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Document 52013DC0710
REPORT FROM THE COMMISSION TO THE COUNCIL AND THE EUROPEAN PARLIAMENT on the implementation of Regulation (EC) No 428/2009 setting up a Community regime for the control of exports, transfer, brokering and transit of dual-use items
RAPPORT DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU PARLEMENT EUROPÉEN sur la mise en œuvre du règlement (CE) nº 428/2009 instituant un régime communautaire de contrôle des exportations, des transferts, du courtage et du transit de biens à double usage
RAPPORT DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU PARLEMENT EUROPÉEN sur la mise en œuvre du règlement (CE) nº 428/2009 instituant un régime communautaire de contrôle des exportations, des transferts, du courtage et du transit de biens à double usage
/* COM/2013/0710 final */
RAPPORT DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU PARLEMENT EUROPÉEN sur la mise en œuvre du règlement (CE) nº 428/2009 instituant un régime communautaire de contrôle des exportations, des transferts, du courtage et du transit de biens à double usage /* COM/2013/0710 final */
TABLE DES MATIÈRES 1........... Introduction.................................................................................................................... 3 2........... Évolution du cadre réglementaire..................................................................................... 4 2.1........ Modifications du règlement (CE)
nº 428/2009................................................................. 4 2.2........ Mesures nationales d’exécution....................................................................................... 5 2.3........ Rapport sur l’instauration des autorisations
générales d’exportation de l’Union européenne 5 3........... État d’avancement de la mise en œuvre du
règlement....................................................... 6 3.1........ Activités du groupe de coordination «double usage»........................................................ 6 3.2........ Lignes directrices de l’Union en matière de
contrôle des exportations de biens à double usage 7 3.3........ Visites effectuées par des pairs........................................................................................ 8 3.4........ Échange d’informations et instauration d’un
système électronique crypté et sécurisé.......... 8 3.5........ Transparence et dialogue avec l’industrie et le
monde universitaire.................................... 9 3.6........ Suivi et mise en œuvre du contrôle des
exportations......................................................... 9 4........... Données clés concernant les contrôles des
exportations de l’Union................................ 10 4.1........ Commerce de biens à double usage dans l’Union:
biens et destinations........................... 10 4.2........ Demandes, licences et refus.......................................................................................... 12 5........... Contrôles des exportations de l’Union: incidence
sur la sécurité et les échanges.............. 14 5.1........ Le contrôle des exportations: un instrument essentiel
pour promouvoir la sécurité dans un univers mondialisé et multipolaire................................................................................................................... 15 5.2........ Le secteur méconnu des biens à double usage: une
clé de l’innovation et de la compétitivité européennes 15 5.3........ Le système de contrôle des exportations de l’Union
européenne: supérieur à la somme des parties 16 5.4........ Contrôle des exportations et compétitivité:
distorsions de concurrence et occasions d’instaurer des conditions de
concurrence équitables.................................................................................................. 17 6........... Le contrôle des exportations de l’Union dans un
monde en mutation: réexamen de la politique en la matière 17 6.1........ Consultations publiques................................................................................................. 17 6.2........ Perspectives pour l’évolution du régime de
contrôle des exportations de l’Union européenne 18 6.3........ Examen de la politique de contrôle des
exportations de l’Union européenne: les prochaines étapes. 18 Annexe I - Liste des sigles utilisés................................................................................................ 20 RAPPORT DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU PARLEMENT
EUROPÉEN sur la mise en œuvre du règlement (CE) nº 428/2009
instituant un régime communautaire de contrôle des exportations, des
transferts, du courtage et du transit de biens à double usage 1. Introduction Le contrôle des exportations de biens et technologies à
double usage joue un rôle essentiel dans la lutte contre la prolifération des
armes de destruction massive (ADM) et des armes conventionnelles, et contribue
de façon significative à la sécurité et à la stabilité régionales et
internationales. Le règlement (CE) nº 428/2009 du Conseil instituant un
régime communautaire de contrôle des exportations, des transferts, du courtage
et du transit de biens à double usage (ci-après dénommé «règlement») met en
œuvre certains engagements internationaux adoptés au titre de la résolution
1540 (de 2004) du Conseil de sécurité des Nations unies, des accords
internationaux tels que la convention sur les armes chimiques (CAC) et le
traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ainsi que des
régimes multilatéraux de contrôle des exportations tels que l’arrangement de
Wassenaar, le Groupe des fournisseurs nucléaires (GFN), le Groupe Australie et
le régime de contrôle de la technologie des missiles (RCTM). Le système de contrôle des exportations de l’Union a été mis
en place dans les années 1990 au titre du règlement (CE) nº 3381/94 et de
la décision 94/942/PESC, avant d’être considérablement renforcé par l’adoption
du règlement (CE) nº 1334/2000 Le règlement (CE) nº 428/2009 a
apporté des améliorations notables au régime de contrôle des exportations de
l’Union, en particulier sous l’effet de la stratégie de l’UE contre la
prolifération des ADM adoptée en décembre 2003 et des données remontant des
exportateurs et de l’industrie. Le règlement permet la libre circulation des
biens à double usage à l’intérieur de l’Union – moyennant certaines exceptions
