ISSN 1977-0936

Journal officiel

de l'Union européenne

C 366

European flag  

Édition de langue française

Communications et informations

60e année
27 octobre 2017


Numéro d'information

Sommaire

page

 

 

PARLEMENT EUROPÉEN
SESSION 2015-2016
Séance du 11 novembre 2015
Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 435 du 24.11.2016 .
TEXTES ADOPTÉS
Séances du 23 au 26 novembre 2015
Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 448 du 1.12.2016 .
TEXTES ADOPTÉS

1


 

I   Résolutions, recommandations et avis

 

RÉSOLUTIONS

 

Parlement européen

 

Mercredi 11 novembre 2015

2017/C 366/01

Résolution du Parlement européen du 11 novembre 2015 sur l'aviation (2015/2933(RSP))

2

2017/C 366/02

Résolution du Parlement européen du 11 novembre 2015 sur la réforme de la loi électorale de l'Union européenne (2015/2035(INL))

7

 

Mardi 24 novembre 2015

2017/C 366/03

Résolution du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la réduction des inégalités, en particulier la pauvreté infantile (2014/2237(INI))

19

2017/C 366/04

Résolution du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la politique de cohésion et les communautés marginalisées (2014/2247(INI))

31

2017/C 366/05

Résolution du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur le rôle de l'Union européenne au sein des Nations unies — Comment mieux remplir les objectifs de l'Union en matière de politique étrangère (2015/2104(INI))

42

 

Mercredi 25 novembre 2015

2017/C 366/06

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur les rescrits fiscaux et autres mesures similaires par leur nature ou par leur effet (2015/2066(INI))

51

2017/C 366/07

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur le projet de décision d'exécution de la Commission XXX accordant une autorisation d'utilisations du bis(2-ethylhexhyl) phthalate (DEHP) en vertu du règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil (D041427 — 2015/2962(RSP))

96

2017/C 366/08

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur la prévention de la radicalisation et du recrutement de citoyens de l'Union par des organisations terroristes (2015/2063(INI))

101

2017/C 366/09

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur le cadre stratégique de l'Union européenne en matière de santé et de sécurité au travail (2014-2020) (2015/2107(INI))

117

 

Jeudi 26 novembre 2015

2017/C 366/10

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur l'Afghanistan, notamment les massacres commis dans la province de Zaboul (2015/2968(RSP))

129

2017/C 366/11

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur la situation politique au Cambodge (2015/2969(RSP))

132

2017/C 366/12

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur la liberté d'expression au Bangladesh (2015/2970(RSP))

135

2017/C 366/13

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur l'état d'avancement du programme de Doha pour le développement dans la perspective de la 10e conférence ministérielle de l'OMC (2015/2632(RSP))

140

2017/C 366/14

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur l'adhésion de l'Équateur à l'accord commercial conclu entre l'Union et ses États membres d'une part et la Colombie et le Pérou d'autre part (2015/2656(RSP))

144

2017/C 366/15

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur une nouvelle stratégie pour le bien-être animal au cours de la période 2016-2020 (2015/2957(RSP))

149

2017/C 366/16

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur l'éducation des enfants en situation d'urgence et de crises de longue durée (2015/2977(RSP))

151

2017/C 366/17

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur la recherche de la simplification et de l'efficacité dans la politique de cohésion pour 2014-2020 (2015/2772(RSP))

157


 

III   Actes préparatoires

 

PARLEMENT EUROPÉEN

 

Mercredi 11 novembre 2015

2017/C 366/18

P8_TA(2015)0393
Les solutions d'interopérabilité comme moyen de moderniser le secteur public ***I
Résolution législative du Parlement européen du 11 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil établissant un programme concernant des solutions d'interopérabilité pour les administrations publiques, les entreprises et les particuliers en Europe (ISA2) L'interopérabilité comme moyen de moderniser le secteur public (COM(2014)0367 — C8-0037/2014 — 2014/0185(COD))
P8_TC1-COD(2014)0185
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 novembre 2015 en vue de l’adoption de la décision (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil établissant un programme concernant des solutions d'interopérabilité et des cadres communs pour les administrations publiques, les entreprises et les citoyens européens (programme ISA2) en tant que moyen pour moderniser le secteur public

159

 

Mardi 24 novembre 2015

2017/C 366/19

P8_TA(2015)0396
Abrogation de certains actes de l'acquis de Schengen ***I
Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes liés à l'espace de liberté, de sécurité et de justice (COM(2014)0713 — C8-0277/2014 — 2014/0337(COD))
P8_TC1-COD(2014)0337
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 24 novembre 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes de l'acquis de Schengen

161

2017/C 366/20

P8_TA(2015)0397
Abrogation de certains actes de l'acquis de Schengen dans le domaine de la coopération policière et judiciaire en matière pénale ***I
Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes dans le domaine de la coopération policière et judiciaire en matière pénale (COM(2014)0714 — C8-0279/2014 — 2014/0338(COD))
P8_TC1-COD(2014)0338
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 24 novembre 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes de l'acquis de Schengen dans le domaine de la coopération policière et de la coopération judiciaire en matière pénale

162

2017/C 366/21

P8_TA(2015)0398
Abrogation de certains actes dans le domaine de la coopération policière et de la coopération judiciaire en matière pénale ***I
Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes dans le domaine de la coopération policière et de la coopération judiciaire en matière pénale (COM(2014)0715 — C8-0280/2014 — 2014/0339(COD))
P8_TC1-COD(2014)0339
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 24 novembre 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes dans le domaine de la coopération policière et de la coopération judiciaire en matière pénale

163

2017/C 366/22

Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion, au nom de l'Union européenne, de l'accord sous forme d'échange de lettres entre l'Union européenne et la Commission pour la conservation du thon rouge du Sud (CCSBT) concernant l'adhésion à la Commission élargie de la convention pour la conservation du thon rouge du Sud (07134/2015 — C8-0323/2015 — 2015/0036(NLE))

164

2017/C 366/23

P8_TA(2015)0400
Intermédiation en assurance ***I
Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur l'intermédiation en assurance (refonte) (COM(2012)0360 — C7-0180/2012 — 2012/0175(COD))
P8_TC1-COD(2012)0175
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 24 novembre 2015 en vue de l’adoption de la directive (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil sur la distribution d'assurances (refonte)

165

 

Mercredi 25 novembre 2015

2017/C 366/24

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 relative à la position du Conseil sur le projet de budget rectificatif no 8/2015 de l'Union européenne pour l'exercice 2015, ressources propres et Contrôleur européen de la protection des données (13439/2015 — C8-0341/2015 — 2015/2269(BUD))

167

2017/C 366/25

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation de l'instrument de flexibilité aux fins de mesures budgétaires immédiates pour faire face à la crise des réfugiés, conformément au point 12 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (COM(2015)0514 — C8-0308/2015 — 2015/2264(BUD))

169

2017/C 366/26

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds de solidarité de l'Union européenne, conformément au point 11 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière, aux fins du paiement d'avances dans le cadre du budget 2016 (COM(2015)0281 — C8-0133/2015 — 2015/2123(BUD))

171

2017/C 366/27

Résolution législative du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur le projet commun de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, approuvé par le comité de conciliation dans le cadre de la procédure budgétaire (14195/2015 — C8-0353/2015 — 2015/2132(BUD))

172


Légende des signes utilisés

*

Procédure de consultation

***

Procédure d'approbation

***I

Procédure législative ordinaire (première lecture)

***II

Procédure législative ordinaire (deuxième lecture)

***III

Procédure législative ordinaire (troisième lecture)

(La procédure indiquée est fondée sur la base juridique proposée par le projet d'acte.)

Amendements du Parlement:

Les parties de texte nouvelles sont indiquées en italiques gras . Les parties de texte supprimées sont indiquées par le symbole ▌ ou barrées. Les remplacements sont signalés en indiquant en italiques gras le texte nouveau et en effaçant ou en barrant le texte remplacé.

FR

 


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/1


PARLEMENT EUROPÉEN

SESSION 2015-2016

Séance du 11 novembre 2015

Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 435 du 24.11.2016.

TEXTES ADOPTÉS

Séances du 23 au 26 novembre 2015

Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 448 du 1.12.2016.

TEXTES ADOPTÉS

 


I Résolutions, recommandations et avis

RÉSOLUTIONS

Parlement européen

Mercredi 11 novembre 2015

27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/2


P8_TA(2015)0394

Futur paquet aérien

Résolution du Parlement européen du 11 novembre 2015 sur l'aviation (2015/2933(RSP))

(2017/C 366/01)

Le Parlement européen,

vu sa résolution du 25 avril 2007 (1) sur la création d'un espace aérien européen commun,

vu la directive 2009/12/CE du 11 mars 2009 sur les redevances aéroportuaires,

vu sa résolution du 7 juin 2011 sur les accords aériens internationaux dans le cadre du traité de Lisbonne (2),

vu sa résolution du 2 juillet 2013 sur la politique extérieure de l'Union européenne dans le domaine de l'aviation — Anticiper les défis à venir (3),

vu la position qu'il a adoptée en première lecture le 12 mars 2014 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la mise en œuvre du ciel unique européen (refonte) (4),

vu la position qu'il a adoptée en première lecture le 12 mars 2014 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) no 216/2008 dans le domaine des aérodromes, de la gestion du trafic aérien et des services de navigation aérienne (5),

vu sa résolution du 29 octobre 2015 sur l'attribution, par la Conférence mondiale des radiocommunications, qui se tiendra à Genève du 2 au 27 novembre 2015 (CMR-15), des bandes de fréquences nécessaires pour soutenir le développement futur d'une technologie satellitaire permettant la mise en place de systèmes de suivi des vols à l'échelle mondiale (6),

vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE), et notamment son article 90, son article 100, paragraphe 2, et son article 218,

vu la future proposition législative de la Commission sur le paquet «Aviation»,

vu l'article 123, paragraphes 2 et 4, de son règlement,

A.

considérant qu'en 2012, le secteur européen du transport aérien représentait 2,6 millions d'emplois directs en Europe et contribuait au PIB de l'Union à hauteur de plus de 2,4 %;

B.

considérant que 849,4 millions de personnes ont emprunté les transports aériens dans l'Union en 2014, soit une hausse de 4,4 % par rapport à 2013 et de 16,9 % par rapport à 2009;

C.

considérant que plus de 20 000 suppressions de postes ont eu lieu ou ont été prévues par les compagnies aériennes européennes depuis 2012;

D.

considérant que les compagnies aériennes européennes exercent leurs activités dans un environnement en rapide évolution et de plus en plus concurrentiel que ce soit sur le marché intérieur ou sur les marchés extérieurs;

E.

considérant que l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), l'Union européenne et ses États membres doivent améliorer diverses réglementations juridiques et financières, concernant notamment le système d'échange de quotas d'émission de l'Union (SEQE), l'extension des droits des passagers, les taxes et redevances nationales, la réduction du bruit dans les aéroports et la réduction des horaires de fonctionnement;

F.

considérant que le transport aérien joue un rôle dans le changement climatique car il représente quelque 13 % des émissions de CO2 du secteur des transports de l'Union et qu'il est responsable d'autres émissions telles que les NOx;

G.

considérant que la Commission compte publier, avant la fin de 2015, un paquet «Aviation» qui aura pour objectif de recenser les difficultés auxquelles est confronté le secteur de l'aviation de l'Union et d'y remédier;

Améliorer la compétitivité du secteur de l'aviation

1.

estime que le paquet «Aviation» devrait donner l'impulsion indispensable pour un secteur aérien européen plus pérenne et plus compétitif, renforcer les compagnies aériennes, les aéroports et l'industrie aéronautique en Europe, garantir des conditions de concurrence équitables sur le marché mondial et définir une stratégie à long terme pour le secteur européen de l'aviation;

2.

invite la Commission, lorsqu'elle élaborera le paquet «Aviation», à prendre en compte et à reprendre les grands éléments des positions du Parlement en première lecture sur le ciel unique européen (SES2+) et sur l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) ainsi que de sa résolution du 2 juillet 2013 sur la politique extérieure de l'Union européenne dans le domaine de l'aviation;

3.

souligne que l'industrie aéronautique apporte une contribution considérable à la croissance et à l'emploi dans l'Union et qu'elle est intimement liée à la compétitivité dans le secteur de l'aviation en Europe (avec, par exemple, une balance positive à l'exportation, des technologies plus propres pour les appareils européens, le déploiement du système européen de nouvelle génération pour la gestion du trafic aérien [SESAR], le ciel unique européen, la mise en place d'une chaîne de maintenance), ce qui génère un chiffre d'affaires d'environ 100 milliards d'euros par an et emploie directement quelque 500 000 personnes; demande par conséquent des mesures volontaristes pour soutenir et développer l'industrie aéronautique;

4.

souligne que l'innovation est indispensable à la compétitivité du secteur européen de l'aviation; recommande, par conséquent, que la Commission prenne en compte et soutienne l'innovation dans le domaine de la gestion du trafic aérien (contrôle automatisé du trafic aérien [ATC], itinéraires libres), des systèmes d'aéronefs télépilotés (RPAS), des solutions alternatives en matière de carburant, de la conception des aéronefs et des moteurs (pour une plus grande efficacité et une réduction du bruit), de la sûreté aéroportuaire (solutions sécurisées sans contact, contrôle unique de sûreté), de la numérisation et des solutions multimodales (services informatisés d'assistance en escale); recommande en outre qu'elle appuie des solutions de protection de l'environnement à l'échelle mondiale, telles qu'un mécanisme de marché mondial visant à réduire les émissions de CO2 du transport aérien international, qu'elle aligne les dispositifs régionaux, tels que les systèmes d'échanges de quotas d'émission du transport aérien (SEQE) dans le but de les fusionner pour en faire un système mondial et qu'elle soutienne l'écologisation des aéroports et de nouveaux modèles économiques (tels que la New Distribution Capability [NDC] de l'Association du transport aérien international [IATA], la réservation de vols sans correspondance automatique ou la billetterie intégrée);

5.

invite la Commission à commencer, dans la limite de ses compétences, à supprimer les charges qui pèsent sur les compagnies aériennes européennes au niveau national et de l'Union, de sorte à renforcer la compétitivité du secteur européen du transport aérien;

6.

met l'accent sur la perte de compétitivité des compagnies aériennes et des aéroports de l'Union par rapport aux transporteurs et aux aéroports subventionnés de pays tiers; préconise, dans ce contexte, une politique volontariste visant à garantir des conditions identiques pour tous en matière de propriété, et encourage fermement les États membres à améliorer leurs infrastructures nationales pour permettre à leurs compagnies aériennes de faire face à la concurrence dans des conditions plus favorables;

7.

déplore que le règlement (CE) no 868/2004 concernant la protection contre les subventions et les pratiques tarifaires déloyales dans le secteur du transport aérien se soit avéré inadéquat et inefficace du point de vue de sa portée; demande à la Commission de publier une analyse des causes de sa non-application d'ici novembre 2015 au plus tard; invite la Commission à réviser le règlement (CE) no 868/2004 afin d'assurer des conditions de concurrence équitables dans les relations extérieures de l'Union dans le domaine de l'aviation ainsi que de renforcer la position concurrentielle du secteur européen de l'aviation, de prévenir plus efficacement la concurrence déloyale, de garantir la réciprocité et d'éliminer les pratiques déloyales, notamment les subventions et les aides d'État accordées par certains pays tiers aux compagnies aériennes, lesquelles faussent le marché; souligne qu'il convient de se fixer pour objectif l'amélioration de la stratégie politique au niveau européen afin de résoudre rapidement ce conflit, en s'appuyant principalement sur l'application d'une «clause de concurrence loyale» transparente; demande également à la Commission de se pencher sur le concept de «contrôle efficace» des compagnies aériennes;

8.

relève que les aéroports européens font face à une forte pression concurrentielle, du fait des compagnies aériennes comme des aéroports concurrents; presse donc la Commission de tenir compte de cette évolution dans la mise en œuvre de la directive sur les redevances aéroportuaires et de faire bénéficier toutes les parties prenantes et les passagers des retombées positives;

9.

réclame des efforts supplémentaires au sein du Conseil pour l'approbation de la proposition de règlement sur les créneaux horaires afin d'améliorer les performances des aéroports et de veiller au bon fonctionnement du transport aérien en Europe, eu égard au fait que le trafic devrait doubler d'ici 2030;

10.

souligne l'importance des petits aéroports régionaux de l'Union pour la connectivité régionale; presse la Commission et les États membres de présenter un plan stratégique européen à long terme visant à répondre aux enjeux et perspectives auxquels font face les aéroports régionaux dans le cadre de l'Union, et notamment les règles relatives aux aides d'État pour les infrastructures de transport, car le rôle qu'ils jouent dans la cohésion de ses régions doit être encouragé et devenir l'un des piliers de la stratégie de l'Union en faveur de la croissance et de l'emploi;

Dimension internationale

11.

souligne que la négociation d'accords globaux dans le domaine de l'aviation avec les principaux partenaires commerciaux de l'Union devrait constituer un objectif stratégique, et qu'il convient d'engager de telles négociations ou de les accélérer; prie instamment la Commission d'obtenir, dans les meilleurs délais, un mandat étendu des États membres, en donnant la priorité aux pays du Conseil de coopération du Golfe, en vue de garantir des conditions de concurrence équitables pour les compagnies aériennes et les aéroports européens, d'assurer la réciprocité et d'introduire une clause de concurrence équitable; insiste sur le fait que, pour rendre ces accords aériens globaux efficaces dans la pratique, il y a lieu d'inclure une clause de sauvegarde définissant une infraction et les conséquences juridiques d'une violation;

12.

relève que le secteur du transport aérien n'est pas réglementé à l'échelon mondial et n'entre pas dans le périmètre de l'OMC; insiste sur l'importance des règles convenues au niveau mondial dans le cadre de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) en vue de réduire les émissions et l'incidence climatique de l'aviation; reconnaît que l'OACI s'engage en faveur de l'élaboration d'un mécanisme de marché mondial;

13.

invite la Commission et les États membres à accélérer la mise en œuvre du ciel unique européen en adoptant le paquet SES2+, car l'actuelle fragmentation de l'espace aérien européen pèse lourdement sur les compagnies aériennes européennes;

14.

compte que le paquet «Aviation» abordera et assurera la pleine intégration des aéroports dans le réseau de transport européen; rappelle qu'il convient de veiller à la cohérence du paquet «Aviation» avec la législation actuelle et future sur les droits des passagers tout en pressant le Conseil de prendre position, car les passagers comme les compagnies aériennes demandent davantage de clarté dans la réglementation;

Agenda social dans le secteur de l'aviation

15.

souligne que certaines conditions de travail dans le secteur de l'aviation peuvent avoir des conséquences pour la sécurité des vols; recommande que la DG MOVE et la DG EMPL collaborent et que le paquet «Aviation» contienne des dispositions sociales et prévoie les garde-fous nécessaires, comme convenu lors de la conférence de haut niveau intitulée «Un agenda social pour les transports» organisée le 4 juin 2015 par la Commission;

16.

préconise de renforcer et d'harmoniser la chaîne de sécurité aérienne et, pour cela, d'attirer et de retenir une main-d'œuvre compétente et bien formée;

17.

souligne que le secteur de l'aviation est reconnu comme un secteur en pleine croissance qui a su attirer et former des professionnels motivés et hautement qualifiés et que pour pouvoir disposer d'une telle main-d'œuvre à l'avenir, il y a lieu de préserver les dispositions réglementaires actuelles de l'Union en matière d'emploi et de conditions de travail, de normes et de pratiques, notamment en matière de négociations collectives;

18.

recommande de définir précisément le concept de «lieu principal d'activité commerciale» de sorte à ce qu'un État membre n'accorde de licence d'exploitation que si le volume d'activité de transport aérien qu'y réalise une compagnie est substantiel et, dans le contexte de la coordination des systèmes de sécurité sociale et des législations du travail, d'harmoniser la définition du concept de «base d'affectation» conformément aux règlements (UE) no 83/2014 et (UE) no 465/2012; souligne qu'il faut réduire la période transitoire et clarifier la situation du personnel navigant qui a plusieurs bases d'affectation;

19.

relève les difficultés de mise en œuvre de la directive relative au travail intérimaire (directive 2008/104/CE) et préconise que la Commission examine son application actuelle dans le secteur avant de décider, sur cette base, comment remédier à ces difficultés;

20.

se dit préoccupé par la recrudescence de pratiques commerciales problématiques sur le plan social telles que les «pavillons de complaisance» et différentes formes d'emploi atypique comme le faux travail indépendant, la pratique du «pay-to-fly», qui contraint des pilotes à payer pour voler, ou encore les contrats «zéro heure», qui peuvent avoir des conséquences éventuelles pour la sécurité; est d’avis que les normes sociales doivent être respectées dans toutes les activités de l’aviation;

Assurer un niveau élevé de sécurité dans l'espace aérien de l'Union

21.

réclame que le programme SESAR soit pleinement mis en œuvre, ce qui nécessite une étroite coopération et l'engagement financier de la Commission, des prestataires de services de navigation aérienne, des transporteurs aériens et des aéroports; demande donc d'adopter une approche systémique globale pour tous les domaines relatifs à l'aviation qui couvre toutes les phases de vol, y compris les opérations au sol, et d'accorder plus de poids à l'AESA dans l'environnement SES-SESAR d'un dispositif UE-EASA régissant la sécurité, la sûreté, l'environnement et les performances; demande à la Commission de garantir l'exécution du budget initial du mécanisme pour l'interconnexion en Europe (MIE), lequel avait été modifié par la création du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS);

22.

salue l'intention d'accorder davantage de responsabilités à l'AESA et demande donc que le règlement qui l'institue (règlement (CE) no 216/2008) soit modifié en vue d'assurer la mise en place d'un système global de gestion de la sécurité et de confier à l'Agence les aspects relatifs à la sécurité du dispositif de sûreté de l'Union ainsi que du transport spatial commercial et des aéronefs télépilotés; demande à la Commission d'accorder à l'AESA le statut d'autorité unique de l'aviation en Europe, eu égard à la large palette de responsabilités qui doivent être attribuées par le législateur;

23.

invite la Commission à préserver une large représentation grâce aux huit sièges qui représentent les États membres de l'Union au Conseil de l'OACI, à renforcer au plus vite le rôle de l'AESA sur la scène internationale et à veiller à ce que celle-ci soit officiellement reconnue au sein de l'OACI pour permettre à l'Union de parler d'une seule voix et garantir ainsi un niveau de sécurité plus élevé aux citoyens de l'Union dans le monde entier, tout en protégeant la compétitivité et les exportations de l'industrie européenne de l'aviation;

24.

demande à la Commission de lever les obstacles réglementaires à la surveillance du trafic aérien par satellite afin de permettre la mise en place de services susceptibles de sauver la vie de citoyens de l'Union et invite l'Union internationale des télécommunications à procéder aux attributions de fréquences nécessaires, compte tenu du fait que l'OACI estime que le système de surveillance dépendante automatique en mode diffusion (ADS-B) est la seule technologie qui permette de suivre un appareil en vol, notamment à des fins de gestion du trafic aérien, en dehors des zones densément peuplées où d'autres dispositifs terrestres de gestion du trafic atteignent leurs limites; souligne que, lors de la mise en œuvre du système ADS-B, il est essentiel de tenir compte des besoins de l'ensemble des usagers de l'espace aérien et de garantir l'interopérabilité des différentes technologies de manière à éviter les défaillances de sûreté et de sécurité; souligne que ce système permettrait aux pouvoirs publics, aux prestataires de services de navigation aérienne et aux compagnies aériennes d'Europe et d'ailleurs d'accroître l'efficacité et les capacités en matière de gestion du trafic, et de réduire ainsi les émissions dues à l'aviation, ainsi que d'améliorer sensiblement la sécurité aérienne tout en enrichissant d'un système supplémentaire le dispositif actuel de surveillance de l'espace aérien européen;

25.

invite la Commission, dans le prolongement de l'évaluation des risques réalisée dans le cadre du rapport du groupe de travail de l'AESA, à prendre des mesures pour améliorer l'évaluation médicale des pilotes ainsi que les procédures de sûreté, d'accès et de sortie relatives aux portes des cockpits;

26.

préconise, pour le transport de passagers et de fret, une démarche de «sûreté fondée sur les risques» plutôt que sur les mesures actuelles de réaction et demande, dans le domaine sensible qu'est la sûreté aérienne, une démarche juste et équilibrée qui réponde aux besoins et aux attentes des États membres, d'une part, et limite le mécontentement des passagers dans les aéroports, d'autre part, tout en renforçant le système de l'Aviation Security Service (AVSEC) et du Stakeholder Advisory Group on Aviation Security (SAGAS); demande donc instamment à la Commission, compte tenu des expériences concluantes menées dans d'autres régions, d'étudier la faisabilité de la mise en place d'un système de contrôle préalable à l'entrée sur le territoire européen;

27.

invite les autorités budgétaires à assurer à l'AESA un budget compétitif tenant compte de ces nouvelles responsabilités afin que les avionneurs et les compagnies aériennes de l'Union disposent d'outils souples et efficaces pour faire face à la concurrence mondiale, tout en relevant que le budget de l'AESA est financé à 70 % par les entreprises;

28.

constate qu'une série de dossiers législatifs sur l'aviation sont en attente d'examen au Conseil et demande donc à la Commission de trouver une solution pour débloquer la situation actuelle;

29.

invite la Commission à examiner les aspects ci-dessus dans le contexte de la proposition législative sur le paquet «Aviation» qu'elle doit présenter d'ici fin 2015;

o

o o

30.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO C 74 E du 20.3.2008, p. 658.

(2)  JO C 380 E du 11.12.2012, p. 5.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0290.

(4)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0220.

(5)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0221.

(6)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0392.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/7


P8_TA(2015)0395

Réforme de la loi électorale de l'Union européenne

Résolution du Parlement européen du 11 novembre 2015 sur la réforme de la loi électorale de l'Union européenne (2015/2035(INL))

(2017/C 366/02)

Le Parlement européen,

vu l'acte portant élection des membres du Parlement européen au suffrage universel direct (ci-après dénommé «acte électoral») annexé à la décision du Conseil du 20 septembre 1976, telle que modifiée (1), et notamment son article 14,

vu les traités, et notamment les articles 9, 10 et 14 et l'article 17, paragraphe 7, du traité sur l'Union européenne et l'article 22, l'article 223, paragraphe 1, et l'article 225 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, ainsi que l'article 2 du protocole no 1 sur le rôle des parlements nationaux dans l'Union européenne,

vu le protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne,

vu ses résolutions antérieures sur la procédure électorale au Parlement européen, et notamment sa résolution du 15 juillet 1998 sur l'élaboration d'un projet de procédure électorale comprenant des principes communs pour l'élection des députés au Parlement européen (2), sa résolution du 22 novembre 2012 sur les élections au Parlement européen en 2014 (3) et sa résolution du 4 juillet 2013 sur l'amélioration des modalités pratiques d'organisation des élections européennes de 2014 (4),

vu sa résolution du 13 mars 2013 sur la composition du Parlement européen en vue des élections de 2014 (5),

vu la recommandation 2013/142/UE de la Commission du 12 mars 2013 sur le renforcement de la conduite démocratique et efficace des élections au Parlement européen (6),

vu la communication de la Commission du 8 mai 2015 intitulée «Rapport sur les élections au Parlement européen de 2014» (COM(2015)0206),

vu l'évaluation de la valeur ajoutée européenne relative à la réforme de la loi électorale de l'Union européenne (7),

vu l'accord-cadre du 20 octobre 2010 sur les relations entre le Parlement européen et la Commission européenne (8),

vu la directive 93/109/CE du Conseil du 6 décembre 1993 fixant les modalités de l'exercice du droit de vote et d'éligibilité aux élections au Parlement européen pour les citoyens de l'Union résidant dans un État membre dont ils ne sont pas ressortissants (9),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1141/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 relatif au statut et au financement des partis politiques européens et des fondations politiques européennes (10), et notamment ses articles 13, 21 et 31,

vu la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne (ci-après dénommée «Charte»), et notamment ses articles 11, 23 et 39,

vu les articles 45 et 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires constitutionnelles (A8-0286/2015),

A.

considérant que l'article 223 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne confère au Parlement européen le droit d'engager la réforme de sa procédure électorale dans le but d'établir une procédure uniforme dans tous les États membres ou une procédure fondée sur des principes communs à tous les États membres, et d'y donner son approbation;

B.

considérant que la réforme de la procédure électorale du Parlement européen devrait viser à renforcer la dimension démocratique et transnationale des élections européennes et la légitimité démocratique du processus décisionnel de l'Union, à renforcer le concept de citoyenneté de l'Union, à améliorer le fonctionnement du Parlement européen et la gouvernance de l'Union, à conférer aux travaux du Parlement européen plus de légitimité, à consolider les principes d'égalité électorale et d'égalité des chances, à accroître l'efficacité du mode d'organisation des élections européennes et à rapprocher les députés au Parlement européen de leurs électeurs, notamment les plus jeunes;

C.

considérant que la réforme de la procédure électorale doit respecter les principes de subsidiarité et de proportionnalité, et ne doit pas chercher à imposer l'uniformité en tant que fin en soi;

D.

considérant que la possibilité d'établir une procédure électorale uniforme fondée sur le suffrage universel direct est inscrite dans les traités depuis 1957;

E.

considérant que, la montée progressive du taux d'abstention aux élections européennes, en particulier chez les plus jeunes, et le désintérêt croissant des citoyens pour les questions européennes constituant une menace pour l'avenir de l'Europe, des idées qui contribuent à un renouveau de la démocratie européenne sont nécessaires;

F.

considérant qu'une réelle harmonisation de la procédure applicable aux élections européennes dans tous les États membres assiérait le droit de tous les citoyens de l'Union à participer, sur un pied d'égalité, à la vie démocratique de l'Union, tout en renforçant la dimension politique de l'intégration européenne;

G.

considérant que les compétences du Parlement européen ont été progressivement renforcées depuis les premières élections au suffrage direct en 1979 et que le Parlement européen se trouve désormais sur un pied d'égalité avec le Conseil en tant que colégislateur dans la plupart des domaines politiques de l'Union, en particulier depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne;

H.

considérant que le traité de Lisbonne a modifié le mandat des députés au Parlement européen, qui sont devenus des représentants directs des citoyens de l'Union (11) au lieu de «représentants des peuples des États réunis dans la Communauté» (12);

I.

considérant que la seule réforme de l'acte électoral a eu lieu en 2002 par l'adoption de la décision 2002/772/CE, Euratom du Conseil (13), qui impose aux États membres d'organiser les élections sur la base d'un scrutin de liste ou de vote unique transférable, de type proportionnel, et qui a supprimé le double mandat pour les députés au Parlement européen; que, par ailleurs, les États membres sont libres de constituer des circonscriptions au niveau national et de prévoir un seuil national ne dépassant pas 5 % des suffrages exprimés;

J.

considérant qu'il n'existe toujours pas d'accord global sur une procédure électorale vraiment uniforme, même si l'on constate une certaine convergence des systèmes électoraux, notamment par l'adoption de textes de droit dérivé, comme la directive 93/109/CE du Conseil;

K.

considérant que le concept de citoyenneté de l'Union, introduit formellement dans l'ordre constitutionnel par le traité de Maastricht en 1993, inclut le droit des citoyens de l'Union de participer aux élections européennes et municipales dans leurs États membres, et dans leur État de résidence dans les mêmes conditions que les ressortissants de cet État (14); que la Charte, que le traité de Lisbonne a rendue juridiquement contraignante, a renforcé ce droit;

L.

considérant que malgré ces réformes, les élections européennes restent régies en grande partie par le droit national, les campagnes électorales se déroulent toujours à l'échelle nationale et les partis politiques européens ne sont pas en mesure d'assurer pleinement leur mandat constitutionnel, qui est de contribuer «à la formation de la conscience politique européenne et à l'expression de la volonté des citoyens de l'Union» ainsi que le veut l'article 10, paragraphe 4, du traité sur l'Union européenne;

M.

considérant que les partis politiques européens sont les mieux placés pour «contribuer à la formation de la conscience politique européenne» et devraient donc jouer un rôle plus important dans les campagnes pour les élections européennes, afin d'améliorer leur visibilité et de montrer le lien entre un vote pour un parti national particulier et son incidence sur la taille d'un groupe politique européen au Parlement européen;

N.

considérant que la procédure de nomination des candidats aux élections au Parlement européen diverge considérablement entre États membres et entre partis, en particulier en ce qui concerne la transparence et les normes démocratiques, alors que des procédures ouvertes, transparentes et démocratiques de sélection des candidats sont essentielles pour instaurer une confiance dans le système politique;

O.

considérant que les délais fixés pour finaliser les listes des candidats en vue des élections européennes varient considérablement entre les États membres, allant actuellement de 17 à 83 jours, ce qui place les candidats et les électeurs de l'Union dans une position inégale en ce qui concerne le temps qui leur est alloué pour faire campagne ou réfléchir à leur choix de vote;

P.

considérant que la date d'arrêt des listes des électeurs en vue des élections européennes varie beaucoup d'un État membre à l'autre et complique, voire empêche, l'échange d'informations entre États membres sur les électeurs (afin d'éviter les doubles votes);

Q.

considérant que la création d'une circonscription électorale commune, dans laquelle les listes seraient emmenées par le candidat ou la candidate de chaque famille politique à la présidence de la Commission, contribuerait à consolider sensiblement la démocratie européenne et à légitimer davantage l'élection du président de la Commission;

R.

considérant que les règles électorales européennes existantes autorisent un seuil non-obligatoire de 5 % maximum des suffrages exprimés pour les élections européennes et que 15 États membres ont eu recours à cette option pour introduire un seuil compris entre 3 % et 5 %; que dans les petits États membres et dans les États membres qui ont divisé leur territoire national en plusieurs circonscriptions, le seuil réel se situe toutefois au-dessus de 3 %, même s'il n'existe pas de seuil légal; que la tradition constitutionnelle voit dans l'introduction de seuils obligatoires un moyen légitime de garantir la capacité de fonctionnement des parlements;

S.

considérant que, bien que l'article 10, paragraphe 2, de l'acte électoral interdise expressément la publication anticipée des résultats des élections, ceux-ci ont été rendus publics dans le passé; qu'une heure harmonisée pour la clôture du scrutin dans tous les États membres contribuerait fortement au caractère européen commun des élections européennes et réduirait la possibilité d'influencer les résultats si les résultats des élections dans certains États membres étaient rendus publics avant la clôture du scrutin dans tous les États membres;

T.

considérant que les premières projections officielles des résultats électoraux devraient être annoncées simultanément dans tous les États membres le dernier jour de la période électorale à 21 heures CET;

U.

considérant que la fixation d'un jour de scrutin commun dans toute l'Europe mettrait davantage en évidence la participation commune des citoyens de toute l'Union, renforcerait la démocratie participative et aiderait à créer une élection paneuropéenne plus cohérente;

V.

considérant que le traité de Lisbonne a créé un nouvel ordre constitutionnel en octroyant au Parlement européen le droit d'élire le président de la Commission européenne (15) et non plus simplement de donner son approbation; que les élections européennes de 2014 ont créé un précédent important à cet égard en prouvant que la nomination de candidats chefs de file augmentait l'intérêt des citoyens pour les élections européennes;

W.

considérant que la nomination de candidats chefs de file à la présidence de la Commission européenne établit un lien entre les votes exprimés au niveau national et le contexte européen et permet aux citoyens de l'Union de choisir en connaissance de cause entre différents programmes politiques; que la désignation de candidats chefs de file par des procédures ouvertes et transparentes renforce la légitimité démocratique et l'obligation de rendre des comptes;

X.

considérant que la procédure de nomination et de sélection de candidats chefs de file à ce poste constitue une expression forte de la démocratie européenne; qu'elle devrait par ailleurs faire partie intégrante des campagnes électorales;

Y.

considérant que le délai de désignation des candidats par les partis politiques européens devrait être codifié dans l'acte électoral et que les candidats chefs de file à la présidence de la Commission devraient se présenter comme candidats aux élections au Parlement européen;

Z.

considérant que les États membres n'accordent pas tous à leurs citoyens la possibilité de voter depuis l'étranger et que, parmi ceux qui le font, les conditions de la privation du droit de vote varient grandement; que l'octroi à tous les citoyens de l'Union résidant en dehors de l'Union du droit de participer aux élections contribuerait à l'égalité électorale; que les États membres doivent néanmoins mieux coordonner leurs systèmes administratifs à cet effet afin d'éviter que les électeurs ne puissent voter deux fois dans deux États membres différents;

AA.

considérant qu'au moins 13 États membres n'ont pas mis en place de règles internes appropriées pour empêcher les citoyens de l'Union ayant la nationalité de deux États membres de l'Union de voter deux fois, en violation de l'article 9 de l'acte électoral;

AB.

considérant qu'il conviendrait d'établir, au niveau de l'Union, une autorité électorale faisant office de relais des autorités de contact uniques des États membres, car elle faciliterait l'accès à l'information sur les règles régissant les élections européennes, rationaliserait le processus et renforcerait le caractère européen de ces élections; que la Commission est donc invitée à examiner les modalités pratiques nécessaires à la création d'une telle autorité au niveau de l'Union;

AC.

considérant que, parmi les 28 États membres, l'âge minimal d'éligibilité pour se présenter aux élections varie entre 18 et 25 ans, et que l'âge requis pour avoir le droit de vote s'étend de 16 à 18 ans, en raison des traditions constitutionnelles et électorales divergentes dans les États membres; que l'harmonisation de la majorité électorale et de l'âge minimum pour les candidats serait hautement souhaitable pour fournir aux citoyens de l'Union une réelle égalité de vote, et permettrait d'éviter la discrimination dans le domaine le plus fondamental de la citoyenneté, à savoir le droit de participer au processus démocratique;

AD.

considérant que la création officielle de partis politiques au niveau de l'Union et leur consolidation contribuent à l'émergence d'une conscience politique européenne et à l'expression de la volonté des citoyens de l'Union, et que cela a favorisé également une convergence progressive des systèmes électoraux;

AE.

considérant que le vote par correspondance, le vote électronique et le vote sur l'internet pourraient rendre les élections européennes plus efficaces et plus attrayantes pour les électeurs, à condition que les normes les plus élevées possibles de la protection des données soient assurées;

AF.

considérant que dans la plupart des États membres, les membres de l'exécutif peuvent être candidats aux élections législatives nationales sans devoir interrompre leur activité institutionnelle;

AG.

considérant que malgré les progrès continus depuis 1979 en ce qui concerne l'équilibre entre hommes et femmes dans la répartition des sièges, les divergences entre États membres restent très importantes de ce point de vue, puisque dans dix d'entre eux, le taux du sexe le moins représenté est inférieur à 33 %; que la composition actuelle du Parlement européen, qui comprend seulement 36,62 % de femmes, est très en-deçà des valeurs et des objectifs d'égalité entre hommes et femmes consacrés par la Charte;

AH.

considérant qu'il faut parvenir à l'égalité entre les femmes et les hommes, une des valeurs fondatrices de l'Union, mais que seuls quelques États membres ont intégré ce principe dans leurs lois électorales nationales; considérant que les quotas hommes/femmes lors de la prise de décisions politiques et l'alternance hommes/femmes sur les listes se sont révélés être des instruments très efficaces pour remédier à la discrimination et à la répartition déséquilibrée du pouvoir entre les femmes et les hommes et pour améliorer la représentation démocratique dans les organes de décision politique;

AI.

considérant que le principe de proportionnalité dégressive inscrit dans le traité sur l'Union européenne a fortement contribué à créer un sentiment d'adhésion au projet européen dans tous les États membres.

1.

décide de réformer sa procédure électorale suffisamment tôt avant les élections de 2019 afin de renforcer la dimension démocratique et transnationale des élections européennes et la légitimité démocratique du processus décisionnel de l'Union, de renforcer le concept de citoyenneté de l'Union et l'égalité électorale, de promouvoir le principe de la démocratie représentative ainsi que la représentation directe des citoyens de l'Union au Parlement européen conformément à l'article 10 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, d'améliorer le fonctionnement du Parlement européen et la gouvernance de l'Union, de conférer aux travaux du Parlement européen plus de légitimité et d'efficacité, d'améliorer l'efficacité du mode d'organisation des élections européennes, de favoriser le sentiment d'adhésion des citoyens de tous les États membres, d'équilibrer davantage la composition du Parlement européen et d'assurer la plus grande égalité et la plus grande participation possibles des citoyens de l'Union lors des élections;

2.

propose d'améliorer la visibilité des partis politiques européens en indiquant leurs noms et logos sur les bulletins de vote et recommande de faire de même dans les émissions électorales à la télévision et à la radio ainsi que sur les affiches et d'autres supports utilisés lors de la campagne électorale européenne, notamment les manifestes des partis nationaux, car ces mesures rendraient les élections européennes plus transparentes et amélioreraient leur caractère démocratique puisque les citoyens pourraient clairement relier leur vote à son incidence sur l'influence politique des partis politiques européens et sur leur capacité de former des groupes politiques au Parlement européen;

3.

estime toutefois, compte tenu de l'attachement de l'Union à la subsidiarité, que les partis politiques régionaux qui participent aux élections européennes devraient suivre la même pratique et que les autorités régionales devraient être encouragées à utiliser des langues régionales officiellement reconnues dans ce contexte;

4.

encourage les États membres à faciliter la participation des partis politiques européens, ainsi que de leurs candidats chefs de file, aux campagnes électorales, notamment à la télévision et dans d'autres médias;

5.

décide de fixer un délai commun minimal de 12 semaines avant la date des élections pour l'établissement des listes des candidats afin de garantir une plus grande égalité électorale aux candidats et aux électeurs dans l'ensemble de l'Union grâce à une même période de préparation et de réflexion avant le vote; encourage les États membres à réfléchir à des moyens d'assurer une plus grande convergence entre les règles régissant les campagnes électorales pour les élections européennes;

6.

estime essentiel que les partis politiques à tous les niveaux adoptent des procédures démocratiques et transparentes pour la sélection de leurs candidats; recommande que les partis nationaux sélectionnent leurs candidats aux élections européennes par un vote démocratique;

7.

suggère l'introduction, pour l'attribution des sièges dans les États membres constituant une circonscription unique et dans les circonscriptions ayant recours à un scrutin de liste et comptant plus de 26 sièges, d'un seuil obligatoire allant de 3 % à 5 %; considère que cette mesure est importante pour préserver le fonctionnement du Parlement européen, car elle évitera de nouvelles fragmentations;

8.

propose que, même si l'État membre reste libre de déterminer le ou les jours des élections pendant la période électorale, les élections se terminent à 21 heures CET le dimanche des élections européennes dans tous les États membres, afin de garantir la bonne application de l'article 10, paragraphe 2, de l'acte électoral et de réduire la possibilité que les résultats soient influencés si les résultats des élections dans certains États membres sont rendus publics avant la clôture du scrutin dans tous les États membres; demande le maintien de l'interdiction de la publication anticipée des résultats des élections dans tous les États membres;

9.

décide de fixer un délai commun de 12 semaines avant les élections européennes pour la nomination des candidats chefs de file par les partis politiques européens de façon à leur permettre de présenter leurs programmes électoraux et à organiser les débats politiques entre les candidats ainsi que les campagnes électorales à l'échelle de l'Union; considère que le processus de nomination de candidats chefs de file constitue un aspect important des campagnes électorales en raison du lien implicite entre les résultats des élections européennes et le choix du président de la Commission inscrit dans le traité de Lisbonne;

10.

décide de fixer un délai commun de huit semaines pour la mise au point de la liste des électeurs et de six semaines pour que les informations sur les citoyens de l'Union possédant une double nationalité et sur les citoyens de l'Union qui résident dans un autre État membre soient communiquées à l'autorité nationale unique chargée de la liste des électeurs;

11.

propose que l'intégrité des élections soit renforcée par la limitation des dépenses de campagne à un montant raisonnable qui permette une présentation adéquate des partis politiques, des candidats et de leurs programmes électoraux;

12.

propose que les citoyens de l'Union, y compris ceux qui résident ou travaillent dans un pays tiers, aient le droit de voter aux élections européennes; considère que cela donnerait enfin à tous les citoyens de l'Union le même droit de vote aux élections européennes dans les mêmes conditions, quels que soient leur lieu de résidence ou leur citoyenneté;

13.

appelle néanmoins les États membres à mieux coordonner leurs systèmes administratifs à cet effet afin d'éviter que les électeurs ne puissent voter deux fois dans deux États membres différents;

14.

encourage les États membres à autoriser le vote par correspondance, le vote électronique et le vote sur l'internet afin d'accroître la participation et de faciliter le vote pour tous les citoyens, notamment pour les personnes à mobilité réduite et les personnes qui résident ou qui travaillent dans un pays tiers ou dans un État membre dont ils n'ont pas la nationalité, à condition que des mesures appropriées soient prises pour prévenir tout risque de fraude dans l'utilisation du vote par ces moyens;

15.

recommande aux États membres, pour l'avenir, d'envisager d'harmoniser l'âge minimal des électeurs à 16 ans afin de garantir une plus grande égalité aux citoyens de l'Union lors des élections;

16.

demande la révision de l'accord-cadre sur les relations entre le Parlement européen et la Commission européenne en vue d'adapter les règles concernant les commissaires qui sont candidats aux élections au Parlement européen, afin de ne pas entraver l'efficacité institutionnelle de la Commission pendant la période électorale, tout en évitant l'utilisation abusive des ressources institutionnelles;

17.

décide de donner au Parlement le droit de fixer la période électorale pour les élections au Parlement européen après consultation du Conseil;

18.

encourage les États membres à adopter des cadres juridiques adéquats qui garantissent les normes les plus élevées en matière d'information, d'équité et d'objectivité de la couverture médiatique au cours de la campagne électorale, en particulier en ce qui concerne les radiodiffuseurs du service public; considère qu'il s'agit là d'un élément essentiel pour permettre aux citoyens de l'Union de faire un choix éclairé sur les programmes politiques concurrents; reconnaît l'importance d'instruments d'autorégulation tels que les codes de conduite dans la réalisation de cet objectif;

19.

appelle à renforcer les règles permettant la tenue d'un débat politique sans entrave, notamment en veillant à renforcer le pluralisme des médias et la neutralité de tous les niveaux de l'administration publique à l'égard du processus électoral;

20.

souligne l'importance d'une présence accrue des femmes lors de la prise de décisions politiques et d'une meilleure représentation des femmes aux élections européennes; invite donc les États membres et les institutions de l'Union à tout mettre en œuvre pour encourager le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes dans l'ensemble du processus électoral; souligne, dans ce contexte, l'importance que revêtent des listes des candidats respectant la parité entre les hommes et les femmes;

21.

encourage les États membres à prendre des mesures pour promouvoir une représentation appropriée des minorités ethniques, linguistiques et autres lors des élections européennes;

22.

estime qu'il est souhaitable de mettre en place une autorité électorale européenne chargée de centraliser les informations sur les élections au Parlement européen, de surveiller leur déroulement et de faciliter l'échange d'informations entre les États membres;

23.

estime que la qualité de député au Parlement européen devrait être incompatible avec celle de député d'un parlement ou d'une assemblée régionale investis de pouvoirs législatifs;

24.

rappelle qu'en dépit des recommandations de la Commission, les États membres ont échoué à plusieurs reprises à arrêter une date commune pour le scrutin; encourage les États membres à œuvrer à la recherche d'un accord sur cette question;

25.

transmet au Conseil la proposition ci-jointe de modification de l'acte portant élection des membres du Parlement européen au suffrage universel direct (16);

26.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil européen, au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux parlements et aux gouvernements des États membres.


(1)  Décision 76/787/CECA, CEE, Euratom du Conseil (JO L 278 du 8.10.1976, p. 1) modifiée par la décision 93/81/Euratom, CECA, CEE du Conseil (JO L 33 du 9.2.1993, p. 15) et par la décision 2002/772/CE, Euratom du Conseil (JO L 283 du 21.10.2002, p. 1).

(2)  JO C 292 du 21.9.1998, p. 66.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2012)0462.

(4)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0323.

(5)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0082.

(6)  JO L 79 du 21.3.2013, p. 29.

(7)  PE 558.775 (http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/IDAN/2015/558775/EPRS_IDA(2015)558775_EN.pdf)

(8)  JO L 304 du 20.11.2010, p. 47.

(9)  JO L 329 du 30.12.1993, p. 34.

(10)  JO L 317 du 4.11.2014, p. 1.

(11)  Article 10, paragraphe 2, et article 14, paragraphe 2, du traité sur l'Union européenne.

(12)  Article 189, paragraphe 1, du traité instituant la Communauté européenne.

(13)  Décision 2002/772/CE, Euratom du Conseil du 25 juin 2002 et du 23 septembre 2002 modifiant l'acte portant élection des représentants au Parlement européen au suffrage universel direct, annexé à la décision 76/787/CECA, CEE, Euratom (JO L 283 du 21.10.2002, p. 1).

(14)  Article 20, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.

(15)  Article 17, paragraphe 7, du traité sur l'Union européenne.

(16)  Les amendements figurant dans la proposition en annexe portent sur une consolidation réalisée par le Service juridique du Parlement européen sur la base de l'acte portant élection des représentants à l'Assemblée au suffrage universel direct (JO L 278 du 8.10.1976, p. 5), modifié par la décision 93/81/Euratom, CECA, CEE modifiant l'acte portant élection des représentants du Parlement européen au suffrage universel direct annexé à la décision 76/787/CECA, CEE, Euratom du Conseil du 20 septembre 1976 (JO L 33 du 9.2.1993, p. 15), et par la décision 2002/772/CE, Euratom du Conseil du 25 juin 2002 et du 23 septembre 2002 (JO L 283 du 21.10.2002, p. 1). Il diffère de la version consolidée réalisée par l'Office des publications de l'Union européenne (CONSLEG. 1976X1008-23/09/2002) à deux égards: il incorpore un tiret «– membre du Comité des régions» à l'article 7, paragraphe 1, conformément à l'article 5 du traité d'Amsterdam (JO C 340 du 10.11.1997) et est renuméroté conformément à l'article 2, paragraphe 1, de la décision 2002/772/CE, Euratom du Conseil.


ANNEXE

Proposition de

DÉCISION DU CONSEIL

adoptant les dispositions modifiant l’acte portant élection des membres du Parlement européen au suffrage universel direct

LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE,

vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, et notamment son article 223, paragraphe 1,

vu la proposition du Parlement européen,

après transmission du projet d'acte législatif aux parlements nationaux,

vu l'approbation du Parlement européen,

statuant conformément à une procédure législative spéciale,

considérant qu'il convient de mettre en œuvre les dispositions du traité relatives à la procédure électorale,

A ADOPTÉ les dispositions suivantes et recommande aux États membres de les approuver conformément à leurs règles constitutionnelles respectives.

Article premier

L'acte portant élection des membres du Parlement européen au suffrage universel direct, annexé à la décision 76/787/CECA, CEE, Euratom du Conseil (1), est modifié comme suit:

1)

À l'article 1er, le paragraphe 1 est remplacé par le texte suivant:

«1.   Dans chaque État membre, les membres du Parlement européen sont élus représentants des citoyens de l'Union au scrutin, de liste ou de vote unique transférable, de type proportionnel.».

2)

L'article suivant est inséré:

«Article 2 bis

Le Conseil décide à l'unanimité de la création d'une circonscription électorale commune dans laquelle les listes sont emmenées par le candidat ou la candidate de chaque famille politique à la présidence de la Commission.».

3)

L'article 3 est remplacé par le texte suivant:

«Article 3

Pour les circonscriptions, et pour les États membres constituant une circonscription unique qui ont recours à un scrutin de liste et qui comptent plus de 26 sièges, les États membres prévoient la fixation d'un seuil pour l'attribution de sièges qui n'est ni inférieur à 3 %, ni supérieur à 5 % des suffrages exprimés dans la circonscription concernée ou dans l'État membre concerné constituant une circonscription unique.».

4)

Les articles suivants sont insérés:

«Article 3 bis

Chaque État membre fixe un délai pour l'établissement des listes des candidats aux élections au Parlement européen. Ce délai est de 12 semaines au moins avant le début de la période électorale visée à l'article 10, paragraphe 1.

Article 3 ter

La date limite pour l'établissement et la finalisation de la liste des électeurs est fixée à huit semaines avant le premier jour du scrutin.

Article 3 quater

Les partis politiques qui participent aux élections au Parlement européen respectent les procédures démocratiques et la transparence dans la sélection de leurs candidats à ces élections.

Article 3 quinquies

La liste des candidats aux élections au Parlement européen assure l'égalité des genres.

Article 3 sexies

Les bulletins de vote utilisés lors des élections au Parlement européen accordent la même visibilité aux noms et aux logos des partis nationaux qu'à ceux des partis politiques européens.

Les États membres encouragent et facilitent l'utilisation de ces affiliations lors des émissions électorales à la télévision et à la radio ainsi que sur les supports de campagne électorale. Les supports de campagne électorale contiennent une référence au programme du parti politique européen éventuel auquel le parti national est affilié.

Les règles concernant l'envoi de matériel électoral aux électeurs lors des élections au Parlement européen sont les mêmes que celles qui s'appliquent lors des élections nationales, régionales et locales dans l'État membre concerné.

Article 3 septies

Les partis politiques européens désignent leurs candidats au poste de président de la Commission au moins 12 semaines avant la date de début de la période électorale visée à l'article 10, paragraphe 1.».

5)

Les articles suivants sont insérés:

«Article 4 bis

Les États membres peuvent introduire le vote électronique et le vote sur l'internet pour les élections au Parlement européen et, le cas échéant, adoptent des mesures suffisantes pour assurer la fiabilité du résultat, la confidentialité du vote et la protection des données.

Article 4 ter

Les États membres peuvent offrir à leurs citoyens la possibilité d'exprimer leur vote par correspondance aux élections au Parlement européen.».

6)

À l'article 5, paragraphe 1, le deuxième alinéa est supprimé.

7)

L'article 6 est remplacé par le texte suivant:

«Article 6

1.   Les membres du Parlement européen votent individuellement et personnellement. Ils ne peuvent être liés par des instructions ni recevoir de mandat impératif. Ils représentent tous les citoyens de l'Union.

2.   Les membres du Parlement européen bénéficient des privilèges et immunités qui leur sont applicables en vertu du protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne, annexé au traité sur l'Union européenne, au traité sur le fonctionnement de l'Union européenne et au traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique.».

8)

L'article 7 est modifié comme suit:

a)

le paragraphe 1 est remplacé par le texte suivant:

«1.   La qualité de membre du Parlement européen est incompatible avec celle de:

membre du gouvernement d'un État membre,

membre d'un parlement national ou régional ou d'une assemblée nationale ou régionale investie de pouvoirs législatifs,

membre de la Commission,

juge, avocat général ou greffier de la Cour de justice de l'Union européenne,

membre du directoire de la Banque centrale européenne,

membre de la Cour des comptes,

Médiateur européen,

membre du Comité économique et social,

membre du Comité des régions,

membre de comités ou organismes créés en vertu ou en application du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne ou du traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique en vue de l'administration de fonds de l'Union ou d'une tâche permanente et directe de gestion administrative,

membre du conseil d'administration, du comité de direction ou employé de la Banque européenne d'investissement,

fonctionnaire ou agent en activité des institutions de l'Union européenne ou des organes ou organismes qui leur sont rattachés ou de la Banque centrale européenne.»;

b)

le paragraphe 2 est supprimé;

c)

le paragraphe 4 est remplacé par le texte suivant:

«4.   Les membres du Parlement européen auxquels sont applicables, au cours de la période quinquennale visée à l'article 5, les dispositions des paragraphes 1 et 3, sont remplacés conformément aux dispositions de l'article 13.».

9)

Les articles suivants sont insérés:

«Article 9 bis

Tous les citoyens de l'Union, y compris ceux qui résident ou qui travaillent dans un pays tiers, ont le droit de voter aux élections au Parlement européen. Les États membres prennent les mesures nécessaires pour garantir l'exercice de ce droit.

Article 9 ter

Chaque État membre désigne une autorité de contact chargée d'échanger avec ses homologues des autres États membres des données sur les électeurs. Cette autorité transmet à ces homologues, au moins six semaines avant le premier jour du scrutin et par des moyens de communication électroniques uniformes et sûrs, les données relatives aux citoyens de l'Union qui sont ressortissants de plus d'un État membre et des citoyens de l'Union qui ne sont pas ressortissants de l'État membre dans lequel ils résident.

Les informations transmises comprennent au moins le nom et le prénom, l'âge, la ville de résidence et la date d'arrivée dans l'État membre concerné, du citoyen en question.».

10)

Les articles 10 et 11 sont remplacés par le texte suivant:

«Article 10

1.   L'élection au Parlement européen a lieu à la date ou aux dates et aux heures fixées par chaque État membre. Cette date ou ces dates se situent pour tous les États membres au cours d'une même période débutant le jeudi matin et s'achevant le dimanche immédiatement suivant. L'élection est clôturée dans tous les États membres au plus tard à 21 heures CET ledit dimanche.

2.   Un État membre ne peut rendre public d'une manière officielle le résultat de son scrutin qu'après la clôture du scrutin. Les premières projections officielles des résultats sont communiquées simultanément dans tous les États membres à la fin de la période électorale indiquée au paragraphe 1. Avant ce moment, aucune prévision fondée sur des sondages auprès des électeurs à la sortie des urnes ne peut être publiée.

3.   Le dépouillement des bulletins de vote par correspondance commence dans tous les États membres après la fermeture des bureaux de vote dans l'État membre dont les électeurs votent en dernier au cours de la période électorale visée au paragraphe 1.

Article 11

1.   La période électorale est déterminée pour les élections par le Parlement européen, après consultation du Conseil, au moins un an avant la fin de la période quinquennale visée à l'article 5.

2.   Sans préjudice des dispositions de l'article 229 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, le Parlement européen se réunit de plein droit le premier mardi qui suit l'expiration d'un délai d'un mois à compter de la fin de la période électorale.».

11)

Les articles 14 et 15 sont remplacés par le texte suivant:

«Article 14

Des mesures d'application du présent acte sont proposées par le Parlement européen, statuant à la majorité des membres qui le composent, et adoptées par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après consultation de la Commission et approbation du Parlement européen.

Article 15

Le présent acte est rédigé en langues allemande, anglaise, danoise, espagnole, finnoise, française, grecque, irlandaise, italienne, néerlandaise, portugaise et suédoise, tous les textes faisant également foi.

En vertu des traités d'adhésion, font également foi les versions du présent acte en langues bulgare, croate, estonienne, hongroise, lettone, lituanienne, maltaise, polonaise, roumaine, slovaque, slovène et tchèque.».

12)

Les annexes I et II sont supprimées.

Article 2

1.   Les amendements figurant à l'article 1er prennent effet le premier jour du mois suivant celui de l'approbation des dispositions de la présente décision par les États membres, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives.

2.   Les États membres notifient au secrétariat général du Conseil l'accomplissement de leurs procédures nationales respectives.

Article 3

La présente décision est publiée au Journal officiel de l'Union européenne,

Fait à Bruxelles,

Par le Conseil,

le président,


(1)  Décision du Conseil 76/787/CECA, CEE, Euratom du 20 septembre 1976 (JO L 278 du 8.10.1976, p. 1).


Mardi 24 novembre 2015

27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/19


P8_TA(2015)0401

Réduire les inégalités, en particulier la pauvreté des enfants

Résolution du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la réduction des inégalités, en particulier la pauvreté infantile (2014/2237(INI))

(2017/C 366/03)

Le Parlement européen,

vu la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, adoptée à New York le 20 novembre 1989,

vu la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, adoptée à New York le 13 décembre 2006,

vu l'article 3 du traité sur l'Union européenne,

vu l'article 24 de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu la charte sociale européenne révisée,

vu la directive sur l'égalité raciale (2000/43/CE) et la directive-cadre sur l'égalité en matière d'emploi (2000/78/CE),

vu la recommandation de la Commission du 20 février 2013 intitulée «Investir dans l'enfance pour briser le cercle vicieux de l'inégalité» (2013/112/UE),

vu le rapport de la Commission sur l'évolution de l'emploi et de la situation sociale en Europe en 2012,

vu la communication de la Commission du 15 février 2011 intitulée «Programme de l'Union européenne en matière de droits de l'enfant» (COM(2011)0060),

vu la communication de la Commission du 16 décembre 2010 intitulée «Plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale: un cadre européen pour la cohésion sociale et territoriale» (COM(2010)0758),

vu la communication de la Commission du 4 juillet 2006 intitulée «Vers une stratégie européenne sur les droits de l'enfant» (COM(2006)0367),

vu le rapport d'Eurofound intitulé «Troisième enquête européenne sur la qualité de la vie — Qualité de vie en Europe: incidences de la crise»,

vu le rapport d'Eurofound (2013) intitulé «Troisième enquête européenne sur la qualité de la vie — Qualité de vie en Europe: inégalités sociales»,

vu sa résolution du 27 novembre 2014 sur le 25e anniversaire de la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant (1),

vu sa résolution du 4 juillet 2013 sur l'impact de la crise en ce qui concerne l'accès aux soins des groupes vulnérables (2),

vu sa résolution du 12 juin 2013 sur la communication de la Commission intitulée «Investir dans le domaine social en faveur de la croissance et de la cohésion, notamment par l'intermédiaire du Fonds social européen, au cours de la période 2014-2020» (3),

vu sa résolution du 15 novembre 2011 sur la plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale (4),

vu sa résolution du 8 mars 2011 sur le visage de la pauvreté féminine dans l'Union européenne (5),

vu sa résolution du 8 mars 2011 sur la réduction des inégalités de santé dans l'Union européenne (6),

vu sa résolution du 20 octobre 2010 sur le rôle du revenu minimum dans la lutte contre la pauvreté et la promotion d'une société inclusive en Europe (7),

vu sa résolution du 9 octobre 2008 sur la promotion de l'intégration sociale et la lutte contre la pauvreté, y compris celle des enfants, au sein de l'Union européenne (8),

vu sa résolution du 16 janvier 2008 intitulée «Vers une stratégie européenne sur les droits de l'enfant» (9),

vu le rapport de Save the Children intitulé «Pauvreté infantile et exclusion sociale en Europe», publié en 2014,

vu le rapport du bureau de recherche de l'UNICEF intitulé «Les enfants de la récession: impact de la crise économique sur le bien-être des enfants dans les pays riches», publié en 2014,

vu le rapport de l'EAPN et d'Eurochild intitulé «Vers le bien-être des enfants en Europe: explicatif sur la pauvreté infantile dans l'Union européenne», publié en 2013,

vu le rapport d'évaluation de 2014 d'Eurochild intitulé «The 2014 National Reform Programmes (NRP) and National Social Reports (NSR) from a child poverty and well-being perspective» [Les programmes nationaux de réforme (PNR) et les rapports sociaux nationaux du point de vue de la pauvreté infantile et du bien-être des enfants],

vu le rapport de la 11e conférence d'Eurochild, qui s'est tenue du 26 au 28 novembre 2014 à Bucarest,

vu le rapport du centre de recherche Innocenti de l'UNICEF intitulé «Mesurer la pauvreté des enfants: nouveaux tableaux de classement de la pauvreté des enfants dans les pays riches», publié en 2012,

vu le rapport scientifique final DRIVERS intitulé «Social Inequalities in early childhood health and development: a European-wide systematic review» [Inégalités sociales dans le domaine de la santé et du développement du jeune enfant: un examen systématique au niveau européen], Londres, septembre 2014,

vu les statistiques de l'Union européenne sur le revenu et les conditions de vie, SRCV-UE, 2013,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 30 septembre 2009 sur le thème «Travail et pauvreté: vers une approche globale indispensable»,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 14 juillet 2010 sur le thème «Pauvreté et bien-être chez les enfants»,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 10 décembre 2013 sur le thème «Revenu européen minimum et indicateurs de pauvreté»,

vu le rapport de synthèse intitulé «Investir dans l'enfance pour briser le cercle vicieux de l'inégalité — une étude des politiques nationales» par le réseau européen des experts indépendants dans le domaine de l'inclusion sociale (10),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de l'emploi et des affaires sociales (A8-0310/2015),

A.

considérant qu'il convient d'accorder une plus grande visibilité politique à la lutte contre la pauvreté des enfants au niveau politique le plus élevé de l'Union européenne si l'on souhaite que l'Union atteigne d'ici 2020 l'objectif de la stratégie Europe 2020 de réduire d'au moins 20 millions le nombre de personnes confrontées à la pauvreté;

B.

considérant que, selon la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, il devrait être garanti à tous les enfants le droit à l'éducation, à des services de santé, au logement, à la protection, à être associés aux décisions les concernant, aux loisirs et au temps libre, à un régime équilibré et à recevoir des soins dans leur environnement familial;

C.

considérant que la majorité des États membres a, jusqu'à présent, accordé très peu d'attention à l'utilisation des fonds structurels de l'Union pour lutter contre le taux de pauvreté inquiétant et en hausse des enfants en Europe, ainsi que pour promouvoir leur inclusion sociale et leur bien-être général;

D.

considérant que les inégalités sociales contribuent fortement à l'augmentation de la pauvreté chez les enfants, et que les enfants font partie des catégories exposées au risque de pauvreté dans 19 États membres;

E.

considérant que, selon Eurostat, les principaux facteurs influant sur la pauvreté des enfants sont les politiques de redistribution des richesses, l'efficacité de l'intervention des pouvoirs publics par le soutien aux revenus, la fourniture de services de soutien, la politique du marché du travail (11) et la situation des parents sur le marché du travail, elle-même liée à leur niveau d'éducation et la composition du ménage dans lequel vivent les enfants; que la création d'emplois constitue un instrument efficace de lutte contre la pauvreté;

F.

considérant qu'un cinquième de la population totale de l'Union a moins de 18 ans et que, malgré les engagements pris, plus d'un enfant sur quatre est à présent menacé de pauvreté ou d'exclusion sociale à travers l'Union;

G.

considérant que le Parlement a demandé à de nombreuses reprises la mise en œuvre du train de mesures sur les investissements sociaux, et qu'il adhère à la recommandation de la Commission intitulée «Investir dans l'enfance pour briser le cercle vicieux de l'inégalité», qui propose un cadre stratégique complet pour combattre la pauvreté des enfants et promouvoir leur bien-être sur la base de trois piliers, à savoir l'accès à des ressources adéquates dans le cadre du Fonds social européen, l'accès à des services de qualité et inclusifs, et la participation des enfants à la société et aux prises de décisions, et qui reconnaît les enfants en tant que détenteurs de droits; déplore toutefois que l'Union n'ait pas encore pris de mesures cohérentes visant à donner suite à cette recommandation dans le cadre du semestre européen;

H.

considérant que, même si les enfants de parents très peu actifs sur le marché du travail ont 56,7 % de risques supplémentaires de sombrer dans la pauvreté ou dans l'exclusion sociale, aujourd'hui le risque de pauvreté existe bel et bien pour les enfants des ménages très actifs sur le marché du travail (en Roumanie, en Lituanie, au Portugal, en Espagne, en Grèce, en Lettonie, en Slovaquie, en Pologne et au Luxembourg);

I.

considérant que la pauvreté des enfants est le résultat de la pauvreté des familles, que les familles à faibles revenus et les familles nombreuses sont davantage menacées par la pauvreté, que la répartition des revenus joue un rôle décisif sur la réduction des cycles d'inégalités sociales, et que la détérioration des politiques salariales nationales et des systèmes de protection sociale engendre un risque plus important de pauvreté et d'exclusion sociale, qui contribue à la pauvreté croissante des enfants, comme le démontrent les États membres qui présentent les niveaux de pauvreté des enfants les plus faibles, qui sont également ceux qui enregistrent les niveaux de pauvreté générale et d'inégalité les plus bas;

J.

considérant qu'entre 2008 et 2012, le nombre d'enfants menacés par la pauvreté ou l'exclusion sociale a augmenté de près d'un million en Europe (UE-27, Norvège, Islande et Suisse), avec une augmentation d'un demi-million rien qu'entre 2011 et 2012 (12); que, selon les données d'Eurostat, en 2013, 26,5 millions d'enfants dans l'UE-28 risquaient de sombrer dans la pauvreté ou l'exclusion sociale; que, dans l'UE-27, le risque de pauvreté ou d'exclusion sociale est passé de 26,5 % à 28 % entre 2008 et 2012; qu'en 2013, dans les États membres de l'UE-28, 28 % de la population de moins de 18 ans était menacée de pauvreté et d'exclusion sociale et que, dans la grande majorité des pays, le risque de pauvreté et d'exclusion sociale est plus important pour les enfants que pour les adultes;

K.

considérant que les femmes connaissent un plus grand risque de pauvreté que les hommes, et que la lutte contre la pauvreté des femmes est non seulement importante en soi, mais aussi primordiale pour réduire la pauvreté des enfants;

L.

considérant que les inégalités ne cessent de se creuser entre les pays de l'Union; qu'il est dramatique que le pourcentage des enfants souffrant de malnutrition soit en augmentation, provoquant le retour de maladies qui avaient disparu dans l'Union (par exemple, le rachitisme); qu'il est symptomatique que, d'après l'UNICEF (13), dans des pays comme l'Estonie, la Grèce ou l'Italie, le pourcentage d'enfants n'ayant pas les moyens de manger de la viande, du poulet ou du poisson deux jours de suite ait spectaculairement doublé depuis 2008;

M.

considérant que, dans ses observations finales concernant les derniers rapports périodiques de certains pays, le comité des droits de l'enfant des Nations unies exprime ses inquiétudes concernant la progression du taux de pauvreté des enfants et/ou du pourcentage d'enfants menacés de pauvreté du fait de la crise économique, qui entrave l'exercice d'un grand nombre des droits inscrits dans la convention sur les droits de l'enfant, en particulier le droit à la santé, à l'éducation et à la protection sociale, et encourage les autorités à protéger les lignes budgétaires consacrées aux enfants, et que la crise financière et économique a entraîné une détérioration des conditions de vie et de travail et l'apparition d'un nouveau groupe, celui des personnes «nouvellement dans le besoin»;

N.

considérant qu'un environnement favorable aux entreprises stimule la croissance de l'emploi dans les États membres et élargit les possibilités d'emploi pour les parents qui deviennent ensuite des modèles encourageants, notamment au sein des communautés confrontées, de génération en génération, à la pauvreté et à l'exclusion;

O.

considérant que les familles monoparentales, et plus particulièrement celles sous la responsabilité de mères célibataires, sont plus exposées au risque de pauvreté ou d'exclusion sociale (49,8 % contre 25,2 %), même s'il existe des différences importantes entre les pays, d'après les statistiques SRCV-UE (14), ce qui s'explique par la féminisation de la pauvreté, la surreprésentation des femmes dans les emplois précaires et dans le travail à temps partiel involontaire, le temps disproportionné que les femmes consacrent à des tâches non rémunérées, les interruptions de carrière des femmes pour s'occuper des enfants ou d'autres membres de leur famille et les discriminations salariales entre les hommes et les femmes;

P.

considérant qu'il est possible de réduire la pauvreté des enfants en améliorant l'accès au marché du travail des femmes en particulier, grâce au développement des structures d'accueil pour les enfants;

Q.

considérant que les enfants, leurs parents, leurs parents adoptifs ou les personnes qui les accueillent doivent être protégés contre toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l'origine nationale ou sociale, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation, et que les enfants issus des groupes vulnérables de la population courent un risque plus important de marginalisation, de pauvreté et d'exclusion sociale, comme le confirment les derniers rapports de la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri, qui signalent que les logements réservés aux sans-abri accueillent de plus en plus de femmes, de jeunes et de familles avec enfants (notamment les familles de migrants); que les familles nombreuses à un seul revenu courent un risque plus important de pauvreté et d'exclusion sociale du fait de la détérioration des politiques salariales nationales et des systèmes de protection sociale provoquée par la crise financière et économique;

R.

considérant que les effets de la pauvreté et de l'exclusion sociale sur les enfants peuvent durer toute la vie et se traduire par une situation de chômage et de pauvreté sur plusieurs générations; que le fossé éducatif entre enfants issus de différents milieux socio-économiques s'est creusé (dans 11 pays, l'offre de services d'éducation et d'accueil de la petite enfance, destinés aux enfants âgés de 0 à 3 ans, n'atteint pas les 15 %);

S.

considérant que l'éducation et l'accueil des jeunes enfants ont une incidence décisive sur le développement cognitif de ces derniers, étant donné qu'ils développent des capacités fondamentales dans leurs cinq premières années de vie, et que l'accès à une éducation de qualité constitue le socle de leur réussite future sur le plan de l'éducation, du bien-être, de la capacité à trouver du travail et de l'intégration sociale, et a des répercussions importantes pour l'estime de soi, en particulier pour les enfants issus de milieux défavorisés; que le fossé éducatif entre enfants issus de différents milieux socio-économiques s'est creusé; que les parents qui travaillent, mais qui n'ont pas accès à des crèches, se voient contraints de laisser leurs enfants à la garde d'autres enfants ou de recourir à des réseaux de garde informels payants, mais non agréés, en mettant en péril la sécurité et le bien-être des enfants; que l'éducation préscolaire peut jouer un rôle important pour compenser le statut socio-économique des enfants menacés de pauvreté et permet de faciliter le retour sur le marché du travail des parents (15); que l'éducation ouverte à tous répond à la diversité des besoins de tous les apprenants par une participation accrue à l'apprentissage, aux cultures et aux valeurs de la communauté, et qu'elle constitue dès lors un outil puissant pour lutter contre la pauvreté des enfants et l'exclusion sociale;

T.

considérant que les autorités locales et régionales sont en première ligne dans la lutte contre la pauvreté et l'exploitation des enfants, et qu'elles ont donc une responsabilité cruciale pour empêcher la marginalisation et l'exclusion sociale, et qu'il convient que les autorités nationales les dotent de moyens suffisants pour atteindre ces objectifs;

U.

considérant que les dépenses liées à l'éducation, notamment celles concernant le matériel ou le transport scolaires, sont essentiellement supportées par les familles, et ce, dans la majorité des pays; que ces dépenses forment l'un des multiples facteurs qui contribuent au décrochage scolaire; qu'il subsiste des obstacles financiers, administratifs et d'autres obstacles concrets à l'éducation pour les enfants issus de groupes marginalisés,

V.

considérant que le milieu socio-économique dans lequel vivent les enfants influe sur la qualité du temps passé à l'école ou en vacances, et que les loisirs peu stimulants creusent d'une manière non souhaitable l'écart entre les enfants, notamment du point de vue de leur éducation;

W.

considérant que le taux de décrochage scolaire en 2012 était en moyenne, dans l'Union, de 13 %, mais qu'il dépassait les 20 % dans certains pays (Portugal, Espagne et Malte) (16);

X.

considérant que, même dans les pays où le droit à la santé est consacré par la loi, il y a des enfants qui ne peuvent pas bénéficier de soins de santé adéquats, et certains enfants qui n'ont qu'un accès extrêmement limité aux services de santé autres que les soins d'urgence, tels que ceux prodigués par un médecin de famille ou un dentiste, notamment en raison d'un manque de services publics disponibles; considérant que les enfants nés en situation de pauvreté ont un plus grand risque de souffrir de maladies chroniques et de connaître des problèmes de santé, ce qui contribue à perpétuer les inégalités;

Y.

considérant que les problèmes financiers des ménages ont une incidence sur l'occurrence des maladies mentales chez les parents et des ruptures familiales, ce qui a des effets désastreux sur le bien-être psychosocial des enfants;

Z.

considérant que le milieu dans lequel vit un enfant, notamment pendant la période prénatale, a une influence déterminante sur le développement de ses capacités cognitives, de communication et de langage et sur ses compétences sociales et émotionnelles, ce qui aura un effet décisif sur son état de santé, son bien-être, sa participation à la communauté et ses capacités d'apprentissage (17);

AA.

considérant que tous les enfants ont le droit d'être protégés contre la maltraitance, la violence et la négligence, et que les études concluent que la pression financière au sein des familles, les coupes opérées dans les services publics et l'augmentation de la pauvreté sont susceptibles d'entraîner une augmentation de la violence à l'égard des enfants;

AB.

considérant que la pauvreté des enfants est un phénomène pluridimensionnel qui nécessite une réaction pluridimensionnelle; que l'emploi est un facteur important, mais qu'il ne garantit pas toujours la fin de la pauvreté pour les familles des enfants concernés;

AC.

considérant que la pauvreté des enfants a un coût économique élevé pour les sociétés, notamment au niveau de l'augmentation des dépenses de protection sociale;

AD.

considérant que les familles menacées par la pauvreté sont plus susceptibles de vivre dans des zones caractérisées par l'insalubrité et l'insécurité, et que 17 % des enfants de l'UE-28 vivent encore dans ces conditions, 15 pays se situant au-dessus de la moyenne; que le nombre croissant d'expulsions dues à l'impossibilité de payer les coûts du logement a placé de nombreux enfants dans des conditions de logement de moins en moins stables, ce qui nuit à leur développement et à leurs perspectives dans la vie;

AE.

considérant que, selon les statistiques de l'Eurostat sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) d'Eurostat, publiées en 2012, la pauvreté énergétique est une réalité dans tous les États membres; que l'une des conséquences de la hausse des prix de l'énergie est que de nombreux enfants vivent dans des logements non chauffés, ce qui augmente le nombre de cas de maladies respiratoires et cardiovasculaires;

