Bruxelles, le 24.10.2023

COM(2023) 652 final

RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL

Progrès réalisés en matière de compétitivité des énergies propres


RAPPORT 2023 SUR LES PROGRÈS RÉALISÉS EN MATIÈRE DE COMPÉTITIVITÉ DES ÉNERGIES PROPRES

RÉSUMÉ    

1.    INTRODUCTION    

2.    ÉVALUATION DE LA COMPÉTITIVITÉ DU SECTEUR DES ÉNERGIES PROPRES DE L’UE    

2.1    L’incidence des prix élevés de l’énergie et des matières premières sur le secteur des énergies propres de l’UE    

2.2    Des ressources à l’assemblage: renforcer l’UE en tant que puissance industrielle    

2.3    Capital humain et compétences: combler les déficits et les pénuries de compétences afin d’éviter les goulets d’étranglement    

2.4    De la recherche et de l’innovation à l’adoption par le marché: tracer la voie du succès pour l’UE    

2.5    Le paysage du capital-risque: attirer des capitaux dans l’UE    

3.    ÉVALUATION DE LA COMPÉTITIVITÉ DES TECHNOLOGIES STRATÉGIQUES «ZÉRO NET»    

3.1    Énergie solaire photovoltaïque    

3.2    Énergie solaire thermique    

3.3    Énergie éolienne terrestre et en mer    

3.4    Énergie océanique    

3.5    Batteries    

3.6    Pompes à chaleur    

3.7    Énergie géothermique    

3.8    Électrolyse de l’eau pour la production d’hydrogène renouvelable    

3.9    Technologies durables de biogaz et de biométhane    

3.10    Captage et stockage du dioxyde de carbone (CSC)    

3.11    Technologies de réseau: l’exemple des systèmes en courant continu à haute tension    

4.    CONCLUSION    



RÉSUMÉ

En réponse à la perturbation sans précédent du système énergétique mondial causée par la pandémie de COVID-19 et aggravée par l’agression militaire injustifiée et délibérée de la Russie contre l’Ukraine, l’UE a décidé d’accélérer sa transition vers une énergie propre.

Malgré la hausse des prix due au pic des coûts de l’énergie et des matières premières en 2022, les énergies propres restent très compétitives. Le taux de déploiement des énergies propres est en augmentation au sein de l’UE. En 2022, le taux de déploiement des énergies éolienne et solaire a augmenté d’environ 50 % par rapport à 2021. Toutefois, cette tendance ne doit pas occulter les défis auxquels est confrontée l’industrie manufacturière de l’UE dans le domaine des énergies propres. Même dans des secteurs tels que l’éolien ou les pompes à chaleur, dans lesquels l’UE dispose d’une base de production solide, les parts de marché de l’UE sont en diminution.

De manière générale, qu’il s’agisse des matières premières, des principaux composants intermédiaires ou des énergies propres finales, l’UE est de plus en plus dépendante des importations en provenance de pays tiers. Plus de 60 % de la capacité de production mondiale des principaux segments de la chaîne de valeur des batteries et de l’énergie solaire se situe en Chine. Plus de 90 % de la capacité de production des plaquettes et des lingots nécessaires dans l’énergie solaire photovoltaïque se trouve en Chine.

Le plan industriel du pacte vert, le règlement pour une industrie «zéro net» et le règlement sur les matières premières critiques comptent parmi les actions clés de l’UE visant à réduire la dépendance à l’égard des importations de technologies à zéro émission nette, à renforcer la résilience de la chaîne de valeur et à construire une base manufacturière interne solide. Ils visent à relever les défis les plus urgents. L’un de ces défis consiste à améliorer les compétences, à garantir des emplois de qualité et à transformer l’innovation en production industrielle. Malgré la tendance positive affichée par l’emploi, les données les plus récentes montrent que les lacunes et les pénuries en matière de compétences observées depuis 2021 pourraient freiner la croissance dans le secteur de l’énergie propre. En 2023, près de quatre petites et moyennes entreprises sur cinq signalent qu’il leur est généralement difficile de trouver des travailleurs possédant les compétences requises.

La conception d’une trajectoire de R&I efficace est également essentielle pour la compétitivité du secteur des énergies propres. L’UE demeure à la pointe de la recherche sur les énergies propres, conserve une position forte dans les brevets protégés au niveau international et joue un rôle de premier plan dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Néanmoins, l’intensification des efforts dans l’utilisation synergique des programmes de l’UE et des programmes nationaux, ainsi que la définition d’objectifs nationaux clairs en matière de R&I à l’horizon 2030 et 2050 sont des éléments essentiels pour la conception d’une trajectoire de R&I efficace.

L’UE doit également demeurer un lieu attrayant pour les investissements dans les énergies propres, ainsi que pour leur fabrication et leur déploiement. En 2022, les investissements en capital-risque dans les énergies propres au sein de l’UE ont augmenté de 42 % par rapport à 2021 et ont représenté une part croissante des investissements mondiaux en capital-risque dans des entreprises d’énergies propres, se situant à la troisième place derrière les États-Unis et la Chine. Toutefois, lorsque l’on examine les technologies stratégiques «zéro net» telles que définies dans le règlement pour une industrie «zéro net», à l’exception des batteries, l’UE n’a toujours pas pleinement exploité sa capacité à attirer des accords favorisant une croissance plus élevée, contrairement aux États-Unis et à la Chine. Afin de renforcer la compétitivité, la résilience et le leadership de l’UE, les cadres réglementaires et financiers de l’UE évoluent de manière à garantir les investissements et à faire en sorte que les capitaux continuent d’être acheminés vers les entreprises de l’UE à l’échelle requise.

Outre à ces problèmes transversaux, les technologies «zéro net» sont également confrontées à des difficultés spécifiques et offrent différentes possibilités.

2022 a été une année record pour la capacité solaire photovoltaïque installée dans l’UE. En ce qui concerne la chaîne de valeur, l’UE est toutefois fortement dépendante des importations chinoises. Pour que l’UE puisse combler l’écart de coûts par rapport à ses concurrents en s’appuyant sur les mesures prévues, il est indispensable qu’elle développe ses usines de fabrication et se concentre sur des produits innovants et des procédés de fabrication avancés et plus durables.

L’UE joue un rôle technologique de premier plan dans le domaine de l’énergie solaire thermique, mais elle est confrontée à une concurrence croissante de la part des acteurs asiatiques. Des solutions innovantes et des avancées technologiques continues sont essentielles pour stimuler la compétitivité. La forte demande de chaleur industrielle au sein de l’UE, de l’ordre de 150 °C à 400 °C, constitue également une bonne occasion de déployer l’énergie solaire thermique.

 

Le secteur éolien de l’UE demeure l’un des acteurs les plus puissants au monde, les fabricants de l’UE représentant 30 % de la part de marché mondiale en 2022, même si cette part est en recul par rapport aux 42 % détenus en 2019. Le secteur est confronté à des difficultés spécifiques, notamment le caractère incertain de la demande, des problèmes dans la conception des enchères et la lenteur des procédures d’autorisation. Pour remédier à ces problèmes, la Commission a adopté le plan d’action en matière d’énergie éolienne, qui contribuera à accélérer encore davantage les procédures d’autorisation, à améliorer les systèmes d’enchères dans l’ensemble de l’UE, à faciliter l’accès au financement et à renforcer les chaînes d’approvisionnement.

Le secteur européen des technologies de l’énergie océanique est un puissant innovateur. Pour stimuler la compétitivité de ce secteur, les investisseurs doivent être rassurés. L’organisation d’enchères spécifiques à une technologie ou le développement d’utilisations multiples (par exemple avec d’autres installations d’énergie renouvelable ou pour des activités multiples) seraient également de nature à soutenir le secteur. 

L’UE est en bonne voie pour répondre à la demande attendue de batteries pour 2025 et 2030. Le nombre d’usines géantes de batteries lithium-ion annoncées a augmenté en 2022, passant de 26 à 30, et continue d’augmenter. Alors que la part de l’Europe dans les investissements mondiaux annoncés concernant la capacité de production de lithium-ion a reculé de 41 % en 2021 à 2 % en 2022, la construction d’usines de batteries ne cesse de s’accélérer dans toute l’Europe et devrait permettre de répondre à la majeure partie de la demande de l’UE d’ici à 2030. L’augmentation relative la plus importante nécessaire pour atteindre l’objectif de 2030 est celle du recyclage.

Le marché européen des pompes à chaleur individuelles est en expansion. Selon les estimations, les ventes de pompes à chaleur individuelles ont augmenté de 41 % en 2022. Toutefois, cette croissance a été partiellement absorbée par les importations, dans la mesure où le déficit de la balance commerciale a doublé en 2022 par rapport à 2021. Selon les estimations, la capacité de production de l’UE a permis de répondre à 75 % de la demande de pompes à chaleur hydroniques individuelles en 2021, mais les fabricants de l’UE sont tributaires des importations de composants tels que les compresseurs et les réfrigérants synthétiques. La Commission prépare actuellement un plan d’action de l’UE visant à accélérer le déploiement des pompes à chaleur.

Bien que le secteur de l’énergie géothermique de l’UE ait une capacité installée limitée, il est en mesure de contribuer aux objectifs de REPowerEU et à la sécurité de l’approvisionnement en matières premières. Le secteur a besoin non seulement d’un plus grand nombre de données souterraines pour accroître le taux de réussite et la prévisibilité des nouveaux projets géothermiques, mais aussi d’améliorations technologiques. Le secteur bénéficierait également d’une action visant à simplifier le processus d’octroi de licences, de mesures permettant de réduire les risques, d’une plus grande sensibilisation du public et d’une main-d’œuvre plus qualifiée.

Les investissements au sein de l’UE dans la production d’hydrogène renouvelable par électrolyse de l’eau ont donné à plusieurs fabricants la possibilité de construire de nouvelles usines d’électrolyseurs en Europe. Dans le même temps, l’UE est confrontée à la difficulté, d’une part, d’accroître l’utilisation d’énergie renouvelable et rentable pour alimenter ces électrolyseurs et, d’autre part, d’éviter toute incidence négative sur la disponibilité de l’eau douce pour pouvoir déployer cette technologie. Des mesures supplémentaires sont nécessaires pour renforcer la capacité de recyclage en Europe, y compris en ce qui concerne les matières premières critiques nécessaires à la fabrication d’électrolyseurs.

En 2022, l’UE était le plus grand producteur de biogaz, avec plus de 67 % de la production mondiale. L’UE est également un leader en matière de R&I dans le biogaz durable. La baisse des coûts de production, notamment grâce à l’innovation, à la reproduction et à un cadre réglementaire stable, pourrait contribuer à renforcer la compétitivité de l’UE dans ce secteur.

En ce qui concerne le captage et le stockage du carbone (CSC), cette gamme de technologies est arrivée à maturité dans l’UE, a fait ses preuves et est facilement disponible. Toutefois, le CSC doit être déployé à grande échelle pour que l’UE atteigne la neutralité climatique d’ici à 2050. L’UE est relativement bien placée pour ce qui est des technologies de captage du CO2 et en matière de R&I, mais elle n’a pas encore développé des chaînes de valeur complètes de la gestion industrielle du carbone et les installations ne sont toujours pas opérationnelles sur une base commerciale. Des financements publics – tant au niveau de l’UE qu’au niveau national – seront nécessaires pour attirer des capitaux privés. En outre, il sera également essentiel de proposer des modèles économiques pour ce marché émergent. L’UE dispose de plusieurs instruments pour soutenir le développement du CSC. La Commission travaille actuellement à l’élaboration d’une stratégie pour la gestion industrielle du carbone, prévue pour le premier trimestre de 2024.

L’émergence de grands parcs éoliens en mer et d’interconnexions régionales a rendu le marché européen très attractif pour les développeurs de systèmes de courant continu à haute tension (CCHT) et les fournisseurs de technologies. Toutefois, le secteur devra relever des défis tels que l’augmentation de la demande mondiale de composants et le risque de perturbations dans la chaîne d’approvisionnement. Une coopération plus étroite entre les acteurs concernés est essentielle, tout comme des mesures favorisant l’harmonisation et la normalisation, en particulier pour stimuler les investissements dans les capacités de production de la part des fournisseurs de l’UE. L’introduction de procédures de marchés publics rationalisées et la mise en commun volontaire de la demande pour les acheteurs de l’UE pourraient contribuer à résoudre les principaux problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement.

La compétitivité du secteur des énergies propres a fait l’objet d’une attention accrue au cours de l’année écoulée. L’UE a réagi rapidement pour aider son industrie à relever les défis actuels et poursuivra à cette fin une action coordonnée. Cette édition 2023 du rapport sur les progrès réalisés en matière de compétitivité est particulièrement d’actualité, car elle donne un aperçu des principaux moteurs, possibilités et obstacles à la compétitivité dans le secteur des énergies propres de l’UE.



1.INTRODUCTION

La pandémie de COVID-19 et l’agression militaire injustifiée et délibérée de la Russie contre l’Ukraine ont considérablement perturbé le système énergétique mondial. Le niveau record des prix de l’énergie et la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales ont mis à mal le système énergétique de l’UE comme jamais auparavant et ont imposé des mesures afin de fournir aux citoyens une énergie sûre et abordable. L’UE a réagi en prenant des mesures décisives afin de diversifier son approvisionnement énergétique et d’accélérer la transition vers une énergie propre.

Depuis 2020, les politiques de relance économique de l’UE adoptées en réaction à la pandémie, telles que la facilité pour la reprise et la résilience, ont considérablement accru les investissements dans des solutions énergétiques propres. Les réformes et les investissements proposés par les États membres dans leurs plans pour la reprise et la résilience représentent à eux seuls quelque 203 milliards d’EUR de dépenses liées au climat 1 . En outre, les fonds de la politique de cohésion fournissent 46 milliards d’EUR supplémentaires d’investissements liés aux énergies propres.

En 2022, l’UE a adopté le plan REPowerEU 2 , qui définit la ligne de conduite à suivre pour se défaire progressivement de la dépendance de l’UE aux importations d’énergie russe, et ce dès que possible. Le plan définit des mesures visant à économiser l’énergie, à diversifier l’approvisionnement énergétique et à accélérer le déploiement des énergies renouvelables.

Ces mesures ont produit des résultats substantiels. La part du gaz russe acheminé par gazoduc dans les importations totales de gaz de l’UE est passée d’environ 45-50 % avant la pandémie à environ 10 % entre janvier et juin 2023. Le taux de déploiement des énergies éolienne et solaire dans l’UE a augmenté d’environ 50 % par rapport à 2021. Les énergies éolienne et solaire représentaient 22 % de la production d’électricité de l’UE, dépassant pour la première fois le gaz naturel. En outre, l’UE a adopté des objectifs plus ambitieux en matière d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables à l’horizon 2030.

Cette transition énergétique accélérée à grande échelle doit s’appuyer sur des mesures visant à garantir un approvisionnement résilient en énergies propres. Ces mesures comprennent le renforcement des capacités de production nationales, la diversification des chaînes d’approvisionnement, de même que l’application de mesures en faveur de l’économie circulaire, autant de mesures essentielles pour renforcer l’autonomie stratégique ouverte de l’UE. Non seulement de telles mesures sont importantes pour accroître la sécurité de l’approvisionnement énergétique, mais elles peuvent également être source d’emploi et de croissance. Le marché mondial des technologies «zéro net» clés produites en série devrait tripler d’ici à 2030 par rapport au niveau actuel, pour atteindre une valeur annuelle d’environ 600 milliards d’EUR 3 .

Aujourd’hui, l’industrie manufacturière de l’UE dans le domaine des énergies propres se heurte à des obstacles. Même dans des secteurs tels que l’énergie éolienne ou les pompes à chaleur, dans lesquels l’UE dispose d’une base de production solide, les parts de marché sont en diminution. D’autres régions du monde ont pris des initiatives à grande échelle pour stimuler leur industrie à zéro émission nette et la concurrence gagne en intensité et en rapidité.

C’est pourquoi, en février 2023, la Commission européenne a présenté le plan industriel du pacte vert pour l’Europe 4 . Ce plan vise à stimuler la compétitivité de l’industrie à zéro émission nette de l’UE en améliorant le cadre réglementaire, en accélérant l’accès au financement, en investissant dans les compétences et en soutenant les échanges commerciaux. Ce plan a été suivi, en mars 2023, par la proposition de règlement pour une industrie «zéro net» 5 et la proposition de règlement sur les matières premières critiques 6 . Ces initiatives ont pour objectif de simplifier le cadre réglementaire, de consolider la primauté industrielle de l’UE dans la production de technologies «zéro net», de garantir la durabilité de l’approvisionnement en matières premières critiques, de réduire la dépendance de l’UE à l’égard d’importations fortement concentrées et d’accroître le taux de recyclage des matières premières stratégiques. Ces mesures s’appuient sur d’autres initiatives existantes, telles que le plan d’action en faveur de l’économie circulaire et les nouvelles règles relatives aux batteries. 

D’autres initiatives, notamment les communications intitulées «Le marché unique a 30 ans» 7 et «Projection à long terme sur la compétitivité de l’UE» 8 complètent le plan industriel du pacte vert en définissant une approche durable et globale à long terme pour stimuler la compétitivité de l’UE. La stratégie européenne en matière de sécurité économique 9 vise à réduire au minimum les risques découlant de certains flux économiques, tout en maintenant un maximum d’ouverture économique et de dynamisme. Enfin, la plateforme «Technologies stratégiques pour l’Europe» (plateforme STEP) renforce la capacité d’investissement dans les technologies critiques, y compris les énergies propres.

Pour suivre les progrès réalisés dans le cadre de ces initiatives, ces mesures doivent être étayées par des données et nécessitent un suivi continu de la compétitivité du secteur des énergies propres de l’UE. Le présent rapport sur les progrès réalisés en matière de compétitivité des énergies propres 10 s’inscrit dans ce processus de suivi de plusieurs manières. Premièrement, il fournit un aperçu des principaux moteurs, possibilités et obstacles à la compétitivité dans le secteur des énergies propres de l’UE dans son ensemble. Il aborde les difficultés technologiques et non technologiques liées aux prix élevés de l’énergie et des matières premières, les risques de perturbations de la chaîne de valeur et de pénurie de compétences et de main-d’œuvre, ainsi que le paysage de l’innovation. Deuxièmement, il évalue la compétitivité des technologies énergétiques stratégiques recensées dans la proposition de règlement pour une industrie «zéro net», en mettant en évidence les segments des chaînes de valeur qui nécessitent une attention particulière.

La Commission publie ce rapport chaque année depuis 2020, en application de l’article 35, paragraphe 1, point m), du règlement sur la gouvernance de l’union de l’énergie et de l’action pour le climat. Le présent rapport accompagne les rapports sur l’état de l’union de l’énergie et s’appuie sur des données de l’Observatoire des technologies énergétiques propres (CETO) 11 .



2.ÉVALUATION DE LA COMPÉTITIVITÉ DU SECTEUR DES ÉNERGIES PROPRES DE L’UE

2.1L’incidence des prix élevés de l’énergie et des matières premières sur le secteur des énergies propres de l’UE

En 2022, l’agression militaire injustifiée et délibérée de la Russie contre l’Ukraine ainsi que les tentatives de manipulation du marché de l’énergie ont entraîné une hausse sans précédent des prix de l’énergie dans l’UE et dans le reste du monde. Les prix de gros du gaz en vigueur dans l’UE ont atteint un niveau historiquement élevé en août 2022 (294 EUR/MWh 12 ) et sont restés très élevés jusqu’à la fin de 2022. Bien que l’électricité soit en grande partie produite à partir de sources à moindre coût (41 % d’énergies renouvelables et 23 % d’énergie nucléaire), les prix de l’électricité reflètent toujours largement le prix du gaz naturel 13 . En conséquence, les prix de l’électricité ont atteint en 2022 des niveaux record sur les marchés de gros (474 EUR/MWh 14 ), mettant ainsi en péril la compétitivité de l’UE.

L’UE a pris des mesures décisives dès 2021 15 . Grâce à une stratégie fondée sur la diversification de l’approvisionnement, des niveaux de stockage obligatoires, un effort concerté pour améliorer l’efficacité énergétique, la réduction de la demande d’énergie et un déploiement plus rapide des énergies renouvelables, les prix du gaz naturel ont chuté de manière significative par rapport aux niveaux record enregistrés l’année dernière. La douceur de l’hiver a également contribué à ce que les marchés européens du gaz et de l’électricité se stabilisent à la fin de 2022 et à ce que les prix amorcent une tendance soutenue à la baisse. Par rapport à leur pic historique, les prix de gros du gaz ont chuté à 130-140 EUR/MWh à la fin de 2022 et n’ont cessé de diminuer au cours du premier semestre de 2023, pour atteindre 30-40 EUR/MWh en août 2023. Reflétant la baisse des prix du gaz, les prix de l’électricité ont également diminué progressivement par rapport aux niveaux record, grâce à la réduction de la demande, à l’augmentation de la production d’énergies renouvelables et à la reconstitution des stocks hydroélectriques. Les prix de l’électricité sur le marché de gros ont chuté à 74 EUR/MWh au cours de la première semaine d’août 2023.

Malgré l’amélioration observée dans les fondamentaux du marché – l’action politique de l’UE et les forces du marché ayant permis d’équilibrer l’offre et la demande d’énergie – et l’assurance d’accéder à de nouvelles sources d’approvisionnement en gaz 16 , les prix industriels du gaz et de l’électricité restent supérieurs à la moyenne observée avant la crise 17 . L’écart avec d’autres économies mondiales s’est également creusé 18 . Il s’agit à la fois d’une opportunité et d’un défi pour la compétitivité du secteur des énergies propres.

D’une part, les prix élevés de l’énergie rendent les solutions énergétiques propres encore plus concurrentielles que les solutions fondées sur les combustibles fossiles et favorisent des taux d’adoption plus élevés. Les prix élevés de l’énergie ainsi que l’agression militaire injustifiée et délibérée de la Russie contre l’Ukraine ont entraîné une augmentation significative des investissements publics et privés de l’UE dans l’efficacité énergétique et les sources d’énergie renouvelables. Ceux-ci incluent une augmentation du financement public en faveur des infrastructures énergétiques, notamment grâce à la contribution de la facilité pour la reprise et la résilience (FRR) au plan REPowerEU 19 .

