ISSN 1977-0936

Journal officiel

de l'Union européenne

C 316

European flag  

Édition de langue française

Communications et informations

59e année
30 août 2016


Numéro d'information

Sommaire

page

 

 

PARLEMENT EUROPÉEN
SESSION 2014-2015
Séance du 9 mars 2015
Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 132 du 14.4.2016 .
SESSION 2015-2016
Séances du 10 au 12 mars 2015
Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 132 du 14.4.2016 .
TEXTES ADOPTÉS

1


 

I   Résolutions, recommandations et avis

 

RÉSOLUTIONS

 

Parlement européen

 

Mardi 10 mars 2015

2016/C 316/01

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur les progrès accomplis en matière d'égalité entre les femmes et les hommes dans l'Union en 2013 (2014/2217(INI))

2

2016/C 316/02

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur le rapport annuel sur la politique de concurrence de l'Union européenne (2014/2158(INI))

15

2016/C 316/03

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur le rapport annuel de la Banque centrale européenne pour l'année 2013 (2014/2157(INI))

30

 

Mercredi 11 mars 2015

2016/C 316/04

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le rapport annuel 2013 sur la protection des intérêts financiers de l'Union — Lutte contre la fraude (2014/2155(INI))

37

2016/C 316/05

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le rapport de suivi 2014 sur le Monténégro (2014/2947(RSP))

48

2016/C 316/06

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le rapport de suivi 2014 concernant l'ancienne République yougoslave de Macédoine (2014/2948(RSP))

54

2016/C 316/07

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le rapport de suivi 2014 concernant la Serbie (2014/2949(RSP))

61

2016/C 316/08

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le processus d'intégration européenne du Kosovo (2014/2950(RSP))

68

2016/C 316/09

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le semestre européen pour la coordination des politiques économiques: examen annuel de la croissance 2015 (2014/2221(INI))

75

2016/C 316/10

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le semestre européen pour la coordination des politiques économiques: emploi et aspects sociaux dans le cadre de l'examen annuel de la croissance 2015 (2014/2222(INI))

83

2016/C 316/11

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la gouvernance du marché unique dans le cadre du semestre européen 2015 (2014/2212(INI))

98

2016/C 316/12

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la lutte contre la pédopornographie sur l'internet (2015/2564(RSP))

109

 

Jeudi 12 mars 2015

2016/C 316/13

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur les récents attentats et enlèvements, notamment d'Assyriens, commis par Daech au Proche-Orient (2015/2599(RSP))

113

2016/C 316/14

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur le Soudan du Sud et, en particulier, les enlèvements d'enfants qui y ont eu lieu récemment (2015/2603(RSP))

117

2016/C 316/15

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur la Tanzanie, notamment la question de l'accaparement des terres (2015/2604(RSP))

122

2016/C 316/16

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur l'assassinat de Boris Nemtsov, figure de l'opposition russe, et l'état de la démocratie en Russie (2015/2592(RSP))

126

2016/C 316/17

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur le rapport annuel de la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité au Parlement européen (2014/2219(INI))

130

2016/C 316/18

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 concernant le rapport annuel 2013 sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde et la politique de l'Union européenne en la matière (2014/2216(INI))

141

2016/C 316/19

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur les relations entre l'Union européenne et la Ligue des États arabes et sur la coopération dans la lutte contre le terrorisme (2015/2573(RSP))

172

2016/C 316/20

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur l'exploitation durable du bar (2015/2596(RSP))

176

2016/C 316/21

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur les priorités 2015 de l'Union européenne pour le Conseil des droits de l'homme des Nations unies (2015/2572(RSP))

178

2016/C 316/22

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur la situation au Venezuela (2015/2582(RSP))

190


 

II   Communications

 

COMMUNICATIONS PROVENANT DES INSTITUTIONS, ORGANES ET ORGANISMES DE L’UNION EUROPÉENNE

 

Parlement européen

 

Mercredi 11 mars 2015

2016/C 316/23

Décision du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la demande de levée de l'immunité de Theodoros Zagorakis (2015/2048(IMM))

194

2016/C 316/24

Décision du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la demande de levée de l'immunité de Sergei Stanishev (2014/2259(IMM))

196


 

III   Actes préparatoires

 

PARLEMENT EUROPÉEN

 

Mardi 10 mars 2015

2016/C 316/25

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/009 PL/Zachem, présentée par la Pologne) (COM(2015)0013 — C8-0010/2015 — 2015/2016(BUD))

198

2016/C 316/26

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil concernant la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2014/014 DE/Aleo Solar, présentée par l'Allemagne) (COM(2014)0726 — C8-0012/2015 — 2015/2018(BUD))

201

2016/C 316/27

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, en application du point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/007 BE/Hainaut steel (Duferco-NLMK), présentée par la Belgique) (COM(2014)0725 — C8-0013/2015 — 2015/2019(BUD))

204

2016/C 316/28

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, en application du point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2014/012 BE/ArcelorMittal, présentée par la Belgique) (COM(2014)0734 — C8-0014/2015 — 2015/2020(BUD))

208

2016/C 316/29

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil concernant la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2014/011 BE/Caterpillar, présentée par la Belgique) (COM(2014)0735 — C8-0015/2015 — 2015/2021(BUD))

212

2016/C 316/30

P8_TA(2015)0046
Dimensions et poids des véhicules routiers circulant dans la Communauté ***II
Résolution législative du Parlement européen du 10 mars 2015 relative à la position du Conseil en première lecture en vue de l'adoption de la directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 96/53/CE du Conseil, fixant, pour certains véhicules routiers circulant dans la Communauté, les dimensions maximales autorisées en trafic national et international et les poids maximaux autorisés en trafic international (11296/3/2014 — C8-0294/2014 — 2013/0105(COD))
P8_TC2-COD(2013)0105
Position du Parlement européen arrêtée en deuxième lecture le 10 mars 2015 en vue de l’adoption de la directive (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 96/53/CE du Conseil fixant, pour certains véhicules routiers circulant dans la Communauté, les dimensions maximales autorisées en trafic national et international et les poids maximaux autorisés en trafic international

215

2016/C 316/31

P8_TA(2015)0047
Fonds européens d'investissement à long terme ***I
Résolution législative du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux fonds européens d'investissement à long terme (COM(2013)0462 — C7-0209/2013 — 2013/0214(COD))
P8_TC1-COD(2013)0214
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 10 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil relatif aux fonds européens d'investissement à long terme

217

2016/C 316/32

P8_TA(2015)0048
Commissions d'interchange pour les opérations de paiement liées à une carte ***I
Résolution législative du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux commissions d'interchange pour les opérations de paiement liées à une carte (COM(2013)0550 — C7-0241/2013 — 2013/0265(COD))
P8_TC1-COD(2013)0265
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 10 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil relatif aux commissions d'interchange pour les opérations de paiement liées à une carte

219

2016/C 316/33

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil concernant la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/011 BE/Saint-Gobain Sekurit, présentée par la Belgique) (COM(2015)0009 — C8-0011/2015 — 2015/2017(BUD))

220

 

Mercredi 11 mars 2015

2016/C 316/34

P8_TA(2015)0053
Régime commun applicable aux importations de certains pays tiers ***I
Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif au régime commun applicable aux importations de certains pays tiers (refonte) (COM(2014)0323 — C8-0014/2014 — 2014/0168(COD))
P8_TC1-COD(2014)0168
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l'adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil relatif au régime commun applicable aux importations de certains pays tiers (refonte)

224

2016/C 316/35

P8_TA(2015)0054
Accord de stabilisation et d'association avec le Monténégro ***I
Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil concernant certaines procédures d'application de l'accord de stabilisation et d'association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République du Monténégro, d'autre part (texte codifié) (COM(2014)0374 — C8-0035/2014 — 2014/0190(COD))
P8_TC1-COD(2014)0190
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil concernant certaines procédures d'application de l'accord de stabilisation et d'association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République du Monténégro, d'autre part (texte codifié)

226

2016/C 316/36

P8_TA(2015)0055
Contingents tarifaires de l'Union pour la viande bovine de haute qualité, la viande porcine, la viande de volaille, le froment (blé) et méteil et les sons, remoulages et autres résidus ***I
Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil portant ouverture et mode de gestion de certains contingents tarifaires de l'Union pour la viande bovine de haute qualité, la viande porcine, la viande de volaille, le froment (blé) et méteil et les sons, remoulages et autres résidus (texte codifié) (COM(2014)0594 — C8-0169/2014 — 2014/0276(COD))
P8_TC1-COD(2014)0276
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil portant ouverture et mode de gestion de certains contingents tarifaires de l'Union pour la viande bovine de haute qualité, la viande porcine, la viande de volaille, le froment (blé) et méteil et les sons, remoulages et autres résidus (texte codifié)

227

2016/C 316/37

P8_TA(2015)0056
Importation dans l'Union de produits agricoles originaires de Turquie ***I
Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relative à l'importation dans l’Union de produits agricoles originaires de Turquie (texte codifié) (COM(2014)0586 — C8-0166/2014 — 2014/0272(COD))
P8_TC1-COD(2014)0272
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil relatif à l'importation dans l'Union de produits agricoles originaires de Turquie (texte codifié)

228

2016/C 316/38

P8_TA(2015)0057
Suspension de certaines concessions relatives à l'importation dans l’Union de produits agricoles originaires de Turquie ***I
Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil suspendant certaines concessions relatives à l'importation dans l’Union de produits agricoles originaires de Turquie (codification) (COM(2014)0593 — C8-0170/2014 — 2014/0275(COD))
P8_TC1-COD(2014)0275
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil suspendant certaines concessions relatives à l'importation dans l'Union de produits agricoles originaires de Turquie (texte codifié)

229

2016/C 316/39

Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le projet de décision du Conseil sur l'acceptation, au nom de l'Union européenne, de l'accord amendé portant création de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (14993/2014 — C8-0027/2015 — 2014/0274(NLE))

230

2016/C 316/40

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur les orientations générales pour la préparation du budget 2016 — section III — Commission (2015/2008(BUD))

231


Légende des signes utilisés

*

Procédure de consultation

***

Procédure d'approbation

***I

Procédure législative ordinaire (première lecture)

***II

Procédure législative ordinaire (deuxième lecture)

***III

Procédure législative ordinaire (troisième lecture)

(La procédure indiquée est fondée sur la base juridique proposée par le projet d'acte.)

Amendements du Parlement:

Les parties de texte nouvelles sont indiquées en italiques gras . Les parties de texte supprimées sont indiquées par le symbole ▌ ou barrées. Les remplacements sont signalés en indiquant en italiques gras le texte nouveau et en effaçant ou en barrant le texte remplacé.

FR

 


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/1


PARLEMENT EUROPÉEN

SESSION 2014-2015

Séance du 9 mars 2015

Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 132 du 14.4.2016.

SESSION 2015-2016

Séances du 10 au 12 mars 2015

Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 132 du 14.4.2016.

TEXTES ADOPTÉS

 


I Résolutions, recommandations et avis

RÉSOLUTIONS

Parlement européen

Mardi 10 mars 2015

30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/2


P8_TA(2015)0050

Progrès accomplis en matière d'égalité entre les femmes et les hommes dans l'Union en 2013

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur les progrès accomplis en matière d'égalité entre les femmes et les hommes dans l'Union en 2013 (2014/2217(INI))

(2016/C 316/01)

Le Parlement européen,

vu l'article 2 et l'article 3, paragraphe 3, deuxième alinéa, du traité sur l'Union européenne (traité UE) et l'article 8 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE),

vu l'article 23 de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (CEDH),

vu la convention des Nations unies du 18 décembre 1979 sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes,

vu la convention des Nations unies pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui, adoptée en 1949,

vu la déclaration et la plate-forme d'action de Pékin adoptées lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes, le 15 septembre 1995, ainsi que les documents qui en résultent, adoptés lors des sessions spéciales des Nations unies Pékin + 5 (2000), Pékin + 10 (2005) et Pékin + 15 (2010),

vu le règlement (UE) no 606/2013 du Parlement européen et du Conseil du 12 juin 2013 relatif à la reconnaissance mutuelle des mesures de protection en matière civile (1),

vu la directive 2012/29/UE du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 établissant des normes minimales concernant les droits, le soutien et la protection des victimes de la criminalité et remplaçant la décision-cadre 2001/220/JAI du Conseil (2),

vu la convention des Nations unies du 13 décembre 2006 relative aux droits des personnes handicapées, en particulier son article 6 sur les femmes handicapées,

vu la directive 2011/99/UE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre 2011 relative à la décision de protection européenne (3),

vu la directive 2011/36/UE du Parlement européen et du Conseil du 5 avril 2011 concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes et remplaçant la décision-cadre 2002/629/JAI du Conseil (4),

vu la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à un meilleur équilibre hommes-femmes parmi les administrateurs non exécutifs des sociétés cotées en bourse et à des mesures connexes (directive sur la présence des femmes dans les conseils des sociétés (COM(2012)0614)),

vu la convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (convention d'Istanbul),

vu le pacte européen du 7 mars 2011 pour l'égalité entre les hommes et les femmes 2011-2020 (5),

vu la communication de la Commission du 5 mars 2010, intitulée «Un engagement accru en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes: une charte des femmes» (COM(2010)0078),

vu la communication de la Commission du 21 septembre 2010 intitulée «Stratégie pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2010-2015» (COM(2010)0491),

vu la communication de la Commission intitulée «Europe 2020: une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2010)2020),

vu le document de travail des services de la Commission du 16 septembre 2013 intitulé «L'évaluation à mi-parcours de la stratégie européenne 2010-2015 pour l'égalité entre les femmes et les hommes (2010-2015)» (SWD(2013)0339),

vu le document de travail des services de la Commission du 8 mai 2013 intitulé «Rapport sur les progrès accomplis en matière d'égalité entre les femmes et les hommes en 2012» (SWD(2013)0171),

vu la communication de la Commission du 25 novembre 2013 intitulée «Vers l'éradication des mutilations génitales féminines» (COM(2013)0833),

vu le rapport de l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) intitulé «Analyse de la mise en œuvre du programme d'action de Pékin dans les États membres de l'UE: violence à l'égard des femmes — aide aux victimes», publié en 2012,

vu les conclusions du Conseil des 5 et 6 juin 2014 intitulées «Prévenir et combattre toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles, y compris les mutilations génitales féminines»,

vu sa résolution du 6 février 2014 sur l'éradication des mutilations génitales féminines (6),

vu les directives européennes depuis 1975 sur les différents aspects de l'égalité de traitement entre les hommes et les femmes (directive 2010/41/UE (7), directive 2010/18/UE (8), directive 2006/54/CE (9), directive 2004/113/CE (10), directive 92/85/CEE (11), directive 86/613/CEE (12) et directive 79/7/CEE (13)),

vu sa résolution du 12 septembre 2013 sur l'application du principe d'égalité des rémunérations entre travailleurs masculins et travailleurs féminins pour un même travail ou un travail de même valeur (14),

vu sa résolution du 12 mars 2013 sur les répercussions de la crise économique sur l'égalité entre les hommes et les femmes et les droits des femmes (15),

vu sa résolution du 11 juin 2013 sur la mobilité éducative et professionnelle des femmes dans l'Union européenne (16),

vu sa résolution du 12 mars 2013 sur l'élimination des stéréotypes liés au genre dans l'Union (17),

vu sa résolution du 6 février 2013 sur la 57e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies: élimination et prévention de toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles (18),

vu sa résolution du 11 septembre 2012 sur les conditions de travail des femmes dans le secteur des services (19),

vu sa résolution du 24 mai 2012 contenant des recommandations à la Commission sur l'application du principe de l'égalité des rémunérations des travailleurs et des travailleuses pour un même travail ou un travail de valeur égale (20),

vu ses résolutions du 10 février 2010 sur l'égalité entre les femmes et les hommes au sein de l'Union européenne — 2009 (21), du 8 mars 2011 sur l'égalité entre les femmes et les hommes au sein de l'Union européenne — 2010 (22) et du 13 mars 2012 sur l'égalité entre les femmes et les hommes dans l'Union européenne — 2011 (23),

vu sa résolution du 6 juillet 2011 sur les femmes et la direction des entreprises (24),

vu sa résolution du 5 avril 2011 sur les priorités et la définition d'un nouveau cadre politique de l'Union en matière de lutte contre la violence à l'encontre des femmes (25),

vu sa résolution du 8 mars 2011 sur le visage de la pauvreté féminine dans l'Union européenne (26),

vu sa résolution du 17 juin 2010 sur les aspects relatifs à l'égalité entre les femmes et les hommes dans le contexte de la récession économique et de la crise financière (27),

vu sa résolution du 3 février 2009 sur la non-discrimination basée sur le sexe et la solidarité entre les générations (28),

vu sa résolution du 26 février 2014 sur l'exploitation sexuelle et la prostitution et leurs conséquences sur l'égalité entre les hommes et les femmes (29),

vu sa résolution du 13 octobre 2005 sur les femmes et la pauvreté dans l’Union européenne (30),

vu sa résolution du 25 février 2014 sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes (31),

vu la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil portant modification de la directive 92/85/CEE du Conseil concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleuses enceintes, accouchées ou allaitantes au travail (directive sur le congé de maternité (COM(2008)0637)),

vu les conclusions du Conseil du 20 mai 2014 sur l'égalité entre les femmes et les hommes dans le sport,

vu la directive 2006/54/CE relative à la mise en œuvre du principe de l'égalité des chances et de l'égalité de traitement entre hommes et femmes en matière d'emploi et de travail (32),

vu le rapport de suivi de la Commission du 3 juin 2013 sur les objectifs de Barcelone intitulé «Le développement des services d’accueil des jeunes enfants en Europe pour une croissance durable et inclusive»,

vu le rapport 2014 de la Commission intitulé «Données statistiques relatives à l'entrepreneuriat féminin en Europe»,

vu l'enquête de mars 2014 de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA), intitulée «La violence à l'égard des femmes: une enquête à l'échelle de l'Union européenne», qui, pour la première fois, contient des chiffres sur l'ampleur, la nature et les conséquences de diverses formes de violence contre les femmes, ainsi que sur les réactions des victimes à ces phénomènes et sur la sensibilisation à leurs droits,

vu l'article 168 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne relatif à la santé publique, et en particulier son paragraphe 7, en vertu duquel «L'action de l'Union est menée dans le respect des responsabilités des États membres en ce qui concerne la définition de leur politique de santé, ainsi que l'organisation et la fourniture de services de santé et de soins médicaux»,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (A8-0015/2015),

A.

considérant que l'égalité entre les femmes et les hommes constitue un droit fondamental reconnus par les traités depuis le traité de Rome de 1957 et par la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne; considérant que, malgré les nombreux textes que l'Union a adoptés pour garantir l'égalité des chances et de traitement entre les femmes et les hommes et pour combattre toute forme de discrimination fondée sur le sexe, et bien que l'Union se soit donné pour mission spécifique d'intégrer l'égalité hommes-femmes dans l'ensemble de ses activités, les progrès accomplis demeurent insuffisants et de multiples inégalités persistent;

B.

considérant que le principe d'égalité de traitement entre les femmes et les hommes implique l'absence de toute forme de discrimination, directe ou indirecte, également en ce qui concerne la maternité, la paternité et le partage des obligations familiales;

C.

considérant qu'il est crucial de tenir compte des formes multiples et convergentes de discrimination vécues par de nombreuses femmes et filles en Europe (handicap, migration, origine ethnique, âge, orientation sexuelle, identité sexuelle, grossesse, logement, degré de scolarisation, femmes victimes de violences, etc.), et que la situation de ces femmes et de ces filles s'est dégradée ces dernières années;

D.

considérant que la stratégie Europe 2020 pour faire de l'Europe une économie intelligente, durable et inclusive comporte des objectifs ambitieux, tels qu'un taux d'emploi de 75 % et la réduction d'au moins 20 millions du nombre de personnes touchées ou menacées par la pauvreté et l'exclusion sociale d'ici 2020, qui ne peuvent être atteints que si les États membres mettent en œuvre des politiques novatrices en faveur d'une réelle égalité entre les femmes et les hommes;

E.

considérant que les politiques d'assainissement budgétaire menées par les États membres touchent principalement le secteur public, où les femmes sont plus présentes et dont elles sont les plus grandes bénéficiaires, entraînant donc une double peine, et que ces politiques mènent à une plus grande précarisation du travail, notamment par l'accroissement du temps partiel (32 % des femmes contre 8,2 % des hommes) et des contrats temporaires, sans parler des baisses de salaire;

F.

considérant que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à vivre dans la pauvreté et l'exclusion, en particulier les femmes âgées, dont la pension est en moyenne inférieure de 39 % à celle des hommes, et les mères célibataires; considérant que pour des raisons tenant à la vie familiale, les femmes travaillent plus souvent que les hommes à temps partiel, en contrat de travail temporaire ou à durée déterminée, et que la pauvreté des femmes est en grande partie due à la précarité de leur emploi;

G.

considérant que la lutte contre la pauvreté fait partie des cinq objectifs mesurables proposés par la Commission pour la stratégie Europe 2020; considérant que la ligne directrice intégrée no 10 de la stratégie Europe 2020 (promouvoir l'inclusion sociale et lutter contre la pauvreté) pourrait encourager l'adoption de politiques nationales visant à protéger en particulier les femmes du risque de tomber dans la pauvreté, en garantissant un revenu sûr aux familles monoparentales et aux femmes âgées,

H.

considérant que le taux de natalité diminue dans l'Union européenne et que cette tendance est aggravée par la crise, étant donné que le chômage, la précarité et l'incertitude face à l'avenir et à l'économie poussent les ménages, et plus particulièrement les femmes les plus jeunes, à reporter leur décision d'avoir des enfants, ce qui renforce encore davantage le vieillissement de la population de l'Union;

I.

considérant que le système de taxation actuel dans certains États membres reflète une conception limitative de la famille en avantageant les familles mono-actives, en dissuadant souvent le travail des femmes et en ne soutenant pas suffisamment les familles monoparentales, les familles nombreuses et les familles avec des proches à charge;

J.

considérant que près de 60 % des titulaires d'un diplôme universitaire dans l'Union sont des femmes, mais que leur présence parmi les hauts fonctionnaires et à des postes clés est disproportionnellement faible, qu'elles représentent moins de 33 % des scientifiques et des ingénieurs de l'Union et qu'elles constituent près de 80 % de la population active dans les secteurs de la santé, de l'éducation et du bien-être;

K.

considérant qu'il existe une importante ségrégation horizontale ou division sexuelle du marché du travail, dès lors que près de la moitié des femmes exerçant une occupation professionnelle est concentrée dans 10 des 130 professions répertoriées par la classification internationale type des professions de l'Organisation internationale du travail, et que seuls 16 % des travailleurs occupent des postes dans des secteurs où la part des hommes et des femmes est équivalente;

L.

considérant que le rôle des petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent 99 % des entreprises européennes et fournissent les deux tiers des emplois du secteur privé, est crucial pour atteindre l'objectif de croissance intelligente, durable et inclusive de la stratégie Europe 2020; que seulement 31 % des entrepreneurs dans l'Union sont des femmes; que le taux d'entrepreneuriat parmi les femmes dans l'Union est de 10 %, contre 19 % chez les hommes; qu'il est nécessaire d'encourager et de soutenir un plus grand esprit d'entreprise chez les femmes;

M.

considérant qu'environ 42 % des acteurs impliqués régulièrement dans l'agriculture dans l'Union sont des femmes et que trois exploitations européennes sur dix sont gérées par des femmes; considérant que la promotion de l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et l'amélioration de la participation des femmes à la vie économique et sociale, en particulier dans l'agriculture, doivent être des préoccupations constantes en Europe;

N.

considérant que le taux d'emploi des femmes s'élève à 63 %; que l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes atteint 16,4 %; que 73 % des députés nationaux sont des hommes, que les femmes représentent 17,8 % des membres des conseils d'administration des grandes entreprises et passent presque trois fois plus de temps par semaine à s'occuper des tâches ménagères que les hommes (éducation des enfants, prise en charge des personnes âgées et des personnes handicapées, tâches ménagères proprement dites, etc.);

O.

considérant que les femmes ne représentent que 37 % des députés au nouveau Parlement européen et que neuf des vingt-huit nouveaux commissaires et sept des vingt-huit juges de la Cour de justice de l'Union européenne sont des femmes;

P.

considérant que le taux de chômage des femmes est sous-estimé, étant donné que de nombreuses femmes ne sont pas répertoriées en tant que demandeuses d'emploi, en particulier celles qui vivent dans les zones rurales ou isolées et la plupart de celles qui ne se consacrent qu'aux tâches ménagères et à l'éducation de leurs enfants; considérant également que cette situation engendre une disparité dans l'accès aux services publics (allocations, pensions, congé de maternité, arrêt maladie, accès à la sécurité sociale etc.);

Q.

considérant qu'à ce rythme, il faudrait attendre l'année 2038 pour atteindre l'objectif d'un taux d'emploi des femmes de 75 %, et que l'égalité de rémunération ne serait une réalité qu'en 2084; que la parité dans les parlements nationaux, dans les institutions européennes et dans les conseils d'administration des entreprises européennes serait possible en 2034, mais qu'il faudrait attendre 2054 pour que les tâches ménagères soient également réparties;

R.

considérant que le manque de promotion des politiques de conciliation entre vie professionnelle et vie privée en général et le manque de services d'accueil abordables et de qualité pour les enfants, les personnes âgées et les personnes nécessitant des soins spécifiques en particulier sont un obstacle majeur à l'indépendance économique des femmes et à leur progression vers les postes à responsabilité, à la participation égale des femmes et des hommes au marché du travail, ainsi qu'à la prévention et à la réduction de la pauvreté;

S.

considérant que le partage des responsabilités familiales et domestiques entre les hommes et les femmes, notamment par l'accroissement de l'utilisation du congé parental et de paternité, est une condition indispensable à la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes; considérant qu'un quart des États membres ne proposent pas de congé de paternité;

T.

considérant que les rôles et stéréotypes traditionnels associés aux hommes et aux femmes continuent d'avoir une forte influence sur la répartition des tâches domestiques, sur le lieu de travail et dans la société au sens large, et limitent dès lors l'éventail des possibilités d'emploi et de développement personnel et professionnel des femmes, ce qui les empêche d'exploiter pleinement leur potentiel en tant que personnes et agents économiques;

U.

considérant le rôle que peuvent jouer les médias tout autant dans la diffusion des stéréotypes, la dégradation de l'image de la femme, l'hypersexualisation des petites filles que dans le dépassement des stéréotypes sexistes, la promotion de la participation des femmes à la prise de décision et la promotion de l'égalité hommes-femmes;

V.

considérant que le Conseil n'a toujours pas pris de position officielle suite à l'adoption de deux résolutions législatives du Parlement européen portant sur des sujets fondamentaux pour l'égalité entre les femmes et les hommes, à savoir celle du 20 octobre 2010 sur la proposition de directive sur le congé de maternité et celle du Parlement européen du 20 novembre 2013 sur la proposition de directive relative à un meilleur équilibre hommes-femmes parmi les administrateurs non exécutifs des sociétés cotées en bourse et à des mesures connexes;

W.

considérant que dans son rapport sur l'application de la directive 2006/54/CE en date du 6 décembre 2013, la Commission soulève des questions quant à la conformité de la législation nationale de vingt-six États membres avec les nouvelles dispositions de la directive (33);

X.

considérant que, d'après l'enquête de la FRA de mars 2014, une femme sur trois dans l'Union européenne a déjà subi de la violence physique et/ou sexuelle, qu'une femme sur cinq a été victime de violences physiques au-delà de l'âge de quinze ans et que près d'une sur deux a déjà vécu des violences psychologiques; considérant que la violence faite aux femmes constitue une violation des droits fondamentaux qui a des conséquences psychologiques potentiellement néfastes, qui touche toutes les couches de la société, indépendamment de l'âge, du niveau d'éducation, des revenus, de la position sociale et du pays d'origine ou de résidence, et qu'elle est un des délits les moins déclarés; considérant que la violence contre les femmes est un des principaux obstacles à une véritable égalité entre les hommes et les femmes;

Y.

considérant que la violence à l'égard des femmes et des filles sur l'internet est en hausse et que le comportement des mineurs sur les réseaux sociaux est, à cet égard, extrêmement préoccupant;

Z.

considérant que la stratégie de l'Union pour l'éradication de la traite des êtres humains touchera à sa fin en 2016; que, selon le rapport Eurostat de 2014 sur la traite des êtres humains, la grande majorité (80 %) des victimes de ce phénomène dans l'Union sont des femmes et des filles;

AA.

considérant que six États membres n'ont toujours pas signé la convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (convention d'Istanbul) et que seuls huit l'ont ratifiée;

AB.

considérant que la collecte de données fiables, comparables et ventilées par sexe est particulièrement importante dans le cadre de l'élaboration des politiques publiques nationales et européennes, notamment en ce qui concerne la violence contre les femmes;

AC.

considérant que les femmes présentent des questions de santé qui leur sont propres, qu'elles sont moins souvent soumises à des essais cliniques que les hommes et que ces différences ont des implications importantes pour la santé des femmes;

AD.

considérant que les filles et les femmes participent moins que les garçons et les hommes à une activité physique, en particulier entre 15 et 24 ans, et que le sport constitue un moyen d'affirmation et d'épanouissement ainsi qu'un vecteur de citoyenneté et de solidarité et que sa pratique régulière améliore la santé physique et psychique; considérant que les violences contre les femmes, les stéréotypes, les différences de rémunération et les obstacles à la participation des femmes aux postes de direction sont également présents dans le domaine du sport;

AE.

considérant que les droits sexuels et reproductifs sont des droits humains fondamentaux et qu'il convient de les prendre en compte dans le programme d'action de l'Union dans le domaine de la santé;

AF.

considérant que l'élaboration et la mise en œuvre des politiques en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs relèvent de la compétence des États membres;

AG.

considérant que le rapport annuel sur l'égalité entre les femmes et les hommes rédigé par la Commission européenne est un outil de la plus haute importance pour évaluer l'évolution de la situation des femmes en Europe;

Égalité entre les femmes et les hommes dans le cadre de la stratégie Europe 2020

1.

demande aux institutions européennes et aux États membres d'intégrer la dimension de genre, les droits des femmes et l'égalité des chances dans l'élaboration de leurs politiques, dans leurs procédures budgétaires, ainsi que dans l'application des programmes et actions de l'Union, à travers des mesures d'action positive, en particulier dans le cadre des politiques de relance, en procédant systématiquement à des analyses d'impact selon le sexe;

2.

dénonce le fait que les objectifs de la stratégie pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2010-2015 sont sur le point d'échouer, spécialement par rapport à l'indépendance économique, entre autres raisons du fait du retrait de la proposition de directive relative au congé de maternité; souligne qu'en même temps, les différences économiques augmentent progressivement entre les hommes et les femmes;

3.

invite le Conseil, la Commission et les États membres à intégrer un pilier concernant l'égalité entre les hommes et les femmes dans le cadre de la stratégie Europe 2020, pour mesurer les progrès en matière de réduction de l'écart entre hommes et femmes en matière d'emploi et pour traduire les mesures politiques contenues dans l'examen annuel de la croissance dans les recommandations par pays;

4.

invite la Commission et les États membres à élaborer un plan d'investissement général en matière d'infrastructures sociales, puisque, selon les prévisions, un plan d'investissement axé différencié selon le sexe permettrait une hausse progressive du PIB européen, qui atteindrait en 2018 un niveau supérieur de 2,4 points de pourcentage à celui qui serait atteint sans un tel plan;

5.

souligne qu'une participation égale des femmes et des hommes au marché du travail permettrait d'augmenter de manière substantielle le potentiel économique de l'Union européenne tout en garantissant son caractère équitable et inclusif; rappelle que, selon les prévisions de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une convergence parfaite des taux de participation au marché du travail déboucherait sur une augmentation de 12,4 % du PIB par habitant d'ici 2030;

6.

souligne l'urgence de lutter contre la pauvreté féminine, en particulier celle des femmes âgées et des mères célibataires, mais aussi des femmes victimes de violences sexistes, des femmes handicapées, des femmes immigrées et des femmes issues de minorités; demande donc aux États membres de mettre en œuvre des stratégies d’inclusion plus performantes et d’utiliser d'une manière plus efficace les moyens affectés aux politiques sociales, notamment le Fonds social européen et les Fonds structurels;

7.

déplore que les politiques sociales visant à réduire la pauvreté aient perdu près de 50 % de leur efficacité en 2012 par rapport à 2005 en ce qui concerne les familles monoparentales, qui comprennent en majorité des femmes veuves et des mères célibataires; fait également part de son inquiétude quant au fait que le niveau d'efficacité des politiques sociales européennes appliquées dans certains États membres ne représente qu'un tiers de la moyenne européenne; demande par conséquent aux États membres de renforcer en particulier la protection sociale des chômeurs pour faire face à l'augmentation croissante de la pauvreté, notamment des femmes;

8.

invite le Conseil et la Commission à examiner la dimension de genre de la pauvreté et de l'exclusion sociale; regrette que les recommandations par pays adoptées jusqu'ici dans le cadre du cycle d'exercices annuels du semestre européen ne respectent pas suffisamment les objectifs de la stratégie Europe 2020 dans le domaine social et dans celui de l'emploi; demande que les recommandations par pays tiennent systématiquement compte des causes structurelles de la pauvreté chez les femmes;

9.

demande à la Commission et aux États membres de tenir compte de l'évolution des structures familiales lors de l'élaboration de leurs politiques d'imposition et d'indemnisation, notamment en soutenant financièrement les familles monoparentales et les personnes âgées à travers des crédits d'impôts ou des aides en matière de soins de santé;

10.

invite les États membres et la Commission à veiller à ce que l'égalité entre les hommes et les femmes et l'intégration de cette dimension soient prises en compte dans les Fonds de la politique de cohésion et soient encouragées tout au long de la préparation et de la mise en œuvre et des programmes qui en relèvent, y compris en ce qui concerne le suivi, l'établissement de rapports et l'évaluation;

11.

regrette que le rapport annuel ne constitue désormais plus qu'un document de travail annexé au rapport sur l'application de la charte européenne des droits fondamentaux et demande instamment à la Commission de rendre à ce rapport toute sa légitimité politique en favorisant son adoption officielle et distincte;

Égalité entre les femmes et les hommes dans les domaines de l'emploi et de la prise de décisions

12.

insiste sur la nécessité impérieuse de réduire l'écart de rémunération et de pension entre les femmes et les hommes, notamment en remédiant à la concentration persistante des femmes dans des emplois à temps partiel, mal rémunérés et précaires et en veillant à offrir en suffisance des structures d'accueil de qualité pour les enfants et les autres personnes dépendantes; déplore en termes les plus vifs que plus d'un tiers des femmes âgées dans l'Union européenne ne bénéficient d'aucune forme de pension; demande instamment aux États membres d'assurer l'application totale des droits liés à la directive 2006/54/CE, notamment du principe de l'égalité de rémunération et de la transparence des salaires, et de revoir leurs législations nationales en matière d'égalité de traitement afin de les simplifier et de les moderniser; demande à la Commission de continuer à évaluer régulièrement la transposition des directives relatives à l'égalité entre les femmes et les hommes et de proposer dès que possible une refonte de la directive 2006/54/CE conformément à son article 32 et sur la base de l'article 157 du traité FUE, en suivant les recommandations détaillées formulées à l'annexe de la résolution du Parlement du 24 mai 2012;

13.

déplore en termes les plus vifs que, pour un même travail ou à des postes de valeur similaire, les femmes ne perçoivent pas le même salaire que les hommes et condamne aussi vivement la ségrégation horizontale et verticale; souligne en outre que la grande majorité des travailleurs à faible salaire et la quasi-totalité des travailleurs à très faible salaire sont des travailleurs à temps partiel, et rappelle que près de 80 % de ces travailleurs pauvres sont des femmes; souligne que, d'après les conclusions de l'examen de la valeur ajoutée européenne, la réduction d'un point de pourcentage de l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes entraînerait une hausse de 0,1 % de la croissance économique, d'où l'importance fondamentale de l'élimination de l'écart salarial dans le contexte actuel de récession économique; invite par conséquent les États membres, les employeurs et les syndicats à élaborer et à mettre en œuvre des outils d'évaluation utiles et concrets en matière d'emploi, qui permettent de déterminer ce qu'est un travail de même valeur, afin de garantir l'égalité salariale entre les femmes et les hommes;

14.

demande à la Commission et aux États membres de mettre en œuvre des politiques volontaristes en faveur de l'emploi de qualité des femmes pour atteindre les objectifs de la stratégie Europe 2020, notamment en luttant contre les stéréotypes, la ségrégation professionnelle verticale et horizontale, en favorisant la transition entre le temps partiel et le temps plein et en ciblant particulièrement les personnes qui ne travaillent pas et ne suivent ni études ni formation; invite les États membres à définir des objectifs spécifiques en matière d'emploi dans le cadre de leurs programmes nationaux de réforme, afin de veiller à ce que les femmes et les hommes bénéficient du même accès au marché du travail et des mêmes possibilités d'y rester;

15.

invite la Commission et les États membres à mettre en œuvre des politiques volontaristes visant à encourager les femmes à se diriger vers des carrières scientifiques et à promouvoir, notamment par des campagnes d'information et de sensibilisation, la participation des femmes à des secteurs d'activité stéréotypés comme «masculins», notamment dans le secteur des sciences et des nouvelles technologies, en vue de tirer pleinement profit du capital humain que représentent les femmes européennes; insiste particulièrement sur les nouvelles possibilités qu'offrent les technologies de l'information et de la communication et invite la Commission à intégrer pleinement l'égalité entre les hommes et les femmes dans la priorité qui est donnée à l'agenda numérique pour les cinq années à venir;

16.

souligne que l'indépendance financière est un vecteur essentiel d'égalité et que l'entrepreneuriat des femmes constitue un potentiel économique sous-estimé et sous-exploité pour la croissance et la compétitivité européennes; demande à la Commission européenne et à l’EIGE de collecter davantage et de meilleures informations sur l'entrepreneuriat des femmes; demande aux États membres, à la Commission et aux autres organes compétents, comme les chambres de commerce et d'industrie, d'encourager, de promouvoir et de soutenir l'entrepreneuriat des femmes en facilitant l'accès au crédit, en allégeant les formalités administratives et les autres obstacles à la création d'entreprises par les femmes, en intégrant la dimension hommes-femmes dans les politiques concernées, en encourageant la création d'une plate-forme électronique multilingue d'information et d'échange pour les femmes entrepreneurs sociaux et en soutenant le parrainage et les réseaux entre homologues à l'échelle régionale et européenne;

17.

estime que, pour favoriser la réinsertion des femmes dans le monde du travail, il convient d’élaborer des solutions politiques à multiples facettes, qui comprennent l’apprentissage tout au long de la vie, la promotion d'emplois plus stables et de régimes de travail adaptés, et attire l'attention sur la prévalence accrue des horaires flexibles; indique que la demande de flexibilité émane essentiellement des travailleurs à temps partiel, qui sont majoritairement des femmes; réaffirme que la négociation collective est un droit qu'il est nécessaire de protéger, car il contribue à la lutte contre la discrimination ainsi qu'à la défense et à la consécration des droits;

18.

souligne qu'une flexibilité accrue des régimes de travail permettrait d'augmenter les possibilités pour les femmes de participer activement au marché du travail, mais met en garde, d'autre part, contre le fait que cette souplesse peut exercer une influence négative sur les salaires et les pensions des femmes; souligne par conséquent le besoin de propositions concrètes en vue de concilier la vie professionnelle, la vie de famille et la vie privée et d'encourager un partage plus équilibré des responsabilités professionnelles, familiales et sociales entre les hommes et les femmes, notamment dans le domaine de l'assistance aux personnes dépendantes et des gardes d'enfant;

19.

demande aux États membres d'inclure, dans le cadre des programmes de développement rural, des stratégies stimulant la création d'emplois pour les femmes dans les zones rurales permettant de leur garantir des retraites décentes, des politiques favorisant la représentation des femmes dans les forums politiques, économiques et sociaux de ce secteur et la promotion de l'égalité des chances dans les zones rurales en lien avec la multifonctionnalité de l'agriculture;

20.

souligne le consensus de plus en plus large qui existe au sein de l'Union sur la nécessité de promouvoir l'égalité hommes-femmes à travers, notamment, la présence des femmes dans le processus de décision économique et politique, qui est une question de droits fondamentaux et de démocratie, car leur sous-représentation dans ce domaine trahit un déficit démocratique; salue les systèmes législatifs paritaires et les quotas par sexe mis en place dans certains États membres et demande au Conseil de prendre position concernant la directive relative à un meilleur équilibre hommes-femmes parmi les administrateurs non exécutifs des sociétés cotées en bourse afin de poursuivre le processus législatif au plus vite; demande au Conseil et à la Commission d'adopter les mesures nécessaires pour encourager les États membres à permettre la participation équilibrée des femmes et des hommes aux différents domaines décisionnels; demande également aux institutions de l'Union européenne de mettre tout en œuvre pour garantir l'égalité hommes-femmes au sein du collège des commissaires et parmi les hautes fonctions de l'ensemble des institutions, agences, instituts et organes européens;

21.

invite la Commission et les États membres à étudier la possibilité d'inclure des clauses de parité hommes-femmes dans les appels d'offres pour des marchés publics afin d'encourager les entreprises à poursuivre l'égalité des sexes dans leurs rangs; reconnaît que cette idée ne peut être développée que dans le respect du droit de la concurrence de l'Union;

Conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée

22.

félicite la Suède, la Belgique, la France, la Slovénie, le Danemark et le Royaume-Uni d'avoir atteint les objectifs de Barcelone et demande aux autres États membres de continuer leurs efforts dans cette voie; demande aux États membres d'aller au-delà de ces objectifs, en adoptant une approche plus systémique et intégrée en matière d'éducation et de services de prise en charge préscolaires entre les autorités nationales et locales, en particulier pour les très jeunes enfants de moins de trois ans; demande à la Commission de continuer à apporter son soutien financier aux États membres pour offrir des systèmes de garde, en particulier des crèches, abordables aux parents, également par la création de ces structures sur le lieu de travail; estime que la conciliation des projets familiaux, de la vie privée et des ambitions professionnelles n’est possible que si les personnes concernées sont, sur le plan économique et social, réellement libres de choisir et bénéficient du soutien apporté par l’adoption de décisions politiques et économiques aux niveaux européen et national, sans qu'il en découle un désavantage et si les infrastructures indispensables sont disponibles, invite les États membres à augmenter les budgets consacrés à l'accueil des enfants, notamment par le renforcement du réseau public de garderies, de crèches et de services publics d'activités de loisirs pour les enfants; demande également à la Commission d'aborder la question de l'absence de services de garde d'enfants abordables dans les recommandations spécifiques par pays;

23.

déplore en termes les plus vifs qu'en dépit du financement européen disponible (3,2 milliards d'euros au titre des Fonds structurels 2007-2013 ont été déployés pour soutenir les États membres dans le développement d'établissements de garde d'enfants et dans la promotion de l'emploi des femmes), certains États membres aient appliqué des restrictions budgétaires qui affectent la disponibilité (fermeture de crèches) et la qualité (manque de personnel) des services de garde d'enfants et qui les rendent plus coûteux;

24.

demande à la Commission et aux États membres d'instituer un congé de paternité rémunéré d'une durée minimale de dix jours ouvrables et de favoriser des mesures législatives et non législatives qui permettent aux hommes, et en particulier aux pères, d'exercer leur droit à concilier vie privée et vie professionnelle, notamment en promouvant le congé parental, à prendre indifféremment, mais sans transférabilité, par le père ou la mère jusqu'à ce que leur enfant atteigne un âge déterminé;

25.

déplore le blocage de la directive sur le congé de maternité au sein du Conseil; exhorte les États membres à reprendre les négociations sur ce dossier et réitère sa volonté de coopérer;

26.

demande aux États membres de mettre en place des services abordables, flexibles, de qualité et facilement accessibles de prise en charge de personnes qui ne peuvent assumer seules les activités de la vie quotidienne en raison de l'absence de l'autonomie fonctionnelle nécessaire pour pouvoir concilier vie personnelle, vie familiale et vie professionnelle;

Lutte contre la violence à l'égard des femmes

27.

demande à la Commission d'encourager les ratifications nationales de la convention d'Istanbul et de lancer la procédure d'adhésion de l'Union à cette convention au plus vite; relève que l’adhésion immédiate de tous les États membres à cette convention contribuera à l’élaboration d’une politique intégrée et à la promotion de la coopération internationale dans la lutte contre toute forme de violence envers les femmes;

28.

réitère sa demande à la Commission de soumettre, sur la base de l'article 84 du traité FUE, une proposition d'acte législatif établissant des mesures pour encourager et appuyer l'action des États membres dans le domaine de la prévention de la violence à l'égard des femmes et des filles, et de mettre en place un cadre d'action global et efficace en matière de violence fondée sur le sexe, en mettant l'accent sur la prévention, la poursuite des auteurs, la protection des victimes et la fourniture de services appropriés et adéquats, et en établissant des sanctions contre les conduites discriminatoires et violentes à l'égard des femmes; invite en outre les États membres à s'efforcer systématiquement de donner aux femmes les moyens de signaler les cas de violence aux autorités, et appelle de ses vœux un enseignement et une formation pour les experts qui prennent les victimes en charge;

29.

invite la Commission à garantir la mise en œuvre efficace, assortie de moyens suffisants, de sa communication sur l'éradication des mutilations génitales féminines;

30.

invite le Conseil à appliquer la «clause passerelle» et à adopter une décision unanime pour définir la violence fondée sur le sexe comme l'une des formes de criminalité mentionnées à l'article 83, paragraphe 1, du traité FUE, qui inclut déjà la traite des êtres humains et l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants;

31.

invite la Commission européenne à mieux réglementer le marché numérique pour protéger les femmes et les filles de la violence sur l'internet;

32.

recommande aux États membres de mentionner, dans leurs plans d'action nationaux pour l'élimination de la violence domestique, le devoir de prêter assistance aux femmes migrantes sans-papiers exactement de la même manière qu'aux femmes en situation régulière, et de ne pas contraindre les institutions à signaler ces cas aux autorités;

33.

recommande aux États membres de renforcer leurs services de santé publique gratuits pour soutenir toutes les femmes victimes de violence, y compris les réfugiées, notamment par l'augmentation de leurs capacités, grâce à une aide spécialisée pour les femmes de différentes nationalités et les femmes handicapées;

34.

réitère sa demande à la Commission et aux États membres d'instituer une Année européenne de lutte contre la violence envers les femmes en 2016 en octroyant des moyens suffisants à la conduite d'actions de sensibilisation; souligne à cet effet la nécessité d’assurer la formation adéquate des autorités et des services concernés ainsi que celle des professionnels, tels que les agents de police, les médecins, les magistrats, les avocats, les enseignants, et de tous ceux qui, de par leur fonction, sont susceptibles d’apporter un aide aux femmes victimes de violence;

35.

invite la Commission à encourager la mise en place d'un registre européen des décisions de protection européennes, étant donné l'expiration, le 11 janvier 2015, du délai accordé aux États membres pour transposer la directive 2011/99/UE relative à la décision de protection européenne;

36.

reconnaît que, dans les régions affectées par la guerre, la violence envers les femmes constitue une violation manifeste des droits fondamentaux de celles-ci et un traitement dégradant et humiliant de la femme; souligne que l’égalité entre les femmes et les hommes est un facteur essentiel à la construction de la paix qui exprime la nécessité de prévenir mais aussi de lutter contre ce type de phénomènes affectant les femmes;

37.

invite l’EIGE, la FRA et Eurostat à continuer à collecter des données comparables, en particulier des données harmonisées sur la violence, afin de donner aux États membres et à la Commission les instruments nécessaires à l'élaboration de politiques efficaces; invite également la Commission et les États membres à concentrer leur attention sur la situation dans les États membres quant aux mécanismes institutionnels d'égalité entre les sexes, afin que la crise économique et les réformes faites à cette occasion ne portent pas préjudice auxdits mécanismes, sans lesquels la priorité horizontale d'égalité entre les hommes et les femmes dans l'ensemble des politiques menées, avec les spécificités que cela suppose pour la gérer, ne produira pas de résultats;

38.

demande à la Commission de sauvegarder le programme Daphné, tant au niveau de son financement que de sa visibilité, dans le programme Droits et citoyenneté, afin de permettre aux associations luttant contre la violence envers les femmes de continuer leur travail;

39.

renouvelle sa demande à la Commission de créer un observatoire européen de la violence fondée sur le sexe dans les locaux de l'actuel EIGE, qui serait dirigé par un coordinateur européen pour la prévention de la violence envers les femmes et les jeunes filles;

40.

prie instamment la Commission de condamner fermement les campagnes médiatiques ou autres communications présentant les victimes de violence sexuelle comme responsables de ces actes, car ces hypothèses sont contraires à tous les principes fondamentaux d'égalité entre les sexes;

Lutte contre les stéréotypes fondés sur le genre

41.

souligne le rôle déterminant que joue l'éducation dans la lutte contre les stéréotypes sexistes et pour mettre fin aux discriminations basées sur le sexe; insiste sur la nécessité d'inclure les petits garçons et les hommes dans la promotion des droits des femmes et de l'égalité entre les hommes et les femmes; demande par conséquent à la Commission d'adopter des politiques décisives afin de lutter contre les stéréotypes liés au sexe et invite les États membres, dans leurs systèmes éducatifs, à mieux sensibiliser les élèves au respect de l'égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes;

42.

demande au Conseil et à la Commission d'adopter des mesures pour que les médias sociaux utilisent un langage non sexiste, garantissent une participation active et une présence équilibrée, et véhiculent une image plurielle des deux sexes, en marge des canons de beauté et des stéréotypes sexistes sur les fonctions qu'ils occupent dans les différents domaines de la vie, en accordant une attention particulière aux contenus adressés aux enfants et aux adolescents;

43.

invite les États membres et leurs instances de régulation des médias à prêter attention à la place accordée aux femmes dans les médias, notamment télévisuels, aussi bien quantitativement que qualitativement, de manière à, notamment, prévenir les atteintes portées à la dignité des femmes, éviter de véhiculer des stéréotypes sexistes et réprimer toute tendance à l'hypersexualisation des petites filles;

44.

demande aux États membres, à la suite de l'adoption des conclusions du Conseil sur l'égalité entre les femmes et les hommes dans le sport, d'exploiter pleinement les possibilités offertes par le sport pour promouvoir l'égalité hommes-femmes, notamment en définissant des plans d'action concrets pour lutter contre les stéréotypes et la violence, pour favoriser l'égalité entre les professionnels du sport et pour promouvoir le sport féminin;

Défis de société

45.

indique que plusieurs études démontrent que les taux d'avortement dans les pays où l'avortement est autorisé et dans ceux où il est interdit sont similaires, voire plus élevés dans ces derniers (Organisation mondiale de la santé, 2014);

46.

note que l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs, et d'éducation sexuelle, relèvent de la compétence des États membres; souligne néanmoins que l'Union européenne peut contribuer à la promotion des meilleures pratiques au sein des États membres;

47.

insiste sur le fait que les femmes doivent avoir le contrôle de leur santé et de leurs droits sexuels et reproductifs, notamment grâce à un accès aisé à la contraception et à l'avortement; soutient par conséquent les mesures et actions visant à améliorer l'accès des femmes aux services de santé sexuelle et reproductive et à mieux les informer de leurs droits et des services disponibles; invite les États membres et la Commission à mettre en œuvre des mesures et des actions pour sensibiliser les hommes quant à leurs responsabilités sur les questions sexuelles et reproductives;

48.

souligne l'importance des politiques actives de prévention, d'éducation et d'information adressées aux adolescents, aux jeunes et aux adultes afin que les citoyens puissent jouir d'une bonne santé sexuelle et génésique, en évitant ainsi les maladies sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées;

49.

invite les États membres, dans l'application du règlement (UE) no 536/2014 relatif aux essais cliniques de médicaments à usage humain, à veiller à l'égalité de représentation entre les hommes et les femmes dans les essais cliniques, notamment en accordant une attention particulière à la transparence de la population qui participe auxdits essais; demande à la Commission, lorsqu'elle se penche sur la mise en œuvre adéquate de ce règlement, de surveiller spécifiquement les aspects de l'égalité entre les hommes et les femmes;

50.

rappelle que l'Union a ratifié la convention des Nations unies sur les droits des personnes handicapées le 22 janvier 2011, laquelle précise que ses États parties s’engagent à garantir et à promouvoir le plein exercice de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales de toutes les personnes handicapées sans discrimination d’aucune sorte fondée sur le handicap, en s'abstenant de tout acte et de toute pratique incompatible avec la convention;

Égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine des relations extérieures de l'Union

51.

demande à la Commission de promouvoir avec détermination l’égalité entre les femmes et les hommes dans le cadre des relations extérieures entre l’Union et les pays tiers, renforçant ainsi une approche stratégique globale en matière d’égalité; souligne, dans ce contexte, l'importance de renforcer la coopération avec les organisations internationales et régionales afin de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes et de renforcer la sensibilisation aux droits des femmes;

52.

invite l'Union à mettre un terme aux politiques consistant à établir des liens de dépendance entre les membres d'une famille lors des regroupements familiaux et invite l'Union et ses États membres à accorder aux femmes migrantes un statut de résidentes autonome, à plus forte raison lorsqu'elles sont victimes de violences domestiques;

53.

invite la Commission européenne à garantir l'inscription de l'égalité hommes-femmes et des droits des femmes dans tous les accords de partenariat et dans toutes les négociations avec les pays tiers;

o

o o

54.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements des États membres.


(1)  JO L 181 du 29.6.2013, p. 4.

(2)  JO L 315 du 14.11.2012, p. 57.

(3)  JO L 338 du 21.12.2011, p. 2.

(4)  JO L 101 du 15.4.2011, p. 1.

(5)  Conclusions du Conseil du 7 mars 2011.

(6)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0105.

(7)  JO L 180 du 15.7.2010, p. 1.

(8)  JO L 68 du 18.3.2010, p. 13.

(9)  JO L 204 du 26.7.2006, p. 23.

(10)  JO L 373 du 21.12.2004, p. 37

(11)  JO L 348 du 28.11.1992, p. 1.

(12)  JO L 359 du 19.12.1986, p. 56.

(13)  JO L 6 du 10.1.1979, p. 24.

(14)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0375.

(15)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0073.

(16)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0247.

(17)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0074.

(18)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0045.

(19)  JO C 353 E du 3.12.2013, p. 47.

(20)  JO C 264 E du 13.9.2013, p. 75.

(21)  JO C 341 E du 16.12.2010, p. 35.

(22)  JO C 199 E du 7.7.2012, p. 65.

(23)  JO C 251 E du 31.8.2013, p. 1.

(24)  JO C 33 E du 5.2.2013, p. 134.

(25)  JO C 296 E du 2.10.2012, p. 26.

(26)  JO C 199 E du 7.7.2012, p. 77.

(27)  JO C 236 E du 12.8.2011, p. 79.

(28)  JO C 67 E du 18.3.2010, p. 31.

(29)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0162.

(30)  JO C 233 E du 28.9.2006, p. 130.

(31)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0126.

(32)  JO L 204 du 26.7.2006, p. 23.

(33)  Rapport sur l'application de la directive 2006/54/CE du Parlement européen et du Conseil du 5 juillet 2006 relative à la mise en œuvre du principe de l'égalité des chances et de l'égalité de traitement entre hommes et femmes en matière d'emploi et de travail (refonte) (COM(2013)0861).