AF.

considérant que les familles avec enfants ayant des problèmes de santé, ou des parents ayant des problèmes de santé, sont plus souvent exposées au risque de pauvreté, à l'éclatement de la famille et aux difficultés pour trouver un emploi;

AG.

considérant que le caractère universel des objectifs de développement durable du programme pour l'après-2015 à venir offre la possibilité d'accroître les investissements consacrés aux enfants et à leurs droits;

AH.

considérant que les enfants migrants sont surreprésentés dans le groupe exposé au risque de pauvreté et qu'ils sont davantage victimes de discrimination à cause de la barrière de la langue, et que les enfants migrants en situation irrégulière sont confrontés à une réalité qui est encore pire; qu'aujourd'hui, avec l'intensification des flux migratoires, le nombre d'enfants d'immigrés qui demeurent dans leur pays d'origine sous la garde de proches ou de tiers augmente, ce qui nuit au développement des enfants, notamment sur le plan affectif;

AI.

considérant que l'importance accordée ces dernières années à la pauvreté des enfants dans la politique européenne et les déclarations politiques favorables des chefs d'État de l'Union n'ont pas abouti à des réductions significatives des taux de pauvreté des enfants;

AJ.

considérant qu'il convient de renforcer l'apport financier aux programmes d'aide alimentaire destinés aux familles démunies, dans la mesure où le nombre d'enfants qui n'ont accès à l'alimentation qu'à l'école ne cesse de croître; que ces programmes sont importants, mais qu'ils ne peuvent être considérés comme une solution à long terme;

AK.

considérant que les problèmes environnementaux tels que la pollution, la circulation routière, la contamination des terres et de l'eau potable touchent souvent de manière disproportionnée les enfants vivant dans la pauvreté;

1.

recommande aux États membres de s'engager réellement dans l'élaboration de politiques de lutte contre la pauvreté infantile axées sur la correction des principaux facteurs qui contribuent à la pauvreté des enfants, de renforcer l'efficacité, la quantité, les montants et la portée des aides sociales destinées spécifiquement aux enfants, mais également aux parents chômeurs ou aux travailleurs pauvres (comme les allocations de chômage et un revenu minimal adéquat), et de promouvoir une législation du travail garantissant les droits sociaux, notamment un salaire minimal garanti conformément aux pratiques nationales et aux conventions collectives qui apportera une plus grande sécurité aux familles et luttera contre les statuts précaires, en encourageant l'emploi assorti de droits sociaux adéquats;

2.

demande le suivi et l'évaluation de ces aides, en vue d'adapter les politiques de lutte contre la pauvreté, l'exclusion et le décrochage scolaire aux exigences existantes en matière d'équité sociale; invite les États membres à élaborer et à appliquer des processus diversifiés de collecte de données appropriés pour chaque étape de l'intervention;

3.

recommande que la Commission, en collaboration avec les États membres, établisse une feuille de route pour la mise en œuvre de l'approche fondée sur les trois piliers adoptée dans la recommandation «Investir dans l'enfance pour briser le cercle vicieux de l'inégalité», à savoir l'accès aux ressources, aux services et la participation des enfants; estime que, pour obtenir les meilleurs résultats à l'aide de l'approche fondée sur les trois piliers, il pourrait être utile d'élaborer des indicateurs précis et spécifiques du niveau de la pauvreté des enfants et des zones les plus touchées par ce phénomène; invite les États membres à intégrer de manière effective et complète les aspects pertinents du train de mesures sur les investissements sociaux et de la recommandation de la Commission ci-dessus mentionnée dans leurs programmes nationaux de réformes et leurs rapport sociaux nationaux, et invite la Commission à définir un sous-objectif de réduction de la pauvreté et de l'exclusion sociale des enfants pour la stratégie Europe 2020, et à rendre la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale des enfants visible et explicite à toutes les étapes du semestre européen; souligne qu'il convient de proposer de faire de la réduction de la pauvreté des enfants en investissant dans l'enfance l'une des priorités principales de l'examen annuel de la croissance 2016, et un moyen essentiel pour progresser en direction de l'objectif en matière de pauvreté; invite la Commission à garantir un suivi annuel et le compte rendu par les États membres concernant la mise en œuvre de sa recommandation, par l'intermédiaire de la feuille de route, à utiliser le Fonds social européen pour mettre en œuvre ladite recommandation et à conduire une évaluation des effets sur la pauvreté des réformes proposées dans le cadre des programmes nationaux de réforme;

4.

invite les États membres, dans leurs efforts de lutte contre la pauvreté des enfants, à se tenir compte également de la situation des femmes qui s'occupent d'enfants et de membres de leur famille présentant des besoins spéciaux et des handicaps;

5.

recommande aux États membres d'accorder une attention accrue, dans le cadre de l'utilisation des ressources des Fonds structurels et d'investissement européens (fonds ESI) et de l'élaboration des politiques sociales, à la protection des familles avec enfants ayant des problèmes de santé (notamment des familles monoparentales) contre la pauvreté;

6.

rappelle qu'il importe, dans le cadre des politiques publiques de prévention, d'investir dans des mesures intelligentes en faveur du bien-être des enfants pour les aider à devenir par la suite des individus autonomes, capables de s'intégrer dans la société et dans le marché du travail, au lieu de faire porter les efforts sur les conséquences de leur exclusion sociale et de leur pauvreté;

7.

estime que les politiques de protection des enfants et des jeunes doivent, tout en apportant le soutien nécessaire aux enfants en situation de pauvreté, de décrochage scolaire et d'exclusion sociale, être profondément ancrées dans la prévention et contenir des stratégies à long terme de lutte contre les inégalités sociales;

8.

recommande aux États membres de mettre en œuvre ou de renforcer les mécanismes d'aide sociale universelle destinés aux enfants, tels que des repas gratuits ou à tarif réduit pour les enfants, en particulier pour les enfants pauvres ou issus de milieux défavorisés, afin de leur assurer de bonnes conditions de croissance; invite les États membres à prendre des mesures actives en faveur de l'emploi dans le cadre des stratégies et des politiques globales pour soutenir l'accès des parents à des emplois de qualité et à des revenus adéquats, l'accès à des services publics de qualité (en particulier en matière d'accueil des enfants, d'enseignement, de santé, de logement et d'activités de loisirs) qui facilitent la conciliation entre vie professionnelle et vie de famille, et pour renforcer la participation des enfants et de leurs familles à l'élaboration, à la mise en œuvre et au contrôle de ces politiques; insiste sur le fait que les solutions universelles devraient être associées à des mesures ciblées à l'appui des groupes d'enfants et d'adolescents les plus vulnérables et marginalisés; déplore la tendance croissante des gouvernements des États membres à renoncer aux politiques de soutien universelles en faveur de mesures de soutien basées sur les moyens des personnes concernées, dans la mesure où les données factuelles disponibles indiquent que les politiques de soutien universelles offrent une meilleure protection contre la pauvreté des enfants (18);

9.

encourage les États membres et la Commission à convenir de normes européennes ou d'une méthode pour déterminer les coûts permettant d'élever un enfant et pour définir des ressources adéquates afin de prévenir et de combattre la pauvreté des enfants;

10.

invite la Commission à s'abstenir de recommander des ajustements ou des coupes budgétaires à l'administration publique des États membres ou de promouvoir un assouplissement des relations de travail et la privatisation des services publics, des mesures qui ont à l'évidence fragilisé les droits sociaux des enfants;

11.

invite la Commission à mettre l'accent sur la nécessité d'investir dans le secteur de l'éducation publique et gratuite, en élaborant des méthodes d'enseignement spécifiques pour les groupes sociaux les plus vulnérables, comme les immigrés ou les personnes présentant différents types de handicap; estime que l'éducation peut jouer un rôle clé pour que les enfants acquièrent les compétences qui leur permettront d'accéder à un emploi qualifié et dûment rémunéré, en leur donnant les moyens de sortir de la pauvreté;

12.

rappelle que la lutte contre la pauvreté des enfants nécessite d'adopter une approche basée sur la vie entière, et notamment de briser le cercle intergénérationnel du risque de pauvreté, en tenant compte des besoins différents de la petite enfance, de l'enfance et de l'adolescence, en appliquant une approche axée sur l'enfant dans son ensemble qui mesure le nombre de privations que chaque enfant subit simultanément, ce qui permet d'identifier les enfants les plus défavorisés, et de mesurer non seulement la pauvreté monétaire, mais aussi les privations multidimensionnelles;

13.

recommande de garantir l'accès de tous les enfants à des services de qualité à ce stade crucial de leur développement; estime que la santé, l'éducation, le soutien aux parents et aux familles, le logement et la protection sont des services essentiels assurés le plus souvent par les collectivités locales et régionales;

14.

invite les États membres à adopter, à mettre en œuvre et à contrôler des plans multidimensionnels de réduction de la pauvreté des enfants, en mettant l'accent sur les droits intrinsèques des enfants et en fixant des objectifs de réduction de la pauvreté et de l'exclusion sociale des enfants, accordant explicitement une plus grande attention et priorité aux enfants les plus menacés de pauvreté; rappelle qu'il importe que les États membres prévoient au moins les niveaux de dépenses réelles d'avant la crise en matière de protection sociale, de santé, d'éducation et de logements sociaux au profit des enfants les plus défavorisés;

15.

prie instamment les États membres d'adopter des mesures pour lutter contre le sentiment d'exclusion sociale des enfants présentant des difficultés d'apprentissage et de mettre en place des modules d'enseignement plus efficaces qui facilitent leurs processus d'apprentissage;

16.

invite les États membres à admettre que la pauvreté des enfants et l'exclusion sociale constituent des obstacles majeurs à vaincre pour garantir la réalisation des objectifs de la stratégie Europe 2020 en matière de taux d'emploi, d'investissement dans la recherche, de développement, d'énergie et de développement durable;

17.

invite les États membres à accorder une attention particulière à la création d'un milieu extrascolaire approprié et accessible permettant aux enfants de bénéficier de loisirs intelligents et stimulants durant le temps extrascolaire et les vacances, et à veiller tout particulièrement à l'accès aux soins de santé primaires des enfants vivant dans les zones marquées par l'exclusion, et dans les régions reculées et difficilement accessibles;

18.

demande aux États membres d'éviter la «ghettoïsation» des enfants victimes de la pauvreté et de l'exclusion sociale, en instaurant des normes minimales en matière de logement des enfants compte tenu de l'intérêt supérieur de l'enfant, et en garantissant aux ménages un logement adéquat qui réponde à leurs besoins et assure leur bien-être, le respect de leur vie privée et une qualité de vie, en contribuant ainsi à réaliser la justice et la cohésion sociales et à lutter contre l'exclusion sociale et à pauvreté;

19.

invite la Commission et le Parlement à saisir l'occasion que constitue la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel pour tirer un meilleur parti du Fonds social européen, du Fonds européen d’aide aux plus démunis et du programme de l'Union européenne pour l'emploi et l'innovation sociale et pour s'assurer que les enfants constituent une priorité dans la programmation et l'exécution des politiques régionales et de cohésion, en tenant compte, notamment, de l'obligation de supprimer progressivement les grands internats, qui peut être mise en œuvre depuis 2014, et pour renforcer le statut de parent adoptif et de famille d'accueil afin que les orphelins issus de milieux défavorisés puissent grandir dans un environnement familial ou similaire; invite également la Commission à créer des indicateurs permettant d'analyser la pauvreté des enfants;

20.

prie instamment la Commission et les États membres de déterminer s'il convient d'envisager des stratégies basées sur l'alimentation, comme la diversification nutritionnelle et la fortification des aliments, ainsi que l'éducation à la nutrition et des mesures de santé publique et de sécurité des aliments, et enfin l'ajout de suppléments, pour certains groupes de la population afin d'empêcher les effets négatifs de la malnutrition ou de la sous-nutrition sur la santé des enfants;

21.

recommande aux États membres d'intégrer dans leurs budgets nationaux des ressources visibles, transparentes, participatives et responsables pour les crédits et les dépenses destinés à lutter contre la pauvreté des enfants et à assurer le devoir de protection des enfants, ce qui passe également par une augmentation des dépenses publiques afin d'atteindre ces objectifs; invite les États membres à faire le plus grand usage possible des Fonds structurels et d'investissement européens, et en particulier le Fonds social européen, afin de mettre en œuvre les trois piliers de la recommandation «Investir dans l'enfance»;

22.

recommande à la Commission d'élaborer des lignes directrices afin de faciliter la participation des enfants au processus d'élaboration des politiques, en mettant en place des mécanismes qui favorisent et garantissent la participation des enfants aux prises de décisions qui les concernent et les encouragent à exprimer des points de vue éclairés, en faisant en sorte que ces points de vue soient dûment pris en considération et qu'ils se reflètent dans les principales décisions ayant des conséquences pour les enfants;

23.

recommande à la Commission et aux États membres de fixer des objectifs de réduction de la pauvreté et de l'exclusion sociale des enfants;

24.

invite les États membres à mettre en place, si nécessaire, des accords de coopération avec des entités et des institutions qui promeuvent l'éducation, la formation culturelle ou sportive ainsi que l'intégration des enfants et la lutte contre la pauvreté à laquelle ils sont confrontés; recommande, toutefois, aux États membres d'assurer la surveillance, la qualité, la durabilité et la pertinence de ces aides, ainsi que de leurs résultats effectifs;

25.

invite les États membres à mettre en place une législation spécifique qui protège ou renforce les droits de maternité et de paternité, y compris par la mise en œuvre d'instruments efficaces de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, à protéger le retour au travail des femmes après leur grossesse et leur congé de maternité, et à soutenir les familles monoparentales; souligne, en outre, que le renforcement de la législation en matière de congé de paternité donne un important coup de pouce à la lutte contre les discriminations liées au genre et en matière salariale sur le lieu de travail; invite les États membres à faire en sorte que les employeurs ne puissent pas justifier l'inégalité de traitement et le harcèlement de salariés en invoquant la grossesse, l'éducation des enfants ou les aspects liés à la famille;

26.

recommande aux États membres d'élaborer des politiques sociales proactives, universelles et intégrées visant à prévenir la pauvreté et le retrait des enfants du milieu familial; demande aux États membres de veiller à ce que les enfants et les jeunes ne soit placés en institution qu'en dernier recours, dans des circonstances exceptionnelles, et de recourir aux fonds structurels de l'Union européenne et au Fonds européen pour les investissements stratégiques pour soutenir la transition des enfants placés en institution vers des familles d'accueil et des services fondés sur la collectivité;

27.

recommande aux États membres de sortir de la logique de prise en charge institutionnelle au profit de systèmes stables de prise en charge en familles d'accueil, qui préparent mieux les enfants et les jeunes à une vie indépendante, à la formation continue ou au travail;

28.

recommande aux États membres d'élaborer et de mettre en œuvre des systèmes intégrés de protection des enfants afin de défendre les enfants contre les violences, les abus, l'exploitation et la négligence de façon à garantir que tous les responsables et composantes du système collaborent dans tous les secteurs et agences partageant la responsabilité de créer un environnement protecteur et propice à l'autonomisation de tous les enfants;

29.

invite les États membres à mener des politiques favorisant la création et le maintien de lieux de travail dignes ainsi qu'à élaborer des systèmes de formation, d'amélioration des qualifications, de facilitation tels que le télétravail ou des horaires de travail souples, aidant les parents à entrer sur le marché du travail ou à y revenir après une pause dans leur parcours professionnel;

30.

invite les institutions et les agences de l'Union, les autorités des États membres et les autres parties prenantes à définir des rôles et des responsabilités clairs, à instaurer un dialogue régulier et à fixer des procédures à suivre pour les enfants nécessitant une protection dans des contextes transfrontaliers;

31.

recommande aux États membres de garantir à tous les enfants l'accès à une éducation publique, gratuite, ouverte à tous et de qualité à tous les âges, y compris l'éducation et l'accueil et l'éducation formelle et non formelle des jeunes enfants, en encourageant leur développement émotionnel, social, cognitif et physique, ainsi que de prévoir un nombre approprié d'élèves par enseignant et de promouvoir la mixité sociale dans l'éducation, de manière à préserver la sécurité et le bien-être des enfants, en faisant en sorte que tous les enfants puissent bénéficier d'une éducation de qualité sans exclusive, optimisant ainsi l'incidence des systèmes éducatifs sur l'égalité des chances et briser le cercle vicieux de la pauvreté;

32.

recommande aux États membres de relever le niveau des services d'enseignement proposés, en mettant en place une approche individualisée et en promouvant la coopération entre enseignants, travailleurs sociaux et parents afin de lutter contre le décrochage scolaire des enfants et des jeunes;

33.

invite les États membres à accorder une attention particulière à la mise en place de systèmes d'éducation et d'accueil abordables et accessibles pour les jeunes enfants, à considérer ces structures comme un investissement social visant à lutter contre l'inégalité et contre les difficultés rencontrées notamment par les enfants de familles défavorisées, et à sensibiliser les parents aux avantages d'une participation active aux programmes d'éducation et d'accueil de la petite enfance;

34.

demande aux États membres de promouvoir une école ouverte à tous, en prévoyant non seulement un nombre adéquat de professeurs spécialisés, mais également en intégrant les enfants présentant des besoins éducatifs particuliers dans les classes ordinaires;

35.

recommande aux États membres d'assurer aux enfants de tous groupes sociaux un accès universel et égalitaire aux crèches et aux écoles maternelles;

36.

recommande aux États membres de favoriser la participation complète de tous les enfants à l'école en assurant la gratuité du matériel scolaire de base, des repas scolaires nutritifs et les transports scolaires nécessaires pour les enfants pauvres ou menacés de pauvreté, ainsi que de renforcer l'efficacité des investissements publics actuels dans ce secteur et de lutter plus efficacement contre la transmission intergénérationnelle de la pauvreté;

37.

invite les États membres à garantir des soins de santé universels, publics, gratuits et de qualité en matière de prévention, de programmes de vaccination et de soins de santé primaires, d'accès aux méthodes d'examen, au traitement et à la rééducation, et à prévoir des traitements logopédiques et psychothérapeutiques pour les enfants, en garantissant aux femmes des droits en matière de santé sexuelle et génésique, des soins de santé pour les nouveau-nés, des soins de maternité et des consultations à domicile pendant les périodes prénatale et postnatale, en particulier en cas de naissance prématurée, l'accès à un médecin de famille, à une infirmière, à un dentiste, à des services de conseil familial et à des spécialistes en santé mentale pour tous les enfants et leurs familles; invite les États membres et la Commission à intégrer ces aspects dans les stratégies nationales et européennes de santé publique;

38.

recommande aux États membres de fournir les aides nécessaires pour garantir à tous les enfants le droit à la culture, au sport et aux loisirs, l'accès à un espace ouvert et à un environnement sain, en accordant une attention particulière à l'égalité d'accès et de qualité pour les enfants en situation de pauvreté, les enfants vivant dans des régions reculées, les enfants handicapés, les enfants appartenant à des minorités nationales, ethniques, religieuses, linguistiques et migrantes et les enfants qui se déplacent au sein de l'Union, quelle que soit leur nationalité, ainsi que les enfants délaissés; rappelle le droit de jouer inscrit dans la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant;

39.

souligne la nécessité de renforcer la protection des enfants en situation de pauvreté et d'exclusion sociale contre les violences domestiques;

40.

invite les États membres, notamment ceux dans lesquels les inégalités sociales sont les plus marquées, à renforcer les droits sociaux et l'accès aux services et à la protection sociale que l'État est tenu de garantir, en augmentant le nombre d'agents et de spécialistes dans les services de sécurité sociale qui travaillent avec et pour les enfants et leurs familles, en renforçant la protection médicale, psychologique et sociale, en l'orientant vers ceux qui en ont le plus besoin, en particulier les enfants, conformément à une stratégie d'intervention précoce;

41.

recommande aux États membres de mettre en place des mécanismes qui favorisent et garantissent la participation des enfants aux prises de décisions qui les concernent, et qui les autorisent et les encouragent à exprimer des points de vue éclairés, en faisant en sorte que ces points de vue soient dûment pris en considération et reflétés dans les principales décisions qui les concernent;

42.

reconnaît le rôle joué par la société civile, et notamment par les organisations de défense des droits des enfants et de lutte contre la pauvreté, pour garantir la cohérence des politiques de l'Union, et demande un dialogue civil renforcé sur la façon de prévenir et de combattre la pauvreté des enfants dans les États membres;

43.

prie instamment la Commission de faire du taux de décrochage scolaire et de la lutte contre la pauvreté des enfants des priorités explicites;

44.

invite les États membres et la Commission européenne à participer activement à la lutte contre la traite des enfants, quelles que soient les formes d'exploitation concernées, y compris le travail, le mariage forcé, l'adoption illégale, les activités illicites et l'exploitation sexuelle;

45.

invite la Commission et les États membres à soutenir le fonctionnement des réseaux européens et transnationaux de lutte contre la pauvreté et l'exclusion des enfants et des jeunes; insiste pour soutenir plus particulièrement l'intégration des régions ultrapériphériques et des régions défavorisées dans ces réseaux d'institutions;

46.

estime que le droit à des systèmes d'éducation, de santé et de sécurité sociale gratuits et universels, constitue une condition essentielle pour lutter contre la pauvreté, en particulier lorsqu'elle frappe les enfants; compte tenu de cet objectif, demande à la Commission et aux États membres, face à la détérioration des services publics, d'instaurer une garantie pour l'enfance, afin de faire en sorte que tous les enfants en situation de pauvreté puissent bénéficier de soins de santé gratuits, d'une éducation gratuite, d'un accueil gratuit, d'un logement décent et d'une alimentation adéquate, dans le cadre d'un plan européen intégré de lutte contre la pauvreté des enfants qui englobe à la fois la garantie pour l'enfance et des programmes apportant un soutien et des possibilités aux parents afin de leur permettre de sortir de l'exclusion sociale et d'intégrer le marché du travail;

47.

invite les États membres à soutenir, grâce à leurs municipalités, notamment dans les communautés et/ou les zones les plus touchées par le phénomène de la pauvreté des enfants, les centres locaux d'aide aux enfants et aux familles qui offrent des services d'aide et/ou de conseil juridique, des conseils parentaux et du soutien scolaire, ainsi que des formations et des orientations en faveur d'un style de vie sain et d'une utilisation sûre de l'internet notamment;

48.

recommande à la Commission européenne et aux États membres d'élaborer des méthodes statistiques qui, dépassant le cadre des indicateurs utilisés pour les taux de risque de pauvreté ou d'exclusion sociale, intègrent des indicateurs pluridimensionnels, ventilés par âge, genre et groupes défavorisés particuliers, de mesure de la pauvreté, de l'exclusion sociale, des inégalités, de la discrimination et du bien-être des enfants (revenus des parents, accès à des services publics de qualité, participation à des activités sociales et culturelles, accès à des services d'éducation formelle et non formelle adéquats, exposition à des risques physiques, sécurité, milieu familial stable, degré d'épanouissement), à l'appui de l'élaboration de politiques sur la base de données concrètes et qui tiennent compte des limites des mesures de la pauvreté relative et des travaux réalisés par le PNUD, l'UNICEF, l'OCDE et le sous-groupe sur les indicateurs; invite la Commission et les États membres à mettre au point des réponses fondées sur une approche globale et à utiliser pleinement les données recueillies dans le cadre d'autres initiatives telles que l'analyse du chevauchement des privations multiples (MODA) mise au point par l'UNICEF; souligne la nécessité d'élaborer d'autres indicateurs afin d'améliorer l'évaluation de la qualité et des résultats des services, et de l'accès à ceux-ci, par exemple par rapport au statut socio-économique et aux origines des parents (immigrées ou minoritaires), au genre, au handicap et aux aspects géographiques;

49.

invite le Comité économique et social européen et le Comité des régions à émettre un avis sur l'investissement dans l'enfance;

50.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux États membres.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0070.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0328.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0266.

(4)  JO C 153 E du 31.5.2013, p. 57.

(5)  JO C 199 E du 7.7.2012, p. 77.

(6)  JO C 199 E du 7.7.2012, p. 25.

(7)  JO C 70 E du 8.3.2012, p. 8.

(8)  JO C 9 E du 15.1.2010, p. 11.

(9)  JO C 41 E du 19.2.2009, p. 24.

(10)  Réseau européen des experts indépendants dans le domaine de l'inclusion sociale, rapport de synthèse intitulé «Investir dans l'enfance pour briser le cercle vicieux de l'inégalité — une étude des politiques nationales», Bruxelles, 2014.

(11)  Save the Children, «Pauvreté infantile et exclusion sociale en Europe», Bruxelles, 2014, p. 5.

(12)  Save the Children, «Pauvreté infantile et exclusion sociale en Europe», Bruxelles, 2014, p. 5.

(13)  Bureau de recherche de l'UNICEF (2014), «Les enfants de la récession: impact de la crise économique sur le bien-être des enfants dans les pays riches», Bilan Innocenti 12, Bureau de recherche de l’UNICEF, Florence, p. 2.

(14)  Save the Children, «Pauvreté infantile et exclusion sociale en Europe», Bruxelles, 2014, p. 18.

(15)  Document de la Commission européenne intitulé «Étude thématique sur les mesures politiques relatives à la pauvreté des enfants», 2008, p. 9.

(16)  SRCV-UE (2013), statistiques de l'Union européenne sur le revenu et les conditions de vie

(17)  Drivers, 2014. «Les programmes universels, de qualité destinés à la petite enfance qui répondent aux besoins promeuvent des résultats meilleurs et plus équitables au cours de l'enfance et plus tard dans la vie».

(18)  (Selon les recherches d'Euforound).


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/31


P8_TA(2015)0402

Politique de cohésion et communautés marginalisées

Résolution du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la politique de cohésion et les communautés marginalisées (2014/2247(INI))

(2017/C 366/04)

Le Parlement européen,

vu les articles 2 et 3 du traité sur l'Union européenne,

vu les articles 151, 153, 162, et 174 à 176 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu les conventions européennes sur la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, notamment la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales et la jurisprudence correspondante de la Cour européenne des droits de l'homme, la Charte sociale européenne et les recommandations correspondantes du Comité européen des droits sociaux, ainsi que la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales du Conseil de l'Europe,

vu la Déclaration des Nations Unies sur le droit des peuples autochtones,

vu la convention de l'OIT relative aux peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants,

vu les directives de l'Union européenne relatives à la non-discrimination, de l'article 14 de la Convention européenne des droits de l'homme et du protocole no 12 à cette convention,

vu la convention des Nations unies du 5 janvier 2011 relative aux personnes handicapées,

vu le règlement (UE) no 1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, portant dispositions générales applicables au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, et abrogeant le règlement (CE) no 1083/2006 du Conseil (1) (ci-après le «RDC»),

vu le règlement (UE) no 1301/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen de développement régional et aux dispositions particulières applicables à l'objectif «Investissement pour la croissance et l'emploi», et abrogeant le règlement (CE) no 1080/2006 (2),

vu le règlement (UE) no 437/2010 du Parlement européen et du Conseil du 19 mai 2010 modifiant le règlement (CE) no 1080/2006 relatif au Fonds européen de développement régional et portant sur l'éligibilité des interventions dans le domaine du logement en faveur des communautés marginalisées (3),

vu le règlement (UE) no 1304/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds social européen et abrogeant le règlement (CE) no 1081/2006 du Conseil (4),

vu le règlement (UE) no 1381/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 établissant un programme «Droits, égalité et citoyenneté» pour la période 2014-2020 (5),

vu le règlement (UE) no 223/2014 du Parlement européen et du Conseil du 11 mars 2014 relatif au Fonds européen d'aide aux plus démunis (6),

vu le règlement délégué (UE) no 240/2014 de la Commission du 7 janvier 2014 relatif au code de conduite européen sur le partenariat dans le cadre des Fonds structurels et d’investissement européens (7),

vu sa résolution du 26 février 2014 sur les septième et huitième rapports d'étape de la Commission sur la politique de cohésion de l'Union européenne et sur le rapport stratégique 2013 concernant la mise en œuvre des programmes 2007-2013 (8),

vu la résolution du Parlement européen du 12 décembre 2013 sur les progrès accomplis dans le déploiement des stratégies nationales d'intégration des Roms (9),

vu sa résolution du 11 juin 2013 sur le logement social dans l'Union européenne (10),

vu sa résolution du 9 mars 2011 sur la stratégie européenne pour l'intégration des Roms (11),

vu sa résolution du 20 mai 2010 sur la contribution de la politique de cohésion à la réalisation des objectifs de Lisbonne et de la stratégie Europe 2020 (12),

vu sa résolution du 11 mars 2009 sur la situation sociale des Roms et l'amélioration de leur accès au marché du travail dans l'Union européenne (13),

vu le sixième rapport de la Commission sur la cohésion économique, sociale et territoriale du 23 juillet 2014, intitulé «Sixième rapport sur la cohésion économique, sociale et territoriale: investissement pour l'emploi et la croissance»,

vu la fiche d'orientation thématique de la Commission du 27 février 2014 relative aux Roms et aux communautés marginalisées (objectif thématique 9 — promotion de l'inclusion sociale et lutte contre la pauvreté),

vu la communication de la Commission du 2 avril 2014 intitulée «Rapport sur la mise en œuvre du cadre de l'UE pour les stratégies nationales d'intégration des Roms» (COM(2014)0209),

vu la communication de la Commission du 21 mai 2012 intitulée «Stratégies nationales d'intégration des Roms: un premier pas dans la mise en œuvre du Cadre de l'UE» (COM(2012)0226),

vu la communication de la Commission du 8 décembre 2010 intitulée «Stratégie de l'Union européenne pour la région du Danube» (COM(2010)0715),

vu la communication de la Commission du 12 décembre 2010 intitulée «Plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale: un cadre européen pour la cohésion sociale et territoriale» (COM(2010)0758),

vu la communication de la Commission du 3 mars 2010 intitulée «Europe 2020 — Une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2010)2020),

vu la recommandation du Conseil du 9 décembre 2013 relative à des mesures efficaces d'intégration des Roms dans les États membres (14),

vu la note d'orientation de la Commission sur l'utilisation des Fonds structurels et d'investissement européens pour lutter contre la ségrégation spatiale et en matière d'éducation (projet) du 1er juillet 2015,

vu la question avec demande de réponse écrite adressée à la Commission en date du 24 février 2015 relative au financement des communautés marginalisées (E-002782/2015),

vu l'avis du Comité des régions sur les «stratégies d'intégration des Roms» (15),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission du développement régional et les avis de la commission de l'emploi et des affaires sociales et de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (A8-0314/2015),

A.

considérant que la politique de cohésion vise à améliorer la cohésion économique, sociale et territoriale, à diminuer les disparités sociales, notamment à réduire et à éliminer la pauvreté et l'exclusion, ce qui implique de lutter contre la ségrégation et de favoriser l'égalité d'accès et l'égalité des chances pour tous les citoyens, notamment les communautés les plus marginalisées, ainsi que les groupes et les personnes de tout âge confrontés à la pauvreté et à l'exclusion sociale et n'ayant pas accès à l'éducation, à l'emploi, au logement et aux soins de santé;

B.

considérant que la politique de cohésion, telle que définie dans l'Acte unique européen de 1986, consiste à réduire les disparités entre les diverses régions et le retard des régions les moins favorisées; que le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne donne une autre dimension à la cohésion, en se référant à la «cohésion économique, sociale et territoriale»;

C.

considérant que l'objectif de cohésion sociale en appelle à une action européenne dans les politiques d'intégration des communautés marginalisées et nécessite que les États membres exercent leurs compétences en la matière en mettant en œuvre des actions de soutien et en agissant aussi dans le cadre de programmes de coopération nationaux et transnationaux;

D.

considérant que des possibilités de financement pour les communautés marginalisées ont été ajoutées au Fonds européen de développement régional en 2010; considérant que le cadre législatif de la politique de cohésion pour la période 2014-2020 offre une approche stratégique;

E.

considérant que le règlement (UE) no 1304/2013 précise que le FSE intervient en faveur des personnes, notamment les personnes défavorisées telles que les chômeurs de longue durée, les personnes handicapées, les migrants, les minorités ethniques, les communautés marginalisées et les personnes de toutes les catégories d'âge victimes de la pauvreté et de l'exclusion sociale;

F.

considérant qu'au moins 23,1 % du budget de la politique de cohésion seront consacrés aux investissements au titre du FSE durant la période de programmation 2014-2020; considérant que le FEDER et le FSE jouent un rôle spécifique et important, au moins 20 % du FSE étant attribués, dans chaque État membre, à l'objectif thématique de «promotion de l'inclusion sociale et lutte contre la pauvreté et toutes les discriminations», représentant ainsi un instrument essentiel dans la promotion d'une meilleure inclusion des communautés marginalisées;

G.

considérant que le règlement (UE) no 1303/2013 fixe, dans les domaines de la lutte contre la discrimination, de l'égalité entre les hommes et les femmes et du handicap, un certain nombre de conditions préalables qui doivent être respectées (16);

H.

considérant que le sixième rapport de la Commission sur la cohésion économique, sociale et territoriale a montré que la crise économique a aggravé les problèmes de pauvreté et d'exclusion sociale;

I.

considérant que la crise économique et les mesures d'austérité et les coupes budgétaires qui en découlent ont entraîné de nombreux problèmes, conduisant souvent à de graves difficultés budgétaires pour les communes, réduisant ainsi le champ des options possibles pour faire face aux groupes marginalisés et pour chercher à améliorer leur inclusion et éviter leur ségrégation, car les Fonds ESI représentent les principales et, dans quelques cas, les seules ressources mobilisables pour de telles politiques;

J.

considérant que les conséquences de la crise économique et la réduction des dépenses dans les services publics ont exacerbé la situation des femmes au sein des communautés marginalisées;

K.

considérant que les femmes appartenant à des communautés marginalisées souffrent de discrimination multiple plus intense et que leur taux d'emploi est bien plus bas que celui des hommes de ces communautés ou des autres femmes;

L.

considérant qu'un grand nombre d'acteurs publics et privés issus de niveaux et de secteurs différents, notamment des représentants de la société civile, sont impliqués et jouent souvent un rôle important dans la mise en œuvre des politiques d'insertion, ce qui nécessite une approche cohérente et bien coordonnée;

M.

considérant qu'il n'existe actuellement, au niveau de l'Union européenne, aucune définition de la notion de «communauté marginalisée»; que la compréhension du rapport commence par la compréhension de la marginalisation sur la base d'une analyse d'attributs et de caractéristiques spécifiques des groupes marginalisés, qui tient compte de leur situation et de leurs besoins spécifiques, comme les conditions de vie et de travail, l'accès limité aux systèmes d'éducation et de santé et à l'emploi, l'abandon scolaire, accompagnés d'une exclusion structurelle et systémique, dans le but de veiller à leur véritable intégration socio-économique;

N.

considérant que la Commission ne propose pas de définition des «communautés marginalisées», laissant aux États membres la responsabilité d'arrêter une définition sur la base de leurs indicateurs nationaux; considérant toutefois que la marginalisation peut être établie en se fondant sur un ensemble d'indicateurs pertinents, tels que l'exclusion sociale, un fort taux de chômage de longue durée, de faibles niveaux d'éducation, des conditions de logement (extrêmement) précaires, un niveau élevé de discrimination, ainsi qu'une exposition excessive à des risques sanitaires et/ou le manque d'accès aux soins de santé, ce qui revient à caractériser les populations considérées comme les plus vulnérables et ayant le plus besoin d'aide;

O.

considérant que la marginalisation est un phénomène social qui consiste à exclure socialement des personnes ou des communautés, en les empêchant systématiquement de participer aux processus sociaux et politiques essentiels à leur intégration sociale ou à leur en refuser l'accès; que l'expression «communautés marginalisées» fait référence à différents groupes ou catégories de personnes telles que les minorités, les Roms, les personnes handicapées, les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ou exposées au risque de pauvreté, les migrants, les réfugiés et les groupes socialement exclus; que le racisme, le patriarcat, l'homophobie, les inégalités économiques et les autres facteurs de discrimination contribuent à la formation de couches d'inégalité et à une dynamique de perte d'autonomie des femmes au sein des communautés marginalisées;

P.

considérant que les caractéristiques communes aux communautés marginalisées incluent des communautés de lieux comme le fait de vivre dans des régions rurales, des quartiers défavorisés, des communautés d'intérêts telles que le fait d'être un réfugié ou un demandeur d'asile, membre d'une minorité ethnique et linguistique, une personne handicapée, une personne âgée, un sans-abri, ou des populations autochtones; que différents types de communautés marginalisées ont des difficultés en commun et sont toutes victimes de multiples formes de stigmatisation et de discrimination;

Q.

considérant que l'Europe abrite de nombreux groupes marginalisés; que le peuple rom, un terme qui est compris différemment dans toute l'Europe, est la plus grande minorité ethnique et l'une des communautés les plus marginalisées d'Europe;

R.

considérant que la politique de cohésion doit aborder les communautés marginalisées dans leur diversité, en tenant compte des besoins spécifiques; que l'inclusion des communautés marginalisées dans les financements nécessite des efforts à tous les niveaux, impliquant une approche à long terme intégrée et cohérente, des solutions pérennes, la responsabilisation, l'exploitation de l'expérience acquise et le renforcement des capacités, y compris pour les femmes et les filles au sein des communautés marginalisées, le passage d'une prise en charge institutionnelle à une prise en charge de proximité, afin de mettre fin à la ségrégation et d'aboutir à une normalisation;

S.

considérant que les stratégies de la politique de cohésion européenne visant à renforcer l'autonomie des femmes dans les communautés marginalisées doivent tenir compte des femmes âgées, handicapées, assurant des soins ou atteintes de problèmes de santé mentale;

T.

considérant que les projets artistiques et culturels favorisant les échanges interculturels, l'émancipation des participants, le développement des aptitudes créatives et sociales et la participation active dans la vie de la communauté locale font partie des instruments les plus efficaces pour encourager l'inclusion sociale et l'intégration;

U.

considérant que l'éducation, qu'elle soit formelle ou informelle, contribue à lutter contre la marginalisation et les discriminations multiples en suscitant le dialogue, l'ouverture et la compréhension entre les communautés et en renforçant l'autonomie des communautés marginalisées; qu'il importe de ne pas oublier la dimension de genre de l'éducation, ni son rôle dans le renforcement de l'autonomie des femmes et des filles au sein de communautés marginalisées;

Principes généraux

1.

rappelle la nécessité urgente de traiter la question des communautés marginalisées; souligne le rôle important joué par la politique de cohésion dans le soutien à leur intégration économique, sociale et territoriale;

2.

rappelle que les communautés marginalisées ont été introduites comme un objectif des mesures de la politique de cohésion en raison de l'inquiétude croissante concernant l'exclusion sociale, et l'engagement de lutter contre l'exclusion sociale, y compris des préoccupations concernant la situation des Roms et la demande de longue date visant à améliorer leurs conditions de vie;

3.

invite la Commission à publier des orientations sur la définition des communautés marginalisées précisant une série d'attributs et de caractéristiques des groupes marginalisés, en prenant en considération la situation, les enjeux et les besoins spécifiques de chaque groupe cible potentiel dans le but de favoriser leur inclusion socio-économique, et en y associant des représentants de ces communautés; souligne que ces orientations amélioreront l'efficacité de la politique de cohésion en renforçant la cohésion économique, sociale et territoriale dans l'Union européenne;

4.

se félicite que le cadre législatif de la politique de cohésion pour la période 2014-2020 comporte de nouveaux éléments venant consolider l'approche initiale en accroissant les possibilités de financement et en ajoutant des mécanismes destinés à assurer la conformité de l'aide aux communautés marginalisées aux valeurs et objectifs européens et la prise en considération de la nécessité d'impliquer les groupes concernés tout au long du processus;

5.

invite la Commission à fournir des informations détaillées sur la façon de bénéficier des possibilités de financement pour les communautés marginalisées; demande une analyse permettant de tirer des conclusions pertinentes et de recenser les obstacles qui empêchent de bénéficier pleinement de ces possibilités ou d'atteindre les meilleurs résultats possibles;

6.

invite la Commission à surveiller l'utilisation effective du code de conduite en ce qui concerne le principe de partenariat et la participation de la société civile; rappelle que les principes horizontaux contenus dans le règlement portant dispositions communes — qui représentent les droits fondamentaux que sont la promotion de l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, la prévention de la discrimination et la promotion du développement durable — doivent être appliqués lors de l'élaboration et de la mise en œuvre des programmes au titre des Fonds structurels et d'investissement européens; rappelle que toutes les mesures des États membres qui sont financées au titre de la politique de cohésion de l'Union doivent respecter les principes des droits fondamentaux et ne contribuent jamais à une ségrégation d'aucune sorte;

7.

souligne que l'égalité des chances et la non-discrimination sont consacrées dans les règles de financement des FSIE afin d'éliminer les causes systémiques d'inégalités, qu'elles soient économiques, sociales, ou fondées sur le sexe, ainsi qu'en ce qui concerne l'accès à la culture et à l'éducation; souligne que la compréhension et la sensibilisation à la xénophobie et au racisme systémiques, devraient constituer des points de mire pour analyser les racines de l'exclusion;

8.

rappelle que l'égalité entre les femmes et les hommes constitue un principe s'appliquant de façon horizontale à la politique de cohésion; déplore les multiples formes de discrimination; dont sont victimes les femmes, les migrants et les personnes handicapées dans les communautés marginalisées;

9.

souligne que la mise en œuvre de la politique de cohésion doit aborder le défi essentiel de la pauvreté et de l'exclusion des jeunes et des enfants, des adultes et des personnes handicapées, y compris la transition des soins en institution vers un système de soins et services de proximité; prie les États membres d'engager des actions et mesures pour élaborer et mettre en œuvre des stratégies à cet effet, en appliquant l'approche intégrée;

10.

fait valoir que l'adoption de politiques visant des groupes cibles particuliers selon le principe «explicite, mais non exclusif» implique de ne pas exclure d'autres groupes vivant dans des conditions socio-économiques similaires, afin d'éviter de déclencher des réactions de défense; souligne que ce principe n'est qu'une première étape dans la reconnaissance de la nécessité de prêter attention à certaines des communautés et personnes les plus vulnérables et marginalisées;

11.

souligne que des structures responsables, transparentes et démocratiques doivent être instaurées pour lutter contre la corruption et l'utilisation frauduleuse des fonds afin d'assurer l'inclusion des communautés marginalisées;

12.

considère l'accès aux services publics comme l'un des buts majeurs du traitement de l'inclusion des groupes marginalisés; demande aux États membres d'améliorer la diffusion de documents d'information sur mesure en matière de santé et l'élaboration de stratégies de prévention des maladies et d'initiatives communautaires en matière de santé auprès des communautés marginalisées; demande la création de structures spécialisées telles que des bureaux centraux les conseillant sur des questions liées à l'accès aux soins de santé, au marché du travail et à l'éducation; demande que des mesures soient prises pour effectuer le passage d'une approche axée sur la demande à une approche d'accueil dans les administrations;

13.

demande une meilleure coordination et des liens plus forts entre, d'une part, les stratégies nationales en faveur des communautés marginalisées, notamment les stratégies nationales d'inclusion des Roms, les stratégies nationales de réduction de la pauvreté, les stratégies pour l'inclusion d'autres communautés marginalisées ou moins favorisées, et les stratégies en faveur de l'égalité entre les sexes, et, d'autre part, la politique de cohésion;

14.

invite les États membres et la Commission à placer les enfants au cœur de leurs préoccupations lors de la mise en œuvre du cadre de l'Union pour les stratégies nationales d'intégration des Roms et rappelle qu'il est essentiel de promouvoir l'égalité d'accès de tous les enfants au logement, aux soins de santé, à l'éducation et à des conditions de vie décentes;

15.

invite les États membres et les autorités locales à encourager le recours aux Fonds ESI pour soutenir les projets d'apprentissage informel et d'apprentissage tout au long de la vie, ainsi que les projets culturels pour atteindre les objectifs consistant à investir dans les nouvelles compétences nécessaires à l'innovation et la lutte contre le chômage, la pauvreté et l'exclusion sociale;

16.

rappelle, — tout en gardant à l'esprit l'accroissement des disparités régionales, les défis géographiques et la situation dans laquelle se trouvent un nombre croissant de jeunes ayant quitté ou prévoyant de quitter leur pays d'origine –, que dans le cycle budgétaire 2014-2020, moins de fonds sont octroyés au soutien de la politique de cohésion; estime que la politique de cohésion peut encore apporter une valeur ajoutée par rapport au travail en cours dans les États membres et qu'en se concentrant sur l'amélioration des possibilités d'emploi et sur la participation dans la société, et en investissant dans la formation dans les régions qui en ont le plus besoin, la politique de cohésion aboutira, entre autres avantages, à une plus grande inclusion sociale et à la réduction de la pauvreté, en accordant une flexibilité appropriée aux États membres afin qu'ils puissent apporter un soutien individualisé, conformément aux besoins locaux, et garantir que le financement est utilisé dans les régions où le chômage est le plus élevé et où les besoins sont les plus urgents;

17.

demande à la Commission de veiller à ce que les États membres se conforment à ces principes lors de la mise en œuvre des programmes opérationnels; invite la Commission à inclure son analyse dans son rapport, y compris sur les stratégies nationales d'intégration des Roms;

18.

souligne que les coupes opérées dans le budget des services publics de certains États membres pendant la crise ont engendré l'exacerbation de la situation de l'emploi, l'absence de sécurité sociale, des difficultés de logement et des problèmes de santé; invite les États membres à mieux utiliser l'aide fournie par le FSE pour améliorer la qualité des services publics pour les communautés marginalisées, ainsi que leur égalité d'accès à ces services, et pour combattre toute forme de discrimination;

19.

demande qu'il soit tenu compte des droits de l'homme lors de la conception de mesures soutenues par le Fonds de cohésion et souligne que les droits culturels, économiques et sociaux doivent être inclus dans les politiques de reconnaissance des femmes issues de communautés marginalisées en tant que citoyennes actives à part entière, et que le racisme, qu'il soit visible ou non, soit traité de manière explicite dans chacune des mesures et des politiques élaborées;

Préparation des programmes

20.

souligne que le principe de partenariat doit conduire à la participation à tous les niveaux et doit être appliqué par les États membres de manière obligatoire et pas simplement pro forma; souligne l'importance de la mise en œuvre du code de conduite relatif aux partenariats pour garantir une participation et une représentation équitables des partenaires et qu'une attention particulière doit être accordée à l'inclusion des communautés marginalisées pour prendre en considération leur situation spécifique et les défis éventuels auxquels elles sont confrontées lorsqu'il s'agit de contribuer de manière substantielle au partenariat; est préoccupé par le peu de respect de la participation obligatoire des partenaires, conformément aux principes respectifs établis dans le RDC et le code de conduite européen sur le partenariat; prie la Commission et les États membres de garantir la participation des partenaires, y compris les personnes les plus concernées, et à mettre en œuvre un système d'incitations et d'échange des meilleures pratiques, y compris un soutien spécifique à ces autorités de gestion et aux bénéficiaires qui ont eu des résultats particulièrement bons dans ce domaine;

21.

regrette que la Commission ait accepté des accords de partenariat n'incluant pas les communautés marginalisées à un degré suffisant; demande à la Commission de prendre des mesures pour faciliter l'inclusion des communautés marginalisées lors de l'élaboration, de la mise en œuvre et de l'évaluation des projets en tant qu'instrument d'émancipation des communautés concernées; suggère que des recommandations soient présentées dans le contexte du semestre européen comme une façon appropriée de promouvoir les actions que les États membres doivent mener;

22.

demande aux États membres de donner suite aux recommandations par pays émises en ce qui concerne l'inclusion sociale des communautés marginalisées et à la Commission de surveiller cela de près;

23.

se félicite du fait que certains États membres, y compris ceux qui reçoivent les recommandations, choisissent l'intégration socioéconomique des communautés marginalisées comme priorité d'investissement dans leurs programmes opérationnels; avertit toutefois que cette approche doit aussi être intégrée dans des domaines d'action tels que l'éducation ou l'emploi;

24.

invite les États membres à utiliser pleinement les fonds; souligne la nécessité de se focaliser spécialement sur les mesures de financement allant au-delà de l'action ciblée relevant de l'objectif thématique d'inclusion sociale et de lutte contre la pauvreté et les discriminations, en privilégiant une approche intégrée et systématique;

25.

estime que la gouvernance à plusieurs niveaux et la coordination jouent un rôle important; souligne que la participation des collectivités locales est souhaitable pour toucher le groupe cible et nécessite la plus importante proximité territoriale possible;

Mise en œuvre des programmes

26.

souligne l'importance d'une approche intégrée; est d'avis que les fonds devraient être utilisés de façon plus intégrée, notamment au moyen de programmes plurifonds, du développement local mené par la communauté, d'investissements territoriaux intégrés et de financement croisé tel que visé à l'article 98, paragraphe 2, du RDC, et devraient créer des synergies avec les autres instruments de financement nationaux et de l'Union; invite les administrations et les autorités concernées à rechercher une coopération active à tous les niveaux, y compris transfrontalier;

27.

observe que le financement croisé est actuellement utilisé de manière limitée, en partie en raison des règles complexes énoncées à l'article 98, paragraphe 2, du RDC; est d'avis qu'un assouplissement des règles régissant le financement croisé, en particulier en ce qui concerne les communautés marginalisées, pourrait améliorer l'efficacité des projets et offrir une importante valeur ajoutée à leur incidence; invite donc la Commission à effectuer une analyse de l'application et du niveau d'utilisation du financement croisé;

28.

observe que les communautés marginalisées vivent souvent dans les quartiers défavorisés; souligne l'importance d'une réelle mise en œuvre des programmes de de rénovation et de réhabilitation urbaine pour les quartiers défavorisés, qui combinent les approches et partenariats intégrés et territoriaux, qui traitent à la fois les questions économiques, sociales et territoriales, et améliorent l'environnement urbain, et qui mettent aussi l'accent sur de meilleures connexions en vue d'améliorer l'accès de ces communautés; estime que le futur programme urbain de l'UE doit répondre de manière adéquate aux principaux enjeux et besoins auxquels les communautés marginalisées vivant dans les zones urbaines sont confrontées pour empêcher l'établissement de ghettos et pour lutter efficacement contre la ségrégation, la pauvreté et l'exclusion sociale;

29.

attire l'attention sur les besoins spécifiques des communautés marginalisées vivant dans les zones rurales, montagneuses et isolées, y compris les enjeux liés à la connectivité, à la mobilité et à l'accès aux services, mais aussi au niveau de l'offre culturelle et sociale; souligne l'importance des connexions entre les régions; relève également que les personnes vivant dans des régions transfrontalières sont souvent victimes de marginalisation du fait de leur situation géographique et que cet aspect doit mieux être pris en considération lors de la formulation de la politique de cohésion, en particulier en ce qui concerne l'objectif relatif à la coopération territoriale européenne;

30.

souligne la nécessité de renforcer les capacités des parties concernées, notamment des services publics, des administrations et des organismes de la société civile dans le but de responsabiliser les communautés, notamment en leur permettant de participer davantage aux processus décisionnels; insiste sur le fait qu'une aide technique et un financement ciblés doivent être utilisés à cette fin également;

31.

demande à la Commission d'apporter le soutien technique nécessaire pour améliorer les capacités administratives des organismes participant à l'administration des Fonds structurels, et invite les États membres à fournir des conseils et une assistance administrative, par exemple en organisant des formations et en proposant une aide et des explications pour les demandes de subsides, afin de faciliter l'accès des communautés marginalisées, telles que les Roms, aux informations sur les programmes de financement européens et nationaux destinés à renforcer l'esprit d'entreprise et l'emploi et de leur permettre d'introduire les demandes y afférentes;

32.

souligne que les partenaires sociaux doivent avoir accès à une assistance technique, non seulement pour renforcer leurs capacités, mais aussi pour assurer leur coordination et leur représentation dans les comités ad hoc qui définissent et mettent en œuvre les programmes opérationnels;

33.

souligne que la Commission doit mettre en place, en partenariat avec les représentants des communautés marginalisées, après avoir publié des orientations sur la définition des communautés marginalisées, un groupe d'experts ad hoc chargé de prodiguer des conseils, et de promouvoir une formation appropriée du personnel administratif destinée à dispenser une connaissance spécifique des problématiques touchant les communautés marginalisées, et visant à lutter contre les pratiques discriminantes, afin de favoriser l'inclusion par un dialogue constructif et efficace et de mettre en œuvre et de suivre les projets financés par l'Union liés aux communautés marginalisées d'une manière intégrée et efficace, pour en développer au maximum l'incidence;

34.

estime qu'il est essentiel d'inclure les organismes de promotion de l'égalité, les femmes et les organisations féminines issues de communautés marginalisées dans le processus décisionnel sur l'affectation, l'utilisation, la mise en œuvre et le contrôle des fonds à tous les niveaux — collectivités locales et régionales, États membres et Union européenne — et estime également que le suivi et l'évaluation des programmes mis en œuvre doivent être considérés comme essentiels en vue d'améliorer la participation des femmes issues de communautés marginalisées;

35.

prend note de l'approche selon laquelle toutes les dispositions de politique stratégique et opérationnelle, notamment une capacité administrative ou institutionnelle suffisante, doivent être en place avant la réalisation des investissements; encourage la Commission à surveiller étroitement le respect de ces conditions et à veiller à ce que les États membres concernés mènent des actions complémentaires, en particulier dans le domaine de la promotion de l'inclusion et de la lutte contre la pauvreté et les discriminations;

Suivi et recommandations

36.

fait valoir que les projets financés par l'Union doivent avoir une perspective à long terme pour être efficaces et que les fonds doivent soutenir les investissements selon les besoins réels des bénéficiaires, avec des mécanismes garantissant que les groupes cibles sont atteints et traitant l'exclusion et la marginalisation; demande des mécanismes d'évaluation qualitative et de suivi; demande à la Commission de mettre en place des mécanismes de suivi préventif et participatif et de supervision des actions des États membres dans les processus de planification et d'évaluation des fonds utilisés pour les communautés marginalisées;

37.

insiste sur le fait que l'exclusion en matière de logement, le sans-abrisme, l'exclusion en matière d'éducation et le chômage sont souvent des éléments clés de la marginalisation; souligne dès lors l'importance d'initiatives intégrées en matière de logement, d'éducation et d'emploi, en faveur des communautés marginalisées;

38.

rappelle — en gardant à l'esprit que la récente crise économique et financière a particulièrement touché ces catégories marginalisées, qui sont les plus susceptibles de perdre leur emploi lors de turbulences sur le marché du travail –, que l'éducation et l'emploi sont les meilleurs moyens de sortir de la pauvreté et que l'intégration des communautés marginalisées dans le marché de l'emploi devrait donc constituer une priorité; note avec préoccupation que les membres des communautés marginalisées font souvent l'objet d'exclusion sociale, subissent des discriminations et se heurtent par conséquent à des barrières dans l'accès à une éducation de qualité, à l'emploi, aux soins de santé, aux transports, à l'information et aux services en général, ce qui pose un problème complexe auquel il convient de s'attaquer sérieusement grâce à l'utilisation complémentaire et à la combinaison efficace des Fonds structurels et d'investissement européens et des ressources nationales; souligne dès lors la nécessité de consentir des efforts particuliers dans le cadre des programmes de l'Union déjà en place, tels que l'initiative pour l'emploi des jeunes, Erasmus+ et Europe créative, pour qu'ils parviennent à toucher les membres des communautés marginalisées, et de vérifier, à intervalles réguliers, s'ils y parviennent réellement, afin de mettre fin au cycle de la pauvreté et de la marginalisation et d'améliorer les compétences et les qualifications professionnelles des personnes;

39.

exhorte à utiliser les fonds afin d'améliorer les conditions de vie des femmes issues de communautés marginalisées et de faciliter l'accès de ces dernières à l'éducation, au logement, aux soins de santé, à l'emploi, aux structures d'accueil pour les enfants, aux services sociaux, aux administrations judiciaires et aux services d'assistance aux victimes — durables et de qualité;

40.

souligne que les représentants des communautés marginalisées doivent être impliqués de façon active et doivent pouvoir participer aux systèmes de suivi en tant que membres à part entière; fait valoir qu'une expérience importante aurait pu être acquise aux niveaux local, régional, national et transnational; souligne la nécessité de diffuser et de faire fructifier les bonnes pratiques; invite la Commission et les États membres à analyser l'ensemble des bonnes pratiques existantes, y compris les pratiques innovantes liées à l'inclusion des groupes et personnes marginalisés dans la société, et à lancer des activités de réseautage, notamment entre les assistants sociaux, les animateurs de jeunesse et les agents de proximité, ainsi qu'entre les universitaires et les chercheurs; souligne la nécessité de créer au niveau de l'Union européenne une plateforme de réseaux qui facilite l'échange de bonnes pratiques et la résolution de problèmes communs et qui pourrait également faire office de service d'apprentissage en ligne pour le développement des capacités;

41.

invite la Commission à prendre en considération la politique de cohésion et les communautés marginalisées dans son dialogue annuel structuré avec la société civile et les organisations représentant les partenaires, tout en veillant à la participation de représentants des communautés marginalisées et en rendant possible un débat s'appuyant sur une analyse quantitative et qualitative;

42.

souligne que la sensibilisation au problème de l'inclusion structurelle et systémique n'est pas seulement nécessaire de la part de l'ensemble de la société, mais qu'il s'agit d'une question essentielle pour le travail des décideurs politiques et des parties prenantes à tous les niveaux administratifs, ainsi que des autres organes publics concernés; invite tous les pouvoirs publics et les instituts de formation concernés à mener une analyse approfondie des causes de discrimination et de marginalisation, et des campagnes de sensibilisation au fait que la xénophobie et le racisme, et tous les types de marginalisation conduisant à une exclusion systémique, comme la haine anti-Tsiganes, doivent être éliminés; demande à la Commission de faire rigoureusement respecter et surveiller la législation antidiscriminatoire de l'Union; demande aux services publics de l'emploi de fournir des services sur mesure de qualité fondés sur les besoins;

43.

met en lumière la nécessité d'une double approche pour pouvoir aider et intégrer les groupes marginalisés, à savoir d'une part, directement en liaison avec les personnes touchées, en fournissant un enseignement, y compris en proposant des infrastructures, des formations, une orientation professionnelle et des perspectives d'emploi et, d'autre part, avec les collectivités locales, afin d'améliorer et/ou de changer la perception du public, en le sensibilisant aux effets des préjugés, en améliorant les services publics et en adaptant les systèmes sociaux;

44.

souligne que l'éducation est un droit fondamental consacré par le traité sur l'Union européenne; souligne que garantir l'égalité d'accès à une formation de qualité à tous les membres de la société est la clé permettant de briser le cycle de l'exclusion sociale; estime que l'enseignement formel, non formel et informel, caractérisé par l'éducation à la diversité, prépare à une véritable insertion politique, économique et sociale des communautés marginalisées; insiste sur la nécessité de mettre en place des programmes, des projets et des activités de soutien à l'intention des groupes marginalisés afin qu'ils bénéficient de l'éducation préscolaire, de soutenir le besoin d'éducation formelle, tout en leur proposant d'autres formes d'enseignement, tout comme une formation tout au long de la vie, notamment de formation professionnelle et de TIC, et d'améliorer l'accès aux médias en vue également de renforcer l'autonomie des femmes et des filles vivant dans des communautés marginalisées;

45.

invite les États membres et les autorités régionales et locales à encourager le recours au FEDER pour aider les PME et les entreprises sociales associant les communautés marginalisées et bénéficiant à ces dernières; insiste sur la nécessité de soutenir les activités à l'intention des groupes marginalisés afin d'encourager la création et le développement de microentreprises permettant de perpétuer des modes d'activité économique différents;

46.

fait observer que de nombreux secteurs feront sous peu l'objet d'une mutation significative, notamment en raison de la généralisation d'outils et de solutions en ligne; note qu'à terme les emplois faiblement ou moyennement qualifiés seront menacés, ce qui affectera plus particulièrement les membres des communautés marginalisées, qui, à l'heure actuelle, trouvent généralement un emploi de ce type; met en lumière l'importance de formations et de services accessibles et abordables pour tous dans les nouvelles technologies et les nouveaux secteurs, avec une attention particulière pour les perspectives dans le secteur numérique ou l'économie verte, notamment pour les catégories les plus défavorisées; note l'importance des micro et petites entreprises pour contribuer à maintenir des emplois dans les régions rurales et demande par conséquent que l'accent soit davantage mis sur la garantie de l'accès aux financements pour ces entreprises;

47.

insiste sur l'importance de renforcer l'autonomie des femmes vivant dans des communautés marginalisées en encourageant les femmes chefs d'entreprise et la participation des femmes dans ces communautés;

48.

souligne le rôle important que l'entrepreneuriat social, les coopératives, les mutuelles et les entreprises alternatives peuvent jouer dans le renforcement de l'autonomie des femmes issues de communautés marginalisées; recommande que les Fonds de cohésion, notamment le Fonds social européen, soutiennent les investissements dans ce domaine qui comportent une perspective de genre renforcée;

49.

invite la Commission à analyser les limites de la clé de ventilation actuelle pour déterminer l'aide des fonds de politique de cohésion en fonction du PIB en utilisant mieux les indicateurs disponibles, comme les microdonnées Eurostat, UE-SILC sur les revenus et les conditions de vie, des indicateurs capables de détecter les poches de pauvreté et de fragilité sociale sur le territoire de l'Union en vue de mieux cibler l'aide de l'Union aux communautés marginalisées;

50.

souligne que, dans le débat politique européen, les communautés marginalisées font souvent l'objet d'instrumentalisations politiques tendancieuses; qu'il serait nécessaire de procéder à une analyse détaillée de l'exclusion structurelle tant dans les accords de partenariat que dans les programmes opérationnels concernés; demande à la Commission de fournir des orientations cohérentes, uniformes et claires sur l'élaboration, la mise en œuvre et la gestion des projets financés par l'Union liés aux communautés marginalisées, notamment une analyse approfondie, des exemples de bonnes pratiques et des recommandations stratégiques pour veiller à inclure les communautés marginalisées dans les fonds de l'Union européenne, en vue également de la prochaine période de programmation;

51.

demande l'ajout d'une dimension relative à l'égalité hommes-femmes et d'une analyse intersectionnelle au financement de toutes les initiatives et de tous les programmes et actions d'intégration et d'inclusion sociale financés par l'Union, afin de prendre en compte des besoins spécifiques aux femmes des communautés marginalisées et de mieux apprécier la variété des opinions et des points de vue parmi les femmes occupant divers postes ou rôles structurels; est convaincu que les évaluations d'impact selon le genre et la prise en compte de la dimension du genre dans l'élaboration des budgets sont utiles dans le cadre des évaluations de l'incidence des priorités de financement, de l'affectation des ressources financières et des conditions des programmes de financement; insiste sur la nécessité de la collecte systématique et de l'analyse régulière de données ventilées par sexe;

52.

invite les États membres à décerner un prix pour le dévouement exemplaire à l'intégration et l'inclusion des groupes marginalisés dans la mise en œuvre des fonds de l'Union; propose que ce prix puisse être présenté aux municipalités ou régions des États membres pour travail extraordinaire;

53.

invite les États membres à rendre possible et à encourager la mise en réseau des municipalités et des villes qui traitent des questions d'intégration des groupes marginalisés; suggère que la Convention des maires sur le changement climatique serve d'exemple pour ce type de mise en réseau;

o

o o

54.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 320.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 289.

(3)  JO L 132 du 29.5.2010, p. 1.

(4)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 470.

(5)  JO L 354 du 28.12.2013, p. 62.

(6)  JO L 72 du 12.3.2014, p. 1.

(7)  JO L 74 du 14.3.2014, p. 1.

(8)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0132.

(9)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0594.

(10)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0246.

(11)  JO C 199 E du 7.7.2012, p. 112.

(12)  JO C 161 E du 31.5.2011, p. 120.

(13)  JO C 87 E du 1.4.2010, p. 60.

(14)  JO C 378 du 24.12.2013, p. 1.

(15)  JO C 114 du 15.4.2014, p. 73.

(16)  


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/42


P8_TA(2015)0403

Le rôle de l'Union européenne au sein des Nations unies

Résolution du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur le rôle de l'Union européenne au sein des Nations unies — Comment mieux remplir les objectifs de l'Union en matière de politique étrangère (2015/2104(INI))

(2017/C 366/05)

Le Parlement européen,

vu le traité sur l'Union européenne,

vu ses résolutions antérieures sur l'Union et les Nations unies, en particulier sa recommandation du 2 avril 2014 à l'intention du Conseil sur la 69e session de l'Assemblée générale des Nations unies (1) et sa résolution du 11 mai 2011 sur «L'Union européenne en tant qu'acteur mondial: son rôle dans les organisations multilatérales» (2),

vu les conclusions du Conseil du 22 juin 2015 sur les priorités de l'Union aux Nations unies et à la 70e Assemblée générale des Nations unies,

vu la charte des Nations unies,

vu la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies sur la participation de l’Union européenne aux travaux de l’Organisation des Nations Unies (3), qui accorde à l'Union le droit d'intervenir au sein de l'Assemblée générale, de présenter oralement des propositions et des amendements qui seront mis aux voix à la demande d'un État membre ainsi que d'exercer un droit de réponse,

vu la déclaration sans précédent du président du Conseil de sécurité des Nations unies du 14 février 2014 sur le rôle joué par l'Union dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales (4),

vu la déclaration de la conférence mondiale de Durban 2001 contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée,

vu l'étude de la direction générale des politiques externes de l'Union du Parlement européen intitulée «Reforming the United Nations: State of Play, Ways Forward» (Réforme des Nations unies: état des lieux et perspectives),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires étrangères et les avis de la commission du développement, de la commission du commerce international, de la commission du contrôle budgétaire, de la commission de la culture et de l'éducation ainsi que de la commission des affaires constitutionnelles (A8-0308/2015),

Les objectifs et les atouts à l'échelle mondiale de l'Union

A.

considérant que l'avenir de l'Union européenne est lié à la paix, à la sécurité, au développement et au respect des droits de l'homme dans le monde; que les problématiques auxquelles elle est confrontée doivent être résolues à l'échelle mondiale et que les problèmes de la planète appellent une intervention européenne;

B.

considérant que les principes et objectifs de la politique extérieure de l'Union sont consacrés à l'article 21 du traité sur l'Union européenne et qu'ils sont étroitement liés à ceux des Nations unies; que l'article 21 du traité sur l'Union européenne prescrit expressément le respect des principes de la charte des Nations unies et du droit international;

C.

considérant que l'Union dispose d'un potentiel unique pour mobiliser les ressources de l'ensemble des instruments diplomatiques, économiques et humanitaires ainsi qu'en matière de sécurité, de défense et de développement, dans le plein respect des dispositions de la charte des Nations unies; que l'utilisation de ces instruments dans le cadre d'une approche globale dote l'Union d'une très grande souplesse pour réaliser effectivement les objectifs les plus ambitieux en matière de sécurité;

D.

considérant que l'Union contribue activement, sous l'égide des Nations unies, à promouvoir la paix, la sécurité et le progrès par le truchement de sa politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et de sa politique de sécurité et de défense commune (PSDC);

E.

considérant que l'Union protège ses valeurs, ses intérêts fondamentaux, sa sécurité, son indépendance et son intégrité, et qu'elle s'efforce de préserver la paix, de prévenir les conflits et de renforcer la sécurité internationale, conformément aux principes de la charte des Nations unies et à l'acte final d'Helsinki, adopté en 1975, ainsi qu'aux objectifs de la charte de Paris pour une nouvelle Europe, adoptée en 1990; que l'Union fait partie du système de sécurité collective des Nations unies, y compris au titre des accords régionaux visés au chapitre VIII de la charte des Nations unies;

F.

considérant que l'Union favorise le développement durable des pays en développement sur le plan économique, social et environnemental, avec pour objectifs premiers d'éradiquer la pauvreté, de favoriser la paix et la stabilité à long terme et de lutter contre les inégalités sociales, et qu'elle apporte une aide humanitaire aux populations, aux pays et aux régions confrontés à tout type de crises, qu'elles soient naturelles ou d'origine humaine;

G.

considérant que l'Union est un acteur de premier plan dans les domaines d'action interdépendants que sont le commerce, le développement, l'aide humanitaire, l'environnement et les droits de l'homme;

H.

considérant que l'Union œuvre en faveur de la viabilité environnementale en appuyant des mesures et des dispositifs internationaux visant à préserver et à améliorer la qualité de l'environnement ainsi que la gestion durable des ressources naturelles;

I.

considérant que l'Union joue également un rôle moteur dans le domaine environnemental, notamment en matière de lutte contre le changement climatique, non seulement en faisant œuvre de précurseur et en se fixant des objectifs ambitieux, mais également en s'engageant systématiquement, dans le cadre des négociations menées au niveau mondial, pour la conclusion d'accords contraignants ainsi que l'adoption de mesures concrètes et mesurables;

J.

considérant que l'Union renforce les fondements de la pérennité sociale et de la bonne gouvernance par son action visant à consolider, à soutenir et à promouvoir la démocratie, l'état de droit, les droits de l'homme et les principes du droit international;

K.

considérant que, conformément à ses traités, l'Union promeut un système international fondé sur une coopération multilatérale renforcée et une bonne gouvernance mondiale et qu'elle s'est engagée en faveur d'un multilatéralisme efficace dans lequel les Nations unies jouent un rôle central; que cet engagement repose sur la conviction que si la communauté internationale entend répondre adéquatement aux crises, aux enjeux et aux menaces dans le monde, elle doit disposer d'un système multilatéral efficace fondé sur les droits et les valeurs universels;

L.

considérant que la politique extérieure de l'Union s'est principalement concentrée sur les relations bilatérales ainsi que sur la coopération et les partenariats avec des pays, des groupes de pays et d'autres organisations régionales et internationales du monde entier; qu'une attention particulière a été accordée, ces dernières décennies, aux objectifs et enjeux géopolitiques touchant les pays du voisinage oriental et méridional de l'Union; que l'Union entretient également des relations particulières avec les pays du continent africain et accorde, dans son action, une attention particulière aux défis auxquels ils sont confrontés;

M.

considérant que dans un contexte d'interdépendance croissante à l'échelle mondiale, l'Union doit jouer un rôle plus important, tant dans ses relations bilatérales que dans les enceintes multilatérales;

N.

considérant que l'Union européenne est un acteur de poids dans les processus de négociation et de médiation menés au niveau international, en particulier dans les négociations entre le groupe E3+3 et l'Iran ainsi que le processus de paix au Proche-Orient;

O.

considérant que l'Union, en tant que premier bloc commercial du monde, occupe une place prépondérante dans les accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux et a élaboré des mesures commerciales concrètes pour favoriser la croissance économique, réduire la pauvreté et protéger l'environnement et les ressources naturelles;

P.

considérant que l'Union et ses États membres sont le premier contributeur au regard du budget ordinaire, de l'aide humanitaire et l'aide publique au développement ainsi des opérations de maintien de la paix des Nations unies; que les politiques de développement de l'Union sont d'une importance majeure eu égard au fait qu'elles contribuent activement à la réduction de la pauvreté et à la pérennité économique, sociale et environnementale, favorisant ainsi la paix et la sécurité; que l'Union est partie à plus de 50 conventions et accords multilatéraux des Nations unies, en tant que seul participant non étatique;

Q.

considérant que l'Union est le défenseur et le promoteur le plus engagé des droits de l'homme, des libertés fondamentales, des valeurs et de la diversité culturelles, de la démocratie et de l'état de droit; que des dispositions relatives à ces principes sont incluses dans tous ses partenariats bilatéraux et occupent une place prépondérante dans sa politique multilatérale; que l'Union a toujours été un ardent défenseur de la justice internationale;

R.

considérant que l'Union joue un rôle important d'appui aux opérations menées par les Nations unies dans les domaines d'intérêt commun, notamment la protection des civils et particulièrement celle des femmes et des enfants touchés par des conflits armés;

S.

considérant que l'égalité entre les femmes et les hommes est une valeur fondamentale de l'Union reconnue dans ses traités et la charte des droits fondamentaux; que l'Union s'est engagée à intégrer l'égalité des sexes dans toutes ses activités et politiques, notamment en matière de politique extérieure et de coopération au développement;

T.

considérant que l'humanité partage des valeurs et des intérêts communs; que les responsabilités et les retombées positives liées à la résolution de problèmes communs et à l'action en faveur d'objectifs et de valeurs partagés devraient être équitablement réparties;

Le système des Nations unies

U.

considérant que le système des Nations unies est la principale enceinte mondiale consacrée à l'amélioration de la gouvernance mondiale et qu'il constitue, à ce titre, le cadre le plus indiqué pour promouvoir les valeurs et les intérêts de l'Union;

V.

considérant que le principal objectif après la Seconde Guerre mondiale était le maintien de la paix et de la sécurité; que l'action en faveur du développement économique et social ainsi que des droits de l'homme occupait une place centrale dans la charte; que des questions environnementales ont fait leur apparition dans le programme de travail des Nations unies dès le début des années 70; qu'en 1987, le rapport Brundtland, intitulé «Notre avenir à tous», a défini le concept de développement durable comme un développement qui s’efforce de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures; que lors de la conférence des Nations unies qui s'est tenue à Rio en 1992, les politiques en matière de développement et d'environnement ont été fusionnées pour associer une réduction efficace de la pauvreté à l'action en faveur du développement durable dans le monde entier;

W.

considérant que le système des Nations unies, qui englobe tous les domaines de coopération, s'articule autour du Conseil de sécurité, lequel est chargé au premier chef des missions touchant au maintien de la paix et de la sécurité internationales, missions pour lesquelles il bénéficie de l'aide d'organes auxiliaires et consultatifs;

X.

considérant que le système des Nations unies compte 19 agences spécialisées, parmi lesquelles la FAO, la FIDA, l'OIT, le FMI, l'Unesco, l'Onudi, l'OMS et le Groupe de la Banque mondiale, 11 fonds et programmes, dont la Cnuced, le PNUD, le PNUE, le FNUAP, le HCR, l'Unicef, ONU Femmes et le PAM (5), ainsi que neuf commissions techniques, cinq commissions régionales et plusieurs autres organes du même type; que des organisations comme l'Organisation mondiale du commerce et l'Agence internationale de l'énergie atomique sont également liées au système des Nations unies;

Y.

considérant que ces agences, fonds, programmes, commissions et comités fonctionnent, pour la plupart, sous l'égide du Conseil économique et social et de l'Assemblée générale, auxquels, pour certains, ils rendent des comptes;

Z.

considérant que l'Union et ses États membres ont un rôle déterminant à jouer dans l'action en faveur des principes et des objectifs des Nations unies ainsi que dans la résolution des problèmes communs à l'humanité; que l'Europe, elle, a besoin de partenaires à l'échelon mondial pour résoudre les problèmes auxquels elle est confrontée dans des domaines comme la sécurité, la protection de l'environnement, les droits de l'homme, la migration, la protection du droit d'asile et l'instabilité financière;

AA.

considérant que l'Union européenne a une responsabilité particulière en matière de maintien de la paix, de développement et de droits de l'homme à l'égard de son voisinage;

AB.

considérant qu'il est essentiel que les actions entreprises dans le cadre des Nations unies respectent le droit international; que les crimes perpétrés sous mandat des Nations unies sont extrêmement préjudiciables à la crédibilité de l'organisation et ne peuvent demeurer impunis;

AC.

considérant que les pays sont répartis en zones géographiques et, partant, votent souvent d'un bloc; que des membres du Conseil des droits de l'homme des Nations unies violent eux-mêmes systématiquement les droits de l'homme, ce qui nuit à l'efficacité et à la crédibilité du Conseil dans son ensemble;

AD.

considérant que le groupe État islamique pille des sites culturels et religieux en Iraq et en Syrie et utilise le produit du trafic des objets dont il s'est ainsi accaparé pour financer ses activités terroristes; que l'Unesco et sa convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicite des biens culturels doivent jouer un rôle central au regard de la protection d'urgence du patrimoine culturel syrien et iraquien;

AE.

considérant que l'Union et les Nations unies coopèrent étroitement dans les situations de crise les plus délicates, particulièrement au Proche-Orient et en Afrique du Nord; qu'il convient d'intensifier encore ces efforts pour trouver une solution politique et pacifique à ces crises;

AF.

considérant que le débat et la décision concernant le renouvellement du mandat du Forum sur la gouvernance de l'internet (FGI) doivent avoir lieu lors de l'Assemblée générale des Nations unies de 2015; que le Parlement a demandé à l'Assemblée générale de renouveler le mandat du FGI, de doter celui-ci de plus de ressources et de renforcer le modèle pluripartite de la gouvernance de l'internet;

L'Union au sein du système des Nations unies

1.

rappelle que l'Union et ses États membres partagent les valeurs et les principes de la charte des Nations unies, conformément à l'article 21, paragraphe 1, du traité UE, et s'efforcent de promouvoir ces principes ainsi que les objectifs des Nations unies dans le cadre de l'action extérieure de l'Union; estime que l'Union a besoin de partenaires à l'échelon mondial pour atteindre ses objectifs en matière de politique étrangère, notamment dans le domaine de la paix et de la sécurité, du terrorisme, de la criminalité organisée, des conflits régionaux, de la déliquescence d'États et de la prolifération des armes de destruction massive;