Les prix élevés des combustibles et du carbone ont entraîné une baisse de la part que la production de combustibles fossiles représente dans le bouquet électrique de l’UE (de 34 % en 2021 à 32 % en 2023), tandis que la part des énergies renouvelables est passée de 37 % en 2021 à 42 % en 2023. Les mesures stratégiques de l’UE ont joué un rôle majeur dans l’accélération du déploiement des énergies propres: En 2022, l’installation de capacités solaires et éoliennes a augmenté respectivement de 60 % et 45 % et, pour la première fois, le pourcentage d’électricité produite par les énergies éolienne et solaire a dépassé celui de l’électricité produite par le gaz et le charbon.

D’autre part, les prix élevés de l’énergie, conjugués à des taux d’intérêt élevés, ont également une incidence négative sur les chaînes de valeur des énergies propres de l’UE, tant directement qu’indirectement. Depuis 2020, les turbulences économiques et géopolitiques exercent une pression considérable sur les chaînes d’approvisionnement en énergie propre et entravent temporairement la tendance à la baisse des coûts de déploiement. Cette combinaison de facteurs a entraîné une hausse des coûts de fabrication et d’installation exposés dans le cadre des projets éoliens et, dans une moindre mesure, des projets solaires. Selon les estimations du secteur 20 , en 2023, le coût de la construction de parcs éoliens en mer a augmenté de 40 % dans l’UE.

La hausse des taux d’intérêt a également eu un effet négatif sur le financement des projets dans le domaine des énergies renouvelables, étant donné que les coûts d’investissement initiaux représentent la plus grande partie des coûts des projets. Le problème est particulièrement aigu pour l’énergie éolienne en mer en raison du niveau élevé des investissements initiaux nécessaires. Selon les estimations, une hausse de 3,2 % des taux d’intérêt augmenterait de 25 % le coût des projets en mer 21 . En conséquence, aucune nouvelle décision définitive n’a été prise en matière d’investissement dans les parcs éoliens en mer. En Europe, les commandes de nouvelles éoliennes ont diminué de 47 % en 2022 par rapport à 2021 22 . Toutefois, cette tendance s’est inversée en 2023. Au cours des six premiers mois de 2023, près de 9,3 milliards d’EUR ont été levés en vue de la construction de quatre parcs éoliens dans l’UE d’une capacité de production de 2,7 GW.

L’approvisionnement en matières premières ainsi que l’évolution de leurs prix constituent un autre défi pour la compétitivité du secteur des énergies propres de l’UE compte tenu de leur incidence sur les coûts des énergies propres. Entre 2021 et début 2022, les prix de plusieurs matières critiques (lithium et nickel en particulier) ont augmenté et la volatilité s’est fortement accrue 23 . Bien que la hausse des prix ait commencé à ralentir au second semestre 2022 et au début de 2023, les prix sont restés nettement supérieurs à la moyenne historique.

Les prix du carbonate de lithium ont également continué à augmenter tout au long de l’année 2022 et ont presque doublé entre janvier 2022 et janvier 2023. Début 2023, les prix du lithium étaient six fois supérieurs à la moyenne enregistrée sur la période 2015-2020. Entre janvier et mars 2023, les prix du lithium ont chuté de 20 %, revenant à leur niveau de fin 2022. Les prix du cobalt, après avoir culminé à 80 000 dollars US (72 600 EUR 24 ) par tonne en mars 2022, ont ensuite diminué de manière constante pour se stabiliser autour de 50 000 dollars US (47 485 EUR 25 ) par tonne tout au long de l’année. En 2023, les prix du cobalt devraient rester faibles en raison de l’offre excédentaire. Le lithium et le cobalt sont tous deux des composants essentiels des batteries et sont indispensables à la transition vers une énergie propre.

Les prix élevés de l’énergie et des matières premières ont eu une incidence sur la tendance à la baisse des dix dernières années observée dans les coûts des énergies propres sous l’effet de l’innovation et des économies d’échelle 26 . Par exemple, le prix des éoliennes et des modules solaires photovoltaïques a augmenté entre 2020 et 2022. Toutefois, les prix sont à nouveau en diminution en 2023. Malgré cette dynamique des prix, les prix de toutes les énergies propres sont encore nettement plus bas aujourd’hui qu’il y a dix ans. Bien que les prix élevés de l’énergie et des matières premières aient eu une incidence sur le secteur des énergies propres, l’énergie produite par des technologies propres reste très concurrentielle dans l’UE 27 .

La figure 1 donne un aperçu des calculs des coûts totaux moyens actualisés de l’énergie produite (LCOE) pour l’année 2022 pour une série de situations représentatives 28 dans l’ensemble de l’UE. Les résultats indiquent qu’en 2022, les parcs de technologies à coûts variables faibles (y compris les coûts d’exploitation variables et les coûts de carburant), tels que la production d’énergies renouvelables, affichaient des coûts totaux moyens actualisés moins élevés que les technologies de production à coûts variables élevés, telles que la production à partir de combustibles fossiles.

Figure 1: aperçu des calculs des coûts totaux moyens actualisés de l’énergie produite (LCOE) par parc de technologies pour l’année 2022. (Les barres bleu clair indiquent une fourchette dans toute l’UE et les lignes bleues pleines montrent la médiane) 29 .


Source: Simulation du modèle METIS du JRC, 2023 30

2.2Des ressources à l’assemblage: renforcer l’UE en tant que puissance industrielle

Le contexte géopolitique actuel a également eu une incidence sur le paysage concurrentiel mondial des énergies propres, car il a déclenché de nouvelles dynamiques sur le plan politique et de nouvelles tendances du marché.

À l’échelle mondiale, le secteur des technologies «zéro net» connaît une croissance rapide. Le marché mondial des technologies «zéro net» clés produites en série devrait tripler d’ici à 2030, pour atteindre une valeur annuelle d’environ 600 milliards d’EUR 31 . L’augmentation de la demande va de pair avec une demande accrue de ressources et de matières premières. Selon les estimations, la demande mondiale de certaines matières premières essentielles dans les chaînes de valeur des énergies propres augmentera considérablement au cours des prochaines décennies. En 2050, la demande mondiale de terbium, de gallium ou de lithium 32 devrait correspondre à 100 % environ de l’offre actuelle, même dans un scénario de faible demande 33 . Ces projections soulignent les risques auxquels pourraient être confrontées des économies fortement dépendantes de l’approvisionnement en ces matières premières critiques.

Qu’il s’agisse des matières premières, des principaux composants intermédiaires ou des énergies propres finales, l’UE est de plus en plus dépendante d’importations en provenance de pays tiers. La situation varie en fonction de la technologie, mais pour la plupart des technologies, l’UE dépend de la Chine pour au moins une étape de la chaîne de valeur. La Chine joue un rôle clé dans l’approvisionnement en matières premières critiques, un secteur dans lequel l’UE est fortement dépendante des importations en provenance d’une poignée de pays. Par exemple, l’UE reçoit 98 % de son approvisionnement en terres rares et 97 % de son magnésium de la Chine 34 , environ 80 % de son lithium du Chili, et plus de 60 % de son cobalt de la République démocratique du Congo 35 . En ce qui concerne la production d’énergies propres, la Chine occupe également une position dominante dans différentes technologies. Plus de 60 % de la capacité de production mondiale des principaux segments de la chaîne de valeur des batteries et de l’énergie solaire photovoltaïque se situe en Chine. Plus de 90 % de la production mondiale des plaquettes et des lingots nécessaires dans l’énergie solaire photovoltaïque provient de Chine 36 .

En ce qui concerne la fabrication d’éoliennes, la part de la Chine dans la production mondiale est passée de 23 % en 2017 à 50 % en 2022 37 . Au cours de la même période, la part de l’UE a reculé de 58 % en 2017 à 30 % 38 , 39 . Concernant les puces électroniques, qui constituent un élément clé de la fabrication des énergies propres, la Commission a confirmé dans la mise à jour de 2021 de la stratégie industrielle de l’UE 40 que l’UE dépendait fortement des États-Unis pour ce qui est des outils de conception générale et de l’Asie pour la fabrication avancée de puces.

En ce qui concerne les semi-conducteurs, Taiwan Semiconductor Manufacturing Co (TSMC) représentait, en 2022, 92 % de la fabrication de semi-conducteurs la plus avancée au monde, faisant de Taïwan le pays d’origine de la moitié environ de la fabrication mondiale de semi-conducteurs 41 . L’UE détient une part considérable de la production mondiale de composants numériques, mais elle ne produit que 9 % des semi-conducteurs et des microprocesseurs 42 .

Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale déclenchées par la pandémie de COVID-19 et aggravées par l’agression militaire délibérée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine ont montré qu’il était essentiel de renforcer la capacité et la compétitivité de l’Union afin qu’elle produise les technologies et les composants nécessaires à la transition vers la neutralité climatique. La conception de nouvelles matières premières dotées de propriétés optimisant les performances des technologies «zéro net» devrait également permettre d’ouvrir de nouvelles possibilités pour les industries 43 .

En ce qui concerne les principales économies, la loi américaine de 2022 sur la réduction de l’inflation (IRA) 44 vise à catalyser les investissements dans les capacités de production nationales en fournissant un financement fédéral en faveur de l’énergie propre estimé à 400 milliards de dollars US (380 milliards d’EUR 45 ), principalement sous la forme de subventions et d’incitations fiscales. En 2021, les États-Unis ont également adopté le «Bipartisan Infrastructure Deal» (loi sur l’emploi et l’investissement dans les infrastructures), dans le cadre duquel 1,5 milliard de dollars US (1,27 milliard d’EUR 46 ) sont destinés à soutenir l’électrolyse de l’hydrogène et 8 milliards de dollars US (6,7 milliards d’EUR) serviront à financer un vaste programme de pôles régionaux d’hydrogène propre. Ces pôles créeront des réseaux d’écosystèmes colocalisés pour la production, la distribution, le stockage et l’utilisation finale d’hydrogène propre. Les États-Unis ont également publié une stratégie et une feuille de route nationales pour un hydrogène propre (U.S. National Clean Hydrogen Strategy and Roadmap). Plus récemment, en juillet 2023, ils ont publié un décret (Invent it here, make it here), précisant que les agences fédérales devront donner la priorité à l’industrie manufacturière nationale lorsque des technologies innovantes financées par les États-Unis seront mises sur le marché.

L’initiative technologique sur 10 ans intitulée «Made in China 2025 47 », publiée en 2015, vise à moderniser la capacité industrielle de la Chine, notamment en mettant fin à la dépendance du pays à l’égard des importations de technologies étrangères au profit d’innovations chinoises. En juillet 2023, la Chine a annoncé des restrictions à l’exportation de matières premières utilisées dans la fabrication d’un large éventail d’applications techniques, dont les semi-conducteurs et d’autres technologies avancées (gallium et germanium).

Début 2023, le Japon a présenté le plan de base japonais pour la Gx: politique de transformation verte 48 .. Il s’agit d’une stratégie de décarbonation sur 10 ans de 150 mille milliards de JPY (950 milliards d’EUR 49 ) visant à promouvoir le développement de technologies innovantes et à parvenir à une réduction des émissions de CO2 «au-delà de zéro» d’ici à 2050.

Au cours de la même période, l’Inde a investi 350 milliards d’INR 50 (4 milliards d’EUR 51 ) dans la sécurité énergétique et la transition écologique du pays (en mettant l’accent sur l’énergie solaire et la production d’hydrogène vert), dans le but de parvenir à zéro émission nette d’ici à 2070.

En plus d’accroître l’utilisation circulaire des matières premières et de diversifier les approvisionnements, l’UE vise à développer massivement la production d’énergies propres et à en accélérer le déploiement. Cela aidera l’UE à asseoir sa primauté industrielle dans des secteurs à croissance rapide et à changer de statut en passant d’un importateur net de technologies «zéro net» à un producteur disposant d’une solide base manufacturière interne.

La Commission a présenté les plans conçus à cette fin dans le plan industriel du pacte vert. Ce dernier vise à stimuler la compétitivité des énergies propres de l’UE en simplifiant le cadre réglementaire, en accélérant l’accès au financement, en renforçant les compétences et en soutenant les échanges commerciaux. Elle a ensuite publié le règlement pour une industrie «zéro net» (RIZN) et le règlement sur les matières premières critiques (RMPC). La proposition de RIZN vise à surmonter les obstacles au développement de la production de technologies «zéro net». Elle devrait fournir un cadre réglementaire permettant de simplifier et d’accélérer les procédures d’autorisation, d’améliorer l’accès aux marchés pour les technologies «zéro net» et de promouvoir une série d’outils. La proposition de RMPC permettrait à l’UE de stimuler le secteur de l’énergie en garantissant l’accès aux matières premières critiques nécessaires pour les énergies renouvelables et les énergies propres, ainsi qu’à d’autres secteurs stratégiques. Elle met également l’accent sur la diversification des chaînes d’approvisionnement afin de renforcer la résilience et la préparation en temps de crise et de stimuler l’économie circulaire.

En février 2022, la Commission a également présenté une proposition de règlement européen sur les semi-conducteurs 52 afin de remédier aux pénuries de semi-conducteurs et de renforcer le leadership technologique de l’Europe. Ce règlement, entré en vigueur le 21 septembre 2023, permettra de mobiliser plus de 43 milliards d’EUR en investissements publics et privés et contiendra des mesures visant à anticiper toute rupture future des chaînes d’approvisionnement, à s’y préparer et à y réagir rapidement, conjointement avec les États membres et les partenaires internationaux de l’UE. L’objectif est de doubler la part de l’UE dans la production mondiale de puces à 20 % d’ici à 2030.

À la suite du plan REPowerEU et du plan industriel du pacte vert, la Commission a simplifié les règles en matière d’aides d’État permettant aux États membres d’octroyer des aides d’État pour faciliter le déploiement rapide de projets de production d’énergies renouvelables et mettre en œuvre des mesures de décarbonation industrielle de manière à parvenir à une économie à zéro émission nette. L’encadrement temporaire de crise et de transition (ETCT) 53 , adopté en mars 2023, autorise les aides en faveur de toutes les technologies renouvelables et du stockage de l’hydrogène renouvelable et des biocarburants, et supprime la nécessité de recourir à des procédures d’appel d’offres ouvertes pour des technologies moins matures. Il élargit également les possibilités d’aide à la décarbonation des procédés de production industrielle grâce à l’électrification et/ou l’utilisation d’hydrogène renouvelable et électrolytique. L’ETCT autorise également des régimes de soutien à l’investissement pour la production de technologies «zéro net» stratégiques, y compris la possibilité d’accorder des aides plus élevées pour correspondre aux aides reçues pour des projets similaires par des concurrents établis en dehors de l’UE. Cette mesure a été en outre complétée par l’adoption, en juin 2023, d’une révision du règlement général d’exemption par catégorie (RGEC) 54 .

Grâce à ces propositions, l’UE intensifie son action pour attirer davantage de capitaux dans l’UE à investir dans les énergies propres et dans leur production. Pour étayer ces initiatives, elle apporte un soutien au titre de plusieurs fonds et instruments. Par exemple, en mai 2023, la Commission a présenté l’initiative phare de 2024 pour le soutien au plan industriel du pacte vert au titre de l’instrument d’appui technique 55 afin d’aider les États membres à mettre en œuvre le plan industriel du pacte vert.

Afin de soutenir encore et de stimuler les investissements dans des technologies énergétiques critiques et propres, la Commission a présenté, en juin 2023, la plateforme «Technologies stratégiques pour l’Europe» (STEP) 56 . Cette plateforme fournit un financement au titre du Fonds européen pour l’innovation, un instrument d’investissement essentiel pour soutenir la production d’énergies propres. Les résultats du troisième appel à projets à grande échelle 57 montrent déjà que les projets présélectionnés pour bénéficier d’une subvention au titre de cet appel du Fonds pour l’innovation du SEQE, ainsi que les projets précédemment attribués, couvriront 17 % des objectifs de production solaire du RIZN à l’horizon 2030, 11 % des objectifs de production d’électrolyseurs et 7 % des objectifs de production de batteries, si tous les projets sont réalisés. En outre, parallèlement à d’autres investissements, la facilité pour la reprise et la résilience soutiendra également la construction d’usines de fabrication d’électrolyseurs, de panneaux solaires photovoltaïques et de batteries.

L’UE ne part pas de zéro, étant donné qu’un certain nombre de projets sont déjà en cours dans le cadre de plusieurs technologies. Au cours des derniers mois, l’UE a connu des évolutions majeures sur le marché en ce qui concerne les nouveaux projets et les annonces d’investissements aux fins de la production de technologies «zéro net» dans l’UE. Il s’agit notamment de l’énergie solaire photovoltaïque, de l’énergie éolienne, des batteries, des pompes à chaleur, des électrolyseurs et des piles à combustible. Les réserves de projets ont également continué d’évoluer. Concernant ces chaînes de valeur des technologies «zéro net» clés, au mois d’août 2023, plus de 100 projets étaient prévus pour renforcer ou étendre les capacités de production existantes 58 . Les excellents résultats toujours obtenus dans le cadre du Fonds pour l’innovation du SEQE, y compris lors du dernier appel à grande échelle largement sursouscrit, montrent qu’il existe une solide réserve de projets européens innovants et concurrentiels.

Dans la chaîne de valeur des batteries, le nombre d’usines géantes de batteries lithium-ion annoncées est passé de 26 à 30 en 2022. Dans la chaîne de valeur de l’énergie solaire photovoltaïque, malgré les défis majeurs auxquels le secteur manufacturier est confronté, plusieurs installations de production existantes envisagent de se développer pour devenir des usines à très grande échelle et ont obtenu un financement au titre du Fonds pour l’innovation à l’issue du dernier appel, et certains nouveaux projets de fabrication à très grande échelle ont été annoncés. Dans l’éolien, plusieurs projets sont envisagés, portant sur de nouvelles installations, l’extension d’installations existantes ou encore la création de nouvelles infrastructures portuaires. Il convient de noter qu’il se peut que tous les investissements annoncés ne soient pas réalisés au final.

Rien qu’en 2022, des accords d’achat d’électricité pour près de 800 MW ont été signés avec l’industrie lourde au sein de l’UE (4,5 GW si l’on considère tous les secteurs) sans aide publique. En ce qui concerne les pompes à chaleur, l’investissement total en vue de la construction de nouvelles capacités de production tout au long de la chaîne de valeur, annoncé au cours des 5 derniers mois et devant être réalisé au cours des 3 prochaines années, s’élève à près de 5 milliards d’EUR.

En ce qui concerne les électrolyseurs, aucune entreprise de l’UE ne produit encore à l’échelle du GW et la technologie est encore en phase de développement. Plusieurs usines de fabrication sont apparues en Europe, notamment grâce au soutien apporté par les aides d’État aux projets importants d’intérêt européen commun, et plusieurs entreprises ont annoncé des projets d’expansion majeure de leurs capacités de production en Europe.

L’augmentation de la demande d’énergies propres ainsi que l’évolution rapide des événements géopolitiques ont mis en évidence la dimension stratégique des chaînes de valeur des technologies énergétiques propres. Compte tenu de la dépendance de l’UE à l’égard des pays tiers, il est essentiel de renforcer la compétitivité du secteur européen des énergies propres en augmentant sa capacité de production interne, en diversifiant les chaînes d’approvisionnement et en renforçant les mesures de circularité. Sur la base des projets déjà en cours, l’UE a présenté une série complète d’initiatives et d’instruments visant à développer et à renforcer les chaînes de valeur des technologies énergétiques propres de l’UE. La réalisation de cet objectif sera essentielle pour renforcer l’autonomie stratégique de l’UE tout en soutenant la transition vers un continent neutre en carbone. Cela nécessitera une action coordonnée sous différents angles. Par exemple, il est primordial de veiller à ce que le secteur ait accès à une offre suffisante de travailleurs qualifiés.

2.3Capital humain et compétences: combler les déficits et les pénuries de compétences afin d’éviter les goulets d’étranglement 

Les données les plus récentes sur l’emploi et les compétences dans le monde montrent que, malgré l’évolution positive du taux d’emploi, les déficits et pénuries de compétences observés depuis 2021 pourraient freiner la croissance du secteur des énergies propres.

Dans l’UE, l’emploi dans le secteur des énergies renouvelables représentait 1,5 million de personnes en 2021, soit une hausse de 12 % par rapport à 2020 59 , dépassant de manière considérable la croissance de l’emploi dans l’ensemble de l’économie (0,6 %), ce qui constitue une augmentation notable après le blocage de l’emploi entre 2015 et 2020.

La croissance de l’emploi enregistrée en 2021 dans le secteur des énergies renouvelables au sein de l’UE est principalement liée aux pompes à chaleur et aux biocarburants solides. Depuis 2020, le secteur des pompes à chaleur est le principal employeur (26 % des emplois en 2021), suivi du secteur des biocarburants solides 60 . En 2021, le secteur de l’énergie solaire photovoltaïque a vu son emploi augmenter de 35 % par rapport aux valeurs de 2020, devenant ainsi le troisième secteur le plus important, devant le secteur de l’éolien.

Cette tendance positive devrait se poursuivre, soutenue par les priorités stratégiques de l’UE en matière de production et de déploiement d’énergies propres. Pour atteindre les objectifs du plan REPowerEU à l’horizon 2030, des effectifs supplémentaires seront nécessaires pour le déploiement des énergies propres, sachant que les énergies éolienne et solaire sont susceptibles, à elles seules, de créer 100 000 emplois supplémentaires dans l’UE 61 . Si l’on tient compte de tous les secteurs des énergies renouvelables, la réalisation des objectifs de REPowerEU nécessitera la création de plus de 3,5 millions d’emplois d’ici à 2030 62 . En ce qui concerne l’industrie manufacturière, les scénarios décrits dans le RIZN prévoient entre 198 000 et 468 000 nouveaux emplois ainsi qu’entre 1,7 et 4,1 milliards d’EUR d’investissements pour le perfectionnement, la reconversion et le recyclage professionnels 63 . Enfin, on estime que, dans l’UE, 3 à 4 millions de travailleurs de la construction auront à développer leurs compétences en matière d’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment 64 .

Toutefois, l’industrie de l’UE dans son ensemble et l’industrie manufacturière des énergies propres en particulier ont connu depuis 2021 une augmentation des pénuries de main-d’œuvre. Cela s’explique principalement par le fait que la demande de travailleurs qualifiés augmente plus rapidement que l’offre, comme en témoigne le doublement du taux de vacance d’emploi en 2019-2023.

