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Document 52020IR2016

    Avis du Comité européen des régions — Une Union de l’égalité: stratégie en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025

    COR 2020/02016

    JO C 440 du 18.12.2020, p. 92–98 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

    18.12.2020   

    FR

    Journal officiel de l'Union européenne

    C 440/92


    Avis du Comité européen des régions — Une Union de l’égalité: stratégie en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025

    (2020/C 440/16)

    Rapporteure:

    Concepción ANDREU RODRÍGUEZ (ES/PSE), présidente de la Communauté autonome de La Rioja

    Texte de référence:

    Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions

    Une Union de l’égalité: stratégie en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025

    COM(2020) 152 final

    RECOMMANDATIONS POLITIQUES

    LE COMITÉ EUROPÉEN DES RÉGIONS

    1.

    souligne que le droit à l’égalité de traitement et à l’égalité des chances entre les genres, consacré par l’article 8 du traité FUE et par le socle européen des droits sociaux, doit être garanti et encouragé dans tous les domaines;

    2.

    accueille favorablement la communication «Une Union de l’égalité: stratégie en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025», ainsi que la vision, les objectifs politiques et les actions qui y sont exposés, et la considère comme une base très utile pour réaliser des progrès réels en matière d’égalité dans l’Union européenne;

    3.

    se félicite du moment choisi pour sa publication, qui correspond au 25e anniversaire de l’adoption de la déclaration et du programme d’action de Pékin, le premier plan d’action universel visant à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, dont les recommandations restent valables aujourd’hui, de même qu’il salue sa contribution à la réalisation des objectifs de développement durable, l’égalité entre les hommes et les femmes étant un élément essentiel de toutes les dimensions d’un développement inclusif et durable;

    4.

    souligne l’importance d’une gouvernance conjointe associant l’Union européenne et les États membres en tant qu’acteurs clés, mais souligne qu’il importe d’inclure et de mettre en valeur les collectivités locales et régionales et le troisième secteur, en tant qu’acteurs de la gestion des politiques qui touchent directement les citoyens. La stratégie réaffirme d’ailleurs l’importance de la valeur des efforts déployés conjointement par les acteurs publics et privés de l’Union européenne dans ce cadre de gouvernance;

    5.

    demande que les gouvernements locaux et régionaux soient reconnus comme partenaires stratégiques en ce qui concerne la conception, la mise en œuvre et le suivi de la stratégie, compte tenu de leurs compétences et du travail qu’ils déploient pour développer celles-ci. Il convient de dégager les ressources nécessaires pour mettre la stratégie en œuvre;

    6.

    souligne l’importance de collaborer avec les organisations de la société civile, les organisations de femmes et les jeunes générations, compte tenu de l’importance de leur rôle dans la gestion des politiques d’égalité;

    7.

    par conséquent, afin d’intégrer dans les politiques, programmes et projets une dimension de genre, invite la Commission à mettre en place un groupe de travail interinstitutionnel chargé de veiller à ce que cette gouvernance à plusieurs niveaux permette de s’atteler effectivement aux efforts nécessaires pour parvenir à une véritable égalité entre les femmes et les hommes;

    8.

    soutient l’organisation de réunions officielles des ministres chargés de l’égalité dans le cadre du Conseil de l’Union européenne, et est favorable à ce que le nom du Conseil «Emploi, politique sociale, santé et consommateurs» (EPSCO) inclue le terme «égalité», comme il ressort de la septième proposition de la déclaration du trio de présidences sur l’égalité entre les femmes et les hommes, signée par l’Allemagne, le Portugal et la Slovénie;

    9.

    souligne l’importance d’appliquer une perspective intersectionnelle, laquelle est nécessaire pour associer à la mise en œuvre de la stratégie les personnes en situation de vulnérabilité et susceptibles d’être confrontées à une discrimination multiple fondée sur le handicap, l’âge, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, la religion, les convictions ou l’identité de genre, en particulier en ce qui concerne les groupes vulnérables tels que, notamment, les migrantes ou les personnes LGBTI; invite dès lors la Commission européenne à développer dans une plus large mesure cette approche intersectionnelle et à fournir des orientations pour faciliter sa mise en œuvre dans la planification, la gestion et l’évaluation des politiques publiques;

    10.