– et définit les règles communes et les principes de base relatifs au contrôle des exportations, du
courtage, du transit et des transferts de biens à double usage dans le cadre de
la politique commerciale commune. Il prévoit en outre une
coopération administrative ainsi que des politiques et outils harmonisés de
mise en œuvre et d’exécution. Le règlement est directement applicable aux
«exportateurs», mais nécessite des mesures de mise en œuvre complémentaires à
l’échelon des États membres en vertu d’un système «hybride», les décisions
relatives à l’octroi de licences incombant notamment aux autorités compétentes
nationales. L’article 25 du règlement (CE) nº 428/2009, dans sa
version modifiée par le règlement (UE) nº 1232/2011, invite la Commission
à soumettre tous les trois ans au Parlement européen et au Conseil «un rapport
complet sur son application et son impact» qui peut comporter le cas échéant
des propositions de modifications. L’article 25, paragraphe 3, dispose que des
sections spéciales de ce rapport abordent les activités du groupe de
coordination «double usage», la mise en place d’un système sécurisé et crypté
d’échange des données entre les États membres et la Commission, ainsi que la
mise en œuvre de l’article 15, paragraphes 1 et 2, concernant la mise à jour de
la liste de contrôle, et de l’article 24, relatif aux sanctions applicables
dans chaque État membre en cas de violation des dispositions du règlement. De
plus, l’article 25, paragraphe 4, fait obligation à la Commission de présenter,
au plus tard le 31 décembre 2013, un rapport sur l’instauration des
autorisations générales d’exportation au titre du règlement (UE)
nº 1232/2011. L’article 25 précise que les États membres doivent
communiquer à la Commission tous les renseignements nécessaires à
l’établissement du rapport. Ce dernier doit comporter des informations sur la
mise en œuvre et les incidences du règlement depuis son adoption et jusqu’au début
de l’année 2013, et concerne donc principalement les activités menées en 2010,
2011 et 2012. 2. Évolution du cadre
réglementaire Le règlement (CE) n° 428/2009 du Conseil a été adopté le 5
mai 2009 et est entré en vigueur le 27 août 2009. Il a abrogé le règlement (CE)
n° 1334/2000. Avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne et conformément à
l’article 207, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l’Union
européenne (TFUE), les modalités permettant de modifier le règlement ont changé
et la procédure législative ordinaire est devenue applicable. 2.1. Modifications du
règlement (CE) nº 428/2009 Le règlement a été modifié à deux reprises au cours de la
période couverte par le rapport. –
Le règlement (UE) nº 1232/2011 du Parlement européen et du Conseil
du 16 novembre 2011 a instauré cinq nouvelles autorisations générales
d’exportation de l’UE (AGEUE) concernant l’exportation de certains biens à
double usage vers certaines destinations, en vue de renforcer la compétitivité
de l’industrie et de mettre sur un pied d’égalité les exportateurs de l’Union.
Tenant dûment compte des risques associés, les nouvelles autorisations
facilitent l’exportation d’équipements de télécommunications et de substances
chimiques vers certaines destinations, ainsi que l’exportation de certains
biens après réparation/remplacement et pour des expositions ou foires
temporaires. Le règlement (UE) nº 1232/2011 a également modifié l’article
25 du règlement en renforçant les dispositions relatives à l’établissement de
rapports et à la transparence. –
Le règlement (UE) nº 388/2012 du Parlement européen et du Conseil
du 19 avril 2012[1]
a actualisé la liste de contrôle de l’Union figurant à l’annexe I du règlement
et intégré les modifications convenues dans le cadre des régimes multilatéraux
de contrôle des exportations en 2009 et en 2010. Il s’agissait notamment de
lever les contrôles pour certains biens et de modifier certaines descriptions
et définitions de marchandises. La nouvelle liste de contrôle de l’UE, mise à
jour et consolidée, est entrée en vigueur le 15 juin 2012. Elle a ainsi permis
à l’Union d’honorer ses engagements internationaux en matière de contrôles des
exportations et a soulagé les exportateurs de l’UE, dans les cas où les
paramètres de contrôle ont été assouplis. En outre, compte tenu de l’article 15 du règlement, qui
dispose que la liste de contrôle de l’UE est mise à jour régulièrement dans le
respect des modifications convenues dans le cadre des régimes multilatéraux, la
Commission a adopté, le 7 novembre 2011, une proposition visant à modifier le
règlement et à déléguer à la Commission le pouvoir de mettre à jour la liste de
contrôle de l’UE (par voie d’«actes délégués»)[2].
La proposition prévoit également de déléguer à la Commission le pouvoir de
modifier l’annexe II du règlement en cas de changements de circonstances, pour
retirer certaines destinations et/ou biens du champ d’application des AGEUE. Si
le Parlement européen a adopté sa position en première lecture en octobre 2012,
cette proposition législative reste en discussion, en vue de sa conclusion
avant avril 2014. D’autres évolutions du cadre réglementaire restent sujettes
à examen. Ainsi, lors de l’adoption du règlement, le Conseil et la Commission
ont indiqué que la liste de biens nécessitant une licence pour les transferts
au sein de l’Union serait évaluée compte tenu des principes figurant au titre
II, chapitre 9, du traité Euratom (le marché commun nucléaire) et à l’article
36 du TFUE. Par la suite, lors de l’adoption du règlement (UE)
nº 1232/2011, la Commission a annoncé son intention d’étudier la
possibilité d’instaurer une AGEUE pour les expéditions de faible valeur d’ici à
la fin de 2013[3].
Ces questions sont étudiées dans le cadre du réexamen en cours de la politique
de contrôle des exportations et un groupe de travail informel a été créé au
début de l’année 2013 pour analyser la liste des biens dont les transferts font
l’objet de contrôles et les modalités de ces contrôles. 2.2. Mesures nationales
d’exécution Le règlement est obligatoire dans tous ses éléments et
directement applicable dans tout État membre. Il prévoit cependant que les
États membres adoptent des mesures d’exécution pour certaines dispositions et
que les informations y afférentes soient publiées au Journal officiel de
l’Union européenne. Les notes d’information des États membres ont été publiées
le 6 mars 2012[4].
