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Document 52023DC0902

    COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL ET AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN Rapport 2024 sur le mécanisme d’alerte

    COM/2023/902 final

    Strasbourg, le 21.11.2023

    COM(2023) 902 final

    COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL ET AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN

    Rapport 2024 sur le mécanisme d’alerte

    {SWD(2023) 901 final} - {SWD(2023) 902 final}


    Le rapport sur le mécanisme d'alerte (RMA) désigne les États membres dont la Commission estime, sur la base d'une lecture économique du tableau de bord de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques, qu'ils peuvent être touchés par des déséquilibres, ou risquent de l’être 1 . Cette lecture prend en considération les données réelles pour 2022, qui sont interprétées de manière prospective en tenant compte de l’évolution des risques possibles d'après les évolutions économiques en cours en 2023, et d'après les prévisions à plus long terme émises par la Commission à l’automne 2023, le cas échéant. Une analyse complète et une annexe contenant les valeurs du tableau de bord figurent dans le document de travail des services de la Commission qui accompagne la présente communication 2 .

    Le rapport 2024 sur le mécanisme d'alerte examine l’évolution des déséquilibres macroéconomiques dans un contexte d'inflation toujours élevée, mais en baisse, et de faible croissance économique. Au début de l’année 2023, le pic de l’inflation semblait avoir été atteint dans la plupart des économies de l’UE, alors que les prix de l'énergie avaient baissé et que les tensions sur les prix se relâchaient sous l'effet de la poursuite du recul de l'inflation alimentaire. Malgré des baisses substantielles de l’inflation, comme en témoignent les données les plus récentes, l’inertie de ses principales composantes pourrait rendre difficile son retour à un niveau plus souhaitable dans un avenir immédiat. Une période prolongée d’inflation élevée exacerbe le risque de persistance des divergences, étant donné que les économies nationales s’adaptent et redistribuent l’incidence du choc des prix de l’énergie de différentes manières. La croissance en termes réels s'est enrayée dans de nombreux pays, en particulier au tournant de l’année, avec une consommation rendue atone par la baisse du pouvoir d’achat réel des ménages et un durcissement monétaire qui freine la demande. Selon les perspectives actuelles, la baisse des taux d’inflation devrait se poursuivre, quoique plus lentement, tandis que la croissance du PIB réel devrait progressivement se redresser. Les risques qui entourent les perspectives sont liés au contexte mondial: le nouveau conflit au Moyen-Orient, la poursuite de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine et le contexte géopolitique généralement changeant peuvent porter atteinte au commerce mondial et rendre les conditions extérieures difficiles. Dans le monde, hors UE, l’inflation et les réactions des banques centrales aux pressions inflationnistes, conjuguées à l’appréciation du dollar des États-Unis, ont entraîné des tensions financières.

    Lecture thématique sectorielle

    ·Le solde de la balance courante a diminué dans presque tous les États membres en 2022, mais est en hausse dans la plupart en 2023. La flambée des prix de l’énergie a réduit les excédents et creusé les déficits. Tant le solde énergétique que le solde hors énergie se sont détériorés, sous l’effet de la dégradation des termes de l’échange, d’une demande intérieure toujours forte, bien qu’en baisse, et des dépréciations des taux de change dans certains pays. Les excédents élevés de la balance courante se sont quelque peu amoindris en 2022. Les balances courantes de la plupart des pays grands débiteurs nets sont restées inférieures à un niveau propice à leur correction rapide. Les encours extérieurs nets importants, tant positifs que négatifs, se sont généralement resserrés, mais sont restés substantiels. Tout au long de l’année 2023, les soldes extérieurs ont enregistré un retour partiel à leurs niveaux antérieurs, principalement en raison de la baisse des prix de l’énergie et de l’affaiblissement de la demande. Si de nombreux déficits modérés de la balance courante se résorbent, un petit nombre de pays continuent d’afficher des déficits beaucoup plus élevés qu’avant 2022 ou avant la crise de la COVID-19. En outre, ces déficits restent supérieurs à ce que suggèrent les fondamentaux de ces pays ou à ce qui serait nécessaire pour ramener leurs encours extérieurs vers des niveaux plus prudents. Les comptes courants de la plupart des pays grands débiteurs nets augmentent à mesure que l’incidence des prix de l’énergie s’estompe.

