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Document 52012SC0123
DOCUMENT DE TRAVAIL CONJOINT DES SERVICES Mise en oeuvre de la Politique Europénne de Voisinage en Tunisie Progrès réalisés en 2011 et actions à mettre en oeuvre accompagnant le document : COMMUNICATION CONJOINTE AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS Concrétiser les engagements de la nouvelle Politique Europeénne de Voisinage
DOCUMENT DE TRAVAIL CONJOINT DES SERVICES Mise en oeuvre de la Politique Europénne de Voisinage en Tunisie Progrès réalisés en 2011 et actions à mettre en oeuvre accompagnant le document : COMMUNICATION CONJOINTE AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS Concrétiser les engagements de la nouvelle Politique Europeénne de Voisinage
/* SWD/2012/0123 final */
DOCUMENT DE TRAVAIL CONJOINT DES SERVICES Mise en oeuvre de la Politique Europénne de Voisinage en Tunisie Progrès réalisés en 2011 et actions à mettre en oeuvre accompagnant le document : COMMUNICATION CONJOINTE AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS Concrétiser les engagements de la nouvelle Politique Europeénne de Voisinage /* SWD/2012/0123 final */
1.
Évaluation d’ensemble et recommandations
Ce rapport présente une vue
d’ensemble des progrès effectués dans la mise en œuvre du plan d’action de la Politique
européenne de voisinage (PEV) entre le 1er
janvier et le 31 décembre 2011. Néanmoins, des événements survenus en dehors de
cette période ont également été pris en compte lorsqu’ils ont été considérés
comme importants. Le présent document n’est pas un rapport général et exhaustif
sur la situation économique et politique de la Tunisie. En outre, pour des
informations sur les processus sectoriels régionaux et multilatéraux, il
conviendra de se référer au rapport sur le Partenariat pour la démocratie et la
prospérité partagée. La révolution qu’a connue la Tunisie en janvier 2011 a
introduit des perspectives radicalement différentes dans les relations avec
l’Union européenne. En se tournant vers l’ouverture démocratique, le respect
des libertés fondamentales et des droits de l’Homme, la Tunisie a entamé un
processus de transition dont une des étapes fondamentales a été la tenue, en
octobre 2011, des premières élections démocratiques et libres de son histoire.
Elles ont permis l’établissement d’une Assemblée constituante. Dès les premiers jours de la révolution, la Tunisie a pris
des initiatives significatives pour sa transition démocratique et en
particulier: l'institution de trois commissions (sur les réformes politiques,
sur les affaires de malversation et de corruption, ainsi que sur les abus
durant la révolution); l'amnistie accordée à tous les prisonniers
politiques ; la levée des entraves à la liberté d’expression et
d’information ainsi qu’à la liberté d’association ; la séparation
entre l’Etat et les partis politiques ; le dialogue national entre les
diverses sensibilités politiques ; une loi électorale consacrant la parité
entre femmes et hommes dans les listes électorales (49 femmes élues sur 217
sièges) et l'organisation des élections par une commission indépendante. Au
niveau du droit international, la Tunisie a renforcé son adhésion aux
conventions internationales des droits humains, en ratifiant plusieurs
conventions et en reconnaissant le statut de la Cour pénale internationale. L’UE s’est félicitée de cette révolution à laquelle elle a
dès le début apporté son soutien, aussi bien au niveau politique qu’en
renforçant sa coopération dont le montant a doublé (de EUR 80 millions
initialement prévus pour 2011 aux EUR 160 millions engagés). L'aide a été
apportée notamment à la relance économique, au développement des zones
défavorisées et la création d'emploi, à la mise en œuvre de l'Accord
d'association, notamment dans ses aspects de gouvernance, à la compétitivité
des secteurs des services, à l'appui aux élections ainsi qu'au renforcement de
la société civile. En 2011, les relations bilatérales ont été marquées par un
grand nombre de visites à haut niveau, traduisant ainsi le soutien politique
de l'UE. En ce qui concerne l’organisation des élections, une assistance
technique a été fournie à l'Instance Supérieure Indépendante pour les
Elections. L’UE a apporté son soutien à la société civile tunisienne et a
déployé une mission d'observation électorale, lors des élections du 23 octobre
2011. Les réunions des instances de l'Accord d'association UE-Tunisie, qui ont
été interrompues pendant une partie de l’année 2011, ont pu reprendre en
décembre, avec les sous-comités recherche et innovation, dialogue économique et
coopération douanière. Une réunion de la Task
Force UE-Tunisie a été organisée les 28-29 septembre, sous la co-présidence
de la Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique
de sécurité / Vice Présidente de la Commission Européenne et du Premier
Ministre tunisien de l’époque, pour coordonner les efforts européens afin
de répondre de manière plus efficace aux besoins de la transition tunisienne.
Cette task-force a permis de mettre en place des actions concrètes de
coopération, un mois avant la tenue des premières élections libres dans ce
pays. Ces mesures ont été par la suite confirmées par les nouvelles autorités
de transition lors du déplacement à Bruxelles du Premier Ministre Hammadi
Jebali le 2 février 2012. L’accent est particulièrement mis sur la création
d’emplois, la formation et la reprise des investissements. Un suivi de la
task-force est assuré par le Représentant Spécial de l’UE pour la Méditerranée
du Sud et toutes les instances créées par l'accord d'association. Les deux parties sont également
convenues de reprendre les discussions sur le nouveau plan d’action devant
concrétiser le renforcement des relations bilatérales. Cela impliquera un
renforcement des engagements des deux parties dans tous les domaines, qu'il
s'agisse de l'État de droit et de la gouvernance, de l'économie et du commerce
ou des questions sociales. Le renforcement substantiel des relations
bilatérales entre la Tunisie et l’UE devrait se faire en accord avec les
valeurs et les principes du Partenariat pour la démocratie et la prospérité
partagée. En 2011, la situation économique de la Tunisie s’est
dégradée significativement, notamment à cause des répercussions liées à la
révolution tunisienne et au conflit libyen. Cela s’est traduit dans des
secteurs comme le tourisme, les investissements et la production de phosphates,
qui ont souffert d’une baisse significative. Dans ce contexte, le gouvernement
a fait des efforts, pour maintenir une politique budgétaire prudente.