Au troisième trimestre 2023, les pénuries de main-d’œuvre dans les segments manufacturiers du secteur des énergies renouvelables sont restées élevées, comme indiqué dans l’édition 2022 du rapport sur les progrès réalisés en matière de compétitivité, sachant que 25 % des entreprises de l’UE actives dans la fabrication d’équipements électriques 65 sont confrontées à des pénuries. Le secteur de l’énergie est l’un des secteurs connaissant des pénuries persistantes de main-d’œuvre depuis 10 ans dans certaines professions, telles que les installateurs et les réparateurs d’équipements électriques, et il s’agit également d’un des secteurs les plus touchés par le vieillissement de la main-d’œuvre 66 , ce qui aggrave les pénuries structurelles de main-d’œuvre.

Les besoins en compétences et en main-d’œuvre peuvent constituer un frein à la croissance, en particulier dans les secteurs où le degré de spécialisation est élevé 67 . Les secteurs de l’énergie et de l’industrie manufacturière figurent parmi les secteurs présentant les besoins les plus criants en matière de reconversion et de perfectionnement professionnels dans les compétences techniques et les compétences spécifiques à la fonction, dans la mesure où plus de la moitié de la main-d’œuvre doit bénéficier d’un renforcement des compétences 68 . En 2019, trois quarts des entreprises de l’industrie de l’UE ont déjà rencontré des difficultés à trouver des travailleurs possédant les compétences dont elles avaient besoin 69 . En 2023, près de 4 petites et moyennes entreprises sur 5 signalent qu’il leur est généralement difficile de trouver des travailleurs possédant les compétences requises 70 .

Les politiques en matière de compétences, les conditions de travail, les politiques ayant trait à la mobilité et à la migration, ainsi que des actions visant à aider les personnes à rejoindre le marché du travail 71 sont essentielles pour remédier à ces pénuries. 2023 était l’Année européenne des compétences. Le budget de l’UE 72 joue un rôle central dans la promotion du développement des compétences, y compris concernant le perfectionnement et la reconversion professionnels. Outre des initiatives intersectorielles 73 , l’UE a présenté un certain nombre de mesures spécifiques visant à accélérer le développement des compétences dans le cadre de la transition écologique, et en particulier dans le secteur des énergies propres. Ces initiatives comprennent un soutien aux partenariats à grande échelle en matière de compétences pour l’écosystème industriel des énergies renouvelables 74 , lancés en mars 2023, ainsi que le règlement pour une industrie «zéro net», qui propose de renforcer les compétences aux fins des technologies «zéro net» en mettant en place des programmes de formation spécifiques pour la transition écologique (par exemple sur les matières premières, l’hydrogène, les pompes à chaleur et les technologies solaires). La Commission se penche également sur le renforcement des compétences dans le cadre du prochain plan d’action sur les pompes à chaleur.

Comme indiqué plus haut, les politiques d’activation peuvent également contribuer à remédier aux pénuries de compétences et de main-d’œuvre dans le secteur, y compris en ce qui concerne la sous-représentation des femmes. Quant à la main-d’œuvre dans le secteur énergétique de l’UE, le déséquilibre entre les hommes et les femmes est considérable. En 2022, la proportion de femmes occupant un emploi dans les secteurs de l’électricité, du gaz, de la vapeur et de la climatisation n’était que de 26,6 %, même si ce pourcentage varie d’un État membre à l’autre (34 % au Portugal et 14,5 % en Croatie). L’industrie solaire photovoltaïque compte la plus forte proportion de femmes employées dans le secteur des énergies renouvelables, avec un pourcentage de 47 %, tandis que les femmes ne représentent que 21 % de la main-d’œuvre dans l’industrie éolienne mondiale. Les politiques, dont les politiques en matière de compétences, visant à encourager la participation des femmes à ces emplois peuvent contribuer à accroître le réservoir de talents qui est essentiel à la croissance et à la compétitivité futures de ce secteur.

2.4De la recherche et de l’innovation à l’adoption par le marché: tracer la voie du succès pour l’UE

La recherche et l’innovation (R&I) sont essentielles à la conception de solutions énergétiques propres qui soient encore plus performantes et moins coûteuses.

En 2021, les dépenses publiques de R&I dans les priorités de l’union de l’énergie 75 étaient – en prix courants – plus élevées qu’il y a dix ans. Toutefois, en pourcentage du PIB, ces dépenses sont restées inférieures aux niveaux d’avant 2016, tant à l’échelon national qu’à l’échelon de l’UE. Les autres grandes économies ont également connu la même tendance ( Figure 2 ).

En 2021, plus de la moitié des États membres de l’UE fournissant des données 76 ont augmenté, par rapport à 2020, les investissements publics de R&I dans les priorités de l’union de l’énergie, avec 5,4 milliards d’EUR déclarés à ce jour 77 .

Depuis 2020, le programme Horizon 2020 et son successeur, Horizon Europe, ont gonflé de plus de 2 milliards d’EUR par an le financement des programmes nationaux des États membres, donnant ainsi un coup de fouet indispensable aux investissements dans la R&I. Bien que le niveau des financements nationaux soit faible par rapport aux grandes économies, si l’on prend en considération les fonds de l’UE, cette dernière occupait en 2021 le premier rang parmi les grandes économies en ce qui concerne les investissements publics en R&I destinés aux priorités de l’union de l’énergie en dépenses absolues (8,2 milliards d’EUR 78 , devant les États-Unis avec 7,7 milliards d’EUR), ce qui représente une amélioration par rapport à 2020 79 . L’UE occupait également la deuxième place en ce qui concerne la part de PIB (0,056 %, le Japon étant en tête avec 0,057 % 80 ).

En ce qui concerne les investissements privés dans la R&I, on estime que les dépenses de 2020 dans les technologies liées aux priorités de l’union de l’énergie en matière de R&I ont également augmenté dans toutes les grandes économies. Conformément aux conclusions du rapport 2022 sur les progrès réalisés en matière de compétitivité 81 , en 2020, le secteur privé de l’UE a continué d’investir des montants comparables – en termes absolus – à ceux des États-Unis et du Japon, représentant environ 80 % de l’ensemble des financements en matière de R&I. En ce qui concerne les investissements privés en R&I en pourcentage du PIB, l’UE continue de se positionner devant les États-Unis, mais derrière les grandes économies asiatiques ( Figure 2 ).

Figure 2. Investissements publics et privés en matière de R&I dans les grandes économies, en pourcentage du PIB 82 .

Source 1: JRC, à partir de données de l’AIE 83 , de données de Mission Innovation 84 et de propres données 85 .

Depuis 2014, les dépôts de brevets de l’UE liés aux priorités de l’union de l’énergie en matière de R&I ont augmenté de 5 % en moyenne par an 86 . Bien qu’il existe des différences notables dans les tendances observées en matière de brevets, tant entre les États membres qu’entre les technologies, l’UE conserve, dans l’ensemble, une position de force en ce qui concerne les brevets protégés au niveau international. De manière générale, entre 2014 et 2020, l’UE a occupé la deuxième place après le Japon en ce qui concerne les dépôts de brevets internationaux et la première place dans le domaine des énergies renouvelables (29 %) et de l’efficacité énergétique (24 %). Elle a toutefois perdu du terrain dans le domaine des systèmes intelligents (17 %, se classant au quatrième rang des grandes économies).

Comme souligné dans le rapport 2022 sur les progrès réalisés en matière de compétitivité et dans les orientations à l’intention des États membres pour la mise à jour des plans nationaux en matière d’énergie et de climat pour la période 2021-2030 87 , la mise en place d’une trajectoire de R&I efficace nécessite un nombre suffisant d’experts et d’entrepreneurs, soutenus par une utilisation coordonnée des programmes de l’UE, nationaux et régionaux. Elle nécessite également des cibles et des objectifs nationaux clairs en matière de R&I pour 2030 et 2050, une coopération accrue entre les États membres et un suivi continu des activités nationales en matière de R&I. Les efforts conjoints et coordonnés entre les États membres, notamment dans le cadre du plan stratégique pour les technologies énergétiques (plan SET) révisé, ainsi que les plans nationaux en matière d’énergie et de climat 88 constituent également une occasion unique d’approfondir le dialogue sur la R&I dans le domaine des énergies propres et sur la compétitivité entre l’UE et ses États membres.

Enfin, il est essentiel de continuer à accélérer le transfert, sur le marché, des innovations de l’UE en matière d’énergie propres. Cet objectif est défini dans le nouveau programme européen d’innovation, avec le soutien de sources de financement de l’UE telles qu’InvestEU, le Conseil européen de l’innovation, le programme LIFE et le Fonds pour l’innovation. Les États membres sont également invités à encourager l’expérimentation, conformément aux orientations récentes 89 sur les sas réglementaires, les bancs d’essai et les laboratoires vivants. Des mesures supplémentaires sont également nécessaires pour attirer des capitaux privés.

2.5Le paysage du capital-risque: attirer des capitaux dans l’UE 90  

Au fil des années, la politique de l’UE en matière d’innovation s’est enrichie et le paysage institutionnel a évolué avec elle. L’objectif est de combler le déficit de fonds propres dans l’UE et de réduire la fragmentation des marchés du capital-risque et des écosystèmes d’innovation. Cela passe notamment par des initiatives complémentaires visant à encourager les investissements en fonds propres et à stimuler le financement des jeunes entreprises innovantes et des entreprises en expansion innovantes. Pour n’en citer que quelques-uns, le Fonds du Conseil européen de l’innovation (CEI) est le fer de lance de l’UE en matière de capital-risque et vise à financer l’innovation radicale dans le cadre du pilier III «Europe innovante» du programme Horizon Europe. Le nouveau programme européen d’innovation 91 comprend des initiatives supplémentaires visant à accélérer la croissance des start-ups deep tech dans l’UE. Le Fonds InvestEU mobilise, au moyen de garanties provenant du budget de l’UE, des investissements publics et privés, y compris des fonds destinés à fournir des financements en fonds propres.

Les investissements en capital-risque étant en première ligne de l’innovation, ils sont essentiels pour stimuler la compétitivité de l’UE et renforcer son autonomie stratégique ouverte dans le secteur des énergies propres. En 2022, des facteurs macroéconomiques, tels que la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, ont entraîné une baisse des financements mondiaux en capital-risque. Le total des investissements en capital-risque 92 dans les entreprises de l’UE a diminué de 18 % en 2022 par rapport à 2021. Une tendance similaire est observée aux États-Unis (-20 %), en Chine (-36 %) et dans le monde au premier semestre 2023. 

Les investissements mondiaux en capital-risque dans les énergies propres ont enregistré de meilleurs résultats que d’autres segments 93 tels que la biotechnologie ou le numérique. En 2022, le secteur mondial des énergies propres a attiré une part croissante des investissements en capital-risque 94 , plus élevée de 4,4 % en 2022 par rapport à 2021, pour atteindre 39,5 milliards d’EUR, soit 6,2 % de l’ensemble des investissements en capital-risque. Malgré cette tendance positive persistante observée depuis 2015, les investissements se sont ralentis depuis la croissance affichée entre 2019 et 2020 (+ 37 %) et le record enregistré en 2021 (+ 109 %).

Dans l’UE, les investissements en capital-risque dans le secteur des énergies propres ont atteint 7,4 milliards d’EUR en 2022, soit une augmentation de 42 % par rapport à 2021. L’UE représentait 19 % – une part croissante – des investissements mondiaux en capital-risque dans les entreprises de technologies énergétiques propres, se classant en troisième position derrière les États-Unis (38 %) et la Chine (28 %) 95 . Les investissements en capital-risque dans le secteur des énergies propres se sont également révélés plus résilients dans l’UE – où les investissements tant de démarrage que de stade ultérieur ont augmenté en 2022 – que dans le reste du monde. Néanmoins, ils demeurent largement axés sur quelques technologies (principalement la fabrication de batteries, le recyclage et les véhicules électriques).

Les investissements mondiaux en capital-risque dans les technologies stratégiques «zéro net», telles que définies dans la proposition de RIZN, ont représenté 20,8 milliards d’EUR en 2022 (contre 19,5 milliards d’EUR en 2021). Toutefois, en 2022, les investissements en capital-risque dans les technologies stratégiques «zéro net» dans l’UE ont augmenté à un rythme plus lent (+ 2,3 % entre 2021 et 2022) par rapport au taux de croissance global observé dans le secteur des énergies propres. Les États-Unis ont dépassé l’UE, enregistrant une hausse de 41 % en 2022 par rapport à 2021, compte tenu de la nette augmentation investissements en capital-risque effectués dans l’hydrogène renouvelable et les piles à combustible, le biogaz/biométhane durable, les pompes à chaleur et la géothermie. Dans l’UE, les investissements étrangers de stade ultérieur réalisés dans ces domaines technologiques ont augmenté beaucoup plus rapidement en 2022 que les investissements intra-UE, représentant plus de la moitié de l’ensemble des financements des entreprises de l’UE en 2022 (contre 15 % au total en 2021). En général, à l’exception des technologies des batteries, l’UE n’a toujours pas pleinement exploité sa capacité à attirer des accords favorisant une croissance plus élevée, comme l’ont fait les États-Unis et la Chine dans le domaine des technologies stratégiques «zéro net».

Pour stimuler la compétitivité, la résilience et le leadership de l’UE, il est essentiel de veiller à ce que les capitaux continuent d’être acheminés vers les entreprises de l’UE à l’échelle nécessaire de manière à accélérer le déploiement des technologies stratégiques «zéro net». Des marchés de capitaux profonds et intégrés ainsi qu’un cadre efficace pour la finance durable sont des conditions préalables essentielles à la mobilisation d’investissements privés à grande échelle en faveur des énergies propres. Dans le prolongement du plan d’action de 2020 pour la mise en place d’une union des marchés des capitaux, la Commission a présenté toutes les propositions législatives prévues. L’adoption rapide par les colégislateurs des propositions en suspens contribuerait à améliorer l’accès au financement, à diversifier les sources de financement pour les entreprises et à lutter contre les obstacles structurels qui entravent les services financiers transfrontières. Tout en développant le cadre pour la finance durable, la Commission a continué de répondre aux besoins des utilisateurs et a adopté une série de mesures et d’initiatives destinées à réduire la complexité, à améliorer la facilité d’utilisation des règles et à aider les parties prenantes à les appliquer. Elle a aussi pris des mesures pour simplifier les obligations de déclaration en vue de réduire la charge administrative pesant sur les entreprises.

En juin 2023, la Commission a proposé de mettre en place la plateforme «Technologies stratégiques pour l’Europe» (plateforme STEP) dans le but de renforcer et de mobiliser les instruments actuels de l’UE (en particulier le Fonds du CEI, InvestEU et le Fonds pour l’innovation) afin d’allouer des fonds (par exemple, en affectant des fonds publics) et de fournir un soutien financier aux investissements dans les technologies propres. Cela peut contribuer à réduire les risques liés aux investissements dans l’innovation, à combler le fossé entre, d’une part, les promoteurs de projets et, d’autre part, les investisseurs institutionnels et les entreprises investisseuses et, à terme, à canaliser davantage les investissements du secteur privé.



3.ÉVALUATION DE LA COMPÉTITIVITÉ DES TECHNOLOGIES STRATÉGIQUES «ZÉRO NET»

Cette section évalue la compétitivité des technologies stratégiques «zéro net» mentionnées dans le règlement pour une industrie «zéro net» (RIZN). Elle donne un aperçu de la manière dont la technologie et le marché évoluent pour répondre aux objectifs du pacte vert pour l’Europe et du plan REPowerEU. La proposition de RIZN mentionne huit technologies stratégiques «zéro net» en vue d’atteindre l’objectif, défini dans le paquet «Ajustement à l’objectif 55», consistant à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2030. Il s’agit des technologies liées à l’énergie solaire (photovoltaïque et thermique), à l’éolien terrestre et aux énergies renouvelables en mer, aux électrolyseurs et piles à combustible, aux batteries et au stockage, au biogaz et biométhane durables, au captage et stockage du carbone, aux pompes à chaleur et à l’énergie géothermique, ainsi qu’aux réseaux électriques. Dans la proposition de RIZN, l’UE fixe un critère de référence générique global pour chacune de ces technologies stratégiques «zéro net» afin de garantir que d’ici à 2030, la capacité de production dans l’UE des technologies stratégiques «zéro net» approche ou atteigne au moins 40 % des besoins annuels de déploiement de l’UE.

L’analyse fondée sur des données probantes sur laquelle repose la présente section a été réalisée dans le cadre de l’Observatoire interne des technologies de l’énergie propre (CETO) de la Commission 96 .

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3.1Énergie solaire photovoltaïque 

L’énergie solaire photovoltaïque (PV) est la technologie de production d’électricité connaissant la croissance la plus rapide. Dans la plupart des pays, elle fournit de l’électricité à un coût moindre que les centrales électriques à combustibles fossiles. Elle joue un rôle central dans tous les scénarios visant à parvenir à un système énergétique neutre pour le climat 97 . Dans l’UE, l’énergie solaire photovoltaïque a déjà généré 7 % de la production d’électricité en 2022 à partir d’une capacité installée cumulée de 212 GWp 98 . La stratégie de l’UE pour l’énergie solaire 99 vise à atteindre une capacité installée de 600 GWac (720 GWp) d’ici à 2030, soit quatre fois plus par rapport aux niveaux de 2021. La chaîne de valeur du photovoltaïque est dominée par les pays asiatiques, en particulier la Chine. Néanmoins, l’alliance européenne pour l’industrie solaire photovoltaïque lancée le 9 décembre 2022 a pour ambition d’accroître la capacité de production de l’UE afin d’atteindre au moins 30 GWp tout au long de la chaîne d’approvisionnement d’ici à 2025. Toutefois, la concurrence internationale est rude pour attirer les investissements dans la production.

Les installations photovoltaïques dépendent dans une très large mesure de la technologie des plaquettes de silicium cristallin, laquelle continue d’améliorer l’efficacité de conversion énergétique et de réduire l’utilisation de matières premières. En 2022, les modules commerciaux offraient un rendement moyen de 21,1 % et un rendement maximal de 24,7 % 100 . Les matières innovantes, telles que les perovskites, offrent des possibilités de gains supplémentaires en ce qui concerne l’efficacité de conversion énergétique: en mai 2023, un dispositif tandem perovskite/silicium a affiché un nouveau record d’efficacité de 33,7 % 101 . Des lignes pilotes pour ces tandems sont en cours de développement, y compris dans l’UE, mais les produits commerciaux ne sont pas encore disponibles.

En 2022, des entreprises de l’UE étaient actives dans la production de silicium, de lingots/plaquettes, de cellules, de modules et d’onduleurs, et proposaient des produits commerciaux. La production d’onduleurs reste de loin le plus grand segment de production solaire de l’UE, avec une capacité de production de près de 70 GW, soit environ 5 GW de plus qu’en 2021. L’UE compte également un important producteur de silicium polycristallin, qui exporte principalement vers la Chine. Dans l’UE, au début de 2023, la capacité de production nominale annuelle atteignait 8,28 Gw pour les modules, 0,86 Gw pour les cellules, et 1,4 Gw pour les lingots et plaquettes 102 . Selon les estimations, les fabricants de l’UE ont assemblé environ 4 GW de modules en 2022, la plupart au départ de cellules importées. Cela représente une part de 10 % du marché de l’UE 103 .

En 2022, les entreprises chinoises ont fourni au moins les trois quarts de la capacité mondiale à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement du photovoltaïque 104 et constituaient les principaux exportateurs de plaquettes, de cellules et de modules 105 . En outre, les entreprises chinoises produisent plus de 80 % du silicium polycristallin mondial, une matière première utilisée dans la production de plaquettes. À elle seule, la région ouïgoure en Chine fournit quelque 35 % du silicium polycristallin mondial (contre 45 % en 2020), mais de vives inquiétudes ont été émises à son encontre quant au recours au travail forcé 106 .

Les prix de l’énergie solaire photovoltaïque sont restés globalement stables en 2022, les modules classiques se situant à 0,35 EUR/W, mais ont recommencé à baisser au cours du premier semestre de 2023 en raison d’une concurrence intense et d’une offre excédentaire de composants tout au long de la chaîne de valeur. Le prix a chuté à un niveau record en septembre 2023, se situant à près de 0,22 EUR/Wp 107 , de sorte qu’il était plus difficile pour les fabricants de l’UE de produire de façon rentable.

Le marché du photovoltaïque a poursuivi sa croissance significative en 2022, la capacité installée mondiale atteignant 1 185 GWp (croissance annuelle de 230 GWp). La Chine était le seul plus grand marché avec environ 90 GWp. Il s’agit d’une année record pour l’UE, avec une capacité installée de 41 GWp (part de 18 %). Cette croissance a été tirée par l’Espagne (8,1 GWp), l’Allemagne (7,5 GWp), la Pologne (4,9 GWp) et les Pays-Bas (3,9 GWp) 108 . Le segment résidentiel a été particulièrement prégnant, puisqu’il représente plus de 50 %. Les prix élevés de l’électricité ont stimulé la compétitivité de l’électricité solaire photovoltaïque (qui, à l’échelle des services d’utilité publique, présente le coût actualisé le plus bas parmi toutes les autres technologies et sur presque tous les marchés 109 ).

Alors que l’énergie solaire photovoltaïque devrait poursuivre sa croissance rapide dans le monde entier, des initiatives stratégiques ont été prises au cours des 12 derniers mois dans différentes zones géographiques (par exemple, les États-Unis, l’Inde et l’UE) en vue de développer une production plus locale pour les systèmes et les composants solaires photovoltaïques. À cet égard, l’UE devrait tirer parti de sa position en tant que l’un des plus grands marchés pour les systèmes photovoltaïques, de ses activités de recherche et de développement de premier plan au niveau mondial, et d’une société qui accorde une grande importance à la réduction des incidences sur l’environnement, à la protection de la biodiversité et aux chaînes d’approvisionnement éthiques.

