciaire, ainsi que le
soutien de la société civile. Depuis 2007, la Bulgarie a mis en place plusieurs éléments
importants pour traduire en actes ses engagements vis-à-vis l'UE. Dès le
lendemain de l'adhésion, une série de mesures importantes ont été prises,
notamment des amendements constitutionnels, une nouvelle loi relative au
système judiciaire, un nouveau code de procédure civile, un nouveau code de
procédure administrative ainsi que des modifications du code de procédure
pénale. La première année d’adhésion à l'Union a également été marquée par la
création de nouveaux organes judiciaires. Une inspection judiciaire
indépendante a été mise en place et un nouveau Conseil supérieur de la
magistrature est entré en fonction et a été doté de responsabilités étendues
pour gérer l'appareil judiciaire[10].
Ces responsabilités incluent la gestion des ressources humaines de l’appareil
judiciaire, notamment les nominations, les promotions, les évaluations et
l'affectation du personnel. Le Conseil ayant aussi été chargé de tâches à
caractère disciplinaire, il doit garantir la responsabilisation et l'intégrité
du pouvoir judiciaire et veiller à ce que la pratique judiciaire réponde à des
normes professionnelles élevées[11].
Avec de telles attributions, le Conseil est devenu le principal acteur de la
réforme judiciaire. La Bulgarie a obtenu des résultats dans la mise en œuvre de
ce nouveau cadre juridique et institutionnel. Pour la première fois, des
contrôles indépendants des tribunaux et des bureaux des procureurs ont été
effectués, des recommandations en matière de gestion des tribunaux et de
pratique judiciaire ont été émises et une approche plus énergique a été adoptée
en ce qui concerne les activités à caractère disciplinaire. La Bulgarie a par
ailleurs amélioré les codes de procédure dans les trois branches du droit et a
commencé à perfectionner la pratique judiciaire. Ces efforts n'ont toutefois pas encore donné lieu à
d’importantes améliorations en termes de responsabilisation et d’efficacité de
l’appareil judiciaire. Les procédures judiciaires ont souvent une durée
excessive[12].
Quant aux procédures disciplinaires, elles manquent de cohérence et, dans de
nombreuses affaires importantes, soit elles ont abouti à un non-lieu, soit
elles n’ont pas eu d’effet dissuasif. Les évaluations, les promotions et les
nominations dans l’appareil judiciaire ne sont toujours pas transparentes et ne
s’appuient pas sur des critères objectifs et fondés sur le mérite. Jusqu’à
présent, il n'existe pas de politique globale des ressources humaines
permettant d’équilibrer les besoins en personnel et la charge de travail. Les
mesures destinées à améliorer la pratique judiciaire semblent souvent
superficielles et n'ont pas encore eu d’effet concret sur les résultats dans
des affaires importantes. Des interrogations demeurent quant à l'indépendance
de la justice. Si certaines de ces faiblesses peuvent être attribuées à des
carences dans l’application de la loi, elles reflètent également d’importantes
lacunes en termes de structures, de procédures et d’organisation au sein du
Conseil supérieur de la magistrature et du ministère public. Les prochaines
élections du Conseil cet automne, de même que l'élection d'un nouveau procureur
général et d'un nouveau président de la Cour suprême de cassation, seront
déterminantes pour la Bulgarie en ce sens qu’elles lui permettront d’apporter
la preuve de sa détermination à poursuivre sur la voie de la réforme de la
justice. Les structures mises en place offrent au pouvoir judiciaire
la possibilité de faire avancer les réformes, de remédier au manque de
confiance de la population envers la justice et de mettre en place un système
fondé sur une gouvernance efficace et responsable. Cela pourrait contribuer à
un juste équilibre entre efficacité, responsabilisation, intégrité et
indépendance dans le système judiciaire. Mais cela exige du Conseil supérieur
de la magistrature et du ministère public un engagement plus important et
suffisamment solide pour oser aller à l’encontre d’intérêts particuliers
profondément ancrés. La participation de la société civile et d'associations
professionnelles de magistrats à la réforme de la justice constitue une avancée
importante depuis 2007. Les autorités bulgares devraient mieux exploiter ces
ressources, coopérer davantage avec les partenaires étrangers et rassembler
tous les acteurs clés autour d'un engagement commun en faveur de la réforme. Indépendance, responsabilisation et intégrité du système
judiciaire Les amendements constitutionnels de février 2007 ont
fixé le cadre pour l’indépendance du pouvoir judiciaire en Bulgarie. La
Constitution confère à l’appareil judiciaire une très grande autonomie de
gestion. Elle accorde toutefois également un rôle important aux organes
politiques - la moitié des membres élus du Conseil supérieur de la magistrature
et l’ensemble des inspecteurs judiciaires sont élus par le parlement[13]
- ce qui soulève des critiques de la part de la Commission de Venise du Conseil
de l’Europe[14].
Les magistrats non professionnels peuvent avoir une influence déterminante sur
les décisions en justice alors qu’ils sont nommés par les pouvoirs politiques
locaux[15].
Les rapports dans le cadre du MCV ont également attiré l'attention sur la
question des nominations et des évaluations fondées sur le mérite[16]. Ces sujets de préoccupation ont été confirmés par le fait
que plusieurs nominations à des postes élevés de la magistrature par le
parlement et le Conseil supérieur de la magistrature ont manqué de transparence
et d'objectivité et fait l’objet d’allégations d’ingérence politique[17].
L'indépendance est également remise en cause à la suite d'une série de
critiques politiques directes à l’encontre de différents magistrats, la
révocation de l'appareil judiciaire du président de l'Union des juges par le
Conseil supérieur de la magistrature suscitant des inquiétudes dans ce contexte[18].
Le Conseil n'a entrepris aucune action claire pour protéger l'indépendance du
pouvoir judiciaire dans ces affaires. L’impression générale est un non-respect
de la séparation des pouvoirs de l'État, ce qui a des conséquences directes sur
la confiance que la population entretient à l’égard de la justice. Les mêmes amendements constitutionnels de 2007 et l’adoption
d’une nouvelle loi révisée relative au système judiciaire la même année ont
également jeté les bases d’une véritable politique en matière d'intégrité et de
responsabilisation du système judiciaire. L'immunité des magistrats a été
limitée à l’exécution de leurs tâches professionnelles et une inspection
judiciaire indépendante a été mise en place. En 2009, la Bulgarie a adopté un
code de déontologie de la magistrature et créé un comité central chargé de
l’intégrité au sein du Conseil supérieur de la magistrature[19].
Les modifications législatives de 2010 ont fait de l’évaluation de l’intégrité
une étape obligatoire de l'évolution de carrière et de la promotion au sein de
l’appareil judiciaire et donné lieu à la mise en place de structures locales
chargées de cette évaluation. C’est ainsi que l’appareil judiciaire bulgare a
vu naître une véritable activité disciplinaire en son sein[20].
La plupart de ces procédures disciplinaires ont été lancées
à la suite de contrôles effectués par l’Inspection, qui a commencé à être
opérationnelle en 2008. L’Inspection a également activement défendu son point
de vue sur les questions disciplinaires au sein du Conseil supérieur de la
magistrature et a obtenu le droit de faire appel de décisions disciplinaires en
2009. Elle formule des recommandations précises aux présidents des tribunaux.
L’activité de contrôle de l'Inspection constitue une contribution positive à
l'amélioration de la discipline et de la responsabilisation du système
judiciaire dans la mesure où ce type d’activité n’existait pas auparavant[21].
L'Inspection ne s’est toutefois pas employée à trouver des solutions aux
lacunes systématiques en matière de responsabilisation et de pratique
judiciaire. Elle n’a, par exemple, pas émis de recommandations dans des
domaines tels que le système aléatoire d'attribution des affaires ni remédié à
des carences importantes et récurrentes de certaines pratiques judiciaires[22]. Les activités disciplinaires menées depuis 2007 témoignent
d'une certaine indulgence et d'une réticence à s'attaquer aux affaires graves,
notamment celles ayant trait à l'intégrité. Deux affaires emblématiques de
prétendu trafic d'influence dans l’appareil judiciaire n’ont fait l’objet de
poursuites qu’à la suite d’une forte pression de l’opinion publique[23].
Le fait que la Cour suprême administrative ait réussi à s’opposer aux sanctions
disciplinaires témoigne de carences dans sa jurisprudence, les procédures
disciplinaires du Conseil supérieur de la magistrature ou le droit qu’il
conviendrait d’analyser et de corriger. Il y aurait également lieu de se
pencher sur l'absence de suivi pénal, le ministère public n'ayant pas enquêté
systématiquement sur les magistrats concernés dans ces affaires. Cette
situation a un lien avec le bilan globalement insatisfaisant de l'appareil
judiciaire en matière de poursuites dans les affaires de corruption au sein de
ses propres rangs[24]. D’une manière générale, la jurisprudence disciplinaire
elle-même n'a pas été cohérente. La Bulgarie n’a pas non plus été capable
d’introduire correctement l'intégrité dans le système de promotion et
d'évaluation de l’appareil judiciaire en dépit des modifications apportées à la
loi relative au système judiciaire de 2010. Les vérifications d’intégrité ont
été formalistes et sans grand effet préventif. Dans certains cas, les ONG ont
été utilisées pour mettre des informations pertinentes à la disposition du
public. Plusieurs nominations à des postes de haut niveau au cours de cette
période ont manqué de transparence et font toujours l’objet d’allégations
d’ingérence politique et de défaut d’intégrité[25].