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/15


P8_TA(2015)0051

Rapport annuel sur la politique de concurrence de l'Union

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur le rapport annuel sur la politique de concurrence de l'Union européenne (2014/2158(INI))

(2016/C 316/02)

Le Parlement européen,

vu le rapport de la Commission du 6 mai 2014 sur la politique de concurrence 2013 (COM(2014)0249) et le document de travail des services de la Commission accompagnant ce rapport (SWD(2014)0148),

vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE), et notamment ses articles 101 à 109,

vu le règlement (CE) no 1/2003 du Conseil du 16 décembre 2002 relatif à la mise en œuvre des règles de concurrence prévues aux articles 81 et 82 du traité (1),

vu le règlement (CE) no 169/2009 du Conseil du 26 février 2009 portant application de règles de concurrence aux secteurs des transports par chemin de fer, par route et par voie navigable (2),

vu la directive 2014/104/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 novembre 2014 relative à certaines règles régissant les actions en dommages et intérêts en droit interne pour les infractions aux dispositions du droit de la concurrence des États membres et de l'Union européenne (3),

vu la communication de la Commission du 11 juin 2013 relative à la quantification du préjudice dans les actions en dommages et intérêts fondées sur des infractions à l'article 101 ou 102 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (4),

vu le document de travail des services de la Commission du 4 février 2011 intitulé «Consultation publique: renforcer la cohérence de l'approche européenne en matière de recours collectifs» (SEC(2011)0173),

vu la communication de la Commission du 11 juin 2013, intitulée «Vers un cadre horizontal européen pour les recours collectifs» (COM(2013)0401),

vu la recommandation 2013/396/UE de la Commission du 11 juin 2013 relative à des principes communs applicables aux mécanismes de recours collectif en cessation et en réparation dans les États membres en cas de violation de droits conférés par le droit de l'Union (5),

vu l'étude publiée en juin 2012 par le département thématique de la direction générale des politiques internes intitulée «Recours collectif en matière d'anti-trust»,

vu la communication de la Commission du 11 juin 2013 publiée conformément à l'article 27, paragraphe 4, du règlement (CE) no 1/2003 du Conseil dans l'affaire AT.39740 — Google (6),

vu les engagements proposés à la Commission conformément à l'article 9 du règlement (CE) no 1/2003 du Conseil dans l'affaire COMP/39.398 — Visa MIF,

vu le règlement (CE) no 139/2004 du Conseil du 20 janvier 2004 relatif au contrôle des concentrations entre entreprises («le règlement CE sur les concentrations») (7),

vu la consultation de la Commission du 27 mars 2013 sur le contrôle des concentrations dans l'Union européenne — Projet de révision de la procédure simplifiée et du règlement d'application sur les concentrations,

vu la communication de la Commission du 13 octobre 2008 intitulée «Application des règles en matière d'aides d'État aux mesures prises en rapport avec les institutions financières dans le contexte de la crise financière mondiale» (8) («la communication concernant le secteur bancaire»),

vu la communication de la Commission du 5 décembre 2008 intitulée «Recapitalisation des établissements financiers dans le contexte de la crise financière actuelle: limitation de l'aide au minimum nécessaire et garde-fous contre les distorsions indues de concurrence» (9) («la communication sur la recapitalisation»),

vu la communication de la Commission du 25 février 2009 relative au traitement des actifs dépréciés dans le secteur bancaire de la Communauté (10) («la communication concernant les actifs dépréciés»),

vu la communication de la Commission du 23 juillet 2009 sur le retour à la viabilité et l'appréciation des mesures de restructuration prises dans le secteur financier dans le contexte de la crise actuelle, conformément aux règles relatives aux aides d'État (11) («la communication concernant la restructuration»),

vu la communication de la Commission du 17 décembre 2008 intitulée «Cadre communautaire temporaire pour les aides d'État destinées à favoriser l'accès au financement dans le contexte de la crise économique et financière actuelle» (12) («le cadre temporaire»),

vu la communication de la Commission du 1er décembre 2010 intitulée «Cadre communautaire temporaire pour les aides d'État destinées à favoriser l'accès au financement dans le contexte de la crise économique (13) et financière actuelle» («le nouveau cadre temporaire», remplaçant celui qui est arrivé à expiration le 31 décembre 2010),

vu la communication de la Commission concernant l'application, à partir du 1er août 2013, des règles en matière d'aides d'État aux aides accordées aux banques dans le contexte de la crise financière («la communication concernant le secteur bancaire») (14),

vu le document d'analyse de la Commission à l'attention du Comité économique et financier (CEF) sur la révision de l'encadrement des aides d'État pour la restructuration des banques,

vu l'étude de juin 2011 réalisée par le département thématique de la direction générale des politiques internes intitulée «Aides d'état — Règles applicables au secteur financier et à l'économie réelle en contexte de crise»,

vu la communication de la Commission relative à l'application des règles de l'Union européenne en matière d'aides d'État aux compensations octroyées pour la prestation de services d'intérêt économique général (15),

vu la décision 2012/21/UE de la Commission du 20 décembre 2011 relative à l'application de l'article 106, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne aux aides d'État sous forme de compensations de service public octroyées à certaines entreprises chargées de la gestion de services d'intérêt économique général (16),

vu la communication de la Commission relative à l'encadrement de l'Union européenne applicable aux aides d'État sous forme de compensations de service public (2011) (17),

vu le règlement (UE) no 360/2012 de la Commission du 25 avril 2012 relatif à l'application des articles 107 et 108 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne aux aides de minimis accordées à des entreprises fournissant des services d'intérêt économique général (18),

vu sa résolution du 15 novembre 2011 sur la réforme des règles de l'UE en matière d'aides d'État applicables aux services d'intérêt économique général (19),

vu la communication de la Commission du 9 février 2012 intitulée «Modernisation de la politique de l'UE en matière d'aides d'État» (COM(2012)0209),

vu sa résolution du 17 janvier 2013 sur la modernisation de la politique en matière d'aides d'État (20),

vu la proposition de règlement du Conseil modifiant le règlement (CE) no 994/98 du Conseil du 7 mai 1998 sur l'application des articles 92 et 93 du traité instituant la Communauté européenne à certaines catégories d'aides d'État horizontales et le règlement (CE) no 1370/2007 du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2007 relatif aux services publics de transport de voyageurs par chemin de fer et par route, présentée par la Commission le 30 juillet 2012 (COM(2012)0730),

vu la proposition de règlement du Conseil modifiant le règlement (CE) no 659/1999 du Conseil portant modalités d'application de l'article 93 du traité CE, présentée par la Commission le 5 juillet 2012 (COM(2012)0725),

vu les lignes directrices de la Commission sur les aides d'État aux entreprises ferroviaires (21),

vu sa résolution du 12 juin 2013 sur la politique régionale replacée dans le contexte plus large des régimes d'aides d'État (22),

vu l'accord-cadre du 20 octobre 2010 sur les relations entre le Parlement européen et la Commission (23) (ci-après «l'accord-cadre»), et notamment ses paragraphes 9, 12, 15 et 16,

vu sa résolution du 22 février 2005 relative au 23e rapport sur la politique de concurrence 2003 (24), sa résolution du 4 avril 2006 relative au rapport de la Commission sur la politique de concurrence 2004 (25), sa résolution du 19 juin 2007 relative au rapport sur la politique de concurrence pour 2005 (26), sa résolution du 10 mars 2009 sur les rapports relatifs à la politique de concurrence pour 2006 et 2007 (27), sa résolution du 9 mars 2010 sur le rapport relatif à la politique de concurrence 2008 (28), sa résolution du 20 janvier 2011 sur le rapport sur la politique de concurrence 2009 (29), sa résolution du 2 février 2012 sur le rapport annuel sur la politique de concurrence de l'Union européenne (30), sa résolution du 12 juin 2013 sur le rapport annuel sur la politique de concurrence de l'Union européenne (31) et sa résolution du 11 décembre 2013 sur le rapport annuel sur la politique de concurrence de l'Union européenne (32),

vu le document de travail des services de la Commission du 20 juin 2013 sur un contrôle plus efficace des concentrations,

vu le livre blanc de la Commission du 9 juillet 2014 sur un contrôle plus efficace des concentrations,

vu sa résolution du 5 février 2014 sur les accords de coopération de l'UE relatifs à l'application de la politique de concurrence — la voie à suivre (33),

vu la déclaration du 6 novembre 2014 par la commissaire chargée de la concurrence, Margrethe Vestager, concernant les enquêtes sur les aides fiscales d'États,

vu le tableau de bord numérique 2014 de la Commission,

vu l'article 52 et l'article 132, paragraphe 2, de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires et l'avis de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs (A8-0019/2015),

A.

considérant que certains secteurs au sein du marché unique restent divisés par les frontières nationales et des barrières artificielles, tandis que des pratiques préoccupantes comme le dumping social ou l'utilisation abusive des fonds structurels posent des problèmes qu'il conviendrait d'aborder dans le cadre de la politique de l'Union européenne en matière de concurrence; considérant que la concurrence n'opère pas de manière également satisfaisante dans tous les États membres;

B.

considérant que la politique de concurrence est en soi un outil de sauvegarde de la démocratie européenne, dans la mesure où elle empêche la concentration excessive de pouvoir économique et financier dans les mains de quelques rares acteurs, ce qui représente en soi un risque pour l'indépendance du pouvoir politique européen vis-à-vis des grands groupes industriels et bancaires;

C.

considérant qu'une politique de concurrence fondée sur des conditions égales dans tous les secteurs est l'une des clés de voûte de l'économie sociale de marché européenne et un outil essentiel pour assurer le fonctionnement sans entraves d'un marché intérieur dynamique, efficace, durable et innovant, pour être un moteur de croissance et de création d'emplois et être compétitif à l'échelle mondiale; considérant que la crise économique et financière ne devrait donc pas servir de prétexte à un relâchement des règles de concurrence;

D.

considérant que, chaque année, l'existence d'ententes provoque des pertes allant de 181 à 320 milliards d'euros, soit environ 3 % du PIB de l'Union;

E.

considérant qu'entre 2008 et la fin de l'année 2011, les banques de l'Union européenne ont bénéficié d'aides d'État équivalentes à 1 600 milliards d'euros;

F.

considérant que, selon les estimations, l'évasion fiscale, la fraude fiscale et les paradis fiscaux coûtent aux contribuables européens 1 000 milliards d'euros par an en recettes fiscales non perçues, et qu'ils faussent la concurrence dans le marché unique entre les entreprises qui paient des impôts et celles qui n'en paient pas;

G.

considérant que les citoyens européens veulent des services publics abordables et de grande qualité;

H.

considérant que la stricte application des principes du droit de la concurrence bénéficie avant tout au consommateur, tandis que l'absence de concurrence entraîne une mauvaise affectation des ressources et une baisse de productivité;

I.

considérant qu'en termes de coûts de l'énergie, le marché unique européen est moins efficace que le marché des États-Unis, avec des écarts de prix de 31 % contre 22 % aux États-Unis;

J.

considérant que la création d'un «passeport administratif du marché unique» réduirait les distorsions de la concurrence et la fragmentation du marché unique, renforçant ainsi le potentiel de croissance de l'économie européenne;

K.

considérant que le bon développement des PME dans des conditions de libre concurrence est l'une des principales conditions de la création d'emplois, de la croissance durable, de l'innovation et des investissements; considérant que, dans de nombreux États membres, une contraction drastique du crédit touche les PME, qui représentent 98 % des entreprises de l'Union européenne;

L.

considérant que la libre circulation des marchandises, des services, des personnes et des capitaux est essentielle pour la croissance; considérant que le protectionnisme peut limiter les perspectives de croissance à long terme des industries des pays qui le pratiquent;

M.

considérant que la durée des ententes découvertes varie entre 6 et 14 ans depuis leur création, qu'elles ont des effets néfastes sur l'économie et en particulier sur les clients, et en définitive sur les consommateurs;

N.

considérant que le brevet unitaire européen constitue une avancée vers l'achèvement du marché unique et que tous les États membres devraient y participer;

O.

considérant que la publication des documents «LuxLeaks» par le Consortium international des journalistes d'investigation met en exergue la nécessité d'analyser en profondeur et en toute indépendance les pratiques des États membres en matière de rescrit fiscal et leur conformité avec les dispositions européennes concernant le contrôle des aides d'État; considérant que l'indépendance de la DG Concurrence est de la plus haute importance pour lui permettre d'atteindre cet objectif précis ainsi que ses autres objectifs;

Remarques générales

1.

se félicite que la dimension économique de l'UE soit ancrée dans les traités en tant qu'«économie de marché ouverte où la concurrence est libre»; souligne la nécessité de se concentrer davantage sur la promotion de la concurrence afin d'atteindre les objectifs ambitieux en matière d'emplois, de croissance, d'investissement et de compétitivité mondiale de l'économie européenne, puisqu'une concurrence durable et efficace encourage les investissements, profite aux utilisateurs finaux et alimente l'économie; souligne le rôle essentiel de l'application de la politique de concurrence dans la mise en place de conditions d'égalité favorisant l'innovation, la productivité, la création d'emplois et les investissements par l'ensemble des acteurs dans tout le marché unique et pour tous les types d'entreprises, y compris les PME, dans le respect plein et entier de la diversité des États; demande à la Commission de mettre en œuvre des règles en matière d'infractions au droit de la concurrence, d'aides d'État et de contrôle des concentrations afin d'assurer le bon fonctionnement du marché intérieur et de permettre le progrès social;

2.

est d'avis que la création de conditions d'égalité pour les entreprises au sein du marché intérieur dépend aussi de la lutte contre le dumping social et de la mise en œuvre du droit social et environnemental européen; invite la Commission à envisager les conséquences sociales et les conséquences en termes d'emploi de ses interventions en matière d'aides d'État, en particulier dans les régions souffrant d'un taux de chômage élevé, et d'intégrer cette analyse à ses décisions;

3.

souligne le besoin de soutenir les groupes industriels et PME européens face à la mondialisation, par des mesures de concurrence et de fiscalité adaptées;

4.

invite la Commission à recenser les déséquilibres possibles entre les États membres qui sont susceptibles de créer des distorsions de la concurrence ainsi que leurs causes et leurs conséquences économiques;

5.

souligne que la politique de la concurrence joue un rôle clé s'agissant de renforcer l'approche globale du marché unique afin de relever les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels l'Europe se trouve confrontée; invite la Commission à respecter concrètement les besoins des citoyens, des consommateurs et des PME en plaçant leurs préoccupations au centre du processus de prise de décision, afin que les politiques de concurrence proposées puissent présenter une valeur ajoutée pour les citoyens européens;

6.

rappelle que la Commission devrait envisager de réaffecter des ressources depuis des lignes budgétaires obsolètes ou sous-utilisées en faveur de la DG Concurrence; souligne que la Commission doit bénéficier d'effectifs suffisants pour élargir et approfondir sensiblement ses enquêtes sur les aides d'État à caractère fiscal, comme les rescrits fiscaux et l'évasion fiscale, afin de pouvoir adopter une approche suffisamment proactive en matière de concurrence; est convaincu que la Commission doit également disposer de moyens juridiques suffisants pour continuer de recenser les lacunes que nous avons pu découvrir grâce à la révélation des arrangements fiscaux ciblés pratiqués par divers États membres; recommande en particulier le renforcement de l'unité de la DG Concurrence chargée des aides d'État fiscales, à la lumière des révélations LuxLeaks;

7.

attend la publication imminente du bilan dressé par la Commission à l'issue d'une décennie d'application du règlement (CE) no 1/2003 relatif à la mise en œuvre des règles de concurrence et demande à la Commission d'associer le Parlement européen à toutes les initiatives qui en découleront; invite la Commission à prendre les mesures appropriées pour adapter le règlement à la nouvelle situation juridique, notamment à la suite de l'adoption de la directive sur les actions en dommages et intérêts;

8.

rappelle à la Commission que la question de l'indépendance des autorités nationales de la concurrence mérite la plus haute attention;

9.

insiste sur le fait que les instruments de la politique de concurrence ne doivent pas être détournés pour permettre des interventions à caractère fiscal; encourage la Commission à formuler clairement ses préoccupations dans le domaine de la fiscalité;

10.

estime que les fondements et les orientations essentielles de la politique de concurrence devraient être conçus et adoptés à l'avenir en coopération plus étroite avec le Parlement afin d'accroître la légitimité démocratique de l'autorité de la concurrence;

11.

salue l'approche commune adoptée dans la modernisation des aides d'État, visant à promouvoir une plus grande efficacité des dépenses publiques face à la réduction de la marge de manœuvre budgétaire, en particulier dans les États membres les plus touchés par la crise;

12.

reconnaît qu'une mise en œuvre efficace de la politique de concurrence nécessite une interprétation judiciaire cohérente et uniforme;

13.

observe que la Commission a de plus en plus recours à des décisions d'engagement; estime toutefois qu'une plus grande transparence concernant la substance des allégations et la création d'un nombre plus important de précédents juridiques sont nécessaires; estime que cela vaut en particulier pour les dossiers portant sur des infractions au droit de la concurrence dans de nouveaux domaines, comme les marchés des biens numériques, dans lesquels les entreprises pourraient éprouver des difficultés à déterminer si un comportement donné constitue une violation des règles de concurrence;

14.

est convaincu que pour assurer une plus grande transparence et atténuer certains des inconvénients des décisions d'engagement tout en conservant leurs principaux avantages, il convient de publier dans le détail les objections adressées aux défendeurs par la Commission;

Aides d'État et services d'intérêt économique général (SIEG)

15.

relève que les SIEG représentent une part significative de l'ensemble des services prestés dans les États membres, et maintient qu'une fourniture plus efficace de ceux-ci (par rapport à d'autres services) peut être source de profits importants; réaffirme l'importance de la désignation en tant que SIEG pour les services universellement accessibles qui sont d'une importance vitale pour les citoyens européens, des soins de santé à la sécurité sociale et au logement, tout en soulignant la responsabilité de la Commission dans le fait de veiller à ce que les aides octroyées pour les SIEG soient compatibles avec les règles de l'UE en matière d'aides d'État;

16.

rappelle que les fonds structurels de l'Union ne peuvent pas être utilisés pour soutenir, directement ou indirectement, la délocalisation de services ou de la production dans d'autres États membres;

17.

estime qu'il convient d'examiner de plus près la situation des clubs sportifs (notamment dans le football) qui doivent des millions aux autorités de sécurité sociale sans que les gouvernements ne les réclament, ce qui pourrait constituer une aide d'État de fait;

18.

souligne qu'il est opportun d'évaluer les effets cumulatifs de la fiscalité qui pèse sur les entreprises et de l'aide d'État;

Lutte contre les infractions aux règles de concurrence et ententes

19.

invite la Commission à veiller attentivement à la mise en œuvre de cette directive par les États membres et à garantir une application uniforme de ses dispositions dans l'ensemble de l'Union;

20.

fait une nouvelle fois part de sa préoccupation quant au fait que le recours aux amendes comme seule et unique sanction disponible n'est pas suffisamment efficace; demande une nouvelle fois le développement d'instruments plus élaborés afin d'améliorer l'efficacité du système de sanctions; demande une nouvelle fois à la Commission d'envisager un réexamen général de ses lignes directrices sur le calcul des amendes datant de 2006, et de les intégrer dans le règlement (CE) no 1/2003; invite la Commission à évaluer la possibilité de compléter les amendes imposées en cas d'entente à l'aide de sanctions individuelles comme des amendes individuelles et des interdictions d'exercer un mandat d'administrateur; invite la Commission à veiller à que les entreprises contrevenantes ne subissent pas d'effets négatifs allant au-delà d'un remède proportionné à l'infraction;

21.

demande à la Commission de créer des groupes de travail spéciaux inter-DG chargés de surveiller les secteurs dont certaines caractéristiques structurelles (comme les obstacles élevés à l'entrée ou les coûts élevés de changement de fournisseur pour les clients) augmentent la probabilité de violations des règles de concurrence;

22.

invite la Commission à mettre en place un mécanisme institutionnel qui permettrait que, chaque fois qu'une autorité nationale prend une décision de lutte contre les infractions aux règles de concurrence ou un abus de position dominante, un contrôle de suivi automatique soit déclenché dans lequel la Commission déterminerait si des problèmes similaires touchent des marchés géographiques différents à travers l'Europe dans lesquels les entreprises sanctionnées sont également actives;

23.

soutient la coopération actuelle au sein du réseau européen de la concurrence (REC), qui permet une application cohérente des règles de concurrence à l'échelle de l'Union, et encourage son développement;

24.

demande à la Commission de fixer des procédures claires sur les calendriers et les délais afin d'accélérer le processus d'enquête et d'éviter les prolongations injustifiées; demande d'accorder des droits formels aux victimes et aux parties impliquées dans des affaires d'infractions aux règles en matière de concurrence et d'ententes, en mettant dûment l'accent sur la présomption d'innocence;

25.

demande à la Commission de fournir une évaluation juridique et économique complète des dossiers de lutte contre les règles de concurrence et les ententes en particulier dans les marchés en rapide évolution, afin de bien comprendre la structure et les tendances du marché et de pouvoir prendre les mesures qui s'imposent pour protéger les consommateurs;

26.

observe que la politique de concurrence devrait s'efforcer en particulier de protéger les consommateurs, d'améliorer le bien-être des consommateurs, d'encourager l'innovation et de stimuler la croissance économique;

27.

demande dans ce contexte que soient fixées les conditions dans lesquelles les sociétés mères qui exercent une certaine influence sur leurs filiales mais ne sont pas directement impliquées dans une infraction sont déclarées solidairement responsables des infractions au droit de la concurrence commises par lesdites filiales;

28.

renouvelle, en ce qui concerne la récidive, la demande d'une association claire entre, d'une part, l'infraction faisant l'objet de l'enquête et, d'autre part, les infractions précédemment commises par l'entreprise impliquée;

29.

relève que le nombre de demandes de réduction d'amende pour incapacité de paiement a augmenté, notamment de la part d'entreprises «mono-produit» et de PME; souligne la nécessité d'adapter les lignes directrices pour le calcul des amendes aux entreprises «mono-produit» et aux PME;

30.

estime que la domination du marché en raison de la croissance, de l'innovation et du succès ne constitue pas, en tant que telle, un problème de concurrence; considère cependant sans l'ombre d'un doute que l'abus d'une position dominante représente un problème de concurrence sérieux; invite dès lors la Commission à préserver l'indépendance et l'objectivité des procédures en matière de concurrence;

31.

invite la Commission à répondre résolument à tous les problèmes révélés par les enquêtes en cours dans le domaine du droit de la concurrence et à prendre toutes les mesures pour mettre un terme aux pratiques néfastes et rétablir une concurrence loyale;

Contrôle des concentrations

32.

convient que le contrôle efficace des concentrations est un important outil pour le respect des règles de concurrence puisqu'il contribue au maintien d'une pression concurrentielle sur les acteurs du marché;

33.

invite la Commission à accorder de l'attention aux cas dans lesquels, juste après l'autorisation d'une concentration, les prix aux consommateurs augmentent ou la qualité d'un produit se dégrade;

34.

salue la proposition de simplification du contrôle des concentrations, présentée par la Commission le 5 décembre 2013, tout comme les propositions de son dernier livre blanc (34); réclame cependant une nette amélioration des définitions des notions de part de marché, pouvoir de marché et délimitation de marché;

35.

souligne la nécessité d'examiner si la pratique actuelle du contrôle des concentrations tient compte de l'internationalisation des marchés, notamment au regard de la définition géographique du marché; est d'avis que la Commission doit observer les résultats de cet examen dans le cadre de la révision du contrôle des concentrations;

36.

invite la Commission à analyser attentivement s'il y a en effet des lacunes dans la réglementation relative à la compétence de la Commission en matière d'examen des participations minoritaires ne conférant aucun droit de contrôle;

Évolutions sectorielles

Énergie et environnement

37.

souligne l'importance du caractère abordable et durable et de la sécurité de la fourniture énergétique pour l'économie européenne et sa compétitivité; estime que la politique en matière de concurrence doit tenir compte de ce triple objectif pour lutter contre l'actuelle fragmentation du marché, permettre une mise en œuvre correcte et sans retard du troisième train de mesures de libéralisation du gaz et de l'électricité, encourager le dégroupage des services de gros et de détail afin d'empêcher les pratiques anticoncurrentielles, et contribuer à une fourniture énergétique abordable pour les consommateurs et les entreprises; reconnaît que les nouvelles «Lignes directrices en matière d'aides d'État pour la protection de l'environnement et l'énergie» de la Commission pourraient restreindre les efforts de certains États membres visant à promouvoir les énergies renouvelables; souligne que la réglementation sur les aides d'État dans le domaine des sources d'énergie durables doit s'appliquer le plus possible dans le même esprit que dans n'importe quel autre domaine, tout en tenant compte des objectifs de l'Union en matière de climat et d'énergie à l'horizon 2030 et des diversités nationales;

38.

souligne qu'il importe d'éviter les pratiques monopolistiques pour créer un marché européen de l'énergie qui soit tout à fait équitable et concurrentiel; demande, à cet égard, l'élimination des fournisseurs en position de monopole et des pratiques discriminatoires envers les utilisateurs; estime que le marché européen du gaz devrait tendre vers une Union de l'énergie caractérisée par des prix équitables et stables grâce à l'amélioration et à la diversification de ses sources d'énergie et à l'accès à des infrastructures stratégiques;

39.

invite la Commission à enquêter et à prendre les mesures nécessaires pour faire en sorte que les interconnexions électriques existantes soient mises entièrement à la disposition du marché de l'électricité par les gestionnaires de réseaux de transports (GRT) afin d'améliorer le fonctionnement du marché intérieur de l'électricité et de favoriser ainsi la réalisation des objectifs de l'Union en matière de climat et d'énergie à l'horizon 2030 tout en réduisant le plus possible les coûts socio-économiques au niveau de l'Union;

40.

exhorte la Commission à prévoir la communication des réserves de combustible fossile et des émissions potentielles de CO2 par les entreprises cotées et les entreprises candidates à la cotation sur le marché unique, et à veiller à la communication correcte et fiable des facteurs environnementaux agrégés et la publication des niveaux de réserves et des émissions selon des lignes directrices de compte rendu adéquates, ceci étant essentiel pour garantir des conditions d'égalité sur le marché des investissements durables;

41.

invite la Commission à examiner dans quelle mesure la concentration de fournisseurs de matières premières essentielles est susceptible de créer des conditions inégales, de nuire à l'activité des secteurs clients et de nuire à la création d'une économie plus éco-efficace; estime que certaines de ces matières premières sont d'une importance vitale pour le déploiement des technologies éco-efficaces et des innovations nécessaires pour atteindre les objectifs environnementaux;

42.

rappelle que la politique de concurrence doit contribuer à promouvoir la transparence, les normes ouvertes et l'interopérabilité afin d'empêcher le verrouillage technologique des consommateurs et des clients par l'un ou l'autre acteur du marché de l'énergie; prie la Commission de surveiller de près le niveau de concurrence étant donné que les trois principaux acteurs représentent toujours environ 75 % du marché de l'électricité et plus de 60 % du marché du gaz, en dépit de l'ouverture progressive des marchés depuis le milieu des années 1990; invite la Commission à garantir une véritable concurrence sur le marché de l'énergie afin d'améliorer le soutien public à l'innovation et l'accès aux sources d'énergie renouvelables;

43.

demande à la Commission de veiller à ce que les règlements et directives en matière d'énergie soient transposés et appliqués correctement dans tous les États membres; invite la Commission à faire preuve d'une vigilance particulière lorsque les prix dépassent la moyenne de l'Union, étant donné que les prix élevés faussent la concurrence et nuisent aux consommateurs;

Technologies de l'information et de la communication (TIC) et médias

44.

estime que le marché unique numérique doit rester au cœur des efforts de l'Union visant à obtenir des résultats en matière de création d'emplois, de croissance et d'investissement; reconnaît le rôle de la politique de concurrence dans l'achèvement d'un marché unique numérique; est convaincu que le cadre législatif européen doit s'adapter rapidement aux évolutions du marché; invite la Commission à vérifier si les instruments dont dispose le droit de la concurrence sont adaptés à l'ère du numérique; est convaincu que les priorités exposées dans le rapport intitulé Priorities towards a Digital Single Market in the Baltic Sea Region («priorités en vue d'un marché unique numérique dans la région de la mer Baltique») pourraient devenir les ambitions de l'Union européenne tout entière;

45.

se réjouit de l'annonce par la commissaire chargée de la concurrence de nouvelles enquêtes menées par la Commission sur les pratiques de Google dans le secteur mobile et sur le marché numérique de façon générale; déplore qu'après quatre ans d'enquête et trois ensembles de propositions d'engagements, la Commission n'ait pas obtenu de résultats tangibles en ce qui concerne les principales préoccupations relevant du domaine de la concurrence dans son affaire d'infraction au droit de la concurrence contre Google, à savoir le traitement préférentiel accordé par Google à ses propres services dans l'affichage des résultats de requêtes de recherche; insiste sur la nécessité que la Commission règle rapidement le dossier contre Google afin de rester crédible dans sa stratégie de programme numérique; exhorte la Commission à agir de façon résolue pour résoudre tous les problèmes recensés, à prendre des mesures résolues s'appuyant sur le principe de non-discrimination contre les infractions au droit de la concurrence dans les marchés numériques dynamiques et à évolution rapide tels que les marchés de la recherche et de la publicité en ligne, et à trouver une solution à long terme en faveur d'une structure équilibrée, équitable et ouverte de la recherche internet;

46.

demande à la Commission de mobiliser les outils de la politique de concurrence et l'expertise du marché de façon à ce qu'ils contribuent, comme il se doit, au programme en faveur de l'emploi et de la croissance, y compris dans le domaine du marché unique numérique; dans ce contexte, estime qu'il importe de continuer d'élaborer une approche à la fois économique et juridique de l'évaluation des questions de concurrence et de poursuivre le développement de la surveillance du marché afin de soutenir les activités plus larges de la Commission;

47.

souligne que les anciens monopoles possèdent une part de marché stupéfiante de plus de 80 % dans le haut débit de prochaine génération; rappelle qu'une concurrence effective est le meilleur moteur d'investissements efficients et qu'elle assure des avantages maximaux aux consommateurs en termes de choix, de prix et de qualité; invite par conséquent la Commission à faire respecter les règles en matière de concurrence, ex post comme ex ante, afin d'empêcher les concentrations excessives sur le marché et les abus de position dominante, la pression concurrentielle étant vitale pour permettre aux consommateurs de bénéficier de services de qualité à des prix abordables;

48.

souligne que la restriction de la concurrence a peu de chances de susciter davantage d'investissements dans le haut débit, même dans les régions isolées, puisque la couverture complète des services de haut débit de base a été accomplie en Europe par un cadre réglementaire garantissant l'accès aux réseaux des opérateurs dominants;

49.

est convaincu que les investissements dans l'infrastructure de haut débit de prochaine génération sont clairement essentiels pour l'avènement de l'économie et de la société numériques, mais que pour maximiser les investissements, il est nécessaire que les politiques en matière de télécommunications permettent à tous les acteurs de faire des investissements efficaces en leur donnant un accès effectif à des actifs de réseaux non duplicables et à des produits d'accès de gros adaptés à leur finalité;

50.

invite la Commission à baser ses décisions et ses propositions de politiques sur une analyse minutieuse et impartiale de jeux de données corrects, pertinents et indépendants; met notamment en évidence les doutes quant à l'exactitude des données présentées concernant la sous-performance de l'Union dans le haut débit à grande vitesse, notamment les vitesses dont bénéficient les utilisateurs finaux, les investissements dans l'infrastructure et la situation financière du secteur dans une comparaison mondiale;

51.

rappelle que la neutralité du réseau est de la plus haute importance pour éviter les discriminations entre les services sur l'internet et pour garantir la concurrence;

52.

souligne qu'il est essentiel de s'attaquer à la fragmentation du marché unique numérique, notamment en examinant la nature des barrières présentes dans des secteurs clés de ce marché, de garantir un internet ouvert et d'inscrire la neutralité de l'internet dans le droit européen, de manière que tout le trafic internet soit traité de la même façon, sans discrimination ni restriction ou interférence, afin d'encourager la concurrence et de stimuler la croissance, la compétitivité et la confiance des consommateurs dans le secteur numérique; est d'avis que les normes ouvertes et l'interopérabilité contribuent à une concurrence équitable; souligne la nécessité d'une politique de la concurrence qui soit tournée vers l'avenir et qui prenne en considération les nouveaux modes de vente en ligne;

53.

souligne que les efforts déployés pour favoriser une concurrence libre et équitable, notamment par l'établissement du marché unique numérique, ainsi que d'autres aspects du secteur des services, devraient servir les intérêts des consommateurs et des PME; réaffirme que ces efforts permettront d'élargir le choix des consommateurs et de mettre en place un environnement où les PME et les microentreprises peuvent faire preuve de davantage d'innovation et de créativité; estime que des actions rapides de la part des autorités de régulation et de contrôle contre les pratiques trompeuses et déloyales sont essentielles à la mise en œuvre de la politique de la concurrence;

Économie du partage

54.

invite la Commission à étudier comment intégrer l'essor de l'économie du partage dans la législation européenne; estime qu'une telle adaptation est nécessaire pour créer des conditions égales garantissant une concurrence équitable entre tous les acteurs concernés;

55.

estime que les entreprises de l'économie du partage doivent payer des impôts et respecter la réglementation au même titre que les entreprises traditionnelles puisque, dans le cas contraire, leur activité fausserait la concurrence et aurait des conséquences budgétaires négatives pour les finances des États membres;

56.

souligne que l'examen effectif du comportement des entreprises dominantes et une réaction rapide en cas d'abus sont particulièrement importants dans la mesure où les pratiques illégales risquent de chasser rapidement du marché les petites entreprises concurrentes innovantes;

57.

observe que le manque de réglementation de l'économie du partage donne un avantage inéquitable à certaines entreprises tout en décourageant les investissements dans les secteurs concernés;

Marchés publics

58.

invite les États membres à mettre en œuvre en temps utile les nouvelles règles de l'Union relatives aux marchés publics, notamment les dispositions sur les critères liés à l'objet du contrat, y compris les caractéristiques sociales, environnementales et innovantes, et celles sur l'administration en ligne, la passation de marchés en ligne et la division par lots, afin de favoriser une concurrence équitable et de garantir l'optimisation des deniers publics pour les pouvoirs publics; prie instamment la Commission de garantir leur application autant que possible de manière à faire face aux distorsions de la concurrence causées par la manipulation des procédures d'appel d'offres, les abus de positions dominantes, la discrimination et le manque d'accès pour les PME; invite la Commission à inscrire ses actions dans un cadre mondiale en faisant le lien entre la politique de concurrence de l'Union sur le territoire européen et la promotion de l'ouverture des marchés publics hors de l'Union;

59.

souligne qu'il importe que la Commission donne des orientations claires et détaillées aux entreprises, et notamment aux PME, ainsi qu'aux pouvoirs publics, afin de les aider à comprendre la législation récemment adoptée en matière de marchés publics et, en particulier, les nouveaux assouplissements que celle-ci offre;

60.

invite la Commission à surveiller attentivement la centralisation des achats dans le secteur des marchés publics pour éviter une concentration excessive du pouvoir d'achat et le risque de collusion, et pour préserver les possibilités d'accès au marché pour les petites et moyennes entreprises en accord avec le Small Business Act européen;

61.

invite la Commission, dans le cadre de ses procédures de marchés publics, à augmenter, par l'intermédiaire de ses directions générales et de ses agences, le nombre de ses attributions de marché avec des marchés de faible valeur et des marchés de plus de 193 000 EUR, plutôt que de recourir presque exclusivement aux contrats-cadres, qui constituent des obstacles à l'ouverture des marchés publics aux PME européennes, en ne favorisant que les grandes entreprises et les consortiums situés à proximité des centres de décision;

Services financiers

62.

demande pour la quatrième fois consécutive qu'il soit mis rapidement fin au régime d'aides d'État en contexte de crise pour le secteur bancaire; reconnaît que la communication de la Commission d'août 2013 concernant le secteur bancaire n'est pas suffisante pour protéger les contribuables européens et limiter le montant d'aide que les banques peuvent recevoir; souligne que les aides d'État en faveur du système bancaire n'ont ni augmenté le volume de crédit ni rétabli la confiance; prie instamment la Commission de surveiller de près le secteur bancaire afin de renforcer la concurrence sur les marchés bancaires européens et de profiter ainsi au maximum aux citoyens de l'Union; souligne la nécessité de revenir dès que cela sera possible pour le secteur bancaire à l'application traditionnelle du contrôle des aides d'État;

63.

souligne la contribution de la politique de lutte contre les ententes pour rendre le secteur des services financiers plus transparent;

64.

juge regrettable que la Commission n'ait pris aucune mesure pour remédier aux abus commis lors de la restructuration des banques privées, et notamment les abus à l'encontre des petits déposants et des petits détenteurs d'instruments financiers tels que des actions privilégiées, qui ont souvent été commercialisées en ne respectant pas pleinement la législation de l'Union;

65.

invite la Commission à surveiller étroitement le secteur financier afin de renforcer la concurrence et la protection des investisseurs et des consommateurs sur le marché bancaire et le marché des placements en Europe; observe que la consolidation dans le secteur bancaire a augmenté la part de marché de plusieurs établissements financiers, qui sont plus grands qu'avant la crise, et que le secteur des investissements financiers a progressé simultanément sans aucun bénéfice pour l'économie réelle de l'Union; est convaincu que, pour préserver le fonctionnement du marché unique, il est nécessaire d'assurer des conditions égales aux différents acteurs du secteur financier et de prendre des mesures pour éviter le recul de la transparence et l'apparition d'organisations similaires à des ententes;

66.

reconnaît le rôle important joué par le contrôle des aides d'État depuis le début de la crise en tant que mécanisme de restructuration et de résolution pour les banques en détresse;

67.

estime que le contrôle des aides d'État pendant la crise devrait mettre l'accent sur la stabilisation du système bancaire et sur la lutte contre la segmentation injuste des conditions de crédit et contre les discriminations à l'encontre des PME sur le marché unique;

68.

estime que la Commission devrait envisager la possibilité de lier les aides d'État aux banques à des conditions d'octroi de crédits aux PME;

69.

est convaincu que la réglementation bancaire devrait tenir compte du fait que les petits établissements possèdent moins de ressources pour garantir leur conformité, et donc être aussi simples que possible afin d'éviter de fausser la concurrence en faveur des grandes banques;

70.

prie instamment la Commission de contrôler de près les marchés du secteur bancaire présentant une concentration forte ou croissante, notamment du fait des restructurations en réponse à la crise; rappelle que les marchés oligopolistiques sont particulièrement enclins aux pratiques anticoncurrentielles; craint que cette concentration ne porte finalement préjudice aux consommateurs;

71.

prie instamment la Commission de faire en sorte que les banques, avant de recevoir des aides d'État, vendent leurs participations dans d'autres entreprises, réduisant ainsi le fardeau supporté par le contribuable;

72.

estime qu'une attention particulière doit être accordée à la fragmentation du marché des paiements électroniques par carte, et notamment à des situations comme la perte de service lorsqu'un consommateur passe dans un autre État membre;

73.

se félicite de l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne du 11 septembre 2014 sur les mesures tarifaires anticoncurrentielles liées aux cartes de crédit, ainsi que des actions entreprises avec succès par la Commission pour garantir que les processus de normalisation du secteur des paiements n'affectent pas l'entrée sur le marché et l'innovation; réaffirme la position du Parlement selon laquelle un plafonnement des frais de paiement par carte doit être mis en place afin de réduire les coûts inutiles à la charge du consommateur; dans ce contexte, demande à la Commission d'accélérer le processus de schématisation du travail de normalisation pour les paiements mobiles, tout en veillant à ce qu'aucune action prise n'exclue de nouveaux entrants ou ne favorise des acteurs dominants, et à ce que le cadre réglementaire soit technologiquement neutre afin de faciliter les futures évolutions technologiques;

74.

est convaincu que les externalités des évolutions dans ce secteur devraient faire l'objet d'un suivi minutieux; s'inquiète du développement de normes différentes parmi des concurrents égaux en conséquence de la normalisation des règlements financiers;

75.

note les progrès considérables accomplis depuis 2008 dans la réglementation du secteur financier; souligne la nécessité de continuer de s'attaquer au problème des établissements financiers trop importants pour faire faillite, qui continuent par conséquent de bénéficier de subventions implicites; estime qu'une analyse globale des aspects concurrentiels de la nouvelle réglementation financière de l'Union devrait être incluse dans le rapport à venir de la commission ECON sur l'évaluation de l'impact et le bilan de la législation sur les services financiers afin de garantir la compétitivité, en toutes circonstances, des banques de l'Union européenne par rapport aux établissements financiers internationaux;

Aides d'État fiscales

76.

s'inquiète des pratiques fiscales potentiellement illégales des entreprises dans les États membres et demande à la Commission d'achever ses enquêtes en cours sur les rescrits fiscaux aussi vite que possible en utilisant tous les éléments de preuve disponibles; demande un traitement prioritaire pour les enquêtes portant sur des allègements fiscaux qui pourraient constituer une forme d'aides d'État non autorisées; souligne qu'une concurrence fiscale plus loyale est indispensable pour l'intégrité du marché intérieur, la viabilité des finances publiques et des conditions de concurrence équitables;

77.

met en exergue la publication des documents dits «LuxLeaks» par le Consortium international des journalistes d'investigation; salue la promesse de la commissaire chargée de la concurrence de mener une enquête approfondie et indépendante sur les pratiques des États membres en matière de rescrits fiscaux et d'évaluer leur conformité avec les règles de l'Union européenne en matière de concurrence; constate que l'évasion fiscale pratiquée par certaines entreprises fausse la concurrence sur le marché unique; encourage la Commission à mettre en œuvre les règles de l'Union en matière de contrôle des aides d'État avec vigilance;

78.

invite le président de la Commission à garantir l'indépendance des enquêtes actuelles et futures sur les pratiques des États membres en matière de rescrits fiscaux sous la direction de la commissaire chargée de la concurrence; insiste pour que le Parlement soit informé de l'avancement de ces enquêtes pour garantir leur transparence et leur indépendance; invite la Commission à présenter le plus rapidement possible un rapport présentant ses conclusions; rappelle que la commissaire chargée de la concurrence s'est engagée à envisager parallèlement les conséquences plus larges pour la concurrence des pratiques agressives d'évasion fiscale adoptées par les entreprises et encouragées par les États et à étendre son enquête si cela devait s'avérer nécessaire une fois les faits réunis;

Industrie agroalimentaire

79.

invite la Commission, lors de sa prochaine révision de la réforme de la PAC, à examiner le cofinancement des crédits virés, à veiller à la simplification des mesures de surfaces d'intérêt écologique portant sur la compétitivité, et à réaliser un examen des critères de surfaces d'intérêt écologique neutres au regard de la concurrence pour les cultures dérobées et les cultures de plantes fixant l'azote;

80.

invite la Commission, à la suite de son analyse récente de l'incidence économique du commerce de détail moderne sur le choix et l'innovation dans le secteur européen des produits alimentaires, à examiner l'effet potentiel des grands supermarchés qui dominent le marché à un point tel que leur pouvoir d'achat collectif fausse la concurrence entre les chaînes d'approvisionnement, en Europe comme dans le monde en développement;

Secteur pharmaceutique et secteur des services de santé

81.

observe que ce secteur est fragmenté en raison de la réglementation nationale; salue la contribution de la politique de concurrence de l'Union dans la lutte contre les obstacles artificiels à l'entrée;

82.

est favorable à la prise en considération spécifique des médicaments et procédures innovants dans l'évaluation de la fixation transitoire des tarifs;

83.

note que la politique de concurrence peut contribuer à améliorer l'accès aux produits pharmaceutiques génériques;

Transport et services postaux

84.

invite la Commission et les États membres à garantir des conditions d'égalité permettant une concurrence libre mais également équitable dans tous les modes de transport; estime que bon nombre des particularités nationales du droit des transports doivent toutefois être dûment prises en considération dans ce contexte; souligne que l'infrastructure de transport est un élément essentiel de la survie et du bien-être des personnes physiques et morales, en particulier dans les régions faiblement peuplées et les îles de la périphérie;

85.

invite la Commission et les États membres à intensifier leurs efforts afin de garantir une concurrence équitable et une meilleure qualité de service dans le secteur ferroviaire, ainsi que dans la gestion des réseaux portuaires et aéroportuaires, surtout dans les cas où leur gestion est un monopole du gouvernement central; souligne que la concurrence n'implique pas nécessairement de privatiser les services existants; invite également la Commission à veiller à ce que les transporteurs n'abusent de leur position dominante dans certains aéroports;

86.

estime que la Commission devrait renforcer davantage les liens entre la politique de concurrence et la politique en matière de transports afin d'améliorer la compétitivité du secteur européen des transports, et continuer à progresser vers l'achèvement du marché unique des transports;

87.

demande instamment à la Commission d'achever la mise en œuvre d'un espace ferroviaire unique européen, de garantir une parfaite transparence dans les flux de fonds entre les gestionnaires d'infrastructures et les entreprises ferroviaires et de s'assurer que chaque État membre dispose d'un régulateur national indépendant fort;

88.

souligne que le marché unique dans le secteur du transport ferroviaire de marchandises souffre de la transposition incomplète ou incorrecte de la législation européenne par les États membres et par les freins à la mobilité transfrontalière qui nuisent à la concurrence et à la croissance; invite la Commission à déterminer si les obstacles techniques ou de marché variant d'un État membre à l'autre, comme les écartements de voie, l'approvisionnement en énergie et les systèmes de signalisation, peuvent être considérés comme des infractions aux règles de la concurrence;

89.

invite la Commission à fournir une vue d'ensemble motivée afin de déterminer si les transporteurs aériens bénéficient d'avantages par rapport aux autres prestataires de services du fait de conditions spéciales ou des abus présumés de leur position dominante dans certains aéroports;

90.

s'inquiète des différences de mise en œuvre et d'application, par les États membres, de la réglementation relative au transport international routier, par exemple les réglementations relatives au cabotage et aux temps de repos, ainsi que des éventuelles pratiques de dumping social au sein des services de transport au sens large, et estime qu'il convient de se pencher sur ces problèmes;

91.

se félicite de l'initiative prise par la Commission à l'encontre des sociétés internationales de location d'automobiles en vue de mettre fin à des pratiques qui empêchent les consommateurs d'accéder aux meilleurs prix disponibles à cause de leur pays de résidence; souligne que les consommateurs ne doivent pas se trouver dans l'incapacité de profiter du meilleur prix disponible lors de l'achat de biens ou de services au sein du marché unique.

92.

invite la Commission à prendre des mesures pour réduire la fragmentation du secteur de la location de voitures étant donné qu'à l'heure actuelle, les réglementations nationales augmentent fortement les coûts des mouvements transfrontaliers, ce qui porte préjudice au marché unique;

93.

souligne que les efforts visant à rendre l'Union plus compétitive doivent toujours viser l'intérêt public; reconnaît le lien entre une politique européenne de concurrence efficace et la nécessité d'investissements importants dans les services publics essentiels, et notamment dans les services de transport;

Culture et sports

94.

exhorte la Commission à se pencher sur les pratiques restrictives et abusives des fédérations sportives internationales, comme le fait de refuser à leurs membres le droit de participer à des événements sportifs alternatifs non approuvés par ces fédérations et d'exclure à vie les athlètes, responsables et entraîneurs de compétitions telles que les Jeux olympiques et les championnats du monde en cas de non-respect de ces conditions;

Dimension internationale

95.

demande l'inclusion d'un chapitre sur la concurrence afin d'inscrire des dispositions concernant la lutte contre les infractions aux règles de concurrence, les concentrations, les entreprises publiques, les subventions et les inégalités d'accès au marché, dans le cadre du partenariat transatlantique de commerce et d'investissement; demande une couverture médiatique neutre sur les mesures, problèmes et avancées dans ces accords;

96.

reconnaît la nécessité pour la Commission de renforcer le rôle de la politique de concurrence dans la coopération économique internationale, y compris par une coopération avec les agences chargées de la concurrence au niveau mondial, et la soutient dans cette démarche; rappelle qu'une coopération de ce type en matière de réglementation et d'application contribue à garantir des conditions égales pour les entreprises européennes actives sur les marchés mondiaux;

97.

souligne qu'une application effective des principes du droit de la concurrence à l'ère de la mondialisation ne peut se passer de la coopération internationale; invite dès lors la Commission européenne à imposer la coopération internationale dans les questions relevant du droit de la concurrence;

98.

invite la Commission à examiner la possibilité de conclure avec davantage d'États tiers des accords de coopération en matière de concurrence qui permettraient un échange d'informations entre les autorités de la concurrence dans le cadre de leurs enquêtes; souligne que l'accord de coopération en matière de concurrence récemment conclu avec la Suisse peut servir à cet égard d'exemple pour d'autres accords de ce type;

Rôle du Parlement européen

99.

souligne la disposition figurant dans l'accord-cadre prévoyant que le Parlement et le Conseil se trouvent sur un pied d'égalité en matière d'accès aux réunions et de communication d'informations en ce qui concerne l'élaboration de la législation, contraignante ou non contraignante, dans le domaine de la politique de concurrence;

100.

souligne le rôle essentiel joué par le Parlement européen pour représenter les intérêts des consommateurs européens dans l'application correcte des règles de la concurrence;

101.

se félicite du rôle de colégislateur dont bénéficie le Parlement pour la directive sur les actions en dommages et intérêts pour les infractions au droit de la concurrence et considère les travaux sur cette directive comme un modèle à suivre pour la coopération interinstitutionnelle future en matière de concurrence;

102.

réaffirme que la Commission doit rendre compte de toutes ses actions et suivre les résolutions du Parlement dans l'élaboration de la politique de concurrence;

103.

invite la commissaire en charge de ce domaine à s'engager à participer à des réunions fréquentes avec la ou les commissions pertinentes du Parlement ainsi qu'avec le groupe de travail sur la concurrence de la commission des affaires économiques et monétaires;

104.

estime que le Parlement européen devrait jouir du pouvoir de codécision en matière de politique de concurrence; déplore que les articles 103 et 109 du traité FUE prévoient uniquement la consultation du Parlement; estime qu'un tel déficit démocratique ne saurait être toléré; propose dès lors d'y remédier dès que possible, au moyen d'accords interinstitutionnels dans le domaine de la politique de concurrence, et de rectifier la situation lors de la prochaine modification du traité;

Priorités de la Commission en matière de politique de concurrence

105.

souligne le rôle de la commissaire en charge de la concurrence dans la promotion de l'emploi et de la croissance, ainsi que dans le marché unique numérique, la politique énergétique, les services financiers, la politique industrielle et la lutte contre l'évasion fiscale;

106.

prie instamment la Commission d'élaborer des lignes directrices et des procédures dans le cadre du réseau européen de la concurrence afin de garantir un contrôle efficace de la conformité des rescrits fiscaux des États membres avec les règles en matière d'aides d'État;

107.

se félicite que la Commission se soit engagée à appliquer efficacement les règles de concurrence dans les domaines de la lutte contre les infractions aux règles de concurrence et des ententes, des concentrations et des aides d'État, en faisant évoluer les instruments de concurrence au fur et à mesure des évolutions du marché tout en promouvant une culture de concurrence innovante, tant dans l'Union européenne qu'à l'échelle mondiale;

108.

invite la Commission à évaluer son traitement des récentes affaires d'infractions aux règles de la concurrence et à se pencher sur les préoccupations de forme qui se sont fait jour;

109.

invite la Commission à élaborer de façon coordonnée des propositions en matière de concurrence fiscale et à les soumettre au Conseil;

110.

invite la Commission à continuer de rendre compte annuellement au Parlement des évolutions et des effets de l'application de la politique de concurrence;

111.

salue les engagements pris par la commissaire au cours de son audition, notamment au regard de la collaboration future et du renforcement des relations avec le Parlement européen;

112.

invite la Commission à promouvoir plus résolument une politique de concurrence active en tant que pilier de l'économie sociale de marché;

113.

est d'avis qu'une compilation des cas au titre d'indicateur de la concurrence devrait être mise rapidement à la disposition des consommateurs et des entreprises;

114.

attire l'attention sur l'ambiguïté persistante existant dans de nombreux États membres au moment de déterminer si le soutien à des centres européens des consommateurs est considéré comme une aide d'État illégale; s'inquiète de voir le soutien à ces centres ainsi mis en danger; invite la Commission à apporter dès que possible des précisions aux États membres sur la nécessité de notifier ces aides, afin de continuer de garantir les services de soutien aux centres européens des consommateurs;

115.

invite la Commission européenne et les États membres à obliger tous les échelons de pouvoir politiques en particulier à un respect strict des dispositions en matière d'aides d'État;

116.

demande la création d'un organe commun du Parlement, du Conseil, de la Commission et du milieu universitaire, qui analyse l'orientation et le développement à long terme de la politique de la concurrence dans des secteurs d'avenir tels que l'économie numérique ou le secteur de l'énergie;

117.

demande une analyse sans tabou de la politique fiscale à défendre au niveau national, eu égard à des politiques fiscales déloyales et à des réglementations et exceptions fiscales générant des distorsions de concurrence, afin de pouvoir prendre à l'avenir des mesures efficaces contre ces pratiques;

o

o o

118.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et aux autorités nationales de la concurrence.


(1)  JO L 1 du 4.1.2003, p. 1.

(2)  JO L 61 du 5.3.2009, p. 1.

(3)  JO L 349 du 5.12.2014, p. 1.

(4)  JO C 167 du 13.6.2013, p. 19.

(5)  JO L 201 du 26.7.2013, p. 60.

(6)  JO C 120 du 26.4.2013, p. 22.

(7)  JO L 24 du 29.1.2004, p. 1.

(8)  JO C 270 du 25.10.2008, p. 8.

(9)  JO C 10 du 15.1.2009, p. 2.

(10)  JO C 72 du 26.3.2009, p. 1.

(11)  JO C 195 du 19.8.2009, p. 9.

(12)  JO C 16 du 22.1.2009, p. 1.

(13)  JO C 6 du 11.1.2011, p. 5.

(14)  JO C 216 du 30.7.2013, p. 1.

(15)  JO C 8 du 11.1.2012, p. 4.

(16)  JO L 7 du 11.1.2012, p. 3.

(17)  JO C 8 du 11.1.2012, p. 15.

(18)  JO L 114 du 26.4.2012, p. 8.

(19)  JO C 153 E du 31.5.2013, p. 51.

(20)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0026.

(21)  JO C 184 du 22.7.2008, p. 13.

(22)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0267.

(23)  JO L 304 du 20.11.2010, p. 47.

(24)  JO C 304 E du 1.12.2005, p. 114.

(25)  JO C 293 E du 2.12.2006, p. 143.

(26)  JO C 146 E du 12.6.2008, p. 105.

(27)  JO C 87 E du 1.4.2010, p. 43.

(28)  JO C 349 E du 22.12.2010, p. 16.

(29)  JO C 136 E du 11.5.2012, p. 60.

(30)  JO C 239 E du 20.8.2013, p. 97.

(31)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0268.

(32)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0576.

(33)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0079.

(34)  COM(2014)0449 du 9 juillet 2014.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/30


P8_TA(2015)0052

Rapport annuel 2013 de la Banque centrale européenne

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur le rapport annuel de la Banque centrale européenne pour l'année 2013 (2014/2157(INI))

(2016/C 316/03)

Le Parlement européen,

vu le rapport annuel 2013 de la Banque centrale européenne,

vu les statuts du Système européen de banques centrales et de la Banque centrale européenne, et en particulier leur article 15,

vu l'article 284, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (le «traité FUE»),

vu les articles 126 et 132, paragraphe 1, de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires et l'avis de la commission de l'emploi et des affaires sociales (A8-0011/2015),

A.

considérant que, selon les prévisions du printemps 2014 des services de la Commission, le PIB de la zone euro a reculé de 0,4 % en 2013, après avoir baissé de 0,7 % en 2012, et que les services de la Commission prévoient une reprise, avec une hausse du PIB de 1,2 % en 2014 puis de 1,7 % en 2015; que les prévisions de l'automne 2014 des services de la Commission ont revu les projections de croissance à la baisse, avec une hausse attendue du PIB de seulement 0,8 % en 2014 et de 1,1 % en 2015 accompagnée d'importants risques à la baisse;

B.

considérant que, selon les prévisions d'automne, le chômage de la zone euro a augmenté, passant de 11,3 % à la fin de 2012 à 11,9 % à la fin de 2013, et qu'il se maintient à des niveaux élevés en 2014;

C.

considérant que des écarts significatifs sont observés entre les taux de chômage des différents États membres, qui vont de 5 % à 26 %; que les taux de chômage des jeunes, encore plus élevés, atteignent près de 50 % dans certains États membres; que les écarts entre les taux de chômage aggravent les divergences économiques entre les États membres;

D.

considérant que le succès de l'annonce du programme d'opérations monétaires sur titres (OMT), qui a fait baisser les taux d'intérêt créditeurs, ne devrait pas constituer pour les États membres l'occasion de se dérober aux réformes structurelles visant à encourager le potentiel de croissance et à atteindre l'objectif de viabilité budgétaire à moyen terme; que les tendances en matière d'emploi et de réduction de la pauvreté mettent en péril la réalisation des objectifs nationaux de la stratégie Europe 2020;

E.

considérant qu'en 2013 la Banque centrale européenne (BCE) a diminué ses taux directeurs en mai puis à nouveau en novembre, abaissant le taux d'intérêt appliqué aux opérations principales de refinancement à 0,25 %; qu'à la suite des mesures supplémentaires de politique monétaire annoncées depuis début 2014, le taux des opérations principales de refinancement s'établit désormais à 0,05 % tandis que le taux d'intérêt de la facilité de dépôt est de -0,20 %;

F.

considérant que la baisse des taux d'intérêt réels ne s'est traduit ni par une hausse des crédits alloués aux ménages ou aux entreprises ni par une croissance du PIB ou une création d'emplois;

G.

considérant que la situation financière consolidée de l'Eurosystème atteignait 2 285 milliards d'euros à la fin de 2013, ce qui représente une baisse d'environ 25 % sur l'année 2013;

H.

considérant que les actifs non négociables ont été le principal composant des actifs donnés en garantie à l'Eurosystème au cours de l'année 2013, représentant 25 % du total; que les titres non négociables et les titres adossés à des actifs représentent conjointement près de 40 % des actifs donnés en garantie;

I.

considérant que, d'après les prévisions de l'automne 2014 des services de la Commission, le taux d'inflation moyen dans la zone euro est passé de 2,5 % en 2012 à 1,4 % en 2013; que l'inflation dans la zone euro poursuit sa baisse ininterrompue depuis début 2014 avec un taux estimé de 0,5 % pour l'année et atteignant à peine 0,3 % en septembre; que le taux d'inflation de l'indice global des prix à la consommation harmonisé (IPCH) est tombé, dans certains États membres, à un pourcentage inférieur ou égal à 0 % en septembre 2014 et qu'il ne devrait pas atteindre l'objectif fixé en 2015;

J.

considérant que la diminution des prix de l'énergie, et en particulier du pétrole, est l'un des principaux facteurs contribuant à la baisse des taux d'inflation dans la zone euro;

K.

considérant que l'investissement public et privé dans la zone euro stagne à des niveaux très inférieurs à ceux enregistrés avant le début de la crise; qu'il est de pratique courante dans les grandes entreprises d'utiliser le contexte de l'abondance de liquidités pour réaliser des rachats de dettes intéressés plutôt que de nouveaux investissements; que la part relative de l'investissement en pourcentage du PIB déclinait déjà sans interruption avant la crise et qu'il était urgent de la relancer;

L.

considérant que le taux de croissance annuel de l'agrégat monétaire M3 a poursuivi son ralentissement, passant de 3,5 % en décembre 2012 à 1 % en décembre 2013;

M.

considérant que la tendance négative des crédits accordés au secteur privé s'est encore accentuée, avec un taux de variation annuel de -2,3 % en décembre 2013, contre -0,7 % en décembre 2012; que le manque de crédits octroyés aux PME dans certains États membres constitue l'un des principaux problèmes retardant la reprise économique; qu'il y a eu une baisse des prêts accordés aux PME de l'ordre de 35 % entre 2008 et 2013; qu'il est essentiel de faciliter le flux de crédit en faveur des PME, celles-ci employant 72 % de la main-d'œuvre de la zone euro et présentant un taux de création brute d'emplois plus élevé que les grandes entreprises;

N.

considérant que la fragmentation financière pose toujours un problème majeur, les PME étant exposées à des conditions d'emprunt beaucoup plus onéreuses, en particulier dans les pays de la zone euro connaissant déjà de graves difficultés économiques, ce qui génère des distorsions au sein du marché unique, retarde la reprise et amplifie les divergences entre pays; que les résultats de l'évaluation complète des banques européennes devraient avoir une incidence positive sur les politiques monétaires actuelles et sur la disposition des banques à accroître leurs activités de prêts, en particulier en faveur de l'économie réelle;

O.

considérant que la taille du bilan de l'Eurosystème n'a cessé de se réduire tout au long de 2013, ce qui reflète le remboursement des fonds des opérations de refinancement à long terme (ORLT) par les banques;

P.

considérant que le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé en juillet 2013 de fournir des indications sur l'orientation future de la politique monétaire, déclarant s'attendre à ce que les taux directeurs demeurent à leurs niveaux actuels, voire baissent, pendant une période prolongée;

Q.

considérant que les effets d'un possible assouplissement quantitatif dans la zone euro seraient probablement atténués par une intermédiation de crédit excessive dans le secteur bancaire;

R.

considérant que, aux termes de l'article 282 du traité FUE, l'objectif principal du Système européen des banques centrales (SEBC) est de maintenir la stabilité des prix; qu'en vertu de l'article 127 du traité FUE, sans préjudice dudit objectif principal, le SEBC est tenu d'apporter son soutien aux politiques économiques générales dans l'Union; que l'article 123 du traité FUE et l'article 21 des statuts du SEBC et de la BCE interdisent l'acquisition directe par les banques centrales nationales ou la BCE des instruments de leur dette auprès des autorités et organismes publics nationaux ou de l'Union européenne; qu'il s'agissait d'une condition sine qua non de la participation de plusieurs États membres à l'Union monétaire européenne; que ces acquisitions sont autorisées sur les marchés secondaires;

Politique monétaire

1.

salue la réactivité de la BCE dans un contexte particulièrement difficile, et le fait que la politique monétaire vise à tempérer le niveau d'agitation sur les marchés financiers au sein de la zone euro et à rétablir la confiance des investisseurs dans la monnaie unique; salue la détermination de la BCE à faire ce qui est nécessaire pour sauver l'euro; constate la réduction généralisée positive des rendements nationaux à long terme — notamment dans les pays de la zone euro les plus endettés — qui atteignent des niveaux sans précédent depuis le début de la crise; observe que les faibles rendements ne se sont pas traduits par une création d'emplois ou de croissance, dont l'absence menace la stabilité financière;

2.

constate que le recours aux principales opérations de refinancement, aux opérations de refinancement à moyen terme et à long terme à taux fixe avec attribution intégrale des soumissions, à la facilité de prêt marginal, à l'aide d'urgence en cas de crise de liquidités et à la facilité de dépôt s'est maintenu à des niveaux très élevés tout au long de l'année 2013, ce qui témoigne d'entraves persistantes au mécanisme de transmission monétaire et au marché des prêts interbancaires dans la zone euro, même si la situation s'est considérablement améliorée par rapport aux années précédentes, comme l'indique la stabilisation des écarts, la normalisation progressive sur les marchés interbancaires et la réduction des déséquilibres de Target II;

3.

se félicite de la stabilisation des déséquilibres de Target II tout au long de l'année 2013; souligne que le système de règlement Target II a joué un rôle crucial pour sauvegarder l'intégrité du système financier de la zone euro;

4.

demeure vivement préoccupé par l'apathie persistante de l'activité économique, le PIB de la zone euro pour 2013 affichant, pour la deuxième année consécutive, une croissance négative, et une croissance faible au cours des trois premiers trimestres de 2014, cette situation s'accompagnant, dans de nombreux États membres de la zone euro, de taux de chômage dont les niveaux élevés menacent la stabilité de la zone euro et sapent le soutien populaire et politique en faveur du projet européen;

5.

souligne son inquiétude face au déclin constant du taux d'inflation dans la zone euro depuis 2011, qui s'accompagne de différentiels de taux d'inflation entre les États membres; souligne l'écart important constaté aujourd'hui entre l'objectif explicite de la BCE consistant à maintenir l'inflation à un niveau inférieur à 2 %, mais proche de ce seuil à moyen terme, et les taux d'intérêt actuels proches de zéro, voire négatifs, dans plusieurs États membres de la zone euro; est préoccupé par le risque, reconnu par le président de la BCE, que les tendances déflationnistes actuelles compromettent l'ancrage des anticipations d'inflation à moyen et long termes;

6.

reconnaît que le processus d'ajustement en cours des bilans dans les secteurs financier et non financier, combiné à des taux de chômage élevés, a continué de freiner l'activité économique dans la zone euro en 2013;

7.

observe avec attention les risques possibles de déflation; rappelle qu'un taux d'inflation proche de zéro dans la zone euro nuit à l'efficacité de la politique monétaire; croit comprendre que la BCE explique la très faible inflation par des effets à court terme, et escompte que l'objectif à moyen terme sera atteint sans un passage par une phase déflationniste; note toutefois que les prévisions en matière d'inflation pour 2015 et 2016 ont été revues une nouvelle fois à la baisse par la BCE, respectivement de 0,1 % et 0,2 %;

8.

souligne que le niveau d'inflation non conforme à l'objectif attendu pour les années à venir, aura une incidence sur les programmes de réduction de la dette publique de plusieurs États membres;

9.

souligne qu'étant donné la perspective de poursuite de politiques accommodantes, telles qu'un assouplissement quantitatif, et compte tenu des défis juridiques actuels posés par le programme d'opérations monétaires sur titres, il est indispensable d'assurer la clarté et la sécurité juridiques pour que ces instruments puissent être mis en œuvre de manière effective, en gardant à l’esprit les conclusions de l'avocat général à la Cour de justice de l'Union européenne, Pedro Cruz Villalón, du 14 janvier 2015 dans l'affaire C-62/14;

10.

souligne que les faibles coûts d'emprunt pour les États membres vont de pair avec la hausse de l'endettement public, qui est proche ou supérieur à 100 % du PIB dans de nombreux cas, et met en garde contre le fait qu'une nouvelle crise pourrait aboutir à une réévaluation du risque par les marchés financiers;

11.

souligne que la BCE, dans ses projections publiées en 2013, n'avait pas prévu la combinaison actuelle entre une croissance atone, une très faible inflation et même des signes déflationnistes; appelle, dans ce contexte, à une interprétation prudente des prévisions actuelles de renforcement de la croissance économique et de regain d'inflation en 2015 et 2016;

12.

estime que les bilans médiocres touchent non seulement les banques, mais ont aussi des répercussions négatives sur les entreprises et les autres acteurs privés, car un manque de capital et de finances empêche les entreprises de rester compétitives, de se développer et en définitive de maintenir ou de créer des emplois;

13.

estime qu'il est primordial de créer les conditions d'une relance des investissements, tant publics que privés, dans la zone euro, compte tenu du fait que, bien que la BCE poursuive son action visant à maintenir des conditions de financement favorables, les investissements n'ont pas encore repris; demande aux États membres, dans ce contexte, de se pencher sur les causes sous-jacentes de la fragmentation financière, comme les structures de risque divergentes qui rendent le prêt plus coûteux dans les pays concernés; demande également aux États membres de mettre en place les réformes structurelles appropriées pour rétablir un environnement favorable aux entreprises, en particulier en mettant en œuvre les recommandations par pays;

14.

encourage la BCE à tenir compte, dans sa politique de croissance du bilan, de l'achat d'emprunts obligataires pour le financement de projets de la BEI, qui financent certains des investissements les plus productifs de la zone euro, en particulier des projets retenus par la Commission pour leur valeur ajoutée européenne après réalisation d'une analyse coûts-avantages, et notamment les projets RTE-T dans le domaine de l'énergie et des transports et les projets liés au marché unique numérique;

15.

constate que M. Draghi, lors de son discours à l'occasion de la conférence annuelle des banques centrales à Jackson Hole le 22 août 2014, a déclaré qu'il y avait lieu d'agir sur les deux volets de l'économie, en faisant observer: que les politiques en matière de demande globale doivent s'accompagner de politiques et de réformes structurelles nationales; que, du côté de la demande, la politique monétaire peut et doit jouer un rôle central, celle d'aujourd'hui se devant d'être une politique monétaire accommodante pendant une période prolongée; qu'il existe une marge de manœuvre pour que la politique budgétaire joue un rôle accru aux côtés de la politique monétaire, tout en tenant compte de la viabilité de la dette publique; et qu'alors qu'une réorganisation des investissements publics est nécessaire à la fois pour stimuler de nouveaux investissements privés et faciliter des réformes structurelles, il y a également lieu de placer l'accent sur des mesures budgétaires appropriées;

16.

est d'accord avec M. Draghi, pour qui la souplesse des règles existantes du pacte de stabilité et de croissance pourrait permettre de mieux aborder la question de la faible reprise et de dégager des moyens pour le financement des réformes structurelles nécessaires;

17.

est d'accord avec M. Draghi, pour qui une marge existe en vue de parvenir à une composition des politiques budgétaires plus favorable à la croissance et de diminuer la charge fiscale d'une manière neutre sur le plan budgétaire;

18.

est d'accord avec M. Draghi, pour qui des mesures complémentaires au niveau de l'Union européenne s'imposeraient également pour garantir une position collective appropriée et un programme d'investissements publics importants;

19.

observe que la BCE a non seulement baissé ses taux directeurs et multiplié ses opérations de refinancement, mais qu'elle a également adopté des instruments innovants tels les opérations de refinancement à long terme ciblées et de nouvelles stratégies de communication telles que les indications sur l'orientation future de la politique monétaire;

20.

estime que le mécanisme de transmission est grippé, et que les instruments de politique monétaire employés par la BCE depuis le début de la crise, qui ont certes eu des effets bénéfiques sur des marchés financiers en difficulté, ne peuvent être efficaces à eux seuls pour lutter contre la fragmentation financière, stimuler la croissance ou améliorer la situation du marché de l'emploi; encourage la BCE à veiller à ce que ses politiques soient mieux adaptées à l'économie réelle, notamment en ce qui concerne les PME;

21.

est d'avis que les entraves sévères au mécanisme de transmission de la politique monétaire sont de nature à restreindre également les effets positifs des décisions de réduire les taux directeurs de la BCE; observe que des taux très bas conduisent à long terme à des distorsions parmi les entreprises et qu'ils peuvent avoir des conséquences négatives sur les dépôts d'épargne privés ainsi que l'épargne retraite;

22.

salue les mesures annoncées par la BCE en juin 2014 visant à améliorer le fonctionnement du mécanisme de transmission de la politique monétaire; constate, dans le cadre des opérations de refinancement à long terme ciblées, l'introduction sans précédent d'un lien entre les prêts accordés au secteur privé non financier par les banques et le montant de refinancement auquel celles-ci peuvent prétendre; espère que les résultats de l'examen de qualité des actifs permettront aux banques européennes d'utiliser davantage les opérations de refinancement à long terme ciblées, favorisant ainsi le transfert de liquidités vers l'économie réelle;

23.

note que la BCE a annoncé l'achat de titres adossés à des actifs et d'obligations garanties afin de permettre que les opérations de refinancement à long terme ciblées aient un effet d'assouplissement du crédit; souligne que lesdites interventions sur le marché des titres adossés à des actifs devraient être suffisamment significatives pour avoir un effet sur les taux d'emprunts des PME et réduire la fragmentation, et doivent être menées d'une manière transparente n'engendrant pas de risques excessifs pour le bilan de la BCE;

24.

souligne son inquiétude devant la fragmentation considérable des conditions de prêt aux PME dans les différents pays de la zone euro, ainsi que devant l'écart existant entre les taux de financement accordés aux PME et ceux accordés aux grandes entreprises; insiste sur le fait que ces problèmes de longue date ne trouvent pas une solution appropriée dans les mesures récemment annoncées par la BCE en vue de stimuler les prêts bancaires, et souligne que la BCE devrait se pencher sur les facteurs sous-jacents entravant l'accès des PME au crédit; invite la BCE à examiner si cet écart présente une corrélation avec la concentration dans le secteur bancaire;

25.

souligne que, grâce aux mesures annoncées en juin et en septembre 2014, le bilan de la BCE devrait retrouver la taille qu'il connaissait début 2012; observe que cette augmentation prévue requiert une vigilance accrue de la part de la BCE, en raison des risques de crédit qu'elle comporte en dernier ressort;

26.

est d'avis que le montant global des subventions implicites fournies jusqu'à présent devrait être progressivement récupéré dans l'intérêt des contribuables, dès le retour à des conditions économiques normales;

27.

constate que la BCE a déclaré, à maintes reprises, être disposée à recourir à des instruments non traditionnels supplémentaires dans les limites de son mandat, et à modifier l'envergure ou la composition de ses interventions, dans le cas où une inflation faible s'installerait pendant une période excessivement longue; demeure ouvert au recours à d'autres mesures non conventionnelles, mais souligne qu'elles ne suffiront pas sans une combinaison adéquate de politiques budgétaires, d'investissements et de réformes structurelles;

28.

souligne qu'il ne faut pas surestimer l'incidence, sur l'économie réelle, des mesures de politique monétaire non conventionnelles employées actuellement; que ces mesures sont de nature transitoire et ont pour but de donner du temps aux États membres pour assainir leurs finances publiques et mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour encourager la croissance économique et améliorer les conditions sur le marché du travail;

29.

constate que la conduite de politiques monétaires non conventionnelles pendant une période prolongée peut accroître les distorsions sur le marché des capitaux; demande à la BCE de trouver un juste équilibre entre le risque lié à l'interruption prématurée de sa politique monétaire accommodante et les risques et les coûts découlant des distorsions que ces politiques pourraient engendrer; demande donc à la BCE de recadrer les politiques non conventionnelles pour limiter l'apparition de telles distorsions;

30.

rappelle que la politique monétaire seule ne saurait stimuler la demande globale, car elle doit être accompagnée de réformes et de politiques budgétaires et structurelles appropriées au niveau national;

31.

souligne, comme le montre l'expérience acquise au cours des années qui ont précédé la crise, que des taux d'inflation stables conformes à l'objectif à moyen terme défini par la BCE peuvent être associés à une dynamique d'endettement privé non viable, ce qui souligne l'importance de gérer les bulles d'actifs et la croissance du crédit même lorsque la stabilité des prix est garantie;

32.

rappelle que l'indépendance de la BCE dans l'exécution de sa politique monétaire, telle qu'inscrite dans les traités, est indispensable à l'objectif de maintien de la stabilité des prix, à savoir le maintien de l'inflation à un niveau proche mais inférieur à 2 %; rappelle que l'ensemble des gouvernements et autorités publiques nationales devraient également s'abstenir de demander à la BCE de prendre des mesures;

33.

rappelle que tous les membres du conseil général de la BCE s'engagent à suivre les décisions prises, qui restent confidentielles, sauf s'il en a été décidé autrement;

34.

demande à la BCE d'assumer un rôle moins important au sein de la troïka, afin d'accroître son indépendance par rapport aux décisions politiques;

35.

rappelle que l'article 127 du traité FUE dispose que la BCE, sans préjudice de son objectif principal, apporte son soutien aux politiques économiques générales de l'Union, ce que confirme l'article 282 du traité FUE; souligne à cet égard l'importance du dialogue monétaire;

36.

souligne qu'une séparation nette entre la politique monétaire et la politique budgétaire implique que l'autorité monétaire n'accorde pas de subventions aux organismes bénéficiant de la fourniture de liquidité, étant donné que cet apport de subventions relève de la politique budgétaire;

37.

déplore le fait que la BCE ait outrepassé ses compétences telles que prévues par le traité, comme le montrent les lettres envoyées par l'ancien président de la BCE aux gouvernements espagnol, italien et irlandais;

38.

se félicite de l'avancée que constitue la décision de la BCE de publier les comptes rendus sommaires de ses réunions et salue l'entrée en vigueur de cette pratique en janvier 2015; salue le fait que le conseil des gouverneurs de la BCE ait donné suite à cette demande, formulée dans tous les rapports annuels du Parlement sur la BCE;

39.

estime que les banques centrales du monde entier devraient œuvrer activement afin d'éviter toute politique susceptible d'avoir des répercussions négatives sur d'autres; constate que certaines banques centrales appellent les autres banques centrales à tenir compte des retombées négatives potentielles des politiques monétaires longtemps après avoir mis en œuvre, unilatéralement, leurs propres politiques;

40.

estime que les informations récemment révélées soulignent l'importance d'une utilisation prudente de l'aide d'urgence à l'avenir; souligne qu'il n'est plus acceptable que le secteur bancaire d'un État membre s'endette de cette manière à hauteur d'un pourcentage élevé de son PIB;

41.

encourage la BCE à continuer d'améliorer sa politique d'égalité entre les hommes et les femmes dans ses nominations, afin d'éliminer l'écart actuel; salue la nomination de Mme Danièle Nouy à la tête de la surveillance du secteur bancaire européen, en particulier pour ses mérites et son solide CV;

42.

estime que mettre davantage l'accent sur la croissance et l'investissement public (tel que le paquet d'investissement de 300 milliards d'euros proposé par M. Jean-Claude Juncker, président de la Commission) servirait à compléter les efforts de la BCE visant à faire augmenter l'emploi et la croissance en Europe;

Stabilité financière

43.

salue le fait que le mécanisme de surveillance unique (MSU), premier pilier de l'union bancaire, est devenu pleinement opérationnel le 4 novembre 2014; note que ce pas décisif pour l'intégration financière européenne a été franchi grâce à l'achèvement fructueux des travaux de préparation, notamment de l'examen de la qualité des actifs; demande à la BCE de se servir de sa crédibilité pour soutenir le système bancaire européen; souligne qu'il ne saurait y avoir de confusion entre les fonctions de la BCE en matière de surveillance et ses fonctions en matière de politique monétaire;

44.

constate que l'examen de la qualité des actifs et les tests de résistance réalisés par l'Autorité bancaire européenne (ABE) en collaboration avec le MSU ont révélé des fragilités persistantes dans le système bancaire européen; espère que les résultats ont dûment tenu compte de l'ensemble des risques, afin d'éviter la «japonification» des banques européennes et le renouvellement permanent de prêts impossibles à rembourser;

45.

estime que la BCE a la grande responsabilité de faire en sorte qu'à l'avenir, les recapitalisations bancaires soient conduites au moyen du renflouement interne lorsque l'accès aux marchés est difficile ou impossible;

46.

demande à la BCE de veiller, dans ses pratiques quotidiennes, à respecter un cloisonnement total entre la politique monétaire et son rôle d'organisme de contrôle bancaire;

47.

souligne que le MSU vise à instaurer la confiance dans le secteur bancaire de la zone euro, concourant ainsi à la stabilité financière; rappelle que la responsabilité démocratique du nouveau MSU devant le Parlement européen est fondamentale pour garantir la crédibilité du nouveau régime de surveillance; insiste, par conséquent, sur l'importance de l'accord interinstitutionnel de novembre 2013 entre le Parlement et la BCE portant sur les modalités pratiques de l'exercice du contrôle démocratique sur le MSU, et de la mise en œuvre intégrale de celui-ci;

48.

soutient l'idée qu'afin de rendre le renflouement interne plus crédible et plus efficace, la législation européenne devrait évoluer vers une séparation entre les activités d'investissement plus risquées et les activités bancaires traditionnelles;

49.

estime que les derniers tests de résistance fournissent une illustration claire des limites de la structure interinstitutionnelle actuelle, étant donné qu'aucun scénario de déflation n'a été envisagé dans ces tests, alors que les risques de déflation sont loin d'être anecdotiques;

50.

constate qu'en dépit d'une rentabilité relativement faible, les banques de la zone euro ont continué de renforcer avec détermination la situation de leurs fonds propres en recourant à une combinaison d'augmentations de capital, de réductions d'actifs pondérés en fonction des risques et aussi d'aides publiques; reconnaît que, dans plusieurs cas, des augmentations de capital ont été réalisées dans le cadre des programmes d'assistance financière des États membres;

51.

est préoccupé par la dépendance persistante de nombreuses banques de la zone euro vis–à–vis du financement de la banque centrale; estime qu'il est essentiel de créer une Union des marchés des capitaux dûment régulée, afin de réduire la dépendance excessive des économies de la zone euro à l'égard du système bancaire;

52.

souligne qu'un renforcement de la bonne gouvernance des banques accroît la confiance dans le secteur bancaire et contribue donc également à la stabilité financière;

53.

note que l'activité concernant les titres d'État continue d'être une source importante de bénéfices pour les banques de la zone euro, même si la stagnation du crédit au secteur privé non financier se poursuit; estime que les travaux législatifs et techniques portant sur les risques liés à la dette souveraine devraient être accélérés; invite la BCE à mettre en garde les banques qui continuent d'augmenter leur portefeuille d'obligations d'État tout en réduisant les crédits au secteur privé;

54.

se félicite de la proposition législative de la Commission européenne sur la réforme structurelle des activités bancaires; constate que des réformes similaires ont déjà été mises en place dans plusieurs États membres; invite la BCE à collaborer avec les autres institutions compétentes en vue de l'adoption, au niveau européen, de réformes structurelles durables qui mettent un terme aux subventions en faveur des activités de négociation des grands établissements financiers et assurent des conditions de concurrence équitables pour les services financiers;

55.

rappelle que le mécanisme de résolution unique (MRU), deuxième pilier de l'union bancaire, entrera en vigueur début 2015; souligne la nécessité de poursuivre le développement du troisième pilier de l'union bancaire;

o

o o

56.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et à la Banque centrale européenne.