    ·En 2022, la balance courante de la zone euro a fortement diminué, devenant négative pour la première fois depuis plus d’une décennie en raison de la forte hausse des prix de l’énergie, mais elle augmente depuis lors. Avec la détérioration des termes de l’échange, la balance commerciale nominale s’est fortement détériorée, la valeur des importations ayant progressé beaucoup plus rapidement que celle des exportations; la balance commerciale est cependant restée globalement stable en termes réels. Avec une amélioration des termes de l’échange et une demande réelle atone, la balance courante de la zone euro a commencé à se renforcer à la fin de 2022 et est redevenue excédentaire au deuxième trimestre 2023. Elle devrait continuer à s’améliorer cette année et l’année prochaine, avec un renforcement de la balance commerciale. Dans l’ensemble, le rétrécissement des positions extérieures globales nettes a conduit à un certain rééquilibrage des positions extérieures au sein de la zone euro; les variations de ces positions ont été plus importantes pour les pays débiteurs nets, malgré quelques réductions sensibles de leurs balances courantes.

    ·La croissance des coûts salariaux unitaires s’est nettement accélérée dans l’ensemble, avec des écarts notables entre les pays en 2022 puis en 2023, y compris dans la zone euro, où ces écarts posent de plus grands risques pour la compétitivité. Une très forte croissance dans certains États membres marque une nette accélération par rapport aux années précédentes. Les augmentations salariales ont été substantielles dans la plupart des pays, mais néanmoins inférieures aux augmentations du coût de la vie. Cela a entraîné une pression sur les budgets des ménages, en particulier pour les travailleurs à faibles revenus. En 2023, la croissance des salaires s’est accélérée. En conséquence, les coûts salariaux unitaires devraient croître encore plus rapidement en 2023 qu’en 2022 dans la plupart des pays et, même là où leur croissance ralentit, ils devraient quand même augmenter à un rythme soutenu. Les salaires cumulés devraient diminuer en termes réels en 2022 et 2023. Pour 2024, les prévisions tablent sur un ralentissement important des taux de croissance des coûts salariaux unitaires, mais l’incertitude demeure élevée, étant donné que les salaires dépendent de négociations qui n’ont pas encore eu lieu dans de nombreux pays. La plus forte croissance des coûts salariaux unitaires attendue dans certains pays créditeurs nets devrait favoriser un rééquilibrage symétrique des positions extérieures au sein de la zone euro en 2023 et 2024.

    ·La dépréciation nominale de l’euro par rapport à d’autres grandes monnaies en 2022, étant donné que l’Europe a été plus directement touchée par la crise énergétique et que les conditions monétaires y sont restées plus souples, a entraîné une dégradation globale du taux de change effectif réel de la zone euro. L’euro a gagné en vigueur au premier semestre 2023. Au sein de la zone euro, les pays à forte inflation ont affiché une appréciation continue de leurs taux de change effectifs réels, principalement sous l’effet des écarts d’inflation sous-jacente. Hors de la zone euro, les variations du taux de change nominal ont eu une influence importante sur les taux de change effectifs réels et, dans la plupart des pays, une dépréciation nominale en 2022 a été suivie d’une certaine appréciation en 2023, même par rapport à l’euro. Dans l’ensemble, l’orientation monétaire s’est durcie davantage et plus tôt dans les pays hors zone euro, en particulier au tout début de la période inflationniste. Toutefois, dans ces pays, et malgré la nette diminution de l’inflation globale depuis le début de l’année, les tensions sur les prix restent élevées.