    réaffirme la nécessité de combiner des actions intersectionnelles et des actions positives au niveau sectoriel, parce que c’est le seul moyen de progresser sur la voie d’une approche intégrée et efficace de la perspective de genre dans la gestion des politiques publiques; à cette fin, insiste sur l’importance décisive de disposer de personnel qualifié et/ou compétent en matière d’égalité entre les hommes et les femmes et de la promotion d’une formation spécifique et permanente sur les questions de genre dans tous les domaines de prise de décisions ou de gestion de politiques publiques;

    11.

    convient que des stratégies inclusives et diversifiées, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, sont importantes pour mieux relever les défis complexes et les situations de vie auxquels les femmes sont confrontées dans toute leur diversité. En outre, il y a lieu d’associer davantage les femmes à l’encadrement et à tous les processus de prise de décisions;

    12.

    rappelle que la stratégie a été élaborée et publiée avant l’apparition de la crise sanitaire de la COVID-19, dont les scénarios de sortie conditionnent l’avenir des politiques de l’Union; demande donc que la question de l’égalité reste une priorité et que la perspective de genre soit intégrée tant dans la prise de décisions et de mesures de réaction à la pandémie que dans les futures initiatives de redressement économique et social; attire l’attention sur le fait que la crise a provoqué une revalorisation du milieu socio-sanitaire en tant que secteur stratégique de nos sociétés, revêtant une importance systémique, ainsi que sur la nécessité de mettre en évidence les importants déséquilibres liés au genre et à l’âge dans ce secteur; constate que la crise de COVID-19 n’a fait qu’approfondir encore les inégalités existant déjà entre les genres et demande une relance fondée sur l’égalité et l’inclusivité;

    Ni violence ni stéréotypes

    13.

    se félicite de la reconnaissance par la Commission européenne que l’élimination de la violence fondée sur le genre est l’un des plus grands défis auxquels nos sociétés sont confrontées et demande instamment la ratification de la convention d’Istanbul par tous les États membres de l’Union, dès lors qu’il s’agirait d’un engagement essentiel en faveur de la lutte contre les actes de violence à l’égard des femmes, ainsi que de la prévention et de la poursuite de tels actes;

    14.

    encourage, avec la Commission, les États membres à ratifier la convention no 190 de l’Organisation internationale du travail concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail;

    15.

    demande instamment à la Commission européenne d’intégrer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles parmi les «eurocrimes» visés à l’article 83 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, et d’approfondir la question de la violence fondée sur le genre dans la stratégie relative aux droits des victimes, qui doit être présentée en 2020, en tenant compte des femmes en situation vulnérable; À cette fin, il est proposé d’approuver les protocoles de coopération policière et judiciaire au sein de l’Union;

    16.

    invite la Commission à adopter des mesures législatives visant à prévenir et à combattre la violence à l’égard des femmes et des filles qui soient cohérentes et complémentaires par rapport au droit de l’Union et au droit international et qui visent toutes les formes de violence, y compris la violence en ligne, qui risque de se banaliser chez les jeunes, et la violence liée à l’honneur;

    17.

    soutient la Commission européenne quant à la nécessité d’élaborer une recommandation sur la prévention des pratiques préjudiciables, comme par exemple les mutilations génitales féminines ou les mariages forcés, qui mette en évidence la nécessité d’adopter des mesures préventives et éducatives efficaces pour tous les âges et tous les pans de la société, de consolider les services publics et de renforcer les capacités des professionnels et l’accès à la justice centré sur les victimes;

    18.

    demande que les autorités régionales et locales soient associées de manière structurée au réseau de l’Union européenne de prévention de la violence sexiste et domestique qui sera lancé dans le cadre de la stratégie pour l’échange de bonnes pratiques et le financement de mesures de formation et de renforcement des capacités et services de soutien. Un travail de prévention de la violence axé sur les hommes, les garçons et la masculinité sera essentiel;

    19.

    fait observer que les situations de confinement consécutives à la crise de la COVID-19 ont conduit à une augmentation du nombre de cas recensés de violence fondée sur le genre; insiste à cet égard sur l’urgence de renforcer les mesures appropriées en matière de soins et de réponse efficaces aux cas de violence fondée sur le genre, en dotant les collectivités locales et régionales de ressources adéquates dès lors qu’elles sont en première ligne dans la lutte contre la pandémie;

    20.