Mercredi 11 mars 2015

30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/37


P8_TA(2015)0062

Rapport annuel 2013 sur la protection des intérêts financiers de l'Union européenne — Lutte contre la fraude

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le rapport annuel 2013 sur la protection des intérêts financiers de l'Union — Lutte contre la fraude (2014/2155(INI))

(2016/C 316/04)

Le Parlement européen,

vu l'article 325, paragraphe 5, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu ses résolutions sur les rapports annuels antérieurs de la Commission et de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF),

vu le rapport de la Commission du 17 juillet 2014, intitulé «Protection des intérêts financiers de l'Union européenne — Lutte contre la fraude — Rapport annuel 2013» (COM(2014)0474) et les documents de travail qui l'accompagnent (SWD(2014)0243, SWD(2014)0244, SWD(2014)0245, SWD(2014)0246, SWD(2014)0247 et SWD(2014)0248),

vu le rapport annuel 2013 de l'OLAF,

vu le rapport d'activité du comité de surveillance de l'OLAF pour la période allant de février 2013 à janvier 2014,

vu le rapport annuel de la Cour des comptes sur l'exécution du budget relatif à l'exercice 2013, accompagné des réponses des institutions,

vu la communication de la Commission du 29 septembre 2014 intitulée «Protection du budget de l'UE jusqu'à la fin 2013» (COM(2014)0618),

vu le rapport de la Commission du 3 février 2014 intitulé «Rapport anticorruption de l'UE» (COM(2014)0038),

vu le rapport spécial Eurobaromètre 397 sur la corruption,

vu les rapports de la Commission européenne sur l'écart de TVA,

vu le règlement (UE) no 250/2014 du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 établissant un programme pour la promotion d'actions dans le domaine de la protection des intérêts financiers de l'Union européenne (programme «Hercule III») et abrogeant la décision no 804/2004/CE (1),

vu la proposition de règlement du Conseil du 17 juillet 2013 portant création du Parquet européen (COM(2013)0534),

vu le règlement (UE, Euratom) no 883/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 septembre 2013 relatif aux enquêtes effectuées par l'Office européen de lutte antifraude et abrogeant le règlement (CE) no 1073/1999 du Parlement européen et du Conseil et le règlement (Euratom) no 1074/1999 du Conseil (2),

vu la proposition de la Commission relative à la directive du Parlement européen et du Conseil du 11 juillet 2012 relative à la lutte contre la fraude portant atteinte aux intérêts financiers de l'Union au moyen du droit pénal (COM(2012)0363),

vu le règlement (UE, Euratom) no 966/2012 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l'Union et abrogeant le règlement (CE, Euratom) no 1605/2002 du Conseil (3),

vu sa résolution du 15 septembre 2011 sur les efforts de l'Union dans la lutte contre la corruption (4), sa déclaration du 18 mai 2010 sur les efforts de l'Union dans la lutte contre la corruption (5) et la communication de la Commission du 6 juin 2011 intitulée «La lutte contre la corruption dans l'Union européenne» (COM(2011)0308),

vu le règlement (CE, Euratom) no 2988/95 du Conseil, du 18 décembre 1995, relatif à la protection des intérêts financiers (6) des Communautés européennes,

vu la Convention des Nations unies contre la corruption,

vu les Conventions civile et pénale du Conseil de l'Europe sur la corruption,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission du contrôle budgétaire et les avis de la commission du développement régional et de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0024/2015),

A.

considérant que le budget de l'Union, auquel chaque État membre contribue de manière proportionnelle selon des critères communs objectifs, vient appuyer la mise en œuvre des politiques de l'Union et constitue à la fois une marque d'unité et un outil permettant de faire progresser l'intégration européenne;

B.

considérant que la protection des intérêts financiers de l'Union ainsi que le principe de bonne gestion financière devraient garantir que les recettes et les dépenses inscrites au budget contribuent à la réalisation des priorités et des objectifs de l'Union, ainsi qu'à l'accroissement de la confiance des citoyens, qui doivent être assurés que leur argent est utilisé de façon transparente, en entière adéquation avec les buts et les politiques de l'Union et dans l'intérêt de ses citoyens;

C.

considérant que la diversité des systèmes juridiques et administratifs dans les États membres complique la lutte contre les irrégularités et la fraude, tandis que tout usage inadéquat des fonds de l'Union entraîne des pertes non seulement individuelles, mais aussi collectives et porte préjudice aux intérêts de chaque État membre et de l'Union dans son ensemble;

D.

considérant qu'en vue de renforcer les mesures en vigueur, telles que la convention sur la protection des intérêts financiers de l'Union européenne (convention PIF), pour lutter contre la fraude, la corruption, le blanchiment d'argent et toute autre activité illégale portant atteinte aux intérêts financiers de l'Union, la Commission a présenté deux propositions d'instruments de droit pénal, à savoir la directive PIF et le règlement portant création du Parquet européen, visant à garantir une plus grande efficacité de l'instruction et une meilleure protection de l'argent des contribuables dans l'espace européen de liberté, de sécurité et de justice;

E.

considérant que la lutte contre la fraude, la corruption et le blanchiment d'argent au sein de l'Union doit être une priorité de l'action politique des institutions communautaires, et qu'une coopération policière et judiciaire entre les États membres revêt par conséquent un caractère fondamental;

I.    Détection et notification des irrégularités (frauduleuses ou non)

1.

prend acte de la publication du rapport de la Commission intitulé «Protection des intérêts financiers de l'Union européenne — Lutte contre la fraude — Rapport annuel 2013» (le «rapport annuel» de la Commission); salue le vaste éventail de mesures juridiques et administratives prises par la Commission depuis 2011, par lesquelles elle a posé les jalons d'un nouveau renforcement de la politique de protection des intérêts financiers de l'Union; souligne que l'actuelle insuffisance de résultats dans la lutte contre la fraude n'est pas due à l'absence de réglementation mais à une application de cette dernière qui laisse à désirer; demande à la Commission de répondre plus rapidement aux demandes du Parlement dans ses rapports PIF précédents dans le rapport suivant de la Commission;

2.

rappelle qu'au regard des difficultés financières que connaissent actuellement les États membres et de l'insuffisance des ressources budgétaires de l'Union européenne, la protection des intérêts financiers de cette dernière revêt une importance particulière; souligne que les fonds de l'Union doivent faire l'objet d'une bonne gestion et d'une utilisation optimale;

3.

observe qu'en 2013, 15 779 irrégularités au total ont été signalées à la Commission, dont 1 609 étaient frauduleuses et 14 170 ne l'étaient pas, pour un montant global d'environ 2,14 milliards d'EUR, dont 1,76 milliards liés aux dépenses (soit l'équivalent de 1,34 % de l'ensemble des paiements), les 380 millions d'EUR restants représentant 1,86 % des ressources propres traditionnelles brutes (RPT) collectées;

4.

relève que si l'incidence financière globale des irrégularités non frauduleuses détectées en 2013, pour un montant de 1,84 milliard d'euros, a diminué (-38 % par rapport à 2012), le nombre de ces irrégularités a augmenté de 16 % par rapport à l'année précédente; note par ailleurs que le nombre d'irrégularités frauduleuses signalées en 2013 a augmenté de 30 % par rapport à 2012, tandis que leur montant, qui inclut 309 millions d'euros de fonds de l'Union, a diminué de 21 %;

5.

observe que le rapport annuel 2013 de la Commission se concentre sur les irrégularités frauduleuses, plutôt que sur les irrégularités envisagées de manière générale, comme cela était le cas auparavant — en effet, les États membres et la Commission ont réformé en profondeur leur méthode de notification, ce qui donne accès à de nouvelles informations; invite la Commission à conserver cette approche dans son futur rapport annuel sur la protection des intérêts financiers de l'Union — lutte contre la fraude; prie instamment la Commission, toutefois, d'améliorer encore l'accès à l'information et d'approfondir les analyses concernant le domaine, le type et l'incidence des irrégularités non frauduleuses, étant donné que leur nombre est extrêmement élevé et leur incidence financière, très négative, ce qui nuit aux intérêts financiers de l'Union;

6.

souligne qu'il incombe tant à la Commission qu'aux États membres de tout mettre en œuvre afin de combattre la fraude, la corruption et tout autre type d'activité illégale portant atteinte aux intérêts financiers de l'Union, conformément aux dispositions du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne; rappelle qu'une coopération et une coordination étroites entre la Commission et les États membres est essentielle pour assurer une protection efficace des intérêts financiers de l’Union et qu'il est donc primordial de renforcer cette coopération et cette coordination et de les rendre les plus efficaces possible; rappelle que la protection des intérêts financiers de l’Union, tant pour le volet ressources que dépenses, requiert le même niveau de vigilance;

7.

observe que la tendance générale en matière de détection et de signalement des irrégularités frauduleuses potentielles au cours des cinq dernières années montre une lente diminution, mais que le nombre d'irrégularités non signalées comme frauduleuses a progressivement augmenté; demande à la Commission d'examiner plus en détail les principales raisons de cette augmentation et d'analyser si cette tendance est due à une évolution vers la détection des cas d'irrégularité ou à la manière dont les États membres classifient les cas;

8.

est convaincu que les moyens de droit pénal prévus dans la directive PIF ne seront efficaces que s'ils parviennent à fournir une définition claire des infractions PIF, des peines d'emprisonnement minimales et maximales applicables dans tous les États membres participants, ainsi que des règles minimales en matière de prescription, et si ces moyens sont ensuite également mis en œuvre par tous les États membres de façon uniforme et avec efficacité;

Recettes — Ressources propres

9.

se félicite que 98 % des RPT soient collectées sans problème majeur et que les irrégularités frauduleuses détectées représentent 0,29 % des RPT brutes établies (soit 61 millions d'EUR), tandis que les irrégularités non frauduleuses équivalent à 1,57 % des RPT (soit 327,4 millions d'EUR); note que les cas de fraude et d'irrégularité détectés en 2013 s'élevaient à 380 millions d'EUR dont un total de 234 millions d'EUR a été recouvré par les États membres; observe notamment que ce taux de recouvrement en matière de RPT a atteint 62 % en 2013, soit le meilleur résultat de ces dix dernières années;

10.

observe avec préoccupation qu'en 2013, la plupart des montants constatés dans la base de données OWNRES dans l'UE-28 concernaient la procédure douanière de «mise en libre circulation» pour des cas de fraude (93 %) et d'irrégularité (87 %); invite la Commission à prendre les mesures nécessaires pour renforcer la procédure douanière de «mise en libre circulation» afin que cette dernière soit moins sujette aux cas de fraude et d'irrégularité;

11.

s'inquiète qu'en 2013, dans la base de données OWNRES, le taux de recouvrement en cas de fraude n'ait été que de 23,74 % seulement, un chiffre en deçà du taux moyen de 33,5 % pour la période 2008-2012; relève que le taux de recouvrement en cas d'irrégularité déclaré pour 2013 s'élève à 67,9 %; insiste sur le fait qu'il incombe, en général, aux pouvoirs publics des États membres et aux services de la Commission de recouvrer les sommes indûment versées et les invite à assumer pleinement cette responsabilité, ainsi qu'à améliorer considérablement le taux de recouvrement dans les cas de fraude, particulièrement bas globalement en comparaison du taux de recouvrement pour les irrégularités non frauduleuses;

12.

se félicite que l'Union ait signé le protocole des Nations unies pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac en 2013; relève que 15 États membres ont signé le protocole mais que celui-ci n'a, à l'heure actuelle, été ratifié que par l'Autriche; invite donc les autres États membres à mener à bien leur processus de ratification respectif dès que possible;

13.

souligne que la contrebande de produits fortement taxés se traduit par des pertes de recettes considérables pour le budget de l'Union et celui des États membres, et que la perte directe de recettes douanières résultant de la seule contrebande de cigarettes est estimée à plus de 10 milliards d'EUR par an; attire en outre une nouvelle fois l'attention sur le trafic de contrefaçons, qui porte préjudice aussi bien aux trésors publics des États qu'aux entreprises européennes;

14.

rappelle le travail en cours en vue d'améliorer les données sur le revenu national brut (RNB), ainsi que les questions soulevées dans le rapport spécial 11/2013 de la Cour des comptes européenne, qui préconise une vérification plus courte, mieux ciblée des chiffres du RNB et une amélioration des déclarations et de la coordination sur les résultats, de sorte que le système RNB devienne toujours plus fiable dans sa contribution au calcul des revenus de l'Union européenne;

15.

note que la prise en considération de l'économie invisible dans les comptes nationaux devrait contribuer à garantir des données RNB plus complètes et plus fiables, et invite la Commission et Eurostat à approfondir la coopération avec les institutions statistiques nationales afin de garantir que cet élément est traité de manière cohérente et comparable dans tous les États membres, à l'aide des informations les plus récentes;

16.

souligne que, dans de nombreux États membres, l'écart de TVA est en permanence élevé en raison de la fraude et de l'évasion en matière de TVA; insiste sur le fait que la Commission est compétente pour contrôler et superviser les mesures prises par les États membres, et invite donc cette dernière à utiliser pleinement ses pouvoirs pour aider les États membres à lutter contre la fraude à la TVA et l'évasion fiscale;

17.

observe en outre que 133 cas de contrebande de cigarettes ont été enregistrés par les États membres en 2013, qui concernaient des RPT estimées à 7 millions d'EUR environ; souligne que cette tendance constitue une forte diminution par rapport à 2012 où 224 cas représentant quelque 25 millions d'EUR ont été déclarés; s'inquiète sérieusement de ce que le Danemark, l'Estonie, l'Espagne, la France, Chypre, le Luxembourg, le Portugal, la Slovénie, la Slovaquie et la Suède n'ont déclaré aucun cas de contrebande de cigarettes à la Commission en 2013 et remet en question l'efficacité de la procédure de déclaration dans ces États membres; insiste pour que tous les États membres déclarent les cas de contrebande et de contrefaçon à la Commission avec précision et en temps opportun, afin de permettre une meilleure estimation des RPT concernées;

18.

note que la Commission va publier une étude sur la faisabilité d'un système de suivi et de localisation des produits du tabac; souligne qu'il s'agit d'une avancée considérable dans la lutte contre la contrebande; exige de la Commission qu'elle conçoive et mette en œuvre un système de suivi et de localisation ouvert et compétitif, de sorte que la manière dont le système est conçu et mis en œuvre ne favorise pas un seul et unique fournisseur de solutions ou quelques-uns d'entre eux seulement;

Système informatisé de circulation et de contrôle des produits soumis à accises

19.

rappelle que:

le Parlement a noté dans sa résolution du 3 avril 2014 sur le rapport annuel 2012 sur la protection des intérêts financiers de l'Union (7) que, selon les services répressifs, le Système informatisé de circulation et de contrôle des produits soumis à accises (EMCS) faisait l'objet d'un nombre croissant d'infractions de la part de groupes criminels et que le Parlement était convaincu que les contrôles physiques des marchandises transportées en vertu de l'EMCS étaient insuffisants;

la Commission devrait tenir le Parlement informé des mesures prises pour renforcer les contrôles physiques dans le prochain rapport annuel 2014 sur la protection des intérêts financiers de l'Union;

les droits d'accès de l'EMCS doivent être rendus plus restrictifs et qu'un relevé complet des antécédents de l'entreprise quant au respect des exigences avant l'exercice des activités commerciales doit être instauré, de sorte qu'il soit possible d'octroyer à cette entreprise le statut d'«opérateur économique agréé» («entreprise de confiance») et que seules les entreprises ainsi désignées aient le droit d'utiliser l'EMCS directement par elles-mêmes;

le Parlement a invité la Commission à présenter les résultats des enquêtes en cours au sujet de la nécessité de modifier la directive 2008/118/CE;

les vérifications effectuées par les États membres sur les personnes et les sociétés demandant l'accès au registre doivent être plus rigoureuses et plus complètes;

la Commission devrait expliquer l'action entreprise eu égard à une intensification de la collaboration avec les autorités fiscales, car des marchandises peuvent aisément faire l'objet de fausses déclarations dans une stratégie de fraude aux droits d'accises;

les délais admis pour les mouvements de produits soumis à accises entre des entrepôts agréés sont trop longs, de sorte que de tels délais rendent possible de multiples mouvements sur la même déclaration et des détournements avant que la date de livraison ne soit inscrite dans le système; renouvelle donc sa demande que l'expéditeur informe immédiatement l'institution compétente de l'État membre de la destination déclarée et celle de l'État membre de la nouvelle destination des changements survenus;

le Parlement a exigé que le délai maximal admis pour la présentation de l'accusé de réception des produits soumis à accises soit fixé à un seul jour ouvrable et que la durée du transport soit calculée et définie pour chaque trajet en fonction du type de moyen de transport utilisé et de la distance entre le lieu d'expédition et le lieu de destination; demande à la Commission de l'informer une fois que ces exigences sont remplies;

les garanties requises pour ouvrir des entrepôts douaniers sont trop faibles au regard de la valeur des produits soumis à accises et que le Parlement invite par conséquent la Commission à instaurer une variable afférente à la nature des marchandises en question et au volume des opérations commerciales qui y sont réellement effectuées; demande à la Commission de l'informer une fois que ces exigences sont remplies;

le Parlement observe avec préoccupation que les États membres ont mis en œuvre leurs propres EMCS selon des prescriptions définies par la Commission d'une manière schématique; renouvelle sa demande à la Commission de prendre l'initiative d'introduire un système plus uniforme dans toute l'Union européenne;

Dépenses

20.

alerte sur l'augmentation alarmante de 76 % du nombre d'irrégularités signalées comme frauduleuses concernant les dépenses de l'Union et implore les autorités compétentes de prendre toutes les mesures nécessaires afin d'empêcher que cette tendance négative ne se perpétue pendant les prochaines années;

21.

s'inquiète de l'accroissement dans le secteur agricole, en 2013, du nombre d'irrégularités en général, et d'activités frauduleuses en particulier, par rapport à 2012; observe qu'une nouvelle tendance significative en matière d'infraction, liée au fait que «le bénéficiaire ne possède pas la qualité requise», est apparue en 2013 avec 51 cas d'irrégularités frauduleuses signalés; estime que des mesures ciblées s'imposent par conséquent, qui viseraient d'une part à éliminer les pratiques pouvant éventuellement mener à des infractions commises par inadvertance et, d'autre part, à lutter résolument contre les comportements criminels et la corruption;

22.

constate que, dans le domaine de l'agriculture et du développement rural, les États membres ont recouvré 197 millions d'EUR auprès des bénéficiaires au cours de l'exercice 2013, tandis que 1 318,3 millions d'EUR restent à recouvrer auprès des bénéficiaires en fin d'exercice, dont 1 097,1 millions doivent être versés au budget de l'Union à la suite de l'application du mécanisme 50/50; observe avec préoccupation que le recouvrement pour le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) est inférieur à la moyenne générale et que pas même la moitié des irrégularités détectées en 2009 avaient fait l'objet d'un recouvrement à la fin de l'année 2013;

23.

indique qu'il existe d'importantes différences entre les États membres quant à leur capacité à recouvrer les sommes perdues du fait de paiements irréguliers détectés dans le cadre de la PAC et prie les États membres affichant des taux de recouvrement inférieurs à 33 % d'améliorer sensiblement leurs résultats en 2015 et les années suivantes;

24.

constate qu'à la suite de la réforme de la politique agricole commune (PAC) de 2013, les États membres jouissent d'une plus grande flexibilité dans la mise en œuvre de la politique et sont notamment autorisés à personnaliser leurs capacités et leurs priorités régionales ou nationales et à procéder à des transferts entre ses différents piliers; invite la Commission et les États membres à veiller à ce que cette plus grande flexibilité ne soit pas aux dépens des systèmes de suivi et d'évaluation; note en outre que, dans le cadre de la nouvelle PAC, la Commission travaille actuellement sur un programme de simplification; invite la Commission à aligner pleinement le programme de simplification sur la stratégie de lutte contre la fraude de la DG AGRI et à maintenir l'équilibre entre la simplification et la bonne gestion des fonds de l'Union européenne en garantissant des contrôles adéquats;

25.

s'inquiète en outre de ce que le délai moyen entre la survenance d'une irrégularité, sa détection et, enfin, son signalement à la Commission soit de 6,3 ans dans le secteur agricole et de 2,75 ans dans d'autres secteurs; rappelle qu'une fois l'irrégularité détectée, d'autres procédures entrent en action (ordres de recouvrement, enquêtes de l'OLAF, etc.); demande à la Commission de déterminer la durée de vie moyenne, minimale et maximale d'une irrégularité détectée dans le cadre de la gestion centralisée pour chaque secteur;

26.

considère la hausse considérable, de 475 %, des irrégularités signalées dans le secteur de la pêche en 2013 comme une exception propre à cette année, liée au retard accumulé dans la mise en œuvre des programmes sectoriels, et estime qu'elle ne devrait pas constituer une tendance négative qui compromettrait la valeur perçue de la politique de l'Union en matière de pêche;

27.

s'inquiète du fait que le nombre d'irrégularités signalées dans le domaine de la politique de cohésion ait augmenté de 15 %; observe cependant que les montants liés aux irrégularités non frauduleuses ont connu une baisse de 49 % et ceux liés aux cas de fraude, une baisse de 22 %;

28.

note que 321 irrégularités signalées comme frauduleuses et 4 672 signalées comme non frauduleuses étaient liées à la politique de cohésion; observe que pour ces deux catégories, le nombre de notifications a augmenté de 15 % par rapport à 2012 et qu'à l'instar des années précédentes, la majorité des montants présentant des irrégularités en 2013 (63 %) restent liés à la politique de cohésion; souligne néanmoins, pour ces deux catégories, que les montants concernés ont baissé, que l'expérience tirée des années passées participe à une amélioration progressive de la situation et que pour la première fois, la politique de cohésion n'était pas le domaine de dépenses budgétaires enregistrant le plus grand nombre d'irrégularité signalées comme frauduleuses;

29.

regrette toutefois le manque d'informations disponibles sur les montants à recouvrer et les taux de recouvrement expressément liés à la politique de cohésion pour l'exercice 2013; invite la Commission à fournir des renseignements précis à ce sujet dans son prochain rapport annuel;

30.

note que, pour les dépenses réalisées dans le cadre de la gestion centralisée, dans une perspective à cinq ans, le taux de recouvrement s'élève à 54,4 % pour les irrégularités signalées comme frauduleuses et à 63,9 % pour les irrégularités non frauduleuses; prie instamment la Commission d'encore améliorer la procédure de recouvrement et d'en réduire les délais;

31.

invite la Commission à assumer l’entière responsabilité du recouvrement des paiements indus du budget de l'UE et à établir des principes uniformes de présentation et de déclaration dans tous les États membres et à assurer la collecte de données comparables, fiables et adéquates;

32.

s'inquiète de ce que pour les ordres de recouvrement à la suite d'irrégularités (signalées et non signalées comme frauduleuses) émis entre 2009 et 2013 dans le cadre de la gestion centralisée, le délai moyen entre la survenue d'une irrégularité et sa détection est de 3,4 ans: plus de la moitié des cas (54 %) ont été détectés dans les 4 ans suivant l'année au cours de laquelle l'irrégularité a été commise, tandis que dans l'autre moitié (46 %) des cas, le délai variait entre 4 et 13 ans; rappelle qu'une fois l'irrégularité détectée, d'autres procédures entrent en action (ordres de recouvrement, enquêtes de l'OLAF, etc.); demande à la Commission de déterminer la durée de vie moyenne, minimale et maximale d'une irrégularité détectée dans le cadre de la gestion centralisée;

33.

se félicite de la baisse de 40 %, en 2013, du nombre de cas signalés comme frauduleux liés au Fonds social européen par rapport aux années 2009 et 2010, qui s'inscrit dans une tendance positive à l'œuvre depuis trois années consécutives;

34.

note avec satisfaction que, pour la période 2007-2013, les vérifications administratives, les contrôles sur place et les opérations d'audit ont abouti à une forte amélioration du taux de détection des irrégularités frauduleuses, qui a atteint 63 % — il était resté inférieur à 20 % pendant la période précédente de sept ans — en dépit d'un léger recul en 2013 (55 %);

35.

prend acte du fait qu'en 2013, la Commission a clôturé 217 cas d'interruption de paiement dans le domaine de la politique de cohésion et que 131 d'entre eux, portant sur un montant de 1,977 million d'euros, étaient encore ouverts à la fin de l'année; constate en outre que la Commission a adopté quinze décisions de suspension en 2013 et deux en janvier 2014;

36.

constate qu'en 2013, dans le cadre de l'aide de préadhésion (AP), 33 irrégularités ont été signalées comme frauduleuses, concernant une somme de 14,4 millions d'EUR, et que ces irrégularités sont principalement liées au programme spécial d'adhésion pour l'agriculture et le développement rural (SAPARD); note en outre que neuf irrégularités frauduleuses concernant une somme de 1,2 million d'EUR ont été signalées au titre de l'instrument d'aide de préadhésion (IAP); observe qu'entre 2003 et 2013, au titre de l'AP, les taux de recouvrement ont atteint respectivement 37,36 % et 29,22 % pour les cas d'irrégularité et les cas de fraude; invite la Commission et les pays bénéficiaires de l'IAP à prendre des mesures pour accroître le taux de recouvrement au titre de l'IAP;

37.

demande que des propositions soient formulées en vue de réduire le nombre de programmes de dépense, en particulier lorsqu'ils se chevauchent partiellement, et dans la mesure du possible, de cibler les programmes sur les États membres qui ont le plus besoin d'aide, de sorte que tous les programmes ne profitent pas nécessairement à des activités dans tous les États membres;

38.

s'inquiète du fait que plusieurs projets financés par la BEI aient été entachés de corruption et de fraude; considère que le document de la BEI du 8 novembre 2013, qui définit la politique de la BEI destinée à prévenir et décourager les pratiques de corruption, de fraude, de collusion, de coercition, d'obstruction, de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme fait apparaître un manque de contrôles dans un certain nombre de cas lors de la mise en œuvre de projets financés par la BEI; s'inquiète du fait que la BEI ait financé le projet «Passante di Mestre» pour un montant total de 350 millions d'EUR en 2013 et que, bien que ce projet ait été entaché de corruption et de fraude, ce qui a conduit à l'arrestation de plusieurs personnes impliquées, elle envisage de refinancer le projet pour un montant supplémentaire de 700 millions d'EUR par l'intermédiaire d'obligations liées à des projets; demande donc que dans les cas de fraude et de corruption avérés, la BEI soit tenue de suspendre et/ou bloquer tout financement en cours ou prévu pour le projet concerné;

II.    Problèmes mis en évidence et mesures requises

39.

souligne son inquiétude quant aux menaces pesant encore sur le budget de l'Union, qui résultent à la fois du non-respect des règles (irrégularités non frauduleuses) et d'infractions volontaires ou d'agissements criminels (fraude); insiste sur la nécessité d'une coopération renforcée entre les États membres et la Commission en vue de l'adoption de mesures et de moyens adaptés et suffisants pour éviter et rectifier les irrégularités non frauduleuses et lutter contre la fraude;

40.

souligne que la situation dans laquelle les États membres ne transmettent pas les données à temps ou fournissent des données inexactes, se répète depuis de nombreuses années; exprime à nouveau sa préoccupation devant le fait qu'il subsiste des différences d'approches dans plusieurs États membres concernant l'identification et la communication d'irrégularités frauduleuses et non frauduleuses, notamment dans des domaines tels que la politique de cohésion et l'agriculture, et que, dans certains cas, l'application du cadre juridique suit des interprétations non normalisées; souligne que ceci empêche de réaliser des comparaisons et une évaluation objective et ne permet pas au Parlement, à la Commission et à l'OLAF de formuler des recommandations; invite la Commission à élaborer des lignes directrices et des indicateurs communs pour réduire l'écart entre les approches différentes des États membres et à mettre en place une banque d'informations harmonisée et exhaustive sur les irrégularités réellement commises et sur les mesures adoptées, y compris dans les cas de fraude et de corruption impliquant des fonctionnaires, afin de fournir aux autorités et aux citoyens des données fiables, comparables et centralisées pour la mise en œuvre de mesures correctives efficaces et de leur permettre d'évaluer objectivement la gravité réelle — et non seulement perçue — des infractions commises et la responsabilité des parties concernées;

41.

observe que les recommandations que la Commission a adressées aux États membres en 2012, dont l'état d'avancement est indiqué dans le rapport annuel de la Commission pour 2013, (en particulier concernant les services de coordination antifraude, les règles communes en matière de fraude, la réforme des marchés publics, les irrégularités frauduleuses signalées et les systèmes de vérification et de contrôle, et d'évaluation des risques) étaient généralement pertinentes, et regrette que certaines préoccupations n'aient pas reçu toute l'attention qu'elles méritent; note par exemple que tous les États membres n'ont pas entamé les préparatifs pour la mise en œuvre du cadre financier pluriannuel (CFP) 2014-2020 et de ses dispositions en matière de prévention de la fraude; invite les États membres à donner suite aux recommandations de la Commission de 2012 et à veiller à ce que celles qui leur ont été adressées dans son rapport de 2011 ainsi que dans son rapport de 2013 soient entièrement suivies, et à fournir une explication motivée lorsqu'ils ne peuvent donner suite à ces recommandations;

42.

reconnaît que les irrégularités non frauduleuses sont souvent imputables à une connaissance insuffisante des règles, ainsi qu'à la complexité des exigences et des réglementations; relève que la modification des règles afférentes aux recettes et aux dépenses, y compris dans un but de simplification, demande du temps aux autorités responsables de leur bonne mise en œuvre; prie instamment les États membres et la Commission, à cet égard, de mieux coordonner l'interprétation du cadre juridique et son application stricte, de mettre en place des mesures ciblées et opportunes afin de renforcer les capacités administratives, tant dans la fonction publique que chez les acteurs concernées, y compris les organisations de société civile, notamment par un accompagnement, des formations et des systèmes permettant d'attirer un personnel compétent et qualifié; demande aux institutions de l'Union et aux États membres d'évaluer, à mi-parcours, si la nouvelle architecture réglementaire de la politique de cohésion empêchera et réduira davantage le risque d'irrégularités, et d'analyser la possibilité d'une plus grande simplification de la règle existante;

43.

estime qu'il convient d'apporter un soutien aux États membres qui détectent et signalent par eux-mêmes des irrégularités, y compris les cas de fraude, et de les encourager à améliorer encore leurs systèmes de notification et de gestion; s'inquiète de l'incapacité de la Commission à déterminer si le nombre réduit de cas de fraude détectés par certains États membres et les vastes écarts entre le nombre de cas signalés d'une année à l'autre s'expliquent ou non par l'inefficacité des systèmes de contrôle de ces États membres;

44.

regrette que seuls certains États membres allouent les ressources nécessaires pour lutter contre la fraude et juge inacceptable que, dans les cas d'irrégularités frauduleuses certains États membres se limitent à appliquer des mesures correctives, sans enquêter sur l'infraction pénale potentielle, ni sanctionner les responsables, et manquent ainsi à leur obligation de protéger convenablement les intérêts financiers de l'Union et ceux des contribuables européens; constate que les statistiques soumises par les États membres sur les affaires pénales et leur issue soient incomplets, ce qui permet difficilement d'évaluer l'efficacité des enquêtes et des poursuites pour fraude dans les États membres; estime par conséquent que l'adoption de décisions introduisant une responsabilité pénale au niveau de l'Union et l'introduction du Parquet européen en tant qu'outil en vue de lancer et de coordonner les enquêtes sur ces irrégularités devrait fortement dissuader les contrevenants potentiels de commettre des actes illégaux et éviter le non-respect des procédures légales dans la poursuite et la répression des comportements corrompus ou criminels portant atteinte aux intérêts financiers de l'Union;

45.

estime qu'il est possible d'agir efficacement contre la corruption, si les mesures de droit pénal sont respectées et complétées par d'autres dispositions, notamment en vue d'améliorer la transparence et la responsabilité; insiste, par conséquent, pour que les États membres fassent preuve d'une volonté politique ferme de lutter efficacement contre la corruption au niveau tant national qu'européen en adoptant une législation efficace en la matière et en donnant suite aux propositions existantes au niveau européen et invite les citoyens à exercer une pression véritable sur leurs gouvernements afin de les convaincre de mener des politiques vigoureuses de lutte réelle contre la corruption;

46.

se félicite du premier rapport dédié à la politique anti-corruption dans l'Union publié en février 2014, qui constitue un outil précieux pour suivre et évaluer les efforts en la matière, et réaffirme l'intérêt notamment de permettre un échange accru des bonnes pratiques existantes soulignées dans ce rapport; salue également la communication de la Commission sur la lutte contre la corruption dans l'Union européenne (COM(2011)0308), qui étudie les mesures nécessaires afin de mieux mettre en œuvre les instruments de lutte contre la corruption existants, et qui propose des moyens d'intégrer davantage la lutte contre la corruption dans un certain nombre de domaines d'action internes et externes; note cependant qu'il importe d'élargir le champ couvert par le rapport sur la lutte contre la corruption à l'élément de corruption au niveau transfrontalier et européen, et à l'évaluation des mesures prises pour encore améliorer l'intégrité des institutions européennes, et insiste sur la nécessité d'une stratégie de lutte contre la corruption globale et cohérente, qui englobe toutes les politiques européennes qui abordent, entre autres, les préoccupations soulevées dans le premier rapport sur la lutte contre la corruption dans l'Union européenne; demande à la Commission de faire rapport au Parlement et au Conseil sur la mise en oeuvre par les institutions de l'Union de leurs politiques internes de lutte contre la corruption, y compris ses obligations au titre de la convention des Nations unies contre la corruption;

47.

insiste sur la nécessité d'une coordination structurée entre les autorités de gestion et les organismes de lutte contre la fraude et sur l'importance de la coordination et de l'échange des bonnes pratiques entre les États membres et entre les différentes administrations au sein du même État membre afin d'homogénéiser autant que possible la méthode relative à la lutte contre la fraude; invite la Commission à créer un mécanisme pour l'échange d'informations entre les autorités nationales compétentes, afin de permettre une comparaison croisée des pièces comptables concernant les transactions entre deux ou plusieurs États membres, en vue de contribuer à déceler toute fraude transnationale dans le contexte du nouveau CFP 2014-2020, en ce qui concerne la macro-catégorie des Fonds structurels et d'investissement européens (Fonds social européen — FSE, Fonds européen de développement régional — FEDER, Fonds de cohésion — FC, Fonds européen agricole pour le développement rural — Feader, Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche — FEAMP), afin de garantir une approche horizontale de la protection des intérêts financiers de l'Union européenne;

48.

souligne qu'une plus grande transparence permettant un contrôle effectif est essentielle pour détecter les systèmes frauduleux; rappelle que, dans les années passées, le Parlement a prié la Commission d'agir en sorte d'assurer la transparence complète des bénéficiaires des fonds de l'Union européenne dans tous les États membres en faisant figurer une liste de tous ces bénéficiaires sur le site web de la Commission, indépendamment du gestionnaire des fonds et selon des catégories d'information standard qui seront fournies par tous les États membres dans au moins une des langues de travail de l'Union; invite les États membres à coopérer avec la Commission et à lui fournir des informations complètes et fiables sur les bénéficiaires des fonds européens gérés par les États membres; déplore que cette mesure n'ait pas été mise en œuvre et invite la Commission à le faire d'urgence; regrette que la Commission n'ait pas tenu compte de cette demande répétée;

49.

invite la Commission à encourager une législation adéquate en matière de protection des lanceurs d'alerte, l'accès à l'information et la transparence de l'action des groupes de pression, car cela est nécessaire pour garantir le contrôle civique des gouvernements et des institutions européennes, et pour soumettre leurs pratiques au contrôle public, ainsi qu'à utiliser les fonds de l'Union européenne pour soutenir le travail des organisations indépendantes dans ce domaine, entre autre afin de mettre en place un soutien financier pour le journalisme d'investigation transfrontalier;

50.

encourage la Commission à renforcer encore son rôle de surveillance des dépenses effectuées dans le cadre du budget de l'Union par des activités d'audit, de contrôle et d'inspection, par des plans d'action correctifs et par des lettres d'avertissement annonçant la présentation de demandes de paiement; invite les États membres et leurs autorités à intensifier leurs efforts et à exploiter leur potentiel pour détecter et corriger les erreurs avant de demander le remboursement à la Commission en utilisant pleinement les informations à leur disposition; souligne, à cet égard, l'importance particulière des actions préventives pour empêcher les décaissements illicites, ce qui évite de devoir prendre ensuite de nouvelles mesures afin de recouvrer les sommes indûment versées;

51.

se félicite de l'adoption des directives sur les marchés publics et de la directive sur l'attribution de contrats de concession, et salue la mise en œuvre par dix États membres de mesures ou de trains de mesures spécifiques dans le domaine des marchés publics en vue d'atténuer la corruption et d'accroître la transparence, ainsi que l'efficacité des systèmes de gestion, de contrôle et d'audit; invite la Commission à poursuivre la mise en place des règles de passation des marchés publics afin d'apporter le soutien nécessaire aux États membres par des orientations, la diffusion des meilleures pratiques et la formation; invite la Commission à contrôler en permanence et en toute impartialité si les États membres respectent les directives en vigueur et, si nécessaire, à entamer des procédures d'infraction;

52.

note que le niveau des irrégularités et des cas de fraude découlant du non-respect des règles en matière de passation de marchés publics reste élevé; appelle les États membres à transposer rapidement dans leur droit national la directive 2014/24/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur la passation des marchés publics (8), la directive 2014/25/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 relative à la passation de marchés par des entités opérant dans les secteurs de l'eau, de l'énergie, des transports et des services postaux (9), et la directive 2014/23/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur l'attribution de contrats de concession (10), récemment adoptées, afin de réduire encore les risques d'irrégularités et de fraude;

53.

salue la création du centre de compétences pour le renforcement des capacités administratives, destiné à apporter un appui aux administrations publiques chargées de gérer le FEDER et le Fonds de cohésion, ainsi que l'application du plan d'action sur les marchés publics élaboré par le centre de compétences en collaboration avec les services compétents de la Commission; demande cependant que la Commission fasse rapport sur les résultats concrets obtenus jusqu'à présent grâce aux activités du centre et à la mise en œuvre du plan susmentionné;

54.

prie instamment la Commission de maintenir sa politique stricte d'interruptions et de suspensions de paiements;

55.

salue la publication du rapport sur la mise en œuvre de la stratégie antifraude de la Commission et les orientations fournies aux autorités des États membres chargées de l'application des dispositions antifraude concernées; incite vivement la Commission, toutefois, à adopter dans les actes délégués et les actes d'exécution concernant les fonds européens structurels et d'investissement des règles plus simples, favorisant une absorption efficace et efficiente, tout en garantissant que les actes délégués et les actes d'exécution n'affaiblissent pas le niveau de lutte contre la fraude;

56.

se félicite de la création de services de coordination antifraude (AFCOS) dans les États membres, tel que requis par l'article 3, paragraphe 4, du nouveau règlement de l'OLAF, et du fait que l'Allemagne ait reconfirmé son accord de coopération avec l'OLAF; note que les AFCOS visent à faciliter la mise en place d'une coopération efficace et l'échange d'informations avec l'OLAF, et demande instamment que les États membres qui n'en ont pas encore mis en place le fassent sans plus attendre; escompte que les AFCOS contribueront à faciliter et à améliorer la notification des irrégularités, ainsi qu'à une interprétation plus équilibrée des actes de l'Union concernés; est néanmoins préoccupé par les différences considérables qui existent déjà entre les AFCOS établis dans les États membres au niveau des fonctions, des tâches et des pouvoirs, ainsi que des ressources humaines affectées; constate que le mandat, le cadre institutionnel et les tâches des AFCOS ne sont pas définis en détail dans le règlement (UE, Euratom) no 883/2013, mais est d'avis que des AFCOS indépendants sur le plan opérationnel et disposant d'un mandat global qui inclut des pouvoirs d'investigation constituent une référence que tous les États membres devraient mettre en œuvre;

57.

prend acte du rapport de la Commission sur les résultats du programme Hercule II; prend note du fait qu'en 2013, le budget d'Hercule II a été réduit à 14 millions d'EUR sous forme de crédits d'engagement et 9,9 millions d'EUR sous forme de crédits de paiement par rapport à 2012, ce qui s'est traduit par des difficultés à tenir les engagements pris en 2013 et au cours des années précédentes; observe avec satisfaction que les activités d'Hercule II font l'objet d'un intérêt croissant de la part des États membres, comme le démontre le nombre croissant de demandes reçues à la suite des appels à propositions; se félicite des résultats positifs obtenus en 2013, comme en Allemagne, en Espagne et en Roumanie, grâce à l'équipement technique très sophistiqué et compatible à l'échelle transnationale déployé, acheté dans le cadre du programme;

58.

salue l'adoption du règlement établissant Hercule III pour la période financière 2014-2020 qui autorise un taux de cofinancement maximal accru pour les subventions d'assistance technique de 80 % des coûts éligibles et jusqu'à 90 % dans des cas exceptionnels et dûment justifiés, au lieu du maximum de 50 % en vertu de la décision Hercule II; note que le premier appel à propositions a été lancé avec succès en 2014; s'inquiète néanmoins de ce que le programme soit déjà particulièrement touché par le problème des retards de paiement, ce qui pourrait avoir des effets négatifs sur les projets financés et sur les futurs projets; rappelle l'importance que revêtent des instruments financiers solides, tels que Pericles 2020 et Hercule III, dans la lutte contre les activités illégales portant atteinte aux ressources de l'Union.

59.

salue l'issue positive de nombreuses opérations douanières conjointes, menées par l'OLAF et les États membres en coopération avec les services de différents pays tiers, avec le soutien actif de la DG Fiscalité et union douanière, d'Europol et de Frontex, qui ont notamment permis de saisir 68 millions de cigarettes de contrebande, 124 kg de cocaïne et 140 000 litres de carburant diesel;

60.

note qu'en 2013, l'OLAF a émis 353 recommandations afin que des mesures administratives, disciplinaires, financières ou judiciaires soient prises par les institutions, organes, offices et agences de l'Union européenne compétents ou par les autorités nationales compétentes et que le recouvrement d'environ 402,8 millions d'EUR a été recommandé; s'inquiète de ce que le taux de mise en examen à la suite des recommandations judiciaires de l'OLAF pour la période 2006-2013 ne s'élève qu'à 54 % environ; s'inquiète de ce que le faible taux de mise en examen donne une mauvaise image de la qualité et de l'utilisabilité des résultats d'enquête de l'OLAF; invite la Commission à améliorer d'urgence l'efficacité de l'OLAF; estime qu'un véritable contrôle des affaires de l'OLAF par le comité de surveillance (sans ingérence dans les enquêtes en cours) est indispensable et prie donc instamment la Commission et l'OLAF de remédier à la situation actuelle dans laquelle le comité de surveillance ne peut remplir son rôle; regrette en outre le manque d'informations disponibles sur le taux de condamnation dans les affaires qui impliquent une infraction à l'encontre du budget de l'Union;

III.    Enquêtes et rôle de l'OLAF

61.

prend acte du fait qu'en 2013, l'OLAF a, selon ses propres dires, reçu la plus grande quantité d'informations enregistrée à ce jour et affirme avoir émis un nombre record de recommandations; relève que la méthode de comptabilisation des informations entrantes et des recommandations émises a aussi été modifiée; demande au comité de surveillance d'analyser les effets de ces changements de données et la qualité des recommandations émises par l'OLAF;

62.

invite le comité de surveillance de l'OLAF à informer le Parlement de la durée des enquêtes de l'OLAF et de la méthode de calcul employée à cet égard, étant donné que cette méthode a été modifiée en 2012; relève que ce changement peut artificiellement réduire la durée apparente des enquêtes; demande au comité de surveillance d'analyser de près la qualité des informations fournies par l'OLAF, notamment les rapports aux institutions;

63.

constate la mise en place de nouvelles modalités de travail entre l'OLAF et son comité de surveillance et demande une résolution rapide des problèmes restants entre ces deux institutions;

o

o o

64.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la Cour de justice de l'Union européenne, à la Cour des comptes européenne, au comité de surveillance de l'OLAF et à l'OLAF.


(1)  JO L 84 du 20.3.2014, p. 6.

(2)  JO L 248 du 18.9.2013, p. 1.

(3)  JO L 298 du 26.10.2012, p. 1.

(4)  JO C 51 E du 22.2.2013, p. 121.

(5)  JO C 161 E du 31.5.2011, p. 62.

(6)  JO L 312 du 23.12.1995, p. 1.

(7)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0338.

(8)  JO L 94 du 28.3.2014, p. 65.

(9)  JO L 94 du 28.3.2014, p. 243.

(10)  JO L 94 du 28.3.2014, p. 1.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/48


P8_TA(2015)0063

Rapport de suivi 2014 concernant le Monténégro

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le rapport de suivi 2014 sur le Monténégro (2014/2947(RSP))

(2016/C 316/05)

Le Parlement européen,

vu les conclusions du Conseil européen des 19 et 20 juin 2003 ainsi que leur annexe intitulée «L'agenda de Thessalonique pour les Balkans occidentaux: progresser sur la voie de l'intégration européenne»,

vu l'accord de stabilisation et d'association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République du Monténégro, d'autre part (1), du 29 mars 2010,

vu les résultats de la conférence UE-Monténégro relative à l'adhésion du 16 décembre 2014,

vu le rapport de la Commission au Parlement européen et au Conseil, du 22 mai 2012, sur les progrès réalisés par le Monténégro dans la mise en œuvre des réformes (COM(2012)0222), et les conclusions du Conseil du 26 juin 2012 établissant l'ouverture des négociations d'adhésion avec le Monténégro le 29 juin 2012,

vu la communication de la Commission intitulée «Stratégie d'élargissement et principaux défis 2014-2015» du 8 octobre 2014 (COM(2014)0700), le document de travail des services de la Commission intitulé «Montenegro 2014 Progress Report» qui l'accompagne (SWD(2014)0301), et le document de stratégie indicatif pour les années 2014-2020, adopté le 19 août 2014,

vu les conclusions du Conseil «Affaires générales» du 16 décembre 2014 sur l'élargissement et le processus de stabilisation et d'association,

vu la déclaration et les recommandations de la neuvième réunion de la commission parlementaire de stabilisation et d'association UE-Monténégro (CPSA) des 1er et 2 décembre 2014,

vu ses résolutions antérieures concernant le Monténégro,

vu les travaux de Charles Tannock en tant que rapporteur permanent de la commission des affaires étrangères sur le Monténégro,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant qu'à l'heure actuelle, le Monténégro est le seul pays de la région à ouvrir et à clôturer de manière provisoire des chapitres de négociation avec l'Union, ce dont il y a lieu de se réjouir; que le rôle moteur qu'il joue implique également une responsabilité accrue, non seulement dans un contexte régional mais aussi à l'égard du processus d'élargissement dans son ensemble;

B.

considérant que chaque pays candidat est jugé sur ses propres mérites et que les progrès à venir seront axés sur la mise en œuvre efficace des stratégies de réforme et des plans d'action du pays;

C.

considérant qu'un dialogue durable et une coopération constructive entre le gouvernement et l'opposition sont importants pour réaliser des progrès dans le cadre des préparatifs en vue de l'adhésion et pour s'assurer de la confiance des citoyens dans le processus électoral et dans les institutions de l'État; que l'ensemble des forces politiques devraient demeurer concentrées sur le processus d'adhésion du pays à l'Union européenne;

D.

considérant que le Monténégro doit obtenir davantage de bons résultats en matière d'état de droit, condition fondamentale pour adhérer à l'Union et pour assumer les obligations liées à l'appartenance à l'Union; que la corruption reste un sujet très préoccupant;

E.

considérant que la société civile joue un rôle important dans le processus de réforme et d'adhésion à l'Union européenne;

F.

considérant que la question de la liberté d'expression et de l'indépendance des médias demeure un sujet de préoccupation; que, bien que leur nombre ait baissé, de nouveaux actes de violence à l'encontre des médias ont été commis au cours de la période considérée; que les autorités compétentes doivent améliorer les enquêtes et les poursuites à l'égard des cas de violence, qu'ils soient anciens ou nouveaux, et instaurer une atmosphère positive propice au fonctionnement libre et indépendant des médias;

1.

se félicite des progrès accomplis dans les négociations d'adhésion et note qu'à ce jour, seize chapitres, y compris les chapitres 23, 24 et 31, ont été ouverts et que deux autres (science et recherche, éducation et culture) ont été provisoirement clôturés;

2.

encourage la poursuite des négociations d'adhésion sur la base des réformes mises en œuvre ainsi que des résultats concrets, notamment dans les domaines de l'état de droit, de l'environnement des médias et de la lutte contre la corruption; se félicite de l'adoption, le 16 décembre 2014, d'une série de lois conformément au plan d'action pour le chapitre 23; est d'avis que les progrès des négociations et l'amélioration du cadre stratégique, normatif et institutionnel doivent s'accompagner d'avancées concrètes sur le terrain, en mettant l'accent sur la mise en œuvre des plans d'action et stratégies;

3.

se félicite du renforcement des structures de négociation, y compris de la mise en place du Conseil de l'état de droit; invite le gouvernement à renforcer la coordination intra-institutionnelle et à étendre les consultations interministérielles;

4.

rappelle que les réformes relatives à l'état de droit sont au cœur du processus d'intégration européenne et qu'elles constituent des conditions essentielles à l'avancement des négociations d'adhésion dans leur ensemble; estime que la volonté politique reste déterminante pour accomplir durablement des progrès importants dans la lutte contre la corruption et le crime organisé, principal indicateur de l'indépendance, de l'efficacité et du professionnalisme du système judiciaire;

5.

souligne l'importance de veiller à une large participation au processus de réforme, avec la participation active de la société civile, afin de parvenir à réaliser les progrès nécessaires dans les négociations; demande instamment un contrôle parlementaire plus actif à cet égard;

6.

se félicite de l'adoption du plan d'action de 2014 pour renforcer le contrôle parlementaire et du code de déontologie parlementaire en décembre 2014; souligne la nécessité de renforcer les capacités du parlement monténégrin et d'assurer le suivi du rapport technique qu'il a adopté en juillet 2013 sur les allégations de détournements de fonds publics en faveur de partis politiques, et que le suivi judiciaire n'a pas abouti; invite le gouvernement à prendre en considération les recommandations du parlement monténégrin et à lui permettre un meilleur accès aux informations pertinentes;

7.

est préoccupé par le fait que la profonde polarisation du pays se soit traduite par un boycott, par le principal parti d'opposition, de certaines sessions parlementaires, à savoir les questions du premier ministre, et par le fait que cette situation compromet le fonctionnement démocratique des institutions; invite dès lors instamment toutes les forces politiques, qu'elles fassent partie du gouvernement ou de l'opposition, à se concentrer sur le processus d'adhésion du pays à l'Union européenne et à nouer un dialogue durable et une coopération constructive, en particulier au sein même du parlement; souligne qu'une véritable volonté politique est indispensable au succès de sa mise en œuvre et à sa force institutionnelle;

8.

invite le gouvernement à mettre effectivement en œuvre les recommandations du BIDDH de l'OSCE, de la commission de Venise et du GRECO sur la législation en matière électorale, conformément aux meilleures pratiques et aux normes européennes, y compris sur le droit de se présenter comme candidat indépendant, sur un financement public proportionnel destiné à ce que tous les candidats soient traités sur un pied d'égalité ainsi que sur l'audit des partis politiques; relève que toutes les élections locales ont été entachées de cas présumés d'infractions électorales; insiste sur la nécessité, pour les autorités compétentes, d'enquêter sur ces allégations et de lancer des poursuites le cas échéant;

9.

souligne l'importance d'une distinction claire entre les positions de l'État et des partis; se félicite de la nouvelle loi adoptée en décembre 2014 sur le financement des partis politiques et prie instamment tous les partis politiques d'établir un bilan de sa mise en œuvre effective, lequel devrait viser à réduire sensiblement les possibilités d'utilisation abusive de fonds publics; déplore que d'importants actes législatifs aient été adoptés sans parvenir à un consensus entre tous les partis;

10.

se félicite de ce que la Commission mette davantage l'accent sur la réforme de l'administration publique dans le cadre du processus d'adhésion; se félicite des progrès en cours à cet égard, mais note que des mesures supplémentaires pourraient être prises pour améliorer la qualité de la législation et de l'administration locale; partage les préoccupations relatives à la politisation de l'administration publique; demande que des progrès soient réalisés en vue d'accroître la transparence, l'efficacité et la responsabilité des administrations publiques centrale et locale, et demande de renforcer leur coordination ainsi que la coordination entre administrations locales autonomes, notamment dans les domaines des investissements, de la planification et de la mise en œuvre des projets; estime qu'il est essentiel de remédier aux lacunes en matière de critères de recrutement, de licenciement et d'évaluation, d'absence de mise en œuvre de l'évaluation des performances et de faiblesse des capacités administratives et de contrôle;

11.

encourage la poursuite des efforts visant à renforcer les capacités des services du Médiateur dans les dossiers de lutte contre les discriminations;

12.

se félicite de la nouvelle stratégie de réforme judiciaire pour 2014-2018, constate avec satisfaction que ce plan d'action est, d'une manière générale, mis en œuvre dans les délais et que le nouveau procureur général suprême a été nommé; se félicite des nouvelles mesures juridiques visant à accroître la transparence dans l'élection des procureurs; observe que les progrès accomplis en matière de réforme du système judiciaire ont facilité l'ouverture de quatre chapitres supplémentaires lors de la conférence intergouvernementale de décembre 2014; encourage la poursuite des efforts déployés pour contrôler et résorber davantage encore l'arriéré judiciaire et réduire encore la durée des procédures judiciaires, ainsi que pour améliorer l'efficacité du tribunal constitutionnel;

13.

se félicite des progrès accomplis par le Monténégro dans la mise en œuvre des réformes visant à garantir l'indépendance et l'efficacité accrue du système judiciaire; demeure gravement préoccupé par le fait que l'indépendance de la justice soit court-circuitée, en particulier dans le recrutement et l'évolution de la carrière des juges et procureurs; insiste sur la nécessité et l'urgence de renforcer les critères de sélection, de nomination et de promotion, et de respecter les principes d'égalité et de proportionnalité dans le cadre des procédures disciplinaires; appelle de ses vœux des mesures de réforme essentielles en matière de recrutement, de promotion et de systèmes de sanctions disciplinaires pour les juges et les procureurs; prend acte du fait que certains de ces problèmes vont faire l'objet d'un ensemble de lois relatives à l'organisation du système judiciaire;

14.

s'inquiète du retard de traitement des affaires pendantes devant la Cour constitutionnelle, et en particulier des affaires portant sur la possibilité de violations systématiques des droits de l'homme, comme l'initiative d'examiner le caractère constitutionnel de la loi sur les délits mineurs;

15.

s'inquiète de ce qu'aucun effort sérieux n'ait été entrepris pour lutter contre l'impunité dans les affaires de crimes de guerre; encourage les autorités compétentes à engager, dans les affaires de crimes de guerre, des poursuites en temps utile, y compris au niveau le plus élevé; invite instamment les autorités compétentes à mener des enquêtes efficaces sur les crimes de guerres, et à engager des poursuites et à rendre des jugements en la matière, et à veiller à ce que les victimes aient un accès rapide à la justice et puissent rapidement obtenir une juste indemnisation;

16.

s'inquiète du fait qu'en dépit des importantes ressources financières acheminées par la voie des bailleurs de fonds internationaux et les autorités, seuls des progrès limités aient été réalisés dans la lutte contre la corruption, qui demeure une menace pour le bon fonctionnement et la stabilité des institutions démocratiques, l'état de droit et le développement économique; demande que la commission nationale pour la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la corruption et le crime organisé, principale unité de coordination de la lutte contre la corruption, joue un rôle plus actif; insiste sur la nécessité et l'urgence que revêt une participation plus active et une coopération efficace du gouvernement, de tous les secteurs de la vie publique et de la société civile dans la prévention de la corruption ainsi que dans le renforcement du cadre législatif et la protection des lanceurs d'alerte;

17.

demande instamment aux autorités de renforcer la capacité des procureurs, des juges, de la police et d'autres services répressifs, et de parvenir à des résultats probants en matière d'enquêtes, de poursuites et de condamnations à tous les niveaux, notamment dans les affaires de corruption de haut niveau; se félicite de l'adoption de la législation anticorruption, notamment sur le lobbying, sur la procédure administrative générale, sur la passation de marchés publics ainsi que des modifications aux lois sur la prévention des conflits d'intérêts; demande leur application efficace afin de renforcer la coopération entre les services répressifs et d'améliorer le système de contrôle des conflits d'intérêt et de déclaration de patrimoine; invite la Commission à suivre de près la mise en œuvre des lois en question; estime qu'il est important de renforcer les institutions pour leur permettre d'adopter une approche plus volontariste en matière de lutte contre la corruption, et d'associer pleinement la nouvelle commission parlementaire chargée de contrôler les activités de l'Agence pour la lutte contre la corruption, des ressources suffisantes devant lui être octroyées; souligne que les lacunes en matière d'indépendance et de responsabilité du système judiciaire restent une grave préoccupation et entravent la lutte contre la corruption;

18.

demande également à l'appareil judiciaire de faire preuve d'une plus grande transparence dans les affaires de corruption et de crime organisé, notamment en ce qui concerne la divulgation, dans les verdicts, des noms des entreprises, des particuliers et des fonctionnaires impliqués dans ces délits ou crimes;

19.

note que la fréquence des modifications juridiques peut entraver l'efficacité de la lutte contre la criminalité organisée; appelle au renforcement des capacités des autorités compétentes, en particulier en ce qui concerne la conduite d'enquêtes complexes et les enquêtes menées dans les cas difficiles; se félicite des modifications apportées au code pénal pour prévenir et contrôler la radicalisation et l'extrémisme religieux; se félicite de l'adoption du nouveau code pénal, qui criminalise les «combattants étrangers», y compris les djihadistes; demande aux autorités compétentes de mettre efficacement en œuvre les dispositions législatives concernées afin d'empêcher et de contrôler toute menace potentielle pour la sécurité des Monténégrins; souligne qu'il importe de lutter contre toutes les formes d'extrémisme;

20.