    ·Les ratios de la dette des entreprises au PIB ont diminué en 2022, sous l’effet d’une forte croissance du PIB nominal. Les flux de prêts ont été importants pendant la majeure partie de 2022, mais ont commencé à ralentir fortement vers la fin de l’année. Les bénéfices ont globalement augmenté, les entreprises bénéficiant d’un plus grand pouvoir de fixation des prix. Toutefois, la croissance des bénéfices unitaires s’est récemment ralentie, en particulier dans l’industrie. En 2023, un désendettement actif s’est opéré dans certains pays alors que les flux de prêts devenaient négatifs. Toutefois, les encours de dette restent élevés dans de nombreux États membres et, dans certains cas, supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie, ce qui représente un facteur de risque. Étant donné que les prêts aux entreprises sont généralement contractés avec des conditions souples et des échéances courtes, la hausse des charges d’intérêts accroît les pressions dans certains secteurs, notamment l’immobilier commercial. Dans certains pays, les prêts non performants et les faillites d’entreprises ont commencé à augmenter et sont concentrés dans des secteurs à haut risque, notamment le logement, l’alimentation et les transports. Dans un avenir proche, les charges imposées par la hausse des taux d’intérêt, la baisse des bénéfices, les pressions potentielles sur la compétitivité-coûts et l’accès limité aux financements sont susceptibles d’accroître les vulnérabilités des entreprises. Le moindre recours à de nouveaux prêts freinera probablement également l’investissement des entreprises, ce qui aura une incidence sur les perspectives de croissance future.

    ·Les prix des logements ont continué à s’accélérer dans la plupart des États membres au cours des premiers mois de 2022, avant d’atteindre un tournant. La combinaison de taux hypothécaires plus hauts et de revenus réels disponibles plus bas a entraîné un ralentissement de la hausse des prix des logements, et ces derniers ont chuté sur une base trimestrielle, voire sur une base annuelle dans les pays les plus touchés, ce qui a entraîné une réduction des surévaluations. Les prix des logements devraient continuer à s’ajuster en fonction des taux d’intérêt plus élevés. Toutefois, dans une poignée de pays où les taux hypothécaires n’ont pas sensiblement augmenté ou bien où les financements affluent de l’étranger, les prix des logements continuent de connaître une forte croissance et l’activité de construction est forte.

    ·Les ratios d’endettement des ménages ont continué de baisser en 2022, malgré la vigueur des flux hypothécaires au cours des premiers mois de l’année. La dette des ménages est encore en baisse en 2023 en raison de la diminution des flux hypothécaires, et l’effet de dénominateur est plus faible qu’en 2022, étant donné que la croissance du PIB réel ralentit et que l’inflation s’atténue. Malgré ces baisses continues des ratios d’endettement, la charge d’intérêts pesant sur certains ménages a augmenté et continuera à augmenter dans de nombreux pays, avec la répercussion progressive de la hausse des taux d’intérêt sur les remboursements hypothécaires mensuels. L’ampleur et la rapidité de ce processus dépendent de la durée des taux hypothécaires fixes et de la part des paiements d’intérêts dans les paiements mensuels. Dans l’ensemble de l’UE, les taux hypothécaires ont considérablement augmenté au cours de l’année 2022, dépassant les niveaux observés sur la dernière décennie. Dans quelques pays, ils ont atteint leur pic récemment, mais dans la plupart, le coût de l’emprunt était toujours en hausse en septembre 2023.

    ·La dette publique a diminué en pourcentage du PIB en 2022, la croissance nominale ayant un fort effet de dénominateur; de nouvelles baisses sont en cours. La croissance nominale a également contribué au dynamisme des recettes fiscales, assorti d’une réduction des déficits publics. Si les mesures de soutien visant à atténuer l’incidence de la hausse des prix de l’énergie ont pesé sur le déficit, elles ont généralement remplacé les importants trains de mesures de soutien liés à la pandémie. Les ratios de la dette publique au PIB restent plus élevés qu’avant la crise de la COVID-19 dans la plupart des pays, sauf dans quelques pays très endettés marqués par une très forte croissance du PIB réel. En 2023 et 2024, les niveaux d’endettement devraient diminuer plus lentement dans la plupart des cas, et se maintenir dans d’autres. La charge d’intérêts sur la dette publique a augmenté, et les besoins bruts de financement restent importants pour de nombreux pays, alors que l’inflation élevée devrait progressivement alimenter une hausse des dépenses publiques.