L’incapacité des hautes instances judiciaires à définir et à mettre en œuvre
une stratégie de lutte contre la corruption[26]
a aliéné des pans entiers de la justice et peut être considérée comme
contribuant au faible degré de confiance de la population dans ce secteur[27].
Efficacité du processus
judiciaire Le Conseil supérieur de la magistrature est responsable de
la politique des ressources humaines dans l'appareil judiciaire. Il est
notamment chargé du recrutement initial, de l’organisation de la formation par
le biais de l'Institut national de justice, des évaluations régulières, des
promotions et des nominations aux postes élevés de la magistrature. Les modifications
législatives de 2010 ont confié au Conseil supérieur de la magistrature
différentes tâches dont l’évaluation de la charge de travail, l’adaptation des
domaines de compétence, la réaffectation des ressources et, s’il y a lieu, la
fermeture de tribunaux. Le Conseil dispose donc de tous les pouvoirs
nécessaires pour gérer de manière appropriée les ressources humaines et les
structures judiciaires dans l'intérêt de l'efficacité de la justice. L’examen rétrospectif de la période écoulée depuis 2007 permet
de mettre en évidence certaines difficultés dans la manière dont le Conseil
supérieur de la magistrature s'est acquitté de ses responsabilités dans ce
domaine. Tout d’abord, le Conseil a été incapable de mettre dûment en pratique
les objectifs de la loi révisée relative au système judiciaire en ce qui
concerne les promotions. Le système tel qu’il est pratiqué ne garantit pas aux
magistrats une évolution de carrière fondée sur les compétences
professionnelles, pas plus qu’il ne permet de prendre dûment en considération
les questions d’intégrité. Bien que de nouveaux critères d'évaluation aient été
définis dans la loi, ils n'ont pas été utilisés de manière à refléter
correctement les écarts de performance[28].
Les faiblesses du système d’évaluation ont également une incidence sur les
procédures de promotion et ont donné lieu à de fréquents recours devant les
tribunaux contre des décisions de promotion[29].
Les promotions et les recrutements initiaux ne se sont pas
déroulés selon un calendrier cohérent et prévisible[30],
fondé sur une évaluation des besoins en personnel et sur une stratégie de
réponse à ces besoins. Entre 2009 et 2011, aucune décision de
promotion n’a été prise. Il en a résulté un nombre élevé de postes vacants dans
certains tribunaux, qui ont été pourvus par des détachements - une procédure en
dehors du système de promotion reposant uniquement sur un accord entre
présidents de tribunaux[31].
Il existe des différences importantes de charge de travail
entre les tribunaux de Sofia et les autres juridictions du pays[32].
Ces disparités ont entraîné de sérieux retards dans plusieurs tribunaux, en
particulier dans la publication de la motivation des décisions de justice. Ces
retards constituent un réel obstacle à l’efficacité du processus judiciaire.
Ils ont également une incidence sur l’indépendance du pouvoir judiciaire: une
charge de travail élevée dans de nombreux tribunaux entraînant souvent des
retards dans la publication des motivations, un grand nombre des juges se
trouvent en situation d’infraction technique. Des associations professionnelles
se sont inquiétées de ce que cela ouvrait la voie à un traitement subjectif,
faisant valoir que certains de leurs membres avaient été sanctionnés alors que
dans d’autres cas, la publication tardive de la motivation avait été tolérée
par l'Inspection judiciaire[33]. Des procédures et une pratique professionnelle efficaces au
sein de la police, du ministère public et des tribunaux constituent également
des conditions essentielles à un processus judiciaire plus efficace et plus
cohérent. Depuis 2007, la Bulgarie a amélioré les trois codes de procédure qui
couvrent le droit pénal, le droit civil et le droit administratif[34].
Cela a permis à la police d’améliorer ses pratiques d'enquête et a facilité le
recours aux éléments de preuve devant les tribunaux. Cela a également permis
aux tribunaux de désigner des avocats de la défense de réserve pour limiter les
risques de retard et a permis au ministère public de faire appel des décisions
des tribunaux de renvoyer certaines affaires aux fins d’une enquête
supplémentaire. En 2010, la Bulgarie s’est également attelée à l'élaboration
d'un nouveau code pénal, le code actuel étant dépassé et inadapté à la lutte
contre de nombreuses formes nouvelles de criminalité telles que la corruption,
l'abus de pouvoir et la criminalité organisée[35].
Les travaux relatifs au nouveau code pénal ayant progressé à un rythme inégal,
l'objectif initial de présenter un premier projet en vue d’un débat public au
début de l’année 2013 a dû être reporté. Les faiblesses de la pratique judiciaire et des méthodes
d'enquête, notamment dans les affaires de corruption de haut niveau et de
grande criminalité organisée, sont mises en évidence par la Commission depuis
2008[36].
La Bulgarie a, dans un premier temps, réagi aux préoccupations émises par la
Commission en faisant procéder au suivi d’un certain nombre d’affaires
d’intérêt public par le Conseil supérieur de la magistrature, par le biais
d’actions de formation et de contrôles par l’Inspection, afin d’établir si les règles
de procédure avaient été respectées par les juges. La réforme des procédures
pénales en 2010 s’est également accompagnée d'une réorganisation structurelle
des enquêtes policières, d’une extension des activités d’enquête à un nombre
beaucoup plus important de fonctionnaires de police, ainsi que de
l'organisation d'actions de formation et de la mise à disposition d'équipements
à cette fin. Ces mesures ont contribué à l’accélération de certaines
affaires devant les tribunaux mais ont eu peu d’effets sur les affaires les
plus importantes de corruption de haut niveau et de criminalité organisée
suivies par la Commission. À la suite d'un examen détaillé de certaines
affaires importantes, le rapport au titre du MCV de juillet 2011
recommandait une analyse en profondeur des structures organisationnelles et des
procédures judiciaires ainsi que la mise en œuvre d’un plan d’action en
coopération avec des experts internationaux et supervisé conjointement par la
société civile[37].
Il s’agissait en particulier de répondre à la nécessité de faire en sorte que
les différentes institutions agissent collectivement et non comme des
organismes distincts poursuivant leurs propres stratégies. La Bulgarie a réagi
en prenant un certain nombre de décisions structurelles et organisationnelles à
l’égard du ministère public et concernant sa coopération avec d'autres
instances importantes. Ces mesures n'ont pas encore donné lieu à des
améliorations sensibles en termes de résultats obtenus par la police et
l'appareil judiciaire dans les affaires de corruption de haut niveau et de
criminalité organisée (voir ci-dessous). En outre, les autorités chargées de
faire appliquer la loi et l’appareil judiciaire n'ont toujours pas procédé à
une évaluation complète et indépendante des faiblesses des structures et des
procédures existantes. En conséquence, l’éventuelle l'incidence des mesures
prises par la Bulgarie dans ce cadre depuis l'été dernier n'est pas encore
visible. Dans ce contexte, il est important de souligner l'importance
de la cohérence judiciaire. Une récente consultation au sein de l’appareil
judiciaire a montré qu’un profond désaccord régnait entre les juges sur les
conditions d'application de la détention préventive aux prévenus dans les
affaires pénales graves. Un tel désaccord dans des domaines aussi importants
suscite de vives inquiétudes et met en lumière les carences des autorités
judiciaires dans la recherche d’une cohérence, la Cour suprême de cassation
étant le principal acteur dans ce domaine. Une stratégie proactive de cette
cour visant à recenser les incohérences dans l'interprétation de la législation
dans tous les domaines concernés et à y remédier pourrait s’avérer
particulièrement bénéfique, notamment à l’appui des mesures prises par la
Bulgarie pour lutter contre la criminalité organisée et la corruption[38].
En outre, la Bulgarie n’a toujours pas publié intégralement les décisions de
justice et les motivations sous un format uniforme. Réforme du système judiciaire Les lacunes en matière de responsabilisation de l'appareil judiciaire
et d’efficacité du processus judiciaire doivent être comblées en s’appuyant sur
les principales institutions qui contribuent aux avancées dans ces domaines, en
particulier le Conseil supérieur de la magistrature et le ministère public.
C’est pourquoi la Commission a recommandé une réforme en profondeur de ces
institutions, ainsi qu’une analyse et une amélioration des structures
d’organisation et de la pratique professionnelle dans les affaires pénales
graves[39].
Bien que certaines mesures limitées aient été prises au niveau du ministère
public[40],
ces recommandations sont, pour l'essentiel, restées sans effet. La réforme du Conseil supérieur de la magistrature a fait
l’objet d’une attention soutenue, car le mandat du Conseil actuel touche à sa
fin. L’intérêt porté au Conseil s’est trouvé encore renforcé lorsque deux de
ses membres ont démissionné en 2011, déçus par l’incapacité du Conseil à
améliorer sensiblement la responsabilisation et l’intégrité du système
judiciaire et par l'absence de transparence dans son organisation interne.
Plusieurs tribunaux ont refusé de participer à l’élection de nouveaux membres,
estimant que l'actuel Conseil avait perdu toute légitimité pour représenter le
pouvoir judiciaire. Cette polémique a amené le ministère de la justice à
envisager une réforme des élections au Conseil et a débouché sur diverses
contributions émanant de l’appareil judiciaire et de la société civile pour
promouvoir une réforme en profondeur des modalités d’organisation et d’élection
du Conseil[41].
Certaines des inquiétudes soulevées dans ce contexte ont été confirmées par des
experts consultés par la Commission[42].