Toutefois, la situation macro-économique générale du pays reste fragile. En matière commerciale, les négociations en cours avec l'UE
sur la libéralisation du commerce des services, sur la poursuite de la
libéralisation progressive du commerce des produits agricoles, des produits
agricoles transformés et des produits de la pêche ont été suspendues suite à la
révolution, à la demande des autorités tunisiennes. Les autorités de transition
ont préféré attendre la mise en place d’un nouveau gouvernement élu par un vote
démocratique avant d’engager le pays dans des accords internationaux. Des grandes disparités sociales, notamment dans les régions
les moins développées du pays et cachées par les statistiques de l’époque Ben
Ali, ont été mises en évidence avec la révolution. En conséquence des
difficultés économiques mentionnées plus haut, le taux de chômage s’est
considérablement accru en 2011 et la création d’emplois de qualité est restée
faible, notamment pour les jeunes diplômés. La relance d'un véritable dialogue
social réformé est un élément essentiel d’une reprise économique durable. L’adoption d’un nouveau plan d’action PEV portant
approfondissement des relations au sein d’un partenariat privilégié constituera
une étape importante dans les relations bilatérales. En 2012, la priorité devra
être donnée à l’accompagnement des réformes nécessaires à l’établissement d’un
Etat démocratique et à la poursuite de la relance économique, priorité qui sera
prise en compte dans la préparation du Programme d'action en matière de
coopération. Sur la base du rapport de cette année et en vue de
l’adoption d’un nouveau Plan d'action en 2012, la Tunisie est invitée à: ·
Adopter la nouvelle loi électorale. ·
Entreprendre la création de l’ « Instance Publique
indépendante », chargée de la gestion et de l’organisation des élections. ·
Assurer la mise en œuvre effective des Conventions
Internationales en matière de respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales,
y compris celles ratifiées par la Tunisie en 2011. ·
Adopter les réformes législatives et organisationnelles
nécessaires à la consolidation de la démocratie (indépendance de la justice,
reforme du secteur de la sécurité, indépendance des médias, etc.). ·
Envisager l’adhésion de la Tunisie à certaines Conventions et
instruments du Conseil de l’Europe. ·
Renforcer le rôle de la société civile, comme partenaire
essentiel du processus de démocratisation. ·
Préparer la Tunisie à l’intégration au marché unique européen,
notamment dans le cadre des négociations en vue de la conclusion de la Zone de
Libre Echange Approfondie et Complète (ZLEAC). ·
Signer et ratifier la Convention
régionale sur les règles d'origine préférentielles pan-euro-méditerranéennes.
2.
Dialogue Politique et Reformes
Vers une démocratie solide et durable
En 2011, la chute du régime du président Ben Ali a permis
des avancées significatives en matière de démocratie et d’Etat de droit, à la
fois sur le plan juridique et dans la vie quotidienne des Tunisiens, avec la
disparition de la plupart des entraves à la liberté
d'expression, d'association et à la participation à la vie politique.
L'UE a mobilisé plusieurs instruments pour apporter une assistance technique
pour la préparation aux élections. Elle a aussi apporté un soutien direct aux
organisations de la société civile tunisienne, à la liberté d'expression et à la
promotion des valeurs démocratiques en général. A partir du 14 janvier 2011, et jusqu’aux élections de
l’Assemblée constituante du 23 octobre 2011, le président de la Chambre des
députés a assumé les fonctions de Président par intérim, la Constitution a été
suspendue, trois gouvernements provisoires se sont succédés et des institutions
ad hoc ont été crées pour accompagner le processus de transition. Il s’agit en
particulier de la « Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la
révolution, la réforme politique et la transition démocratique », composée
des représentants de la société civile, des parties politiques et de syndicats
et qui dans les faits a remplacé le parlement dissous après la révolution, de
la « Commission nationale d’investigation sur la corruption et la
malversation » et de la « Commission nationale d’investigation sur
les abus enregistrés au cours de la période allant du 14 janvier 2011 jusqu’à
l’accomplissement de son objet » Une nouvelle législation électorale a été adoptée et une
institution indépendante pour l’organisation des élections,
l’ « Instance supérieure indépendante pour les élections » a été mise
en place. Cela a permis l’organisation des premières élections libres et
démocratiques qui se sont tenues le 23 octobre 2011 et ont amené à
l’élection d’une Assemblée constituante. À l’invitation des autorités
tunisiennes, une mission d’observation électorale a été déployée par l’UE à
l’occasion de ces élections. Cette mission a reconnu que « … le
cadre juridique tunisien est conforme aux normes internationales en matière
d’élections démocratiques » et « Il contient les mesures de
protection des droits civils et politiques appropriées et essentielles, dont la
liberté d’expression et d’association et le droit au suffrage universel ».
