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Document 52015SC0070
DOCUMENT DE TRAVAIL CONJOINT DES SERVICES Mise en oeuvre de la politique européenne de voisinage au Maroc Progrès réalisés en 2014 et actions à mettre en oeuvre accompagnant le document: COMMUNICATION CONJOINTE AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS Mise en oeuvre de la politique européenne de voisinage en 2014
DOCUMENT DE TRAVAIL CONJOINT DES SERVICES Mise en oeuvre de la politique européenne de voisinage au Maroc Progrès réalisés en 2014 et actions à mettre en oeuvre accompagnant le document: COMMUNICATION CONJOINTE AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS Mise en oeuvre de la politique européenne de voisinage en 2014
/* SWD/2015/0070 final */
DOCUMENT DE TRAVAIL CONJOINT DES SERVICES Mise en oeuvre de la politique européenne de voisinage au Maroc Progrès réalisés en 2014 et actions à mettre en oeuvre accompagnant le document: COMMUNICATION CONJOINTE AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS Mise en oeuvre de la politique européenne de voisinage en 2014 /* SWD/2015/0070 final */
1.
ÉVALUATION D’ENSEMBLE ET ACTIONS RECOMMANDÉES Le présent rapport offre une vue
d’ensemble des progrès effectués dans la mise en œuvre du plan d’action de la
politique européenne de voisinage (PEV) entre l'Union européenne (UE) et le
Maroc entre le 1er janvier et le 31 décembre 2014. Le plan d’action
2013-2017, qui inclut une matrice d’actions prioritaires, a été adopté
officiellement par le Conseil d'Association en décembre 2013. Toutefois, des
événements majeurs survenus en dehors de cette période ont également été pris
en compte. Le présent document ne constitue pas une analyse générale de la
situation politique et économique du Maroc. Le rapport sur le partenariat pour
la démocratie et une prospérité partagée comporte des informations sur le domaine
régional et multilatéral. L'UE entretient
des relations privilégiées avec le Maroc, qui bénéficie du «statut avancé»
depuis 2008. Tout au long de l'année 2014, des visites de haut niveau, parmi
lesquelles la visite à Rabat, en décembre, du commissaire chargé de la
politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement, Monsieur
Hahn, ont permis de renforcer le dialogue politique entre l'UE et le Maroc. Le
Conseil d'Association UE-Maroc s'est tenu en décembre 2014 avec la
participation de la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères
et la politique de sécurité et la vice-présidente de la Commission, Madame
Mogherini. Le
Maroc a poursuivi son processus de réforme tout au long de l'année 2014 y
compris la mise en œuvre de la nouvelle politique sur la migration et
sur l'asile, la réforme du code de la justice militaire, l'adoption de la loi
de finances organique[1] ainsi que le dépôt en novembre 2014
des instruments de ratification du protocole facultatif se rapportant à la Convention
des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradante (OPCAT). D'autres réformes prévues par la Constitution
sont en cours d'élaboration, notamment concernant la justice, le processus de
régionalisation avancée et le code la presse. Concernant les projets de loi sur
l'accès à l'information et la lutte contre la corruption, ceux-ci comportent
des régressions par rapport aux versions précédentes: dans le premier cas, du
fait des dispositions limitant le champ d'application de la loi et, dans le
second, en raison du manque de pouvoir d'investigation pré-judiciaire et
d'auto-saisine de l'Instance nationale de la probité et de la lutte contre la
corruption. Les efforts du Maroc sur le plan des
principes démocratiques et des droits de l'Homme pour mettre en œuvre la
Constitution de 2011 devront s'accélérer notamment pour la promotion de la
concertation avec la société civile, l'égalité des sexes ainsi que le
renforcement des libertés d'association, de rassemblement et d'expression. Les
différentes instances créées par la Constitution, instances nationales ou
consultatives, pour assurer le respect des principes démocratiques et des
droits de l'Homme devraient rapidement devenir opérationnelles. Pour que la Constitution réformatrice de
2011 soit mise en place, plusieurs lois organiques devraient encore être
adoptées par la présente législature, conformément à la Constitution. La société civile au Maroc est très
active dans le débat public et cherche à s’imposer de plus en plus comme un
interlocuteur avec les autorités, afin d’établir une approche participative.
Elle est, en toute transparence, un partenaire important pour l’UE. La
quatrième session des négociations pour l'ALECA (accord de libre-échange
complet et approfondi) a eu lieu en avril 2014. Les négociations pour le
partenariat de mobilité ont débuté en janvier 2015. Le
Maroc a poursuivi en 2014 une politique macroéconomique prudente marquée par un
contexte économique régional et international difficile, l'UE restant son
principal partenaire commercial. La croissance devrait s'établir à environ
4,7% en 2014 à
cause d'une demande extérieure plus faible et d'un retour à la normale de la
production agricole après l'année exceptionnelle de 2013. Le déficit
public et le déficit de la balance courante ont encore été réduits, grâce
notamment à la poursuite de la réforme de la caisse de compensation par le
démantèlement progressif du système de subventions généralisées. D'un point de
vue global, le Maroc a fait des progrès significatifs dans la mise en œuvre du
plan d’action de la PEV sur la voie de la consolidation des droits de l'Homme
et des libertés fondamentales, surtout par l'adoption d'importants textes
réglementaires. Ce constat s'applique également à la réforme de la justice. Le
Maroc a adopté et mis en œuvre une politique migratoire ambitieuse qui prévoit
un processus de régularisation et d'intégration des migrants irréguliers ainsi
que des réfugiés. La problématique
de la lutte contre la corruption reste un chantier important. Sur
la base du rapport de cette année et en vue de la mise en œuvre du plan
d'action PEV 2013-2017, le Maroc pourrait concentrer ses efforts l'année
prochaine sur
les
actions suivantes: ·
accélérer
la mise en œuvre de la nouvelle Constitution, en renforçant le rythme
d'adoption de l'ensemble des lois organiques prévues et en instaurant les
structures et mécanismes y afférents; ·
mettre
en œuvre de façon efficace le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, la