Les élections du nouveau Conseil à l’automne prochain
offrent une occasion unique de renforcer sa responsabilisation et sa légitimité
au sein du système judiciaire et auprès du public. Elles devraient constituer
le point de départ d’une réforme plus fondamentale du Conseil lui permettant de
mieux remplir son rôle constitutionnel. C’est pourquoi la Commission a
recommandé aux autorités bulgares l’élection directe de ses membres provenant
de l’appareil judiciaire, premier pas important pour remédier aux carences du
système actuel. Bien que le gouvernement bulgare ait en principe approuvé
l’élection au suffrage direct du Conseil supérieur de la magistrature, il a
estimé qu'il était impossible de l’organiser correctement cet automne. Les
modifications de la loi relative au système judiciaire adoptées en juin
constituent un grand pas en avant en termes de transparence de la procédure
électorale pour les prochaines élections de son quota parlementaire et de son
quota judiciaire. Ce dernier sera toutefois encore élu au suffrage indirect, de
sorte que le Conseil supérieur de la magistrature devra attendre cinq années
supplémentaires avant de pouvoir être entièrement élu au suffrage direct[43].
D'après les premiers rapports, même si les exigences de transparence
constituent une avancée, le report de l’élection au suffrage direct cette année
a donné lieu à des incohérences de procédures et a conféré aux présidents des
tribunaux un rôle prépondérant dans le choix des délégués. Les prochaines élections offrent néanmoins l’occasion de
choisir des membres déterminés à faire jouer un rôle plus actif au Conseil
supérieur de la magistrature lors de son prochain mandat. Le parlement et le
pouvoir judiciaire pourront se concentrer sur plusieurs critères tels que le
niveau d’études et les qualifications professionnelles, ainsi que l’intégrité
et une vision pour l’avenir. La transparence devrait impliquer, d’une part, que
les candidats fassent l’objet d'un examen attentif par la société civile et par
le parlement et, d’autre part, que l'appareil judiciaire accepte d’être tenu
pour responsable de ses choix. L'amélioration de la structure, des procédures et de
l’organisation du Conseil est importante pour la réussite de son prochain
mandat. Les nouveaux dirigeants du Conseil peuvent revoir le rôle de ce dernier
en se fondant sur une analyse approfondie de son mandat actuel. Les idées
émises par les associations professionnelles et la société civile au début de
cette année peuvent être source d'inspiration pour le nouveau Conseil. Les
prochaines élections du procureur général et du président de la Cour suprême de
cassation constitueront un test préliminaire à cet égard. Le nouveau Conseil
pourrait faire en sorte que les élections à ces postes les plus importants de
la magistrature du pays soient emblématiques d'une nouvelle approche,
caractérisée par une procédure ouverte et transparente, des critères clairs et
une véritable mise en concurrence. II.2 Lutte contre la criminalité organisée 2007-2012 Objectif de référence n° 6: mettre en œuvre une stratégie destinée à lutter contre la criminalité organisée, particulièrement axée sur les délits graves, le blanchiment de capitaux et la confiscation systématique des avoirs des délinquants. Rendre compte des enquêtes, mises en examen et condamnations nouvelles et en cours dans ces domaines Lors de son
adhésion, la Bulgarie s'est engagée à engranger des résultats convaincants dans
la lutte contre la criminalité organisée. Pour cela, elle doit apporter la
preuve de la capacité des autorités chargées de faire appliquer la loi ainsi
que du pouvoir judiciaire à enquêter avec succès sur des affaires importantes
liées à la criminalité organisée, à les poursuivre et à les juger afin
d'obtenir des effets dissuasifs efficaces. Les problèmes essentiels incluent la
saisie et la confiscation systématiques des avoirs, l'amélioration de la
pratique professionnelle de la police, du ministère public et des tribunaux,
ainsi que la mise en place de structures et d'une coopération efficaces entre
la police, le ministère public et d'autres autorités administratives. En 2010, les actions menées contre la criminalité organisée
se sont intensifiées grâce au rôle plus actif de la police, ainsi qu'à quelques
réformes procédurales et institutionnelles attendues depuis longtemps qui ont
été menées à bien. Ces efforts ont abouti à la mise en place d'un appareil
institutionnel plus solide et à l'instauration de procédures meilleures, ce qui
a suscité la confiance des autorités chargées de faire appliquer la loi dans
d'autres États membres de l'UE[44].
Les ressources attribuées aux enquêtes policières ont été augmentées de manière
importante[45].
Les résultats ne sont toutefois pas encore très convaincants aux stades de
l'instruction et du procès pour venir à bout de cette forme de criminalité. Il
reste un grand nombre d'affaires non résolues ou retardées dans ce domaine
alors que certains observateurs indépendants décrivent toujours la criminalité
organisée comme un défi essentiel pour l'État et la société[46],
avis qui est partagé par l'opinion publique[47].
Le cadre institutionnel pour la lutte contre la criminalité
organisée a été adapté à plusieurs reprises depuis 2007[48].
La tendance générale qui a été suivie est celle d'une plus grande
spécialisation, d'une formation plus poussée et d'enquêtes de sécurité plus
soigneuses[49].
Des équipes spécialisées communes pour les affaires de criminalité organisée
ont été créées, en 2010, au niveau du ministère public dans cinq tribunaux de
district, tandis qu'en 2012, un nouveau parquet central et un nouveau tribunal,
tous deux spécialisés dans les affaires de criminalité organisée, ont commencé
à fonctionner[50].
L'approche suivie est conforme aux recommandations émises dans les rapports
successifs au titre du MCV[51].
Ces nouvelles structures spécialisées au niveau de la
police, du ministère public et des tribunaux attestent donc de la volonté de la
Bulgarie de s'attaquer à la criminalité organisée. Jusqu'à présent, cependant,
elles n'ont pas encore été en mesure de montrer leur efficacité par une
réussite des enquêtes, des poursuites et des procès dans les affaires
importantes. À quelques très rares exceptions près, le tribunal spécialisé
s'est contenté, jusqu'à présent, de juger des affaires mineures étant donné que
la législation ne lui permet pas de donner la priorité aux affaires les plus
importantes[52].
Les contraintes de personnel subies par le ministère public et le tribunal
aggravent la situation. Une seconde lacune importante de la législation réside
dans le fait qu'elle ne permet pas au tribunal de poursuivre les délits de
corruption qui sont en réalité souvent liés à la criminalité organisée. Ces
nouvelles structures et réformes qui viennent s'ajouter au renforcement général
des procédures pénales et à la réforme des enquêtes policières font clairement
montre de l'intérêt manifesté par la Bulgarie pour un changement radical dans
ses moyens de lutte contre la criminalité organisée. L'obtention de meilleurs résultats dans la confiscation des
avoirs est un élément dissuasif important pour la lutte contre la corruption et
la lutte contre la criminalité organisée. Peu de progrès ont été enregistrés
dans ce domaine pendant les cinq premières années qui ont suivi l'adhésion, les
saisies et les confiscations d’avoirs dans les affaires importantes de
criminalité organisée et de corruption de haut niveau ayant été peu nombreuses.
Mais l'année 2011 a été marquée par une augmentation importante des montants
des avoirs confisqués en Bulgarie et par une approche plus proactive et
rigoureuse de la commission chargée de la confiscation des avoirs sous
l'impulsion de son nouveau directeur. La démission, cependant, de ce dernier en
2012, pour des motifs de soutien politique insuffisant, a fait douter de la
durabilité de cette amélioration et a mis en évidence des obstacles plus vastes
à la confiscation performante des avoirs[53].
Le parlement a adopté, en mai, une nouvelle loi sur la
confiscation des avoirs afin d'améliorer les résultats de ces saisies[54].
Pour la première fois, cette loi offre la possibilité de confisquer des avoirs
illégaux via une procédure auprès des tribunaux civils, qui ne nécessite aucune
condamnation préalable, et qui peut être lancée dès l'ouverture d'une enquête
judiciaire pour toute une série de délits graves et pour certaines infractions
administratives. Par l'adoption de cette loi, qui a exigé un effort particulier
du gouvernement devant le parlement, la Bulgarie a réagi de manière positive aux
recommandations qui lui étaient faites depuis longtemps par la communauté
internationale ainsi que par de nombreux professionnels du droit bulgares. La
Commission et les États membres ont manifesté leur soutien à cette approche et
fourni des encouragements[55].
Cette loi ne reflète pas toutes les recommandations faites dans les rapports du
MCV dans ce contexte[56]
et des experts ont mis en évidence d'autres lacunes potentielles[57].
Pour que cette nouvelle loi puisse avoir un effet réellement dissuasif, il y
aura lieu d'organiser un contrôle systématique des avoirs dans toutes les
affaires considérées ainsi qu'une meilleure coopération interinstitutionnelle.
Pour cela, il faudra que le ministère public associe systématiquement la
commission de confiscation des avoirs à ses travaux, à un moment suffisamment
précoce de l'enquête pour éviter la disparition des avoirs. Les autorités
chargées du contrôle administratif devront aussi organiser une coopération
étroite avec la commission de confiscation des avoirs pour pouvoir repérer et
analyser les affaires concernées, cette dernière étant dépourvue des
compétences ex-officio pour pouvoir agir de sa propre initiative. La cohérence
de la jurisprudence, en particulier en ce qui concerne le renversement de la
charge de la preuve que prévoit la nouvelle loi, sera un autre élément
important à prendre en compte pour évaluer son efficacité. Il importera
également de veiller à l'indépendance et à l'efficacité de la future commission
chargée de la confiscation des avoirs, instituée par la nouvelle loi, notamment
en procédant, à l'aide d'une procédure transparente et objective, à la
nomination de membres compétents et politiquement indépendants[58].