    ·La hausse de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont modifié l’environnement du secteur bancaire, lui permettant de devenir plus rentable à mesure que les marges d’intérêt augmentent. Dans l’ensemble, le secteur bancaire est bien capitalisé, et la liquidité est suffisante. Malgré les pressions exercées sur les emprunteurs, le niveau des prêts non performants est resté faible et stable jusqu’à présent. Le secteur bancaire de la zone euro a connu une diminution temporaire de ses évaluations à la suite de faillites bancaires aux États-Unis et en Suisse en mars, mais, pour le reste, il n’a pas connu d’augmentation des vulnérabilités connexes. Toutefois, la faiblesse des perspectives économiques à court terme pourrait avoir une incidence sur les actifs et les risques de crédit, et certains secteurs tels que l’immobilier commercial sont une source de difficultés potentielles. Il existe également une incertitude quant aux possibles vulnérabilités cachées du secteur financier, y compris dans le secteur financier non bancaire. Les résultats du test de résistance réalisé en 2023 par l’Autorité bancaire européenne et la Banque centrale européenne montrent que les banques européennes sont en mesure de surmonter des résultats négatifs et gagnent en résilience par rapport aux exercices précédents.

    Perspectives en matière de déséquilibres économiques

    La forte croissance nominale a facilité le désendettement, atténuant certains déséquilibres de longue date, mais les pressions découlant du durcissement des conditions de financement se sont accrues. L’environnement inflationniste a favorisé un désendettement passif plus rapide, l’endettement se réduisant tant qu’il n’y a pas de nouvelles tensions. Pour les pays sur une trajectoire de désendettement, le climat actuel favorise et devrait continuer à favoriser l’atténuation des vulnérabilités. La réduction progressive de la dette peut se poursuivre dans les pays présentant des vulnérabilités de longue date, à condition qu’il n’y ait pas de besoins de financement supplémentaires, mais elle peut s’avérer plus difficile là où des prêts du secteur privé ont été contractés ces dernières années par des ménages déjà en difficulté et où les besoins de financement des administrations publiques résultent de choix à court terme. L’augmentation du service de la dette représente un risque pour l’économie des pays où ce service nécessite d’importants refinancements de la dette et où le secteur privé est confronté à une augmentation rapide des remboursements hypothécaires. Les entreprises non financières fortement endettées pourraient éprouver des difficultés à remplir leurs obligations de financement accrues si elles sont confrontées à un surcroît de tensions lié à l’évolution des conditions économiques, notamment sur leur compétitivité. Dans certains cas, les taux d’intérêt sont supérieurs aux taux de croissance nominaux du PIB ou les avoisinent, faisant craindre un effet boule de neige sur la dette publique, qui nécessite des excédents primaires plus importants pour être contenue.

    L’enracinement des détériorations de la compétitivité-coûts devient un risque plus concret, car les tensions sur les prix et les coûts continuent de diverger. Les préoccupations liées à la compétitivité-coûts ont été mises en évidence dans le rapport de l’an dernier sur le mécanisme d’alerte, étant donné que les différences d’augmentation des prix et des coûts ont fait naître la perspective d’une appréciation en termes réels et, partant, des risques de pertes de compétitivité dans les pays où les prix augmentent fortement. Ces préoccupations subsistent, bien qu’elles se soient atténuées dans certains cas. Certains pays à fort taux d’inflation présentent des signes d’inertie des principales composantes de l’inflation à un niveau élevé et affichent des coûts salariaux unitaires toujours en forte hausse, alors que les taux d’inflation sous-jacente d’autres pays baissent, ce qui accroît les différences dans les niveaux de prix. Les pertes de compétitivité persistantes pourraient se répercuter sur d’autres évolutions économiques en cas de vulnérabilités telles qu’un endettement ou des tensions préexistants dans des secteurs particulièrement endettés. Pour les pays de la zone euro, un réalignement des coûts et des prix intérieurs par des modifications du taux de change nominal n’est pas envisageable. En outre, les divergences des effets inflationnistes rendent la tâche de l’autorité monétaire plus difficile, étant donné que la transmission uniforme des changements d’orientation monétaire à toutes les parties de l’union monétaire peut être entravée par des différences de taux d’intérêt réels au sein de la zone euro, qui, dans certains cas, peuvent accentuer les divergences. Des pays de l’UE peuvent éprouver des difficultés à faire face à une forte inflation et à une croissance atone tout en restant en phase avec leurs pairs.