2.

estime que les conditions de sécurité dans l'Union sont de plus en plus instables et fragiles en raison des nombreux problèmes de sécurité qui perdurent ou font leur apparition; considère que le conflit à l'est de l'Ukraine, les conflits en Syrie et en Iraq et la montée de l'organisation terroriste État islamique, la crise libyenne ainsi que la menace terroriste en Afrique (particulièrement au Sahel, en Libye et dans la corne de l'Afrique) constituent de graves menaces pour le monde nécessitant des réponses à l'échelon mondial; estime que l'Union ne peut faire face à ces menaces seule et a besoin du soutien de partenaires internationaux;

3.

salue la participation active et la contribution de l'Union et de ses États membres, suivant des modalités et des formes diverses, aux travaux du système des Nations unies, et estime qu'il convient de les mettre davantage en évidence;

4.

se félicite également de la contribution majeure de l'Union à l'aide humanitaire et au développement dans le monde; rappelle qu'ensemble, l'Union et ses États membres sont les premiers contributeurs au monde en matière d'aide au développement et d'aide humanitaire;

5.

rappelle que l'Union est devenue un acteur international de poids et jouit par conséquent, aux Nations unies, d'un statut d'«observateur privilégié» qui l'autorise à se joindre aux débats entre les représentants des grands groupes lors des réunions de l'Assemblée générale et à s'exprimer vis-à-vis d'États, à soumettre des propositions et des amendements, à exercer un droit de réponse, à présenter des motions d'ordre et à faire circuler des documents;

6.

précise en outre que l'Union dispose de nombreux représentants au sein des Nations unies, à savoir le président du Conseil européen, la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, la Commission européenne, les délégations de l'Union ainsi que ses 28 États membres, dont deux (la France et le Royaume-Uni) sont membres permanents du Conseil de sécurité et titulaires d'un droit de veto; insiste sur le fait que les États membres de l'Union sont tenus, en vertu du traité, de coordonner leur action dans toutes les enceintes internationales;

Comment mieux remplir les objectifs de l'Union en matière de politique étrangère dans le cadre des Nations unies

7.

est convaincu que pour mieux remplir ses objectifs en matière de politique étrangère, l'Union devrait s'efforcer de développer la gouvernance mondiale dans le cadre du système des Nations unies et d'accroître son influence ainsi que celle de ses États membres au sein de ce système; rappelle que l'Union s'est engagée à soutenir activement une réforme approfondie du système des Nations unies en vue de renforcer la légitimité et la représentativité régionale de celui-ci ainsi que d'améliorer la transparence, la justification et l'efficacité de l'action menée pour répondre aux enjeux complexes et protéiformes d'aujourd'hui; souligne en particulier qu'il importe de revitaliser les travaux de l'Assemblée générale;

8.

souligne que l'Union devrait jouer, au sein de l'Assemblée générale des Nations unies, un rôle accru qui lui donne le poids et l'influence stratégique nécessaires pour pouvoir mieux remplir ses obligations au niveau international, conformément à la résolution de l'Assemblée générale du 3 mai 2011 susmentionnée;

9.

réaffirme son approbation du rôle joué par les parlements et les assemblées régionales dans le système des Nations unies;

10.

demande aux membres du Conseil de sécurité de réexaminer et de réformer le processus opaque de désignation du secrétaire général des Nations unies, en étroite coopération avec l'Assemblée générale, et de veiller à l'égalité des chances entre hommes et femmes pour l'accession à ce poste; invite tous les organes des Nations unies, et notamment le Conseil de sécurité, à tenir dûment compte des questions d'égalité des sexes au sein des Nations unies, et incite les États membres de l'Union à jouer un rôle moteur à cet égard en encourageant et en soutenant les candidatures féminines; fait part de son souhait de voir une femme succéder à l'actuel secrétaire général des Nations unies; invite l'Union à soutenir ONU Femmes en tenant compte de la discrimination fondée sur l'identité sexuelle et son expression;

11.

met l'accent sur les priorités de l'Union définies en amont de la 70e session de l'Assemblée générale des Nations unies, qui réitèrent la demande formulée de longue date par l'Union, à savoir que l'ONU rationalise ses structures, son budget et ses méthodes de travail et ne recule pas devant les questions difficiles telles que la réforme du Conseil de sécurité;

12.

souligne que l'Assemblée générale, qui représente les gouvernements de tous les pays membres, doit avoir les moyens d'influer sur le système des Nations unies et d'en coordonner toutes les activités;

13.

est convaincu que le Conseil de sécurité doit être réformé pour mieux refléter la nouvelle réalité géopolitique mondiale et pour répondre plus efficacement aux enjeux actuels et à venir en matière de sécurité; encourage les pays qui disposent d'un droit de veto au sein du Conseil de sécurité à s'abstenir de l'exercer dans les cas de génocide et de crime contre l'humanité;

14.

rappelle, au regard de la contribution de l'Union au dispositif pour la paix et la sécurité dans le monde ainsi que de l'objectif de renforcement de la politique étrangère européenne établi par le traité de Lisbonne, que l'Union entend, à long terme, obtenir un siège au sein d'un Conseil de sécurité élargi, et réitère son appel à un débat à l'échelle européenne sur la réforme de ce dernier; invite de nouveau la Vice-présidente/Haute représentante (VP/HR) à dégager un consensus au niveau de l'Union sur les questions qui relèvent de la compétence du Conseil de sécurité ainsi qu'à améliorer les mécanismes de coopération visant à garantir que les États membres de l'Union siégeant au Conseil de sécurité y défendent les positions communes de l'Union; rappelle qu'en vertu de l'article 34 du traité UE, les États membres de l'Union siégeant au Conseil de sécurité des Nations unies doivent tenir les autres États membres et la Haute représentante informés et défendre les positions et les intérêts de l'Union; rappelle également que lorsque l'Union a une position arrêtée sur un point de l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies, ces États demandent que la Haute représentante soit invitée à l'exposer;

15.

précise que le chapitre VIII de la charte des Nations unies favorise un renforcement du rôle des organisations régionales et sous-régionales au sein des Nations unies, et invite l'Union et l'OSCE à œuvrer au développement de leur participation et de celle d'autres organisations régionales dans la gouvernance mondiale;

16.

estime qu'à la faveur d'un renforcement de la coopération avec les Nations unies, l'Union devrait davantage tirer parti des partenariats avec les agences spécialisées, les fonds, les programmes, les commissions et les comités des Nations unies; préconise que l'Union coordonne mieux son action dans les organes directeurs de ces entités pour lui permettre de parler d'une seule voix;

17.

souligne qu'outre la nécessaire réforme des Nations unies, il y a lieu de coordonner plus efficacement les divers volets de toutes les politiques extérieures de l'Union, sur le plan bilatéral comme multilatéral, pour lui permettre de mieux remplir ses objectifs en matière de politique étrangère, notamment de promouvoir des valeurs fondamentales; rappelle qu'il convient de mettre davantage en évidence l'action de l'Union et l'aide qu'elle octroie dans toutes les enceintes multilatérales ainsi que sur le terrain;

18.

invite l'Union à coordonner plus efficacement ses travaux dans le domaine de l'aide humanitaire, dans le cadre d'ECHO par exemple, avec les différentes agences des Nations unies, afin d'assurer une efficacité optimale avec des ressources limitées et d'éviter les chevauchements inutiles;

19.

invite les institutions concernées de l'Union et des Nations unies à respecter pleinement et à appliquer l'accord-cadre financier et administratif (ACFA); demande à la Commission de faire rapport au Parlement sur la mise en œuvre de l'ACFA et des lignes directrices s'y rapportant, d'identifier les domaines où des améliorations sont nécessaires et de présenter des propositions à cet égard;

20.

insiste sur l'importance de la coopération de l'Union et du PNUD en matière d'efficacité de l'aide; met l'accent sur l'engagement du partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement et encourage tous les États et les acteurs du secteur privé à y adhérer;

21.

estime que la Cour européenne des droits de l'homme a su contribué aux progrès de l'Europe en matière de respect des droits de l'homme et qu'elle peut servir d'exemple à d'autres régions;

22.

préconise d'améliorer les dispositifs de prévention et d'alerte rapide, de renforcer les capacités de médiation des Nations unies, et de fonder les missions de consolidation et de maintien de la paix sur des mandats cohérents et réalistes comprenant un volet sur les droits de l'homme ainsi que des stratégies de sortie claires; encourage les États membres de l'Union à apporter un soutien plus important aux opérations de consolidation et de maintien de la paix et invite l'Union à intensifier ses efforts de médiation dans la résolution de conflits; presse le Conseil de sécurité, eu égard aux atrocités et aux violations des droits de l'homme récemment perpétrées par des groupes extrémistes et terroristes ainsi qu'aux violences sexuelles qui sont commises dans le cadre de conflits, notamment à l'utilisation du viol comme arme de guerre, de définir, conformément au principe de la «responsabilité de protéger», un ambitieux dispositif d'instruments et de moyens pour prévenir efficacement ces actes de barbarie et préserver l'état de droit et le droit humanitaire international; le presse en outre d'inviter les États membres des Nations unies à lutter contre la traite des êtres humains et à mettre un frein au recrutement et au financement de groupes terroristes en empêchant et en réprimant le recrutement, l'organisation, le transport et l'équipement des combattants terroristes ainsi que le financement de leur voyage et de leurs activités;

23.

demande à l'Union de favoriser le renforcement de la cohérence, des synergies et des complémentarités entre l'examen des opérations de maintien de la paix, l'architecture de consolidation de la paix des Nations unies et la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité; insiste sur l'importance de la pleine participation des femmes, sur un pied d'égalité, à la prévention et au règlement des conflits, aux négociations de paix, à la consolidation ou au maintien de la paix, aux actions humanitaires et aux efforts de reconstruction après un conflit; se félicite, dans ce contexte, que la Commission ait revu sa politique d'aide humanitaire, qui précise désormais que le droit humanitaire international ou les droits de l'homme peuvent justifier de permettre à des femmes victimes de viol dans un contexte de guerre d'avorter en toute sécurité;

24.

encourage l'Union à promouvoir une définition large de la notion de sécurité humaine en établissant des liens plus étroits avec les droits de l'homme, l'égalité entre les hommes et les femmes et le développement humain;

25.

est convaincu que l'Union doit apporter un soutien résolu et sans faille à la Cour pénale internationale, notamment en veillant au renforcement et au développement des liens entre la CPI et les Nations unies, en particulier le Conseil de sécurité, ainsi qu'à la ratification rapide par les États membres de l'Union des amendements de Kampala au statut de Rome qui définissent le crime d'agression; rappelle que la responsabilité de traduire les criminels en justice incombe au premier chef aux États eux-mêmes, et est favorable à l'intervention de la CPI lorsque les autorités nationales ne sont pas en mesure ou n'ont pas la volonté d'engager des poursuites effectives au regard de crimes graves qui touchent la communauté internationale;

26.

est favorable au renforcement de la coopération opérationnelle entre l'Union et les Nations unies en matière de gestion de crise, notamment sur le plan du partage des analyses (pour aboutir à une analyse commune) et de la planification des opérations de maintien de la paix et de la sécurité (pour simplifier les aspects opérationnels);

27.

estime qu'il convient de veiller plus rigoureusement à ce que les États membres des Nations unies tiennent leurs promesses d'apporter une aide humanitaire au moyen de la publication régulière de rapports succincts sur le respect des engagements pris;

28.

se félicite de l'engagement de l'Union en faveur du renforcement de la responsabilité et de la transparence dans le commerce des armes et soutient les efforts déployés pour promouvoir l'universalisation et la mise en œuvre intégrale du traité sur le commerce des armes ainsi que la mise en œuvre des résultats de la première conférence des États parties; demande à l'Union de continuer à promouvoir le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui constitue la pierre angulaire du régime mondial de non-prolifération nucléaire et, à ce titre, le fondement même du désarmement nucléaire, conformément à l'article VI du TNP; demande en outre à l'Union de contribuer activement au désarmement global;

29.

souligne qu'il importe que l'Union continue à promouvoir activement l'égalité et la non-discrimination; salue la tenue de la première réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur les droits LGBTI, le 24 août 2015, lors de laquelle celui-ci a condamné les agressions et les assassinats perpétrés par le groupe État islamique contre des personnes LGBTI au Proche-Orient; encourage le Conseil de sécurité des Nations unies à mieux prendre en compte les violations des droits des personnes LGBTI;

30.

rappelle la tolérance zéro prônée par l'Union en matière de peine de mort; souligne qu'il importe que l'Union continue de promouvoir le moratoire sur la peine de mort;

31.

est convaincu que le système des Nations unies doit être sensiblement renforcé sur le plan économique, social et environnemental ainsi qu'en matière de développement, grâce à l'adoption par les organes des Nations unies d'une démarche plus politique, à une meilleure coopération entre ceux-ci, et à une utilisation plus efficace et transparente des ressources disponibles; estime qu'à cet effet, il convient, en premier lieu, de réformer les structures et le fonctionnement du principal organe compétent en la matière en vertu de la charte des Nations unies, à savoir le Conseil économique et social; invite les institutions et les États membres de l'Union à envisager la possibilité d'assumer un rôle plus important au sein du Conseil économique et social en veillant à ce qu'il évolue pour devenir un Conseil du développement durable;

32.

salue la création du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, qui doit jouer un rôle moteur sur le plan politique et prodiguer conseils et recommandations en matière de stratégie de développement en lien avec les trois piliers (social, économique et environnemental) du développement durable; est convaincu que ce Forum doit devenir le principal organe de décision en matière de politique de développement afin de veiller à une évaluation coordonnée et efficace des besoins ainsi qu'à l'adoption des plans d'action, des décisions et des mesures contraignantes requis dans le contexte du programme de développement durable pour l'après-2015; insiste sur la nécessité d'œuvrer efficacement à la réalisation des objectifs de développement durable adoptés lors du sommet des Nations unies en septembre 2015;

33.

est convaincu, eu égard aux crises humanitaires récurrentes qui touchent les réfugiés et les migrants et causent de grandes souffrances, ainsi qu'au fait que le développement durable des pays d'origine pourrait, en dernière analyse, résoudre ces crises, qu'il convient de coordonner les travaux de toutes les agences concernées;

34.

est d'avis que les défis soulevés par les crises humanitaires liées aux réfugiés doivent être gérés de manière globale, dans un esprit de solidarité au sein de l'Union et en étroite coopération avec les Nations unies et ses agences;

35.

demande à l'Union et aux Nations unies d'intensifier leurs efforts conjoints pour parvenir à un accord ambitieux juridiquement contraignant lors de la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui se tiendra à Paris en 2015, et de veiller à ce qu'elle débouche rapidement sur des actes;

36.

est d'avis que les travaux du groupe de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l'Organisation mondiale du commerce pourraient également être coordonnés dans le cadre du système des Nations unies, sans modification de leurs structures décisionnelles actuelles, afin de veiller à ce que les décisions et les mesures qu'ils adoptent soient appliquées de manière responsable, efficace et cohérente, et d'éviter tout recoupement;

37.

adhère à l'objectif d'établir un régime de protection des investissements dans un cadre multilatéral, avec un nouveau système qui respecte la compétence des tribunaux nationaux; invite la Commission à intégrer cet objectif dans son mandat de négociation lors de la préparation des accords sur les investissements; est d'avis que, dans l'hypothèse de la création d'un tribunal international permanent chargé du règlement des différends relatifs aux investissements, celui-ci pourrait être intégré au système des Nations unies et fondé, pour les entités faisant l'objet de procédures devant lui, sur les droits et les obligations, l'accent étant mis sur les principes de l'OCDE relatifs aux entreprises multinationales et sur les principes directeurs de l'ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme; estime que le système de l'ONU fournit des formats adaptés à un tel tribunal, en particulier en ce qui concerne les financements;

38.

estime qu'il convient de conclure le cycle de Doha pour le développement dans le cadre de l'OMC, et est persuadé que l'ONU peut utiliser sa position particulière afin de veiller au succès de ces négociations pour les pays en développement; estime, à cet égard, que l'ONU pourrait œuvrer aux côtés de l'OMC et prodiguer conseils et orientations aux pays en développement pour promouvoir une stratégie en matière de commerce et d'investissement, démarche dans laquelle l'Union européenne assumerait un rôle clé;

39.

est conscient de la nécessité de renforcer et d'appliquer les principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme; presse l'Union de contribuer au succès des travaux du groupe de travail intergouvernemental sur les sociétés transnationales et les droits de l'homme;

40.

estime que l'ONU devrait mettre l'accent sur tous les aspects liés au bien-être humain; est d'avis que ces aspects englobent la durabilité culturelle ainsi que la protection et l'action en faveur de la diversité des expressions culturelles, par l'intégration de l'éducation, du tourisme, de la diplomatie culturelle, de la protection du patrimoine, du secteur de la création et de la recherche scientifique dans le processus d'élaboration des politiques;

41.

recommande que l'Union et les Nations unies coopèrent à l'appui de l'éducation en situation d'urgence dans le contexte de crises humanitaires, de conflits armés ou de catastrophes naturelles, en continuant de soutenir des programmes tels que le programme de l'Unicef pour l’éducation en situation d’urgence et lors de la transition au sortir d’une crise, le programme du HCR pour une éducation de qualité dans les camps de réfugiés ou encore les travaux de l'UNRWA en matière d'éducation;

42.

salue l'organisation en «équipes de projet» de la Commission désignée en 2014, dans le cadre de laquelle la Vice-présidente/Haute représentante joue un rôle plus important dans la coordination de la politique extérieure de l'Union, en étroite coopération avec d'autres institutions européennes; souligne que les travaux de cette équipe spécifique doivent s'articuler autour de stratégies d'envergure mondiale;

43.

demande à la VP/HR d'inclure à son rapport annuel sur la PESC une rubrique détaillée sur l'action en faveur des objectifs généraux de la politique extérieure de l'Union;

44.

est d'avis que le Parlement doit être en mesure de répondre aux enjeux qui se posent au niveau mondial de manière approfondie et globale, à l'instar de la Commission, et d'organiser son activité en conséquence; encourage toutes les commissions du Parlement dont le domaine de compétence englobe des politiques ayant une dimension extérieure ou mondiale à communiquer leur avis sur la partie pertinente du rapport de la VP/HR à la commission des affaires extérieures, compétente au fond pour ce rapport;

o

o o

45.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au Service européen pour l'action extérieure, à l'Assemblée générale des Nations unies ainsi qu'au Secrétaire général des Nations unies.


(1)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0259.

(2)  JO C 377 E du 7.12.2012, p. 66.

(3)  Résolution A/RES/65/276 du 3 mai 2011 sur la participation de l’Union européenne aux travaux de l’Organisation des Nations Unies.

(4)  Document S/PRST/2014/4 du 14 février 2014 — Déclaration du président du Conseil de sécurité sur la coopération entre les Nations unies et les organisations régionales et sous-régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

(5)  FAO: Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture; FIDA: Fonds international de développement agricole; OIT: Organisation internationale du travail; FMI: Fonds monétaire international; Unesco: Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture; Onudi: Organisation des Nations unies pour le développement industriel; OMS: Organisation mondiale de la santé; Cnuced: Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement; PNUD: Programme des Nations unies pour le développement; PNUE: Programme des Nations unies pour l'environnement; FNUAP: Fonds des Nations unies pour la population; HCR: Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés; Unicef: Fonds des Nations unies pour l'enfance; PAM: Programme alimentaire mondial.


Mercredi 25 novembre 2015

27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/51


P8_TA(2015)0408

Rescrits fiscaux et autres mesures similaires par leur nature ou par leur effet

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur les rescrits fiscaux et autres mesures similaires par leur nature ou par leur effet (2015/2066(INI))

(2017/C 366/06)

Le Parlement européen,

vu les articles 4 et 13 du traité sur l'Union européenne (traité UE),

vu les articles 107, 108, 113, 115, 116, 175 et 208 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE),

vu sa décision du 12 février 2015 sur la constitution, les attributions, la composition numérique et la durée du mandat de la commission spéciale sur les rescrits fiscaux et autres mesures similaires par leur nature ou par leur effet (1),

vu les révélations qui ont été faites par le Consortium international des journalistes d'investigation sur les rescrits fiscaux et autres pratiques dommageables au Luxembourg, connues sous le nom de «LuxLeaks»,

vu les résultats des sommets du G7, du G8 et du G20 sur les questions fiscales internationales, en particulier le sommet d'Elmau des 7 et 8 juin 2015, le sommet de Brisbane des 15 et 16 novembre 2014, le sommet de Saint-Pétersbourg des 5 et 6 septembre 2013, le sommet de Lough Erne des 17 et 18 juin 2013 et le sommet de Pittsburg des 24 et 25 septembre 2009,

vu le rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) intitulé «Concurrence fiscale dommageable — un problème mondial» de 1998,

vu le rapport de l'OCDE intitulé «Lutter contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices» de 2013, le plan d'action de l'OCDE concernant l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, et ses publications ultérieures,

vu les récentes conclusions du Conseil européen sur l'assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (14 mars 2013), sur la fiscalité (22 mai 2013), sur l'échange automatique d'informations (18 décembre 2014), sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (BEPS), sur l'échange automatique d'informations au niveau mondial et les mesures fiscales dommageables (18 décembre 2014), ainsi que sur l'évasion fiscale (27 juin 2014),

vu les conclusions du Conseil «Affaires économiques et financières» (ECOFIN) et son rapport du 22 juin 2015 sur les questions fiscales adressé au Conseil européen,

vu les rapports semestriels du groupe sur le code de conduite (fiscalité des entreprises) au Conseil sur le code de conduite,

vu la directive relative à la coopération administrative (2), la directive relative aux intérêts et redevances (3), et les dernières propositions législatives de la Commission visant à les modifier,

vu la directive 90/435/CEE du Conseil du 23 juillet 1990 concernant le régime fiscal commun applicable aux sociétés mères et filiales d'États membres différents (4) (la directive «sociétés mères-filiales»), telle que modifiée en dernier lieu en 2015,

vu la directive 2014/56/UE du Parlement européen et du Conseil du 16 avril 2014 modifiant la directive 2006/43/CE concernant les contrôles légaux des comptes annuels et des comptes consolidés (5),

vu le règlement (CE) no 659/1999 du Conseil du 22 mars 1999 portant modalités d'application de l'article 108 du traité FUE (6),

vu la directive 77/799/CEE du Conseil du 19 décembre 1977 concernant l'assistance mutuelle des autorités compétentes des États membres dans le domaine des impôts directs et des taxes sur les primes d'assurance (7),

vu la directive (UE) 2015/849 du Parlement Européen et du Conseil du 20 mai 2015 relative à la prévention de l'utilisation du système financier aux fins du blanchiment de capitaux ou du financement du terrorisme, modifiant le règlement (UE) no 648/2012 du Parlement européen et du Conseil et abrogeant la directive 2005/60/CE du Parlement européen et du Conseil et la directive 2006/70/CE de la Commission (8),

vu la communication de la Commission au Conseil, au Parlement européen et au Comité économique et social européen du 26 février 2007 concernant les activités du forum conjoint de l'UE sur les prix de transfert dans le domaine de la prévention et du règlement des différends et concernant des lignes directrices relatives aux accords préalables sur les prix dans l'UE (COM(2007)0071),

vu la communication de la Commission du 10 décembre 1998 sur l'application des règles relatives aux aides d'État aux mesures relevant de la fiscalité directe des entreprises (9),

vu la communication de la Commission du 17 juin 2015 intitulée «Un système d'imposition des sociétés juste et efficace au sein de l'Union européenne: cinq domaines d'action prioritaires» (COM(2015)0302),

vu la communication de la Commission du 18 mars 2015 sur la transparence fiscale pour lutter contre la fraude et l'évasion fiscales (COM(2015)0136),

vu la communication de la Commission du 6 décembre 2012 intitulée «Plan d'action pour renforcer la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales» (COM(2012)0722),

vu la recommandation de la Commission du 6 décembre 2012 relative à la planification fiscale agressive (C(2012)8806),

vu la recommandation de la Commission du 6 décembre 2012 relative à des mesures visant à encourager les pays tiers à appliquer des normes minimales de bonne gouvernance dans le domaine fiscal (C(2012)8805),

vu la communication de la Commission du 27 juin 2012 sur les moyens concrets de renforcer la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales, y compris en ce qui concerne les pays tiers (COM(2012)0351),

vu la proposition de la Commission de 2011 relative à une directive du Conseil concernant une assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (ACCIS) (COM(2011)0121) et la position du Parlement y afférente du 19 avril 2012 (10),

vu la communication de la Commission du 25 octobre 2011 intitulée «Responsabilité sociale des entreprises: une nouvelle stratégie de l'UE pour la période 2011-2014» (COM(2011)0681),

vu la résolution du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres du 1er décembre 1997 sur un code de conduite dans le domaine de la fiscalité des entreprises (11) et les rapports présentés régulièrement au Conseil par le groupe sur le code de conduite (fiscalité des entreprises),

vu la recommandation du 30 avril 2014 adoptée par le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe sur la protection des lanceurs d'alerte,

vu le rapport élaboré en 1999 par le cabinet Simmons & Simmons sur les pratiques administratives, mentionné au paragraphe 26 du rapport du groupe sur le code de conduite, daté de 1999, le rapport Primarolo (SN 4901/99) et sa mise à jour de 2009,

vu les amendements, adoptés par le Parlement le 8 juillet 2015, à la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 2007/36/CE en vue de promouvoir l'engagement à long terme des actionnaires et la directive 2013/34/UE en ce qui concerne certains éléments de la déclaration sur la gouvernance d'entreprise (12),

vu sa résolution du 8 juillet 2015 sur l'évasion fiscale et la fraude fiscale: des défis pour la gouvernance, la protection sociale et le développement dans les pays en développement (13),

vu sa résolution du 25 mars 2015 sur le rapport annuel sur la fiscalité (14),

vu sa résolution du 11 mars 2015 sur le rapport annuel 2013 sur la protection des intérêts financiers de l'Union — Lutte contre la fraude (15),

vu sa résolution du 23 octobre 2013 sur la criminalité organisée, la corruption et le blanchiment de capitaux (16);

vu sa résolution du 21 mai 2013 sur la lutte contre la fraude fiscale, l'évasion fiscale et les paradis fiscaux (17),

vu sa résolution du 19 avril 2012 sur l'appel visant à trouver des moyens concrets de lutter contre la fraude et l'évasion fiscales (18),

vu sa résolution du 8 mars 2011 sur la fiscalité et le développement — coopérer avec les pays en développement afin d'encourager la bonne gouvernance dans le domaine fiscal (19),

vu sa résolution du 10 février 2010 sur la promotion de la bonne gouvernance dans le domaine fiscal (20),

vu les diverses auditions parlementaires, et les rapports consécutifs portant sur le même thème, organisées au sein de parlements nationaux, notamment à la Chambre des communes britannique, au Sénat américain et à l'Assemblée nationale française,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission spéciale sur les rescrits fiscaux et autres mesures similaires par leur nature ou par leur effet (A8-0317/2015),

LuxLeaks: faits et chiffres

A.

considérant que le scandale LuxLeaks, qui a éclaté le 5 novembre 2014 avec la publication, par le Consortium international des journalistes d'investigation, de près de 28 000 pages de documents confidentiels établissant plus de 500 arrangements fiscaux privés entre l'administration fiscale luxembourgeoise et plus de 300 entreprises multinationales entre 2002 et 2010, a révélé l'étendue du recours à des accords secrets faisant appel à des structures financières complexes destinées à obtenir des réductions d'impôt drastiques; que, dans de nombreux cas, les filiales luxembourgeoises, dont le chiffre d'affaires s'élève à plusieurs centaines de millions d'euros, ne maintiennent qu'une faible présence et n'exercent qu'une activité économique réduite au Luxembourg;

B.

considérant que les problèmes liés à l'érosion de l'assiette de l'impôt sur les sociétés et aux pratiques de planification fiscale agressive sont connus et étudiés au niveau international au moins depuis des décennies; que LuxLeaks a porté l'attention du public et des médias sur ces questions en dévoilant les pratiques fiscales discutables favorisées par des cabinets d'expertise comptable dans un État membre donné; que les enquêtes menées par la Commission et les travaux réalisés par le Parlement par l'intermédiaire de sa commission spéciale ont démontré qu'il ne s'agissait pas d'un cas isolé mais que la pratique qui consiste à prendre des mesures fiscales pour réduire globalement l'assujettissement à l'impôt de certaines sociétés de sorte à augmenter de manière artificielle l'assiette fiscale nationale au détriment d'autres pays, qui, pour certains, font l'objet de mesures d'austérité, était largement répandue en Europe et ailleurs;

C.

considérant que de tels comportements, qui finissent souvent par dissocier le lieu où la valeur est créée de celui où les bénéfices sont imposés, ne se limitent pas aux rescrits fiscaux mais englobent un large éventail de pratiques fiscales dommageables mises en œuvre par certaines administrations fiscales nationales à l'intérieur et à l'extérieur de l'Union;

D.

considérant que soumettre ces pratiques au contrôle public s'inscrit dans le cadre du contrôle démocratique; que, compte tenu de leur incidence négative sur la société dans son ensemble, elles ne pourront perdurer que tant qu'elles resteront secrètes ou seront tolérées; que les journalistes d'investigation, le secteur associatif et la communauté universitaire ont contribué à révéler des cas d'évasion fiscale et à en informer l'opinion publique; que, tant que ces pratiques ne pourront être évitées, leur divulgation ne devrait pas dépendre du courage et du sens éthique de lanceurs d'alerte individuels, mais qu'elle devrait plutôt relever de mécanismes de signalement et d'échange d'informations plus systématiques;

Approche des États membres en matière de fiscalité des entreprises

E.

considérant que les recettes provenant de l'impôt sur les sociétés pour les 28 États membres de l'Union s'élevaient, en moyenne, à 2,6 % du PIB en 2012 (21);

F.

considérant que, conformément au traité, l'imposition directe relève principalement de la compétence des États membres; que, dans la mesure où l'Union possède une compétence en matière de fiscalité, l'exercice de cette compétence est soumis à la règle de l'unanimité au sein du Conseil; que, par conséquent, aucune décision importante n'a encore été prise au niveau de l'Union dans le domaine de la fiscalité des entreprises, malgré les dernières évolutions survenues en matière d'intégration européenne dans le marché intérieur et d'autres domaines couverts par les traités de l'Union, tels que les accords commerciaux internationaux, la monnaie unique et la gouvernance économique et budgétaire ainsi que les principes et la législation en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux; que les États membres sont tenus de respecter le droit de l'Union en matière de concurrence et de veiller à ce que leur droit fiscal soit compatible avec les principes du marché intérieur et n'engendre pas de distorsion de concurrence; qu'en attribuant à chaque État membre un droit de veto, la règle de l'unanimité qui prévaut au sein du Conseil n'incite pas à sortir du statu quo pour se diriger vers une solution plus coopérative; que, faute de recours à la procédure prévue à l'article 116 du traité FUE, une modification du traité serait nécessaire pour modifier l'exigence d'unanimité en ce qui concerne les questions d'imposition directe;

G.

considérant que, dans la situation actuelle où chaque État membre dispose d'un droit de véto, les États membres doivent agir de manière déterminée et coopérative afin de résoudre le problème d'envergure européenne en matière de fraude et d'évasion fiscales;

H.

considérant qu'à quelques louables exceptions près, les représentants politiques nationaux ne se sont pas montrés, jusqu'à aujourd'hui, de suffisamment bonne volonté pour résoudre le problème de l'évasion fiscale, et notamment des rescrits fiscaux;

I.

considérant que, dans le marché intérieur européen, les capitaux circulent librement et que les grandes entreprises établissent des rapports consolidés de leurs activités, alors que l'impôt est perçu sur le plan national par des autorités fiscales qui communiquent très peu entre elles;

J.

considérant que, dans un marché intérieur achevé, aucune distorsion artificielle ne devrait influencer les décisions d'investissement ni influer sur le choix du lieu d'implantation des entreprises; que, toutefois, la mondialisation, la numérisation et la libre circulation des capitaux créent les conditions d'une concurrence fiscale plus farouche entre les États membres, ainsi qu'avec les pays tiers, afin d'attirer les investissements et les entreprises; qu'il importe d'attirer les entreprises en Europe et de les inciter à y rester, mais que de telles initiatives ne devraient pas prendre la forme de régimes fiscaux potentiellement dommageables qui visent en priorité à encourager les investissements et à attirer de nouvelles activités économiques, soit en réaction à des mesures similaires mises en place dans des pays voisins, soit dans l'intention de corriger certains aspects considérés comme des déséquilibres préexistants entre les États membres liés à leur richesse relative, à leur taille ou à leur situation périphérique; que, du reste, il semble exister, dans certains pays, une corrélation entre régimes d'impôt sur les sociétés attrayants et richesse nationale élevée; que la conception optimale des régimes fiscaux dépend de nombreux facteurs et varie donc d'un pays à l'autre; qu'une concurrence fiscale dommageable entre les États membres limite le potentiel du marché unique;

K.

considérant qu'au lieu de se concentrer uniquement sur la promotion d'un climat des affaires attrayant, notamment grâce à de bonnes infrastructures et à une main-d'œuvre de qualité, y compris au moyen de dépenses visant à améliorer la productivité, et de garantir la stabilité et la prévisibilité du régime fiscal, chaque pays, dans son rôle d'acteur dans le jeu de la concurrence fiscale, utilise, parallèlement à sa législation nationale, un réseau de conventions fiscales pour se présenter comme un pays attrayant pour les investissements, un point central servant à canaliser les flux financiers ou dans lequel enregistrer les profits, en attirant ainsi des entreprises ou des sociétés écrans au détriment de pays partenaires et en instaurant des pratiques déloyales vis-à-vis de ces derniers; que, pris isolément, chaque pays a un intérêt manifeste à faire cavalier seul, autrement dit à être le premier à concevoir et à mettre en place des régimes fiscaux et des dispositions fiscales spécifiques visant à attirer une plus grande base d'imposition, et à être le dernier à participer à toute action concertée et coordonnée pour lutter contre l'évasion fiscale;

L.

considérant que la concurrence fiscale existe entre les États membres; que le principe de coopération loyale entre l'Union et les États membres est ancré à l'article 4 du traité UE; que les États membres devraient appliquer pleinement le principe de coopération loyale en matière de concurrence fiscale;

M.

considérant que certains États membres affichent une position ambivalente à l'égard de l'évasion fiscale, en déplorant l'érosion de leur assiette fiscale nationale alors même qu'ils ont participé à la conception des systèmes fiscaux nationaux et internationaux qui en sont à l'origine, tout en continuant à entraver toute évolution de leurs systèmes fiscaux vers une solution plus coordonnée; que, dans le contexte de la pleine mobilité des capitaux sur le territoire de l'Union et de l'objectif déclaré de la Commission de mettre en place une union des marchés des capitaux, il y a lieu de tenir pleinement compte de l'interdépendance et des effets réciproques des systèmes fiscaux nationaux et des recettes fiscales nationales, tout en gardant à l'esprit l'ampleur des retombées transfrontalières positives et négatives des décisions fiscales prises par chaque État membre, puisque toute incitation fiscale mise en place par un pays se traduit par l'érosion de l'assiette fiscale d'un autre pays;

N.

considérant que nous observons un paradoxe, à savoir que la libre concurrence entre les États membres en matière de fiscalité a abouti à des comportements anticoncurrentiels et à des distorsions de la concurrence;

O.

considérant que la mise en place du marché unique européen s'est révélée être hautement bénéfique pour les économies nationales, leur permettant d'être plus compétitives et attractives dans une économie mondialisée, et qu'une convergence fiscale entre les États membres aura à terme le même effet;

P.

considérant que les législateurs et les administrations fiscales, souvent dotées de ressources insuffisantes, ne peuvent pas agir par anticipation, mais seulement répondre, parfois avec un retard considérable, aux stratagèmes d'évasion fiscale innovants qui sont conçus et promus par certains conseillers fiscaux, notamment employés par de grands cabinets d'expertise comptable, certains avocats fiscalistes et certaines sociétés intermédiaires; qu'en particulier, l'expérience montre que les organes de l'Union qui devraient empêcher l'introduction de mesures fiscales dommageables (tels que le groupe «Code de conduite» établi par les États membres en 1998 ou la Commission en sa qualité de gardienne des traités) se sont avérés incapables de parer à ces évolutions indésirables, parfois en réagissant de manière inefficace ou sur la base d'un mandat trop restreint, et qu'une quantité massive de nouvelles mesures d'évasion fiscale souvent agressives ou d'accords, tels que les régimes fiscaux favorables aux brevets, a été mise en place dans l'Union européenne; que les multinationales font appel, dans l'Union et ailleurs dans le monde, à l'expertise d'un corps professionnel bien organisé de conseillers fiscaux qualifiés ainsi que de banques et d'autres prestataires de services financiers pour mettre au point leurs dispositifs d'évasion fiscale; que ce secteur est représenté, dans le même temps, au sein d'organismes exerçant des activités de conseil en matière fiscale auprès des gouvernements et des institutions publiques, tels que, par exemple, la plateforme de l'Union concernant la bonne gouvernance dans le domaine fiscal; qu'il existe des préoccupations eu égard aux conflits d'intérêts qui peuvent naître du fait que les mêmes entreprises fournissent des conseils à la fois aux autorités publiques et aux entreprises multinationales privées;

Q.

considérant que l'ensemble des mesures de planification fiscale devraient s'inscrire dans les limites de la législation et des traités en vigueur; que, par conséquent, la meilleure réponse à apporter à la planification fiscale agressive passe par une législation de qualité et par une coordination internationale quant aux résultats souhaités;

R.

considérant que la mise en œuvre de la législation est capitale pour atteindre les objectifs visés; que cette mise en œuvre relève des administrations nationales, mais que celles-ci ne sont guère encouragées à coopérer entre elles au niveau européen; que cette situation multiplie et creuse les divergences qui existaient déjà en raison de l'hétérogénéité des législations dans l'Union;

S.

considérant que la troïka institutionnelle (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) qui supervise les programmes d'ajustement financier et budgétaire dans des États membres tels que le Portugal et la Grèce n'a pas cherché à empêcher les pratiques consistant à accorder des amnisties fiscales, des rescrits fiscaux, des avantages fiscaux et des exonérations fiscales qui étaient et sont toujours inéquitables et discriminatoires, en ce qu'elles favorisent les entreprises et les particuliers qui pratiquent l'évasion fiscale, qu'elles sapent considérablement les recettes publiques et qu'elles alourdissent la charge fiscale déjà lourde qui pèse sur les petites et moyennes entreprises (PME) et les citoyens;

T.

considérant l'extrême difficulté de mener des enquêtes sur les délits fiscaux et le blanchiment d'argent et de poursuivre les auteurs de ces pratiques, qui impliquent souvent des transactions financières et des personnes morales dans plusieurs pays; que les effectifs des États membres chargés des enquêtes et des poursuites concernant les auteurs de délits fiscaux et d'autres délits financiers sont souvent mal formés et mal équipés;

U.

considérant que les politiques d'austérité et de compression budgétaire appliquées ces dernières années ont amoindri considérablement la capacité des administrations fiscales à enquêter sur les délits fiscaux et les pratiques fiscales dommageables; que ces réductions des budgets ont été particulièrement préjudiciables dans les pays visés par les programmes d'assistance financière de la troïka, où les recettes publiques ont été majorées au détriment de PME et de citoyens surimposés, alors que de grandes entreprises et de riches fraudeurs ont souvent bénéficié d'amnisties fiscales, de rescrits fiscaux et d'autres mécanismes d'exonérations et d'avantages fiscaux, comme ce fut le cas au Portugal et en Grèce;

Rescrits fiscaux et pratiques fiscales dommageables

V.

considérant que les rescrits fiscaux couvrent un large éventail de pratiques dans les États membres, allant de politiques ad hoc à une application clairement encadrée de la législation, qui diffèrent tant en ce qui concerne le champ d'application possible que les thèmes couverts, la nature contraignante, la fréquence d'utilisation, la publicité, la durée et les taxes reversées; qu'il n'existe pas de définition commune des rescrits fiscaux au niveau international, à l'exception de la référence faite par la Commission à ces derniers en les décrivant comme «toute communication ou tout autre instrument ou action ayant des effets similaires, par un État membre ou pour le compte de ce dernier, concernant l'interprétation ou l'application de la législation fiscale»;

W.

considérant que les rescrits fiscaux ne sont pas problématiques en soi dans la mesure où ils peuvent, comme le veut leur objectif initial, fournir au contribuable une sécurité juridique et réduire le risque financier pour les entreprises honnêtes dans les cas où la législation fiscale, ou son application particulière dans certaines circonstances, n'est pas claire ou est soumise à des interprétations divergentes, notamment dans le cas d'opérations complexes, et éviter ainsi de futurs litiges entre le contribuable et l'administration fiscale;

X.

considérant que la pratique des rescrits est devenue, dans le contexte de relations plus étroites et plus coopératives entre les administrations fiscales et les contribuables, un moyen de faire face à la complexité croissante du traitement fiscal de certaines opérations dans une environnement économique de plus en plus complexe, mondialisé et numérisé; que, même si les États membres affirment que les rescrits ne constituent pas des accords discrétionnaires, mais simplement un outil permettant de clarifier la législation fiscale en vigueur, tout en les gardant secrets — les travaux de la commission spéciale du Parlement ont confirmé que les rescrits fiscaux peuvent être appliqués hors du cadre légal, sous la forme d'accords informels ou discrétionnaires, qui justifient des montages fiscaux fondés sur des mécanismes de planification fiscale dont les multinationales font grand usage dans le but de réduire leur contribution fiscale; que cela semble particulièrement (mais pas exclusivement) poser problème avec les rescrits relatifs aux prix de transfert entre des entreprises d'un même groupe (c'est-à-dire les accords préalables sur les prix); qu'en procurant une sécurité juridique à certains contribuables seulement, ils risquent de créer des inégalités entre les entreprises auxquelles ils bénéficient et les entreprises du même secteur qui n'y ont pas droit;

Y.

considérant que ni l'OCDE ni la Commission européenne n'ont appelé à mettre un terme à la pratique des rescrits fiscaux en tant que telle;

Z.

considérant que les décisions fiscales anticipées ne sont pas censées affecter de quelque manière que ce soit le traitement fiscal d'une opération ni bénéficier à certains contribuables au détriment des autres, mais devraient au contraire, toutes choses égales par ailleurs, produire le même effet que l'application a posteriori des dispositions fiscales de fond; que, par conséquent, le présent rapport ne se concentre pas exclusivement sur les rescrits fiscaux mais couvre, conformément au mandat confié à la commission spéciale du Parlement (TAXE), toutes mesures fiscales similaires par leur nature ou par leur effet, qu'il regroupe sous le terme générique de «pratiques fiscales dommageables», à savoir toutes mesures visant à attirer des entreprises non résidentes ou des transactions au détriment d'autres pays dans lesquels lesdites transactions devraient en principe être imposées, ainsi que toutes mesures destinées à ne privilégier que certaines entreprises, qui faussent ainsi la concurrence;

AA.

considérant que les pratiques fiscales dommageables peuvent, dans une certaine mesure, être liées à un ou plusieurs des effets indésirables suivants: manque de transparence, discrimination arbitraire, distorsions de la concurrence et conditions de concurrence inégales au sein et en dehors du marché intérieur, atteinte à l'intégrité du marché unique ainsi qu'à l'équité, à la stabilité et à la légitimité du système fiscal, plus lourde imposition des facteurs économiques moins mobiles, creusement des inégalités économiques, concurrence déloyale entre États, érosion de la base d'imposition, mécontentement social, méfiance ou déficit démocratique;

AB.

considérant qu'il convient de reconnaître que, si les PME demeurent les forces motrices de l'économie et de l'emploi en Europe, les multinationales jouent aussi un rôle majeur pour ce qui est de générer des investissements, de la croissance économique et des emplois; que le versement de la juste part d'impôts dans les pays où leurs activités économiques et la création de valeur ont véritablement lieu demeure une contribution essentielle de ces entreprises à la prospérité et à la viabilité des sociétés européennes;

Travaux de la commission spéciale

AC.

considérant que sa commission spéciale compétente, constituée le 26 février 2015, a tenu 14 réunions, au cours desquelles elle a entendu le président de la Commission Jean-Claude Juncker, la commissaire en charge de la concurrence Margrethe Vestager et le commissaire pour les affaires économiques et financières, la fiscalité et les douanes Pierre Moscovici, le président en exercice du Conseil Pierre Gramegna, les ministres des finances de la France, Michel Sapin, de l'Allemagne, Wolfgang Schäuble, de l'Italie, Pier Carlo Padoan, et de l'Espagne, Luis de Guindos, des représentants de l'OCDE, ainsi que des lanceurs d'alerte, des journalistes d'investigation, des experts, des universitaires, des représentants de multinationales, d'associations professionnelles, de syndicats et d'organisations non gouvernementales, de même que des membres de parlements nationaux des États membres de l'Union (voir annexe 1); que des délégations de la commission TAXE se sont rendues en Suisse afin d'examiner certains aspects spécifiques de la dimension extra-communautaire de son mandat, ainsi que dans les États membres suivants, dans le cadre de missions d'information: Belgique, Luxembourg, Irlande, Pays-Bas et Royaume-Uni; que la commission a aussi organisé des réunions avec des représentants des gouvernements de Gibraltar et des Bermudes; considérant que toutes ces activités, qui ont certes délivré un éventail d'informations très précieuses sur les pratiques et régimes fiscaux dans l'Union européenne, n'ont pas permis de clarifier toutes les questions pertinentes, notamment les incohérences qui subsistent dans les déclarations faites par le président de la Commission Jean-Claude Juncker concernant la page longtemps restée secrète du rapport Krecké;

AD.

considérant que certains travaux de la commission ont été entravés par le fait qu'un certain nombre d'États membres et le Conseil n'ont pas répondu en temps utile (voir annexe 2) et, en fin de compte, n'ont pas produit tous les documents demandés ou ont simplement envoyé une réponse de courtoisie qui ne portait que de loin sur la substance des demandes; que sur les 17 multinationales invitées, seules 4 ont accepté à la première invitation de se présenter devant la commission en juin et juillet 2015; que 11 autres multinationales ont accepté de se présenter devant la commission TAXE uniquement après qu'elle eut voté son rapport et après des invitations répétées, de sorte qu'une nouvelle réunion extraordinaire a dû être convoquée peu de temps avant le vote en plénière (voir annexe 3); considérant que la Commission n'a pas non plus pleinement coopéré en n'envoyant pas tous les documents de séance et comptes rendus des réunions informelles sur le code de conduite, et en ne prévoyant qu'une procédure de consultation limitée en raison de l'intransigeance de certains États membres; que la durée du mandat de la commission a donc dû être prolongée;

AE.

considérant qu'un certain nombre d'enquêtes de la Commission en matière d'aides d'État étaient toujours en cours au moment de l'adoption du présent rapport, concernant des accords en matière d'établissement de prix de transfert, validés par des rescrits fiscaux et d'autres mesures similaires par leur nature ou leur effet, ayant une incidence sur les bénéfices imposables attribués à certaines filiales de multinationales;

Vue d'ensemble des pratiques en matière d'impôt sur les sociétés dans les États membres

1.

rappelle qu'en matière d'impôt sur les sociétés, les modèles appliqués dans les pays industrialisés ont été conçus dans la première moitié du XXe siècle, période où les activités transfrontalières étaient limitées; constate que la mondialisation et la numérisation de l'économie ont fondamentalement modifié la chaîne de valeur mondiale et le fonctionnement des marchés et que la plupart des grandes entreprises possèdent désormais une structure transnationale qui rend le dépassement des règles fiscales nationales obligatoire; souligne que les règles nationales et internationales dans le domaine de la fiscalité n'ont pas suivi l'évolution de l'environnement commercial;

2.

souligne qu'il faut définir une politique fiscale juste et équilibrée, faisant partie intégrante des réformes structurelles des États membres;

3.

note que si les entreprises qui exercent des activités transfrontalières ont de plus en plus de difficultés à se conformer aux différents systèmes fiscaux, les phénomènes de la mondialisation et de la numérisation leur ont permis de faire plus facilement appel à des centres financiers extraterritoriaux pour l'organisation de leurs activités ainsi que de mettre en place des structures sophistiquées pour réduire leur contribution fiscale globale; s'inquiète de ce qu'en raison de la crise économique et de la crise de la dette ainsi que de l'assainissement budgétaire, la plupart des États membres ont nettement réduit les effectifs de leur administration fiscale; souligne que les administrations fiscales nationales devraient disposer des ressources suffisantes, y compris des ressources humaines, pour pouvoir contribuer efficacement à la prévention et à la détection de l'optimisation fiscale agressive et de l'évasion fiscale, et à la lutte contre ces phénomènes, qui donnent lieu à une érosion considérable de leur base d'imposition, et pour assurer un recouvrement de l'impôt plus efficace et plus juste et la crédibilité du régime fiscal; relève que certaines études ont montré que le personnel qualifié des administrations fiscales rapportait à l'État beaucoup plus d'argent que les dépenses encourues, puisque l'efficacité des administrations fiscales a une incidence positive directe sur les recettes fiscales;

4.

souligne la différence qui existe entre, d'une part, les pratiques dommageables de certaines administrations fiscales ou nationales qui permettent aux multinationales de transférer leurs bénéfices afin d'éviter qu'ils ne soient imposés sur le territoire où ils ont été générés et, d'autre part, la concurrence entre les pouvoirs publics pour attirer les investissements étrangers directs ou maintenir les activités économiques dans le pays en pleine conformité avec le droit de l'Union;

5.

insiste sur le fait que, tant que des mesures plus décisives en matière de convergence fiscale n'auront pas été adoptées conformément au traité, celui-ci, conformément au principe de subsidiarité, permet aux États membres de fixer leurs propres taux d'imposition des sociétés et leur base d'imposition; souligne, toutefois, que la complexité excessive des règles des systèmes fiscaux nationaux, associée aux divergences entre ces systèmes, crée des failles qui sont exploitées par les multinationales à des fins de planification fiscale agressive, engendrant une érosion de la base d'imposition, des transferts de bénéfices, un nivellement par le bas et, pour finir, des résultats économiques peu satisfaisants; insiste sur le fait que ce type d'évasion fiscale est un jeu à somme négative pour tous les budgets nationaux pris dans leur ensemble, car l'augmentation des recettes fiscales résultant de pratiques dommageables dans un État membre (dérogations, déductions spécifiques ou lacunes) ne permet pas de compenser la baisse des recettes fiscales dans d'autres États; souligne que seule une approche commune plus coordonnée de la part des États membres, qui aboutirait à la mise en place d'un cadre commun à l'intérieur duquel les États membres pourraient fixer leurs taux d'imposition, permettra d'endiguer l'érosion de la base d'imposition, la concurrence fiscale dommageable et le nivellement du taux d'imposition par le bas;

6.

rappelle que si, sur le papier, certains États membres pratiquent un taux d'imposition sur les sociétés plus élevé que d'autres, ce taux est en réalité bien plus faible en raison de déductions et de failles qui favorisent les entreprises nationales, ce qui fait que le taux d'imposition réel est inférieur à celui d'autres États membres pratiquant un taux d'imposition officiel peu élevé;

7.

souligne qu'un taux d'imposition des sociétés plus faible, tel que celui pratiqué dans certains États membres, peut aboutir à des recettes fiscales relativement plus importantes que celles générées par des taux d'imposition plus élevés;

8.

relève que, selon la Commission (22), les taux légaux de l'impôt sur les sociétés au sein de l'Union ont perdu 12 points de pourcentage, passant de 35 % à 23 % entre 1995 et 2014; souligne que cette baisse des taux d'imposition va de pair avec un élargissement de la base d'imposition pour atténuer les pertes de recettes et que les recettes relativement stables provenant de l'imposition des sociétés au cours de la même période peuvent aussi s'expliquer par une forte tendance à l'incorporation, à savoir la transition depuis certaines formes juridiques d'activités commerciales, telles que l'entreprise (individuelle), vers le statut de société, avec pour effet que les entreprises devenues sociétés ne relèvent plus de l'impôt sur le revenu mais de l'impôt sur les sociétés;

9.

observe que la plupart des États membres consacrent de vastes sommes à des avantages fiscaux supposés conférer aux PME un avantage concurrentiel, mais que, selon la Commission (23), les effets de l'optimisation fiscale internationale signent l'échec de ces tentatives dans trois États membres sur quatre examinés dans le cadre d'une étude récente; relève que ces effets placent les PME en situation de désavantage concurrentiel en dépit des coûts considérables afférents aux dépenses fiscales destinées à les soutenir et que de tels résultats nuisent aux intentions des décideurs politiques nationaux;

10.

souligne l'écart croissant entre les taux d'imposition légaux et effectifs, en particulier dans le cas des entreprises exerçant leurs activités à l'échelle mondiale, ce qui témoigne, au moins en partie, de l'existence de diverses dérogations et exemptions au régime fiscal général, qu'elles soient prévues volontairement aux fins d'objectifs spécifiques ou qu'elles résultent d'une planification fiscale agressive, qui consiste à mettre en place des montages purement artificiels à des fins exclusivement fiscales;

11.

souligne que les incohérences entre les systèmes fiscaux au niveau mondial contribuent de manière significative à l'érosion de la base d'imposition et à la fraude fiscale, mais qu'une intervention au niveau de l'Union uniquement ne permettra pas de résoudre ces problèmes;

12.

prend acte de la grande diversité qui caractérise les vingt-huit systèmes fiscaux existants au sein de l'Union, tant sur le plan de la définition de la base imposable qu'en termes de niveau des taux d'imposition, et qui est d'autant plus considérable si l'on tient compte des territoires spéciaux dotés de régimes fiscaux autonomes qui sont liées à des États membres de l'Union (territoires d'outre-mer et dépendances de la Couronne); déplore que des notions et éléments de base, tels que l'équilibre entre l'imposition à la source et l'imposition selon la résidence, l'établissement stable et les entités imposables, la réalité économique et les règles anti-abus, la définition des intérêts et des redevances, le traitement des actifs incorporels, le traitement de la dette et des fonds propres, sans parler des éléments déductibles ou pas de l'assiette fiscale, échappent actuellement à toute définition ou toutes orientations communes au sein de l'Union, laissant les États membres avec des régimes fiscaux non coordonnés; souligne qu'il est nécessaire d'harmoniser ces définitions;

13.

souligne que les régimes nationaux préférentiels et les incohérences entre les différents régimes fiscaux au sein du marché unique créent des possibilités de contournement de l'impôt; note que ces effets indésirables sont encore amplifiés par l'interaction avec de nombreuses conventions fiscales bilatérales entre États membres et pays tiers, et par l'insuffisance des dispositions anti-abus qu'elles contiennent;

14.

note que ce cadre fiscal non coordonné au niveau de l'Union pâtit également du manque flagrant de coopération entre États membres; souligne, à cet égard, que les États membres ne tiennent pas nécessairement compte des effets de leurs mesures fiscales sur les autres États membres, non seulement lorsqu'ils élaborent de telles mesures, mais aussi lorsqu'ils échangent des informations sur la mise en œuvre de ces mesures, aboutissant de fait à une politique fiscale du «chacun pour soi», qui va à l'encontre des fondements mêmes du projet européen; souligne qu'un échange automatique systématique et efficace d'informations entre les États membres permettrait de prendre en considération le traitement fiscal de certains flux de revenus ou de certaines opérations dans d'autres États membres; souligne que cela participe aussi à créer une situation inacceptable où les profits générés par des multinationales dans un État membre sont souvent imposés dans l'Union à des taux très bas, voire pas du tout;

15.

estime que la politique fiscale et la politique de concurrence doivent être considérées comme les deux faces d'une même pièce sur le marché intérieur et demande à la Commission de réévaluer et de renforcer les instruments et les moyens de la politique de concurrence ainsi que les aides d'État;

16.

souligne que la convergence entre les systèmes fiscaux nationaux au sein de l'Union est très limitée, malgré un développement sans précédent de l'intégration européenne au cours des trente dernières années, en particulier en ce qui concerne le marché unique et l'Union économique et monétaire; regrette que la coordination des régimes fiscaux nationaux accuse un retard important par rapport aux efforts de coordination déployés dans d'autres domaines au niveau de l'Union, en particulier dans le cadre du Semestre européen, même si, hormis la pertinence des mesures du point de vue des dépenses, une grande part de l'ensemble des mesures visant à assurer l'assainissement budgétaire porte sur le volet des recettes; estime que cet aspect aurait dû être mentionné dans le rapport des cinq présidents de juin 2015, intitulé «Compléter l'Union économique et monétaire européenne»;

17.

souligne que le manque de volonté politique en faveur d'une convergence des politiques fiscales nationales incite les États membres à opter pour une approche bilatérale, alors qu'une approche commune serait plus efficace; rappelle qu'il serait possible d'œuvrer à la convergence fiscale en ayant recours à la coopération renforcée; salue à cet égard la volonté de certains États membres d'instaurer une taxe sur les transactions financières;

Instruments de planification fiscale agressive et incidence de ces derniers

18.

souligne que l'évasion fiscale pratiquée par certaines multinationales peut aboutir à des taux d'imposition effectifs pratiquement nuls pour les profits générés dans des pays européens, et insiste sur le fait que les multinationales concernées tirent parti de différents biens et services publics des pays où elles exercent leurs activités sans pour autant payer leur juste part, participant ainsi à l'érosion de la base d'imposition nationale et au creusement des inégalités; souligne également que seules les entreprises qui exercent des activités transfrontalières peuvent transférer leurs bénéfices, ce qui pénalise les concurrents dont l'activité se déroule dans un seul pays;

19.

note avec une grande inquiétude que l'évasion fiscale des entreprises a une incidence directe sur les budgets nationaux et sur la répartition de l'effort fiscal entre les catégories de contribuables ainsi qu'entre les facteurs économiques (au profit des facteurs les plus mobiles, tels que les capitaux sous forme d'investissements directs étrangers — IDE); déplore qu'outre les distorsions de la concurrence et des conditions inégales de concurrence, il en résulte une situation extrêmement préoccupante où, dans un contexte d'efforts d'assainissement intenses et de réformes structurelles profondes, certains des contribuables à la plus forte capacité contributive apportent une contribution bien inférieure à celles des contribuables les plus touchés par la crise économique et financière et par la crise de la dette, tels que les citoyens ordinaires et les entreprises qui n'ont pas recours à la planification fiscale agressive, lesquelles appartiennent souvent au groupe des PME et sont incapables de rivaliser avec les multinationales en raison de ce désavantage fiscal comparatif; souligne que cette situation risque de nourrir la méfiance envers les institutions démocratiques et de porter préjudice au respect global des obligations fiscales, en particulier dans les pays qui font l'objet de programmes d'ajustement; déplore que les lanceurs d'alerte, qui fournissent aux autorités nationales, dans l'intérêt général, des informations essentielles sur des fautes, des malversations, des fraudes, ou des activités ou pratiques illégales, puissent faire l'objet de poursuites judiciaires et subir de graves répercussions sur le plan personnel et économique; constate, avec une grande inquiétude, que même des journalistes ayant mis à jour des pratiques illicites ou illégitimes ont parfois été confrontés à des conséquences similaires;

20.

note qu'une étude du FMI (24) portant sur 51 pays indique que le transfert de bénéfices entre territoires d'imposition entraîne une perte moyenne de revenus de près de 5 % des recettes provenant de l'impôt sur les bénéfices des entreprises — et de près de 13 % dans les pays non membres de l'OCDE; relève également que, selon la Commission, des données économétriques indiquent que la sensibilité des IDE à l'impôt sur les sociétés s'est accrue au fil du temps; souligne que, chaque année, selon une étude, environ mille milliards d'euros de recettes fiscales potentielles ne sont pas perçues en raison de l'effet combiné de la fraude fiscale et de l'évasion fiscale au sein de l'Union (25), en tenant compte de l'économie parallèle, et que, selon des estimations, les budgets nationaux perdent chaque année de 50 à 70 milliards d'euros en raison de l'évasion fiscale, mais que le manque à gagner dans l'ensemble de l'Union pourrait en réalité s'élever à une somme comprise entre 160 et 190 milliards d'euros si l'on tient compte des régimes fiscaux spéciaux, du manque d'efficacité dans le recouvrement de l'impôt et d'autres réalités de ce type (26); relève que la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement a estimé que l'évasion fiscale pratiquée par les multinationales faisait perdre aux pays en développement près de 100 milliards de dollars de recettes fiscales chaque année; souligne que ces chiffres doivent être considérés avec prudence et peuvent sous-estimer les pertes réelles subies par les budgets nationaux, compte tenu du manque de transparence et des différents référentiels comptables et cadres conceptuels utilisés dans le monde, qui ont une incidence sur la disponibilité de données comparables et parlantes ainsi que sur la fiabilité de toute estimation;

21.

observe que les stratégies de planification fiscale peuvent reposer sur la structuration des sociétés, des facilités de financement pour leurs succursales ou l'établissement de prix de transfert déconnectés des véritables activités économiques, permettant ainsi de transférer artificiellement des bénéfices entre pays dans l'objectif de réduire la contribution fiscale mondiale des entreprises; relève avec une grande inquiétude qu'un nombre croissant d'entreprises boîtes aux lettres sont utilisées dans l'Union européenne, mais qu'elles n'ont d'«entreprises» que le nom et sont uniquement utilisées à des fins d'évasion fiscale; relève le cas particulier de McDonald's, dont les pratiques fiscales, selon un rapport d'une coalition de syndicats, ont coûté aux pays européens plus de 1 milliard de manque à gagner fiscal entre 2009 et 2013 (27);

22.

estime que les régimes nationaux préférentiels et le faible niveau de coordination ou de convergence entre les régimes fiscaux des États membres aboutissent, en dépit de l'efficacité des interconnexions et interactions économiques au sein du marché intérieur, à un certain nombre d'incohérences favorisant l'optimisation fiscale agressive, les doubles déductions et la double non-imposition, par exemple grâce à une ou plusieurs des pratiques suivantes: prix de transfert abusifs, localisation des déductions dans les pays dont le niveau d'imposition est élevé, transmission de fonds provenant d'emprunts par l'intermédiaire d'entreprises relais, transfert de risque, produits financiers hybrides, exploitation des incohérences, arbitrage fiscal, accords sur les redevances, chalandage fiscal et localisation des produits provenant de la vente d'actifs dans des pays à faible fiscalité;

23.

souligne que, lors de ses missions d'information menées dans cinq États membres et en Suisse, sa commission spéciale a observé que certaines mesures fiscales nationales, souvent utilisées en combinaison par les entreprises multinationales, pouvaient être considérées comme des pratiques fiscales dommageables, en particulier celles énumérées dans la liste non exhaustive ci-après:

utilisation abusive des rescrits fiscaux ou des accords de règlement pour aller au-delà de la simple clarification de la législation existante et obtenir un traitement fiscal préférentiel;

divergences dans la définition des notions d'établissement stable et de résidence fiscale;

peu ou pas de prise en compte de la substance économique, ce qui permet la création d'entités ad hoc (ex: entreprises boîtes aux lettres, sociétés écrans, etc.) avec un traitement fiscal réduit;

déduction d'intérêts notionnels (permettant aux entreprises de déduire de leurs revenus imposables un intérêt fictif calculé sur la base de leurs capitaux propres);

rescrits relatifs aux bénéfices excédentaires (pratique grâce à laquelle une société peut obtenir de l'administration fiscale une confirmation écrite du fait que ses revenus imposables n'incluent pas les bénéfices qui n'auraient pas été réalisés dans le cas d'une entreprise autonome);

manque de clarté ou de coordination des dispositions relatives à l'établissement des prix de transfert;

existence d'un certain nombre de régimes préférentiels, en particulier en ce qui concerne les actifs incorporels (régime fiscal favorable aux brevets, aux connaissances ou à la propriété intellectuelle);

remboursement ou exonération de retenue à la source sur les intérêts, dividendes et redevances en application de conventions fiscales bilatérales et/ou de la législation nationale;

qualifications juridiques variables d'un État membre à l'autre (entités hybrides ou prêts hybrides, où des paiements d'intérêts deviennent des dividendes exonérés);

dans le cas de la Suisse, des régimes fiscaux spéciaux accordés au niveau cantonal aux entreprises sous contrôle étranger et dont les entreprises contrôlées au niveau national ne peuvent pas bénéficier (régimes «cloisonnés»);

absence de règles générales ou spécifiques efficaces pour lutter contre les abus ou faible application ou interprétation lacunaire de ces règles;

et structures qui peuvent masquer le bénéficiaire effectif des actifs et échapper aux régimes d'échange d'informations, par exemple des fiducies et des zones franches;

24.

prend acte de ce que, selon la Commission (28), 72 % des transferts de bénéfices réalisés dans l'Union se font en jouant sur les prix de transfert et la localisation de la propriété intellectuelle;

25.

souligne que certains États membres ont mis en place ces dernières années des dispositifs de réduction de l'impôt sur les sociétés pour attirer les actifs mobiles incorporels des entreprises, tels que les revenus découlant de la propriété intellectuelle; note que les réductions du taux d'imposition et les abattements d'impôt prennent des formes variées et que les régimes proposés s'appliquent à divers domaines (régimes fiscaux favorables aux innovations, à la propriété intellectuelle, aux brevets, etc.); souligne que, dans certains États membres, les contribuables ne sont pas tenus de générer la propriété intellectuelle eux-mêmes et/ou sur leur territoire pour pouvoir bénéficier d'avantages fiscaux, mais seulement de l'acquérir par l'intermédiaire d'une société ayant sa résidence sur leur territoire; souligne, dès lors, que tout avantage fiscal au bénéfice de la R&D doit être lié à de véritables dépenses sur le territoire concerné;

26.

souligne que les coûts de recherche-développement sont déjà déductibles dans les régimes fiscaux nationaux qui ne disposent pas de mesures favorables aux brevets et estime dès lors que ces mesures contribuent à l'évasion fiscale d'une manière qui nuit au système;

27.

estime que ce genre de systèmes constituent un exemple de concurrence fiscale dommageable entre les États, car si leur lien avec l'économie réelle et leur impact sur celle-ci sont la plupart du temps nuls, ils ont pour effet de réduire les recettes fiscales d'autres pays, y compris des États membres; observe que, dans une analyse des incitations fiscales à la R&D, la Commission (29) conclut que les régimes fiscaux favorables aux brevets paraissent plus susceptibles de déplacer les revenus des sociétés que de stimuler l'innovation;

28.

souligne que, dans un environnement économique caractérisé par de nombreux actifs incorporels, l'établissement des prix de transfert est souvent affecté par l'absence de transactions et d'indices de référence comparables, qui fait de la bonne application du principe de pleine concurrence, selon lequel la fixation du prix des transactions entre les entités d'un même groupe devrait se faire selon les mêmes modalités que pour celles entre entités indépendantes, un exercice délicat;

29.

note que les principes applicables en matière de prix de transfert laissent aux multinationales une importante marge d'appréciation concernant le choix et la mise en œuvre des méthodes d'évaluation; souligne que l'absence de toute norme commune effective en matière de prix de transfert et les diverses dérogations, exceptions et options prévues sont exploitées par des sociétés multinationales, en contradiction avec l'esprit de ces principes, afin de répartir leurs bénéfices imposables entre différents pays et de réduire leur charge fiscale globale grâce, par exemple, à la méthode des coûts majorés de manière abusive, à une définition arbitraire des marges de profit ou à l'exclusion contestable de certaines dépenses de leur calcul; souligne que la meilleure façon d'aborder la question de l'établissement des prix de transfert au niveau de l'Union européenne passe par la consolidation de l'assiette fiscale commune, qui élimine la nécessité d'établir ces prix;

30.

souligne que les documents concernant l'établissement de prix de transfert présentés par les multinationales ou leurs représentants ne peuvent être correctement contrôlés par les administrations fiscales, ces dernières disposant souvent de ressources et de personnel insuffisants pour examiner, de manière critique et exhaustive, ces analyses et en déterminer l'issue ou les effets;

31.

déplore que, dans un contexte économique où 60 % des échanges mondiaux sont le fait de transferts entre filiales d'une même entreprise (30), les lignes directrices en matière d'application de ce concept purement économique n'existent qu'au niveau national, fragmentation qui favorise dès lors les disparités entre États membres et les litiges;

32.

souligne, en outre, qu'en dépit du nombre non négligeable, au sein de l'Union, de litiges causés par des interprétations divergentes des mêmes principes en matière d'établissement de prix de transfert, aucun mécanisme efficace de résolution des litiges n'a été mis en place au niveau européen; relève que la résolution des affaires couvertes par la convention d'arbitrage sur les prix de transfert peut prendre jusqu'à huit ans, ce qui perpétue l'insécurité juridique pour les entreprises et les administrations fiscale;

33.

met l'accent sur le rôle prépondérant que jouent les grands cabinets d'expertise comptable, notamment les «quatre grands», dans la conception et la promotion des rescrits et des stratagèmes d'évasion fiscale qui tirent parti des incohérences entre législations nationales; souligne que ces cabinets, dont une bonne partie du chiffre d'affaires semble provenir des services fiscaux qu'ils fournissent et qui paraissent dominer le marché de l'audit dans la plupart des États membres et être les principaux fournisseurs de conseil fiscal dans le monde, représentent un oligopole restreint; estime qu'une telle situation ne peut perdurer sans nuire au fonctionnement du marché unique dans les domaines d'activité de ces «quatre grands»; attire l'attention sur les conflits d'intérêts qui résultent de la juxtaposition, au sein d'un même cabinet, d'activités de conseil fiscal et de conseil destinées, d'une part, aux administrations fiscales et, d'autre part, aux services d'optimisation fiscale des multinationales, qui exploitent les lacunes du droit national en matière fiscale; estime qu'il convient d'encourager les bonnes pratiques dans ce domaine et d'améliorer les codes de conduite existants; doute néanmoins que des codes de conduite des entreprises et des politiques de responsabilité sociale des entreprises suffisent à résoudre ce problème; souligne que les rescrits fiscaux sont devenus, dans l'Union européenne comme partout ailleurs, monnaie courante dans le monde des affaires, non seulement dans le but d'obtenir une sécurité juridique ou des largesses fiscales, mais également dans des cas où les dispositions législatives ne laissent aucune marge d'interprétation; s'inquiète des estimations du secteur du conseil fiscal selon lesquelles un système de planification fiscale peut être recommandé à des clients dès lors qu'il présente à peine 50 % de probabilité d'être légal (31);

34.

invite les autorités fiscales à améliorer et à diversifier leurs sources de savoir-faire et à améliorer considérablement la procédure d'évaluation d'impact pour réduire les risques de conséquences inattendues résultant de nouvelles mesures fiscales; rappelle aux États membres que non seulement les différences entre systèmes fiscaux, mais également la trop grande complexité des systèmes fiscaux nationaux et leur faible stabilité, avec des changements trop fréquents, contribuent de façon importante à la création de manques à gagner fiscaux, à l'iniquité du système fiscal et à la faible crédibilité de la politique fiscale; souligne, à cet égard, que la fragmentation fiscale représente un obstacle pour la création d'une union européenne des marchés de capitaux;

État des lieux et évaluation des mesures prises au niveau de l'Union et à l'échelle internationale et nationale

35.

reconnaît que, du fait de la crise économique ainsi que du scandale LuxLeaks, la lutte contre la pratique de l'optimisation fiscale agressive par les multinationales est désormais une priorité politique des États membres, de l'Union européenne, de l'OCDE et du G20, mais déplore l'absence, jusqu'à présent, de réels progrès concrets, à l'exception du projet de l'OCDE, soutenu par le G20, visant à lutter contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, qui vient d'être achevé, mais n'est pas encore mis en œuvre par les États;

36.

relève, dans ce contexte, que de nombreux États membres ont mis en place, ou comptent adopter, des mesures de lutte contre l'évasion fiscale, telles que des limitations relatives à la déductibilité des intérêts, des règles visant à empêcher les abus, une meilleure définition de la notion d'établissement stable (y compris la mise au point de tests de substance économique permettant de déterminer plus efficacement dans quels pays les entreprises sont imposables), la possibilité d'exclure des marchés publics les entreprises qui rechignent à se plier aux règles, ou l'obligation de rendre publics les stratagèmes d'optimisation fiscale afin de restaurer la crédibilité du système fiscal et de réduire le temps qui s'écoule entre la mise en place de certains stratagèmes et l'adoption d'une action corrective, y compris au niveau législatif;

37.

s'inquiète néanmoins de ce qu'en l'absence d'approche coopérative, les mesures unilatérales prises par les États membres pour lutter contre l'érosion de l'assiette fiscale risquent de contribuer à une complexité croissante en créant de nouvelles incohérences et, partant, de nouvelles possibilités d'évasion fiscale au sein du marché intérieur; souligne que toute disparité dans la mise en application, par les États membres, des lignes directrices européennes ou internationales est susceptible d'avoir le même résultat;

38.

salue les diverses initiatives et propositions législatives, notamment la plus récente d'entre elles, présentées par la Commission au cours des vingt dernières années dans le but de renforcer la coordination entre les régimes de fiscalité des entreprises des États membres afin de consolider le marché intérieur, de résoudre les problèmes liés à la double imposition et à la double non-imposition et de sauvegarder le droit des États membres à appliquer une politique fiscale efficace; déplore, néanmoins, qu'à ce jour, seul un nombre réduit de ces textes aient été adoptés par le Conseil, en raison de l'exigence d'unanimité et du fait que certains États membres persistent à croire qu'il est plus avantageux pour eux de faire cavalier seul et d'exploiter les lacunes d'un régime fiscal non coordonné que de travailler collectivement dans un marché coordonné;

39.

se félicite de la publication d'un nouvel ensemble de mesures de politique fiscale et demande à la Commission de veiller à mettre en place un régime d'imposition équitable, fondé sur le principe du paiement des impôts dans l'État membre où les bénéfices sont constitués, afin d'éviter des distorsions du marché intérieur et une concurrence déloyale;

40.

souligne que le groupe «code de conduite (fiscalité des entreprises)» (ci-après «le groupe»), constitué en 1998 par les États membres, a rendu possible, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, l'élimination des pratiques fiscales considérées à l'époque comme les plus dommageables, grâce à une double démarche non contraignante consistant, d'une part, à revenir sur les mesures fiscales existantes qui faussaient la concurrence sur le plan fiscal et, d'autre part, à s'abstenir d'introduire, à l'avenir, d'autres mesures de cet acabit;

41.

déplore que les travaux du groupe semblent marquer le pas; relève que certaines des mesures (plus d'une centaine au total) sur lesquelles les États membres étaient revenus à la suite des travaux du groupe ont été remplacées par d'autres mesures fiscales ayant des effets tout aussi dommageables; relève que les autorités fiscales sont allées à l'encontre des recommandations du groupe en créant de nouvelles structures aux effets tout aussi dommageables que celles dont le groupe avait obtenu le retrait; déplore que les tentatives passées de renforcer la gouvernance et le mandat du groupe, ainsi que d'ajuster et d'élargir les méthodes de travail et les critères définis dans le code de conduite dans le but de lutter contre l'émergence de nouvelles formes de pratiques fiscales dommageables au sein de l'environnement économique actuel n'aient pas été couronnées de succès; est favorable aux dernières propositions de la Commission en la matière, telles que définies dans le plan d'action du 17 juin 2015 pour l'équité et l'efficacité de la fiscalité des entreprises dans l'Union européenne;

42.

déplore que, malgré les objectifs ambitieux affichés depuis 1997, la concurrence fiscale persiste entre les États membres, moins du fait des différences entre les taux d'imposition que de l'hétérogénéité des dispositions nationales permettant de définir ce qui constitue un bénéfice imposable, invariablement mise en lumière depuis des décennies par les disparités entre les taux d'imposition des sociétés nominal et effectif appliqués par les États membres;

43.

déplore, en outre, que le statut initial du groupe et ses modalités de gouvernance aient fait la part trop belle aux négociations et aux compromis politiques dans la recherche du «large consensus» (c'est-à-dire une quasi-unanimité de fait, avec la possibilité d'exprimer son désaccord dans des notes de bas de page) en matière d'évaluation des pratiques dommageables, avec des conséquences néfastes pour la fiabilité et l'exhaustivité des travaux du groupe et parfois la non-publication délibérée ou l'absence de suivi de rapports tels que le rapport de 1999 de Simmons & Simmons relatif aux pratiques administratives; estime déplorable que le retrait des mesures existantes ait connu des retards, politiquement motivés, ce qui a même permis, dans certains cas, à de nouveaux bénéficiaires d'en profiter une fois le délai expiré, phénomène en partie imputable à l'extrême faiblesse des mécanismes de contrôle de la responsabilité et de surveillance à la disposition du groupe;

44.

tient à attirer l'attention, de manière plus fondamentale, sur le fait que la démarche au cas par cas préconisée par le code non seulement a eu pour résultat une concurrence accrue des États à grand renfort de mesures générales, mais n'a, en outre, pas contribué à combler les lacunes systémiques du cadre régissant la fiscalité des entreprises de l'Union, qui est fragmenté et requiert une révision plus approfondie;