    se félicite de la reconnaissance des stéréotypes liés au genre comme l’une des causes profondes de l’inégalité entre les hommes et les femmes; souligne la nécessité d’inclure davantage d’informations sur les mesures et sur les bonnes pratiques visant à éliminer ces stéréotypes dans des domaines tels que l’éducation formelle et informelle, le travail ou la communication et la publicité; insiste également sur la nécessité d’approfondir, dans une plus large mesure, l’impact différencié que les différents motifs de discrimination ont sur ces stéréotypes de genre; souligne en particulier le rôle que joue le système éducatif et, partant, la formation des enseignants sur les questions de genre, en tant que vecteur essentiel de changement pour transformer les valeurs qui sont à l’origine du patriarcat en valeurs qui garantissent une société où existe une égalité effective entre les femmes et les hommes;

    21.

    souligne le rôle essentiel joué par toutes les personnes de tous âges, et en particulier les jeunes, en tant que vecteurs de changements responsables et actifs s’agissant du respect de l’égalité entre les hommes et les femmes dans la vie professionnelle, familiale et personnelle. De même, les collectivités locales et régionales ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion de la sensibilisation, de la formation et de l’éducation;

    22.

    demande que les collectivités locales et régionales soient associées à la conception et à la mise en œuvre de la campagne de sensibilisation et de communication au niveau européen nécessaire pour lutter contre les stéréotypes de genre et insiste sur la nécessité d’accorder une attention particulière à la jeunesse, qui est l’un des secteurs clés du changement;

    23.

    en matière de santé et de droits sexuels et génésiques, attire l’attention non seulement sur la nécessité de mener des études qui intègrent une perspective de genre, mais aussi sur l’importance de l’échange de bonnes pratiques, de l’accès universel aux services de planification familiale et de santé sexuelle et génésique et de l’élaboration en la matière de mesures d’information et d’éducation dépourvues de jugements de valeur et marquées au sceau d’une approche positive et inclusive;

    Prospérer dans une économie fondée sur l’égalité entre les hommes et les femmes

    24.

    insiste sur la nécessité de lutter contre la ségrégation verticale et horizontale qui existe entre les femmes et les hommes, étant donné que les emplois les plus précaires et les moins bien rémunérés sont fortement féminisés, en mettant un accent particulier sur l’existence manifeste des écarts de rémunération et des écarts de pension. Par ailleurs, il convient d’assurer également une évolution professionnelle positive en ce qui concerne les minorités de genre;

    25.

    attend avec intérêt la prochaine proposition de la Commission sur la transparence des salaires, qui devrait contribuer à détecter et, par la suite, à mettre fin aux écarts de rémunération entre les hommes et les femmes pour, en fin de compte, mettre un terme aux écarts de pension. Même si la fixation des salaires relève de la compétence nationale, le principe de l’égalité des rémunérations pour un travail de même valeur doit être pleinement mis en œuvre au moyen de mesures portant sur les clauses relatives au secret des rémunérations, les audits salariaux annuels et le droit pour les travailleuses et travailleurs de demander à leur employeur des informations salariales intégrant la dimension de genre;

    26.

    appuie la demande faite par la Commission aux États membres de transposer dans les meilleurs délais la directive relative à la conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée de manière à ce qu’hommes et femmes puissent s’épanouir sur un pied d’égalité tant au niveau personnel qu’au niveau professionnel et afin de garantir une coresponsabilité équitable et paritaire;

    27.

    souscrit à la nécessité, exprimée dans la stratégie, de promouvoir une répartition équitable des soins, tant rémunérés que non rémunérés, afin de garantir l’indépendance économique des femmes; invite instamment l’Union européenne à revoir et à développer les objectifs de Barcelone, en les rendant obligatoires, à introduire des objectifs en matière de soins au-delà de Barcelone (Barcelone+) afin de tenir compte des besoins en matière de soins dans des sociétés vieillissantes, et à reconnaître que les emplois du secteur des soins, à prédominance féminine, ne sont pas rémunérés conformément à leur valeur sociale;

    28.

    engage la Commission européenne à envisager un accord européen sur les soins, similaire à la garantie pour la jeunesse, afin de répondre aux besoins en matière de soins dans le cadre d’une approche fondée sur les droits, qui place les soins au cœur de l’activité économique au moyen d’un accroissement des investissements dans la santé et les soins, conformément à la stratégie sur l’économie du bien-être; sollicite de la Commission et des États membres qu’ils intègrent les exigences des travailleurs domestiques en matière de conditions de travail dans la convention no 189 de l’OIT;

    29.