se félicite de la signature de l'accord de coopération stratégique et opérationnelle entre le Monténégro et Europol, des progrès accomplis dans les négociations en vue de l'accord avec Eurojust et de l'obtention du statut d'observateur pour les institutions monténégrines au sein des réseaux judiciaires européens concernés; incite à une étroite coopération opérationnelle avec les instances judiciaires européennes concernées, y compris en matière de traite des êtres humains;

21.

prend acte des efforts récents visant à améliorer les mécanismes de consultation avec les organisations de la société civile (OSC) à des fins de transparence accrue dans l'élaboration des politiques et des lois, dans le cadre d'un processus inclusif; se réjouit des débats publics concernant la révision des plans d'action pour les chapitres 23 et 24; invite les autorités compétentes à octroyer davantage de fonds publics aux OSC durables et à œuvrer à l'élaboration d'un cadre institutionnel approprié; se félicite de ce qu'un nouveau conseil du développement des organisations non gouvernementales ait été nommé par le gouvernement; invite les autorités compétentes à adapter le cadre et les pratiques juridiques afin de protéger les militants de la société civile des attaques et des propos haineux qui auraient été propagés dans certains journaux, et à instaurer un climat au sein duquel ils puissent travailler sans crainte de représailles;

22.

rappelle l'importance de la liberté d'expression, l'une des valeurs fondamentales de l'Union européenne; estime qu'il est essentiel que les journalistes jouissent d'une indépendance totale; est vivement préoccupé par la détérioration de la liberté de la presse ainsi que par la faiblesse des normes professionnelles et éthiques des professionnels des médias du pays; déplore vivement la persistance des incidents visant les bureaux des journalistes et des médias; prend acte du fait que le gouvernement du Monténégro a mis en place une commission chargée d'enquêter sur les attaques à l'encontre de journalistes; invite instamment les autorités compétentes à appliquer ses recommandations et à établir un bilan systématique de poursuites et de condamnations définitives des auteurs; estime qu'il est essentiel d'approfondir les normes démocratiques afin de disposer de médias de service public indépendants dotés d'une indépendance éditoriale ainsi que d'un financement stable et durable; souligne la responsabilité de tous les acteurs politiques et des médias dans l'instauration d'un climat de tolérance à l'égard des opinions différentes; souligne que les déclarations publiques en faveur de la liberté des médias contribuent à créer un climat propice au respect et à la protection des journalistes; se félicite de l'accord conclu entre les représentants des médias prévoyant une révision du code de déontologie en guise de première étape dans l'amélioration de l'autorégulation des médias; considère qu'il est nécessaire d'adopter un cadre législatif clair fixant des règles en matière de propriété et de financement des médias;

23.

est d'avis que le traitement transparent du passé totalitaire et notamment l'ouverture des archives des services secrets contribuent à la démocratisation, à l'obligation de rendre des comptes et à la robustesse des institutions;

24.

se félicite de ce que la loi anti-discrimination ait été presque entièrement mise en conformité avec l'acquis; demande aux autorités de s'attaquer aux lacunes qui subsistent en matière de discrimination raciale et d'instaurer des dispositions en matière de sanctions; invite les autorités à doter le conseil anti-discrimination de tous les moyens financiers et administratifs nécessaires; tout en reconnaissant les progrès réalisés en matière d'inclusion sociale et d'éducation de la population rom, s'inquiète des taux de décrochage scolaire et de la faible proportion d'étudiants roms parmi la population totale d'étudiants; appelle à la promotion des initiatives en matière de logement, de santé, d'éducation et d'emploi des Roms, ainsi qu'à l'émancipation des femmes roms et à l'éducation des jeunes filles roms; se félicite des efforts accomplis par les autorités compétentes pour protéger les droits des personnes LGBTI au cours de leur deuxième défilé, qui a eu lieu sans incident; est toutefois préoccupé par la persistance des attaques contre des membres de la communauté LGBTI et de ses militants; invite instamment les acteurs politiques et la société civile à lutter contre l'hostilité et les violences généralisées à l'encontre des minorités sexuelles, en particulier par des mesures visant à éduquer et à informer le public afin de contribuer à l'évolution des mentalités et par la formation des policiers, des procureurs et des juges;

25.

se félicite des améliorations apportées au cadre juridique relatif aux droits des personnes handicapées; relève que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour respecter l'acquis de l'Union; prie instamment le gouvernement d'accélérer les progrès en matière d'accessibilité des bâtiments pour les personnes handicapées et regrette que la majorité des institutions nationales et locales, y compris les bâtiments prioritaires désignés (comme le parlement et les tribunaux) ne soient toujours pas accessibles aux personnes handicapées; reste préoccupé par le taux élevé de décrochage des élèves handicapés après l'école primaire et l'école secondaire; note l'importance d'assurer une transparence suffisante concernant le fonctionnement et les dépenses du fonds pour la réinsertion professionnelle et l'emploi des personnes handicapées;

26.

souligne la nécessité de renforcer encore la mise en œuvre et le suivi de la législation et des politiques relatives aux enfants, et d'y consacrer des ressources suffisantes; insiste sur l'amélioration de la qualité de l'éducation dont devraient bénéficier tous les enfants et appelle à des efforts supplémentaires en faveur des enfants vulnérables; souligne qu'il importe d'élargir la réforme du système de justice des mineurs aux enfants impliqués dans des procédures administratives, civiles et pénales afin de promouvoir un accès plus large à la justice;

27.

est préoccupé par le fait que les progrès en matière de droits des femmes, d'égalité entre les hommes et les femmes, de représentation des femmes en politique et sur le marché du travail ainsi que de lutte contre les violences conjugales restent limités; insiste, à cet égard, sur la nécessité et l'urgence de parvenir à des progrès plus rapides en matière de droits des femmes, d'égalité entre les hommes et les femmes, de représentation des femmes en politique et sur le marché du travail, ainsi que de lutte contre les violences familiales; demande, à cet égard, une association plus étroite du parlement, une coopération plus structurée avec la société civile et un renforcement des capacités institutionnelles, y compris l'amélioration de la coopération entre les services sociaux et les services répressifs; demande instamment que les droits des victimes soient au cœur de l'ensemble des mesures, et demande que soit fait preuve de toute la diligence requise en matière de prévention, d'enquêtes, de sanctions et de réparation pour des actes de violence familiale;

28.

se félicite des politiques adoptées par le Monténégro en vue de créer un climat de tolérance et d'inclusion pour toutes les minorités nationales; encourage vivement les autorités monténégrines à continuer de protéger l'identité multinationale de la région des bouches de Kotor et à renforcer sa coopération culturelle et économique avec les pays voisins membres de l'Union;

29.

se réjouit du fait que la liberté de pensée, de conscience et de religion reste garantie et protégée; note les tensions qui subsistent entre les églises orthodoxes serbe et monténégrine, en particulier sur des questions de biens immobiliers; demande l'adoption d'une nouvelle loi relative au statut juridique des communautés religieuses;

30.

encourage le gouvernement à mettre en œuvre des réformes économiques durables, y compris des dispositions législatives sur des mécanismes anti-concurrence, de manière à stimuler la compétitivité et à surmonter les faiblesses structurelles, à remédier au problème de l'étendue de l'économie informelle et, d'une façon générale, à améliorer l'environnement des affaires; appelle à un renforcement du dialogue social entre les différents partenaires; appelle, en outre, au renforcement des capacités, notamment en ce qui concerne la participation aux consultations publiques, et l'élaboration et la coordination des politiques économiques, notamment en vue de réduire les disparités régionales; insiste sur la nécessité de lutter efficacement contre la fraude fiscale; s'inquiète de ce que des incertitudes juridiques et judiciaires, y compris en matière d'octroi de licences, de procédures de collecte des impôts et d'exécution des contrats, ne comportent des risques pour les acteurs économiques et n'entravent la capacité du Monténégro à attirer les investissements étrangers; souligne la nécessité et l'urgence qu'il y a à résoudre des différends commerciaux avec les investisseurs étrangers qui sont primordiaux pour l'économie du Monténégro; partage les inquiétudes exprimées quant à l'absence d'amélioration tangible de la situation du marché du travail et à la persistance de taux élevés de chômage des jeunes et de chômage de longue durée, et demande par conséquent que soient prises des mesures actives de mise à l'emploi;

31.

observe que le dialogue entre les partenaires sociaux reste insuffisant; demande le renforcement des droits des citoyens à mettre en place de nouvelles organisations syndicales; se félicite des modifications apportées au droit du travail afin de réglementer les droits des travailleurs en cas de faillite; encourage le gouvernement à accélérer les travaux sur son premier programme de réformes sociales et en matière d'emploi afin de recenser et de relever les principaux défis qui se posent au Monténégro en matière de politique de l'emploi, d'inclusion sociale et de réduction de la pauvreté;

32.

se félicite de la mise en œuvre de la loi sur les petites entreprises ainsi que de l'adhésion au programme pour la compétitivité des entreprises et les petites et moyennes entreprises (COSME); demande l'accélération des mécanismes de soutien du secteur public en faveur des PME, qui sont l'un des principaux moteurs du développement économique;

33.

continue d'être sérieusement préoccupé par le retard dans la clôture de la procédure de liquidation judiciaire du plus grand conglomérat industriel du Monténégro, l'usine d'aluminium KAP, en violation des obligations qui lui incombent en vertu de l'accord de stabilisation et d'association (ASA); prie instamment le gouvernement et les parties concernées de parvenir à une solution durable pour KAP, dans le respect des règles en matière d'aides d'état telles que fixées dans l'ASA, ainsi que de la transparence et de l'état de droit;

34.

regrette que le Monténégro ait ignoré l'injonction du tribunal chypriote concernant la vente de KAP et invite le Monténégro à reconnaître pleinement les décisions arrêtées par les autorités judiciaires des États membres de l'Union européenne;

35.

encourage le Monténégro à poursuivre ses progrès dans les domaines de la protection de l'environnement et de la lutte contre le changement climatique en renforçant la capacité administrative, en élaborant des politiques énergétiques durables et en développant un modèle économique écologique qui stimule les investissements, afin de garantir la conformité avec l'acquis en matière d'environnement et de lutte contre le changement climatique; rappelle la nécessité d'élaborer une stratégie énergétique nationale prenant en considération les nombreuses sources d'énergie renouvelable disponibles ainsi que la nécessité de respecter le patrimoine naturel ainsi que les zones protégées et les zones bénéficiant d'une reconnaissance internationale; appelle instamment à des consultations sur les projets transfrontaliers;

36.

appelle de ses vœux une planification à long terme en ce qui concerne le tourisme côtier ainsi que la création d'un mécanisme performant destiné à empêcher la destruction de l'environnement et la corruption dans les domaines de l'aménagement du territoire et de la construction;

37.

félicite le Monténégro pour sa participation et son volontarisme, ainsi que le rôle constructif qu'il joue en matière de coopération régionale et internationale, tout comme dans le processus de réconciliation régionale; félicite le gouvernement d'avoir clôturé la mise en conformité complète de sa législation avec la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union, et incite les autorités à poursuivre l'alignement de la politique étrangère du pays sur celle de l'Union, en particulier dans le contexte actuel de la menace que représente le terrorisme international; félicite le gouvernement du fait que le Monténégro soit, avec l'Albanie, le seul pays candidat à l'adhésion à l'Union, dans les Balkans occidentaux, à avoir pleinement mis sa législation en conformité avec les décisions et positions de l'Union européenne sur la situation en Ukraine; invite les autorités monténégrines à intensifier leur coopération avec leurs partenaires politiques et économiques internationaux afin de renforcer la résistance du pays face aux pressions extérieures et aux tentatives de déstabiliser le pays et la région; se félicite de la participation du pays à des missions civiles et militaires de l'Union, de l'OTAN et des Nations unies;

38.

invite tous les membres de l'OTAN et, en particulier, les États membres de l'Union qui sont également membres de l'OTAN, à soutenir activement l'adhésion du Monténégro à cette organisation en vue de renforcer la sécurité en mer Adriatique, sachant que tous les autres pays qui bordent cette mer sont déjà membres de l'OTAN, et ainsi renforcer la stabilité de la région;

39.

encourage le Monténégro à résoudre les questions bilatérales en suspens avec ses voisins, et ce à un stade aussi précoce que possible dans le processus d'adhésion, dans un état d'esprit constructif et de bon voisinage; affirme une nouvelle fois la nécessité de régler rapidement les questions, toujours en suspens, de délimitation des frontières et de succession avec la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et le Kosovo; encourage le renforcement de la coopération avec les pays voisins grâce aux échanges d'expériences concernant le processus d'adhésion; se félicite de ce que le Monténégro se voie octroyer un statut d'observateur par le traité sur la Charte de l'énergie;

40.

plaide pour un règlement amiable rapide du différend frontalier qui oppose le Monténégro et la République de Croatie; s'il n'est pas possible de trouver un compromis amiable, propose de porter ce différend devant la Cour internationale de justice de La Haye, conformément aux règles et aux principes du droit international;

41.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres ainsi qu'au gouvernement et au parlement du Monténégro.


(1)  JO L 108 du 29.4.2010, p. 3.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/54


P8_TA(2015)0064

Rapport de suivi 2014 concernant l'ancienne République yougoslave de Macédoine

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le rapport de suivi 2014 concernant l'ancienne République yougoslave de Macédoine (2014/2948(RSP))

(2016/C 316/06)

Le Parlement européen,

vu la décision du Conseil européen du 16 décembre 2005 d'accorder à l'ancienne République yougoslave de Macédoine le statut de pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne, ainsi que les conclusions du Conseil européen du 17 décembre 2013; vu les conclusions du Conseil de l'Union européenne du 16 décembre 2014,

vu les conclusions de la Présidence du Conseil européen de Thessalonique des 19 et 20 juin 2003 concernant la perspective d'adhésion à l'Union européenne des pays des Balkans occidentaux,

vu la onzième réunion du conseil de stabilisation et d'association entre le pays et l'Union européenne, laquelle s'est tenue le 23 juillet 2014,

vu le rapport de suivi de la Commission (SWD(2014)0303) et sa communication du 8 octobre 2014 intitulée «Stratégie d'élargissement et principaux défis 2014-2015» (COM(2014)0700), ainsi que le document de stratégie indicatif (2014-2020) adopté le 19 août 2014,

vu les résolutions 817 (1993) et 845 (1993) du Conseil de sécurité des Nations unies,

vu l'arrêt de la Cour internationale de justice sur l'application de l'accord intérimaire du 13 septembre 1995,

vu l'avis de la Commission de Venise sur les sept amendements à la Constitution du pays, adoptés les 10 et 11 octobre 2014,

vu les conclusions de la mission internationale d'observation des élections de l'OSCE/BIDDH effectuée pour le scrutin présidentiel et les élections législatives anticipées,

vu la 12e réunion de la commission parlementaire mixte UE-ancienne République yougoslave de Macédoine des 26 et 27 novembre 2014,

vu ses résolutions antérieures,

vu les travaux d'Ivo Vaijgl, rapporteur permanent concernant le pays au sein de la commission des affaires étrangères,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que l'ancienne République yougoslave de Macédoine est candidate à l'adhésion à l'Union européenne depuis neuf ans et qu'elle est le pays le plus avancé en termes d'alignement avec l'acquis communautaire;

B.

considérant que la Commission a recommandé pour la sixième fois consécutive au Conseil d'entamer les négociations; que ce pays est disposé à négocier avec l'Union européenne; qu'au cours de ces huit dernières années, le Parlement européen a sans cesse réclamé l'ouverture de négociations d'adhésion avec ce pays et que tout retard supplémentaire dans l'ouverture des négociations peut avoir une incidence négative sur les processus de réforme dans le pays et sur la crédibilité de l'Union dans la région;

C.

considérant que le Conseil empêche ce pays d'accéder à l'étape suivante du processus d'adhésion en raison du conflit non résolu qui l'oppose à la Grèce en ce qui concerne sa dénomination; considérant que des problèmes bilatéraux ne doivent pas entraver les négociations d'adhésion avec l'Union européenne; considérant que l'impasse dans laquelle se trouve le processus d'intégration européenne pourrait peser sur la stabilité régionale, amoindrir la crédibilité de l'Union et se solder par un recul des normes démocratiques dans le pays;

D.

considérant que ce nouveau report vient accentuer encore la frustration croissante de l'opinion publique macédonienne concernant l'impasse dans laquelle se trouve le processus d'intégration à l'Union et risque d'exacerber les problèmes et la tension au sein du pays;

E.

considérant que chaque pays candidat (potentiel) sera jugé selon ses propres mérites et que le calendrier d'adhésion dépend de la rapidité et de la qualité des réformes nécessaires;

F.

considérant que les problèmes bilatéraux doivent être traités dans un esprit constructif dans les meilleurs délais, en tenant compte des principes et des valeurs de l'ONU et de l'Union européenne;

G.

considérant que l'absence de dialogue constructif et inclusif entre le gouvernement et l'opposition ainsi que le boycott effectué par l'opposition à la suite des élections ont miné les travaux parlementaires; considérant qu'il incombe aussi bien au gouvernement qu'à l'opposition de veiller à la mise en place d'une coopération politique durable, laquelle est essentielle au processus démocratique du pays et à la poursuite du projet européen; que les élections ont fait l'objet d'une couverture médiatique partiale et se sont déroulées dans un climat de séparation insuffisante entre activités de l'État et activités partisanes;

H.

considérant qu'aucune recommandation commune n'a pu être adoptée au terme de la 12e réunion de la CPM; qu'une CPM dont le fonctionnement est parfait est cruciale pour garantir le contrôle parlementaire du processus d'adhésion;

I.

considérant que l'état de droit, la liberté des médias, la coopération régionale et les relations de bon voisinage sont des éléments essentiels du processus d'élargissement de l'Union européenne;

J.

considérant que la corruption et la criminalité organisée sont toujours des problèmes préoccupants; que la liberté d'expression et l'indépendance des médias restent menacées;

1.

invite le Conseil, pour la neuvième fois consécutive, à fixer sans plus attendre une date de début des négociations d'adhésion, afin de ne pas briser l'élan, d'accélérer les réformes liées à l'acquis et de renforcer le processus de démocratisation; rappelle que le différend portant sur la désignation du pays, qui est une question bilatérale, ne saurait constituer un obstacle à l'ouverture de négociations, bien qu'il faille le résoudre avant la fin du processus d'adhésion; partage l'avis de la Commission selon lequel l'incapacité des parties à parvenir à un compromis après près de vingt ans de discussions sous médiation a une incidence directe et négative sur les aspirations européennes du pays et de sa population; invite les deux gouvernements à prendre des mesures concrètes en vue de l'identification d'une solution acceptable pour les deux parties; répète l'importance et la nécessité d'une approche constructive des problèmes avec les pays voisins au sujet de ces questions bilatérales;

2.

rappelle aux États membres l'engagement qu'ils ont pris de revenir sur cette question en 2015 en vue d'entamer les négociations d'adhésion; estime que la mise en route de négociations avec l'Union européenne ne peut avoir qu'une influence positive sur les tentatives de résolution des litiges bilatéraux, tout en étant source également de nouvelles réformes réellement nécessaires, en ce qui concerne tout particulièrement l'état de droit, l'indépendance du pouvoir judiciaire et la lutte contre la corruption; souligne que le fait de continuer à retarder l'ouverture de négociations engendre un coût croissant et imprévisible pour le pays ainsi que pour la stabilité régionale; met en évidence que le maintien du statu quo amoindrit la crédibilité de la politique d'élargissement de l'Union européenne et sa position dans la région;

3.

rappelle que, selon lui, les problèmes bilatéraux ne sauraient être invoqués dans l'optique d'entraver le processus d'adhésion; rappelle qu'ils ne devraient pas constituer un obstacle à l'ouverture de négociations d'adhésion, mais qu'ils devraient être abordés le plus tôt possible dans le processus d'adhésion; observe que l'une des parties ne respecte pas l'arrêt prononcé par la Cour de justice le 5 décembre 2011 sur l'application de l'accord intérimaire de septembre 1995; invite la Grèce à confirmer son engagement pris dans le cadre de l'agenda de Thessalonique 2003 et à créer un environnement positif en vue de régler les différends bilatéraux dans un esprit conforme aux valeurs et aux principes européens; appelle de ses vœux d'autres progrès, y compris des contacts à haut niveau entre les gouvernements et dans les relations bilatérales avec la Bulgarie en vue de négocier un accord portant sur les bonnes relations de voisinage englobant des questions communes; exprime une nouvelle fois son inquiétude au sujet de l'utilisation de différends historiques dans le cadre du débat actuel avec des pays voisins et se félicite de tout effort entrepris pour lancer des célébrations conjointes d'événements et de personnages historiques communs avec des États voisins membres de l'Union européenne; considère que cette démarche contribuerait à une meilleure compréhension de l'histoire et au développement de relations de bon voisinage;

4.

souhaite que l'Union s'engage davantage sur la question de la dénomination et soutient une approche proactive de la part des dirigeants politiques de l'Union; invite la nouvelle haute représentante/vice-présidente à mettre en place de nouvelles initiatives pour sortir de l'impasse actuelle et pour œuvrer, en coopération avec le représentant spécial de l'ONU, à une solution acceptable pour les deux parties; appelle le Conseil à mener une discussion approfondie concernant la perspective d'intégration à l'Union européenne de la Macédoine au cours du premier semestre 2015; insiste sur le fait que tous les pays candidats et candidats potentiels doivent être traités objectivement dans le cadre du processus d'adhésion; estime que la poursuite du dialogue à haut niveau sur l'adhésion avec la Commission améliorerait la qualité du processus de réforme;

5.

appelle tous les membres de l'OTAN, et notamment tous les États membres de l'Union européenne qui sont membres de l'OTAN, à soutenir activement l'adhésion du pays à l'OTAN afin de renforcer la sécurité et la stabilité politique dans le sud-est de l'Europe;

6.

encourage la mise en place d'une coopération transfrontalière dans les domaines de l'histoire, de la culture, de l'enseignement et de la promotion des valeurs européennes soutenant les efforts de changement démocratique; à cet égard, appelle les États voisins membres de l'Union européenne, dans un esprit de bon voisinage, à soutenir la volonté de changement démocratique et, partant, l'ouverture du processus de négociation;

7.

encourage le pays à créer avec ses voisins des comités d'experts conjoints consacrés à l'histoire et à l'enseignement dans le but de contribuer à une interprétation objective de l'histoire, de renforcer la coopération universitaire et d'encourager les jeunes à adopter une attitude positive à l'égard de leurs voisins;

8.

encourage fermement les autorités et la société civile à prendre des mesures adéquates dans l'optique d'une réconciliation historique afin de surmonter les clivages entre les différents groupes ethniques et nationaux et en leur sein, y compris les citoyens d'identité bulgare;

9.

prend note de l'ensemble des modifications proposées à la Constitution; est d'avis que certaines propositions, dont les dispositions concernant le mariage et la création de zones financières internationales, pourraient être encore améliorées dans le sens des recommandations de la Commission de Venise; rappelle également la nécessité de respecter la convention européenne des droits de l'homme et de tenir compte de l'acquis de l'Union; souligne la nécessité de préparatifs minutieux en ce qui concerne les dispositions d'exécution relatives à toute modification de la Constitution; souligne que la procédure d'une modification durable de la Constitution requiert un large soutien politique, un dialogue et une coopération constructifs entre toutes les forces politiques; souligne la nécessité de tenir un débat et une consultation approfondie publics abordant tous les sujets ainsi que l'obtention d'un consensus incluant les partis de l'opposition, la société civile et les parties prenantes concernées;

10.

est préoccupé par le contexte polarisé dans le pays; prie instamment le gouvernement de respecter le rôle du parlement et de lui accorder la latitude et le temps nécessaires aux consultations, de manière à permettre un contrôle parlementaire plein et indépendant; demande au gouvernement et aux partis politiques de s'efforcer d'améliorer leurs rapports afin de maintenir la stabilité politique et d'accélérer le projet politique européen; rappelle que les compromis sont essentiels dans une démocratie dynamique; souligne qu'il est nécessaire d'améliorer la transparence et l'ouverture à tous du processus d'adhésion; souligne que le boycott post-électoral est un problème qui doit être réglé dans un esprit de responsabilité partagée entre le gouvernement et l'opposition en vue du bon fonctionnement du parlement; prie instamment la haute représentante/vice-présidente de collaborer avec toutes les parties afin de faciliter le dialogue;

11.

est très préoccupé par la détérioration des relations entre le gouvernement et l'opposition, notamment en ce qui concerne l'annonce récente d'accusations formulées par le premier ministre contre le chef de l'opposition et les contre-accusations pour infraction pénale; condamne toute surveillance illégale et souhaite que toutes les allégations soient publiées et librement signalées; appelle de ses vœux une enquête indépendante sur toutes les allégations et la surveillance qui a été menée, dans le respect intégral des principes de transparence, d'impartialité et de présomption d'innocence; rappelle l'importance de préserver le principe fondamental de la liberté d'expression; demande à tous les acteurs politiques d'entamer un dialogue constructif afin de continuer à placer l'accent sur les priorités stratégiques du pays et de ses citoyens;

12.

déplore l'absence de l'opposition dans les travaux réguliers de la CPM; juge essentiel de garantir le bon fonctionnement de la CPM grâce à une représentation correcte de toutes les parties parlementaires dans ses procédures;

13.

s'inquiète de ce que la coexistence interethnique reste fragile et problématique dans le pays; s'inquiète de la montée des tensions interethniques qui révèlent la défiance entre communautés; condamne fermement l'utilisation d'un langage ethnocentrique et générateur de divisions, notamment pendant les campagnes électorales; met en évidence que le lancement des négociations d'adhésion à l'Union européenne pourrait aider le pays à mieux relever ce défi en renforçant la cohésion interethnique autour de cet objectif commun; condamne toutes les formes de nationalisme et d'ethnocentrisme extrêmes, qui approfondissent le clivage de la société; appelle tous les partis politiques et les organisations de la société civile à la défense volontariste d'une société pluriethnique et multiconfessionnelle tolérante, où chacun a sa place, et à la protection des droits fondamentaux de toutes les personnes appartenant à des ethnies minoritaires; rappelle que l'éducation joue un rôle essentiel dans l'émergence de la tolérance et du respect entre peuples différents; invite la Commission à intensifier les projets et les programmes visant à renforcer le dialogue interethnique et la compréhension mutuelle;

14.

salue le fait que le projet européen reste la priorité stratégique du pays; encourage le pays à poursuivre la consolidation des réformes et à revenir sur les politiques et les pratiques susceptibles de faire obstacle à son avenir européen, ainsi qu'à réaliser des avancées dans la mise en œuvre des réformes prioritaires en lien avec l'Union, dans le contexte notamment du dialogue de haut niveau sur l'adhésion;

15.

relève que le scrutin présidentiel et les élections parlementaires anticipées d'avril 2014 ont, selon l'évaluation de l'OSCE et du BIDDH, été gérés efficacement; se dit cependant préoccupé par l'absence de séparation entre l'action de l'État et les activités partisanes, ce qui est contraire aux obligations internationales relatives aux scrutins démocratiques, et par le manque d'objectivité de la couverture médiatique et les allégations d'intimidation des électeurs; accueille favorablement les réformes électorales, mais presse les autorités d'enquêter sur les irrégularités qui se seraient produites avant et pendant les élections; demande au gouvernement de satisfaire aux recommandations du BIDDH en temps utile pour améliorer le processus électoral, notamment en ce qui concerne la gestion et l'exactitude des listes électorales; rappelle à cet égard également la nécessité de mettre en place des registres électoraux correspondant aux normes internationales;

16.

invite instamment le gouvernement à remédier aux lacunes constatées dans la mise en œuvre de l'assistance IPA, tels que les problèmes systémiques du système de contrôle, l'insuffisance de la coordination intra et interinstitutionnelle, le retard des achats et la faiblesse du taux et de la capacité d'absorption des institutions; invite à renforcer les liens entre l'assistance européenne et les stratégies nationales de réforme et à utiliser les fonds IPA pour mettre en œuvre une décentralisation budgétaire beaucoup plus poussée dans le pays; appelle à ne plus laisser se perdre des financements européens et à accélérer la mise en œuvre du programme afin de renforcer l'impact de l'aide européenne;

17.

salue l'adoption, en février 2014, du nouveau cadre législatif relatif au service public et à l'emploi public qui constitue une avancée vers l'établissement d'une administration publique unifiée, transparente et responsable; s'inquiète de ce que l'administration publique, malgré les progrès réalisés au niveau législatif, reste fragmentée, politisée et soumise à l'influence politique; encourage vivement à conforter sa haute qualification et son indépendance à tous les niveaux; soutient les efforts relatifs à la mise en œuvre de la législation dans le respect total des principes de transparence, de mérite et de représentation équitable; invite le gouvernement à adopter un programme de réforme de la gestion des finances publiques;

18.

insiste pour que l'accord-cadre d'Ohrid soit intégralement mis en œuvre; demande de terminer l'examen de sa mise en œuvre pour aboutir à des recommandations stratégiques; recommande fermement que l'accord-cadre d'Ohrid soit considéré comme un élément fondamental de l'état de droit, des relations intercommunautaires et de la poursuite de la décentralisation; encourage vivement le renforcement de l'administration locale, ainsi que la mise en place au niveau politique de mesures visant à instaurer la confiance à long terme, par exemple l'organisation de débats publics pour expliquer les avantages de l'accord-cadre d'Ohrid; demande au gouvernement et aux autorités locales compétentes d'entreprendre la mise en œuvre de la stratégie sur l'éducation intégrée et d'accroître l'appui financier à cette fin; estime qu'il est important que les organisations de la société civile participent à ce processus; recommande une approche plus proactive afin de garantir les identités ethniques, culturelles et linguistiques de toutes les communautés;

19.

se félicite du niveau avancé d'harmonisation par rapport à l'acquis législatif et de l'amélioration de l'efficacité des tribunaux résultant de réformes juridiques globales; juge cependant préoccupante l'influence politique injustifiée exercée sur certaines procédures judiciaires et souligne que le pouvoir judiciaire ne doit être soumis à aucune pression extérieure de la part du pouvoir législatif ou exécutif; souligne la nécessité d'assurer la bonne application des normes juridiques, conformément aux normes et aux bonnes pratiques européennes; appelle à l'unification de la jurisprudence afin de garantir la prévisibilité du système judiciaire et la confiance du public; appelle de ses vœux l'amélioration de la qualité de la justice, l'utilisation accrue de voies de recours non judiciaires et de mécanismes de règlement extrajudiciaire des litiges et l'amélioration de la planification stratégique et de l'accès à la justice pour les personnes vulnérables au sein de la société et recommande d'associer davantage les organisations de la société civile et les organisations professionnelles au contrôle de l'indépendance de la justice;

20.

relève des évolutions positives dans la mise en œuvre des programmes de lutte contre la corruption pour la période 2011-2015, dans le renforcement du système d'intégrité personnelle comme institutionnelle, ainsi que dans la coopération interinstitutionnelle et internationale; fait observer qu'il reste encore des problèmes importants à régler, notamment de nature transfrontalière, en ce qui concerne l'application du droit en matière de blanchiment d'argent, la conduite d'une évaluation des risques dans ce pays et l'amélioration de l'efficacité opérationnelle; réaffirme qu'une commission d'État de lutte contre la corruption indépendante et pleinement opérationnelle doit être l'institution publique se trouvant à la pointe de la lutte contre ce problème; afin d'améliorer les travaux de cette commission, demande aux autorités compétentes de renforcer l'interconnexion informatique entre les tribunaux et le ministère public et de mettre en place un registre central des agents publics;

21.

plaide en faveur d'une application plus efficace des politiques et des textes législatifs en matière de lutte contre la corruption, notamment en politique, dans les administrations publiques, dans le domaine des marchés publics ainsi que dans la police et la justice, et recommande également de renforcer les capacités administratives; exhorte le pays à obtenir un bilan concluant en matière de condamnations dans la lutte contre la corruption, y compris dans les affaires importantes; demande aux organisations de la société civile et aux médias indépendants de dénoncer les cas de corruption et de militer pour que des enquêtes et des procès indépendants et impartiaux aient lieu; appelle le ministère public à permettre une enquête appropriée et en temps utile concernant ces plaintes;

22.

observe avec satisfaction que le cadre législatif et institutionnel relatif à la lutte contre la criminalité organisée est en place; salue la coopération régionale et internationale active du pays, par l'intermédiaire notamment d'Eurojust et d'Europol; salue plusieurs opérations de police réussies, menées contre des groupes organisés, notamment en coupant des routes internationales du trafic de drogue et du trafic de migrants;

23.

condamne toutes les formes d'extrémisme politique et/ou religieux et estime qu'une coopération transfrontalière avec les autres pays des Balkans occidentaux et les États membres de l'Union est nécessaire; se félicite des modifications apportées au code pénal qui définissent plus précisément les délits et les peines encourues par les personnes liées à l'extrémisme politique et/ou religieux; réaffirme avec force la nécessité d'une stratégie commune proactive en matière de politique étrangère, de sécurité et de défense, compte tenu de la menace terroriste internationale actuelle; rappelle que la politique publique doit lutter contre toutes les formes d'extrémisme et que la stigmatisation d'un groupe religieux, quel qu'il soit, doit être soigneusement évitée dans ce contexte;

24.

regrette l'absence de coopération avec les organisations de la société civile et les acteurs publics au cours du processus législatif; souligne que cette coopération devrait se fonder sur la volonté sincère du gouvernement de consulter diverses parties concernées tant par le processus législatif que par l'élaboration des politiques; souligne la mission essentielle des organisations de la société civile pour sensibiliser l'opinion publique au processus d'intégration à l'Union en le rendant plus transparent, responsable et participatif; encourage le gouvernement à contribuer au développement de la société civile dans les zones rurales également; invite le gouvernement à lancer un débat de fond avec les universités, les enseignants et les étudiants concernant la réforme de l'enseignement supérieur;

25.

encourage les autorités à récupérer les archives concernées des services secrets yougoslaves auprès de la Serbie; est d'avis que le traitement transparent du passé totalitaire et notamment l'ouverture des archives des services secrets contribuent à la démocratisation, à l'obligation de rendre des comptes et à la robustesse des institutions;

26.

se déclare extrêmement préoccupé par les pressions politiques et financières qui menacent constamment et de manière significative l'indépendance des médias; déplore vivement la détérioration de la liberté d'expression, qui se traduit par le niveau le plus bas de la liberté de la presse dans la région; déplore à cet égard que le pays est passé du 34e au 117e rang du classement de Reporters sans frontières entre 2009 et 2015; constate avec une inquiétude grandissante le contrôle de l'État sur les médias, notamment la dépendance prolongée de ces derniers à l'égard du budget public, le recours fréquent à l'autocensure, de même que de piètres normes professionnelles et une déontologie insuffisante; observe avec inquiétude le recours à la diffamation en politique et dans les médias; regrette, alors que des efforts avaient été entrepris pour rétablir le dialogue entre le gouvernement et le monde des médias, que la loi sur les services audiovisuels ait été modifiée au moyen d'une procédure accélérée sans concertation véritable avec les médias concernés;

27.

prie instamment le gouvernement de mener des politiques favorisant le pluralisme des médias et la diversité des opinions et de garantir l'indépendance des organes de radiodiffusion publique ainsi que de l'autorité de contrôle des médias; relève avec inquiétude que la chaîne publique a affiché un important parti pris en faveur des partis au pouvoir, tant pendant les campagnes électorales (comme indiqué dans les rapports de l'OSCE et du BIDDH) qu'en dehors de ces campagnes (comme indiqué dans le rapport de suivi de la Commission); salue le fait que le gouvernement macédonien ait rendu publiques des données concernant l'activité publicitaire du gouvernement; demande néanmoins au gouvernement de renforcer la transparence des critères utilisés dans le cadre de l'allocation des fonds; recommande vivement à la Commission d'intensifier ses activités de suivi et de conseil en ce qui concerne l'évolution des politiques et d'encourager le dialogue entre toutes les parties concernées du monde des médias;

28.

rappelle au gouvernement et aux partis politiques leur responsabilité pour ce qui est de créer une culture d'inclusion et de tolérance; demande la mise en conformité de la loi contre les discriminations avec l'acquis de l'Union, car cette loi n'interdit pas la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle; condamne toute violence exercée à l'encontre de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI) et demande que les auteurs d'actes de violence, y compris les responsables des incidents violents commis à l'encontre du Centre de soutien LGBTI de Skopje, soient traduits en justice; souligne la nécessité de lutter contre les préjugés et la discrimination à l'encontre de la population rom et de prendre de nouvelles mesures pour améliorer leur situation, en particulier dans les domaines du logement, de la santé, de l'éducation et de l'emploi; invite les autorités à veiller au souci d'équité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines d'action; exprime une nouvelle fois son inquiétude face au maintien de stéréotypes sexistes dans la société et à la violence domestique; encourage le gouvernement à agir sur l'écart structurel et l'écart de rémunération existant entre les hommes et les femmes dans les domaines économique, politique et social; invite la Commission à concrétiser son propre engagement à faire du chapitre sur les affaires sociales et l'emploi une priorité du processus d'adhésion, en lançant une initiative dans ce domaine dans le cadre du dialogue de haut niveau avec le pays sur son adhésion;

29.

reste préoccupé par les niveaux élevés de pauvreté infantile et par le déficit de capacités des institutions responsables de la mise en œuvre des politiques et des actions stratégiques dans ce domaine; exhorte le gouvernement à intensifier ses efforts de mise en œuvre de la stratégie nationale révisée relative à la pauvreté et à l'exclusion sociale; demande qu'une attention accrue soit accordée à la garantie d'un accès équitable et effectif à la justice pour tous les enfants; souligne la nécessité d'efforts supplémentaires de la part du gouvernement afin de soutenir les enfants handicapés et les enfants de la communauté rom; réclame des efforts supplémentaires visant à améliorer la santé et l'alimentation des enfants, en accordant une attention particulière aux enfants roms;

30.

se félicite de ce que le pays reste, dans cette région, celui dont l'environnement est le plus propice aux entreprises et salue sa montée dans le classement de la Banque mondiale, du 31e rang en 2013 au 30e en 2014; constate cependant que la difficulté dans l'exécution des contrats et les fréquentes modifications juridiques sans consultation appropriée posent de graves problèmes au climat des affaires; souligne par ailleurs l'importance de réaliser des avancées dans le domaine du droit du travail et de renforcer le dialogue social; souligne la nécessité d'améliorer davantage le climat des affaires, par un appui aux PME, par la réduction des disparités régionales et par l'établissement de ponts entre les institutions de recherche et de développement et le monde des affaires et de l'emploi;

31.

se félicite de la stabilité des investissements directs étrangers (IDE), lesquels ont permis une diversification accrue des exportations; observe que 80 % du total des IDE émanaient d'entreprises de l'Union et que les flux d'échanges de marchandises et de services avec l'Union ont continué de progresser; souligne une nouvelle fois l'importance d'attirer des investissements étrangers et considère que le retard dans le processus d'adhésion à l'Union risque de représenter un obstacle à l'approfondissement de l'intégration économique; reconnaît le besoin d'augmenter les recettes publiques et de créer des emplois dans les secteurs à haut niveau de productivité, étant donné que la structure globale de l'économie reste axée sur des activités à faible niveau de productivité; souligne que l'ensemble des règles applicables aux zones financières internationales doivent être conformes à l'acquis et aux exigences internationales;

32.

se félicite de la baisse du taux de chômage global, qui est passé de 29,9 % au premier trimestre de 2013 à 27,9 % au troisième trimestre de 2014; appelle le gouvernement à renouveler ses efforts pour réduire le chômage structurel et de longue durée, en particulier chez les jeunes (plus de 50 %) et les catégories vulnérables (notamment les Roms); demande l'adoption de réformes pour accroître la participation au marché du travail et la mobilité de la main-d'œuvre ainsi que pour réduire l'étendue de l'économie informelle qui continue d'entraver la concurrence; juge préoccupant que le niveau d'éducation et de formation de la main-d'œuvre ne corresponde pas, bien souvent, aux besoins réels de l'économie et que de nombreux jeunes travailleurs qualifiés soient de ce fait poussés à l'émigration car ils ne parviennent pas à trouver un emploi qui leur convienne; exprime ses préoccupations au sujet des changements législatifs récents mettant en cause le droit de grève et appelle les autorités à les réviser sur la base des normes de l'OIT;

33.

prend acte des mesures visant à réduire le chômage des femmes, mais invite le gouvernement à poursuivre les travaux en la matière, étant donné que le taux de chômage des femmes reste beaucoup plus élevé par rapport à la moyenne des États membres de l'Union européenne;

34.

souligne que des efforts importants sont nécessaires dans le domaine de l'environnement, notamment sur le plan de la qualité de l'air et de l'eau, de la protection de la nature et de la gestion des déchets; est préoccupé par la pollution de l'air et de l'eau; observe avec inquiétude la concentration de particules nocives plusieurs fois supérieure à la limite autorisée, en particulier à Skopje, Tetovo, Bitola, Kitchevo et Kavadartsi; demande aux autorités compétentes de renforcer leur coopération en vue de mettre en œuvre la législation pertinente, de consolider leurs capacités administratives et d'accorder des financements suffisants permettant d'investir dans des infrastructures telles que des installations de traitement des eaux usées;

35.

déplore que les objectifs énergétiques de 2013 n'aient pas été atteints en ce qui concerne notamment l'efficacité énergétique et l'utilisation des énergies renouvelables; réclame, à cet égard, l'adoption des plans d'action adéquats et l'harmonisation avec la politique climatique de l'Union;

36.

se félicite du rôle actif et constructif du pays dans la coopération régionale et du fait qu'il ne lui reste plus de questions frontalières à régler avec ses voisins; note avec satisfaction que la Macédoine se prépare à prendre la présidence de l'initiative pour l'Europe centrale; invite le gouvernement à améliorer le niveau général d'alignement sur les déclarations et les décisions dans le cadre de la PESC; souligne l'importance du rapprochement progressif avec les positions de l'Union en matière de politique étrangère;

37.

salue les avancées et la volonté d'achever la liaison ferroviaire entre le pays et la Bulgarie, qui améliorera les relations économiques et sociales;

38.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, ainsi qu'au gouvernement et au parlement du pays.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/61


P8_TA(2015)0065

Rapport de suivi 2014 concernant la Serbie

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le rapport de suivi 2014 concernant la Serbie (2014/2949(RSP))

(2016/C 316/07)

Le Parlement européen,

vu les conclusions de la Présidence lors du Conseil européen de Thessalonique des 19 et 20 juin 2003 concernant la perspective d'adhésion des pays des Balkans occidentaux à l'Union européenne,

vu la décision 2008/213/CE du Conseil du 18 février 2008 relative aux principes, aux priorités et aux conditions figurant dans le partenariat européen avec la Serbie et abrogeant la décision 2006/56/CE (1),

vu l'avis de la Commission du 12 octobre 2011 sur la demande d'adhésion de la Serbie à l'Union européenne (SEC(2011)1208),

vu l'accord de stabilisation et d'association (ASA) entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République de Serbie, d'autre part, qui est entré en vigueur le 1er septembre 2013,

vu la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations unies, l'avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) du 22 juillet 2010 sur la conformité de la déclaration d'indépendance unilatérale du Kosovo avec le droit international et la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies A/RES/64/298 du 9 septembre 2010 reconnaissant la teneur dudit avis et saluant la volonté de l'Union de faciliter le dialogue entre Belgrade et Pristina,

vu la déclaration et les recommandations de la deuxième réunion de la commission parlementaire de stabilisation et d'association UE-Serbie des 26 et 27 novembre 2014,

vu les conclusions du Conseil européen du 28 juin 2013,

vu le rapport de suivi 2014 de la Commission sur la Serbie du 8 octobre 2014 (SWD(2014)0302),

vu les conclusions du Conseil Affaires étrangères du 16 décembre 2014,

vu sa résolution du 16 janvier 2014 sur le rapport de suivi 2013 concernant la Serbie (2),

vu sa résolution du 27 novembre 2014 sur la Serbie: l'affaire Vojislav Šešelj, accusé de crimes de guerre (3),

vu les travaux de David McAllister en tant que rapporteur permanent de la commission des affaires étrangères sur la Serbie,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que le Conseil européen du 28 juin 2013 a décidé d'entamer les négociations d'adhésion avec la Serbie; que la première conférence intergouvernementale (CIG) a eu lieu le 21 janvier 2014;

B.

considérant que dans son rapport de suivi 2014 concernant la Serbie, la Commission rend compte des progrès accomplis par la Serbie sur la voie de l'intégration européenne et évalue les efforts entrepris pour remplir les critères de Copenhague et les conditions fixées par le processus de stabilisation et d'association;

C.

considérant que la Serbie, tout comme chaque pays aspirant à adhérer à l'Union, doit être jugée sur ses propres mérites à satisfaire la même série de critères, à la mettre en œuvre et à s'y conformer, et que le calendrier d'adhésion dépend de la rapidité et de la qualité des réformes nécessaires;

D.

considérant que l'Union a placé l'état de droit au cœur de sa politique d'élargissement;

E.

considérant que la Commission a souligné la nécessité de renforcer la gouvernance économique, l'état de droit et les capacités de l'administration publique dans tous les pays des Balkans occidentaux;

F.

considérant que la Serbie a pris des mesures importantes pour normaliser ses relations avec le Kosovo, ce qui a abouti au premier accord de principe régissant la normalisation des relations, conclu le 19 avril 2013; que d'autres mesures doivent être prises de toute urgence afin de régler les questions non résolues entre les deux pays;

G.

considérant que les relations de bon voisinage sont un élément essentiel de la réussite du processus d'intégration européenne de tout pays, et que les questions bilatérales devraient être abordées dans le cadre du processus d'adhésion, conformément au cadre de négociation, dans un état d'esprit constructif et de bon voisinage, en tenant compte des intérêts et des valeurs de l'Union dans leur globalité; considérant qu'ont été prises récemment des mesures importantes dans le cadre du processus de réconciliation historique entre la Serbie et les pays voisins;

H.

considérant que la mise en œuvre du cadre juridique relatif à la protection des minorités doit être pleinement garantie, notamment dans les domaines de l'éducation, de l'emploi des langues et de l'accès aux médias et aux offices religieux dans les langues minoritaires;

I.

considérant que l'exercice de la présidence de l'OSCE par la Serbie en 2015 intervient dans une période de conflit durable dans l'est de l'Ukraine et coïncide avec la célébration par l'Organisation du 40e anniversaire de l'acte final d'Helsinki;

1.

salue l'ouverture officielle des négociations d'adhésion le 21 janvier 2014, lors de la première conférence intergouvernementale entre l'Union européenne et la Serbie,

2.

se félicite de l'organisation des élections législatives anticipées, à propos desquelles les observateurs internationaux ont émis un avis positif; invite les autorités à mettre en œuvre les recommandations de la dernière mission d'observation des élections de l'OSCE/BIDDH et de celle qui l'avait précédée;

3.

souligne, en relevant les avancées réalisées à cet égard, qu'il est essentiel d'améliorer la mise en œuvre de l'accord de stabilisation et d'association UE-Serbie (ASA); fait observer que cet accord constitue le cadre général permettant à la Serbie et à l'Union européenne d'intensifier leur coopération;

4.

se félicite de l'engagement pris par le nouveau gouvernement serbe en faveur du processus d'intégration européenne et prie la Serbie de s'attaquer résolument de front aux réformes systémiques et socioéconomiques; souligne que la mise en œuvre intégrale de la législation et des politiques sont un indicateur déterminant de la réussite du processus d'intégration; invite la Serbie à améliorer la planification, la coordination et le suivi de la mise en œuvre des nouveaux textes législatifs et des nouvelles politiques; souligne qu'il est nécessaire d'améliorer la transparence et l'ouverture à tous du processus d'adhésion; fait observer que la Serbie doit progresser davantage dans sa réforme prioritaire, à savoir l'état de droit;

5.

préconise que l'ouverture des chapitres de négociation dans les meilleurs délais tienne compte des évolutions sur le plan technique et du climat politique des relations entre la Serbie et l'Union européenne; souligne que les chapitres 23 (consacré à l'appareil judiciaire et droits fondamentaux) et 24 (consacré à la justice, à la liberté et à la sécurité) devraient être abordés à un stade précoce des négociations; insiste sur le fait que le chapitre 35 de l'acquis de l'Union, relatif aux relations entre la Serbie et le Kosovo, devrait faire l'objet d'une définition précise; souligne que le cadre de négociation permet de déterminer si les avancées au titre d'un chapitre sont nettement à la traîne par rapport aux avancées des négociations dans leur ensemble, ce qui permet par conséquent à la Commission de recommander le report de l'ouverture ou de la fermeture d'autres chapitres de négociation;

6.

observe qu'il est souligné dans le rapport publié récemment par la Cour des comptes européenne que le financement au titre de l'instrument d'aide de préadhésion (IAP), combiné aux autres formes de soutien, a aidé la Serbie à mener des réformes socio-économiques et à mieux gérer ses finances publiques; observe néanmoins que la réforme du secteur judiciaire est très à la traîne; invite la Serbie à s'aligner sur l'acquis de l'Union en matière d'aides d'état; se félicite de l'usage efficace, constaté par la Cour des comptes européenne, qui est globalement fait de l'aide financière et non financière de l'Union et encourage les autorités à se fonder sur les pratiques de bonne gouvernance et à remédier aux dernières lacunes en matière de conception, de mise en œuvre et de durabilité des projets; prie la Commission de continuer à aider la Serbie dans le cadre de l'IAP de manière efficace et en toute transparence;

7.

se déclare préoccupé par le fait que la plupart des lois sont adoptées par la procédure d'urgence, ce qui ne permet pas toujours une consultation suffisante des parties prenantes et du grand public;

8.

note que les inondations qui ont eu lieu en Serbie en mai 2014 ont durement éprouvé la population et eu des effets négatifs sur l'économie; présente ses condoléances aux familles des victimes; se félicite de ce que l'Union européenne et les États membres aient immédiatement et massivement contribué aux opérations de sauvetage et de secours, à la demande de la Serbie, et organisé une conférence des donateurs en juillet 2014; souligne que la Commission a invité la Serbie à adhérer au mécanisme de protection civile de l'Union et se félicite du fait que, le 16 octobre 2014, la Serbie ait manifesté sa volonté d'y procéder;

9.

approuve le premier accord de principe régissant la normalisation des relations, conclu dans le cadre du dialogue à haut niveau entre les premiers ministres de la Serbie et du Kosovo le 19 avril 2013; se félicite de la participation de la Serbie au processus de normalisation avec le Kosovo et encourage vivement les autorités serbes à jouer un rôle constructif dans ce processus, de même qu'au renforcement de relations de bon voisinage, dans l'intérêt des deux pays; constate que le rythme des négociations générales s'est ralenti, notamment en raison de la tenue d'élections anticipées en Serbie et au Kosovo; accueille favorablement la formation d'un nouveau gouvernement au Kosovo, étape importante pour la reprise du dialogue à haut niveau du 9 février 2015, lequel a permis d'aboutir à l'accord sur le système judiciaire à Mitrovica, et se félicite également, à cet égard, du rôle constructif joué par le gouvernement serbe, qui a invité les représentants élus de la minorité serbe à participer au nouveau gouvernement de coalition à Pristina et à y exercer leurs responsabilités; encourage la Serbie et le Kosovo à aller de l'avant et à mettre pleinement en œuvre l'ensemble des accords déjà conclus en toute bonne foi et dans le délai imparti, et demande à l'Union européenne de procéder à une évaluation des performances des parties en ce qui concerne le respect de leurs obligations; invite les autorités de la Serbie et du Kosovo à poursuivre la normalisation de leurs relations; invite les deux parties à poursuivre leurs efforts visant à rapprocher les communautés albanaise et serbe au Kosovo; souligne que le cadre de négociation exige que les progrès dans la normalisation des relations avec le Kosovo au titre du chapitre 35 aillent de pair avec les progrès dans les négociations en général; met en évidence que le chapitre 35 devrait être ouvert à un stade précoce des négociations; estime que la normalisation complète des relations entre la Serbie et le Kosovo devrait faciliter l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne;

10.

invite les autorités de la Serbie et du Kosovo à jeter les bases d'une coopération en matière de démantèlement et de lutte contre les réseaux criminels, qui sont responsables du contrôle, de l'exploitation et du trafic des migrants en situation irrégulière du Kosovo vers certains États membres de l'Union via la Serbie;

11.

invite la Serbie à redoubler d'efforts afin d'harmoniser sa politique étrangère et de sécurité avec celle de l'Union européenne, y compris la politique à l'égard de la Russie; regrette que la Serbie ne se soit pas alignée, lorsqu'elle y a été invitée, sur les décisions du Conseil instaurant des mesures restrictives à l'encontre de la Russie, en gardant toutefois à l'esprit les liens économiques, sociaux et culturels traditionnellement forts qui unissent les deux pays; estime que la Serbie est en mesure de jouer un rôle d'une importance extrême en ce qui concerne les relations UE-Russie; se félicite de la participation active de la Serbie aux opérations internationales de maintien de la paix; relève que la Serbie a accueilli en grande pompe des personnes faisant l'objet d'une interdiction de visa au sein de l'Union et qu'elle organise des exercices de drill militaire avec l'armée russe;

12.

note avec satisfaction que la Serbie exercera la présidence en exercice de l'OSCE en 2015 et accueille favorablement ses priorités; note que la Serbie se déclare prête, au cours de sa présidence de l'OSCE, à œuvrer par tous les moyens à résoudre de manière pacifique les conflits en cours dans l'espace de l'OSCE; encourage la Serbie à tirer parti de sa présidence afin de contribuer à la stabilisation de la situation dans l'est de l'Ukraine, en jouant un rôle de médiateur; reconnaît en outre la volonté de la Serbie de continuer à favoriser la coopération régionale; prie la Serbie, en sa qualité de présidente en exercice de l'OSCE, de contribuer à rendre à l'OSCE son statut de plateforme globale de résolution des problèmes de sécurité en Europe;

13.

encourage la Serbie à coopérer davantage avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), à renforcer les procès nationaux pour crimes de guerre et à continuer à redoubler d'efforts en matière de coopération régionale pour mettre fin à l'impunité et rendre justice aux victimes de crimes de guerre et à leurs familles; souligne la nécessité et l'urgence d'adopter une législation et une politique de portée générale pour la protection des témoins, d'octroyer aux victimes et à leur famille le droit d'obtenir des réparations, réaffirme son soutien à l'initiative REKOM;

14.

demande à la Serbie d'examiner avec ses voisins et avec la Commission, dans un esprit de réconciliation et de bonnes relations de voisinage, sa loi sur l'organisation et les compétences des autorités publiques dans les procédures relatives aux crimes de guerre;

15.

invite la Serbie à intensifier sa coopération avec les pays voisins et à renforcer ses efforts de recherche des personnes disparues, ainsi qu'à partager l'ensemble des données pertinentes dont elle dispose; prie instamment les autorités serbes d'ouvrir les archives de l'armée populaire yougoslave afin de faire toute la lumière sur les événements dramatiques du passé et de collecter des informations; invite en outre instamment les autorités à ouvrir et à faciliter, en toute transparence, l'accès aux archives concernant les anciennes républiques de la Yougoslavie et aux documents des anciens services secrets yougoslaves (UDBA), notamment en les transmettant à leurs gouvernements respectifs;

16.

se félicite de la signature, sous les auspices de la Commission internationale pour les personnes disparues (CIPD), de la déclaration sur le rôle de l'État dans la résolution des affaires de personnes disparues à la suite de conflits armés et de violations des droits de l'homme; souligne qu'il est essentiel d'intensifier les efforts visant à retrouver et à identifier les personnes disparues ainsi qu'à localiser les fosses communes de l'époque des conflits en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, ainsi que de défendre le droit des familles des victimes de savoir ce qu'il est advenu de leurs proches disparus;

17.

se félicite de l'esprit constructif dont fait preuve le gouvernement serbe en ce qui concerne ses relations avec les pays voisins, ce qui a permis des progrès notables, tant en matière de coopération régionale qu'en ce qui concerne le rapprochement avec l'Union; encourage la Serbie à coopérer encore plus étroitement avec les pays voisins et à entreprendre de nouvelles démarches en vue d'une coopération transfrontalière avec eux afin de favoriser, entre autres, le développement économique des régions frontalières et des zones peuplées par des minorités; souligne que, dans le cadre de la réconciliation, il est primordial de favoriser les mesures d'échanges et de contacts entre les jeunes; se félicite du fait que, de manière générale, la Serbie honore ses obligations internationales et qu'elle ait intensifié ses relations bilatérales avec ses voisins; rappelle que la réconciliation revêt une importance cruciale; encourage la Serbie à mettre intégralement en œuvre les accords bilatéraux avec les pays voisins et à aborder les questions bilatérales en suspens en suivant une approche pragmatique; se félicite de la rencontre, le 10 novembre 2014, à Belgrade, entre le premier ministre serbe et son homologue albanais; encourage la Serbie à soutenir activement les progrès de la Bosnie-Herzégovine en matière d'intégration européenne et d'y contribuer de manière constructive; se félicite également du fait que la Serbie ait continué à participer activement aux initiatives régionales, telles que le processus de coopération de l'Europe du Sud-Est (SEECP);

18.

souligne le rôle essentiel du parlement serbe et de la société civile dans les négociations d'adhésion; se réjouit de l'adoption par le parlement, le 4 juin 2014, de la décision réglementant la procédure d'examen des propositions de position de négociation au cours des négociations d'adhésion; se réjouit de l'adoption, le 26 août 2014, de lignes directrices pour l'association des organisations de la société civile au processus d'adoption de la réglementation et demande que la société civile participe davantage au processus d'intégration; invite le gouvernement à s'abstenir de tout discours anti-européen et à mener régulièrement des dialogues et des consultations publiques avec toutes les parties concernées afin de garantir la pleine et entière transparence des négociations et de fournir toutes les informations en vue d'un débat constructif sur le fonctionnement de l'Union européenne et de ses États membres et demande que tous ces acteurs soient associés au processus d'adhésion;

19.

salue les travaux de certains organismes de réglementation indépendants et reconnaît leur contribution à l'amélioration du cadre juridique et de la responsabilité des institutions de l'État; souligne que les institutions de l'État agissent de manière transparente et responsable; soutient les travaux des autorités publiques indépendantes, telles que le Médiateur, le commissaire chargé des informations d'importance publique, et d'autres; demande aux autorités publiques de protéger l'indépendance de ces organes et de coopérer pleinement avec eux dans l'exercice de leurs compétences; estime que les autorités devraient leur fournir toutes les ressources financières et administratives dont ils ont besoin pour mener à bien leurs travaux; souligne qu'il convient de donner suite comme il se doit à leurs recommandations et de pleinement respecter leur indépendance;

20.

condamne les accusations publiques non fondées à l'encontre du médiateur par les ministres du gouvernement, souligne que le médiateur occupe une place centrale dans le mécanisme d'équilibre des pouvoirs au sein du gouvernement et demande aux autorités de veiller à ce que l'indépendance et l'intégrité du médiateur soient préservées; demande aux autorités d'apporter au médiateur tout le soutien politique et administratif nécessaire dans ses travaux et de garantir son droit de demander des documents officiels conformément à la loi sur l'information du public;

21.

souligne que la Serbie a ratifié les principales conventions de l'OIT relatives aux droits du travail, ainsi que la charte sociale européenne révisée; attire l'attention sur le fait que les droits des travailleurs et les droit syndicaux restent limités, en dépit des garanties constitutionnelles, et invite la Serbie à renforcer ces droits; note que des procédures complémentaires relatives aux syndicats et au droit de grève sont nécessaires dans un souci de clarté; relève que le nombre de conventions collectives sectorielles est très limité et que plusieurs d'entre elles ont expiré et doivent être renouvelées; se déclare préoccupé par le fait que le dialogue social reste faible, et la consultation des partenaires sociaux irrégulière; demande que de nouvelles mesures soient prises afin de renforcer le dialogue social et le rôle consultatif de ces acteurs dans le cadre du processus législatif;

22.

réaffirme l'importance de la défense, de la protection et de l'application des droits de l'homme et des libertés fondamentales à tous les niveaux de la société serbe, sans aucune discrimination, sous quelque forme que ce soit, conformément aux normes européennes et internationales; observe qu'un plan d'action pour la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre les discriminations a été adopté le 2 octobre 2014, appelant à respecter les femmes, les personnes handicapées, les personnes LGBT, toutes les minorités, qu'elles soient nationales, ethniques ou sexuelles, et à garantir leurs droits; encourage les autorités serbes à redoubler d'efforts pour garantir une représentation égale des femmes dans la vie politique et publique; relève que les capacités administratives dans le domaine de l'égalité des genres demeurent faibles et prie les autorités serbes d'intensifier leurs efforts dans ce domaine; se félicite de la décision du gouvernement serbe d'autoriser l'organisation de la gay pride, laquelle a eu lieu à Belgrade le 28 septembre 2014 sans incident majeur, et félicite le gouvernement et la police pour le soutien et la contribution qu'ils y ont apportés;

23.

se félicite de la mise en place du conseil national pour les droits de l'enfant et encourage cet organe à faire plein usage de son mandat afin de veiller à ce que les priorités en matière de droits de l'enfant soient entièrement reprises dans les plans d'action que le gouvernement de la Serbie élabore dans le cadre du processus d'adhésion;

24.

constate que des mesures ont été prises dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie et du plan d'action concernant la réforme du système judiciaire pour la période 2013-2018; relève avec satisfaction l'adoption de règles régissant le contrôle du travail des magistrats; insiste sur l'importance primordiale de l'indépendance de la justice et souligne que la réforme de l'appareil judiciaire doit être menée à terme afin d'assurer la pleine indépendance et l'impartialité des magistrats; invite les autorités à ne pas retarder l'adoption du projet de loi relatif à l'aide juridique tout en veillant à ce que les citoyens les plus vulnérables ne soient pas exclus de l'accès aux services gratuits d'aide juridique; souligne qu'il importe de régler le problème des affaires d'abus de fonctions et exprime son inquiétude face aux requalifications en masse de ces affaires; souligne que des réformes constitutionnelles sont nécessaires pour assurer l'indépendance de l'appareil judiciaire;

25.

accueille favorablement le fort élan politique en faveur de la lutte contre la corruption, et salue la poursuite de la mise en œuvre des recommandations du Groupe d'États contre la corruption (GRECO); se félicite que le parlement serbe ait adopté, le 25 novembre 2014, la loi relative à la protection des lanceurs d'alerte; se félicite des enquêtes en cours dans des affaires de corruption à haut niveau et des mesures prises pour améliorer leur coordination; souligne que des efforts considérables sont nécessaires pour renforcer et appliquer pleinement le cadre juridique de lutte contre la corruption et pour financer les réformes par des ressources suffisantes; souligne que les fuites dans les médias sur des enquêtes en cours, qui contreviennent à la présomption d'innocence, sont un sujet de grave préoccupation et doivent faire l'objet d'une enquête et d'un traitement conformes au droit et qu'il convient d'y mettre fin dans le respect de la légalité; condamne également les pressions exercées par des médias ou des partis politiques sur les organes indépendants de lutte contre la corruption et estime, à cet égard, qu'il convient de renforcer les compétences et les moyens de l'Agence pour la lutte contre la corruption; fait observer que de telles pratiques sont susceptibles de ralentir notablement les négociations d'adhésion; demande que de nouvelles dispositions soient prises pour protéger l'indépendance et l'intégrité du système judiciaire et l'accès à la justice;

26.

relève que la corruption et la criminalité organisée sont très répandues dans la région et constituent un obstacle au développement démocratique, social et économique de la Serbie; estime que, pour lutter avec plus d'efficacité contre ces problèmes, une stratégie régionale et une coopération renforcée entre tous les pays de la région s'imposent;

27.

constate avec préoccupation que le financement des partis politiques et des campagnes électorales est opaque et présente donc de forts risques de corruption; souligne que le financement des partis politiques doit être transparent et conforme aux normes internationales les plus strictes;

28.

se félicite de l'adoption de la loi sur l'information du public et les médias, de celle sur les médias électroniques ainsi que de celle sur la radiodiffusion et la télévision de service public et demande qu'elles soient mises en œuvre immédiatement; souligne que, lors de la mise en œuvre du nouveau train de mesures sur les médias, il convient de veiller également à la pérennité des émissions publiques diffusées dans les langues des minorités et d'assurer la viabilité et la stabilité financière des services publics et des médias régionaux et locaux; fait part de son inquiétude quant à la détérioration des conditions d'exercice de la liberté d'expression en Serbie et souligne la nécessité d'une transparence totale quant à la propriété des médias; exprime son inquiétude face aux pressions et aux menaces que subissent les journalistes et qui se traduisent en particulier par le renforcement de l'autocensure et invite instamment les autorités serbes à prendre des mesures pour que leurs auteurs soient traduits en justice; constate avec préoccupation que les pressions politiques portent atteinte à l'indépendance des médias; réaffirme l'importance que revêt la liberté des médias, une des valeurs fondamentales de l'Union; invite les pouvoirs publics serbes à mettre en place un environnement favorable aux médias, propice à la liberté d'expression et à la liberté des médias;

29.

invite le gouvernement serbe à mettre en œuvre intégralement et sans discrimination la loi sur les réhabilitations; suggère également qu'il modifie la loi sur les restitutions afin de lever tous les obstacles de nature juridique et procédurale aux restitutions en nature;

30.

accueille favorablement l'élection des conseils nationaux des minorités du 26 octobre 2014; insiste sur l'importance que revêtent les conseils nationaux des minorités pour l'application des droits individuels et collectifs des minorités nationales et invite la Serbie à veiller à préserver le niveau des compétences et droits acquis lors de leur mise en conformité avec la décision de la Cour constitutionnelle serbe, tout en leur assurant un financement suffisant et vérifiable; invite la Serbie à assurer une mise en œuvre cohérente, dans l'ensemble du pays, de la législation sur la protection des minorités, notamment pour l'enseignement, l'utilisation des langues et l'accès aux médias et aux offices religieux dans les langues des minorités ainsi qu'une juste représentation des minorités nationales dans l'administration, les collectivités régionales et locales et au parlement national; encourage la Serbie à s'atteler à l'élaboration, dans le cadre du plan d'action du chapitre 23 des négociations, d'un programme d'action spécialement consacré à la situation des minorités nationales; encourage les pouvoirs publics serbes à prendre des mesures supplémentaires pour améliorer la situation des Roms, dans l'éducation, le logement et l'emploi en particulier; invite instamment le gouvernement à sensibiliser davantage la population rom aux droits civils et également à lui offrir une égale protection de sa sécurité; souligne qu'il convient d'encourager les Roms à participer à la vie publique; invite les pouvoirs publics serbes à améliorer l'organisation, la coordination et le suivi des politiques et mesures d'insertion des Roms aux niveaux national et local;

31.

insiste sur l'importance que revêt la restitution aux églises et communautés religieuses minoritaires des biens qui leur ont été confisqués sous le régime communiste; souligne qu'il incombe à l'État de mettre en place une politique impartiale à l'égard des édifices religieux historiques du pays, y compris de ceux appartenant aux minorités; souligne qu'en l'absence de ces restitutions, la liberté de culte ne saurait être garantie;

32.

constate que la diversité culturelle de la Voïvodine contribue également à l'identité de la Serbie et qu'il est par conséquent fondamental de protéger et de soutenir ses minorités et de préserver et de promouvoir la diversité séculaire des nationalités qui s'est traditionnellement vécue sans heurts; appelle à la préservation du multilinguisme et de la diversité culturelle; souligne, par ailleurs, que l'autonomie de la région de Voïvodine ne saurait être mise à mal, et rappelle au gouvernement qu'il lui appartient de présenter dans les meilleurs délais la loi sur les compétences et le financement de la province autonome de Voïvodine;

33.

invite le gouvernement serbe, compte tenu de l'importance que revêtent les groupements européens de coopération territoriale pour le développement de la coopération transfrontalière entre les États membres de l'Union européenne et leurs voisins, à se doter d'un cadre juridique permettant à la Serbie d'y participer;

34.

se félicite de la nouvelle stratégie de réforme de l'administration publique, de la création d'un ministère consacré à l'administration publique et à l'autonomie locale et de l'accent mis sur la planification et la coordination des politiques après la mise en place du secrétariat chargé de l'action publique, qu'il considère comme des mesures concrètes en faveur d'une meilleure efficacité de l'administration publique; se dit préoccupé par le manque de transparence dans le recrutement des employés de l'administration publique et par les capacités administratives et de gestion à l'échelle locale; invite instamment les pouvoirs publics à veiller à ce que la nomination et la promotion des fonctionnaires et agents publics soient transparentes et reposent sur le mérite;

35.

encourage les autorités serbes à entreprendre des réformes économiques structurelles, afin de soutenir la croissance, de créer un climat plus favorable aux entreprises et aux investissements dans l'ensemble de la Serbie et de favoriser le développement social et économique équilibré de toutes les régions, à juguler les niveaux élevés de chômage et de pauvreté, et à réaliser l'assainissement budgétaire, et de lutter contre la corruption, qui reste la principale menace pour le climat des affaires; observe avec inquiétude le fort taux de chômage des jeunes et invite instamment le gouvernement à s'attaquer au problème en offrant aux jeunes des possibilités adéquates et en proposant un enseignement répondant aux besoins du marché du travail; insiste sur la nécessité de mettre en place un système éducatif accessible assorti de possibilités d'emploi et de formation pour les jeunes et d'un accès aux programmes d'études européens tels qu'Erasmus; salue l'adoption du code du travail, de la loi sur les faillites, de la loi relative aux privatisations et de la loi sur l'aménagement et la construction, qui constituent un cadre législatif propice tant aux réformes structurelles qu'à l'amélioration du climat des affaires;

36.

appelle à l'amélioration de l'environnement des entreprises au moyen de la mise en œuvre des réformes structurelles prévues dans ce domaine, du renforcement du système juridique et de l'application uniforme de la loi; insiste sur l'urgence de supprimer les obstacles administratifs à l'activité des entreprises, en particulier des PME, et souligne l'importance de procéder aux restructurations qui s'imposent dans les entreprises publiques, tout en respectant les droits des travailleurs et en tenant compte de la place occupée par le secteur public dans l'emploi et du rôle qu'il joue dans la qualité de vie des Serbes, mais aussi du recours de la population aux services publics essentiels;

37.

prend acte des travaux engagés pour réformer le code pénal; note cependant la persistance de l'incertitude juridique dans le secteur privé en dépit des modifications adoptées; exprime une nouvelle fois son inquiétude face aux dispositions du nouvel article 234 sur l'abus de postes à responsabilité, qui se prête toujours à des interprétations arbitraires; observe que la plupart des affaires d'abus de fonctions semblent avoir été requalifiées en bloc, sans véritable examen, d'«abus de responsabilités», et demande par conséquent la réalisation d'une analyse approfondie et indépendante des affaires requalifiées, afin que les actions ouvertes à tort de longue date soient abandonnées sur-le-champ;

38.

félicite la Serbie pour l'organisation du sommet Chine-Europe centrale et orientale à Belgrade; se réjouit des projets de coopération renforcée et escompte qu'ils seront conformes aux normes européennes; prend acte des premiers accords portant sur des projets relatifs aux énergies et aux infrastructures conclus lors du sommet, et rappelle à la Serbie et aux autres pays de la région que les projets doivent tenir compte des objectifs à long terme des politiques de l'Union européenne;

39.

fait valoir que les préparatifs dans le domaine de l'énergie ont modérément avancé; souligne que la Serbie doit intensifier ses efforts visant à se conformer à l'acquis dans le domaine de l'énergie, ce notamment pour atteindre les objectifs fixés en matière d'efficacité énergétique et d'énergies renouvelables et interdire les aides d'État au secteur du lignite, et réaliser en priorité le dégroupage dans le secteur du gaz et la restructuration du fournisseur public de gaz; invite la Commission à aider le gouvernement serbe dans les efforts qu'il déploie pour réduire la dépendance du pays à l'égard des importations d'énergie grâce à la diversification accrue des sources d'énergie; encourage la Serbie à réviser la stratégie qu'elle a proposée en matière d'énergie; demande au gouvernement de renforcer son action dans le domaine des énergies renouvelables, notamment en ce qui concerne la directive sur les énergies renouvelables, mesure indispensable pour garantir la sécurité énergétique du pays et réaliser les objectifs européens en matière d'énergies renouvelables à l'horizon 2020;

40.

regrette que les progrès réalisés dans les domaines de l'environnement et du changement climatique aient été trop peu nombreux, et invite les autorités serbes à adopter rapidement une politique et une stratégie nationales de grande ampleur en matière d'action climatique qui soient conformes aux objectifs de l'Union;

41.

constate avec préoccupation que les établissements universitaires, les pouvoirs publics et les fonctionnaires n'ont pas réagi aux accusations de plagiat dans les universités;

42.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'au gouvernement et au parlement de la République de Serbie.