45.

prend acte également de deux initiatives importantes: la création de la plateforme pour une bonne gouvernance fiscale, qui réunit autour de la même table plusieurs parties prenantes dans le but de créer le consensus en matière de lutte contre l'évasion fiscale, en particulier dans un contexte international, et le forum conjoint sur les prix de transfert, qui publie un certain nombre de lignes directrices sur les questions techniques liées à l'établissement des prix de transfert; souligne qu'à ce jour, ces deux organes ont apporté leur contribution, sous forme de modestes corrections, au cadre régissant la fiscalité des entreprises; regrette que les lignes directrices élaborées par le forum conjoint sur les prix de transfert n'aient pas permis, jusqu'à présent, d'apporter une solution suffisante au problème de l'évasion fiscale; déplore fortement que la composition du forum conjoint sur les prix de transfert soit toujours déséquilibrée, malgré une modification récente; s'oppose, en outre, au fait que des fiscalistes puissent contribuer aux travaux sur les lignes directrices relatives à l'établissement des prix de transfert, tout en fournissant par ailleurs des conseils à leurs clients sur des stratégies d'optimisation fiscale agressive fondées sur l'établissement des prix de transfert, et dès lors se trouver en position de conflit d'intérêts;

46.

souligne que la législation de l'Union (les directives «mères-filiales», «intérêts et redevances», «fusions» et «coopération administrative»), bien qu'elle couvre des aspects limités de la fiscalité des entreprises, s'est tout de même avérée efficace pour résoudre certains problèmes spécifiques rencontrés par les États membres et par les entreprises exerçant leur activité dans plusieurs pays; souligne que ces mesures, initialement conçues pour éliminer la double imposition, produisent des effets autant imprévus qu'indésirables en matière d'évasion fiscale et donnent parfois lieu à une double non-imposition; salue l'adoption récente, par le Conseil, d'amendements à la directive «mères-filiales» ayant pour but l'ajout d'une clause générale anti-abus et la lutte contre les incohérences en matière de prêts hybrides, amendements qui entreront en vigueur à la fin de l'année 2015 et dont il s'attend à ce qu'ils contribuent à éliminer certaines possibilités d'évasion fiscale qui existent à l'heure actuelle dans l'Union;

47.

rappelle l'existence des dispositions de la directive 2011/16/UE du Conseil relative à la coopération administrative qui visent à mettre en œuvre l'échange de toute information financière utile; est d'avis que l'échange automatique, immédiat et exhaustif et le traitement efficace des informations fiscales auraient un fort effet dissuasif sur l'évasion fiscale et la mise en place de pratiques fiscales dommageables et permettraient aux États membres et à la Commission de disposer de toutes les informations importantes pour lutter contre ces pratiques;

48.

déplore l'inefficacité du cadre législatif et de surveillance actuel en matière d'échange d'informations sur les mesures fiscales, les exigences en vigueur en matière d'échange d'informations spontané ou sur demande n'étant, comme cela a pu être prouvé, pas respectées; déplore que presqu'aucun État membre n'échange d'informations susceptibles d'avoir un effet sur les pays partenaires de l'Union; déplore l'absence de coordination entre la Commission et les autorités compétentes des différents États membres;

49.

regrette que les informations fiscales ne soient quasiment jamais échangées spontanément entre les États membres; est favorable à un échange automatique d'informations qui ne soit plus fondé sur la réciprocité; attire l'attention sur les problèmes structurels dont a pâti, lors de sa conception, un système qui, fondé sur le choix discrétionnaire des informations qui sont communiquées ou occultées, est de surcroît assorti de mécanismes de surveillance insuffisants, qui rendent tout non-respect des exigences en matière d'échange d'informations très difficile à repérer;

50.

salue l'engagement de la Commission à promouvoir l'échange automatique d'informations fiscales comme future norme européenne et internationale en matière de transparence; l'encourage, dans un premier temps, à remplir son rôle de gardienne des traités en prenant toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce que le droit de l'Union en vigueur et le principe de coopération loyale entre États membres prévu dans les traités soient pleinement respectés; salue la proposition du groupe d'experts sur l'échange automatique d'informations relatives aux comptes financiers visant à examiner les possibilités de soutenir les pays en développement avec l'échange automatique d'informations en concluant des accords d'échange non réciproque avec ces pays;

51.

relève que les règles en matière d'aides d'État et les sanctions y afférentes représentent un atout dans la lutte contre les pratiques fiscales dommageables les plus abusives et les plus perturbatrices, et qu'elles peuvent avoir un effet dissuasif déterminant;

52.

salue la publication, en mars 2015, par la Commission, du train de mesures destinées à accroître la transparence fiscale et l'échange automatique d'informations concernant les décisions fiscales entre les États membres et, en juin 2015, du plan d'action pour l'équité et l'efficacité de la fiscalité des entreprises dans l'Union européenne; souligne néanmoins que ces textes ne peuvent être considérés que comme des premiers pas dans la bonne direction, et qu'il est indispensable de mettre en place, dans les meilleurs délais, un cadre cohérent fondé sur des dispositions législatives et une coordination administrative, afin de soutenir également les PME et celles des multinationales qui contribuent à créer une réelle croissance économique et payent leur juste part d'impôt au sein du marché intérieur;

53.

salue le récent accord sur le plan d'action de l'OCDE concernant l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, qui fait suite à des appels à l'action lancés de manière successive lors des sommets du G7 et du G20, puisqu'il tente de traiter isolément des problèmes perturbant le fonctionnement du système international de fiscalité des entreprises, en proposant des mesures systématiques au niveau mondial pour résoudre ces problèmes; déplore l'intégration tardive et inégale des pays en développement au processus de l'OCDE concernant l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, auquel ils auraient dû participer de manière équitable; déplore également que le plan d'action n'ait pas abouti à des résultats allant plus loin dans des domaines tels que les régimes fiscaux dommageables, l'économie numérique et la transparence;

54.

prend acte de ce qu'à l'issue d'une analyse systématique des points faibles du système international de fiscalité, le plan d'action concernant l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices a été divisé en quinze points d'action, dont sept ont été adoptés par le G20 en novembre 2014, une suite ayant été donnée aux autres points en octobre 2015; souligne que, sur fond d'évolution du monde des affaires, les mesures du plan visent à résoudre les problèmes de transparence (par exemple grâce à la publication de lignes directrices relatives aux rapports que doit présenter chaque pays) et ceux liés au manque de substance de certaines dispositions en matière d'évasion fiscale ainsi qu'à favoriser une plus grande cohérence des règles internationales;

55.

met en garde, néanmoins, contre les compromis, susceptibles de produire un résultat inférieur aux ambitions initialement affichées ou de mener à des interprétations divergentes au niveau national; souligne en outre que, jusqu'à présent, il n'y a guère eu de contrôle digne de ce nom de l'application des lignes directrices de l'OCDE dans les pays qui les ont adoptées, et que, toute solution, aussi élégamment conçue soit-elle, ne saurait être efficace si elle n'est ni contrôlée ni mise en application comme il convient;

56.

insiste sur le caractère complémentaire des mesures prises par l'Union et par l'OCDE dans ce domaine; est d'avis que, compte tenu de son degré d'intégration, l'Union européenne doit aller plus loin, en termes de coordination et de convergence, que les propositions concernant l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, afin d'éviter toute forme de concurrence fiscale dommageable au sein du marché intérieur; est convaincu que, tout en veillant à ne pas sacrifier sa compétitivité, l'Union pourrait mettre en place des outils plus efficaces pour garantir une concurrence équitable dans le domaine fiscal et sauvegarder le droit des États membres à imposer les bénéfices générés sur leur territoire;

Enquêtes de la Commission sur les aides d'État: vue d'ensemble et résultats

57.

souligne qu'au sein du marché intérieur, les nouveaux acteurs et les nouvelles entreprises, y compris les PME, qui n'ont pas recours à des pratiques fiscales agressives, sont défavorisées par rapport aux multinationales, ces dernières pouvant transférer leurs bénéfices ou recourir à d'autres formes d'optimisation fiscale à outrance en s'appuyant sur une panoplie de décisions et d'instruments qu'elles seules peuvent mettre en œuvre en raison de leur taille et de leur capacité à organiser des activités commerciales au niveau international; relève avec préoccupation que, toutes choses égales par ailleurs, la charge fiscale réduite qui pèse sur ces multinationales leur permet de dégager un volume plus élevé de bénéfices après impôt, ce qui crée des conditions de concurrence inéquitables avec leurs concurrents sur le marché unique qui n'ont pas la possibilité de recourir à cette optimisation fiscale à outrance et n'ont d'autre choix que de conserver un lien entre le lieu de génération des profits et le lieu d'imposition; relève que cette distorsion de la neutralité concurrentielle en faveur des multinationales va à l'encontre du principe fondamental du marché unique;

58.

souligne que l'OCDE (32) constate que certaines multinationales utilisent des stratégies qui leur permettent de ne payer que 5 % d'impôts sur les bénéfices, alors que des entreprises plus petites en acquittent jusqu'à 30 %, et est vivement préoccupé par le fait que, d'après certaines études (33), la contribution fiscale des entreprises transfrontalières est, en moyenne, jusqu'à 30 % moindre que celle des entreprises qui n'exercent leurs activités que dans un seul pays; juge inacceptable que, du fait de ces stratégies, certaines entreprises multinationales puissent s'acquitter d'un taux d'imposition effectif sur les sociétés extrêmement faible tandis que certaines PME doivent payer leur pleine part d'impôts;

59.

souligne qu'une telle distorsion des décisions des opérateurs économiques, qui sont prises par ces derniers en fonction du retour sur investissement escompté après impôts, entraîne une répartition des ressources dans l'Union qui est loin d'être idéale et tend à faire baisser le niveau de concurrence, ce qui, à son tour, n'est pas sans conséquences sur la croissance et l'emploi;

60.

souligne que certaines pratiques fiscales dommageables sont susceptibles de relever du champ d'application des règles en matière d'aides d'État dans le domaine fiscal, notamment parce qu'elles peuvent, comme les aides d'État, accorder un avantage sélectif et fausser la concurrence au sein du marché intérieur; relève que, par le passé, les travaux du groupe sur les aides d'État et ceux du groupe «code de conduite» ont pu se rejoindre sur certains points, particulièrement en 1999 et au cours de la première moitié des années 2000; souligne que le contrôle de l'application des règles de l'Union en matière de concurrence a ajouté un élément de pression juridique qui est venu compléter heureusement le processus de décision du groupe, fondé sur des mesures non contraignantes, ce qui a compensé, en partie, l'absence de tout autre outil efficace pour remédier au problème de l'évasion fiscale au niveau de l'Union;

61.

reconnaît les progrès notables qui ont été accomplis au cours des vingt dernières années en ce qui concerne le cadre analytique de la Commission pour les aides d'État dans le domaine fiscal, progrès qui ont permis de définir et d'analyser plus clairement les aides d'État qui prennent la forme de mesures fiscales, ainsi que d'agir de manière plus systématique pour contrer de telles mesures; prend acte, tout particulièrement, des lignes directrices de la Commission sur l'application des règles relatives aux aides d'État aux mesures relevant de la fiscalité directe des entreprises, publiées en 1998, du rapport y relatif, publié en 2004, ainsi que de plusieurs décisions de jurisprudence notoires prises dans les années 2000; salue le lancement, en 2014, dans le cadre du processus de modernisation des aides d'État promu par la Commission, d'une consultation publique sur le projet de lignes directrices visant à clarifier la notion d'aides d'État au titre de l'article 107 du traité FUE, qui comprend des éléments du domaine fiscal, dont notamment les aides d'État sous forme de rescrits fiscaux;

62.

constate qu'il s'est constitué, au cours des dernières décennies, une jurisprudence de la Cour de justice européenne de mieux en mieux établie à propos de l'application du droit des aides d'État à la fiscalité des États membres, en dernier lieu dans l'affaire Gibraltar en 2011 (34);

63.

souligne que la Cour de justice européenne a insisté sur le principe de la «prééminence de la substance sur la forme», en vertu duquel c'est l'incidence économique d'une mesure qui doit servir de base à son appréciation;

64.

souligne, en conséquence, que la Cour de justice a tiré de l'interdiction des aides d'État des prescriptions de portée générale sur la compétence des États membres en matière de droit fiscal;

65.

relève que le concept de «la nature ou l'économie générale du système fiscal» constitue une référence essentielle pour se prononcer sur le caractère sélectif de mesures fiscales directes ou indirectes (et donc sur la compatibilité de ces mesures avec le marché intérieur), et qu'il y a lieu d'examiner toute aide d'État par rapport à l'équilibre existant; souligne qu'étant donné que le critère utilisé par l'Union pour déterminer l'existence d'une éventuelle distorsion est l'examen du régime national concerné (35), les règles actuellement en vigueur en matière de concurrence ne couvrent pas l'ensemble des distorsions de la concurrence et des pratiques fiscales dommageables au sein du marché intérieur; relève, dès lors, que la pleine application de ces seules règles ne permettrait pas de résoudre le problème de l'évasion fiscale dans l'Union;

66.

prend acte de ce que, selon les données fournies à sa commission spéciale compétente (36) par la Commission, seules 65 affaires relatives à des aides d'État dans le domaine fiscal ont été officiellement examinées par la Commission depuis 1991, 7 de ces affaires concernant des rescrits fiscaux et seules 10 d'entre elles ayant été engagées à l'issue d'une notification officielle présentée par un État membre;

67.

souligne que la Commission n'a traité qu'un nombre réduit d'affaires relatives à des aides d'État dans le domaine fiscal dans la deuxième moitié des années 2000, les plus récentes comprenant:

l'ouverture, en juin 2013, d'une enquête sur les pratiques en matière de rescrits fiscaux dans sept États membres, enquête élargie à l'ensemble des États membres en décembre 2014;

l'ouverture, en octobre 2013, d'une enquête visant à déterminer si le régime fiscal des sociétés en vigueur à Gibraltar favorise certaines entreprises, les investigations ayant été élargies en octobre 2014 pour examiner également les rescrits fiscaux sur ledit territoire;

en parallèle, l'ouverture d'une enquête distincte sur les régimes fiscaux de la propriété intellectuelle (mesures fiscales favorables aux brevets);

l'ouverture, en juin 2014, d'enquêtes officielles dans trois affaires: Apple en Irlande, Fiat Finance and Trade au Luxembourg et Starbucks aux Pays-Bas, clôturées en octobre 2015, et l'ouverture, en octobre de la même année, d'une enquête sur Amazon au Luxembourg;

l'ouverture, en février 2015, d'une enquête officielle sur un régime fiscal en Belgique (régime de rescrits sur les profits excédentaires);

68.

souligne que les enquêtes en cours et achevées de la Commission et les affaires révélées par Luxleaks indiquent que les États membres ont failli à leur devoir légal (37) de communiquer à la Commission tous les dossiers susceptibles de relever d'une aide d'État;

69.

souligne que ces enquêtes ne mettent en lumière qu'un échantillon très limité de certaines pratiques courantes qui réduisent, par le biais de l'établissement de prix de transfert, les bénéfices imposables attribués à certaines filiales de multinationales; s'inquiète de ce que l'état des ressources des services compétents de la Commission risque de limiter la capacité de cette dernière à traiter un nombre beaucoup plus important d'affaires et à procéder à des contrôles systématiques afin de vérifier si d'autres pratiques, autres que celles fondées sur les prix de transfert, dans le domaine de la fiscalité des sociétés ne sont pas contraires aux règles relatives aux aides d'État;

70.

témoigne tout son soutien à la Commission dans la démarche choisie par celle-ci, qui consiste à prendre le temps nécessaire pour examiner les affaires en cours de manière approfondie et avec toute la diligence requise; est convaincu que les conclusions de ces enquêtes permettront d'élaborer des lignes directrices plus précises et plus efficaces sur les aides d'État dans le domaine fiscal et sur l'établissement de prix de transfert et d'obliger les États membres à ajuster en conséquence leurs pratiques; invite la Commission, cependant, à conclure dès que possible ces enquêtes en cours sur les aides d'État dans le domaine fiscal, sans préjudice de leur qualité et de leur crédibilité, et attend les conclusions de ces investigations avec grand intérêt; demande à la Commission de faire régulièrement rapport au Parlement européen sur ces enquêtes; invite la Commission à exiger le recouvrement de chaque euro manquant en cas de confirmation d'aide d'État illégale dans les enquêtes en cours;

71.

souligne que les enquêtes en cours pourraient entraîner, en cas de constat d'infraction du droit de l'Union, le recouvrement, par l'État membre qui a approuvé la mesure fiscale concernée, des sommes correspondant à l'aide d'État illégale accordée aux entreprises bénéficiaires; souligne que, même si cela risque de nuire de manière non négligeable à la réputation de l'État membre concerné, une telle situation pourrait être assimilée, dans les faits, à une récompense pour non-respect des règles, ce qui ne risque guère de décourager les États membres, en cas de doute, de se livrer à des pratiques illégales d'aide publique et d'octroyer des avantages fiscaux abusifs, mais, bien au contraire, pourrait les décharger de la responsabilité qui leur incombe de respecter les règles de l'Union relatives aux aides d'État et n'atténue pas la perte financière pour les budgets des États membres touchés; d'une manière plus générale, estime que les règles en matière d'aides d'État devraient prévoir des sanctions qui dissuadent réellement de se livrer à des aides d'État illégales;

72.

attire également l'attention sur la possibilité, en cas de pratiques abusives liées à l'établissement de prix de transfert entre filiales séparées par une frontière, que non seulement l'État membre ayant octroyé le traitement fiscal de faveur voie ses recettes fiscales ajustées (recouvrement) mais que les autres pays dans lesquels la transaction a eu lieu bénéficient du même ajustement (par exemple par un ajustement a posteriori de l'établissement de prix de transfert et donc des revenus imposables); souligne que, dans certains cas, cela pourrait conduire à une double imposition;

73.

rappelle que les rescrits fiscaux devraient avoir pour but de créer une sécurité juridique et qu'ils suscitent, chez les bénéficiaires, des attentes légitimes; souligne, dans un contexte où les rescrits nationaux peuvent être contestés au niveau de l'Union en vertu des règles en matière d'aides d'État, qu'il existe un risque de notification massive pour avis préalable de la Commission de la part des États membres, des demandes individuelles de rescrits qui leur ont été soumises, dans le but d'éviter de laisser les administrations fiscales et les entreprises dans l'insécurité juridique; souligne que le renforcement des capacités au sein de la Commission et l'amélioration des processus de transmission des informations sont des moyens appropriés pour faire face à l'augmentation du flux de notifications, de même qu'une plus grande transparence exigée des États membres en matière fiscale;

Pays tiers

74.

s'inquiète de ce que les retombées négatives des pratiques fiscales dommageables de certaines multinationales semblent toucher plus profondément les pays en développement que les pays développés (38), les premiers tirant une part plus importante de leurs recettes de l'impôt sur les sociétés, leurs services financiers publics, environnement réglementaire et capacité administrative étant trop insuffisants pour veiller au paiement de l'impôt et lutter contre ces pratiques fiscales dommageables; observe que, selon le FMI (39), l'optimisation fiscale à outrance fait perdre aux pays tiers trois fois plus de recettes fiscales en termes relatifs que les pays développés; souligne que, conformément à l'article 208 du traité de Lisbonne, les États membres sont tenus d'adapter leurs politiques afin de soutenir le développement dans les pays en développement; souligne que des analyses ex-post complètes des répercussions des pratiques fiscales des États membres, dont les résultats seraient rendus publics, contribueraient à orienter l'élaboration des politiques en veillant à ce que de telles politiques ne provoquent pas d'érosion de la base d'imposition d'autres États membres ou de pays tiers;

75.

souligne que, parallèlement, pour un petit nombre d'«heureux élus» qui sortent gagnants de la concurrence fiscale mondiale, c'est-à-dire les pays (dans et hors de l'Union) qui sont dotés de politiques très attrayantes en matière de fiscalité des entreprises, les indicateurs fondamentaux de l'économie atteignent des niveaux sans commune mesure avec la taille et l'activité économique réelle du pays, en particulier si l'on se penche sur des indicateurs tels que le nombre d'entreprises enregistrées par habitant, le nombre de bénéfices à l'étranger enregistrés, l'IDE ou les flux financiers sortants ramenés au PIB, etc.; relève que ceci met en lumière le caractère artificiel de l'assiette fiscale de ces pays et de leurs flux financiers entrants, ainsi que le décalage autorisé en vertu des régimes fiscaux en vigueur entre le lieu de création de valeur et le lieu d'imposition;

76.

souligne que la concurrence en matière fiscale, loin d'avoir pour acteurs les seuls États membres (territoires dépendants ou associés compris), recouvre un ensemble de pratiques d'envergure internationale, qui s'appuient sur le transfert de bénéfices vers des juridictions sans réelle activité économique, qui cultivent une fiscalité réduite ou inexistante, ou le secret; déplore l'absence de toute démarche d'ensemble des États membres face à ces juridictions, non seulement en termes d'action ou de réaction communes face à leurs pratiques dommageables, mais encore, et ce malgré tous les efforts de la Commission en ce sens, en termes d'établissement d'une liste et de définition de critères pertinents régissant cette dernière; accorde, dès lors, tout son soutien à la proposition présentée par la Commission en 2012, qui comprend des critères concrets pour assurer une concurrence équitable, la transparence et l'échange des informations, ainsi qu'à la publication récente, dans le train de mesures sur la fiscalité de la Commission du 17 juin 2015, d'une liste de juridictions fiscales non coopératives, établie sur la base d'une démarche fondée sur un dénominateur commun issu de listes existant au niveau national; souligne que l'établissement d'une telle liste est indispensable avant de prendre quelque mesure que ce soit à l'encontre de ces juridictions; est convaincu que cette liste devrait être la première mouture d'un processus aboutissant à une définition rigoureuse et objective des «paradis fiscaux», qui pourra ensuite servir de base à d'autres listes, établies sur la base de critères clairs, qui devraient être connus à l'avance; encourage la Commission à vérifier que les juridictions européennes respectent ces critères;

77.

souligne que les travaux de l'OCDE dans ce domaine ont débouché sur des résultats déterminants en termes de transparence et d'échange d'informations; salue en particulier la convention concernant l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale, qui comptait, en juin 2015, près de cent pays signataires et prévoit une coopération administrative entre États en matière d'évaluation et de perception des impôts, dans le but, principalement, de lutter contre l'évasion et la fraude fiscales;

78.

souligne toutefois que les travaux menés par l'OCDE pour établir son ancienne liste de paradis fiscaux non coopératifs étaient fondés sur un processus politique qui a débouché sur des compromis arbitraires dès l'étape de définition des critères, telle par exemple l'exigence d'avoir conclu des accords fiscaux avec douze autres pays, avec pour conséquence qu'aucune juridiction n'a été consignée comme paradis fiscal non coopératif; souligne que la démarche actuelle de l'OCDE continue de s'appuyer sur des critères relatifs à la transparence fiscale et à l'échange d'informations, qui ne sont pas suffisamment sophistiqués pour tenir compte du caractère dommageable de certaines pratiques fiscales; relève que, quels que soient ses mérites par ailleurs, la pertinence de la démarche de l'OCDE s'en trouve entachée pour ce qui est de repérer les juridictions fiscales qui sont, au niveau international, des piliers de l'évasion fiscale et de la concurrence en matière de pratiques fiscales dommageables; souligne, en particulier, que cette démarche ne tient compte d'aucun indicateur de type qualitatif susceptible de permettre une évaluation objective du respect, par un État, des bonnes pratiques en matière de gouvernance, ni d'aucune donnée quantitative telle que les bénéfices comptables, les flux financiers entrants et sortants et la manière dont ils correspondent (ou échouent à le faire) à la réalité économique d'une juridiction donnée;

79.

souligne, en outre, que, ces listes pouvant être exploitées au niveau national pour mettre en place une protection nationale et des règles en matière de lutte contre l'évasion fiscale vis-à-vis de pays tiers (par exemple, une limite aux bénéfices, la conduite d'un test d'activité principale, des règles sur les entreprises contrôlées par des intérêts étrangers, etc.), toute lacune d'une telle liste est susceptible de limiter le champ d'application et l'efficacité des mesures nationales de lutte contre les pratiques fiscales dommageables;

80.

est convaincu que, pour garantir une concurrence équitable au sein du marché intérieur et sauvegarder l'assiette fiscale des États membres, il est essentiel de réparer le maillon faible, à savoir les interactions avec les juridictions qui cultivent une fiscalité réduite ou inexistante, ou le secret, étant donné que les taux d'imposition sont de la compétence des États membres, puisque l'existence de passerelles fiscales (consistant par exemple en l'absence de retenue à la source) vers des pays tiers quelles que soient les mœurs fiscales de ces derniers fait croître considérablement les possibilités de pratiquer l'évasion fiscale dans l'Union;

81.

souligne que les États membres pourraient beaucoup plus efficacement lutter contre les pratiques fiscales dommageables et promouvoir une plus grande réciprocité s'ils adoptaient une démarche coordonnée à l'égard tant des pays en développement que des pays développés;

82.

souligne qu'en réponse aux pressions exercées tant par l'Union que par le G20 sur la question de la transparence fiscale et dans le contexte de la crise économique et financière et de la crise de la dette, certains pays tiers ont enfin signé des accords relatifs à l'échange d'informations fiscales avec l'Union, ce qui devrait améliorer la coopération avec lesdits pays; fait remarquer qu'en ce qui concerne la Suisse, un accord a été signé en mai 2015, après une longue période de transition au cours de laquelle ce partenaire commercial majeur de l'Union a bénéficié d'un accès privilégié au marché unique sans toutefois coopérer dans d'autres domaines, dont la fiscalité;

83.

note qu'en dépit des négociations en cours, les progrès restent lents en ce qui concerne la signature d'accords de coopération similaires avec Saint-Marin, Monaco, le Liechtenstein et Andorre; regrette que la Commission ne dispose pas d'un mandat européen de même nature lui permettant de négocier des accords sur l'échange automatique d'informations avec des territoires d'outre-mer actuellement couverts par la directive de l'Union sur la fiscalité de l'épargne;

84.

relève avec préoccupation que de nombreux pays en développement sont particulièrement vulnérables à l'évasion fiscale des entreprises, et que la principale cause de manque à gagner dans le budget national des pays en développement est à rechercher du côté des pratiques d'établissement de prix de transfert des multinationales (40); souligne, en outre, que ces pays disposent d'une marge de manœuvre très restreinte dans les négociations avec certaines multinationales ou certains investisseurs directs étrangers qui «font leur marché», parcourant le monde à la recherche de subventions et d'exonérations fiscales; dénonce le fait que, selon les estimations, les budgets nationaux perdent chaque année entre plus ou moins 91 milliards d'EUR (41) et 125 milliards d'EUR (42) de recettes fiscales;

85.

rappelle aux États membres qu'ils sont tenus, conformément au traité de Lisbonne, de respecter le principe de la cohérence des politiques au service du développement et qu'ils doivent veiller à ce que leurs politiques fiscales ne portent pas atteinte aux objectifs de l'Union pour le développement; encourage les États membres de l'Union à réaliser des analyses des répercussions de leurs politiques fiscales, notamment sur les pays en développement, tel que l'a suggéré le FMI;

Conclusions et recommandations

86.

conclut, en guise de bilan du mandat dont il a chargé sa commission spéciale et malgré les divers obstacles et entraves rencontrés par celle-ci lors de ses missions d'information et auprès des autres institutions de l'UE, de certains États membres et d'entreprises multinationales, que:

sans préjudice des conclusions des enquêtes en cours de la Commission sur les aides d'État, les informations recueillies indiquent que, pour un certain nombre d'entre eux, les États membres n'ont pas respecté l'article 107, paragraphe 1, du traité FUE, ayant adopté comme ils l'ont fait des rescrits fiscaux et d'autres mesures similaires par leur nature ou par leur effet qui, en favorisant certaines entreprises, ont faussé la concurrence au sein du marché intérieur;

certains États membres n'ont pas pleinement fait respecter l'article 108 du traité FUE, ayant omis comme ils l'ont fait de communiquer officiellement à la Commission tous leurs projets d'octroi d'aides dans le domaine fiscal, commettant, par la même occasion, une infraction aux dispositions pertinentes du règlement (CE) no 659/1999 du Conseil; dès lors, la Commission n'a pas été en mesure de procéder à l'examen permanent de tous les régimes d'aide, comme le prévoit l'article 108 du traité FUE, puisqu'elle n'avait pas accès à toutes les informations afférentes, en tout cas avant 2010, période qui n'est pas couverte par les enquêtes en cours;

les États membres n'ont pas respecté les obligations prévues dans les directives 77/799/CEE et 2011/16/UE du Conseil, ayant omis, comme ils l'ont fait et continuent de le faire, d'échanger spontanément des informations fiscales, y compris dans des affaires où il y avait de bonnes raisons, malgré la marge d'appréciation laissée par ces directives, de s'attendre à des pertes fiscales pour d'autres États membres ou de subodorer que des économies d'impôt résultaient de transferts artificiels des bénéfices au sein d'un groupe;

certains États membres n'ont pas respecté le principe de coopération loyale inscrit à l'article 4, paragraphe 3, du traité sur l'Union européenne, ayant omis comme ils l'ont fait de prendre toute mesure générale ou particulière propre à assurer l'exécution de leurs obligations;

il n'a pas été possible de procéder à une analyse des cas individuels de violation de la législation de l'Union en ce qui concerne les paragraphes susmentionnés en raison de l'absence d'informations détaillées fournies par les États membres, le Conseil et la Commission;

enfin, la Commission n'a pas rempli son rôle de gardienne des traités, établi à l'article 17, paragraphe 1, du traité sur l'Union européenne, en n'agissant pas sur ce dossier et en ne prenant pas toutes les mesures nécessaires pour s'assurer qu'ils respectent leurs obligations, en particulier celles énoncées dans les directives 77/799/CEE et 2011/16/UE du Conseil, en dépit de preuves du contraire; elle a failli à ses obligations énoncées à l'article 108 du traité de Lisbonne sur le fonctionnement du marché intérieur en omettant d'ouvrir des enquêtes sur les aides d'État par le passé;

87.

dénonce le fait qu'en dépit des demandes dont ils ont fait l'objet, plusieurs documents fiscaux provenant des réunions du groupe sur le code de conduite n'ont été que partiellement transmis à la commission, ou ne lui ont pas été transmis du tout, bien que certains aient déjà été envoyés à des citoyens qui en avaient fait la demande par le biais de la procédure d'accès aux documents, ce qui a pour conséquence un Parlement européen moins bien informé que les citoyens européens à propos de la position des États membres en matière fiscale; déplore, en outre, le fait que la Commission a seulement rendu accessibles moins de 5 % des documents demandés, dont le nombre total avoisinait les 5 500; regrette le manque de coopération de la Commission et du Conseil à l'égard de la commission, ce qui nuit à l'exécution de son mandat;

88.

compte tenu de l'absence de pouvoirs d'enquête parlementaire dont dispose actuellement le Parlement, demande au Conseil et à la Commission d'approuver sans délai la proposition actuellement à l'examen de règlement du Parlement européen relatif aux modalités d'exercice du droit d'enquête du Parlement européen (43), afin de le doter de véritables pouvoirs d'enquête essentiels à l'exercice de son droit d'enquête parlementaire;

89.

prie la Commission de vérifier si les violations susmentionnées pourraient encore être portées devant la Cour de justice;

90.

invite les États membres à respecter le principe d'imposition des bénéfices sur le territoire où ils ont été générés;

91.

demande aux États membres et aux institutions de l'Union, qui sont responsables, à parts égales, de la situation actuelle d'un point de vue politique, de mettre fin à une concurrence fiscale dommageable et de coopérer pleinement afin d'éliminer les incohérences (et de s'abstenir d'en créer de nouvelles) entre régimes fiscaux et les mesures fiscales dommageables, qui créent les conditions d'un recours en masse à l'évasion fiscale par les multinationales et d'une érosion de l'assiette fiscale au sein du marché intérieur; demande, à cet égard, aux États membres de signaler à la Commission et aux autres États membres toute modification significative de leur législation en matière d'impôt sur les sociétés qui pourrait avoir un impact sur leurs taux d'imposition effectifs ou sur les recettes fiscales d'un autre État membre; estime que les États membres qui jouent un rôle central pour ce qui est de faciliter l'évasion fiscale devraient assumer leurs responsabilités et mener les efforts en vue d'améliorer la coopération en matière fiscale au sein de l'Union;

92.

invite les chefs d'État et de gouvernement des États membres de l'Union à clairement afficher une volonté politique nouvelle et à s'engager à prendre des mesures urgentes pour résoudre la situation actuelle, qui ne saurait être tolérée plus longtemps, au premier chef à cause de ses effets néfastes sur les budgets nationaux, qui sont déjà soumis à des mesures d'assainissement budgétaire, et sur la contribution fiscale des autres contribuables, à savoir les PME et les citoyens; souligne, dans ce contexte, qu'il entend s'acquitter scrupuleusement de son rôle et se tient prêt à mettre en place, avec l'aide des parlements nationaux, un contrôle politique plus rigoureux;

93.

demande à la Commission de remplir son rôle de gardienne des traités en veillant à ce que le droit de l'Union et le principe de coopération loyale entre États membres soient pleinement respectés; prie la Commission de prendre systématiquement d'autres mesures juridiques conformément aux pouvoirs qui lui sont conférés par le traité; invite par conséquent la Commission à renforcer ses capacités internes, éventuellement par la création d'un département fiscal spécifique à l'intérieur de ses services qui prendrait à la fois en charge le flux croissant de notifications d'aides d'État dans le domaine de la politique de concurrence et sa responsabilité renforcée de coordination des nouvelles mesures en matière de transparence fiscale;

94.

demande aux États membres de fournir toutes les informations nécessaires à la Commission afin qu'elle puisse exercer sans encombre son rôle de gardienne des traités;

95.

invite la Commission à encourager de bonnes pratiques en ce qui concerne l'établissement des prix de transfert et la tarification des prêts et des frais financiers lors des transactions intragroupe, afin de les aligner sur les prix en vigueur sur le marché;

96.

souligne qu'il ne s'agit en aucun cas d'empiéter sur la compétence des États à déterminer le taux d'imposition qu'ils souhaitent appliquer aux entreprises; insiste cependant sur le fait que la concurrence en matière fiscale, tant au sein de l'Union qu'avec les pays tiers, devrait avoir pour cadre un ensemble de règles clair permettant d'assurer une concurrence équitable entre sociétés sur le marché intérieur, invite les États membres à garantir avant tout un environnement favorable aux entreprises caractérisé, entre autres, par une stabilité économique, financière et politique ainsi que par une sécurité juridique et des règles fiscales simples; compte tenu du rôle central que jouent les questions liées à la fiscalité des entreprises dans la viabilité des finances publiques, demande à la Commission d'aborder de manière plus approfondie les problèmes en la matière, y compris les pratiques fiscales dommageables et leurs effets, dans le cadre du Semestre européen et que des indicateurs y afférents, y compris des estimations du manque à gagner fiscal résultant de l'évitement fiscal et de l'évasion fiscale, soient ajoutés au tableau de bord de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques;

97.

invite les États membres, notamment ceux qui bénéficient d'une assistance financière, à mettre en œuvre des réformes structurelles, à lutter contre la fraude fiscale et à prendre des mesures contre la planification fiscale agressive;

98.

invite à cet égard la Commission à trouver le juste équilibre entre convergence budgétaire et économique, ainsi qu'à s'assurer que les mesures prises sont propices à la croissance, à l'investissement et à l'emploi;

99.

est d'avis, entre autres, que l'échange automatique, transparent et efficace d'informations fiscales détaillées et l'existence d'une assiette fiscale commune consolidée et obligatoire pour les entreprises sont des conditions nécessaires à la création d'un système fiscal au niveau de l'Union qui respecte et sauvegarde les principes fondamentaux du marché intérieur;

100.

invite les États membres et les institutions de l'Union, eu égard à la complexité de la question, à mettre en place plusieurs trains de mesures complémentaires afin d'améliorer la situation actuelle, en tenant compte de la nécessité de réduire la complexité du processus pour l'ensemble des parties prenantes et d'abaisser les coûts de mise en conformité pour les entreprises et les administrations fiscales; souligne, dès lors, qu'une simplification des régimes fiscaux devrait constituer la première étape d'une clarification de la situation, non seulement pour les États membres, mais encore pour les citoyens, ces derniers étant, à l'heure actuelle, exclus des échanges d'information;

101.

demande à la Commission de mener d'autres enquêtes empiriques sur une éventuelle limitation de la possibilité de déduire les redevances versées aux sociétés associées des paiements au titre de l'assiette de l'impôt sur les sociétés afin de lutter contre les transferts de bénéfices intragroupe;

102.

souligne le fait que, malgré des invitations répétées, seules quatre multinationales (44), sur un total de 17, ont d'abord accepté de paraître devant la commission pour débattre des questions d'optimisation fiscale internationale; estime que le refus de 13 d'entre elles — dont certaines ont une grande visibilité dans le public — de coopérer avec une commission parlementaire est inacceptable et porte gravement préjudice à la dignité du Parlement européen et des citoyens qu'il représente; relève, cependant, que 11 multinationales (45) ont en fin de compte accepté de se présenter devant la commission TAXE, mais uniquement après que celle-ci eut voté le rapport et peu de temps avant le vote en plénière, tandis que deux multinationales (46) ont persisté dans leur refus; recommande, dès lors, que les autorités compétentes du Parlement examinent la possibilité de priver ces entreprises de l'accès à ses locaux et envisagent sérieusement d'installer un cadre clair et de renforcer les obligations énoncées dans le code de conduite pour les organisations incluses dans le registre de transparence (47), en matière de coopération avec les commissions et autres organes politiques du Parlement;

103.

demande une enquête sur le rôle qu'ont joué les institutions financières pour faciliter les pratiques fiscales dommageables;

Coopération et coordination en matière de décisions fiscales anticipées

104.

déplore le contenu de l'accord politique du 6 octobre 2015 au sein du Conseil, qui n'est pas à la hauteur de la proposition législative de la Commission présentée en mars 2015 modifiant la directive 2011/16/UE en ce qui concerne l'échange automatique et obligatoire d'informations dans le domaine fiscal; souligne que celle-ci prévoyait, en plus d'un cadre commun en matière d'enregistrement et d'échange automatique d'informations sur les rescrits, des dispositions permettant à la Commission d'en contrôler efficacement la mise en application par les États membres tout en veillant à ce que les rescrits ne portent pas préjudice au marché intérieur; souligne que l'adoption de la position du Conseil empêcherait de tirer pleinement parti de l'échange automatique d'informations sur les rescrits fiscaux, en particulier en termes de mise en œuvre effective, et invite donc le Conseil à s'en tenir à la proposition de la Commission et à tenir dûment compte de l'avis du Parlement sur le sujet, en particulier en ce qui concerne le champ d'application de la directive (tous les rescrits fiscaux et pas seulement les rescrits transfrontaliers), la période de rétroactivité (tous les rescrits fiscaux encore valides seraient échangés) et les informations à fournir à la Commission, qui devrait avoir accès aux rescrits fiscaux;

105.

invite les États membres à appuyer, au sein de tous les forums internationaux, le principe de l'échange automatique d'informations entre administrations fiscales pour qu'il devienne la nouvelle norme internationale; invite en particulier la Commission, l'OCDE et le G20 à promouvoir cet objectif au moyen des instruments les plus appropriés et les plus efficaces dans le cadre d'un processus mondial et inclusif; souligne la nécessité de prendre des mesures concrètes afin de s'assurer que l'échange automatique d'informations devienne véritablement mondial, et donc efficace, dans le respect des obligations de confidentialité, en soutenant les efforts des pays en développement pour renforcer leur capacité en vue d'une participation totale à l'échange automatique d'informations; souligne que, au sein de l'Union européenne, l'échange automatique d'informations pourrait prendre la forme d'un registre central à l'échelle de l'Union accessible par la Commission et les autorités nationales compétentes;

106.

invite les États membres à envisager que tout rescrit fiscal doive, en particulier lorsqu'il donne lieu à l'établissement de prix de transfert, être établi en coopération avec tous les pays concernés, que les informations pertinentes doivent être échangées automatiquement, intégralement et sans délai entre ces pays et que toute mesure nationale visant à endiguer l'évasion fiscale et l'érosion de l'assiette fiscale au sein de l'Union, audits compris, doive être appliquée de manière conjointe, en tenant dûment compte de l'expérience acquise grâce au programme FISCALIS 2020; est toujours d'avis que les éléments fondamentaux de tout rescrit susceptibles d'avoir des répercussions sur d'autres États membres devraient non seulement être communiqués aux administrations fiscales concernées et à la Commission, mais encore consignés dans les rapports par pays présentés par les multinationales;

107.

souligne, à cet égard, que les rescrits nationaux sont, tout comme les rescrits transfrontaliers, susceptibles d'avoir des répercussions sur d'autres États membres, et demande dès lors que l'échange automatique d'informations s'applique à tous les rescrits délivrés par ou pour le compte du gouvernement ou de l'administration fiscale d'un État membre ou de ses entités territoriales ou administratives, qui sont toujours actifs à la date d'entrée en vigueur de la directive; insiste fortement sur le rôle essentiel de la Commission dans le processus de collecte et d'analyse des informations relatives aux rescrits;

108.

demande en outre la mise en place d'un cadre qui contrôle efficacement la mise en application de l'échange automatique d'informations, la collecte et la publication de statistiques sur les informations échangées et, en particulier, la mise en place par la Commission, avant le 31 décembre 2016, d'un répertoire central sécurisé pour faciliter l'échange d'informations entre les autorités fiscales participantes; rappelle que la mise en place d'un système d'échange automatique d'informations sur les rescrits fiscaux entraînera la collecte d'une très grande quantité d'informations, et qu'il pourrait dès lors être difficile de déceler les cas réellement problématiques; souligne que cette situation, s'ajoutant à l'existence de 28 États membres caractérisés par des langues et des pratiques administratives différentes, impose à la Commission et aux États membres de réfléchir à des méthodes intelligentes, y compris au moyen de la technologie de l'information, pour gérer la quantité et la diversité des données obtenues et faire en sorte que l'échange automatique d'informations dans l'Union soit réellement efficace et utile;

109.

demande à la Commission d'étudier les conditions de mise en place, à plus long terme, d'un système de vérification centralisé au niveau de l'Union, qui permettrait à la Commission de contrôler systématiquement les rescrits de manière à accroître la sécurité, la cohérence, l'uniformité et la transparence du système et à contrôler si de tels rescrits ont un effet dommageable sur d'autres États membres;

110.

souligne que, dans un souci de renforcer la transparence pour les citoyens, la Commission devrait publier un rapport annuel qui synthétise les principaux dossiers figurant dans le répertoire central sécurisé et que, ce faisant, la Commission devrait tenir compte des dispositions de la directive sur l'assistance mutuelle relatives à la confidentialité;

111.

demande à la Commission d'envisager l'établissement d'un cadre commun au niveau de l'Union en matière de rescrits fiscaux qui comprenne des critères communs, dont notamment:

l'exigence d'établir les rescrits sur la base d'une analyse très poussée, entre autres, des répercussions de ces rescrits sur les assiettes fiscales d'autres pays, avec la coopération de toutes les parties prenantes et de tous les pays concernés;

la publication des rescrits, soit dans leur intégralité, soit sous forme simplifiée, dans le strict respect, toutefois, des exigences de confidentialité;

l'obligation de publier les critères d'octroi, de refus et d'annulation de rescrits fiscaux;

l'égalité de traitement et la mise à disposition pour tous les contribuables;

l'absence de pouvoir discrétionnaire et le plein respect des dispositions fiscales sous-jacentes;

112.

demande à la Commission de définir des orientations européennes communes en vue de l'application du principe de pleine concurrence défini par l'OCDE afin d'harmoniser les pratiques des États membres de l'Union en matière de fixation des prix de transfert de sorte que, lorsqu'elles mettent en place des accords de fixation des prix de transfert, les administrations nationales disposent des outils leur permettant de comparer des entreprises similaires et pas uniquement des opérations similaires;

113.

estime qu'une fiscalité juste et efficace nécessite un niveau approprié de transparence et de confidentialité; est dès lors convaincu que les administrations fiscales des États membres et, s'il y a lieu, la Commission, devraient avoir accès à l'information relative aux bénéficiaires finals de tout instrument juridique et/ou rescrit fiscal;

114.

invite la Commission à avoir notamment recours à la directive (UE) 2015/849 relative à la prévention de l'utilisation du système financier aux fins du blanchiment de capitaux ou du financement du terrorisme, qui englobe les «infractions fiscales pénales» dans la définition large des «activités criminelles», afin de déterminer les bénéficiaires en dernier ressort de certains instruments juridiques;

115.

demande à la Commission de mettre en place un registre centralisé auprès de la Commission, et public, de toutes les exemptions, exonérations, déductions et crédits d'impôts légaux qui affectent l'impôt sur les sociétés, assorti d'une évaluation quantitative de l'impact budgétaire pour chaque État membre,

Assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (ACCIS)

116.

se félicite acte du plan d'action proposé par la Commission le 17 juin 2015 pour lutter contre l'évasion fiscale et promouvoir l'équité et l'efficacité de la fiscalité des entreprises dans l'Union européenne; demande à la Commission de présenter, dans les meilleurs délais, une proposition rectificative pour établir au plus tôt une assiette commune obligatoire consolidée pour l'impôt sur les sociétés (ACIS), ce qui tiendrait compte non seulement du problème des régimes préférentiels et des incohérences entre régimes fiscaux nationaux, mais aussi des principaux facteurs de l'érosion de l'assiette fiscale au niveau européen (en particulier les problèmes liés à l'établissement de prix de transfert); invite la Commission à reprendre sans retard les travaux aboutis en 2011 relatifs à la proposition de directive du Conseil établissant l'ACCIS, en tenant compte de la position du Parlement et des éléments nouveaux intervenus depuis et en y intégrant les dernières conclusions des travaux de l'OCDE, notamment les standards issus du Plan d'action concernant l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (BEPS) afin de permettre la production d'un texte consolidé au cours de l'année 2016;

117.

demande à la Commission d'inclure, dans ses propositions, des dispositions visant à clarifier la définition des investissements de R&D et de l'établissement stable à la lumière du critère de substance économique, sans oublier le secteur de l'économie numérique; attire l'attention sur l'importance des investissements de R&D et sur la nécessité de faciliter plutôt que d'entraver l'investissement et la croissance dans l'économie numérique, afin de donner à l'économie européenne émergente dans ce secteur un avantage concurrentiel par rapport aux autres acteurs, issus des États-Unis et d'ailleurs; souligne que, selon les éléments disponibles, les régimes fiscaux favorables aux brevets ne contribuent pas à stimuler l'innovation et peuvent entraîner une forte érosion de la base d'imposition par un transfert des bénéfices; souligne, en parallèle, que l'abus ou l'exploitation de tels systèmes doivent être endigués grâce à une action coordonnée des États membres et à l'établissement de normes et de définitions communes sur ce qui relève de la promotion de la R&D et ce qui n'en relève pas; souligne que l'approche recommandée par l'initiative sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, dite «approche du lien modifiée», concernant les régimes fiscaux favorables aux brevets, ne suffira pas à endiguer suffisamment les problèmes liés à ces régimes;

118.

souligne que, pour renouer le lien entre fiscalité et substance économique et pour veiller à ce que les impôts soient payés dans les pays où l'activité économique a réellement lieu et où la valeur est réellement créée, et pour remédier aux incohérences existantes, il est envisageable de varier la formule de répartition en fonction du secteur, pour prendre en compte les particularités de chacun, notamment en ce qui concerne les entreprises du numérique, étant donné que, dans une économie numérique, il est plus difficile pour les autorités fiscales de déterminer où la valeur est créée; invite la Commission à bien réfléchir à la position du Parlement européen sur l'ACCIS et à adopter une formule de répartition qui cadre avec les activités économiques réelles des entreprises; demande à la Commission de continuer à œuvrer à des solutions concrètes pour mettre au point cette grille de formules de répartition, en particulier pour être en mesure d'anticiper, pour chaque secteur, les répercussions sur les recettes fiscales de chaque État membre en fonction de la structure de son économie; souligne, en outre, que l'ACCIS est un bon moyen de lutter contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices ainsi que de créer de la valeur ajoutée européenne indépendamment de l'utilisation éventuelle d'une partie des recettes fiscales en tant que ressource propre pour le budget de l'Union;

119.

soutient vivement la mise en œuvre d'une ACCIS pleine et entière, et obligatoire, dans les meilleurs délais; prend acte de la démarche de la Commission, qui consiste à proposer une ACCIS simplifiée (sans consolidation) en tant que première étape dans son plan d'action de juin 2015, mais fait observer que cette solution contribue à perpétuer certains problèmes, en particulier pour les entreprises exerçant leur activité au sein du marché intérieur, étant donné qu'une ACCIS ne compenserait pas les pertes dues à la consolidation, pas plus qu'elle ne réduirait l'insécurité juridique et la bureaucratie qui vont de pair avec l'établissement de prix de transfert, ce dernier étant l'un des principaux outils d'évasion fiscale à avoir la faveur des multinationales, ni ne mettrait véritablement un terme au déplacement de l'assiette fiscale dans l'Union; prie donc instamment la Commission de fixer un délai clair et rapproché pour l'inclusion d'un «élément de consolidation» dans l'initiative relative à l'ACCIS; demande à la Commission de s'abstenir de toute nouvelle analyse d'impact de cette mesure, qui figure depuis des décennies à l'ordre du jour de l'Union européenne, a déjà fait l'objet d'un travail de préparation de grande envergure et est bloquée au Conseil depuis sa présentation officielle en 2011;

120.

demande à la Commission, en attendant l'adoption d'une ACCIS pleine et entière et sa pleine mise en application au niveau de l'Union, de prendre des mesures immédiates pour assurer une réelle imposition, de réduire les transferts de bénéfices (qui passent principalement par l'établissement de prix de transfert), de préparer, en attendant la consolidation, un régime qui équilibre les pertes et les profits transfrontaliers, lequel devrait être de nature temporaire et présenter des garanties suffisantes qu'il ne créera pas de nouvelles possibilités d'optimisation fiscale agressive, et d'incorporer davantage de règles anti-abus efficaces et appropriées dans toutes les directives pertinentes; invite la Commission à vérifier que les directives et les projets de directives existants dans le domaine du droit fiscal et des sociétés sont appropriés pour assurer l'application d'une imposition efficace; demande au Conseil de se tenir prêt à adopter ces dispositions dans les plus brefs délais; souligne que pour atteindre l'un de ses objectifs, à savoir la simplification administrative, la mise en place d'une base imposable commune et consolidée devrait aller de pair avec la mise en œuvre de règles comptables communes et avec une harmonisation appropriée des pratiques administratives dans le domaine fiscal;

121.

demande à la Commission de publier une législation claire pour la définition de la substance économique, de la création de valeur et de l'établissement stable, dans le but de lutter notamment contre les sociétés boîte aux lettres, et de mettre au point des critères et une législation de l'Union pour le traitement de la R&D qui soient compatibles avec les travaux de l'OCDE en la matière mais ne s'y limitent pas, étant donné que les États membres réforment, à l'heure actuelle, leur stratégie dans ce domaine, souvent en y ajoutant des subventions; souligne que cette législation devrait clairement exposer la nécessité d'établir un lien direct entre les régimes préférentiels accordés par l'administration fiscale et les activités de R&D sous-jacentes; invite la Commission à revoir la législation européenne sur les sociétés étrangères contrôlées et son application conformément à l'arrêt de la Cour de justice européenne dans l'affaire Cadbury Schweppes (C-196/04), afin de garantir l'utilisation totale de ces sociétés, sans qu'il soit question de situations fondées sur des montages purement artificiels, et d'éviter les cas de double non-imposition; demande à la Commission de formuler des propositions en vue d'harmoniser les règles relatives aux sociétés étrangères contrôlées dans l'Union européenne;

122.

demande également à la Commission, en l'absence d'une définition largement acceptée de l'optimisation fiscale agressive et des pratiques fiscales dommageables, de continuer d'analyser et d'étudier le sujet afin de définir ces pratiques, en particulier les détournements des conventions sur la double imposition et les dispositifs hybrides, en tenant compte des retombées négatives qu'elles peuvent avoir sur la société, de veiller à les contrôler et de recenser de manière plus précise les répercussions de l'évasion fiscale sur l'Union et les pays en développement; demande également à la Commission de définir une méthodologie de calcul du manque à gagner fiscal résultant de l'évitement fiscal et de l'évasion fiscale — comme annoncé dans sa proposition de mars 2015 — et de veiller à ce que le calcul soit effectué régulièrement afin de surveiller l'évolution de la situation et de concevoir des réponses politiques appropriées; demande à la Commission de prendre les mesures qui s'imposent pour clarifier le statut précis des «juridictions dépendantes» de chaque État membre, et d'examiner quels moyens de pression mettre en œuvre pour les conduire à altérer leurs pratiques afin d'éviter l'érosion de l'assiette fiscale dans l'Union;

123.

rappelle que, outre les fraudes frappant l'impôt sur les sociétés, on compte un nombre considérable de fraudes transfrontalières à la TVA, un impôt fondamental pour tous les budgets nationaux; invite la Commission à prendre des mesures pour lutter contre ce problème, notamment en renforçant la coopération entre administrations fiscales nationales dans ce domaine;

Code de conduite en matière de fiscalité des entreprises

124.

demande une réforme urgente du code de conduite en matière de fiscalité des entreprises et du groupe chargé du contrôle de son application, vu que son utilité s'est avérée jusqu'ici incertaine, dans le double but de lever les barrières qui entravent actuellement la lutte contre les pratiques fiscales dommageables et de contribuer à une coordination et à une coopération à l'échelle de l'UE dans le domaine de la politique fiscale;

125.

demande aux États membres d'adopter, dans un esprit de bonne coopération, les propositions de la Commission définies dans le plan d'action du 17 juin 2015 pour l'équité et l'efficacité de la fiscalité des entreprises dans l'Union européenne; estime que la légitimité du groupe bénéficierait d'un surcroît de transparence et de redevabilité; plaide donc pour une refonte de la gouvernance et du mandat du groupe, à savoir: nomination d'un président permanent et politiquement responsable, amélioration des méthodes de travail (assortie éventuellement d'un mécanisme d'exécution), la participation régulière au groupe des ministres des finances ou de hauts fonctionnaires afin d'accroître sa visibilité, amélioration de l'échange d'informations au sein du groupe dans le but de traiter efficacement des problèmes liés à l'érosion de la base d'imposition et au transfert de bénéfices; demande également que les critères définis dans le code soient mis à jour et élargis afin de couvrir les nouvelles formes de pratiques fiscales dommageables, y compris dans les pays tiers; invite le président du groupe et le Conseil à informer régulièrement sa commission compétente des activités du groupe, et à avoir des échanges avec elle, notamment en ce qui concerne la présentation de ses rapports semestriels au conseil ECOFIN;

126.

de manière plus générale, demande au Conseil d'encourager la promotion d’un véritable contrôle démocratique des aspects liés aux questions fiscales transfrontières au niveau de l’Union, à l’instar de ce qui existe déjà dans d’autres domaines où les États membres ou d’autres institutions indépendantes, telles que la Banque centrale européenne et le conseil de surveillance de la Banque centrale européenne, disposent d’une compétence exclusive; invite le Conseil et les États membres à étudier la possibilité de créer un groupe de haut niveau sur la politique fiscale, comme l'a également proposé le Président de la Commission; souligne qu'un tel «comité fiscal», responsable devant le Parlement, engloberait le Conseil et la Commission, sur le modèle du comité économique et financier, ainsi que des experts indépendants, et exercerait de façon plus générale des compétences de contrôle sur les mesures législatives et non législatives en matière fiscale et rendrait compte de ses travaux au conseil ECOFIN; demande que le Parlement obtienne un droit d'initiative pour dénoncer devant le groupe du code de conduite toute mesure nationale qu'il juge correspondre aux critères d'une concurrence fiscale dommageable inscrits dans le code de conduite;

127.

demande à la Commission de prévoir une deuxième mise à jour du rapport Simmons & Simmons de 1999 sur les pratiques administratives mentionné au paragraphe 26 du rapport de 1999 du groupe «Code de conduite», le rapport Primarolo (SN 4901/99).

128.

prie instamment le Conseil et les États membres, dans le respect des traités et de la compétence des États membres dans le domaine de la fiscalité directe, d’améliorer la transparence, la responsabilisation et les travaux de suivi du groupe et demande à la Commission de proposer une législation cadre, établie conformément à la méthode communautaire; considère qu'il est essentiel que le grand public puisse aussi recevoir plus d'informations sur les travaux du groupe;

129.

invite la Commission à mettre pleinement en œuvre les recommandations du Médiateur européen sur la composition des groupes d'experts et à adopter une feuille de route pour garantir que les groupes d'experts seront composés d'une manière équilibrée; insiste pour que, tout en œuvrant à ce but, des réformes soient immédiatement commencées sur leur structure et leur composition actuelles; souligne que ces réformes n'entraîneraient pas une pénurie de compétences techniques disponible pour l'élaboration des lois car celles-ci pourraient être présentées par des consultations publiques ou des auditions publiques d'experts ouvertes aux représentants de tous les intérêts; invite la Commission à choisir une définition claire des conflits d'intérêts et à adopter des politiques robustes pour empêcher les acteurs susceptibles d'être dans de tels conflits d'intérêts, ainsi que les représentants d'organisations reconnues coupables d'évasion fiscale ou de toute autre infraction criminelle, d'être des membres actifs de tout organisme consultatif ou expert;

Aides d'État

130.

salue avec une vive satisfaction et soutient résolument le rôle central de la Commission en tant qu’autorité de la concurrence compétente dans les enquêtes en cours en matière d’aide d’État portant sur les rescrits fiscaux; considère que le secret que plusieurs États membres ont pratiqué de manière récurrente à l'égard de projets ayant bénéficié d'aides d'État est inapproprié; encourage la Commission à faire pleinement usage des pouvoirs que lui confèrent les règles de concurrence pour lutter contre les pratiques fiscales dommageables et sanctionner les États membres et les entreprises reconnus coupables de telles pratiques; souligne la nécessité pour la Commission de consacrer davantage de ressources — financières et humaines — au renforcement de sa capacité à mener de front toutes les enquêtes nécessaires sur les aides financières d'État; souligne la nécessité pour les États membres de satisfaire pleinement aux enquêtes et aux demandes d'information de la Commission;

131.

demande à la Commission d’adopter de nouvelles lignes directrices, au plus tard pour la mi-2017, dans le cadre de son initiative de modernisation des aides d’État, qui établissent une définition claire des notions d'aide d’État de nature fiscale et de prix de transfert «approprié», afin de lever toute incertitude juridique pour les contribuables et les administrations fiscales qui respectent leurs obligations, en fournissant un cadre pour les pratiques fiscales des États membres, sans pour autant décourager le recours aux rescrits fiscaux légitimes; conteste l’utilité de la convention d’arbitrage, qui n'est pas suffisante pour régler les différends, notamment eu égard au prix de transfert; estime que cet instrument devrait être remanié et qu'il faudrait le rendre plus efficace ou le remplacer par un mécanisme de règlement des différends de l'Union doté de procédures d'accord mutuel plus solides;

132.

demande à la Commission d'étendre ses investigations à d'autres multinationales mentionnées dans le scandale Luxleaks et à des mesures similaires au prix de transfert par leur nature ou leur effet;

133.

invite la Commission, conformément aux responsabilités accrues des États membres dans le cadre de la modernisation des aides d'État, à envisager la création d'un réseau des administrations fiscales nationales pour échanger les bonnes pratiques et contribuer de façon plus systématique à empêcher l'adoption de mesures fiscales qui pourraient constituer une aide d’État illégale; demande à la Commission de renforcer les synergies entre les activités du groupe «Code de conduite» (remanié) et la mise en application par la Commission des règles de concurrence dans le domaine des aides fiscales;

134.

constate que les règles actuelles régissant le contrôle des aides d'État visent les pratiques anticoncurrentielles en imposant le recouvrement des avantages indus accordés aux entreprises; demande à la Commission d'étudier la possibilité de modifier les règles existantes afin de permettre que les montants recouvrés à la suite d’une infraction aux règles de l’Union en matière d’aides d’État soient reversés aux États membres qui ont subi une érosion de leur base d'imposition, et non pas à l’État membre qui a accordé l’aide fiscale illégale, comme c’est le cas actuellement, ou soient alloués au budget de l'Union; demande à la Commission de modifier les règles existantes afin de garantir que des sanctions puissent être adoptées contre les pays et les entreprises concernés en cas de violation des règles relatives aux aides d'État;

Transparence

135.

estime que l'Union a le potentiel pour devenir un modèle et un acteur mondial important en matière de transparence fiscale;

136.

souligne le caractère essentiel de la transparence si l'on entend renforcer la responsabilité publique des multinationales et soutenir les administrations fiscales dans leurs investigations; rappelle qu’elle peut avoir un effet dissuasif puissant et modifier les comportements, en raison à la fois du risque pour la réputation des entreprises en infraction et du fait que la transmission des informations aux autorités compétentes peut donner suite à l'adoption de mesures et sanctions correctives appropriées; souligne qu'il faut trouver un équilibre entre le besoin de transparence et la nécessité de protéger les intérêts commerciaux sensibles et de respecter les règles de protection des données;

137.

considère qu'une plus grande transparence concernant les activités de multinationales est essentielle pour que les administrations fiscales puissent lutter efficacement contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices; réaffirme, dès lors, sa position selon laquelle les multinationales devraient déclarer dans leurs états financiers, d'une manière claire et compréhensible, pour chaque État membre et chaque pays tiers dans lequel elles sont établies, un ensemble d'informations agrégées, y compris leur résultat d'exploitation avant impôt, les impôts sur le résultat, le nombre de salariés, les actifs détenus, des informations de base sur les rescrits fiscaux (rapports par pays); souligne l’importance de mettre ces informations à la disposition du public, si possible sous la forme d’un registre central européen; souligne, en outre, que les PME et les entreprises à capitalisation moyenne qui ne sont pas des multinationales devraient être exemptes d'une telle obligation; demande au Conseil d'adopter, d'ici à la fin de l'année 2015, la position du Parlement votée dans la directive sur les droits des actionnaires en juillet 2015, souligne qu'il y a lieu de concevoir et de mettre en œuvre les obligations de transparence de manière à ce qu'elles ne mettent pas les entreprises de l'Union européenne en situation de désavantage concurrentiel;

138.

demande également aux États membres de mettre en place un système de renseignements par pays plus complet destiné aux autorités fiscales conformément à la norme de l’OCDE en la matière et incluant des informations plus détaillées concernant notamment les déclarations fiscales et les transactions intragroupes; souligne que la communication d'informations fiscales par les entreprises à d'autres administrations fiscales doit être accompagnée d'une amélioration du cadre de règlement des litiges afin de clarifier les droits respectifs de chaque partie et d'éviter tout effet secondaire néfaste; souligne que, vis-à-vis des administrations fiscales des pays tiers, les informations devraient être transmises uniquement aux autorités des pays qui ont des dispositions équivalentes à celles prévues par la convention d'arbitrage de l'Union européenne; demande également l'élaboration de normes comptables harmonisées, permettant, en particulier, une publication plus détaillée concernant les redevances;

139.

demande à la Commission d'appuyer cette position, dans la ligne de ses évaluations et positions antérieures, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l'extension de son application à toutes les entreprises multinationales opérant sur le marché intérieur, et demande à l’OCDE d'appuyer son extension à l'échelle mondiale afin de veiller à ce que des obligations similaires s’appliquent à toutes les entreprises exerçant des activités transfrontières; souligne que des mesures visant à améliorer la transparence, même si elles sont nécessaires, ne suffisent pas à résoudre la question de façon globale et que les systèmes d’imposition nationaux, européens et internationaux doivent être réexaminés en profondeur;

140.

souligne que l'opacité qui entoure actuellement le système fiscal international permet aux multinationales de contourner l'impôt et la législation des États en matière fiscale ainsi que de transférer leurs bénéfices dans des paradis fiscaux; invite la Commission et les États membres à veiller à ce que les autorités compétentes aient un accès complet aux registres centraux des bénéficiaires effectifs, tant pour les sociétés que pour les fiduciaires, conformément à la quatrième directive relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux; invite les États membres à transposer promptement la quatrième directive relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, en assurant un accès ample et simplifié aux renseignements figurant dans les registres centraux des propriétaires bénéficiaires; répète que, selon lui, ces registres devraient être publics;

141.

reconnaît les efforts accomplis par la Commission pour créer un numéro européen d'identification fiscale (NIF); invite la Commission à présenter une proposition de numéro d'identification fiscale (NIF) de l'Union, sur la base du projet de NIF européen figurant dans le Plan d’action de 2012 de la Commission pour renforcer la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales (action 22); rappelle que le NIF est considéré comme le meilleur moyen d'identifier les contribuables et exhorte par conséquent à accélérer la réalisation de ce projet; invite également la Commission à œuvrer activement à la création d'un numéro d'identification similaire à l'échelle mondiale, sur le modèle de l'identifiant international pour les entités juridiques (LEI) du Comité de surveillance réglementaire;

142.

souligne en outre l'importance de la transparence dans les enquêtes en cours sur les aides d'État qui s'intéressent aux rescrits fiscaux;

143.

invite la Commission à examiner les possibilités de mise en œuvre dans l'Union de dispositions similaires à la règle du «Governmental Accounting Standards Board» (GASB) (48), aux États-Unis, qui exige que les administrations nationales et locales communiquent le montant des recettes perdues en allégements fiscaux accordés pour le développement économique;

Protection des lanceurs d'alerte

144.

demande à la Commission de proposer d'ici juin 2016 la création d’un cadre législatif de l’Union destiné à assurer une protection efficace des lanceurs d'alerte et similaires; souligne qu'il n’est pas acceptable que les citoyens et les journalistes puissent faire l'objet de poursuites plutôt que bénéficier d'une protection juridique lorsque, au nom de l'intérêt public, ils divulguent des informations ou font rapport sur des soupçons d'abus, de méfaits, de fraude ou d'activité illégale, notamment dans des cas d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent, ou de toute autre conduite en violation des principes fondamentaux de l'Union, comme le principe de coopération loyale;

145.

demande à la Commission d'envisager une série d'instruments qui permettront d'assurer une telle protection contre toutes poursuites judiciaires, sanctions économiques ou discriminations injustifiées, tout en assurant la protection de la confidentialité et des secrets d’affaires; attire l’attention, à cet égard, sur l'exemple de la loi Dodd-Frank des États-Unis, qui rémunère les lanceurs d’alerte lorsqu'ils fournissent aux autorités des informations dignes de foi et les protège contre les poursuites judiciaires et la perte d’emploi, étant entendu que cette rémunération ne doit pas inciter à la publication d'informations commerciales sensibles; propose la création d'un organisme européen indépendant chargé de recueillir ces informations et de mener des enquêtes ainsi que d'un fonds commun pan-européen pour les lanceurs d'alerte, afin de veiller à ce que les lanceurs d'alerte reçoivent une assistance financière suffisante, cet organisme et ce fonds étant financés par un prélèvement d’un prorata des fonds recouvrés ou des amendes imposées; estime qu'il y a également lieu de protéger les lanceurs d'alerte s'ils informent le public après que les autorités compétentes au niveau national ou européen ont été averties et qu'aucune réaction n'a eu lieu dans un délai d'un mois;

Responsabilité sociale des entreprises

146.

considère qu'une stratégie fiscale responsable doit être considérée comme un pilier de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), en particulier au regard de la définition mise à jour de la responsabilité sociale des entreprises comme étant «la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu'elles exercent sur la société» (49); regrette que la plupart des entreprises n'intègrent pas cela dans leur rapport sur la RSE; souligne qu'une planification fiscale agressive est incompatible avec la RSE; demande à la Commission d'inclure cet élément et de définir correctement son contenu dans une stratégie de l'Union sur la responsabilité sociale des entreprises;

Pays tiers

OCDE

147.

soutient le plan d'action BEPS de l'OCDE tout en reconnaissant qu'il est le résultat d'un compromis qui ne va pas assez loin pour répondre à l'ampleur du problème de l'évasion fiscale et que ces propositions devraient être à la base de nouvelles actions au niveau européen et mondial; demande à l’OCDE, ses États membres et tous les autres pays concernés de mettre en place un outil de suivi performant pour évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre de ces lignes directrices, obtenir des preuves de leur efficacité et, le cas échéant, prendre des mesures correctives;

148.

recommande de renforcer la coopération et les liens institutionnels entre l’OCDE et la Commission afin de continuer à garantir la compatibilité des deux processus et d'éviter une approche du type «deux poids, deux mesures»; demande aux États membres de transposer rapidement en législation nationale l'ensemble de la législation européenne fondée sur les orientations de l'OCDE, de manière à faire de l'Union européenne un pionnier de la mise en œuvre des recommandations de l'OCDE; souligne, cependant, que l’approche de l’OCDE demeure fondée sur une législation non contraignante et que son action doit être complétée par un cadre législatif adapté au niveau de l’Union, afin de répondre aux besoins du marché unique, notamment sous la forme d’une directive anti-BEPS allant au-delà de l'initiative anti-BEPS de l'OCDE dans les domaines qui ne sont pas suffisamment couverts;

Paradis fiscaux

149.

plaide en faveur d'une approche commune de l'Union à l'égard des paradis fiscaux; demande en particulier à la Commission de poursuivre ses travaux sur l'élaboration et l'adoption d'une définition européenne et d'un ensemble commun de critères permettant d'identifier les paradis fiscaux, où qu'ils se trouvent, et sur des sanctions appropriées pour les pays qui coopèrent avec eux, conformément à sa recommandation de décembre 2012 relative à des mesures visant à encourager les pays tiers à appliquer des normes minimales de bonne gouvernance dans le domaine fiscal (notamment en allant au-delà de l’échange d’informations et de la transparence pour inclure la concurrence loyale en matière fiscale et une imposition efficace), et pour les entreprises qui les utilisent aux fins d'une planification fiscale agressive, ainsi que sur la définition de mesures communes appropriées s’appliquant à ces juridictions; renvoie à sa résolution susmentionnée du 21 mai 2013 sur «la lutte contre la fraude fiscale, l’évasion fiscale et les paradis fiscaux» pour une liste non exhaustive de ce type de mesures (50); rappelle que des listes véritablement européennes, régulièrement mises à jour et fondées sur des indicateurs complets, transparents, robustes, vérifiables objectivement et communément acceptés, seraient plus efficaces en tant qu'instrument de promotion de la bonne gouvernance en matière fiscale et facteur de modification des comportements au niveau fiscal à l'égard et au sein de ces juridictions;

150.

invite la Commission à inclure sur la liste noire européenne ces territoires qui accordent des avantages fiscaux à des sociétés sans exiger d'elles une activité économique substantielle dans le pays, offrent une imposition effective à un taux significativement bas et ne garantissent pas l'échange automatique d'informations en matière fiscale avec d'autres juridictions;

151.

souligne, en particulier, la nécessité de veiller à ce que les flux financiers sortants soient taxés au moins une fois, par exemple en imposant une retenue à la source ou des mesures équivalentes, pour éviter que les profits ne quittent l'UE sans être imposés, et demande à la Commission de présenter une proposition législative à cet effet, par exemple avec la révision de la directive «mères-filiales» et de la directive «intérêts et redevances»; insiste sur l'obligation de mettre en place un système permettant d'assurer qu'un document de confirmation doive être présenté aux autorités fiscales nationales et communiqué à la Commission afin d'attester cette opération, qui protégerait ainsi le marché unique et permettrait de maintenir le lien entre le lieu où la valeur économique et les bénéfices sont générés et le lieu de leur imposition; insiste pour qu'un tel système soit conçu soigneusement afin d'éviter une double imposition ou des différends; tout en soutenant l'approche multilatérale des questions fiscales prônée par l'OCDE qui vise à rationaliser les régimes fiscaux internationaux et à garantir que les bénéfices soient imposés là où la valeur est créée, demande à la Commission de renforcer le rôle de l'Union sur la scène internationale en s'exprimant d'une seule voix et d'œuvrer à la mise en place d'un cadre commun de l'Union pour les conventions fiscales bilatérales, ainsi qu'au remplacement progressif des très nombreuses conventions fiscales bilatérales individuelles par des conventions entre l'Union et des pays tiers; souligne qu'il s'agirait de la solution la plus immédiate pour lutter contre le «chalandage de conventions fiscales»; invite les États membres, entre-temps, à insérer dans leurs conventions fiscales des clauses empêchant leur utilisation abusive, conformément aux propositions du plan d'action BEPS;

152.

estime que la mise en place d'accords de libre-échange doit s'accompagner d'un renforcement de la coopération en matière fiscale afin d'empêcher l'évasion fiscale au sein d'entreprises en concurrence sur les mêmes marchés et de garantir des conditions de concurrence équitables; demande par conséquent à la Commission d'introduire des clauses fiscales dans tous les accords de libre-échange de l’Union, en vertu desquelles les pays partenaires seraient tenus de respecter la bonne gouvernance et la réciprocité en matière fiscale; insiste sur le fait que les travaux de la plateforme concernant la bonne gouvernance dans le domaine fiscal constituent une bonne base départ pour l'application de ce concept; souligne que le même modèle peut s'appliquer aux accords de coopération conclus par l'Union;

153.

demande aux organismes de l'Union de ne pas coopérer avec des pays et territoires non coopératifs en matière fiscale, ni avec les entreprises convaincues de fraude fiscale, d'évasion fiscale ou de planification fiscale agressive; demande que les institutions, comme la Banque européenne d'investissement (BEI) ou la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), s'abstiennent désormais de coopérer, par leurs intermédiaires financiers, avec des pays et territoires non coopératifs en matière fiscale; demande en outre aux organismes de l'Union de s'engager à ne plus accorder de financement européen aux entreprises convaincues de fraude fiscale, d'évasion fiscale ou de planification fiscale agressive;

154.

demande à la Commission d’utiliser tous les instruments à sa disposition pour favoriser une approche plus coordonnée à l'égard des pays développés afin de promouvoir une réciprocité accrue en matière fiscale, notamment au niveau de l’échange d’informations avec les États-Unis d’Amérique suite à l’entrée en vigueur de la loi sur la conformité fiscale des comptes étrangers; demande également à la Commission, dans le cadre de l'accord du 27 mai 2015 entre l'Union européenne et la Suisse relatif à l'échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers, de surveiller de très près, afin de préserver le marché unique, la suppression progressive prévue de certaines pratiques fiscales dommageables utilisées en Suisse, conformément aux lignes directrices du plan d'action BEPS, ainsi que la non-introduction à l'avenir d'autres mesures fiscales dommageables; invite la Commission, lors des négociations en cours avec la Suisse, à suggérer l'introduction de dispositions sur les entreprises sous contrôle étranger en droit suisse; insiste pour que la Commission s'assure que la Suisse suit l'approche de l'Union en matière fiscale et en fasse rapport au Parlement;

155.

rappelle que tous les États membres ont choisi une approche multilatérale de l'échange automatique d'informations par le biais de la convention concernant l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale et la révision en 2014 des directives européennes pertinentes (51); souligne que ces deux initiatives sont des facteurs-clés pour combattre l'évasion fiscale et le secret bancaire car elles entraînent pour les établissements financiers l'obligation de communiquer aux administrations fiscales une large gamme d'informations sur les résidents tirant des revenus d'actifs détenus à l'étranger;

Pays en développement

156.

souligne qu'il convient d'accorder une attention particulière, au niveau national, européen et international, à la situation des pays en développement, et en particulier à celle des pays les moins développés qui habituellement sont les plus touchés par l'évasion fiscale des groupes privés et ont une base d'imposition particulièrement réduite et de faibles ratios impôts/PIB, lors de l'élaboration des actions et des mesures de lutte contre l'évasion fiscale; souligne que ces actions et mesures devraient contribuer à engendrer des recettes publiques correspondant à la valeur ajoutée générée sur le territoire des pays concernés, de manière à financer d'une façon appropriée leurs stratégies de développement, la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et le programme de développement pour l'après- 2015; salue, à cet égard, les travaux du comité d'experts des Nations unies sur la coopération internationale en matière fiscale; demande à la Commission de soutenir les intérêts des pays en développement dans les initiatives internationales existantes et de faire participer des représentants de pays en développement à sa plateforme concernant la bonne gouvernance dans le domaine fiscal;

157.

demande aux pays membres de l'Union européenne et de l'OCDE participant au projet BEPS de faire en sorte que la nouvelle norme mondiale d'échange automatique de renseignements élaborée par l'OCDE prévoie une période de transition pour les pays en développement qui ne sont pas encore en mesure de remplir les conditions nécessaires à l'échange automatique croisé d'informations en raison de l'insuffisance de leurs capacités administratives;

158.

demande à la Commission de proposer de nouvelles mesures pour contribuer à développer les capacités administratives des pays en développement, notamment dans le domaine fiscal, en vue de permettre un échange de renseignements efficace en matière fiscale avec leurs administrations; demande la création d'une plateforme pour les pays en développement par la mise en œuvre de projets pilotes d'échange automatique d'informations fiscales; invite les pays en développement à encourager les accords régionaux ou d'autres formes de coopération en matière fiscale pour renforcer leur pouvoir de négociation face aux investisseurs étrangers et aux sociétés multinationales, et s'attaquer aux questions d'intérêt commun;

159.

invite les États membres à s'assurer que leurs agences d'aide au développement disposent d'une expertise technique suffisante pour traiter des questions fiscales dans leurs politiques de développement, notamment en ce qui concerne les ministères des finances et les administrations fiscales;

160.

rappelle le plan d'action présenté dans sa résolution du 8 juillet 2015 sur l'évasion fiscale et la fraude fiscale: des défis pour la gouvernance, la protection sociale et le développement dans les pays en développement; encourage l'ensemble des pays et des organisations internationales, telles que les Nations unies, à être partie prenante d'un processus inclusif et à contribuer au projet BEPS OCDE/G20 en matière fiscale, encourageant la transparence de la fiscalité au niveau international ainsi que l'échange de renseignements fiscaux au niveau mondial, notamment grâce à la définition d'une norme d'information fiscale commune unique pour l'échange automatique de renseignements fiscaux ou la divulgation au public du propriétaire bénéficiaire; invite la Commission et les États membres à soutenir l'attribution d'un rôle plus grand à l'ONU dans le futur débat international sur les questions fiscales, par exemple en soutenant la création d'un organisme fiscal mondial sous l'égide des Nations unies;

Conseillers fiscaux

161.

attire l'attention sur la juxtaposition problématique et contestable, au sein de mêmes sociétés, de services de conseil fiscal, de contrôle fiscal et d'expertise fiscale destinés, d'une part, à faciliter le travail des administrations fiscales, par exemple pour la conception de régimes fiscaux ou l'amélioration de la perception d'impôts, et, d'autre part, à fournir des services de planification fiscale aux multinationales, en tirant parti, le cas échéant, des faiblesses des législations nationales en matière fiscale;

162.

rappelle l'existence d'un cadre juridique européen notamment constitué par le dernier paquet portant réforme du marché de l'audit et approuvé par le Parlement le 3 avril 2014 (52); demande à la Commission de s'assurer que les dispositions législatives pertinentes s'appliquent effectivement dans les États membres dans les délais prévus et conformément aux objectifs recherchés

163.

invite la Commission à proposer des lignes directrices pour le secteur des services de conseil fiscal et la mise en place d'un régime d'incompatibilité au niveau de l'Union pour les conseillers fiscaux et, le cas échéant, les banques, en établissant ainsi un cadre permettant d'éviter efficacement les conflits d'intérêts entre «services au secteur public» et «services au secteur privé»;

164.

demande, en outre, à la Commission de mener une étude pour évaluer le degré de concentration dans ce secteur et, en conséquence, une éventuelle distorsion de la concurrence; recommande que cette enquête examine également, en particulier, si la combinaison de fonctions de conseil fiscal et de contrôle fiscal au sein des mêmes entreprises peut aboutir à des conflits d'intérêts et recommande de proposer des mesures en conséquence, y compris l'introduction de mécanismes de séparation des services au sein des sociétés de conseil;

165.

invite la Commission à envisager d'urgence la possibilité d'introduire un cadre législatif prévoyant des sanctions suffisantes pour les sociétés, banques, entreprises d'audit et conseillers financiers convaincus de participer à la mise en œuvre ou à la promotion du contournement illégal de l'impôt et de l'optimisation fiscale agressive; souligne que ces sanctions devraient avoir un effet dissuasif et peuvent comprendre, entre autres, des amendes, le refus d'accès aux financements du budget de l'Union européenne, l'interdiction de tout rôle consultatif dans les institutions de l'Union et, dans des cas extrêmes et répétés, la révocation des autorisations d'exercer;

Mesures complémentaires au niveau national

166.

insiste pour que de nouvelles mesures soient prises au niveau national afin de lutter contre l’évasion fiscale, tant dans le cadre de l’Union européenne que de l’OCDE, étant donné que des réactions non coordonnées peuvent créer des incompatibilités et ouvrir la voie à de nouvelles possibilités d'évasion fiscale; souligne que le meilleur moyen de lutter contre l’érosion de la base d'imposition est la coopération, plutôt que l'introduction unilatérale de régimes préférentiels pour attirer les investissements;

167.

invite la Commission à élaborer des lignes directrices pour les amnisties fiscales accordées par les États membres dans le but de définir les circonstances dans lesquelles de telles amnisties seraient conformes aux dispositions des traités européens sur la libre circulation des capitaux, la libre prestation de services, le versement d'aides d'État ou le blanchiment d'argent sale ou à l'approche commune de l'Union contre les paradis fiscaux; rappelle la nécessité d'utiliser de telles pratiques avec une extrême prudence, afin de ne pas inciter les évadés fiscaux à patienter jusqu'à la prochaine amnistie;

168.

demande aux États membres de mettre en place un régime de retenue à la source sur les redevances permettant de taxer également les redevances versées dans des pays tiers qui ne sont pas couverts par des conventions fiscales bilatérales;

169.

demande instamment à chaque État membre d’effectuer, le cas échéant avec l’assistance technique de la Commission, des analyses d’impact qui couvrent les répercussions dans d'autres pays, avant d’adopter des mesures fiscales susceptibles d’avoir un impact à l’étranger; appelle de ses vœux un engagement fort des parlements nationaux sur la question de l'évasion fiscale étant donné que tout régime ou traitement fiscal devrait faire l'objet d'une évaluation appropriée et d'un contrôle démocratique par le législateur;

170.

demande, instamment et fortement, aux États membres d'interrompre et de reconsidérer la réduction des ressources au sein de leurs administrations fiscales, d'accroître l'investissement et d'augmenter l'efficacité de ces administrations, tout en veillant à un redéploiement judicieux du personnel ainsi qu'à la modernisation des technologies et à la mise à jour des connaissances techniques, en vue de lutter contre le développement et l'impact de pratiques fiscales dommageables, qui sont devenues de plus en plus sophistiquées; invite la Commission à apporter son soutien technique à ces initiatives, en particulier dans le cadre du programme Fiscalis 2020; demande également aux États membres d'œuvrer à des régimes fiscaux plus simples, effectifs et transparents, dans leur intérêt comme dans celui des entreprises et des citoyens;

171.

rappelle que les marchés publics représentent 16 % du produit intérieur brut de l'Union européenne; demande d'évaluer la possibilité d'introduire des critères liés à la fiscalité, à la transparence ou à la coopération dans l'attribution des marchés publics au cours du prochain cycle de modification de la directive sur les marchés publics; invite également les États membres à envisager d'exclure de la participation aux marchés publics les sociétés dont il est prouvé qu'elles ont appliqué des formules de planification fiscale agressive ou d'évasion fiscale;

172.

souligne, enfin, que la règle de l'unanimité au sein du Conseil, qui attribue à chaque État membre un droit de veto, n'encourage pas à sortir du statu quo pour trouver une solution davantage axée sur la coopération; demande à la Commission de ne pas s'abstenir de recourir, le cas échéant, à l'article 116 du traité FUE, qui dispose ce qui suit: «Au cas où la Commission constate qu'une disparité existant entre les dispositions législatives, réglementaires ou administratives des États membres fausse les conditions de concurrence sur le marché intérieur et provoque une distorsion qui doit être éliminée, elle consulte les États membres intéressés. Si cette consultation n'aboutit pas à un accord éliminant la distorsion en cause, le Parlement européen et le Conseil, statuant conformément à la procédure législative ordinaire, arrêtent les directives nécessaires à cette fin (…)»;

173.

s'engage à poursuivre les travaux commencés par sa commission spéciale, en se penchant sur les obstacles qui ont empêché celle-ci de mener à bien son mandat dans son intégralité, et à assurer un bon suivi de ses recommandations; charge ses autorités compétentes d'identifier le meilleur cadre institutionnel pour atteindre cet objectif;

174.

renouvelle sa demande d'accès à tous les documents de l'Union sur le sujet; demande à son Président de transmettre cette demande à la Commission et au Conseil et de leur expliquer clairement que le Parlement est déterminé à user de tous les moyens possibles dont il dispose pour atteindre ce but;

175.

demande à sa commission compétente d’assurer le suivi de ces recommandations dans son prochain rapport d’initiative législative sur le sujet;

176.

invite sa commission des affaires constitutionnelles à suivre l'application de ces recommandations, en particulier l'insertion de clauses de coopération, à valeur contraignante, dans le code de conduite des organisations inscrites au registre de transparence et les modifications dans les règles d'accès aux documents entre les institutions européennes, dans le but de mieux les conformer au principe de coopération sincère inscrit dans le traité;

o

o o

177.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil européen, au Conseil, à la Commission, aux États membres, aux parlements nationaux, au G20 et à l'OCDE.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0039.