Elles offrent un aperçu des mesures adoptées à l’échelon national concernant,
par exemple, l’extension des contrôles des opérations de courtage,
l’application des contrôles relatifs au transit, l’extension des contrôles aux
biens ne figurant pas sur la liste de l’annexe I, pour des raisons liées à
la sécurité publique ou à la sauvegarde des droits de l’homme, l’instauration
d’autorisations générales nationales d’exportation, l’application des contrôles
des transferts à l’intérieur de l’Union aux biens ne figurant pas sur la liste,
ainsi que des informations relatives aux autorités nationales compétentes pour
le contrôle des exportations. En outre, une note d’information publiée le 19
septembre 2012[5]
rapporte que l’Italie a notifié à la Commission qu’elle
a soumis à une procédure nationale d’autorisation spécifique l’exportation vers
la Syrie de certains biens de télécommunication ne figurant pas dans la liste
de l’annexe I, pour des raisons de sécurité publique et de sauvegarde des
droits de l’homme. Les mesures nationales d’exécution concernant les conditions
et les règles choisies par les États membres pour l’utilisation des AGEUE donnent
également lieu à la publication d’un avis d’information. 2.3. Rapport sur
l’instauration des autorisations générales d’exportation de l’Union européenne Compte tenu du règlement (UE) nº 1232/2011 et dans le
respect de l’article 25, paragraphe 4, du règlement dans sa version modifiée,
le groupe de coordination «double usage» a entrepris d’évaluer la mise en œuvre
des autorisations générales d’exportation de l’Union récemment instaurées.
Ainsi qu’il est indiqué ci-avant, des informations relatives aux conditions et
exigences d’utilisation ont été réunies en vue de leur publication au Journal
officiel. En outre, les consultations menées avec les autorités compétentes ont
permis d’aboutir aux conclusions qui suivent. ·
En ce qui concerne les conditions et exigences d’utilisation, la
plupart des États membres ont instauré des obligations d’enregistrement et
imposent également une notification a posteriori de la première utilisation,
bien que certains États membres demandent une notification a priori. Dans leur
grande majorité, ils exigent des renseignements concernant l’exportateur, une
description du bien et la mention de sa catégorie, des informations sur la
valeur et le volume des transactions, la destination de l’exportation et
l’utilisateur final. Certains États membres exploitent également les données
douanières pertinentes. En outre, la plupart des États membres ont mis en place
des exigences relatives à l’établissement de rapports périodiques (dont la
fréquence est variable) et certains ont également instauré des obligations en
matière de tenue de registres et de contrôles. ·
Au total, les autorités compétentes ont reçu plus de 4 000
notifications de recours aux AGEUE et le nombre d’entreprises qui les emploient
est estimé à 3 500. Les opérateurs économiques utilisent toutes les AGEUE,
mais la plus sollicitée est l’AGEUE 001. Les autorisations sont utilisées dans
la quasi-totalité des États membres; dans un petit nombre d’entre eux,
cependant, les opérateurs économiques n’ont pas encore eu recours aux nouvelles
AGEUE mises en place en 2011. ·
Presque toutes les catégories de biens à double usage sont
exportées au titre d’AGEUE, et ce, dans un vaste éventail de secteurs, parmi
lesquels des secteurs «double usage» classiques tels que la construction
aérospatiale, les logiciels et l’électronique, mais aussi d’autres domaines,
tels que l’agroalimentaire ou l’industrie de la pâte et du papier. ·
Les exportations réalisées au titre d’AGEUE sont en majorité
destinées aux États-Unis et aux autres «pays EU001» (Australie, Canada, Japon,
Suisse, Norvège et Nouvelle-Zélande), mais d’autres destinations en bénéficient
également, telles que le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, la Fédération de
Russie, l’Afrique du Sud et la Turquie. 3. État d’avancement
de la mise en œuvre du règlement 3.1. Activités du groupe
de coordination «double usage» L’article 23 du règlement institue un groupe de coordination
«double usage» (GCDU) réunissant des experts de la Commission et des États
membres, qui examine toute question concernant l’application des contrôles des
exportations en vue d’améliorer dans la pratique leur cohérence et leur
efficacité dans l’ensemble de l’Union. Ce groupe offre un cadre unique pour
l’échange de pratiques d’excellence et d’informations entre les autorités
chargées des contrôles et constitue la base d’un réseau réunissant à l’échelle
de l’UE les entités responsables de ces contrôles. Le GCDU s’est régulièrement
réuni au cours de la période couverte par le rapport. Depuis l’entrée en
vigueur du règlement, 16 réunions ont eu lieu. La GCDU a mené des discussions
sur un certain nombre de questions d’actualité concernant la mise en œuvre du
règlement, telles que les approches des États membres à l’égard des
autorisations générales d’exportation nationales et de l’UE, les contrôles à
l’exportation pour le secteur de la recherche, etc. La GCDU a été aussi
l’occasion de consultations sur des cas concrets d’application des contrôles,
notamment sur des questions signalées par l’industrie telles que l’exportation
de turbines à gaz vers certaines destinations, l’exportation composants de
graphite et de carbone, etc. Des
réunions régulières ont ainsi eu lieu avec les parties prenantes, notamment
deux réunions avec des fonctionnaires des douanes en octobre 2010 et en
septembre 2011, qui ont porté sur l’échange d’informations entre les autorités
chargées de l’octroi des licences et les services douaniers afin d’éviter le
détournement des échanges et les exportations illicites. Le groupe rencontre en
outre, ponctuellement, des représentants de l’industrie. Ainsi, un séminaire
conjoint avec le Forum européen sur l’énergie nucléaire qui s’est tenu en
février 2013 a permis de débattre des contrôles des exportations dans le
domaine nucléaire et d’entendre les inquiétudes des acteurs du secteur
concernant les coûts de mise en conformité, les distorsions de concurrence et
les transferts de biens et technologies nucléaires à l’intérieur de l’Union. Le groupe de coordination «double usage» a enfin étudié des
pistes en vue du renforcement des capacités techniques et des compétences. Il
s’agit là d’un élément clé dans la procédure d’octroi des licences et le
contrôle de l’application de la réglementation aux frontières. Il existe un
certain nombre de dispositifs nationaux de formation consacrés au contrôle des
exportations, et le Centre commun de recherche de la Commission a organisé pour