La vie politique du pays a connu une ouverture sans précédents, avec
l’interdiction de l’ancien « parti-Etat » et la légalisation d’un
nombre très élevé de nouveaux partis. La liberté d’association a été
renforcée par l’adoption de la nouvelle loi sur les associations (septembre
2011) qui facilite l’établissement des nouvelles associations (par simple
déclaration et non plus sur la base d’une autorisation formelle), autorise la
constitution légale de réseaux d’associations (auparavant interdits) et donne
la possibilité à des organisations internationales d’ouvrir des bureaux, sous
le même régime que les organisations nationales. Suite aux élections du 23
octobre, un nouveau Président de la République a été élu par l’Assemblé
constituante et un nouveau gouvernement, dirigé par le parti sorti gagnant des
urnes, a été nommé. En ce qui
concerne les médias, une "Haute autorité indépendante de la
communication audiovisuelle" a été créée. Composé de représentants des
autorités et de l’ensemble de la profession (médias, syndicats), cet organe de
régulation est chargé d'arbitrer la déontologie et la concurrence entre les
médias, d'octroyer les licences et de superviser les chaînes publiques. En 2011, cinq nouvelles chaines de
télévision et douze nouvelles chaines de radio ont obtenu leur licence de
diffusion sur base des recommandations de l' « Instance nationale
pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC) », créée
après la révolution. Un nouveau « Code
de la presse, de l'imprimerie et de l'édition », entré en vigueur en 2011
introduit des avancées significatives en matière de liberté des médias, même si
l’ensemble du dispositif ne pourra être évalué qu’à la lumière des décrets d’application
qui devront être adoptés. L’appartenance d’une majorité des médias tunisiens à
des actionnaires proches de l’ancien régime et le maintien de la plupart des
anciens responsables des médias à leurs fonctions représentent autant
d’obstacles potentiels à l’exercice effectif de la liberté d’information. En ce qui concerne l’indépendance de la justice,
aucune réforme substantielle n’a été adoptée en 2011. Dans le domaine de la justice
militaire, l’entrée en vigueur (septembre 2011)
de deux décrets-lois offre de meilleures garanties aux accusés et
aux victimes et renforce l'indépendance des magistrats du tribunal militaire. Un
programme de coopération sur la réforme du secteur de la justice est en cours
de formulation avec les autorités tunisiennes. En ce qui concerne la lutte contre la corruption, un
décret-loi instituant une "Instance nationale de lutte contre la
corruption" a été adopté en novembre 2011. En même temps, le nouveau
gouvernement a nommé un ministre chargé des affaires de malversations. L’impact
de ces mesures, qui dépend aussi des progrès réels en matière d’indépendance de
la justice, ne pourra être évalué qu’ultérieurement. Dans le « Corruption
perceptions index » de l’organisation « Transparency
International », la Tunisie occupe la 73ième place (sur
182). Au cours du deuxième semestre 2011, les autorités
tunisiennes ont demandé à l’UE une assistance en vue de la reforme du secteur
de la sécurité.
Respect des droits de l’Homme et autres
questions liées à la gouvernance
Sur le plan des dispositions
internationales, la Tunisie a adhéré en juin 2011 à plusieurs Conventions
internationales : « Statut de Rome de la Cour Pénale
Internationale », « Protocole facultatif se rapportant au Pacte
International relatif aux droits civils et politiques », « Protocole
facultatif se rapportant à la Convention contre la Torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains où dégradants », « Convention
internationale pour la protection de toutes les personnes contre les
disparitions forcées ». En 2011, la Tunisie a aussi levé les
réserves au « Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard de femmes ». Le décret-loi
est accompagné par une déclaration générale qui limite la primauté du droit
international sur le droit national, ce qui pourrait constituer un obstacle à
l’application effective du Protocole. Lors de sa visite à Tunis, le
Rapporteur spécial des Nations Unies contre la torture et autres peines
ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a dénoncé la persistance d'abus
commis par des agents de sécurité après la chute du régime de Ben Ali. Le Rapporteur spécial des Nations
Unies sur la promotion
et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la
lutte antiterroriste a souligné la
nécessité de créer un dispositif de réformes dans ce domaine. Dans ce cadre, le
bureau du Haut Commissaire aux Droits de l'Homme de Nations Unis a été inauguré
à Tunis en juillet 2011. La peine de mort est
toujours inscrite dans la législation, mais elle n'est plus appliquée depuis
1991. En ce
qui concerne les conditions dans les prisons, lors de la révolution, les
détenus de presque toutes les prisons se sont rebellés contre le système et ont
détruit 17 établissements pénitentiaires. Environs 10.000 prisonniers se sont
évadés; des membres du personnel ont été agressés et des prisonniers ont été
blessés. Le taux d'emprisonnement en Tunisie est le double du taux moyen dans
les pays européens et environ 50% des détenus sont en attente de jugement. Les
prisonniers qui se sont échappés pendant les émeutes ont eu jusqu'au 26 mars
2011 pour se remettre aux autorités. Depuis lors, il y a eu plusieurs amnisties
et grâces, ramenant la population carcérale à 21.000 prisonniers, soit
10.000 de moins qu’avant la révolution. Toutefois, le surpeuplement est
généralement la norme dans tout le pays. Si l'accès des Organisations non
gouvernementales aux détenus est désormais possible, il n'y a pas encore
suffisamment d'organisations spécialisées dans l'assistance aux détenus. En ce qui concerne les droits sociaux et la législation
du travail, bien que la Tunisie ait souscrit à la Déclaration de 1998
relative aux principes et droits fondamentaux du travail et à toutes les
conventions fondamentales de l’OIT, un certain nombre d’articles du Code du
travail restent non-conformes avec les dispositions de ladite Déclaration.
Sujets régionaux et internationaux,
coopération dans les domaines des relations étrangères et de la sécurité,
prévention des conflits et gestion des crises
La Tunisie maintien en général des positions modérées sur
les questions internationales. Les échanges entre la Tunisie et l’UE en matière
de relations étrangères et de sécurité sont réguliers notamment dans le cadre
du Partenariat euro-méditerranéen, du Dialogue informel 5+5et des dialogues bilatéraux
avec les Etats membres. Lors de la période couverte par ce rapport, il y a eu un
nombre important de visites à haut niveau centrées essentiellement sur la
révolution tunisienne. Quoique affectée par le conflit libyen au niveau
économique et ayant accueilli sur son territoire un grand nombre de réfugiés de
toutes nationalités, la Tunisie a maintenu longtemps une position neutre. Elle
a reconnu le Conseil National Transitionnel libyen en août 2011. L'UE et ses Etats Membres ont apporté une aide humanitaire
significative à la Tunisie pour l'aider dans la gestion de la crise des
réfugiés libyens. La Tunisie poursuit la lutte contre le terrorisme et
collabore au niveau bilatéral avec certains Etats membres de l’UE.
3.