Néanmoins, les producteurs de l’UE sont toujours confrontés à des coûts plus élevés que ceux de leurs concurrents 110 . Ce phénomène peut être atténué par des mesures telles que celles proposées dans le RIZN, dans REPowerEU ou dans la réforme de l’organisation du marché de l’électricité qui vise à réduire les coûts de l’énergie et de financement et à accélérer les procédures d’autorisation pour les installations de production. Il faudra en outre envisager des usines de production à plus grande échelle et mettre l’accent sur des produits innovants, à haute efficacité et à faibles émissions de carbone, ainsi que sur des procédés de fabrication avancés et plus durables. Quant à l’importance pour le secteur de réduire au minimum les incidences sur l’environnement, la proposition de législation en matière d’écoconception et d’étiquetage énergétique pour les panneaux photovoltaïques et les onduleurs peut constituer un moteur important. Une préoccupation immédiate est la surcapacité de production mondiale actuelle 111 . Bien que cette surcapacité permette de maintenir les prix sur les marchés locaux à un niveau faible (du moins dans l’UE), elle n’incite pas à tirer pleinement parti des capacités actuelles.

Pour développer le marché de l’UE, il est essentiel de poursuivre les actions visant à améliorer les procédures d’autorisation et à renforcer l’adhésion du public. Le marché résidentiel du photovoltaïque dispose d’une marge de croissance considérable, mais cela dépendra de l’évolution continue à la baisse, ou non, du coût des systèmes de batteries. Des applications spécialisées, telles que diverses formes de photovoltaïque intégré et d’autres options de déploiement innovantes, peuvent également connaître une croissance significative du marché, en particulier pour les fabricants de l’UE.

3.2Énergie solaire thermique 

L’énergie solaire thermique 112 est susceptible de contribuer de manière significative à la décarbonation du système énergétique, ainsi que le reconnaît la stratégie de l’UE pour l’énergie solaire. Les technologies solaires thermiques n’utilisent que peu, voire pas, de matières premières critiques et peuvent offrir des taux élevés de recyclage 113 .

L’exploitation d’une nouvelle génération de centrales solaires à forte concentration, utilisant généralement des sels fondus pour le transfert de chaleur et offrant huit heures minimum de stockage thermique, renforce la confiance dans ces types de systèmes qui contribuent à améliorer la fiabilité du réseau électrique grâce à une électricité concurrentielle. L’UE est traditionnellement à la pointe de cette technologie, mais elle est confrontée à une forte concurrence de la part de la Chine qui, par exemple, a occupé la première place en 2020 en ce qui concerne les brevets de grande valeur. Les entreprises de l’UE continuent de participer à des projets internationaux aux Émirats arabes unis et en Afrique du Sud, ainsi qu’à plusieurs appels d’offres en cours. Ici également, les entreprises chinoises jouent un rôle de premier plan compte tenu de l’expertise acquise dans la construction de plus de 1 GW de systèmes sur leur marché national. À l’échelle mondiale, des centrales d’énergie solaire concentrée (ESC) pour une capacité totale de 6,4 GW sont opérationnelles. La totalité ou presque des 2,4 GW installés dans l’UE se situe en Espagne. De nouvelles centrales sont en cours de construction aux Émirats arabes unis, en Chine et en Afrique du Sud, et peuvent augmenter la capacité de 1,8 GW d’ici à 2025. Dans l’UE, aucune nouvelle centrale n’a été mise en service depuis 2014, mais l’Espagne prévoit d’ajouter au moins 2 GW d’ici à 2030 114 .

Les technologies de chauffage et de refroidissement solaires offrent une série d’options pour les bâtiments, les réseaux de chauffage urbain et les procédés industriels. Le coût actualisé actuel du chauffage/refroidissement (20 à 110 EUR/MWh en Europe 115 ) peut être concurrentiel par rapport au chauffage au gaz, en particulier dans les zones où les ressources solaires sont bonnes. La part de marché globale de l’UE reste faible, se situant à 0,678 TWh (0,1 %), par rapport à une demande totale de chaleur dérivée de 651 TWh en 2021 116 . Dans l’UE, le secteur des collecteurs vitrés aurait augmenté de 10 % en 2022, un taux encourageant, bien qu’inférieur au taux nécessaire pour tripler la capacité entre 2021 et 2030, comme le propose la stratégie pour l’énergie solaire. Les systèmes solaires thermiques alimentent des systèmes de chauffage urbain dans 264 villes d’Europe (ce qui correspond à moins de 5 % des 6 000 117 villes en activité). La forte demande de chaleur industrielle au sein de l’UE, de l’ordre de 150 °C à 400 °C, constitue également une bonne occasion de déployer l’énergie solaire thermique. Par exemple, le projet DECARBOMALT en Croatie (soutenu par le Fonds pour l’innovation de l’UE) utilisera de la chaleur solaire pour le maltage. Les entreprises de l’UE desservent une part importante du marché européen des chauffe-eau solaires et exportent également. En 2022, elles ont dû faire face à d’importantes perturbations de la chaîne d’approvisionnement 118 .

Il est nécessaire de poursuivre l’action de manière à stimuler la compétitivité du secteur solaire thermique de l’UE (que ce soit le solaire concentré ou le solaire non concentré), tant au niveau des composants, avec une normalisation et une intensification, qu’au niveau du système, avec des solutions intégrées rentables, en particulier pour répondre aux besoins de l’industrie. En ce qui concerne la production d’électricité solaire concentrée, une conception appropriée des enchères et des conditions d’accès au marché adaptées peuvent améliorer la capacité de la technologie à répondre aux pics de demande en dehors des heures de jour.

3.3Énergie éolienne terrestre et en mer 

L’énergie éolienne joue un rôle significatif dans la transition de l’UE vers la neutralité carbone. Le plan REPowerEU préconise un déploiement plus rapide de l’énergie éolienne, avec comme objectif d’atteindre 510 GW de capacité éolienne d’ici à 2030 119 . Selon les projections, l’énergie éolienne devrait représenter 31 % de la capacité d’électricité installée en 2030 au sein de l’UE. Dans le même temps, le secteur éolien de l’UE est confronté à plusieurs défis. Pour relever ces défis et renforcer la compétitivité de l’UE dans ce secteur, la Commission a adopté le plan d’action pour l’énergie éolienne.

En 2022, l’UE disposait d’une capacité installée cumulée totale de 204 GW (189 GW à terre; 16 GW en mer). 16,2 GW ont été installés en 2022 (15 GW à terre; 1,2 GW en mer) 120 , ce qui représente une augmentation de près de 50 % par rapport à 2021. En 2022, de nouvelles capacités ont été installées à terre principalement en Allemagne, en Suède et en Finlande, tandis que les capacités en mer ont été installées surtout en France et aux Pays-Bas. Le secteur 121 prévoit d’installer une capacité d’énergie éolienne de 20 GW par an dans l’UE au cours des 5 prochaines années, un chiffre en dessous des 30 GW/an nécessaires pour atteindre les objectifs de 2030 122 . De manière générale, la Chine reste en tête en ce qui concerne la capacité éolienne, avec une capacité cumulée de 334 GW (31 GW en mer) et une capacité de 37,6 GW ajoutée en 2022, dont 5 GW en mer. L’UE occupe la deuxième place, et les États-Unis la troisième place avec une capacité totale de 144 GW. Le total mondial de nouvelles capacités éoliennes installées en 2022 s’élevait à 68 GW à terre et à 9 GW en mer 123 . En janvier 2023, les États membres de l’UE ont conclu des accords non contraignants sur des objectifs par bassin maritime pour les énergies renouvelables installées en mer, ce qui donne pour l’UE un résultat cumulé de 109 à 112 GW d’ici à 2030, de 215 à 248 GW d’ici à 2040 et de 281 à 354 GW d’ici à 2050 124

Le secteur éolien de l’UE demeure l’un des acteurs les plus puissants sur le marché mondial. Les fabricants de l’UE représentaient 85 % du marché européen de l’énergie éolienne et 30 % de la part de marché mondiale en 2022, soit un recul par rapport aux 42 % enregistrés en 2019 125 . En ce qui concerne plus particulièrement le secteur de l’éolien en mer, la part de marché des entreprises de l’UE pour les installations situées dans l’UE en 2022 a atteint 94 %. Pour atteindre les objectifs de REPowerEU, il sera essentiel d’accélérer massivement le déploiement de l’énergie éolienne. Toutefois, l’augmentation des coûts tout au long de la chaîne de valeur compromet la viabilité économique de plusieurs projets. Les constructeurs éoliens de l’UE sont confrontés à d’autres défis en raison des faibles volumes d’installation, du niveau élevé de l’inflation, des prix des matières premières et des taux d’intérêt, de l’accès limité aux capitaux et de la lenteur et de la complexité des procédures d’autorisation qui ne reflètent pas les conditions spécifiques du marché: autant de facteurs qui ont eu une incidence négative sur le secteur.

Selon le secteur, l’inflation des prix des matières premières et d’autres intrants a entraîné une hausse de 40 % du prix des éoliennes au cours des deux dernières années 126 . Plus important encore, il existe des goulets d’étranglement persistants dans le processus d’autorisation – auxquels il a déjà été remédié au niveau de l’UE, même s’il subsiste des problèmes tels que l’insuffisance des effectifs au regard du nombre élevé de demandes d’autorisation dans les administrations publiques – ainsi qu’un manque de visibilité en ce qui concerne la réserve de projets à venir. Ces facteurs ont conduit le secteur européen des éoliennes à faire état de pertes et à émettre des avertissements répétés sur les bénéfices.

Compte tenu de l’importance stratégique de l’énergie éolienne pour l’UE, des mesures doivent être prises pour renforcer la compétitivité du secteur. Pour stimuler la croissance de la chaîne d’approvisionnement de l’énergie éolienne dans l’UE, il est nécessaire de diversifier les importations de matières premières, de poursuivre la mise en œuvre des principes de l’économie circulaire et d’accroître les capacités de production. La proposition de règlement pour une industrie «zéro net» ainsi que la proposition de règlement sur les matières premières critiques ont été conçues pour garantir la résilience de la chaîne d’approvisionnement de l’UE dans tous les segments. Un soutien est également nécessaire pour réaliser des investissements substantiels dans les réseaux, les infrastructures portuaires ainsi que dans les navires d’installation et d’entretien. Les volumes d’installation doivent augmenter afin de générer des économies d’échelle et d’instaurer la stabilité et la prévisibilité nécessaires pour soutenir les investissements et faire valoir les arguments économiques en faveur d’une production éolienne rentable. Il convient d’accélérer l’octroi des autorisations et de simplifier les procédures, et les États membres devraient également accroître la transparence et la visibilité des futures enchères et des réserves de projets à venir. Le soutien continu des pouvoirs publics, en particulier par la mise à disposition d’un personnel suffisant et qualifié pour le traitement des dossiers d’autorisation, ainsi que la mise en place d’un environnement favorable aux entreprises seront essentiels pour maintenir la position concurrentielle de l’UE dans le secteur de l’énergie éolienne. Les financements de l’UE et des États membres devraient être utilisés pour promouvoir et intensifier l’innovation, dans le respect des règles de l’UE en matière d’aides d’État. Pour remédier aux problèmes auxquels le secteur éolien de l’UE est actuellement confronté, la Commission a adopté un plan d’action pour l’énergie éolienne, qui contribuera à accélérer encore davantage les procédures d’autorisation, à améliorer les systèmes d’enchères dans l’ensemble de l’UE, à faciliter l’accès au financement et à renforcer les chaînes d’approvisionnement.

3.4Énergie océanique 

Il est demandé dans la stratégie de l’UE de 2020 sur les énergies renouvelables en mer 127 que des mesures soient prises afin d’installer une capacité commerciale de 1 GW d’énergie océanique d’ici à 2030 et de 40 GW d’ici à 2050. 

L’énergie océanique englobe cinq technologies distinctes: l’énergie marémotrice cinétique, l’énergie marémotrice potentielle, l’énergie houlomotrice, l’énergie thermique des mers et l’énergie osmotique. Les technologies marémotrice et houlomotrice sont les plus avancées. À l’échelle mondiale, plus de 98 % de l’ensemble 128 de la capacité combinée actuellement opérationnelle provient de la technologie marémotrice potentielle (521,5 MW), laquelle inclut la centrale marémotrice de 240 MW de La Rance (France), construite en 1963 129 . En 2022, les nouvelles installations de dispositifs d’énergie océanique étaient limitées tant dans le monde que dans l’UE 130 . À l’heure actuelle, seuls quelques dispositifs ont atteint le stade commercial, mais plusieurs d’entre eux se trouvent à des niveaux de maturité technologique plus élevés, les énergies marémotrices ayant convergé vers des types spécifiques de dispositifs. Les obstacles au développement de ce secteur proviennent principalement de son manque de maturité. Les dispositifs et les procédures ne sont pas encore optimisés, ce qui entraîne des coûts élevés (avec un LCOE moyen pour les dispositifs d’énergie houlomotrice de 0,27 EUR/kWh et pour les dispositifs d’énergie marémotrice de 0,2 EUR/kWh), des procédures d’autorisation longues, une pénurie de financements, des concepts non éprouvés et l’absence de conceptions dominantes. Néanmoins, plusieurs projets pilotes devraient être opérationnels d’ici à 2025 131 .

Selon le secteur 132 , au cours des dix dernières années, l’UE a investi plus de 375 millions d’EUR dans la recherche, le développement et l’innovation dans le domaine de l’énergie océanique en mettant en place plusieurs programmes de financement. Le programme de travail d’Horizon Europe pour la période 2023-2024 prévoit un montant indicatif supplémentaire de 94 millions d’EUR de soutien. Depuis 2018, le Conseil européen de l’innovation a financé 10 projets liés à l’énergie océanique, pour un budget total (pour l’énergie océanique) de quelque 25 millions d’EUR. Selon la plateforme technologique et de l’innovation européenne (ETIP) pour l’énergie océanique, le leadership de l’UE dans le domaine des énergies houlomotrice et marémotrice pourrait générer une activité économique de 140 milliards d’EUR et créer 500 000 emplois, avec un marché mondial de 293 GW d’ici à 2050 133 .

Les produits de fabrication spécialisés tels que les boîtes de vitesses, les générateurs, les systèmes de contrôle et les systèmes de transmission sont les plus susceptibles d’être achetés en Europe. Les terres particulièrement rares utilisées dans les aimants permanents des turbo-générateurs sont considérées comme des matières premières critiques dans le secteur de l’énergie océanique. Le dysprosium, le néodyme, le praséodyme, le terbium et le borate sont exposés à des risques élevés en matière d’approvisionnement.

L’UE occupe une position de leader dans le développement du secteur de l’énergie océanique avec 41 % des promoteurs dans le domaine de l’énergie marémotrice cinétique bénéficiant d’un niveau de maturité technologique supérieur à 5 dans l’UE 134 , et jouant un rôle de premier plan avec les Pays-Bas, la France et l’Irlande. Les acteurs hors UE sont principalement basés au Royaume-Uni, au Canada, aux États-Unis et en Chine. De même, 52 % des entreprises qui développent des dispositifs d’énergie houlomotrice sont situées dans l’UE 135 . Le Danemark compte le plus grand nombre de projets de développement, suivi par l’Italie et la Suède. En dehors de l’UE, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Australie et la Norvège comptent un grand nombre de promoteurs dans le domaine de l’énergie houlomotrice.

En 2022, la Chine a dépassé l’UE dans le nombre de publications scientifiques et est désormais leader tant dans le domaine de l’énergie houlomotrice que dans le domaine de l’énergie marémotrice. L’UE occupe la deuxième place dans ces deux catégories d’énergie océanique 136 . Des mesures conjuguant innovation technologique, politiques d’accompagnement, réduction des coûts, et intégration systématique de technologies, de procédés ou de dispositifs plus fiables à long terme sont indispensables pour donner aux investisseurs les garanties et la confiance nécessaires et renforcer ainsi la compétitivité de l’UE dans le secteur de l’énergie océanique. La création d’enchères spécifiques à une technologie peut permettre le déploiement de dispositifs commerciaux qui, à leur tour, contribueront à réduire le LCOE et mettront en évidence les avantages de l’énergie océanique pour le système. Le partage d’infrastructures avec d’autres installations d’énergies renouvelables (par exemple, l’éolien en mer) et le développement de plateformes communes pour des activités multiples (par exemple, l’aquaculture) peuvent également être utiles pour stimuler le développement de l’énergie océanique.

3.5Batteries

Les batteries jouent un rôle crucial dans la transition vers une énergie propre, tant pour les applications de transport que pour les applications stationnaires. Alors que l’UE s’oriente vers des véhicules utilitaires légers neufs exclusivement à émissions nulles d’ici à 2035 137 , elle augmente aujourd’hui considérablement sa production interne de batteries pour être compétitive à l’échelle mondiale, atteindre ses objectifs politiques et éviter l’apparition de nouvelles dépendances à l’égard des combustibles fossiles.

La production de batteries dans l’UE devrait atteindre une capacité de 458 GWh d’ici à 2025 et de 1 083 GWh d’ici à 2030 138 , étant ainsi en bonne voie pour répondre à la demande attendue au sein de l’UE 139 , 140 . L’Alliance européenne pour les batteries joue un rôle clé dans ce contexte et, en 2022, le réseau industriel européen pour la production de batteries, dans le cadre de l’Alliance, est passé de 750 à 800 membres répartis sur l’ensemble de la chaîne de valeur. L’écosystème européen des batteries représente à ce jour quelque 180 milliards d’EUR d’engagements d’investissement, principalement privés 141 .

Malgré le déclin global du marché automobile de l’UE en 2022, les ventes de véhicules électriques entièrement à batterie (BEV) dans l’UE ont augmenté de 28 % par rapport à 2021, représentant 12,1 % 142 (1,12 million) des 9,1 millions de véhicules vendus sur les marchés de l’UE. Au total, les BEV, les véhicules électriques rechargeables et les véhicules électriques hybrides représentaient 44,1 % des ventes de voitures dans l’UE en 2022 143 . La tendance à la hausse se poursuit et, en octobre 2023, 81 9000 unités pour les seuls BEV, ou 1,288 million d’unités pour l’ensemble des véhicules électriques rechargeables 144 ont été vendues dans l’EU-27. Au niveau mondial, la tendance indique 14 millions d’unités d’ici à la fin de 2023 (+ 35 % par rapport à 2022), ce qui pourrait représenter au final 18 % du total des ventes de voitures en 2023 145 .

Alors que la plupart des batteries seront utilisées dans le secteur automobile, le stockage stationnaire augmente également de manière exponentielle. Selon les prévisions, des systèmes de stockage d’énergie par batterie pour une capacité de 154 GWh devraient être installés à l’échelle mondiale d’ici la fin de 2023, soit 102 % de plus qu’en 2022 146 , dont environ 10 % dans l’UE 147 .

Bien que la production mondiale ait augmenté de 180 % par rapport à 2017, une fois de plus, la très forte demande mondiale de lithium a dépassé l’offre en 2022. En 2022, environ 60 % de la demande de lithium, 30 % de la demande de cobalt et 10 % de la demande de nickel étaient destinés aux batteries des véhicules électriques (contre respectivement 15 %, 10 % et 2 % en 2017) 148 . Après une décennie marquée principalement par une chute des prix, et malgré la proportion croissante de produits chimiques à plus bas coût tels que le lithium-phosphate de fer (LFP) 149 , 150 , le prix moyen des blocs de batteries lithium-ion (LIB) a atteint 136 EUR/kWh 151 en 2022, soit une hausse de 7 % par rapport à 2021. En Europe, en raison de coûts de production plus élevés, le prix moyen était de 152 EUR/kWh en 2022, soit 24 % de plus qu’aux États-Unis et 33 % de plus qu’en Chine 152 . La loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act, IRA) annonce 134 milliards de dollars US 153 (113 milliards d’EUR 154 ) pour soutenir l’industrie américaine des batteries. Selon BloombergNEF 155 , la part de l’Europe dans les annonces d’investissements à l’échelle mondiale portant sur les capacités de production de batteries lithium-ion est passée de 41 % en 2021 à 2 % en 2022. Il convient de garder à l’esprit que de telles annonces d’investissements importants sont généralement «irrégulières» et ne suivent pas un schéma linéaire. Depuis la mi-2023, les projections indiquent que les États-Unis devraient dépasser la capacité de production de l’UE prévue pour 2031. Alors que les États-Unis ont ajouté 436 GWh (augmentation de 57,9 %) à leur réserve de projets depuis l’entrée en vigueur de l’IRA, l’UE n’en a ajouté que 25 GWh (3 %) 156 . Si l’on tient compte du soutien apporté par l’IRA et du niveau moins élevé des prix américains de l’énergie, le prix effectif des batteries de l’UE serait supérieur de 40 % à celui des États-Unis et le prix des batteries pour un BEV 157 européen pourrait être plus élevé de 4 000 EUR, un écart de prix qui risque d’avoir une incidence négative sur le déploiement des capacités de production dans l’UE 158 .

Le marché des batteries stationnaires de l’UE connaît également une croissance constante. Au cours du premier trimestre de 2023, la base installée dans l’UE pour le stockage de réseau (à l’exception des systèmes de pompage-turbinage) correspondait à environ 11 GW/14,7 GWh d’actifs de stockage, dont environ 5,3 GW/5,6 GWh étaient des installations en amont du compteur. Au moins ~19 GW/42,3 GWh en amont du compteur sont actuellement en cours de développement 159 . Le stockage par batteries domestiques en aval du compteur augmente également rapidement. En Allemagne, par exemple, il est passé de 2,0 GW à la mi-2022 à 4,1 GW (+ 105 %) à la mi-2023 160 . Toutefois, pour atteindre les objectifs de l’UE définis dans le paquet «Ajustement à l’objectif 55» et dans le plan REPowerEU, le déploiement du stockage stationnaire de l’énergie doit s’accélérer rapidement pour répondre à la demande prévue de 200 GW d’ici à 2030 161 .

La demande de batteries au lithium prévue dans l’UE est actuellement estimée à environ 1 TWh d’ici à 2030 162 . Bien que la Chine continue de couvrir la majeure partie de la demande excédentaire de l’UE, les investissements privés de l’UE dans la production locale de batteries inciteront les entreprises à construire des usines à proximité des lignes de production de véhicules électriques afin de réduire les coûts de transport. Malgré les effets potentiellement négatifs de l’IRA sur l’expansion des chaînes de valeur des batteries de l’UE, le nombre d’usines de batteries en construction dans toute l’UE ne cesse d’augmenter et devrait permettre de répondre à la majeure partie de la demande de l’UE d’ici à 2030. Par exemple, Stellantis 163 a poursuivi son projet comme prévu et, en 2023, a inauguré en France la première (capacité finale de 40 GWh/a) des trois usines géantes de batteries ACC 164 situées dans l’UE. Au total, les trois usines devraient représenter 25 % de la demande totale prévue pour l’UE en 2030 165 , ce qui correspond à une capacité totale de 250 GWh d’ici à 2030.