sa part des séminaires techniques pour les agents chargés de l’octroi des
licences et les experts techniques, en collaboration avec des experts nationaux
de l’Union et des États-Unis. Dans ce contexte, le GCDU a organisé des sessions
de formation pilotes en préparation d’un éventuel programme de formation et de
sensibilisation structuré, interne à l’Union, sur le contrôle des exportations,
qui devrait être destiné principalement aux experts de l’octroi des licences,
experts douaniers et experts techniques, ainsi qu’aux autres fonctionnaires
concernés (affaires étrangères, défense et renseignements). 3.2. Lignes directrices
de l’Union en matière de contrôle des exportations de biens à double usage Le GCDU a élaboré des «lignes directrices de l’UE en matière
de contrôles des exportations de biens à double usage» visant à appuyer la mise
en œuvre pratique des mesures de contrôle des exportations et notamment à
préciser les diverses procédures de consultation et d’échange d’informations
prévues par le règlement. Actuellement, ces lignes directrices sont réservées à
l’administration et s’adressent aux autorités des États membres chargées des
contrôles à l’exportation; elles ne sont pas juridiquement contraignantes et n’ont
pas vocation à être rendues publiques. Elles constituent un document adaptable,
qui sera régulièrement mis à jour et complété pour répondre à l’évolution des
besoins et de la situation. Après une enquête menée par la Commission en 2010, le groupe
de coordination «double usage» a élaboré des lignes directrices pour la
création d’une «réserve d’experts»[6],
c’est-à-dire d’un mécanisme structuré de mutualisation de l’expertise
disponible dans différents États membres, au profit de tous, afin de favoriser
la cohérence des décisions relatives aux contrôles. Ces lignes directrices
établissent des modèles et procédures normalisés pour la fourniture, sur une
base volontaire, de conseils non contraignants aux autorités compétentes
concernant certains aspects hautement techniques tels que l’évaluation et le
classement des biens. Graphique nº 1:
Fonctionnement de la réserve d’experts «double usage» de l’UE 3.3. Visites effectuées
par des pairs Ces visites organisées conjointement par la Commission et la
présidence de l’Union constituent un autre élément clé du réseau de contrôle
des exportations de l’UE et sont l’occasion d’échanges d’informations
approfondis au sujet d’un problème spécifique lié au contrôle des exportations.
En tout, six visites ont eu lieu au cours de la période considérée; elles ont
porté par exemple sur le contrôle des transferts à l’intérieur de l’Union,
l’application des contrôles «attrape-tout» («catch-all»), les transferts de
technologies intangibles et les contrôles relatifs aux équipements
d’information et de communication. 3.4. Échange
d’informations et instauration d’un système électronique crypté et sécurisé
Le système en ligne sur les biens à double usage (DUeS), un
dispositif électronique sécurisé hébergé par la Commission et permettant
l’échange d’informations entre États membres, a été lancé en janvier 2011 et
est devenu pleinement opérationnel en juin 2012, tous les États membres ayant
depuis accès à ce dispositif et l’utilisant activement. De nouvelles versions
ont vu le jour depuis lors, apportant des fonctions supplémentaires et des
améliorations, notamment la possibilité de saisir des informations relatives
aux refus d’autorisation des biens à double usage, d’échanger des documents
dans une bibliothèque virtuelle ou de procéder à des exportations de données
exhaustives. Le GCDU œuvre constamment à l’évolution du DUeS, afin de permettre
un échange d’informations efficace entre les autorités chargées du contrôle des
exportations et la Commission, par exemple en enrichissant le système des
fonctions rendues nécessaires par l’adoption de nouveaux textes législatifs
tels que le règlement (UE) nº 1232/2011 ou de mesures restrictives
(sanctions) portant sur le commerce de biens à double usage. Des discussions
ont également été engagées pour étudier la possibilité d’étendre ce système aux
refus d’exportations d’armements prononcés au titre de la position commune
2008/944/PESC du Conseil et aux refus d’exportations de biens décidés en vertu
du règlement (CE) nº 1236/2005, concernant le commerce de certains biens
susceptibles d’être utilisés en vue d’infliger la peine capitale, la torture ou
d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En complément du DUeS, les autorités compétentes nouent
aussi, ponctuellement, des coopérations directes sur des cas spécifiques, à
l’aide des points de contact du réseau de contrôle des exportations de l’Union;
certaines ont adopté des mesures particulières conformément à l’article 19,
paragraphes 1 et 2, pour l’échange d’informations, y compris, par exemple,
concernant les caractéristiques détaillées des transactions. Le groupe de coordination «double usage» a eu l’occasion
d’étudier et de promouvoir l’introduction de systèmes électroniques de
délivrance des licences par les autorités compétentes, car ceux-ci simplifient
la procédure d’octroi des licences et raccourcissent les délais de traitement,
tout en permettant de mieux surveiller ces procédures et d’améliorer la
coordination au sein de l’administration. Au total, huit États membres disposent
désormais d’un tel système électronique, tandis que six autres travaillent à
son déploiement sur les années 2012 et 2013, et que trois pays en sont aux
étapes préparatoires. 3.5. Transparence et
dialogue avec l’industrie et le monde universitaire Sur la base de l’article 23, paragraphe 2, la Commission a
instauré des réunions régulières avec l’industrie. Ainsi, elle a organisé un
forum de l’industrie en 2010 et une conférence d’exportateurs en 2011,
rassemblant plus de 200 participants issus de l’industrie, du monde
universitaire, des autorités publiques et des institutions de l’Union en vue de
faire connaître les nouvelles AGEUE et la consultation publique ouverte par le
Livre vert de 2011. En 2013, à la suite de l’adoption du document de travail des
services de la Commission [SWD(2013) 7] tirant les conclusions du débat public
organisé dans le cadre du Livre vert, la Commission organise, conjointement
avec la présidence irlandaise, une conférence consacrée spécifiquement au
contrôle des exportations stratégiques qui sera l’occasion d’étudier les
priorités pour le réexamen du système européen de contrôle des exportations. Les autorités compétentes mènent d’importantes activités de
communication à destination de l’industrie et informent de façon aussi complète