    estime qu’il est important que la stratégie fasse spécifiquement référence à la dimension territoriale et, en particulier, aux zones rurales et aux zones dépeuplées, en raison de leurs spécificités territoriales; souligne le rôle essentiel joué par les femmes dans les zones rurales, en tant qu’élément essentiel de leur cohésion territoriale, économique et sociale; juge essentiel de renforcer la participation et le leadership féminin dans les groupes d’action locale et les réseaux de développement rural; indique en outre que c’est précisément dans les zones rurales qu’il est nécessaire de développer les services d’accueil et de soins pour les enfants et les proches dépendants;

    30.

    se félicite que la stratégie mette l’accent sur la nécessité de combler les écarts entre les hommes et les femmes dans le contexte de la transition numérique et de l’innovation, en favorisant une participation accrue des femmes à l’étude des sciences, des technologies, de l’ingénierie, des arts et des mathématiques, ainsi que des technologies de l’information et de la communication, et à l’emploi dans ces secteurs, et demande que les nouvelles formes de sexisme au travail, telles que celles qui apparaissent dans certains systèmes biaisés d’intelligence artificielle, fassent également l’objet d’analyses; à cet effet, souligne l’importance du codage sensible au genre et appelle à une participation égale des hommes et des femmes à la conception, à la mise en œuvre, à l’évaluation et au débat sur l’éthique et les normes des technologies liées à l’IA; convient de l’importance d’accroître le nombre de femmes dans le domaine numérique et le monde de l’innovation, étant donné qu’il s’agit là de secteurs essentiels de changement au sein de nos sociétés; souligne, à cet égard, la nécessité de garantir l’égalité dans la formation et l’apprentissage tout au long de la vie en ce qui concerne l’utilisation correcte et sûre des nouvelles technologies et des médias sociaux;

    31.

    demande que, dans le cadre de la directive sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, il soit procédé à une analyse — tenant compte de la dimension de genre — des difficultés rencontrées par de nombreuses familles dans l’ensemble de l’Union s’agissant de concilier le télétravail et la charge des soins pendant la crise de la COVID-19. Il est essentiel de faire preuve de vigilance en ce qui concerne une éventuelle réglementation du travail en ligne ou à distance, de sorte qu’il ne devienne pas un mécanisme qui ramène les femmes aux tâches domestiques et privées; souligne la nécessité particulière d’être attentif aux situations familiales donnant lieu aux plus grandes difficultés de conciliation entre vie professionnelle et vie privée, comme les familles monoparentales, où le parent unique est le plus souvent une femme;

    32.

    attire l’attention sur le fait que, dans l’ensemble de l’Union européenne, les femmes ont été en première ligne au cours de la pandémie de COVID-19 (travailleurs de la santé, soins et gardes d’enfants, soins aux personnes âgées, travail domestique, commerce, etc.), les rendant plus vulnérables à la contagion. En outre, certaines de ces professions sont parmi les moins valorisées et les moins bien rémunérées dans l’Union européenne. Il est donc demandé, en ce qui concerne les mesures de lutte contre le chômage et la précarité, de tenir compte du déséquilibre existant entre la représentation des femmes et des hommes dans les emplois qui se sont avérés essentiels lors de la crise pandémique, notamment sur le plan des soins. Il convient également de ne pas oublier qu’un grand nombre des professions qui se concentrent sur les soins et le foyer sont exercées par des femmes migrantes, qui sont victimes d’un double biais. Il est nécessaire de donner une perspective de genre aux plans de relance et de soutenir les femmes chefs d’entreprise, leurs projets entrepreneuriaux, ainsi que les cadres de sexe féminin, en mettant l’accent sur le surcroît d’efforts causé par le télétravail;

    33.

    invite la Commission à analyser et à examiner quelle sera l’incidence de la COVID-19, à court et à long termes, sur l’égalité entre les genres. Les femmes et les hommes n’ont pas vécu la pandémie de la même façon. Il est absolument nécessaire de disposer de données ventilées par sexe afin de bien comprendre la manière dont les femmes et les hommes ont été touchés par le virus. Il s’agit d’examiner les conséquences non seulement sur les personnes affectées par la maladie ou qui étaient en première ligne de la crise sanitaire, mais aussi sur l’économie, l’éducation, le partage des tâches relevant de l’aide et des soins et l’ampleur de la violence domestique;

    Égalité dans la prise de décision

    34.