Bien que la Bulgarie ait consenti, depuis 2010, des efforts
considérables pour améliorer son cadre institutionnel et juridique de lutte
contre la criminalité organisée, les résultats ont été limités: rares, en
effet, ont été les affaires importantes de criminalité organisée à être
sanctionnées[59],
plusieurs acquittements ayant même été prononcés dans des affaires importantes
alors que les preuves relevant du domaine public permettaient d'attendre des
condamnations[60].
Par ailleurs, les mauvais résultats obtenus dans la résolution d'affaires
d'assassinats commandités sont gravement préoccupants: sur les 33 affaires
d'assassinats commandités suivies par la Commission depuis 2006, seuls quatre
procès ont été ouverts, alors même que toute une série d'enquêtes sont encore
en cours[61].
Cette année encore, plusieurs meurtres commandités ont été commis. Il est
important de mentionner à cet égard que la Commission reçoit régulièrement des
plaintes de citoyens bulgares ainsi que d'investisseurs étrangers faisant état
de l'inaction de la justice et d'une collusion alléguée, au niveau local, avec
les réseaux de criminalité organisée[62].
Davantage de progrès peuvent être constatés dans les domaines liés à la
coopération de la Bulgarie avec d'autres États membres, qui a permis qu'un
certain nombre de mesures soient prises pour s'attaquer spécifiquement à la
criminalité de dimension transfrontalière, comme le trafic de stupéfiants[63].
Les résultats insuffisants obtenus globalement dans le suivi
des affaires individuelles ne peuvent pas être attribués à une institution
spécifique. L'analyse montre que des carences existent à tous les stades des
enquêtes et des poursuites judiciaires de la police, du ministère public et des
tribunaux[64].
Certaines de ces carences ont un caractère systématique, comme notamment la
fragmentation des enquêtes entre plusieurs instances, les lacunes dans la
coopération, les insuffisances dans l'exploitation des preuves et les défauts
spécifiques dans des domaines tels que la protection des témoins et les
analyses économiques et financières[65].
La Bulgarie a besoin de procédures et de pratiques claires et efficaces ainsi
que d'outils de coopération meilleurs[66]
pour atteindre son but dans des affaires importantes de criminalité organisée.
Une analyse complète et indépendante des échecs dans le traitement des
affaires, réalisée avec le soutien de partenaires de l'UE, ainsi que des
mesures correctives sous la forme d'un plan d'action sont, semble-t-il, le
moyen le plus évident de progresser. La preuve des dysfonctionnements systémiques dans
l'application de la loi a été récemment apportée lorsque deux personnes bien
connues ont échappé à l'exécution de leur peine d'emprisonnement. Ainsi, les
autorités bulgares n'ont jamais réussi à appréhender plusieurs des criminels
les plus anciens du pays après le verdict prononcé par le tribunal. Cela peut
être considéré comme une énorme carence du système. II.3 Lutte contre la corruption 2007-2012 Objectif de référence n° 4: mener des enquêtes professionnelles et non partisanes sur les allégations de corruption de haut niveau et en rendre compte. Établir des rapports sur les inspections internes d’institutions publiques et sur la publication des biens personnels détenus par les hauts fonctionnaires Objectif de référence n° 5: prendre des mesures supplémentaires pour prévenir et combattre la corruption, notamment aux frontières et au sein de l'administration locale Lors de l’adhésion, le MCV définissait les moyens à mettre
en œuvre par la Bulgarie pour afficher de meilleurs résultats en matière de
lutte contre la corruption. Le pays devait notamment apporter la preuve que les
autorités chargées de faire appliquer la loi ainsi que le pouvoir judiciaire
étaient capables d’enquêter avec succès sur des affaires liées à la corruption
de haut niveau, de les poursuivre et de les juger, et d’enquêter sur les cas
d'enrichissement inexplicable. Parmi les principaux instruments à sa
disposition figurent un système de contrôle des biens personnels détenus par
les hauts fonctionnaires, des mesures de lutte contre la corruption au sein des
instances chargées de faire appliquer la loi, du ministère public, aux
frontières et dans d’autres parties du secteur public, et des mesures
spécifiques dans les domaines des conflits d’intérêts et des marchés publics. Depuis 2007, la Bulgarie a déployé un cadre administratif et
des mesures de prévention de grande ampleur pour lutter contre la corruption.
Des outils d’évaluation des risques sont disponibles et des méthodologies
spécifiques ont été mises en œuvre pour des domaines fondamentaux tels que les
déclarations de patrimoine et les conflits d’intérêts. Les réformes au sein de
la police des frontières et des services douaniers ont réduit les possibilités
de corruption dans ces domaines. Toutefois, la mise en œuvre des mesures reste
inégale. Des revers ont été essuyés, comme dans le cas de la loi d’amnistie de
2009[67].
En outre, la recommandation de la Commission de revoir le système de
déclaration des avoirs de manière à en faire un instrument efficace permettant
de déceler les cas d’enrichissement illicite n’a pas encore été suivie d'effet[68].
Les experts consultés par la Commission ont mis en lumière,
dans leur analyse du cadre anticorruption mis en place par la Bulgarie,
certaines faiblesses générales qui freinent les progrès dans ce domaine. La
Bulgarie manque d’institutions indépendantes, dans le cadre de la lutte contre
la corruption, disposant des compétences nécessaires et tenues de présenter des
propositions et de mener des actions[69].
Cela limite la liberté d’action pour intervenir de manière proactive et pour
assurer un contrôle indépendant. En conséquence, de nombreuses activités
administratives dans ce domaine se bornent à parer au plus pressé et se
concentrent uniquement sur la conformité formelle. L’inexistence de droits de
sanction dans certains domaines, et l’absence de sanctions effectives dans des
domaines où ces droits existent, illustrent à quel point il est difficile pour
les actions entreprises de commencer à produire des effets[70].
Pour parvenir à de réels progrès dans sa lutte contre la
corruption au cours de la prochaine période, la Bulgarie doit envisager la mise
en place d’un organe indépendant chargé de coordonner la surveillance et de
fournir un soutien dans ce domaine. Dans ce contexte, il serait également
indiqué d’effectuer une évaluation indépendante de l’incidence de la stratégie
nationale de la Bulgarie en matière de lutte contre la corruption et la
criminalité organisée et d’établir une nouvelle stratégie avec des indicateurs
et des objectifs de référence de résultats plus clairs sur cette base. Le degré d’inquiétude quant au niveau de corruption en
Bulgarie est élevé: 96 % des Bulgares perçoivent la corruption comme un
problème important et 68 % considèrent que la situation dans ce domaine
est inchangée ou pire par rapport à 2007[71].
L’opinion publique ne changera d’avis que lorsqu’elle pourra constater que des
actions auront été mises en œuvre avec détermination pour lutter contre la
corruption. Corruption de haut niveau Depuis 2007, le MCV a mis l’accent sur la réponse apportée
par l'appareil judiciaire et les autorités chargées de faire respecter la loi
dans les affaires de corruption et plus particulièrement les affaires de
corruption de haut niveau impliquant de hauts fonctionnaires et des hommes
politiques. La Bulgarie a mis en place de nouvelles structures spécialisées dans
ce domaine. Faisant suite aux recommandations de la Commission[72],
la Bulgarie a créé en 2009 une équipe commune pour les enquêtes et les
poursuites en matière de détournements de fonds de l’UE et a renforcé son cadre
juridique[73].
Certaines autres affaires de corruption de haut niveau ont été traitées par des
équipes communes spécialisées dans la lutte contre la criminalité organisée,
créées en même temps. Faisant suite aux autres recommandations formulées dans
les rapports au titre du MCV[74],
la Bulgarie a créé en 2012 une équipe commune spécialisée responsable de la
lutte contre la corruption de haut niveau et a réorganisé l’équipe commune
chargée de la fraude à l'encontre de l'UE, étendant son mandat à plusieurs
autres domaines de fraude en matière de fonds publics. Les résultats obtenus par ces structures spécialisées sont
mitigés. Bien que la création de l’équipe commune chargée de la fraude à
l'encontre de l'UE ait donné lieu à une augmentation du nombre d’affaires
portées devant les tribunaux, ce nombre a de nouveau diminué en 2011[75],
et la grande majorité de ces affaires ne présentaient qu’une importance
mineure. En outre, l’analyse de la Commission a mis en évidence un grand nombre
de renvois inexpliqués et d'affaires inabouties[76]. Les résultats affichés par le système judiciaire en ce qui
concerne les autres affaires de corruption sont similaires. Malgré une
augmentation du nombre d’affaires en 2009 et 2010, une baisse considérable a
été enregistrée en 2011[77].
En outre, très peu d’affaires de haut niveau ont abouti devant les tribunaux et
beaucoup de ces affaires ne progressent que très lentement, avec un nombre
disproportionné d’acquittements[78].
Des enquêtes portant sur des faits présumés de corruption et d’abus de pouvoir
par des magistrats ont reçu une réponse particulièrement faible de la part de
l’appareil judiciaire[79]. Dans ce contexte, il est particulièrement préoccupant de
constater les retards et ajournements continus au niveau des juridictions
d’appel dans deux affaires emblématiques de détournement de fonds de l’UE, dans
lesquelles deux condamnations à de longues peines de prison avaient été
prononcées en première instance par le tribunal en mars et octobre 2010. Aucune
explication satisfaisante n’a été trouvée pour justifier pourquoi le système judiciaire
n’avait pas activement mis en œuvre les possibilités procédurales disponibles
pour accélérer le traitement de ces affaires emblématiques[80].