Evolution macro économique récente
La reprise de l'économie tunisienne, frappée par la crise
mondiale, avait démarré en 2010 mais a été interrompue en 2011 en raison de la
situation sociale intérieure et de la crise prolongée en Libye, pays voisin. En
ligne avec ses engagements pris dans le Plan d'action de la PEV, le gouvernement
fait des efforts pour maintenir une position politique budgétaire prudente.
Toutefois, en raison de la réponse aux exigences sociales, la consolidation
budgétaire et la réduction de la dette publique n'ont pas été poursuivies. Les
progrès réalisés en matière de performance et de compétitivité de l'économie
tunisienne, un autre objectif du Plan d'action, ont été limités. Outre les dommages matériels subis en
2011 (estimés à 4% du PIB), l’économie tunisienne a dû faire face à un
effondrement des recettes touristiques (-40%) et à une forte diminution de
l’Investissement direct étranger (2,8% du PIB en 2011 contre 3,4% en 2010). La
croissance du PIB, bien que positive, a été fortement affectée et a atteint
seulement 0,2% contre 3,0% en 2010. L’inflation n’a pas dépassé 3,5% en 2011 (4,4%
en 2010) au vu de la faiblesse de l'activité économique et de la mise en
œuvre des subventions. La baisse drastique des recettes
touristiques a contribué à creuser le déficit du compte courant (5,6% du PIB en
2011 contre 4,2% du PIB en 2010). Le déficit budgétaire attendu est estimé à
4,2% du PIB pour 2011 (1,3% en 2010). La dette publique s’est élevée à 42,3% du
PIB en 2011 (40,5% en 2010) d’après les dernières estimations du gouvernement.
Pour aider l’économie à sortir de la crise, la Banque
Centrale de Tunisie (BCT) a décidé une baisse du taux de réserves pour libérer
de la liquidité, et une baisse du taux directeur, qui est passé de 4,5% à la
fin de l’année 2010 à 4% en juin 2011 puis à 3,5% au début du mois de septembre
2011, pour alléger les coûts et relancer l’activité économique. En plus de ces
mesures, la BCT veille actuellement à accommoder les besoins de liquidité des
banques dans une politique de full allotment destinée à relâcher encore
les tensions sur les taux d’intérêts.
Emploi et politique sociale
La situation sociale et de l’emploi, s’est encore aggravée suite
au ralentissement économique et à la chute des investissements étrangers qui
ont suivi la révolution. Selon les statistiques gouvernementales officielles, le taux
de chômage a atteint 18,3%, touchant particulièrement les diplômés de
l’enseignement supérieur (avec 30% pour certaines catégories), ou certaines
régions les plus défavorisées (25%) en accentuant les grandes disparités
régionales. Selon des estimations officielles globales, il y aurait 750.000
chômeurs, dont 220.000 diplômés de l’enseignement supérieur. 44% de chômeurs se
situent dans la tranche d’âge 15-29 ans, en progression de dix points depuis
2005. Les autorités provisoires tunisiennes, agissant dans le but
de stabiliser l’économie et d’introduire des mesures d’urgence sur le plan
social, ont déclaré l’emploi et la cohésion sociale comme des
priorités nationales et ont adopté une «Stratégie de développement économique
et social 2012-2016» en juin 2011. Le programme d’urgence «Amal» dans le domaine de l’emploi, lancé
en avril 2011 par le gouvernement provisoire s’est articulé autour des axes
suivants : (1) la création de nouveaux emplois salariés, (2) le
développement de l’entreprenariat et la création de micro-entreprises, (3) le
soutien aux entreprises en difficulté et la préservation des emplois existants,
ainsi que (4) l’accompagnement actif des demandeurs d’emploi et le
développement de leur employabilité. Le bilan de ce programme est mitigé.
Environ 160.000 jeunes diplômés ont reçu un déboursement mensuel de 200 dinars
(environ 102 EUR), mais les mesures visant une meilleure employabilité des
jeunes (coaching, formation professionnelle) n’on pas atteint leurs objectifs. La relance du dialogue social se poursuit dans un
contexte de pluralisme syndical. Les deux confédérations les plus
représentatives ont renouvelé leurs structures et ont entamé un dialogue
bipartite à plus haut niveau au début de l’année 2012. Ceci devrait donner une
impulsion importante à l’examen commun de la situation économique et sociale,
et aidera à mieux définir les besoins du marché du travail. En ce qui concerne la protection sociale, les
Tunisiens ont bénéficié d’une assurance maladie de couverture globale, mise en
place on 2010.
4.
Questions liées au commerce, marché et réforme réglementaire
L’UE reste le premier partenaire commercial de la
Tunisie dont 69,7% de son commerce extérieur a lieu avec l’UE.
Après une diminution en 2009 due à l’impact de la crise mondiale sur la demande
européenne, le commerce bilatéral a connu en 2011 une légère
baisse des exportations de l’UE vers la Tunisie de 1,5% atteignant 10,9
milliards d’euros, ainsi qu’un progrès des importations tunisiennes de l’UE de 3,5%
avec un chiffre de 9,9 milliards d’euros. Le commerce extérieur de la Tunisie
intra régional et avec les partenaires de l’accord d’Agadir reste faible et ne
progresse qu'avec le Maroc. Les négociations bilatérales entre l’UE et la Tunisie étant
suspendues en ce moment de transition, l’objectif à moyen terme reste
l’établissement d’une Zone de libre-échange complète et approfondie, dont la
négociation pourrait être rapidement lancée. Le protocole du Mécanisme de règlement
des différends en matière commerciale signé en 2009 reste en attente de
ratification par le parlement tunisien, avant sa validation par le Conseil
d’association. Depuis 2009, le site Internet des douanes publie les
tarifs et réglementations en vigueur. Toutefois, depuis janvier 2011, ce
site est indisponible. En décembre 2012, lors du Comité de coopération
douanière, la douane tunisienne a déclaré qu'il y serait remédié prochainement.