L’augmentation relative la plus importante qu’il est nécessaire de réaliser pour atteindre les objectifs de 2030 concerne le domaine du recyclage 166 En 2023, seuls quelque 50 kilotonnes de déchets ont été recyclés en Europe, par rapport à la demande prévue de 200 à 800 kilotonnes d’ici à 2030 167 . Une forte intensification du recyclage permettrait à l’UE d’accroître sa présence aux premiers stades de la chaîne de valeur et, partant, la sécurité de l’approvisionnement. Le partenariat sur les batteries au titre d’Horizon Europe, doté d’un budget de près de 1 milliard d’EUR, soutient la recherche et l’innovation dans ce domaine. Il convient d’allouer les subventions de manière judicieuse afin d’éviter toute distorsion sur le marché unique, ce qui est vital tant pour la compétitivité que pour l’innovation.

3.6Pompes à chaleur 

La directive révisée sur les énergies renouvelables 168 comprend de nouveaux objectifs pour les énergies renouvelables dans le secteur du chauffage et du refroidissement, ainsi que dans l’industrie et les bâtiments, et appelle à une meilleure intégration du chauffage dans le réseau électrique. La législation relative à l’écoconception 169 et à l’étiquetage énergétique 170 prévoit des dispositions supplémentaires en faveur du remplacement des chaudières à combustibles fossiles. En outre, la Commission prépare actuellement un plan d’action de l’UE visant à accélérer le déploiement des pompes à chaleur 171 .

Dans les dix-huit États membres de l’UE couverts par la European Heat Pump Association (EHPA), 17,4 millions de pompes à chaleur individuelles principalement destinées au chauffage étaient en service fin 2022. Leurs ventes ont augmenté de 41 % en 2022 pour atteindre 2,75 millions d’unités 172 . Au cours du premier semestre de 2023, les ventes de pompes à chaleur ont continué d’augmenter dans l’UE, tandis que dans certains pays, comme l’Italie, les ventes ont diminué par rapport au premier semestre 2022, en raison de l’évolution des régimes d’aide nationaux et des ratios défavorables entre les prix de l’électricité et du gaz 173 . Des scénarios de décarbonation fondés sur des modèles ont mis en évidence un potentiel de croissance élevé. Selon le modèle POTENCIA du JRC, par exemple, le nombre de pompes à chaleur individuelles utilisées principalement pour le chauffage dans l’UE (13 millions en 2020) devrait, selon les projections, être multiplié par 2,5 d’ici à 2030 et presque par 10 d’ici à 2050. La capacité unitaire devrait diminuer de moitié d’ici à 2050, grâce à une meilleure isolation des bâtiments; cela correspond à l’ambition du plan REPowerEU consistant à installer au minimum 30 millions de pompes à chaleur d’ici à 2030.

Le chauffage urbain peut être l’option de chauffage privilégiée dans les zones urbaines densément peuplées, où les grandes pompes à chaleur peuvent récolter de l’énergie à partir de chaleur solaire, géothermique ou excédentaire provenant de la chaleur industrielle ou urbaine. Le projet Heat Roadmap Europe 174 estime une part de marché potentielle de 50 % pour le chauffage urbain d’ici à 2050 en Europe, avec une capacité d’environ 25 à 30 % basée sur les grandes pompes à chaleur électriques. Cela pourrait couvrir jusqu’à 38 % de l’ensemble de la production de chauffage urbain 175 .

Le potentiel technique des pompes à chaleur industrielles 176 varie selon les secteurs, allant d’environ 65 % de chaleur industrielle dans l’industrie papetière, à 40 % dans l’industrie alimentaire et à 25 % dans l’industrie chimique. Rien qu’en Europe, des pompes à chaleur d’une capacité combinée de 15 GW pourraient être mises en place dans près de 3 000 installations 177 .

Selon les estimations, la capacité de production de l’UE a permis de couvrir 75 % de la demande de pompes à chaleur hydroniques individuelles dans l’UE en 2021 178 . Toutefois, les fabricants de l’UE dépendent des importations de composants (tels que les vannes d’expansion et les vannes à 4 voies provenant principalement de Chine), ainsi que des compresseurs, onduleurs et réfrigérants synthétiques, principalement importés de Chine, d’Asie du Sud-Est 179 et des États-Unis. Leur production ne nécessite pas de matières premières critiques, mais est influencée par les longs délais actuels pour les puces électroniques, les échangeurs de chaleur, les pompes, les câbles et les réservoirs 180 .

En ce qui concerne les pompes à chaleur individuelles, la croissance sur le marché intérieur a été partiellement absorbée par les importations. Le déficit de la balance commerciale a plus que doublé par rapport à 2021 pour atteindre 856 millions d’EUR en 2022, contre un excédent de 186 millions d’EUR cinq ans auparavant. Les importations en provenance de Chine ont doublé en 2021 pour atteindre 533 millions d’EUR et ont presque doublé de nouveau pour atteindre 898 millions d’EUR en 2022 181 .

La base manufacturière en Europe est relativement fragmentée, avec 175 installations de production, dont des multinationales et des PME 182 . Comparativement, les grandes entreprises asiatiques et américaines peuvent bénéficier d’économies d’échelle. Les fabricants de pompes à chaleur hydroniques investissent à une échelle et à une vitesse sans précédent dans des capacités de production basées en Europe, avec des investissements atteignant près de 5 milliards d’EUR 183 sur la période 2023-2026, ainsi que dans la création d’une nouvelle plateforme d’accélération des pompes à chaleur qui permettrait d’accélérer le déploiement des pompes à chaleur. En ce qui concerne les grandes pompes à chaleur destinées à des applications commerciales et de réseau, l’industrie européenne occupe une position dominante sur le marché. Concernant les pompes à chaleur industrielles également, on compte 17 fabricants dans l’UE, dont 8 en Norvège, et seulement 3 fabricants non européens (tous basés au Japon). Les principaux composants (compresseurs, par exemple) sont fabriqués localement 184 .

La R&I dans le domaine des pompes à chaleur individuelles donnerait un nouvel élan à la compétitivité de l’UE grâce à la conception de produits de l’UE plus efficaces, plus compacts, silencieux et esthétiques, ainsi que plus numérisés et plus souples afin de réduire au minimum le renforcement des réseaux électriques. La compétitivité des pompes à chaleur utilisant des réfrigérants naturels bénéficiera de l’introduction de normes internationales pertinentes 185 dans les systèmes de certification des installateurs de manière à garantir une utilisation en toute sécurité des réfrigérants inflammables à l’intérieur des bâtiments. Des outils sont nécessaires pour évaluer le degré de préparation des pompes à chaleur utilisées dans des bâtiments individuels ou multifamiliaux et pour proposer des solutions. Parallèlement aux activités de R&I visant à améliorer l’automatisation dans la fabrication, la modularisation et la rationalisation des installations de pompes à chaleur, la consolidation de la base manufacturière au sein de l’UE contribuerait à réduire les coûts initiaux des pompes à chaleur et à stimuler la compétitivité de l’UE sur le plan mondial 186 . 

En ce qui concerne les pompes à chaleur industrielles, la coopération entre les secteurs utilisateurs finaux et le secteur des pompes à chaleur dans le but d’optimiser et de normaliser les produits permettrait également de réduire les coûts et les risques liés à leur déploiement. Les entreprises de services énergétiques peuvent diminuer le risque pour les utilisateurs finaux en proposant un modèle de crédit-bail.

3.7Énergie géothermique 

La directive révisée sur les énergies renouvelables fixe des objectifs contraignants pour le chauffage et le refroidissement à partir de sources renouvelables et encourage le déploiement de la chaleur géothermique directe. Le règlement sur les matières premières critiques devrait selon toute attente accroître les possibilités d’exploitation des ressources géothermiques nécessaires pour coproduire des matières premières critiques, en particulier le lithium.

 

L’énergie géothermique profonde présente le facteur de capacité le plus élevé parmi toutes les sources d’énergie renouvelables (lequel peut dépasser 80 % 187 ), ainsi que des coûts d’exploitation peu élevés et une large base manufacturière. En 2022, la capacité d’électricité géothermique profonde a atteint 16,1 GWe dans le monde 188 , avec 877 MWe dans l’UE 189 . Aucune nouvelle usine n’a été mise en service en 2022 en Europe et l’augmentation mondiale de 286,4 MWe, principalement au Kenya, en Indonésie et aux États-Unis, a été inférieure à la tendance annuelle de 3 % d’avant pandémie 190 . Une tendance plus prometteuse montre que l’utilisation de chaleur géothermique directe a enregistré un taux de croissance constant de 9 % dans l’UE depuis 2010 191 , en particulier pour le chauffage et le refroidissement urbains. Il existe aujourd’hui 261 systèmes utilisant la chaleur géothermique directe, avec 12 nouveaux systèmes ajoutés en 2022 (5 rien que pour la France).

L’UE occupe une position forte en ce qui concerne les investissements dans la R&I, les brevets et les publications scientifiques. Les financements en R&I de la Commission européenne et des États membres placent l’UE au premier rang mondial en ce qui concerne le soutien public au secteur entre 2010 et 2020, devant les États-Unis. Au cours de la même période, l’UE a également été à l’origine du plus grand nombre de nouveaux brevets de grande valeur, avant d’être dépassée par la Chine en 2019 192 .

Bien que la technologie relative aux systèmes géothermiques améliorés (EGS) n’ait pas encore atteint sa maturité, la R&I a permis de nouveaux développements dans le stockage de la chaleur et du froid dans le sous-sol, l’évaluation et l’exploration de ressources, les systèmes géothermiques en circuit fermé, ou encore dans l’utilisation du CO2 stocké pour la production d’électricité.

Les turbines destinées à la production d’électricité géothermique sont principalement fabriquées par quelques grands groupes industriels tels que Toshiba (JP), Fuji Electric (JP), Mitsubishi Heavy Industries (JP), Ormat Technologies (États-Unis/IL) et Ansaldo Energia (IT), principalement non européens, sauf quelques exceptions notables en Italie. Le marché de la construction d’installations géothermiques est réparti entre de multiples entreprises publiques et privées 193 . Dans le secteur du chauffage urbain, les fournisseurs d’équipements géothermiques pour la partie souterraine des installations sont principalement actifs dans l’industrie pétrolière et gazière. Les pompes, les vannes et les systèmes de contrôle sont généralement importés des États-Unis et du Canada. Les opérations d’exploration et de forage, qui représentent les principaux coûts des projets de géothermie profonde, sont aux mains de quelques entreprises spécialisées non européennes 194 .

En 2022, le secteur a été confronté à des pénuries de main-d’œuvre, d’équipements et de matières premières, tels que les plateformes de forage ou l’acier pour les tubages. L’énergie géothermique n’utilise que très peu de matières premières critiques, mais l’extraction du lithium à partir de saumures géothermiques riches en lithium, comme dans le cas du projet commercial actuellement en cours dans le sud de l’Allemagne 195 , peut contribuer à atténuer la dépendance de l’UE à l’égard des importations.

Le secteur a besoin de disposer non seulement d’un plus grand nombre de données sur le sous-sol afin de réduire les risques liés au développement des ressources, mais aussi de techniques d’exploration moins coûteuses et plus fiables et de procédés de production innovants afin d’élargir l’éventail des sites géologiques exploitables, tels que les systèmes géothermiques améliorés (EGS) ou les systèmes géothermiques en circuit fermé. La simplification des procédures d’octroi de licences, la mise en place de mécanismes de réduction des risques, la sensibilisation du public de même que le développement des compétences de la main-d’œuvre seraient également bénéfiques pour le secteur.

3.8Électrolyse de l’eau pour la production d’hydrogène renouvelable

L’électrolyse de l’eau est actuellement la seule technologie clé en mesure de produire de l’hydrogène renouvelable à grande échelle. Elle peut contribuer à la décarbonation de secteurs dans lesquels il est difficile de réduire les émissions, que ce soit dans l’industrie ou dans les transports lourds, maritimes et aériens, ou contribuer à d’autres utilisations telles que le stockage de l’énergie (en particulier saisonnier).

Dans l’UE, la directive révisée sur les énergies renouvelables fixe des sous-objectifs spécifiques à l’horizon 2030 pour l’utilisation de carburants renouvelables d’origine non biologique destinés à l’hydrogène renouvelable dans l’industrie (42 %) et aux transports (exigence de 1 % de carburants renouvelables d’origine non biologique et de 5,5 % en combinaison avec des biocarburants avancés). Le nouveau règlement délégué relatif à la définition des carburants renouvelables d’origine non biologique 196 définit les exigences relatives à la production de carburants renouvelables d’origine non biologique, y compris l’hydrogène renouvelable, telles que la corrélation temporelle et géographique et le principe d’additionnalité. La Banque européenne de l’hydrogène 197 devrait selon toute attente lancer ses enchères pilotes en novembre 2023, dans le but de garantir des «accords d’achat» à long terme entre les producteurs et les acheteurs, tandis que le pouvoir adjudicateur attribuera jusqu’à 800 millions d’EUR.

La capacité mondiale déployée avec l’utilisation d’électrolyseurs devrait atteindre environ 2 GW d’ici à la fin de 2023 198 , soit une hausse par rapport à la fourchette de 600 à 700 MW obtenue à la fin de 2022 199 , et aux 500 MW atteints à la fin de 2021 200 . Pour la majeure partie de cette capacité, estimée à 50-75 %, les électrolyseurs sont des piles alcalines 201 , le reste étant presque entièrement constitué d’électrolyseurs à membrane d’échange de protons (PEM) 202 . En ce qui concerne la capacité installée, la Chine est en tête avec environ 1 GW de capacité installée attendue d’ici à la fin de 2023, le plus grand projet mondial de 260 MW étant opérationnalisé en 2023, soit une hausse par rapport aux 204 MW déjà installés en 2022. Elle est suivie par l’Europe (EU-27, AELE, Royaume-Uni), avec une capacité attendue de 500 MW d’ici à la fin de 2023 (un quart de la capacité mondiale), soit une augmentation par rapport aux 162 MW en exploitation (août 2022 203 ). En ce qui concerne les États-Unis, il n’existe pas suffisamment de données détaillées et la capacité installée en 2022 a été estimée à 19 MW. Cette croissance repose largement sur des mécanismes de soutien. Toutefois, les études de marché soulignent que les mécanismes de soutien américains devraient susciter une adoption rapide par le marché. Le déploiement s’intensifie à l’échelle mondiale et devrait atteindre une échelle de l’ordre du gigawatt d’ici à la fin de 2023, en partie sous l’effet de ces mécanismes de soutien.

À la fin de 2022, la capacité de production mondiale d’électrolyseurs était estimée à quelque 13 à 14 GW/an, dont environ 3,3 GW/an en Europe 204 .

Des initiatives menées par le secteur, telles que l’alliance européenne pour un hydrogène propre 205 sous l’égide de la Commission européenne, pour promouvoir la primauté industrielle dans le domaine de l’hydrogène renouvelable et bas carbone, ainsi que le partenariat pour les électrolyseurs 206 visent à atteindre 25 GW de capacité annuelle de production d’électrolyseurs d’ici à 2025. La Chine dispose des capacités de production les plus élevées, couvrant au moins la moitié des volumes mondiaux et axées presque exclusivement sur la technologie alcaline. La capacité de production de l’Amérique du Nord est similaire à celle de l’Europe et est à l’heure actuelle davantage axée sur l’électrolyse PEM. En ce qui concerne la compétitivité au niveau des coûts, le prix de l’électricité est l’un des principaux facteurs contribuant au coût final de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau et son poids augmente lors des heures de pleine charge de l’électrolyseur. Selon certaines sources américaines, des prix de l’électricité d’environ 30 dollars US/MWh (28,4 EUR/MWh) généreraient un prix pour l’hydrogène de l’ordre de 2 dollars US/kgH2 soit d’environ 1,9 EUR/kgH2 207 .

En Europe, l’entreprise commune «Hydrogène propre» investit 2,4 milliards d’EUR dans l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène 208 . Les investissements stimulés par des projets importants d’intérêt européen commun dans le domaine de l’hydrogène ont donné à plusieurs fabricants la possibilité de construire de nouvelles usines d’électrolyseurs en Europe, renforçant ainsi l’autonomie technologique de l’UE, le savoir-faire industriel et la création d’emplois 209 . On peut citer à titre d’exemple les usines d’Accelera-Cummins (BE, ES) et Topsoe (DK), les usines de John Cockerill (BE, FR) et de Hydrogen Pro (DE), ainsi que les annonces d’entreprises communes entre Siemens et AirLiquide, ou encore Enapter (IT), dans le but de produire pour la première fois un électrolyseur à membrane échangeuse d’anions de l’ordre du mégawatt.

La production d’hydrogène renouvelable connaît certaines difficultés. La perte d’efficacité énergétique constitue un problème, de sorte que la production ne peut se concevoir sans une production significative d’électricité renouvelable. En outre, l’accès aux ressources en eau douce, qui pourrait renforcer le stress hydrique local dans l’UE et dans les pays tiers, devrait être pris en considération lors du lancement de nouveaux projets d’électrolyse de l’eau afin d’éviter la rareté d’un autre élément vital pour la vie humaine.

L’hydrogène renouvelable et ses dérivés ne font pas encore l’objet d’échanges à l’échelle mondiale, malgré l’augmentation du nombre de projets visant à transporter de l’hydrogène dans le monde entier, depuis des régions riches en énergies renouvelables, mais avec une demande relativement faible, vers des régions à forte demande telles que l’Europe et le Japon. Il n’existe pas encore de code spécifique pour les échanges commerciaux d’hydrogène renouvelable. Certains systèmes de certification sur une base volontaire ont été notifiés à la Commission.

L’élaboration de normes de sécurité, y compris pour la manipulation des dérivés de l’hydrogène, dont certains sont toxiques, constitue également un aspect important. La production de systèmes d’électrolyseurs complets pourrait être effectuée à proximité du lieu de déploiement en raison des difficultés rencontrées dans le transport de ces grands systèmes. Toutefois, les matières premières, les matières transformées et les composants peuvent faire l’objet d’échanges à l’échelle mondiale 210 .

Les projets de déploiement connaissent des retards en raison du caractère émergent du marché, des volumes d’électrolyseurs sans précédent et de la complexité économique et technique des projets, ainsi que du fait que les principaux acheteurs industriels retardent leurs investissements en raison de la situation économique actuelle. Le déploiement de projets à grande échelle qui bénéficient d’un soutien de l’UE ou d’aides d’État en raison des risques élevés devrait faire l’objet d’un suivi étroit de la part des parties chargées de la mise en œuvre afin de recenser les goulets d’étranglement et d’y remédier par des réponses opérationnelles proportionnées. Ces projets devraient bénéficier d’efforts accrus en matière de diffusion, à même de garantir également un partage efficace de connaissances précieuses et de bonnes pratiques industrielles, et de générer ainsi des courbes d’apprentissage plus accentuées dans cette industrie encore émergente. Dans ce contexte, le forum sur les PIIEC devrait être lancé prochainement.

Le renforcement des capacités de fabrication européennes doit s’accompagner d’une infrastructure de recyclage adéquate. Des recherches et des investissements supplémentaires seront nécessaires dans le recyclage, y compris en ce qui concerne les matières premières critiques indispensables à la fabrication d’électrolyseurs. Un nouveau défi consistera à mettre au point des matériaux de substitution pour les membranes ayant des niveaux de durabilité et de performance comparables à ceux de l’état actuel de la technique, généralement basés sur des substances fluoroalkylées et polyfluoroalkylées. Des recherches sont nécessaires pour trouver des solutions de substitution satisfaisantes.

3.9Technologies durables de biogaz et de biométhane 

Le biogaz et le méthane durables sont des éléments importants contribuant à ce que l’UE puisse parvenir rapidement, et avec un bon rapport coût-efficacité, à l’autonomie énergétique et à la neutralité climatique. La Commission a proposé un plan d’action pour le biométhane 211 dans le cadre de REPowerEU, soutenu par le partenariat industriel sur le biométhane, avec comme objectif de remplacer environ 10 % du gaz naturel par an par une production durable de biométhane d’ici à 2030. Le règlement sur les marchés intérieurs des gaz naturel et renouvelable et de l’hydrogène 212 facilitera les actions visant à intégrer le biométhane dans le réseau gazier de l’UE.

La technologie commerciale utilisée pour la production de biogaz ou de biométhane est la digestion anaérobie, mais son efficacité au niveau de la production de biométhane est faible. Les technologies innovantes pour la production de biométhane, telles que la gazéification des résidus et des déchets de biomasse et la méthanation biologique du biogaz, sont proches du stade de commercialisation. De nouvelles voies reposant sur des procédés à la fois thermochimiques et biologiques sont en cours d’élaboration. La tendance actuelle à l’augmentation de la production de biométhane consiste à construire de nouvelles centrales et à convertir en centrales de production de biométhane les centrales de biogaz existantes destinées à la production combinée de chaleur et d’électricité.

Le financement public de l’UE dans la R&I en faveur des technologies de production de biométhane pour la période 2014-2021 s’est élevé à 77 millions d’EUR 213 , plaçant ainsi l’UE en tête des inventions de haute valeur à l’échelle mondiale. En 2010-2022, l’UE occupait de loin la première place en ce qui concerne les publications scientifiques, la Chine se classant en troisième position en 2022.

En 2022, l’UE était le plus grand producteur de biogaz 214 , représentant plus de 67 % de la production mondiale de biogaz. 53 % de cette production provient de l’Allemagne, suivie par l’Amérique du Nord avec environ 15 %, tandis que la Chine propose des mesures incitatives en faveur du biogaz pour accroître sa production de biogaz 215 . De nombreuses entreprises européennes sont des acteurs majeurs du marché dans la fabrication d’équipements de production de biogaz ainsi que dans la conception globale et la construction des installations. Le chiffre d’affaires du secteur européen du biogaz s’élevait à 5 530 millions d’EUR en 2021, avec 60 % en Allemagne et 12 % en Italie, et 47 100 emplois directs et indirects 216 .