que possible les acteurs économiques et universitaires, ainsi que les autres
parties prenantes dans la phase précédant la délivrance d’une licence, afin de
les sensibiliser à l’importance d’un commerce responsable des biens à double
usage. Pour communiquer, les autorités compétentes passent essentiellement par
leur site web et, occasionnellement, par un bulletin d’information. Elles
entretiennent généralement des contacts directs avec les opérateurs et
organisent régulièrement des séances d’information générale (journée «Contrôle
des exportations») ou des séminaires spécifiques pour les opérateurs. Certaines
autorités publient des documents d’orientation spécifiques au sens de l’article
19, paragraphe 5, tels que des brochures concernant les programmes internes de
conformité (PIC), les transferts de technologies intangibles ou le courtage;
plusieurs mettent à disposition un «manuel» du contrôle des exportations. Certaines autorités compétentes font rapport aux parlements
nationaux sur le commerce des biens à double usage et, dans certains États
membres, ces informations sont accessibles au public. 3.6. Suivi et mise en
œuvre du contrôle des exportations La Commission œuvre en faveur d’une application efficace du
contrôle des exportations au sein de l’UE par l’intermédiaire de diverses
actions telles que l’élaboration d’une «table de correspondance» qui met en
corrélation les codes douaniers avec la classification des biens à double
usage, l’intégration de paramètres relatifs au contrôle des exportations dans
la base de données en ligne de l’UE concernant les tarifs douaniers (TARIC) et
les évaluations des risques douaniers, sans oublier des modules de
sensibilisation au contrôle des exportations dans le cadre des formations
dispensées par le Centre commun de recherche de la Commission, par exemple à
l’intention des gardes-frontières. De leur côté, conformément au règlement, les États membres
doivent définir des sanctions efficaces, proportionnées et dissuasives,
applicables en cas de violation du contrôle des exportations. Ils ont adopté à
l’échelon national un ensemble de sanctions administratives et pénales de
nature diverse, qui incluent généralement des amendes, la confiscation des
biens et l’incarcération. Les autorités nationales sont responsables au premier chef
de la bonne exécution des contrôles des exportations. Au cours de la période
considérée, quelques infractions ont été signalées, notamment des cas
d’exportation sans licence, qui ont donné lieu à des amendes et/ou à la saisie
des biens. Quelques dossiers ont été portés devant les tribunaux. 4. Données clés
concernant les contrôles des exportations de l’Union Il est difficile d’obtenir des informations fiables sur les
exportations de biens à double usage, dans la mesure où ceux-ci ne correspondent
pas à un secteur économique défini et où aucune méthodologie spécifique n’a
encore été mise au point pour l’enregistrement des données et le calcul des
statistiques relatives aux échanges de biens à double usage. La Commission et
les États membres collectent toutefois des données permettant de procéder à une
estimation des exportations de biens à double usage sur la base, d’une part,
des codes douaniers des biens identifiés grâce à la table de correspondance qui
comprennent, entre autres, des biens à double usage, et, d’autre part, de
données spécifiques recueillies par les autorités compétentes. On notera que
les estimations des exportations présentées ci-après ne tiennent pas compte des
services et transferts de technologies intangibles associés aux échanges de
biens à double usage. 4.1. Commerce de biens à
double usage dans l’Union: biens et destinations Le règlement s’applique au premier chef à l’exportation de
quelque 1 600 biens à double usage répertoriés à l’annexe I (et formant la
liste de contrôle de l’UE, dans sa version mise à jour en 2012) et classés en
10 catégories (graphique nº 2). Graphique
nº 2: Nombre de biens double usage parmi les catégories figurant à
l’annexe I. Ces biens à double usage concernent environ un millier de
produits répertoriés par les douanes[7],
notamment des substances chimiques, des métaux et des produits minéraux non
métalliques, des ordinateurs, des produits électroniques et optiques, des
appareils électriques, des machines, des véhicules et équipements de transport,
etc., et relèvent généralement du segment «haute technologie» de ce vaste
ensemble de produits hétérogène. Si la valeur des biens à double usage soumis
au contrôle des exportations représente environ 2 % du total des
exportations, les contrôles concernent indirectement un «domaine d’exportation»
que l’on estime à quelque 20 % du total des exportations (voir graphique
nº 3). Graphique nº 3: Estimation
de la valeur des exportations de biens à double usage par comparaison au «domaine
des exportations de biens à double usage» et au total des exportations Une part importante du domaine des exportations de biens à
double usage concerne les échanges internes à l’Union ou les exportations vers
les «pays UE001» qui bénéficient d’autorisations générales d’exportation. Ce
fait reflète la structure du marché des exportations de l’UE s’agissant des
produits concernés, ainsi que la facilitation des échanges que permettent les
AGEUE (voir graphique nº 4). Graphique nº 4: Pays de destination des
exportations de biens à double usage de l’UE en 2012. 4.2. Demandes, licences
et refus Le groupe de coordination «double usage» a échangé des
informations et recueilli des données concernant le commerce des biens soumis à
contrôle afin d’améliorer la compréhension des contrôles et de leur incidence
d’un point de vue économique. Les graphiques qui suivent rendent compte de
certaines données recueillies pour la période de référence; il convient
toutefois de noter que tous les États membres ne collectent pas l’ensemble des
données. Les informations fournies ci-après constituent donc des estimations
des quantités et valeurs cumulées, dans les limites des données disponibles au
moment de la rédaction du présent rapport. Graphique nº 5: Nombre d’autorisations et de refus pour 2010, 2011
et 2012[8] Graphique nº 6: Valeur des autorisations et des
refus pour 2010, 2011 et 2012 (en millions d’EUR)
Graphique nº 7: Proportion du nombre de licences
et d’autorisations par catégorie (données pour 2011) Au total, les demandes tendent désormais à dépasser 30
milliards d’EUR par an, ce qui représente environ 2,5 % du commerce
extérieur de l’UE, tandis que les quelque 3 500 refus actifs équivalent à
environ 0,01 % du total du commerce extérieur de l’Union[9].