En juin 2011, le Conseil des ministres a examiné un projet de loi concernant la
réforme du statut des agents de douane. La commission nationale sur les
affaires de corruption préparait la création d'une instance indépendante pour
la lutte contre la corruption et les malversations, notamment en douane. Le manifeste des marchandises débarquées au port de Radès (98%
du fret maritime) est désormais établi par voie électronique et il est
introduit dans le Système d’information douanière SINDA 2000 dès le départ du
navire du pays d'exportation, ce qui permet d'entamer les formalités de
dédouanement avant l'arrivée des marchandises, réduisant le délai de délivrance
de la déclaration de marchandises de 2 à 10 jours à deux heures. Dans le domaine du mouvement de biens et réglementations
techniques, la préparation de l’Accord sur l’évaluation de la conformité
et l’acceptation de produits industriels (ACAA) est bien avancée. L’UE dispose
d’un budget de 23 millions d’euros pour soutenir la préparation de cet accord.
La Tunisie a choisi de négocier l’ACAA dans deux secteurs prioritaires:
matériels électriques et produits de construction. Les secteurs ‘machines,
équipement à pression et instruments de mesure’ seront ajoutés à l’accord dans
un deuxième temps. Fin 2011, la Tunisie a soumis à la Commission européenne les
projets de décrets relatifs à l’accréditation et l’évaluation de la conformité,
la sécurité des produits industriels, les matériels électriques, la
compatibilité électromagnétique et les produits de construction. En novembre
2011, TUNAC, l’organisme tunisien pour l’accréditation est devenu membre
associé de l’EA (European co-operation for Accreditation). Dans le domaine sanitaire et phytosanitaire, le
projet de loi cadre concernant la sécurité sanitaire des aliments, qui devrait
assurer une meilleure coordination entre les intervenants, n’a pas encore été
adopté. L’UE a lancé un jumelage institutionnel visant le renforcement des
capacités du Centre National de Veille Zoo-sanitaire. En décembre 2011, une
mission de l'Office alimentaire et vétérinaire de la Commission européenne
s’est déroulée concernant les contrôles de santé animale mis en place pour les produits
de la pêche et des mollusques bivalves vivants. Concernant le droit des sociétés, le fonctionnement
du Registre du commerce s’est amélioré, permettant l’accès aux informations en
ligne. Le climat des affaires est devenu plus difficile en
cette période de transition, en particulier pour ce qui concerne l’accès au
marché. Le rapport «Doing Business 2012» fait chuter la Tunisie de
6 rangs (au 46ième sur 183) par rapport au classement de l'année
précédente. Le Gouvernement continue à faire reposer la croissance du
pays sur les secteurs de services, notamment à haute valeur ajoutée,
tels que les télécoms et le tourisme. Aucun changement n’est à signaler
concernant les services financiers. La Tunisie continue de viser le libre mouvement des
capitaux, la convertibilité totale du dinar et la politique de ciblage
d’inflation, mais la réduction des réserves de la Banque Centrale suite aux
évènements du 14 janvier 2011 ne permet pas de fixer un calendrier à ce stade. Dans le domaine de traitement des ressortissants
tunisiens au sein de l’UE, les parties n’ont pas encore repris les
discussions techniques pour conclure un accord sur la mise en œuvre de la
coordination de la sécurité sociale.
Autres domaines essentiels
Des dysfonctionnements majeurs appellent une refonte du code
fiscal et une réforme profonde de l’administration fiscale pour en
restaurer la légitimité grâce à une plus grande transparence et, avant tout,
l’assurance d’une plus grande équité devant l’impôt. L’arbitraire de
l’administration fiscale a porté atteinte à la perception publique de la
légitimité de l’impôt. Ceci s’est traduit, après la révolution, par une chute
des rentrées fiscales (elles remontent progressivement à un rythme plus
normal). En matière de politique de concurrence, le
gouvernement a décidé de maintenir les monopoles d'Etat des offices des
céréales, de l’huile et du commerce tunisien sans séparer leurs activités
régaliennes de leurs activités commerciales. L’UE est toujours dans l’attente
d’une réponse à la demande de la Commission sur la communication de la liste et
la nature des monopoles existant en Tunisie. Il n’y a pas eu d’évolution
concernant l’objectif de transparence sur les aides d’Etat. Un mémorandum d’accord quadriennal et un plan de travail
biennal dans le domaine de la propriété industrielle ont été signés en
mai 2011 entre l’Institut national de normalisation et de la propriété
industrielle (INNORPI) et l’Office Européen des Brevets (OEB). Les changements législatifs et réglementaires mis en œuvre
par le gouvernement provisoire sur les marchés publics figurent parmi
les réformes les plus importantes depuis la révolution. Ces changements sont
soutenus par le programme d'appui à la relance de 100 millions d’euros mis en œuvre
en réponse à la crise avec plusieurs bailleurs de fonds et dont l'une des
actions porte sur l'efficacité et la transparence du système d'attribution des
marchés publics. Le décret de mai 2011 relève les seuils de saisie de la
Commission supérieure des marchés, met en place de procédures claires entourant
les achats publics d’urgence, oblige les acheteurs publics à publier sur
Internet les attributions, reconnaît un droit de recours aux parties prenantes
avant la signature du marché et modifie le dispositif de recours et de
publications de ces investigations et jugements. En matière de statistiques, la loi de mai 2011
relative à l’accès aux documents administratifs stipule la publication
régulière des informations statistiques économiques et sociales. L’Institut
National de la Statistique (l'INS) travaille pour améliorer la production des
statistiques, soutenu par la coopération continue avec des organismes régionaux
et internationaux. Il n’y a pas eu d’évolution dans
le domaine de la comptabilité. Concernant la politique d’entreprise, les
bouleversements liés à la révolution de Janvier 2011 ont interrompu des
réformes structurelles prévues. Ceci inclut les réformes du Programme d'appui à
l'intégration et à l'innovation visant à améliorer le climat des affaires, à
rationaliser le système national d'appui à l'innovation (y compris
l'enseignement supérieur) dont la mise en œuvre a été repoussée. Parmi ces
réformes, la refonte du cadre légal d'incitation à l'investissement est
particulièrement importante au regard de son coût pour les finances publiques
et de son peu d'efficacité, notamment due à son manque de transparence. La Tunisie a participé à la mise en œuvre du programme de
travail 2011-2012 en matière de coopération industrielle euro-méditerranéenne
adopté par les ministres euro-méditerranéens de l’industrie les 11 et 12 mai
2011 à Malte. En 2011, elle a rejoint le réseau Enterprise Europe Network[1].