réforme de la justice dans ses autres aspects (procédure civile et pénale,
organisation judiciaire et statut des magistrats) suivant la Charte nationale
ainsi que la lutte contre la corruption par l'Instance nationale de la probité
et de la lutte contre la corruption; ·
rendre
opérationnelle l'Autorité pour la parité et la lutte contre toute forme de
discrimination (APALD), renforcer la lutte contre toutes les formes de
violences à l'égard des femmes, des migrants et la protection de l'enfance
surtout en milieu rural; ·
garantir
le respect de l'exercice des libertés d'association, de rassemblement et
d'expression pour l'ensemble des citoyens, abolir toute peine privative de
liberté pour les journalistes sur base du code pénal ou de la loi
anti-terroriste et, concernant le code de la presse, renforcer la concertation
des acteurs concernés; ·
renforcer
le rôle de la société civile (notamment les droits de pétition et de
proposition législative des citoyens) dans l’élaboration, le suivi et
l’évaluation des politiques publiques; ·
approfondir
et rendre plus stratégique le rapprochement avec l’acquis de l'UE à
travers la concrétisation d'un plan national de convergence réglementaire; ·
favoriser
un développement équilibré des territoires permettant de lutter contre
les inégalités inter- et intra régionales persistantes en matière de
croissance, en appuyant la compétitivité du secteur privé et son rôle de levier
de développement territorial; promouvoir l'accès équitable de la population aux
services sociaux de base; ·
élaborer
une stratégie intégrée et inclusive de l’emploi ainsi qu'une formation
professionnelle performante et un enseignement technique et supérieur adapté
aux besoins de l'économie marocaine visant à faciliter la sortie de l’économie
informelle; ·
renforcer
la lutte contre la pauvreté ainsi que la résorption des inégalités sociales, de
genre et territoriales en accompagnant toute révision progressive du
système de subventions généralisées par un système offrant un meilleur ciblage
des catégories de population les plus démunies; ·
poursuivre
les négociations visant à établir un ALECA entre le Maroc et l'UE ainsi que la
mise en œuvre du partenariat de mobilité, notamment par des négociations en
matière de visas et de réadmission. 2. DIALOGUE POLITIQUE ET RÉFORMES Vers une démocratie solide et durable Concernant la mise en œuvre de la Constitution
de 2011, des développements encourageants sont à noter, avec huit lois
organiques adoptées sur dix-neuf, notamment concernant la
Cour constitutionnelle et les commissions d'enquête parlementaires. Si
plusieurs lois organiques sont en cours d'élaboration au niveau
du Parlement, certaines n'ont pas connu d'avancées manifestes, telle la loi
organique sur l'officialisation de la langue amazighe, et freinent donc la mise
en œuvre effective de la Constitution de 2011. Trois
projets de lois organiques autour du thème de la régionalisation avancée
(portant respectivement sur les régions, les provinces et les communes) ont été
adoptés en Conseil des ministres. Sur base des mémorandums qui ont été remis au
ministère de l'intérieur, une nouvelle mouture des projets a été remise en
décembre aux partis politiques. Un nouveau projet de découpage régional, qui
reprend les recommandations de la commission consultative de la régionalisation
préconisant la création de 12 régions, contre 16 actuellement, a également été
soumis aux partis politiques en septembre par le ministère de l'intérieur. Leur
adoption est indispensable pour pouvoir organiser les élections locales en 2015
dont le calendrier annoncé est le suivant: élections professionnelles en mai
2015, élections communales et régionales en juin, élection des chambres
professionnelles en juillet, élection des conseils provinciaux et préfectoraux
en août, et renouvellement de la chambre des conseillers en septembre 2015. La coalition gouvernementale a signé en avril la
charte de la majorité, destinée à renforcer l'efficacité et assurer la
stabilité de l'action gouvernementale. La coordination
entre les deux Chambres du Parlement et l'articulation entre le droit d’initiative
législative du Parlement et celui du gouvernement restent deux défis. Un projet d'appui de l'UE à la Chambre des
représentants (trois millions d'euros) signé en mai vise à soutenir cette
Chambre dans l'exercice de ses missions et prérogatives, à travers la mise en
œuvre de son plan stratégique. Dans le domaine du
renforcement du rôle de la société civile, le ministre chargé des relations avec le Parlement et la société
civile a présenté au gouvernement en mai les recommandations du dialogue national
avec la société civile lancé en mars 2013. Les organisations de la société
civile constituées en la «dynamique de l'appel de Rabat» ne s’étaient pas
associées à ce dialogue mais se disent plutôt satisfaites des recommandations proposées, tout
en soulignant que le défi résidera dans une mise en œuvre transparente et selon
une approche participative. L'élaboration
de l'arsenal juridique est en cours: les projets de lois organiques
réglementant les droits des citoyens de présenter des propositions législatives
et de présenter des pétitions aux pouvoirs publics, ainsi que le projet de loi
sur les associations, ont été publiés en septembre sur le site du Secrétariat
général du gouvernement. En
matière de liberté de rassemblement, la plupart des manifestations se
sont déroulées sans incidents. Cependant, certaines manifestations pacifistes
de mouvements sociaux et d'associations de droits de l'Homme ont été réprimées,
et plusieurs évènements d'associations de droits de l'Homme dans des lieux
publics ont été interdits sans notification officielle. Concernant
la réforme du code de la presse, l'avant-projet du nouveau code a été
soumis en juillet par le ministère de la communication pour commentaires aux
professionnels du secteur et mis en ligne en octobre sur le site du Secrétariat
général du gouvernement, avant son adoption par le Conseil de gouvernement et
le Parlement. Ce nouveau code sera composé de cinq textes de loi sur la presse
et la publication, le statut de journaliste professionnel, le Conseil national
de la presse, la presse électronique et le secteur de la publicité. Le principe
central de ce code rénové est qu'il ne prévoit plus de peine privative de
liberté pour les journalistes. Toutefois, les journalistes resteraient
passibles d'inculpations ou de sanctions sur base du code pénal, ou de la loi anti-terroriste.