Les matières premières du biogaz sont variées et proviennent de sources locales en Europe, sans risque de dépendance à l’égard des importations 217 . Grâce aux politiques récentes, l’approvisionnement en matières premières issues d’un système de monoculture non durable (par exemple, le maïs) fait désormais place aux biodéchets et aux sources de biomasse durables. Par exemple, les déchets organiques solides municipaux devront être collectés séparément d’ici à 2024 218 , ce qui permettra de libérer un énorme potentiel. L’UE joue un rôle de premier plan dans le développement technologique du secteur, mais elle sera confrontée à des difficultés d’expansion en raison des coûts de capital et d’exploitation élevés, de la compétitivité-coûts avec le gaz naturel et de l’accès au réseau gazier. Aujourd’hui, les coûts de production du biométhane 219 oscillent entre 40 et 120 EUR/MWh; toutefois, l’innovation technologique, la reproduction de technologies innovantes et pionnières dans le domaine du biométhane, ainsi que les incitations du marché avec le soutien de l’UE grâce à un cadre réglementaire et d’investissement stable pourraient contribuer à faire baisser les coûts de production de 25-50 %. Cela pourrait stimuler la compétitivité de l’UE dans ce secteur. Le passage à l’utilisation de résidus et de déchets en tant que matières premières limite la disponibilité, mais réduit également le coût des intrants. Les installations actuelles sont de petite à moyenne dimension en raison de la disponibilité des matières premières, de la logistique et des coûts. La modernisation des installations existantes de biogaz en vue de la production de biométhane nécessite un coût d’investissement élevé de 1 à 2 millions d’EUR 220 pour les petits exploitants (agriculteurs ou PME), de sorte que des incitations commerciales sont nécessaires. L’injection dans le réseau n’est pas toujours possible, étant donné que les centrales sont construites là où des matières premières sont disponibles et que le réseau gazier n’est pas bien développé dans toutes les régions de l’UE, de sorte que des mesures favorisant l’accès au réseau gazier sont nécessaires. Aujourd’hui, environ la moitié des centrales de biométhane sont connectées au réseau de gaz naturel 221 .

En 2021, le volume de production combinée de biogaz et de biométhane issus de la digestion anaérobie dans l’UE représentait 4,4 % du gaz naturel consommé, soit 18,4 milliards de mètres cubes (milliards de m³) 222 . Sur ce volume, 3,5 milliards de m³ de biométhane ont été produits dans 1 067 installations industrielles à partir de biogaz transformé et 14,9 milliards de m³ de biogaz ont été produits dans 18 843 installations industrielles de digestion anaérobie 223 . L’UE est le plus grand producteur de biométhane au monde. Fin 2020, 1 161 installations de transformation du biogaz étaient opérationnelles dans le monde, avec une capacité de production de 6,7 milliards de mètres cubes par an 224 . Pour atteindre l’objectif de REPowerEU de 35 milliards de m³ en 2030, il faudrait à la fois construire de nouvelles installations et moderniser les usines de production d’électricité à partir de biogaz pour en faire des centrales au biométhane, ou il faudrait environ 5 000 centrales au biométhane supplémentaires de plus petite taille 225 . La production potentielle d’ici à 2050 pourrait atteindre 165 milliards de m³ 226 . La production de bio-GNL destiné au transport connaît une croissance rapide dans l’UE, avec 15 centrales en 2021 et une capacité de 1,24 TWh/an (0,12 milliard de m³ par an). La capacité potentielle d’ici à 2025 pourrait atteindre 12,4 TWh/an dans 104 centrales 227 .

L’innovation dans les technologies et composants durables pour la production de biométhane et la transformation du biogaz peut accroître la capacité de production, la compétitivité-coûts et l’accès au réseau gazier. L’assemblage de chaînes de valeur du biométhane qui soient résilientes implique d’adapter la stratégie de l’UE visant à déployer une production décentralisée et centralisée en tenant compte des conditions locales en matière de disponibilité des matières premières, ainsi que des ressources, des technologies, des coûts et de l’acceptation sociale. La planification stratégique, l’adoption des mesures prévues dans les politiques de l’UE (telles que les infrastructures de collecte séparée et de gestion des déchets organiques) et les signaux de prix découlant d’éventuels objectifs contraignants en matière de production de biométhane sont de nature à faciliter le déploiement. Un soutien continu en faveur de la recherche et de l’innovation sera également important pour sécuriser l’approvisionnement intérieur et accroître la production intérieure à plus long terme.

3.10 Captage et stockage du dioxyde de carbone (CSC) 

Les scénarios de la Commission visant à assurer la neutralité climatique d’ici à 2050 indiquent que l’UE devra capter jusqu’à 477 millions de tonnes de CO2 228 . Les usines de production de ciment, de biomasse solide et d’incinération des déchets fourniront les plus grandes capacités de captage de CO2.

La Commission soutient et réglemente déjà le déploiement du CSC par l’instauration d’un cadre législatif favorable, comprenant la directive CSC 229 et la directive SEQE 230 . La Commission accorde également un financement direct à certains projets, essentiellement dans le cadre du Fonds pour l’innovation et du mécanisme pour l’interconnexion en Europe. La proposition de règlement de la Commission relatif à une industrie «zéro net» définit un objectif européen d’au moins 50 millions de tonnes de capacité d’injection de CO2 par an d’ici à 2030 et imposerait aux producteurs de pétrole et de gaz de l’UE l’obligation de contribuer à la réalisation de cet objectif. Afin de soutenir l’émergence de la chaîne de valeur du CO2 grâce à un cadre d’action global à long terme, la Commission a publié, en 2021, une communication intitulée «Des cycles du carbone durables» 231 et, en 2022, une proposition de règlement établissant un cadre de certification de l’Union relatif aux absorptions de carbone 232 . La Commission publiera et lancera également, au cours du premier trimestre de 2024, une communication relative à une stratégie pour la gestion industrielle du carbone (GIC), couvrant le CSC, le captage et l’utilisation du carbone (CUC), ainsi que les absorptions industrielles de carbone.

Les rapports de mise en œuvre de la directive CSC 233 présentés en 2023 montrent un intérêt croissant pour le CSC de la part des acteurs du marché dans l’ensemble de l’UE. Toutefois, à l’heure actuelle, il n’y a pas d’application homogène de la directive dans tous les États membres de l’UE, ni de réglementation harmonisée pour les infrastructures de transport et de stockage du CO2. L’un des objectifs de la stratégie de gestion industrielle du carbone est de remédier à cette situation. L’UE est relativement bien placée pour ce qui est des technologies de captage du CO2, un certain nombre d’entreprises commercialisant différentes technologies de captage (précombustion, post-combustion et oxycombustion). Toutefois, il n’y a actuellement pas de déploiement à grande échelle. Le coût du CSC varie sensiblement en fonction de facteurs propres au site, de l’évolution technologique, de l’accès au financement et des économies d’échelle réalisées grâce à des infrastructures partagées, ainsi qu’en fonction du secteur et de la technologie. Dans l’ensemble, les coûts de la technologie restent considérables. À titre indicatif, les coûts unitaires en euro/tonne de CO2 oscillent entre 28 et 55 pour le captage, entre 4 et 11 pour le transport, et entre 8 et 30 pour le stockage 234 .

Du point de vue de la recherche, l’UE est bien positionnée sur le marché mondial. En 2021, les investissements publics consacrés à la R&I dans le CSC et le CUC ont atteint environ 170 millions d’EUR, soit encore une fois une augmentation par rapport à l’année précédente.

En ce qui concerne la conception de chaînes de valeur complètes pour la gestion industrielle du carbone, l’UE accuse un retard par rapport à d’autres économies telles que les États-Unis et le Canada 235 . Selon le Global CCS Institute, en septembre 2022, 196 installations de CSC étaient en projet dans le monde, dont 73 en Europe 236 . À la fin de juillet 2023, il n’y avait encore aucun projet opérationnel de stockage du CO2 dans l’UE, et les modèles économiques n’en sont encore qu’à un stade précoce. Il existe un certain nombre de projets de captage du CO2 en vue de son utilisation dans l’industrie et l’agriculture, mais le volume de CO2 est limité.

La demande et l’offre de matières nécessaires dans les chaînes de valeur du CSC et du CUC doivent faire l’objet d’une étude plus approfondie. Toutefois, dans l’ensemble, le CSC est moins exposé que les autres technologies aux risques liés aux matières premières critiques. En 2022, le marché mondial du CSC s’élevait à 6,4 milliards de dollars US (6 milliards d’EUR 237 ). Les États-Unis ont enregistré les revenus les plus élevés dans cette chaîne de valeur, atteignant 1 945 milliards d’EUR en 2021, en grande partie en raison de l’utilisation d’injections de CO2 dans le sous-sol aux fins de la récupération assistée des hydrocarbures. À titre de comparaison, le total des revenus de l’Europe s’élevait à 92 millions d’EUR 238 .

Dans le cadre d’une étude de marché, 186 entreprises clés actives dans les opérations de CSC ont été recensées dans le monde 239 . Parmi celles-ci, 24 % des acteurs clés sont européens ou sont actifs dans ce secteur par l’intermédiaire de filiales européennes. L’UE compte plusieurs acteurs dans le secteur pétrolier et gazier possédant des compétences géologiques considérables et bénéficiant d’une longue expérience dans la construction d’oléoducs et le forage de puits, ce qui sera utile lors du développement de projets d’infrastructure pour le CSC. Les informations qui ressortent des rapports de mise en œuvre de la directive CSC témoignent d’un intérêt croissant de la part des fournisseurs d’infrastructures potentiels, en particulier pour le stockage: au total, sept permis d’exploration et deux permis de stockage ont été délivrés, et plus de 10 demandes de permis de stockage ont été annoncées d’ici à 2028. Aux côtés des compagnies pétrolières et gazières, de nouveaux acteurs sont en train d’émerger, spécialisés dans différentes parties de la chaîne de valeur du CSC. Par exemple, des compagnies maritimes se développent dans le transport de CO2 tandis que des fournisseurs dans le secteur de l’ingénierie élaborent des solutions de captage pour les émetteurs tiers.

Le CSC comprend une série de technologies matures, éprouvées et facilement disponibles. Toutefois, il reste très coûteux et de nombreuses incertitudes subsistent. Le CSC doit être déployé à grande échelle pour contribuer à la neutralité climatique d’ici à 2050. La poursuite des activités de recherche et d’innovation est encore nécessaire pour améliorer les technologies disponibles ou mettre au point de nouvelles solutions innovantes. Les principaux obstacles au déploiement du CSC sont le niveau élevé des investissements initiaux et des coûts d’exploitation, la fragmentation du cadre réglementaire, la complexité des projets d’infrastructure portant sur l’ensemble de la chaîne, ainsi que la sensibilisation du public. Avec le Fonds pour l’innovation, la Commission soutient déjà le captage annuel de plus de 10 millions de tonnes de CO2 à partir de 2026, avec une aide financière accordée aux projets sélectionnés pour une enveloppe totale de plus de 2,5 milliards d’EUR. Cela montre que des financements publics – tant au niveau de l’UE qu’au niveau national – seront nécessaires pour attirer des capitaux privés. En outre, il sera également essentiel de proposer des modèles économiques pour ce marché émergent. 

3.11Technologies de réseau: l’exemple des systèmes en courant continu à haute tension

Le développement des infrastructures énergétiques est essentiel pour intégrer dans le réseau électrique l’électricité produite à partir de sources renouvelables, renforcer la sécurité d’approvisionnement au moyen d’interconnexions transfrontières, améliorer l’accès à une énergie abordable et électrifier l’industrie et les utilisations finales, telles que le chauffage et le refroidissement, ainsi que la mobilité. La stratégie de l’UE pour les énergies renouvelables en mer de même que le règlement RTE-E 240 préconisent une action visant à coordonner la planification et le développement à long terme des réseaux électriques en mer et terrestres afin de répondre aux exigences complexes concernant l’efficacité de l’ingénierie, la viabilité économique et la durabilité environnementale.

Un défi spécifique pour le développement du réseau de transport tient à la nécessité de transporter l’électricité sur de longues distances avec des pertes minimales. Par exemple, relier les plateformes de production d’électricité renouvelable lointaines (par exemple, les parcs éoliens en mer) aux consommateurs (par exemple, les villes et les industries), développer des interconnexions entre pays voisins, ou les deux (par exemple, au moyen d’interconnexions hybrides). Les systèmes en courant continu à haute tension (CCHT) deviennent une technologie fondamentale pour faire face à ce défi 241 .

Les systèmes CCHT (actuellement principalement composés de stations de conversion et de câbles point à point) ont été éprouvés à l’échelle industrielle dans des environnements opérationnels. Il est toutefois de plus en plus nécessaire de passer d’une conception et d’une exploitation technologiques spécifiques à un fournisseur à une technologie multiterminaux et multifournisseurs dotée de capacités de formation de réseau 242 . Cela devrait permettre une meilleure observabilité et un meilleur contrôle du réseau, une plus grande accessibilité des données et de nouveaux services énergétiques. Pour y parvenir, des cadres de coopération multifournisseurs sont indispensables, tels que le projet InterOpera financé par l’UE, qui vise à développer un système de contrôle et de protection basé sur un système CCHT modulaire et interopérable 243 . La technologie des câbles CCHT continue également d’évoluer, étant donné que des niveaux de tension de 525 kV sont désormais disponibles pour les applications terrestres et en mer, et que des niveaux de tension plus élevés devraient être disponibles à l’avenir.

La capacité CCHT installée dans le monde a triplé depuis 2010, atteignant une longueur totale de 100 000 km et une capacité totale de 350 GW à la fin de 2021 244 . En 2022, la capacité CCHT en Europe s’élevait à environ 43 GW, avec 63 GW supplémentaires provenant de 51 nouveaux projets (principalement au stade de la planification et de l’autorisation) 245 . Selon Europacable, au cours des dix prochaines années, entre 10 000 et 14 000 km de nouveaux câbles terrestres CCHT devraient être posés en Europe 246 , bien plus que pour les nouvelles infrastructures en courant alternatif. Les nouvelles installations CCHT sous-marines pourraient être encore plus importantes (entre 39 000 et 58 000 km).

La transition énergétique en Europe et dans le monde devrait continuer à stimuler le déploiement et les marchés de systèmes CCHT. Selon les estimations, la valeur du marché mondial des systèmes CCHT oscille en 2021 entre 9 et 17 milliards de dollars US (entre 7,6 et 14 milliards d’EUR 247 ), avec un taux de croissance annuel composé de 7,1 à 10,6 % au cours des 10 prochaines années 248 .

Le marché mondial des stations de conversion CCHT est dominé par six grands fournisseurs: Hitachi Energy (anciennement ABB) en Suisse/Suède (leader du marché), suivi de Siemens (Allemagne) et General Electric (États-Unis), Mitsubishi Electric (Japon), NR Electric &C-EPRI Electric Engineering (Chine), et Bharat Heavy Electricals Limited (Inde). À l’exception de Hitachi Energy, la plupart des fabricants de stations de conversion achètent des semi-conducteurs de forte puissance (un composant essentiel des soupapes de conversion) auprès de fournisseurs externes. Il s’agit actuellement d’un facteur de risque important, étant donné que la production est concentrée chez Taïwan Semiconductor Manufacturing (TSMC) 249 . En ce qui concerne la fabrication de câbles CCHT, l’UE accueille certains des principaux fabricants de câbles au monde, dont NKT au Danemark, Nexans en France, Südkabel en Allemagne, Prysmian Group en Italie, Hellenic Cables en Grèce, et Tele-Fonika/JDR en Pologne et au Royaume-Uni. Les principaux concurrents internationaux sont Sumitomo au Japon, NBO et ZTT en Chine, et LS Cable en République de Corée.

Selon l’AIE 250 , les délais d’approvisionnement pour les stations de conversion sont généralement de deux à trois ans environ. Toutefois, la livraison complète des projets de transmission CCHT (y compris la planification, la procédure d’autorisation, la passation des marchés et le transport, l’installation, la mise en service finale et la mise sous tension) nécessite beaucoup plus de temps et peut prendre jusqu’à dix ans 251 ). La forte croissance de la demande mondiale peut allonger encore ces délais, étant donné que les promoteurs de toutes les régions du monde se font concurrence pour garantir leur approvisionnement auprès d’un nombre limité de fournisseurs. La taille des projets et la fluidité de la procédure d’autorisation sont des facteurs majeurs lors de la concrétisation des accords (ce qui peut se révéler un défi difficile à surmonter pour certains GRT européens relativement petits).

La modernisation du réseau électrique est un facteur essentiel habilitant pour la transition vers une énergie propre. L’Europe a été un marché attractif pour les promoteurs de projets CCHT et les fournisseurs de technologies, principalement grâce à son statut de pionnier dans le déploiement de l’énergie éolienne en mer et dans l’intégration de la production d’énergies renouvelables. Toutefois, compte tenu de l’augmentation de la demande mondiale de convertisseurs et de câbles CCHT, il existe un risque croissant de sous-approvisionnement du marché européen, ce qui entraîne in fine des retards dans le calendrier de la décarbonation. La fragmentation du marché de l’UE (avec des normes nationales différentes et de nombreux gestionnaires de réseau infranationaux) pourrait désavantager la demande européenne dans le cadre de la concurrence internationale pour la conclusion de marchés. Certains GRT européens affirment déjà rencontrer des difficultés à remporter des marchés à des conditions et avec des délais favorables. En revanche, les fabricants de technologies et d’équipements peuvent hésiter à augmenter leurs capacités en l’absence de signaux clairs d’une demande (globale) à long terme, compte tenu des besoins d’investissement importants. Une coopération plus étroite est nécessaire entre les décideurs politiques, les planificateurs de réseaux et les gestionnaires de réseau, ainsi qu’entre les acteurs du secteur, à tous les niveaux de l’UE, afin de mettre en place des chaînes d’approvisionnement solides en mesure de répondre aux impératifs de développement du réseau. À cette fin, il importe de soutenir et d’accélérer l’harmonisation et la normalisation des composants CCHT afin d’encourager les fournisseurs de l’UE à investir dans des capacités de production. L’introduction de procédures de marchés publics rationalisées et la mise en commun volontaire de la demande pour les acheteurs de l’UE pourraient résoudre les principaux problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement. Enfin, pour maintenir et étendre l’avance technologique de l’UE dans ce secteur, il est important d’investir dans l’innovation (par exemple, dans les capacités de formation de réseau CCHT), de recourir à des «sas réglementaires» et de faciliter l’accès au financement de l’UE pour les démonstrateurs et les projets innovants.



4.CONCLUSION

En réponse à la perturbation du système énergétique mondial, provoquée au départ par la pandémie de COVID-19 et aggravée par l’agression militaire injustifiée et délibérée de la Russie contre l’Ukraine, l’UE a accéléré sa transition vers une énergie propre et a rapidement proposé un train de mesures visant à protéger les citoyens et les entreprises. Stimuler l’utilisation d’énergies renouvelables, réduire la consommation d’énergie et diversifier les chaînes d’approvisionnement énergétique sont autant d’actions au cœur de la réponse de l’UE.

En conséquence, et compte tenu des prix record de l’énergie, les technologies «zéro net» n’ont jamais été aussi concurrentielles par rapport aux combustibles fossiles et leur part de marché a augmenté. En 2022, les nouvelles capacités d’énergie éolienne et solaire installées dans l’UE ont considérablement augmenté par rapport à 2021. Cette tendance devrait se poursuivre, les États membres ayant revu à la hausse leurs objectifs en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique pour 2030, soutenus par le paquet «Ajustement à l’objectif 55». D’autres grandes économies ont emboîté le pas. Selon l’AIE, le marché mondial des principales technologies «zéro net» produites en masse devrait tripler d’ici à 2030, et les emplois connexes dans la production d’énergie devraient doubler au cours de la même période.

Toutefois, dans la course mondiale au zéro émission nette, les fabricants de l’UE accusent un retard, ce qui pourrait compromettre notre sécurité économique. Les prix historiquement hauts de l’énergie, les taux d’intérêt élevés, les pénuries de compétences, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la forte concurrence d’autres régions ont mis en difficulté l’industrie de l’UE comme jamais auparavant, y compris dans les secteurs où celle-ci occupait une position de force. La part de marché du secteur de l’énergie éolienne de l’UE est passée de 58 % en 2017 à 30 % en 2022, notamment en raison de la croissance rapide du déploiement de l’éolien en Chine. Le déficit de la balance commerciale de l’UE dans le secteur des pompes à chaleur individuelles a plus que doublé entre 2021 et 2022. En outre, les prix de l’énergie solaire photovoltaïque ont chuté à un niveau record en septembre 2023 en raison d’une concurrence intense et d’une offre excédentaire de composants tout au long de la chaîne de valeur, de sorte qu’il a été plus difficile pour les fabricants de l’UE de produire de manière rentable. Alors que la part de l’Europe dans les investissements mondiaux réalisés dans la capacité de production de batteries au lithium a chuté de 41 % en 2021 à 2 % en 2022, la construction d’usines de batteries ne cesse de s’accélérer dans toute l’Europe et devrait permettre de répondre à la majeure partie de la demande de l’UE d’ici à 2030.

Par conséquent, tout en poursuivant ses efforts pour faire baisser les prix de l’énergie, l’UE doit également simplifier son cadre réglementaire afin de faciliter et d’accélérer le développement de sa base manufacturière de technologies «zéro net» et d’attirer davantage d’investissements dans l’UE.

Parallèlement, l’UE devrait poursuivre son action de manière à réduire sa dépendance à l’égard des importations et à diversifier efficacement son approvisionnement en composants et en matières premières. Pour la plupart des technologies «zéro net», l’UE dépend de la Chine pour, au minimum, une étape des chaînes de valeur.

L’UE doit également renforcer les compétences de sa main-d’œuvre. Malgré la tendance positive du taux d’emploi enregistrée dans le secteur des énergies propres de l’UE, les déficits et les pénuries de compétences observés depuis 2021 freinent la croissance du secteur des énergies propres et pourraient se prolonger encore en raison des tendances démographiques. Le budget de l’UE ainsi que des initiatives intersectorielles et plusieurs mesures spécifiques présentées par l’UE permettent d’accélérer le développement des compétences dans le cadre de la transition écologique, et en particulier dans le secteur des énergies propres.