Le rapport Davos sur la compétitivité mondiale publié en Septembre 2011, classe
la Tunisie à la 40ième place (32ème lors de sa précédente édition). Malgré de bons résultats de diagnostic PEFA (Public
Expenditure and Financial Accountability) des finances publiques,
les informations collectées depuis la révolution ont laissé transparaitre une
situation plus discutable en termes d’efficacité des procédures. Le ministère
des finances a réaffirmé la volonté du gouvernement d’instaurer une gestion
budgétaire par objectifs (GBO). Sa mise en œuvre opérationnelle a commencé en septembre
2011 dans le cadre d’un jumelage et également dans le cadre du programme d'appui
budgétaire par objectifs qui vise spécifiquement à soutenir cette réforme
budgétaire. Depuis lors, une majorité de ministères ont développé des cadres de
dépense à moyen terme et des plans annuels de performance permettant une
programmation des dépenses en mode GBO. Des avancées ont également inclus
l’adoption de la loi sur l'information garantissant l'accès des citoyens à
l'information administrative. Les scores du rapport PEFA 2010 attestent de relative bonne
performance des systèmes de contrôle et de vérification interne, bien
que la mise en œuvre pratique du système soit
caractérisée par une grande rigidité. Aucune décision d'envergure n'a
encore été prise ans ce domaine. La vérification externe des comptes et de la gestion
des finances publiques est exercée par la Cour des Comptes de Tunisie qui a
publié ses précédents cinq rapports sur son site Internet. La loi sur la protection des
consommateurs n’est pas encore harmonisée avec la pratique UE.
5.
Coopération en matière de justice, de liberte et de sécurite
Au cours de l'année 2011 la Tunisie a été au centre de deux
mouvements migratoires de taille. D'un côté, le pays a été le lieu de refuge
pour plus d’un million et demi de personnes fuyant la révolution en Libye.
Environ 136.000 de ces personnes étant de nationalité tunisienne, les autres
ont été progressivement aidées par la communauté internationale à rejoindre
leur pays d'origine ou d’autres pays d’accueil. Cependant, un nombre de
personnes estimé à plus que 568.000 (dont 360.000 de nationalité libyenne et
208.000 d'autres nationalités) continuait encore à la fin de 2011 à trouver
hospitalité sur le territoire tunisien. La Tunisie a été le lieu de départ pour
presque 30.000 migrants irréguliers, nationaux de la Tunisie, qui se sont
dirigés notamment vers les côtes de l'Italie, et à travers le territoire de ce
pays, vers d'autres pays européens. Un accord de siège avec le Haut Commissariat des Nations
Unies pour les Réfugiés (UNHCR) a été signé en juillet par les autorités
tunisiennes et le travail a été lancé afin de mettre en place une
règlementation nationale en matière d’asile et de droit de réfugiés,
conforme aux obligations de la Tunisie en tant qu’Etat partie à la Convention
des réfugiés de 1951 et au Protocole de 1967. Un plan d’action, préparé par
l’UNHCR à ce sujet, n’a pourtant pas encore été adopté par les autorités
tunisiennes. L'UE assistera le développement des capacités tunisiennes
dans le domaine de l'asile, ainsi que les efforts réalisés par l'UNHCR en
Tunisie, par le biais d'un programme régional de protection. Ce programme a
été lancé fin de l'année 2011, sur la base d'un projet financé par l'UE à la
hauteur de 3,6 millions d’euros. En outre, un financement UE de 9,9 millions d’euros pour
l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) a été mis en place en
décembre 2011 pour la mise en œuvre d’un projet régional de stabilisation des
communautés à risque et l’amélioration de la gestion de la migration en
Tunisie, Libye et Egypte. Le projet, qui a été lancé le 1er janvier
2012, comprend une série de mesures d’intégration et de création d’emploi en
faveur des 82.000 Tunisiens retournés de Libye, des migrants libyens et de
leurs communautés d’accueil en Tunisie. Le 6 octobre 2011, le dialogue sur la migration,
la mobilité et la sécurité a été lancé entre l’UE et la Tunisie, afin de
mettre en place des conditions à la fois fluides et plus sûres pour la
migration et la mobilité de leurs citoyens. Ce dialogue devrait déboucher sur la
conclusion d’un partenariat de mobilité entre l’UE, ses Etats Membres et la
Tunisie. Dans le cadre de ce dialogue, des premiers pourparlers ont aussi eu
lieu entre la Tunisie, l’Agence européenne pour la gestion des frontières extérieures
(FRONTEX) et l’Office européen de police (EUROPOL) sur les possibilités de la
conclusion d’accords de coopération renforcée. Le lancement d’un nouveau projet
de 18 mois pour un montant de 800.000 euros sur l’appui à l’agenda de
coopération UE-Tunisie en matière de migration, mis en œuvre par le Centre
international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD)),
pourrait appuyer les efforts de préparation du Partenariat de mobilité, l’une
des trois composantes du projet étant d’assister les autorités tunisiennes à
formuler une stratégie nationale de gestion de la migration. La coopération bilatérale technique de la Tunisie en matière
de gestion des frontières s’est renforcée de façon importante avec la
France et l’Italie, notamment avec le don d’équipements et l’amélioration
d’infrastructures aux points de contrôle des frontières. Des nouveaux
passeports à lecture optique ont été introduits par la Tunisie. Un accord de
réadmission et de coopération a été signé en avril 2011 entre les autorités
tunisiennes et italiennes, ce qui a mené au rapatriement d’un grand nombre de
Tunisiens. Bien que la Tunisie soit partie aux instruments
internationaux et régionaux contre la criminalité organisée, et
notamment ceux dans le domaine de la traite des êtres humains et du trafic
illicite des migrants, la législation nationale n’est toujours pas conforme aux
obligations internationales. La communauté internationale a continué à avoir
des difficultés pour accéder aux données recueillies par les autorités
tunisiennes dans ce domaine, données qui ne sont pas partagées. En ce qui concerne la lutte anti-drogue, malgré la
participation de la Tunisie dans les enceintes régionales et internationales
telles que le réseau méditerranéen de coopération sur les drogues et les
addictions (MEDNET) ou les cadres d’Interpol, de l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de l’Office des Nations Unies
contre la drogue et le crime (UNODC), le dialogue avec l’UE n’avance guère et
l’accès aux données tunisiennes pose toujours problème. Le gouvernement
transitoire s’est déclaré préoccupé par le fait que la Tunisie devienne un pays
de transit du narcotrafic le long de la route sahélo-saharienne. Un centre
spécialisé de traitement des toxicomanes a été ouvert à Sfax. En matière de coopération policière, la Tunisie
participe au programme EUROMED III – Police, lancé en septembre 2011. La
Tunisie a renforcé sa coopération notamment avec la France depuis juin 2011, et
un accord entre le ministère de l’Intérieur et l’Organisation Internationale
pour la Francophonie a permis la mise à disposition d’experts français pour la
formation de la police pendant les élections pour l’Assemblée constituante.