Les journalistes de la presse écrite comme les journalistes en ligne restent
soumis à des mesures répressives telles des sanctions judiciaires et/ou
économiques, et une certaine autocensure est à constater principalement dans la
presse écrite. Dans le classement mondial de la liberté de presse publié par
Reporters sans frontières en 2014, le Maroc occupe la 136e place sur
179 pays, comme en 2013. Une nouvelle
version du projet de loi relatif au droit d'accès à l'information déposé
en mars 2013 auprès du Secrétariat général du gouvernement (SGG) a été
approuvée en juillet 2014 par le Conseil de gouvernement. En l'état, ce projet fait
l'objet de nombreuses critiques de la part de plusieurs organisations de la
société civile et de la Banque mondiale, qui considèrent que la nouvelle
mouture présente des régressions par rapport à la version précédente, notamment
en limitant le champ d’application de la loi, en prévoyant un accès
discriminatoire et l'exercice possible de sanctions à l'égard des requérants,
ou encore par la suppression des dispositions relatives à une commission
nationale chargée de veiller à la bonne application de la loi. En
ce qui concerne la réforme de la justice, suite à la Charte
nationale élaborée par la Haute instance du dialogue national sur la réforme de
la justice et présentée publiquement en septembre 2013, le projet de
nouveau code de procédure pénale a été mis en ligne pour concertation sur le
site du Secrétariat général du gouvernement en mai. Le texte introduit
notamment de nouvelles dispositions susceptibles de renforcer les droits de la
défense et de consolider les principes fondamentaux d'un procès équitable,
telle l'obligation d'enregistrement audiovisuel des interrogatoires au sein de
la police judiciaire, des mesures alternatives à la détention préventive et aux
peines privatives de liberté, comme le port du bracelet électronique et le
travail d'intérêt général. Le
projet de nouveau code pénal est en discussion au niveau interministériel. En
mai 2014, le ministre de la justice et des libertés a également présenté la
première mouture du nouveau code de procédure civile, qui touche le principe de
compétence juridictionnelle, le dépôt de plaintes, les actions en référé, la
notification et l'exécution des décisions de justice. Les deux projets de texte
ont été soumis au débat en juin à
l’Institut supérieur de la magistrature à Rabat. Un projet de loi sur
l'organisation judiciaire est aussi en cours de finalisation. Après des mois de
concertations avec les professionnels et plusieurs changements introduits, le
projet de loi organique relatif au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a
été adopté en octobre en Conseil des ministres. Le projet de loi organique sur
le futur statut des magistrats a été adopté en Conseil des ministres au début
de l'année 2015. La formulation du programme d'appui à la réforme du secteur de
la justice, d'un montant de 70 millions d'euros, a bien progressé. Le
Parlement a adopté en octobre le projet de loi relatif à la justice
militaire, qui dispose que les civils ne peuvent être jugés par un tribunal
militaire. Autre modification apportée par ce projet de loi, les militaires ne
seront plus automatiquement déférés devant cette juridiction d'exception et
seront jugés par des juridictions civiles pour des délits de droit commun. Un
système de recours au tribunal militaire est également prévu. Un tribunal de
première instance et une cour d'appel sont mis sur pied. Passé ces deux phases,
les justiciables militaires auront droit de faire appel devant la Cour suprême.
La
situation dans les prisons reste préoccupante, notamment en raison de la
surpopulation et du pourcentage élevé de personnes en détention préventive. La
lutte contre la corruption reste un vaste chantier pour le gouvernement.
La perception de la corruption a en effet augmenté durant ces deux dernières
années: selon l'organisation Transparency International, le Maroc se
classe au 80e rang mondial sur 175 pays dans l'index 2014 de
perception de la corruption (en 2013, il était 91e
sur 177 pays).
Le Conseil de gouvernement a adopté en juin un projet de loi relatif à
l'Instance nationale de la probité et de la lutte contre la corruption (INPLC),
destinée à remplacer l'Instance centrale de prévention de la corruption.
Certaines organisations de la société civile dont Transparency Maroc ont
critiqué cette nouvelle version, qui serait régressive par rapport à la version
précédente publiée en 2012 sur le site du SGG et soumise à une consultation
publique. Alors que la nouvelle loi devrait conférer à cette instance,
conformément aux standards internationaux, des compétences renforcées et
notamment des pouvoirs d'investigation pré-judiciaires et d'auto-saisine, le
projet réduit l'essentiel de son rôle à des missions de conseil, d'étude et de
sensibilisation. Il ne garantit pas l'anonymat des plaignants. Le projet
relatif à l'INPLC, et un projet de programme national de lutte contre la
corruption seront prochainement soumis au Parlement. Une
nouvelle version du plan d'action 2014-2017 relatif à la promotion de
la démocratie et les droits de l'Homme a été soumise en mai 2014 au Conseil
du gouvernement. Le nouveau plan d'action peut être formellement adopté par le
gouvernement après sa révision par la délégation interministérielle aux droits
de l'Homme. Respect des
droits de l'Homme et autres
questions liées à la gouvernance Le Maroc
continue d'appliquer un moratoire de facto en matière de peine de
mort, qui existe toujours dans le dispositif législatif du Maroc. Plusieurs
avancées sont toutefois à souligner. La proposition d'abolition de la
peine de mort est largement soutenue depuis quelque temps au Maroc par la
Coalition marocaine, le Réseau des parlementaires pour l'abolition de la peine
de mort (qui comprend environ 240 membres représentant presque tous les
partis), le réseau des avocats, plusieurs partis politiques et le Conseil
national des droits de l'Homme (CNDH). Une proposition de loi visant à abolir
la peine capitale et la remplacer par d'autres peines avait d'ailleurs été
déposée au SGG par plusieurs partis politiques, tant de la majorité que de
l'opposition. Le projet de réforme du code de procédure pénale préparé par le
gouvernement maintient néanmoins la peine de mort, tout en durcissant les conditions
pour l'invoquer et en réduisant le nombre d'infractions donnant lieu à la peine
capitale. Le Maroc a déposé en novembre 2014
les instruments de ratification de l'OPCAT. Cette mesure est une avancée
considérable, dans la mesure où elle prévoit la mise en place d'un mécanisme
indépendant de contrôle. Une circulaire du ministère de la justice et des
libertés de juin exige des procureurs de décliner dans un PV officiel les
traces de torture constatées sur les personnes prétendant en avoir été victimes.