Les résultats décevants aux stades de l'instruction et du procès en matière de
lutte contre la corruption de haut niveau sont en grande partie imputables aux
lacunes systématiques qui affectent l’efficacité de l’appareil judiciaire dans
d’autres domaines - telles que le cadre juridique, la jurisprudence et la
pratique du ministère public et des autorités chargées du contrôle
administratif. Elles ont été exposées par la Commission en 2011[81]
et trouvent également de nombreux échos dans une analyse réalisée par le
ministère public en 2012. Les mesures correctives mises en œuvre par le
ministère public[82]
démontrent une prise de conscience croissante au sein de l’appareil judiciaire
que des modifications substantielles en matière de pratique et d’organisation
professionnelles s’imposent pour améliorer les performances de la Bulgarie en
matière de lutte contre la corruption de haut niveau. Ces mesures doivent faire partie intégrante d’un effort
général au niveau du cadre institutionnel et juridique en Bulgarie afin
d’améliorer la manière dont les affaires de corruption sont traitées par les
tribunaux, conformément aux recommandations formulées en 2011 dans le cadre du
MCV[83].
Une action coordonnée dans plusieurs domaines s’imposera à cet effet.
Premièrement, la Bulgarie doit envisager des modifications législatives afin de
faciliter les poursuites des délits de corruption par le système judiciaire[84].
Deuxièmement, les autorités chargées du contrôle administratif doivent adopter
des stratégies proactives pour identifier les affaires et les méthodes
effectives de coopération avec l’appareil judiciaire. Troisièmement, les
enquêteurs de police et les procureurs doivent développer leurs capacités
d’analyse de données économiques et financières complexes. Enfin, le ministère
public doit également être en mesure de planifier correctement et de piloter
des enquêtes complexes pour les mener à bonne fin et le système judiciaire doit
améliorer la capacité des juges à apprécier les éléments de preuves économiques
et financières, harmoniser la jurisprudence et encourager les sanctions
dissuasives par le recours à la cassation. Il sera important à cet égard
d’établir une coopération opérationnelle étroite entre l’équipe commune
spécialisée en matière de lutte contre la corruption et le parquet spécialisé
dans les affaires de criminalité organisée. Malgré les différents instruments juridiques et procéduraux
mis au point pour lutter contre la corruption de haut niveau, les difficultés
permanentes posées par ces affaires devant les tribunaux soulèvent la question
des compétences et de la détermination du pouvoir judiciaire. Les affaires de
corruption de haut niveau impliquent généralement des personnalités publiques
influentes; elles ont donc valeur de test pour les compétences et
l’indépendance du système judiciaire bulgare. La corruption et la criminalité
organisée allant souvent de pair, les enquêtes financières détaillées
constituent un élément important de toute enquête dans ce domaine et sont
particulièrement importantes pour dévoiler les liens entre criminalité
organisée et politique. Ces aspects n’ont pas fait l’objet d’une attention
adéquate en Bulgarie. Il sera également important de travailler en étroite
collaboration avec la commission chargée de la confiscation des avoirs et
d’autres autorités de contrôle administratif afin d’assurer la poursuite
efficace des actes de corruption de haut niveau et d’enregistrer des résultats
dissuasifs. Corruption dans l'administration publique Les efforts consentis par les institutions chargées de
veiller au respect de la loi dans la lutte contre la corruption doivent être
complétés par une action administrative efficace afin d'identifier les
infractions aux règles, d’appliquer les sanctions et de mettre au point des
mesures préventives. Depuis 2007, la Bulgarie a établi un cadre administratif
complet dans ce domaine. Elle a plus particulièrement créé un organe de
coordination de haut niveau pour la lutte contre la corruption dépendant du
conseil des ministres, chargé de contrôler la mise en œuvre de la stratégie et
des plans d’action de la Bulgarie dans ce domaine. Deux nouveaux organes
administratifs ont été créés en 2010, une commission pour la prévention des
conflits d’intérêts et un organe horizontal pour la promotion de la lutte
contre la corruption. En outre, dans chaque secteur d’activité du gouvernement,
des services d’inspection administrative ont été chargés de mettre au point et
de contrôler des activités de prévention et des outils d’évaluation des
risques, ainsi que d’appliquer des sanctions disciplinaires si nécessaire.
Cette structure est complétée par l’Office national de contrôle, qui est chargé
du contrôle des avoirs des fonctionnaires. Grâce à ce cadre administratif complet, la Bulgarie a pu,
depuis 2007, mettre à son actif un certain nombre de résultats positifs en
matière de prévention de la corruption et de sanctions dans ce domaine. Des
outils d’évaluation des risques et des codes d’éthique ont été élaborés et mis
en œuvre dans la plupart des secteurs publics, un système de déclarations
régulières des fonctionnaires a été établi, permettant de déceler les conflits
d’intérêts et les incompatibilités et de contrôler les biens personnels
détenus, et certaines institutions, telles que les services douaniers,
l’administration fiscale et la police des frontières, ont entrepris une réforme
structurelle mettant particulièrement l'accent sur l'intégrité et la prévention
de la corruption. Toutefois, plusieurs points faibles importants sont
également à déplorer, que la Bulgarie devrait corriger pour opérer un
changement radical ayant un effet dissuasif sur les pratiques de corruption, et
pour améliorer le degré de confiance des Bulgares vis-à-vis de leurs
institutions publiques. Le système de contrôle des avoirs dans le cadre duquel
l’Office national de contrôle collecte et publie les déclarations de patrimoine
contribue utilement à la transparence, mais la vérification des déclarations
laisse à désirer et le système n'offre aucune possibilité de déceler un
enrichissement illicite. On a enregistré peu de cas de suivi concret par
d’autres autorités des incohérences relevées dans les déclarations[85].
La recommandation de la Commission d’inclure une vérification des avoirs dans
la nouvelle loi sur la confiscation des avoirs n’a pas été suivie d'effet[86].
Le fait que peu d’affaires de ce type fassent l’objet d’enquêtes laisse
fortement penser qu’il y a une lacune dans ce domaine, et il faut qu’une partie
de la machine administrative soit dotée de responsabilités explicites pour
s’attaquer en amont au problème de l’enrichissement illégal. La Bulgarie a adopté en 2009 une loi sur les conflits
d’intérêts et a mis en place une autorité administrative chargée de déceler et
de sanctionner les conflits d’intérêts[87].
La création d’une commission spécialisée pour identifier les conflits
d’intérêts et proposer des sanctions a donné lieu à une médiatisation
impressionnante des affaires de conflits d’intérêts, mais jusqu’à présent, une
seule affaire a débouché sur une décision définitive[88].
L’évaluation des 15 premiers mois d’activité de cette commission montre une
nouvelle autorité qui a relevé le défi et commencé rapidement à travailler,
mais qui n’est pas encore en mesure de s’affirmer par des décisions
convaincantes dans des affaires importantes[89].
Des questions se posent également en ce qui concerne l’efficacité de la loi sur
les conflits d’intérêts. Les décisions de la commission peuvent faire l’objet
d’un recours devant deux instances et toute sanction administrative ultérieure
peut également faire l'objet d’un recours devant deux instances. En conséquence
de cette double procédure contraignante, la commission n’a pu jusqu’à présent
prendre que cinq décisions à caractère pénal[90].
Elle doit faire preuve de sa capacité de discernement dans des affaires
délicates. Les recommandations de la Commission d’appliquer des règles en
matière de conflits d’intérêts aux contrats de services individuels n’ont pas
encore été suivies[91]. La Bulgarie met en œuvre une méthodologie sur l’évaluation
du risque de corruption au sein de l’exécutif sous l’autorité de l’inspection
générale du Conseil des ministres. Cette méthodologie peut être considérée
comme un instrument utile pour la prévention de la corruption. Toutefois, son
application n’est pas obligatoire et la capacité de l’inspection générale à
assurer le suivi de la mise en œuvre est limitée. En outre, l’évaluation du
risque de corruption n’est obligatoire que pour le pouvoir exécutif[92],
et jusqu’à présent aucune sanction disciplinaire n’a été appliquée dans les cas
où les exigences n’avaient pas été respectées. Une nouvelle structure chargée
d’évaluer les risques de corruption dans l’ensemble du cadre institutionnel
bulgare («Borkor») doit encore devenir opérationnelle. Pour bénéficier d’une
valeur ajoutée, cette structure devrait devenir une institution centrale
puissante capable de coordonner la lutte contre la corruption, compétente pour
évaluer les plans des autres institutions, effectuer une évaluation du risque
des déclarations de conflits d’intérêts ou faire office de secrétariat pour une
procédure de suivi indépendante. Marchés publics Les lacunes dans la mise en œuvre de la législation sur les
marchés publics sont une source de corruption importante. Elles compromettent
également l’utilisation effective des fonds de l’UE et, de manière générale,
ont pour effet de diminuer la qualité de la fourniture de biens publics et de
gaspiller l'argent public. Les audits et évaluations réalisés par divers
services de la Commission ont relevé des risques substantiels et des
dysfonctionnements dans ce domaine. Depuis 2007, la Bulgarie a consenti des efforts pour
améliorer son cadre juridique et renforcer l’action administrative en ce qui
concerne les marchés publics. Elle a revu sa législation sur les marchés
publics dans le but de la simplifier et de renforcer certains contrôles
administratifs, afin de se conformer aux recommandations de la Commission[93].