(2)  Directive 2011/16/UE du Conseil du 15 février 2011 relative à la coopération administrative dans le domaine fiscal et abrogeant la directive 77/799/CEE (JO L 64 du 11.3.2011, p. 1), concernant l'assistance mutuelle des autorités compétentes des États membres dans le domaine des impôts directs.

(3)  Directive 2003/49/CE du Conseil du 3 juin 2003 concernant un régime fiscal commun applicable aux paiements d'intérêts et de redevances effectués entre des sociétés associées d'États membres différents (JO L 157 du 26.6.2003, p. 49).

(4)  JO L 225 du 20.8.1990, p. 6.

(5)  JO L 158 du 27.5.2014, p. 196.

(6)  JO L 83 du 27.3.1999, p. 1.

(7)  JO L 336 du 27.12.1977, p. 15.

(8)  JO L 141 du 5.6.2015, p. 73.

(9)  JO C 384 du 10.12.1998, p. 3.

(10)  JO C 258 E du 7.9.2013, p. 134.

(11)  JO C 2 du 6.1.1998, p. 2.

(12)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0257.

(13)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0265.

(14)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0089.

(15)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0062.

(16)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0444.

(17)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0205.

(18)  JO C 258 E du 7.9.2013, p. 53.

(19)  JO C 199 E du 7.7.2012, p. 37.

(20)  JO C 341 E du 16.12.2010, p. 29.

(21)  Tendances de la fiscalité dans l'Union européenne, édition 2014, Eurostat.

(22)  Tendances de la fiscalité dans l'Union européenne, livres statistiques d'Eurostat, édition 2014.

(23)  Commission européenne (2015), «SME taxation in Europe — an empirical study of applied corporate income taxation for SMEs compared to large enterprises» [Imposition des PME en Europe — une étude empirique sur l'imposition des sociétés appliquée aux PME par rapport à celle appliquée aux grandes entreprises].

(24)  Documents d'orientation du FMI «Spillovers in international corporate taxation» (Retombées dans le domaine de la fiscalité internationale), du 9 mai 2014, et «Base Erosion, Profit Shifting and Developing Countries» (Érosion de l'assiette, transfert de bénéfices et pays en développement), du 29 mai 2015.

(25)  Rapport du 10 février 2012 de Richard Murphy, expert-comptable, intitulé «Closing the European Tax Gap» (Réduire le manque à gagner fiscal en Europe).

(26)  Valeur ajoutée européenne du rapport d'initiative législative intitulé «Favoriser la transparence, la coordination et la convergence des politiques en matière d'impôt sur les sociétés au sein de l'Union européenne», Benjamin Ferrett, Daniel Gravino et Silvia Merler, Parlement européen.

(27)  «Unhappy meal — €1 Billion in Tax Avoidance on the Menu at McDonald’s» (Un Happy meal pas si heureux — 1 milliard d'euros d'évasion fiscale au menu de McDonald's), FSESP e. a., février 2015.

(28)  Document de travail des services de la Commission du 17 juin 2015 intitulé «Corporate Income Taxation in the European Union» (Impôt sur les sociétés dans l'Union européenne)(SWD(2015)0121).

(29)  «A study on R&D Tax incentives» (Étude sur les incitations fiscales à la R&D), document de travail sur la fiscalité no 52-2014, Commission.

(30)  «Prix de transfert: le principe de pleine concurrence», L'Observateur OCDE, vol. 230, janvier 2002 (revu en 2008).

(31)  Chambre des communes, données orales présentées devant la commission des comptes publics, 31 janvier 2013.

(32)  Communiqué de presse de l'OCDE, «L'OCDE plaide en faveur d'une intensification de la coopération internationale concernant la fiscalité des entreprises», publié le 12.2.2013.

(33)  «SME taxation in Europe — an empirical study of applied corporate income taxation for SMEs compared to large enterprises» [Imposition des PME en Europe — une étude empirique sur l'imposition des sociétés appliquée aux PME par rapport à celle appliquée aux grandes entreprises], Commission européenne, mai 2015, et P. Egger, W. Eggert et H. Winner (2010), «Saving taxes through foreign plant ownership» [Faire des économies d'impôts en acquérant des usines à l'étranger], Journal of International Economics, vol. 81, p. 99-108.

(34)  Affaires C-106/09 P et C-107/09 P Commission contre Government of Gibraltar et Royaume-Uni, arrêt du 15 novembre 2011

(35)  Si les mesures adoptées par un État membre s'appliquent à l'ensemble du régime fiscal, elles constituent des ajustements de politique générale en matière fiscale et non des aides d'État.

(36)  Note adressée par Mme Vestager, membre de la Commission, à la commission TAXE le 29 avril 2015.

(37)  Obligation de coopérer et de fournir tous les documents nécessaires conformément au règlement (CE) no 659/1999 du Conseil du 22 mars 1999 portant modalités d'application de l'article 108 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.

(38)  Étude publiée par le FMI, «Spillovers in international corporate taxation», 9 mai 2014.

(39)  Document de travail du FMI, «Base erosion, profit shifting and developing countries»’ («Érosion de l'assiette, transfert de bénéfices et pays en développement»), mai 2015.

(40)  Étude, «Recouvrement des recettes fiscales dans les pays en développement: problèmes de fond et enjeux», Parlement européen, avril 2014.

(41)  Rapport sur l’investissement dans le monde 2015, Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement

(42)  Rapport Christian Aid, 2008.

(43)  JO C 264 E du 13.9.2013, p. 41.

(44)  Airbus, BNP Paribas, SSE plc et Total S.A.

(45)  Amazon, Anheuser-Busch InBev, Barclays Bank Group, Coca-Cola Company, Facebook, Google, HSBC Bank plc, IKEA, McDonald’s Corporation, Philip Morris, The Walt Disney Company.

(46)  Fiat Chrysler Automobiles, Walmart.

(47)  Code de conduite figurant à l'annexe III de l'accord interinstitutionnel de 2014 sur le registre de transparence.

(48)  «Tracking corporate tax breaks: a welcome new form of transparency emerges in the US», Tax Justice Network.

(49)  «Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions. Responsabilité sociale des entreprises: une nouvelle stratégie de l'UE pour la période 2011-2014», (COM(2011)0681), p. 6.

(50)  Il s'agit notamment, pour ne citer que quelques exemples: de suspendre ou de résilier les conventions existantes en matière de double imposition établies avec les juridictions figurant sur la liste noire; d'interdire l'accès aux marchés publics de biens et services de l'Union et de refuser l'octroi de toute aide d'État aux sociétés ayant leur siège dans des juridictions figurant sur la liste noire, d'interdire aux établissements financiers et conseillers financiers de l'Union de créer ou de conserver des filiales ou des succursales dans des juridictions figurant sur la liste noire, et d'envisager de révoquer les licences des établissements financiers et des conseillers financiers européens qui conservent des filiales et continuent d'opérer dans des juridictions figurant sur la liste noire, d'instaurer un prélèvement spécial sur toutes les opérations en direction ou en provenance de juridictions figurant sur la liste noire, d'examiner diverses options pour la non-reconnaissance, au sein de l'Union, du statut juridique des sociétés constituées dans des juridictions figurant sur la liste noire, d'appliquer des barrières tarifaires en cas de commerce avec des pays tiers figurant sur la liste noire,

(51)  Directive sur la fiscalité de l'épargne et directive relative à la coopération administrative.

(52)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0283 et P7_TA(2014)0284.


ANNEXE 1

LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES

(RÉUNIONS DES COMMISSIONS ET DÉLÉGATIONS)

Date

Intervenants

30.3.2015

Pierre Moscovici, commissaire chargé des affaires économiques et financières, de la fiscalité et des douanes

16.4.2015

Serge Colin, président de l'UFE (Union du personnel des finances en Europe)

Fernand Müller, président du Comité fiscal de l'UFE

Paulo Ralha, président du syndicat portugais des employés des impôts

François Goris, (président de l'UNSP-NUOD) au nom de la Confédération européenne des syndicats indépendants (CESI)

Nadja Salson, Fédération syndicale européenne des services publics

Henk Koller, président de la Confédération fiscale européenne (CFE)

Olivier Boutellis-Taft, chef exécutif de la Fédération des experts comptables européens (FEE)

Ravi Bhatiani, directeur des affaires juridiques d'Independent Retail Europe

5.5.2015

Margrethe Vestager, commissaire chargée de la concurrence

Wolfgang Nolz, président du groupe Code de conduite

Jane McCormick, directrice «fiscalité» pour la région EMA, associée principale, KPMG

Chris Sanger, directeur mondial pour les questions fiscales, associé, Ernst & Young

Stef van Weeghel, responsable mondial pour les questions fiscales, associé, PwC

Bill Dodwell, directeur pour les questions fiscales, Deloitte Royaume-Uni

11.5.2015

Audition publique sur les rescrits fiscaux et autres pratiques fiscales dommageables

Stephanie Gibaud, lanceuse d'alerte, ex-employée d'UBS

Lutz Otte, lanceur d'alerte et ex-contractant informatique chez Julius Baer

Kristof Clerix, consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ)

Edouard Perrin, membre de l'ICIJ

Richard Brooks, membre de l'ICIJ

Lars Bové, membre de l'ICIJ

Xavier Counasse, journaliste au quotidien «Le Soir»

Dominique Berlin, Collège européen de Paris, Université Panthéon-Assas (Paris 2)

Gabriel Zucman, professeur assistant, London School of Economics and Political Sciences

Achim Doerfer, avocat dans le domaine fiscal, auteur et juriste/philosophe

12.5.2015

Délégation en Belgique

Jacques Malherbe, Université catholique de Louvain (UCL)

Axel Haelterman, Université catholique de Leuven (KUL)

Werner Heyvaert, expert fiscal, Jones Day

Wim Wuyts, directeur fiscal — président de la commission fiscale de la FEB et Hilde Wampers, vice-présidente, fiscalité — groupe finance FEB

Christophe Quintard, (expert de la FGTB, ex-contrôleur fiscal)

Eric van Rompuy (président) et plusieurs membres de la commission du budget et des finances publiques du parlement fédéral

Steven Van den Berghe, directeur du service des rescrits fiscaux

Johan Van Overtveld, ministre des finances (réunion tenue le 17 juin 2015)

18.5.2015

Délégation au Luxembourg

Wim Piot, Tax leader chez PwC Luxembourg

Nicolas Mackel, PDG de Luxembourg for Finance

Christine Dahm, directrice, et Mike Mathias, membre du Cercle de coopération des ONG du développement

Eugène Berger (président) et plusieurs membres de la commission des finances du parlement

Pierre Gramegna, ministre des finances

Pascale Toussing, directrice des affaires fiscales, ministère des finances et plusieurs membres de l'administration fiscale

22.5.2015

Délégation à Berne, Suisse

Markus R. Neuhaus, président du conseil d'administration de PwC Suisse, membre de l'Office of the Global Chairman of PwC

Frank Marty, membre de la direction, responsable finances et impôts, Économie suisse

François Baur, délégué permanent à Bruxelles, responsable affaires européennes, Économie suisse

Martin Zogg, membre du comité exécutif, responsable Fiscalité nationale et internationale, Swiss Holdings

Urs Kapalle, directeur Politique financière et fiscalité, Association suisse des banquiers

Mark Herkenrath, Alliance Sud, membre de Global Alliance for Tax Justice

Olivier Longchamp, Déclaration de Berne (DoB)

Jacques de Watteville, secrétaire d'État aux questions financières internationales (SFI)

M. Christoph Schelling, ambassadeur, chef de la division Fiscalité

Adrian Hug, directeur de l'administration fédérale des contributions

Ruedi Noser, membre du Conseil national, président de la commission de politique économique et fiscale

Urs Schwaller, membre du Conseil des États

Ulrich Trautmann, Premier conseiller aux Affaires commerciales et économiques, délégation de l'Union européenne auprès de la Suisse et du Liechtenstein

Marco Salvi, directeur de recherche, Avenir Suisse

27.5.2015

Réunion avec le gouvernement britannique de Gibraltar (coordinateurs TAXE)

Fabian Picardo, Premier ministre

Joseph Garcia, vice-premier ministre

28.5.2015

Délégation à Dublin, Irlande

Martin Lambe, directeur général, Irish Tax Institute

Michael Noonan, ministre des finances

Niall Cody, président de la commission des recettes

Liam Twomy (président) et plusieurs membres de la commission des finances du parlement irlandais (Oireachtas) + commission mixte chambre-sénat des affaires européennes

Frank Barry, Trinity College Dublin (TCD)

Seamus Coffey, University College Cork (UCC)

Feargal O'Rourke, responsable fiscalité, PwC

Conor O'Brien, responsable fiscalité, KPMG

Jim Clarken, PDG d'Oxfam Ireland

Micheál Collins, Nevin Economic Research Institute (NERI).

29.5.2015

Délégation à La Haye, Pays-Bas

Sjoera Dikkers, députée, et plusieurs membres de la commission des finances du Parlement néerlandais

Bartjan Zoetmulder, association néerlandaise des experts fiscaux

Hans Van den Hurk, université de Maastricht

Indra Römgens, SOMO, organisation de recherche en réseau indépendante, à but non lucratif

Francis Weyzig, Oxfam

Pieterbas Plasman, directeur du bureau des rescrits fiscaux

Eric Wiebes, secrétaire d'État aux finances

1.6.2015

Audition publique sur la dimension internationale des rescrits fiscaux et autres mesures

Mario Monti, sénateur, ancien commissaire chargé de la concurrence et de l'union douanière, de la fiscalité et du marché intérieur

Tove Maria Ryding, responsable de la politique et de la promotion, Réseau européen sur la dette et le développement (Eurodad)

Antoine Deltour, lanceur d'alerte, ancien auditeur, PwC Luxembourg

17.6.2015

Réunion interparlementaire sur le thème «Planification fiscale agressive et contrôle démocratique: rôle des parlements»

Trente-sept députés de dix-huit parlements nationaux:

AT, BE, CY, CZ, FR, DE, GR, HU, IE, IT, LT, LU, MT, PL, PT, RO, ES, SV

Heinz Zourek, directeur général de la DG TAXUD

Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE

18.6.2015

Délégation à Londres, Royaume-Uni

David Gauke, député, secrétaire d'État au trésor chargé des finances

Jim Harra, directeur général, fiscalité des entreprises, HM Revenue & Customs

Fergus Harradence, directeur adjoint, fiscalité des entreprises, service des entreprises et de la fiscalité internationale, HM Treasury

Andrew Dawson, directeur du service de la convention fiscale, négociateur en chef pour les conventions fiscales du Royaume-Uni

Maura Parsons, directrice adjointe, chef du service des prix de transfert du HMRC, Business International, et présidente du comité des prix de transfert au HMRC

Meg Hillier (présidente), Margaret Hodge (ex-présidente) et Guto Bebb, membre de la commission des comptes publics, Chambre des communes

Prem Sikka, chaire de comptabilité, Essex Business School, University of Essex

Frank Haskew, directeur de la faculté de Finance de l'ICAEW (Institute of Chartered Accountants in England and Wales); et Ian Young, responsable de la fiscalité internationale

Will Morris, président du comité de la fiscalité et du comité fiscal du BIAC Confédération de l'industrie britannique (CBI)

Richard Collier, directeur «fiscalité», PwC

Joseph Stead, Christian Aid

Meesha Nehru, directrice de programme, Fair Tax Mark

23.6.2015

Échange de vues avec des entreprises multinationales

Nathalie Mognetti, directrice fiscale, Total S.A.

Martin McEwen, directeur fiscal, SSE plc

Christian Comolet-Tirman, responsable des affaires fiscales, groupe BNP Paribas

25.6.2015

Réunion avec le gouvernement britannique des Bermudes (coordinateurs TAXE)

Everard Bob Richards, Vice-Premier ministre et ministre des finances

Alastair Sutton, conseiller juridique de l'UE auprès du gouvernement des Bermudes

2.7.2015

Richard Murphy, Tax Research LLP et membre fondateur du Réseau pour la justice fiscale

Guillaume de la Villeguérin, vice-président, impôts et douanes, Airbus

17.9.2015

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne

Pierre Moscovici, commissaire européen chargé des affaires économiques et financières, de la fiscalité et des douanes

Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la concurrence

22.9.2015

Pierre Gramegna, président du Conseil ECOFIN et ministre des finances du Luxembourg

Wolfgang Schäuble, ministre fédéral allemand des finances

Luis de Guindos, ministre espagnol de l'économie et de la compétitivité

Michel Sapin, ministre français des finances et des comptes publics

Pier Carlo Padoan, ministre italien de l'économie et des finances

16.11.2015

Échange de vues avec des entreprises multinationales

Monique Meche, vice-présidente, Global Public Policy, Amazon

Malte Lohan, Global Corporate Affairs Director, Anheuser-Busch InBev SA

Mark Hubbard, directeur mondial pour les questions fiscales, Barclays Bank Group

Delphine Reyre, directrice de la politique publique, Europe du Sud, Facebook

Iain McKinnon, chef du groupe Fiscalité, HSBC

Krister Mattsson, chef de la division "Fiscalité des entreprises, assurances, fiscalité et trésorerie, groupe IKEA

Irene Yates, vice-présidente, fiscalité des entreprises, McDonald’s Europe

Werner Schuster, vice-président, fiscalité, Philip Morris International

Nicklas Lundblad, directeur, politiques publiques et relations gouvernementales, Google

John Stowell, vice-président, fiscalité des entreprises, The Walt Disney Company

Robert Jordan, vice-président, conseiller fiscal, Coca-Cola Company


ANNEXE 2

LISTE DES RÉPONSES PAR PAYS/INSTITUTION

(situation au 16 novembre 2015)

Pays

Réponse

Première demande transmise le 23.4.2015 — délai: 31.5.2015

Suède

29.5.2015

Jersey

29.5.2015

Guernesey

31.5.2015

Luxembourg

1.6.2015

Finlande

2.6.2015

Slovaquie

3.6.2015

Irlande

5.6.2015

Pays-Bas

8.6.2015

Royaume-Uni

8.6.2015

France

10.6.2015

République tchèque

11.6.2015

Lettonie

16.6.2015

Belgique

16.6.2015

Malte

18.6.2015

Premier rappel transmis le 29.6.2015 — délai: 9.7.2015

Portugal

30.6.2015

Pologne

2.7.2015

Lituanie

3.7.2015

Hongrie

7.7.2015

Croatie

8.7.2015

Estonie

10.7.2015

Grèce

10.7.2015

Espagne

10.7.2015

Gibraltar

13.8.2015

Danemark

26.8.2015

Allemagne

2.9.2015

Roumanie

3.9.2015

Italie

17.9.2015

Dernier rappel transmis le 21.9.2015

Autriche

21.9.2015

Chypre

22.9.2015

Bulgarie

28.9.2015

Slovénie

28.9.2015


INSTITUTIONS

Réponse

Commission

29.4.2015

3.6.2015

31.8.2015

23.10.2015

9.11.2015

Conseil

29.5.2015

15.6.2015

27.7.2015


ANNEXE 3

ENTREPRISES MULTINATIONALES INVITÉES

À PARTICIPER AUX RÉUNIONS DES COMMISSIONS

Dénomination

Invités/représentants

Situation au 16 novembre 2015

Airbus

Guillaume de La Villeguérin,

vice-président, impôts et douanes

a participé — 2.7.2015

BNP Paribas

Christian Comolet-Tirman,

responsable des affaires fiscales

a participé — 23.6.2015

SSE plc

Martin McEwen, directeur fiscal

a participé — 23.6.2015

Total S.A.

Nathalie Mognetti,

directrice fiscale

a participé — 23.6.2015

Amazon

Monique Meche, vice-présidente, Global Public Policy

a participé — 16.11.2015

Anheuser-Busch InBev

Malte Lohan, directeur mondial pour les affaires d'entreprises

a participé — 16.11.2015

Barclays Bank Group

Mark Hubbard, directeur mondial pour les questions fiscales

a participé — 16.11.2015

Coca-Cola Company

Robert Jordan, vice-président, conseiller fiscal

a participé — 16.11.2015

Facebook

Delphine Reyre, directrice de la politique publique, Europe du Sud

a participé — 16.11.2015

Google

Nicklas Lundblad, directeur, politiques publiques et relations gouvernementales

a participé — 16.11.2015

HSBC Bank plc

Iain McKinnon, chef du groupe Fiscalité

a participé — 16.11.2015

Groupe IKEA

Krister Mattsson, chef de la division "Fiscalité des entreprises, assurances, fiscalité et trésorerie

a participé — 16.11.2015

McDonald’s Europe

Irene Yates, vice-présidente, fiscalité des entreprises

a participé — 16.11.2015

Philip Morris

International

Werner Schuster, vice-président, fiscalité

a participé — 16.11.2015

The Walt Disney Company

John Stowell, vice-président, fiscalité des entreprises

a participé — 16.11.2015

Fiat Chrysler Automobiles

Sergio Marchionne,

directeur général

a décliné l'invitation, en raison d'une enquête en cours

Walmart

Shelley Broader,

président directeur général, Europe, Moyen Orient et Afrique

a décliné l'invitation


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/96


P8_TA(2015)0409

Autorisation d'utilisations du bis(2-ethylhexhyl) phthalate (DEHP)

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur le projet de décision d'exécution de la Commission XXX accordant une autorisation d'utilisations du bis(2-ethylhexhyl) phthalate (DEHP) en vertu du règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil (D041427 — 2015/2962(RSP))

(2017/C 366/07)

Le Parlement européen,

vu le projet de décision d'exécution de la Commission accordant une autorisation d'utilisations du bis(2-ethylhexhyl) phthalate (DEHP) en vertu du règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil (D041427),

vu le règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil (1), et notamment son article 64, paragraphe 8,

vu les avis du comité d'évaluation des risques et du comité d'analyse socio-économique (2), conformément à l'article 64, paragraphe 5, troisième alinéa, du règlement (CE) no 1907/2006.

vu l'article 11 du règlement (UE) no 182/2011 du Parlement européen et du Conseil (3),

vu la directive 2008/98/CE (4), et notamment son article 4,

vu la décision no 1386/2013/UE du Parlement européen et du Conseil (5), et notamment son annexe, paragraphe 43, point viii),

vu la directive déléguée (UE) 2015/863 de la Commission (6),

vu sa résolution du 9 juillet 2015 sur l'utilisation efficace des ressources: vers une économie circulaire (7),

vu la proposition de résolution de sa commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire,

vu l'article 106, paragraphes 2 et 3, de son règlement,

A.

considérant que le DEHP figure à l'annexe XIV du règlement (CE) no 1907/2006 (règlement REACH) en raison de sa classification en tant que substance de catégorie 1B toxique pour la reproduction; considérant que le DEHP figure sur la liste REACH des substances candidates en raison de ses propriétés reprotoxiques;

B.

considérant que la Commission vise, au moyen d'un projet de décision d'exécution sur le recensement du bis(2-ethylhexyl) phthalate (DEHP), du dibutyl phthalate (DBP), du benzyl butyl phthalate (BBP) et du diisobutyl phthalate (DIBP) en tant que substances extrêmement préoccupantes, conformément à l'article 57, point f), du règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil, à recenser le DEHP en tant que substance extrêmement préoccupante;

C.

considérant que dès 2000, sur la base de la communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen sur une stratégie communautaire concernant les perturbateurs endocriniens (COM(1999)0706), le DEHP a été inscrit à l'annexe 1 contenant la liste de 553 substances candidates au titre de la catégorie I de produits chimiques dont il apparaît qu'ils exercent une action perturbant le système endocrinien chez au moins une espèce, des animaux intacts étant utilisés (8);

D.

considérant que le DEHP figurait parmi les six premiers composés devant être retirés de la circulation en vertu du règlement REACH, comme annoncé par la Commission le 17 février 2011 (9);

E.

considérant que, le 12 décembre 2014, le comité des États membres est convenu, à l'unanimité, de recenser le DEHP en tant que substance suscitant un niveau de préoccupation équivalent du fait de ses propriétés perturbant le système endocrinien dans l'environnement (10); considérant que le comité des États membres a reconnu à l'unanimité que, dans le cas du DEHP, des preuves scientifiques existent d'une action perturbant le système endocrinien et du lien de cause à effet entre cette action et des effets néfastes sur la santé humaine;

F.

considérant que la Commission prend acte de l'accord unanime au comité des États membres pour déclarer que les quatre phtalates, y compris le DEHP, ont des propriétés perturbant le système endocrinien et que les effets néfastes de ce mode d'action sont les mêmes que ceux qui ont conduit à leur classification en tant que substances toxiques pour la reproduction et à leur recensement en tant que substances très préoccupantes au titre de l'article 57, point c), du règlement REACH; considérant que la Commission observe également que la majorité des membres du comité des États membres estiment que ces effets suscitent un niveau de préoccupation équivalent;

G.

considérant que, le 21 octobre 2015, la Commission a présenté un projet d'acte d'exécution pour recenser le DEHP en tant que substance possédant des propriétés perturbant le système endocrinien dont les effets sur la santé humaine donnent lieu à un niveau de préoccupation équivalent au titre de l'article 57, point f), du règlement REACH;

H.

considérant que l'avis du comité d'évaluation des risques constate le mode d'action endocrinien du DEHP mais reconnaît également qu'il a été inscrit à l'annexe XIV en raison de sa classification comme substance toxique pour la reproduction (article 57, point c)) et non sur la base de propriétés perturbant le système endocrinien (article 57, point f)); considérant que, dès lors, l'évaluation actuelle du DEHP se limite à sa toxicité pour la reproduction;

I.

considérant que le DEHP devrait être recensé comme une substance extrêmement préoccupante car il satisfait aux critères énoncés à l'article 57, point f), du règlement REACH dans le sens où il s'agit d'une substance possédant des propriétés perturbant le système endocrinien pour laquelle il est scientifiquement prouvé qu'elle peut avoir des effets graves sur la santé humaine, qui suscitent un niveau de préoccupation équivalent à celui suscité par l'utilisation d'autres substances énumérées aux points a) à e) de l'article 57 du règlement REACH;

J.

considérant que le demandeur a sollicité une autorisation en suivant la procédure fondée sur la maîtrise appropriée visée à l'article 60, paragraphe 2, du règlement REACH; considérant, cependant, qu'au titre de l'article 60, paragraphe 3, point a), du règlement REACH, la procédure fondée sur la maîtrise appropriée ne s'applique pas aux substances qui répondent aux critères de la classification CMR ou de l'article 57, point f), dudit règlement, pour lesquelles il n'est pas possible de déterminer un seuil conformément à l'annexe I, point 6.4, du règlement;

K.

considérant qu'il a été démontré que le DEHP avait des effets néfastes sur le système endocrinien des mammifères, essentiellement au moyen de l'observation, in vivo, de taux de testostérone fœtale réduits; considérant que ces observations se trouvent confirmées par des observations mécaniques, également in vivo, d'une régulation à la baisse des gènes dans la voie biosynthétique stéroïdogénique; considérant que le spectre des effets néfastes observés chez les rats comprend une rétention accrue des mamelons, une distance ano-génitale réduite, des malformations génitales, un nombre réduit de spermatocytes et des changements testiculaires, y compris des gonocytes multinucléés, une atrophie tubulaire et une hyperplasie des cellules de Leydig;

L.

considérant qu'à propos du DEHP, des preuves scientifiques démontrent qu'une exposition pendant une période sensible du développement peut causer des effets irréversibles sur la programmation du développement et avoir sur le développement et la reproduction des conséquences graves, considérées comme particulièrement sérieuses pour la santé humaine et les espèces sauvages, d'autant que ces effets néfastes peuvent se manifester tard dans l'existence, en conséquence d'une exposition au début de la vie;

M.

considérant que, selon l'avis du comité d'évaluation des risques, sur la base des informations fournies dans les demandes, les demandeurs n'ont pas démontré que les risques pour la santé des travailleurs découlant des utilisations sollicitées avaient été maîtrisés de manière appropriée conformément à l'article 60, paragraphe 2, du règlement REACH; considérant que, selon le comité d'évaluation des risques, il n'est donc pas approprié d'accorder l'autorisation sur la base de cette disposition;

N.

considérant qu'en dépit de l'avis du comité d'évaluation des risques, le comité d'analyse socio-économique a conclu que l'autorisation des utilisations serait proportionnée et que, dès lors, les avantages socio-économiques découlant des utilisations couvertes par la demande l'emportaient sur les risques découlant de ces utilisations pour la santé humaine; considérant que, dans son avis, le comité d'analyse socio-économique confirme que l'analyse socio-économique présentée par le demandeur comporte d'importantes lacunes, y compris l'absence de toute analyse d'impact sanitaire recensant le risque restant pour la santé des travailleurs;

O.

considérant que le comité d'analyse socio-économique est un comité scientifique dont la mission, aux termes de l'article 64, paragraphe 4, point b), du règlement REACH, est de procéder à une évaluation des facteurs socio-économiques et de la disponibilité et de la faisabilité technique des solutions de remplacement liés à l'utilisation ou aux utilisations de la substance, telles qu'elles sont décrites dans la demande, et considérant que son rôle n'est pas de donner des conclusions sur le caractère proportionné d'une autorisation lorsque le risque pour la société n'est pas maîtrisé de manière appropriée;

P.

considérant que le demandeur est chargé d'évaluer et de gérer les risques posés par les produits chimiques et de fournir à leurs utilisateurs des informations de sécurité appropriées; considérant que le comité d'analyse socio-économique n'a pu tirer de conclusions quantitatives sur le caractère proportionné du maintien de l'utilisation du DEHP, faute de pouvoir quantifier les informations sur les risques résiduels pour la santé des travailleurs;

Q.

considérant que le règlement REACH vise à assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l'environnement, y compris la promotion de méthodes alternatives pour l'évaluation des dangers liés aux substances, ainsi que la libre circulation des substances dans le marché intérieur tout en améliorant la compétitivité et l'innovation;

R.

considérant que les demandes concernent un large éventail d'utilisations, qui incluraient la formulation d'un PVC souple recyclé contenant du DEHP dans des composés et mélanges secs ainsi que l'utilisation industrielle de PVC souple recyclé contenant du DEHP dans le traitement de polymères pour produire des articles en PVC; considérant qu'une autorisation ayant une portée aussi large mettrait fortement à mal le remplacement du DEHP voulu par son inscription à l'annexe XIV du règlement REACH;

S.

considérant que le PVC contenant du DEHP est très présent dans les produits de consommation quotidiens tels que les textiles, les meubles et le matériel de construction; considérant que le DEHP n'est pas chimiquement lié au plastique et qu'il se répand donc aisément dans l'environnement;

T.

considérant qu'une demande d'autorisation devrait se concentrer sur l'utilisation de la substance et que le fait que la substance soit présente dans des matériaux recyclés n'est pas à prendre en compte pour l'octroi d'une autorisation;

U.

considérant que le comité d'analyse socio-économique a relevé qu'il était possible d'utiliser les déchets postindustriels ayant une faible teneur en DEHP comme matières premières, ce qui permettrait également d'accroître la qualité des produits recyclés, mais que les entreprises de recyclage ne parviendraient certainement pas à faire accepter une hausse des prix pour des produits recyclés de meilleure qualité aux utilisateurs en aval, dès lors que ces derniers produisent généralement des articles qui se situent au bout de la chaîne des valeurs; que le comité d'analyse socio-économique a indiqué que la possibilité pour les transformateurs de matières plastiques d'utiliser du PVC vierge avec d'autres plastifiants non classés SVHC comme matières premières plutôt que des matériaux recyclés n'était pas envisagée, les demandeurs ayant souligné que les transformateurs ne pourraient plus être compétitifs après absorption des coûts additionnels liés à l'utilisation de PVC vierge;

V.

considérant qu'il est inacceptable de tolérer de nombreux cas potentiels d'infertilité masculine au seul motif de permettre aux entreprises de recyclage de PVC souple et aux utilisateurs en aval de réduire leurs coûts de production d'articles de faible valeur de façon à ce qu'ils puissent concurrencer les importateurs de produits de piètre qualité;

W.

considérant que, bien qu'il existe un large éventail de substances de remplacement du DEHP, les demandeurs n'ont pas fourni d'analyse complète des solutions de remplacement disponibles sur le marché pour se substituer au DEHP aux fins des utilisations sollicitées;

X.

considérant que l'un des arguments avancés par le comité d'analyse socio-économique en faveur de l'octroi de l'autorisation est qu'il est judicieux sur le plan politique et social de favoriser le recyclage en tant que mode de gestion durable des ressources naturelles; que cet argument simpliste ne tient pas compte de la hiérarchie en matière de gestion des déchets établie à l'article 4 de la directive 2008/98/CE, selon laquelle la prévention prévaut sur le recyclage; qu'en outre, cet argument simpliste ne reconnaît pas les dispositions explicites du septième programme d'action pour l'environnement, lequel préconise la mise au point de cycles de matériaux non toxiques, pour que les déchets recyclés puissent être utilisés comme une source importante et fiable de matières premières dans l'Union;

Y.

considérant par ailleurs que, dans sa résolution du 9 juillet 2015 sur l'utilisation efficace des ressources: vers une économie circulaire, le Parlement souligne que le recyclage ne saurait justifier le fait de continuer à utiliser des substances héritées dont les déchets peuvent être dangereux; que le DEHP est une substance héritée reconnue comme telle par le secteur concerné (11);

Z.

considérant que, conformément à la directive déléguée (UE) 2015/863 de la Commission, l'utilisation du DEHP est limitée dans les équipements électriques et électroniques; que cette limitation se fonde notamment sur une étude de la disponibilité d'autres solutions plus sûres que le DEHP, ainsi que sur une évaluation socio-économique positive (12);

AA.

considérant que le comité d'analyse socio-économique estime qu'il ne peut conclure qu'il y aurait des coûts sociétaux nets, sur la base des informations fournies par le demandeur, en cas de non-octroi de l'autorisation; considérant, dès lors, que les demandeurs n'ont pas démontré les avantages socio-économiques de l'utilisation de la substance et les implications socio-économiques d'un refus d'autorisation ainsi qu'il est prévu à l'article 60, paragraphe 4, point c), du règlement REACH;

AB.

considérant que l'octroi d'une autorisation pour une demande qui présente un si grand nombre de lacunes serait un précédent très regrettable pour les futures décisions d'autorisation prises au titre du règlement REACH;

AC.

considérant qu'aux termes de son article premier, paragraphe 3, le règlement REACH repose sur le principe de précaution et que, en cas d'incertitude, les considérations de protection de la santé humaine et de l'environnement devraient l'emporter sur des considérations économiques générales;

AD.

considérant que la Commission est tenue, vis-à-vis de la population européenne, de protéger les citoyens et l'environnement des produits chimiques dangereux, tout en favorisant l'innovation, y compris les produits chimiques, et autres, plus sûrs, pour favoriser une économie résiliente;

1.

considère que le projet de décision d'exécution de la Commission excède les compétences d'exécution prévues dans le règlement (CE) no 1907/2006;

2.

invite la Commission à retirer son projet de décision d'exécution et à présenter un nouveau projet rejetant les demandes d'autorisation pour la formulation d'un PVC souple recyclé contenant du DEHP;

3.

prie la Commission de supprimer dans les meilleurs délais toute utilisation du DEHP dans toutes les demandes restantes, d'autant plus que des solutions plus sûres que le PVC souple et le DEHP sont largement disponibles;

4.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres.


(1)  Règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 concernant l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), instituant une agence européenne des produits chimiques, modifiant la directive 1999/45/CE et abrogeant le règlement (CEE) no 793/93 du Conseil et le règlement (CE) no 1488/94 de la Commission ainsi que la directive 76/769/CEE du Conseil et les directives 91/155/CEE, 93/67/CEE, 93/105/CE et 2000/21/CE de la Commission (JO L 396 du 30.12.2006, p. 1).

(2)  http://echa.europa.eu/documents/10162/b50d9fc3-f6db-4e91-8a95-c8397bb424d2

http://echa.europa.eu/documents/10162/8d9ee7ac-19cf-4b1a-ab1c-d8026b614d7a

(3)  Règlement (UE) no 182/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 février 2011 établissant les règles et principes généraux relatifs aux modalités de contrôle par les États membres de l'exercice des compétences d'exécution par la Commission (JO L 55 du 28.2.2011, p. 13).

(4)  Directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative aux déchets et abrogeant certaines directives (JO L 312 du 22.11.2008, p. 3).

(5)  Décision no 1386/2013/UE du Parlement européen et du Conseil du 20 novembre 2013 relative à un programme d'action général de l'Union pour l'environnement à l'horizon 2020 «Bien vivre, dans les limites de notre planète» (JO L 354 du 28.12.2013, p. 171).

(6)  Directive déléguée (UE) 2015/863 de la Commission du 31 mars 2015 modifiant l'annexe II de la directive 2011/65/UE du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne la liste des substances soumises à limitations (JO L 137 du 4.6.2015, p. 10).

(7)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0266.

(8)  http://ec.europa.eu/environment/archives/docum/pdf/bkh_annex_01.pdf

(9)  http://europa.eu/rapid/press-release_IP-11-196_fr.htm

(10)  http://echa.europa.eu/view-article/-/journal_content/title/the-member-state-committee-unanimously-agreed-to-identify-the-phthalate-dehp-as-an-svhc-because-of-its-endocrine-disrupting-properties-in-the-environm

(11)  http://www.vinylplus.eu/uploads/docs/VinylPlus_Progress_Report_2015_French.pdf.

(12)  http://www.umweltbundesamt.at/fileadmin/site/umweltthemen/abfall/ROHS/finalresults/Annex6_RoHS_AnnexII_Dossier_DEHP.pdf


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/101


P8_TA(2015)0410

Prévention de la radicalisation et du recrutement de citoyens de l'Union par des organisations terroristes

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur la prévention de la radicalisation et du recrutement de citoyens de l'Union par des organisations terroristes (2015/2063(INI))

(2017/C 366/08)

Le Parlement européen,

vu les articles 2, 3, 5, 6, 7, 8, 10 et 21 du traité sur l'Union européenne et les articles 4, 8, 10, 16, 67, 68, 70, 71, 72, 75, 82, 83, 84, 85, 86, 87 et 88 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu le rapport «Enquête de l'Union européenne sur les minorités et la discrimination — Données en bref — 2e rapport: Les musulmans», ainsi que l'enquête de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne intitulée «Expériences de la discrimination et des crimes de haine vécues par des personnes juives dans les États membres de l'Union européenne», tous deux publiés par l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA),

vu la résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 8 octobre 2004 sur les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d'actes de terrorisme,

vu la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, et notamment ses articles 6, 7, 8, 10, paragraphe 1, 11, 12, 21, 48, 49, 50 et 52,

vu la stratégie de sécurité intérieure de l'Union européenne adoptée par le Conseil le 25 février 2010,

vu la communication de la Commission du 22 novembre 2010 intitulée «La stratégie de sécurité intérieure de l'UE en action: cinq étapes vers une Europe plus sûre» (COM(2010)0673), portant création du réseau européen de sensibilisation à la radicalisation (RSR),

vu sa résolution du 12 septembre 2013 sur le second rapport sur la mise en œuvre de la stratégie de sécurité intérieure de l'Union européenne (1),

vu la communication de la Commission du 15 janvier 2014 intitulée «Prévenir la radicalisation conduisant au terrorisme et à l'extrémisme violent: renforcer l'action de l'UE» (COM(2013)0941),

vu la version révisée de la stratégie de l'UE visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de terroristes, adoptée par le Conseil «Justice et Affaires intérieures» (JAI) lors de sa session du 19 mai 2014 et approuvée par le Conseil lors de sa réunion des 5 et 6 juin 2014 (9956/14),

vu la communication de la Commission du 20 juin 2014 intitulée «Rapport final sur la mise en œuvre de la stratégie de sécurité intérieure de l'UE (2010-2014)» (COM(2014)0365),

vu le rapport 2014 d'Europol sur la situation et les tendances du terrorisme dans l'Union européenne,

vu la résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 24 septembre 2014 sur les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d'actes de terrorisme (résolution 2178 (2014)),

vu le rapport présenté par le coordinateur de l'Union pour la lutte contre le terrorisme au Conseil européen le 24 novembre 2014 (15799/14),

vu sa résolution du 17 décembre 2014 sur le renouvellement de la stratégie de sécurité intérieure de l'Union européenne (2),

vu les conclusions du Conseil JAI du 9 octobre et du 5 décembre 2014,

vu la déclaration du Conseil informel JAI du 11 janvier 2015,

vu son débat en plénière du 28 janvier 2015 sur les mesures de lutte contre le terrorisme,

vu sa résolution du 11 février 2015 sur les mesures de lutte contre le terrorisme (3),

vu le Conseil informel JAI qui s'est tenu à Riga les 29 et 30 janvier 2015,

vu les conclusions du Conseil JAI des 12 et 13 mars 2015,

vu la communication de la Commission du 28 Avril 2015 sur le programme européen en matière de sécurité (COM(2015)0185),

vu l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne relatif à la directive sur la conservation des données,

vu le protocole additionnel à la convention du Conseil de l'Europe pour la prévention du terrorisme et le plan d'action du Conseil de l'Europe sur la lutte contre l'extrémisme violent et la radicalisation conduisant au terrorisme adopté le 19 mai 2015,

vu le livre vert de la Commission intitulé «Renforcer la confiance mutuelle dans l'espace judiciaire européen — Livre vert sur l'application de la législation de l'UE en matière de justice pénale dans le domaine de la détention» (COM(2011)0327),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et les avis de la commission des affaires étrangères ainsi que de la commission de la culture et de l'éducation (A8-0316/2015),

A.

considérant que plus de 5 000 citoyens européens ont rejoint des organisations terroristes et d'autres formations militaires, notamment les rangs du groupe «État islamique», du Front al-Nosra et d'autres organisations en dehors de l'Union européenne, en particulier dans les régions du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord; que ce phénomène ne cesse de s'accélérer pour prendre une ampleur considérable;

B.

considérant que le terme de radicalisation est désormais employé pour désigner le phénomène selon lequel des personnes adhèrent à des idées, des points de vue et des opinions basés sur l'intolérance et susceptibles de conduire à un extrémisme violent;

C.

considérant que les récentes attaques terroristes en France, en Belgique, en Tunisie et à Copenhague mettent en lumière la menace sécuritaire que constituent la présence et la circulation de ces combattants «étrangers», qui sont souvent des ressortissants de l'Union, sur le territoire européen et dans les pays voisins; que l'Union européenne a condamné dans les termes les plus forts ces attaques et s'est engagée à lutter contre le terrorisme aux côtés des États membres, au sein et en dehors du territoire de l'Union;

D.

considérant que les terribles attentats terroristes qui ont tué et blessé des centaines de personnes à Paris le 13 novembre 2015 ont une nouvelle fois mis en évidence qu'une action coordonnée des États membres et de l'Union européenne s'impose de façon urgente afin de prévenir la radicalisation et de lutter contre le terrorisme;

E.

considérant que la menace terroriste est importante dans l'Union européenne, particulièrement dans les pays qui se sont engagés ou sont toujours engagés militairement dans des opérations extérieures au Moyen-Orient et en Afrique;

F.

considérant que la radicalisation de ces «combattants européens» est un phénomène complexe et dynamique, qui repose sur un ensemble de facteurs globaux, sociologiques et politiques; qu'elle ne correspond pas à un profil unique, et touche des hommes, des femmes et surtout des jeunes citoyens européens de toute origine sociale, qui ont pour point commun le sentiment d'être en rupture avec la société; que les causes de la radicalisation peuvent être tout autant socio-économiques, idéologiques, personnelles que psychologiques, et que pour cette raison, il faut l'appréhender en fonction du parcours de chaque individu concerné;

G.

considérant que le terrorisme et la radicalisation mènent à de nombreux amalgames envers les religions, qui entraînent par là-même une recrudescence des crimes et des discours de haine motivés par le racisme, la xénophobie ou l'intolérance à l'égard d'une opinion, d'une croyance ou d'une religion; qu'il est essentiel de rappeler que le dévoiement de la religion, et non la religion en tant que telle, est une des causes de la radicalisation;

H.

considérant que la radicalisation ne doit pas être associée à une idéologie ou à une religion particulière, mais qu'elle peut toucher n'importe quelle idéologie ou religion;

I.

considérant qu'un des arguments que brandissent les extrémistes violents pour recruter des jeunes est la montée de l'islamophobie consécutive aux années de guerre déclarée contre le terrorisme et le fait que les musulmans ne seraient plus les bienvenus en Europe et qu'ils ne peuvent y vivre sur un pied d'égalité avec les autres citoyens ni y pratiquer leur religion sans être discriminés et stigmatisés; considérant que de telles assertions peuvent nourrir un sentiment de vulnérabilité, de l'agressivité, de la colère, de la frustration, de la solitude et un phénomène d'isolement vis-à-vis de la société;

J.

considérant que la lutte contre la radicalisation ne saurait se limiter à la radicalisation islamiste; que la radicalisation religieuse et l'extrémisme violent touchent aussi l'ensemble du continent africain; que la radicalisation politique a aussi frappé l'Europe en 2011, en Norvège avec les attentats perpétrés par Anders Behring Breivik;

K.

considérant que depuis des années, la grande majorité des attaques terroristes dans les pays de l'Union sont perpétrées par des organisations séparatistes;

L.

considérant que, selon Europol, 152 attaques terroristes ont eu lieu dans l'Union européenne en 2013, dont deux fondées sur des «motifs religieux» et 84 reposant sur des croyances ethno-nationalistes ou séparatistes, et qu'en 2012, 219 attaques terroristes ont eu lieu dans l'Union européenne, dont six fondées sur des «motifs religieux»;

M.

considérant que la lutte contre le terrorisme et la prévention de la radicalisation et du recrutement de citoyens européens par des organisations terroristes demeurent essentiellement la compétence des États membres, mais qu'une coopération européenne est indispensable pour permettre aux organes de répression d'échanger de manière efficace et performante des informations afin de lutter contre le caractère transfrontalier des menaces que font peser les terroristes; qu'une approche européenne concertée est donc nécessaire et apportera une valeur ajoutée pour coordonner ou harmoniser, si nécessaire, les législations en place dans un espace où les citoyens européens circulent librement et pour faire en sorte que la prévention et la lutte contre le terrorisme soient efficaces; que la lutte contre le trafic d'armes à feu devrait constituer une priorité pour l'Union européenne dans le cadre de la lutte contre la grande criminalité et la criminalité organisée internationales;

N.

considérant que les droits de l'homme doivent être au cœur des politiques de l'Union en matière de lutte contre le terrorisme et de prévention de la radicalisation, et qu'il convient de veiller à trouver un juste équilibre entre la sécurité des citoyens et le respect des droits fondamentaux, y compris les droits à la sécurité, au respect de la vie privée et à la liberté d'expression, de religion et d'association;

O.

considérant que les communautés juives sont la cible d'attaques terroristes et antisémites, ce qui ne fait qu'accroître le sentiment d'insécurité et de peur dans ces communautés en Europe;

P.

considérant que la montée du terrorisme et la hausse du nombre de combattants étrangers ont engendré un accroissement de l'intolérance envers les communautés ethniques et religieuses dans plusieurs pays d'Europe; qu'une approche globale de la lutte contre la discrimination, en général, et l'islamophobie et l'antisémitisme, en particulier, est complémentaire au travail de prévention spécifique de l'extrémisme terroriste;

Q.

considérant qu'un certain nombre d'instruments existent déjà en Europe pour faire face à la radicalisation des citoyens européens et qu'il revient à l'Union européenne et à ses États membres de faire preuve d'un usage plein et entier de ceux-ci et de chercher à les améliorer en vue de relever les défis auxquels l'Union et les États membres sont actuellement confrontés; que certains États membres continuent à refuser de coopérer dans des domaines sensibles, tels que l'échange d'informations et de renseignements; qu'au vu de l'importance croissante de la radicalisation terroriste, qui est en contradiction totale avec les valeurs européennes, de nouveaux moyens doivent être déployés, et ce dans le respect de la charte des droits fondamentaux;

R.

considérant qu'il est essentiel, dans chacune des mesures prises par l'Union européenne et les États membres, que les droits fondamentaux et les libertés civiles soient respectés, notamment le droit au respect de la vie privée, le droit à la sécurité, le droit à la protection des données, la présomption d'innocence, le droit à un procès équitable et respectueux de la procédure, la liberté d'expression et la liberté de religion; que la sécurité des citoyens européens doit préserver leurs droits et leurs libertés; que ces deux principes sont bien les deux faces d'une même médaille;

S.

considérant que les États membres n'assument pas tous la même responsabilité pour ce qui est de lutter contre le risque de radicalisation et de prévenir le recrutement de citoyens par des organisations terroristes, et que celle-ci diffère parfois grandement d'un État membre à un autre; que, si certains États membres ont déjà pris des mesures efficaces, d'autres demeurent en retard face à ce phénomène;

T.

considérant qu'une action européenne concertée est requise de toute urgence pour empêcher la radicalisation et le recrutement de citoyens européens par des organisations terroristes, de manière à contenir ce phénomène croissant et ainsi à endiguer les flux de départs de citoyens européens vers des zones de conflit, à déradicaliser ceux qui restent au pays et à empêcher que d'autres actes terroristes ne soient commis;

U.

considérant qu'il s'agit d'un phénomène international et que l'on peut tirer des enseignements de nombreuses parties du monde;

V.

considérant qu'il s'agit à présent de mettre davantage l'accent sur les mesures préventives que réactives et d'investir dans de telles mesures face à la radicalisation de citoyens européens et à leur recrutement par des organisations terroristes; qu'une stratégie de lutte contre l'extrémisme, la radicalisation et le recrutement des terroristes au sein de l'Union n'est efficace que si elle est élaborée parallèlement à une stratégie d'intégration et d'inclusion sociale, et de réintégration et de déradicalisation des «combattants étrangers» qui sont rentrés dans leurs pays d'origine;

W.

considérant que certaines formes d'utilisation de l'internet favorisent la radicalisation en permettant aux fanatiques du monde entier de se connecter entre eux et d'embrigader sans aucun contact physique et de manière difficilement traçable des individus vulnérables;

X.

considérant qu'il est essentiel de distinguer clairement les comportements visant à préparer et/ou à soutenir des attaques terroristes des actes commis ou des opinions émises par des extrémistes sans intention de commettre un crime et sans passage à l'acte;

Y.

considérant que la radicalisation terroriste semble être le fait de facteurs tant intérieurs qu'extérieurs à l'Union;

Z.

considérant que la lutte contre la radicalisation terroriste doit s'inscrire dans une approche globale visant à garantir une Europe ouverte et basée sur un socle de valeurs communes;

AA.

considérant que la radicalisation des jeunes ne peut être isolée de son contexte social et politique et doit être examinée sous l'angle plus large de la sociologie des conflits et des études sur la violence;

AB.

considérant que les causes de la radicalisation terroriste ne sont pas suffisamment étudiées; que le manque d'intégration ne peut être perçu comme la cause principale de la radicalisation terroriste;

AC.

considérant que, selon la Cour de justice de l'Union européenne, le fait, pour une personne, d'avoir appartenu à une organisation inscrite sur la liste constituant l'annexe de la position commune 2001/931/PESC en raison de son implication dans des actes de terrorisme et d'avoir activement soutenu la lutte armée menée par cette organisation ne constitue pas automatiquement une raison sérieuse de penser que cette personne a commis un «crime grave de droit commun» ou des «agissements contraires aux buts et aux principes des Nations unies»; que, par ailleurs, lorsqu'il y a des raisons sérieuses de penser qu'une personne a commis un tel crime ou s'est rendue coupable de tels agissements, ce constat est subordonné à une appréciation au cas par cas des faits précis et à un examen visant à déterminer si une responsabilité individuelle dans l'accomplissement de ces actes peut être imputée à la personne concernée;

AD.

considérant que, pour qu'un titre de séjour octroyé à un réfugié puisse être révoqué au motif que ce réfugié soutient une telle association terroriste, les autorités compétentes sont néanmoins tenues de procéder, sous le contrôle des juridictions nationales, à une appréciation individuelle des éléments de fait spécifiques relatifs aux actions tant de l'association que du réfugié concernés;

I.    Valeur ajoutée européenne dans la prévention du terrorisme

1.

condamne les attentats meurtriers de Paris, exprime sa solidarité avec les victimes et leurs familles et fait part de ses condoléances à celles qui ont perdu un proche; réaffirme la nécessité de s'insurger contre la violence; condamne également le recours à des préjugés et à des discours et des comportements racistes et xénophobes de la part d'individus et de collectivités qui, directement ou indirectement, font un lien entre les attentats terroristes et les réfugiés qui fuient leur pays en quête d'un lieu sûr, pour échapper à la guerre et aux actes de violence qu'ils vivent quotidiennement dans leurs pays d'origine;

2.

souligne que le terrorisme ne peut et ne doit être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation;

3.

s'inquiète de ce qu'en l'absence de mesures propres à éradiquer les conditions qui favorisent la propagation du terrorisme, le phénomène des citoyens de l'Union se rendant à l'étranger pour rejoindre des groupes djihadistes ou d'autres groupes extrémistes ne s'aggrave dans les années à venir, à l'instar du risque spécifique qu'ils représentent pour la sécurité lorsqu'ils rentrent dans l'Union et dans les pays voisins, eu égard notamment à l'escalade militaire qui se produit actuellement dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord; préconise de réaliser une étude détaillée sur l'efficacité des mesures prises au niveau national et européen afin de prévenir et de combattre le terrorisme;

4.

demande à la Commission européenne d'établir en priorité un plan d'action pour la mise en œuvre et l'évaluation de la stratégie de l'Union visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de terroristes, en se fondant sur l'échange de bonnes pratiques et la mise en commun de compétences au sein de l'Union européenne, l'évaluation des mesures prises au sein des États membres et la coopération avec les pays tiers et les organisations internationales, dans le plein respect des conventions internationales relatives aux droits de l'homme et au moyen d'une approche participative et consultative associant différents acteurs et secteurs; estime que la Commission européenne devrait appuyer et soutenir le développement, par les États membres, d'une stratégie de communication efficace et intensive sur la prévention de la radicalisation et du recrutement de citoyens européens et de ressortissants de pays extérieurs à l'Union qui résident dans l'Union par des organisations terroristes;

5.

demande aux États membres de coordonner leurs stratégies et de partager les informations et l'expérience dont ils disposent, de mettre en place de bonnes pratiques, tant au niveau national qu'européen, et de coopérer pour prendre de nouvelles initiatives en matière de lutte contre la radicalisation et le recrutement terroristes, par l'actualisation des stratégies nationales de prévention et la mise en place de réseaux de praticiens sur la base des dix domaines d'actions prioritaires identifiés dans la stratégie de l'UE visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de terroristes; souligne qu'il importe de favoriser et de renforcer la coopération transnationale entre les autorités répressives à cet égard, et attire l'attention sur le fait qu'il est essentiel de fournir des ressources et une formation appropriées aux forces de police travaillant sur le terrain;

6.

demande que les plans d'action et les lignes directrices du Conseil sur la stratégie européenne en cours visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de terroristes soient entièrement divulgués;

7.

considère que le protocole additionnel à la convention du Conseil de l'Europe pour la prévention du terrorisme, ainsi que la résolution 2178 du Conseil de sécurité des Nations unies, devraient être utilisés par les États membres et les institutions européennes en vue de parvenir à une définition commune pour l'incrimination des personnes à considérer comme des «combattants étrangers»; invite la Commission européenne à mener des études approfondies sur les causes principales, le processus et les différents facteurs et influences qui conduisent à la radicalisation, avec le soutien du nouveau centre d'excellence du RSR;

8.

invite la Commission à établir, en étroite coopération avec Europol et le coordinateur pour la lutte contre le terrorisme, un rapport annuel sur la situation de la sécurité en Europe, notamment en ce qui concerne les risques de radicalisation et les conséquences sur la sécurité de la vie et l'intégrité physique de la population de l'Union et à présenter chaque année au Parlement un rapport en la matière;

9.

insiste sur l'importance de faire un usage plein et entier des instruments déjà existants pour prévenir et combattre la radicalisation et le recrutement de citoyens européens par des organisations terroristes; souligne qu'il importe d'utiliser tous les instruments internes et externes pertinents de manière globale et complète; recommande à la Commission et aux États membres de faire usage des moyens disponibles, notamment au titre du fonds pour la sécurité intérieure (FSI), au moyen de l'instrument FSI-Police, pour soutenir des projets et des mesures visant à prévenir la radicalisation; met l'accent sur le rôle majeur que peut jouer le RSR et son centre d'excellence pour relayer cet objectif de lutte contre la radicalisation des citoyens européens dans sa globalité; plaide pour une meilleure publicité et visibilité de ce réseau auprès des acteurs de la lutte contre la radicalisation;

II.    Prévention de l'extrémisme violent et de la radicalisation terroriste dans les prisons

10.

souligne que les prisons demeurent un des nombreux environnements qui constituent une enceinte favorable à la diffusion d'idéologies radicales et violentes et de la radicalisation terroriste; invite la Commission européenne à encourager l'échange de bonnes pratiques entre les États membres pour faire face à la montée de la radicalisation terroriste dans les prisons en Europe; encourage les États membres à prendre des mesures immédiates contre la surpopulation carcérale, qui, dans de nombreux États membres, constitue un grave problème, augmentant de manière significative le risque de radicalisation et réduisant les possibilités de réhabilitation; rappelle que les institutions publiques de protection de la jeunesse ou les centres de détention ou de réhabilitation peuvent aussi devenir des enceintes de radicalisation pour les mineurs, qui constituent une cible particulièrement vulnérable;

11.

encourage la Commission européenne à proposer, sur la base des bonnes pratiques, des lignes directrices sur les mesures à appliquer dans les prisons européennes pour prévenir la radicalisation et l'extrémisme violent, dans le plein respect des droits de l'homme; indique que le fait de séparer les prisonniers ayant déjà adhéré à l'extrémisme violent ou ayant déjà été recrutés par des organisations terroristes des autres détenus constitue une mesure possible pour empêcher que la radicalisation terroriste soit imposée à d'autres par des pratiques d'intimidation et pour contenir la radicalisation au sein des prisons; signale toutefois que de telles mesures devraient être imposées au cas par cas uniquement, être fondées sur une décision judiciaire et faire l'objet d'un contrôle par les autorités judiciaires compétentes; recommande, en outre, à la Commission et aux États membres d'examiner les données disponibles et l'expérience concernant la pratique de mise à l'écart dans les prisons dans le but de contenir la propagation de la radicalisation; est d'avis que cette évaluation doit contribuer à l'élaboration de pratiques dans les systèmes carcéraux nationaux; rappelle toutefois que ces mesures devraient être proportionnées et respecter pleinement les droits fondamentaux des détenus;

12.

soutient la mise en place de formations spécialisées pour l'ensemble du personnel pénitentiaire, ainsi que pour les partenaires intervenant dans le système pénal, le personnel religieux et le personnel des ONG qui interagissent avec des prisonniers, afin de les former à la détection précoce, à la prévention et à la gestion des comportements tendant vers le radicalisme et l'extrémisme; insiste sur l'importance d'une formation et d'un recrutement appropriés des représentants religieux, philosophiques et laïcs afin qu'ils puissent non seulement répondre de manière adéquate aux besoins culturels et spirituels des prisonniers dans les centres pénitentiaires, mais aussi qu'ils contribuent à contrebalancer d'éventuels discours radicaux;

13.

encourage la mise en place de programmes pédagogiques dotés de financements adéquats au sein des prisons européennes afin de favoriser l'esprit critique, la tolérance religieuse et la réintégration des détenus dans la société, ainsi que d'offrir une aide spéciale aux détenus qui sont jeunes, vulnérables et plus susceptibles de se radicaliser et d'être recrutés par des organisations terroristes, ce dans le plein respect des droits de l'homme des détenus; considère qu'il convient également de proposer des mesures d'accompagnement après la sortie de prison;

14.

reconnaît qu'un environnement carcéral qui respecte pleinement les droits de l'homme des détenus et se conforme aux normes internationales et régionales en la matière, telles que l'ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus, doit être au cœur des efforts déployés dans ce domaine;

III.    Prévention de la radicalisation terroriste sur l'internet

15.

constate que l'internet pose des défis particuliers en raison de sa nature mondiale et transfrontalière, qui peut créer des vides juridiques et des conflits juridictionnels et permet aux recruteurs et aux individus radicalisés de communiquer facilement à distance, depuis les quatre coins du monde, sans aucune frontière physique et sans devoir établir de base ni chercher refuge dans un pays particulier; rappelle que l'internet et les réseaux sociaux constituent des plateformes importantes utilisées pour accélérer la radicalisation et le fondamentalisme, car ils permettent une diffusion massive et rapide, à l'échelle mondiale, des messages de haine et d'apologie du terrorisme; s'inquiète de l'impact de ces messages d'apologie du terrorisme sur les jeunes, en particulier, qui représentent une catégorie particulièrement vulnérable de la population; insiste sur le rôle de l'éducation et des campagnes de sensibilisation du public pour prévenir la radicalisation sur l'internet; affirme son attachement à la liberté d'expression non seulement hors ligne, mais aussi en ligne, et estime qu'elle devrait être à la base de toute action réglementaire en matière de prévention de la radicalisation sur l'internet et les médias sociaux; prend note du dialogue lancé au niveau européen avec les entreprises de l'internet afin de prévenir la diffusion de contenus illicites en ligne et de les effacer rapidement, conformément aux législations nationales et de l'Union et dans le strict respect de la liberté d'expression; souhaite la mise en place d'une stratégie efficace de détection et de suppression des contenus illicites incitant à l'extrémisme violent, dans le respect des droits fondamentaux et de la liberté d'expression, et surtout contribuant à la diffusion de contre-discours efficaces face à la propagande terroriste;

16.

rappelle que les entreprises actives dans le domaine de l'internet et des réseaux sociaux et les fournisseurs de services internet ont l'obligation légale de coopérer avec les autorités des États membres en effaçant tout contenu illicite diffusant l'extrémisme violent, aussi rapidement que possible et dans le plein respect de l'état de droit et des droits fondamentaux, notamment la liberté d'expression; estime que les États membres devraient envisager d'intenter des actions en justice, y compris des poursuites pénales, contre les entreprises actives dans le domaine de l'internet et des réseaux sociaux et les fournisseurs de services internet qui refusent de donner suite à une demande administrative ou judiciaire visant à effacer des contenus illicites ou faisant l'apologie du terrorisme de leurs plateformes en ligne; est d'avis que le refus de coopérer ou l'absence de coopération délibérée par ces plateformes en ligne, sur lesquelles de tels contenus illicites peuvent donc circuler librement, devrait être considéré comme un acte de complicité pouvant être assimilé à une intention criminelle ou à une négligence, et qu'il convient, dans ce cas, que les responsables soient traduits en justice;

17.

appelle les autorités compétentes à assurer un contrôle plus strict des sites internet qui incitent à la haine;

18.

est convaincu que l'internet constitue une plateforme efficace pour la diffusion d'un discours fondé sur le respect des droits de l'homme et l'opposition à la violence; considère que l'industrie de l'internet et les fournisseurs de services internet devraient coopérer avec les autorités des États membres et la société civile afin d'encourager des discours incisifs et éloquents destinés à contrer les messages de haine et la radicalisation en ligne et qui devraient se fonder sur la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne; invite les plateformes numériques à coopérer avec les États membres, la société civile et les organisations spécialisées dans la déradicalisation terroriste et l'évaluation des discours haineux, afin de participer à la diffusion de messages de prévention faisant appel au développement du sens critique et à un processus de déradicalisation, ainsi que de trouver des moyens juridiques innovants pour contrer l'apologie du terrorisme et les discours haineux, de manière à rendre la radicalisation en ligne plus difficile; invite la Commission et les États membres à encourager l'élaboration de tels contre-discours en ligne, et à travailler étroitement avec les organisations de la société civile pour démultiplier les canaux de diffusion et favoriser les discours démocratiques et non violents;

19.

soutient la mise en place de programmes de sensibilisation des jeunes aux discours de haine en ligne et aux risques qu'ils représentent, ainsi que de programmes favorisant l'éducation aux médias et à l'internet; soutient la mise en place de programmes de formation visant à mobiliser, à former et à créer des réseaux de jeunes activistes afin de défendre les droits de l'homme en ligne;

20.

est d'avis que l'élaboration d'un contre-discours, y compris dans les pays tiers, est l'une des clés pour combattre l'attrait des groupes terroristes dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord; invite l'Union à renforcer son soutien aux initiatives telles que le SSCAT (équipe de conseil en communication stratégique sur la Syrie) et à favoriser la mise en place et le financement de ce type de projet dans les pays tiers;

21.

affirme que l'industrie du web et les fournisseurs de services internet doivent désormais faire en sorte de valoriser les messages de prévention de la radicalisation destinés à contrer les messages faisant l'apologie du terrorisme; estime qu'une unité spéciale de coopération européenne devrait être mise en place au sein d'Europol pour partager les bonnes pratiques dans les États membres, tout en coopérant en permanence avec les opérateurs de l'internet, afin de mettre en avant les messages permettant de contrebalancer les discours de haine et d'apologie du terrorisme et de rendre ainsi la radicalisation par l'internet plus difficile; demande à la Commission et aux États membres d'encourager une utilisation efficace des contre-discours et des mesures d'atténuation par l'intermédiaire de l'internet;

22.

soutient la mise en place de mesures permettant à chacun des usagers de l'internet de signaler facilement et rapidement les contenus illicites circulant sur le web et les réseaux sociaux et d'en informer les autorités compétentes, y compris via des lignes d'assistance, dans le respect des droits de l'homme, en particulier la liberté d'expression, et des législations nationales et de l'Union;

23.

exprime ses vives inquiétudes face à l'utilisation croissante des techniques de cryptage par les organisations terroristes qui rendent impossibles la détection et la lecture de leurs communications et de leur propagande de radicalisation par les forces de l'ordre, même en cas de décision de justice; invite la Commission à aborder d'urgence ces inquiétudes dans son dialogue avec les entreprises informatiques et de l'internet;

24.

considère que chaque État membre devrait mettre en place une unité spéciale chargée de signaler les contenus illicites présents sur l'internet et de faciliter la détection et la suppression de ces contenus; se félicite de la création, par Europol, d'une unité de signalement des contenus sur l'internet, chargée de détecter les contenus illicites et de soutenir les États membres dans ce domaine, dans le plein respect des droits fondamentaux de toutes les parties concernées; recommande que ces unités coopèrent également avec le coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme et le Centre européen de la lutte contre le terrorisme au sein d'Europol, ainsi qu'avec les organisations de la société civile actives dans ce domaine; encourage en outre les États membres à coopérer les uns avec les autres ainsi qu'avec les agences de l'Union compétentes sur ces questions;

25.

salue la création du Centre européen de la lutte contre le terrorisme à partir du 1er janvier 2016, dont l'unité européenne de signalement du contenu sur l'internet fera partie; insiste sur la nécessité de fournir les moyens financiers nécessaires à l'accomplissement des tâches supplémentaires confiées à Europol dans le cadre de la création du Centre européen de la lutte contre le terrorisme; demande que le Parlement européen soit dûment associé à la création de ce Centre, ainsi qu'à ses mandats, à ses missions et à son financement;

26.

considère que la radicalisation sur l'internet ne pourra être endiguée qu'avec un renforcement de l'arsenal européen de lutte contre la cybercriminalité; recommande que le mandat et les ressources du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité soient renforcés tout comme ceux d'Europol et d'Eurojust, afin qu'il puisse jouer un rôle réel pour mieux détecter et traiter les menaces en ligne et mieux identifier les moyens utilisés par les organisations terroristes; réaffirme la nécessité de disposer d'experts correctement formés au sein d'Europol ainsi que dans les États membres pour répondre à cette menace spécifique; invite la vice-présidente et haute représentante de la Commission à réorganiser le Centre de situation de l'Union (SitCen) et le Centre d'analyse du renseignement de l'Union (IntCen) et à veiller à leur coordination avec le coordinateur pour la lutte contre le terrorisme afin de mieux suivre les activités criminelles en ligne et la diffusion de discours de haine liés à la radicalisation et au terrorisme; presse d'autre part les États membres d'accroître sensiblement les échanges d'informations, tant entre eux qu'avec les structures et agences européennes compétentes;

27.

considère que toutes les mesures prises au niveau national et de l'Union pour prévenir la diffusion de l'extrémisme violent parmi les citoyens européens et leur recrutement par des organisations terroristes devraient être conformes aux droits fondamentaux de l'Union et à la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne et de la Cour européenne des droits de l'homme en la matière, y compris au principe de présomption d'innocence, au principe de sécurité juridique, au droit à un procès équitable et impartial, au droit de recours et au principe de non-discrimination;