La circulaire précise que des examens médicaux doivent être pratiqués par des
médecins indépendants et spécialisés, et que les procureurs doivent répondre
positivement aux demandes d'examens médicaux formulées devant les juges
d'instruction ou autres magistrats. Les
projets de loi portant approbation du protocole facultatif à la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF), ainsi que les protocoles
facultatifs se rapportant au pacte international relatif aux droits civils et
politiques n'ont pas été adoptés. Le
projet de loi concernant l'Autorité pour la parité et la lutte contre
toute forme de discrimination (APALD) a été déposé en août au Secrétariat
général du gouvernement. Le projet de loi
pour la lutte contre toutes les formes de violences à l'égard des femmes, qui
avait été déposé au SGG en septembre 2013 et soumis au Conseil de
gouvernement en novembre de la même année, a été examiné au sein de la
commission ad hoc nommée par le Chef du gouvernement en automne de cette année
et resoumise au ministère compétent. En février 2014, le Parlement a adopté un
amendement du code pénal portant suppression d'une disposition qui permettait à
un adulte d'échapper à toute condamnation s'il se mariait avec une mineure. L’observatoire
de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la fonction publique a été
institué en mars au sein du ministère de la fonction publique et de la
modernisation de l'administration (MFPMA). Cet observatoire a pour mission la
collecte de données, des recherches et des analyses sur les situations des
femmes, ainsi que la formulation de propositions et recommandations de réformes
législatives, réglementaires et de programmes destinés à garantir l'équité
hommes-femmes et résorber les inégalités entre les sexes. En matière de lutte contre les discriminations, le projet de
loi-cadre relatif à la protection et la promotion des droits des personnes en
situation de handicap a été adopté en juin par le Conseil de gouvernement et en
octobre par le Conseil des ministres. Plusieurs organisations de la société civile considèrent que cette
future loi est trop générale et ne sera pas en mesure d'assurer l'intégration
des personnes en situation de handicap dans la vie sociale et civile. Le
Conseil de gouvernement a aussi adopté en mai le projet de décret portant
création de la commission ministérielle chargée de suivre la mise en œuvre des
stratégies et programmes relatifs à la promotion des droits des personnes en
situation de handicap. Enfin, la stratégie nationale sur le handicap qui devra
être déclinée en actions concrètes sous le contrôle de cette commission est en
cours de finalisation. Un projet de
politique publique intégrée sur la protection de l'enfance contre les
violences, la négligence et l'exploitation préparé par le ministère de la
solidarité, de la femme, de la famille et du développement social a été
présenté lors d'assises sur la protection de l'enfance en avril. Le projet de
loi relatif au Conseil consultatif de la famille et de l'enfance, préparé par
le ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement
social a été déposé en août au Secrétariat général du gouvernement. Dans son
dernier rapport sur les droits des enfants au Maroc, l’UNICEF relève de
nombreuses carences et des disparités de taille entre le milieu urbain et
rural. Le bilan de la première décennie du code de la famille, présenté en mai
par le ministre de la justice, montre que le nombre de mariages de mineurs a
presque doublé en dix ans. Concernant
le respect des droits de l'homme envers les migrants,
l'année 2014 a été marquée par la mise en œuvre encourageante de la
nouvelle politique migratoire lancée en septembre 2013. La pression migratoire
dans le nord du pays reste très forte avec des assauts de plus en plus massifs,
des arrestations parfois violentes lors de tentatives de franchissement de la
frontière, et le refoulement de migrants irréguliers des régions du nord vers
les grandes villes du centre du pays, où les structures d'accueil et de soins
sont insuffisantes. Toutefois, la situation des migrants subsahariens reste
préoccupante. Depuis
la fin août, de fortes tensions entre citoyens marocains et ressortissants
subsahariens ont été constatées notamment dans certains quartiers défavorisés
de grandes villes du nord du pays, où affluent de nombreux migrants
irréguliers. En réaction, les autorités ont procédé à l'expulsion de migrants
irréguliers par avion vers leur pays d'origine. Dans certains cas, les
procédures en vigueur au sein de la législation marocaine n'ont pas été
respectées. Coopération dans les domaines des relations étrangères et de la sécurité,
sujets régionaux et internationaux, prévention des conflits et gestion
des crises La participation du Maroc au Conseil des
droits de l'Homme des Nations
unies lui a permis d'appuyer certaines résolutions déposées
ou soutenues par l'UE. Le Maroc a poursuivi sa coopération approfondie avec le Conseil
de l'Europe dans de nombreux domaines, notamment par la mise en œuvre du
programme «Renforcer la réforme démocratique dans les pays du voisinage
méridional» financé par l'UE. Le rapporteur de l'Assemblée parlementaire du
Conseil de l'Europe pour le statut de «partenaire pour la démocratie», que le
Maroc s'était vu octroyer en juin 2011, s'est rendu au Maroc en juillet 2014. Ce
statut fera l'objet d'une réévaluation en 2015. Les
négociations en vue de la signature d'un accord-cadre de participation aux
opérations militaires et missions civiles de la politique de sécurité et de
défense commune avec le Royaume du Maroc ont été réactivées en 2014. La
signature de cet accord-cadre de partenariat permettra à l'UE et au Maroc de
formaliser les dispositions de coordination administratives et opérationnelles
et d'entretenir une relation privilégiée pour progresser dans la coopération et
la compréhension mutuelle. Le Maroc a formellement demandé à l'UE le lancement
des négociations d'un accord sur l'échange d'informations classifiées. Dans
le contexte sécuritaire complexe du conflit syrien, trois conférences régionales
concernant les «combattants étrangers» se sont tenues en février, en septembre
et en décembre 2014 respectivement à Bruxelles, à Rabat et à Marrakech, en
présence du coordinateur de l'UE pour la lutte contre le terrorisme,
impliquant des États membres et de nombreux pays partenaires. Le
renforcement des relations avec les pays du Maghreb constitue toujours une
option stratégique pour les pays de la région, aussi bien sur le plan bilatéral
que régional, notamment dans le cadre de l'Union du Maghreb arabe. Le
Maroc plaide en général pour l'amélioration de ce processus d’intégration
régionale. 3.