L'agence chargée de l'inspection des finances publiques et la Cour des comptes
ont été doté de pouvoirs pour effectuer des contrôles ex officio et les
compétences de l’agence des marchés publics pour contrôler les appels d’offres
avant leur publication ont été étendues. Des efforts ont été déployés pour
améliorer le degré d’expertise du pouvoir judiciaire, notamment grâce à des
spécialisations. Toutefois, ces efforts n’ont pas encore donné les résultats
escomptés. Les plaintes reçues par la Commission concernant le système de
marchés publics bulgare sont en augmentation constante[94],
et on constate des cas évidents d’infractions graves aux règles de l'UE en
matière de marchés publics. Malgré la mise en place, cette année, d’effectifs
supplémentaires[95],
les ressources consacrées à l’aide aux pouvoirs adjudicateurs sont encore
insuffisantes. Il sera important pour la Bulgarie d'appliquer de manière
efficace de nouvelles procédures de contrôle. Autoriser l’agence des marchés
publics à effectuer des contrôles ex officio constituerait un message important
indiquant qu’une approche plus proactive fondée sur le risque est attendue de
la part de tous les organismes de contrôle. III. Prochaines étapes L’évaluation de la Commission montre les progrès réalisés
par la Bulgarie au cours des cinq années qui ont suivi son adhésion à l'UE. Le
MCV a contribué de façon positive à la réalisation de ces avancées. La
Commission considère que la Bulgarie est en passe d’atteindre les objectifs de
ce mécanisme, pour autant qu’elle intensifie son processus de réforme.
L’approfondissement des réformes nécessitera une appropriation accrue de
celles-ci, en particulier de la part des hautes instances du pouvoir
judiciaire. Elle requerra également la définition, par les autorités, d’une orientation
commune claire et d’une approche globale en ce qui concerne la mise en œuvre
des changements, de façon à permettre aux différentes institutions d’œuvrer de
concert plus efficacement que par le passé. Cela nécessitera une
intensification des efforts visant à démontrer l’importance accordée à
l’intégrité et à la mise en place de sanctions effectives à l’encontre de la
corruption et de la criminalité organisée. Il convient de maintenir le MCV afin
de soutenir ces efforts et de permettre la poursuite de la dynamique enclenchée
sur la voie d’un processus de réforme durable et irréversible qui soit
suffisamment solide pour rendre inutile, à l’avenir, l'intervention extérieure
de ce mécanisme. La Bulgarie a montré au cours des cinq dernières années qu’elle
peut enregistrer des progrès importants lorsqu’elle s’appuie sur des
orientations politiques claires. Elle a mis en place un grand nombre
d'instruments appropriés. La prochaine étape consistera à mettre ceux-ci en
œuvre afin de faire avancer la réforme. Cela favorisera la réalisation des
exigences du MCV et apportera la preuve d’un engagement à la population
bulgare. Tous les États membres ont des obligations et des chances à saisir en
matière de liberté, de sécurité et de justice, et la Commission attend de la
Bulgarie qu’elle mène à bien le processus spécifique du MCV et qu'elle
s'attaque à ces questions dans le même esprit que les autres États membres. La Commission, consciente que la Bulgarie doit à présent
exécuter les décisions qui ont été prises, éviter tout recul et présenter un
bilan satisfaisant, a décidé de procéder à la prochaine évaluation à la fin de
2013. Elle disposera ainsi du temps nécessaire pour apprécier des résultats
tangibles. La Commission mettra également fin à sa pratique consistant à
publier des rapports à mi‑parcours. Elle suivra cependant de près les
progrès réalisés au cours de cette période, au moyen de missions régulières
ainsi que d’un dialogue fréquent avec les autorités bulgares et les autres
États membres. IV. Recommandations La Commission invite la Bulgarie à maintenir le cap et, à
cet effet, à prendre des mesures dans les domaines mentionnés ci-après, sur la
base de recommandations visant à l’aider à centrer ses efforts sur
l’élaboration de la prochaine évaluation de l'état d'avancement que la
Commission effectuera en application du MCV à la fin de 2013. 1. Réforme du système judiciaire –
Reconduction du Conseil supérieur de la magistrature, qui sera chargé
d’entreprendre une réforme fondamentale. –
Élaboration et mise en œuvre d’une stratégie à moyen terme en matière de
ressources humaines dans l'appareil judiciaire, sur la base d’une analyse des
besoins et de la charge de travail, et réalisation des changements nécessaires
en ce qui concerne la structure des tribunaux, le recrutement et la formation. –
Un nouveau procureur général devrait être chargé de réformer la
structure, les procédures et l’organisation du ministère public en s’appuyant
sur un audit fonctionnel indépendant et en collaborant avec des experts
extérieurs. –
Définition d’un objectif en ce qui concerne l’achèvement des travaux
relatifs au nouveau code pénal et la mise en œuvre de celui-ci. –
Garantie de la participation ouverte de toutes les ONG et associations
professionnelles importantes à la définition et au suivi des stratégies en
matière de réforme. 2. Indépendance, responsabilisation
et intégrité du système judiciaire –
Focalisation des travaux de l’Inspection sur l’intégrité et l'efficacité
du système judiciaire. Définition d’un système unique et efficace d’attribution
aléatoire des affaires à l’échelon national. –
Garantie du caractère transparent, concurrentiel et exemplaire de
l'élection du procureur général, qui devra reposer sur des critères d'intégrité
et d'efficacité. –
Attribution d'une priorité absolue à la transparence, à l’objectivité et
à l’intégrité des évaluations, des promotions, des nominations et des décisions
disciplinaires en ce qui concerne le système judiciaire. 3. Efficacité du processus
judiciaire –
Élaboration d’une stratégie visant à réduire les retards dans la
publication de la motivation des arrêts et analyse des solutions disponibles en
la matière. –
Résolution des lacunes concernant l’exécution effective des décisions de
justice, telles que la fuite des personnes cherchant à échapper à des peines
d'emprisonnement ou la non-exécution des sanctions financières imposées par les
tribunaux. –
Adoption d’une stratégie visant à renforcer la cohérence juridique, y
compris d’une stratégie proactive de la part de la Cour suprême de cassation
afin d’identifier les points de dissension et de statuer sur ceux-ci. 4. Lutte contre la criminalité
organisée –
Constitution de la nouvelle commission chargée de la confiscation des
avoirs selon des critères d'intégrité et garantie d’une pleine coopération de
la part des autres instances, et notamment du ministère public, avec celle-ci;
adoption rapide de décisions par la Cour suprême de cassation afin, le cas
échéant, de préserver son autorité. –
Réalisation d’une analyse indépendante des manquements, axée sur les
lacunes en matière d'instruction des affaires et de poursuites, y compris la
protection des témoins, l'analyse économique et financière, la collecte de
preuves par la police et la coopération entre le pouvoir judiciaire et le
pouvoir exécutif. –
Sur cette base, résolution des lacunes constatées en ce qui concerne la
structure, la gestion, le personnel, la formation, la coopération et la
pratique professionnelle. 5. Lutte contre la corruption –
Mise à profit de l'expérience acquise par le passé afin d'améliorer les
résultats de la police, du ministère public et des tribunaux. –
Réalisation d’une analyse d'impact indépendante de la stratégie
nationale de lutte contre la corruption mise en place par la Bulgarie.
Attribution de la coordination de la lutte contre la corruption à une
institution unique, qui devra contribuer aux efforts déployés dans différents
secteurs et coordonner ceux-ci, faire rapport sur les résultats de la stratégie
de lutte contre la corruption au sein de l’ensemble des organismes publics et encourager
la mise en place d’un nouveau système de suivi indépendant associant la société
civile. –
Modification de la loi sur les conflits d'intérêts en vue d'une
application effective de sanctions présentant un caractère dissuasif. Réexamen
du système de déclaration et de vérification des avoirs afin d’en faire un
instrument efficace permettant de déceler les cas d’enrichissement illicite. [1] Conclusions du Conseil des
ministres, 17 octobre 2006 (13339/06); décision de la Commission
du 13 décembre 2006 établissant un mécanisme de coopération et de
vérification des progrès réalisés par la Bulgarie en vue d'atteindre certains
objectifs de référence spécifiques en matière de réforme du système judiciaire
et de lutte contre la corruption et la criminalité organisée [C(2006) 6570
final]. [2] Elle
prévoyait aussi la possibilité d'un mécanisme de sauvegarde, qui n'a pas dû
être invoqué. [3] Les
conclusions du Conseil européen des 28 et 29 juin prévoient l'engagement
de l'UE, dans le pacte pour la croissance et l'emploi, de réduire les retards
dans les systèmes judiciaires dans le cadre de la modernisation des
administrations publiques (conclusions du Conseil européen du 29
juin 2012, p. 9). [4] Sondage
Eurobaromètre Flash réalisé par la Commission en Bulgarie en mai 2012 (Eurobaromètre
Flash 351: «Le mécanisme de coopération et de vérification pour la Bulgarie et
la Roumanie» à l’adresse suivante: http://ec.europa.eu/public_opinion/index_fr.htm). [5] Eurobaromètre
Flash 351. [6] Parmi
les points de référence figurent les travaux du Conseil de l'Europe, de l'OCDE
et des agences des Nations unies. [7] Les
experts consultés en 2012 se composaient de professionnels de haut niveau
d'Allemagne, d'Espagne, de France, d'Irlande, de Pologne, du Royaume-Uni et de
Slovénie. [8] Rapport
technique, p. 36. [9] Ces
conclusions sont soutenues par l’opinion publique. 71 % des personnes
ayant répondu au sondage Eurobaromètre Flash réalisé en Bulgarie sont d'avis
que l'action de l'UE, par le truchement du MCV, a eu une incidence positive sur
les progrès obtenus dans le système judiciaire (67 % et 65 % sont du
même avis en ce qui concerne respectivement la lutte contre la corruption et la
lutte contre la criminalité organisée). Dans le même temps, une majorité des
personnes interrogées estiment que la situation n'a pas évolué dans ces
domaines, voire qu'elle s'est détériorée ces cinq dernières années
(Eurobaromètre Flash 351). [10] La
structure du Conseil supérieur de la magistrature est définie dans la
Constitution (rapport technique, p. 4, note de bas de page 6). [11] Le
Conseil supérieur de la magistrature est assisté dans ces domaines par
l’Inspection judiciaire, les présidents des tribunaux et l'Institut national de
justice (institution bulgare de formation des juges). [12] Les
statistiques de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) montrent que,
de tous les États membres de l’UE, la Bulgarie compte le plus grand nombre
d’arrêts de la CEDH en attente d'exécution. La grande majorité de ces arrêts
concerne la durée excessive de la procédure pénale et de l’absence de recours
effectif. Parmi les autres griefs figurent l’inefficacité des enquêtes et un
usage excessif des armes à feu par la police. (Conseil de l’Europe:
Surveillance de l’exécution des arrêts et des décisions de la CEDH, rapport
annuel 2011 à l’adresse suivante: http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/execution/Source/Publications/CM_annreport2011_fr.pdf
[13] Les
membres issus du parlement au sein du Conseil supérieur de la magistrature sont
élus à la majorité simple tandis que les inspecteurs le sont à la majorité des
deux tiers. [14] Rapport
technique, p. 5, note de bas de page 7. [15] Rapport
technique, p. 18. [16] Plus
récemment, COM(2011) 459 final, p. 8. [17] Les
rapports de la Commission au titre du MCV du 20 juillet 2011 [COM(2011) 459
final, p. 4] et du 8 février 2012 [COM(2012) 57 final, p. 2] faisaient part
d’inquiétudes liées au manque de transparence et d’objectivité des nominations
à des postes élevés de la magistrature dans ce contexte (rapport technique, pp.