(1)  JO L 80 du 19.3.2008, p. 46.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0039.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0065.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/68


P8_TA(2015)0066

Le processus d'intégration européenne du Kosovo

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le processus d'intégration européenne du Kosovo (2014/2950(RSP))

(2016/C 316/08)

Le Parlement européen,

vu les conclusions de la présidence à la suite du Conseil européen des 19 et 20 juin 2003 à Thessalonique concernant la perspective d'adhésion des pays des Balkans occidentaux à l'Union européenne,

vu le premier accord de principe régissant la normalisation des relations, conclu par les premiers ministres Hashim Thaçi et Ivica Dačić le 19 avril 2013, et le plan d'action du 22 mai 2013 pour sa mise en œuvre,

vu les conclusions du Conseil européen du 28 juin 2013 adoptant la décision d'autorisation de l'ouverture de négociations en vue d'un accord de stabilisation et d'association entre l'Union européenne et le Kosovo,

vu la décision du Conseil du 22 octobre 2012 autorisant la Commission à ouvrir des négociations pour un accord-cadre avec le Kosovo concernant sa participation aux programmes de l'Union,

vu les rapports du secrétaire général de l'ONU sur les activités en cours de la mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo et des événements y relatifs, dont le dernier, en date du 31 octobre 2014,

vu la décision 2014/349/PESC du Conseil du 12 juin 2014 modifiant l'action commune 2008/124/PESC relative à la mission «État de droit» menée par l'Union européenne au Kosovo, EULEX KOSOVO,

vu les conclusions du Conseil «Affaires générales» du 7 décembre 2009, du 14 décembre 2010 et du 5 décembre 2011 qui ont souligné et réaffirmé, respectivement, que le Kosovo, sans préjudice de la position des États membres sur son statut, devrait aussi se voir offrir la perspective d'un assouplissement à terme du régime en matière de visas une fois que toutes les conditions auront été remplies;

vu l'ouverture d'un dialogue sur la question des visas en janvier 2012, la feuille de route sur la libéralisation du régime des visas en juin 2012 et le second rapport de la Commission, daté du 24 juillet 2014, concernant les progrès accomplis par le Kosovo pour satisfaire aux exigences de la feuille de route sur l'assouplissement du régime des visas (COM(2014)0488),

vu la troisième réunion du dialogue structuré sur l'état de droit, qui a eu lieu le 16 janvier 2014,

vu la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations unies, l'avis consultatif de la Cour internationale de justice du 22 juillet 2010 sur la conformité de la déclaration d'indépendance unilatérale du Kosovo avec le droit international et la résolution 64/298 de l'Assemblée générale des Nations unies du 9 septembre 2010 reconnaissant la teneur dudit avis et saluant la volonté de l'Union de faciliter le dialogue entre Belgrade et Pristina,

vu la décision du 11 juin 2014 du comité des ministres du Conseil de l'Europe d'autoriser l'adhésion du Kosovo à la commission de Venise du Conseil de l'Europe; vu la nomination de deux experts du Kosovo au sein de la commission de Venise en septembre 2014,

vu les déclarations conjointes à l'issue des rencontres interparlementaires des 28 et 29 mai 2008, des 6 et 7 avril 2009, des 22 et 23 juin 2010, du 20 mai 2011, des 14 et 15 mars 2012 et des 30 et 31 octobre 2013 entre le Parlement européen et le Kosovo,

vu la communication de la Commission du 16 octobre 2013 intitulée «Stratégie d'élargissement et principaux défis 2013-2014» (COM(2013)0700),

vu les conclusions du Conseil «Affaires générales» du 16 décembre 2014 sur l'élargissement et le processus de stabilisation et d'association,

vu ses résolutions antérieures,

vu les travaux d'Ulrike Lunacek, rapporteure permanente de la commission des affaires étrangères sur le Kosovo,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que sur les 193 pays membres des Nations unies, 110 reconnaissent l'indépendance du Kosovo, parmi lesquels on peut compter 23 des 28 États membres de l'Union européenne;

B.

considérant que les négociations en vue de l'accord de stabilisation et d'association entre l'Union européenne et le Kosovo se sont terminées en mai 2014 et que l'accord a été paraphé en juillet 2014;

C.

considérant que chaque pays candidat (potentiel) sera jugé au cas par cas et que le calendrier d'adhésion dépend de la rapidité et de la qualité des réformes requises;

D.

considérant que la mission d'observation électorale de l'Union a estimé que les élections législatives anticipées du 25 mai et du 8 juin 2014 avaient été transparentes et bien organisées, ce qui confirme les progrès réalisés lors des élections municipales de 2013; que la réunion constitutive du parlement kosovar ne s'est achevée que le 8 décembre 2014 et que le gouvernement a été élu le 9 décembre 2014;

E.

considérant que des progrès dans la conduite de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) passent, entre autres, par une volonté d'examiner attentivement les réalisations passées et de tirer les bons enseignements des problèmes recensés, notamment dans la gestion des missions sur le terrain; considérant que la mission EULEX est la mission de plus grande envergure déployée à ce jour et qu'elle est en place depuis plus de six ans;

1.

se réjouit de la constitution du parlement et de la nomination du nouveau gouvernement, qui marquent la fin de l'impasse politique de six mois qui a suivi les élections; s'inquiète de la nomination au gouvernement de personnes au passé contestable qui ne font pas l'unanimité; regrette le nombre inutilement élevé de ministres et de vice-ministres dans le nouveau gouvernement et l'incidence que cela peut avoir sur le budget, de même que le nombre réduit de femmes parmi les ministres; fait observer que l'augmentation du nombre de femmes parmi les ministres pourrait avoir un effet progressiste et incitatif sur l'ensemble de la société; souligne qu'il est impératif que le nouveau gouvernement mène les réformes nécessaires avec engagement et détermination; met en évidence que la meilleure façon de juger le bilan des dirigeants du Kosovo sera à l'aune des retombées concrètes pour les citoyens et des résultats obtenus par les partenaires européens et internationaux; encourage les élus qui représentent la minorité serbe du Kosovo à participer au nouveau gouvernement de coalition à Pristina et à y assumer leurs responsabilités;

2.

encourage le nouveau gouvernement à rester tourné vers l'Europe et souligne que ce dernier s'est engagé à s'atteler avec détermination, y compris par la voie législative, à un certain nombre de questions prioritaires, dont le renforcement et la consolidation de l'état de droit, la mise en place d'un système judiciaire fondé sur les principes d'indépendance, de professionnalisme et d'efficacité, la lutte systématique et efficace contre la corruption et la criminalité organisée à tous les niveaux; demande aux autorités de lutter de manière systématique et efficace contre le chômage, d'encourager des réformes économiques structurelles ainsi que le développement durable à travers la mise en place d'un cadre règlementaire et d'incitations en faveur du développement des petites et moyennes entreprises, et de mettre en œuvre l'indispensable réforme du système de protection sociale pour lutter contre les taux de pauvreté qui restent élevés, le niveau de pauvreté infantile étant inacceptable; insiste sur l'importance fondamentale de la mise en œuvre des réformes; souligne que la mise en place et l'action du Tribunal spécial, de même que la coopération avec ce dernier, doivent constituer une priorité et permettront au Kosovo de surmonter les problèmes liés à son passé; insiste sur le fait que les programmes législatifs et les plans d'action doivent indiquer de manière réaliste les ressources nécessaires et recommande qu'ils soient mis en œuvre de façon plus transparente;

3.

souligne la nécessité de renforcer la fonction de contrôle du parlement kosovar, et notamment de sa commission pour l'intégration européenne, dans le processus d'intégration du Kosovo; prie instamment le parlement kosovar d'adopter rapidement un nouveau règlement qui soit conforme aux bonnes pratiques européennes et qui tienne compte de l'égalité hommes femmes;

4.

souligne la nécessité d'intensifier les mesures pour lutter contre les organisations criminelles qui facilitent les migrations illégales; ajoute que les progrès socioéconomiques et la création d'emplois sont indispensables pour mettre fin au flux d'immigration illégale et pour redonner confiance aux citoyens et leur offrir la perspective de pouvoir se construire un avenir dans leur pays; insiste sur la nécessité de combattre à la racine les causes de la migration clandestine, en ayant recours à tous les moyens d'action et les instruments d'aide de l'Union;

5.

se félicite du renforcement progressif des organisations de la société civile ainsi que de leur coordination accrue, notamment pour celles qui défendent les femmes et les personnes LGBTI; souligne également la nécessité de trouver une solution aux menaces et aux agressions dirigées contre les militants qui défendent les droits des personnes LGBTI; demande aux autorités du Kosovo de consolider les mécanismes de consultation de la société civile, qui s'est déroulée jusqu'à présent de manière ponctuelle, en dotant notamment le conseil consultatif paritaire de tous les moyens nécessaires; considère qu'afin de garantir que le gouvernement fonctionne de façon ouverte et transparente, des organisations représentatives de la société civile devraient participer aux consultations législatives; demande également à la communauté des bailleurs de fonds, en particulier à l'Union européenne, de continuer à associer et à consulter la société civile au cours de sa programmation;

6.

note que des progrès ont été accomplis dans les textes régissant le pouvoir judiciaire et son organisation, notamment en ce qui concerne l'adaptation des structures au nouveau mandat de l'EULEX et aux groupes mixtes; fait cependant observer que de graves préoccupations subsistent en ce qui concerne l'indépendance, la responsabilité, l'impartialité et l'efficacité des magistrats et le fonctionnement du conseil judiciaire du Kosovo, ainsi que le système pénitentiaire et les résultats obtenus dans le domaine de l'état de droit en général; met en évidence qu'il y a encore beaucoup à faire pour préparer le transfert complet des responsabilités de la mission EULEX au Kosovo; demande aux autorités politiques de montrer clairement leur soutien sans faille à l'indépendance des magistrats, qui continuent d'être la cible de tentatives d'influencer les enquêtes et les procédures judiciaires en cours;

7.

se déclare préoccupé par l'absence de tout progrès notable dans la lutte contre la grande corruption et la criminalité organisée, ce qui représente un obstacle important au développement démocratique, social et économique du Kosovo; souligne que le gouvernement doit manifester de façon claire et non équivoque sa volonté de mener une lutte systématique contre la corruption à tous les niveaux et contre la criminalité organisée; demande de nouvelles mesures pour empêcher les liens éventuels entre la criminalité organisée et certains membres de l'administration publique; s'inquiète, en outre, de l'étendue de la possession illégale d'armes à feu et demande au gouvernement kosovar de mettre véritablement en œuvre les programmes existants de collecte de ces armes, notamment la stratégie nationale et le plan d'action sur le contrôle et la collecte des armes légères et de petit calibre (ALPC) pour la période 2013-2016; invite le Kosovo à coopérer avec le groupe d'experts de l'Union et les pays limitrophes pour enrayer le trafic d'armes et demande à l'Union d'apporter toute l'aide technique nécessaire à cet effet;

8.

salue la participation du Kosovo à la coalition contre le terrorisme, les modifications apportées au code pénal du Kosovo dans le but de lutter contre le phénomène des combattants étrangers, ainsi que les mesures prises par les autorités kosovares pour traduire en justice les recruteurs de jeunes au profit de groupes extrémistes; s'inquiète des informations qui révèlent une montée de la radicalisation parmi les jeunes Kosovars, dont certains rejoignent les rangs des combattants terroristes en Syrie et en Iraq; demande que l'Union européenne apporte sa contribution à l'amélioration de la situation sociale, qui explique partiellement la capacité des groupes radicaux à enrôler des jeunes dans ce pays;

9.

relève que l'une des priorités du nouveau gouvernement est la mise sur pied d'une force armée pour le pays opérant dans le cadre constitutionnel et pleinement soumise au contrôle civil; comprend que le principe de la défense du territoire soit un aspect de la souveraineté nationale, mais recommande la compatibilité des forces armées avec l'Union européenne et estime qu'il conviendrait d'œuvrer davantage à renforcer les moyens de la police kosovare en vue d'améliorer sans plus attendre l'efficacité de ses résultats;

10.

relève le retard dans la mise en œuvre du cadre stratégique pour la réforme de l'administration publique et du plan d'action; demande au Kosovo d'achever le cadre législatif pour la fonction publique, en veillant à ce que celle-ci soit dépolitisée et en introduisant une évaluation des performances;

11.

invite les autorités à adopter rapidement une législation complète de lutte contre les discriminations et à porter également leur attention sur les mesures de prévention et de sensibilisation; se félicite que la première marche des fiertés ait eu lieu le 17 mai 2014 et salue la mise en place du groupe consultatif et de coordination pour les droits de la communauté LGBT;

12.

se félicite des progrès réalisés en ce qui concerne les droits de la femme et l'égalité entre hommes et femmes, tels que la modification de la loi visant à reconnaître les victimes d'actes de violence liés au conflit, notamment le viol utilisé comme arme de guerre; souligne que des problèmes demeurent, notamment dans le domaine de la violence domestique et de la violence à caractère sexiste, des droits de propriété et de la représentation des femmes aux postes de direction;

13.

demande de s'attaquer avec fermeté aux difficultés et aux problèmes ayant trait à la violence domestique et aux actes de violence liés au sexe; fait valoir qu'il importe de recueillir des données exhaustives sur l'ampleur de la violence domestique et de la violence à caractère sexiste;

14.

invite le Kosovo à adopter un cadre législatif et institutionnel complet et efficace sur les médias et, surtout, à veiller à une meilleure application des lois en vigueur afin de garantir la liberté d'expression; exprime de nouveau son inquiétude face aux menaces et aux agressions à l'encontre de journalistes, et devant le manque de transparence des médias; réaffirme l'importance que revêtent la liberté et l'indépendance des médias, valeurs fondamentales de l'Union européenne et pierres angulaires de toute démocratie qui contribuent à renforcer l'état de droit; demande aux autorités de combler rapidement les lacunes systématiques de la législation sur la liberté des médias, notamment en ce qui concerne la transparence de l'actionnariat des médias et le problème de la diffamation, et de garantir la pérennité des chaînes publiques de radio et de télévision en empêchant toute ingérence politique, après une vaste consultation publique approfondie; encourage les autorités kosovares à prendre de nouvelles mesures pour prévenir et combattre les discours d'incitation à la haine, les menaces et les appels à la violence;

15.

rappelle que la mise en œuvre de la législation sur la protection des minorités ethniques et des droits culturels reste un défi pour le Kosovo, en dépit de certains progrès; souligne que des efforts importants restent à fournir en ce qui concerne l'application pleine et entière de la loi comportant des dispositions relatives aux droits des minorités ethniques, afin d'empêcher toute discrimination directe ou indirecte; fait notamment observer que les communautés rom, égyptienne et ashkali, en particulier, rencontrent encore des difficultés sur le plan socioéconomique, ainsi que dans les domaines de l'éducation et des soins de santé; attend avec intérêt le nouveau cadre mis en place par les autorités pour améliorer la situation des Roms, des Égyptiens et des Ashkalis, et notamment pour leur garantir un même niveau de sécurité et de services de santé; souligne l'importance de faciliter le retour des Roms, des Égyptiens et des Ashkalis; demande que les droits des Gorans soient garantis dans les textes et en pratique dans les régions de Joupa et de Gora;

16.

demande à l'administration d'appliquer pleinement, aussi bien au niveau national que local, la législation adaptée et de contribuer ainsi au développement d'une société véritablement pluriethnique, notamment en ce qui concerne l'enseignement et l'emploi; recommande l'adoption de mesures concrètes visant à faire participer des représentants des minorités ethniques dans l'administration nationale et locale;

17.

rappelle aux autorités du Kosovo qu'il leur incombe de respecter, de conserver et de protéger les monuments culturels et religieux, serbes et autres, qui font partie de l'héritage culturel et historique européen commun; se félicite des mesures prises à cet égard;

18.

engage le Kosovo à s'adresser à la commission de Venise du Conseil de l'Europe, à laquelle il a adhéré au mois de juin, pour obtenir conseils et assistance dans l'élaboration de nouveaux textes législatifs;

19.

se félicite que l'accord de stabilisation et d'association ait été paraphé en juillet 2014, car il prévoit un dialogue politique renforcé, une intégration commerciale plus étroite et de nouvelles formes de coopération; invite le Conseil à adopter dans les plus brefs délais, et au plus tard d'ici la mi-2015, la décision de signer et de conclure cet accord, dans la mesure où il en résulterait une motivation puissante pour mettre en œuvre et institutionnaliser les réformes et où cet accord donnerait au Kosovo de nouvelles occasions de consolider ses relations avec ses voisins et de contribuer à la stabilisation de la région; incite par ailleurs le Conseil à adopter la décision de signer et de conclure l'accord-cadre sur la participation du Kosovo aux programmes européens, qui permettra de renforcer la coopération entre le Kosovo et l'Union dans différents secteurs, et estime que ces programmes devraient être axés sur les domaines précis qui correspondent aux engagements pris par le Kosovo dans son processus d'intégration européenne, et qu'ils devraient être mis en œuvre sans retard et dans la transparence;

20.

encourage les cinq États membres qui ne l'ont pas encore fait à reconnaître le Kosovo; souligne que cela contribuerait encore un peu plus à la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina; demande à l'ensemble des États membres de l'Union de tout mettre en œuvre pour faciliter les relations économiques, les contacts interpersonnels ainsi que les relations sociales et politiques entre leurs citoyens et ceux du Kosovo;

21.

se félicite des travaux de l'équipe spéciale d'enquête, qui, dans les conclusions qu'elle a publiées en juillet 2014, a rassemblé des éléments de preuve irréfutables contre certains anciens hauts dirigeants de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), mais non contre l'UCK dans son ensemble; se félicite de ce que la demande de mise en place d'un tribunal spécial, qui doit fonctionner au sein du système judiciaire du Kosovo tout en étant doté d'une chambre aux Pays-Bas, ait été présentée au gouvernement néerlandais et acceptée; invite le parlement kosovar à adopter dans les meilleurs délais l'ensemble des mesures législatives nécessaires; demande aux autorités du Kosovo de continuer à coopérer avec l'équipe spéciale d'enquête;

22.

salue les progrès que le Kosovo a réalisés en créant sa propre unité de protection des témoins, en mettant en place les structures juridiques et administratives qui devront l'appuyer et en signant des accords de coopération avec les États membres de l'Union, mais souligne que davantage de mesures de soutien seront nécessaires pour faciliter, à l'avenir, la réinstallation de témoins dans des pays tiers;

23.

juge extrêmement préoccupantes les récentes allégations de corruption au sein de la mission EULEX; estime que la mission EULEX a eu une fonction importante, et qu'elle devrait et pourrait continuer à jouer un rôle important au Kosovo et se félicite, par conséquent, de la réaction immédiate de Federica Mogherini, vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union, qui a désigné un expert indépendant chargé de procéder à une enquête exhaustive sur le traitement de ces allégations; recommande la transparence totale dans cette enquête et exhorte toutes les personnes concernées à coopérer pleinement à l'enquête afin qu'elle puisse être bouclée rapidement; estime qu'il convient de faire en sorte que cet expert puisse mener une enquête complète sur toutes les facettes de cette affaire; s'inquiète de la disparition de documents sensibles sur les allégations de corruption; demande une enquête approfondie et complète; souligne qu'il est de la plus haute importance de rétablir la crédibilité de l'Union européenne au Kosovo et à l'étranger et de tirer les enseignements en vue des futures missions; relève que le médiateur et l'OLAF ont décidé d'entamer des enquêtes indépendantes sur les éventuels manquements de la mission EULEX et invite tous les enquêteurs à coordonner efficacement leurs activités et à échanger leurs informations; estime toutefois qu'une analyse générale et approfondie doit être effectuée pour mesurer l'efficacité globale de ladite mission et celle de ses résultats, afin d'actualiser le rapport rendu par la Cour des comptes européennes en octobre 2012;

24.

invite EULEX à s'acquitter de sa mission en insufflant un nouveau dynamisme; souligne qu'il est d'une importance capitale qu'elle mène ses travaux dans la transparence complète, qu'elle en assume la pleine responsabilité et qu'elle s'efforce d'en améliorer l'efficacité, en présentant des résultats meilleurs et plus concrets et en communiquant régulièrement et d'une manière exhaustive au sujet de ses activités et de ses décisions; insiste également sur l'importance pour EULEX de nouer le contact avec les autorités locales afin de les aider à respecter leurs engagements à mener des réformes qui privilégient la primauté du droit, à encourager l'appropriation et à déposer des amendements législatifs qui permettent le transfert des procédures judiciaires; invite les autorités du Kosovo à continuer de respecter le mandat d'EULEX et à l'appuyer dans l'exercice de son mandat exécutif;

25.

prend note des progrès accomplis par le Kosovo pour remplir les conditions fixées dans la feuille de route pour l'assouplissement du régime des visas; invite les autorités à consentir des efforts supplémentaires et à s'engager à mettre les recommandations en œuvre, notamment à adopter les quatre actes législatifs encore en suspens; exhorte la Commission à mettre tout en œuvre pour accélérer la procédure de libéralisation du régime de visas pour le Kosovo, qui est le dernier pays de la région à être soumis à l'obligation de visa; se déclare vivement préoccupé par la récente augmentation du nombre de citoyens quittant le Kosovo pour des pays de l'Union, notamment les Roms, les Ashkalis et les Albanais; demande aux autorités de Pristina de lutter efficacement contre les réseaux criminels impliqués dans la traite des êtres humains et, avec l'aide du bureau de l'Union européenne à Pristina, d'expliquer clairement à l'opinion publique que les demandes d'asile ont peu de chances d'être acceptées; souligne la nécessité de remédier aux causes sous-jacentes de l'exode des citoyens du Kosovo, notamment par des investissements dans un enseignement de qualité, en particulier pour les communautés minoritaires et marginalisées;

26.

demande aux autorités serbes et kosovares de mettre en place des structures de coopération destinées à réprimer et à démanteler les réseaux criminels qui tiennent les migrants illégaux sous leur coupe, tirent parti de leur situation et les font passer clandestinement, via la Serbie, du Kosovo à certains pays membres de l'Union européenne;

27.

invite les autorités kosovares à adopter la nouvelle stratégie et le nouveau plan d'action sur les droits de l'enfant et met en avant l'importance d'investir dans l'enseignement, la santé et l'alimentation, en particulier pour les communautés minoritaires et marginalisées; souligne combien la loi de protection de l'enfance est importante pour mettre en place un dispositif efficace de protection des enfants; insiste sur l'importance de mieux responsabiliser les institutions au niveau central et au niveau local afin de vérifier la bonne mise en œuvre des droits de l'enfant;

28.

note avec inquiétude les forts taux de chômage, en particulier chez les jeunes, ainsi que les discriminations entre les hommes et les femmes sur le marché de l'emploi; constate que le dossier des droits de propriété ne progresse que lentement, ce qui fait obstacle à la croissance économique à long terme; prend acte du net recul des investissements directs étrangers au cours du troisième trimestre 2014; incite le gouvernement du Kosovo à œuvrer à l'amélioration du climat des affaires, en particulier pour les petites et moyennes entreprises, et à créer un cadre propice à attirer davantage d'investissements directs étrangers au bénéfice de l'ensemble de la population kosovare; invite la Commission à aider les jeunes entrepreneurs dans le cadre des fonds de l'instrument de préadhésion (IAP), en facilitant notamment les liens avec des entrepreneurs de pays membres de l'Union;

29.

constate avec inquiétude la mise en œuvre insatisfaisante du droit du travail ainsi que de la législation sur le droit de grève; observe que le taux de chômage au Kosovo avoisine les 30 % et pèse particulièrement sur la participation des femmes au marché de l'emploi;

30.

regrette que le rythme des négociations à haut niveau entre le Kosovo et la Serbie se soit ralenti du fait des élections qui ont eu lieu dans les deux pays; se félicite cependant de la reprise des négociations entre Belgrade et Pristina, le 9 février 2015 à Bruxelles; observe, cependant, que des réunions se sont maintenues à un niveau technique et que des progrès ont été enregistrés, notamment en ce qui concerne la liberté de mouvement; déplore que la majeure partie des accords signés par les deux parties n'ait pas été pleinement mise en œuvre et demande à la Serbie et au Kosovo de procéder, avec une détermination renouvelée, à l'exécution complète des accords déjà conclus; souligne l'importance d'expliquer à la population la portée de ces accords et leurs répercussions; souligne qu'il est de l'intérêt des deux pays de développer de relations de bon voisinage;

31.

rappelle qu'il importe d'attribuer au plus vite au Kosovo un indicatif téléphonique international qui lui soit propre, pour contribuer à lui donner une visibilité internationale;

32.

accueille avec une grande satisfaction la ratification de la décision du Comité international olympique de reconnaître pleinement le comité national olympique du Kosovo et exhorte les autres fédérations sportives à faire de même, pour permettre aux athlètes kosovars de participer aux compétitions sportives européennes et internationales sous les couleurs de leur pays;

33.

souligne que l'adhésion aux organisations et aux mécanismes internationaux et régionaux devrait être une priorité pour le Kosovo; demande aux organisations régionales et aux organismes internationaux, tels que le Conseil de l'Europe et les institutions culturelles et de défense du patrimoine, de revaloriser leurs relations avec le Kosovo et d'accorder à ce pays le statut de membre à part entière en leur sein, et demande aux organisations médiatiques européennes et internationales de faire de même, afin que les artistes kosovars puissent prendre part à toutes les manifestations culturelles internationales, notamment le Concours Eurovision de la chanson; rappelle à cet égard la nécessité de respecter l'accord conclu dans le domaine de la coopération régionale;

34.

demande aux services répressifs et aux forces de police du Kosovo de collaborer activement avec leurs homologues européens afin de parvenir à une meilleure coordination dans la lutte contre le terrorisme et dans la lutte contre le trafic de drogues et la traite d'êtres humains et souligne, à cet égard, qu'il importe que le Kosovo soit membre à part entière d'Europol et d'Interpol;

35.

observe les progrès réalisés dans le nord, notamment l'élection de maires par un processus électoral national et la hausse du nombre de projets dans le nord financés par l'Union; souligne toutefois la nécessité de mettre en place l'association des municipalités serbes, qui devrait contribuer à priver de leur utilité les structures parallèles; note par ailleurs qu'il conviendra de redoubler d'efforts pour rapprocher les communautés ethniques albanaise et serbe; plaide pour la recherche d'une solution commune au problème du pont de Mitrovica, qui fait actuellement obstacle à la libre circulation des personnes;

36.

rappelle qu'il est nécessaire de communiquer les résultats du dialogue entre Belgrade et Pristina en toute transparence et de s'assurer de la participation de la société civile et des parlements au processus de sa mise en œuvre;

37.

invite les autorités serbes à apporter toute leur aide au rapatriement des corps des disparus kosovars récemment découverts en Serbie, et à poursuivre leurs fouilles dans les zones concernées ou dans celles où pourraient se trouver des fosses communes abritant des corps de personnes disparues;

38.

soutient le maintien des poursuites judiciaires des crimes de guerre à l'échelle nationale et souligne l'importance de poursuivre en justice le viol utilisé comme arme de guerre;

39.

demande à la vice-présidente/haute représentante et aux États membres de proroger le mandat du représentant spécial de l'Union européenne pour le Kosovo au-delà du 28 février 2015;

40.

constate avec inquiétude que l'explosion qui a eu lieu le 6 juin 2014 dans la centrale Kosovo A prouve la fragilité du système et demande instamment, une nouvelle fois, la fermeture de cette usine avant 2017; exprime sa conviction que le gouvernement kosovar devrait élaborer une politique énergétique claire et viable, car il s'agira d'un élément essentiel au développement économique du pays; souligne la nécessité de prendre des mesures en faveur de l'efficacité énergétique et de mener des études pour évaluer les besoins en énergie avant la mise en service de nouvelles centrales électriques;

41.

se félicite des efforts visant à diversifier les sources d'énergie et à développer les sources d'énergie renouvelables, notamment en ce qui concerne le lancement de travaux de construction de trois nouvelles centrales hydroélectriques; souligne, à cet égard, l'importance d'adopter et d'appliquer intégralement les normes environnementales de l'Union; rappelle aux autorités la nécessité de respecter ces normes en permanence lorsqu'elles élaborent la stratégie de développement du pays;

42.

exprime son inquiétude face à la masse considérable de déchets radioactifs à l'état solide et liquide qui se trouvent encore éparpillés sans protection sûre dans plusieurs localités du Kosovo; demande à la Commission qu'elle apporte son aide aux autorités kosovares et qu'elle coopère étroitement avec elles à la recherche d'une solution permanente à ce problème;

43.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au Service européen pour l'action extérieure ainsi qu'au gouvernement et à l'Assemblée nationale du Kosovo.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/75


P8_TA(2015)0067

Semestre européen pour la coordination des politiques économiques: examen annuel de la croissance 2015

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le semestre européen pour la coordination des politiques économiques: examen annuel de la croissance 2015 (2014/2221(INI))

(2016/C 316/09)

Le Parlement européen,

vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE), et notamment son article 121, paragraphe 2, et son article 136,

vu le règlement (UE) no 1175/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 modifiant le règlement (CE) no 1466/97 du Conseil relatif au renforcement de la surveillance des positions budgétaires ainsi que de la surveillance et de la coordination des politiques économiques (1),

vu la directive 2011/85/UE du Conseil du 8 novembre 2011 sur les exigences applicables aux cadres budgétaires des États membres (2),

vu le règlement (UE) no 1174/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 établissant des mesures d'exécution en vue de remédier aux déséquilibres macroéconomiques excessifs dans la zone euro (3),

vu le règlement (UE) no 1177/2011 du Conseil du 8 novembre 2011 modifiant le règlement (CE) no 1467/97 visant à accélérer et à clarifier la mise en œuvre de la procédure concernant les déficits excessifs (4),

vu le règlement (UE) no 1176/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 sur la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques (5),

vu le règlement (UE) no 1173/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 sur la mise en œuvre efficace de la surveillance budgétaire dans la zone euro (6),

vu le règlement (UE) no 473/2013 du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2013 établissant des dispositions communes pour le suivi et l'évaluation des projets de plans budgétaires et pour la correction des déficits excessifs dans les États membres de la zone euro (7),

vu le règlement (UE) no 472/2013 du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2013 relatif au renforcement de la surveillance économique et budgétaire des États membres de la zone euro connaissant ou risquant de connaître de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière (8),

vu la communication de la Commission du 2 juin 2014 sur les recommandations par pays 2014 (COM(2014)0400),

vu sa résolution du 25 février 2014 sur le semestre européen pour la coordination des politiques économiques: emploi et aspects sociaux dans le cadre de l'examen annuel de la croissance 2014 (9),

vu la communication de la Commission du 28 novembre 2014 sur l'examen annuel de la croissance 2015 (COM(2014)0902),

vu la communication de la Commission du 13 janvier 2015 intitulée «Utiliser au mieux la flexibilité offerte par les règles existantes du pacte de stabilité et de croissance» (COM(2015)0012),

vu les discussions avec les représentants des parlements nationaux sur la mise en œuvre des priorités pour 2015 dans le cadre du semestre européen,

vu sa résolution du 5 février 2013 sur l'amélioration de l'accès des PME au financement (10),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires et les avis de la commission des budgets et de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (A8-0037/2015),

A.

considérant que la reprise économique dans l'Union européenne s'est considérablement ralentie au cours de l'année 2014 mais que, selon la Commission européenne, un rattrapage est attendu en 2015 et que des améliorations pourraient survenir en 2016; que six ans après le début de la crise financière en 2008, la zone euro reste confrontée à un taux de chômage record de près de 12 %; que la faible croissance a aggravé les tendances déflationnistes; qu'au lendemain de la crise financière, la zone euro en particulier affiche une croissance décevante alors qu'un certain nombre de pays se rétablissent plus rapidement; qu'en dépit des pressions déflationnistes, la Commission prévoit une augmentation de l'inflation à compter de la mi-2015 et au cours de l'année 2016;

B.

considérant que le niveau d'investissement a chuté de 470 milliards d'EUR depuis le pic de la crise et que, selon les estimations, le retard d'investissement se situe entre 230 et 370 milliards d'EUR par rapport à ses tendances à long terme; considérant que la réaction face à la crise de la dette souveraine dans la zone euro et à l'inefficacité révélée du cadre institutionnel européen a été considérable, mais insuffisante pour remettre l'économie de la zone euro sur la voie d'une croissance rapide;

1.

est d'avis que l'Union reste aux prises avec les conséquences d'une crise économique exceptionnellement longue qui a démarré en 2008; estime que la reprise demeure fragile et devrait être consolidée pour être en mesure de renforcer nettement la croissance et l'emploi à moyen terme; note toutefois que la croissance s'est généralisée en 2014; note qu'à l'heure actuelle, l'enjeu est d'affronter à la fois les problèmes cycliques à court terme et les problèmes structurels à long terme; souligne que les pressions à court terme peuvent susciter des mesures de nature transitoire qui pourraient saper la capacité de croissance à long terme; souligne la nécessité de faire en sorte que les politiques à court terme et à long terme se renforcent mutuellement;

2.

prend acte de l'examen annuel de la croissance 2015 de la Commission visant à promouvoir un retour à des taux de croissance élevés et à consolider la reprise; soutient l'approche articulée autour de trois piliers principaux (stimulation de l'investissement, accélération des réformes structurelles et assainissement budgétaire responsable axé sur la croissance) comme étant la bonne marche à suivre pour atteindre ces objectifs; estime que cette approche devrait être pleinement intégrée dans les prochaines recommandations par pays; salue les suggestions de la Commission concernant l'amélioration du semestre européen par une simplification des procédures, notamment de son calendrier, et une participation accrue des parlements nationaux, afin de renforcer l'appropriation nationale, étant donné que seulement 9 % environ des recommandations par pays ont été pleinement mises en œuvre par les États membres en 2013; invite la Commission à fournir rapidement des données solides concernant la mise en œuvre des recommandations par pays en 2014; dans ce contexte, met en exergue la nécessité de simplifier les procédures existantes du semestre européen, notamment son calendrier, et d'accroître l'implication des parlements nationaux afin de renforcer l'appropriation des réformes structurelles au niveau national;

3.

souligne l'importance et la valeur ajoutée des rapports des précédentes années sur l'intégration du marché unique, qui ont influencé les priorités générales fixées dans l'examen annuel de la croissance de la Commission et la définition des recommandations par pays dans le cadre du semestre européen; considère par conséquent absolument déplorable que le rapport sur l'intégration du marché unique ait été négligé pour 2015;

4.

souligne que le semestre européen, introduit en 2010, met en place un cycle annuel pour la coordination des politiques économiques englobant une analyse détaillée des plans de réformes budgétaires, macroéconomiques et structurelles des États membres;

5.

exprime ses préoccupations quant au fait que la plupart des États membres perdent toujours des parts de marché à l'échelle mondiale; estime que l'économie de l'Union dans son ensemble a besoin de stimuler davantage sa compétitivité dans l'économie mondiale, en particulier par une concurrence accrue sur les marchés des produits et services afin d'accroître l'efficacité axée sur l'innovation; rappelle avec insistance que les coûts de main-d'œuvre doivent cadrer avec la productivité et que les salaires doivent contribuer au maintien des systèmes de sécurité sociale; souligne que, dans la gestion de leurs dépenses selon les exigences du pacte de stabilité et de croissance, les États membres devraient réduire les dépenses courantes plutôt que les engagements en matière d'investissement, même si les règles ne tiennent pas compte du fait que les dépenses d'investissement et les dépenses courantes ont une incidence différente sur la croissance; prend acte de la communication de la Commission intitulée «Utiliser au mieux la flexibilité offerte par les règles existantes du pacte de stabilité et de croissance» (COM(2015)0012), qui précise la procédure et explique le lien entre les réformes structurelles, les investissements et la responsabilité budgétaire en utilisant au mieux la flexibilité prévue par ses règles; se félicite de la proposition de la Commission visant à rationaliser le semestre européen; souligne que la préparation des recommandations par pays devrait éviter les solutions «passe-partout»;

Investissement

6.

estime que le manque d'investissements est dû à un faible niveau de confiance, au niveau élevé de l'endettement, à la frilosité des investissements privés, à l'absence de mesures favorisant les investissements publics productifs, au morcellement des marchés financiers, à la lenteur du désendettement, à des attentes modérées quant à la demande aggravées par des mesures d'austérité visant à corriger les dépenses excessives, à un manque de capacités de financement adaptées et au fait que, souvent, les États membres et l'Union ne font rien pour remédier à ces problèmes; souligne que le retard d'investissement pourra être comblé par des investissements publics ciblés et des niveaux d'investissement bien plus élevés dans les entreprises privées et les entreprises européennes; demande des réformes facilitant l'instauration d'un nouveau climat d'entreprise propice aux nouvelles activités, aux nouveaux investissements et à l'innovation, le rendement potentiel des investissements étant un facteur décisif pour attirer les capitaux financiers vers l'économie européenne; souligne qu'une augmentation du financement des investissements nécessite un système financier efficace, dans lequel une plus grande stabilité et des établissements transfrontaliers existants peuvent faciliter la mise à disposition de liquidités et la tenue du marché, en particulier pour les petites et moyennes entreprises;

7.

se réjouit du plan d'investissement pour l'Europe, qui constitue un instrument majeur pour accroître l'investissement privé et public; note que le plan est destiné à entraîner d'autres investissements, à développer de nouveaux projets, à attirer des investisseurs et à restaurer la confiance; estime cependant qu'il est beaucoup trop tôt pour évaluer l'incidence réelle de ce plan; fait observer qu'il ne faut pas voir l'accroissement des investissements comme une solution de substitution, mais plutôt comme un complément aux réformes; tient à préciser que les ressources du Fonds européen pour les investissements stratégiques devraient servir à financer des projets rentables sur le plan économique ou présentant un rapport coûts-bénéfices sociaux qui soit positif; souligne que ce Fonds ne devrait pas simplement remplacer les projets financés au niveau national par des projets européens cofinancés; insiste sur le fait que les Fonds européens doivent entraîner des investissements supplémentaires et pas uniquement remplacer les fonds nationaux d'investissement qui seraient consacrés à la consommation; estime que le plan d'investissement pour l'Europe devrait se focaliser en premier lieu sur les projets offrant une valeur ajoutée européenne et qui ne sont pas encore susceptibles de bénéficier d'un financement bancaire; souligne l'importance des composantes réglementaires du plan d'investissement aux fins de l'amélioration du cadre d'investissement; observe que la mise en œuvre du plan d'investissement de la Commission est essentielle pour lui permettre d'apporter la valeur ajoutée souhaitée; insiste sur le fait que les projets d'investissement doivent être sélectionnés avec soin pour permettre au plan de créer une croissance et des emplois durables en Europe; rappelle que les résultats du plan d'investissement de la Commission devront être évalués avec rigueur, en accordant une attention particulière à la façon dont les projets ont été sélectionnés et hiérarchisés, et dont il évite de privatiser les bénéfices ou de nationaliser les pertes; souligne l'interdépendance entre le levier du plan d'investissement et les projets concrets entrepris; souligne que l'objectif de générer un levier élevé ne doit pas être atteint aux dépens de la sélection rigoureuse des projets, qui doit aussi tenir compte de leur situation géographique; insiste sur la nécessité de définir un processus de gouvernance et de sélection de qualité; souligne que les États membres qui ont mis en œuvre des programmes d'ajustement espèrent que le plan d'investissement renforcera significativement et facilitera l'accès au financement et aux prêts pour les PME, qui ont été frappées de plein fouet par la crise;

8.

appelle les États membres à soutenir activement le plan d'investissement et à contribuer au Fonds européen pour les investissements stratégiques, en complétant les montants fournis au titre du budget de l'Union et par la Banque européenne d'investissement (BEI) afin d'orienter le secteur privé et de l'encourager à investir;

9.

insiste sur la nécessité de prévoir un régime spécial pour l'accès des PME au Fonds d'investissement afin de créer des conditions égales, puisque les PME risquent d'être défavorisées de par leur taille et leur position sur le marché;

10.

souligne que le manque d'accès au financement, notamment pour les PME, constitue l'un des plus grands obstacles à la croissance dans l'Union; se montre préoccupé par la difficulté persistante qu'ont les PME à obtenir des crédits bancaires; estime qu'il est nécessaire de trouver des sources alternatives de financement au financement bancaire, en particulier en rendant le climat des affaires plus favorable au capital-risque, au financement par les pairs, à la promotion des coopératives de crédit, mais aussi, plus largement, par une allocation plus efficace des capitaux au moyen des marchés des capitaux; estime qu'une plus forte intégration des marchés de capitaux et une meilleure surveillance des établissements financiers sont primordiales pour atteindre ces objectifs à court terme et à moyen terme; insiste sur la nécessité de prévoir un accès privilégié des PME au Fonds d'investissement;

11.

reconnaît que l'énergie est un facteur important de la compétitivité économique; souligne la nécessité de supprimer les obstacles au marché unique de l'énergie, notamment en promouvant l'indépendance énergétique; demande à la Commission d'évaluer les progrès dans ce domaine au niveau tant de l'Union que national, en encourageant des mesures visant à mettre fin à la fragmentation et aux problèmes de mise en œuvre;

12.

demeure préoccupé par l'insuffisance des progrès dans la réduction des niveaux excessifs de dette privée; signale que cela non seulement constitue une préoccupation sur le plan de la stabilité financière, mais limite aussi le potentiel de croissance de l'Union et réduit l'efficacité de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE); appelle la Commission à formuler des propositions pour la préparation de procédures efficaces en faveur du désendettement du secteur privé, y compris des procédures en matière de faillite et d'insolvabilité, tout en encourageant un partage équitable et transparent des coûts, dans la mesure où la charge de la dette considérable qui pèse sur les entreprises et les ménages est l'un des facteurs qui limitent l'investissement privé;

Réformes structurelles

13.

souligne que des réformes structurelles restent nécessaires dans certains pays; se félicite également du fait que les États membres qui ont mis en œuvre avec succès des programmes d'ajustement ou des programmes liés au secteur financier ont été en mesure de revenir sur le marché des capitaux, où ils accèdent désormais aux capitaux à de faibles taux d'intérêt; fait remarquer que les mesures prises par la BCE ont entre autres contribué à ce retour; encourage les États membres du reste de la zone euro à faire preuve de la même ambition dans la modernisation de leurs économies; fait observer qu'il convient d'accorder toute l'attention nécessaire aux conséquences des réformes sur le plan social et en matière d'emploi; souligne qu'une politique monétaire plus accommodante de la Banque centrale européenne doit s'accompagner, de la part des États membres, de réformes structurelles ambitieuses et viables sur le plan social;

14.

appelle les États membres à améliorer l'efficacité de leurs marchés du travail, à développer des politiques plus actives de création d'emplois visant à créer des emplois bien payés, à moderniser les systèmes de protection sociale, y compris les retraites, tout en sauvegardant le caractère inclusif, la viabilité et l'équité, et à améliorer et rationaliser l'environnement juridique et administratif pour l'investissement des entreprises; souligne que les réformes structurelles doivent générer une croissance réelle et durable, créer des emplois, renforcer la compétitivité et accroître la convergence; souligne que ces réformes doivent être complétées par des investissements à long terme bien ciblés en faveur de l'éducation, de la recherche et du développement, de l'innovation, des infrastructures, de l'industrie, des TIC et des sources d'énergie durables;

15.

appelle les États membres à sauvegarder et à renforcer le caractère inclusif, la viabilité et l'équité de leur protection sociale, en particulier pour les personnes qui en ont le plus besoin, et à améliorer et rationaliser l'environnement juridique et administratif pour l'investissement des entreprises; insiste sur le fait que les emplois doivent être de qualité afin de lutter contre le phénomène des travailleurs pauvres et sur la nécessité de s'attaquer à l'écart salarial entre les hommes et les femmes; souligne que les réformes économiques doivent être complétées par des investissements à long terme bien ciblés en faveur de l'éducation, de la recherche et du développement, de l'innovation, des infrastructures, des TIC et des sources d'énergie durables;

16.

souligne que la réduction de la dépendance de l'Union vis-à-vis des sources d'énergie extérieures doit s'inscrire dans la stratégie de croissance de l'Union; rappelle dès lors la nécessité de diversifier l'approvisionnement extérieur en énergie, de moderniser l'infrastructure énergétique de l'Union et d'achever le marché unique de l'énergie, en tant que principales priorités de la stratégie de l'Union pour la sécurité énergétique;

17.

insiste sur le fait que l'Union ne peut pas rivaliser par les prix seuls, mais doit accroître sa productivité par des investissements durables dans la recherche et le développement, l'éducation et les compétences, ainsi que dans l'utilisation efficace des ressources, aux niveaux tant national qu'européen; invite la Commission et les gouvernements à accorder la priorité à ces domaines dans leurs budgets; souligne que les États membres devraient accorder une attention particulière au chômage des jeunes dans le cadre de leurs réformes afin de ne pas priver les jeunes d'opportunités dès le départ; à cet égard, prie instamment les États membres d'utiliser plus rapidement et plus efficacement les moyens financiers disponibles, y compris dans le cadre de la garantie pour la jeunesse;

18.

prie instamment la Commission et les États membres d'inscrire l'aide financière et le système ad hoc de la Troïka dans un cadre juridique amélioré conforme au cadre de gouvernance économique de l'Union, garantissant ainsi une responsabilité démocratique; souligne qu'il importe d'assurer le suivi des rapports de la Troïka adoptés en mars 2014 par le Parlement européen; invite la Commission à mettre en œuvre les conclusions de ces rapports; fait observer que l'aide financière de l'Union accordée à certains États membres, à des conditions combinant solidarité et conditionnalité, donne les meilleurs résultats lorsqu'il existe une forte appropriation nationale et un solide engagement à l'égard des réformes; rappelle à la Commission et aux États membres qu'ils doivent effectuer une analyse exhaustive des incidences des programmes d'aide financière;

19.

appelle la Commission à prendre des mesures d'urgence dans le domaine de la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales; demande la mise en place d'un régime fiscal qui soit simple et transparent; invite les États membres à trouver un accord concernant la proposition d'assiette commune consolidée de l'impôt sur les sociétés, qui constitue un outil important dans cette lutte, et estime que sa position du 19 avril 2012 sur la proposition de directive du Conseil concernant une assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (11) servira de base à un compromis raisonnable; réitère sa demande aux États membres de déplacer la charge fiscale du travail vers d'autres secteurs; note que les mesures prises pour lutter contre la fraude et l'évasion fiscales ne doivent pas porter atteinte aux prérogatives des États membres; salue, cependant, la coordination efficace des arrangements fiscaux à l'échelle européenne;

20.

souligne qu'il est nécessaire que les réformes des systèmes éducatifs permettent aux générations futures de se préparer aux besoins de la croissance des marchés du travail de l'avenir;

21.

estime que les États membres et la Commission n'ont pas encore respecté leur engagement concernant l'achèvement du marché unique, en particulier le marché unique des services et l'économie numérique;

22.

réitère son appel à la Commission concernant l'amélioration du fonctionnement du marché unique; prie instamment la Commission d'aligner les objectifs du marché unique sur ceux du semestre européen et d'assurer la cohérence entre les mécanismes de suivi du marché unique et ceux du semestre européen; estime qu'un outil analytique distinct, composé d'indicateurs mesurant la mise en œuvre du marché unique, peut fournir des indications utiles pour les recommandations par pays et l'examen annuel de la croissance; souligne l'importance et la valeur ajoutée des rapports des précédentes années sur l'intégration du marché unique, qui ont influencé les priorités générales fixées dans l'examen annuel de la croissance de la Commission et la définition des recommandations par pays dans le cadre du semestre européen; considère dès lors déplorable que le rapport sur l'intégration du marché unique ait été négligé pour 2015; demande à la Commission de faire pleinement usage de toutes les mesures prévues par le droit de l'Union pour contribuer à la mise en œuvre du semestre européen;

23.

s'inquiète des tendances protectionnistes de certains États membres; souligne que le traité ne prévoit pas de restreindre la libre circulation des personnes, des services ou des capitaux, et rappelle que la Commission est tenue de préserver et de faire respecter ces libertés;

24.

souligne que l'absence d'un marché intérieur du travail fonctionnel et d'une approche équilibrée de l'immigration ralentit la croissance dans l'Union; s'inquiète des tendances protectionnistes de certains États membres; souligne que le traité ne prévoit pas de restreindre la libre circulation des personnes, des biens, des services ou des capitaux, et rappelle que la Commission est tenue de préserver et de faire respecter ces libertés;

25.

rappelle l'importance de garantir la mobilité de la main-d'œuvre (aux niveaux transfrontalier et transsectoriel), une productivité accrue de la main-d'œuvre (liée à des formations destinées à améliorer l'employabilité), la qualité des emplois et la flexibilité du marché du travail, tout en préservant la marge nécessaire de sécurité au travail, limitant le recours au travail précaire et accordant la place qui convient aux négociations collectives; souligne qu'il sera très important à l'avenir d'améliorer la corrélation entre l'offre et la demande de compétences et de proposer des mesures d'orientation professionnelle; est convaincu qu'une plus grande mobilité pourrait réduire le nombre élevé d'emplois vacants non pourvus qui subsistent parallèlement à un taux de chômage élevé; souligne qu'il importe d'investir dans l'employabilité des travailleurs féminins et des jeunes, en particulier dans le contexte des technologies émergentes et des nouveaux secteurs, étant donné que ces secteurs ont le potentiel de créer des emplois;

26.

salue les mesures qui rendent le processus du semestre européen plus efficace et démocratique; note que le bilan en matière de mise en œuvre est plus positif dans le domaine des finances publiques, où les outils de surveillance sont plus efficaces; appelle à l'intégration équilibrée d'indicateurs d'emploi et socio-économiques;

Responsabilité budgétaire

27.

se félicite de la forte diminution du nombre de pays faisant l'objet de la procédure de déficit excessif — de 24 pays en 2011 à 11 pays en 2014; note qu'en raison de cette amélioration, l'orientation budgétaire dans l'Union devrait maintenant rester neutre en 2015; demande à la Commission de vérifier si l'orientation budgétaire de l'Union est compatible avec la nécessité d'accroître l'investissement; fait néanmoins part de ses inquiétudes concernant l'accroissement des inégalités, la baisse du pouvoir d'achat, le fort taux de chômage de longue durée et des jeunes, et le niveau d'endettement public et privé toujours très élevé de plusieurs États membres de la zone euro, une circonstance qui non seulement entrave la croissance, mais constitue également un risque substantiel en cas de futurs chocs potentiels; invite la Commission à adopter une interprétation prudente et conservatrice des indicateurs de croissance et à réexaminer la qualité des prévisions économiques, les prévisions passées de la Commission ayant bien souvent dû être revues à la baisse;

28.

partage l'avis de la Commission selon lequel la plupart des États membres doivent poursuivre l'assainissement budgétaire axé sur la croissance; invite les États membres ayant une marge de manœuvre budgétaire suffisante à envisager de réduire les taxes et les cotisations sociales en vue de stimuler l'investissement privé et la création d'emplois; invite la Commission à adresser des recommandations concrètes aux États membres, y compris à ceux qui font encore l'objet de programmes d'ajustement économique, afin qu'ils soutiennent la croissance économique par des réformes structurelles durables et socialement équilibrées entraînant la création d'emplois de qualité, le renforcement de la compétitivité et l'accroissement de la convergence;

29.

prend note de l'évaluation de la Commission concernant les projets de plan budgétaire des États membres; souligne que l'examen des projets de plan budgétaire devrait viser un financement durable; insiste sur l'importance d'appliquer les règles budgétaires et sur le respect du principe de l'égalité de traitement;

30.

prend note du fait que seuls cinq États membres respectent pleinement les dispositions du pacte de stabilité et de croissance (PSC); insiste sur le fait que le PSC a été élaboré par consensus entre les États membres; souligne que lorsqu'une grande partie des dépenses est consacrée au service de la dette, cela réduit les ressources disponibles pour les services et les investissements publics; admet par conséquent que la réduction du déficit reste une nécessité dans les pays fortement endettés, mais considère que l'assainissement budgétaire doit être effectué d'une façon qui protège les utilisateurs vulnérables des services publics, qui protège les investissements publics et qui augmente les recettes de manière équitable par une croissance accrue;

Coordination renforcée des politiques nationales

31.

se félicite du rapport sur le mécanisme d’alerte; salue la réduction progressive des déséquilibres internes dans les États membres; attire l'attention sur les déséquilibres externes de plusieurs États membres, y compris les importants excédents commerciaux; note que l'Union dans son ensemble a perdu des parts de marché au niveau mondial;

32.

fait observer que l'objectif de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques n'est pas seulement d'éviter les effets négatifs sur la croissance et l'emploi dans un pays, mais aussi d'empêcher que les effets de politiques nationales mal conçues aient des retombées sur d'autres États membres dans la zone euro; prend note de l'annonce faite par le Conseil européen de décembre 2014 de l'intention d'avancer le débat sur le resserrement de la coordination des politiques économiques dans l'UEM en 2015 par l'intermédiaire du rapport des quatre présidents;

33.

exprime une nouvelle fois son avis selon lequel le cadre actuel de gouvernance économique n'offre pas une responsabilité démocratique suffisante dans l'application de ses règles et dans le contrôle des institutions et des organes concernés; invite la Commission à présenter les propositions nécessaires pour corriger ce manque de responsabilité démocratique dans la gouvernance démocratique de l'Union;

34.

fait observer qu'il conviendrait de se pencher sur les conséquences du net recul des prix du pétrole et sur la question de savoir si cette manne devrait profiter intégralement aux consommateurs d'énergies fossiles ou être partagée, grâce à une augmentation, par les gouvernements, des taxes sur les énergies fossiles afin de diminuer leurs déficits, financer les investissements, éviter de saper les politiques relatives au changement climatique et atténuer les effets désinflationnistes;

Budget de l'Union européenne

35.

souligne que le principe de sincérité des comptes publics doit présider à la construction des budgets nationaux et du budget de l'Union afin d'assurer la convergence et la stabilité dans l'Union européenne; porte la conviction que cette sincérité est l'un des éléments de réponse à la crise de confiance entre les États membres ainsi qu'entre ces mêmes États membres et les citoyens de l'Union, une perte de confiance qui s'est aggravée avec l'éclatement de la dernière crise financière;

36.

appelle en conséquence à une harmonisation des hypothèses économiques utilisées dans la construction des budgets nationaux; estime notamment que les éléments de conjoncture internationale devraient faire l'objet d'une évaluation commune;

37.

invite, dans un souci de comparabilité et de prévention des déséquilibres macroéconomiques excessifs, à une plus grande harmonisation de la présentation des comptes publics; appelle notamment de ses vœux une normalisation de la comptabilisation par les États membres de leur contribution au budget de l'Union;

38.

invite la Commission à pallier tout déficit démocratique du semestre dans le cadre de son paquet de mesures d'approfondissement de l'Union économique et monétaire annoncé pour 2015;

39.

estime cruciale une meilleure association du Parlement européen et des parlements nationaux dans le cadre du semestre européen de gouvernance économique et budgétaire; s'engage à approfondir ses relations avec les parlements nationaux dans un esprit constructif de partenariat;

40.

déplore que le montant des factures impayées dans le budget de l'Union porte préjudice à la crédibilité de l'Union européenne et contredise les objectifs fixés au plus haut niveau politique en ce qui concerne la croissance et l'emploi — notamment des jeunes — et le soutien aux petites et moyennes entreprises, et craint que cela ne creuse le fossé entre l'Union et les citoyens;

41.

souhaite procéder, dans le cadre de la révision postélectorale du cadre financier pluriannuel (CFP), à une analyse et à une amélioration de la valeur ajoutée des crédits de l'Union au service des objectifs de compétitivité, de croissance, d'emploi et de transition énergétique fixés par l'Union; invite la Commission à adopter une méthodologie plus claire pour mieux suivre les fonds de l'Union et les dépenses liées à Europe 2020 afin de permettre de meilleures analyses d'incidence;

42.

invite en outre la Commission à faire rapport sur l'effet négatif potentiel que la question des retards de paiement pourrait avoir sur les engagements pris par les États membres dans le contexte du semestre européen;

43.

constate que, dans de nombreux États membres, l'administration n'est pas devenue plus efficace, même si des améliorations dans ce domaine permettraient de réaliser des économies en rationalisant l'organisation et en réduisant les formalités administratives pour les entreprises et les citoyens;

44.

se réjouit que la Commission ait, dans son examen annuel de la croissance 2015, souligné l'importance économique des Fonds structurels et d'investissement européens (notamment l'initiative pour l'emploi des jeunes); rappelle que ces fonds représentent 10 % de l'ensemble des investissements publics en moyenne dans l'Union, mais que cette situation varie d'un pays à l'autre et que, dans certains États membres, ils peuvent atteindre 80 % des investissements publics; souligne que les Fonds structurels et d'investissement sont un bon exemple de synergie entre le budget de l'Union et les budgets nationaux sur la base d'objectifs fixés en commun contenus dans les accords de partenariat sur la croissance et l'investissement conformément à la stratégie Europe 2020; soutient tous les efforts visant à une mise en commun intelligente des moyens budgétaires européens et nationaux afin d'obtenir des gains d'efficacité, de stimuler l'économie et de réduire les déficits nationaux par un effet positif des ressources partagées;

45.

souligne qu'il est urgent de combattre la fraude fiscale qui prive potentiellement le budget de l'Union de ressources considérables;

46.

demande à la Commission de présenter une analyse de l'incidence possible du redéploiement des fonds des programmes de l'Union tels que le mécanisme pour l'interconnexion en Europe et le programme Horizon 2020;

47.

invite les États membres à compléter le plan d'investissement, qui vise à maximiser l'impact des dépenses publiques et à attirer les investissements privés;

o

o o

48.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil européen, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements des États membres, aux parlements nationaux et à la Banque centrale européenne.


(1)  JO L 306 du 23.11.2011, p. 12.