RÉFORMES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
ET DÉVELOPPEMENT Le
Maroc a poursuivi en 2014 une politique macroéconomique prudente marquée par un
contexte économique régional et international difficile. La croissance du
PIB réel devrait s'établir autour de 3%[2]
en 2014, une baisse par rapport à 5,5% en 2013, à cause d'une demande
extérieure faible et un retour à la normale de la production agricole après
l'année exceptionnelle de 2013. Le déficit budgétaire est estimé à
4,9% du PIB, une amélioration significative par rapport au 5,5% du PIB en 2013.
L'inflation
est restée modérée, estimée à 1,1% en 2014 (elle était de 1,9% en 2013), sous
l’effet d’une contraction des prix alimentaires et du progrès de la réforme du
système des subventions. Cette réforme -le démantèlement
progressif du système de subventions généralisées- doit être accompagnée de la
mise en place d'un système offrant un meilleur ciblage des catégories de population
les plus démunies, tout en prenant en compte l’effet inflationniste potentiel
de cette réforme. Le
déficit du compte courant de la balance des paiements devrait s'établir aux
environs de 6% du PIB. En dépit de l'abaissement du déficit, le Maroc reste
vulnérable aux chocs extérieurs avec le déficit commercial sensible à la
conjonction de l'UE, notamment la zone euro. Néanmoins, la réforme du système
des subventions a diminué les vulnérabilités de l'économie marocaine face à la
montée éventuelle des prix à l'importation. Le
projet de loi organique relative à la loi de finances a été adopté en
fin d'année par le Parlement mais son entrée en vigueur sera retardée en raison
d'un vice de procédure lors du vote du projet, comme constaté par le Conseil
constitutionnel. L'UE soutient la loi, qui va mettre en place une gestion
budgétaire plus performante, transparente et dans laquelle le Parlement dispose
de pouvoirs accrus. Le taux de chômage est estimé à 9.9% et
demeure inquiétant, surtout concernant les jeunes (20.1% pour la tranche d'âge
15-24). Le ministère de l'emploi et des affaires sociales a annoncé le
lancement d’une nouvelle stratégie nationale pour l'emploi qui devrait être
finalisée en 2016. Cette stratégie devrait compléter les initiatives en cours
en matière de formation professionnelle, dont la «nouvelle stratégie nationale»
est
attendue
pour 2015. Le Conseil de gouvernement a adopté en
juin le projet de loi sur la formation continue. Dans le cadre du nouveau
programme d'appui de l'UE au statut avancé, un volet important concerne la
convergence réglementaire en matière d'emploi et de sécurité sociale (15
millions d'euros). En matière de protection
sociale,
la loi sur l'indemnité après la perte d'emploi a été votée en juin et est entrée en vigueur en
décembre. Elle fixe les conditions pour bénéficier de l'indemnité, le montant
et la durée des allocations et les cotisations dues par l'employé et
l'employeur. Le
Conseil de gouvernement a adopté en octobre un décret relatif au soutien direct
accordé aux veuves en situation de précarité. Le gouvernement a saisi le Comité
économique, social et environnemental au sujet de deux projets de loi relatifs
à la réforme du régime civil des pensions de retraite des agents de l'État. Le
projet de loi organique concernant le droit de grève fait toujours l'objet de
discussions entre patronat et syndicats. Le décret fixant les attributions et
l’organisation du ministère de l'emploi et des affaires sociales et créant un
Observatoire national de l'emploi a été approuvé par le Conseil de gouvernement
en mai et publié au Bulletin officiel en juillet. En
matière de dialogue
social,
le Comité économique, social et environnemental a multiplié les consultations
et avis sur plusieurs aspects stratégiques de l'économie nationale, et a
notamment rendu un avis sur la loi relative au partenariat public-privé, sur le
projet de loi bancaire, et sur les banques participatives. Après deux années de
suspension, le gouvernement et les centrales syndicales ont renoué le dialogue
social tripartite en avril. Le
projet de loi sur la santé et la sécurité au travail a été réexaminé en
avril 2014, et la nouvelle version du projet de loi relatif à la santé et la
sécurité dans les secteurs public et privé a été transmise au Secrétariat
général du gouvernement en juin. Un ensemble de commentaires centrés sur les
dimensions du risque au travail dans la fonction publique et les maladies
professionnelles liées au stress ont été enregistrés. Le ministère de la
fonction publique ne souscrivait pas à cette loi sous sa forme actuelle et, par
conséquent, l'appui de la primature a été sollicité pour arbitrage. Le projet
de loi sur l'indemnisation des accidents du travail a été adopté par la Chambre
des représentants. Le développement du secteur agricole s'est
poursuivi conformément à la stratégie nationale du plan Maroc vert. Les textes
d’application de la loi relative à la production biologique des produits
agricoles et aquatiques ont été publiés en mars. La loi relative à
l’organisation de la profession de conseiller agricole a pour sa part été
promulguée en mai. Ses textes d’applications sont en cours d’élaboration. 4.