IV.    Prévention de la radicalisation par l'éducation et l'inclusion sociale

28.

souligne l'importance du rôle de l'école et de l'éducation dans la prévention de la radicalisation; rappelle le rôle crucial de l'école pour contribuer à favoriser l'intégration au sein de la société et à développer l'esprit critique, ainsi que pour promouvoir la non-discrimination; demande aux États membres d'encourager les établissements éducatifs à proposer des programmes de cours et d'enseignement visant à renforcer la compréhension et la tolérance, en particulier en ce qui concerne les différentes religions, l'histoire des religions, les philosophies et les idéologies; souligne la nécessité d'enseigner les valeurs fondamentales et les principes démocratiques de l'Union, tels que les droits de l'homme; souligne qu'il appartient aux États membres de veiller à ce que leurs systèmes scolaires respectent et promeuvent les valeurs et les principes de l'Union, et à ce que leur fonctionnement ne soit pas contraire aux principes de non-discrimination et d'intégration;

29.

prie instamment les États membres de veiller à l'existence de programmes éducatifs sur l'utilisation de l'internet dans chaque école (cycles primaire et secondaire), en vue d'éduquer et de former des utilisateurs de l'internet responsables, critiques et respectueux des lois;

30.

souligne qu'il importe de permettre aux enseignants de s'opposer activement à toutes les formes de discrimination et de racisme; insiste sur le rôle essentiel joué par l'éducation et par les enseignants compétents et compréhensifs, non seulement pour renforcer les liens sociaux, susciter un sentiment d'appartenance, développer les connaissances, les compétences et les aptitudes, transmettre les valeurs fondamentales, renforcer les compétences sociales, civiques et interculturelles, l'esprit critique et la compréhension des médias, mais aussi pour aider les jeunes, en étroite collaboration avec leurs parents et leurs familles, à devenir des membres actifs, responsables et ouverts de la société; souligne que les écoles peuvent renforcer la capacité de résistance de leurs élèves à la radicalisation en leur offrant un environnement sûr et en leur donnant du temps pour débattre de questions controversées et sensibles et les étudier; rappelle que les adolescents, en particulier, représentent l'une des catégories les plus exposées puisqu'ils se trouvent dans une période sensible de leur vie où ils forgent leur système de valeurs, où ils cherchent à donner un sens à leur vie, tout en étant très vulnérables et susceptibles d'être manipulés; rappelle qu'il est possible de radicaliser tant des groupes que des personnes, et reconnaît qu'il peut y avoir des différences entre ces deux formes de radicalisation, qui peuvent dès lors nécessiter des réponses différentes; rappelle que le rôle de la société consiste à proposer aux jeunes de meilleures perspectives et à les aider à trouver un but dans la vie, notamment grâce à une éducation et une formation de qualité; souligne que les établissements d'enseignement ont pour rôle d'apprendre aux jeunes à reconnaître et à gérer les risques et à faire des choix plus sûrs, mais aussi de favoriser un sentiment fort d'appartenance, de communauté partagée, de soutien et de responsabilité vis-à-vis d'autrui; insiste sur la nécessité d'exploiter les différentes possibilités offertes par l'enseignement professionnel et l'enseignement universitaire pour exposer les jeunes aux différentes identités nationales, régionales, religieuses et ethniques qui existent en Europe;

31.

souligne que la diversité de l'Europe et ses communautés multiculturelles font partie intégrante de son tissu social, et qu'elles constituent un atout culturel essentiel; considère que toute politique de lutte contre la radicalisation doit être précise et proportionnée afin de respecter et de renforcer la diversité du tissu social des communautés;

32.

souligne l'importance de combiner les programmes de déradicalisation avec des mesures telles que la mise en place de partenariats avec les représentants communautaires, l'investissement dans les projets sociaux et de quartier destinés à mettre fin à la marginalisation économique et géographique, et la création de dispositifs de tutorat destinés aux jeunes isolés et exclus considérés comme risquant de se radicaliser; rappelle que tous les États membres ont l'obligation de mettre en œuvre avec diligence les instruments anti-discrimination de l'Union et de prendre des mesures effectives pour lutter contre la discrimination, les discours et les crimes de haine dans le cadre de la stratégie de lutte contre la radicalisation;

33.

demande à la Commission d'encourager les États membres à entreprendre une campagne de communication pour sensibiliser les jeunes, mais également le personnel encadrant, aux questions de radicalisation; souligne que les formations ou les campagnes de sensibilisation doivent être axées en priorité sur une intervention précoce, afin de protéger les individus et de les détourner de tout risque de radicalisation; encourage les États membres à fournir au personnel enseignant une formation spéciale et des outils appropriés lui permettant de détecter d'éventuels changements de comportement suspects, de repérer les cercles de complicité qui amplifient le phénomène de radicalisation par effet de mimétisme et d'encadrer de manière adéquate les jeunes exposés au risque d'un recrutement par des organisations terroristes; encourage également les États membres à investir et à apporter un soutien financier en faveur de structures spécialisées situées à proximité des écoles et faisant office de points de contact permettant aux jeunes, mais aussi à leurs familles, aux enseignants et aux experts concernés, d'organiser des activités extrascolaires ouvertes aux familles, notamment un soutien psychologique; souligne l'importance de disposer d'instructions claires dans ce domaine afin de ne pas compromettre le rôle premier des enseignants, des éducateurs et des autres acteurs dont le souci principal est le bien-être de la personne, étant donné qu'une intervention excessive des autorités publiques pourrait être contreproductive;

34.

met l'accent sur les possibilités offertes aux États membres et aux experts en matière d'éducation aux médias dans le cadre du programme «Europe créative»; rappelle que les programmes de l'Union européenne dans le domaine de l'éducation, de la culture, des activités sociales et du sport constituent des vecteurs essentiels pour soutenir les efforts des États membres pour s'attaquer aux inégalités et prévenir la marginalisation; souligne l'importance de développer, dans le contexte du cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l'éducation et de la formation, de nouvelles activités visant à promouvoir les valeurs européennes dans le domaine de l'éducation; insiste par conséquent, entre autres, sur une transmission et une pratique ciblées des valeurs civiques au travers des programmes «L'Europe pour les citoyens», «Erasmus +» et «Europe créative»;

35.

insiste sur la nécessité d'engager un dialogue interculturel avec les différentes communautés, les responsables et les experts afin de participer à une meilleure compréhension et à une prévention accrue du phénomène de radicalisation; souligne la responsabilité et le rôle important de toutes les communautés religieuses pour lutter contre le fondamentalisme, les discours de haine et la propagande terroriste; attire l'attention des États membres sur la question de la formation des responsables religieux — qui devrait, si possible, avoir lieu en Europe — pour ce qui est d'empêcher les incitations à la haine et à l'extrémisme violent dans les lieux de culte en Europe et de s'assurer que ces responsables partagent les valeurs européennes, mais également sur la question de la formation des représentants religieux, philosophiques et laïcs qui travaillent au sein de structures pénitentiaires; relève néanmoins que, bien que les lieux de culte puissent constituer des points de contact, la majeure partie du processus d'endoctrinement et de recrutement a lieu dans un cadre plus informel ou sur l'internet;

36.

met l'accent sur l'importance cruciale d'engager la responsabilité de chacun des acteurs dans la prévention de la radicalisation, que ce soit au niveau local, national, européen ou international; encourage la mise en place d'une coopération étroite entre chacun des acteurs de la société civile au niveau national et local, et d'une plus grande coopération entre les acteurs de terrain, tels que les associations et les ONG, afin de soutenir les victimes du terrorisme et leurs familles, ainsi que les personnes radicalisées et leurs familles; demande en ce sens la mise en place de formations adaptées ainsi que davantage de soutien financier pour ces acteurs de terrain; souligne néanmoins que le financement destiné aux ONG et à d'autres acteurs de la société civile devrait être distinct du soutien financier accordé aux programmes de lutte contre le terrorisme;

37.

considère que la société civile et les acteurs locaux ont un rôle crucial à jouer dans le développement de projets adaptés à leur localité ou à leur structure, ainsi que comme facteur d'intégration des citoyens européens en rupture avec la société tentés par la radicalisation terroriste; estime indispensable de sensibiliser, d'informer et de former les travailleurs de première ligne (enseignants, éducateurs, officiers de police, agents de protection de l'enfance et travailleurs du secteur des soins de santé) afin de renforcer les capacités locales à faire face à la radicalisation; estime que les États membres devraient appuyer la création de structures permettant l'orientation des jeunes en particulier, ainsi que des échanges avec les familles, les écoles, les hôpitaux ou les universités, notamment; rappelle que ces mesures peuvent uniquement être mises en œuvre par des programmes d'investissements sociaux à long terme; note que les associations et organisations dans ce domaine, qui ne portent pas la marque des gouvernements, peuvent réaliser d'excellents résultats en ce qui concerne la réintégration dans la société de citoyens qui avaient pris le chemin de la radicalisation;

38.

estime indispensable la mise en place au sein de chacun des États membres d'un système d'alerte visant à fournir une aide et une orientation, qui permettrait à l'entourage et aux familles d'obtenir un soutien ou de signaler facilement et rapidement tout changement brutal de comportement pouvant indiquer un processus de radicalisation terroriste ou le départ d'une personne pour rejoindre une organisation terroriste; note à cet égard que les «lignes d'assistance» se sont avérées utiles et qu'elles permettent le signalement d'amis ou de membres de la famille soupçonnés d'être radicalisés, et aident également les amis et les familles à faire face à cette situation déstabilisante; demande aux États membres d'étudier la possibilité de mettre en place un tel système;

39.

rappelle que la montée de l'islamophobie dans l'Union européenne contribue à l'exclusion sociale des musulmans, qui pourrait créer les conditions propices à pousser les personnes vulnérables dans les filets des organisations extrémistes violentes; estime que l'islamophobie en Europe est à son tour exploitée par des organisations comme le groupe «État islamique» à des fins de propagande et de recrutement; recommande donc la mise en place d'un cadre européen pour adopter des stratégies nationales de lutte contre l'islamophobie, afin de combattre la discrimination, qui entrave l'accès à l'éducation, à l'emploi et au logement;

40.

souligne que, selon des études récentes, un nombre croissant de jeunes femmes se sont radicalisées et ont été recrutées par des organisations terroristes, ce qui montre leur rôle dans l'extrémisme violent; considère que l'Union européenne et les États membres doivent développer des stratégies de prévention de la radicalisation prenant en compte le genre, au moins dans une certaine mesure; invite la Commission à soutenir les programmes généralisés visant à mobiliser les jeunes femmes dans leurs efforts en faveur d'une plus grande égalité et à mettre en place des réseaux de soutien par l'intermédiaire desquels elles peuvent faire entendre leur voix en toute sécurité;

41.

souligne l'importance du rôle de la femme dans la prévention de la radicalisation;

V.    Renforcement de l'échange d'informations sur la radicalisation terroriste en Europe

42.

réaffirme son engagement à œuvrer à l'achèvement d'une directive de l'Union sur les dossiers passagers (PNR) avant la fin de l'année 2015 et à veiller à ce qu'une telle directive soit conforme aux droits fondamentaux et exempte de toute pratique discriminatoire fondée sur la stigmatisation idéologique, religieuse ou ethnique, et à ce qu'elle respecte pleinement les droits à la protection des données des citoyens de l'Union; rappelle, toutefois, que la directive PNR de l'Union ne constituera qu'une seule mesure de lutte contre le terrorisme, et qu'une stratégie globale, ambitieuse et complète de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, basée sur la politique étrangère, la politique sociale, la politique en matière d'éducation, l'application des lois et la justice, est nécessaire afin d'empêcher le recrutement de citoyens européens par des organisations terroristes;

43.

invite la Commission à développer les compétences de l'Union européenne en matière de prévention de la radicalisation, en mettant en place un réseau européen intégrant les informations fournies par le RSR et par le réseau des décideurs pour la lutte contre la polarisation et la radicalisation (PPN), ainsi que les informations provenant de spécialistes d'un vaste éventail de disciplines appartenant aux sciences sociales;

44.

insiste sur la nécessité absolue d'améliorer la rapidité et l'efficacité des échanges d'informations pertinentes entre les autorités répressives des États membres et entre les États membres et les agences compétentes, en particulier en optimisant le recours et les contributions au système d'information Schengen (SIS) et au système d'information sur les visas (VIS), à l'application de réseau d'échange sécurisé d'informations (SIENA) d'Europol et au point de contact «voyageurs» d'Europol sur les citoyens européens radicalisés; souligne que l'intensification des échanges entre les autorités répressives passe par davantage de confiance entre les États membres, ainsi que par un renforcement du rôle des entités de l'Union européenne telles qu'Europol, Eurojust et le Collège européen de police (CEPOL) et par la mise à disposition de ressources adéquates pour ces entités;

45.

appelle l'Union à intégrer la problématique de la radicalisation terroriste dans les formations données par le CEPOL;

46.

souligne l'importance de mettre en place un programme de formation européen spécialisé pour les personnes travaillant dans le système judiciaire, afin de les sensibiliser aux différentes formes de radicalisation;

47.

souligne qu'une meilleure coopération entre les États membres face à la radicalisation et au recrutement de citoyens européens se caractérise également par des échanges et une coopération intensifs entre les autorités judiciaires et avec Eurojust; relève qu'une meilleure information sur les casiers judiciaires des suspects de terrorisme au niveau européen permettrait d'accélérer leur détection et favoriserait leur bonne surveillance, que ce soit à leur départ ou à leur retour dans l'Union; encourage dès lors une réforme et une meilleure utilisation du système européen d'information sur les casiers judiciaires (ECRIS); prie instamment la Commission d'étudier la faisabilité et la valeur ajoutée de la mise en place du système d'index européen des registres de la police (EPRIS); souligne la nécessité de respecter les traités internationaux et la législation de l'Union, ainsi que les droits fondamentaux, en particulier la protection des données à caractère personnel, lors de tels échanges d'informations, et fait ressortir le caractère indispensable d'un contrôle démocratique efficace des mesures de sécurité;

48.

estime que la lutte contre le trafic d'armes devrait constituer une priorité pour l'Union européenne dans le cadre de la lutte contre la grande criminalité et la criminalité organisée à l'échelle internationale; estime, notamment, qu'il convient de renforcer davantage la coopération en ce qui concerne les mécanismes d'échange d'informations ainsi que la traçabilité et la destruction des armes prohibées;

VI.    Renforcement de la dissuasion face à la radicalisation terroriste

49.

estime que les mesures visant à prévenir la radicalisation des citoyens européens et leur recrutement par des organisations terroristes ne seront pleinement efficaces que lorsqu'elles seront accompagnées d'un arsenal efficace, dissuasif et articulé de mesures de justice pénale dans l'ensemble des États membres; considère qu'en rendant effective la criminalisation des actes terroristes menés à l'étranger aux côtés d'organisations terroristes, les États membres se doteront des outils nécessaires à l'éviction de la radicalisation terroriste des citoyens européens, tout en faisant pleinement usage des outils existants dans l'Union dans le domaine de la coopération policière et judiciaire en matière pénale; estime que les autorités répressives et judiciaires (juges et procureurs) devraient disposer des capacités suffisantes pour prévenir, détecter et punir ces actes et qu'ils devraient être formés de manière adéquate et continue sur les crimes liés au terrorisme;

50.

demande le renforcement des capacités du centre de coordination d'Eurojust, qui devrait jouer un rôle crucial dans la promotion des actions conjointes des autorités judiciaires des États membres pour la collecte de preuves, et améliorer l'efficacité des poursuites concernant les crimes liés au terrorisme; à cet égard, est d'avis que l'outil des équipes communes d'enquête devrait être davantage utilisé, aussi bien entre États membres qu'entre les États membres et les pays tiers avec lesquels Eurojust a conclu des accords de coopération;

51.

relève que pour sanctionner les actes terroristes commis dans des pays tiers par des citoyens européens ou par des ressortissants de pays tiers résidant dans l'Union, il est nécessaire que la collecte de preuves soit possible dans les pays tiers, dans le plein respect des droits de l'homme; demande donc à l'Union d'œuvrer à la mise en place d'accords de coopération en matière judiciaire et répressive avec les pays tiers afin de faciliter la collecte de preuves dans ces pays, pour autant que des normes et des procédures juridiques strictes, l'état de droit, le droit international et les droits fondamentaux soient garantis par l'ensemble des parties et fassent l'objet d'un contrôle judiciaire; rappelle par conséquent que la collecte de preuves, les interrogatoires et autres techniques d'enquête doivent être menés dans le respect de normes juridiques strictes et être conformes aux lois, principes et valeurs de l'Union européenne ainsi qu'aux normes internationales en matière de droits de l'homme; signale, à cet égard, que l'utilisation de traitements cruels, inhumains et dégradants, de la torture, des détentions extrajudiciaires et des enlèvements est interdite par le droit international et ne peut être envisagée pour collecter des preuves de crimes commis sur le territoire de l'Union européenne ou hors de son territoire par des ressortissants de l'Union;

52.

salue le déploiement, dans plusieurs délégations clés de l'Union, d'experts en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme en vue de renforcer les capacités de celles-ci à contribuer aux efforts européens de lutte contre le terrorisme, d'améliorer l'efficacité de la coordination avec les autorités locales compétentes ainsi que de développer encore les moyens de lutte contre le terrorisme au sein du Service européen pour l'action extérieure;

53.

encourage dès lors la mise en place d'accords de coopération entre Eurojust et des pays tiers, à l'image de ceux qui existent déjà avec les États-Unis, la Norvège et la Suisse, en soulignant néanmoins la nécessité de respecter totalement le droit international en matière de droits de l'homme et les règles de l'Union européenne en matière de protection des données et de respect de la vie privée; insiste sur le fait que, pour la signature de ces accords, la priorité devrait être accordée aux pays qui sont également très touchés par le terrorisme, comme les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord; est en outre d'avis que le déploiement de procureurs de liaison détachés auprès d'Eurojust dans les pays concernés, en particulier dans le voisinage méridional, développerait l'échange d'informations et permettrait une meilleure coopération pour lutter efficacement contre le terrorisme tout en respectant les droits de l'homme;

VII.    Prévention des départs et anticipation des retours de citoyens européens radicalisés recrutés par des organisations terroristes

54.

rappelle que l'Union européenne doit d'urgence renforcer ses contrôles aux frontières extérieures de l'Union, dans le plein respect des droits fondamentaux; souligne qu'il ne sera possible de détecter efficacement les départs et les retours des personnes en provenance et à destination de l'Union que par la mise en place par les États membres des contrôles systématiques et obligatoires prévus aux frontières extérieures de l'Union; invite les États membres à faire bon usage des instruments existants, tels que les systèmes SIS et VIS, y compris en ce qui concerne les passeports volés, perdus et falsifiés; considère également qu'à cette fin, une meilleure application du code Schengen doit faire partie des priorités de l'Union européenne;

55.

invite les États membres à donner aux gardes-frontières un accès systématique au système d'information d'Europol pouvant contenir des informations sur les personnes soupçonnées de terrorisme, les combattants étrangers et les prêcheurs de haine;

56.

invite les États membres à échanger leurs bonnes pratiques relatives aux contrôles des sorties et des retours et au gel des avoirs financiers de citoyens, dans le cadre de la prévention de leur participation à des activités terroristes dans des zones de conflit au sein de pays tiers et de la gestion de leur retour dans l'Union; souligne en particulier qu'il convient de permettre aux États membres de confisquer le passeport de leurs citoyens qui envisagent de rejoindre des organisations terroristes, à la demande de l'autorité judiciaire compétente, conformément à leur droit national et dans le plein respect du principe de proportionnalité; estime que la limitation de la liberté de circulation d'une personne, qui est un droit fondamental, ne peut être décidée que si la nécessité et la proportionnalité de la mesure sont évaluées de manière appropriée par une autorité judiciaire; soutient en outre les procédures pénales contre les personnes soupçonnées de terrorisme qui prennent part à des activités terroristes à leur retour en Europe;

57.

demande à la communauté internationale de contribuer au mécanisme de financement soutenu par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui vise à assurer une stabilisation immédiate des zones libérées du groupe «État islamique»;

58.

demande à la vice-présidente et haute représentante de la Commission et au Conseil de condamner explicitement le soutien financier et idéologique qu'apportent depuis une décennie des gouvernements et des personnalités influentes des pays du Golfe à des mouvements islamistes extrémistes; invite la Commission à réexaminer les relations que l'Union entretient avec les pays tiers dans l'optique de combattre plus efficacement les appuis matériels et immatériels au terrorisme; rappelle qu'il y a lieu, dans le cadre de la révision en cours de la politique européenne de voisinage (PEV), de mettre davantage l'accent sur la sécurité et de renforcer la capacité des instruments de la PEV à contribuer à l'amélioration de la résilience des partenaires de l'Union et des moyens dont ils disposent pour assurer leur propre sécurité, dans le respect de l'état de droit;

59.

rappelle que la bonne mise en application des instruments existants, tels que les systèmes SIS, SIS II et VIS, la base de données sur les documents de voyage perdus ou volés d'Interpol (SLTD) et le point de contact «voyageurs» d'Europol constitue la première étape de ce renforcement de la sécurité aux frontières extérieures pour identifier les citoyens de l'Union et les étrangers résidant dans l'Union susceptibles de quitter le territoire ou de rentrer d'une zone de conflit dans le but de commettre des actes terroristes, ou susceptibles de recevoir une formation terroriste ou de prendre part à un conflit armé non conventionnel au nom d'organisations terroristes; exhorte les États membres à améliorer leur coopération et leur partage d'informations, aux frontières extérieures de l'Union, concernant les «combattants étrangers» présumés;

60.

demande aux États membres de faire en sorte que tout combattant étranger soit mis sous contrôle judiciaire et, le cas échéant, placé en rétention administrative à son retour en Europe, jusqu'à ce que les poursuites judiciaires requises soient engagées;

61.

est persuadé que toute politique dans le domaine du terrorisme et de la radicalisation doit mettre en commun l'expertise et les ressources des dimensions intérieure et extérieure de la politique de l'Union; considère à cet égard que c'est sur la base de cette approche globale qu'une réponse adéquate peut être élaborée pour lutter contre le terrorisme et les recrutements terroristes à l'intérieur de l'Union et dans son voisinage; invite ainsi la Commission et le SEAE, sous l'égide et la direction de la vice-présidente et haute représentante de la Commission et du premier vice-président de la Commission et avec le soutien du coordinateur de la lutte contre le terrorisme, à travailler ensemble à la mise en place d'une stratégie alliant efficacement les outils de la politique sociale (en matière d'emploi, d'intégration et de lutte contre les discriminations notamment), l'aide humanitaire, le développement, la résolution de conflits, la gestion de crise, le commerce, l'énergie et tout autre domaine d'action pouvant avoir une dimension intérieure et extérieure;

VIII.    Renforcement des liens entre sécurité intérieure et sécurité extérieure dans l'Union européenne

62.

souligne qu'il est crucial que l'Union européenne établisse une étroite coopération avec les pays tiers, notamment les pays de transit et les pays de destination, lorsque cela est possible, dans le respect des lois, des principes et des valeurs de l'Union ainsi que du droit humanitaire international, afin de pouvoir détecter les départs ou les retours de citoyens de l'Union et de résidents non européens partis combattre aux côtés d'organisations terroristes; souligne également la nécessité de renforcer le dialogue politique et les plans d'action communs en matière de lutte contre la radicalisation et contre le terrorisme, dans le cadre des relations bilatérales ainsi qu'avec les organisations régionales comme l'Union africaine et la Ligue des États arabes;

63.

prend acte de la volonté de la vice-présidente et haute représentante de la Commission, Federica Mogherini, de soutenir des projets de lutte contre la radicalisation dans des pays tiers, y compris la Jordanie, le Liban, l'Iraq et dans la région du Sahel et du Maghreb, conformément aux déclarations figurant dans le rapport sur la mise en œuvre des mesures faisant suite à la réunion du Conseil européen du 12 février 2015; souligne qu'il convient de s'assurer, dès lors, que ces projets bénéficient des financements nécessaires dans les meilleurs délais;

64.

demande à l'Union européenne d'accroître sa coopération avec des partenaires régionaux en vue d'enrayer le trafic d'armes, en ciblant en particulier les pays d'origine du terrorisme, et de suivre de près l'exportation d'armes susceptibles d'être utilisées par des terroristes; plaide également pour le renforcement des instruments de politique étrangère et du dialogue avec les pays tiers afin de lutter contre le financement des organisations terroristes; rappelle les conclusions du sommet du G20 du 16 novembre 2015, qui demande au Groupe d'action financière de lutter plus rapidement et plus efficacement contre les sources de financement des organisations terroristes;

65.

encourage l'Union à renforcer de manière ciblée le dialogue sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme avec l'Algérie, l'Égypte, l'Iraq, Israël, la Jordanie, le Maroc, le Liban, l'Arabie saoudite, la Tunisie et le Conseil de coopération du Golfe, notamment en ce qui concerne le soutien étatique, passé ou actuel, d'activités terroristes; estime également que la coopération avec la Turquie devrait être approfondie conformément aux conclusions du Conseil «Affaires générales» de décembre 2014;

66.

invite le Conseil à assurer un suivi systématique de la stratégie régionale de l'Union pour la Syrie et l'Iraq ainsi que de la stratégie concernant la lutte contre le terrorisme et les combattants étrangers, adoptées le 16 mars 2015, à les adapter en permanence à l'évolution de la situation des pays du voisinage méridional de l'Union en matière de sécurité et à procéder de même pour d'autres initiatives, de prévention notamment, telles que le RSR de la Commission; demande en outre aux États membres de promouvoir le respect et la compréhension mutuels en tant qu'éléments essentiels de la lutte contre le terrorisme au sein de l'Union et de ses États membres, mais aussi dans les pays tiers;

67.

est convaincu que l'instauration d'une telle coopération renforcée requiert de la Commission européenne, et en particulier du SEAE, des efforts supplémentaires de renforcement et d'amélioration de l'expertise dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, les conflits armés non conventionnels et la radicalisation, mais aussi de renforcement et de diversification des compétences linguistiques, par exemple pour l'arabe, l'ourdou, le russe et le mandarin, qui font pour l'heure sérieusement défaut dans les services d'information et de renseignement européens; estime indispensable que l'appel de l'Union à lutter contre le terrorisme, la radicalisation et la violence puisse être audible au-delà de ses frontières, grâce à une communication stratégique à la fois incisive et efficace;

68.

est favorable au renforcement de la coopération internationale et du partage d'informations entre les services de renseignement nationaux pour identifier les citoyens de l'Union qui risquent de se radicaliser, d'être recrutés par des groupes djihadistes ou d'autres groupes extrémistes et de quitter l'Union pour rejoindre leurs rangs; souligne qu'il est indispensable d'appuyer les efforts déployés par les pays du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et des Balkans occidentaux pour endiguer l'afflux de combattants étrangers et empêcher les organisations djihadistes de tirer parti de l'instabilité politique qui règne sur leur territoire;

69.

reconnaît que la radicalisation et le recrutement d'individus par des réseaux terroristes constituent un phénomène global; considère que la réponse à ce phénomène ne doit donc pas être uniquement locale ou européenne, mais internationale; estime donc nécessaire de renforcer la coopération avec les pays tiers pour détecter les réseaux de recrutement et renforcer la sécurité aux frontières des pays concernés; rappelle également que la coopération avec les partenaires clés qui font face à des défis similaires doit être intensifiée à travers la diplomatie, le dialogue politique et la coopération entre les services de renseignement;

70.

rappelle que la dimension planétaire de la menace terroriste doit recevoir une réponse internationale efficace et commune visant à lutter avec succès contre le trafic d'armes vers les pays qui menacent la paix et la sécurité internationales;

71.

salue l'attribution par la Commission, en avril 2015, d'une enveloppe de 10 millions d'euros pour financer un programme destiné à aider les pays partenaires à lutter contre la radicalisation dans la région du Sahel/au Maghreb et à endiguer le flux de combattants étrangers en provenance d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et des Balkans occidentaux (une première tranche de 5 millions d'euros pour financer l'assistance technique visant à renforcer les capacités du personnel de la justice pénale à enquêter, à engager des poursuites et à statuer sur des affaires impliquant des combattants étrangers ou des combattants étrangers potentiels et une seconde tranche de 5 millions d'euros pour financer des programmes de lutte contre la radicalisation dans la région du Sahel/au Maghreb); souligne l'importance que revêt le contrôle strict de la bonne utilisation de ces fonds afin de s'assurer qu'ils ne servent pas à financer des projets liés au prosélytisme, à l'endoctrinement et à d'autres fins extrémistes;

IX.    Promouvoir l'échange de bonnes pratiques en matière de déradicalisation

72.

affirme que la mise en place d'une politique complète de prévention de la radicalisation et du recrutement de citoyens de l'Union par des organisations terroristes ne saurait être aboutie si elle n'est pas accompagnée de politiques proactives de déradicalisation et d'inclusion; invite dès lors l'Union européenne à favoriser l'échange, entre les États membres ainsi qu'avec des États tiers qui ont déjà acquis une expérience et obtenu des résultats positifs dans ce domaine, de bonnes pratiques pour la mise en place de structures de déradicalisation visant à empêcher les citoyens de l'Union et les ressortissants de pays tiers qui résident légalement dans l'Union de quitter le territoire, ou à contrôler leur retour; rappelle la nécessité d'apporter également un soutien aux familles de ces individus;

73.

suggère aux États membres d'examiner l'idée de faire appel à des tuteurs ou à des assistants conseillers dans le processus de déradicalisation des citoyens de l'Union revenus de zones de combats déçus de l'expérience qu'ils ont vécue, de manière à les soutenir dans leur réintégration dans la société par l'intermédiaire de programmes appropriés; souligne la nécessité d'améliorer l'échange de bonnes pratiques entre les États membres en la matière; souligne que ces tuteurs devraient être disposés à contribuer à des programmes spécifiques à travers une formation appropriée;

74.

souhaite le lancement d'une campagne de communication structurée au niveau de l'Union européenne, se fondant sur les cas d'anciens «combattants étrangers» européens qui sont parvenus à se déradicaliser et dont les témoignages et les traumatismes participent à mettre en lumière la perversité profonde et la dimension religieuse erronée de l'adhésion à des organisations terroristes telles que le groupe «État islamique»; encourage par conséquent les États membres à mettre en place des plateformes permettant une confrontation et un dialogue avec ces anciens combattants; souligne en outre que la mise en contact avec des victimes du terrorisme apparaît également comme un moyen efficace de priver les discours radicaux de leur valeur religieuse ou idéologique; suggère que cette campagne soit utilisée comme instrument d'aide aux processus de déradicalisation à l'intérieur des prisons, des écoles et dans toutes les structures centrées sur la prévention et la réhabilitation; demande également à la Commission de soutenir, notamment financièrement, et de coordonner les campagnes de communication nationales;

X.    Démantèlement des filières terroristes

75.

souligne que le blanchiment d'argent, l'évasion fiscale et d'autres délits fiscaux peuvent être d'importantes sources de financement du terrorisme, ce qui menace notre sécurité intérieure, et que le traçage des délits touchant aux intérêts financiers de l'Union, ainsi que la lutte contre ces délits, doivent dès lors constituer une priorité;

76.

souligne que les organisations terroristes telles que l'EI/Daech et Jabhat Al-Nosra se sont procuré d'importantes ressources financières en Iraq et en Syrie au moyen de la contrebande du pétrole, de la vente de biens volés, des enlèvements et de l'extorsion, de la saisie de comptes bancaires et de la contrebande d'antiquités; demande donc que les pays et les intermédiaires qui contribuent à ce marché noir soient identifiés et qu'il soit d'urgence mis un terme à leurs activités;

77.

soutient les mesures visant à affaiblir les organisations terroristes de l'intérieur et à réduire leur influence actuelle sur les citoyens de l'Union et les ressortissants de pays tiers qui résident légalement dans l'Union; prie instamment la Commission et les agences compétentes de se pencher sur des mesures de démantèlement des filières terroristes et de détection de leurs financements; invite, à cette fin, à renforcer la coopération entre les cellules de renseignement financier des États membres et à transposer et à mettre en œuvre sans tarder le paquet de mesures relatif à la lutte contre le blanchiment d'argent; encourage la Commission européenne à proposer une réglementation visant à détecter et à bloquer les canaux de financement des groupes terroristes et à combattre les moyens par lesquels ils sont financés; invite par conséquent la Commission à réenvisager la création d'un système européen commun de traçage du financement du terrorisme; encourage les États membres à mettre en œuvre les niveaux les plus élevés de transparence en ce qui concerne l'accès à l'information sur les propriétaires effectifs de toutes les structures d'entreprises, au sein de l'Union européenne et de juridictions opaques, qui peuvent constituer des véhicules de financement d'organisations terroristes;

78.

salue la récente adoption du programme européen en matière de sécurité, qui propose des mesures importantes afin d'améliorer la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, telles que la création du centre européen de la lutte contre le terrorisme au sein d'Europol; invite les États membres à utiliser pleinement les mesures existantes et demande à la Commission d'allouer des ressources financières et humaines suffisantes afin de mettre en œuvre efficacement ses propositions d'actions;

79.

appelle à nouveau la Commission à réexaminer d'urgence la législation de l'Union relative aux armes à feu en révisant la directive 91/477/CEE du Conseil afin de faciliter les efforts déployés par les autorités policières et judiciaires nationales pour repérer et combattre le trafic d'armes sur le marché noir et le darknet, et invite la Commission à proposer des normes communes en matière de neutralisation des armes à feu de sorte que les armes neutralisées soient rendues irréversiblement inutilisables;

80.

invite à adopter une approche harmonisée pour qualifier d'infraction pénale les discours de haine, en ligne et hors ligne, par lesquels des radicaux incitent d'autres personnes au non-respect et à la violation des droits fondamentaux; suggère d'ajouter cette infraction spécifique aux décisions-cadres du Conseil concernées;

81.

invite les États membres à participer à cet effort de traçabilité des flux financiers extérieurs ainsi qu'à garantir la transparence et à en faire preuve dans leurs relations avec certains pays du Golfe, afin de renforcer la coopération dans le but de faire la lumière sur le financement du terrorisme et du fondamentalisme, en Afrique et au Moyen-Orient, mais également par certaines organisations en Europe; encourage les États membres à travailler de concert à l'élimination du marché noir du pétrole, qui constitue la principale source de revenus des organisations terroristes; estime que les États membres ne devraient pas hésiter à prendre des mesures restrictives à l'encontre d'individus et d'organisations au sujet desquels des preuves crédibles de financement du terrorisme ou de complicité de terrorisme sont établies;

82.

s'oppose fermement à toute tentative visant à supprimer des aspects du rapport centrés sur la lutte contre les actes terroristes et l'extrémisme en tant que telle; est d'avis qu'il est inopportun et contre-productif de lutter séparément contre la radicalisation et ses symptômes; invite le Conseil à établir une liste noire des djihadistes européens et des djihadistes terroristes présumés;

o

o o

83.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres et des pays candidats, aux Nations unies, au Conseil de l'Europe, à l'Union africaine, aux États membres de l'Union pour la Méditerranée, à la Ligue des États arabes et à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.


(1)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0384.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0102.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0032.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/117


P8_TA(2015)0411

Cadre stratégique de l'Union européenne en matière de santé et de sécurité au travail (2014-2020)

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur le cadre stratégique de l'Union européenne en matière de santé et de sécurité au travail (2014-2020) (2015/2107(INI))

(2017/C 366/09)

Le Parlement européen,

vu le traité sur l'Union européenne, notamment son préambule et ses articles 3 et 6,

vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, notamment ses articles 3, 6, 9, 20, 151, 152, 153, 154, 156, 159 et 168,

vu la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, notamment ses articles 1, 3, 27, 31, 32 et 33,

vu la Charte sociale européenne du 3 mai 1996, notamment sa partie I et sa partie II, article 3,

vu la déclaration de Philadelphie du 10 mai 1944 concernant les buts et objectifs de l'Organisation internationale du travail (OIT),

vu les conventions et les recommandations de l'OIT en matière de santé et de sécurité sur le lieu de travail,

vu les conclusions du Conseil du 27 février 2015 sur un cadre stratégique de l'Union européenne en matière de santé et de sécurité au travail (2014-2020) (6535/15) et les conclusion du Conseil du 5 octobre 2015 sur le nouveau programme pour la santé et la sécurité au travail en vue de favoriser de meilleures conditions de travail,

vu le règlement (CE) no 1338/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 relatif aux statistiques communautaires de la santé publique et de la santé et de la sécurité au travail (1),

vu la directive 89/391/CEE du Conseil du 12 juin 1989 concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l'amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs au travail (2) (directive-cadre) et ses directives particulières,

vu la directive 2003/88/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 novembre 2003 concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail (3),

vu la directive 2006/54/CE du Parlement européen et du Conseil du 5 juillet 2006 relative à la mise en œuvre du principe de l'égalité des chances et de l'égalité de traitement entre hommes et femmes en matière d'emploi et de travail (4),

vu la directive 2007/30/CE du Parlement européen et du Conseil du 20 juin 2007 modifiant la directive 89/391/CEE du Conseil, ses directives particulières ainsi que les directives du Conseil 83/477/CEE, 91/383/CEE, 92/29/CEE et 94/33/CE, en vue de la simplification et de la rationalisation des rapports relatifs à la mise en œuvre pratique (5),

vu la communication de la Commission relative à un cadre stratégique de l'Union européenne en matière de santé et de sécurité au travail (2014-2020) (COM(2014)0332),

vu la communication de la Commission intitulée «Améliorer la qualité et la productivité au travail: stratégie communautaire 2007-2012 pour la santé et la sécurité au travail» (COM(2007)0062),

vu la communication de la Commission intitulée «Un agenda social renouvelé: opportunités, accès et solidarité dans l'Europe du XXIe siècle» (COM(2008)0412),

vu le rapport de la Commission intitulé «Report on the implementation of the European social partners» Framework Agreement on Work-related Stress" (rapport sur la mise en œuvre de l'accord-cadre sur le stress au travail adopté par les partenaires sociaux européens) (SEC(2011)0241),

vu la communication de la Commission intitulée «Europe 2020 — Une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2010)2020) et son principal objectif qui est d'amener le niveau de l'emploi à 75 % d'ici la fin de la décennie dans l'Union européenne, notamment par une plus grande participation des femmes et des travailleurs âgés et une meilleure intégration des migrants dans la main-d'œuvre,

vu le livre blanc de la Commission intitulé «Une stratégie pour des retraites adéquates, sûres et viables» (COM(2012)0055),

vu la communication de la Commission intitulée «État des lieux de la stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2014)0130),

vu l'examen annuel de la croissance 2015 (COM(2014)0902) et le rapport conjoint sur l'emploi (COM(2014)0906),

vu sa résolution du 20 septembre 2001 sur le harcèlement au travail (6),

vu la communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen transmettant l'accord-cadre européen sur le harcèlement et la violence au travail (COM(2007)0686),

vu sa résolution du 24 février 2005 sur la promotion de la santé et de la sécurité sur le lieu de travail (7),

vu sa résolution du 6 juillet 2006 contenant des recommandations à la Commission sur la protection des travailleurs des services de santé de l'Union européenne contre les infections à diffusion hématogène résultant de blessures par piqûres d'aiguilles (8),

vu sa résolution du 23 mai 2007 sur le thème «Promouvoir un travail décent pour tous» (9),

vu sa résolution du 15 janvier 2008 sur la stratégie communautaire 2007-2012 pour la santé et la sécurité au travail (10),

vu sa résolution du 26 mars 2009 sur la responsabilité sociale des entreprises dans les accords commerciaux internationaux (11),

vu sa résolution du 15 décembre 2011 sur l'examen à mi-parcours de la stratégie européenne 2007-2012 pour la santé et la sécurité au travail (12),

vu sa résolution du 14 mars 2013 sur les risques liés à l'amiante pour la santé au travail et les perspectives d'élimination complète de l'amiante encore existante (13),

vu sa résolution du 14 janvier 2014 sur des inspections du travail efficaces à titre de stratégie pour l'amélioration des conditions de travail en Europe (14),

vu l'avis du Comité économique et social européen du 11 décembre 2014 et l'avis du Comité des régions du 12 février 2015 sur la communication de la Commission relative à un cadre stratégique de l'Union européenne en matière de santé et de sécurité au travail (2014-2020),

vu la directive 2000/78/CE du Conseil du 27 novembre 2000 portant création d'un cadre général en faveur de l'égalité de traitement en matière d'emploi et de travail,

vu l'action conjointe «Santé mentale et bien-être», lancée en 2013,

vu le principe «Think small first» (priorité aux PME) et l'initiative relative aux PME («Small Business Act for Europe»),

vu la campagne actuelle de l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) intitulée «Les risques psychosociaux: mieux prévenir pour mieux travailler»,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de l'emploi et des affaires sociales et l'avis de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (A8-0312/2015),

A.

considérant que les bonnes conditions de travail qui protègent la santé physique et mentale sont un droit fondamental (15) des travailleurs, qui a en soi une valeur positive;

B.

considérant que la crise économique a entraîné une augmentation de la précarité de l'emploi et des emplois atypiques et une réduction des revenus des entreprises, notamment des PME; qu'il ne faut pas, pour autant, perdre de vue l'importance de la santé et de la sécurité au travail, ainsi que les coûts sociaux et individuels élevés que représentent les accidents du travail résultant du non-respect de la réglementation;

C.

considérant que la santé et la sécurité au travail constituent un intérêt fondamental de la société ainsi qu'un investissement, qui a une incidence favorable sur la productivité et la compétitivité des entreprises, améliore la viabilité des systèmes de sécurité sociale et permet aux personnes de travailler en bonne santé jusqu'à l'âge légal de départ à la retraite; que les accidents du travail et les maladies professionnelles constituent une charge considérable pour la société et que l'amélioration de la santé et de la sécurité au travail en Europe peut contribuer à la reprise économique et à la réalisation des objectifs de la stratégie Europe 2020, pour laquelle peu de progrès ont été réalisés jusqu'à présent en faveur de l'objectif d'un taux d'emploi de 75 % pour les 20 à 64 ans;

D.

considérant que la prévention des risques professionnels, la promotion de la santé et de la sécurité au travail et la protection des travailleurs sur leur lieu de travail sont essentielles à l'amélioration des conditions de travail et, par conséquent, à la protection de la santé des travailleurs, qui, elle-même, apporte des avantages sociaux et économiques considérables pour les travailleurs concernés et la société en général; que, dans l'UE-28, les neuf institutions sur dix qui procèdent régulièrement à des évaluations des risques considèrent celles-ci comme un moyen utile de gérer la santé et la sécurité au travail (16);

E.

considérant qu'au titre de l'article 153 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, l'Union soutient et complète l'action des États membres dans l'amélioration, en particulier, du milieu de travail pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs;

F.

considérant que le vieillissement de la population est un des principaux défis auxquels les États membres sont confrontés; considérant les inégalités qui existent en ce qui concerne l'espérance de vie entre les différentes catégories socioprofessionnelles et la pénibilité au travail; considérant qu'en plus des troubles musculo-squelettiques (TMS), les travailleurs âgés de plus de 55 ans sont particulièrement sensibles aux cancers, maladies cardiaques, troubles respiratoires et troubles du sommeil (17); que l'indicateur des années de vie en bonne santé a régressé de 1,1 an pour les femmes et de 0,4 an pour les hommes entre 2010 et 2013, ce qui souligne la nécessité d'accroître l'espérance de vie en bonne santé et de permettre ainsi à un plus grand nombre de personnes de rester sur le marché du travail jusqu'à ce qu'ils aient effectivement atteint l'âge légal de départ à la retraite;

G.

considérant que les cancers constituent la première cause de mortalité liée au travail (18), suivis des maladies cardiovasculaires et respiratoires, alors que les accidents du travail ne représentent qu'une faible minorité des décès; que les problèmes de santé chroniques, tels que les troubles musculo-squelettiques (TMS), sont répandus dans l'Union et peuvent limiter la capacité des personnes à occuper ou à conserver un emploi rémunéré (19), et que l'identification précoce des travailleurs à risque est primordiale;

H.

considérant que les charges administratives et les coûts directs que représentent, pour les entreprises, les politiques en matière de santé et de sécurité au travail qui favorisent le bien-être, un cadre de travail de qualité et une meilleure productivité sont bien moindres que ceux relatifs aux maladies professionnelles et aux accidents du travail, que le cadre réglementaire de l'Union cherche à prévenir (20); que, selon certaines études, le «retour sur investissement de la prévention» peut être considérable (21);

I.

considérant que le taux d'accidents mortels au travail et la part des travailleurs qui indiquent que leur santé physique et mentale et leur sécurité sont menacées par leur travail varient considérablement d'un État membre à l'autre (22) et d'un secteur économique à l'autre, ce qui montre qu'une approche axée davantage sur la mise en œuvre et l'application de la législation en matière de santé et de sécurité au travail est importante afin de garantir la santé et la productivité des travailleurs;

J.

considérant que le stress lié au travail, en particulier, et les risques psychosociaux, en général, constituent un problème croissant pour les employés et les employeurs dans l'ensemble de l'Union et que près de la moitié des travailleurs estiment qu'il est habituel sur leur lieu de travail; que le stress lié au travail contribue à l'absentéisme, a une influence néfaste sur la productivité et est responsable de près de la moitié des jours de travail perdus chaque année; que les mesures prises afin de gérer les risques psychosociaux varient d'un État membre à l'autre (23);

K.

considérant qu'une législation solide et correctement mise en œuvre et appliquée dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail est une condition préalable importante au respect des exigences en la matière, qui garantissent la santé et la productivité des travailleurs tout au long de la vie active; que les inspections du travail jouent un rôle important dans la mise en œuvre des politiques en matière de santé et de sécurité au travail aux niveaux régional et local, et que le respect des obligations juridiques constitue, pour de nombreuses entreprises, la raison principale les incitant à s'occuper de la santé et de la sécurité au travail et à mettre en place des mesures de prévention (24);

L.

considérant que la participation et la représentation complètes des travailleurs au niveau de l'entreprise et l'engagement de la direction sont des éléments importants pour prévenir efficacement les risques sur le lieu de travail (25) et que les lieux de travail organisés par des organisations syndicales présentent des taux d'accident et de maladie moins élevés;

M.

considérant que l'efficacité de la lutte contre les accidents du travail dans leur ensemble suppose nécessairement une stratégie qui place l'humain au cœur du processus de production, à tous les égards;

N.

considérant qu'il y a lieu de se doter de ressources suffisantes pour aborder de manière adéquate à la fois les risques nouveaux et émergents et les risques traditionnels en matière de santé et de sécurité au travail, notamment en ce qui concerne l'amiante, les nanomatériaux et les risques psychosociaux; que de nombreux travailleurs, y compris les ouvriers du bâtiment, sont susceptibles d'être exposés à l'amiante;

O.

considérant que l'emploi précaire a des conséquences néfastes sur la santé et la sécurité au travail et qu'il sape les structures existantes de santé et de sécurité au travail; que l'emploi précaire peut exclure les travailleurs des formations et des services en matière de santé et de sécurité au travail et est associé au stress mental en raison de la précarité de l'emploi (26); que la directive-cadre 89/391/CEE pose la responsabilité des employeurs dans la mise en place d'une politique de prévention systématique couvrant l'ensemble des risques; que, lorsqu'un travail est externalisé via la sous-traitance et le travail intérimaire, il peut être plus difficile de déterminer qui est responsable d'appliquer les dispositions de santé et de sécurité au travail; que le travail non déclaré et le faux travail indépendant posent un grave problème pour la mise en œuvre des mesures en matière de santé et de sécurité au travail et pour la santé et la sécurité des travailleurs;

P.

considérant que les partenaires sociaux jouent un rôle important dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail aux niveaux national, international et de l'Union; que les articles 153 à 155 définissent le domaine de compétence des partenaires sociaux pour négocier et exécuter les accords en matière de santé et de sécurité au travail;

Q.

considérant que le cadre réglementaire de l'Union vise à prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles pour tous les travailleurs; que plus les entreprises sont petites, moins les travailleurs peuvent être informés des risques liés à la santé et la sécurité au travail; qu'aucune corrélation n'a pu être établie entre le nombre d'accidents et la taille de l'entreprise; qu'il existe, en revanche, un lien entre le taux d'accident, d'une part, et le type de production et le secteur d'activité, d'autre part (27);

R.

considérant que la disponibilité et la comparabilité des données sur les maladies professionnelles au niveau de l'Union sont insuffisantes (28);

S.

considérant qu'il est impératif de lutter contre le harcèlement sexuel au travail et le sentiment d'insécurité qu'il engendre;

T.

considérant que la discrimination à l'embauche, les écarts de salaire, les horaires de travail, les lieux de travail, les conditions de travail précaires, le sexisme et la discrimination fondée sur le sexe, ainsi que les différences liées à la spécificité physique de la maternité, sont autant de facteurs susceptibles d'influer sur les conditions de travail des femmes;

U.

considérant qu'il existe un stéréotype selon lequel les femmes occupent des emplois qui présentent moins de risques, que la tendance générale en Europe est que la division du travail entre hommes et femmes n'est jamais neutre, et que cette division occulte les problèmes de santé des femmes, ce qui a pour conséquence de réduire les mesures de prévention relatives au travail des femmes;

V.

considérant que, dans l'Union, l'emploi féminin est considérablement plus élevé dans le secteur tertiaire que dans le secteur secondaire, les femmes étant principalement employées dans le secteur du sanitaire et du social, dans les métiers de la vente, de la fabrication, de l'éducation et de l'entreprise, et que les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des emplois à temps partiel et des emplois précaires, ce qui a de fortes implications en matière de sécurité et de santé au travail;

W.

considérant que certains types d'emplois majoritairement occupés par des femmes exposent celles-ci à des risques spécifiques, notamment à des troubles musculo-squelettiques ou à certains types de cancer comme le cancer du sein ou de l'endomètre (29);

X.

considérant que les femmes présentent un plus grand nombre de problèmes de santé liés au travail que les hommes, quel que soit le type d'activité (30), et qu'elles sont particulièrement exposées aux maladies liées à l'âge; que, par conséquent, les actions en matière de santé et de sécurité au travail doivent être fonction du genre et reposer sur une approche du cycle de vie;

Y.

considérant le risque sanitaire qui pèse sur l'aptitude à la reproduction en raison des effets que la pollution de l'environnement et les facteurs de risque présents dans l'environnement de travail peuvent avoir sur les futurs parents ou les futurs enfants;

Z.

considérant que des recherches empiriques semblent indiquer que les femmes sont sous-représentées dans le processus décisionnel en matière de santé et de sécurité;

AA.

considérant que les femmes vivant en zone rurale éprouvent davantage de difficultés à exercer leurs droits en matière de travail et de santé et à accéder aux services de santé publique de base, aux traitements médicaux spécifiques et aux examens de dépistage du cancer;

Cadre stratégique de l ' Union en matière de santé et de sécurité au travail

1.

souligne que tous les travailleurs, y compris dans le secteur public, ont le droit de bénéficier du niveau de protection le plus élevé possible en matière de santé et de sécurité sur le lieu de travail, qui doit être garanti indépendamment de la taille de l'entreprise qui les emploie, du type de travail, du contrat sous-jacent ou de l'État membre d'emploi; appelle la Commission à élaborer des stratégies axées sur le travail couvrant toutes les formes d'emploi prévues dans le cadre stratégique de l'Union en matière de santé et de sécurité au travail; insiste sur l'importance de la clarté et de l'efficacité des règles en la matière;

2.

se félicite que le cadre stratégique de l'Union en matière de santé et de sécurité au travail recense un grand nombre de domaines d'action importants; regrette néanmoins que la Commission n'ait pas formulé d'objectifs concrets dans ce cadre; souligne, dans ce contexte, que, sur la base de données scientifiques et des résultats de l'évaluation ex-post de la législation de l'Union en matière de sécurité et de santé au travail, il y a lieu d'intégrer de nouvelles mesures législatives et/ou non législatives, ainsi que des outils de mise en œuvre et d'application effective de la législation, dans ce cadre réglementaire, après son réexamen de 2016;

3.

invite la Commission et les États membres à établir des objectifs indicatifs de réduction des maladies professionnelles et des accidents du travail après le réexamen du cadre stratégique de l'Union en 2016, et à se fonder, pour ce réexamen, sur les derniers résultats de la recherche évalués par des pairs; invite instamment la Commission à accorder la priorité aux secteurs où les travailleurs sont les plus exposés aux risques et à définir des orientations et à favoriser l'échange des bonnes pratiques pour la mise en œuvre des politiques en matière de santé et de sécurité au travail;

4.

regrette le retard pris dans l'élaboration de l'actuel cadre stratégique de l'Union en matière de santé et de sécurité au travail; estime que les nombreuses difficultés rencontrées par les travailleurs, les entreprises et les marchés du travail en Europe, notamment celles qui ont été recensées par la Commission, exigent que les mesures soient mises en œuvre efficacement et en temps utile;

5.

souligne qu'il est essentiel d'assurer un environnement de travail sûr et sain sur les plans physique et mental tout au long de la vie professionnelle afin d'atteindre l'objectif de vieillissement actif et en bonne santé de tous les travailleurs; estime que la prévention des maladies professionnelles et des accidents du travail et la prise en compte accrue des effets cumulatifs des risques professionnels créent une valeur ajoutée pour les travailleurs et pour la société en général;

6.

souligne la nécessité d'actions concrètes pour lutter contre les effets de la crise en aidant les entreprises qui s'efforcent d'améliorer la sécurité et la santé sur le lieu de travail;

Stratégies nationales

7.

souligne que les stratégies nationales relatives à la santé et à la sécurité au travail sont essentielles et contribuent aux progrès réalisés dans ce domaine dans les États membres; souligne qu'il conviendrait d'encourager la communication régulière d'informations concernant ces progrès; estime qu'il est indispensable de continuer à instaurer et à coordonner des politiques à l'échelle de l'Union, en accordant une attention particulière à la mise en œuvre et à l'application effective de la législation en matière de santé et de sécurité au travail, en vue d'assurer à tous les travailleurs un niveau élevé de santé et de sécurité au travail; estime nécessaire de mettre en cohérence, tant au niveau européen que national, les politiques de santé et de sécurité au travail avec d'autres politiques publiques, et est d'avis que les exigences de conformité devraient être claires afin de faciliter la tâche de mise en conformité des entreprises, notamment des PME; estime qu'il convient d'intégrer la dimension de genre dans les politiques afin de mieux refléter les risques spécifiques auxquels les travailleuses sont exposées;

8.

invite les États membres et la Commission à s'assurer que les stratégies nationales en matière de santé et de sécurité au travail soient conformes au cadre stratégique de l'Union en la matière et soient totalement transparentes et ouvertes aux contributions des partenaires sociaux et de la société civile, notamment des parties prenantes dans le domaine de la santé, conformément aux pratiques et usages des États membres; estime que le partage des bonnes pratiques et le dialogue social sont des facteurs importants pour améliorer la santé et la sécurité au travail;

9.

invite instamment les États membres à intégrer des objectifs mesurables et comparables adaptés à leur situation dans leurs stratégies nationales; estime qu'il conviendrait d'encourager la mise en place de mécanismes de communication régulière et transparente d'informations sur les progrès accomplis; souligne l'importance de la fiabilité des données;

Mise en œuvre et conformité

10.

reconnaît l'importance de prendre en compte la situation, les besoins spécifiques et les difficultés concernant la conformité des microentreprises et des petites entreprises ainsi que de certains secteurs des services publics dans le cadre de la mise en œuvre, au niveau de l'entreprise, des mesures relatives à la santé et à la sécurité au travail; souligne que la sensibilisation, l'échange de bonnes pratiques, les guides conviviaux et les plateformes en ligne sont indispensables pour aider les PME et les microentreprises à respecter davantage les exigences réglementaires en matière de santé et de sécurité au travail; demande à la Commission, à l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) et aux États membres de continuer d'élaborer des orientations et des outils pratiques, qui soutiennent, facilitent et améliorent la conformité des PME et des microentreprises avec les exigences en matière de santé et de sécurité au travail;

11.

appelle la Commission à continuer de prendre en considération la nature et la situation particulières des PME et des microentreprises lors de la révision du cadre stratégique, afin d'aider ces entreprises dans la réalisation des objectifs fixés en matière de santé et de sécurité au travail; souligne que les PME, sous leur forme actuelle, représentent environ 99 % de l'ensemble des entreprises; invite la Commission et les États membres à intensifier leurs efforts afin de collecter des données fiables sur la mise en œuvre réelle de la législation en matière de santé et de sécurité au travail dans les microentreprises et les petites entreprises;

12.

salue la mise en place, dans les États membres, de l'outil interactif d'évaluation des risques en ligne (OiRA) de l'EU-OSHA ainsi que d'autres outils électroniques qui facilitent l'évaluation des risques et visent à favoriser le respect des règles et à promouvoir une culture de prévention, notamment dans les microentreprises et les petites entreprises; demande instamment aux États membres d'utiliser les financements européens pour les actions en matière de santé et de sécurité au travail en général et pour le développement des outils électroniques en particulier, dans le but de soutenir les PME; souligne l'importance des campagnes de sensibilisation dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail, telles que les campagnes «Lieux de travail sains», et insiste sur l'importance de la sensibilisation des employeurs et des employés aux droits et aux obligations fondamentaux en matière de santé et de sécurité au travail;

13.

invite les États membres et les partenaires sociaux à prendre des initiatives pour améliorer les compétences des représentants et des responsables dans le domaine de la santé et de la sécurité conformément à la législation et aux pratiques nationales; invite les États membres à encourager la participation active du personnel à la mise en œuvre des mesures préventives en matière de santé et de sécurité au travail et à s'assurer que les représentants dans le domaine de la santé et de la sécurité puissent bénéficier d'une formation allant au-delà des modules de base;

14.

souligne l'importance de promouvoir une culture de confiance et d'apprentissage mutuels encourageant les salariés à participer au développement d'un environnement de travail sain et sûr, qui favorise également l'intégration sociale des travailleurs et la compétitivité des entreprises; souligne, dans ce contexte, qu'aucun travailleur ne devrait subir de préjudice pour avoir manifesté des préoccupations en matière de santé et de sécurité;

15.

fait observer que la bonne gestion de la santé et de la sécurité au travail passe notamment par une législation correctement mise en œuvre et applicable et une évaluation documentée des risques, avec la participation des travailleurs et de leurs représentants, qui permet de mettre en place des mesures de prévention appropriées sur le lieu de travail;

16.

invite la Commission à prendre toutes les mesures nécessaires au suivi de la mise en place et de l'application de la législation relative à la santé et à la sécurité au travail dans les États membres; estime que l'évaluation ex-post de la mise en œuvre effective des directives de l'Union en matière de santé et de sécurité au travail dans les États membres constitue une bonne occasion pour effectuer ce suivi et escompte que les conclusions relatives à la mise en œuvre de la législation existante seront prises en considération dans le cadre du réexamen du cadre stratégique;

Application de la législation

17.

estime qu'il est essentiel de garantir des conditions de concurrence égales dans l'ensemble de l'Union et de supprimer la concurrence déloyale et le dumping social; souligne que le rôle des inspections du travail est essentiel pour faire respecter le droit des travailleurs à un environnement de travail sûr et sain sur les plans physique et mental, et fournir des conseils aux employeurs, notamment aux PME et aux microentreprises; invite les États membres à se conformer aux normes et aux orientations de l'OIT en matière d'inspection du travail, afin de veiller à ce que les services d'inspection du travail disposent de suffisamment d'effectifs et de ressources, et à améliorer les formations destinées aux inspecteurs du travail, comme le recommande le Comité économique et social européen (31); salue la coopération des services nationaux d'inspection du travail au sein du comité des hauts responsables de l'inspection du travail (CHRIT);

18.

attire l'attention sur la difficulté de mettre en œuvre la législation en matière de sécurité et de santé au travail en ce qui concerne les travailleurs exerçant des activités non déclarées; rappelle que le rôle des inspections du travail est essentiel pour décourager le travail non déclaré; invite les États membres à procéder à des inspections rigoureuses et à imposer des sanctions adéquates aux employeurs qui font appel à des travailleurs non déclarés; prie instamment la Commission et les États membres de prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre le travail non déclaré; souligne que la majorité des accidents du travail mortels surviennent dans les secteurs à forte intensité de main-d'œuvre, dans lesquels le travail non déclaré est plus répandu par rapport à d'autres secteurs;

19.

estime que l'application effective de la législation en matière de santé et de sécurité au travail dépend également, en grande partie, des inspections du travail; estime que les ressources devraient être concentrées sur les secteurs réputés présenter le plus de risques pour les travailleurs; invite instamment les autorités compétentes à assurer, tout en procédant à des inspections aléatoires, une surveillance fondée sur les risques et à cibler les contrevenants récidivistes, afin de rendre comptables de leurs actes les employeurs qui ne satisfont pas aux exigences en matière de sécurité et de santé au travail; invite les États membres à assurer l'échange d'informations et à améliorer la coordination entre les services d'inspection du travail afin de renforcer la coopération transfrontalière;

Cadre réglementaire

20.

salue les efforts visant à améliorer la qualité du cadre réglementaire et attend avec intérêt de nouvelles avancées dans ce domaine; rappelle toutefois à la Commission que la présentation des directives en matière de santé et de sécurité au travail au programme REFIT et les modifications de la législation devraient se faire de manière démocratique et transparente, avec la participation des partenaires sociaux, et ne devraient, en aucun cas, entraîner une baisse du niveau de santé et de sécurité au travail; souligne, dans ce contexte, qu'il y a lieu de tenir compte des modifications de l'environnement de travail découlant de l'évolution technologique; attire l'attention sur le fait que les États membres sont libres d'adopter des normes plus élevées que les exigences minimales en matière de santé et de sécurité au travail; estime toutefois que les règles en vigueur devraient être améliorées, notamment en évitant les chevauchements et en préconisant une meilleure intégration de la législation en matière de santé et de sécurité au travail dans d'autres domaines d'action, tout en préservant et en cherchant à accroître davantage le niveau de protection de la santé et de la sécurité des employés;

21.

souligne que la participation des travailleurs et des partenaires sociaux à tous les niveaux, conformément à la législation et aux pratiques nationales, est une condition nécessaire à la mise en œuvre effective de la législation en matière de santé et de sécurité au travail et que la participation des partenaires sociaux au niveau de l'Union peut garantir la pertinence du cadre stratégique en matière de santé et de sécurité au travail pour les employeurs et les employés européens; invite les partenaires sociaux et la Commission à engager un dialogue constructif sur la manière d'améliorer le cadre réglementaire en vigueur et estime que cette approche est nécessaire pour renforcer le rôle des partenaires sociaux;

Prévention des maladies liées au travail et des risques nouveaux et émergents

22.

fait valoir l'importance de protéger les travailleurs contre l'exposition à des substances cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction; souligne, dans ce contexte, que les femmes sont souvent exposées à une combinaison de substances susceptibles d'augmenter les risques pour la santé, notamment en ce qui concerne la viabilité de leurs enfants; renouvelle, avec insistance, sa demande à la Commission de présenter une proposition de révision de la directive 2004/37/CE, sur la base de données scientifiques probantes, afin de fixer, le cas échéant, plus de valeurs limites d'exposition professionnelle contraignantes et de mettre au point, en coopération avec le comité consultatif pour la sécurité et la santé sur le lieu du travail, un système d'évaluation fondé sur des critères clairs et explicites; estime qu'il convient d'éviter, dans ce contexte, les chevauchements réglementaires résultant du non-respect involontaire de la législation;

23.

souligne la nécessité de renforcer la protection des travailleurs, en prenant en considération non seulement la période d'exposition, mais aussi le mélange de substances chimiques et/ou toxiques auquel ils sont exposés; souligne que de nombreux professionnels de la santé continuent d'être exposés à des substances dangereuses sur leur lieu de travail; invite la Commission à prendre des mesures concernant les facteurs de risques chimiques dans le secteur de la santé et à prévoir des dispositions spécifiques sur l'exposition des professionnels de la santé à des médicaments dangereux dans le cadre stratégique en matière de santé et de sécurité au travail; invite instamment la Commission à veiller à ce que tous les travailleurs impliqués directement ou indirectement dans l'utilisation ou l'élimination des objets tranchants à usage médical bénéficient d'une protection adéquate; souligne qu'il pourrait, par conséquent, être nécessaire de procéder à une révision de la directive 2010/32/UE relative à la prévention des blessures par objets tranchants dans le secteur hospitalier et sanitaire;

24.

souligne que de nombreux travailleurs continuent d'être exposés à l'amiante sur leur lieu de travail; invite la Commission à collaborer étroitement avec les partenaires sociaux et les États membres afin d'encourager et de coordonner les efforts déployés par les États membres en vue d'élaborer des plans d'action nationaux, de prévoir un financement adéquat et de prendre les mesures nécessaires pour le traitement de l'amiante et le désamiantage en toute sécurité;

25.

demande une nouvelle fois (32) à la Commission de développer et de mettre en œuvre un modèle pour la détection et l'enregistrement de l'amiante, conformément à l'article 11 de la directive 2009/148/CE; demande que soit organisée une campagne européenne sur l'amiante et invite instamment les États membres à dédommager les travailleurs exposés à l'amiante;

26.

invite la Commission à prendre des mesures concernant les problèmes de santé liés au travail les plus répandus en Europe et à présenter sans tarder une proposition d'instrument juridique exhaustif sur les troubles musculo-squelettiques (TMS) afin d'améliorer l'efficacité de la prévention et de combattre les causes des TMS, en prenant en considération le problème de la pluralité des causes et les risques spécifiques auxquels les femmes sont exposées; souligne que la consolidation des actes législatifs de l'Union établissant des exigences minimales pour protéger les travailleurs contre l'exposition aux facteurs de risque sur le plan ergonomique peut avoir une incidence positive pour les employés comme pour les employeurs, en facilitant la mise en œuvre du cadre réglementaire ainsi que la mise en conformité avec celui-ci; souligne également l'importance de l'échange des bonnes pratiques et la nécessité de mieux sensibiliser et informer les travailleurs sur les facteurs de risque sur le plan ergonomique;

27.

invite les États membres à mettre en œuvre le plus rapidement possible la directive 2002/44/CE du 25 juin 2002 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l'exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques;

28.

attire l'attention de la Commission sur l'importance d'améliorer la prévention des expositions professionnelles aux perturbateurs endocriniens, qui ont de nombreux effets néfastes sur la santé des travailleurs et des travailleuses, ainsi que sur leurs enfants (33); demande à la Commission de définir sans tarder une stratégie globale sur les perturbateurs endocriniens, qui pourrait, le cas échéant, couvrir la mise en œuvre de la législation de l'Union relative à la mise sur le marché des pesticides et des biocides et renforcer les règles de prévention des risques professionnels; souligne que le soutien de l'Union à la recherche de nouvelles solutions plus sûres est essentiel en ce qui concerne l'application des principes de précaution et de substitution;

29.

salue l'engagement pris par la Commission dans le cadre stratégique de l'Union en matière de santé et de sécurité au travail pour la période 2014-2020 en vue d'améliorer la prévention des maladies liées au travail, notamment dans les domaines des nanotechnologies et des biotechnologies; met l'accent sur l'incertitude concernant la diffusion et l'utilisation de nanomatériaux et estime qu'il est nécessaire d'approfondir la recherche sur les risques potentiels associés aux nouvelles technologies dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail; estime, à cet égard, que le principe de précaution devrait être appliqué afin de réduire les risques potentiels pour la santé et la sécurité des travailleurs qui manipulent les nanotechnologies;

30.

attire l'attention de la Commission sur le nombre croissant de travailleurs atteints de maladies chroniques; est d'avis que les personnes atteintes de maladies en phase terminale, de maladies de longue durée, de maladies chroniques ou d'un handicap devraient pouvoir occuper des emplois accessibles et sûrs; invite instamment les États membres à concentrer leurs efforts sur le maintien et l'intégration des personnes atteintes de maladies chroniques ainsi qu'à favoriser une adaptation raisonnable des lieux de travail pour assurer une reprise du travail en temps utile; demande à la Commission d'encourager les mesures d'intégration et de réhabilitation des personnes handicapées et de soutenir les États membres par un travail de sensibilisation et par la définition et l'échange des bonnes pratiques en matière d'aménagements sur le lieu de travail; invite Eurofound à procéder à un examen et à une analyse plus approfondis des possibilités d'emploi et du niveau d'employabilité des personnes atteintes de maladies chroniques;

31.

note que l'innovation technologique peut être bénéfique pour la société en général; est préoccupé, néanmoins, par les nouveaux risques qui découlent de ces évolutions; salue, dans ce contexte, l'intention de la Commission de constituer un réseau de professionnels et de scientifiques dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail afin de mieux répondre aux défis futurs; attire l'attention sur l'utilisation croissante des robots collaboratifs intelligents, par exemple dans la production industrielle, les hôpitaux et les maisons de retraite; invite la Commission et les États membres à recenser les risques potentiels en matière de santé et de sécurité au travail découlant de l'innovation technologique, et à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre ces risques;

32.

invite la Commission et les États membres à élaborer et à mettre en œuvre un programme de suivi, de soutien et de gestion systématiques des travailleurs exposés à des risques psychosociaux, tels que le stress, la dépression et l'épuisement professionnel, dans le but notamment de formuler des recommandations et des orientations efficaces pour se protéger contre ce type de risque; souligne que le stress au travail est reconnu comme un obstacle majeur à la productivité et à la qualité de vie; fait observer, à cet égard, que la santé mentale et les risques psychosociaux peuvent être influencés par de nombreux facteurs qui ne sont pas tous liés au travail; relève néanmoins que les risques psychosociaux et le stress lié au travail constituent un problème structurel lié à l'organisation du travail et qu'il est possible de prévenir et de gérer les risques psychosociaux et le stress lié au travail; souligne la nécessité de réaliser des études, d'améliorer la prévention et d'envisager de nouvelles mesures axées sur le partage des bonnes pratiques et les outils destinés à la réinsertion sur le marché du travail, lors du réexamen du cadre stratégique en matière de santé et de sécurité au travail en 2016;

33.

salue la campagne intitulée «Les risques psychosociaux: mieux prévenir pour mieux travailler»; insiste sur la nécessité d'intégrer la dimension de genre dans les initiatives destinées à lutter contre le stress au travail, en tenant compte des conditions de travail spécifiques aux femmes;

34.

attire l'attention sur la question du harcèlement moral et sur les conséquences qui peuvent en découler pour la santé psychosociale; souligne l'importance de lutter contre le harcèlement et la violence au travail et demande, par conséquent, à la Commission d'envisager, en étroite coopération avec les partenaires sociaux, de présenter une proposition d'acte juridique fondée sur l'accord-cadre sur le harcèlement et la violence au travail; invite, en outre, les États membres à mettre en place des stratégies nationales efficaces de lutte contre la violence au travail;

35.

invite la Commission et les États membres à adopter une démarche ciblée afin d'éliminer le travail précaire et à prendre en compte les incidences néfastes du travail précaire sur la santé et la sécurité au travail; souligne qu'il peut être plus difficile pour les travailleurs ayant des contrats atypiques d'avoir accès aux formations et aux services de santé et de sécurité au travail; estime qu'il est essentiel d'améliorer la santé et la sécurité de tous les travailleurs, quel que soit le type d'emploi, notamment de ceux qui peuvent être vulnérables, tels que les jeunes et les personnes qui ont été touchées précédemment par le chômage de longue durée; invite les États membres à respecter les exigences énoncées dans la directive 96/71/CE afin de lutter contre le dumping social et à prendre, dans ce contexte, toutes les mesures nécessaires pour faire respecter et protéger le droit des travailleurs détachés à un traitement équitable en ce qui concerne la santé et la sécurité au travail;

36.

souligne qu'il y a lieu de tenir compte du secteur des ménages au moment d'examiner les moyens d'améliorer la santé et la sécurité au travail; prie instamment les employeurs et les décideurs politiques d'assurer et de faciliter un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée, en tenant compte du nombre croissant d'employés qui doivent combiner emploi et obligations familiales; souligne l'importance de lutter contre les temps de travail excessifs afin d'assurer un équilibre entre la vie professionnelle et la vie de famille; invite les États membres à mettre pleinement en œuvre la directive 2003/88/CE et souligne, dans ce contexte, l'importance de contrôler le respect de la disposition relative au nombre maximal d'heures de travail;

37.

invite la Commission et les États membres à élaborer les politiques nécessaires pour faire face au vieillissement de la population active; estime que le cadre réglementaire en matière de santé et de sécurité au travail devrait favoriser une vie professionnelle durable et un vieillissement en bonne santé; demande aux États membres de promouvoir les mesures de réhabilitation et de réinsertion des travailleurs âgés en appliquant les conclusions du projet pilote de l'Union sur la santé et la sécurité des travailleurs âgés;

38.

souligne l'importance de prendre des mesures en matière de santé et de sécurité au travail afin de cibler les défis et les risques spécifiques des femmes sur le lieu de travail, notamment le harcèlement sexuel; demande à la Commission et aux partenaires sociaux d'assurer une meilleure représentation paritaire des hommes et des femmes dans tous les processus du dialogue social; invite instamment la Commission à prendre en considération la question de l'égalité des genres lors du réexamen du cadre stratégique en matière de santé et de sécurité au travail, prévu pour 2016; demande à la Commission de mettre en place une stratégie européenne de lutte contre la violence à l'égard des femmes sur le lieu de travail et de déterminer, dans ce contexte, s'il convient de réviser la directive 2006/54/CE afin d'étendre son champ d'application à de nouvelles formes de violence et de harcèlement; demande aux États membres de mettre en œuvre la recommandation 92/131/CEE de la Commission appelant à la sensibilisation à la lutte contre le harcèlement sexuel et contre toute autre forme de comportement sexuel répréhensible;

39.

attire l'attention de la Commission sur le rôle que les comités de dialogue social sectoriel peuvent jouer pour lutter contre les risques sectoriels spécifiques en matière de santé et de sécurité au travail et créer éventuellement une valeur ajoutée, au moyen d'accords conclus entre les partenaires sociaux en s'appuyant sur leur connaissance approfondie des spécificités sectorielles;

40.

souligne que la Commission devrait collecter des données, réaliser un travail de recherche et développer des méthodes statistiques d'évaluation de la prévention, ventilées par sexe et par âge, en vue de cibler les difficultés spécifiques rencontrées par les groupes vulnérables, notamment les femmes, sur le lieu de travail;

41.

souligne l'importance d'investir davantage dans les politiques de prévention des risques et de promouvoir, développer et soutenir une culture de la prévention en matière de santé et de sécurité au travail; invite les États membres à promouvoir des actions de sensibilisation et à accorder davantage d'importance à la prévention et à la santé et la sécurité au travail dans les programmes scolaires, à tous les niveaux, y compris pendant l'apprentissage; estime qu'il importe de mettre l'accent sur la prévention le plus tôt possible dans le processus de production et de favoriser la mise en œuvre de programmes de prévention systématiques fondés sur l'évaluation des risques, qui encouragent les employeurs et les employés à contribuer à un environnement de travail sûr et sain; fait observer que, dans de nombreux États membres, la qualité des services de prévention est essentielle pour aider les entreprises, notamment les PME, à effectuer des analyses de risques et à prendre des mesures préventives appropriées; invite la Commission à examiner les missions et les exigences de formation des services de prévention définies par les États membres dans leur législation nationale;

42.

souligne qu'il y a lieu d'associer les femmes au processus décisionnel pour la mise en place de meilleures pratiques dans le domaine de la santé et de la sécurité sur leur lieu de travail;

43.

invite la Commission à ne pas négliger la question du développement de cancers liés au travail, comme la tumeur de la cavité nasale, dont l'incidence est plus élevée en l'absence de protection adéquate des voies respiratoires des travailleurs contre l'inhalation de certaines poussières plutôt courantes qui résultent du travail du bois, du cuir, de la farine, du textile, du nickel et d'autres matériaux;

44.

engage les États membres à garantir aux travailleurs l'égalité des chances en matière d'exercice de leurs droits et un accès égal aux services de santé publique pour tous les citoyens, en particulier pour les femmes vivant en zone rurale et les autres groupes vulnérables de citoyens;

Données statistiques

45.

invite la Commission et les États membres à améliorer la collecte de données fiables et comparables sur les maladies, l'exposition et les risques professionnels dans tous les secteurs, notamment dans le secteur public, en vue de recenser les bonnes pratiques, de favoriser l'apprentissage comparatif et de constituer une base de données commune sur l'exposition professionnelle, sans qu'il en résulte des coûts disproportionnés; souligne l'importance d'associer des experts nationaux et de maintenir la base de données à jour; demande instamment aux États membres et à la Commission de collecter davantage de données sur les risques associés à la numérisation, la sécurité routière en rapport avec le travail et les conséquences que la crise a pu avoir sur la santé et la sécurité au travail;

46.

invite la Commission et les États membres à collecter des données statistiques de qualité, ventilées par âge et par sexe, sur les maladies liées au travail afin d'améliorer et d'adapter en permanence, le cas échéant, le cadre législatif en fonction des risques nouveaux et émergents;

47.

invite les États membres à réaliser des études visant à mesurer l'incidence à l'échelle nationale des troubles musculo-squelettiques liés au travail dans la population active, par sexe, par âge et par secteur d'activité économique, pour prévenir et réduire l'apparition de tels troubles;

48.

souligne l'importance d'actualiser et d'élaborer des indicateurs de santé et des définitions des maladies liées au travail, notamment le stress au travail, ainsi que des données statistiques à l'échelle de l'Union en vue de fixer des objectifs de réduction de l'incidence des maladies professionnelles;

49.

attire l'attention sur les difficultés rencontrées dans la collecte de données dans de nombreux États membres; demande d'intensifier les travaux de l'EU-OSHA et d'Eurofound; invite les États membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce que les accidents du travail soient déclarés par les employeurs;

Efforts internationaux

50.

invite le Conseil et la Commission à s'assurer que tous les accords commerciaux conclus avec des pays tiers permettent d'améliorer l'environnement de travail afin de protéger la santé et la sécurité des travailleurs;

51.

souligne qu'il est dans l'intérêt de l'Union et qu'il est de son devoir d'améliorer les normes du travail, notamment le niveau de santé et de sécurité au travail à l'échelle mondiale;

52.

demande instamment à la Commission de renforcer la coopération dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail avec les organisations internationales, notamment l'OIT, l'OCDE, le G20 et l'OMS;

53.

déplore que tous les États membres n'aient pas ratifié la convention no 187 de l'OIT sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail; invite tous les États membres à la ratifier;

o

o o

54.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 354 du 31.12.2008, p. 70.