(2)  JO L 306 du 23.11.2011, p. 41.

(3)  JO L 306 du 23.11.2011, p. 8.

(4)  JO L 306 du 23.11.2011, p. 33.

(5)  JO L 306 du 23.11.2011, p. 25.

(6)  JO L 306 du 23.11.2011, p. 1.

(7)  JO L 140 du 27.5.2013, p. 11.

(8)  JO L 140 du 27.5.2013, p. 1.

(9)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0129.

(10)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0036.

(11)  JO C 258 E du 7.9.2013, p. 134.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/83


P8_TA(2015)0068

Semestre européen pour la coordination des politiques économiques: emploi et aspects sociaux dans le cadre de l'examen annuel de la croissance 2015

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le semestre européen pour la coordination des politiques économiques: emploi et aspects sociaux dans le cadre de l'examen annuel de la croissance 2015 (2014/2222(INI))

(2016/C 316/10)

Le Parlement européen,

vu l'article 9 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE),

vu les articles 145, 148, 152 et l'article 153, paragraphe 5, du traité FUE,

vu la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, et notamment son titre IV (Solidarité),

vu l'article 349 du traité FUE concernant des mesures particulières applicables aux régions ultrapériphériques,

vu la charte sociale européenne révisée, et notamment son article 30 relatif au droit à la protection contre la pauvreté et l'exclusion sociale,

vu sa résolution du 25 février 2014 sur le semestre européen pour la coordination des politiques économiques: emploi et aspects sociaux (1),

vu sa résolution du 22 octobre 2014 sur le semestre européen pour la coordination des politiques économiques: mise en œuvre des priorités pour 2014 (2),

vu la communication de la Commission du 28 novembre 2014 intitulée «Examen annuel de la croissance 2015» (COM(2014)0902) et le projet de rapport conjoint sur l'emploi qui y est annexé,

vu la communication de la Commission du 26 novembre 2014 intitulée «Un plan d'investissement pour l'Europe» (COM(2014)0903),

vu la communication de la Commission du 13 janvier 2015 intitulée «Utiliser au mieux la flexibilité offerte par les règles existantes du pacte de stabilité et de croissance» (COM(2015/012),

vu la communication de la Commission du 2 octobre 2013 intitulée «Renforcer la dimension sociale de l'Union économique et monétaire» (COM(2013)0690),

vu la communication de la Commission du 3 mars 2010 intitulée «Europe 2020: Une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2010)2020),

vu sa résolution du 25 novembre 2014 sur l'emploi et les aspects sociaux de la stratégie Europe 2020 (3)

vu la communication de la Commission du 18 avril 2012 intitulée «Vers une reprise génératrice d'emplois» (COM(2012)0173),

vu la communication de la Commission du 16 décembre 2010 intitulée «Plateforme européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale: un cadre européen pour la cohésion sociale et territoriale» (COM(2010)0758), et la résolution correspondante du Parlement du 15 novembre 2011 (4),

vu la communication de la Commission intitulée «Initiative sur les perspectives d'emploi des jeunes» (COM(2011)0933),

vu la communication de la Commission du 20 février 2013 intitulée «Investir dans le domaine social en faveur de la croissance et de la cohésion, notamment par l'intermédiaire du Fonds social européen, au cours de la période 2014-2020» (COM(2013)0083),

vu sa résolution du 13 mars 2014 sur l'emploi et les aspects sociaux du rôle et des opérations de la Troïka (BCE, Commission et FMI) dans les pays du programme de la zone euro (5),

vu sa résolution du 11 juin 2013 sur le logement social dans l'Union européenne (6),

vu sa résolution du 15 avril 2014 sur «Comment l'Union européenne peut-elle contribuer à créer un environnement favorable afin que les entreprises, les sociétés et les start-up créent des emplois?» (7),

vu sa résolution du 17 juillet 2014 sur l'emploi des jeunes (8),

vu le «Rapport mondial sur les salaires 2014/2015» de l'Organisation internationale du travail (OIT) du 5 décembre 2014,

vu le document de travail de l'OCDE «Trends in Income Inequality and its Impact on Economic Growth» (Tendances des inégalités de revenus et leur impact sur la croissance économique) du 9 décembre 2014,

vu la communication de la Commission du 7 juillet 2014 intitulée "Initiative pour l'emploi vert: Exploiter le potentiel de création d'emplois de l'économie verte (COM(2014)0446),

vu ses résolutions du 14 septembre 2011 (9) et du 16 janvier 2014 (10) sur une stratégie de l'Union européenne pour les personnes sans-abri,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de l'emploi et des affaires sociales (A8-0043/2015),

A.

considérant que l'Europe doit respecter le modèle d'une économie sociale de marché pour garantir une croissance durable et offrir des emplois à la prochaine génération, et non des dettes;

B.

considérant que le contexte économique et social au sein de l'Union européenne reste sombre et que, d'après les prévisions économiques d'automne 2014 de la Commission, la reprise économique demeure fragile; qu'en dépit de taux de croissance négatifs dans la zone euro au cours des deux dernières années, la croissance de la zone euro devrait atteindre 0,8 % en 2014 et 1,1 % en 2015; que seuls quelques États membres ont de meilleures perspectives et que la Commission a systématiquement revu à la baisse ses propres prévisions ces dernières années; que même s'il a été ramené à 3 % pour 2014, le déficit global prévu dans l'UE28 demeure élevé pour certains États membres, ce qui montre la nécessité de la poursuite d'un assainissement budgétaire compatible avec la croissance et un emploi de meilleure qualité et durable, étant donné que la reprise n'est ni solide, ni soutenue;

C.

considérant que la voie de l'assainissement budgétaire accéléré adoptée pendant la crise économique a empêché les États membres d'atteindre les objectifs Europe 2020, ce qui montre que les politiques budgétaires devraient être différenciées et adaptées à la situation spécifique de chaque État membre; que la baisse spectaculaire du cours du pétrole peut donner un coup de fouet supplémentaire à l'économie dans de nombreux États membres, surtout si elle se traduit rapidement par la réduction des coûts de l'énergie pour les familles et les entreprises;

D.

considérant que l'Union européenne doit continuer à améliorer ses politiques économiques et sociales afin d'atteindre les objectifs Europe 2020 dans les meilleurs délais, tout en surmontant les risques de stagnation prolongée et de déflation, et qu'à cette fin, il est nécessaire de poursuivre les efforts de promotion des investissements et des réformes structurelles qui accroissent la compétitivité économique d'une manière socialement responsable; qu'une transformation écologique est nécessaire pour assurer une transition rapide vers une économie économe en ressources et garantir le développement durable; que, de façon préoccupante, la position de l'Union européenne dans l'économie mondiale est en déclin du fait de la crise, de l'effritement de son tissu industriel et du manque de confiance des investisseurs et des entrepreneurs, tandis que d'autres pays manifestent des signes solides de reprise; que le FMI a estimé en octobre 2014 que la probabilité d'une récession dans la zone euro avait augmenté et qu'elle atteindrait les 35-40 % en fin d'année;

E.

considérant que les États membres sont les premiers responsables de la mise en œuvre des politiques de l'emploi, entre autres les politiques en faveur de l'emploi des jeunes, et que ces mesures sont mieux appliquées au niveau national;

F.

considérant que l'Union européenne doit faire face sans tarder au vieillissement rapide de sa population;

G.

considérant que le taux de chômage, malgré certaines améliorations (pour la première fois depuis 2011, on a enregistré une légère progression des contrats à temps plein), reste historiquement élevé, avec près de 25 millions de personnes sans emploi dans l'Union; que le chômage de longue durée atteint un niveau inquiétant vu que 12 millions de personnes sont sans emploi depuis plus d'un an (en augmentation de 4 % par rapport à l'année précédente); que les taux de chômage des jeunes n'ont pas diminué sensiblement (ils n'ont baissé que de 1,9 % par rapport à 2013), atteignant une moyenne européenne de 21,2 %; que 75 % des chômeurs de longue durée dans l'Union ont moins de 35 ans; que la situation sur le marché du travail est particulièrement préoccupante pour les jeunes, sauf dans certains États membres, indépendamment de leur niveau d'études;

H.

considérant que le Fonds social européen, avec la garantie pour la jeunesse, et l'initiative pour l'emploi des jeunes doivent être utilisés pleinement et correctement pour financer des projets durables dans la lutte contre le chômage et plus particulièrement le chômage des jeunes;

I.

considérant que la proportion de jeunes ne travaillant pas, ne suivant pas d'études ou de formation (NEET) reste élevée et que les jeunes roms sont surreprésentés dans ce groupe;

J.

considérant que plusieurs facteurs — comme l'incapacité à créer un environnement favorable à l'investissement et à la croissance, la réduction des revenus du marché et l'affaiblissement de l'impact des transferts sociaux au fil du temps (11), et les efforts déployés par certains États membres pour rétablir leur équilibre économique en réduisant les dépenses de protection sociale — ont considérablement diminué les revenus disponibles bruts des ménages, en contribuant à une augmentation du nombre de familles européennes exposées au risque d'exclusion, et ont creusé de façon alarmante les inégalités, y compris entre hommes et femmes; qu'un Européen sur quatre est exposé au risque de pauvreté; que le sous-emploi et la précarité ont atteint leur plus haut niveau et que l'obtention d'un emploi ne suffit pas, pour 50 % de tous les demandeurs d'emploi, à les sortir de la pauvreté;

K.

considérant que les chiffres pour 2013, les derniers dont on dispose, font état d'un chômage de longue durée à un niveau historiquement élevé équivalant à 5,1 % de la main-d'œuvre dans l'EU-28; que le chômage de longue durée n'entraîne pas seulement des conséquences majeures tout au long de la vie des personnes qu'il frappe, mais qu'il peut se transformer en chômage structurel au sein de l'Union;

L.

considérant que 25,1 % de la population européenne sont actuellement exposés au risque de pauvreté et d'exclusion sociale; que le taux de croissance moyen de la pauvreté des enfants est plus élevé que celui de la pauvreté en général et qu'un enfant sur trois vit sous le seuil de pauvreté dans certains États membres;

M.

considérant que les travailleurs âgés forment le groupe le plus susceptible de connaître le chômage de longue durée; que seule la moitié des travailleurs âgés entre 55 ans et 65 ans travaillaient effectivement en 2012; que les personnes âgées souffrent davantage de la baisse des dépenses publiques dans les services sociaux, dans les services de santé et dans les avantages sociaux; que certaines catégories de personnes âgées, par exemple les plus de 80 ans, les femmes âgées, les migrants âgés ou les membres âgés des minorités ethniques, sont particulièrement exposées au risque de pauvreté;

N.

considérant que pour répondre à la crise, certains États membres ont procédé à des coupes drastiques dans les dépenses publiques, au moment même où les besoins de protection sociale augmentaient sous l'effet de la montée du chômage; que les dotations budgétaires nationales pour la couverture sociale ont à nouveau été soumises à rude épreuve du fait de la diminution des cotisations causée par les suppressions d'emplois ou baisses de salaires à grande échelle qui mettent sérieusement en péril le modèle social européen; que les réformes réclamées ne répondent pas aux besoins et attentes des citoyens en matière d'emploi et d'affaires sociales;

O.

considérant que la réduction de la pauvreté n'est pas qu'un des principaux objectifs de la stratégie Europe 2020, mais également une responsabilité sociale pour les États membres et qu'un emploi digne et durable est la meilleure solution à la pauvreté; que les efforts doivent donc viser un accès à l'emploi plus aisé, en particulier pour les personnes les plus éloignées du marché du travail; que le marché du travail reste marqué par d'importantes inégalités dans les conditions d'emploi et qu'après 55 ans, les femmes sont plus exposées que les hommes au risque de pauvreté et d'exclusion sociale;

P.

considérant que les déséquilibres socioéconomiques entre les États membres se sont encore aggravés, alors que le phénomène inverse se produit au niveau de l'objectif lié à la convergence régionale; que le fossé centre-périphérie en termes de chômage s'est creusé, passant de 3,5 % en 2000 à 10 % en 2013; que cette divergence augmente le risque de fragmentation et menace la stabilité économique et la cohésion sociale de l'Union européenne; que le sixième rapport sur la cohésion souligne le rôle des fonds structurels dans la lutte contre les inégalités, en particulier en période de crise;

Q.

considérant que l'article 174 du traité FUE dispose que «Afin de promouvoir un développement harmonieux de l'ensemble de l'Union, celle-ci développe et poursuit son action tendant au renforcement de sa cohésion économique, sociale et territoriale. En particulier, l'Union vise à réduire l'écart entre les niveaux de développement des diverses régions et le retard des régions les moins favorisée. Parmi les régions concernées, une attention particulière est accordée aux zones rurales, aux zones où s'opère une transition industrielle et aux régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents telles que les régions les plus septentrionales à très faible densité de population et les régions insulaires, transfrontalières et de montagne.»

R.

considérant que les régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents enregistrent généralement des taux de chômage plus élevés, une croissance économique affaiblie et sont dépourvues des investissements majeurs nécessaires pour améliorer leur potentiel;

S.

considérant que le Parlement a, au cours des deux dernières années, mis en garde contre les risques sociaux d'une déflation dans un contexte de faible croissance, de chômage élevé et de pression à la baisse sur les salaires; que la Banque centrale européenne (BCE) a prévu une inflation faible à long terme et qu'elle a mis en garde contre les répercussions de celle-ci sur la demande interne, la croissance et l'emploi; que la déflation est devenue une réalité depuis août 2014 dans huit États membres (dont six dans la zone euro); que la création d'une demande et d'emplois au sein de l'Union européenne est fortement entravée par le peu de crédits octroyés aux PME et par la nécessité de réduire une dette publique et privée excessive, en particulier en ce qui concerne les prêts hypothécaires; que la baisse des taux d'inflation accroît considérablement ces difficultés, en augmentant les taux d'intérêt réels et le poids réel de la dette, et pourrait donner lieu à un cercle vicieux de récession économique; que la BCE a réagi à tout cela le 22 janvier 2015 en exécutant un programme de rachat d'actifs de grande ampleur associé à des rachats d'actifs mensuels pour un montant de 60 milliards d'EUR, et ce au moins jusqu'en septembre 2016;

T.

considérant qu'une politique monétaire expansionniste peut servir à encourager les exportations et, ainsi, améliorer l'économie de l'Union européenne à court terme;

U.

considérant qu'une faiblesse des taux d'intérêt peut servir à stimuler l'investissement dans l'Union;

V.

considérant que l'assainissement budgétaire s'est intensifié et que de nouveaux grands objectifs — axés davantage sur les déficits structurels que sur les déficits cycliques — ont été introduits; que, malgré cela, la taille des multiplicateurs budgétaires dans le contexte actuel est encore très importante; qu'il est nécessaire de réaliser l'objectif à moyen terme et l'objectif de réduction de la dette pour créer un environnement qui favorisera la croissance économique et la création d'emplois; qu'il est nécessaire d'évaluer systématiquement l'impact social, l'impact environnemental et l'impact sur l'égalité entre hommes et femmes de ces mesures;

W.

considérant que l'investissement public et privé dans l'UE a diminué de manière alarmante et qu'il est désormais proche de 20 % en dessous du niveau d'avant la crise, ce qui est inférieur au niveau qu'on observe chez les grands partenaires économiques mondiaux; que les investissements à consentir dans des emplois durables et de meilleure qualité, le capital humain, la recherche et l'innovation (y compris des projets à petite échelle), une union de l'énergie économe en ressources, le marché unique numérique, la promotion de l'entrepreneuriat et un environnement économique plus favorable aux PME, doivent figurer parmi les grandes priorités, tant de la Commission que des États membres, étant donné que les investissements dans ces domaines sont essentiels non seulement pour garantir une reprise mais aussi pour accroître le potentiel économique de l'Union européenne à se développer et à créer la prospérité;

X.

considérant que la participation insuffisante des parlements nationaux, du Parlement européen, des pouvoirs publics locaux et régionaux, des organisations de la société civile et des partenaires sociaux au processus du semestre européen a entravé l'appropriation des réformes par les États membres et l'élaboration de solutions inclusives, sociales et durables, a diminué la confiance des citoyens dans le projet européen;

Y.

considérant que la fixation des salaires relève de la compétence des États membres;

Des politiques économiques ambitieuses pour la croissance, la création d'emplois de qualité et la lutte contre la déflation

1.

salue l'approche cohérente de la Commission en faveur de la croissance, fondée sur trois grands piliers: un plan d'investissement pour l'Europe, des réformes structurelles et la responsabilité budgétaire; demande une politique économique et budgétaire ambitieuse et expansionniste, dans le cadre des règles du pacte de stabilité et de croissance en vigueur, pour favoriser une croissance intelligente, durable et inclusive et pour créer des emplois de meilleure qualité et durables; souligne que la solidarité est la valeur fondamentale sur laquelle repose l'Union européenne; invite la Commission à soutenir les efforts des États membres en fournissant des recommandations concrètes, qui leur soient utiles, ainsi qu'à l'Union européenne dans son ensemble, de sorte qu'ils ne visent pas seulement l'assainissement budgétaire mais également les réformes structurelles d'une manière socialement équilibrée et efficace et durable sur le plan économique; souligne que la faible inflation augmente déjà les taux d'intérêt réels tout comme la dette publique et privée réelle qui, combinée au chômage élevé de longue durée chez les jeunes, ralentit la croissance et accroît la pauvreté;

2.

est conscient du lien entre la responsabilité budgétaire et la nécessité de renforcer les investissements et les réformes structurelles dans les États membres, dans le contexte du pacte de stabilité et de croissance; se félicité, à cet égard, de la communication de la Commission intitulée «Utiliser au mieux la flexibilité offerte par les règles existantes du pacte de stabilité et de croissance»; invite les partenaires à mettre en œuvre les réformes au moyen de la flexibilité déjà prévue dans les règles et les accords, au cas où un État Membre ferait face à des déséquilibres macroéconomiques excessifs, de manière à garantir que la responsabilité budgétaire soit compatible avec la croissance économique, la création d'emplois et la sécurité sociale;

3.

souligne la nécessité de réformes structurelles dans les États membres; souligne que si certains États membres qui ont mis en œuvre des réformes sont parvenus à relancer leur compétitivité sur le marché mondial, ces réformes devraient être compatibles avec une croissance intelligente, durable et inclusive ainsi qu'avec la création d'emplois dignes; demande, à cette fin, d'élargir le champ de ces réformes de manière à inclure des secteurs tels que le marché unique numérique, l'union de l'énergie ou les réformes budgétaires; estime que les réformes promues sur le marché du travail doivent également introduire la flexibilité et la sécurité nécessaires pour mettre fin au morcellement et assurer des salaires corrects;

4.

se félicite que la nouvelle panoplie de mesures ajoute l'investissement aux précédentes priorités de l'assainissement budgétaire et des réformes structurelles; considère néanmoins que l'examen annuel de la croissance devrait prêter plus d'attention à la demande globale et ses liens avec les hausses des salaires et les inégalités sociales; souligne que la grande priorité pour réduire les déséquilibres macroéconomiques ne devrait pas consister à accroître les excédents des balances courantes, mais plutôt à augmenter le taux de croissance, le taux d'investissement, le taux d'emploi et à réduire le taux de pauvreté;

5.

s'inquiète du fait que les investissements dans l'Union européenne ont baissé considérablement ces dernières années et sont désormais près de 20 % en dessous du niveau d'avant la crise; prévient que la baisse est encore plus importante dans les États membres périphériques où l'assainissement budgétaire était encore plus fort; rappelle une nouvelle fois le potentiel de création d'emplois de l'économie verte qui, d'après les estimations de la Commission, pourrait créer cinq millions d'emplois d'ici 2020 dans les seuls secteurs de l'efficacité énergétique et de l'énergie renouvelable, à condition de mettre en place des politiques climatiques et énergétiques ambitieuses; invite les États membres à garantir des investissements suffisants dans ces secteurs et à anticiper les compétences futures des travailleurs;

6.

salue le fait que l'un des trois piliers principaux de la stratégie de la Commission pour 2015 soit l'investissement et demande la mise en œuvre sans délai du plan; prend note du fait que les contributions des États membres au Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) ne seront pas prises en considération au moment de définir l'ajustement budgétaire dans le cadre du volet préventif ou correctif du pacte;

7.

considère que les trois piliers principaux de la stratégie de la Commission pour 2015 doivent être appliqués conjointement de manière à favoriser les investissements responsables dans les domaines qui ont une réelle incidence sur la croissance et la création d'emplois, comme l'économie numérique, les secteurs verts et les soins de santé;

8.

prend note du fait que le FEIS sera fondé sur des ressources européennes existantes et qu'il ne fera pas appel à des fonds publics «frais», à l'exception d'un montant supplémentaire de 5 milliards d'euros octroyé par la Banque européenne d'investissement (BEI); souligne les risques liés à des fonds insuffisants basés sur des hypothèses trop optimistes quant à la probabilité d'obtenir la majeure partie du financement nécessaire auprès d'investisseurs privés; demande à la BEI d'envisager de modifier son orientation, pour passer d'une approche bancaire purement commerciale à un modèle d'évaluation des risques d'un projet fondé sur des critères définis et sur la transparence; invite la Commission à explorer des moyens d'utiliser le budget européen et d'autres nouvelles ressources pour s'assurer que le FEIS respectera ses engagements;

9.

invite la Commission et la BEI à apprécier les effets de la crise économique sur le système bancaire et les bénéficiaires finaux du financement de la BEI, en particulier les PME, le secteur de l'économie sociale et les entreprises publiques;

10.

souligne le fait que le FEIS doit être axé sur la création de nouveaux investissements dans des domaines où l'intérêt des investisseurs est freiné plutôt que sur le remplacement d'investissements qui auraient été produits ailleurs (effet d'éviction) ou sur la convergence d'investissements très rentables qui se seraient de toute façon produits (effet d'aubaine); demande à la Commission d'inclure également et de promouvoir des investissements sociaux qui ne génèrent pas seulement des rendements financiers mais qui favorisent des retombées sociales positives, tels que les investissements dans le capital humain, ayant un impact fort sur la création d'emplois de meilleure qualité et durables ou l'inclusion sociale et la réduction de la pauvreté, les systèmes de protection sociale et les services sociaux, ou les investissements dans l'économie sociale; demande une nouvelle fois l'exécution du train de mesures sur les investissements sociaux;

11.

demande à la Commission d'assurer les investissements dans les régions économiquement plus faibles qui souffrent d'un chômage élevé et dans les PME de ces régions, vu leur accès très limité au financement, en vue de s'assurer que ces efforts ont un impact significatif là où ils sont le plus nécessaires et que les choix sont faits en tenant dûment compte des aspects économiques des investissements; rejoint l'avis de la Commission sur le besoin d'une main-d'œuvre qualifiée dans les secteurs en expansion tels que l'économie numérique, les secteurs verts et les soins de santé;

12.

invite la Commission et les États membres à envisager des mécanismes spéciaux améliorés pour exécuter les programmes d'investissement dans les régions ultrapériphériques, où l'éloignement, la fragmentation géographique, la fragilité des économies et les contraintes naturelles provoquent des inégalités accrues dans l'accès aux offres d'emploi, aux biens et aux services;

13.

invite la Commission à prendre en considération les régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents au moment de programmer le plan d'investissement européen, en particulier l'accès à la bande large;

14.

invite la Commission à revoir en profondeur et à améliorer l'initiative de l'UE et de la BEI relative aux emprunts obligataires pour le financement de projets, lancée en tant que projet pilote en 2012, afin d'évaluer le plan d'investissement européen, en vue de lui conférer un rôle plus important dans la promotion de l'emploi; demande également, dans ce cadre, la révision détaillée des obligations à impact social incluses dans le train de mesures sur les investissements sociaux;

Une politique responsable recentrée sur l'investissement, la création d'emplois de qualité et la croissance

15.

constate que le plan d'investissement européen est un complément nécessaire aux efforts déployés pour encourager la croissance économique durable et la création d'emplois, qui doit recevoir l'appui de ressources privées et publiques pour aboutir; se réjouit du fait que l'examen annuel de la croissance 2015 continue à demander des efforts supplémentaires aux pays bénéficiant de marges de manœuvre en matière budgétaire comme un moyen d'encourager la demande et l'investissement au niveau européen;

16.

salue l'accélération du rythme de l'assainissement budgétaire et l'introduction de nouveaux grands objectifs — axés davantage sur les déficits structurels que sur les déficits cycliques — qui devraient avoir un effet positif sur l'emploi et la croissance durable; constate toutefois que la taille des multiplicateurs budgétaires dans le contexte actuel est néanmoins encore très importante et que cela aura un impact négatif sur la croissance économique et la création d'emplois ainsi que sur la durabilité des systèmes de protection sociale; invite la Commission à faciliter le recours à une flexibilité maximale dans le cadre des règles en vigueur du pacte de stabilité et de croissance;

17.

demande l'établissement d'un cadre européen en vue de s'assurer que tous les investissements prévus dans le plan d'investissement européen ont un impact significatif en termes de relance de la croissance durable, de création d'emplois de qualité et de consolidation du progrès social; invite la Commission à surveiller et à contrôler les investissements au titre du plan et, en outre, à contrôler et à mesurer l'impact économique et social des investissements en termes réels; invite la Commission à associer des spécialistes des politiques sociales au comité d'experts du nouveau Fonds européen pour les investissements stratégiques qui approuvera les projets à financer et à veiller à ce que l'impact social positif soit un critère essentiel de la sélection des projets;

18.

souligne l'importance de la flexibilité qui peut servir, au sein du pacte de stabilité et de croissance existant, à garantir une marge de manœuvre pour les investissements sociaux, à savoir les investissements sociaux en faveur des personnes, pour leur donner les compétences nécessaires et les conditions favorables à une participation productive et pleinement satisfaisante à l'économie et à la société tout au long de leur vie; souligne dans ce contexte le rôle potentiel de l'économie sociale dans la création d'emplois durables, inclusifs et de qualité;

Rétablir le financement des PME pour favoriser l'investissement privé et la création d'emplois

19.

souligne que, bien que les PME constituent le moteur de la création d'emplois au sein de l'Union européenne, elles continuent à rencontrer des difficultés majeures dans l'accès au financement et connaissent un surendettement inquiétant; salue donc les nouvelles recommandations de la Commission sur l'accès des PME au financement, qui impliquent une nouvelle approche de l'insolvabilité et de la défaillance d'entreprise; demande aux États membres de consentir de nouveaux efforts en vue d'améliorer les programmes de restructuration de la dette en tant que moyen d'y parvenir; demande à la Commission de favoriser, le cas échéant, la mise en œuvre au niveau national des principes énoncés dans sa recommandation du 12 mars 2014 au moyen de recommandations par pays; souligne que les entreprises et les PME dirigées par des femmes ont plus de difficultés à accéder aux financements; demande à la Commission d'analyser les causes de cette situation et de proposer des mesures pour y remédier;

20.

souligne qu'il importe de créer une culture de l'entrepreneuriat dans l'Union européenne en réduisant les obstacles à l'activité professionnelle non salariée et à la création d'entreprises; souligne que cela peut se faire grâce à un ensemble intelligent d'aides financières, comme le microfinancement et l'axe de l'entrepreneuriat social du programme européen pour l'emploi et l'innovation sociale ou grâce à des solutions de guichet unique au sein de l'administration publique pour enregistrer les nouvelles entreprises;

21.

est préoccupé par le fait que la fragmentation financière dans la zone euro met en péril, dans certains cas, la croissance et la durabilité des PME; appelle à un rétablissement de la capacité de prêt de l'économie, qui permette aux PME d'investir et de créer des emplois, ainsi qu'à un assouplissement de l'accès à l'entrepreneuriat et de l'accès des PME aux programmes tels que COSME ou Horizon 2020;

22.

invite les États membres à supprimer les charges administratives et la bureaucratie inutiles pour les indépendants, les micro-entreprises et les PME et à faciliter les conditions pour les nouvelles entreprises;

23.

salue le programme de crédits aux PME conjoint de la Commission et de la BEI qui utilise les fonds structurels pour rationaliser l'investissement dans ces sociétés en vue de favoriser la création d'emplois de meilleure qualité et durables; demande à la BCE de compléter cette mesure et d'explorer des moyens d'acheter des actifs de PME et d'appuyer le développement des PME dans le cadre des programmes d'assouplissement quantitatif inspirés par les bonnes pratiques observées dans d'autres régions économiques ou de faire office de garant pour les sources de financement des PME, qui génèrent jusqu'à 80 % des emplois dans de nombreux États membres;

24.

prend note du programme de rachat d'actifs de grande ampleur de la BCE qui profite, une fois de plus, au système bancaire; invite par conséquent la BCE à optimiser son potentiel pour améliorer l'économie réelle en fournissant du crédit de manière à favoriser la croissance et combattre le chômage dans l'Union européenne;

25.

se félicite des mesures annoncées par la Commission pour encourager la création d'emplois dans les PME en débloquant des solutions alternatives aux prêts bancaires et pour renforcer le cadre réglementaire et budgétaire en vue d'améliorer l'investissement à long terme dans les PME; demande l'exécution sans délai de ces mesures; invite la Commission à soutenir également des projets à petite échelle; invite la Commission et les États membres à envisager les coopératives financières pour le financement des PME (coopératives d'épargne et de crédit) comme d'autres instruments de financement et à permettre un meilleur accès des PME aux marchés publics et aux financements à l'échelle européenne et nationale;

26.

souligne l'importance des organismes intermédiaires liés aux PME, comme les chambres de commerce, en tant que facteurs de démultiplication dans la mise en œuvre des politiques de l'Union en faveur des PME et invite la Commission européenne à engager un dialogue de partenariat avec eux sur la manière dont les politiques de l'Union en faveur des PME pourraient être mieux appliquées pour favoriser la création d'emplois de qualité;

Une utilisation plus rationnelle des fonds

27.

souligne que les politiques de croissance et d'emploi ont des conséquences territoriales distinctes, en fonction de la situation spécifique de chaque région de l'Union, et que les disparités régionales s'élargissent depuis le début de la crise; souligne que les recommandations par pays devraient tenir compte des distinctions territoriales au sein des États membres pour favoriser la croissance et les emplois tout en préservant la cohésion territoriale;

28.

estime que les mesures de la politique de cohésion ont un rôle essentiel à jouer dans la réduction des inégalités compétitives internes et des déséquilibres structurels dans les régions qui en ont le plus besoin; demande à la Commission d'envisager des solutions adéquates pour les États membres qui sont contraints, même s'ils font face à un chômage très élevé, de restituer des fonds européens du fait de problèmes de cofinancement; demande à la Commission d'envisager le préfinancement afin de permettre une utilisation plus facile et intégrale des fonds par ces États membres pendant la période 2014-2020, tout en veillant toujours au respect du principe de responsabilité budgétaire;

29.

invite la Commission à prendre des mesures urgentes pour lutter contre le dumping fiscal, la fraude fiscale et l'évasion fiscale et demande l'adoption, au niveau du Conseil, d'une taxe ambitieuse sur les transactions financières;

30.

est convaincu que le financement de l'Union, en particulier au titre de l'initiative pour l'emploi des jeunes et du Fonds social européen (FSE), ne devrait pas servir à financer des approches nationales, mais au contraire à fournir une aide supplémentaire pour compléter et améliorer les programmes nationaux, tels que décidés par les États membres;

31.

invite la Commission, les États membres et les régions à garantir l'utilisation intégrale des fonds de l'Union pour la période 2007-2013 et à aligner étroitement le FSE et les autres fonds structurels européens sur la stratégie Europe 2020; invite la Commission à assurer le suivi rigoureux de l'affectation de 20 % du FSE à la pauvreté; invite la Commission à introduire dans le prochain examen annuel de la croissance et dans les recommandations par pays un chapitre consacré à l'utilisation du Fonds européen d'aide aux plus démunis;

32.

invite la Commission à préparer des réformes structurelles dans les marchés de l'énergie pour réaliser une union de l'énergie résiliente, moins dépendante des ressources extérieures et diversifiant ses sources d'approvisionnement (par exemple, le gaz algérien);

Des réformes pour accroître le potentiel de croissance, le capital humain et la productivité

33.

constate que les plans d'investissement déterminants pour la croissance durable et la création d'emplois de meilleure qualité et durables, ainsi que les mesures de la BCE, ne peuvent être une réussite que s'ils sont assortis de réformes nationales qui améliorent la qualité de la participation au marché du travail, augmentent l'activité et la productivité, développent le capital humain dans tous les groupes d'âge, y compris les groupes les plus vulnérables, et encouragent des systèmes de protection sociale et des services sociaux solides; souligne que la décision du Parlement et du Conseil de renforcer la coopération au sein du réseau des services publics de l'emploi (SPE) est un élément clé pour l'amélioration des marchés du travail; estime que les réformes structurelles du marché du travail doivent introduire des mesures de flexibilité interne destinées à maintenir l'emploi en période de troubles économiques, à garantir la qualité et la sécurité de l'emploi lors des transitions professionnelles et à fournir des programmes d'allocations de chômage basés sur des exigences d'activation réalistes, assurant un soutien suffisant des travailleurs licenciés et liés à des politiques de réinsertion;

34.

invite la Commission et les États membres à envisager des pistes innovantes pour encourager l'investissement dans l'Union européenne; souligne le récent virage pris par les entreprises, qui rappellent leur production et leurs services en Europe ainsi que les possibilités qui en découlent sur le plan de la création d'emplois, en particulier pour les jeunes; pense que les économies de l'Union disposent là d'une chance unique d'accélérer cette tendance de rapatriement d'emplois;

35.

prie la Commission et les États membres de concevoir des politiques sur mesure pour soutenir la création d'emplois de qualité pour les chômeurs de longue durée, les chômeurs âgés, les femmes et d'autres groupes prioritaires très durement touchés par la crise, comme les migrants, la communauté Rom et les personnes handicapées, ainsi que des mesures de promotion des politiques de lutte contre la discrimination au travail, de la conciliation entre vie professionnelle et vie privée et de l'éducation et de la formation tout au long de la vie, et de lutte contre le faible niveau d'éducation dont souffrent certains de ces groupes, dont bon nombre présentent un risque d'exclusion sociale; insiste pour que les recommandations par pays abordent systématiquement la réduction des écarts de rémunération et de pension hommes-femmes; prie instamment la Commission d'exiger de la part de chacun des États membres un plan national pour l'emploi visant la création d'emplois conformes à ce dont ils sont convenus lors du Conseil du printemps 2012;

36.

invite la Commission à lancer une nouvelle initiative visant à promouvoir les possibilités d'emploi des Roms dans les États membres, avec des mesures de promotion des compétences et des qualifications, de lutte contre la discrimination et de promotion de la création d'emplois, par exemple par le travail indépendant et la création d'entreprises et par le recours à des instruments de financement novateurs;

37.

invite les États membres à s'attaquer en priorité à l'écart entre les hommes et les femmes en matière d'emploi, notamment en comblant l'écart salarial et en prenant des mesures propices à la conciliation entre vie professionnelle et vie de famille, notamment par une plus grande disponibilité d'infrastructures d'accueil des enfants;

38.

regrette que le semestre européen ne soit pas suffisamment aligné sur la stratégie Europe 2020; invite la Commission et les États membres à aligner les mesures économiques mises en œuvre dans le cadre du semestre européen sur les objectifs sociaux et en matière d'emploi de la stratégie Europe 2020 et sur les principes sociaux énoncés dans les traités; demande de consentir des efforts plus décisifs pour orienter et coordonner les politiques européennes en vue de favoriser une croissance intelligente, durable et inclusive et créer des emplois durables et de meilleure qualité; invite la Commission à présenter sans retard l'examen à mi-parcours de la stratégie Europe 2020 compte tenu du besoin urgent de progresser davantage dans la réalisation de l'objectif de réduction de la pauvreté et des autres objectifs sociaux et de la nécessité d'améliorer l'implication concrète des parties prenantes;

Éducation et politiques actives du marché du travail pour accroître le capital humain

39.

est convaincu que la concurrence croissante à l'échelle internationale emmenée par une main-d'œuvre de plus en plus qualifiée a plongé l'Union européenne dans une situation caractérisée par un grave manque de main-d'œuvre qualifiée et une inadéquation entre sa main-d'œuvre et les postes disponibles, qui freinent sa croissance économique; estime que, pour que les États membres aient une chance réaliste d'atteindre les objectifs de la stratégie Europe 2020 en matière d'emploi, ils doivent se concentrer sur la création d'un environnement favorable à la création d'emplois;

40.

invite une fois de plus le Conseil, la Commission et les États membres à intégrer un pilier relatif à l'égalité entre les hommes et les femmes dans le cadre Europe 2020;

41.

remarque que la stratégie visant à relancer la compétitivité ne devrait pas se concentrer uniquement sur la réduction des coûts de la main-d'œuvre, mais aussi sur l'augmentation de la productivité par le biais d'investissements dans le capital humain et de réformes structurelles;

42.

invite les États membres à ramener leurs investissements dans le capital humain à leurs niveaux d'avant la crise, et en particulier à faciliter la transition des jeunes entre l'éducation et le travail et à investir dans la formation professionnelle et dans des programmes d'apprentissage tout au long de la vie;

43.

salue le fait que, dans l'examen annuel de la croissance pour 2015, la Commission invite les États membres à protéger ou à promouvoir les investissements à long terme dans l'éducation, la recherche et l'innovation; observe toutefois que les États membres ayant des budgets déjà restreints ne disposent pas des moyens suffisants pour réaliser cet objectif;

44.

souligne l'importance des politiques actives du marché du travail pour certains États membres dans le contexte actuel; appelle ces États membres à augmenter la couverture et l'efficacité des politiques actives du marché du travail;

Des emplois et des salaires de qualité en tant que moteurs de la productivité et de la croissance

45.

invite les États membres à prêter une attention particulière au fort taux de chômage des groupes défavorisés, à privilégier l'accès au marché du travail et l'intégration sur celui-ci et à promouvoir les politiques d'accès et d'intégration, car l'emploi est la clé d'une intégration réussie;

46.

rappelle que des salaires décents sont importants non seulement pour la cohésion sociale, mais également pour le maintien d'une relance forte et d'une économie productive; demande à la Commission d'étudier l’incidence de l'instauration de salaires minimums par les États membres, dans le contexte d'une réduction des inégalités salariales; demande à la Commission d'organiser une conférence sur un cadre européen fixant des salaires minimums;

47.

s'inquiète du fait que les réformes du marché du travail dans de nombreux États membres n'ont pas permis de réduire le nombre d'emplois précaires; observe que 50 % des emplois créés en 2014 étaient des emplois temporaires; constate que, selon la Commission, la pauvreté au travail persiste et que l'obtention d'un emploi ne suffit pas, pour 50 % de tous les demandeurs d'emploi, à les sortir de la pauvreté ni à augmenter la productivité; demande aux États membres de faire de la qualité des emplois une priorité et de résoudre la segmentation du marché du travail; demande aux États membres de garantir que les réformes du marché du travail visent — outre la promotion de la création d'emplois de meilleure qualité et durables — à réduire la segmentation, à faire progresser l'inclusion des groupes vulnérables dans le marché du travail, à promouvoir l'égalité entre hommes et femmes, à réduire la pauvreté au travail et à fournir une protection sociale suffisante à tous les travailleurs, y compris aux travailleurs indépendants;

48.

est convaincu que les États membres ne peuvent créer des emplois que si le marché le permet, s'ils peuvent s'appuyer sur une main-d'œuvre qualifiée, si le marché du travail est suffisamment flexible, si les coûts du travail, y compris les salaires, sont conformes à la productivité, si les systèmes de protection sociale rendent le travail plus attractif et si la réglementation est proportionnée et fondée sur des éléments de preuve;

49.

invite la Commission et les États membres à intensifier leurs efforts dans la lutte contre le dumping social dans l'Union, qui cause un tort considérable aux travailleurs touchés et aux systèmes sociaux des États membres; demande également l'implication des partenaires sociaux dans ces efforts à tous les niveaux;

50.

salue l'initiative relative à une plateforme européenne contre le travail non déclaré; demande une nouvelle fois aux États membres de veiller à ce que les personnes sous contrat précaire et les travailleurs indépendants jouissent d'un ensemble minimum de droits et d'une protection sociale suffisante, notamment en matière de conciliation entre vie familiale et professionnelle; demande à la Commission de déployer des efforts spécifiques pour aborder les autres problèmes causés par l'emploi à temps partiel et temporaire involontaire ainsi que par le faux travail indépendant;

51.

déplore le fait qu'il ne soit pour ainsi dire pas fait mention de la qualité et du caractère durable des emplois créés, en particulier en ce qui concerne l'emploi des femmes, qui sont surreprésentées dans le travail à temps partiel en raison des difficultés à concilier vie professionnelle et vie privée;

52.

estime que la réalisation des objectifs de réindustrialisation est primordiale pour la compétitivité de l'Union et pense que la relance d'une véritable politique industrielle européenne pourrait favoriser la croissance et créer des emplois de qualité;

53.

regrette le fait que les références aux taux de chômage ne prennent pas correctement en considération d'autres facteurs tels que le pourcentage croissant de personnes inactives, la mobilité et les migrations;

Chômage des jeunes et mobilité de la main-d'œuvre

54.

se réjouit de la baisse du chômage des jeunes, mais souligne que celui-ci reste à un taux inquiétant et que cette réduction ne repose pas nécessairement sur une création nette d'emplois; souligne que la précarité et le sous-emploi ont également augmenté et que 43 % des jeunes se retrouvent à travailler dans des conditions précaires, sous contrat à temps partiel involontaire ou en qualité de faux indépendant;

55.

demande à la Commission de proposer un cadre européen introduisant des normes minimales pour la mise en œuvre des garanties pour la jeunesse et des mesures concrètes de sensibilisation de l'opinion publique; invite les États membres à utiliser le budget disponible de manière efficace et à mettre en œuvre sans délai les garanties pour la jeunesse et à s'assurer que ces garanties profitent aussi aux jeunes issus de milieux sociaux défavorisés; demande de fixer un budget suffisant lors de la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel conformément aux recommandations de l'Organisation internationale du travail; relève que, selon les estimations de l'OIT, 21 milliards d'euros sont nécessaires pour résoudre le problème du chômage des jeunes;

56.

invite la Commission européenne à aller au-delà de la recommandation du Conseil de mars 2014 concernant un cadre de qualité pour les stages et de proposer un nouveau cadre de qualité visant à empêcher les discriminations et l'exploitation des jeunes travailleurs;

57.

invite les États membres à rendre le marché du travail plus inclusif pour les personnes devant assumer des responsabilités familiales, comme élever des enfants ou s'occuper de membres de leur famille qui nécessitent des soins; demande par conséquent des mesures favorables à la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale dans le cadre des réformes du marché du travail promues par le semestre européen;

58.

invite une fois de plus les États membres à investir dans les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie, la formation professionnelle et la formation au travail; demande l'évaluation des systèmes nationaux d'apprentissage tout au long de la vie dans le cadre des stratégies de réforme du marché du travail du semestre européen;

59.

souligne qu'il existe, selon la Commission, 2 millions de postes vacants au sein de l'Union européenne malgré des taux de chômage élevés et que seuls 3,3 % de la population active travaillent dans un autre État membre en 2013, ce qui témoigne d'un niveau de mobilité qui reste faible par rapport aux niveaux observés aux États-Unis ou au Japon; rappelle que l'outil de la plateforme EURES peut agir positivement sur les divergences au niveau des taux de mobilité de la main-d'œuvre — qui, dans le cas des États membres les plus sévèrement touchés par la crise, peuvent atteindre jusqu'à 10 points de pourcentage; exprime son soutien constant en faveur du principe de libre circulation;

60.

invite la Commission et les États membres à garantir le bon fonctionnement des services publics pour l'emploi et à encourager la recherche d'emploi à l'étranger;

61.

vu le nombre de travailleurs, essentiellement des jeunes, qui quittent aujourd'hui leur pays d'origine pour d'autres États membres en quête de possibilités d'emploi, il faut élaborer de toute urgence des mesures appropriées visant à garantir que tout travailleur bénéficie d'une protection sociale et des droits du travail; demande à cet effet à la Commission et aux États membres d'améliorer encore la mobilité de la main-d'œuvre européenne par des outils tels qu'EURES tout en garantissant le principe d'égalité de traitement et en protégeant les salaires et les normes sociales; invite chaque État membre à établir des politiques sociales et de l'emploi favorisant l'égalité des droits et des salaires sur un même lieu de travail, conformément aux principes qui sous-tendent la libre circulation des travailleurs, en s'inscrivant notamment dans une perspective d'égalité entre hommes et femmes;

62.

rappelle les objectifs de l'UE en matière d'égalité entre les hommes et les femmes, notamment l'objectif consistant à atteindre un taux d'emploi de 75 % pour les femmes et les hommes d'ici à 2020 et celui d'une réduction de 20 millions du nombre de personnes vivant dans la pauvreté ou menacées de pauvreté;

63.

presse la Commission de présenter une proposition sur le congé parental qui contribue à assurer des conditions de travail égales pour les femmes et pour les hommes, notamment à la lumière du vieillissement rapide de l'Union européenne, qui met en danger la capacité future des États membres à maintenir les services sociaux nécessaires; invite la Commission et les États membres à mener davantage de politiques contribuant à la croissance démographique de l'Union européenne, que ce soit par la natalité ou par l'immigration;

64.

regrette que les mesures d'austérité imposées par l'Union pour rétablir la confiance des investisseurs aient eu pour effet la détérioration de la situation sociale et de l'emploi, avec une hausse du taux de chômage, de la pauvreté et des inégalités;

65.

invite les États membres à améliorer la coopération entre les entreprises et le secteur de l'éducation à tous les niveaux;

Une demande déterminante de dimension sociale et de convergence européennes

66.

met une nouvelle fois en garde contre les défis socioéconomiques auxquels l'Union est confrontée, notamment dans certains États membres, et les risques pour sa durabilité et son potentiel de croissance stable posés par une inversion de la convergence régionale; rappelle que plus de 122 millions de citoyens européens sont exposés au risque de pauvreté ou d'exclusion sociale, en ce compris la pauvreté au travail et la pauvreté des enfants; souligne que 19 % des enfants de l'Union sont actuellement menacés de pauvreté selon les estimations et insiste sur le fait que ces niveaux sont inacceptables et doivent être baissés sans délai; demande à la Commission de poursuivre le développement de la dimension sociale dans l'Union européenne; reconnaît le travail de la Commission sur le pilier social de l'Union économique et monétaire, dans le cadre du processus d'intégration de la dimension sociale dans la structure actuelle des mécanismes de gouvernance économique, et lui demande de poursuivre sur cette voie afin de progresser dans la réalisation de la stratégie Europe 2020;

67.

regrette l'absence d'indicateurs et de définitions claires de la pauvreté absolue, qui touche de nombreux États membres;

68.

rappelle à la Commission qu'en vertu de l'article 9 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, toutes les politiques européennes doivent être guidées par des politiques sociales et en matière d'emploi visant à promouvoir l'acquis social européen; demande à la Commission de respecter son obligation de lier le semestre européen aux objectifs de la stratégie Europe 2020;

69.

souligne que la protection sociale et la politique sociale, en particulier les allocations de chômage, le revenu minimal garanti et la fiscalité progressive, ont permis, dans un premier temps, de réduire l'importance de la récession et de stabiliser les marchés du travail et la consommation; souligne toutefois que les stabilisateurs sociaux ont été largement utilisés comme facteurs d'ajustement par les membres de l'UEM confrontés à des chocs économiques négatifs; souligne que la protection sociale et les politiques sociales relèvent de la compétence des États membres;

Stabilisateurs sociaux

70.

fait remarquer que, dans son rapport annuel 2013 sur la situation sociale et l'emploi dans l'Union européenne, la Commission a insisté sur l'importance des dépenses de protection sociale pour prévenir les risques sociaux; rappelle que les stabilisateurs automatiques sont d'un grand intérêt pour absorber les chocs asymétriques, éviter un affaiblissement excessif des systèmes nationaux de sécurité sociale et renforcer ainsi la viabilité de l'Union économique et monétaire dans son ensemble; engage la Commission à faire part, dans ses recommandations par pays, de l'importance de la préservation de stabilisateurs automatiques forts dans les États membres, en raison du rôle capital qu'ils jouent dans le maintien de la cohésion sociale ainsi que dans la stimulation de la demande intérieure et de la croissance économique; demande une nouvelle fois à la Commission de publier un livre vert sur les stabilisateurs automatiques dans la zone euro;

71.

prend note de l'objectif de la Commission «de rendre le droit de l'Union plus léger, plus simple et moins coûteux au profit des citoyens et des entreprises»; souligne que cette suppression des obstacles réglementaires ne doit compromettre ni l'acquis social européen dans des domaines tels que la sécurité et la santé au travail ou l'information et la consultation des travailleurs, ni les conventions fondamentales de l'OIT, ni la charte sociale européenne, et qu'elle doit respecter l'autonomie des partenaires sociaux prévue par le traité; prie instamment la Commission de faire des efforts crédibles pour garantir la protection des travailleuses enceintes et des travailleuses qui ont récemment accouché;

Indicateurs sociaux

72.

se réjouit du fait que le rapport conjoint sur l'emploi annexé à l'examen annuel de la croissance inclue un tableau de bord pour les politiques sociales et de l'emploi; invite la Commission à étudier ces indicateurs pour voir s'ils sont suffisants pour une analyse approfondie de la situation socio-économique dans les États membres; insiste sur l'importance de comprendre la dynamique et les conséquences des évolutions des revenus des ménages et de l'inégalité croissante des revenus; regrette qu'une grande partie des données présentées dans l'édition du tableau de bord de cette année soient dépassées; demande à la Commission d'utiliser davantage ce tableau de bord dans l'élaboration des politiques; demande une vue d'ensemble détaillée des choix des États membres dans différents domaines politiques et des résultats correspondants; demande à la Commission d'évaluer et d'améliorer son champ d’application et son efficacité pour faire en sorte qu'il en soit pleinement tenu compte lors de l'élaboration des recommandations par pays;

73.

souligne que les questions sociales et de l'emploi devraient être placées sur un pied d'égalité avec les considérations macroéconomiques dans la procédure du semestre européen;

74.

demande l'identification des principaux déséquilibres macroéconomiques et macrosociaux dans les économies de l'Union et de la zone euro et l'articulation sur cette base des recommandations par pays formulées dans le cadre du semestre européen, y compris des mesures allant dans le sens d'une convergence des normes sociales et de droit du travail;

Pauvreté et exclusion sociale

75.

regrette que l'examen annuel de la croissance et le rapport conjoint sur l'emploi ne contiennent aucune mesure ni aucun cadre d'action visant à atteindre l'objectif de la stratégie Europe 2020 en matière de réduction de la pauvreté; demande à la Commission et aux États membres de veiller à ce que cet objectif se retrouve mieux dans le semestre européen;

76.

souligne la nécessité d'appliquer l'acquis social, la clause sociale transversale et le protocole relatif aux services d'intérêt général;

77.

accueille favorablement l'appel lancé aux États membres par le président de la Commission pour qu'ils instaurent un revenu minimum, dans le but de réduire la pauvreté au sein de l'Union européenne; demande à la Commission de proposer une initiative pour promouvoir l'instauration de revenus minimums dans les États membres; insiste sur le fait qu'il revient à chaque État membre de fixer le montant du revenu minimum et que celui-ci doit tenir compte de la situation socioéconomique de l'État membre concerné;

78.

regrette le fait que l'approche de la Commission visant à combattre les inégalités entre les hommes et les femmes traite essentiellement la conciliation entre vie professionnelle et vie de famille comme un problème des femmes; note que les mesures visant à faciliter cette conciliation, pour les hommes comme pour les femmes, sont essentielles pour la création d'emplois et ont une incidence directe sur la qualité des emplois créés; note que l'accès à des services d'accueil des enfants abordables et de qualité reste un obstacle majeur à cette conciliation, et demande par conséquent à la Commission de prêter attention à cet indicateur lors de son analyse du tableau de bord des indicateur clés en matière sociale et d'emploi;

79.

demande à la Commission de coopérer avec les États membres pour faire face immédiatement à l'augmentation alarmante de la pauvreté des enfants dans toute l'Union européenne par l'instauration de mesures à long terme et globales, fondées sur les bonnes pratiques de certains États membres, et en particulier de mesures visant à augmenter le soutien public en faveur des repas à l'école, et également de mettre en œuvre la recommandation en trois piliers «Investir dans l'enfance» formulée par la Commission dans le train de mesures sur l'investissement social

80.

signale que de nouvelles formes de pauvreté, aggravées par la crise de la dette — telles que la pauvreté au travail qui aggrave les difficultés comme par exemple au moment de payer des emprunts immobiliers ou les prix élevés des services publics qui créent une précarité énergétique — ont contribué à l'augmentation du nombre d'expulsions, de saisies et de personnes sans abri; demande à la Commission et aux États membres de mettre en place des politiques intégrées en faveur de logements sociaux et abordables, de réelles politiques de prévention ayant pour objectif de réduire le nombre d'expulsions, et des politiques de lutte contre la précarité énergétique sur la base des bonnes pratiques de certains États membres et de mettre un terme à la criminalisation des sans-abri qui a vu le jour dans certains États membres; invite la Commission à lancer immédiatement un plan d'action européen de lutte contre le phénomène des personnes sans abri, comme l'a demandé plusieurs fois le Parlement européen et comme le demandent également d'autres organes de l'Union afin d'aider les États membres à combattre le problème pressant des personnes sans abri, dont le nombre augmente rapidement;

81.

demande à la Commission de mettre au point une stratégie visant à aider les États membres à lutter contre le problème des sans-abri par des politiques intégrées et des investissements sociaux adéquats;

82.

demande à la Commission et aux États membres de prendre d'urgence des mesures visant à réduire le nombre de personnes sans abri; souligne que cette manifestation extrême de la pauvreté et de l'exclusion sociale porte atteinte aux droits fondamentaux et a progressé dans une grande majorité des États membres; demande à la Commission de proposer des mécanismes concrets afin de contrôler et de soutenir les efforts déployés par les États membres pour lutter contre le problème des sans-abri, comme le demandent les résolutions du Parlement européen du 14 septembre 2011 et du 16 janvier 2014 sur une stratégie de l'Union européenne pour les personnes sans abri;

83.

demande à la Commission d'examiner la possibilité d'augmenter le budget du Fonds européen d'aide aux plus démunis lors de la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel;

Des retraites et une santé durables

84.

appelle de ses vœux des services publics de qualité et abordables dans le domaine de la prise en charge des enfants et des personnes dépendantes, ce qui permettra en particulier aux femmes de reprendre le travail et permettra de concilier plus facilement la vie professionnelle et la vie privée;

85.

rappelle à la Commission que, pour garantir tant la durabilité que la sécurité et l'adéquation des pensions, les réformes des retraites doivent être assorties de politiques qui: établissent des possibilités d'emploi pour les travailleurs âgés et les jeunes travailleurs afin de contribuer à un système de retraites durable; limitent l'encouragement des systèmes de retraite anticipée et des autres mécanismes de sortie précoce du marché du travail, prévoient une compensation pour le temps consacré à s'occuper d'enfants et de membres de la famille dépendants, établissent des possibilités d'emploi pour les travailleurs plus âgés; garantissent l'accès à l'apprentissage tout au long de la vie pour les personnes au travail comme pour les chômeurs de tous âges; favorisent le vieillissement en bonne santé sur le lieu de travail en tenant compte des risques physiques et psychosociaux pour la santé et la sécurité; introduisent des politiques de fiscalité sur les revenus qui incitent à travailler plus longtemps; et qui soutiennent le vieillissement actif et en bonne santé; souligne que les réformes des retraites supposent une cohésion politique et sociale au niveau national et ne peuvent porter leurs fruits que si elles sont négociées avec les partenaires sociaux et avec les représentant des jeunes et des personnes âgées en tant que groupes directement touchés par ces mesures; invite les États membres à prendre pleinement en considération la position du Parlement vis-à-vis du livre blanc et du livre vert sur les retraites,

86.

prend note de la recommandation de la Commission visant à réformer les systèmes de santé pour qu'ils répondent à leurs objectifs de fournir un accès universel à des soins de haute qualité — y compris un accès abordable aux médicaments, en particulier ceux permettant de sauver des vies — et de garantir le respect des droits du personnel de santé; constate que, en conséquence de la crise, certains États membres n'ont pas réussi à garantir une pleine couverture de santé publique; demande à la Commission de formuler des recommandations concrètes afin que cette situation soit corrigée sans délai; demande des efforts de réforme supplémentaires afin de ne pas mettre en péril la qualité et l'accessibilité financière des infrastructures de santé;

87.

constate que la Commission a reconnu que les secteurs des soins de santé et des prestations sociales détiennent un gros potentiel de croissance et représentent des secteurs essentiels dans lesquels investir pour produire des économies durables; invite la Commission à rendre compte des progrès dans l'élaboration d'initiatives, dans le cadre de la stratégie Europe 2020, en faveur de l'investissement dans les secteurs des soins de santé et des prestations sociales pour des emplois de qualité;

88.

demande le renforcement et le développement des mesures efficaces de prévention en matière de santé telles que le «vieillissement en bonne santé tout au long de la vie» afin d'améliorer la qualité de vie tout en réduisant les coûts des traitements médicaux et des produits pharmaceutiques de fin de vie pour les systèmes nationaux de santé;

Système de taxation du travail plus équitable

89.

souligne que le coin fiscal a une incidence supérieure pour les bas salaires et les seconds apporteurs de revenus, et que cela reste un problème; demande à la Commission de prendre note du rapport fiscal d'octobre 2013 du FMI, qui souligne la possibilité de mettre en place des formes d'imposition améliorées et plus progressives;

90.

souligne l'importance de baisser la taxation sur le travail, en particulier des travailleurs à bas salaires et peu qualifiés, des chômeurs de longue durée et des autres groupes vulnérables, tout en garantissant la durabilité à long terme des systèmes publics de retraite; demande aux États membres de réduire la charge fiscale du travail en faveur d'une fiscalité de la consommation, du capital et des atteintes à l'environnement tout en tenant dûment compte des effets redistributifs possibles;

Renforcer la légitimité démocratique du semestre européen

91.

exprime sa vive inquiétude en ce qui concerne le rôle limité que le Parlement européen, les parlements nationaux ainsi que les partenaires sociaux et les organisations de la société civile doivent jouer dans la formulation, le suivi et la mise en œuvre de priorités économiques et sociales lors du semestre européen; demande une nouvelle fois une implication accrue et structurée de la société civile et des partenaires sociaux au niveau de l'Union comme au niveau national afin d'améliorer la légitimité du processus du semestre européen en élaborant des lignes directrices concrètes;

92.

demande la participation des parlements sous-nationaux et des autorités locales et régionales dans la conception et la mise en œuvre des programmes nationaux de réforme, y compris par des dispositifs de gouvernance à plusieurs niveaux;

93.

prie instamment la Commission d'impliquer plus étroitement les partenaires sociaux dans la préparation de l'examen annuel de la croissance et, de façon plus générale, de formaliser le rôle joué par les partenaires sociaux dans le processus du semestre européen;

94.

répète sa demande d'un accord interinstitutionnel afin de faire participer le Parlement à l'élaboration et à l'approbation de l'examen annuel de la croissance et des orientations en matière de politique économique et d'emploi;

o

o o

95.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0129.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0038.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0060

(4)  JO C 153 E du 31.5.2013, p. 57.

(5)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0240.

(6)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0246.

(7)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0394.

(8)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0010.

(9)  JO C 51 E du 22.2.2013, p. 101.

(10)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0043.