Une mission de formation de policiers tunisiens en France, portant sur la
sécurisation des zones touristiques, a eu lieu en octobre 2011. Le niveau de coopération judiciaire en matière civile
demeure insuffisant, la Tunisie n’étant toujours pas signataire des principales
conventions de la Conférence de La Haye dans ce domaine. Concernant la
coopération judiciaire en matière pénale, la mission de diagnostic de l’UE sur
la justice de juin 2011 a émis une série de recommandations en vue de
l’amélioration de la coopération judiciaire, y compris l’adhésion à la
Convention du Conseil de l’Europe de 1983 sur le transfèrement des personnes
condamnées. Un programme de coopération sur la réforme du secteur de la justice
est prévu dans le programme d'action annuel 2012 pour la Tunisie et est en
cours de formulation avec les autorités tunisiennes. Une réunion concernant la
récupération des avoirs de la famille Ben Ali a eu lieu le 12 décembre entre la
Tunisie et l’Unité de coopération judiciaire de l’UE (EUROJUST), en vue
d’accélérer la coopération judiciaire avec les huit Etats membres de l’UE ayant
des avoirs gelés. L’UE a également proposé dans le cadre de la taskforce
UE-Tunisie en septembre 2011 d’organiser un atelier avec la Banque mondiale,
réunissant des experts des Etats membres de l’UE, afin d’apporter une
assistance technique à la Tunisie en vue de récupérer les avoirs gelés.
6.
Transport, energie, environnement, société de l’information, recherche
et innovation
Concernant la politique
des transports, le projet d'autoroute de la mer de la Tunisie avec ses
deux axes Radès/Marseille et Radès/Gênes constitue un projet pilote de
référence et illustre une excellente approche de partenariat opérationnel. Le
récent protocole d'accord signé en juillet 2011 entre les partenaires tunisiens
et français faisant suite à celui signé avec Gênes en septembre 2010 confirme
l'engagement de tous les acteurs privés, publics, techniques, politiques des
deux rives de la Méditerranée dans ce projet d'intérêt commun. Dans le domaine
des transports ferroviaires, la Tunisie s'engage dans la planification et la
mise en œuvre du réseau rapide national. Dans le
secteur aérien, les contacts ont été poursuivis en 2011 pour
entamer les négociations avec l'UE en vue de la création d'un espace aérien commun
entre l'Europe et la Tunisie. L'UE espère pouvoir conclure cet accord en 2012.
Dans le domaine maritime, la Tunisie a procédé à la réévaluation de la sûreté
de ses installations portuaires et à l'établissement des nouveaux certificats
de conformité. La Tunisie a complété une étude concernant les sources d'énergie
possibles sur son territoire à l'horizon 2030. Pour faire face à la croissance
de la demande, la Tunisie continue la construction de centrales électriques.
Les travaux vers la création d’un marché maghrébin de l’électricité n’ont pas
progressé significativement en 2011. Une cinquième interconnexion avec
l’Algérie est en cours de réalisation. Le projet d’interconnexion électrique
avec l’Italie n’a pas connu d’avancées notables. La Tunisie continue le
développement et l’exploitation des nouveaux champs d’hydrocarbures et le
raccordement de nouveaux consommateurs au réseau gazier. La maîtrise de
l'énergie et la promotion des énergies renouvelables (y inclus le plan solaire
tunisien) sont des priorités confirmées dans la phase transitoire que le pays
traverse. Plusieurs projets sont en cours y inclus avec l’appui de l’UE, tels
que la construction de centrales éoliennes, des études pour un parc éolien
et des projets solaires, des investissements pour la maîtrise de l’énergie, et
le développement d’une feuille de route dans le cadre du Plan Solaire Méditerranéen.
La deuxième communication
nationale à la convention cadre des Nations Unies sur le changement
climatique (UNFCCC) n’as pas encore été soumise. Aucun nouveau
projet relevant du mécanisme de développement propre (MDP) n’a été enregistré
au sein de l’ONU, le nombre total de projets enregistrés restant à deux. La
Tunisie est encouragée à développer des capacités et à s’engager dans les
nouveaux mécanismes du marché du charbon qui seront développés suite à la 17ieme
conférence des parties de l’ONU sur les Changements Climatiques (COP 17).