6 et 14). [18] À
la suite d'accusations d'influence et de partialité dans des affaires de
criminalité organisée lancées par un membre du gouvernement, des juges du
tribunal municipal de Sofia ont introduit un recours devant le Conseil
supérieur de la magistrature en février afin de protéger l'indépendance de la
justice et d'établir les faits dans les affaire en question. Le juge mis en
cause a également introduit une action en justice pour diffamation. Il a
ensuite été révoqué de l'appareil judiciaire par le Conseil supérieur de la
magistrature le 12 juillet, pour avoir retardé la publication des motivations
dans une affaire en justice. Cela a donné lieu à des débrayages et à des
manifestations dans plusieurs tribunaux, notamment de la part d'un grand nombre
de juges de la Cour suprême de cassation. [19] Des
experts indépendants consultés par la Commission ont cependant fait part de leurs
préoccupations quant à l’absence de séparation des rôles au sein du Conseil
(rapport technique, p. 13, note de bas de page 49). [20] Il
y a eu peu d'actions disciplinaires avant 2007 et la création d'une inspection
judiciaire indépendante. Au total, le Conseil supérieur de la magistrature a
statué sur 179 affaires disciplinaires entre octobre 2007 et décembre 2011. Le
nombre de sanctions est passé de 15 en 2008 à 24 en 2009 et 34 en 2010 avant de
retomber à 13 en 2011. [21] L’Inspection
effectue des contrôles réguliers et ponctuels de la gestion des tribunaux
locaux et des bureaux des procureurs. Elle a assuré le suivi de plaintes et
également mené des enquêtes sur des questions particulières, par exemple les
retards dans certaines affaires. Fin 2011, l'Inspection avait procédé à
l’évaluation complète de l’ensemble des tribunaux de districts. [22] Rapport
technique, p. 7. [23] Toutes
les sanctions disciplinaires ont été annulées par la Cour suprême
administrative dans l’une des deux affaires. Rapport technique, pp. 14-15. [24] Cela
a été mis en avant dans plusieurs rapports au titre du MCV, notamment les
documents COM(2011) 459 final, p. 4 et COM(2012) 57 final, pp. 2-3. [25] Des
questions relatives à l’intégrité se sont posées à l’occasion de la nomination
de présidents de plusieurs juridictions supérieures, de l'Inspection du Conseil
supérieur de la magistrature et de certains membres de ce Conseil. (rapport
technique, pp. 6 et 14 et COM(2011) 459 final, p. 4. [26] Par
exemple, l’examen par l’Inspection des lacunes du système aléatoire
d'attribution des affaires n’a débouché jusqu'à présent sur aucune mesure
corrective concrète (rapport technique, pp. 7 et 9). [27] Parmi
les habitants de tous les États membres, les Bulgares sont ceux qui ont la
perception la plus négative de la fréquence et de l'ampleur de la corruption
dans le secteur de la justice. En septembre 2011, 76 % de l’ensemble des
personnes interrogées en Bulgarie estimaient que la corruption était répandue
au sein de l'appareil judiciaire. Cette perception s’est néanmoins légèrement
améliorée depuis 2009 (Eurobaromètre spécial n° 374 sur la perception de la
corruption dans l’UE, publié en février 2012). [28] Rapport
technique, p. 13. À titre d'exemple, le Conseil supérieur de la magistrature a
reconnu que dans les évaluations effectuées en 2011, la note «très bon» a été
attribuée à 98 % de l’ensemble des magistrats. [29] En
mai, une décision de promotion du Conseil supérieur de la magistrature a été
annulée par la Cour suprême administrative qui a estimé que le Conseil n'avait
pas tenu compte des résultats universitaires du candidat de manière appropriée. [30] Rapport
technique, p. 13, note de bas de page 46. [31] En
fait, les détachements équivalent à des promotions et concernent principalement
les tribunaux et les bureaux des procureurs de Sofia. En 2011, le nombre total
de juges et de procureurs détachés s’élevait à 265 alors qu’il existait 294
possibilités de promotion et de mutation. [32] Selon
les estimations de professionnels du droit, la charge de travail du Tribunal
municipal de Sofia est huit fois plus élevée que celle des autres tribunaux de
première instance, la situation du Tribunal régional de Sofia étant jugée pire
encore. Les réaffectations de postes sont restées limitées, soit de 20 à 30
mutations en moyenne par an (rapport technique, p. 14). Aucune décision de
fermeture complète de tribunaux et de réaffectation du personnel n’a encore été
prise. [33] Un
cas cité dans ce contexte est résumé dans la note de bas de page 18. [34] Un
nouveau code de procédure civile a été adopté en juillet 2007, tandis que le
code de procédure administrative a été modifié en 2007 et 2011 et le code de
procédure pénale modifié en 2010. Rapport technique, pp. 10-12. [35] Rapport
technique, p. 9. [36] Rapport
technique, p. 16. [37] COM(2012)
459 final, p. 8, recommandations f et g. [38] Entre
2007 et 2011, la Cour suprême de cassation n’a émis que cinq décisions
interprétatives concernant des délits de criminalité organisée et de
corruption. [39] Ces
recommandations ont été faites par la Commission dans le rapport au titre du
MCV (points 1 et 3, p. 8), adopté le 20 juillet 2011 [COM(2011) 459]. [40] Par
exemple, le ministère public a créé deux nouveaux départements chargés de la
lutte contre la criminalité financière et un département spécialisé dans la
justice pour mineurs. La Bulgarie doit encore prendre des mesures pour
renforcer l'indépendance interne du ministère public afin de garantir des
enquêtes indépendantes, objectives et efficaces. Elle doit notamment remédier à
l'absence, en droit bulgare, de garanties suffisantes d'indépendance des
enquêtes relatives à des délits dont le procureur général ou d'autres
fonctionnaires de haut rang proches de ce dernier pourraient être soupçonnés
(CEDH 1108/02 Kolevi, arrêt du 5.11.2009, final le 5.2.2010). [41] Des
propositions en vue d'une réforme en profondeur du Conseil supérieur de la
magistrature ont été présentées au ministre de la justice en février 2012 par
une association composée des principales organisations professionnelles et
d’ONG actives dans le domaine de la réforme de la justice. Rapport technique,
p. 16. [42] Les
experts ont notamment a mis en avant l’absence de séparation formelle, au sein
du Conseil, entre la section des juges et celle des procureurs. Ce point a déjà
été souligné dans les avis de la commission de Venise du Conseil de l'Europe,
de même que la forte politisation des nominations. [43] Les
candidatures seront publiées deux mois avant la date des élections et des
auditions publiques de l’ensemble des candidats seront organisées afin d’offrir
un droit de regard au public. Une élection indirecte à laquelle participera un
nombre deux fois plus important de délégués aura lieu cet automne. L’élection
directe du Conseil est prévue pour les prochaines élections en 2017. [44] Europol
a constaté une amélioration de la coopération de la Bulgarie avec les autorités
chargées de faire appliquer la loi dans d'autres États membres, qui a contribué
au succès de plusieurs opérations conjointes. [45] Le
nombre d'enquêteurs dans la police est passé de 2 000 en 2010 à 6 000
en 2011 et devrait atteindre 8 000 au total. [SEC(2011) 967 final, p. 18]. [46] Europol
considère que la criminalité organisée bulgare est unique en son genre dans
l'UE dans la mesure où elle influence considérablement l'économie en tant que
plateforme pour influencer le processus politique et les institutions de
l'État. Le chiffre d'affaires annuel des douze activités les plus importantes
dans la criminalité organisée bulgare est estimé à 1,8 milliard d'EUR par an,
soit 4,8 % du PIB. (Serious and Organised Crime Threat Assessment
2010-2011. Centre pour l'étude de la démocratie, Sofia. Avril 2012, p.5).