(11)  «Projet de rapport conjoint sur l'emploi de la Commission et du Conseil accompagnant la communication de la Commission concernant l'examen annuel de la croissance 2015» (COM(2014)0906), page 44. Voir égalementOECD Employment Outlook 2014, http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/employment/oecd-employment-outlook-2014_empl_outlook-2014-en#page1.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/98


P8_TA(2015)0069

Gouvernance du marché unique dans le cadre du semestre européen 2015

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la gouvernance du marché unique dans le cadre du semestre européen 2015 (2014/2212(INI))

(2016/C 316/11)

Le Parlement européen,

vu la communication de la Commission du 28 novembre 2014 intitulée «Examen annuel de la croissance 2015» (COM(2014)0902),

vu la communication de la Commission du 13 novembre 2013 intitulée «Examen annuel de la croissance 2014» (COM(2013)0800) et le rapport de la Commission du 13 novembre 2013 intitulé «Un marché unique pour la croissance et pour l'emploi: une analyse des progrès réalisés et des obstacles restants entre les États membres — Contribution à l'examen annuel de la croissance 2014» (COM(2013)0785),

vu le rapport de la Commission du 28 novembre 2012 intitulé «État 2013 de l'intégration du marché unique — Contribution à l'examen annuel de la croissance 2013» (COM(2012)0752),

vu la communication de la Commission du 8 juin 2012 intitulée «Une meilleure gouvernance pour le marché unique» (COM(2012)0259),

vu la communication de la Commission du 3 mars 2010 intitulée «Europe 2020 — une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2010)2020),

vu la communication de la Commission du 19 mars 2014 intitulée «État des lieux de la stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2014)0130),

vu la communication de la Commission du 2 juin 2014 intitulée «Semestre européen 2014: recommandations par pays — Bâtir la croissance» (COM(2014)0400),

vu la communication de la Commission du 3 octobre 2012 intitulée «L'Acte pour le marché unique II — Ensemble pour une nouvelle croissance» (COM(2012)0573),

vu la communication de la Commission du 13 avril 2011 intitulée «L'Acte pour le marché unique — Douze leviers pour stimuler la croissance et renforcer la confiance — Ensemble pour une nouvelle croissance» (COM(2011)0206),

vu le rapport de Mario Monti au président de la Commission européenne du 9 mai 2010, intitulé «Une nouvelle stratégie pour le marché unique au service de l'économie et de la société européennes»,

vu l'étude réalisée en septembre 2014 à la demande de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, intitulée «The Cost of Non-Europe in the Single Market» (Le coût de la non-Europe dans le marché unique),

vu l'étude réalisée en septembre 2014 à la demande de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, intitulée «Indicators for measuring the Performance of the Single Market — Building the Single Market Pillar of the European Semester» (Indicateurs de mesure des performances du marché unique — construire le pilier du semestre européen consacré au marché unique),

vu l'étude réalisée en septembre 2014 à la demande de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, intitulée «Contribution of the Internal Market and Consumer Protection to Growth» (La contribution du marché intérieur et de la protection des consommateurs à la croissance),

vu l'édition de juillet 2014 du tableau d'affichage du marché unique en ligne,

vu les conclusions du Conseil européen des 26 et 27 juin 2014,

vu les conclusions du Conseil européen des 20 et 21 mars 2014,

vu les délibérations du Conseil «Compétitivité» des 25 et 26 septembre 2014 sur la stratégie Europe 2020 pour la croissance et l'emploi,

vu sa résolution du 7 février 2013 contenant des recommandations à la Commission sur la gouvernance du marché unique (1) et la réponse de suivi de la Commission adoptée le 8 mai 2013,

vu sa résolution du 25 février 2014 sur la gouvernance du marché unique dans le cadre du semestre européen 2014 (2) et la réponse de suivi de la Commission adoptée le 28 mai 2014,

vu sa résolution du 22 octobre 2014 sur le semestre européen pour la coordination des politiques économiques: mise en œuvre des priorités pour 2014 (3),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs (A8-0018/2015),

A.

considérant, dans le contexte de l'examen à mi-parcours de la stratégie Europe 2020, qu'il convient de considérer le marché unique et le marché unique numérique comme deux outils essentiels de relance de la croissance et de création d'emplois de qualité dans l'Union européenne, en veillant parallèlement à leur complémentarité avec les moteurs de croissance plus traditionnels, comme le soutien aux investissements dans la R&D&I, la formation et l'éducation, et en accordant une attention particulière aux besoins des PME;

B.

considérant que la stratégie relative au marché unique requiert une approche globale qui tienne compte des préoccupations des citoyens, des consommateurs et des PME, en projetant les priorités du marché unique dans tous les domaines politiques, afin de garantir l'achèvement d'un marché unique viable servant de catalyseur pour la relance économique et la croissance durable;

C.

considérant qu'il est nécessaire, parallèlement aux différentes politiques menées par l'Union, de renforcer en priorité la gouvernance du marché unique dans le cadre du semestre européen, tout en maintenant l'équilibre nécessaire entre les dimensions économique, sociale et environnementale, et d'améliorer la qualité de la transposition, de la mise en œuvre et de l'application des règles y afférentes pour qu'elles fonctionnent tant sur le plan pratique qu'économique, en réduisant aussi considérablement la durée des procédures d'infraction;

D.

considérant que la gouvernance du marché unique dans le cadre du semestre européen et les recommandations par pays correspondantes pour une Europe plus compétitive, qui offre des emplois de qualité grâce à une croissance équitable plus attractive pour les investisseurs, marquent le lancement d'un processus très positif;

E.

considérant que plus de vingt ans après sa création officielle, le marché unique n'a toujours pas été entièrement achevé, principalement parce que les États membres n'ont pas totalement transposé ou mis en œuvre la législation de l'Union;

F.

considérant que la stratégie relative au marché unique doit être abordée avec cohérence et détermination, être coordonnée et reposer sur une approche globale et un accord pragmatique, complet et de grande ampleur entre tous les États membres et les institutions européennes; qu'une impulsion vigoureuse, un engagement ferme et une coordination étroite de la part de toutes les institutions européennes, notamment des présidents de la Commission et du Conseil, et un engagement, une coopération et une solidarité politiques clairs de la part des États membres, restent nécessaires afin de pleinement mettre en œuvre les règles relatives au marché unique et de veiller à leur respect, ainsi que d'accroître la crédibilité du marché unique et la confiance dans le marché unique et sa gestion;

G.

considérant que malgré le nombre important d'instruments, principalement des indicateurs spécifiques, existants pour mesurer les performances économiques du marché unique dans le cadre du semestre européen, celles-ci n'ont pas eu d'impact clair sur la politique menée jusqu'à présent;

H.

considérant qu'un effort considérable devrait être consenti non seulement pour assurer la clarté, la simplicité, le caractère opérationnel et la force exécutoire de la législation, mais aussi pour établir un cadre stable et prévisible afin d'évaluer la façon dont la législation relative au marché unique fonctionne dans la pratique;

I.

considérant qu'il est plus que nécessaire de créer un marché unique fonctionnant correctement, efficace et fondé sur une économie sociale de marché soutenable hautement innovatrice et compétitive pour stimuler la croissance durable et la compétitivité, attirer les investissements, promouvoir la cohésion sociale et créer de nouveaux emplois de manière à revitaliser l'économie européenne; considérant que la mise en place d'un marché unique plus approfondi et plus équitable, doté d'une base industrielle renforcée, figure parmi les premières priorités de la Commission dans son programme de travail 2015; considérant que les États membres et l'Union européenne devraient œuvrer ensemble à l'élaboration d'une politique industrielle européenne, en s'appuyant sur le travail déjà entrepris dans ce domaine au cours des dernières années et en se concentrant sur les secteurs stratégiques, dans l'optique également d'atteindre les objectifs fixés dans le programme de travail; considérant que le marché unique est également nécessaire pour permettre de prendre en compte de manière appropriée les besoins des citoyens, des consommateurs et des entreprises et pour faire en sorte que les politiques proposées puissent apporter une valeur ajoutée pour les citoyens européens et les autres acteurs;

J.

considérant qu'il est nécessaire de mettre davantage l'accent sur le marché unique dans le contexte du semestre européen afin de mieux exploiter son potentiel de croissance et d'emploi, d'inscrire son renforcement au cœur de la stratégie industrielle européenne, de mieux communiquer sur ses effets positifs et de permettre aux citoyens et aux entreprises de pleinement en profiter;

K.

considérant que les États membres se sont engagés à achever le marché intérieur de l'énergie à l'horizon 2014 et à intégrer les «îlots énergétiques» dans le marché intérieur de l'énergie d'ici à 2015;

L.

considérant qu'un marché intérieur de l'énergie pleinement intégré est indispensable pour atteindre les objectifs généraux de l'Union en matière de sécurité et de durabilité énergétiques, et qu'il constitue un élément crucial de la compétitivité globale, de la croissance économique et de la création d'emplois de l'Union, comme le reconnaissent l'Acte pour le marché unique II et la stratégie Europe 2020;

I.    Construire le pilier du semestre européen consacré au marché unique

1.

demande une nouvelle fois à la Commission d'améliorer la gouvernance du marché unique en développant un ensemble d'outils analytiques permettant de mieux mesurer la performance économique et réglementaire du marché unique dans le cadre du pilier du semestre européen qui lui est consacré; estime que de tels outils analytiques pourraient fournir une contribution utile en ce qui concerne les recommandations par pays, l'examen annuel de la croissance, les lignes directrices du Conseil européen à l'intention des États membres et les plans d'action nationaux visant à mettre en œuvre les orientations relatives au marché unique;

2.

souligne l'importance et la valeur ajoutée des rapports des précédentes années sur l'intégration du marché unique, compte tenu de leur contribution aux priorités générales fixées dans l'examen annuel de la croissance de la Commission et à la définition des recommandations par pays dans le cadre du semestre européen; considère par conséquent qu'il est des plus déplorable que le rapport sur l'intégration du marché unique n'ait pas été établi pour 2015;

3.

par ailleurs, regrette que le rapport sur l'intégration du marché unique n'ait pas été établi, a fortiori au moment où le Parlement européen et la Commission se sont engagés à élaborer des indicateurs précis pour évaluer l'intégration du marché intérieur et tous les avantages possibles d'une intégration plus ciblée dans les principaux domaines de croissance; invite dès lors à redoubler d'efforts pour assurer une meilleure application et un meilleur contrôle de l'application des règles déjà en place;

4.

invite la Commission à détailler la restructuration de l'examen annuel de la croissance 2015 et à expliquer pourquoi elle n'a pas publié une étude sur l'état d'avancement de l'intégration du marché unique dans les principaux domaines qui présentent le plus grand potentiel de croissance; demande à la Commission d'au moins publier les données rassemblées sur le marché unique pour compléter l'examen annuel de la croissance de cette année;

5.

invite la Commission à présenter dans les plus brefs délais en 2015 un rapport sur l'état de l'intégration du marché unique de sorte que ce rapport puisse donner une direction au pilier consacré au marché unique du semestre européen 2015; souligne toutefois qu'à l'avenir, il conviendra de revoir le moment choisi pour publier le rapport; considère que pour qu'il produise le plus d'effet possible, y compris eu égard aux recommandations par pays, ce rapport devrait être publié en même temps que l'examen annuel de la croissance;

6.

prie instamment la Commission de présenter un rapport obligatoire chaque année dans le but de surveiller le fonctionnement du marché unique dans le cadre du semestre européen et de présenter une analyse de l'état de l'intégration du marché unique dans les principaux domaines qui présentent le plus grand potentiel de croissance; invite la Commission à définir les priorités de l'action dans le cadre de l'examen annuel de la croissance, qui contribueront à libérer entièrement le potentiel de croissance du marché unique et à supprimer les obstacles qui continuent d'entraver la poursuite de son intégration;

7.

fait observer que l'examen annuel de la croissance 2015 soutient un marché unique intégré qui offre aux consommateurs les mêmes possibilités que celles qui se présentent à eux sur leurs marchés nationaux respectifs, et insiste pour que les droits conférés aux consommateurs en ligne ne soient pas inférieurs aux droits dont ils jouissent sur leurs propres marchés traditionnels;

8.

souligne que l'examen annuel de la croissance 2015 reconnaît qu'afin d'accroître la compétitivité en Europe, il convient d'éviter les réglementations trop contraignantes, plus particulièrement pour les PME, d'améliorer l'accès au financement et de garantir la qualité des investissements dans la recherche et l'innovation;

9.

fait observer les avantages éventuels d'une modernisation de l'administration, qui sont présentés dans l'examen annuel de la croissance, et la manière dont cette modernisation pourrait contribuer à supprimer les obstacles bureaucratiques et réglementaires et par conséquent aider les citoyens et les entreprises en stimulant la concurrence, l'emploi et la croissance en Europe;

10.

demande une révision complète du cadre pour la gouvernance du marché unique ainsi qu'un contrôle accru et une meilleure évaluation de la mise en œuvre et de l'application correcte, dans les délais et efficace des règles du marché unique; souligne la nécessité d'utiliser le marché unique comme troisième pilier du semestre européen en vue de couvrir un ensemble bien délimité de priorités liées à l'économie réelle, tout en respectant pleinement les principes de subsidiarité et de proportionnalité au sein de l'Union;

11.

invite la Commission à tenir pleinement compte des secteurs clés de croissance et de création d'emplois de qualité qui permettront de construire un marché unique de l'Union européenne adapté au XXIe siècle, précédemment recensés par la Commission et définis plus précisément dans l'étude de septembre 2014 intitulée «The Cost of Non-Europe in the Single Market», à savoir les services, le marché unique numérique, et plus particulièrement le commerce en ligne, l'acquis en matière de protection des consommateurs, les marchés publics et les concessions et la libre circulation des marchandises; demande également à la Commission d'achever le marché unique dans les domaines des transports et de l'énergie;

12.

estime qu'il est nécessaire de définir un système de mesure intégré, combinant différentes méthodologies telles que des indicateurs composites, un ensemble systématique d'indicateurs et des outils sectoriels, afin de mesurer les performances du marché unique en vue de l'intégrer au semestre européen; souligne qu'afin de mesurer les performances du marché unique et de donner une impulsion à son approfondissement dans les principaux domaines prioritaires, il conviendrait d'envisager un indicateur principal et un objectif pour cet indicateur en ce qui concerne l'intégration du marché unique;

13.

demande à la Commission d'introduire une méthode permettant de fixer des objectifs quantitatifs pour la réduction de la charge administrative au niveau européen; prend note des expériences positives de certains États membres qui ont fixé des objectifs de réduction nette en vue de diminuer les coûts de mise en conformité; demande que cette méthode soit examinée dans le cadre de la nouvelle initiative de la Commission sur la réduction des charges administratives;

14.

note, dans le contexte de l'évaluation des incidences économiques sur le marché unique dans le cadre du semestre européen, que des efforts supplémentaires devraient être accomplis pour encourager la mise à disposition de précisions appropriées sur la méthodologie appliquée et les données utilisées, afin de garantir la crédibilité et la comparabilité des résultats obtenus, d'établir les liens correspondants avec les évaluations ex post et de mettre en évidence les données manquantes pour mener les évaluations;

15.

demande à nouveau que les procédures prévoient la participation appropriée du Parlement européen au cycle de gouvernance économique, en fixant l'adoption, par le Parlement européen et le Conseil, d'autres mesures nécessaires pour renforcer la gouvernance du marché unique, notamment des mesures dans les domaines où le cadre réglementaire de l'Union a été établi conformément à la procédure législative ordinaire prévue à l'article 294 du traité FUE;

16.

regrette que les recommandations par pays n'aient pas été suffisamment alignées sur les objectifs de la stratégie «Europe 2020»; invite, par conséquent, à redoubler d'efforts afin d'orienter et de coordonner les politiques aux niveaux national et de l'Union et à continuer de prendre les mesures spécifiques nécessaires pour renforcer le marché unique et exploiter son potentiel, afin de stimuler une croissance intelligente, durable et inclusive, de promouvoir la concurrence et de créer de l'emploi, en particulier pour les jeunes;

17.

estime qu'il est nécessaire de renforcer l'appropriation des recommandations par pays par les parlements nationaux; invite les États membres à donner à la Commission la possibilité de présenter les recommandations par pays aux parlements nationaux avant leur adoption par le Conseil; demande, en outre, aux États membres de s'engager davantage dans la mise en œuvre des recommandations par pays et de refléter rigoureusement les objectifs de l'Union dans leurs propres objectifs nationaux; considère, dès lors, que les États membres devraient présenter chaque année un rapport détaillé sur la mise en œuvre des recommandations par pays dans les domaines liés au marché unique; réitère par ailleurs sa demande pour que la Commission établisse des rapports à l'intention de la commission compétente du Parlement sur les mesures mises en place afin d'assurer l'avancée de la mise en œuvre des recommandations par pays et sur les progrès déjà réalisés; invite les États membres à expliquer les raisons des variations importantes concernant les recommandations par pays à la commission compétente du Parlement;

18.

soutient l'accent mis, dans les recommandations par pays pour 2014, sur l'importance de supprimer les restrictions non justifiées et les barrières à l'entrée dans les secteurs clés comme le commerce de détail, le commerce en ligne et les services aux entreprises; demande instamment aux États membres concernés d'accorder la plus grande attention à ces recommandations et de lever immédiatement ces obstacles à la croissance du marché unique;

19.

demande que les prochaines recommandations par pays du cycle du semestre européen reflètent de façon nettement plus marquée et plus stricte qu'auparavant les conclusions du rapport sur l'intégration du marché unique;

20.

regrette que la Commission n'ait jusqu'à présent pas considéré la promotion du marché unique comme une priorité dans le cadre du semestre européen; invite la Commission à faire de la gouvernance du marché unique un élément essentiel de toutes les phases ultérieures du processus du semestre européen, en particulier les mesures axées sur l'emploi, la croissance et la compétitivité; rappelle à la Commission qu'un véritable marché unique dans ces domaines permettrait de donner un élan significatif à la croissance économique et à la création d'emplois dans l'Union européenne; demande de profiter de l'occasion offerte par ce nouveau cadre et de développer autant que possible les domaines de croissance clés et les mesures incluses dans les Actes pour le marché unique I et II, en veillant à prendre en compte les préoccupations et les attentes des citoyens;

21.

souligne qu'il est nécessaire que l'Union européenne, les États membres, les régions, les municipalités, les partenaires sociaux et les parties prenantes adoptent une approche intégrée pour conduire et élaborer les politiques dans le but de faire avancer l'économie sociale de marché;

22.

invite la Commission, les États membres et les régions à garantir la pleine mise en œuvre des fonds de l'Union pour la période 2007-2013; note l'occasion qui se présente pour les États membres et les régions d'orienter leurs politiques et leurs investissements sous la période 2014-2020 vers des secteurs plus porteurs de croissance et d'emploi, pour les jeunes en particulier, comme le marché unique numérique, l'énergie, les services et l'économie verte, grâce aussi à des investissements réels et orientés sur la qualité dans la R&D&I, de manière à garantir l'accès aux infrastructures de réseaux pour tous les citoyens;

II.    Le potentiel inexploité du marché unique dans les secteurs clés de croissance

23.

rappelle que le marché unique est un moteur essentiel de la croissance et de la création d'emplois et qu'il a un rôle indispensable à jouer dans la réalisation des objectifs de la stratégie «Europe 2020» pour une croissance intelligente, durable et inclusive; relève, toutefois, que ce potentiel reste inexploité à bien des égards;

24.

rappelle les trois priorités définies par la stratégie Europe 2020, à savoir:

développer une économie basée sur la connaissance et l'innovation;

promouvoir une économie plus efficace dans l'utilisation des ressources, plus verte et plus compétitive;

encourager une économie riche en emplois, permettant d'atteindre un haut niveau de cohésion sociale et territoriale;

25.

salue la nouvelle approche adoptée par la Commission dans l'examen annuel de la croissance 2015, qui insuffle un élan coordonné à l'investissement dans l'Union de manière à accroître la demande intérieure et à favoriser une économie plus compétitive; croit fermement que pour être aussi ambitieux que possible, il convient de donner la priorité aux investissements en faveur de l'économie numérique et de la création d'un marché intérieur plus compétitif, en collaboration avec les États membres;

26.

exprime sa profonde préoccupation au sujet de la chute du niveau des investissements privés en Europe et du manque de confiance des investisseurs privés, qui se traduit par une hésitation à investir, en particulier en raison de l'absence de réformes structurelles, de l'inexistence d'une stratégie européenne en faveur de la croissance et des entraves persistantes à la croissance dans certains domaines du marché unique comme le commerce en ligne; appelle les États membres à soutenir activement le plan d'investissement et à contribuer au Fonds européen pour les investissements stratégiques, en complétant les montants fournis au titre du budget de l'Union et par la Banque européenne d'investissement (BEI), afin d'orienter et d'encourager les investissements par le secteur privé;

27.

invite la Commission, les États membres, les régions et toutes les parties prenantes concernées à mettre l'accent sur l'économie réelle lorsqu'ils conçoivent et élaborent des politiques d'investissement qui attireront des investissements privés en retour; incite par ailleurs à investir dans la formation des personnes et des entreprises à l'ère numérique, entre autres aux technologies les plus récentes dans le secteur de l'énergie, pour produire un effet de levier, en assurant la mise en place d'un réseau numérique mondial, en soutenant l'éducation et la R&I de qualité et en progressant considérablement vers la création d'un marché unique dans le secteur du transport, afin que nous puissions rivaliser sur un pied d'égalité avec les grandes puissances mondiales;

28.

invite la Commission et les États membres à améliorer le cadre réglementaire des PME, compte tenu de sa capacité en matière de création d'emplois; invite à porter au maximum les possibilités offertes par le programme COSME, non seulement en termes de consolidation de l'esprit d'entreprise en Europe, mais également d'amélioration de l'accès des PME au financement et aux marchés européens et mondiaux;

29.

insiste sur la nécessité de lier les investissements à l'innovation et à l'entrepreneuriat, en exploitant au maximum les possibilités qu'offrent l'économie et la société numériques et en développant une politique industrielle européenne intelligente; fait observer que les investissements doivent tout particulièrement tenir compte des PME, dans la mesure où ce sont ces entreprises qui éprouvent le plus de difficultés à accéder aux investissements, et soutenir par des mesures concrètes les jeunes entreprises, mais aussi l'esprit d'entreprise et l'innovation sociale, en tant que source d'emplois d'avenir pour les jeunes;

30.

insiste sur la nécessité de relancer par des mesures concrètes l'esprit d'entreprise en Europe et, pour cela, de permettre aux PME d'accéder facilement au crédit, en particulier lorsque celles-ci sont actives dans des secteurs clés; demande également de promouvoir d'autres formes de financement que le financement bancaire;

31.

demande aux États membres d'orienter de façon plus décisive leurs économies vers l'innovation et la croissance, qui nous prépareront aux emplois et aux demandes de l'avenir à l'ère numérique et qui amélioreront la capacité d'innovation de nos entreprises et leur réactivité sur le marché mondial, en particulier avec l'intégration complète des TIC;

Marché unique numérique

32.

estime, comme il ressort de l'examen annuel de la croissance 2015, que le développement du marché unique numérique est essentiel pour stimuler la croissance, créer des emplois de qualité, garantir la compétitivité de l'économie européenne à l'échelle mondiale et apporter des avantages à la fois aux entreprises et aux consommateurs; demande par conséquent à la Commission d'élaborer un plan d'action européen 2016-2020 ambitieux pour l'administration en ligne et de continuer ainsi à soutenir les objectifs d'Europe 2020;

33.

note qu'il importe d'investir, y compris dans les réseaux à haut débit, pour atteindre les objectifs prioritaires dans le domaine essentiel du marché numérique; recommande de consacrer une part importante du futur plan d'investissement de 315 milliards d'EUR à des investissements ciblés et stratégiques dans le secteur numérique; signale par ailleurs que l'interdépendance d'éléments tels que la forte pénétration des réseaux et le niveau élevé de compétence de la population et des entreprises en matière d'utilisation des TIC est un facteur essentiel pour atteindre un véritable marché unique numérique; appelle l'Union européenne et les États membres à donner la priorité aux investissements dans les infrastructures de réseaux numériques et dans la formation numérique de leurs entreprises et citoyens;

34.

estime que la fragmentation et l'absence de sécurité juridique constituent des préoccupations essentielles dans ce domaine et qu'il convient également de remédier aux disparités qui existent entre les différents États membres en matière d'application des règles européennes en vigueur;

35.

indique que l'achèvement du marché unique numérique pourrait générer 0,4 % de croissance du PIB supplémentaires d'ici à 2020 (520 milliards d'EUR aux prix de 2014) et que les gains en matière d'emploi seraient de l'ordre de 0,1 %, ce qui correspond à plus de 223 000 emplois créés d'ici à 2020, selon les données de l'étude intitulée «The Cost of Non-Europe in the Single Market»; estime que la levée des entraves au commerce en ligne, les investissements dans les infrastructures de haut débit et le déploiement de nouvelles technologies comme la 4G et la 5G sont cruciaux pour le développement de solutions numériques, puisqu'elles dépendent de connexions rapides et efficaces; considère que l'adoption du cadre général de l'Union sur la protection des données et de la directive sur la sécurité des réseaux et de l'information est essentielle pour l'achèvement du marché unique numérique d'ici à 2015; demande d'investir pour mettre un terme aux inégalités dans l'accès au haut débit et aux réseaux 4G au sein de l'Union;

36.

souligne la corrélation entre les niveaux élevés de la vente en ligne et l'augmentation du PIB par habitant, et insiste par conséquent sur la nécessité de progresser dans la réalisation d'un véritable commerce en ligne transfrontalier et de l'informatique en nuages; estime qu'il est essentiel d'en finir avec le morcellement des 28 marchés numériques, de garantir l'accès universel au réseau et de faire de la sécurité sur le réseau et de la confiance du consommateur les pierres angulaires du marché unique numérique, dans la mesure où le marché en ligne ne peut exister sans confiance;

37.

souligne que, selon le rapport intitulé «The Cost of Non-Europe in the Single Market», la progression de l'administration en ligne permettrait d'économiser 100 milliards d'euros par an; demande de concentrer et de renforcer les efforts des États membres sur la modernisation de leurs administrations publiques pour que les citoyens et les entreprises puissent réaliser de plus en plus de démarches en ligne dans l'exercice de leurs droits sur le marché unique, en particulier au niveau transfrontalier;

38.

souligne la nécessité de faire en sorte que les règles du marché unique de l'Union soient adaptées à l'ère du numérique, ce qui suppose de mettre en œuvre les règles du marché unique pour les paiements en ligne, de développer des solutions électroniques sûres dans toute l'Europe (notamment la facturation en ligne et la signature numérique), de réformer les droits de propriété intellectuelle et de clarifier au besoin les exigences en matière de TVA, de manière à accroître la confiance à l'égard du commerce en ligne, à améliorer la qualité des informations fournies aux consommateurs européens au sujet de leurs droits et à assurer aux consommateurs le même niveau de protection en ligne que celui auquel ils sont habitués dans leur marché traditionnel;

39.

souligne que l'examen du récent cadre de gouvernance économique est une excellente occasion d'exhorter les États membres à intensifier leurs efforts en faveur du marché unique numérique, ce qui signifie non seulement plus de croissance et d'emplois, en particulier dans le secteur des PME et parmi les jeunes, mais aussi une Union européenne moderne tournée vers l'avenir;

40.

est d'avis que les États membres doivent intensifier leurs efforts pour moderniser leurs administrations publiques, en fournissant des services numériques plus nombreux et plus accessibles aux citoyens et aux entreprises, en réduisant les coûts et en augmentant l'efficacité, en facilitant la coopération transfrontalière et en mettant en œuvre des cadres d'interopérabilité pour les administrations publiques;

41.

insiste sur l'importance de l'identification électronique et des services de confiance pour augmenter le volume et la qualité des échanges électroniques dans une perspective de croissance; demande par conséquent aux États membres de prendre toutes les mesures nécessaires afin de mettre en œuvre d'ici au 1er juillet 2016 le règlement sur les transactions électroniques au sein du marché intérieur;

42.

considère l'amélioration des compétences numériques dans l'Union comme une priorité absolue;

Libre circulation des marchandises

43.

estime que la libre circulation des marchandises, des capitaux, des services et des personnes présente toujours un potentiel inexploité pour les entreprises et les citoyens en matière d'efficacité, de croissance et de création d'emplois;

44.

réaffirme son soutien à des accords globaux de commerce et d'investissement qui favoriseraient la création d'emplois pour les travailleurs européens et seraient compatibles avec celle-ci, profiteraient directement aux consommateurs européens et créeraient de nouvelles opportunités pour les entreprises européennes, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), tout en respectant les normes de l'Union européenne en matière sociale, environnementale et de protection des consommateurs; indique que de tels accords sont cruciaux pour créer de nouvelles possibilités de croissance; est d'avis que le Parlement européen doit être étroitement associé aux négociations relatives à l'acquis du marché unique et que toute modification de la législation existante ou toute introduction de nouvelles dispositions législatives doit pleinement respecter le rôle de colégislateur du Parlement;

45.

appelle les États membres à renforcer la chaîne de valeur au niveau de la production transfrontalière en tant qu'élément fondamental pour encourager la compétitivité et la croissance, créer des emplois et réduire les obstacles commerciaux existants dans des secteurs relativement vastes, mais qui, n'étant pas suffisamment intégrés, ne profitent pas de tous les avantages qu'offre le marché unique;

46.

demande une surveillance accrue des obstacles existants au sein du marché unique des biens;

Services

47.

souligne que des mesures stratégiques spécifiques devraient être incluses dans la stratégie «Europe 2020» dans le but de surmonter les barrières qui existent dans les domaines du secteur des services couverts par la directive sur les services, et dans les services financiers, notamment, et de mettre plus explicitement l'accent sur l'approfondissement du marché unique;

48.

souligne qu'un important potentiel de croissance reste inexploité dans le secteur des services, comme le montrent clairement les estimations du rapport intitulé «The Cost of Non-Europe in the Single Market», qui évoquent des gains potentiels de l'ordre de 337 milliards à 637 milliards d'euros;

49.

juge nécessaire, dans la mesure où le secteur des services est l'un de ceux qui présentent le plus grand potentiel de croissance dans l'Union, de renforcer les mesures visant à accroître la compétitivité dans ce secteur, y compris dans le commerce de détail, et de simplifier la législation pour les entreprises, notamment les PME; souligne l'importance de garantir à tous les consommateurs, aux ménages et aux entreprises l'accès universel aux services publics;

50.

estime qu'il y a lieu de renforcer la protection des consommateurs, le choix et la concurrence dans le domaine des services financiers, en accordant une attention particulière aux différents besoins des consommateurs, y compris les plus vulnérables; estime qu'il y a lieu de sensibiliser davantage les consommateurs aux questions financières compte tenu de l'extrême confusion que peuvent générer les produits financiers et des problèmes que cela peut causer aux consommateurs et au marché unique;

51.

rappelle la nécessité de redoubler d'efforts afin de combattre la fraude et l'évasion fiscale, et demande donc d'accorder une plus grande importance à la bonne gouvernance fiscale dans l'Union à la fois dans le secteur privé et dans le secteur public; souligne que le rapport intitulé «The Cost of Non-Europe in the Single Market» indique qu'il est possible de générer 9 milliards d'euros d'économies par an avec des actions telles que la normalisation des factures électroniques et la coordination des systèmes fiscaux transfrontaliers; se félicite de l'annonce du président de la Commission européenne d'échanger automatiquement les informations relatives aux décisions fiscales nationales; souligne la nécessité de renforcer et d'améliorer la coordination fiscale pour éviter la concurrence déloyale et les distorsions du marché et garantir l'égalité des chances dans le marché unique;

52.

salue la déclaration de la Commission dans son rapport sur l'examen annuel de la croissance 2015, selon laquelle «[l]a lutte contre la fraude et l'évasion fiscales est essentielle pour garantir l'équité et permet aux États membres de percevoir les recettes fiscales auxquelles ils peuvent prétendre»;

53.

réaffirme sa position selon laquelle le niveau général et la qualité des investissements dans la recherche et le développement devrait être accru afin de stimuler l'innovation, en soulignant les différents niveaux d'investissement dans les États membres; rappelle à la Commission la nécessité de créer un véritable marché unique consacré à la connaissance, la recherche et l'innovation, ainsi qu'à l'achèvement de l'espace européen de la recherche; souligne qu'actuellement 85 % des fonds destinés à l'innovation sont exclusivement utilisés au niveau national, en l'absence d'une coopération transfrontalière, ce qui ne permet pas d'exploiter pleinement la valeur ajoutée à l'échelle européenne;

Marchés publics et concessions

54.

se félicite de l'adoption en 2014 des directives sur la passation des marchés publics et sur l'attribution des contrats de concession, qui ont permis de moderniser les marchés publics dans l'Union européenne, favorisant ainsi la pérennité des contrats publics; insiste sur la valeur ajoutée apportée par la directive sur l'attribution des contrats de concession, notamment pour ce qui est de faciliter les procédures et de les rendre plus transparentes, ainsi que d'offrir davantage de possibilités aux PME, permettant ainsi de surmonter les problèmes inhérents à ces contrats, de garantir la sécurité juridique, la flexibilité et la transparence, et de soutenir le développement d'infrastructures économiques et de services publics de qualité;

55.

souligne que pour renforcer la qualité, l'efficacité et la transparence des investissements et des dépenses publiques, il convient de mettre en œuvre rapidement et intégralement la législation de l'Union en matière de marchés publics et de concessions;

56.

estime nécessaire que les dispositions relatives aux marchés publics et aux concessions soient rapidement et dûment transposées; attire l'attention sur l'importance des marchés publics et la valeur des partenariats d'innovation en tant que facteurs clés d'une croissance intelligente, durable et inclusive, notamment pour les PME, dans la mesure où celles-ci doivent être soutenues par des mesures concrètes qui stimulent la concurrence et l'innovation;

Acquis en matière de protection des consommateurs

57.

estime regrettable que la mise en œuvre fragmentée par les États membres de la législation de l'Union sur la protection des consommateurs crée des différences au niveau de la protection des consommateurs et au niveau de la sévérité et du calendrier des mesures d'application prises; considère que ces différences restreignent l'uniformité et la cohérence des dispositions législatives dans un même secteur ou entre différents canaux de vente;

58.

invite la Commission à garantir la mise en œuvre et l'application rapides de la législation, notamment la directive relative aux droits des consommateurs et les dispositions sur le règlement extrajudiciaire des litiges et le règlement en ligne des litiges, tout en veillant à la réduction des charges administratives; demande qu'une protection équivalente à celle dont ils bénéficient sur leurs marchés traditionnels soit donnée aux consommateurs dans le cadre des ventes transfrontalières et appelle à un renforcement de la protection des données à l'ère numérique, ce qui contribuera à accroître la confiance des consommateurs dans les achats en ligne; rappelle l'importance d'un respect effectif des droits des consommateurs en ligne et la nécessité de disposer de voies de recours abordables et efficaces en cas de litige;

59.

demande que des mesures soient prises pour encourager la consommation durable, en particulier en ce qui concerne la durée d'usage des produits, et pour combattre les pratiques visant à réduire volontairement cette durée d'usage; souhaite à cet égard que la Commission européenne définisse un plan d'action cohérent;

60.

souligne que la directive relative aux droits des consommateurs représente une avancée importante vers le renforcement de la sécurité juridique pour les consommateurs et les entreprises dans les opérations en ligne, et constitue aujourd'hui le principal instrument de protection des consommateurs pour les services en ligne;

61.

signale que d'autres gains pourraient être réalisés en améliorant le fonctionnement du marché unique, par exemple, en mettant en place un système de règlement en ligne des litiges de consommation (RRLC), ce qui pourrait générer une économie d'environ 22 milliards d'euros;

Énergie

62.

appelle la Commission à veiller au bon fonctionnement du marché intérieur de l'énergie, en assurant un accès non discriminatoire au marché et un niveau élevé de protection des consommateurs, mais aussi des niveaux appropriés de capacité d'interconnexion et d'adéquation des réseaux;

63.

réaffirme la nécessité d'accroître la sécurité énergétique de l'Europe par la diversification des sources d'énergie et des voies d'approvisionnement et souligne la nécessité d'achever en priorité le marché intérieur de l'énergie et de mettre un terme aux îlots énergétiques au sein de l'Union européenne;

64.

considère que pour stimuler l'achèvement du marché intérieur, l'intégration des sources d'énergie renouvelables et la sécurité d'approvisionnement, les États membres doivent atteindre de toute urgence un objectif minimal de 10 % de capacité d'interconnexion électrique pour parvenir, dans l'idéal, à un niveau de 30 %;

65.

estime que la libéralisation des marchés du gaz et de l'électricité est fondamentale pour donner du pouvoir aux consommateurs et invite la Commission à placer les consommateurs au centre de sa politique européenne relative au marché intérieur de l'énergie;

III.    Instruments d'évaluation de l'intégration du marché unique et des outils de gouvernance

66.

reconnaît que le tableau d'affichage du marché unique peut être considéré comme un excellent outil pour surveiller et évaluer le respect par les États membres des obligations inhérentes au marché unique, étant donné qu'il peut donner lieu à des améliorations et à des processus de rattrapage entre les pays; souligne toutefois que ce tableau d'affichage ne prévoit aucun outil d'évaluation qualitative; souligne qu'il importe d'améliorer le dialogue avec et entre les États membres pour recenser et gérer les difficultés qu'ils rencontrent dans la mise en œuvre de la législation relative au marché unique; à cet égard, demande à la Commission de mieux aider les États membres dans la mise en œuvre de la législation complexe relative au marché unique, lorsque ceux-ci le lui demandent;

67.

estime qu'en ce qui concerne la performance réglementaire du marché unique, un indicateur composite pourrait être développé afin de mesurer les lacunes du marché unique, c'est-à-dire la charge supplémentaire supportée par les citoyens et les entreprises dans le cadre d'activités transfrontalières en raison de l'insuffisance des règles régissant le marché unique; rappelle qu'un tel indicateur permettrait de tirer plus facilement des conclusions qui pourraient donner lieu à des recommandations stratégiques pour les institutions de l'Union et les États membres;

68.

tient compte du tableau de bord de la stratégie numérique en tant qu'outil important permettant d'évaluer les progrès réalisés par les États membres dans ce domaine; estime que l'indice composite visant à mesurer les lacunes du marché unique devrait intégrer ce tableau de bord;

69.

invite la Commission à envisager d'inclure, dans le corps de ses propositions d'instruments juridiques dans le domaine du marché unique, l'obligation de procéder à un examen systématique de la transposition, de la conformité, de l'efficacité et de l'adéquation des instruments juridiques, ainsi qu'une méthode et des critères pour cet examen; estime que cette méthode et ces critères permettraient de mieux déterminer si les instruments juridiques ont été transposés, mis en œuvre et appliqués correctement, mais aussi si et dans quelle mesure ces instruments contribuent à atteindre leurs objectifs et sont adaptés à l'usage prévu;

70.

soutient la création d'un marché unique durable reposant sur l'établissement d'une économie ouverte, économe en ressources et basée sur la connaissance, notamment les mesures visant à favoriser l'innovation quelle qu'elle soit dans le domaine des technologies durables, à équilibrer les intérêts des particuliers et ceux des entreprises et à réaliser des améliorations en vue de la mise en place d'un mécanisme de résolution des problèmes à l'amiable pour le marché unique, tel que SOLVIT, tout en faisant mieux connaître les guichets uniques au public afin qu'il ait une meilleure connaissance des outils à sa disposition pour générer de la croissance et créer des emplois dans le marché unique;

71.

prend acte de l'augmentation continuelle du niveau d'utilisation des portails «L'Europe est à vous» et «L'Europe vous conseille», qui devraient être capables de fournir les informations nécessaires à quiconque vit, travaille, étudie ou circule entre les États membres de l'Union européenne;

72.

se félicite que le déficit moyen de transposition dans les États membres soit passé sous la limite de 1 % définie par le Conseil européen, à 0,6 %, ce qui représente le meilleur résultat atteint jusqu'à présent depuis la création du tableau d'affichage du marché unique; insiste sur le fait que le principe de tolérance zéro en ce qui concerne la transposition de la réglementation européenne doit être une règle fondamentale pour les États membres et l'Union;

73.

note que la mise en œuvre et l'application correctes de la législation de l'Union sont cruciales pour l'achèvement du marché unique; invite par conséquent la Commission à utiliser au mieux tous ses pouvoirs pour atteindre cet objectif et demande instamment aux États membres et à la Commission d'intensifier leurs efforts pour faire appliquer la législation relative au marché unique et contrôler cette application, entre autres par le moyen d'opérations «coup de balai» (sweeps) régulières, tout en réfléchissant de manière continue aux problèmes de mise en œuvre et en veillant à accroître l'efficacité de la législation et à assurer une utilisation plus vaste et efficace des évaluations ex post; appelle à une surveillance accrue de l'effectivité des droits des consommateurs dans l'environnement numérique, en particulier compte tenu de la vitesse à laquelle les infractions à la législation sur la consommation peuvent s'y propager;

74.

rappelle toutefois que le processus des procédures d'infraction a révélé un certain nombre de limites dans la capacité à faire face et à remédier rapidement à des insuffisances dans la mise en œuvre et dans l'application de dispositions relatives au marché unique; invite les États membres à coopérer plus efficacement avec la Commission pour régler les affaires plus rapidement;

75.

reconnaît que l'absence de mise en œuvre peut être due à des complexités de la rédaction initiale; insiste par conséquent pour que la législation primaire et la législation dérivée suivent toutes deux les principes du «mieux légiférer» tout au long du processus, en recourant à une consultation adéquate, des analyses d'impact et des examens de suivi de la mise en œuvre;

76.

demande en outre avec insistance que tout soit mis en œuvre pour garantir un recours plus efficace aux procédures d'infraction en cas de violation des dispositions de l'Union relatives au marché unique, et que les États membres ainsi que le Conseil européen continuent à améliorer les procédures d'infraction dans le cadre des futures révisions du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne; estime cependant que les procédures d'infraction devraient toujours être utilisées en dernier recours et qu'elles ne devraient être engagées qu'après plusieurs tentatives de coordination et de correction;

o

o o

77.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission, au Conseil, au Conseil européen, ainsi qu'aux parlements et aux gouvernements des États membres.


(1)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0054.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0130.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0038.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/109


P8_TA(2015)0070

Lutte contre la pédopornographie sur l'internet

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la lutte contre la pédopornographie sur l'internet (2015/2564(RSP))

(2016/C 316/12)

Le Parlement européen,

vu la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant du 20 novembre 1989 et les protocoles s'y rapportant,

vu l'article 3 du traité sur l'Union européenne,

vu les articles 7, 8, 47, 48 et 52 de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne,

vu la convention du Conseil de l'Europe sur la cybercriminalité du 23 novembre 2001,

vu la convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels du 25 octobre 2007,

vu la directive 2011/93/UE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre 2011 relative à la lutte contre les abus sexuels et l'exploitation sexuelle des enfants, ainsi que la pédopornographie et remplaçant la décision-cadre 2004/68/JAI du Conseil (1),

vu le rapport d'Europol sur l'évaluation de la menace que représente la criminalité organisée sur l'internet en 2014 (iOACTA),

vu l'observation générale no 14 (2013) du comité des droits de l'enfant de l'ONU sur le droit de l'enfant à ce que son intérêt supérieur soit une considération primordiale,

vu le programme de l'Union européenne en matière de droits de l'enfant, adopté en février 2011,

vu sa résolution du 27 novembre 2014 sur le 25e anniversaire de la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant (2),

vu la communication de la Commission intitulée «Une place à part pour les enfants dans l'action extérieure de l'UE» (COM(2008)0055),

vu les orientations de l'UE pour la promotion et la protection des droits de l'enfant,

vu la stratégie de l'UE en vue de l'éradication de la traite des êtres humains (2012-2016), en particulier ses dispositions permettant de financer l'élaboration de lignes directrices sur les systèmes de protection des enfants et les échanges des bonnes pratiques,

vu son débat en plénière du 12 février 2015 sur la lutte contre la pédopornographie sur internet,

vu l'article 123, paragraphes 2 et 4, de son règlement,

A.

considérant que les abus sexuels et l'exploitation sexuelle des enfants, y compris les images pédopornographiques, constituent des violations graves des droits fondamentaux, en particulier du droit de l'enfant à la protection et aux soins nécessaires à son bien-être, tel qu'il est consacré par la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant de 1989 et par la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne;

B.

considérant que l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale dans l'application des mesures de lutte contre ces infractions, conformément à la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et à la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant;

C.

considérant que des infractions pénales graves telles que l’exploitation sexuelle des enfants et les images pédopornographiques appellent une stratégie globale couvrant les enquêtes sur les infractions, les poursuites à l’encontre de leurs auteurs, la protection des enfants qui en sont les victimes et la prévention du phénomène;

D.

considérant que l'internet peut exposer les enfants à certains risques étant donné qu'ils peuvent accéder ou être exposés à du matériel pédopornographique ou être exposés à des cyber-prédateurs, à l'échange de matériel présentant des scènes de violence, à des actes d'intimidation ou de harcèlement ou au pédopiégeage; que l'exposition des enfants à de tels risques est exacerbée par le recours et l'accès généralisés à la technologie mobile et à l'internet;

E.

considérant que la lutte contre la pédopornographie sur l'internet devrait s'inscrire dans une stratégie plus vaste abordant le phénomène général de l'abus sexuel et de l'exploitation sexuelle des enfants, qui reste principalement lié à des infractions hors ligne commises par des réseaux et des personnes agissant délibérément en dehors de l'internet;

F.

considérant que l'exploitation sexuelle peut prendre différentes formes dans l'environnement en ligne, les jeunes étant persuadés ou contraints d'envoyer ou de publier des images sexuellement explicites d'eux-mêmes, de prendre part à des activités sexuelles par l'intermédiaire d'une webcaméra ou d'un smartphone, ou d'avoir des conversations à caractère sexuel en ligne ou par messages textuels, et que les auteurs d'abus et les cyber-prédateurs peuvent donc menacer d'envoyer des images, des vidéos ou des copies des conversations aux amis et à la famille du jeune si celui-ci refuse de prendre part à d'autres activités sexuelles; que des images et/ou vidéos peuvent continuer d'être partagées longtemps après que l'abus sexuel a pris fin et rester librement accessibles à toute personne qui souhaite les visualiser en ligne, ce qui expose les victimes à un risque constant d'être à nouveau persécutées et stigmatisées;

G.

considérant que les mesures prises par les États membres contre les contenus en ligne illicites n'ont pas toujours été suffisamment efficaces;

H.

considérant que les outils dont disposent les responsables des enquêtes et des poursuites de la pédopornographie en ligne devraient notamment tenir compte du principe de proportionnalité ainsi que de la nature et de la gravité des infractions faisant l'objet de l'enquête, conformément au droit national et au droit de l'Union;

I.

considérant que la protection des mineurs dans le monde numérique doit également passer par des initiatives de l’industrie pour assumer sa part de responsabilité, notamment par l'éducation et la formation des enfants, des parents et des professeurs, de manière à empêcher les mineurs d’accéder à des contenus illégaux;

J.

considérant qu'en raison de leur dimension internationale, l'exploitation des enfants et l'exploitation sexuelle des enfants en ligne, qui concernent des centaines de pays, leurs juridictions et leurs services répressifs, constituent un problème international qui exige une solution internationale; qu'il y a lieu de s'inquiéter du fait que les trafiquants d'êtres humains exploitent, à des fins d'abus sexuels en ligne, des enfants qui n'ont pas d'identité juridique et qui n'«existent pas» aux yeux des autorités;

K.

considérant qu'en raison de la nature du crime et de l'âge des victimes, la plupart des cas d'abus sexuel et d'exploitation sexuelle des enfants sont, dans une plus large mesure que pour d'autres crimes, rarement signalés aux services répressifs; que les informations disponibles sur le nombre de crimes commis ne reflètent donc pas l'étendue du problème avec exactitude; que les informations fournies par les ONG sur les pages internet comportant du matériel pédopornographique révèlent que plus de 80 % des victimes sont âgées de moins de 10 ans; que les données provenant de l'association internationale de services d'assistance en ligne indiquent une augmentation du nombre d'enfants victimes d'abus sexuels et du nombre d'abus à caractère violent et sadique;

L.

considérant qu'un grand nombre de contrevenants ont recours au Darknet, sur lequel ils ont créé des communautés anonymes utilisant des forums, des services de site internet, des plateformes de réseaux sociaux et des services de stockage cachés et consacrés au matériel pédopornographique, ce qui permet et facilite une exploitation sexuelle des enfants pratiquement intraçable;

M.

considérant que de nombreux criminels ont recours à des systèmes de protection tels que le cryptage ainsi qu'à d'autres outils pour sécuriser leurs activités, ce qui constitue un grave problème pour les enquêtes menées par les services répressifs;

N.

considérant que les ONG révèlent que huit distributeurs de premier plan dirigeaient à eux seuls 513 marques de distribution de matériel pédopornographique commercial en 2012, et que les 10 marques les plus prolifiques enregistrées en 2012 étaient toutes associées à un seul distributeur de premier plan;

O.

considérant que la directive 2011/93/UE relative à la lutte contre les abus sexuels et l'exploitation sexuelle des enfants, ainsi que la pédopornographie devait être transposée par les États membres au plus tard le 18 décembre 2013, et qu'à ce jour, moins de la moitié des États membres l'ont pleinement mise en œuvre;

1.

souligne fermement que l'un des objectifs principaux de l'Union européenne et de ses États membres est de protéger les enfants et de garantir un environnement sûr pour leur développement;

2.

insiste vivement pour que les droits et la protection des enfants sur l'internet soient préservés et pour que des mesures soient prises afin que tout contenu illicite soit rapidement supprimé et signalé aux services répressifs, et pour qu'il y ait suffisamment d'instruments juridiques pour enquêter et poursuivre les contrevenants;

3.

estime que les données personnelles des enfants en ligne doivent être dûment protégées et que les enfants doivent être informés par des moyens simples et conviviaux sur les risques et les conséquences de l'utilisation de leurs données personnelles en ligne; souligne que la réforme de la protection des données apportera des évolutions importantes permettant de mieux protéger les droits des enfants en ligne;

4.

souligne la nécessité d'adopter une stratégie européenne globale et coordonnée qui garantisse la cohérence des décisions politiques et des mesures qui en découlent, qui recouvre la lutte contre la criminalité ainsi que les droits fondamentaux, le respect de la vie privée, la protection de données, la cybersécurité, la protection des consommateurs et le commerce électronique;

5.

estime que des mesures supplémentaires doivent être prises pour lutter contre le pédopiégeage en ligne et que la Commission, en collaboration avec les gouvernements nationaux, la société civile, les entreprises de médias sociaux, les parents, les enseignants, les travailleurs sociaux, les responsables de la protection de l'enfance, les pédiatres et les mouvements de jeunesse doivent jouer un rôle actif dans la sensibilisation à cette question par la définition de lignes directrices, l'échange des bonnes pratiques, la création de plateformes sociales de coopération et l'échange d'informations sur cette question en vue de recenser les risques et les menaces potentiels qui pèsent sur les enfants;

6.

demande à la Commission et aux États membres de lancer une campagne d'information associant tous les acteurs pertinents afin d'accroître l'autonomie des enfants et d'aider les parents et le personnel enseignant à comprendre et à gérer les risques en ligne ainsi qu'à protéger la sécurité des enfants en ligne, d'aider les États membres à mettre en place des programmes de prévention des abus sexuels en ligne, d'encourager les campagnes de sensibilisation relatives aux comportements responsables sur les médias sociaux et d'inciter les principaux moteurs de recherche et réseaux de médias sociaux à adopter une approche proactive à l'égard de la protection de la sécurité des enfants en ligne;

7.

prie la Commission et les États membres de prendre les mesures voulues pour améliorer et renforcer le signalement des abus par les enfants qui en sont victimes ainsi que les actions menées à la suite de ce signalement, et d'envisager de mettre en place des mécanismes de signalement direct systématiques; est favorable à la création de lignes d'assistance téléphonique permettant aux enfants de dénoncer des abus anonymement;

8.

insiste sur la nécessité d'améliorer la coopération internationale et les enquêtes transnationales dans ce domaine au moyen d'accords de coopération et de renforcer la coopération entre les services répressifs, y compris par l'intermédiaire d'Europol et du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3), en vue d'enquêter sur les réseaux de pédophiles, de les démanteler et de poursuivre leurs membres plus efficacement, tout en privilégiant les droits et la sécurité des enfants touchés;

9.

salue, à cet égard, l'initiative conjointe de l'Union européenne et de 55 pays du monde, rassemblés au sein de l'Alliance mondiale contre l'abus sexuel d'enfants en ligne, qui vise à sauver plus de victimes, à garantir des poursuites plus efficaces, à mieux faire connaître cette situation et à réduire de manière globale la quantité de matériel pédopornographique disponible en ligne; invite la Commission à rendre plus régulièrement compte des progrès accomplis par cette Alliance; demande aux États membres de mettre en œuvre ces recommandations à l'échelon national;

10.

invite la Commission et les États membres à encourager et à renforcer les moyens consacrés à l'identification des victimes et aux services aux victimes et appelle à la mise en place urgente de plateformes connexes et au renforcement des plateformes existantes au sein d'Europol;

11.

demande aux États membres de mettre en œuvre la directive 2012/29/UE établissant des normes minimales en matière de droits, de soutien et de protection des victimes de la criminalité;

12.

estime essentiel d'utiliser la terminologie correcte pour les crimes contre les enfants, y compris la description d'images d'abus sexuels d'enfants, et d'employer le terme adéquat de «matériel pédopornographique» plutôt que celui de «pédopornographie»;

13.

encourage les États membres à doter les points de contact nationaux de moyens suffisants pour qu'ils puissent signaler les conduites et les contenus criminels et préjudiciables en ligne, comme le prévoit la directive 2011/93/UE relative à la lutte contre les abus sexuels et l’exploitation sexuelle des enfants, ainsi que la pédopornographie;

14.

rappelle que les États membres doivent prendre les mesures nécessaires pour que les personnes qui craignent de commettre une infraction caractérisée par des abus sexuels ou une exploitation sexuelle puissent accéder, le cas échéant, à des programmes ou à des mesures d'intervention efficaces destinés à évaluer et à prévenir les risques que de telles infractions soient commises;

15.

demande que les services répressifs des États membres et Europol disposent des fonds, des ressources humaines, des pouvoirs d'enquête et des capacités techniques nécessaires pour enquêter sérieusement et efficacement contre les contrevenants et les poursuivre, notamment par une formation appropriée permettant de renforcer les capacités des unités judiciaires et policières, et pour développer de nouvelles capacités de haute technologie permettant de surmonter les problèmes liés à l'analyse de grandes quantités d'images pédopornographiques, y compris le matériel dissimulé dans la «face cachée du web», afin de retrouver et de poursuivre les contrevenants en vue de protéger la sécurité et les droits des enfants;

16.

note avec préoccupation le développement et l'expansion de tendances en matière d'exploitation sexuelle commerciale des enfants en ligne, y compris les nouveaux moyens de distribution et de transaction de matériels pédopornographiques, notamment à travers le Deep Web et le Darknet, et en particulier le phénomène de la diffusion en direct de contenus pédopornographiques contre paiement; invite par conséquent la Commission et les États membres à s'engager davantage avec les représentants de systèmes de paiement alternatifs pour déterminer les possibilités d'améliorer la coopération avec les services répressifs, notamment par une formation commune à une meilleure identification des processus de paiement liés à la distribution commerciale de matériel pédopornographique;

17.

demande d'établir un partenariat efficace et un système légal d'échange d'informations entre les services répressifs, les autorités judiciaires, le secteur des TIC, les fournisseurs de services internet, les services d'hébergement de sites internet, les entreprises de médias sociaux, le secteur bancaire et les ONG, y compris les mouvements de jeunesse, et ce afin de sauvegarder les droits des enfants et d'assurer leur protection en ligne et de faire en sorte que les contenus illicites soient rapidement retirés et signalés aux services répressifs, qui doivent régulièrement rendre compte des enquêtes et des poursuites engagées, le cas échéant, sur la base de ces informations; salue, à cet égard, la coalition des chefs d'entreprises pour mieux adapter l'internet aux besoins des enfants ainsi que le travail accompli par la coalition financière européenne contre l'exploitation sexuelle commerciale des enfants en ligne;

18.

souligne que les contenus illicites en ligne doivent être immédiatement supprimés à la suite d'une procédure judiciaire régulière; souligne le rôle joué par les TIC, les fournisseurs de services internet et les services d'hébergement de sites internet pour assurer la suppression rapide et effective des contenus illicites en ligne à la demande de l'autorité répressive responsable;

19.

prie instamment les États membres qui ne l'ont pas encore fait de transposer la directive 2011/93/UE relative à la lutte contre les abus sexuels et l'exploitation sexuelle des enfants, ainsi que la pédopornographie; invite donc la Commission à surveiller strictement sa mise en œuvre pleine et effective et à communiquer ses conclusions en temps utile au Parlement et à sa commission compétente;

20.

charge sa commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures de continuer de suivre la mise en œuvre de la directive 2011/93/UE et de procéder à une analyse approfondie du cadre politique actuellement en vigueur en matière de lutte contre la pédopornographie, sous la forme d'un rapport de mise en œuvre de la directive 2011/93/UE, qui sera présenté en séance plénière;

21.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission et au Conseil, ainsi qu'aux parlements des États membres.


(1)  JO L 335 du 17.12.2011, p. 1.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0070.


Jeudi 12 mars 2015

30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/113


P8_TA(2015)0071

Récents attentats et enlèvements, notamment d'Assyriens, commis par Daech au Proche-Orient

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur les récents attentats et enlèvements, notamment d'Assyriens, commis par Daech au Proche-Orient (2015/2599(RSP))

(2016/C 316/13)

Le Parlement européen,

vu l'article 18 de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948,

vu l'article 9 de la convention européenne des droits de l'homme (CEDH) de 1950,

vu le pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966,

vu la déclaration des Nations unies de 1981 sur l'élimination de toutes formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction,

vu la déclaration des Nations unies de 1992 sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques,

vu la convention internationale des Nations unies pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées,

vu ses résolutions antérieures sur l'Iraq, la Syrie, la Libye et l'Égypte, notamment sa déclaration du 10 octobre 2013 sur les violences et persécutions perpétrées récemment contre des Chrétiens, entre autres à Maaloula (Syrie) et à Peshawar (Pakistan), et sur le sort du pasteur Saeed Abedini (Iran) (1), sa résolution du 18 septembre 2014 sur la situation en Iraq et en Syrie: offensive de l'État islamique et persécution des minorités (2), et sa résolution du 12 février 2015 sur la crise humanitaire en Iraq et en Syrie, et le rôle de Daech en particulier (3),

vu les lignes directrices de l'Union sur la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction,

vu les déclarations de la vice-présidente de la Commission/haute représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) sur la violence et les persécutions à l'encontre des Chrétiens et d'autres communautés du Proche-Orient, notamment celle du 16 février 2015 sur la décapitation de 21 Chrétiens coptes égyptiens en Libye,

vu la communication conjointe de la Commission et de la VP/HR au Parlement européen et au Conseil sur des éléments relatifs à une stratégie régionale de l'UE pour la Syrie et l'Iraq, ainsi que pour la menace que représente Daech,

vu la déclaration du Conseil de sécurité des Nations unies du 25 février 2015 condamnant l'enlèvement de plus de 100 Assyriens par l’État islamique d’Iraq et du Levant,

vu le rapport de la commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies sur la République arabe syrienne intitulé «L'état de terreur: vivre sous l'EIIL en Syrie», publié le 14 novembre 2014,

vu les rapports annuels et les rapports intérimaires du rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction,

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que la promotion de la démocratie et le respect des droits de l'homme et des libertés civiles constituent des principes et des objectifs fondamentaux de l'Union européenne, et sont le dénominateur commun de ses relations avec les pays tiers;

B.

considérant que, conformément au droit international en matière de droits de l'homme et à l'article 18 du pacte international relatif aux droits civils et politiques, toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; que ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou en commun, tant en public qu'en privé, par le culte, l'accomplissement des rites, les pratiques et l'enseignement; que, d'après le comité des droits de l'homme des Nations unies, la liberté de religion ou de conviction protège toutes les croyances, déistes, non déistes ou athées;

C.

considérant que l'Union européenne a exprimé à plusieurs reprises son attachement à la liberté de pensée, à la liberté de conscience et à la liberté de religion ou de croyance et a souligné que les gouvernements sont tenus de garantir ces libertés à travers le monde;

D.

considérant que les Nations unies et d'autres organisations internationales font état de graves violations généralisées, tant des droits internationaux en matière de droits de l'homme que du droit humanitaire, par Daech et par ses groupes inféodés en Syrie et en Iraq, en particulier à l'encontre des minorités ethniques et religieuses, notamment d'assassinats ciblés, de conversions de force, de rapts, de traite de femmes, de réduction en esclavage de femmes et d'enfants, de recrutements d'enfants destinés à commettre des attentats-suicides, d'agressions physiques et sexuelles ainsi que d'actes de torture; que le sort de celles et de ceux qui n'ont pu encore s'échapper des zones tombées aux mains des forces de Daech suscite des lourdes inquiétudes car pratiquement aucune aide humanitaire internationale ne peut parvenir dans ces régions;

E.

considérant que Daech s'est lancé dans une campagne visant à effacer toute trace des communautés religieuses et confessionnelles qui ne prônent pas la même interprétation de l'islam en tuant ou en expulsant les fidèles, en détruisant leurs lieux saints, leurs sites et symboles historiques, notamment les œuvres uniques et irremplaçables que l'Unesco a classées patrimoine mondial, exactions que le groupe terroriste qualifie d'«épuration culturelle»;

F.

considérant que dans les zones qu'il contrôle, Daech cause un préjudice inacceptable et irréparable aux civilisations millénaires; que, notamment en Iraq et en Syrie mais également dans d'autres régions du Proche-Orient, la situation à laquelle sont confrontées les communautés chrétiennes est telle qu'elle est de nature à mettre en danger l'existence même de ces populations qui, si elles venaient à disparaître, se traduirait par la perte d'une partie importante de l'héritage religieux de ces pays;

G.

considérant que Daech vise les populations chrétiennes, yézidies, turkmènes, chiites, chabaks, sabéennes, kaka'e et sunnites, qui refusent son interprétation de l'islam, ainsi que diverses minorités religieuses; que certaines de ces communautés étaient déjà la cible de mouvements radicaux avant l'avancée de Daech; que les Chrétiens notamment sont, depuis de nombreuses années, la cible de divers groupes extrémistes ou djihadistes, obligeant ainsi plus de 70 % des Chrétiens d'Iraq et plus de 700 000 Chrétiens syriens à fuir leur pays;

H.

considérant qu'en Iraq, 250 000 Chaldéens, Assyriens et Syriaques constituent un groupe ethno-religieux distinct et que le nombre de ces populations vivant en Syrie avant l'éclatement de la guerre civile en 2011 était estimé à 40 000;

I.

considérant que Daech a posté, le 15 février 2015, une vidéo montrant la décapitation de 21 Coptes égyptiens en Libye; que ces Coptes, qui étaient des travailleurs migrants originaires d'une région pauvre d'Égypte, ont été kidnappés à Syrte, en Libye;

J.

considérant que, le 23 février 2015, quelque 220 Assyriens ont été enlevé par Daech près de Tel Tamer sur la rive sud du Khabur, dans le nord-est de la Syrie; que, durant la même campagne, les extrémistes ont également détruit des biens et des lieux saints des Chrétiens; que des douzaines d'Assyriens ont succombé à l'attaque de Daech; que Daech aurait publié une déclaration en février 2015 demandant aux villageois assyriens de la province syrienne de Hasaka de verser le djizia, l'impôt prélevé sur les non-Musulmans et datant de l'ancienne loi islamique avant d'être aboli en 1856 dans l'Empire ottoman, ou de se convertir à l'islam sous peine d'être exterminés; que les informations font état d'importantes attaques de Daech contre des villes chrétiennes assyriennes de la région du Khabur depuis le 9 mars 2015;

K.

considérant que, depuis le 1er mars 2015, Daech a libéré des douzaines d'Assyriens, en majorité des enfants et des personnes âgées, à la suite de négociations avec les chefs tribaux mais que la plupart des Assyriens demeurent toutefois prisonniers et que les terroristes ont menacé de les tuer si les bombardements de la coalition continuaient;

L.

considérant que Daech, dans le cadre d'une politique délibérée d'épuration culturelle et religieuse, aurait détruit plus de 100 églises en Iraq et au moins 6 en Syrie, sans compter plusieurs mosquées chiites en Iraq; qu'en février 2015, des combattants de Daech ont délibérément donné un large écho à la destruction dans le musée de Mossoul de statues et de symboles datant des anciens empires assyrien et akkadien; que Daech a ensuite rasé au bulldozer l'ancienne cité assyrienne de Nimrud et que, tout dernièrement, on lui impute la destruction du site de Hatra, classé au patrimoine mondial de l'Unesco; que le régime syrien aurait pilonné des églises dans des quartiers tenus par l'opposition, par exemple à Homs en 2012 et à Idlib en 2013;

M.

considérant que Daech continue de persécuter, de mutiler et d'assassiner, parfois de manière particulièrement cruelle et inimaginable, des membres des minorités religieuses et ethniques, des journalistes, des prisonniers de guerre ou des militants; que des crimes de guerre et diverses violations du droit international humanitaire et du droit international en matière de droits de l'homme ne cessent d'être perpétrés jour après jour, à grande échelle et par d'autres parties au conflit également, notamment par le régime Assad;

N.

considérant que l'une des origines de la violence de Daech est le salafisme, notamment une interprétation wahhabite extrémiste de l'islam;

1.

est consterné et attristé par les exactions de Daech contre les Assyriens de Syrie et les Coptes de Libye et condamne en des termes les plus vifs ces actes commis par des extrémistes; exprime sa solidarité envers les familles des victimes et envers la communauté chrétienne assyrienne de Syrie et la communauté copte d'Égypte, ainsi qu'envers tous les autres groupes ou personnes touchés par la violence de Daech;

2.

condamne vigoureusement Daech et ses violations caractérisées des droits de l'homme qui équivalent à des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre en vertu du statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) et qu'il serait possible de qualifier de génocide; est particulièrement inquiet que ce groupe terroriste vise délibérément les communautés chrétienne, yézidies, turkmènes, chiites, chabaks, sabéennes, kaka'e et sunnites qui refusent son interprétation de l'islam et qu'il tente ainsi d'exterminer les minorités religieuses dans les régions qu'il contrôle; fait observer que les auteurs de ces actes ne sauraient restés impunis et qu'ils doivent être traduits devant la CPI; en profite pour rappeler que l'enlèvement des évêques Yohanna Ibrahim et Paul Yazigi par des rebelles armés dans la province syrienne d'Alep le 22 avril 2013 n'a toujours pas été tiré au clair;

3.

condamne par ailleurs les tentatives de Daech d'exporter son idéologie extrémiste et totalitaire, ainsi que la violence, dans d'autres pays de la région sans toutefois s'y limiter;

4.

soutient les efforts déployés contre Daech par la communauté internationale, notamment les actions militaires de la coalition internationale menée par les États-Unis et invite les États membres de l'Union qui ne l'ont pas déjà fait à réfléchir aux moyens d'y contribuer, notamment en identifiant et en bloquant les fonds secrets détenus par Daech à l'étranger;

5.

appelle la coalition internationale à s'engager plus avant pour éviter l'enlèvement des minorités, telles que les centaines de Chrétiens assyriens dans le nord de la Syrie; souligne l'importance de garantir un refuge pour les Chaldéens, Assyriens, Syriaques et autres populations exposées des plaines de Ninive, en Iraq, une région où de nombreuses minorités ethniques et religieuses sont historiquement établies et cohabitent pacifiquement;

6.

invite instamment l'Union et ses États membres à adopter une approche anticipative visant à prévenir la menace que constitue l'expansion de Daech dans autres pays et régions que l'Iraq et la Syrie; est, dans ce contexte, particulièrement préoccupé par la situation en Libye, notamment en raison de la proximité géographique avec l'Union et les zones de conflit en Afrique;

7.

invite instamment l'Union et ses États membres, ainsi que les partenaires de l'OTAN, à se pencher sur le rôle ambivalent de certains pays dans le conflit, notamment quand ils contribuent ou continuent de contribuer, activement ou passivement, à la montée en force de Daech et de divers autres groupes extrémistes; s'inquiète particulièrement dans ce contexte du financement de la diffusion de l'interprétation wahhabite de l'islam par les organismes publics et privés de pays du Golfe et demande à ces pays de mettre un terme à leur financement; invite par ailleurs ces pays à mettre fin au financement des organisations terroristes opérant depuis leur territoire; demande à la Turquie de jouer un rôle positif dans la lutte contre Daech et de permettre sans plus attendre aux minorités chrétiennes et aux diverses populations persécutées de fuir la Syrie en traversant la frontière turque pour y chercher refuge;

8.

encourage la coopération avec les forces locales et régionales nouvellement émergentes telles que le gouvernement régional kurde en Iraq et les différents groupuscules kurdes tout en se félicitant du rôle joué par les unités de protection du peuple (YPG) dans la libération de Kobané, avec le Conseil militaire syriaque ainsi qu'avec les entité autonomes de la région qui ont montré un attachement plus profond aux droits de l'homme et à la démocratie que les dirigeants de leurs pays; salue notamment le courage des forces kurdes peshmergas qui ont tant fait pour protéger les minorités en danger;

9.

se montre préoccupé par les informations indiquant que les minorités chrétiennes n'ont pas accès aux camps de réfugiés de la région car ils seraient trop dangereux pour eux; demande que l'Union veille à ce que son aide au développement cible l'ensemble des minorités déplacées par le conflit; exhorte l'Union à utiliser l'expérience et les réseaux en place des églises locales et régionales ainsi que les organisations confessionnelles internationales de secours pour fournir un appui financier ou autre, afin que l'ensemble des minorités puisse bénéficier de la protection et du concours de l'aide européenne;

10.

estime qu'il est impératif que le Conseil et le Service européen pour l'action extérieure engagent une coopération avec les partenaires internationaux et régionaux sur un scénario post-Daech en tenant compte du besoin urgent de dialogue et de réconciliation entre les cultures et les religions;

11.

dénonce la destruction des sites et des symboles culturels par Daech en Syrie et en Iraq, qui sont autant d'agressions contre le patrimoine culturel de toutes les populations de ces pays et de l'humanité en général;

12.

invite instamment l'Union et ses États membres à coopérer avec les partenaires internationaux et locaux pour préserver aussi largement que possible les patrimoines, qu'ils soient assyriens ou culturel et religieux, dans les territoires occupés par Daech; invite par ailleurs le Conseil à se mobiliser contre le commerce illégal d'objets anciens provenant de ces territoires;

13.

confirme et promeut le droit inaliénable de toutes les minorités religieuses et ethniques d'Iraq et de Syrie, dont les Chrétiens, de continuer à vivre sur leurs terres d'origine dans la dignité, sur un pied d'égalité et en sécurité, et de pratiquer librement leurs religions; à cet égard, invite instamment tous les pays membres des Nations unies à dénoncer catégoriquement la violence et à défendre en particulier les droits des minorités; estime que pour soulager les souffrances et endiguer l'exode massif des Chrétiens et d'autres populations autochtones de la région, il est nécessaire que les responsables politiques et religieux régionaux se déclarent clairement et sans équivoque en faveur du maintien de leur présence et de leurs droits en tant que citoyens de leurs pays;

14.

estime illégitime et désapprouve sans réserve l'annonce par l'État islamique de la création d'un califat dans les régions sur lesquelles il a désormais le contrôle; souligne que la création et l'expansion du «califat islamique», ainsi que les agissements d'autres groupes extrémistes au Proche-Orient, constituent une menace directe pour la sécurité de la région et des pays européens;

15.

confirme son engagement en faveur de la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction, dès lors qu'elle constitue un droit de l'homme fondamental garanti par les instruments juridiques international auxquels la plupart des pays du monde ont souscrit et qui sont reconnus comme ayant une valeur universelle;

16.

soutient toutes les initiatives, notamment dans l'Union, visant à promouvoir le dialogue et le respect mutuel entre les communautés religieuses; invite toutes les autorités religieuses à promouvoir la tolérance et à prendre des initiatives contre la haine et la radicalisation violente et extrémiste;

17.

invite instamment l'Union à étudier plus avant des politiques antiterroristes autres que celles déjà en place, et ce dans le cadre des droits de l'homme, et à continuer d'œuvrer avec les États membres pour promouvoir des politiques qui font obstacle à la radicalisation sur le sol européen, au développement d'un discours haineux et à l'incitation de la violence sur Internet; invite instamment les États membres à collaborer par ailleurs avec le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale des Nations unies pour battre en brèche le développement d'une idéologie djihadiste et extrémiste dans le monde;

18.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, à la coalition nationale syrienne, au gouvernement et au Parlement d'Iraq, au gouvernement régional du Kurdistan en Iraq, au président de la République arabe d'Égypte, au Conseil des députés à Tobrouk (Libye) et au gouvernement libyen, à la Ligue des États arabes, au secrétaire général des Nations unies et au Conseil des droits de l'homme des Nations unies.