    L’ajustement des soldes extérieurs à la suite du choc des prix peut s’avérer difficile, en particulier pour les pays présentant des déficits extérieurs. Un certain nombre de pays pourraient être confrontés à la persistance de déficits importants de leur balance courante dans un avenir proche, en raison soit de leur forte dépendance à l’égard des importations d’énergie, soit de la résilience de la demande intérieure, qui est souvent associée à des politiques budgétaires souples. La persistance de prix élevés de l’énergie pourrait rendre nécessaire une accélération d’ajustements structurels coûteux permettant de diminuer la forte dépendance vis-à-vis des importations, afin d’éviter l’accumulation de dette extérieure ou une diminution de la croissance potentielle. Au fil du temps, des faiblesses extérieures et un creusement de l’endettement extérieur pourraient entraîner des tensions économiques en cas d’érosion de la compétitivité-coûts et en l’absence de restriction de la demande intérieure. La plupart des pays exposés au risque d’importantes pertes de compétitivité en raison d’une inflation élevée disposent d’une certaine marge sur le plan extérieur, car leurs positions extérieures sous-jacentes de départ sont fortes. Les excédents de la balance courante qui ont diminué en 2022 augmentent à nouveau. Une hausse des prix de l’énergie à long terme aurait un impact sur la production des pays concernés. La mesure dans laquelle ces prix élevés affecteront la balance courante dépendra de la réaction de la demande. Le retour à l’équilibre de la zone euro dépend des ajustements relatifs des pays excédentaires et déficitaires à mesure que les conditions économiques se normalisent, et le rééquilibrage devrait se poursuivre.

    Dans la plupart des cas, l’inversion de la dynamique des prix des logements reflète un ajustement souple à la hausse des taux d’intérêt, mais, dans d’autres cas, cette dynamique est plus préoccupante, avec de possibles effets d’entraînement sur d’autres secteurs. Dans la plupart des cas, on peut s’attendre à ce que la modulation ou la baisse des prix de l’immobilier résidentiel en cours se limite à un ajustement à un niveau qui reflète l’environnement de taux d’intérêt plus élevés, avant que ces prix ne reprennent leur trajectoire ascendante à long terme en raison de l’offre limitée de logements. Toutefois, des boucles de rétroaction sur l’économie sont possibles. Il en est ainsi, en particulier, dans certains pays où les taux hypothécaires plus élevés ont réduit la consommation des ménages lorsque ceux-ci sont fortement endettés. En outre, les différences de traduction des taux d’intérêt sur les remboursements de prêts peuvent également entraîner des frictions dans la transmission de la politique monétaire. Dans les pays où les prix de l’immobilier se contractent, cette baisse des prix pourrait exercer une pression sur les banques, la réduction des garanties dont elles disposent diminuant la qualité de leurs actifs et ayant une incidence sur leur capitalisation ainsi que sur l’offre de crédit au reste de l’économie. Les entreprises non financières très actives dans le secteur de l’immobilier commercial peuvent être particulièrement touchées, et il en va de même pour les banques très exposées au secteur de l’immobilier commercial. A contrario, dans certains pays, les prix continuent de connaître une forte croissance, peut-être liée à des taux d’intérêt trop bas ou à des afflux de capitaux extérieurs; dès lors, une accumulation continue de risques dans le secteur immobilier pourrait se traduire par des vulnérabilités plus importantes et, peut-être, une forte correction à l’avenir.