Néanmoins, les estimations font état d’une nette augmentation des échanges
soumis à contrôles au cours des dernières années. À l’inverse, le nombre de
refus semble avoir diminué au cours de la période.[10]
5. Contrôles des
exportations de l’Union: incidence sur la sécurité et les échanges À la lumière de l’article 25, paragraphe 2, du règlement
(CE) nº 428/2009 dans sa version modifiée, qui prévoit que la Commission
présente «un rapport complet sur [l’]application et [l’]impact» dudit règlement,
le rapport sur la consultation publique présenté dans le document de travail
SWD(2013) 7 en janvier 2013 réunit de nombreuses contributions de parties
prenantes concernant les effets des contrôles des exportations tant sur la
sécurité que sur le commerce. Ces contributions sont synthétisées ci-après. 5.1. Le contrôle des
exportations: un instrument essentiel pour promouvoir la sécurité dans un
univers mondialisé et multipolaire Les parties prenantes reconnaissent que le système de
contrôle des exportations, en tant qu’instrument commercial lié à la sécurité,
est plus que jamais à la pointe des efforts internationaux en matière de
non-prolifération et doit être adapté à l’évolution des risques et menaces en
matière de sécurité, y compris aux différentes formes de terrorisme et aux
efforts entrepris par certains États et entités non étatiques pour acquérir des
armes de destruction massive et les technologies de vecteurs et armements
correspondants. Certains acteurs font également valoir que le contrôle des
exportations doit s’adapter aux défis politiques et à l’évolution des objectifs
de l’Union en matière de politique étrangère, par exemple eu égard au
«printemps arabe» et à l’évolution rapide du paysage géopolitique, ou encore
dans l’optique de prévenir les atteintes aux droits de l’homme dans les régimes
oppressifs prenant la forme d’un contrôle étatique des technologies de l’information
et de la communication. Les parties prenantes ont recensé une série de défis
auxquels est confrontée la politique de contrôle des exportations. Ceux-ci
concernent les capacités croissantes des économies émergentes en matière
d’innovation et de production et, partant, la disponibilité à l’étranger de
produits sensibles, les sociétés multinationales et les procédés industriels
inscrits dans des réseaux de production et des chaînes d’approvisionnement à
l’échelle mondiale, ainsi que la mondialisation et l’augmentation du volume des
échanges commerciaux. La diffusion rapide des progrès technologiques et
scientifiques, la mobilité des connaissances, ainsi que l’apparition de
nouvelles technologies de transformation sophistiquées (telles que
l’informatique en nuage, les outils cybernétiques ou la recherche pouvant faire
l’objet d’un double usage dans les sciences de la vie) rendent le contrôle des
exportations plus complexe encore. 5.2. Le secteur méconnu
des biens à double usage: une clé de l’innovation et de la compétitivité
européennes Les parties prenantes s’accordent généralement à dire que
les exportations de biens à double usage ont une plus grande importance pour l’économie
de l’Union européenne que ne semble l’indiquer la part des transactions
soumises à des contrôles, car ces exportations ont des retombées considérables
sur des secteurs essentiels de l’économie de l’UE. Concrètement, les contrôles
frappant les biens à double usage ont une incidence sur la recherche et le
développement (R&D), la production et les échanges dans un vaste éventail
d’industries civiles [par exemple l’énergie (nucléaire, pétrole, gaz), la
construction aérospatiale, la défense et la sécurité, les lasers et la
navigation, les télécommunications, les sciences du vivant, les industries
chimiques et pharmaceutiques, les équipements de transformation de matériaux,
l’électronique, les semi-conducteurs et l’informatique, la médecine et l’automobile]
et les produits contrôlés entrent à grande échelle dans la chaîne de valeur
internationale. Fondamentalement, les acteurs consultés soulignent que les
biens à double usage constituent souvent des produits de pointe, sophistiqués,
pour lesquels les entreprises de l’Union se sont hissées à la place de leaders,
de sorte que de nombreuses technologies de pointe sont concernées, en totalité
ou en partie, par le contrôle des exportations de biens à double usage. Les parties prenantes rappellent
que les industries de l’Union en rapport avec les biens à double usage se
composent de milliers de petites, moyennes et grandes entreprises qui
fournissent des emplois et du savoir-faire à forte valeur ajoutée (dont une
part importante d’activités de R&D) dans toute une série de secteurs
économiques clés de l’Union. Ce secteur forme une part importante du commerce
de l’UE avec ses partenaires stratégiques et constitue un moteur essentiel de
l’innovation et de la compétitivité en Europe. 5.3. Le système de
contrôle des exportations de l’Union européenne: supérieur à la somme des
parties La plupart des parties prenantes jugent que le système
actuel de contrôle des exportations de l’UE offre un cadre robuste, mais
souple, et observent que sa construction est unique, puisqu’il offre une base
juridique uniforme comprenant des règles, définitions et critères communs
applicables aux autorisations et une liste de contrôle commune, tout en
combinant des principes et règlements européens avec des règles et décisions
nationales. Certains acteurs reconnaissent que le principal avantage de la
réglementation de l’UE résulte de la libre circulation des biens à double usage
dans le marché intérieur. Ils apprécient également la relative simplicité du
système (avec sa liste de contrôle unique, par exemple). Par ailleurs,
plusieurs parties prenantes insistent sur le développement considérable (et
jugé positif) du contrôle des exportations de l’UE au cours de ces quelques
dernières années, grâce à des initiatives importantes, telles que l’adoption du
règlement (CE) nº 428/2009, l’introduction de nouvelles AGEUE, la mise en
place du dispositif électronique sécurisé (DUeS), ainsi que les propositions
visant à garantir l’actualisation régulière de la liste de contrôle de l’UE. Certaines parties prenantes estiment cependant que le
système de l’UE continue de freiner la compétitivité, notamment parce que les
disparités politiques, réglementaires et opérationnelles qui y cohabitent
peuvent entraîner des variations significatives dans le temps de traitement des
licences d’exportation et des interprétations divergentes des règles de l’UE.