    il importe de souligner la faible participation des femmes aux postes à responsabilité; il n’y a que 15 % de femmes maires et 21 % de femmes présidentes de région, tandis qu’elles ne représentent que 35 % des membres de parlements régionaux et 23 % (1) des membres du Comité des régions. Ce dernier regrette que ces données ne soient pas mentionnées dans la stratégie, car elles permettent d’illustrer l’écart qui existe au niveau régional et local;

    35.

    invite la Commission européenne à demander aux États membres d’organiser et de soutenir des initiatives visant à renforcer l’autonomie des femmes dans le contexte des élections locales et régionales, afin de surmonter les discriminations et les obstacles auxquels sont confrontées les femmes dans ces processus, y compris les stéréotypes et les normes sociales qui témoignent d’un mépris du leadership féminin par rapport au leadership masculin. De même, il est essentiel d’encourager les femmes à se porter candidates aux élections municipales et régionales;

    36.

    rappelle la nécessité d’aborder spécifiquement le problème de la violence à l’égard des femmes politiques élues et des femmes présentes dans la sphère publique, y compris l’intimidation en ligne par l’intermédiaire des réseaux sociaux, facteur qui a une incidence sur la capacité des femmes à participer sur un pied d’égalité à la vie politique et publique;

    37.

    invite les institutions européennes, dont le Comité des régions lui-même, à adopter des codes de conduite favorisant la participation sur un pied d’égalité entre les femmes et les hommes s’agissant de leur composition et de leurs postes de responsabilité, l’objectif ultime étant la parité entre les hommes et les femmes parmi les membres du CdR;

    38.

    reconnaît la nécessité d’inclure dans ses priorités l’adoption et la mise en œuvre du code de conduite dans les années à venir et estime qu’il est impératif de procéder à un examen annuel de l’application du principe de la parité entre les hommes et les femmes au moyen de rapports annuels analysant les mesures prises (en assurant une répartition équitable au niveau de différents actes et rapports). Les résultats seraient communiqués lors de la session plénière la plus proche de la Journée internationale des droits des femmes;

    39.

    demande que les collectivités locales et régionales soient associées au programme d’apprentissage mutuel sur l’égalité entre les hommes et les femmes pour promouvoir l’échange de bonnes pratiques et invite à promouvoir la formation spécifique sur l’égalité des sexes à tous les niveaux et à créer la fonction de responsable de l’égalité;

    40.

    note que la plateforme de l’Union sur les chartes de la diversité est fortement axée sur le secteur privé et qu’elle pourrait donc être ouverte à la participation des collectivités locales et régionales afin de disposer d’exemples représentatifs et de bonnes pratiques aux différents niveaux et dans les différents territoires de l’Union; propose que la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale soit incluse dans les chartes de la diversité;

    Égalité hommes-femmes sur le plan des politiques et des budgets

    41.

    est d’avis que les défis majeurs auxquels l’Union européenne est confrontée aujourd’hui revêtent une dimension de genre; estime toutefois que la dimension de genre n’est ni clairement ni suffisamment prise en compte ni dans les politiques ni dans le budget de l’Union européenne;

    42.

    demande que la stratégie soit plus clairement liée aux principales priorités politiques et stratégies de l’Union, en particulier s’agissant de la transition vers une économie neutre pour le climat, de la transformation numérique et du défi démographique; rappelle que ces priorités stratégiques de l’Union ne sont pas exemptes d’importants préjugés sexistes, dont l’élimination est cruciale pour la réussite de nos sociétés sur la voie de la décarbonisation, de la numérisation ou de l’intégration de la dimension territoriale;

    43.

    soutient la mise en œuvre de méthodes de budgétisation avec une dimension de genre pour le prochain cadre financier pluriannuel 2021-2027. Les dispositifs de financement au niveau de l’Union devraient être révisés afin d’atteindre les objectifs de la stratégie et d’intégrer un objectif spécifique d’égalité entre les hommes et les femmes dans tous les programmes financiers, ainsi qu’un mécanisme de conditionnalité garantissant l’égalité au moyen de l’établissement d’objectifs et de stratégies de genre pour l’accès aux financements; souligne, à cet égard, le potentiel offert par le semestre européen et le rapport sur l’état de droit pour la supervision des défis en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, au moyen des recommandations spécifiques par pays et de l’intégration de mesures spécifiques dans les programmes nationaux de réforme et les programmes nationaux de reconstruction et de résilience;

    44.