QUESTIONS LIÉES AU COMMERCE, AU MARCHÉ ET À LA RÉFORME RÉGLEMENTAIRE L'UE-28
est resté le principal partenaire commercial du Maroc avec des échanges
commerciaux de biens s'élevant à 29,25 milliards d'euros en 2014. La signature du
programme Réussir le statut avancé (RSA) II fin décembre 2014 a marqué un pas
important dans la mise en œuvre opérationnelle de la convergence et de la réforme
réglementaires. Le gouvernement a lancé un «Plan d'accélération industrielle»
et un «Plan national pour le développement des échanges commerciaux pour la
période 2014-2016». Parallèlement, un projet de loi relatif au commerce
extérieur du Maroc est en cours de préparation. Ces stratégies
visent à contribuer au renforcement de l’attractivité du Maroc dans la région
et au-delà. Dans ce contexte, l'UE reste le principal partenaire du Maroc et sa
part de marché a dépassé le seuil des 50% des échanges commerciaux du Maroc, au
terme du premier semestre 2014, et ce pour la première fois depuis 5 ans. La réforme du
système de prix d’entrée des fruits et légumes par l'UE, entré en vigueur en
octobre, a provoqué, dès février 2014, des tensions temporaires entre le Maroc
et l'UE. Une solution tenant compte les préoccupations des producteurs
marocains a été trouvée d'un commun accord au mois de juillet. Concernant l'accord
sur les indications géographiques, les négociations ont repris en
novembre dernier et ont abouti à un accord, signé en janvier 2015. Plusieurs
mesures de défense commerciale ont été prises par le Maroc contre les
importations originaires de l'UE. L'UE a rappelé l'importance de se conformer
aux standards et réglementations internationaux dans ces domaines. En
ce qui concerne les négociations vers l'ALECA, deux cycles de
négociations ont eu lieu, en janvier et en avril 2014. Le 5e cycle
de négociations a été reporté à la demande du Maroc au premier semestre 2015,
car le gouvernement marocain prépare des études d'accompagnement des
négociations et souhaite attendre les premiers résultats de ces études en
cours. La
publication du décret sur les marchés publics en janvier 2014, qui
instaure les principes d'unité du cadre réglementaire à travers l'ensemble du
secteur public, renforce le système de recours et la transparence et inscrit la
préférence pour les petites et moyennes entreprises (PME). En
matière de concurrence et d'aides d'État, deux projets de lois relatifs
à la «liberté des prix et de la concurrence» et au «Conseil de la concurrence»
ont été adoptés et publiés en août au Bulletin officiel. En matière de
propriété intellectuelle, une nouvelle loi relative à la protection de la
propriété intellectuelle et commerciale a été publiée au Bulletin officiel en
décembre 2014. Cette loi renforce le système national de la propriété
intellectuelle, notamment la qualité des brevets d'invention marocains. Concernant les préparations pour les négociations
des accords de reconnaissance mutuelle dans le domaine de
l'évaluation et la conformité pour certains secteurs, l'assistance
technique fournie par l'UE a permis au Maroc d'améliorer la qualité de ses
infrastructures en la matière. Dans le domaine douanier, il faut signaler d’une part que le Maroc
n’a pas encore ratifié la convention sur les règles d'origine préférentielles
pan-euro-méditerranéennes et d’autre part l’entrée en vigueur effective du circuit
dématérialisé de souscription des titres d’importation. Le projet de loi
vétérinaire, qui permettra au pays de disposer d'un cadre réglementaire pour
les questions sanitaires et phytosanitaires actualisé et
convergeant vers la réglementation européenne, est en cours de révision, à la
suite d’une consultation publique menée depuis 2013. Les textes d’application de la
loi relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques
ont été publiés en mars. La loi relative à l’organisation de la profession de
conseiller agricole a pour sa part été promulguée en mai. Ces textes
d’application restent en cours d’élaboration. En matière
fiscale, le gouvernement s'est
engagé, en coopération avec l'UE, dans la poursuite de la réforme
fiscale, avec notamment la fiscalisation directe, progressive, du secteur
agricole, mesure centrale du point de vue de l'équité du système fiscal. La convergence vers les normes
internationales en matière de contrôle, d'audit interne et d'évaluation
des politiques publiques est poursuivie par l'Inspection générale des
finances, dans le cadre d'un jumelage financé par l'UE. En matière de contrôle
externe, la Cour des comptes a renforcé sa capacité de contrôle de gestion
du secteur public, également dans le cadre d'un jumelage financé par l'UE. En matière de statistiques,
l’évènement majeur en 2014 a été le 6ème Recensement Général de la Population
et de l’Habitat, dont les résultats préliminaires ont été publiés en fin
d’année. Des thèmes nouveaux ont été inclus dans les questionnaires comme la
migration pendulaire, l’environnement, l’éducation, les conditions d’habitation
et le handicap. Le
protocole 2014-2018 à l'accord de partenariat de pêche est
officiellement entré en vigueur en juillet. L'octroi des licences de pêche pour
les États membres bénéficiant du protocole a permis le démarrage de l’activité
de pêche en septembre. Le Maroc a continué à participer au projet
d'assistance technique de la Politique Maritime Intégrée (IMP-MED). Il a
aussi participé à la réunion annuelle du Forum de la fonction de garde côte
pour la Méditerranée (MedCGFF). L'évaluation conjointe de 2014 sur les politiques
des PME[3]
a souligné les prochains défis: l’accès aux financements, le
développement des compétences, l'économie verte, l'éducation à l'esprit
d'entreprise et la seconde chance à donner aux entrepreneurs en difficulté. 5.