Elles font valoir que la «mise en œuvre asymétrique» du contrôle des
exportations de l’UE crée des distorsions du commerce et entraîne parfois une
fragmentation du marché qui nuit à l’égalité de traitement des entreprises
européennes. Ces parties jugent que les contrôles à l’exportation de l’Union ne
tiennent pas suffisamment compte des niveaux de risque différenciés, tandis que
leur exécution demeure parfois fragmentée en raison de l’absence de coopération
systémique entre les autorités nationales compétentes. Du point de vue de la
sécurité, certains acteurs estiment que les niveaux de contrôle variables
augmentent le risque de voir apparaître des «maillons faibles» dans la chaîne
des contrôles des exportations, lesquels pourraient compromettre l’efficacité
globale des contrôles des exportations de l’UE. En outre, la mise en œuvre au niveau multilatéral et
international du système de contrôle des exportations de l’UE demeure
imparfaite, dans la mesure où ni les États membres ni l’Union européenne ne
sont parties prenantes dans la totalité des régimes multilatéraux de contrôle
des exportations[11].
Malgré cela, tout au long de la période considérée, l’UE a développé ses liens
avec certains partenaires clés pour débattre de questions d’intérêt commun
relatives au contrôle des exportations, par exemple avec les États-Unis, le
Japon ou la Chine. En particulier, la Commission et les États membres suivent
de près la réforme du régime de contrôle des exportations des États-Unis et,
depuis l’instauration du système des Strategic Trade Authorizations (STA) en
2011, ont souligné la nécessité de l’étendre à tous les États membres. 5.4. Contrôle des
exportations et compétitivité: distorsions de concurrence et occasions
d’instaurer des conditions de concurrence équitables La plupart des parties prenantes
reconnaissent qu’un contrôle des exportations solide est essentiel à la
réputation de l’industrie, mais soulignent les coûts de mise en conformité
élevés liés à la gestion des procédures de contrôle des exportations, qui
représentent une charge administrative indéniable pour certains secteurs. Elles
considèrent généralement que le contrôle des exportations est devenu un facteur
concurrentiel déterminant en raison de l’interconnexion des chaînes
d’approvisionnement et de la collaboration internationale dans la recherche et
l’innovation. Elles soulignent que la disponibilité à l’étranger de certains
biens à double usage combinée avec la mise en œuvre asymétrique des obligations
internationales du fait de politiques différenciées de contrôle des
exportations pèse sur la compétitivité de certains opérateurs économiques de
l’UE. Elles laissent entendre que des distorsions de concurrence pourraient
résulter des disparités législatives et réglementaires (y compris des
différences dans les exclusions et exemptions appliquées ou les autres accords
de facilitation), d’une liste de contrôle de l’UE dépassée, ou encore des
retards de livraison causés par des régimes de demande de licence dont certains
concurrents n’ont pas à s’embarrasser. Les contrôles moins stricts ou moins
complexes appliqués dans les pays tiers qui ne participent pas aux régimes
multilatéraux de contrôle des exportations posent un problème particulier. Les
sociétés opérant sur le marché mondial réclament des conditions de concurrence
plus équitables pour les industries de l’UE afin de pouvoir rivaliser à armes
égales et appellent à renforcer l’échange d’informations et la collaboration
réglementaire entre les principaux partenaires commerciaux. Dans le même temps, les parties prenantes reconnaissent que
la mondialisation crée des occasions d’instaurer des conditions de concurrence
plus équitables, puisque la résolution 1540 du Conseil de sécurité des
Nations unies requiert que tous les pays exercent des contrôles efficaces des
exportations et que les régimes multilatéraux de contrôle des exportations
cherchent à faire des émules chez les fournisseurs émergents de biens
sensibles. En conséquence, les pays tiers qui n’adhèrent pas aux régimes
multilatéraux ont de plus en plus tendance à développer des systèmes nationaux
de contrôle des exportations et ce, dans toutes les régions du monde. De plus, les programmes de coopération et de
sensibilisation de l’UE, de même que le rapprochement des réglementations des pays
candidats à la faveur du processus d’élargissement, vont dans le sens d’une
convergence internationale et il y a lieu de noter que le système de l’UE est
devenu une référence internationale. 6. Le contrôle des
exportations de l’Union dans un monde en mutation: réexamen de la politique en
la matière Au cours de la période de référence, outre les modifications
législatives évoquées ci-dessus, la Commission a également engagé un réexamen à
grande échelle de la politique de contrôle des exportations. 6.1. Consultations
publiques La Commission organise régulièrement des consultations
publiques et invite les parties prenantes à exprimer leur point de vue
concernant le contrôle des exportations. En avril 2011, elle a mené une
consultation technique relative à la liste de contrôle de l’UE, afin de
rassembler des informations sur la disponibilité à l’étranger des biens soumis
à des contrôles. Compte tenu des exigences de l’article 25, la Commission a
publié en juin 2011 un Livre vert[12]
qui retrace l’évolution du système de contrôle des exportations de l’UE au
cours de la dernière décennie et ouvre un vaste débat public sur son
fonctionnement et les futures options stratégiques. Ce document a constitué un
premier pas vers le réexamen prévu en vertu de l’article 25 du règlement. Le
Livre vert comportait des questions relatives à l’application du règlement (CE)
nº 428/2009, mais aussi des interrogations plus stratégiques destinées à
définir l’orientation future du système de contrôle des exportations de
l’Union. Publié en janvier 2013, le document de travail des services
de la Commission[13]
intitulé «Contrôles des exportations stratégiques: garantir la sécurité et la
compétitivité dans un monde en mutation» passe en revue plus de 100
contributions reçues et recense les principales questions soulevées par les
parties prenantes (États membres, y compris les parlements nationaux et les
partis politiques, membres du Parlement européen, associations sectorielles et
opérateurs économiques, organisations de la société civile et représentants du
monde universitaire) au cours de la consultation publique. Celles-ci donnent
également leur avis concernant les forces et les faiblesses du système de