La Tunisie est également encouragée à mettre en œuvre l’accord de Cancun et de
Durban et en particulier d'élaborer une stratégie de développement peu
générateur de carbone et fournir des informations sur les objectifs ou les
actions d’atténuation qu'il compte engager. La préparation d’un nouveau code
de l’environnement s’est poursuivie. Des
aspects environnementaux ont été intégrés dans la stratégie de développement
économique et social (2012-2016). La Tunisie a l'intention d'impliquer
davantage la société civile dans le processus décisionnel y compris en matière
d'environnement. Il n’y a pas eu de développements significatifs concernant la
ratification des protocoles de la convention de Barcelone sur la protection du
milieu marin et du littoral de la Méditerranée. Le
programme d’appui «Environnement et énergie » de l'UE, d’un
montant de 33 millions d’euros, pourrait commencer à livrer les résultats
prévus à partir de 2012. Concernant la protection civile, la Tunisie a
intensifié la coopération avec les pays de la région ainsi que l’échange de
meilleures pratiques avec l’UE dans le domaine de la prévention de
catastrophes, au moyen de la participation dans le programme UE pour la
prévention, la préparation et la réponse aux catastrophes naturelles et
catastrophes causées par l’homme (PPRD Sud). Dans le domaine de la société de l'information, la
libéralisation a permis de nombreuses avancées dont une concurrence au niveau
des opérateurs fixes et mobiles. Cependant l'Etat détient encore en 2011 des
participations dans les 3 principaux opérateurs. Tunisie Telecom a annoncé en
décembre 2011 l’extension de sa couverture 3G et Orange Tunisie a annoncé le
lancement du site web «developpeur.orange.tn » qui sera une plaque
tournante et un trait d’union entre le centre et la communauté des
développeurs. En octobre 2011 un protocole d’accord entre la société nationale
de distribution des pétroles et la poste tunisienne a été signé pour le
développement de nouveaux produits et services basés sur les technologies de
l’information et de la communication. La recherche et l’innovation, occupent une place
importante dans la nouvelle stratégie de développement économique et social
2012-2016. La participation de la Tunisie au 7e programme-cadre de recherche
reste importante. Le projet d'appui au système recherche et innovation a
débuté en 2011 pour un montant de 12 millions d’euros. Ce projet, financé par
l'instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP), vise le
renforcement du potentiel scientifique et technologique. Ce programme
complètera largement les efforts menés par la Tunisie pour soutenir sa
participation au programme cadre. Jusqu’à la mi-octobre 2011, la Tunisie avait
signé 55 contrats, incluant 58 participants Tunisiens et bénéficiant d'une
contribution financière de l’UE de 7,8 million d’euros. Parmi 44 candidats, 20
ont été sélectionnés. Les domaines thématiques considérés comme étant les plus
intéressants sont l'Agroalimentaire et Biotechnologies, l'Environnement (y
inclus le Changement Climatique), les Actions Marie-Curie, la Santé, les
Technologies d'Information de Communication.
7.
Contacts entre les peuples, education et sante
La coopération Tunisie-UE en
matière d’éducation s'est développée sur base du Programme d’appui au
système de l’Education/Formation – Enseignement Supérieur et Employabilité des
diplômés (PEFESE), lancé en 2011. Toutefois, les activités ont été ralenties en
raison de la révolution et du manque de suivi institutionnel des différents
ministères impliqués. En ce qui concerne la réforme du secteur de l'enseignement
supérieur, la généralisation du système LMD (Licence, Master, Doctorat) a
été finalisée au niveau du master. En ce qui concerne la
coopération avec l’UE dans le domaine universitaire, 139 étudiants et
enseignants ont obtenu des bourses de mobilité académique dans le cadre du
programme Erasmus Mundus (y inclus 44 bourses financées sur les fonds
supplémentaires mis à disposition dans le cadre de la révision de la PEV). La
Tunisie a également participé à deux projets Erasmus Mundus visant la promotion
de l’attractivité de l'enseignement supérieur dans les domaines du patrimoine,
du tourisme culturel et de l'assurance qualité, ainsi qu’à trois projets du programme
Tempus IV dans les domaines de l’entreprenariat, de l’innovation et de
la valorisation de la recherche. 14 institutions de recherche et 18 chercheurs
tunisiens ont bénéficié des actions Marie Curie soutenant la formation
professionnelle à l’étranger pour les chercheurs tout au long de leur carrière.
La Fondation
européenne pour la formation (ETF) a ciblé son soutien en 2011 sur deux
domaines prioritaires : l'emploi et le développement régional. L'ETF
a également participé au projet d’approche intégrée et participative du
développement des ressources humaines en réponse aux besoins économiques locaux
et régionaux à Médenine. Les activités des associations
culturelles et les créations artistiques ont connu une libéralisation
importante avec le changement politique intervenu. De jeunes Tunisiens et des organisations de jeunesse tunisiennes
ont continué à bénéficier des projets d'échange, de volontariat et de
coopération dans l’éducation non formelle soutenus dans le cadre du programme
« Jeunesse en action ». En 2011, 181 jeunes Tunisiens ont
participé dans 54 projets (comparés à 100 jeunes Tunisiens et 38 projets en
2010). La Tunisie a bénéficié des programmes EUROMED Jeunesse et EUROMED
Héritage qui visent à mettre en place des réseaux d'échanges, des rencontres
et des partenariats entre jeunes et entre organisations culturelles. La réforme du secteur de la santé bénéficie d’un
appui de l’UE y inclus dans le cadre de la coopération entre l’UE et
l’Organisation mondiale de la Santé. La Tunisie a lancé un programme de mise à
niveau du secteur et souhaite renforcer la capacité de soins primaires et la
lutte contre les maladies non transmissibles. Le secteur a été sous pression en
2011 suite à l’accueil des refugiés libyens. Suite à ces événements, la Tunisie
a renforcé la surveillance épidémiologique. La Tunisie a participé au projet du
réseau «Episouth Plus» financé par l'UE et visant à accroître la sécurité
sanitaire dans la région méditerranéenne et l'Europe du sud-est. De plus, le programme
d'action annuel 2012 comprend une action qui vise à contribuer à la réduction
des inégalités sociales régionales et locales en Tunisie et notamment en
améliorant la prestation des soins de santé de première nécessité des
populations issues des 13 régions défavorisées du pays et en particulier les
populations les plus démunies. [1]
http://www.enterprise-europe-network.ec.europa.eu/index_en.htm