(2)  JO L 183 du 29.6.1989, p. 1.

(3)  JO L 299 du 18.11.2003, p. 9.

(4)  JO L 204 du 26.7.2006, p. 23.

(5)  JO L 165 du 27.6.2007, p. 21.

(6)  JO C 77 E du 28.3.2002, p. 138.

(7)  JO C 304 E du 1.12.2005, p. 400.

(8)  JO C 303 E du 13.12.2006, p. 754.

(9)  JO C 102 E du 24.4.2008, p. 321.

(10)  JO C 41 E du 19.2.2009, p. 14.

(11)  JO C 99 E du 3.4.2012, p. 101.

(12)  JO C 168 E du 14.6.2013, p. 102.

(13)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0093.

(14)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0012.

(15)  Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, article 31, paragraphe 1: «Tout travailleur a droit à des conditions de travail qui respectent sa santé, sa sécurité et sa dignité».

(16)  Second European Survey of Enterprises on New and Emerging Risks (ESENER-2) (Deuxième enquête européenne des entreprises sur les risques nouveaux et émergents), EU-OSHA (2015).

(17)  Eurofound: «Conditions de travail d'une main-d'œuvre vieillissante», Eurofound (2008).

(18)  Déclaration du directeur de l'EU-OSHA, 18.11.2014.

(19)  Report on Employment opportunities for people with chronic diseases (Rapport sur les perspectives d'emploi pour les personnes atteintes de maladie), Eurofound (2014).

(20)  Evaluation of the European strategy on Safety and Health at Work 2007-2012 (Évaluation de la stratégie de l'Union en matière de santé et de sécurité au travail pour la période 2007-2012), Commission européenne (2012).

(21)  Berechnung des internationalen «Return on Prevention» für Unternehmen: Kosten und. Nutzen von Investitionen in den betrieblichen Arbeits- und Gesundheitsschutz, DGUV (2013).

(22)  5th Working Conditions Survey, Overview Report (5e enquête sur les conditions de travail, rapport de synthèse), Eurofound (2012).

(23)  Second European Survey of Enterprises on New and Emerging Risks (ESENER-2) (Deuxième enquête européenne des entreprises sur les risques nouveaux et émergents), EU-OSHA (2015).

(24)  Second European Survey of Enterprises on New and Emerging Risks (ESENER-2) (Deuxième enquête européenne des entreprises sur les risques nouveaux et émergents), EU-OSHA (2015).

(25)  Worker representation and consultation on health and safety (La représentation et la consultation des travailleurs concernant la santé et la sécurité), EU-OSHA (2012).

(26)  Flexible forms of work: «very atypical» contractual arrangements, Eurofound (2010) and Health and well-being at work: A report based on the fifth European Working Conditions Survey, Eurofound (2012).

(27)  5th Working Conditions Survey, Overview Report (5e enquête sur les conditions de travail, rapport de synthèse), Eurofound (2012) et Third European Company Survey (Troisième enquête sur les entreprises européennes), Eurofound (2015).

(28)  Report on the current situation in relation to occupational diseases systems in EU Member States and EFTA/EEA countries (Rapport sur la situation actuelle des systèmes de maladies professionnelles dans les États membres de l'UE et les pays de l'AELE/EEE), CE (2013).

(29)  New risks and trends in the safety and health of women at work, EU-OSHA, 2013.

(30)  Risques pour la santé et la sécurité au travail des travailleurs les plus vulnérables, Département thématique A du Parlement européen, Politiques économiques et scientifiques, 2011, p. 40.

(31)  JO C 230 du 14.7.2015, p. 82.

(32)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0093.

(33)  The Cost of Inaction (Le coût de l'inaction), Nordon (2014), et Rapport sur les perturbateurs endocriniens, le temps de la précaution, Gilbert Barbier (2011).


Jeudi 26 novembre 2015

27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/129


P8_TA(2015)0412

L'Afghanistan, notamment les massacres dans la province de Zaboul

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur l'Afghanistan, notamment les massacres commis dans la province de Zaboul (2015/2968(RSP))

(2017/C 366/10)

Le Parlement européen,

vu sa résolution du 15 décembre 2011 sur la situation des femmes en Afghanistan et au Pakistan (1) et sa résolution du 13 juin 2013 sur les négociations relatives à un accord de coopération entre l'Union européenne et l'Afghanistan sur le partenariat et le développement (2),

vu la stratégie locale de l'Union en faveur des défenseurs des droits de l'homme en Afghanistan de 2014,

vu la résolution 2210 (2015) du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies et le mandat de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA),

vu les conclusions du Conseil du 20 juillet 2015 sur l'Afghanistan,

vu la conférence du 20 septembre 2015 sur la mise en œuvre du plan d'action national (résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU) sur les femmes, la paix et la sécurité et le soutien à celui-ci;

vu le rapport semestriel de la MANUA et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme du mois d'août 2015 sur la protection des civils dans les conflits armés en Afghanistan pour l'année 2015,

vu les conclusions du Conseil du 26 octobre 2015 sur l'Afghanistan,

vu la communication de la mission de l'ONU du 11 novembre 2015 condamnant le «meurtre absurde» de sept otages civils dans la province de Zaboul,

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que les persécutions ethniques et sectaires en Afghanistan suscitent de plus en plus d'inquiétudes, les affaires d'enlèvements et d'attaques qui s'y déroulent depuis des mois visant la communauté hazara, qui est considérée comme le troisième groupe ethnique du pays et le seul qui soit majoritairement chiite;

B.

considérant que sept civils ont été enlevés en octobre 2015 et exécutés entre le 6 et le 8 novembre 2015 dans le district d'Arghandab, et que des affrontements armés entre deux groupes rivaux composés d'éléments antigouvernementaux ont été signalés;

C.

considérant que les Hazaras, peuple majoritairement chiite, font partie des minorités ethniques reconnues par la nouvelle Constitution afghane;

D.

considérant que, le 21 novembre 2015, un groupe de quelque 30 Hazaras a été attaqué sous la menace d'armes à feu alors qu'il voyageait sur une route du sud du pays; qu'au moins cinq autres Hazaras dans un autobus à destination de Kaboul ont été sauvés par d'autres voyageurs qui les ont aidés à dissimuler leur identité lorsque le bus a été arrêté par des extrémistes;

E.

considérant que les assassinats commis dans la province de Zaboul mettent en évidence les dangers auxquels sont particulièrement exposés les Hazaras; que des passagers hazaras voyageant en autobus ont été séparés des autres passagers, enlevés et, dans certains cas, tués, dans un certain nombre d'incidents survenus au cours des deux dernières années;

F.

considérant que ces meurtres mettent en exergue la menace terroriste permanente que constituent pour les civils les talibans et leurs groupes dissidents, dont certains ont proclamé leur allégeance à Daech/EIIL;

G.

considérant que l'Union européenne soutient depuis 2002 la reconstruction et le développement de l'Afghanistan et qu'elle est résolument attachée à l'établissement de la paix, de la stabilité et de la sécurité en Afghanistan;

H.

considérant que la mission EUPOL lancée en 2007 pour soutenir la formation des forces de police afghanes concourt à la mise en place d'un système carcéral et judiciaire sous administration afghane; que le Conseil a décidé, en décembre 2014, de proroger le mandat de la mission jusqu'au 31 décembre 2016;

I.

considérant que la mission de la force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) s'est achevée fin 2014; que la nouvelle mission «Soutien résolu» a été lancée en janvier 2015 afin de former, de conseiller et d'assister davantage les forces de sécurité et les institutions afghanes;

J.

considérant que les meurtres de civils, ainsi que la prise d'otages civils, constituent de graves violations du droit international humanitaire, que toutes les parties au conflit armé — y compris tous les éléments antigouvernementaux — sont tenues de respecter;

K.

considérant que la sécurité sur le territoire de l'Afghanistan est toujours un sujet de vive préoccupation en raison des activités terroristes des talibans;

L.

considérant que les dommages collatéraux perdurent et qu'ils se traduisent par un nombre considérable de victimes parmi des civils innocents, le personnel humanitaire et même des troupes appartenant à des missions de maintien de la paix;

M.

considérant que le récent appel lancé aux combattants de l'EIIL par Al-Zawahiri, le chef d'Al-Qaïda, les invitant à faire la guerre contre la coalition internationale, constitue une nouvelle menace pour les forces de l'OTAN présentes en Afghanistan et pour la sécurité du pays;

1.

condamne fermement le meurtre et la décapitation barbares de sept Hazaras (deux femmes, quatre hommes et une petite fille) dans la province afghane de Zaboul située dans le sud-est du pays, à la frontière avec le Pakistan;

2.

condamne les attentats perpétrés par les talibans, Al-Qaïda, l'EIIL et d'autres groupes terroristes à l'encontre de civils afghans, des forces de défense et de sécurité nationale afghanes, des institutions démocratiques et de la société civile, qui sont à l'origine d'un nombre sans précédent de victimes; souligne que la protection de la communauté hazara, groupe particulièrement exposé aux talibans et à la violence terroriste de l'EIIL/Daech, devrait être une priorité pour le gouvernement afghan;

3.

présente ses condoléances aux familles endeuillées, et notamment à celles des victimes récentes des terribles massacres perpétrés contre la communauté hazara;

4.

demande qu'un soutien soit apporté aux autorités afghanes afin qu'elles prennent rapidement les mesures qui s'imposent pour faire en sorte que les meurtriers de civils innocents soient traduits en justice et que l'état de droit soit rétabli dans le pays;

5.

invite les autorités afghanes à veiller à ce que les membres des forces de sécurité impliqués dans des violations graves des droits de l'homme, y compris ceux qui exercent le commandement de forces coupables d'exactions, fassent l'objet d'une enquête impartiale et sérieuse ainsi que de sanctions disciplinaires ou de poursuites, le cas échéant;

6.

estime que les assassinats d'otages civils, y compris de femmes et d'enfants, doivent être considérés comme des crimes de guerre; insiste sur le fait que la mise à mort de civils innocents est interdite par le droit international humanitaire; rappelle que ce droit doit être respecté par toutes les parties au conflit, y compris les groupes dissidents;

7.

se dit fortement préoccupé par la gravité de la situation en matière de sécurité, l'accroissement constant de la violence, les actes de terrorisme qui entraînent une forte augmentation du nombre de victimes et les menaces permanentes envers une population de plus en plus contrainte à vivre dans un climat de peur et d'intimidation;

8.

estime que la sécurité nationale est indispensable au développement économique et social, à la stabilité politique et à l'avenir de l'Afghanistan;

9.

invite le gouvernement afghan à intensifier sa coopération avec le gouvernement pakistanais; souligne qu'une collaboration plus étroite en matière de sécurité et de gouvernance est de l'intérêt de tous et contribuerait à la consolidation de la paix et de la stabilité dans la région;

10.

invite les États membres et le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) à rester pleinement mobilisés et à soutenir le gouvernement afghan dans la lutte contre les mouvements d'insurrection;

11.

renouvelle son engagement en faveur de tous les efforts visant à débarrasser l'Afghanistan du terrorisme et de l'extrémisme, et estime que ces efforts sont essentiels pour la sécurité régionale et mondiale, afin de construire un pays pluriculturel, stable, démocratique et plus prospère;

12.

reste déterminé à soutenir le gouvernement afghan afin qu'il entreprenne des réformes essentielles, à renforcer davantage la gouvernance et l'état de droit, à encourager le respect des droits de l'homme, y compris les droits de la femme, à lutter contre la corruption et contre le trafic de stupéfiants, à améliorer la viabilité des finances publiques et à favoriser la croissance économique sans exclusive; note que le président Ashraf Ghani a l'intention de faire de la lutte contre la corruption une de ses priorités;

13.

réaffirme son soutien au gouvernement et au peuple afghans dans cette période critique; attire l'attention sur les pertes subies par les forces de défense et de sécurité afghanes depuis la fin de la mission de la FIAS fin 2014; encourage le gouvernement à poursuivre ses efforts de renforcement de l'efficience et de l'efficacité opérationnelles des forces de défense et de sécurité afin d'assurer à la population dans son ensemble la sécurité et la stabilité.

14.

demeure vivement préoccupé par la détérioration de la situation des droits de l'homme et de la sécurité en Afghanistan et, en particulier, par les conséquences que cela pourrait avoir pour les droits des femmes, les minorités religieuses et ethniques, les défenseurs des droits de l'homme et les journalistes;

15.

rappelle que la loi de 2009 pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes a constitué un tournant, et prie instamment les autorités de consacrer davantage d'attention et de moyens à la protection des défenseurs des droits de l'homme menacés ou attaqués;

16.

invite le gouvernement afghan à adopter un plan de mise en œuvre pour le plan d'action national 1325 pour l'Afghanistan, qui prévoit l'obligation de faire participer pleinement les femmes à tous les stades des négociations de paix;

17.

rappelle les engagements pris par le gouvernement afghan envers la communauté internationale en ce qui concerne les droits et la protection des minorités ethniques, linguistiques, religieuses et autres;

18.

condamne fermement les récents attentats perpétrés par les talibans à Kunduz et déplore les victimes qu'ils ont fait parmi la population civile et les forces de défense et de sécurité nationales afghanes; plaide en faveur d'une enquête indépendante sur l'attaque qui a visé l'hôpital géré par Médecins sans frontières à Kunduz, et demande que la neutralité des hôpitaux et des établissements médicaux soit respectée;

19.

rappelle qu'il est extrêmement urgent que le gouvernement afghan et tous les partenaires de la région s'engagent de manière crédible à mettre fin au conflit et à assurer un environnement stable; rappelle qu'un processus de paix dirigé et accepté par les Afghans demeure la condition préalable à toute solution durable à long terme;

20.

se félicite de la décision d'organiser la conférence ministérielle globale sur l'Afghanistan à Bruxelles en 2016, preuve de l'attachement continu de la communauté internationale à la stabilisation et au développement du pays; souhaite que la Conférence fixe le cadre pour le gouvernement afghan et les bailleurs de fonds jusqu'en 2020, sur la base d'engagements concrets de la part du gouvernement afghan et de la communauté internationale;

21.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres et au gouvernement et au Parlement afghans.


(1)  JO C 168 E du 14.6.2013, p. 119.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0282.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/132


P8_TA(2015)0413

Le Cambodge

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur la situation politique au Cambodge (2015/2969(RSP))

(2017/C 366/11)

Le Parlement européen,

vu ses résolutions antérieures sur le Cambodge,

vu la déclaration locale de l'Union européenne du 27 octobre 2015 sur la situation au Cambodge,

vu la déclaration du 17 novembre 2015 attribuable au porte-parole du secrétaire général des Nations unies sur le Cambodge,

vu le communiqué de presse publié le 30 octobre 2015 par Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme,

vu les déclarations des 24 septembre et 23 novembre 2015 de Rhona Smith, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l'homme au Cambodge,

vu le rapport du 20 août 2015 du rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme au Cambodge,

vu la résolution sur le Cambodge adoptée par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies le 2 octobre 2015,

vu la déclaration du 15 juillet 2015 du porte-parole du service européen pour l'action extérieure sur la loi relative aux associations et aux ONG au Cambodge,

vu la déclaration du 22 juin 2015 du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et la liberté d'association,

vu les observations finales du Conseil des droits de l'homme des Nations unies du 27 avril 2015 sur le deuxième rapport périodique du Cambodge,

vu la déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948,

vu le pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966,

vu les lignes directrices de 2008 de l'Union européenne sur les défenseurs des droits de l'homme,

vu l'accord de coopération conclu en 1997 entre la Communauté européenne et le Royaume du Cambodge,

vu l'article 35 de la Constitution du Cambodge, qui garantit la liberté d'association et le droit de participer activement à la vie politique, économique, sociale et culturelle de la nation,

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que le 13 novembre 2015, les autorités cambodgiennes ont lancé un mandat d'arrêt contre Sam Rainsy, chef du principal parti d'opposition, le parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), lequel se trouve actuellement à l'étranger, et que le 16 novembre 2015, l'Assemblée nationale du Cambodge lui a retiré son statut de député ainsi que son immunité parlementaire en raison d'une affaire de diffamation vieille de sept ans, de sorte qu'il sera possible de l'arrêter à son retour dans le pays;

B.

considérant que le 20 novembre 2015, Sam Rainsy a été cité à comparaître le 4 décembre 2015 pour répondre à des questions en lien avec un post publié sur sa page Facebook publique par un sénateur de l'opposition, Hong Sok Hour, lequel est en état d'arrestation depuis le mois d'août 2015 pour contrefaçon et incitation à la violence après avoir posté sur la page Facebook de Sam Rainsy une vidéo contenant un document supposément faux en rapport avec le traité de 1979 sur la délimitation de la frontière avec le Viêt Nam;

C.

considérant que le 26 octobre 2015, à Phnom Penh, un groupe de manifestants pro-gouvernement a brutalement agressé deux députés de l'opposition (CNRP), Nhay Chamrouen et Kong Sakphea, et menacé la sécurité de la résidence privée du premier vice-président de l'Assemblée nationale; considérant que la police et les autres forces de sécurité gouvernementales auraient laissé faire sans intervenir pendant que les attaques avaient lieu;

D.

considérant que le 30 octobre 2015, le chef adjoint de l'opposition, Kem Sokha, a été démis de ses fonctions de premier vice-président de l'Assemblée nationale par le parti au pouvoir, le parti du peuple cambodgien (CPP), pendant une séance boycottée par le CNRP; considérant que la nomination d'un membre du CNRP au poste de vice-président était l'une des principales concessions que le CPP a accordées au CNRP en juillet 2014 pour mettre fin au boycott du parlement que ce dernier exerçait depuis les élections de 2013;

E.

considérant que le Premier ministre Hun Sen est au pouvoir depuis plus de trente ans et que ses forces de sécurité se livrent à de graves violations des droits de l'homme en toute impunité;

F.

considérant que onze militants de l'opposition purgent actuellement une peine d'emprisonnement d'une durée comprise entre sept et vingt ans pour avoir participé à ou pris la tête d'une «insurrection»;

G.

considérant que les deux partis politiques, le CPP et le CNRP, avaient conclu une trêve en 2014, qui avait laissé espérer le début d'une nouvelle phase où les différends politiques seraient résolus de manière constructive; considérant que, malgré cet accord, le climat politique au Cambodge reste tendu;

H.

considérant que la liberté d'expression est consacrée par l'article 41 de la Constitution cambodgienne et le droit à la participation politique, dans son article 35;

I.

considérant qu'en dépit de multiples critiques de la part de la société civile et de la communauté internationale, la promulgation récente de la loi relative aux associations et aux ONG a conféré aux autorités gouvernementales des pouvoirs arbitraires leur permettant de dissoudre les organisations de défense des droits de l'homme et d'empêcher leur création, et qu'elle commence déjà à porter atteinte aux activités de défense des droits de l'homme au Cambodge et à faire obstacle aux actions de la société civile;

J.

considérant que le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et la liberté d'association a indiqué que la société civile cambodgienne avait été tenue à l'écart du processus d'élaboration du projet de loi relative aux associations et aux ONG;

K.

considérant que le gouvernement du Cambodge a approuvé le projet de loi sur les syndicats le 13 novembre 2015;

L.

considérant que l'Union européenne est le plus important partenaire du Cambodge en matière d'aide au développement et qu'elle a prévu de lui consacrer une nouvelle dotation de 410 millions d'euros pour la période 2014-2020; considérant que l'Union soutient un grand nombre d'initiatives de défense des droits de l'homme menées par les organisations non gouvernementales et autres organisations de la société civile cambodgiennes; considérant que le Cambodge dépend fortement de l'aide au développement;

1.

se dit fortement préoccupé par la détérioration du climat politique pour les membres de l'opposition et les militants, ainsi que pour les défenseurs des droits de l'homme et les militants dans le domaine social et environnemental au Cambodge, et condamne tous les actes de violence et toutes les accusations, sentences et condamnations motivées par des raisons politiques contre des membres de l'opposition, des militants ou des défenseurs des droits de l'homme au Cambodge;

2.

enjoint aux autorités cambodgiennes de révoquer le mandat d'arrêt et d'abandonner toutes les poursuites à l'encontre du chef de l'opposition, Sam Rainsy, des membres de l'Assemblée nationale et du Sénat appartenant au CNRP, y compris le sénateur Hong Sok Hour, et des militants et organisateurs du CNRP, et de les laisser exercer librement leurs activités sans craindre d'être arrêté ou persécuté, ainsi que d'arrêter leur exploitation politique des tribunaux dans le but de poursuivre des personnes en justice sur la base d'accusations motivées par des raisons politiques et fabriquées de toutes pièces;

3.

exhorte l'Assemblée nationale à réintégrer immédiatement Sam Rainsy et à rétablir son immunité parlementaire;

4.

prie instamment le gouvernement cambodgien de reconnaître le rôle à la fois légitime et utile que jouent la société civile, les syndicats et l'opposition politique, qui contribuent au développement économique et politique global du Cambodge;

5.

encourage le gouvernement à œuvrer pour le renforcement de la démocratie et de l'état de droit, ainsi qu'à respecter les droits de l'homme et les libertés fondamentales, ce qui implique aussi d'appliquer pleinement les dispositions constitutionnelles concernant le pluralisme et les libertés d'association et d'expression;

6.

rappelle qu'un environnement non menaçant propice à un dialogue démocratique est essentiel à la stabilité politique, à la démocratie et à la paix dans le pays, et invite instamment le gouvernement à prendre toutes les mesures qui s'imposent pour assurer la sécurité de tous les représentants démocratiquement élus du Cambodge, quelle que soit leur appartenance politique;

7.

observe que la «culture du dialogue» entre les dirigeants du CPP et du CNRP a laissé espérer que la démocratie au Cambodge évoluait dans le bon sens; engage le gouvernement du Cambodge et son opposition à ouvrir un dialogue sérieux et constructif;

8.

demande au gouvernement de lancer des enquêtes approfondies et impartiales avec la participation des Nations unies en vue d'une action pénale à l'encontre de toutes les personnes responsables de l'agression brutale récente sur deux membres de l'Assemblée nationale appartenant au CNRP par des membres des forces armées ainsi que du recours excessif à la force par la police et l'armée dans le but de réprimer des manifestations, grèves et autres conflits sociaux;

9.

prie instamment au gouvernement d'abroger la loi relative aux associations et aux ONG, dont la récente promulgation a conféré aux autorités gouvernementales des pouvoirs arbitraires leur permettant de dissoudre les organisations de défense des droits de l'homme et d'empêcher leur création et commence déjà à porter atteinte aux activités de défense des droits de l'homme au Cambodge;

10.

exhorte le gouvernement et le parlement à assurer une consultation réelle et sérieuse de tous les acteurs concernés par les projets de loi tels que ceux sur les syndicats, la cybercriminalité et les télécommunications, et à veiller à ce que les textes soient conformes aux obligations et engagements du Cambodge en matière de respect des droits de l'homme en vertu de son droit national et du droit international;

11.

enjoint au gouvernement cambodgien de mettre fin aux détentions arbitraires et aux disparitions suspectes et d'autoriser les organisations de bénévoles et de défense des droits de l'homme à agir librement; demande au gouvernement cambodgien d'enquêter sérieusement sur la disparition de Khem Sapath;

12.

exhorte les pouvoirs publics concernés à abandonner les poursuites contre les défenseurs des droits de l'homme fondées sur d'autres lois en vigueur, exploitées pour les poursuivre en raison de leurs activités de défense des droits de l'homme, et à libérer immédiatement et sans conditions les personnes détenues pour des raisons politiques et sur la base d'accusations fabriquées de toutes pièces;

13.

engage les États membres, la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le service européen pour l'action extérieure et la Commission, conformément au cadre stratégique de l'Union en matière de droits de l'homme et de démocratie, à communiquer immédiatement les inquiétudes et les recommandations détaillées ci-dessus aux autorités cambodgiennes;

14.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, au secrétariat de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, au Conseil des droits de l'homme des Nations unies, ainsi qu'au gouvernement et à l'Assemblée nationale du Royaume du Cambodge.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/135


P8_TA(2015)0414

La liberté d'expression au Bangladesh

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur la liberté d'expression au Bangladesh (2015/2970(RSP))

(2017/C 366/12)

Le Parlement européen,

vu ses résolutions antérieures sur le Bangladesh, notamment celles du 21 novembre 2013 sur le Bangladesh: droits de l'homme et prochaines élections (1), du 18 septembre 2014 sur les violations des droits de l'homme au Bangladesh (2) et du 16 janvier 2014 sur les récentes élections au Bangladesh (3),

vu sa résolution du 11 décembre 2012 sur une stratégie pour la liberté numérique dans la politique étrangère de l'Union (4) et celle du 13 juin 2013 sur la liberté de la presse et des médias dans le monde (5),

vu l'accord de coopération entre la Communauté européenne et la République populaire du Bangladesh en matière de partenariat et de développement, de 2001,

vu les communiqués des 1er avril et 9 août 2015 de la porte-parole du Service européen pour l'action extérieure sur les assassinats de blogueurs au Bangladesh,

vu le communiqué du 7 août 2015 dans lequel des experts de l'ONU condamnent l'assassinat du blogueur Niloy Neel,

vu le communiqué du 5 novembre 2015 de Zeid Ra'ad Al Hussein, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, par lequel il exhorte l'État à mieux protéger les écrivains, les éditeurs et tous ceux qui sont menacés par les extrémistes au Bangladesh,

vu le communiqué de la délégation de l'Union européenne au Bangladesh du 11 février 2015,

vu le communiqué du 9 avril 2015 de la porte-parole du Service européen pour l'action extérieure sur l'exécution imminente de M. Muhammad Kamaruzzaman au Bangladesh,

vu le communiqué de la délégation de l'Union européenne au Bangladesh du 29 octobre 2014 sur la peine capitale dans ce pays,

vu les premières conclusions du 9 septembre 2015 de la visite effectuée au Bangladesh par le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction,

vu la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948,

vu le plan d'action de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie du 20 juillet 2015,

vu le pacte international de 1966 relatif aux droits civils et politiques, auquel le Bangladesh est partie, et notamment son article 19,

vu la déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l'homme,

vu les orientations de l'Union européenne relatives à la liberté d'expression en ligne et hors ligne, du 12 mai 2014,

vu les orientations de l'Union relatives à la promotion et à la protection de la liberté de religion ou de conviction, du 24 juin 2013,

vu les orientations de l'Union européenne concernant les défenseurs des droits de l'homme,

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que la déclaration universelle des droits de l'homme consacre la liberté d'expression, qui englobe la liberté de la presse et des médias, pilier essentiel à toute société démocratique, pluraliste et ouverte;

B.

considérant que la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction constituent l'une des préoccupations majeures de la politique de l'Union en matière de droits de l'homme et qu'elles englobent l'adhésion sans faille au principe de non-discrimination et d'égale protection pour les personnes ayant des convictions non théistes ou athées;

C.

considérant que le Bangladesh a accompli des progrès notables ces dernières années, notamment dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement; que l'Union européenne entretient depuis longtemps de bonnes relations avec le Bangladesh, notamment dans le cadre de l'accord de coopération en matière de partenariat et de développement;

D.

considérant que la constitution du Bangladesh, adoptée en 2014, consacre les libertés fondamentales, dont la liberté d'expression;

E.

considérant que les violations des libertés fondamentales et des droits de l'homme (dont: violence, incitation à la violence, propos haineux, harcèlement, intimidation et censure à l'encontre des journalistes et des blogueurs) restent monnaie courante au Bangladesh; considérant que le Bangladesh se classe 146e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse;

F.

considérant que les tensions s'accentuent entre les forces laïques et religieuses et que la violence augmente à l'encontre des dissidents; que, depuis plusieurs années, des groupes d'extrémistes islamistes et fondamentalistes locaux, notamment l'organisation «Ansarullah Bangla Team», publient la «liste noire» de ceux qu'ils considèrent comme des détracteurs de l'islam, dont Taslima Nasreen, lauréate du prix Sakharov, et qu'ils réclament l'exécution des blogueurs et écrivains laïques, tout en perpétrant d'odieux assassinats dans une relative impunité;

G.

considérant que, le 31 octobre 2015, Faisal Arefin Dipan, éditeur aux éditions Jagriti Prokashoni, a été sauvagement assassiné à coups de machette dans son bureau de Dacca; que, le même jour, un autre éditeur et deux écrivains ont été agressés et blessés, et que d'autres continuent de faire l'objet de menaces;

H.

considérant qu'au moins cinq blogueurs et journalistes laïques ont été assassinés dans le pays cette année (Niladri Chatterjee, également connu sous le nom de Niloy Neel, Faisal Arefin Dipan, Ananta Bijoy Das, Washiqur Rahman Babu et Abhijit Roy) pour avoir exercé leur droit fondamental à la liberté d'expression sur des sujets politiques, sociaux et religieux; que des groupes d'extrémistes islamistes ont revendiqué plusieurs assassinats;

I.

considérant qu'Ahmed Rajib Haider, blogueur influent, a été assassiné en 2013 et qu'A.K.M. Shafiul Islam, professeur d'université, a connu le même sort en 2014; que de nombreux blogueurs ont reçu des menaces de mort sur les médias sociaux (des listes noires d'écrivains laïques à abattre ont été publiées sur Facebook) ou ont survécu à des tentatives d'assassinat, et que certains ont arrêté d'écrire ou ont fui le pays;

J.

considérant que Sheikh Hasina, Première ministre bangladaise, a condamné les assassinats et a exprimé la détermination de son gouvernement à lutter contre le terrorisme et l'extrémisme violent; qu'elle a annoncé l'application d'une politique de «tolérance zéro» à l'égard des violations des droits de l'homme par les services répressifs et a fait adopter une loi de réforme de la police comportant un code de conduite; que, cependant, elle s'est aussi déclarée favorable à l'arrestation de blogueurs laïques par son gouvernement et à la mise en place d'une cellule de renseignement chargée de surveiller les médias sociaux à la recherche de contenus pouvant présenter un caractère blasphématoire;

K.

considérant qu'en août 2014, le gouvernement du Bangladesh a adopté une nouvelle ligne de conduite à l'égard des médias, qui ne manque pas de susciter des craintes pour la liberté d'expression; que certains pans de cette politique imposent des limites à la liberté des médias, par exemple en interdisant les discours qui sont dirigés «contre l'État», qui «ridiculisent l'idéologie nationale» ou qui sont «incompatibles avec la culture du Bangladesh» et en limitant les propos faisant état «d'anarchie, de rébellion, ou de violence»; que le gouvernement bangladais a intensifié son offensive répressive contre les médias sociaux, en procédant à des coupures temporaires ou totales de l'internet, de Facebook, de WhatsApp, de Viber et de Messenger;

L.

considérant qu'au cours des derniers mois, plusieurs journalistes ont été arrêtés et accusés de violer la loi sur les technologies de l'information et de la communication, qui criminalise les publications diffamatoires et «contre l'État»;

M.

considérant que les cas de harcèlement se sont multipliés de manière inquiétante depuis la mise en place abusive des lois de 2014; que treize personnes travaillant dans le secteur des médias ont fait l'objet de procédures d'outrage, ce qui concourt à l'instauration d'un climat général de peur et d'intimidation qui pousse à l'autocensure;

N.

considérant que, le 16 août 2015, Probir Sikdar, journaliste et propriétaire du journal en ligne Uttaradhikar Ekattor News, a été arrêté au motif qu'il aurait diffamé un ministre du gouvernement sur Facebook; que, le 18 août 2015, Shaukat Mahmud, président du syndicat fédéral des journalistes du Bangladesh, a été arrêté au motif qu'il aurait commis un incendie criminel dans un bus le 23 janvier 2015 et qu'il a été mis en examen dans trois affaires liées à cette attaque présumée;

O.

considérant que, au cours des dernières années, plusieurs membres de partis d'opposition ont disparu dans des circonstances troubles;

P.

considérant que l'Union européenne est opposée à l'application de la peine capitale dans tous les cas et en toutes circonstances, et qu'elle n'a cessé de réclamer son abolition universelle;

Q.

considérant que, le 21 novembre 2015, deux dirigeants de l'opposition bangladaise ont été exécutés pour des crimes de guerre commis pendant la guerre d'indépendance de 1971 avec le Pakistan, après le rejet de leurs ultimes recours en grâce;

R.

considérant que le 18 novembre 2015, Piero Arolari, prêtre et médecin italien, a été abattu, que, le 28 septembre 2015, Cesare Tavella, travailleur humanitaire italien, a été assassiné, de même que Hoshi Kunio, travailleur social, le 3 octobre 2015, meurtres revendiqués par les militants de l'État islamique, qui ont aussi assumé la responsabilité des attentats à la bombe commis lors de la procession de l'Achoura dans le principal lieu de culte musulman chiite de Dacca le 24 octobre 2015, attentats qui ont causé la mort d'un adolescent et ont fait des dizaines de blessés;

S.

considérant que le gouvernement a présenté un projet de loi sur la réglementation des donations étrangères (et des activités bénévoles), qui vise à encadrer les activités et le financement des groupes et associations bénéficiaires de dons étrangers;

1.

condamne les attaques de plus en plus nombreuses commises par des extrémistes islamistes contre les écrivains et blogueurs laïques, les minorités religieuses et les travailleurs humanitaires étrangers; déplore la perte de vies humaines, exprime sa compassion pour les victimes et présente ses sincères condoléances à leurs familles;

2.

invite les autorités bangladaises à condamner de nouveau les abominations qui continuent de se commettre contre la liberté d'expression et à agir pour mettre fin immédiatement à tous les actes de violence, de harcèlement, d'intimidation et de censure qui visent les journalistes, les blogueurs et la société civile;

3.

se déclare extrêmement préoccupé par la dégradation des conditions d'exercice du droit à la liberté d'expression qui va de pair avec la montée du fondamentalisme religieux, de l'intolérance et de l'extrémisme violent au Bangladesh; invite les autorités bangladaises à agir plus vigoureusement pour renforcer la protection offerte par les pouvoirs publics aux militants et aux journalistes; engage tous les partis politiques et leurs dirigeants à condamner sans ambiguïté et sans réserve la violence extrémiste et à défendre le droit à la liberté d'expression;

4.

rappelle aux autorités compétentes du Bangladesh les obligations juridiques nationales et internationales qui sont les leurs, dont le devoir d'assurer la sécurité de tous les citoyens, quelles que soient leurs opinions politiques ou religieuses, et de veiller à ce que la liberté d'expression et la liberté de la presse puissent s'exercer sans limitations arbitraires ni censure dans le pays;

5.

invite les autorités du Bangladesh à veiller à ce que des enquêtes indépendantes soient menées et que des éclaircissements soient apportés sur les disparitions de membres des partis d'opposition qui ont eu lieu ces dernières années, et notamment au cours des mois qui ont précédé et suivi les élections de janvier 2014;

6.

demande instamment aux autorités bangladaises de faire cesser l'impunité et de mettre tout en usage pour identifier tous les agresseurs et auteurs d'attentats et les traduire en justice, en ouvrant des enquêtes indépendantes, sérieuses et transparentes et en garantissant la tenue de procès équitables, sans recours à la peine de mort;

7.

prend acte des efforts déployés actuellement pour permettre des arrestations en rapport avec les assassinats d'Abhijit Roy, de Washiqur Rahman Babu et de Niladri Chatterjee; salue les progrès réalisés actuellement dans les enquêtes judiciaires portant sur les décès de Cesare Tavella, ressortissant italien, et de Konio Hoshi, ressortissant japonais,

8.

invite instamment le gouvernement du Bangladesh à prendre les mesures qui s'imposent pour empêcher de nouveaux assassinats en adoptant des dispositions efficaces pour protéger les écrivains, les éditeurs et tous ceux qui font l'objet de menaces, ce non seulement en offrant une protection physique spéciale à ceux qui pourraient être la cible de violences, mais aussi en engageant des débats publics pour battre en brèche les opinions extrémistes de tous ordres;

9.

invite les autorités bangladaises à rétablir l'indépendance pleine et entière des médias, à abandonner toutes les poursuites contre les éditeurs et journalistes dont les publications contenaient des critiques contre le gouvernement, à autoriser la réouverture immédiate de tous les médias qui avaient été fermés et à rétablir immédiatement l'accès libre et sans restrictions à toutes les formes de publications, y compris électroniques;

10.

invite les autorités bangladaises à honorer leurs engagements sans attendre et à appliquer le plan d'action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité adopté en 2013;

11.

demande aux autorités bangladaises de garantir l'indépendance et l'impartialité de la justice et de modifier les dispositions de la loi sur les technologies de l'information et de la communication et de la loi la cybersécurité de 2015, afin de les mettre en conformité avec les principes internationaux de la liberté d'expression, en abandonnant la criminalisation des publications «contre l'État»;

12.

est très préoccupé par les actes récurrents de violence pour des raisons ethniques et religieuses, en particulier les violences de genre à l'encontre des femmes et des LGBTI; prie instamment le gouvernement du Bangladesh ainsi que les organisations religieuses et leurs dirigeants de s'engager dans un processus de réconciliation; demande instamment au gouvernement du Bangladesh de s'efforcer de traduire en justice les auteurs de ce type de violence; l'exhorte en outre à offrir une protection et des garanties suffisantes aux minorités telles que les chiites, les ahmadis, les hindous, les bouddhistes et les chrétiens, mais aussi les Biharis;

13.

observe que, du fait de la loi de 2014 réglementant les donations étrangères (et les activités bénévoles), certaines organisations de la société civile œuvrant dans la légalité ont fait l'objet de restrictions arbitraires de la part des pouvoirs publics; invite les autorités bangladaises à réviser cette loi pour remédier à ce problème;

14.

invite les autorités bangladaises à honorer leurs engagements sans attendre et à appliquer le plan d'action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité adopté en 2013;

15.

demande au gouvernement du Bangladesh d'autoriser les ONG internationales présentes dans le pays à mener à bien leurs missions et de veiller à ce que toutes les associations de la société civile et de défense des droits de l'homme puissent mener leurs activités dans un climat exempt de peur et de répression;

16.

demande au Service européen pour l'action extérieure, à la délégation de l'Union européenne au Bangladesh et aux délégations des États membres de surveiller avec grande attention la situation politique et celle des droits de l'homme dans le pays et d'employer tous les instruments à leur disposition, dont l'instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme;

17.

demande que l'Union européenne, conformément à son cadre stratégique en matière de droits de l'homme et de démocratie, aborde immédiatement les préoccupations et recommandations exprimées ci-dessus avec les autorités du Bangladesh;

18.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, au secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, ainsi qu'au gouvernement et au parlement du Bangladesh.


(1)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0516.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0024.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0045.

(4)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2012)0470.

(5)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0274.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/140


P8_TA(2015)0415

État d'avancement du programme de Doha pour le développement dans la perspective de la dixième Conférence ministérielle de l'OMC

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur l'état d'avancement du programme de Doha pour le développement dans la perspective de la 10e conférence ministérielle de l'OMC (2015/2632(RSP))

(2017/C 366/13)

Le Parlement européen,

vu la déclaration ministérielle de Doha adoptée par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) le 14 novembre 2001 (1),

vu la déclaration ministérielle de Hong Kong de l'OMC du 18 décembre 2005 (2),

vu sa résolution du 4 avril 2006 sur l'évaluation du cycle de Doha à la suite de la conférence ministérielle de l'OMC à Hong Kong (3),

vu sa résolution du 24 avril 2008 intitulée «Vers une réforme de l'Organisation mondiale du commerce» (4),

vu ses résolutions antérieures sur le programme de Doha pour le développement, et notamment celles du 9 octobre 2008 (5), du 16 décembre 2009 (6), du 14 septembre 2011 (7) et du 21 novembre 2013 (8),

vu les résultats de la 9e conférence ministérielle, qui s'est tenue à Bali en décembre 2013, et notamment l'accord sur la facilitation des échanges (9),

vu le document final adopté par consensus le 17 février 2015 à l'occasion de la session annuelle de la conférence parlementaire sur l'OMC qui s'est tenue à Genève (10),

vu les déclarations faites lors de la réunion des chefs de délégation de l'OMC le 17 juin 2015,

vu les objectifs du Millénaire pour le développement des Nations unies (11),

vu le 5e examen global de l'aide pour le commerce, qui s'est tenu à Genève du 30 juin au 2 juillet 2015 (12),

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que le cycle de Doha a été lancé en 2001 dans le but de créer de nouveaux débouchés commerciaux, de renforcer les règles commerciales multilatérales et de corriger les déséquilibres actuels du système commercial en plaçant les besoins et les intérêts des pays en développement, en particulier ceux des pays les moins avancés (PMA), au centre des négociations; que ces objectifs découlent de la conviction qu'un système multilatéral fondé sur des règles plus justes et plus équitables peut contribuer à des échanges commerciaux libres et équitables qui servent le développement économique de tous les continents et qui contribuent à réduire la pauvreté;

B.

considérant que l'Union européenne n'a cessé de plaider en faveur d'un système commercial multilatéral fort fondé sur des règles, tout en reconnaissant que des approches complémentaires, telles que les accords bilatéraux, régionaux et plurilatéraux, peuvent également contribuer à l'ouverture commerciale et au développement économique, notamment en initiant une libéralisation et en modernisant les règles et les disciplines dans des domaines dans lesquels l'OMC intervient moins, et peuvent étayer ainsi le système multilatéral, sous réserve que de tels accords soient compatibles avec les principes de l'OMC, qu'ils soient fondés sur des règles communes et qu'ils créent les conditions de leur possible multilatéralisation future;

C.

considérant que, bien que l'OMC et les règles consacrées par les accords qu'elle couvre aient contribué de manière déterminante à éviter le recours à un protectionnisme total et généralisé en réaction aux principales crises financières et économiques depuis les années 1930, un rapport de novembre 2014 de cette organisation annonce que, sur les 244 mesures protectionnistes recensées depuis le déclenchement de la crise en 2008, seules 282 ont été abolies, d'où la nécessité accrue de davantage agir contre de telles mesures; que l'incapacité à renforcer les règles pourrait conduire à de nouvelles façons innovantes de protéger les producteurs et les marchés intérieurs;

D.

considérant qu'un commerce multilatéral libre et équitable est davantage entravé par diverses barrières non tarifaires que par des droits de douane, qui sont de plus en plus nombreux à être supprimés à mesure que la mondialisation progresse;

E.

considérant qu'il est néanmoins important de tenir compte de la sensibilité de certains secteurs en termes d'ouverture de marché et notamment du secteur agricole;

F.

considérant que la réforme de la politique agricole commune constitue la contribution de l'Union européenne aux attentes du cycle de Doha;

G.

considérant que les résultats de la 9e conférence ministérielle, qui s'est tenue en 2013, revêtent une importance systémique pour l'organisation, et en particulier pour l'accord sur la facilitation des échanges, qui a été conclu lors de ladite conférence et qui est le premier accord multilatéral conclu depuis la création de l'OMC en 1995; que l'Union européenne a ratifié, le 5 octobre 2015, l'accord sur la facilitation des échanges;

H.

considérant que les récents débats sur l'avancement du programme de Doha pour le développement ont clairement montré la nécessité de réexaminer le degré d'ambition dans l'espoir réaliste d'engranger quelques résultats dans tous les piliers de négociation et qu'il faut, dans le cadre de ce réexamen, tenir pleinement compte des réalités de l'environnement commercial d'aujourd'hui;

I.

considérant que la 10e conférence ministérielle de l'OMC, qui se tiendra au Kenya du 15 au 18 décembre 2015, sera la première conférence ministérielle organisée dans un pays d'Afrique; considérant que l'Union reste fermement engagée en faveur du programme de Doha pour le développement et qu'elle estime important de conclure un accord politique sur l'avancement du programme pour veiller à préserver le rôle central attribué aux fonctions de négociation de l'OMC dans la poursuite de la libéralisation du commerce à l'échelle mondiale;

1.

réaffirme son plein engagement en faveur du multilatéralisme, valeur de longue date, et demande un programme commercial fondé sur un système libre et équitable, au bénéfice de tous, et qui accorde au développement une place centrale;

2.

souligne qu'il importe de tenir pleinement compte des besoins et des intérêts spécifiques des pays en développement à faibles revenus et des PMA au cours des négociations; estime nécessaire de définir clairement les notions de «pays en développement à faible revenu» et d'«économie émergente»; rappelle qu'il est nécessaire de garantir que le principe d'un traitement spécial et différencié soit intégré à chaque stade des négociations afin de tenir compte des niveaux de développement variables des membres de l'OMC, conformément au point 44 de la déclaration ministérielle de Doha; estime que, pour être efficaces, les dispositions relatives au traitement spécial et différencié doivent être plus précises, faire l'objet d'examens périodiques et s'appliquer de manière ciblée afin de répondre aux besoins des pays en développement et des PMA qui en ont le plus; suggère que l'exemple de l'accord sur la facilitation des échanges, dans sa façon de rendre opératoire le principe du traitement spécial et différencié aux stades de la mise en œuvre pourrait servir d'exemple cardinal dans le réexamen et le ciblage des dispositions relatives au traitement spécial et différencié;

3.

soutient une réforme structurelle de l'OMC afin de mieux garantir un système commercial ouvert, juste et non discriminatoire, fondé sur des règles communes et appliquées, qui prenne davantage en compte la variété des acteurs de l'économie, tels que les PME et les microentreprises et les jeunes pousses innovantes;

4.

souligne qu'il importe de faire fond sur les décisions adoptées lors de la 9e conférence ministérielle en vue de réaliser des progrès substantiels avant la 10e conférence ministérielle qui doit se tenir à Nairobi en décembre 2015 dans le but de permettre la conclusion rapide du cycle de Doha;

5.

estime que la libéralisation des échanges commerciaux constitue un instrument important pour garantir une croissance économique et un développement pérennes, mais qu'elle doit nécessairement être complétée par des mesures d'accompagnement opportunes, notamment en termes de mesures macro- et microéconomiques et, plus précisément, en matière de transparence budgétaire, de politiques budgétaires et d'équité fiscale, de simplification administrative, d'éducation et de formation, de réformes institutionnelles et de politiques sociales, afin d'accroître et de mieux répartir les avantages à retirer des réformes commerciales et de compenser efficacement toute répercussion négative;

6.

attire l'attention sur la conférence du 5e examen de l'aide pour le commerce, qui s'est tenue en juillet 2015 à Genève, sur le thème «Réduire les coûts du commerce pour une croissance inclusive et durable», et qui était essentiellement consacrée à la mise en œuvre de l'accord sur la facilitation des échanges;

7.

plaide auprès de tous les membres de l'OMC en faveur de la ratification et de la mise en œuvre rapides de l'accord sur la facilitation des échanges afin qu'il puisse entrer en vigueur avant la 10e conférence ministérielle; considère que cet accord profitera grandement à l'ensemble des membres de l'OMC, en particulier aux pays en développement, ainsi qu'aux acteurs économiques concernés, dans la mesure où il renforcera la transparence et la sécurité juridique et réduira les coûts administratifs et la durée des procédures douanières, ce qui leur permettrait donc de profiter pleinement des opportunités nées de la place croissante qu'occupent les chaînes d'approvisionnement à l'échelle régionale et mondiale, et ferait bénéficier les PME de marchés plus ouverts; insiste sur le fait qu'il convient de continuer d'aider les pays en développement et les pays les moins avancés à renforcer leurs capacités et qu'il convient de leur fournir une assistance technique suffisante, en se focalisant sur les guichets uniques et la simplification des documents électroniques, pour qu'ils puissent augmenter leurs capacités de production et bénéficier plus largement, partant, de la valeur ajoutée provenant des chaînes de valeur mondiales;

8.

encourage les membres de l'OMC à contribuer de manière active aux efforts entrepris par leur organisation pour nouer des relations de travail effectives et efficaces et approfondir la coopération avec d'autres organisations internationales dont les travaux ont une incidence sur les négociations relatives aux échanges commerciaux internationaux, notamment l'Organisation internationale du travail, l'Organisation mondiale de la santé ainsi que les Nations unies et leurs agences et organes, tels que la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, le programme des Nations unies pour l'environnement, le programme des Nations unies pour le développement et la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ainsi que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l'Organisation de coopération et de développement économiques, afin de garantir un soutien mutuel et des synergies entre les préoccupations commerciales et non commerciales; soutient les efforts déployés en vue de l'adoption de normes internationales et de la mise en œuvre d'une coopération réglementaire;

9.

demande une réflexion approfondie pour déterminer la manière de mieux traiter des questions non commerciales dans le cadre des règles de l'OMC, afin de permettre aux membres de l'organisation de poursuivre des objectifs politiques légitimes, sans entraver l'accès aux marchés; souligne, à cet égard, qu'il convient d'encourager vivement les efforts en vue de l'adoption de normes internationales et qu'il convient d'accorder l'aide nécessaire aux pays en développement pour leur permettre de respecter de telles normes;

10.

est convaincu que l'absence d'une prise en compte suffisante de la grande diversité des niveaux de développement économique et des besoins particuliers entre pays en développement peut constituer un obstacle à l'adoption de mesures efficaces qui bénéficient à ces pays, conformément à l'objectif affiché du cycle de négociations de Doha, et nuit aux pays en développement qui en ont le plus besoin; demande instamment aux pays en développement les plus avancés de prendre leur part de responsabilité dès le cycle actuel et d'apporter une contribution proportionnelle à leur niveau de développement et à leur compétitivité sectorielle; rappelle en outre combien il importe d'avoir recours à des critères efficaces de différenciation, en ne prenant pas seulement en considération la croissance du PNB, mais aussi des indicateurs tels que l'indice de vulnérabilité économique et l'indice Commerce et Développement;

11.

est d'avis qu'il est impératif de conclure le cycle de Doha, ouvert depuis longtemps, dans le respect de sa mission de développement; invite donc instamment tous les membres de l'OMC à examiner toutes les options envisageables en se plaçant dans une telle perspective afin de parvenir à un résultat ambitieux, global, équilibré et réaliste;

12.

se félicite des progrès accomplis à ce jour en matière d'initiatives plurilatérales, telles que l'accord relatif aux biens environnementaux et l'accord sur les technologies de l'information, et d'autres initiatives, notamment l'accord sur le commerce des services; estime que les accords plurilatéraux peuvent compléter et encourager l'approche multilatérale, l'objectif ultime étant de parvenir à une masse critique de membres pour «multilatéraliser» leurs accords;

13.

insiste sur le fait que l'Union devrait continuer à jouer un rôle de premier plan pour favoriser une avancée tangible des négociations actuelles de l'OMC, en vue d'une conclusion définitive du cycle de Doha pour le développement dans un avenir proche, ainsi que pour faciliter la pleine participation des PMA au commerce mondial, en assurant la liaison entre les diverses positions des membres de l'OMC;

14.

souligne l'importance fondamentale de l'OMC pour des échanges mondiaux fondés sur des règles et dans les domaines de la mise en œuvre et de l'application d'engagements contraignants, ainsi que de la résolution des litiges commerciaux, et sa contribution unique en faveur d'une plus grande transparence et de l'examen par les pairs, notamment au moyen du mécanisme d'examen des politiques commerciales (MEPC);

15.

demande à la Commission et au Conseil de veiller à continuer de l'associer étroitement à la préparation de la 10e conférence ministérielle, à l'informer rapidement des dernières évolutions et, le cas échéant, à le consulter au cours de la conférence ministérielle; demande à la Commission de continuer de plaider auprès des autres membres de l'OMC pour un renforcement de la dimension parlementaire de cette organisation;

16.

demande aux membres de l'OMC de veiller à la légitimité démocratique et à la transparence de leur organisation en renforçant sa dimension parlementaire; souligne, à cet égard, la nécessité de veiller à ce que les parlementaires aient un meilleur accès aux négociations commerciales et soient associés à l'élaboration et à la mise en œuvre des décisions de l'OMC, ainsi qu'à ce que les politiques commerciales fassent l'objet d'un examen en bonne et due forme au regard des intérêts des citoyens;

17.

charge son président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, ainsi qu'au directeur général de l'OMC


(1)  Conférence ministérielle de l'OMC de 2001 à Doha: déclaration ministérielle WT/MIN(01)/DEC/1 du 20 novembre 2001.

https://www.wto.org/french/thewto_f/minist_f/min01_f/mindecl_f.htm

(2)  Déclaration ministérielle de Hong Kong WT/MIN(05)/DEC, adoptée le 18 décembre 2005:

https://www.wto.org/french/thewto_f/minist_f/min05_f/final_text_f.htm

(3)  JO C 293 E du 2.12.2006, p. 155.

(4)  JO C 259 E du 29.10.2009, p. 77.

(5)  JO C 9 E du 15.1.2010, p. 31.

(6)  JO C 286 E du 22.10.2010, p. 1.

(7)  JO C 51 E du 22.2.2013, p. 84.

(8)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0511.

(9)  Déclaration ministérielle de Bali (WT/MIN(13)/DEC), adoptée le 7 décembre 2013:

https://www.wto.org/french/thewto_f/minist_f/mc9_f/balideclaration_f.htm

(10)  http://www.ipu.org/splz-f/trade15/outcome.pdf

(11)  http://www.un.org/fr/millenniumgoals/

(12)  https://www.wto.org/french/tratop_f/devel_f/a4t_f/global_review15prog_f/globalreview15prog_f.htm


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/144


P8_TA(2015)0416

Adhésion de l'Équateur à l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et le Pérou et la Colombie

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur l'adhésion de l'Équateur à l'accord commercial conclu entre l'Union et ses États membres d'une part et la Colombie et le Pérou d'autre part (2015/2656(RSP))

(2017/C 366/14)

Le Parlement européen,

vu la conclusion des négociations entre l'Union européenne et l'Équateur en vue de l'adhésion de ce dernier à l'accord commercial conclu entre l'Union, la Colombie et le Pérou le 17 juillet 2014,

vu le paraphe du protocole, le 12 décembre 2014, autorisant l'Équateur à rejoindre ses voisins, la Colombie et le Pérou, dans la relation commerciale préférentielle qu'ils entretiennent avec l'Union,

vu la position qu'il a adoptée en première lecture le 17 décembre 2014 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif au traitement tarifaire des marchandises originaires de l'Équateur (1),

vu sa résolution législative du 11 décembre 2012 sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion de l'accord commercial entre l'Union européenne et ses États membres, d'une part, et la Colombie et le Pérou, d'autre part (2),

vu la position qu'il a adoptée en première lecture le 11 décembre 2012 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil portant mise en œuvre de la clause de sauvegarde bilatérale et du mécanisme de stabilisation pour les bananes prévus par l'accord commercial entre l'Union européenne, d'une part, et la Colombie et le Pérou, d'autre part (3),

vu sa résolution du 13 juin 2012 sur l'accord commercial entre l'Union européenne, d'une part, et la Colombie et le Pérou, d'autre part (4),

vu ses résolutions du 5 mai 2010 sur la stratégie européenne pour les relations avec l'Amérique latine (5) et du 21 octobre 2010 sur les relations commerciales entre l'Union européenne et l'Amérique latine (6),

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que l'adhésion de l'Équateur à l'accord commercial conclu avec la Colombie et le Pérou est une nouvelle étape décisive vers une alliance avec des pays importants, qui partagent des convictions communes et un fort taux de croissance, dans une région qui se tourne de plus en plus vers l'Asie et le Pacifique;

B.

considérant que le texte du protocole d'adhésion de l'Équateur à l'accord commercial conclu avec la Colombie et le Pérou répond aux ambitions de l'Union comme de l'Équateur, en ce qu'il prend en considération l'asymétrie des relations au regard des possibilités d'accès au marché dont bénéficie ce dernier et s'aligne sur le dispositif de l'accord tout en tenant pleinement compte des adaptations spécifiques demandées par l'Équateur;

C.

considérant que le gouvernement équatorien a investi 40,8 milliards de dollars dans le secteur social — dans l'accès à l'éducation, les soins de santé et la sécurité sociale — au cours des huit dernières années par le truchement de programmes spécifiques axés sur les groupes les plus vulnérables comme les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées;

1.

se félicite de la conclusion des négociations avec l'Équateur sur le protocole relatif à son adhésion à l'accord commercial entre l'Union, la Colombie et le Pérou, et reconnaît les avantages importants qui en découleront du point de vue des exportations de l'Équateur vers l'Union, étant donné notamment qu'il ne bénéficie plus du système de préférences généralisées appliqué de manière unilatérale par celle-ci; prône l'entrée en vigueur rapide et l'application pleine et entière de cet accord, qui assurera un niveau optimal de protection des citoyens et de l'environnement; estime que cet accord stimulera et diversifiera les échanges et les investissements au bénéfice des deux parties, accélérera le développement économique et social de l'Équateur et contribuera à réduire la pauvreté et les inégalités;

2.

rappelle qu'avant d'approuver l'accord commercial le 11 décembre 2012, le Parlement a invité les pays andins, dans sa résolution précitée du 13 juin 2012, à veiller à l'élaboration d'une feuille de route transparente et contraignante pour les droits de l'homme, les droits du travail et les droits environnementaux, et que les gouvernements colombien et péruvien ont présenté des plans d'action en matière de développement durable avant que le Parlement ne donne son approbation; presse tous les partenaires d'œuvrer à l'application effective des plans d'action proposés en matière de droits de l'homme, de l'environnement et du travail;

3.

souligne qu'il importe que l'Équateur veille à la cohérence de ses politiques avec les engagements pris auprès de l'Organisation mondiale du commerce et au titre des accords commerciaux, ainsi qu'à une transparence totale et à une large consultation des parties prenantes avant l'adoption de celles-ci; invite l'Équateur, à cet égard, à lever sans délais les obstacles à l'accès au marché qui ont été recensés;

4.

rappelle à la Commission et au SEAE le rôle qu'ils doivent jouer pour assurer la mise en œuvre effective des plans d'action; rappelle à la Commission qu'elle doit informer le Parlement d'une façon appropriée sur l'application de ces plans d'action et les mesures prises pour veiller à leur mise en œuvre;

5.

demande à la Commission et au SEAE de présenter au Parlement un rapport complet sur les mesures d'accompagnement prises par la Commission dans le contexte de programmes de coopération, notamment en matière d'éducation, de formation, de coopération réglementaire et de création de possibilités socio-économiques pour les plus défavorisés, de même que de soutien au progrès démocratique et au respect des droits de l'homme, du travail et de la protection de l'environnement; à cet égard, demande instamment à la Commission d'employer pleinement l'instrument de financement de la coopération au développement (ICD) et l'instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme (IEDDH);

6.

presse le gouvernement équatorien de s'inspirer des plans d'action présentés par la Colombie et le Pérou, de prendre des mesures similaires et de saisir ainsi l'occasion d'améliorer les conditions de vie générales des citoyens, notamment sur le plan des droits de l'homme et du travail ainsi que de l'environnement;

7.

souligne que les droits de l'homme et la démocratie sont des éléments essentiels de la relation globale entre l'Union européenne et les pays andins; invite par conséquent l'ensemble des partenaires à promouvoir tous ces droits et libertés ancrés dans le droit international et à veiller à leur respect universel et effectif;

8.

souligne que l'Équateur a connu une croissance économique forte ces dernières années et reconnaît qu'elle a bénéficié à tous, qu'elle a directement contribué à réduire la pauvreté, extrême en particulier, et les inégalités, ainsi qu'à grossir les rangs de la classe moyenne; se félicite du fait que, d'après les derniers chiffres de la Banque mondiale, la pauvreté en Équateur a reculé de 37,6 % à 22,5 % entre 2006 et 2014, tandis que la pauvreté extrême est passée de 16,9 % à 7,7 %;

9.

salue l'investissement de plus de 40 milliards de dollars par le gouvernement équatorien dans le secteur social au cours des huit dernières années; encourage l'Équateur à poursuivre sa politique progressiste de développement social durable, jusqu'ici couronnée de succès;

10.

reconnaît l'importance des investissements réalisés par l'Équateur depuis quelques années et réaffirme son soutien à toutes les mesures, législatives ou non, adoptées par le gouvernement et les autorités locales d'Équateur pour lutter contre la pauvreté, les inégalités, toutes les formes de violence, l'impunité, la corruption et la criminalité organisée, en particulier le trafic de drogues, ainsi qu'aux moyens destinés à assurer la protection efficace des droits des travailleurs et des personnes et des groupes les plus vulnérables, comme les enfants, les femmes, les minorités et les peuples indigènes, afin de parvenir à un développement social et économique pérenne et inclusif; exhorte l'Équateur, en ce qui concerne les droits des enfants, à poursuivre ses efforts et à adopter des mesures renforcées en faveur de l'éducation et de la lutte contre le travail des enfants;

11.

demande à la Commission d'analyser les problèmes de compatibilité qui résultent des dispositions divergentes concernant les règles relatives à l'origine ainsi que les mesures sanitaires et phytosanitaires applicables aux échanges entre les pays de la région andine et l'Union et entre ceux-ci et les pays du Mercosur; invite la Commission à apporter une assistance technique, s'il y a lieu, pour résoudre la question des dispositions divergentes afin de prévenir toute perturbation involontaire des processus d'intégration régionale en Amérique du Sud;

12.

souligne que l'Union européenne souhaite incorporer un volet contraignant et durable sur «Le commerce et le développement durable» dans tous les accords commerciaux qu'elle conclut avec des partenaires, industrialisés ou non; insiste, à cet égard, sur l'importance d'inclure un chapitre concernant le développement durable dans l'accord commercial entre l'Union et l'Équateur, qui traduit l'engagement commun pris par les partenaires à promouvoir le respect et la mise en application effective des accords internationaux en matière de droits de l'homme, des conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) et des principaux accords multilatéraux sur l'environnement, comme la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction;

13.

se félicite de la lettre récemment reçue du ministère équatorien du commerce extérieur concernant l'évaluation de la situation de l'Équateur en matière d'égalité entre les femmes et les hommes; préconise la réalisation d'une étude portant spécifiquement sur l'incidence des politiques de libre-échange sur les femmes, notamment dans les régions les plus pauvres; demande que les droits des femmes soient mieux respectés, notamment lorsqu'ils subissent l'influence des politiques commerciales et de leurs répercussions ou qu'ils y sont liés;

14.

constate que le volet de l'accord de libre-échange consacré au règlement des différends ne couvre pas les dispositions prévues au chapitre sur le développement durable;

15.

se félicite de la ratification par l'Équateur des huit conventions fondamentales de l'OIT; insiste sur l'importance d'une ratification rapide et de l'application effective de toutes les conventions de l'OIT par l'Équateur et par tous les États membres de l'Union; regrette que l'Équateur n'ait pas encore ratifié la convention no 129 de l'OIT et invite la Commission à soutenir les efforts consentis par l'Équateur pour faire avancer le processus de sa mise en œuvre effective; demande au gouvernement équatorien de se conformer aux recommandations du comité d'experts de l'OIT relatives à l'application des conventions no 87 et no 98 de l'OIT et souligne qu'il importe, dans un souci d'indépendance, d'efficacité et de respect des convictions, que les travailleurs puissent changer d'affiliation syndicale ou créer de nouveaux syndicats, et rappelle en particulier que l'OIT a demandé au gouvernement équatorien d'arrêter les mesures législatives nécessaires de sorte à se conformer aux dispositions de l'article 2 de la convention;

16.

se félicite que les parties confirment leur engagement à préserver et à utiliser de manière durable la diversité biologique, conformément à la convention juridiquement contraignante sur la diversité biologique et à d'autres accords internationaux pertinents auxquels elles sont parties;

17.

constate que l'Équateur fait partie du groupe des 17 pays, dits «mégadivers», les plus riches de la planète sur le plan de la biodiversité, et affiche la plus importante concentration d'espèces au monde (entre 5 % et 10 % de la biodiversité mondiale);

18.

rappelle que la Constitution équatorienne reconnaît explicitement le développement du commerce équitable comme un objectif prioritaire de la politique commerciale du pays; demande à la Commission de collaborer avec le gouvernement équatorien pour promouvoir des projets communs dans le domaine du commerce équitable;

19.

se félicite des efforts importants consentis par l'Équateur en matière d'environnement et reconnus au niveau de l'ONU; craint que, malgré les efforts consentis sur les questions environnementales, l'Équateur et les pays voisins ne soient confrontés à une déforestation intensive, à une diminution sensible de la biodiversité, à la pollution et à l'érosion des sols, ainsi qu'à la pollution des eaux; à cet égard, invite instamment la Commission à promouvoir et à soutenir les stratégies et les programmes spécifiques à l'échelle internationale, régionale et locale visant à mettre en place des synergies et à impliquer de manière responsable tous les opérateurs publics et privés concernés;

20.

plaide en faveur d'un accord de coopération entre l'Équateur et l'Union européenne à l'appui de programmes environnementaux spécifiques et se félicite de l'intérêt déjà exprimé par le gouvernement équatorien à l'égard d'un accord de coopération avec l'Union européenne à l'appui de programmes liés à la déforestation; adhère à l'opinion selon laquelle la question de la déforestation relève de la responsabilité de la communauté internationale dans son ensemble;

21.

rappelle que, selon les projections de l'évaluation de l'incidence sur le développement durable des échanges entre l'Union et les pays andins réalisée en 2009, l'expansion prévue de l'agriculture et de l'industrie du bois entraînera la déforestation et une diminution de la biodiversité, et des conflits sociaux résulteront du développement de l'industrie minière, de l'extraction d'hydrocarbures et de l'exploitation forestière dans les zones rurales;

22.

demande au SEAE et à la Commission d'être très attentifs à une conception et une mise en œuvre écologiquement durables de toutes les activités de coopération financées par la Commission et presse les parties de promouvoir les pratiques exemplaires en matière de responsabilité sociale des entreprises, conformément aux principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, aux principes directeurs de l'OCDE sur la responsabilité sociale des entreprises ainsi qu'à la communication de la Commission du 25 octobre 2011 intitulée «Responsabilité sociale des entreprises: une nouvelle stratégie de l'UE pour la période 2011-2014» (COM(2011)0681);

23.

encourage les municipalités équatoriennes à tirer parti des possibilités offertes par le nouveau cadre commercial pour coopérer directement avec des municipalités de l'Union en vue de promouvoir le commerce équitable et d'établir de nouveaux réseaux dans ce domaine;

24.

salue et soutient la décision du Conseil des droits de l'homme des Nations unies d'établir un groupe de travail intergouvernemental sur les multinationales et les droits de l'homme, comme l'ont suggéré l'Équateur, l'Afrique du Sud et de nombreux autres pays; exhorte la Commission à s'engager de manière volontariste et constructive dans les négociations en cours à Genève;

25.

invite le SEAE et la Commission à appuyer les efforts déployés par le gouvernement équatorien pour élaborer et mener une politique efficace de gestion de l'environnement, de manière générale et dans les zones sensibles comme l'Amazone et les Îles Galápagos, car la préservation de l'avenir de la planète relève de notre responsabilité commune;

26.

rappelle que le parc national Yasuní, en Amazonie, abrite plusieurs tribus indigènes, des centaines d'espèces d'arbres endémiques et des dizaines d'espèces animales menacées; souligne son importance pour l'humanité et le patrimoine naturel mondial, notamment pour les générations futures;

27.

déplore que des résultats économiques insuffisants aient débouché sur l'échec du concept de protection de l'environnement par la compensation des éventuelles pertes commerciales et du projet, proposé par le gouvernement équatorien, de cofinancement de la création du fonds fiduciaire Yasuni Ishpingo Tambococha Tiputini (ITT) sous l'égide du Programme des Nations unies pour le développement, fonds qui visait à dédommager les Équatoriens pour la non-exploitation des nappes de pétrole situées sous le parc national de Yasuní;

28.

reconnaît les efforts consentis par l'Équateur pour faire avancer la protection des communautés indigènes et invite instamment le gouvernement équatorien à éviter toute répercussion négative de ses politiques, et en particulier de sa stratégie d'exploitation minière, sur les droits des communautés indigènes;

29.

souligne l'intérêt de la préservation et de la pérennité des communautés indigènes et locales représentatives du mode de vie traditionnel et insiste sur leur importance pour la protection et l'utilisation durable de la diversité biologique des pays andins;

30.

se félicite de la ratification de la convention no 169 de l'OIT sur les droits des peuples indigènes et tribaux par l'Équateur, mais déplore que l'accord commercial ne s'y réfère nulle part;

31.

invite le gouvernement équatorien à continuer de renforcer les mécanismes nationaux existants et le dialogue avec la société civile dans le cadre du dispositif de surveillance du mécanisme de la société civile, ainsi qu'à lancer une vaste campagne d'information et de sensibilisation pour maximiser la participation des groupes concernés au mécanisme de la société civile; rappelle que l'accord commercial requiert que l'Équateur établisse de tels mécanismes au plus tard un an après l'entrée en vigueur de l'accord;

32.

demande aux parties concernées de prendre des mesures pour améliorer le fonctionnement des groupes consultatifs internes; estime que tous les groupes consultatifs internes doivent être pleinement indépendants;

33.

demande au groupe consultatif interne de l'Union de rédiger régulièrement un rapport, qui devra être remis au Parlement européen pour examen;

34.

souligne l'importance d'une participation adéquate des organisations de la société civile aux réunions annuelles avec les organisations de la société civile comme le prévoit l'accord, ainsi que du grand public, comme prévu par l'accord;

35.

se félicite de la mise en place par le gouvernement équatorien d'initiatives telles que le Consejo de participación ciudadana y control social (CPCCS, conseil de participation citoyenne et de contrôle social) en tant qu'outil visant à coordonner, à développer et à stimuler la participation de la société civile, à promouvoir la transparence et à éradiquer la corruption; rappelle l'importance de la mise en place de mécanismes de dialogue efficaces, s'ils n'existent pas déjà, afin de garantir le droit des citoyens et des acteurs sociaux d'exercer, individuellement ou collectivement, leurs droits à l'organisation et à la prise des décisions et au contrôle de leur exécution;

36.

souligne l'importance du sous-comité conjoint chargé du commerce et du développement durable, seul mécanisme prévu par l'accord commercial pour contrôler l'application par les États parties et les entreprises des obligations qui leur incombent en matière de développement durable;

37.

invite la Commission à communiquer au Parlement l'ordre du jour et le compte rendu de toutes les réunions du sous-comité;

38.

relève que l'Équateur a introduit des mesures de sauvegarde de la balance des paiements; invite l'Équateur à résoudre rapidement les problèmes recensés au cours des consultations par d'autres membres de l'Organisation mondiale du commerce dans le cadre du Comité de la balance des paiements à Genève;

39.

constate que l'Équateur est l'un des principaux producteurs mondiaux de bananes aux côtés de la Colombie et du Pérou; demande par conséquent à la Commission de veiller à ce que les volumes d'importation fixés dans le cadre du mécanisme de stabilisation pour les bananes en vue de son déclenchement soient dûment respectés; invite la Commission à informer régulièrement le Parlement dans les plus brefs délais et, en tout état de cause, lorsque la tendance des importations de bananes est telle que ces volumes de déclenchement pourraient être atteints, ainsi qu'à fournir des informations détaillées sur les effets directs et indirects des importations de bananes en provenance de ces pays; invite la Commission à suspendre l'exonération de droits sur les bananes importées de ces pays s'il s'avère que les importations augmentent démesurément et portent, ou risquent de porter, gravement préjudice à l'économie des régions productrices de l'Union, notamment en matière d'emploi;

40.

invite les parties à veiller à ce que toutes les dispositions de l'accord soient effectivement appliquées dès l'entrée en vigueur de celui-ci;

41.

est convaincu que des clauses de sauvegarde devraient être établies simultanément par les deux parties de sorte à protéger la production nationale contre les pics d'importation pouvant avoir des conséquences néfastes;

42.

demande à la DG Commerce et au gouvernement équatorien d'apporter des réponses convaincantes aux questions et préoccupations soulevées, et ce avant le vote du Parlement sur l'adhésion de l'Équateur à l'accord commercial;

43.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements de l'Équateur, de la Colombie et du Pérou.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0087.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2012)0481.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2012)0480.

(4)  JO C 332 E du 15.11.2013, p. 52.

(5)  JO C 81 E du 15.3.2011, p. 54.