COOPÉRATION EN MATIÈRE DE JUSTICE, DE LIBERTÉ ET DE SÉCURITÉ La
mise en œuvre de la nouvelle politique migratoire, lancée en septembre
2013, a été encourageante. Cette nouvelle politique migratoire prévoit une mise
à niveau du cadre juridique de la traite, de l'asile et de la migration, et met
en place un processus de régularisation et d'intégration des migrants
irréguliers ainsi que des réfugiés. Les projets de loi relatifs à la traite des
êtres humains et à l'asile ont été déposés au Secrétariat général du
gouvernement; ils devraient être soumis au Parlement, avec le projet de loi sur
la migration, dans le courant de la session de printemps 2015. La
stratégie nationale en matière d'immigration et d'asile élaborée
par le ministère des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de
migration, basée sur un état des lieux et un diagnostic du phénomène migratoire
au Maroc, a été présentée publiquement en septembre et adoptée en Conseil de
gouvernement en décembre. Résultat d'une démarche participative très large,
cette stratégie se décline en 4 objectifs stratégiques, 27 objectifs
spécifiques, 11 programmes et 81 actions. Ses objectifs sont les suivants:
faciliter l'intégration des migrants réguliers, mettre à niveau le cadre
réglementaire, mettre en place le cadre institutionnel adapté, gérer les flux
migratoires dans le respect des droits de l'Homme et lutter contre la
traite des êtres humains. Le
Maroc a procédé à une vaste opération de régularisation des migrants
irréguliers. La décision a été prise en juillet 2014 de procéder à la
régularisation systématique de toutes les femmes (et de leurs enfants) ayant
déposé une demande de régularisation depuis le début de l'opération, sans autre
condition. En tête des critères d'éligibilité justifiant un avis favorable: la
présence au Maroc depuis plus de 5 ans. Le Bureau des réfugiés et apatrides
(BRA) a également procédé à l'octroi du statut de réfugié à 549 demandeurs
d'asile entre septembre 2013 et juillet 2014 (il s'agit des demandeurs qui
avaient précédemment été reconnus comme réfugiés par le Haut-Commissariat aux
réfugiés). Depuis
juillet 2014, le BRA traite les demandes d'asile des demandeurs syriens. 388 de
ces demandes ont déjà été traitées et acceptées. Les résultats à la date du 31
décembre 2014 sont les suivants: plus de 27 000 demandes ont été déposées et 17
000 dossiers ont été acceptés. Les autres dossiers sont toujours en suspens,
dont un certain nombre devant la commission de recours. Le gouvernement a
conclu plusieurs accords avec des ONG afin d'assurer une assistance aux
migrants en situation de précarité, et adopté plusieurs conventions de
partenariat avec les départements ministériels concernés, afin de garantir une
approche sectorielle ciblée. Le
dialogue sur la migration, la mobilité et la sécurité entre l'UE et le Maroc
s'est poursuivi en avril 2014 avec une visite de la Commission européenne, afin
de faire le point sur la mise en œuvre de l'annexe du partenariat de
mobilité UE-Maroc, signé en juin 2013, et de préparer le lancement des
négociations d'un accord de facilitation des visas et d'un accord de
réadmission. Les négociations ont été lancées en parallèle en janvier 2015. La
mise en œuvre des projets découlant du partenariat de mobilité, notamment le
projet Sharaka, projet phare de soutien à ce partenariat, a démarré dans de
bonnes conditions. Afin d'accompagner la mise en œuvre de la nouvelle politique
migratoire, outre deux actions d'assistance technique ciblées sur la traite et
l'intégration des réfugiés, un appui important de soutien de l'UE à la
politique d'intégration des migrants régularisés et des réfugiés (10 millions
d'euros) a été adopté en décembre. En matière de drogues, le Maroc
reste le premier producteur mondial de haschich. Malgré une diminution des
surfaces cultivées entre 2001 et 2011, celles-ci ont connu une nouvelle hausse
en 2012, et la production n'a pas diminué en raison du rendement élevé des
cultures permettant plusieurs récoltes par an. Deux partis politiques ont
déposé deux propositions de loi visant la dépénalisation de la culture du
cannabis. En ce qui concerne le dialogue entre le Maroc et l'Observatoire
européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA), il n'y a pas eu de
développements significatifs; aucune suite n’a été donnée au projet de
protocole d’accord proposé par l'agence en 2010. En matière de blanchiment d'argent et
de financement du terrorisme, la loi portant approbation de la convention
du Conseil de l'Europe relative au blanchiment, au dépistage, à la saisie et à
la confiscation des produits du crime et au financement du terrorisme a été
ratifiée et publiée au Bulletin officiel en septembre. En
ce qui concerne la protection des données personnelles, la loi portant
approbation de la convention du Conseil de l'Europe relative à la protection
des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère
personnel a été ratifiée et publiée au Bulletin officiel en septembre. Afin
de renforcer la coopération judiciaire et, en particulier, la
collaboration avec Eurojust, il importe que le Maroc désigne un point de
contact spécifique. L'Institut Supérieur de la Magistrature du Maroc devrait
continuer à s’impliquer activement dans les activités du Réseau Euro-Arabe de
Formation Judiciaire. Afin de mieux
contrer les menaces terroristes, un projet de loi modifiant et complétant les
dispositions de l'arsenal juridique pénal et du code de procédure pénale
relatives à la lutte contre le terrorisme a été adopté en septembre en
Conseil de gouvernement, qui prévoit une extension de la qualification de terroriste
à trois nouveaux délits non prévus dans la loi de 2003. 6.
TRANSPORT, ÉNERGIE, ENVIRONNEMENT, CHANGEMENT
CLIMATIQUE, SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION, RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT ET INNOVATION Le
projet de nouveau code de l'aviation civile est en cours d'examen
au Parlement et son adoption attendue au début de 2015. Le Comité mixte
(préliminaire) de l'Accord euro-méditerranéen relatif aux services aériens
entre l'Union européenne et le Maroc s'est réuni en juin et a passé en revue
l'état de l'harmonisation de la réglementation du secteur aérien avec l'UE. La
sécurité routière reste préoccupante mais plusieurs amendements au code de la
route sont en préparation. Le programme TGV, malgré un retard d'environ un an,
a atteint un taux de réalisation de 57% à la fin du premier semestre 2014. Dans
le cadre du dialogue en matière d'énergie, l'année 2014 a vu
l'achèvement du jumelage avec l'Agence nationale pour le développement des
énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Ce jumelage a permis de
finaliser le texte de loi sur l'efficacité énergétique dans le secteur du
bâtiment, qui attend son adoption par le Conseil de gouvernement. Le
développement des sources d'énergies renouvelables s'est poursuivi en 2014 avec
l'avancement de grands projets d'infrastructures. Ainsi, dans le domaine du
solaire, la construction du projet Noor I à Ouarzazate avance selon le
planning, alors que l'appel d'offres pour les projets Noor II et III a été
lancé en début d'année. Un appel d'offres pour le programme éolien intégré a
aussi été lancé en février et attend les résultats de l'évaluation. En
décembre, deux «facilités d'investissement voisinage» ont été signées en appui
au secteur de l'énergie renouvelable: 40 millions d'euros pour Noor II, et 15
millions d'euros pour le programme éolien intégré. En
mars, le Maroc a adopté un document stratégique concernant la politique en
matière de changement climatique avec une vision à long terme. Cette
vision a été détaillée dans le plan d’investissement vert à l'horizon de 15 ans
(2030) adopté en août 2014. Ce plan devra servir comme base pour la préparation
des négociations d'un nouvel accord à conclure en 2015. La
nouvelle loi-cadre promulguée en mars 2014 sur l'environnement et le
développement durable a renforcé l'importance que revêt la protection de
l'environnement dans l'action gouvernementale. Elle institue un système de
fiscalité environnementale composé de taxes écologiques et de redevances et
donne l'assise juridique à l'application de l'évaluation stratégique. Concernant
les aires protégées, le décret d'application de la loi a été discuté à
deux reprises en Conseil de gouvernement mais n'a pas encore été approuvé. Le mois d'août a
enregistré une révision tarifaire importante des services de l'eau et de
l'assainissement, qui détermine les tarifs de 2014 à 2017 et change la
structure du système tarifaire. Le ministère délégué chargé de l'eau a préparé
le projet de plan national de l'eau qui fait l'objet d’une consultation
interministérielle, mais n'a pas été partagé avec la société civile et les
bailleurs de fonds. En
ce qui concerne le domaine de la société de l'information, il y avait
environ 8 millions d’abonnés internet à la fin de 2014. De ce fait, le Maroc
est très avancé en matière de connectivité, de progression d’équipements et
d’usages. En
matière de recherche, face à l’augmentation du nombre d’étudiants, le
gouvernement marocain s’est engagé dans des actions fortes visant à développer
le dispositif de formation et de recherche. Le Maroc a pris de nombreuses
décisions et conduit des actions à tous les niveaux (législatif, réglementaire,
structurel, organisationnel, financier et humain) afin d’adapter
progressivement son dispositif de recherche et d’enseignement supérieur. Pour
la période 2013-2016, le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche
scientifique et de la formation des cadres (MESRSFC) s’est doté d’un plan
d’action ayant pour objectif de renforcer les dispositifs de
formation et de recherche. Le
Maroc a continué à préparer sa participation au programme européen de
"Surveillance de la Terre pour l'environnement et la sécurité (GMES) et
l'Afrique". 7.