    défend la nécessité de renforcer le cadre de suivi de la mise en œuvre de la stratégie par des indicateurs efficaces en matière de mesure et d’évaluation de l’impact sur la dimension de genre, ainsi que de mettre en place des calendriers et des mesures de responsabilisation; rappelle l’importance d’établir des rapports annuels qui reflètent les progrès réalisés en matière d’égalité par les États membres, ainsi que les bonnes pratiques des collectivités locales et régionales; souligne la nécessité d’intégrer des indicateurs ventilés par sexe et des indicateurs sexospécifiques dans toutes les politiques de l’Union et d’inclure l’internationalité pour traiter de questions telles que l’âge, l’identité sexuelle, le type de handicap, le statut migratoire ou la dimension urbaine-rurale;

    45.

    demande à être associé au groupe de travail pour l’égalité entre les hommes et les femmes, nouvellement créé par la Commission européenne afin de garantir une intégration effective de la perspective de genre dans toutes les politiques et tous les programmes;

    46.

    demande pour le Comité des régions un rôle officiel de soutien au renforcement des prérogatives de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) afin d’améliorer et de normaliser la collecte et l’analyse de données désagrégées par sexe et l’utilisation d’indicateurs sexospécifiques, en particulier pour des éléments tels que la représentation des femmes et des hommes dans la prise de décision au niveau local et régional;

    47.

    invite les États membres et leurs collectivités régionales et locales à renforcer la perspective de genre dans les systèmes statistiques nationaux et régionaux afin de pouvoir disposer de données fiables et régulières, en accord avec l’EIGE mais aussi avec Eurostat;

    48.

    rappelle que la crise de la COVID-19 revêt une dimension de genre manifeste, ce pourquoi il est primordial d’intégrer une perspective de genre dans le Fonds pour la relance, au moyen d’analyses d’impact et de l’application de principes de budgétisation intégrant la dimension de genre pour tous les Fonds;

    Veiller à l’égalité entre les hommes et les femmes et à l’émancipation des femmes dans le monde entier

    49.

    rappelle que la suppression des inégalités entre les hommes et les femmes est nécessaire pour éradiquer la pauvreté. Tant les inégalités économiques que les inégalités entre les hommes et les femmes sont liées, et nous ne pouvons laisser personne de côté. L’égalité entre les hommes et les femmes ne s’entend pas comme un objectif de développement durable parmi d’autres, mais bien comme un élément transversal affleurant dans l’ensemble du programme de développement;

    50.

    souligne que l’action extérieure de l’Union doit respecter les engagements juridiques pris par celle-ci de promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes et d’émancipation des femmes dans ses relations internationales et dans ses politiques en matière de commerce, de voisinage et d’élargissement, en particulier dans le contexte des négociations d’adhésion, du processus d’association et des politiques en matière d’asile et de migration. Cette nécessité ressort de l’article 208 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui consacre le principe de la cohérence des politiques de développement et exige la prise en compte des ODD et du plan d’action sur l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes dans le cadre de la coopération au développement;

    51.

    invite la Commission européenne à évaluer la manière d’utiliser la politique commerciale de l’Union pour faire progresser les droits des femmes et la participation des femmes à l’économie au-delà de ses frontières;

    52.

    invite les institutions de l’Union à renforcer la coopération avec les pays tiers afin de les encourager à adopter des lois nationales interdisant les mutilations génitales féminines (2);

    53.

    met en exergue le potentiel de la coopération décentralisée s’agissant de promouvoir un développement démocratique et équitable dans le monde entier, ainsi que la nécessité de combler l’écart de financement existant en matière d’égalité entre les hommes et les femmes dans le cadre de l’aide publique au développement;

    54.

    souligne que la crise de la COVID-19 a accru toutes les inégalités existantes touchant très directement les femmes et les filles des pays en développement: elles ont été immédiatement et directement touchées par les pertes d’emploi, ont vu diminuer leur participation à la sphère publique et politique, ont assumé la responsabilité de la prise en charge des soins apportés aux membres de leur famille et ont été coincées dans un contexte de violence fondée sur le genre. La stratégie est un outil nécessaire pour inverser ces processus.

    Bruxelles, le 14 octobre 2020.

    Le président du Comité européen des régions

    Apostolos TZITZIKOSTAS


    (1)  Mis à jour le 5 juin 2020.

    (2)  Résolution du Parlement européen du 12 février 2020 sur une stratégie de l’Union visant à mettre un terme aux mutilations génitales féminines dans le monde (2019/2988(RSP)].


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