(6)  JO C 70 E du 8.3.2012, p. 79.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/149


P8_TA(2015)0417

Nouvelle stratégie pour le bien-être animal au cours de 2016 à 2020

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur une nouvelle stratégie pour le bien-être animal au cours de la période 2016-2020 (2015/2957(RSP))

(2017/C 366/15)

Le Parlement européen,

vu l'article 13 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE),

vu l'article 43 du TFUE relatif au fonctionnement de la politique agricole commune et de la politique commune de la pêche,

vu la communication de la Commission du 15 février 2012 sur la stratégie de l’Union européenne pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2012-2015 (COM(2012)0006),

vu sa résolution du 4 juillet 2012 sur la stratégie de l'Union européenne pour la protection et le bien-être des animaux 2012-2015 (1),

vu l'article 128, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que la législation de l'Union dans le domaine du bien-être animal contribue à la neutralité concurrentielle au sein de l'Union et, partant, au bon fonctionnement du marché intérieur;

B.

considérant que les citoyens européens ont un intérêt marqué pour le bien-être animal et qu'ils souhaitent être capables de faire des choix plus éclairés en tant que consommateurs;

C.

considérant que les règles nationales sur le bien-être animal ne peuvent être en contradiction avec les principes du marché unique de l'Union;

D.

considérant que le bien-être animal est lié à la santé animale et à la santé publique;

E.

considérant qu'en raison de leur complexité et des interprétations différentes qui en sont données, les règles nationales et de l'Union sur le bien-être animal créent une insécurité juridique et peuvent fortement désavantager les producteurs de certains États membres sur le plan concurrentiel;

F.

considérant que le degré de bien-être animal dans l'Union est l'un des plus élevés au monde;

G.

considérant qu'il convient de continuer à améliorer le bien-être animal en se fondant sur les connaissances scientifiques existantes et en tenant dûment compte de l'efficacité et de la compétitivité de l'élevage agricole; que la définition de bonnes pratiques d'élevage contribuerait à l'établissement, à l'échelle de l'Union, de normes cohérentes sur le bien-être animal;

H.

considérant qu'un haut degré de bien-être animal est important pour le développement durable, bien qu'il induise des coûts d'investissement et des coûts opérationnels supplémentaires qui ne sont pas répartis équitablement sur toute la chaîne d'approvisionnement alimentaire;

1.

invite instamment la Commission à mettre en œuvre sans délai les points en suspens de la stratégie de l'Union européenne pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2012-2015;

2.

prie instamment la Commission d'évaluer la stratégie actuelle et d'élaborer une nouvelle stratégie ambitieuse pour la protection et le bien-être animal au cours de la période 2016-2020 afin d'exploiter les travaux résultant de la stratégie précédente et de pérenniser un cadre normatif rigoureux en matière de bien-être animal dans l'ensemble des États membres;

3.

demande à la Commission de garantir un cadre législatif actualisé, complet et clair qui assure la pleine application des dispositions de l'article 13 du TFUE; rappelle cependant que les normes de bien-être animal ne doivent en aucun cas être tirées vers le bas pour des raisons de simplification administrative; souligne que ces objectifs ne s'excluent pas mutuellement;

4.

souligne que l'article 13 du TFUE est d'application générale et transversale et qu'à ce titre, il est tout aussi important que les dispositions relatives à l'agriculture et à la protection de l'environnement ou des consommateurs;

5.

rappelle que le Parlement participe actuellement à des négociations et qu'il a adopté des actes législatifs relatifs à des questions liées au bien-être animal, telles que la santé animale, les conditions zootechniques, la production biologique et les contrôles officiels;

6.

reconnaît les efforts déjà consentis par les agriculteurs en matière de bien-être animal dans les divers États membres;

7.

demande instamment à la Commission, en cas de problèmes de bien-être animal clairement prouvés de manière scientifique, d'adapter les moyens d'actions ou d'en trouver de nouveaux afin de résoudre ces problèmes; prie la Commission de surveiller de près l'application dans les États membres de la législation de l'Union en matière de bien-être animal;

8.

se déclare préoccupé par la mise en œuvre et l'application effectives de la législation actuelle de l'Union en matière de bien-être animal, étant donné la complexité et la multitude des actes législatifs en la matière; souligne qu'une meilleure application et un meilleur respect de la législation actuelle devraient constituer les objectifs fondamentaux de toute réglementation sur la santé ou le bien-être des animaux;

9.

invite cependant instamment la Commission à se montrer plus ambitieuse en tenant compte de la réciprocité des normes de bien-être animal et en lui donnant la priorité en tant qu'enjeu non commercial dans sa politique commerciale et dans ses négociations d'accords commerciaux internationaux, et à promouvoir le bien-être animal dans les pays tiers en exigeant des normes de bien-être équivalentes pour les animaux et les produits importés, assorties de contrôles stricts;

10.

rappelle qu'il importe de doter la PAC de fonds suffisants qui soient à la hauteur de nos ambitions afin d'empêcher la délocalisation de la production et du commerce vers des pays ou des continents où les normes de bien-être animal sont inférieures;

11.

prie la Commission de développer, d'échanger et de diffuser les meilleures pratiques fondées sur les connaissances scientifiques et de soutenir l'innovation et la recherche en vue de la mise au point de nouvelles techniques et technologies consacrées au bien-être animal;

12.

rappelle que des déséquilibres dans la chaîne alimentaire désavantagent le producteur primaire et que cette situation limite la portée des investissements dans le bien-être animal au niveau des exploitations;

13.

rappelle que les producteurs sont saturés d'obligations administratives qu'il convient, dans une recherche permanente de simplification administrative, de ne pas alourdir davantage du fait de cette stratégie européenne; souligne la nécessité d'assurer la stabilité et la prévisibilité des investissements dans le secteur, tout en garantissant une concurrence équitable au niveau international;

14.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO C 349 E du 29.11.2013, p. 62.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/151


P8_TA(2015)0418

Éducation des enfants dans les situations d'urgence et les crises de longue durée

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur l'éducation des enfants en situation d'urgence et de crises de longue durée (2015/2977(RSP))

(2017/C 366/16)

Le Parlement européen,

vu la convention relative au statut des réfugiés de 1951,

vu la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant du 20 novembre 1989 et ses protocoles facultatifs concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés de mai 2000, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants de janvier 2002 et établissant une procédure de présentation de communications de décembre 2011,

vu les principes directeurs des Nations unies relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés (les principes de Paris) de février 2007,

vu l'observation générale no 14 (2013) du Comité des droits de l'enfant des Nations unies sur le droit de l'enfant à ce que son intérêt supérieur soit une considération primordiale,

vu le plan d'action des Nations unies intitulé «Un monde digne des enfants»,

vu l'article 208 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, qui pose le principe de la cohérence des politiques au service du développement en prévoyant la prise en compte des objectifs de la coopération au développement dans la mise en œuvre des politiques susceptibles de concerner les pays en développement;

vu la déclaration commune du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres réunis au sein du Conseil, du Parlement européen et de la Commission européenne du 30 janvier 2008 intitulée «Le consensus européen sur l'aide humanitaire»,

vu la communication de la Commission du 5 février 2008 intitulée «Une place à part pour les enfants dans l'action extérieure de l'UE» (COM(2008)0055),

vu les orientations de l'Union européenne sur les enfants face aux conflits armés (mise à jour en 2008),

vu la directive 2013/33/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 établissant des normes pour l'accueil des personnes demandant la protection internationale (refonte),

vu le prix Nobel de la paix décerné le 10 décembre 2012 à l'Union européenne et le montant de la récompense que l'Union a investi dans l'initiative «Les enfants de la paix»,

vu la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies no 64/290 du 9 juillet 2010 sur le droit à l'éducation dans les situations d'urgence ainsi que les lignes directrices applicables, notamment celles de l'Unicef et de l'Unesco,

vu le cadre d'action de Dakar adopté lors du forum mondial sur l'éducation qui s'est tenu du 26 au 28 avril 2000, et la déclaration du Millénaire des Nations unies du 8 septembre 2000,

vu la déclaration d'Incheon intitulée «Éducation 2030» adoptée lors du forum mondial sur l'éducation qui s'est tenu du 19 au 22 mai 2015,

vu la déclaration d'Oslo adoptée lors du sommet d'Oslo sur l'éducation pour le développement, qui s'est tenu les 6 et 7 juillet 2015,

vu la question orale à la Commission sur l'éducation des enfants en situation d'urgence et de crises de longue durée (O-000147/2015 — B8-1108/2015),

vu l'article 128, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que, selon les Nations unies, un milliard d'enfants vivent dans des zones de conflit, dont 250 millions ont moins de 5 ans et sont privés de leur droit fondamental à l'éducation; que l'on estime à 65 millions le nombre d'enfants âgés de 3 à 15 ans touchés par des situations d'urgence et de crises de longue durée et exposés de ce fait à un risque d'interruption de scolarité, et à quelque 37 millions le nombre des enfants non scolarisés dans le primaire et le premier cycle du secondaire dans les pays qui connaissent des crises; que la moitié environ des écoliers du monde vivent dans des zones touchées par des conflits; que, dans les États arabes, 87 % des enfants non scolarisés subissent les conséquences de conflits et que l'on estime à 175 millions le nombre des enfants susceptibles d'être touchés par des catastrophes naturelles chaque année; que certains groupes, tels que les enfants pauvres, les filles et les enfants handicapés, voient leurs perspectives déjà réduites décliner encore dans les zones touchées par des conflits ou dans des contextes fragiles;

B.

considérant que près de 10 millions d'enfants sont des réfugiés et que l'on estime à 19 millions le nombre d'enfants dans le monde déplacés dans leur pays en raison de conflits;

C.

considérant que chaque mineur est avant tout un enfant dont les droits doivent être respectés sans aucune discrimination, quels que soient l'origine ethnique, la nationalité ou le statut social, la situation au regard de l'immigration ou le statut de résidence du mineur ou de ses parents;

D.

considérant que l'éducation est un droit de l'homme fondamental et un droit de chaque enfant; qu'elle est une condition essentielle à l'exercice de tous les autres droits sociaux, économiques, culturels et politiques;

E.

considérant que l'éducation est la base d'une citoyenneté responsable, qu'elle peut transformer une société et contribuer à l'égalité sociale, économique et politique ainsi qu'à l'égalité des sexes et qu'elle est essentielle à l'émancipation des filles et des femmes à l'échelon social, culturel et professionnel, et à la prévention de la violence faite à celles-ci;

F.

considérant que l'éducation représente un élément essentiel de l'intégration et de l'amélioration des conditions de vie des mineurs qui souffrent de handicaps ou ont des besoins éducatifs particuliers;

G.

considérant que l'enseignement primaire gratuit pour tous les enfants est un droit fondamental que les gouvernements se sont engagés à respecter en vertu de la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant de 1989; que l'objectif pour 2015 est que tous les enfants, garçons et filles, aient les moyens d'achever un cycle complet d'études primaires; que malgré certains progrès accomplis dans les pays en développement, cet objectif est loin d'être atteint;

H.

considérant que le cadre de Dakar et les objectifs du Millénaire pour le développement ont mobilisé la communauté internationale en faveur d'un accès universel à l'enseignement primaire, de l'égalité des sexes et d'une éducation de qualité, et qu'aucun des objectifs définis à cet égard ne sera atteint en 2015, l'échéance fixée pour ce faire;

I.

considérant que dans 30 pays du monde au moins, les forces de sécurité gouvernementales et les groupes armés non étatiques s'attaquent aux institutions éducatives; considérant que la protection des écoles contre les attaques de l'armée régulière et des groupes armés non étatiques et contre leur utilisation à des fins militaires s'inscrit dans le droit fil de la déclaration sur la sécurité dans les écoles et des lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l'utilisation militaire durant les conflits armés;

J.

considérant que les enfants, les adolescents et les jeunes sont de plus en plus menacés et qu'ils sont touchés de manière disproportionnée, particulièrement dans les États fragiles; considérant que les enfants et les adolescents non scolarisés sont plus exposés au risque de mariage et de grossesse précoces, d'enrôlement par l'armée régulière ou des groupes armés, de traite et de travail forcé; que dans les zones de conflit, l'aide humanitaire est souvent la seule solution qui permette aux enfants de poursuivre des études, d'améliorer leurs perspectives et de se protéger contre les sévices et les formes d'exploitation;

K.

considérant que dans les situations d'urgence, l'objectif de prodiguer un enseignement de qualité n'entre pas toujours dans le périmètre de l'aide humanitaire, porte essentiellement sur l'éducation primaire et continue d'être relégué au second plan par rapport à la fourniture de nourriture, d'eau, de médicaments et d'hébergements et que, partant, les enfants touchés par des conflits ou des catastrophes naturelles sont privés d'éducation;

L.

considérant que la part de l'aide humanitaire consacrée à l'éducation est faible et que l'aide au développement, plus importante, arrive trop tard voire pas du tout; que les mécanismes de mise en œuvre sont mal coordonnés et engendrent des coûts de transaction élevés, et que les partenaires disposant d'une capacité d'action suffisante sont trop peu nombreux;

M.

considérant que la qualité de la programmation en matière d'éducation des réfugiés tend à être mauvaise, que le rapport élèves-enseignant s'établit à 70:1 en moyenne et que la proportion d'enseignants non qualifiés est élevée;

N.

considérant que les nouveaux objectifs de développement durable et les cibles y afférentes définissent, en matière d'éducation, un nouveau programme global et ambitieux à réaliser d'ici 2030;

O.

considérant qu'un accès universel à un enseignement public de qualité, au niveau tant élémentaire que secondaire et supérieur, est essentiel pour lutter contre les inégalités et réaliser les objectifs de développement durable;

P.

considérant que l'Union investira 4,7 milliards d'euros dans les pays en développement en faveur de l'éducation pour la période 2014-2020, ce qui constitue un progrès par rapport aux 4,4 milliards d'euros dépensés pour la période 2007-2013;

Q.

considérant que les parties à la déclaration d'Incheon y constatent avec inquiétude que les conflits, les catastrophes naturelles et d'autres crises continuent de perturber l'éducation et le développement, qu'elles s'y engagent à «concevoir des systèmes éducatifs plus inclusifs, réactifs et résilients» et qu'elles y soulignent que l'éducation doit «être dispensée dans des environnements sains, accueillants et sûrs, exempts de toute violence»;

R.

considérant que l'initiative de l'Union «Les enfants de la paix» permet à 1,5 million d'enfants environ de 26 pays exposés à des conflits ou des situations d'urgence d'être scolarisés, d'apprendre dans un environnement sûr et de bénéficier d'une aide psychologique;

S.

considérant que plusieurs partenaires de l'Union, comme l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ont élaboré des stratégies novatrices, globales et ouvertes à tous en matière d'éducation en situation d'urgence dans le but de garantir l'accès à une éducation de qualité aux enfants réfugiés qui pâtissent de conflits; qu'une telle stratégie associe les besoins des enfants à court terme sur le plan humanitaire et leurs besoins à long terme en matière de développement et englobe l'élaboration de ressources d'auto-apprentissage, une aide psychosociale, des espaces d'apprentissage et de divertissement sûrs ainsi que des activités de sensibilisation à la sécurité et de développement des capacités en matière de sécurité;

T.

considérant que l'on estime à 8 milliards de dollars le montant annuel nécessaire pour contribuer à la scolarisation des enfants exposées à des situations d'urgence, et que le déficit de financement de l'éducation en situation d'urgence par les pouvoirs publics des pays concernés s'élève à 4,8 milliards de dollars;

U.

considérant que l'aide au développement et l'aide humanitaire doivent être augmentées pour combler ce déficit et que les États fragiles doivent accroître les dépenses publiques en faveur de l'éducation; que dans ces États, la part des dépenses publiques pour l'enseignement a reculé au cours des dernières années et reste nettement en-deçà du niveau de référence de 20 % recommandé à l'échelle internationale;

V.

considérant que les parties à la déclaration d'Oslo constatent qu'il importe d'examiner le dispositif mondial d'aide en vue de combler le décalage entre l'action humanitaire d'urgence et les mesures de développement à plus long terme dans le domaine de l'éducation, et qu'elles proposent, à cet effet, d'instaurer une nouvelle structure ainsi que de créer un fonds spécial ou de définir de nouvelles modalités pour l'éducation en situation d'urgence en amont du sommet humanitaire mondial de 2016;

1.

souligne l'importance d'une éducation publique universelle de qualité en tant que catalyseur du développement, qui se répercute positivement sur des actions menées dans les domaines de la santé, de l'assainissement, de l'atténuation des risques de catastrophe, de la création d'emplois, de la réduction de la pauvreté et du développement économique; soutient que l'éducation est un puissant outil, indispensable pour créer un sentiment de normalité, garantir une prise de conscience des droits et aider les enfants, les adolescents et les jeunes à surmonter les traumatismes, à se réinsérer dans la société au terme des conflits et à acquérir les compétences nécessaires pour reconstruire la société et favoriser la consolidation de la paix ainsi que la réconciliation;

2.

souligne que sur le long terme, une éducation de qualité peut jouer un rôle déterminant dans la reconstruction de la société à l'issue d'un conflit, car elle peut développer le potentiel des enfants en matière de revenus, leur permettre de préserver la santé de leur famille et accroître leur capacité à briser le cycle de la pauvreté;

3.

souligne que les filles et les autres enfants défavorisés, notamment les enfants handicapés, ne devraient jamais faire l'objet de discriminations au regard de l'accès à un enseignement de qualité en situation d'urgence;

4.

insiste sur l'incidence positive de l'éducation dans le développement et le bien-être des enfants et met l'accent sur l'importance de veiller à ce que les adolescents puissent apprendre tout au long de leur vie, de manière ininterrompue; estime qu'une telle démarche permettra également de réduire la probabilité que ceux-ci soient enrôlés par des groupes armés ou basculent dans l'extrémisme;

5.

reconnaît les progrès accomplis depuis l'adoption des objectifs du Millénaire pour le développement mais déplore que les cibles définies ne seront pas atteintes en 2015; demande à l'Union européenne et à ses États membres de faire de ces objectifs la priorité absolue dans leurs politiques internes et leurs relations avec les pays tiers; souligne que ces objectifs, en particulier l'élimination de la pauvreté, l'accès à l'éducation pour tous et l'égalité des sexes, ne seront atteints qu'avec le développement de services publics accessibles à tous; se félicite du programme d'action établi en matière d'éducation par les objectifs de développement durable et continue d'insister sur l'importance d'un accès équitable à une éducation de qualité pour les populations les plus vulnérables;

6.

constate avec inquiétude que les progrès accomplis en matière d'éducation sont très lents, voire inexistants, dans les pays en proie à des conflits et dans les États fragiles, et souligne qu'il importe de renforcer la résilience des systèmes éducatifs dans ces pays et d'assurer la continuité de l'enseignement en cas de crise; souligne par conséquent que l'Union, les États membres et l'ensemble des parties prenantes à divers échelons doivent redoubler d'efforts pour mettre en place des outils destinés à garantir le développement et la diffusion de l'éducation dans les pays en crise;

7.

souligne que des millions d'enfants sont des réfugiés et insiste sur l'importance vitale de l'accès à l'éducation pour ces enfants; exhorte les pays d'accueil à donner aux enfants réfugiés un accès sans restriction à l'éducation et à favoriser autant que possible leur intégration et leur inclusion dans le système éducatif national; demande aussi aux acteurs de l'aide humanitaire ainsi que de l'aide au développement d'accorder plus d'attention à l'éducation et à la formation des enseignants, de la communauté d'origine comme de la communauté d'accueil, et aux bailleurs de fonds internationaux d'accorder la priorité à l'éducation lorsqu'ils interviennent en situation de crise, grâce à des programmes de participation et d'aide psychologique des enfants migrants ainsi qu'à la promotion de l'étude de la langue du pays d'accueil de sorte à garantir aux enfants réfugiés la meilleure intégration possible;

8.

souligne qu'il convient de mettre l'accent sur l'enseignement secondaire et la formation professionnelle, outre l'enseignement primaire; précise que les jeunes âgés de 12 à 20 ans n'ont que très peu de perspectives dans la communauté des réfugiés et sont, dans le même temps, les premiers concernés par le service militaire et d'autres formes d'engagement dans des conflits armés; relève qu'en Afghanistan, par exemple, selon la Banque mondiale, seuls 30 % environ des personnes de plus de 15 ans savent lire et écrire, tandis que des décennies de guerre ont débouché sur une grave pénurie de main-d'œuvre qualifiée, et ce malgré la taille considérable de la population active;

9.

demande aux États membres de mettre en place des régimes d'accueil spécifiques pour les mineurs non accompagnés et les mères seules;

10.

rappelle aux États membres qu'aux fins de la protection des mineurs et de la prévention des sévices et de la traite, ceux-ci doivent être scolarisés et relever de programmes éducatifs et qu'il convient de définir des normes d'accueil, d'intégration et d'aide linguistique, ainsi que le prévoit la directive 2013/33/UE;

11.

exhorte la Commission européenne et les États membres à aider les étudiants réfugiés en transit, grâce notamment à la coopération avec les diverses organisations internationales;

12.

invite la Commission européenne et les États membres à ouvrir des «couloirs éducatifs» afin que les étudiants provenant de pays en conflit, en particulier la Syrie, l'Iraq et l'Érythrée, puissent être accueillis dans les universités;

13.

invite l'Union et ses agences humanitaires à intégrer systématiquement l'éducation et la protection des enfants au mécanisme global d'intervention d'urgence et à veiller à la mise en place de fonds pluriannuels flexibles pour les crises de longue durée;

14.

salue la mise en place des fonds fiduciaires Bêkou et Madad ainsi que du fonds d'affectation spéciale d'urgence pour l'Afrique en tant qu'outils efficaces pour combler l'écart entre le financement de l'aide humanitaire et celui de l'aide au développement dans des situations d'urgence complexes et persistantes, dans lesquelles les dimensions politiques, économiques et humanitaires sont interdépendantes; invite l'Union et les États membres à élever l'éducation des enfants au rang de priorité dans le contexte de l'allocation des ressources provenant des fonds de l'Union;

15.

reconnaît les déficits inquiétants de l'action en matière d'éducation en situation d'urgence, compte tenu du fait, notamment, qu'une intervention rapide ne profite pas seulement aux enfants, mais peut également améliorer l'efficacité de l'intervention humanitaire plus généralement; rappelle que l'école doit être un espace sûr pour les enfants et souligne à cet égard l'importance de défendre les établissements scolaires contre les attaques; demande à l'Union et à ses États membres d'adhérer aux principes établis par l'Unesco dans le cadre général pour la sécurité à l'école (Comprehensive School Safety Framework) et de défendre les établissements scolaires contre les attaques et les utilisations militaires conformément à la déclaration sur la sécurité dans les écoles et aux lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l'utilisation militaire durant les conflits armés;

16.

demande à l'Union de collaborer avec les pays partenaires, les bailleurs de fonds, le secteur privé et la société civile pour améliorer les perspectives des jeunes en matière d'éducation dans un contexte de conflit et d'autres situations d'urgence, eu égard à l'importance fondamentale du rôle stabilisateur que peut jouer la jeunesse à l'issue de conflits par la mise en œuvre des compétences éventuellement acquises en faveur de la reconstruction des infrastructures, des services de base, du système de santé et du système éducatif, et réduire ainsi le risque qu'une population jeune et désœuvrée ne cause des troubles sociaux ou ne retombe dans le cercle vicieux de la violence;

17.

se félicite de l'initiative de l'Union «Les enfants de la paix», qui vise à financer des projets humanitaires axés sur l'éducation en situation de crise, et invite la Commission à la renforcer; salue l'initiative «Non à une génération perdue» lancée par plusieurs bailleurs de fonds ainsi que des acteurs de l'aide humanitaire et de l'aide au développement, dont l'Union, afin de veiller à ce que des millions d'enfants en Syrie et dans les pays voisins bénéficient d'un accès à l'éducation;

18.

déplore qu'en dépit de l'importance du rôle de l'éducation en situation d'urgence, ce domaine d'action ait bénéficié de moins de 2 % des fonds alloués à l'aide humanitaire en 2014; souhaite par conséquent, dans le cadre du nouveau programme de révision des fonds européens, le renforcement et l'augmentation des ressources économiques destinées aux programmes de diffusion de l'éducation des mineurs, y compris dans les pays tiers en proie à des situations de guerre ou d'urgence en général;

19.

demande à tous les acteurs de l'aide humanitaire, étant donné le caractère prolongé des crises contemporaines, de veiller à ce que l'éducation fasse partie intégrante de leur intervention ainsi que d'intensifier leur engagement dans l'éducation en recourant aux pôles d'action dès les premières phases de la crise et en veillant à y consacrer des fonds suffisants; invite ces acteurs à accorder une attention particulière aux groupes vulnérables comme les filles, les enfants handicapés et les enfants pauvres, à tenir compte des enfants et des jeunes déplacés dans leur communauté d'accueil et à prendre dûment en considération l'enseignement secondaire afin de veiller à ce que les adolescents ne soient pas privés d'éducation;

20.

se réjouit que la communauté internationale prête toujours plus d'attention à la question de l'éducation en situation d'urgence, et notamment que le commissaire européen chargé de l'aide humanitaire et de la gestion des crises ait annoncé l'objectif d'allouer 4 % du budget européen consacré à l'aide humanitaire à l'éducation des enfants en situation d'urgence d'ici 2019;

21.

invite tous les États membres de l'Union à soutenir l'objectif de la Commission d'accroître l'aide humanitaire consacrée à l'éducation en situation d'urgence à 4 % du budget européen de l'aide humanitaire, comme investissement minimal pour garantir que les enfants pourront accéder à une éducation de qualité en situation d'urgence ou de crise persistante; les invite également à y accorder une plus grande attention et à augmenter les financements qu'ils y consacrent dans le cadre de leurs propres actions humanitaires, tout en précisant qu'une telle démarche ne devrait pas se faire au détriment d'autres besoins fondamentaux; demande à l'Union de diffuser auprès des pays concernés les bonnes pratiques en matière de stratégies de préparation et d'intervention à l'appui de l'éducation en situation de crise, et de favoriser le développement des capacités à cet égard, grâce à des programmes d'aide, par exemple;

22.

souligne que les nouvelles technologies de l'information et de la communication acquièrent un rôle croissant dans le secteur de l'éducation dans les situations d'urgence et peuvent renforcer l'activité des opérateurs dans de tels contextes, notamment grâce à des systèmes d'apprentissage et d'enseignement en ligne;

23.

souligne que si l'augmentation des fonds consacrés à l'aide humanitaire est nécessaire, elle ne suffira pas à combler le déficit de financement; prie l'Union et les autres bailleurs de fonds de mettre davantage l'accent sur l'éducation dans la coopération au développement avec les États fragiles afin d'améliorer la résilience des systèmes d'éducation nationaux; demande à la Commission et aux États membres ainsi qu'à d'autres acteurs de l'aide humanitaire de contribuer au renforcement de l'éducation publique universelle, y compris de l'enseignement secondaire et supérieur, afin de coordonner la planification de l'intervention d'urgence et la programmation à long terme pour le développement durable;

24.

demande à l'Union de soutenir les pouvoirs publics des pays tiers à l'égard de leurs engagements en vue de l'élaboration de cadres juridiques nationaux pour la résilience, la prévention ainsi que la gestion des catastrophes et des risques s'inspirant du programme international de règles, lois et principes applicables aux actions internationales en cas de catastrophe, et de veiller à ce que les administrations, les entreprises et la société civile disposent des capacités nécessaires en matière de gestion des risques pour assurer le retour des enfants à l'école;

25.

souligne l'importance du secteur privé en tant que source potentielle de financements innovants en faveur de l'éducation dans l'optique de la résorption de l'éventuel décalage entre l'enseignement et la formation professionnelle dispensés et l'évolution de la demande du marché du travail; préconise, au regard des processus éducatifs, de nouer de nouvelles alliances et d'établir de nouvelles modalités de coopération avec le secteur privé, lesquelles peuvent constituer une source pérenne d'innovation et de flexibilité sur le plan technologique et prendre de nombreuses formes, de la mise à disposition de bâtiments ou d'équipements électroniques au transport et à l'hébergement d'enseignants, en passant par la fourniture de programmes d'apprentissage en ligne;

26.

précise que l'éducation en situation d'urgence et dans les contextes fragiles est un domaine concret dans lequel les acteurs de l'aide humanitaire et de l'aide au développement doivent collaborer étroitement pour établir le lien entre l'aide d'urgence, la réhabilitation et le développement; demande à la Commission d'élaborer des mécanismes pour apporter une réponse efficace à cet égard dans le contexte de ses propres actions et de celles de ses partenaires, ainsi que de participer à la plateforme internationale qui s'attachera à créer des instruments spécifiques pour l'éducation en situation d'urgence en amont du sommet humanitaire mondial de 2016; soutient la coordination des fonds existants et la mise en place d'un mécanisme de financement de l'éducation en situation d'urgence à l'échelle mondiale;

27.

invite l'Union et ses États membres à promouvoir l'éducation des enfants dans les situations d'urgence et de crise de longue durée lors du sommet mondial humanitaire et à veiller à ce que cette question figure en bonne place dans le document final; les invite également à favoriser des normes communes pour la mise en place d'un cadre en matière d'éducation ainsi que la diffusion des pratiques exemplaires relatives aux méthodes d'apprentissage non traditionnelles, comme l'auto-apprentissage et l'apprentissage à distance; souligne que des mécanismes, des outils et des capacités devraient être élaborés afin d'assurer la cohérence des programmes et des budgets relatifs à l'éducation dans le cadre de l'action humanitaire, du processus de redressement et de transition et de l'aide au développement;

28.

insiste, à la lumière du nombre croissant de crises humanitaires et du nombre de personnes déplacées, qui atteint un niveau sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, pour que la communauté internationale considère l'éducation comme un élément central de son action dans le domaine humanitaire, car elle a des retombées positives qui peuvent améliorer l'efficacité de l'intervention d'une manière générale et elle peut également contribuer au développement à moyen et à long terme des populations touchées;

29.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/157


P8_TA(2015)0419

Recherche de la simplification et de l'efficacité dans la politique de cohésion pour 2014-2020

Résolution du Parlement européen du 26 novembre 2015 sur la recherche de la simplification et de l'efficacité dans la politique de cohésion pour 2014-2020 (2015/2772(RSP))

(2017/C 366/17)

Le Parlement européen,

vu les articles 174 et 175 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu le règlement (UE) no 1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, portant dispositions générales applicables au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, et abrogeant le règlement (CE) no 1083/2006 du Conseil (RDC),

vu le règlement (UE, Euratom) no 966/2012 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l'Union et abrogeant le règlement (CE, Euratom) no 1605/2002 du Conseil, et le règlement délégué (UE) no 1268/2012 de la Commission du 29 octobre 2012 relatif aux règles d’application du règlement (UE, Euratom) no 966/2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l’Union,

vu le Sixième rapport sur la cohésion économique, sociale et territoriale (COM(2014)0473),

vu le rapport annuel 2014 de la Cour des comptes,

vu la question orale à la Commission sur la recherche de la simplification et de l'efficacité dans la politique de cohésion pour 2014-2020 (O-000127/2015 — B8-1103/2015),

vu la proposition de résolution de sa commission du développement régional,

vu l'article 128, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que le Parlement reconnaît l'importance des mesures conséquentes prises par les institutions de l'Union vers la simplification, telles que le programme de simplification pour le cadre financier pluriannuel 2014-2020, un vice-président de la Commission désigné chargé de l'amélioration de la réglementation, la mise en place d'un Groupe de haut niveau d'experts indépendants chargé du suivi de la simplification pour les bénéficiaires des Fonds structurels et d'investissement européens (ESI) au sein de la Commission, la refonte du règlement financier et le règlement portant dispositions communes (RDC);

B.

considérant que, malgré la politique de cohésion réformée pour la période de programmation 2014-2020, dans laquelle les méthodes de simplification sont abordées, la demande, la gestion, les rapports et le contrôle dans le cadre des Fonds structurels et d'investissement européens (Fonds ESI) sont encore trop complexes tant pour les bénéficiaires que pour les autorités de gestion, en particulier pour celles qui disposent de peu de capacités administratives et financières;

C.

considérant que la surréglementation existante, y compris dans le processus de transposition des règles dans la législation nationale, agit comme un frein et entraîne des périodes d'absence plus longues sur le marché et des coûts indirects pour les bénéficiaires potentiels en quête de financement de l'Union, réduisant ainsi l'impact sur les investissements du financement de l'Union et créant des obstacles pour les bénéficiaires, les citoyens et les entreprises de l'Union, en particulier les petites et moyennes entreprises;

D.

considérant que des procédures compliquées peuvent être un lourd fardeau pour les bénéficiaires, en particulier les petites et moyennes entreprises, les ONG et les municipalités, qui ont besoin de financement de l'Union, et qu'en général, ces entités ne disposent pas des ressources financières et humaines, ni des compétences nécessaires pour demander et gérer avec succès les subventions de l'Union; que la Commission et les États membres sont invités à redoubler d'efforts pour rendre l'outil de cotation des risques ARACHNE opérationnel et plus facile à utiliser pour les autorités de gestion et les systèmes de contrôle de programmes opérationnels, qui doivent assurer un bon équilibre entre la simplification d'une part, et la détection et la prévention des irrégularités, notamment la fraude, de l'autre;

E.

considérant que la duplication des audits et les différences dans les approches et les méthodologies d'audit nécessitent l'application du «principe de contrôle unique» et une mise en exergue de l'audit de performance, qui pourrait mieux évaluer l'efficience et l'efficacité des opérations et conduire à des propositions de simplification;

1.

estime que la Commission devrait introduire des directives détaillées sur la simplification afin de sensibiliser les États membres et leurs régions à la nécessité d'éliminer, ou au moins de réduire considérablement le fardeau administratif et la surréglementation qui pèsent aux niveaux national et local dans les procédures de passation de marchés, la sélection des propositions de projet et les activités de suivi et de contrôle, y compris en évitant les changements fréquents de règles, en simplifiant le langage et en normalisant les procédures, ainsi qu'en axant le budget de l'Union sur des résultats tangibles; affirme en outre qu'un ensemble intégré de financement régional de l'Union accessible par l'intermédiaire d'une interface unique ou d'un guichet unique pourrait être une option, en s'orientant ainsi vers des processus et des procédures communs chaque fois que cela est possible;

2.

demande à la Commission de fournir aux États membres et à leurs régions une feuille de route pour rationaliser et simplifier les activités de contrôle, de suivi et de rapport, y compris pour les bénéficiaires, afin de faire disparaître les goulets d'étranglement actuels;

3.

demande à la Commission et aux États membres de prendre acte de la date butoir du 31 décembre 2015, comme prévu à l'article 122, paragraphe 3, du règlement portant dispositions communes (RDC), pour basculer vers le système e-cohésion comme condition préalable pour écourter de manière significative le délai entre la candidature et la subvention;

4.

invite la Commission à établir et à appliquer, en coordination avec les États membres, et conformément au principe de proportionnalité, une approche allégée concernant les exigences en matière de données et d'informations applicables aux bénéficiaires dans le cadre de la procédure de demande et en matière de rapports relatifs au financement de l'Union en gestion partagée, et à encourager le partage des bonnes pratiques;

5.

prie la Commission et les États membres de favoriser la simplification des règles régissant les instruments financiers des Fonds ESI en vue de les adapter plus étroitement aux besoins des bénéficiaires et, finalement, d'améliorer leur utilisation;

6.

demande à la Commission et aux États membres d'accroître l'utilisation de l'approche multi-fonds, en prenant en considération les besoins des bénéficiaires;

7.

invite la Commission à s'impliquer avec le Parlement, le Comité des régions et d'autres parties prenantes dans un dialogue structuré et permanent sur tous les aspects de ce processus de simplification;

8.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux États membres et à leurs régions.


III Actes préparatoires

PARLEMENT EUROPÉEN

Mercredi 11 novembre 2015

27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/159


P8_TA(2015)0393

Les solutions d'interopérabilité comme moyen de moderniser le secteur public ***I

Résolution législative du Parlement européen du 11 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil établissant un programme concernant des solutions d'interopérabilité pour les administrations publiques, les entreprises et les particuliers en Europe (ISA2) L'interopérabilité comme moyen de moderniser le secteur public (COM(2014)0367 — C8-0037/2014 — 2014/0185(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2017/C 366/18)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0367),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 172 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8-0037/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 15 octobre 2014 (1),

vu l'avis du Comité des régions du 12 février 2015 (2),

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 23 septembre 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie et les avis de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs et de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0225/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 12 du 15.1.2015, p. 99.

(2)  JO C 140 du 28.4.2015, p. 47.


P8_TC1-COD(2014)0185

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 novembre 2015 en vue de l’adoption de la décision (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil établissant un programme concernant des solutions d'interopérabilité et des cadres communs pour les administrations publiques, les entreprises et les citoyens européens (programme ISA2) en tant que moyen pour moderniser le secteur public

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, la décision (UE) 2015/2240.)


Mardi 24 novembre 2015

27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/161


P8_TA(2015)0396

Abrogation de certains actes de l'acquis de Schengen ***I

Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes liés à l'espace de liberté, de sécurité et de justice (COM(2014)0713 — C8-0277/2014 — 2014/0337(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2017/C 366/19)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0713),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 77, paragraphe 2, points a), b) et d), l'article 78, paragraphe 2, points e) et g), l'article 79, paragraphe 2, points c) et d), et l'article 87, paragraphe 2, point a), du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8-0277/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 21 octobre 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 59 et l'article 50, paragraphe 2, de son règlement,

vu le rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0250/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


P8_TC1-COD(2014)0337

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 24 novembre 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes de l'acquis de Schengen

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2016/93.)


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/162


P8_TA(2015)0397

Abrogation de certains actes de l'acquis de Schengen dans le domaine de la coopération policière et judiciaire en matière pénale ***I

Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes dans le domaine de la coopération policière et judiciaire en matière pénale (COM(2014)0714 — C8-0279/2014 — 2014/0338(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2017/C 366/20)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0714),

vu l'article 294, paragraphe 2, l’article 82, paragraphe 1, point d), et l’article 87, paragraphe 2, points a) et c), du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8-0279/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 21 octobre 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 59 et l'article 50, paragraphe 2, de son règlement,

vu le rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0251/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


P8_TC1-COD(2014)0338

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 24 novembre 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes de l'acquis de Schengen dans le domaine de la coopération policière et de la coopération judiciaire en matière pénale

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2016/94.)


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/163


P8_TA(2015)0398

Abrogation de certains actes dans le domaine de la coopération policière et de la coopération judiciaire en matière pénale ***I

Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes dans le domaine de la coopération policière et de la coopération judiciaire en matière pénale (COM(2014)0715 — C8-0280/2014 — 2014/0339(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2017/C 366/21)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0715),

vu l'article 294, paragraphe 2, l’article 82, paragraphe 1, l’article 83, paragraphe 1, l’article 87, paragraphe 2, et l’article 88, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8-0280/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 21 octobre 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 59 et l’article 50, paragraphe 2, de son règlement,

vu le rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0252/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


P8_TC1-COD(2014)0339

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 24 novembre 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil abrogeant certains actes dans le domaine de la coopération policière et de la coopération judiciaire en matière pénale

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2016/95.)


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/164


P8_TA(2015)0399

Adhésion à la Commission élargie de la convention pour la conservation du thon rouge du Sud ***

Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion, au nom de l'Union européenne, de l'accord sous forme d'échange de lettres entre l'Union européenne et la Commission pour la conservation du thon rouge du Sud (CCSBT) concernant l'adhésion à la Commission élargie de la convention pour la conservation du thon rouge du Sud (07134/2015 — C8-0323/2015 — 2015/0036(NLE))

(Approbation)

(2017/C 366/22)

Le Parlement européen,

vu le projet de décision du Conseil (07134/2015),

vu l'échange de lettres en vue d'obtenir l'adhésion à la Commission élargie de la convention pour la conservation du thon rouge du Sud,

vu la demande d'approbation présentée par le Conseil conformément à l'article 43, paragraphe 2, et à l'article 218, paragraphe 6, deuxième alinéa, point a), du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (C8-0323/2015),

vu l'article 99, paragraphe 1, premier et troisième alinéas, et paragraphe 2, ainsi que l'article 108, paragraphe 7, de son règlement,

vu la recommandation de la commission de la pêche (A8-0318/2015),

1.

donne son approbation à la conclusion de l'accord;

2.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres et à la Commission pour la conservation du thon rouge du Sud.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/165


P8_TA(2015)0400

Intermédiation en assurance ***I

Résolution législative du Parlement européen du 24 novembre 2015 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur l'intermédiation en assurance (refonte) (COM(2012)0360 — C7-0180/2012 — 2012/0175(COD))

(Procédure législative ordinaire: refonte)

(2017/C 366/23)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2012)0360),

vu l'article 294, paragraphe 2, l'article 53, paragraphe 1, et l'article 62 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C7-0180/2012),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 13 décembre 2012 (1),

vu l'accord interinstitutionnel du 28 novembre 2001 pour un recours plus structuré à la technique de la refonte des actes juridiques (2),

vu la lettre en date du 9 novembre 2012 de la commission des affaires juridiques adressée à la commission des affaires économiques et monétaires conformément à l'article 104, paragraphe 3, de son règlement,

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 22 juillet 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu les articles 104 et 59 et l'article 61, paragraphe 2, de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires et les avis de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs et de la commission des affaires juridiques (A7-0085/2014),

vu les amendements qu'il a adoptés au cours de la séance plénière du 26 février 2014 (3),

vu la décision de la Conférence des présidents du 18 septembre 2014 sur les questions en instance à la fin de la septième législature,

vu le rapport complémentaire de la commission des affaires économiques et monétaires (A8-0315/2015),

A.

considérant que, de l'avis du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, la proposition de la Commission ne contient aucune modification de fond autre que celles identifiées comme telles dans la proposition et que, en ce qui concerne la codification des dispositions inchangées des actes précédents avec ces modifications, la proposition se limite à une codification pure et simple des actes existants, sans modification de leur substance;

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après, en tenant compte des recommandations du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 44 du 15.2.2013, p. 95.

(2)  JO C 77 du 28.3.2002, p. 1.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0155.


P8_TC1-COD(2012)0175

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 24 novembre 2015 en vue de l’adoption de la directive (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil sur la distribution d'assurances (refonte)

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, la directive (UE) 2016/97.)


Mercredi 25 novembre 2015

27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/167


P8_TA(2015)0404

Projet de budget rectificatif no 8/2015: ressources propres et Contrôleur européen de la protection des données

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 relative à la position du Conseil sur le projet de budget rectificatif no 8/2015 de l'Union européenne pour l'exercice 2015, ressources propres et Contrôleur européen de la protection des données (13439/2015 — C8-0341/2015 — 2015/2269(BUD))

(2017/C 366/24)

Le Parlement européen,

vu l'article 314 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 106 bis du traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique,

vu le règlement (UE, Euratom) no 966/2012 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l'Union et abrogeant le règlement (CE, Euratom) no 1605/2002 du Conseil (1), et notamment son article 41,

vu le budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2015, définitivement adopté le 17 décembre 2014 (2),

vu le budget rectificatif no 1/2015, définitivement adopté le 28 avril 2015 (3),

vu les budgets rectificatifs no 2/2015, no 3/2015, no 4/2015 et no 5/2015, définitivement adoptés le 7 juillet 2015 (4),

vu les budgets rectificatifs no 6/2015 et no 7/2015, définitivement adoptés le 14 octobre 2015,

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (5),

vu le règlement (UE, Euratom) no 2015/623 du Conseil du 21 avril 2015 modifiant le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (6),

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (7),

vu la décision 2007/436/CE, Euratom du Conseil du 7 juin 2007 relative au système des ressources propres des Communautés européennes (8),

vu le projet de budget rectificatif no 8/2015, adopté par la Commission le 19 octobre 2015 (COM(2015)0545),

vu la position sur le projet de budget rectificatif no 8/2015, adoptée par le Conseil le 10 novembre 2015 et transmise au Parlement européen le même jour (13439/2015 — C8-0341/2015),

vu les articles 88 et 91 de son règlement,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0337/2015),

A.

considérant que le projet de budget rectificatif no 8/2015 porte sur la révision des prévisions concernant les ressources propres traditionnelles (droits de douane), la budgétisation du restant des soldes des ressources propres TVA et RNB de 2014 et la budgétisation des soldes des ressources propres TVA et RNB de 2015;

B.

considérant que le projet de budget rectificatif no 8/2015 met également à jour les prévisions concernant les autres recettes;

C.

considérant que le projet de budget rectificatif no 8/2015 prévoit en outre une réduction de 123 474 EUR des crédits d'engagement et de paiement inscrits au budget du Contrôleur européen de la protection des données;

D.

considérant que le projet de budget rectificatif no 8/2015 entraîne une diminution de 9,4 milliards d'euros des contributions des États membres fondées sur le RNB;

1.

prend acte du projet de budget rectificatif no 8/2015 présenté par la Commission et de la position du Conseil y afférente;

2.

observe que le projet de budget rectificatif no 8/2015, dans tous ses éléments, entraîne une diminution de 9 403,4 millions d'euros des contributions des États membres au budget de l'Union;

3.

souligne que d'importants moyens financiers supplémentaires doivent être dégagés pour faire face à la crise actuelle des réfugiés;

4.

souligne que les États membres n'ont pas encore honoré les engagements financiers pris en faveur du fonds d'affectation spéciale pour l'Afrique, du fonds d'affectation spéciale pour la Syrie et des agences des Nations unies venant en aide aux réfugiés, lesquels engagements ont été réitérés lors de la réunion informelle des chefs d'État ou de gouvernement sur la migration du 23 septembre 2015, du Conseil européen du 15 octobre 2015 et du sommet de La Valette des 11 et 12 novembre 2015; regrette que, selon la Commission, les États membres accusaient un retard de 2,3 milliards d'euros au début du mois de novembre 2015;

5.

souligne que des efforts financiers supplémentaires devront être consentis pour fournir une aide humanitaire le long des routes de transit et pour parvenir à accueillir un nombre sans précédent de réfugiés dans les villes et les régions d'Europe;

6.

regrette profondément qu'aucun compromis solide n'ait pu être atteint en conciliation sur l'utilisation des remboursements générés par le projet de budget rectificatif no 8/2015 pour faire face à la crise des réfugiés; escompte néanmoins que les États membres honoreront pleinement leurs engagements;

7.

approuve la position du Conseil sur le projet de budget rectificatif no 8/2015;

8.

charge son Président de constater que le budget rectificatif no 8/2015 est définitivement adopté et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

9.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la Cour des comptes ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO L 298 du 26.10.2012, p. 1.

(2)  JO L 69 du 13.3.2015, p. 1.

(3)  JO L 190 du 17.7.2015, p. 1.

(4)  JO L 261 du 7.10.2015.

(5)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(6)  JO L 103 du 22.4.2015, p. 1.

(7)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(8)  JO L 163 du 23.6.2007, p. 17.


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/169


P8_TA(2015)0405

Mobilisation de l'instrument de flexibilité aux fins de mesures budgétaires immédiates pour faire face à la crise des réfugiés

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation de l'instrument de flexibilité aux fins de mesures budgétaires immédiates pour faire face à la crise des réfugiés, conformément au point 12 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (COM(2015)0514 — C8-0308/2015 — 2015/2264(BUD))

(2017/C 366/25)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2015)0514 — C8-0308/2015),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (1), et notamment son article 11,

vu le règlement (UE, Euratom) no 2015/623 du Conseil du 21 avril 2015 modifiant le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2),

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3), et notamment son point 12,

vu le projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, adopté par la Commission le 24 juin 2015 (COM(2015)0300) et modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 (COM(2015)0317) et no 2/2016 (COM(2015)0513),

vu la position sur le projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, adoptée par le Conseil le 4 septembre 2015 et transmise au Parlement européen le 17 septembre 2015 (11706/2015 — C8-0274/2015),

vu sa position sur le projet de budget général pour l'exercice 2016, adoptée le 28 octobre 2015 (4),

vu le projet commun approuvé par le comité de conciliation le 14 novembre 2015 (14195/2015 — C8-0353/2015),

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0336/2015),

A.

considérant qu'après examen de toutes les possibilités de réaffectation des crédits d'engagement sous la rubrique 3 et la rubrique 4, il apparaît nécessaire de mobiliser l'instrument de flexibilité pour les crédits d'engagement;

B.

considérant que la Commission a proposé de mobiliser l'instrument de flexibilité pour compléter le financement du budget général de l'Union pour l'exercice 2016, au-delà du plafond de la rubrique 3, par un montant de 1 504 millions d'euros en crédits d'engagement afin de financer des mesures au titre de l'agenda européen en matière de migration;

C.

considérant qu'outre le montant définitif de 1 506 millions d'euros au-delà du plafond de la rubrique 3, le comité de conciliation convoqué pour le budget 2016 a accepté la proposition de la délégation du Parlement visant une autre mobilisation de l'instrument de flexibilité pour un montant de 24 millions d'euros au-delà du plafond de la rubrique 4 afin de répondre à la dimension extérieure des problèmes que pose la crise des réfugiés;

D.

considérant que le total des crédits de l'instrument de flexibilité pour l'exercice 2016, qui comprend les montants non utilisés des exercices 2014 et 2015, est donc épuisé dans son intégralité;

1.

note que les plafonds de la rubrique 3 et de la rubrique 4 pour l'exercice 2016 ne permettent pas le financement adéquat de mesures urgentes dans le domaine de la migration et des réfugiés;

2.

approuve dès lors la mobilisation de l'instrument de flexibilité pour un montant de 1 530 millions d'euros en crédits d'engagement;

3.

approuve également l'affectation proposée des crédits de paiement correspondants d'un montant de 734,2 millions d'euros pour l'exercice 2016, de 654,2 millions d'euros pour l'exercice 2017, de 83 millions d'euros pour l'exercice 2018 et de 58,6 millions d'euros pour l'exercice 2019;

4.

réaffirme que la mobilisation de cet instrument, prévue à l'article 11 du règlement CFP, prouve, une fois encore, combien il est impératif que le budget de l'Union soit plus flexible; fait observer que ces crédits supplémentaires ne sont disponibles que grâce au report des montants non utilisés des instruments de flexibilité des exercices 2014 et 2015; souligne qu'aucun montant ne sera reporté à l'exercice 2017, ce qui limite la mobilisation de l'instrument de flexibilité à son plafond annuel de 471 millions d'euros (aux prix de 2011);

5.

réaffirme sa position défendue de longue date selon laquelle, sans préjudice de la possibilité de mobiliser des crédits de paiement pour des lignes budgétaires spécifiques au moyen de l'instrument de flexibilité sans mobilisation préalable d'engagements, les paiements issus d'engagements préalablement mobilisés au moyen de l'instrument de flexibilité ne peuvent être comptabilisés qu'au-delà des plafonds;

6.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

7.

charge son Président de signer cette décision avec le Président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

8.

charge son Président transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(2)  JO L 103 du 22.4.2015, p. 1.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(4)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0376.


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation de l'instrument de flexibilité aux fins de mesures budgétaires immédiates pour faire face à la crise des réfugiés

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2016/253.)


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/171


P8_TA(2015)0406

Mobilisation du Fonds de solidarité de l'Union européenne aux fins du paiement d'avances dans le cadre du budget 2016

Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds de solidarité de l'Union européenne, conformément au point 11 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière, aux fins du paiement d'avances dans le cadre du budget 2016 (COM(2015)0281 — C8-0133/2015 — 2015/2123(BUD))

(2017/C 366/26)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2015)0281 — C8-0133/2015),

vu le règlement (CE) no 2012/2002 du Conseil du 11 novembre 2002 instituant le Fonds de solidarité de l'Union européenne (1),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), et notamment son article 10,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3), et notamment son point 11,

vu le projet commun approuvé par le comité de conciliation le 14 novembre 2015 (14195/2015 — C8-0353/2015),

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0335/2015),

A.

considérant que, conformément à l'article 4 bis, paragraphe 4, du règlement (CE) no 2012/2002, un montant de 50 000 000 EUR est mis à disposition pour le paiement d'avances au moyen de crédits inscrits au budget général de l'Union,

1.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

2.

charge son Président de signer cette décision avec le Président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

3.

charge son Président de transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 311 du 14.11.2002, p. 3.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds de solidarité de l'Union européenne aux fins du paiement d'avances

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2016/252.)


27.10.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 366/172


P8_TA(2015)0407

Procédure budgétaire 2016: projet commun

Résolution législative du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur le projet commun de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, approuvé par le comité de conciliation dans le cadre de la procédure budgétaire (14195/2015 — C8-0353/2015 — 2015/2132(BUD))

(2017/C 366/27)

Le Parlement européen,

vu le projet commun approuvé par le comité de conciliation et les déclarations du Parlement européen, du Conseil et de la Commission s'y rapportant (14195/2015 — C8-0353/2015),

vu le projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, adopté par la Commission le 24 juin 2015 (COM(2015)0300),

vu la position sur le projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, adoptée par le Conseil le 4 septembre 2015 et transmise au Parlement européen le 17 septembre 2015 (11706/2015 — C8-0274/2015),

vu les lettres rectificatives no 1/2016 (COM(2015)0317) et no 2/2016 (COM(2015)0513) au projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016,

vu sa résolution du 28 octobre 2015 relative à la position du Conseil sur le projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016 (1) et les amendements budgétaires qu'elle comporte,

vu l'article 314 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 106 bis du traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique,

vu la décision 2007/436/CE, Euratom du Conseil du 7 juin 2007 relative au système des ressources propres des Communautés européennes (2),

vu le règlement (UE, Euratom) no 966/2012 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l'Union et abrogeant le règlement (CE, Euratom) no 1605/2002 du Conseil (3),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (4),

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (5),

vu l'article 90 et l'article 91 de son règlement,

vu le rapport de sa délégation au comité de conciliation (A8-0333/2015),

1.

approuve le projet commun dont est convenu le comité de conciliation, qui se compose de l'ensemble des documents suivants:

une liste des lignes budgétaires n'ayant pas été modifiées par rapport au projet de budget ou à la position du Conseil;

des montants récapitulatifs par rubrique du cadre financier;

des montants «ligne par ligne» de tous les postes budgétaires;

un document consolidé indiquant les montants et le texte final de toutes les lignes modifiées au cours de la conciliation;

2.

confirme les déclarations communes du Parlement européen, du Conseil et de la Commission annexées à la présente résolution;

3.

confirme sa déclaration sur l'application du point 27 de l'accord interinstitutionnel;

4.

charge son Président de constater que le budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016 est définitivement adopté et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

5.

charge son Président de transmettre la présente résolution législative au Conseil, à la Commission, aux autres institutions et aux organes concernés, ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0376.

(2)  JO L 163 du 23.6.2007, p. 17.

(3)  JO L 298 du 26.10.2012, p. 1.

(4)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(5)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.


ANNEXE

FINAL 14.11.2015

Budget 2016 — Conclusions communes

Les présentes conclusions communes portent sur les sections suivantes:

1.

Budget 2016

2.

Budget 2015 — Budget rectificatif no 8/2015

3.

Déclarations communes

Aperçu général

A.   Budget 2016

Selon les éléments des conclusions communes:

le montant global des crédits d'engagement dans le budget 2016 s'élève à 155 004,2 millions d'EUR. Dans l'ensemble, cela laisse une marge sous les plafonds du CFP pour 2016 de 2 331,4 millions d'EUR en crédits d'engagement;

le montant global des crédits de paiement dans le budget 2016 s'élève à 143 885,3 millions EUR;

il est fait appel à l'instrument de flexibilité pour fournir la somme de 1 506,0 millions d'EUR en crédits d'engagement à la rubrique 3 (Sécurité et citoyenneté) et de 24,0 millions d'EUR en crédits d'engagement à la rubrique 4 (L'Europe dans le monde);

la Commission estime à 832,8 millions d'EUR les crédits de paiement 2016 relatifs à la mobilisation de l'instrument de flexibilité en 2014, en 2015 et en 2016.

B.   Budget 2015

Selon les éléments des conclusions communes:

le projet de budget rectificatif no 8/2015 est accepté tel que proposé par la Commission.

1.   Budget 2016

1.1.   Lignes «clôturées»

Sauf indication contraire dans les conclusions ci-après, toutes les lignes budgétaires qui n'ont été modifiées ni par le Conseil ni par le Parlement ainsi que celles pour lesquelles le Parlement a accepté les modifications apportées par le Conseil lors de leurs lectures respectives du budget sont confirmées.

En ce qui concerne les autres lignes budgétaires, le comité de conciliation est convenu des conclusions figurant aux points 1.2 à 1.6 ci-après.

1.2.   Questions horizontales

Agences décentralisées

La contribution de l'Union européenne (en crédits d'engagement et en crédits de paiement) et le nombre de postes destinés à toutes les agences décentralisées sont fixés au niveau proposé par la Commission dans le projet de budget, tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016, le comité de conciliation étant convenu des ajustements suivants:

augmentation du tableau des effectifs (financé par des redevances) de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA Biocides, + 3 postes) et réduction des crédits de 1 350 000 EUR;

augmentation du tableau des effectifs (financé par des redevances) de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA, + 6 postes);

augmentation du tableau des effectifs (financé par des redevances) de l'Agence européenne des médicaments (EMA, + 3 postes);

augmentation du tableau des effectifs et des crédits connexes de l'Agence de coopération des régulateurs de l'énergie (ACER, + 5 postes et + 325 000 EUR);

augmentation du tableau des effectifs et des crédits connexes de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA, + 2 postes et + 130 000 EUR);

augmentation du tableau des effectifs et des crédits connexes d'Eurojust (+ 2 postes et + 130 000 EUR);

augmentation des crédits de l'Autorité bancaire européenne (ABE, + 928 000 EUR);

réduction des crédits de l'Agence européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d'information à grande échelle au sein de l'espace de liberté, de sécurité et de justice (eu-LISA, - 260 000 EUR).

Agences exécutives

La contribution de l'Union européenne (en crédits d'engagement et en crédits de paiement) et le nombre de postes destinés aux agences exécutives sont fixés au niveau proposé par la Commission dans le projet de budget, tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016.

Projets pilotes/actions préparatoires

Un ensemble de 89 projets pilotes et actions préparatoires ont été convenus pour un montant de 64,9 millions d'EUR en crédits d'engagement, tel que l'a proposé le Parlement.

Lorsqu'un projet pilote ou une action préparatoire semble couvert par une base juridique existante, la Commission peut proposer le virement des crédits vers la base juridique correspondante afin de faciliter la mise en œuvre de l'action en question.

Cet ensemble de projets et d'actions respecte intégralement les plafonds prévus par le règlement financier pour les projets pilotes et les actions préparatoires.

1.3.   Rubriques de dépenses du cadre financier — crédits d'engagement

Compte tenu des conclusions qui précèdent sur les lignes budgétaires «clôturées», les agences, les projets pilotes et les actions préparatoires, le comité de conciliation est convenu de ce qui suit:

Rubrique 1a

Les crédits d'engagement sont fixés au niveau proposé par la Commission dans le projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016 et intégrant les ajustements ci-après convenus par le comité de conciliation:

Les crédits d'engagement relatifs à «H2020» sont augmentés selon la ventilation suivante:

En euros

Ligne budgétaire

Intitulé

PB 2016 (y compris LR 1 et 2)

Budget 2016

Différence

02 04 02 01

Primauté dans l'espace

158 446 652

159 792 893

1 346 241

02 04 02 03

Accroître l'innovation dans les petites et moyennes entreprises (PME)

35 643 862

35 738 414

94 552

02 04 03 01

Parvenir à une économie à basse consommation de ressources et résistante au changement climatique, et à un approvisionnement durable en matières premières

74 701 325

75 016 498

315 173

05 09 03 01

Assurer des approvisionnements suffisants en aliments sûrs et de qualité et en autres bioproduits

212 854 525

214 205 269

1 350 744

06 03 03 01

Parvenir à un système de transport européen économe en ressources, respectueux de l'environnement, sûr et continu

109 250 820

110 916 737

1 665 917

08 02 01 03

Renforcement des infrastructures de recherche européennes, notamment les infrastructures en ligne

183 108 382

183 905 321

796 939

08 02 02 01

Position de tête dans les nanotechnologies, les matériaux avancés, les lasers, les biotechnologies, les productions et les processus avancés

502 450 912

504 175 361

1 724 449

08 02 02 03

Accroître l'innovation dans les petites et moyennes entreprises (PME)

35 967 483

36 120 567

153 084

08 02 03 01

Améliorer la santé et le bien-être tout au long de la vie

522 476 023

524 745 272

2 269 249

08 02 03 02

Assurer des approvisionnements suffisants en aliments sûrs, sains et de qualité et en bioproduits

141 851 093

142 233 804

382 711

08 02 03 03

Assurer le passage à un système énergétique fiable, durable et compétitif

333 977 808

335 369 074

1 391 266

08 02 03 04

Parvenir à un système de transport européen économe en ressources, respectueux de l'environnement, sûr et continu

330 992 583

331 555 393

562 810

08 02 03 05

Parvenir à une économie à basse consommation de ressources, résistante au changement climatique, et à un approvisionnement durable en matières premières

283 265 173

284 530 369

1 265 196

08 02 03 06

Promouvoir des sociétés européennes assurant l'insertion de tous, innovantes et capables de réflexion

111 929 624

112 411 389

481 765

08 02 06

La science avec et pour la société

53 267 640

53 497 266

229 626

09 04 01 01

Renforcement de la recherche dans le domaine des technologies émergentes et futures

213 825 023

215 400 890

1 575 867

09 04 01 02

Renforcement des infrastructures de recherche européennes, notamment les infrastructures en ligne

97 173 367

97 889 261

715 894

09 04 02 01

Primauté dans les technologies de l'information et de la communication

718 265 330

723 681 812

5 416 482

09 04 03 01

Améliorer la santé et le bien-être tout au long de la vie

117 323 526

118 188 002

864 476

09 04 03 02

Promouvoir des sociétés européennes ouvertes à tous, innovantes et capables de réflexion

36 289 820

36 564 471

274 651

09 04 03 03

Promouvoir des sociétés européennes sûres

45 457 909

45 791 092

333 183

10 02 01

Horizon 2020 — Appui scientifique et technique orienté vers le client en faveur des politiques de l'Union

24 646 400

25 186 697

540 297

15 03 05

Institut européen d'innovation et de technologie — Intégrer le triangle de la connaissance que constituent l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation

219 788 046

224 938 881

5 150 835

18 05 03 01

Promouvoir des sociétés européennes sûres

134 966 551

136 092 171

1 125 620

32 04 03 01

Assurer le passage à un système énergétique fiable, durable et compétitif

322 875 370

324 676 361

1 800 991

 

Total

 

 

31 828 018

Les crédits d'engagement relatifs à «COSME» sont augmentés selon la ventilation suivante:

En euros

Ligne budgétaire

Intitulé

PB 2016 (y compris LR 1 et 2)

Budget 2016

Différence

02 02 01

Promouvoir l'esprit d'entreprise et améliorer la compétitivité et l'accès aux marchés des entreprises de l'Union

108 375 000

110 264 720

1 889 720

02 02 02

Améliorer l'accès au financement pour les petites et moyennes entreprises (PME) sous forme d'investissements en capital-risque et sous forme de prêts

160 447 967

172 842 972

12 395 005

 

Total

 

 

14 284 725

Les crédits d'engagement relatifs à «Erasmus+» sont augmentés selon la ventilation suivante:

En euros

Ligne budgétaire

Intitulé

PB 2016 (y compris LR 1 et 2)

Budget 2016

Différence

15 02 01 01

Promouvoir l'excellence et la coopération dans le domaine de l'éducation et de la formation en Europe ainsi que son adéquation par rapport au marché du travail

1 451 010 600

1 457 638 273

6 627 673

 

Total

 

 

6 627 673

Par conséquent, et après prise en compte des agences décentralisées ainsi que des projets pilotes et des actions préparatoires, le niveau convenu des engagements est fixé à 19 010,0 millions d'EUR, sans marge sous le plafond des dépenses de la rubrique 1a et avec utilisation de la marge globale pour les engagements pour un montant de 543 millions d'EUR.

Rubrique 1b

Les crédits d'engagement sont fixés au niveau proposé dans le projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016.

Après prise en compte des projets pilotes et des actions préparatoires, le niveau convenu des engagements est fixé à 50 831,2 millions d'EUR, ce qui laisse une marge de 5,8 millions d'EUR sous le plafond des dépenses de la rubrique 1b.

Rubrique 2

Les crédits d'engagement sont fixés au niveau proposé par la Commission dans le projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016, avec une réduction supplémentaire de 140 millions d'EUR due à une augmentation des recettes affectées au FEAGA et à une augmentation de la ligne budgétaire 11 06 62 01. Par conséquent, le comité de conciliation est convenu de ce qui suit:

En euros

Ligne budgétaire

Intitulé

PB 2016 (y compris LR 1 et 2)

Budget 2016

Différence

05 03 01 10

Régime de paiement de base (RPB)

16 067 000 000

15 927 000 000

- 140 000 000

11 06 62 01

Avis et connaissances scientifiques

8 485 701

8 680 015

194 314

 

Total

 

 

- 139 805 686

Après prise en compte des agences décentralisées ainsi que des projets pilotes et des actions préparatoires, le niveau convenu des engagements est fixé à 62 484,2 millions d'EUR, ce qui laisse une marge de 1 777,8 millions d'EUR sous le plafond des dépenses de la rubrique 2.

Rubrique 3

Les crédits d'engagement sont fixés au niveau proposé par la Commission dans le projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016 et intégrant les ajustements ci-après convenus par le comité de conciliation:

En euros

Ligne budgétaire

Intitulé

PB 2016 (y compris LR 1 et 2)

Budget 2016

Différence

09 05 05

Actions multimédias

24 186 500

26 186 500

2 000 000

17 04 01

Veiller à l'amélioration du statut sanitaire des animaux et à un niveau élevé de protection des animaux dans l'Union

177 000 000

171 925 000

-5 075 000

17 04 02

Veiller à la détection à temps des organismes nuisibles aux végétaux et à leur éradication

14 000 000

12 000 000

-2 000 000

17 04 03

Veiller à l'efficacité, à l'efficience et à la fiabilité des contrôles

50 401 000

47 401 000

-3 000 000

17 04 04

Fonds pour les mesures d'urgence liées à la santé animale et végétale

20 000 000

19 000 000

-1 000 000

 

Total

 

 

-9 075 000

Par conséquent, et après prise en compte des agences décentralisées, des projets pilotes, des actions préparatoires et de la mobilisation de l'instrument de flexibilité pour la migration, le niveau convenu des engagements est fixé à 4 052,0 millions d'EUR, sans marge sous le plafond des dépenses de la rubrique 3 et avec mobilisation d'un montant de 1 506,0 millions d'EUR au titre de l'instrument de flexibilité.

Rubrique 4

Les crédits d'engagement sont fixés au niveau proposé par la Commission dans le projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016 et intégrant les ajustements ci-après convenus par le comité de conciliation:

En euros

Ligne budgétaire

Intitulé

PB 2016 (y compris LR 1 et 2)

Budget 2016

Différence

13 07 01

Soutien financier visant à encourager le développement économique de la communauté chypriote turque

31 212 000

33 212 000

2 000 000

21 02 07 03

Développement humain

161 633 821

163 633 821

2 000 000

21 02 07 04

Sécurité alimentaire et nutritionnelle et agriculture durable

187 495 232

189 495 232

2 000 000

21 02 07 05

Migration et asile

45 257 470

57 257 470

12 000 000

22 02 01 01

Soutenir les réformes politiques et l'alignement progressif connexe sur l'acquis de l'Union

188 000 000

190 000 000

2 000 000

22 02 01 02

Soutenir le développement économique, social et territorial et l'alignement progressif connexe sur l'acquis de l'Union

326 960 000

327 960 000

1 000 000

22 02 03 01

Soutenir les réformes politiques et l'alignement progressif connexe sur l'acquis de l'Union

240 300 000

255 300 000

15 000 000

22 02 03 02

Soutenir le développement économique, social et territorial et l'alignement progressif connexe sur l'acquis de l'Union

321 484 000

340 484 000

19 000 000

22 04 01 01

Pays méditerranéens — Droits de l'homme et mobilité

135 000 000

144 000 000

9 000 000

22 04 01 02

Pays méditerranéens — Réduction de la pauvreté et développement durable

636 900 000

640 900 000

4 000 000

22 04 01 03

Pays méditerranéens — Mesures propres à instaurer la confiance, sécurité et prévention et règlement des conflits

116 000 000

131 000 000

15 000 000

22 04 01 04

Soutien au processus de paix et aide financière à la Palestine et à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA)

272 100 000

290 100 000

18 000 000

22 04 02 03

Partenariat oriental — Mesures propres à instaurer la confiance, sécurité et prévention et règlement des conflits

8 000 000

9 300 000

1 300 000

22 04 03 03

Soutien à d'autres coopérations plurinationales dans les pays relevant du voisinage — Programme-cadre

189 500 000

193 500 000

4 000 000

23 02 01

Mise à disposition rapide et efficace d'une aide humanitaire et d'une aide alimentaire en fonction des besoins

1 035 818 000

1 061 821 941

26 003 941

 

Total

 

 

132 303 941

Par conséquent, et après prise en compte des projets pilotes et des actions préparatoires, le niveau convenu des engagements est fixé à 9 167,0 millions d'EUR, sans marge sous le plafond des dépenses de la rubrique 4 et avec mobilisation d'un montant de 24,0 millions d'EUR au titre de l'instrument de flexibilité.

Rubrique 5

Le nombre de postes dans le tableau des effectifs des institutions et les crédits proposés par la Commission dans le projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016 sont approuvés, à l'exception des points suivants:

le Parlement européen, dont la lecture est approuvée, avec une réduction de 9 postes;

le Conseil, dont la lecture est approuvée;

la Cour de justice, à qui 7 postes supplémentaires sont octroyés (+ 300 000 EUR);

le Comité économique et social européen et le Comité des régions, dont la lecture par le Parlement européen est approuvée.

Le 26 novembre 2015, la Commission devrait approuver le rapport sur l'incidence budgétaire de l'adaptation 2015 des rémunérations, avec effet rétroactif à compter du 1er juillet 2015 sur la rémunération du personnel de toutes les institutions de l'Union et sur les pensions.

Par conséquent, après prise en compte des projets pilotes et des actions préparatoires, le niveau convenu des engagements est fixé à 8 935,2 millions d'EUR, ce qui laisse une marge de 547,8 millions d'EUR sous le plafond des dépenses de la rubrique 5.

Fonds de solidarité de l'Union européenne

Les crédits d'engagement sont fixés au niveau proposé par la Commission dans le projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016, une mobilisation de 50 millions d'EUR étant prévue au titre du Fonds de solidarité de l'Union européenne pour le paiement des avances.

1.4.   Crédits de paiement

Le montant global des crédits de paiement dans le budget 2016 s'élève à 143 885,3 millions d'EUR, dont 832,8 millions d'EUR liés à la mobilisation de l'instrument de flexibilité.

La ventilation des crédits de paiement est fixée au niveau proposé par la Commission dans le projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016 et intégrant les ajustements ci-après convenus par le comité de conciliation:

1.

Premièrement, il est tenu compte du niveau convenu de crédits d'engagement pour les dépenses non dissociées, pour lesquelles le niveau des crédits de paiement est égal à celui des engagements. Les agences décentralisées, pour lesquelles la contribution de l'Union en crédits d'engagement est fixée au niveau proposé au point 1.2 ci-après, sont également incluses. L'effet combiné est une réduction de 140 millions d'EUR.

2.

Les crédits de paiement pour tous les nouveaux projets pilotes et actions préparatoires sont fixés à 50 % des crédits d'engagement correspondants ou au niveau proposé par le Parlement s'il est inférieur. Dans le cas d'une prolongation de projets pilotes ou d'actions préparatoires existants, le niveau des paiements correspond au montant fixé dans le projet de budget, auquel on ajoute un montant équivalent à 50 % des nouveaux crédits d'engagement correspondants, ou au niveau proposé par le Parlement s'il est inférieur. L'effet combiné est une hausse de 29,5 millions d'EUR.

3.

Les crédits de paiement sont réduits de 460,1 millions d'EUR comme suit:

En euros

Ligne budgétaire

Intitulé

PB 2016 (y compris LR 1 et 2)

Budget 2016

Différence

02 05 01

Développer et fournir des infrastructures et services mondiaux de radionavigation par satellite (Galileo) d'ici à 2020

308 000 000

297 000 000

-11 000 000

02 05 02

Fournir des services satellitaires permettant d'améliorer les performances du GPS couvrant graduellement l'intégralité de la région de la conférence européenne de l'aviation civile (CEAC) d'ici à 2020 (EGNOS)

215 000 000

207 000 000

-8 000 000

02 05 51

Achèvement des programmes européens de radionavigation par satellite (EGNOS et Galileo)

17 000 000

16 000 000

-1 000 000

02 06 01

Fournir des services opérationnels basés sur les observations spatiales et les données in situ (programme Copernicus)

125 000 000

121 000 000

-4 000 000

02 06 02

Mettre en place une capacité autonome de l'Union en matière d'observation de la Terre (Copernicus)

475 000 000

459 000 000

-16 000 000

04 02 19

Achèvement du Fonds social européen — Compétitivité régionale et emploi (2007-2013)

1 130 000 000

1 109 595 811

-20 404 189

04 02 61

Fonds social européen — Régions en transition — Objectif «Investissement pour la croissance et l'emploi»

930 000 000

927 965 850

-2 034 150

04 02 62

Fonds social européen — Régions plus développées — Objectif «Investissement pour la croissance et l'emploi»

2 200 000 000

2 178 091 258

-21 908 742

04 02 63 01

Fonds social européen — Assistance technique opérationnelle

12 000 000

7 200 000

-4 800 000

05 04 05 01

Programmes de développement rural

3 268 000 000

3 235 000 000

-33 000 000

05 04 60 01

Promouvoir le développement rural durable et un secteur agricole de l'Union plus équilibré d'un point de vue territorial et environnemental, plus respectueux du climat et plus innovant

8 574 000 000

8 487 000 000

-87 000 000

13 03 18

Achèvement du Fonds européen de développement régional (FEDER) — Compétitivité régionale et emploi

2 345 348 000

2 302 998 509

-42 349 491

13 03 61

Fonds européen de développement régional (FEDER) — Régions en transition — Objectif «Investissement pour la croissance et l'emploi»

1 863 122 000

1 860 036 800

-3 085 200

13 03 62

Fonds européen de développement régional (FEDER) — Régions plus développées — Objectif «Investissement pour la croissance et l'emploi»

2 775 630 000

2 750 605 336

-25 024 664

13 03 64 01

Fonds européen de développement régional (FEDER) — Coopération territoriale européenne

328 430 000

284 930 000

-43 500 000

13 03 65 01

Fonds européen de développement régional (FEDER) — Assistance technique opérationnelle

66 215 941

57 415 941

-8 800 000

13 03 66

Fonds européen de développement régional (FEDER) — Actions innovatrices dans le domaine du développement urbain durable

53 149 262

48 649 262

-4 500 000

13 04 01

Achèvement des programmes du Fonds de cohésion antérieurs à 2007

90 000 000

70 000 000

-20 000 000

13 04 60

Fonds de cohésion — Objectif «investissement pour la croissance et l'emploi»

4 100 000 000

4 077 806 436

-22 193 564

13 04 61 01

Fonds de cohésion — Assistance technique opérationnelle

22 106 496

20 606 496

-1 500 000

32 05 01 02

Construction, fonctionnement et exploitation des installations ITER — Entreprise commune ITER — Fusion for Energy (F4E)

150 000 000

131 000 000

-19 000 000

32 05 51

Achèvement de l'entreprise commune ITER — Fusion for Energy (F4E) (2007-2013)

350 000 000

289 000 000

-61 000 000

 

Total

 

 

- 460 100 000

4.

Le niveau combiné des crédits de paiement visés aux paragraphes 1 à 3 ci-dessus est 570,6 millions d'EUR inférieur au montant proposé par la Commission dans son projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016 pour les postes de dépenses concernés.

1.5.   Commentaires budgétaires

Les amendements introduits par le Parlement européen ou par le Conseil concernant le texte des commentaires budgétaires sont approuvés, pour autant qu'ils ne modifient ou n'étendent pas le champ d'application d'une base juridique existante, qu'ils n'entravent pas l'autonomie administrative des institutions, qu'ils ne causent pas de difficultés opérationnelles et qu'ils ne puissent pas être financés par des ressources disponibles (comme indiqué dans la lettre d'exécutabilité).

1.6.   Nouvelles lignes budgétaires

Sauf indication contraire dans les conclusions communes arrêtées par le comité de conciliation ou adoptées conjointement par les deux branches de l'autorité budgétaire dans leur lecture respective, la nomenclature budgétaire telle que proposée par la Commission dans son projet de budget tel que modifié par les lettres rectificatives no 1/2016 et no 2/2016 demeurera inchangée, à l'exception des intitulés des projets pilotes et des actions préparatoires et de la division de l'article 18 04 01 «Initiative citoyenne européenne» en deux postes: 18 04 01 01 «L'Europe pour les citoyens — Conforter la mémoire et renforcer la capacité de participation civique au niveau de l'Union» et 18 04 01 02 «Initiative citoyenne européenne»

2.   Budget 2015

Le projet de budget rectificatif (PBR) no 8/2015 est approuvé tel que proposé par la Commission.

3.   Déclarations communes

3.1.   Déclaration commune sur l'initiative pour l'emploi des jeunes

«Le Parlement européen, le Conseil et la Commission rappellent que la réduction du chômage des jeunes demeure une priorité politique de premier ordre qu'ils partagent et, à cet égard, ils réaffirment leur détermination à utiliser au mieux les ressources budgétaires disponibles pour résoudre le problème du chômage des jeunes, et en particulier l'enveloppe au titre de l'initiative pour l'emploi des jeunes.

Ils rappellent que, conformément à l'article 14, paragraphe 1, du règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020, “[l]es marges laissées disponibles sous les plafonds du cadre financier pour les crédits d'engagement pour les années 2014-2017 constituent une marge globale du cadre financier en engagements, à mobiliser au-delà des plafonds établis dans le cadre financier pour les années 2016 à 2020 afin d'atteindre les objectifs des politiques liées à la croissance et à l'emploi, en particulier celui des jeunes”.

Dans le cadre du réexamen/de la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel, la Commission tirera des enseignements des résultats de l'évaluation de l'initiative pour l'emploi des jeunes, qu'elle accompagnera, le cas échéant, de propositions pour le maintien de l'initiative jusqu'en 2020.

Le Conseil et le Parlement s'engagent à examiner rapidement les propositions présentées par la Commission à cet égard.»

3.2.   Déclaration commune sur les prévisions de paiement 2016-2020

«S'appuyant sur l'accord intervenu sur un échéancier de paiement 2015-2016, le Parlement européen, le Conseil et la Commission prennent acte des dispositions prises pour résorber progressivement l'arriéré de demandes de paiement en attente, provenant des programmes de cohésion 2007-2013, et pour améliorer le suivi des factures impayées dans l'ensemble des rubriques. Ils réaffirment leur volonté d'éviter à l'avenir toute accumulation similaire d'un arriéré, notamment par la mise en place d'un système d'alerte précoce.

Le Parlement européen, le Conseil et la Commission suivront de près l'état de l'exécution du budget 2016 pendant tout l'exercice, conformément à l'échéancier de paiement sur lequel ils se sont accordés. En particulier, les crédits inscrits au budget 2016 permettront à la Commission de ramener l'arriéré de demandes de paiement en attente en fin d'exercice, provenant des programmes de cohésion 2007-2013, à un niveau proche de 2 milliards d'euros d'ici la fin 2016.

Le Parlement européen, le Conseil et la Commission continueront de faire le point sur l'exécution des paiements et les prévisions actualisées, dans le cadre de réunions interinstitutionnelles spécialement organisées à cet effet, conformément au point 36 de l'annexe de l'accord interinstitutionnel, qui devraient se tenir au moins à trois reprises en 2016 et se dérouler au niveau politique.

À cet égard, le Parlement européen, le Conseil et la Commission rappellent que ces réunions devraient aussi permettre l'examen des prévisions à plus long terme de l'évolution des paiements jusqu'au terme du cadre financier pluriannuel 2014-2020.»

3.3.   Déclaration du Parlement européen sur l'application du point 27 de l'accord interinstitutionnel

Le Parlement européen s'engage à poursuivre la réduction du nombre total d'emplois inscrits à son tableau des effectifs et à la mener à bien avant 2019, conformément au calendrier figurant ci-après, en tenant compte d'une réduction nette de 18 postes en 2016:

Réductions nettes annuelles du nombre total de postes autorisés au tableau des effectifs du Parlement européen en comparaison avec l'année précédente

Réduction exceptionnelle visant à atteindre l'objectif de 5 % (1)

2017

2018

2019

2017-2019

179

-60

-60

-59

-179


(1)  Le Parlement européen considère que le champ d'application de la réduction de 5 % ne couvre pas les postes d'agents temporaires pour les groupes politiques qui figurent dans son tableau des effectifs.