En ce qui concerne les investissements dans la R&I, Horizon 2020 et Horizon Europe ont donné une impulsion essentielle aux investissements publics nationaux depuis 2020. Alors que l’UE conserve sa position de force en matière de brevets protégés au niveau international, des efforts accrus en vue d’une utilisation coordonnée des programmes de l’UE et des programmes nationaux et d’une définition claire des objectifs nationaux en matière de R&I pour 2023 et 2050 sont essentiels pour assurer le succès futur des activités de R&I.

Il est indispensable de garantir l’accès au financement pour renforcer les capacités nationales de production de technologies énergétiques propres si l’on veut développer les chaînes de valeur dans l’UE. Le financement devrait notamment permettre de transformer l’innovation en production industrielle. En particulier, l’UE doit veiller à ce que les capitaux continuent d’être acheminés vers les jeunes entreprises innovantes de l’UE. Pour ce faire, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour approfondir les marchés des capitaux de l’Union.

L’UE doit également encourager la coopération en matière de technologies propres avec ses partenaires à l’étranger, de manière ouverte mais affirmée. L’ouverture commerciale et les partenariats internationaux contribueront non seulement à renforcer la compétitivité de l’UE en garantissant des chaînes d’approvisionnement plus diversifiées pour la transition écologique, mais aussi à ouvrir de nouveaux débouchés commerciaux et à aider toutes les économies à atteindre les objectifs de l’accord de Paris.

En outre, l’UE doit continuer à favoriser la demande de technologies «zéro net» qui soient à la fois durables et résilientes afin d’atteindre son objectif de décarbonation tout en stimulant la compétitivité et la sécurité de l’approvisionnement énergétique.

Enfin, des mesures visant à remédier aux problèmes spécifiques rencontrés par certains secteurs, comme l’éolien, sont nécessaires. En ce qui concerne l’économie au sens large, l’UE doit continuer à soutenir son industrie tout au long de la transition vers une énergie propre. À cet égard, une approche ciblée pour chaque écosystème industriel est également indispensable. À cette fin, la présidente de la Commission européenne a annoncé, dans son discours sur l’état de l’Union du 13 septembre 2023, la tenue d’une série de dialogues sur la transition propre avec l’industrie. La compétitivité de l’UE est essentielle pour son autonomie stratégique et il est impératif d’évaluer la manière dont elle peut rester concurrentielle tout en réalisant la transition propre. C’est pourquoi la présidente de la Commission européenne a demandé à Mario Draghi de préparer un rapport sur l’avenir de la compétitivité européenne.

L’avenir de notre industrie des technologies propres doit se construire en Europe. Aussi la Commission invite-t-elle le Conseil et le Parlement européen à prendre note du présent rapport sur les progrès réalisés en matière de compétitivité et à accélérer l’adoption des dossiers législatifs qui soutiendront l’industrie «zéro nette», notamment le règlement pour une industrie «zéro nette» et le règlement sur les matières premières critiques.

(1)

     Au 1er juin 2023. Sur la base de la méthode de suivi de l’action pour le climat, et de l’utilisation de l’annexe VI du règlement FRR.

(2)

     COM(2022) 230 final.

(3)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Energy Technology Perspectives, 2023.

(4)

     COM(2023) 62 final.

(5)

     COM(2023) 161 final, SWD(2023) 68 final.

(6)

     COM(2023) 160 final.

(7)

     COM(2023) 162.

(8)

     COM(2023) 168 final.

(9)

     JOIN(2023) 20 final.

(10)

     Pour en savoir plus: Compétitivité des énergies propres (europa.eu), et édition 2022 du rapport sur les progrès réalisés en matière de compétitivité des énergies propres: COM(2022) 643 final.

(11)

     Pour en savoir plus: Observatoire des technologies énergétiques propres .

(12)

     Prix moyen hebdomadaire du «Title Transfer Facility» (TTF).

(13)

     Gasparella, A., Kostolen, D. et Zucker, A., The Merit Order and price setting Dynamics in European Electricity Markets, Commission européenne, Petten, 2023, JRC134300.

(14)

     Prix de gros (EU5): moyenne pondérée des prix en vigueur sur les principaux marchés de l’électricité de l’UE (DE, ES, FR, NL) et le marché Nordpool (NO, DK, FI, SE, EE, LT, LV).

(15)

 Ces mesures comprennent la communication sur une panoplie d’instruments d’action et de soutien [COM(2021) 660 final], la communication sur la sécurité de l’approvisionnement et des prix de l’énergie abordables [COM(2022) 138 final], le règlement sur le stockage du gaz [COM(2022) 135 final – règlement (UE) 2017/1938], le règlement sur la réduction de la demande de gaz [COM(2022) 361 final – règlement (UE) 2022/1369 du Conseil], le règlement sur une intervention pour faire face aux prix élevés de l’énergie [COM(2022) 473 final – règlement (UE) 2022/1854 du Conseil], le règlement relatif à la solidarité [COM(2022) 549 final – règlement (UE) 2022/2576 du Conseil], le mécanisme de correction du marché [COM(2022) 668 final – règlement (UE) 2022/2578 du Conseil] et le règlement sur l’octroi de permis [COM(2022) 591 final – règlement (UE) 2022/2577 du Conseil].

(16)

     En particulier, l’UE a augmenté les importations de GNL en provenance des États-Unis ainsi que l’approvisionnement par gazoduc en provenance de Norvège, d’Azerbaïdjan et du Royaume-Uni.

(17)

     Les prix de gros du gaz sont toujours deux fois plus élevés que la moyenne des 15 années précédant l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Avant la crise, les prix de l’électricité étaient de 40-60 EUR/MWh. Voir également (en anglais): La production d’énergies fossiles dans l’UE est au plus bas alors que la demande est en baisse| Ember (ember-climate.org) .

(18)

     Depuis la crise énergétique et la guerre en Ukraine, les prix du gaz de l’UE figurent parmi les plus élevés au monde. Bien que le marché se soit stabilisé, les prix du gaz de l’UE ont été quatre à cinq fois supérieurs aux prix en vigueur aux États-Unis entre janvier 2023 et juillet 2023, bien qu’ils soient comparables aux prix pratiqués au Royaume-Uni et dans d’autres pays importateurs de gaz tels que la Chine et le Japon.

(19)

     Règlement (UE) 2023/435.

(20)

     WindEurope, communiqué de presse:  Investments in wind energy are down – Europe must get market design and green industrial policy right , 31 janvier 2023.

(21)

     M. Đukan, A. Gumber, F. Egli, B. Steffen, The role of policies in reducing the cost of capital for offshore wind, 2023.

(22)

     Sur la base des données Enerdata, Daily Energy and Climate News , 1er mars 2023.

(23)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Critical Minerals Market Review, 2023.

(24)

     En utilisant le taux de change moyen de 0,9075 EUR contre 1 dollar US sur le mois de mars 2022. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-usd.fr.html  

(25)

     En utilisant le taux de change moyen de 0,9497 EUR contre 1 dollar US sur l’année 2022. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-usd.fr.html

(26)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Clean energy equipment price index, 2014-2022, 2023.

(27)

     Cette section se concentre sur l’analyse des coûts. Pour en savoir plus sur la valeur de marché: The development of renewable energy in the electricity Market , juin 2023.

(28)

Les points de données sont indiqués pour le premier à troisième intervalle interquartile de façon à filtrer les valeurs aberrantes.

(29)

Dans la figure, on entend par CCGT les turbines à gaz à cycle combiné.

(30)

     Gasparella, A., Kostolen, D. et Zucker, A., The Merit Order and price setting Dynamics in European Electricity Markets, Office des publications de l’Union européenne, 2023, JRC134300.

Calcul fondé sur les coûts annualisés pour l’année 2022. Les Capex et Opex sont basés sur le scénario PRIMES 2022, annualisés en fonction de la durée de vie technique et du coût moyen pondéré du capital. Les coûts annualisés sont actualisés à l’aide de facteurs de capacité dérivés du modèle METIS. Les coûts variables sont basés sur les prix des matières premières en 2022, les OPEX variables et la distribution appliquée dans la simulation METIS.

(31)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Energy Technology Perspectives, 2023.

(32)

     Le terbium fait partie des terres rares, à savoir des matières premières fondamentales pour les aimants des éoliennes. Le gallium est utilisé dans certains panneaux photovoltaïques ainsi que dans l’électronique, les réseaux de données, la robotique et les satellites. Le lithium est essentiel pour la production de batteries.

(33)

     Carrara, S. et al., Supply chain analysis and material demand forecast in strategic technologies and sectors in the EU – A foresight study, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, doi:10.2760/386650, JRC132889.

(34)

      RMIS -Système d’information sur les matières premières (europa.eu) , 2023

(35)

     Commission européenne, direction générale du marché intérieur, de l’industrie, de l’entrepreneuriat et des PME, Grohol, M., Veeh, C., Study on the critical raw materials for the EU 2023 — Final report, Office des publications de l’Union européenne, 2023, https://data.europa.eu/doi/10.2873/725585 .

(36)

     BloombergNEF, Localizing clean energy supply chains comes at a cost, 2022.

(37)

Carrara, S. et al., Supply chain analysis and material demand forecast in strategic technologies and sectors in the EU – A foresight study, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, doi:10.2760/386650, JRC132889.

(38)

Selon les estimations, en 2022, les installations terrestres situées en dehors de l’UE et de la Chine appartenaient pour 51 % à des entreprises de l’UE, pour 34 % à des entreprises américaines et pour 9 % à des entreprises chinoises. En ce qui concerne les installations en mer, la répartition était de 94 % pour les entreprises de l’UE et de 6 % pour les entreprises chinoises. Source: JRC, sur la base deWood Mackenzie and 4C Offshore.

(39)

     Tapoglou, E., Tattini, J., Schmitz, A., Georgakaki, A., Długosz, M., Letout, S., Kuokkanen, A., Mountraki, A., Ince, E., Shtjefni, D., Joanny Ordonez, G., Eulaerts, O.D. et Grabowska, M., Observatoire des technologies énergétiques propres: Wind energy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, doi:10.2760/618644 (en ligne), JRC135020.

(40)

     COM/2021/350 final.    

(41)

     Agence néerlandaise pour les entreprises, Research on the Next Generation Semiconductor Industry in Taïwan, 2022.

(42)

     Commission européenne, direction générale de l’énergie, Guevara Opinska, L., Gérard, F., Hoogland, O. et al., Study on the resilience of critical supply chains for energy security and Clean energy transition during and after the COVID-19 crisis — Final report, Office des publications de l’Union européenne, 2021, https://data.europa.eu/doi/10.2833/946002 .

(43)

   Pour en savoir plus: annonce de l’initiative «Des matières premières avancées pour la primauté de nos industries» lors du discours sur l’état de l’Union de 2023.

(44)

     Maison Blanche, Inflation Reduction Act Guidebook | Clean Energy , 2022.

(45)

   En utilisant le taux de change moyen de 0,9497 EUR contre 1 dollar US sur l’année 2022. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-usd.fr.html

(46)

   En utilisant le taux de change moyen de 0,8455 EUR contre 1 dollar US sur l’année 2021. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-usd.fr.html

(47)

     Institut pour la politique de sécurité et de développement, Made in China 2025 , juin 2018.

(48)

    The Japanese Cabinet confirms the Basic Plan for the GX: Green Transformation Policy , mars 2023.

(49)

En utilisant le taux de change moyen de 0,006341 EUR contre 1 JPY en vigueur au 2 janvier 2023. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-jpy.en.html  

(50)

Bloomberg, India plans $4.3 billion spending for energy transition , 1er février 2023. 

(51)

En utilisant le taux de change moyen de 0,011351 EUR contre 1 INR en vigueur au 2 janvier 2023. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-inr.en.html .

(52)

     COM(2022) 46 final.

(53)

   JO C 101 du 17.3.2023, p. 3.

(54)

     JO L 167 du 30.6.2023, p. 1.

(55)

     Pour en savoir plus: Projet d’appui technique (europa.eu), 2023.

(56)

     Pour en savoir plus: Plateforme «Technologies stratégiques pour l’Europe» (europa.eu) , 2023.

(57)

     Pour en savoir plus: Troisième appel à projets à grande échelle (europa.eu), 2023.

(58)

     Sur la base des retours reçus des alliances industrielles et des organisations de parties prenantes concernées.

(59)

     EurObserv’ER, État des énergies renouvelables en Europe – Édition 2022 21e bilan annuel; rapport du baromètre EurObserv’ER , 2023.

(60)

     COM(2022) 643 final.

(61)

   Pour en savoir plus:  Rapport sur l’évolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe (ESDE), 2023  (europa.eu). Estimation quant à la réalisation des objectifs stratégiques (Pacte vert pour l’Europe, ajustement à l’objectif 55, REPowerEU).

(62)

     Pour en savoir plus: Pacte pour les compétences, Lancement de partenariats à grande échelle en matière de compétences dans le domaine des énergies renouvelables (europa.eu) .

(63)

     Dans le scénario RIZN+ (100 % de la demande satisfaite par l’industrie manufacturière de l’UE), SWD (2023) 68 final.

(64)

     Observatoire européen du secteur de la construction, Improving the human capital basis, mars 2020. 

(65)

     Le code «NACE 27: fabrication d’équipements électriques», est utilisé comme indicateur représentatif pour l’industrie manufacturière dans le domaine des énergies renouvelables, étant donné que de nombreuses technologies énergétiques renouvelables relèvent de cette catégorie. Il est également utilisé comme indicateur représentatif pour l’écosystème industriel des énergies renouvelables dans la stratégie industrielle de l’UE [COM(2020) 108 final et sa récente mise à jour COM(2021) 350 final].

(66)

     Pour en savoir plus: Evolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe, 2023 (europa.eu).

(67)

     SWD(2023) 68 final.

(68)

     Georgakaki, A., Kuokkanen, A., Letout, S., Kostolen, D., Koukoufikis, G., Murauskaite-Bull, I., Mountraki, A., Kuzov, T., Dlugosz, M., Ince, E., Shtjefni, D., Taylor, N., Christou, M., Pennington, D., Observatoire des technologies énergétiques propres: Overall Strategic Analysis of Clean Energy Technology in the European Union: 2023 Status Report, European Commission, 2023, JRC135404 

(69)

     Eurofond, Enquête sur les entreprises en Europe 2019 (europa.eu), 2019.

(70)

     Pour en savoir plus: Eurobaromètre Flash 2023 sur les pénuries de compétences , ainsi que sur les stratégies de recrutement et de fidélisation dans les petites et moyennes entreprises.

(71)

     Le soutien actif à des emplois de qualité, y compris pour des groupes sous-représentés, tels que les femmes, fait partie des trains de mesures complets prévus par la recommandation du Conseil visant à assurer une transition équitable vers la neutralité climatique.

(72)

     La politique de cohésion, par l’intermédiaire du Fonds social européen+ (FSE+), constitue le principal instrument de l’UE destiné au financement des investissements dans les compétences et met à disposition une enveloppe de 5,8 milliards d’EUR en faveur des compétences vertes et des emplois verts. Le Fonds européen de développement régional (FEDER) complète ce fonds par des investissements dans les compétences, l’éducation et la formation, y compris dans les infrastructures. Le mécanisme pour une transition juste (MTJ) consacre 3 milliards d’EUR au soutien de la formation et du développement des compétences des travailleurs afin que ceux-ci s’adaptent à la transition écologique. D’autres mesures sont exposées dans le rapport 2022 sur les progrès réalisés en matière de compétitivité.

(73)

     Par exemple, les recommandations du Conseil sur les comptes de formation individuels, sur les microcertifications, ou sur l’enseignement et la formation professionnels.

(74)

     Pour en savoir plus: Un pacte pour les compétences: Lancement de partenariats à grande échelle en matière de compétences dans le domaine des énergies renouvelables (europa.eu).

(75)

     COM(2015) 80 final. 

(76)

Membres de l’AIE: AT, BE, CZ, DE, DK, EL, ES, FI, FR, HU, IE, IT, LT, LU, NL, PL, PT, SE, SK (EL et LU n’ont pas communiqué).11 des États membres mentionnés ci-avant ont fait part d’une augmentation à l’AIE: AT, CZ, DK, DE, ES, FR, HU, IE, NL, PT, SE

(77)

     Une part importante de cette augmentation est due à un changement dans les données communiquées par l’Espagne, conjugué à une augmentation significative dans un certain nombre d’États membres. En Espagne, la couverture a été étendue et comprend à présent les données du gouvernement national et des gouvernements régionaux, ce qui a augmenté le total pour les États membres de l’UE de plus de 0,5 million d’EUR. Les changements n’ont pas été appliqués aux années précédentes, ce qui a entraîné une rupture des séries chronologiques entre 2020 et 2021. AIE, 2023. Energy Technology RD&D Budgets - Database documentation, édition de mai 2023. 11 États membres sur 17 ont fait part d’une augmentation à l’AIE: AT, CZ, DK, DE, ES, FR, HU, IE, NL, PT, SE. Agence internationale de l’énergie (AIE), Energy Technology RD&D Budgets - Database documentation, 2023.

(78)

     Ce chiffre comprend une estimation pour l’Italie, qui doit encore communiquer ses données pour 2020 et 2021.

(79)

     COM(2022) 643 final.

(80)

     Ces chiffres incluent les fonds nationaux et les fonds du programme-cadre de l’UE. En pourcentage du PIB, les fonds nationaux proprement dits restent inférieurs à ceux des autres grandes économies.

(81)

   Voir la section 2.2, page 13 – COM(2022) 643 final.

(82)

     PC UE fait référence aux programmes-cadres de l’UE (Horizon 2020 et Horizon Europe).

(83)

     Adaptées de l’édition du printemps 2023 de la base de données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) relative aux budgets de R&D en technologies énergétiques.

(84)

     Mission Innovation, rapport: Country Highlights, 6e mission ministérielle de l’initiative MI , juin 2021.

(85)

     Pour en savoir plus: JRC SETIS (europa.eu).

(86)

     Pour en savoir plus: JRC SETIS (europa.eu).

(87)

     JO C 495, 29.12.2022.

(88)

     Pour en savoir plus: Plans nationaux en matière d’énergie et de climat (europa.eu), 2023.

(89)

     SWD 2023 277/2 final.

(90)

     L’analyse présentée dans cette section porte essentiellement sur les énergies propres. Elle diffère de la section 2.4 du rapport 2022 sur les progrès réalisés en matière de compétitivité dans la mesure où elle exclut les activités précédemment couvertes dans le secteur «technologies climatiques» de PitchBook et liées aux systèmes alimentaires, à l’utilisation des sols, à la micromobilité, à la mobilité partagée et aux véhicules autonomes.

(91)

     COM(2022) 332 final.

(92)

     Sur la base des données de PitchBook , 1er juin 2023.

(93)

     Agence internationale de l’énergie (AIE),  World Energy Investment 2023 , 2023.

(94)

     Georgakaki, A., Kuokkanen, A., Letout, S., Kostolen, D., Koukoufikis, G., Murauskaite-Bull, I., Mountraki, A., Kuzov, T., Dlugosz, M., Ince, E., Shtjefni, D., Taylor, N., Christou, M., Pennington, D., Observatoire des technologies énergétiques propres: Overall Strategic Analysis of Clean Energy Technology in the European Union: 2023 Status Report, European Commission, 2023, JRC135404.

(95)

     Ibidem.

(96)

     Chatzipanagi, A., Jaeger-Waldau, A., Cleret De Langavant, C., Gea Bermudez, J., Letout, S., Mountraki, A., Schmitz, A., Georgakaki, A., Ince, E., Kuokkanen, A. et Shtjefni, D., Observatoire des technologies de l’énergie propre: Photovoltaics in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135034.

(97)

     Plus particulièrement, les scénarios projetés par des organisations non gouvernementales telles que Greenpeace, l’Energy Watch Group, Bloomberg New Energy Finance, l’Agence internationale de l’énergie, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, ainsi que par les associations de l’industrie photovoltaïque.

(98)

     Chatzipanagi, A., Jaeger-Waldau, A., Cleret De Langavant, C., Gea Bermudez, J., Letout, S., Mountraki, A., Schmitz, A., Georgakaki, A., Ince, E., Kuokkanen, A. et Shtjefni, D., Observatoire des technologies de l’énergie propre: Photovoltaics in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135034.

(99)

     COM(2022) 221 final, «Stratégie de l’UE pour l’énergie solaire».

(100)

     Chatzipanagi, A., Jaeger-Waldau, A., Cleret De Langavant, C., Gea Bermudez, J., Letout, S., Mountraki, A., Schmitz, A., Georgakaki, A., Ince, E., Kuokkanen, A. et Shtjefni, D., Observatoire des technologies de l’énergie propre: Photovoltaics in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135034.

(101)

     Green et al, Solar cell efficiency tables (62), Progress in Photovoltaics, 31, 7 (2023), https://doi.org/10.1002/pip.3726

(102)

     Chatzipanagi, A., Jaeger-Waldau, A., Cleret De Langavant, C., Gea Bermudez, J., Letout, S., Mountraki, A., Schmitz, A., Georgakaki, A., Ince, E., Kuokkanen, A. et Shtjefni, D., Observatoire des technologies de l’énergie propre: Photovoltaics in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135034.

(103)

     Calcul propre du JRC sur la base des données disponibles. 

(104)

     IEA Special Report on Solar PV Global Supply Chains, 2022

(105)

     Wood Mackenzie, communiqué de presse: China’s solar export booming , 23 mai 2023. Les modules représentaient la majeure partie de ces exportations, suivis par les plaquettes et les cellules. En 2022, la Chine a exporté 86 GWp de modules vers l’Europe (soit 56 % des exportations chinoises de modules).

(106)

     Sheffield forced labour report Crawford, A. et Murphy, L. T, “Over-Exposed: Uyghur Region Exposure Assessment for Solar Industry Sourcing, Sheffield, Royaume-Uni: Sheffield Hallam University Helena Kennedy Centre for International Justice (2023)

(107)

     PVXchange , reading the PV price index , consulté le 7 octobre 2023

(108)

     AEI, 2023 Snapshot of Global PV Markets , 2023

(109)

     AIE, perspectives mondiales en matière d’énergie, 2022.

(110)

     L’écart de coût réel dépend fortement des spécificités du projet; «McKinsey (2022): Building a competitive solar-PV supply chain in Europe» estime que l’écart est de 20 à 25 % par rapport aux concurrents à bas coûts.