    Conclusions par pays

    En 2024, des bilans approfondis seront élaborés pour les 11 États membres qui ont été identifiés comme présentant des déséquilibres ou des déséquilibres excessifs en 2023 3 . Le rapport sur le mécanisme d’alerte présente une vue d’ensemble de l’évolution des données clés qui sous-tendent ces déséquilibres. Une évaluation économique visant à déterminer si ces déséquilibres s’aggravent, sont en voie de correction ou ont été corrigés, en vue de mettre à jour les évaluations existantes et d’évaluer si de nouvelles mesures restent nécessaires, sera réalisée dans le cadre des bilans approfondis de 2024, qui seront publiés au premier semestre de l’année. Les pays concernés seront Chypre, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, la Hongrie, les Pays-Bas, le Portugal, la Roumanie, l’Espagne et la Suède.

    En outre, la lecture économique du tableau de bord conclut à la nécessité d’un bilan approfondi pour la Slovaquie, parce que ce pays présente des risques particuliers de nouveaux déséquilibres. Dans le cas de la Slovaquie, des préoccupations persistent concernant la compétitivité-coûts, les comptes extérieurs, les finances publiques, les prix des logements et la dette des ménages. Ces préoccupations ont été analysées dans le cadre d’un bilan approfondi réalisé au printemps 2023, qui a jugé qu’elles seraient globalement contenues dans un avenir proche, puisqu’elles devraient s'atténuer à mesure que les conditions économiques se normaliseront, ce qui a permis de conclure à l’absence de déséquilibres 4 . La lecture actuelle du tableau de bord pour la Slovaquie montre qu’en 2022, quatre indicateurs ont dépassé leurs seuils indicatifs, à savoir la position extérieure globale nette, les parts de marché à l’exportation, les coûts salariaux unitaires et le taux de chômage des jeunes. Elle met en évidence des risques de déséquilibres, étant donné que les risques susmentionnés ne semblent pas clairement s'atténuer. Après plusieurs années de fortes hausses, la croissance des coûts salariaux unitaires nominaux devrait encore s’accélérer, et être plus rapide que dans l’ensemble de la zone euro. L’inflation globale et l’inflation sous-jacente restent nettement supérieures à celles des autres pays de la zone euro, et l’écart ne diminue pas suffisamment pour résorber les hausses accumulées des niveaux de prix. Le déficit de la balance courante reste considérable, même s’il diminue depuis peu en raison de la baisse des prix de l’énergie. La position extérieure globale nette clairement négative devrait rester stable cette année et se détériorer légèrement l’année prochaine; hors instruments infaillibles, elle se situe désormais à son niveau le plus bas depuis deux décennies. Le déficit budgétaire devrait se creuser, tandis que la dette publique devrait augmenter à mesure que la croissance du PIB nominal se ralentit et que le déficit augmente. La croissance des prix nominaux des logements est devenue négative récemment, mais les prix montrent toujours des signes de surévaluation. Le ratio de la dette des ménages au PIB, à la hausse ces deux dernières décennies, devrait diminuer cette année sous l’effet de l’inflation élevée, alors que les flux de crédit restent résilients.

    Pour les autres États membres, il n’est pas nécessaire, à ce stade, de procéder à des bilans approfondis. Pour les États membres qui ont fait l’objet d’un bilan approfondi au printemps 2023 mais où des déséquilibres ou déséquilibres excessifs n’ont pas été constatés (Tchéquie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Luxembourg), le présent rapport sur le mécanisme d’alerte conclut que, bien que certaines évolutions puissent être préoccupantes, les risques de déséquilibres qui y sont associés se réduisent à mesure que les conditions économiques se normalisent.