contrôle des exportations de l’UE. 6.2. Perspectives pour
l’évolution du régime de contrôle des exportations de l’Union européenne Le document de travail se fait également l’écho des
observations des parties prenantes concernant les améliorations possibles à
apporter et l’évolution vers un régime de contrôle des exportations de l’UE
plus intégré «à l’ère de l’information», qui permettrait à la fois de garantir
des conditions de concurrence équitables et d’élever le niveau des normes
minimales communes. Certaines parties prenantes, en particulier, demandent l’harmonisation
de la politique de contrôle des exportations de l’UE et la prise en compte de l’évolution
récente, par exemple l’utilisation des éléments d’interception et de suivi des
TIC ou «cyberoutils». Certains acteurs recommandent également des ajustements
visant à améliorer le cadre régissant l’attribution des licences, par exemple
en étendant l’utilisation des AGEUE et prenant mieux en compte les risques,
mais aussi en procédant à un réexamen des contrôles au niveau national. Ils
préconisent une optimisation du mécanisme «attrape-tout» et un examen critique
des transferts intra-UE, en vue de réduire les distorsions de concurrence dans
le marché unique. Certains suggèrent de renforcer les contrôles portant sur le
courtage et le transit, et soulignent l’importance d’actualiser régulièrement
les listes de contrôle en fonction des évolutions technologiques et
commerciales. Les parties prenantes accordent beaucoup d’attention à l’exécution
effective des contrôles et certaines promeuvent l’idée d’un réseau consacré au
contrôle des exportations de l’UE, avec de meilleures infrastructures partagées
reposant par exemple sur une coopération structurée, la mise en commun de
ressources et l’échange d’informations, des outils communs, la définition de
critères et l’évaluation des risques, ainsi que sur un volet formation. Elles
appellent à renforcer la transparence et le dialogue avec le secteur privé et
le monde universitaire afin d’accroître la sécurité juridique et l’efficacité
des contrôles, moyennant, par exemple, la reconnaissance des programmes internes
de conformité (PIC) et l’élaboration de lignes directrices. 6.3. Examen de la
politique de contrôle des exportations de l’Union européenne: les prochaines
étapes Le document de travail des services de la Commission et le
rapport au Parlement européen et au Conseil s’inscrivent dans le cadre plus
large de la révision du système de contrôle des exportations de l’UE. Ils ouvrent
la voie à l’élaboration d’une communication de la Commission, à publier au
début de l’année 2014, qui pourrait présenter une vision à long terme des
contrôles des exportations stratégiques de l’UE et annoncer des initiatives
concrètes en vue de la modernisation du régime de contrôle des exportations de l’UE
et de son adaptation à l’évolution rapide des technologies et des circonstances
économiques et politiques, conformément à l’article 25 du règlement sur le
contrôle des exportations. Annexe I - Liste des sigles
utilisés ADM || Armes de destruction massive AGEUE || Autorisation générale d’exportation de l’UE CAC || Convention sur les armes chimiques DUeS || Système électronique des biens à double usage DUWP || Groupe de travail «double usage» GA || Groupe Australie GCDU || Groupe de coordination «double usage» GFN || Groupe des fournisseurs nucléaires PIC RCTM || Programme interne de conformité Régime de contrôle de la technologie des missiles TARIC || Tarif intégré des Communautés européennes TNP || Traité de non-prolifération UE || Union européenne [1] JO L 129 du 16.5.2012, p. 12. [2] COM(2011) 704 final. [3] Déclaration
de la Commission et déclaration du Parlement européen, du Conseil et de la
Commission sur les envois de faible valeur annexées au règlement (UE)
nº 1232/2011. [4] JO
C 67 du 6.3.2012, p. 1. [5] JO
C 283 du 19.9.2012, p. 4. [6] La
réserve d’experts a été créée à l’origine en réponse à une recommandation
formulée lors de l’examen par les pairs mené en 2004. Elle a ensuite été
formalisée et renforcée au vu de la demande croissante. [7] Par
domaine des exportations de biens à double usage, on entend l’ensemble
de produits vaste et hétérogène qui inclut les biens à double usage. Si le
commerce des biens à double usage relève de ce domaine de produits, il
ne lui est cependant pas identique dans la mesure où tous les produits relevant
du domaine des exportations de biens à double usage ne sont, et de loin,
pas soumis à des contrôles et dans la mesure où ils tombent généralement dans
le segment de la haute technologie de ce domaine. Les mesures réalisées par le
Centre commun de recherche de la Commission à partir de la base de données
COMEXT d’Eurostat permettent d’estimer que le «domaine des exportations de
biens à double usage» représente de façon stable environ 20 % du total
des exportations de l’UE (en incluant le commerce interne à l’Union). [8] Le
recul du nombre de demandes en 2012 (en volume sur le graphique nº 5 et en
valeur sur le graphique nº 6) est dû au caractère lacunaire des données,
toutes les informations relatives à l’exercice 2012 n’ayant pu être collectées
au moment de la rédaction du présent rapport. Il convient en outre de noter que
le nombre de demandes ne correspond pas nécessairement à la somme des
autorisations et des refus, car un certain nombre de demandes peuvent être
annulées, tandis que certaines peuvent ne pas être traitées avant l’expiration
de l’exercice. [9] Ce
chiffre fait référence au nombre total de refus encore en vigueur à la fin de
la période de référence, y compris les refus prononcés antérieurement. Les
données des graphiques nº 5 et 6 font état quant à eux de quelque
1 700 refus pour la seule période couverte par le rapport. [10] Il
convient de noter que ce fait peut être imputable à plusieurs facteurs, y
compris une meilleure sensibilisation des entreprises concernant les cas
critiques, l’introduction d’un régime d’interdictions (sanctions), etc. [11] La
Commission – et, depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, l’Union
européenne – est membre du Groupe Australie, siège en tant qu’observatrice au
NSG et participe activement aux activités de ces régimes multilatéraux de
contrôle des exportations. L’UE n’a pas de statut officiel dans les autres
régimes de contrôle des exportations (le RCTM et l’arrangement de Wassenaar).
Huit États membres ne sont pas membres du RCTM et Chypre n’est pas non plus
membre de l’arrangement de Wassenaar. [12] COM(2011)
393 du 30.6.2011. [13] SWD
(2013)7 du 17.1.2013.