(111)

     Rapport spécial de l’AIE (en anglais) sur les chaînes d’approvisionnement mondiales du solaire photovoltaïque, 2022: «À la fin de 2021, la capacité mondiale de production de plaquettes et de cellules et d’assemblage de modules a dépassé la demande d’au moins 100 %».

(112)

     Les données communiquées dans cette section proviennent de Taylor, N., Georgakaki, A., Mountraki, A., Letout, S., Ince, E., Shtjefni, D., Kuokkanen, A., Tattini, J. and Diaz Rincon, A., Observatoire des technologies énergétiques propres:: Concentrated Solar Power and Solar Heating and Cooling in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135004.

(113)

     Rapport du Centre d’expertise sur la transition énergétique (EnTEC): Supply chain risks in the EU’s clean energy technologies, 2023, doi 10.2833/413910.

(114)

     Le PNEC de l’Espagne pour 2019 prévoit d’atteindre 7,4 GW d’ici à 2030. Toutefois, le projet de première mise à jour revoit ce chiffre et annonce 4,8 GW d’ici à 2030. Pour en savoir plus: https://commission.europa.eu/publications/spain-draft-updated-necp-2021-2030_en .

(115)

     Solar Heat Europe, Solar Heat Markets in Europe, Trends and Market Statistics 2021, Summary, décembre 2022.

(116)

     Solar Heat Europe, Preliminary Report 2022, Solar Heat Markets in EU27, Switzerland and UK, 7 juillet 2023.

(117)

     Cité dans la présentation du projet Task 68 du réseau IEA SHC lors du webinaire The Rise of Solar district Heating, 28 mars 2023, Euroheat & Power et Solar Heat Europe.

(118)

     Rapport du Centre d’expertise sur la transition énergétique (EnTEC): Supply chain risks in the EU’s clean energy technologies, 2023, doi 10.2833/413910.

(119)

   SWD (2022) 230 final.

(120)

     Tapoglou, E., Tattini, J., Schmitz, A., Georgakaki, A., Długosz, M., Letout, S., Kuokkanen, A., Mountraki, A., Ince, E., Shtjefni, D., Joanny Ordonez, G., Eulaerts, O.D. et Grabowska, M., Observatoire des technologies énergétiques propres: Wind energy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, doi:10.2760/618644 (en ligne), JRC135020.

(121)

     WindEurope, Report: Wind energy in Europe: 2022 Statistics and the outlook for 2023-2027 , 28 février 2023.

(122)

     Le chiffre de 30 GW/an mentionné par Wind Europe est inférieur à celui qui serait obtenu selon REPowerEU, à savoir 38,25 GW/an. La différence s’explique par l’utilisation de facteurs de capacité différents dans les calculs.

(123)

     Tapoglou, E., Tattini, J., Schmitz, A., Georgakaki, A., Długosz, M., Letout, S., Kuokkanen, A., Mountraki, A., Ince, E., Shtjefni, D., Joanny Ordonez, G., Eulaerts, O.D. et Grabowska, M., Observatoire des technologies énergétiques propres: Wind energy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, doi:10.2760/618644 (en ligne), JRC135020.

(124)

     Pour en savoir plus:  https://energy.ec.europa.eu/news/member-states-agree-new-ambition-expanding-offshore-renewable-energy-2023-01-19_en .  

(125)

     Analyse du JRC sur la base des données Orbis, Pitchbook, 2023

(126)

     Wind Europe, communiqué de presse:: Investments in wind energy are down – Europe must get market design and green industrial policy right , 2023.

(127)

     COM/2020/741 final.

(128)

     Tapoglou, E., Tattini, J., Schmitz, A., Georgakaki, A., Długosz, M., Letout, S., Kuokkanen, A., Mountraki, A., Ince, E., Shtjefni, D., Joanny Ordonez, G., Eulaerts, O. et Grabowska, M., Observatoire des technologies énergétiques propres: Ocean energy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, doi:10.2760/82978 (en ligne), JRC135021.

(129)

     Cette centrale, très innovante au moment de sa construction, avait un impact environnemental considérable qui, aujourd’hui, ne serait guère acceptable. SONNIC Ewan, «La Rance, 50 ans de turbinage. Et après? Le statu quo est-il la seule option pertinente?», L’information géographique, 2017/4 (vol. 81), p. 103-128. DOI: 10.3917/lig.814.0103

(130)

     Dans les eaux de l’UE, 62 kW de nouvelle capacité d’énergie marémotrice et 33,5 kW de capacité d’énergie houlomotrice ont été installés en 2022.

(131)

     Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), World Energy Transitions Outlook 2023: 1.5°C Pathway, Volume 1, Abu Dhabi, 2023.

(132)

     Ocean Energy Europe (OEE), Policy Topics: Research and Innovation .

(133)

     ETIP Ocean, Industrial Roadmap for Ocean Energy , 1er juillet 2022.

(134)

     Tapoglou, E., Tattini, J., Schmitz, A., Georgakaki, A., Długosz, M., Letout, S., Kuokkanen, A., Mountraki, A., Ince, E., Shtjefni, D., Joanny Ordonez, G., Eulaerts, O. et Grabowska, M., Observatoire des technologies énergétiques propres: Ocean energy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, doi:10.2760/82978 (en ligne), JRC135021.

(135)

   Ibidem.

(136)

     Ibidem.

(137)

     Approbation définitive par les États membres, le 28 mars 2023, d’un règlement interdisant la vente de voitures et de camionnettes émettrices de carbone après 2035.

(138)

L’alliance européenne pour les batteries (juin 2023); cependant, par exemple, en ce qui concerne les capacités européennes de production de batteries à l’horizon 2030, les données de l’institut Fraunhofer indiquent une large fourchette comprise entre 677 GWh et 2 050 Gwh, avec une moyenne de 1 770 GWh.

(139)

     Rapport spécial de la Cour des comptes européenne: La politique industrielle de l’UE en matière de batteries , 2023. Fourchette: 700 GWh à 1 200 GWh/a.

(140)

     Pour en savoir plus: Transport & Environment , au 6 mars 2023. Fourchette: jusqu’à 50 usines géantes pour une capacité de 1 800 GWh.

(141)

     Pour en savoir plus: Alliance européenne pour les batteries (Europa.eu).

(142)

     Contre 9,1 % en 2021 et seulement 1,9 % aussi récemment qu’en 2019.

(143)

     Association des constructeurs européens d’automobile (ACEA). Communiqué de presse: Fuel types of new cars: battery electric 12.1%, hybrid 22.6% and petrol 36.4% market share full-year 2022 , 1er février 2023.

(144)

Voir: Observatoire européen des carburants alternatifs (europa.eu).

(145)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Global EV Outlook 2023 Executive Summary , 2023.

(146)

     Pour en savoir plus: Alliance européenne pour les batteries - AEB250

(147)

     Emmes 7.0, LCP-Delta, 20232023 statu quo, premier trimestre: 11GW / 14,7GWh; l’extrapolation de Fraunhofer atteint même 20 GWh.

Données du secteur. EMMES 7.0 - mars 2023 | EASE: Why Energy Storage? | EASE (ease-storage.eu) 2023 statu quo premier trimestre: 11GW / 14,7GWh; les estimations extrapolées de l’institut Fraunhofer atteignent même 20 GWh.

(148)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Global EV Outlook 2023  2023.

(149)

     BloombergNEF, communiqué de presse: Lithium-ion Battery Pack Prices Rise for First Time to an Average of $151/kWh , 6 décembre 2022.

(150)

     Qui étaient 20 % moins chers en 2022 que les cellules d’oxyde de lithium -nickel-manganèse-cobalt (NMC).

(151)

     Taux de change de 0,9 EUR = 1 USD utilisé dans l’ensemble du document pour la conversion monétaire lorsque les sources donnent des valeurs en dollars US.

(152)

     InsideEVs, communiqué de presse: Europe: Plug-In Car Sales Accelerated In March 2023 , 10 mai 2023.

(153)

     La Maison Blanche, Investing in America , 2023.

(154)

     En utilisant le taux de change moyen de 0,8455 EUR contre 1 dollar US sur l’année 2021. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-usd.fr.html .

(155)

     Bloomberg NEF, 2023 ,1er trimestre –-Energy Transition Investment Trends report.

(156)

   BenchmarkSource, article: IRA supercharges USA’s gigafactory capacity pipeline as it overtakes Europe for first time , 2 juin 2023.

(157)

     ABE, Discussion Paper for the 7th High-Level Meeting of the European Battery Alliance

(158)

     Transport & Environment, rapport: How not to lose it all , mars 2023.

(159)

     Données du secteur. EMMES 7.0 - mars 2023 | EASE: Why Energy Storage? | EASE (ease-storage.eu) 2023 statu quo premier trimestre: 11GW / 14,7GWh; Les estimations extrapolées de l’institut Fraunhofer atteignent même 20 GWh.

(160)

     Université d’Aix-la-Chapelle (RWTH), Battery Charts,  2023

(161)

     Energy Storage Coalition, communiqué de presse: Energy Storage Coalition calls for more targeted support for energy storage in key EU legislation , mars 2023.

(162)

     McKinsey & Company, Article: Battery 2030: Resilient, sustainable and circular , 16 janvier 2023.

(163)

     Stellantis est une constellation de 14 marques automobiles.

(164)

     L’usine géante de batteries d’Automative Cells Company (ACC) à Billy-Berclau Douvrin, France

(165)

     Green Car Congress, communiqué de presse: First ACC gigafactory inaugurated in France; initial 13 GWh capacity , 31 mai 2023.

(166)

     Pour en savoir plus: Alliance européenne pour les batteries: courte fiche informative sur la production européenne de batteries – juin 2023.

(167)

     Sur la base des calculs de l’institut Fraunhofer ISI.

(168)

     JO L 328 du 21.12.2018.

(169)

     JO L 239 du 6.9.2013.

(170)

     JO L 198 du 28.7.2017.

(171)

     Pour en savoir plus:  Pompes à chaleur – plan d’action visant à accélérer le déploiement dans l’ensemble de l’UE (europa.eu)

(172)

     European Heat Pump Association (EHPA), Market Report 2023, limité à AT, BE, CZ, DE, DK, EE, ES, FI, FR, HU, IE, IT, LT, NL, PL, PT, SE, SK, 29 juin 2023. Couvre principalement les pompes à chaleur pour le chauffage des locaux et l’eau chaude sanitaire.

(173)

   Lyons, L., Observatoire des technologies énergétiques propres: Heat pumps in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC134991.

(174)

     Pour en savoir plus: Heat Roadmap Europe, https://heatroadmap.eu/.

(175)

     Euroheat & Power, Large heat pumps in district heating & cooling systems, 2022.

(176)

     Les pompes à chaleur industrielles sont couramment utilisées pour des procédés d’une température inférieure à 100 °C et il existe des produits commerciaux allant jusqu’à 160 °C dont l’utilisation doit encore être éprouvée dans des secteurs plus industriels. Des développements sont actuellement en cours pour des températures allant jusqu’à 280 °C.

(177)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Future of heat pumps, 2023.

(178)

     Eunomia, EU Hydronic Heat Pump Manufacturing Market Assessment, 2023.

(179)

     Japon, Thaïlande.

(180)

     Eunomia, 2023, ibid.

(181)

     COMEXT, Goods Trade EU, 841861.

(182)

     Eunomia, EU Hydronic Heat Pump Manufacturing Market Assessment, 2023.

(183)

     Association européenne pour les pompes à chaleur (EHPA), communiqué de presse: Manufacturer investments , juin 2023.

(184)

     Programme de collaboration technologique de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Heat Pumping Technologies, annexe 58, rapport final, août 2023.

(185)

 Pour en savoir plus: IEC 60335-2-40:2022: Household and similar electrical appliances – Safety – Part 2-40: Particular requirements for electrical heat pumps, air-conditioners and dehumidifiers , 2022.

(186)

     Eunomia, EU Hydronic Heat Pump Manufacturing Market Assessment, 2023.

(187)

   IRENA et IGA, Global geothermal market and technology assessment, Agence internationale pour les énergies renouvelables, Association géothermique internationale, 2023.

(188)

     European Geothermal Energy Council (EGEC), rapport: Geothermal Market Report 2022 – Key Findings , juillet 2023.

(189)

 Taylor, N., Ince, E., Mountraki, A., Georgakaki, A., Shtjefni, D., Tattini, J. and Diaz Rincon, A., Observatoire des technologies énergétiques propres: Deep Geothermal Energy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135206.

(190)

     European Geothermal Energy Council (EGEC), rapport: Geothermal Market Report 2022 – Key Findings , juillet 2023.

(191)

     Taylor, N., Ince, E., Mountraki, A., Georgakaki, A., Shtjefni, D., Tattini, J. and Diaz Rincon, A., Observatoire des technologies énergétiques propres: Deep Geothermal Energy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135206.

(192)

     Taylor, N., Ince, E., Mountraki, A., Georgakaki, A., Shtjefni, D., Tattini, J. and Diaz Rincon, A., Observatoire des technologies énergétiques propres: Deep Geothermal Energy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135206.

(193)

     Ibidem.

(194)

     Ibidem.

(195)

     Ibidem.

(196)

     JO L 157 du 20.6.2023.

(197)

     COM(2023) 156 final.

(198)

     AIE, Global Hydrogen Review, 2023, une mise à jour de la base de données est attendue en octobre 2023.

(199)

   Agence internationale de l’énergie (AIE), Global Hydrogen Review, 2022.

(200)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), 2022, ibidem.

(201)

Agence internationale de l’énergie (AIE), Global Hydrogen Review, 2023, la fourchette est importante en raison de la catégorie «inconnu» mentionnée par l’AIE.

(202)

     Bloomberg NEF, 1H 2023 Hydrogen Market Outlook, mars 2022.

(203)

     Hydrogen Europe, Clean Hydrogen Monitor, 2022.

(204)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), The State of Clean Technologies, mai 2023 et Clean Hydrogen Monitor, 2022.

(205)

     Pour en savoir plus: Alliance européenne pour un hydrogène propre (europa.eu).

(206)

    Hydrogen Europe, communiqué de presse: New Electrolyser Partnership , 16 juin 2022.

(207)

     Ministère américain de l’énergie, the U.S. National Clean Hydrogen Strategy and Roadmap , juin 2023. Les estimations sont fondées sur les données disponibles.

(208)

     Le financement provient du budget de l’UE d’une enveloppe de 1,2 milliard d’EUR (comprenant les crédits supplémentaires de REPowerEU de 200 millions d’EUR), ainsi que d’un montant équivalent financé par des parties prenantes privées au cours de la période 2021-2027.

(209)

     Alliance européenne pour l’hydrogène, 2nd European Electrolyser Summit State of play on the Joint Declaration , 22 juin 2023.

(210)

     Carrara, S., et al, Supply chain analysis and material demand forecast in strategic technologies and sectors in the EU – A foresight study, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, doi:10.2760/386650, JRC132889., document du Centre commun de recherche, 132889.

(211)

     SWD(2022) 230 final.

(212)

     COM(2021) 804 final.

(213)

     Horizon 2020, «défi de société sur l’énergie», et Horizon Europe, «pôle 5: énergie»: https://cordis.europa.eu/projects/fr (europa.eu).  Sur la base des données CORDIS de la CE sur le «défi de société sur l’énergie» dans le cadre d’Horizon 2020 et sur le pôle 5 «Énergie» d’Horizon Europe. Projets et résultats | CORDIS | Commission européenne (europa.eu) .

(214)

     European Biogas Association, Statistical Report, 2022.

(215)

     Motola, V., Scarlat, N., Hurtig, O., Buffi, M., Georgakaki, A., Letout, S., Mountraki, A., Salvucci, R. et Schmitz, A., Observatoire des technologies énergétiques propres.: Bioenergy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135079.

(216)

     Basé sur les données d’EurObserv-ER, Employment & Turnover , avril 2023.

(217)

     Sur la base des données d’Eurostat. Bioenergy Europe, Statistical report, 2022, Bioenergy Landscape. Seuls 4 % de la biomasse solide sont importés dans l’UE à des fins de bioénergie.

(218)

     JO L 150 du 14.6.2018.

(219)

 Commission européenne, direction générale de la mobilité et des transports, Maniatis, K., Landälv, I., Heuvel, E. et al., Building up the future, cost of biofuel, 2018, https://data.europa.eu/doi/10.2832/163774 .

(220)

     Sur la base des données del’Agence internationale de l’énergie (AIE). European Energy Innovation, A new policy context for assessing biogas and biomethane (europeanenergyinnovation.eu) , automne 2022

(221)

     European Biogas Association, Biomethane Map , 2021.

(222)

     Motola, V., Scarlat, N., Hurtig, O., Buffi, M., Georgakaki, A., Letout, S., Mountraki, A., Salvucci, R. et Schmitz, A., Observatoire des technologies énergétiques propres.: Bioenergy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135079.

(223)

     European Biogas Association, Statistical Report, 2022.

(224)

     Motola, V., Scarlat, N., Hurtig, O., Buffi, M., Georgakaki, A., Letout, S., Mountraki, A., Salvucci, R. et Schmitz, A., Observatoire des technologies énergétiques propres.: Bioenergy in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC135079.

(225)

     European Biogas Association, Breaking Free of the Energy Dependency Trap–Delivering 35 bcm of biomethane by 2030, 2022.

(226)

     European Biogas Association, Statistical Report, 2022.

(227)

     European Biogas Association, Statistical Report, 2022.

(228)

   Letout, S., Kuokkanen, A., Mountraki, A., Shtjefni, D., et Jaxa-Rozen, M., Observatoire des technologies énergétiques propres: Carbon capture storage and utilisation in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC134999.

(229)

     JO L 140 du 5.6.2009.

(230)

     JO L 275 du 25.10.2003.

(231)

     COM(2021) 800 final.

(232)

     COM(2022) 672.

(233)

     Tous les 4 ans, les États membres font rapport à la Commission sur la mise en œuvre de la directive 2009/31/CE relative au CSC. Trois de ces rapports ont été publiés à ce jour par la Commission, la publication du 4e rapport de mise en œuvre étant prévue pour la fin 2023.

(234)

     EnTEC (Trinomics, TNO et Institut Fraunhofer ISI), Bolscher, H. et al., EU regulation for the development of the market for CO2 transport and storage, Union européenne, 2023. https://energy.ec.europa.eu/publications/eu-regulation-development-market-co2-transport-and-storage_en

(235)

     Itul, A., Diaz Rincon, A., Eulaerts, O.D., Georgakaki, A., Grabowska, M., Kapetaki, Z., Ince, E., Letout, S., Kuokkanen, A., Mountraki, A., Shtjefni, D. and Jaxa-Rozen, M., Observatoire des technologies énergétiques propres: Carbon capture storage and utilisation in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC134999.

(236)

     Global CCS Institute, Global Status of Carbon Capture and storage, 2022 , 2022.

(237)

   En utilisant le taux de change moyen de 0,9497 EUR contre 1 dollar US sur l’année 2022. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-usd.fr.html

(238)

     Itul, A., Diaz Rincon, A., Eulaerts, O.D., Georgakaki, A., Grabowska, M., Kapetaki, Z., Ince, E., Letout, S., Kuokkanen, A., Mountraki, A., Shtjefni, D. and Jaxa-Rozen, M., Observatoire des technologies énergétiques propres: Carbon capture storage and utilisation in the European Union - 2023 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2023, JRC134999.

(239)

     Les données disponibles sur le nombre d’entreprises actives dans la chaîne d’approvisionnement CCUS en Europe sont limitées. En outre, la plupart des entreprises n’ont pas annoncé la valeur des projets auxquels elles participent. Par ailleurs, les entreprises prennent part à un large éventail d’étapes tout au long de la chaîne de valeur de sorte qu’il est difficile, dans ce cas, d’en déduire une part de marché. En fonction des limites fixées pour la chaîne de valeur, d’autres recherches semblent montrer qu’environ 17 000 entreprises participent à tous les aspects de la chaîne d’approvisionnement CCUS, parmi lesquels la fourniture de technologies, la prestation de services et les aspects juridiques. Commission européenne, Kapetaki, Z. et al, Carbon Capture Utilisation and Storage in the European Union. 2022 Status Report on Technology Development Trends, Value Chains and Markets. 2022.

https://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/handle/JRC13066

(240)

     JO L 152 du 3.6.2022.

(241)

     Grâce à plus de capacité et à moins de pertes sur de longues distances par rapport aux systèmes équivalents en courant alternatif, ils peuvent renforcer efficacement l’interconnectivité du système énergétique en reliant des réseaux d’électricité éloignés à des fréquences différentes ou en facilitant l’interconnexion de grandes centrales éoliennes en mer.

(242)

     WindEurope Intelligence Platform, Workstream for the development of multivendor HVDC systems (ENTSO-E, T &D Europe, WindEurope), 21 juin 2021.

(243)

     Le projet Enabling interoperability of multi-vendor HVDC grids («Permettre l’interopérabilité des réseaux CCHT multifournisseurs») (InterOPERA) réunit des GRT, des fabricants, des associations sectorielles et des universités européennes afin de définir des normes de compatibilité et d’interopérabilité pour les CCHT. Pour en savoir plus: https://interopera.eu .

(244)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Energy Technology Perspectives, 2023.

(245)

     Power Technology Research (mars 2023). Innovation dans le domaine de l’Internet des objets: Leading companies in HVDC transmission systems for the power industry. Extrait de Power Technology: https://www.power-technology.com/data-insights/innovators-hvdc-transmission-systems-power/  

(246)

     Estimation prudente fondée sur l’analyse du plan décennal de développement du réseau effectuée par le REGRT-E pour 2022 et des plans nationaux de développement des États membres de l’UE (mais sans tenir compte des derniers engagements pris par les États membres de l’UE pour la production d’éoliennes en mer).

(247)

     En utilisant le taux de change moyen de 0,8455 EUR contre 1 dollar US sur l’année 2021. Voir: https://www.ecb.europa.eu/stats/policy_and_exchange_rates/euro_reference_exchange_rates/html/eurofxref-graph-usd.fr.html

(248)

     Power Technology Research.

(249)

Ministère américain de l’énergie, Semiconductors - Supply Chain Deep Dive Assessment, 2022.

(250)

     Agence internationale de l’énergie (AIE), Energy Technology Perspectives, 2023.

(251)

     Europacable, Electricity transmission of tomorrow, 2021. Selon certaines estimations, la durée d’un projet de transport moyen est de 15 ans entre la planification et la procédure de mise en concurrence.