CONTACTS ENTRE LES
PEUPLES, ÉDUCATION ET SANTÉ La
loi relative au Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et
de la recherche scientifique a été publiée en mai 2014. La
version provisoire du rapport analytique de mise en œuvre de la Charte
nationale d'éducation et de formation (2000-2013) va former la base d'une
stratégie d'éducation et des réformes nécessaires du système
éducatif marocain. Compte tenu du processus méthodologique adopté pour la mise
en place de la nouvelle réforme, le ministère a déjà entamé la mise en œuvre
d’un portefeuille de mesures prioritaires (PMP 2014-2018). L’UE continue de
soutenir les réformes dans le domaine de l’éducation et a signé, dans ce
contexte, le programme Éducation II en décembre sur la base du PMP. Le
programme est doté d'une enveloppe de 91,9 millions d'euros. La
rentrée scolaire 2014-2015 a été marquée par l'ouverture des classes de
baccalauréat professionnel dans quatre filières: maintenance industrielle,
industrie mécanique, construction aéronautique et conduite d'une exploitation
agricole. Cette réforme vise la diversification de l'offre scolaire, le
renforcement du système de passerelles entre le système éducatif et celui de
formation professionnelle ainsi qu'un lien plus étroit entre le système
éducatif et le monde professionnel. En juin 2014, la Commission nationale du
cadre national des certifications (CNC) a été établie. La réunion du conseil
d'administration de l'Agence de lutte contre l'analphabétisme (ANLCA) n'a
toujours pas eu lieu.
La loi relative à l'Agence nationale d’évaluation et de garantie de la qualité
de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a été
promulguée en août. Un
nouveau projet de réforme de l'enseignement supérieur a été soumis aux
discussions publiques. Une stratégie
nationale de formation professionnelle est attendue pour 2015. La
formulation de cette stratégie doit pouvoir contribuer à l’amélioration de la
situation du chômage des jeunes. Le
Maroc est impliqué dans le programme Tempus avec 40 projets en cours dont 4
sont coordonnés par une université marocaine. 227 étudiants et personnel ont
été sélectionnés au sein de partenariats soutenus par Erasmus Mundus et
trois bourses ont été attribuées à des étudiants marocains afin de participer à
des mastères conjoints. Six candidatures été sélectionnées pour les actions
Marie Skłodowska-Curie (MSCA) dans le cadre de Horizon 2020. Les jeunes
marocains, travailleurs de la jeunesse et organisations de jeunesse marocains
ont pu bénéficier des opportunités offertes par le programme Erasmus+ avec
233 participants aux projets de mobilité des jeunes et travailleurs de la
jeunesse et six à des rencontres avec des décideurs politiques. Le
Ministre de la culture a annoncé le lancement d'une stratégie Maroc
Culturelle à l'horizon 2020. La coopération dans le cadre des programmes
Euromed Audiovisuel et MedCulture continue. Le décret sur la
carte sanitaire a été soumis en juillet au Secrétariat général du
gouvernement. En
matière de couverture médicale, un scénario d'extension de l'assurance
médicale obligatoire défini avec l'appui de l'UE a été présenté au comité
technique de pilotage de la couverture médicale de base au Maroc en juillet.
Deux commissions ad hoc ont travaillé sur la finalisation de ce scénario
ainsi que sur la gestion du régime d'assistance médicale. L'entrée en
vigueur en juin du décret relatif à la procédure de fixation du prix public de
vente des médicaments a constitué une avancée significative dans
l'accessibilité à la santé des citoyens. Cette réduction des prix de
vente (de 50% à 60%) concerne environ 800 médicaments. Le
Maroc a poursuivi sa coopération technique avec le Centre européen de
prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dans le cadre d’un projet financé
par l’UE sur les mesures préparatoires à l'appui de la participation des pays
de la PEV aux activités de l’ECDC. Le Maroc a également maintenu sa
participation au sein du programme méditerranéen de formation à l'épidémiologie
d'intervention (MediPIET) financé par l’UE et mis en œuvre sous la direction
scientifique de l’ECDC. Ce programme vise à renforcer les capacités nationales
et régionales en matière de surveillance et de réaction aux menaces
transfrontières graves sur la santé au travers de la mise en place d’un réseau
d’épidémiologistes. ________________________________ [1] Voir
chapitre 3. [2] Cf.
sources et chiffres détaillés donnés dans l'Annexe statistique qui accompagne
les rapports; les chiffres sans sources sont des estimations des services de la
Commission. [3] "Politiques en faveur des
PME. Afrique du Nord et Moyen Orient 2014. Evaluation sur la base du Small
Business Act pour l'Europe".