    Pour quatre autres États membres, la lecture économique du tableau de bord permet de conclure que, même s’ils ne sont pas touchés par des déséquilibres ni risquent de l’être, un certain nombre d’évolutions ou de préoccupations retiennent l’attention. En Bulgarie, il s’agit des évolutions liées à la compétitivité-coûts, au dynamisme de l’emprunt des ménages et à la forte croissance des prix des logements. Les coûts salariaux unitaires nominaux devraient continuer à augmenter fortement, tandis que l’inflation sous-jacente est nettement supérieure à la moyenne de la zone euro. La croissance des prix nominaux de l’immobilier résidentiel s’est ralentie récemment, mais reste élevée, et l’emprunt des ménages est soutenu, même si leur endettement est limité. Une position extérieure sous-jacente forte et le processus de convergence nominale en cours atténuent les risques. En Croatie, les pressions sur la compétitivité-coûts ont récemment augmenté et les prix des logements connaissent une forte croissance. Si les coûts salariaux unitaires nominaux ont augmenté de manière visible, les écarts importants par rapport à la zone euro sont très récents, ce qui atténue les risques. La dette publique, bien qu’élevée, continue de diminuer et devrait se situer en dessous de 60 % du PIB d’ici à la fin de l’année prochaine. La croissance des prix nominaux des logements reste élevée, les prix continuant à augmenter fortement. Au Danemark, l’important excédent de la balance courante a encore augmenté, et la dette des entreprises non financières comme celle des ménages sont très élevées. L’excédent de la balance courante est le plus fort de l’UE; il est en augmentation depuis une décennie et a fait un bond supplémentaire en 2022. Bien qu’il soit en train de se résorber, cet excédent devrait rester très élevé; cependant les risques de contagion sont limités, et les fondamentaux économiques du Danemark restent solides. En Pologne, les évolutions liées aux coûts salariaux unitaires et à l’aggravation du déficit budgétaire élevé retiennent de plus en plus l'attention. Les coûts salariaux unitaires nominaux ont augmenté de manière visible l’année dernière et devraient connaître une croissance encore plus marquée cette année; par ailleurs, l’inflation globale et l’inflation sous-jacente sont supérieures aux moyennes de la zone euro et de l’UE. Le déficit budgétaire s’est creusé l’année dernière et devrait encore se creuser fortement en 2023, mais la position extérieure continue de se renforcer et n’a plus dépassé le seuil prévu par le tableau de bord, ce qui atténue les risques.

    Graphique 1:    Nombre d’États membres, et totaux pour la zone euro et l’UE, enregistrant des variables du tableau de bord dépassant les seuils

    Le nombre d’États membres enregistrant des résultats dépassant les seuils pertinents durant une année donnée est basé sur l’édition du tableau de bord publiée avec le rapport sur le mécanisme d’alerte annuel correspondant. Les totaux pour les 27 pays de l’UE et les 20 pays de la zone euro sont ajoutés lorsqu’ils dépassent un seuil. D’éventuelles révisions ex post des données peuvent entraîner une différence entre le nombre de valeurs dépassant les seuils calculées à l’aide des chiffres les plus récents disponibles pour les variables du tableau de bord et le nombre indiqué dans le graphique ci-dessus; par exemple, l’augmentation du nombre d’États membres affichant des valeurs des comptes courants dépassant les seuils entre 2019 et 2020 observée dans le graphique ci-dessus est due essentiellement à des révisions de données. Les prévisions relatives aux passifs du secteur financier n’ont été réalisées que pour 2022; aucune prévision n’a été réalisée en ce qui concerne le chômage de longue durée et le chômage des jeunes.

    Sources: Eurostat et calculs de la Commission.



    Graphique 2:    Indicateurs du tableau de bord du RMA en 2022, par pays

    Sources: Eurostat et calculs de la Commission [voir annexe statistique, document de travail des services de la Commission, Alert Mechanism Report 2024, SWD(2023) 902].    

    (1) Règlement (UE) nº 1176/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 sur la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques.
    (2) Document de travail des services de la Commission, Alert Mechanism Report 2024, SWD(2023) 901.
    (3) Communication de la Commission intitulée «Semestre européen 2023 – Paquet de printemps», COM(2023) 600.
    (4) Voir la note de bas de page précédente; voir aussi «In-depth review for Slovakia», 24 mai 2023, SWD(2023) 643 final.
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