Europol a également noté que le nombre d'enquêtes ouvertes en Bulgarie, bien
qu'il augmente, reste toujours limité par rapport à l'ampleur du phénomène de
la criminalité organisée. [47] 96 %
des personnes ayant répondu à un sondage Eurobaromètre Flash réalisé en
Bulgarie en mai 2012 considèrent que la criminalité organisée est un problème
important (Eurobaromètre Flash 351). [48] Rapport
technique, p. 31. [49] Le
renforcement général en 2010 de la section enquête de la police a également eu
un effet positif sur les capacités de la police dans ce domaine. [50] Rapport technique, p. 32. [51] COM(2009) 402 final, p. 7; COM(2010) 400 final, p. 8;
COM(2011) 459 final, p. 9. [52] Le
code pénal bulgare définit la criminalité organisée comme des infractions
pénales commises par trois individus ou plus. [53] Rapport
technique, p. 34. [54] Une
contestation constitutionnelle a été enregistrée début juillet. [55] Après
un premier échec au parlement en juillet 2011 et les recommandations de la
Commission dans deux rapports consécutifs au titre du MCV préconisant une
reprise du projet de loi, plusieurs ambassadeurs des États membres sont
intervenus publiquement en mai pour soutenir le projet et la Commission a apporté
des conseils sur certains aspects du texte. [56] Manquent
en particulier des dispositions concernant le contrôle des avoirs des hauts
fonctionnaires et des hommes politiques, et une compétence ex-officio attribuée
à la commission de confiscation des avoirs. [57] Rapport
technique, p. 35. [58] Les
membres de la nouvelle commission seront élus par le parlement, le gouvernement
et le président. [59] Les
exceptions remarquables sont celles de Dimitar Zhelyazhkov, Plamen Galev et
Angel Hristov. [60] Depuis
juillet dernier, la Cour suprême de cassation n'a finalement condamné personne
dans les quatre grandes affaires dudit «gang des crocodiles», des «frères
Margin», d'Ilian Varsanov et de Dimitar Vuchev. Des acquittements ont par
ailleurs été cités dans le document COM(2011) 459 final, p. 5. [61] Il
est généralement admis que quelque 150 assassinats commandités ont été commis
depuis 10 ans, mais que très rares ont été ceux qui ont été révélés et
sanctionnés. [62] Cela
concerne la région de la mer Noire en particulier. [63] Une
figure importante du crime organisé a été arrêtée en mai et sera extradée pour
être jugée dans un autre État membre. La coopération entre la Bulgarie,
plusieurs autres États membres et Europol a récemment permis une importante
saisie de drogue. [64] Rapport
technique, p. 30. [65] Il
n'existe aucune donnée concernant les avoirs saisis ou confisqués dans le cadre
des affaires dont s'occupe le nouveau parquet spécialisé dans les affaires
liées à la criminalité organisée. Un procès important concernant du blanchiment
d'argent a été récemment entamé à l'encontre de Plamen Galev et Angel Hristov. [66] Parmi
les propositions faites par des experts sur la base des pratiques dans d'autres
États membres figurent des rapports réguliers par l’encadrement supérieur du
ministère public et de la police, ainsi qu’un registre central des comptes en
banque pour faciliter les enquêtes financières. [67] La
loi d’amnistie de 2009 a entraîné l’abandon de 458 affaires, notamment en
matière d’abus de pouvoir et de détournement de fonds publics. [68] COM(2011)
459 final, p. 10. [69] À
l’exception de l’Office national de contrôle, toutes les autorités dans ce
domaine sont subordonnées au pouvoir exécutif. [70] L’Office
national de contrôle et la commission chargée des conflits d'intérêts ne
peuvent pas prendre de sanctions lorsqu'il y a refus de coopération. Les
services d’inspection ont le droit de sanctionner le non-respect des règles en
matière de prévention de la corruption mais n’ont en réalité jamais exercé ce
droit. [71] Eurobaromètre
Flash 351, juillet 2012. [72] En
2009, la Commission a recommandé à la Bulgarie de mettre en place des
structures spécialisées pour poursuivre et juger les affaires de corruption à
haut niveau et de criminalité organisée. COM(2009) 402 final, p. 7. [73] Les
modifications apportées au code pénal en mai 2008 prévoient l’acceptation par
les tribunaux de preuves fournies par l’Office européen de lutte antifraude
(OLAF). [74] COM(2011)
459 final, pp. 8-9. [75] Les
condamnations dans les affaires concernant des détournements de fonds de l'UE
sont passées progressivement de zéro en 2007 à 243 en 2010, pour redescendre à
159 en 2011. Aucune des mises en accusation concernant des détournements de
fonds de l’UE enregistrées en 2011 n’a fait l’objet de poursuites pénales et
toutes ont été transformées en infractions administratives [COM(2012) 57 final,
p. 6]. [76] Dans
ses rapports de juillet 2011 et de février 2012, la Commission signale un grand
nombre d’affaires rayées du rôle alors que des affaires liées fondées sur les
mêmes faits faisaient l’objet de poursuites dans un autre État membre
[COM(2011) 459 final, p. 6; COM(2012) 57 final, p. 6]. [77] Procédures
d'instruction pénale engagées pour des délits de corruption: 512 en 2007, 490
en 2008, 595 en 2009, 684 en 2010 et 522 en 2011. [78] Depuis
la dernière analyse de la Commission en juillet 2011, des condamnations ont été
prononcées dans cinq affaires de corruption de haut niveau, dont deux
définitives. Des condamnations définitives à des peines de prison ont été
prononcées dans deux affaires concernant un ancien membre du parlement et un
ancien directeur d’une entreprise publique, et l’exécution d’une condamnation a
été suspendue. Au cours de la même période, dix acquittements ont été prononcés
dans des affaires impliquant trois anciens ministres, un ancien vice-ministre
et d’autres hauts fonctionnaires, des directeurs d’entreprises publiques et des
hommes d’affaires. [79] Voir
ci-dessus page 7. [80] Dans
les deux affaires, de nombreux retards ont eu pour conséquence que les
condamnations prononcées en première instance en 2010 ont à peine progressé en
appel (rapport technique, p. 20, note de bas de page 80). [81] Rapport
technique au titre du MCV du 20 juillet 2011 [SEC(2011) 967 final], p. 12. [82] Rapport
technique, pp. 16-17. [83] À
cet égard, la Commission avait recommandé à la Bulgarie d’entreprendre un audit
détaillé de la pratique judiciaire, des procédures et de l’organisation et
d’établir un plan d’action détaillé en concertation avec des experts
internationaux. [COM(2011) 459 final, recommandations aux points 3 et 6, pp.
8-9]. [84] Rapport
technique, p. 9. [85] Les
déclarations sont comparées automatiquement, par un programme informatique, à
d’autres données disponibles, telles que les déclarations fiscales, mais il n’y
a aucune analyse du risque, aucun accès aux données bancaires, aucune
comparaison par rapport aux déclarations d'années précédentes et, par
conséquent, aucune possibilité de réaliser le suivi d’un enrichissement
inexplicable. [86] La
Commission avait recommandé à la Bulgarie d’«adopter une législation prévoyant
la confiscation non fondée sur la condamnation et le contrôle ex officio des
avoirs des hauts fonctionnaires, des magistrats et des hommes politiques, et
afficher un bilan satisfaisant dans ce domaine» [COM(2011) 459 final, p.
9]. [87] La
Bulgarie a adopté une loi en 2009 et a ensuite établi la commission pour la
prévention et l’identification des conflits d’intérêts en 2011, après la
suspension à l’été 2008 d’un financement de l’UE, motivée en particulier par
plusieurs cas de conflit d’intérêts et un manque de protection des fonds de
l’UE dans ce domaine. (rapport technique, p. 27; voir également COM(2008) 496
final «Rapport sur la gestion des fonds de l'UE en Bulgarie»). [88] Rapport
technique, p. 27. [89] Des
affaires récentes mises en doute publiquement concernent l’ancien président de
la commission chargée de la confiscation des avoirs et l’ancien président et
ancien membre de la commission pour la protection des consommateurs. [90] D’autres
faiblesses relevées par les experts concernent notamment l’incapacité de donner
suite à des signalements anonymes et d’infliger des sanctions administratives
en cas de déclarations incorrectes (rapport technique, p. 27). [91] [COM(2011)
459 final, recommandation 5, p. 10]. Les contrats de services individuels sont
actuellement basés sur la loi sur les obligations et les contrats et échappent
donc à la législation sur le travail et ses dispositions en matière de conflits
d’intérêts et d’incompatibilités. [92] L’évaluation
du risque de corruption n’est pas obligatoire pour le parlement, le pouvoir
judiciaire, les administrations locales autonomes, les organismes publics, les
institutions publiques et les services et les fonds publics. [93] COM(2011)
459 final, p. 10. [94] Dans
le domaine des marchés publics, la Commission a reçu quatre plaintes en 2008 et
2009 et 26 plaintes en 2010 et 2011. [95] L’agence
des marchés publics a reçu dix postes supplémentaires cette année,
essentiellement pour effectuer des contrôles ex ante supplémentaires.