(1)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0422.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0027.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0040.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/117


P8_TA(2015)0072

Le Soudan du Sud, y compris les récents enlèvements d'enfants

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur le Soudan du Sud et, en particulier, les enlèvements d'enfants qui y ont eu lieu récemment (2015/2603(RSP))

(2016/C 316/14)

Le Parlement européen,

vu ses résolutions antérieures sur le Soudan du Sud, et en particulier celles du 16 janvier 2014 (1) et du 13 novembre 2014 (2) sur la situation dans ce pays,

vu l'accord de cessez-le-feu et de partage du pouvoir entre le président Salva Kiir et Riek Machar, ancien vice-président, signé le 2 février 2015 à Addis-Abeba sous les auspices de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD),

vu le communiqué du 3 février 2015 de Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, sur les négociations de paix au Soudan du Sud,

vu le communiqué du 10 février 2015 de la réunion de haut niveau de l'IGAD et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) sur les crises humanitaires au Soudan du Sud,

vu la déclaration du 25 février 2015 de la représentante spéciale du secrétaire général pour les enfants et les conflits armés,

vu le communiqué conjoint d'octobre 2014 de la République du Soudan du Sud et des Nations unies sur la prévention des violences sexuelles liées aux conflits,

vu les résolutions 2155 (2014) et 2206 (2015) du Conseil de sécurité de l'ONU posant les fondements de sanctions ciblées à l'encontre de ceux qui font obstacle à la paix au Soudan du Sud,

vu la déclaration du 6 mars 2015 de la porte-parole de Federica Mogherini, la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sur l'incapacité des parties au conflit du Soudan du Sud à parvenir à un accord de paix,

vu la reconduction, en 2012, du plan d'action sud-soudanais visant à mettre fin au recrutement et à l'emploi d'enfants dans les forces armées gouvernementales et aux autres violations graves à l'encontre des enfants,

vu la charte africaine des droits de l'homme et des peuples,

vu la convention de l'Union africaine relative à certains aspects des problèmes des réfugiés en Afrique,

vu la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant,

vu la charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant,

vu la convention des Nations unies contre la torture,

vu la convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes,

vu les orientations de l'Union européenne sur les enfants face aux conflits armés de 2010,

vu la convention no 182 de l'Organisation internationale du travail sur les pires formes de travail des enfants, adoptée en 1999, qui fait figurer parmi celles-ci «le recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans des conflits armés»,

vu l'accord de Cotonou,

vu l'accord de paix global (APG) au Soudan de 2005,

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que les 15 et 16 février 2015, 89 enfants au moins, et peut-être plusieurs centaines, ont été enlevés dans la commune de Wau Shilluk dans l'État du Nil supérieur par un groupe de miliciens, dirigé, semble-t-il, par Johnson Oloni, l'un des chefs de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS); que, selon des témoins, des soldats armés qui avaient investi la commune, ont fouillé toutes les habitations, enlevant de force surtout les garçons de plus de 12 ans;

B.

considérant qu'en décembre 2013, un différend politique au sein du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), parti au pouvoir du Soudan du Sud, a dégénéré en une confrontation armée à Djouba entre les forces fidèles au président Kiir et celles dévouées à Riek Machar, ancien vice-président;

C.

considérant que le conflit armé interne qui a éclaté en décembre 2013 a mis sur les routes quelque 1,4 million de déplacés internes, a entraîné la fuite de 500 000 personnes dans les pays voisins et a donné lieu au recrutement d'environ 12 000 enfants dans les forces et groupes armés; que, selon les informations disponibles, des milliers d'enfants ont été tués, violés, déplacés ou ont perdu leurs parents;

D.

considérant que l'on estime à 4 millions le nombre de personnes exposées à un fort risque d'insécurité et d'insuffisance alimentaires, l'ONU ayant alerté à plusieurs reprises face aux risques d'aggravation de la crise humanitaire et de famine, en cas de poursuite des combats; que, conjuguée à l'absence de soins et d'équipements médicaux, la situation semble vouée à se détériorer;

E.

considérant que la mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS) assure l'accueil de plus de 100 000 déplacés internes fuyant la violence et a, elle-même, subi des attaques;

F.

considérant que, selon les estimations des Nations unies, plus de la moitié de la population des camps de réfugiés est constituée d'enfants, dont la sécurité physique, le développement et le bien-être sont en grand péril; que le taux de mortalité infantile au Soudan du Sud est parmi les plus élevés du monde et que les indicateurs en matière d'éducation de ce pays sont les plus faibles de la planète; que 400 000 enfants ont quitté l'école par suite du conflit actuel;

G.

considérant que les belligérants se sont attaqués à des civils à raison de leur origine ethnique et de leur appartenance politique supposée, ont commis des actes de violence sexuelle et se sont livrés à des pillages et à des destructions à grande échelle;

H.

considérant que les différentes parties au conflit du Soudan du Sud ont engagé, le 7 janvier 2014, des négociations à Addis-Abeba, sous les auspices de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD); qu'en dépit des accords de cessation des hostilités déjà conclus, dont le dernier en date est l'accord de cessez-le-feu signé le 2 février 2015 à Addis-Abeba, et malgré les efforts persévérants déployés par l'IGAD pour aboutir, par la négociation, au règlement politique du conflit, les combats se poursuivent, dans un mépris total du droit international humanitaire et des droits de l'homme, les auteurs des violations dans le cadre du conflit n'ayant pas à en rendre de compte;

I.

considérant que le gouvernement et les rebelles n'ont pas respecté le délai fixé au 5 mars 2015 par l'IGAD pour parvenir à un accord de partage des pouvoirs et que les négociations de paix n'ont plus d'échéance déterminée; que le médiateur en chef de l'IGAD a annoncé que les Nations unies et l'Union africaine pourraient désormais jouer un rôle direct dans les négociations;

J.

considérant qu'une commission d'enquête a été mise en place par l'Union africaine en mars 2014, mais que son rapport final n'a pas encore été publié, alors qu'il a été transmis à la commission de l'Union africaine dès octobre 2014;

K.

considérant que la décision d'en reporter la publication a suscité une vague de déception et est généralement considérée comme un recul en matière de responsabilité et un échec des efforts destinés à mettre fin à l'impunité, et que des personnalités telles qu'Ivan Simonovic, sous-secrétaire général de l'ONU, ou Navi Pillay, ancienne haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, et des figures de premier plan de la société civile sud-soudanaise ont fait part de leur désappointement;

L.

considérant que, le 3 mars 2015, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité un régime de sanctions frappant les personnes jugées responsables de prolonger le conflit ou de faire obstacle à la paix au Soudan du Sud ou leurs complices; que les sanctions visent également ceux qui s'en prennent aux civils, commettent des attaques contre des hôpitaux, des lieux de culte, des écoles ou des lieux où des civils ont trouvé refuge, ou recrutent et emploient des enfants dans des forces ou des groupes armés;

M.

considérant que, malgré les votes de ratification de son parlement, le Soudan du Sud n'est pas encore partie aux grands traités internationaux et régional en matière de droits de l'homme que sont notamment la charte africaine des droits de l'homme et des peuples, la convention de l'Union africaine régissant les aspects propres aux problèmes de réfugiés en Afrique, la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, la convention des Nations unies contre la torture et la convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes;

N.

considérant qu'en vertu du statut de la Cour pénale internationale, le fait de procéder à la conscription ou à l'enrôlement d'enfants de moins de 15 ans dans les forces armées nationales ou dans des groupes armés ou de les faire participer à des hostilités constitue un crime de guerre;

O.

considérant que le parlement sud-soudanais a été saisi d'un projet de loi relatif aux organisations non gouvernementales, tendant à restreindre le droit à la liberté d'association, à rendre obligatoire l'enregistrement des ONG, à leur interdire d'exercer des activités sans déclaration et à ériger en infraction les activités bénévoles menées sans attestation d'enregistrement;

P.

considérant que des établissements scolaires continuent de servir à des fins militaires, comme casernements ou comme lieux de recrutement; que, selon les informations disponibles, fin février 2015, 30 écoles étaient encore détournées à des fins militaires;

Q.

considérant que, si l'on exclut les donateurs et l'aide humanitaire, l'économie sud-soudanaise est presque entièrement dépendante du secteur pétrolier, les exportations de pétrole étant à l'origine de plus de 70 % du PIB et de 90 % des recettes de l'État; que les revenus provenant du secteur pétrolier ont alimenté de violents conflits;

R.

considérant que le coût humanitaire des violences dans le Soudan du Sud est intolérable, les Nations unies estimant à 1,81 milliard d'USD les besoins en aide humanitaire en 2015; que les Nations unies ont qualifié la situation au Soudan du Sud d'urgence de niveau 3, soit le plus haut niveau d'urgence humanitaire;

S.

considérant que l'Union européenne et ses États membres ont octroyé près de 300 millions d'EUR au titre de l'aide humanitaire en 2014 pour faire face à la crise humanitaire et répondre aux besoins urgents des réfugiés sud-soudanais présents dans la région;

1.

est vivement préoccupé par l'aggravation de la situation en matière de sécurité et de la situation humanitaire au Soudan du Sud, susceptible de déstabiliser l'ensemble de l'Afrique de l'Est; demande instamment à toutes les parties de mettre fin à la violence, de faire cesser les violations des droits de l'homme, de former un gouvernement de transition d'unité nationale et d'assurer l'accès sans restriction à l'aide humanitaire; invite les parties à ne plus se livrer à des attaques contre les établissements scolaires et les bâtiments publics et de ne plus utiliser les écoles à des fins militaires, pour le recrutement d'enfants-soldats en particulier; rappelle à cet égard son attachement aux lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l'utilisation militaire durant les conflits armés;

2.

constate avec une profonde déception qu'après plus d'une année de négociations sous les auspices de l'IGAD, il n'a été accompli aucun progrès notable; invite instamment toutes les parties au conflit à parvenir à un accord de partage des pouvoirs et souscrit pleinement aux négociations en cours, en appelant de ses vœux un cessez-le-feu sans condition, complet et immédiat et l'arrêt de toutes les hostilités, mais aussi la fin immédiate des recrutements de civils et de leur mobilisation; demande que des initiatives soient prises pour aboutir à une paix et à une stabilité durables; invite instamment le gouvernement et les rebelles à engager des pourparlers politiques inconditionnels de bonne foi incluant toutes les parties en vue de faire aboutir les négociations; demande instamment la poursuite des efforts déployés par l'Union africaine et l'IGAD en vue de favoriser un dialogue et une médiation sans exclusive;

3.

demande la libération immédiate et le retour, sains et saufs, de tous les enfants qui ont été recrutés par les forces armées depuis le début du conflit en décembre 2013; rappelle avec vigueur à toutes les parties au conflit que le recrutement et l'emploi d'enfants dans les forces et groupes armés est une violation grave du droit international;

4.

demande à l'APLS et aux forces d'opposition de vérifier avec rigueur et transparence qu'il ne reste plus d'enfants dans leurs rangs et de mettre au point et d'appliquer un plan d'action en concertation avec les Nations unies afin de mettre fin aux violations graves commises contre les droits des enfants;

5.

rappelle que les autorités sud-soudanaises ont pris, en 2009, l'engagement, confirmé en 2012, de mettre fin au recrutement et à l'emploi des enfants dans le conflit, de libérer tous les enfants associés aux forces de sécurité gouvernementales, de mettre en place des services destinés à assurer leur retour et leur réintégration dans leurs familles et à enquêter sur les violations graves commises contre des enfants; déplore que cet engagement n'ait pas été intégralement respecté; demande à toutes les parties de mettre pleinement en application les recommandations définies dans le plan d'action;

6.

demande à la Commission d'apporter son concours à la mobilisation des moyens permettant d'aider à la réinsertion durable des enfants recrutés dans les forces armés et de ceux touchés par le conflit, en concertation avec les services de la représentante spéciale des Nations unies pour les enfants et les conflits armés, l'UNICEF et d'autres organismes;

7.

insiste sur la nécessité de concilier les interventions engagés pour faire face à la crise humanitaire et la coopération au développement à long terme; estime en particulier que la programmation à long terme en matière de développement en faveur des enfants touchés par les conflits armés doit être notamment axée sur les systèmes de protection de l'enfance, l'éducation et les dispositifs d'emploi; demande instamment à la Commission et aux États membres de renforcer la fourniture d'aide humanitaire et d'assurer aux agriculteurs et producteurs locaux l'accès aux ressources;

8.

demande au Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine de publier le rapport de la commission d'enquête de l'Union africaine sur le Soudan du Sud relatif aux violations des droits de l'homme dans ce pays et de mettre en œuvre ses recommandations sans plus tarder;

9.

souligne que la publication de ce rapport revêt une importance fondamentale pour la paix et la réconciliation; affirme que tous les Soudanais du Sud ont droit à la vérité et à la justice et que les centaines de victimes et de témoins des atrocités commises ont consenti des sacrifices personnels pour collaborer avec la commission d'enquête, contraints souvent de prendre des risques personnels pour faire part de leurs expériences douloureuses et contribuer à une connaissance plus complète du conflit;

10.

demande à la Commission et au Service européen pour l'action extérieure de concourir activement à la mise en œuvre des recommandations de la commission d'enquête, notamment en ce qui concerne la création envisagée d'un tribunal mixte pour juger les atrocités commises, proposée par le secrétaire général de l'ONU;

11.

salue l'adoption de la résolution 2206 (2015) du Conseil de sécurité de l'ONU, qui instaure des sanctions ciblées visant directement ceux qui ont attisé le conflit, et demande qu'elle soit mise en œuvre immédiatement; insiste sur la nécessité d'adopter un embargo complet sur les armes au niveau régional et international pour mettre fin à l'approvisionnement en armes des individus et des groupes s'étant rendus coupables de violations graves des droits de l'homme, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, et pour protéger les civils exposés à des risques importants;

12.

demande au gouvernement sud-soudanais de mener à bien des enquêtes rapides, approfondies, impartiales et indépendantes sur les violations des droits de l'homme afin de poursuivre et d'obliger à répondre de leurs actes les individus soupçonnés d'avoir commis des infractions au droit international et de graves violations des droits de l'homme, telles que l'enlèvement et le recrutement d'enfants dans les conflits armés et les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants;

13.

rappelle le protocole de l'IGAD du 25 août 2014, qui prévoit expressément que les personnes jugées responsables de graves crimes par la commission d'enquête de l'Union africaine ne pourront pas participer au gouvernement de transition;

14.

demande au gouvernement sud-soudanais d'arrêter au plus vite la version définitive des modifications apportées à la législation qui érigent en infraction le recrutement et l'emploi des enfants, d'utiliser ces dispositions pour poursuivre leurs auteurs et de mener à son terme la mise en œuvre des accords internationaux, y compris le protocole facultatif de 2002 à la convention relative aux droits de l'enfant, et d'adhérer au statut de Rome de la Cour pénale internationale;

15.

demande au gouvernement sud-soudanais de rejeter les dispositions législatives tendant à restreindre le périmètre d'activité des ONG et des associations, dispositions qui entraveraient lourdement le progrès de la société et la conduite des opérations d'aide humanitaire;

16.

demande au gouvernement sud-soudanais d'assumer la responsabilité qui lui incombe de répondre aux besoins de ses populations et d'encourager les donateurs internationaux à accroître leur effort d'aide et, compte tenu de l'ampleur et de l'urgence des besoins, invite la communauté internationale à réunir une nouvelle conférence internationale des bailleurs en faveur du Soudan du Sud, dès que toutes les conditions nécessaires à la paix seront remplies et qu'un dispositif de juste distribution des recettes sera en place;

17.

appelle de ses vœux une gestion responsable des ressources naturelles du Soudan du Sud afin que les recettes pétrolières ne servent pas à nourrir le conflit; invite les parties aux négociations à faire figurer dans les négociations de paix et dans l'accord définitif qui en sortira, la transparence et le contrôle démocratique du secteur pétrolier, de manière à ce que les recettes générées par cette ressource soient consacrées au développement durable du pays et à l'amélioration des conditions de vie de sa population;

18.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au gouvernement du Soudan du Sud, au commissaire aux droits de l'homme du Soudan du Sud, à l'Assemblée législative nationale du Soudan du Sud, aux institutions de l'Union africaine, à l'Autorité intergouvernementale pour le développement, aux coprésidents de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE ainsi qu'au secrétaire général de l'Organisation des Nations unies.


(1)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0042.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0053.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/122


P8_TA(2015)0073

Tanzanie, notamment la question de l'accaparement des terres

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur la Tanzanie, notamment la question de l'accaparement des terres (2015/2604(RSP))

(2016/C 316/15)

Le Parlement européen,

vu l'initiative sur la transparence foncière lancée par le G8 en juin 2013,

vu le cadre et les lignes directrices sur les politiques foncières en Afrique de l'Union africaine, le cadre stratégique pour le pastoralisme en Afrique («Policy Framework for Pastoralism in Africa: Securing, Protecting and Improving the Lives, Livelihoods and Rights of Pastoralist Communities») de l'Union africaine, adopté par la Conférence des ministres africains de l'agriculture en octobre 2010 et approuvé par le Conseil exécutif lors de sa 18e session ordinaire, réunie en janvier 2011 à Addis-Abeba (doc. EX.CL/631 XVIII) et la déclaration de l'Union africaine de 2009 sur les problèmes et enjeux fonciers en Afrique,

vu la déclaration du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire, adoptée à Rome en 2010, les principes pour des investissements agricoles responsables qui respectent les droits, les moyens de subsistance et les ressources, ainsi que les directives volontaires de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale,

vu les principes directeurs relatifs aux investissements fonciers à grande échelle en Afrique de l'Union africaine, de la Banque africaine de développement et de la Commission économique pour l'Afrique,

vu le rapport d'Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation, du 11 juin 2009 intitulé «Acquisitions et locations de terres à grande échelle: un ensemble de principes et de mesures clés pour répondre à l'impératif des droits de l'homme»,

vu la déclaration du Millénaire du 8 septembre 2000, qui énonce les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et en particulier les objectifs 1, 3 et 7,

vu le rapport 2014 des Nations unies sur les objectifs du Millénaire pour le développement,

vu le rapport de la conférence des Nations unies sur le développement durable, qui s'est tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, du 20 au 22 juin 2012,

vu l'étude du Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) de 2008 intitulée «Garantir des droits fonciers pour tous» et le guide de l'ONU-Habitat intitulé «Comment élaborer une politique foncière pro-pauvres: processus, guide et leçons»,

vu la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et la convention no 169 de l'Organisation internationale du travail (OIT) relative aux peuples indigènes et tribaux, adoptée en 1989,

vu la loi no 5 de 1999 sur le foncier villageois («Village Land Act») et la loi du gouvernement local de 1982 («Local Government Act») de la République unie de Tanzanie,

vu les orientations de l'Union européenne de 2004 visant à soutenir l'élaboration de la politique foncière et les processus de réforme de cette politique dans les pays en développement,

vu l'annonce par la Commission européenne le 9 avril 2014 de la mise en place d'un nouveau programme d'un montant de 33 000 000 EUR visant à améliorer la gouvernance foncière et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des exploitations familiales et des communautés vulnérables en Afrique subsaharienne,

vu les principes directeurs des Nations unies de 2011 relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme,

vu la résolution de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE sur les répercussions sociales et environnementales du pastoralisme dans les pays ACP, adoptée en novembre 2013 (ACP-UE/101.526/13/déf.),

vu l'étude de 2015 commandée par sa sous-commission «droits de l'homme» au sujet de l'incidence de l'accaparement des terres sur les droits de l'homme («Addressing the Human Rights Impact of Land Grabbing»),

vu l'accord révisé de Cotonou,

vu la déclaration universelle des droits de l'homme,

vu la charte africaine des droits de l'homme et des peuples,

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que les principaux défis du XXIe siècle — sécurité alimentaire, raréfaction des ressources énergétiques, pénuries d'eau, croissance urbaine et démographique, dégradation de l'environnement, changements climatiques, catastrophes naturelles et fragilité des États — sont corrélés avec les questions de gouvernance foncière, ce qui conforte la nécessité de faire d'une réforme globale de la politique foncière une priorité et de garantir les droits fonciers;

B.

considérant que les autorités tanzaniennes ont annoncé un plan visant à vendre 1 500 kilomètres carrés de terres massaï dans l'ouest du Serengeti à une société privée de chasse et de safari basée aux Émirats arabes unis; que ce plan implique l'expulsion de 40 000 bergers massaï;

C.

considérant qu'en raison des pressions internationales, Jakaya Kikwete, président de la Tanzanie, a déclaré en novembre 2014 qu'il avait abandonné ce plan et a promis de ne jamais expulser les peuples massaï de leurs terres ancestrales; que malgré cette promesse, des milliers de Massaï ont été illégalement expulsés de leurs terres; que selon des rapports récents, plus de 200 maisons ont été détruites par les autorités tanzaniennes, qui ont également confisqué du bétail, et que plus de 3 000 personnes se sont retrouvées sans domicile et sans abri;

D.

considérant que les Massaï tanzaniens ont derrière eux une longue histoire de conflits violents avec les autorités tanzaniennes au sujet de la possession des terres, et ce depuis 1992, lorsque la société Ortello Business Corporation (OBC), détenue par des étrangers, a obtenu les droits de chasse dans la réserve de Loliondo, habitée par des bergers massaï qui en sont les propriétaires officiels;

E.

considérant que plus de deux millions de personnes de par le monde ont signé la pétition en ligne déposée par la communauté massaï du district de Ngorongoro sur la plate-forme AVAAZ;

F.

considérant que les investisseurs privés et les gouvernements se montrent toujours plus intéressés par les acquisitions à grande échelle ou la location à long terme de terres aux fins de la production alimentaire ou d'énergie, ou encore de l'extraction de minerais, principalement dans les pays africains en développement, notamment en Tanzanie;

G.

considérant que l'intérêt des investisseurs étrangers et nationaux envers l'installation en Tanzanie de cultures à grande échelle destinées aux biocarburants a fortement augmenté entre 2005 et 2008, lorsque près de 640 000 hectares de terrain ont été octroyés aux investisseurs, ce qui a privé les agriculteurs et les foyers ruraux de leurs terres et de leurs moyens de subsistance et accru leur niveau de sécurité alimentaire;

H.

considérant que les normes coutumières régiraient 1,4 milliard d'hectares dans le monde; que la convention no 169 de l'OIT et la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones prévoient des formes particulières de protection pour l'accès aux terres des populations autochtones, tandis que l'article 10 de ladite déclaration dispose que les peuples autochtones ne peuvent être enlevés de force à leurs terres ou territoires et qu'aucune réinstallation ne peut avoir lieu sans le consentement préalable — donné librement et en connaissance de cause — des peuples autochtones concernés et un accord sur une indemnisation juste et équitable et, lorsque cela est possible, la faculté de retour;

I.

considérant que, conformément à la déclaration de Tirana de 2011, les acquisitions de terres à grande échelle peuvent être qualifiées d'«accaparements de terres» lorsque l'une ou plusieurs des conditions suivantes sont remplies: lorsqu'il y a violation manifeste des droits de l'homme; lorsque le déplacement des communautés locales concernées s'effectue sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause; lorsque les acquisitions ne sont pas fondées sur des contrats transparents et lorsque des incidences négatives d'un point de vue social, économique ou environnemental sont relevées;

J.

considérant que selon la Banque africaine de développement, 75 % des Tanzaniens sont des petits exploitants agricoles; que les communautés pastorales vivent dans de bonnes conditions et en harmonie avec la faune protégée et représentent environ 10 % de la population tanzanienne, en ce compris les Massaï, mais qu'elles continuent de perdre des parts importantes de leurs terres en raison des ventes de terres qui ont lieu sans connaissance adéquate des répercussions juridiques et pratiques, des attributions illégales et frauduleuses de terres à des étrangers et du fait que les autorités classent ces terres en fiducies foncières, en réserves ou en parcs nationaux;

K.

considérant que l'article 17 de la déclaration universelle des droits de l'homme établit que «toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété» et que «nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété»;

L.

considérant que les entreprises internationales, y compris les entreprises européennes, jouent un rôle de premier plan dans les acquisitions foncières à grande échelle en Tanzanie et que des institutions financières internationales participent au financement d'importantes transactions foncières dans le pays;

M.

considérant que le cadre et les lignes directrices sur les politiques foncières en Afrique appellent au respect des droits des communautés, y compris le respect des droits fonciers coutumiers et des ressources foncières;

N.

considérant qu'en mai 2014, l'Union européenne a lancé un nouveau programme visant à améliorer la gouvernance foncière et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des exploitations familiales et des communautés vulnérables en Afrique;

1.

condamne fermement le déplacement illégal des communautés rurales locales, la destruction de leurs villages et de leur mode de vie traditionnel, ainsi que la violation de leurs droits fondamentaux, y compris leur droit à une alimentation adéquate, leur droit à l'eau et leur droit à un logement convenable;

2.

condamne tout particulièrement les actions qui ne reconnaissent pas la légitimité des dispositifs fonciers coutumiers qui accordent des droits légaux aux individus et aux populations et permettent de prévenir les expropriations et les abus de droits fonciers, particulièrement fréquents parmi certaines communautés d'Afrique;

3.

prie le gouvernement tanzanien de mettre en œuvre sans délai les directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers et de garantir l'application juridique effective des droits qui y sont consacrés, de veiller au respect du premier principe fondamental des principes directeurs relatifs aux investissements fonciers à grande échelle, notamment le respect des droits humains des communautés et des droits fonciers coutumiers ainsi que la contribution à la gouvernance responsable des terres et des ressources liées à la terre, dans le respect des principes de l'état de droit, et de renforcer les droits fonciers des femmes, qui représentent au moins la moitié de la main-d'œuvre agricole et commerciale, mais dont l'accès aux droits fonciers et aux services qui vont de pair avec ces droits (par exemple, l'accès aux banques et la participation à des associations) reste limité, ainsi que ceux des communautés et groupes sociaux vulnérables, tels que les communautés pastorales;

4.

plaide en faveur du lancement d'une enquête indépendante sur les litiges fonciers dans la région de Loliondo;

5.

prie instamment le gouvernement tanzanien de promouvoir les politiques d'investissements agricoles qui profitent aux populations locales dans les régions concernées, de respecter et de mettre en œuvre ses politiques en matière d'évaluations d'incidence environnementale et sociale, notamment les analyses d'impact sur la production alimentaire locale, préalablement au lancement de tout projet d'investissement, et de se conformer scrupuleusement aux dispositions relatives à la consultation et au dédommagement en cas d'expropriation foncière;

6.

rappelle tout particulièrement que le droit international prévoit certaines formes spécifiques de protection des droits fonciers des populations autochtones; souligne que, conformément à la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, tout changement dans l'affectation des sols devrait être effectué uniquement avec le consentement préalable, libre et en connaissance de cause des populations locales concernées; insiste pour que les États offrent des mécanismes effectifs de prévention et de recours contre toute mesure ayant pour objectif ou pour effet de déposséder des peuples autochtones de leurs terres, de leurs territoires ou de leurs ressources;

7.

fait part de sa préoccupation quant au manque d'informations précises et à l'ombre qui entoure un certain nombre d'investissements en Tanzanie; demande à la Commission d'inciter les autorités à veiller à ce que les transactions foncières soient effectuées publiquement et en toute transparence et soient adaptées aux gardiens de troupeaux nomades et aux pasteurs;

8.

invite la Commission, en particulier, à coopérer activement avec les autorités tanzaniennes afin de les exhorter à reconnaître, de manière contraignante et codifiée, les droits des Massaï, en particulier en ce qui concerne leurs terres ancestrales, ce qui offrirait la protection juridique nécessaire pour éviter tout litige futur;

9.

souligne qu'il est essentiel de garantir la propriété foncière des communautés rurales pour atteindre les OMD; demande à l'Union européenne de renforcer les capacités des juridictions des pays en développement en matière d'application effective du droit foncier et de résolution des litiges fonciers, dans le cadre d'une approche globale visant à consolider les systèmes judiciaires et l'état de droit;

10.

rappelle que des projets de grande envergure provoquent fréquemment des dommages importants à l'environnement naturel sous la forme de déforestations, de pertes de biodiversité et de pollution de l'eau;

11.

demande à la Commission de veiller à aligner ses orientations en matière de politique foncière sur les directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers et d'y accorder une plus grande importance dans ses programmes de coopération au développement, dans ses politiques commerciales et d'investissement et dans ses rapports avec des institutions multilatérales de financement;

12.

rappelle que les droits de l'homme et les règles interdisant l'accaparement de terres doivent être intégrées dans les accords de commerce et d'investissement de l'Union, y compris dans le système de préférences généralisées;

13.

souligne l'importance d'une pleine responsabilisation et transparence des opérations des entreprises de l'Union et des organismes financiers concernant les investissements à grande échelle dans l'agro-industrie et les acquisitions de terres en Tanzanie et appelle de ses vœux la création d'un mécanisme européen fort et efficace pour contrôler ces opérations;

14.

demande à la Commission de faire un rapport au Parlement européen sur les dépenses des programmes de développement et sur le budget de l'Union liés à la gouvernance de la terre, en vue d'assurer que ces programmes promeuvent les droits humains et abordent les défis liés à l'accaparement des terres;

15.

souligne que les politiques foncières doivent reconnaître effectivement le rôle des structures et organismes locaux et opérant au niveau des collectivités chargés de l'administration ou de la gestion des terres, au même titre que ceux de l'État;

16.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à l'Union africaine ainsi qu'au gouvernement et au parlement de la Tanzanie.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/126


P8_TA(2015)0074

Assassinat du chef de l'opposition russe Boris Nemtsov et état de la démocratie en Russie

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur l'assassinat de Boris Nemtsov, figure de l'opposition russe, et l'état de la démocratie en Russie (2015/2592(RSP))

(2016/C 316/16)

Le Parlement européen,

vu ses résolutions et rapports antérieurs sur la Russie et notamment sa résolution du 23 octobre 2012 sur l'adoption de restrictions communes à l'octroi de visas aux fonctionnaires russes impliqués dans l'affaire Sergueï Magnitsky (1), sa résolution du 13 juin 2013 sur l'état de droit en Russie (2), sa résolution du 13 mars 2014 intitulée Russie: condamnation de manifestants impliqués dans les événements de la place Bolotnaïa (3), sa résolution du 23 octobre 2014 sur la dissolution de l'ONG Memorial (prix Sakharov 2009) en Russie (4) et sa résolution du 15 janvier 2015 sur la Russie, en particulier sur l'affaire Alexeï Navalny (5),

vu la déclaration du 28 février 2015 de Federica Mogherini, vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR), sur l'assassinat de Boris Nemtsov,

vu la déclaration de la VP/HR du 4 mars 2015 sur le maintien en détention de Nadia Savtchenko,

vu la déclaration du 3 mars 2015 de la porte-parole de la VP/HR sur le refus de laisser entrer Sandra Kalniete, députée au Parlement européen, sur le territoire de la Fédération de Russie,

vu la déclaration du médiateur chargé des droits de l'homme dans la Fédération de Russie, Vladimir Lukin, du 4 mars 2014, sur les manifestations publiques à Moscou et les mesures prises par les services répressifs,

vu les consultations du 28 novembre 2013 entre l'Union européenne et la Russie sur les droits de l'homme,

vu l'actuel accord de partenariat et de coopération (APC) établissant un partenariat entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la Fédération de Russie, d'autre part, et les négociations suspendues sur un nouvel accord UE-Russie,

vu l'article 123, paragraphes 2 et 4, de son règlement,

A.

considérant que Boris Nemtsov, ancien vice-premier ministre de la Fédération de Russie, ancien gouverneur de Nijni Novgorod, réformateur notoire de la société et de l'économie postsoviétiques russes et figure de proue de l'opposition libérale et démocratique russe, a été assassiné à proximité du Kremlin deux jours avant une manifestation, organisée par ses soins, prévue le 1er mars 2015 contre les retombées de la crise économique et le conflit en Ukraine;

B.

considérant que dans les semaines qui ont précédé son assassinat, Boris Nemtsov enquêtait sur l'implication de la Russie dans le conflit du Donbass et avait l'intention de publier un rapport sur la question; que cinq hommes soupçonnés d'avoir participé au meurtre de Boris Nemtsov ont été arrêtés, bien que l'on ne sache pas si l'un d'entre eux a tiré les coups mortels; que les autorités russes n'ont pas permis à plusieurs députés au Parlement européen et à certaines délégations nationales d'entrer sur le territoire de la Fédération de Russie afin d'assister aux funérailles de Boris Nemtsov;

C.

considérant que Boris Nemtsov était l'ardent défenseur d'une Fédération de Russie moderne, prospère, démocratique et ouverte sur le monde;

D.

considérant que la Fédération de Russie, en tant que membre à part entière du Conseil de l'Europe et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et que signataire de la déclaration universelle des droits de l'homme, s'est engagée à respecter les principes universels de la démocratie et de l'état de droit ainsi que les libertés fondamentales et les droits de l'homme;

E.

considérant que la situation des droits de l'homme en Russie n'a cessé de se détériorer au cours des dernières années et que les autorités russes ont adopté un ensemble de lois contenant des dispositions ambiguës qui sont utilisées pour imposer de nouvelles restrictions aux membres de l'opposition et de la société civile, et pour porter atteinte aux libertés d'expression et de réunion; que le ministère de la justice s'est récemment arrogé des pouvoirs lui permettant de qualifier 42 organisations d'«agents étrangers», dont les organisations de défense des droits de l'homme les plus compétentes qui font autorité dans le pays, et qu'il s'appuie sur différents prétextes bureaucratiques pour essayer de dissoudre plusieurs autres organisations; que la Douma a engagé, en janvier 2015, la première étape visant à adopter une nouvelle loi qui interdira les activités des organisations étrangères «indésirables»;

F.

considérant que le Parlement a, à maintes reprises, fait part de ses préoccupations quant à l'état de la démocratie en Russie, et au non-respect systématique de l'état de droit et des droits fondamentaux; que l'état de droit, les normes d'un procès équitable, le droit à un procès équitable et l'indépendance du pouvoir judiciaire ne sont pas respectés en Russie; que les dernières élections législatives et présidentielle ne se sont pas déroulées dans le respect des normes de l'OSCE;

G.

considérant que, ces toutes dernières années, plusieurs jugements et actions en justice, notamment les affaires Navalny, Magnitski, Khodorkovski et Politkovskaïa, ont jeté le doute sur l'indépendance et l'impartialité des institutions judiciaires de la Fédération de Russie; que ces affaires très médiatisées ne sont que les exemples les plus connus en dehors de la Russie de l'échec systématique de l'État russe à faire respecter l'état de droit et à apporter la justice à ses citoyens;

H.

considérant qu'il est de plus en plus nécessaire que l'Union, avec l'appui de tous les États membres, mène à l'égard de la Russie une politique unie, ferme, cohérente et globale, en lui apportant un soutien et une assistance accompagnés de critiques solides et justes, fondées sur les valeurs universelles que l'Union et la Russie ont convenu de respecter;

I.

considérant que l'Union européenne a maintes fois proposé une aide et une expertise à la Russie, par la voie du partenariat pour la modernisation, afin qu'elle renforce l'état de droit, se conforme à ses obligations internationales et développe pleinement son potentiel économique;

J.

considérant que, le 19 février 2015, Alexeï Navalny, figure de l'opposition russe, a été condamné à 15 jours d'emprisonnement pour avoir distribué des tracts destinés à promouvoir une manifestation; que, le 30 décembre 2014, une juridiction l'a condamné à une peine de trois ans et demi de prison avec sursis, tandis que son frère, Oleg Navalny, a été condamné à trois ans et demi de prison ferme;

K.

considérant qu'une juridiction moscovite a rejeté, le 4 mars 2015, un nouvel appel interjeté par Nadia Savtchenko contre sa détention illégale par la Fédération de Russie, la députée ayant fait valoir son immunité en tant que membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE); que, le 4 mars 2015, Mme Savtchenko entamait son 82e jour de grève de la faim et qu'après une si longue période de privation, elle risque d'altérer de façon permanente sa santé, voire de perdre la vie;

L.

considérant que six mois se sont écoulés depuis l'enlèvement du policier estonien Eston Kohver par les services de sécurité russes sur le territoire estonien, en violation du droit international; que cet homme est toujours détenu illégalement à la prison de Lefortovo à Moscou; qu'il ne reçoit pas l'aide juridique adéquate, qu'il est privé de son droit à un procès équitable et qu'il doit se soumettre à un examen psychiatrique non justifié, dont les modalités ne sont pas connues;

M.

considérant que le Fonds européen pour la démocratie se penche sur la question de la pluralité des médias russes, et qu'il est invité, avec ses partenaires, à mettre au point de nouvelles initiatives dans le domaine des médias;

N.

considérant que les débris et les boîtes noires du Tupolev Tu-154 du gouvernement de Pologne, qui s'est écrasé près de Smolensk en avril 2010, causant la mort du président polonais et de personnalités politiques, militaires et intellectuelles, sont toujours aux mains de la Russie; que les autorités russes refusent de les remettre à la Pologne malgré les nombreuses demandes introduites par les autorités polonaises;

1.

condamne fermement le meurtre de Boris Nemtsov, assassinat politique le plus marquant de l'histoire russe récente, et souligne que cet homme a été tué par balle à proximité du Kremlin, dans une zone équipée de caméras vidéo et surveillée par des forces de police et de sécurité;

2.

rend hommage à Boris Nemtsov, figure de proue de l'opposition, fondateur et dirigeant du mouvement politique Solidarnost, fervent critique de Vladimir Poutine et de la guerre en Ukraine, qui a dédié sa vie à une Russie plus démocratique, prospère et ouverte ainsi qu'à l'établissement de liens étroits entre la Russie et ses voisins et partenaires; adresse ses plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Boris Nemtsov, aux membres de l'opposition et au peuple russe; condamne la décision prise par les dirigeants russes d'interdire à des diplomates de l'Union et à certaines délégations nationales d'assister à ses funérailles, ce qui a empêché l'Union de rendre hommage aux citoyens russes courageux qui défendent les valeurs universelles;

3.

souligne que cet assassinat compte parmi le nombre croissant d'assassinats politiques et de morts suspectes non résolus perpétrés en Russie depuis 1998, au rang desquels figurent ceux de la journaliste d'investigation Anna Politkovskaïa, d'Aleksander Litvinenko, qui aurait été assassiné au Royaume-Uni, de l'avocat Stanislav Markelov, de la journaliste Anastasia Babourova, de la militante des droits de l'homme Natalia Estemirova, de l'avocat Sergueï Magnitski, et tout récemment de l'homme politique Boris Nemtsov;

4.

prend note de l'arrestation de cinq suspects d'origine tchétchène, annoncée par les autorités russes;

5.

réclame une enquête internationale indépendante sur cet assassinat; estime que les instruments prévus dans le cadre de l'OSCE, du Conseil de l'Europe et des Nations unies permettraient de garantir une enquête impartiale et juste;

6.

demande au Conseil, à la Commission et aux États membres de tenir compte, dans l'élaboration de leur future politique à l'égard de la Russie, du fait que le climat politique instauré par les autorités russes est propice à de tels meurtres, violences et pressions; est préoccupé par le climat de haine à l'encontre des militants de l'opposition, des militants des droits de l'homme, des minorités et des pays voisins, qui s'est aggravé en Russie au cours des dernières années, sous l'impulsion de la propagande d'État et des médias officiels en marge d'une culture politique prenant ses distances avec les principes démocratiques;

7.

demande aux autorités de la Fédération de Russie de mettre fin à la guerre honteuse de propagande et d'information qu'elles mènent contre leurs voisins, le monde occidental et leur propre peuple, guerre qui fait de la Russie un État marqué par la répression, les discours de haine et la peur, où l'euphorie nationaliste se fonde sur l'annexion de la Crimée et sur un conflit qui s'envenime en Ukraine, où les droits des Tatars de Crimée sont bafoués et où le Kremlin cultive et attise la haine et les violences, en violation du droit international; condamne la nouvelle guerre de propagande lancée contre les valeurs démocratiques et fondamentales, qui sont présentées à la société russe comme étant des valeurs imposées par l'étranger; rappelle qu'aussi bien l'Union européenne que la Fédération de Russie se sont engagées, dans bon nombre de déclarations et de traités internationaux, à défendre les valeurs démocratiques universelles et les droits fondamentaux; insiste sur l'importance que revêt, pour la Russie, l'existence de forces d'opposition politique, afin que des débats et des échanges de vues et d'idées puissent se dérouler de façon permanente en matière politique et législative;

8.

demande aux autorités russes de cesser toute forme de pression, de répression ou d'intimidation, tant politique que judiciaire, à l'encontre des figures de l'opposition, des représentants de la société civile et des médias indépendants afin de leur permettre d'exercer librement leurs activités, conformément aux principes fondamentaux de la constitution russe;

9.

est profondément préoccupé par le fait que la Russie, membre de l'Organisation des Nations unies, du Conseil de l'Europe et de l'OSCE, ne respecte ni ses engagements en matière de droit international, ni les droits de l'homme fondamentaux et l'état de droit; estime que la Fédération de Russie devrait respecter les engagements qu'elle a pris; déplore le fait que les dernières évolutions démontrent que la Russie emprunte une voie qui n'est pas celle d'une démocratie saine, laquelle se caractérise par le respect de l'opposition, de l'état de droit et de l'indépendance du pouvoir judiciaire;

10.

déplore vivement que les autorités russes n'aient pas répondu aux critiques formulées, tant dans la Fédération de Russie que sur la scène internationale, à l'égard de la loi sur les agents étrangers, et déplore leur adoption en lieu et place d'amendements qui restreignent encore davantage les possibilités, pour les organisations sans but lucratif, d'agir et qui s'avèrent discriminatoires par nature; demande instamment à la Russie de revoir la législation applicable en vue de respecter ses obligations internationales dans le domaine des droits de l'homme et des libertés démocratiques;

11.

se félicite de la décision de la Cour suprême du 28 janvier 2015 qui rejette le recours introduit par le ministère de la justice qui demandait la fermeture de l'association russe Memorial au motif que son organigramme présentait des manquements et demande que les autres ONG soient effacées de la liste des «agents étrangers»;

12.

demande aux autorités russes de libérer immédiatement tous les prisonniers politiques;

13.

enjoint les autorités russes de libérer de toute urgence Nadia Savtchenko et de respecter son immunité en tant que membre du Parlement ukrainien et de l'APCE, laquelle a été enlevée sur le territoire ukrainien et est détenue illégalement dans une prison russe; souligne que la Russie doit répondre de son état de santé très fragilisé; s'inquiète profondément de son état de santé et invite instamment les autorités judiciaires russes à appliquer le droit humanitaire;

14.

condamne l'enlèvement du policier estonien Eston Kohver, emmené de son pays vers la Russie; réclame sa libération immédiate et son retour en toute sécurité en Estonie;

15.

considère que la Russie demeure un acteur important sur la scène internationale et qu'il est dans l'intérêt stratégique tant de l'Union que de la Russie de veiller à apaiser la situation dans les meilleurs délais et de rétablir des relations par la voie de la diplomatie et de la médiation, à condition de respecter le droit international et les engagements de l'OSCE;

16.

soutient les forces démocratiques en Russie, qui sont résolument en faveur d'une société ouverte et d'un programme de réformes;

17.

demande instamment au Conseil de développer envers la Russie une politique unifiée qui porte un message commun fort sur le rôle des droits de l'homme dans les relations entre l'Union européenne et la Russie et sur la nécessité de mettre un terme à la répression de la liberté d'expression, de réunion et d'association en Russie, et qui engage les 28 États membres de l'Union et les institutions européennes; est d'avis qu'une stratégie de l'Union devrait viser à amener la Russie à respecter pleinement les principes de l'OSCE et à user de son rôle de puissance de premier plan pour sortir le pays de son isolement politique et économique;

18.

prie instamment la VP/HR, soutenue par le SEAE et la Commission, d'élaborer des programmes renforcés de soutien à la société civile russe en Russie et en Crimée, ainsi que de rechercher et de créer de nouvelles occasions de s'engager à ses côtés afin de défendre les valeurs démocratiques, des droits de l'homme et de l'état de droit; demande instamment à l'Union européenne — eu égard à la phase actuelle de programmation des instruments financiers de l'Union européenne — d'augmenter son aide financière tant en faveur de la société civile russe au moyen de l'instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme qu'en faveur des organisations de la société civile et des autorités locales, et d'inclure le Forum de la société civile UE-Russie dans l'instrument de partenariat afin d'assurer un soutien à long terme, durable et crédible;

19.

exprime à nouveau sa préoccupation, comme il l'a déjà fait dans ses résolutions antérieures, concernant l'absence de coopération des autorités russes avec l'enquête indépendante et internationale sur l'accident du vol MH17; insiste sur le fait que les auteurs de ce crime ne peuvent pas bénéficier de l'amnistie prévue au titre de l'accord de Minsk, ni d'aucune autre amnistie;

20.

demande aux autorités russes de restituer sans délai, à la Pologne, les débris du Tupolev Tu-154 du gouvernement polonais, ainsi que chacune de ses boîtes noires; souligne que le niveau de dépendance du système judiciaire russe à l'égard des autorités compromet l'impartialité et la probité de toute enquête;

21.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, au Conseil de l'Europe, à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ainsi qu'au président, au gouvernement et au parlement de la Fédération de Russie.


(1)  JO C 68 E du 7.3.2014, p. 13.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0284.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0253.

(4)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0039.

(5)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0006.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/130


P8_TA(2015)0075

Rapport annuel de la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité au Parlement européen

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur le rapport annuel de la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité au Parlement européen (2014/2219(INI))

(2016/C 316/17)

Le Parlement européen,

vu le rapport annuel du Conseil au Parlement européen sur la politique étrangère et de sécurité commune (12094/14),

vu les articles 21 et 36 du traité sur l'Union européenne,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière,

vu la déclaration de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sur la responsabilité politique,

vu les engagements pris par la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité lors de son audition par la commission des affaires étrangères le 6 octobre 2014,

vu l'article 52 et l'article 132, paragraphe 1, de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires étrangères et l'avis de la commission des budgets (A8-0039/2015),

Faire face aux mutations de l'environnement politique et de sécurité

1.

souligne la tragique détérioration de l'environnement de sécurité autour de l'Union européenne, et en particulier dans son voisinage immédiat, où l'ordre international fondé sur le droit ainsi que la stabilité et la sécurité de l'Europe sont mis à l'épreuve à un niveau sans précédent depuis le début de l'intégration européenne; souligne la transformation permanente de l'ordre politique mondial;

2.

s'inquiète de ce que l'Union, en raison de sa crise interne, n'ait jusqu'ici pas été en mesure d'exploiter son plein potentiel pour décider de son environnement politique et de sécurité à l'échelle internationale, et de ce que le manque de coordination des politiques et le manque de cohérence entre les politiques de l'Union, ainsi que les contraintes financières, restreignent encore l'influence de l'Europe dans le monde et son rôle au service de la sécurité régionale et mondiale, dans le but de participer à la prévention des conflits et à la gestion des crises;

3.

estime que les priorités de la politique étrangère et de sécurité de l'Union européenne sont les suivantes:

protéger les valeurs et les intérêts de l'Europe et faire appliquer l'ordre politique et juridique en Europe, et restaurer et préserver ainsi la paix et la stabilité,

accroître la contribution de l'Union européenne à la défense territoriale de ses États membres et améliorer la sécurité de ses citoyens en renforçant ses capacités de défense contre les menaces auxquelles elle est confrontée, notamment le terrorisme, les trafics d'armes et de drogues et la traite des êtres humains,

favoriser la sécurité, la démocratisation, l'état de droit et le développement économique et social dans les pays du voisinage de l'Union,

assumer un rôle moteur dans la résolution des conflits, notamment grâce à des opérations de maintien ou d'imposition de la paix au titre de la PSDC,

renforcer, à l'échelle mondiale et en collaboration avec ses partenaires, un ordre politique, économique et financier pluraliste qui obéisse à des règles, notamment le respect de l'état de droit et des droits de l'homme, et

améliorer les structures internes et les méthodes de travail de l'Union afin de renforcer sa résistance et de lui permettre d'exploiter tout son potentiel d'acteur mondial;

L'Union européenne: un acteur crédible

4.

est convaincu qu'une politique étrangère ambitieuse et efficace de l'Union doit s'appuyer sur une vision commune des intérêts, valeurs et objectifs fondamentaux de l'Europe en matière de relations extérieures ainsi que sur une perception commune des menaces auxquelles l'Union est exposée dans son ensemble; se félicite par conséquent de l'engagement pris par la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sur la responsabilité politique, sur la foi du mandat du Conseil européen de décembre 2013, de lancer en priorité un processus de réflexion stratégique sur les affaires étrangères et la politique de sécurité, qui devrait associer un large éventail de parties prenantes, y compris les États membres, les institutions européennes et la population européenne; soutient que cette réflexion devrait aboutir à une nouvelle stratégie européenne de sécurité, élaborée en fonction de l'évolution géopolitique récente, afin de faire face aux nouvelles menaces et aux nouveaux défis;

5.

souligne l'obligation prise par les États membres lors de la ratification du traité sur l'Union européenne de d'appuyer activement et sans réserve la politique extérieure et de sécurité de l'Union dans un esprit de loyauté et de solidarité mutuelle, conformément à l'article 24, paragraphe 3, du TUE;

6.

soutient que les ressources politiques, économiques, financières et en matière de défense de l'Union et de ses États membres doivent être renforcées et combinées pour optimiser l'influence de l'Union dans le monde, produire des synergies et garantir la paix et la stabilité en Europe et dans son voisinage; souligne qu'il est possible de réaliser des économies considérables grâce à une meilleure coopération entre les États membres en matière de politique étrangère et de sécurité;

7.

rappelle que l'aide financière extérieure déployée par l'Union et ses États membres doit être réorientée et utilisée plus efficacement, conformément aux priorités stratégiques convenues conjointement; demande à l'Union de prendre davantage de mesures pour rehausser la notoriété, la cohérence et l'efficacité de son assistance; est d'avis qu'il convient de coordonner et d'harmoniser tous les domaines d'aide de l'Union, qu'il s'agisse d'aide au développement, d'aide d'urgence ou d'aide humanitaire; demande à la Commission, au SEAE et aux États membres de contrôler efficacement l'acheminement de l'aide financière afin de s'assurer que les objectifs fixés sont atteints; attire l'attention sur les rapports de la Cour des comptes européenne qui ont fait état de problèmes par le passé; souligne qu'il convient d'accroître l'aide financière apportée à la société civile et aux ONG sur le terrain; demande que les procédures administratives d'approbation des projets soient plus rapides et moins nombreuses;

8.

encourage les institutions et les États membres de l'Union à faire pleinement usage de la boîte à outils du traité de Lisbonne pour passer d'une démarche jusqu'ici principalement réactive à une politique étrangère et de sécurité de l'Union qui soit tournée vers l'avenir, cohérente et stratégique, fondée sur des valeurs communes et déployée dans l'intérêt européen commun;

9.

estime que le Conseil et la Commission, avec la coopération active des États membres, doivent veiller à la cohérence:

des politiques intérieures et extérieures de l'Union, dont la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) ainsi que les politiques de voisinage, de commerce, de développement, d'aide humanitaire et dans les domaines de la justice et des affaires intérieures, de l'énergie, de l'environnement, de la migration, etc.,

des politiques de l'Union et de ses États membres;

10.

se félicite à cet égard de l'organisation de la nouvelle Commission européenne en pôles, puisque la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité peut désormais coordonner toutes les politiques de la Commission ayant une dimension extérieure; soutient la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité dans les efforts qu'elle déploie pour assumer pleinement son rôle de vice-présidente de la Commission; l'encourage en parallèle à se servir de son rôle de présidente du Conseil «Affaires étrangères» pour proposer au Conseil des initiatives qui feront progresser les politiques communes proactives au-delà du plus petit dénominateur commun, grâce à l'utilisation de toute la boîte à outils de la PESC et aux politiques extérieures de l'Union;

11.

réaffirme qu'il convient de réformer les structures internes du SEAE afin que ce dernier puisse assister la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité dans l'ensemble de ses rôles et lui permettre de faire progresser la planification stratégique et de coordonner les processus politiques au sein du Conseil et de la Commission; insiste sur la nécessité d'accélérer et de rationaliser l'encadrement supérieur et les processus décisionnels du SEAE; demande à nouveau une meilleure intégration des représentants spéciaux de l'Union européenne dans le SEAE, y compris par un transfert de leur budget depuis la PESC opérationnelle vers le budget du SEAE; à cet égard, demande instamment une évaluation politique et économique du rôle joué par les représentants spéciaux;

12.

demande une nouvelle fois le renforcement de la coopération et de la coordination entre les différentes capacités d'observation et de réaction aux crises au niveau de l'Union; demande également instamment la rationalisation des structures existantes et la réduction des doublons inutiles, notamment par la fusion des capacités qui se chevauchent; est d'avis que les centres d'observation doivent être suffisamment dotés et que les profils linguistiques de leur personnel doit correspondre aux langues parlées dans les zones de crise les plus significatives, en particulier le russe et l'arabe; demande le renforcement de la coopération et de l'échange d'informations entre les centres d'observation relevant de l'Union et les services correspondants dans les États membres;

13.

demande la modernisation du réseau des délégations de l'Union européenne afin qu'il corresponde aux besoins de la politique étrangère de l'Union au XXIe siècle, y compris en adaptant l'effectif et les connaissances du personnel; estime par exemple que toutes les délégations situées dans des zones de conflit, en particulier dans les pays où une mission de PSDC est en cours, devraient comprendre un expert des questions de sécurité et de défense; demande à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de renforcer l'autorité du chef de délégation sur l'ensemble du personnel, quelle qu'en soit l'origine institutionnelle, et de simplifier les budgets administratifs des délégations afin qu'il y ait une source de financement unique; demande que les liens hiérarchiques soient clarifiés; déplore que les synergies et les économies d'échelle potentielles obtenues par le renforcement de la coopération entre les ambassades des États membres et les délégations de l'Union européenne ne soient pas encore pleinement exploitées; exige le respect total d'un juste équilibre entre les effectifs détachés des États membres et le nombre de fonctionnaires de l'Union européenne, ainsi que le prévoit la décision du Conseil du 26 juillet 2010 portant création du SEAE, et observe qu'actuellement, l'équilibre n'est pas respecté, en particulier aux plus hautes fonctions, comme celles de chef de délégation;

14.

s'inquiète du manque de flexibilité des règles financières de l'Union, qui entraîne fréquemment des retards dans le versement opérationnel de fonds de l'Union et entrave encore plus la capacité de l'Union à répondre aux crises; souligne la nécessité de débloquer plus rapidement les moyens financiers tout en rappelant l'utilité de contrôles efficaces destinées à empêcher la fraude et les détournements de fonds; demande à la Commission de présenter en 2015 des propositions de réforme de la législation applicable, y compris pour que la procédure accélérée, disponible actuellement pour l'aide humanitaire, soit utilisée pour la gestion des crises, tout en veillant à ce que les dépenses engagées à la suite de crises soient conformes aux objectifs stratégiques à long terme de l'Union; est gravement préoccupé par les insuffisances de paiements touchant les deux grandes sources budgétaires de l'Union pour la gestion des crises et la prévention des conflits, à savoir le budget de la PESC et l'instrument contribuant à la stabilité et à la paix (IcSP); est convaincu que l'environnement de sécurité actuel à l'est et au sud de l'Europe appelle des synergies et des investissements supplémentaires et non des réductions considérables;

15.

rappelle que la visibilité de l'action de l'Union doit être renforcée au niveau de la planification stratégique et des forums multilatéraux, ainsi qu'au niveau opérationnel grâce à des missions de la PESC ou de toute autre mission ayant une dimension de politique extérieure;

16.

rappelle que l'Union, en vertu de l'article 21 du traité sur l'Union européenne, est tenue de veiller à ce que son action extérieure soient conçue et mises en œuvre dans le but de consolider et de soutenir la démocratie, l'état de droit, les droits de l'homme et les principes du droit international, et que l'Union européenne et ses États membres en sont solidairement responsables; invite la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité à rendre compte régulièrement de la conformité à l'article 21 et d'étudier les moyens d'améliorer la cohérence des politiques externes, notamment du point de vue des droits de l'homme et du droit international; souligne que le suivi des politiques extérieures, au regard du respect de l'article 21, doit s'effectuer plus strictement et de façon harmonisée; insiste sur la nécessité d'obliger les partenaires à respecter les engagements qu'ils ont pris en matière de droits de l'homme en vertu d'accords avec l'Union et sur la nécessité d'utiliser, au besoin, les clauses de conditionnalité liées aux droits de l'homme dans ces accords;

17.

prend acte de l'augmentation de la demande d'aide internationale pour le soutien à la démocratie et l'observation électorale; constate que l'Union peut jouer un rôle efficace dans ce domaine en soutenant les processus démocratiques; demande par conséquent un suivi systématique de la mise en œuvre des recommandations par pays et demande de soutenir le renforcement des capacités des partis politiques;

18.

souligne l'importance primordiale de la défense collective assurée par l'OTAN pour ses membres; exhorte les États membres à renforcer d'urgence leur capacité à contribuer à la défense territoriale, à engager davantage de ressources et à prendre au sérieux la méthode de mutualisation et de partage en intensifiant leur coopération, afin de bâtir des synergies; souligne que tous les États membres doivent bénéficier du même niveau de sécurité, conformément à l'article 42, paragraphe 7, du TUE; souligne qu'une politique étrangère crédible de l'Union doit être appuyée par des capacités de défense adéquates des États membres et une politique de sécurité et de défense commune (PSDC) efficace; estime que la PSDC est une composante importante de la défense et de la sécurité européenne, à laquelle elle contribue sous différentes formes, notamment en encourageant la création d'une base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE), en favorisant la coopération en matière de développement de capacités de défense, et en intervenant directement dans les zones de crise par l'intermédiaire de ses mission civiles et de ses opérations militaires; souligne par conséquent la nécessité d'approfondir davantage la PSDC en collaboration avec l'OTAN; rappelle que l'Union européenne est partenaire de l'OTAN et que les stratégies de l'une et de l'autre doivent se compléter; souligne le rôle important de la coopération en matière de défense de la sécurité entre l'Union et ses partenaires tels que l'ONU, l'OTAN, l'Union africaine et l'OSCE; salue l'attachement de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour les questions de défense, eu égard notamment à son rôle de présidente des réunions du Conseil «Affaires étrangères» dans sa configuration réunissant les ministres de la défense;

19.

soutient le réexamen des structures de gestion des crises actuellement en cours au sein du SEAE; demande à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité d'améliorer considérablement l'efficacité des structures en place, notamment en réduisant le nombre de structures parallèles, afin qu'elles puissent répondre plus rapidement et d'une manière plus appropriée à l'émergence de crises; demande à la vice-présidente et haute représentante de préserver et de renforcer la nature spécifique des interventions civiles dans la prévention des conflits et la gestion des crises;

20.

souligne que plusieurs dispositions du traité de Lisbonne, telles que l'article 44 du TUE (qui permet de confier une mission PSDC a un petit groupe d'États membres), l'article 41 du TUE (sur le fond de lancement), l'article 46 du TUE (sur la coopération structurée permanente), l'article 42, paragraphe 7, du TUE (sur la clause d'assistance mutuelle) et l'article 222 du TFUE (sur la clause de solidarité) n'ont toujours pas été exploitées; demande à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de valoriser ces instruments et de promouvoir leur mise en œuvre, et encourage les États membres à y recourir;

21.

salue la tenue d'une réunion du Conseil européen consacré à la défense en décembre 2013, et demande l'application des décisions qui y ont été prises; se réjouit du prochain débat en juin 2015; demande que des décisions ambitieuses soient prises lors de ce sommet, en particulier:

le lancement — à la lumière du réexamen du cadre stratégique de l'Union européenne — d'une réflexion stratégique sur les objectifs et les priorités dans le domaine de la sécurité et de la défense, qui expose les capacités et options requises pour approfondir la coopération en matière de défense, dans le but de mieux répondre aux menaces auxquelles font face les pays de l'Union européenne;

le renforcement de l'Agence européenne de défense en lui fournissant les ressources et l'élan politique nécessaires, de sorte qu'elle puisse jouer pleinement son rôle en coordonnant et en favorisant la coopération en matière d'armement;

la révision du mécanisme de financement Athena, dans le but de continuer à renforcer le financement commun des opérations militaires relevant de la PSDC, de sorte que des considérations financières ne nuisent pas à la capacité de l'Union de réagir aux crises et afin d'encourager les États membres à mobiliser rapidement des forces pour les opérations nécessaires de la PSDC et de garantir le partage de la charge entre les États membres;

la consolidation de la base industrielle et technologique de défense européenne, notamment par la coordination des budgets de la défense, l'harmonisation des conditions, la réduction du gaspillage et la création de synergies;

la résolution des problèmes existants dans les domaines de la planification et de l'exécution des opérations militaires, notamment par l'établissement de quartiers généraux militaires opérationnels permanents en étroite collaboration avec l'actuelle capacité civile de planification et de conduite (CPCC);

l'amélioration de l'efficacité des groupements tactiques de l'Union européenne et leur possibilité d'utilisation notamment par l'élaboration d'une stratégie modulaire, par la mise à disposition des fonds grâce au mécanisme Athena et, le cas échéant, par le déploiement des groupements tactiques lors de scénarios de gestion de crise;

22.

estime que les récentes attaques terroristes dans des pays de l'Union démontrent qu'il est de plus en plus difficile de séparer la sécurité intérieure de la sécurité extérieure, et demande aux États membres et aux institutions de l'Union de mieux coordonner leurs efforts dans ces domaines; demande aux États membres d'intensifier le partage de renseignements en matière de sécurité et d'utiliser les dispositifs existants de coordination au niveau européen; demande le renforcement de la coopération en matière de lutte contre le terrorisme dans les relations de l'Union avec les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, notamment par la formation et le renforcement des capacités dans le domaine de la sécurité, le partage d'informations et l'échange de bonnes pratiques; invite l'Union européenne et ses États membres à tout mettre en œuvre pour renforcer la coopération internationale destinée à prévenir et à combattre le terrorisme, et souligne le rôle important que doit jouer l'ONU dans ce domaine;

23.

demande que les ressources industrielles et technologiques nécessaires pour améliorer la cybersécurité soient développées, y compris via la création d'un marché unique des produits de cybersécurité; souligne la nécessité d'intégrer la cyberdéfense dans les actions extérieures et la PESC, et demande une coordination plus étroite avec l'OTAN en matière de cyberdéfense, l'objectif étant de mettre en place une cyberdissuasion afin de contrer et d'empêcher efficacement les attaques lancées dans le cyberespace; prie instamment les États membres de l'Union, le SEAE et la Commission de se concentrer sur les moyens de renforcer la résistance des infrastructures concernées; salue la stratégie de cybersécurité de l'Union; souligne la nécessité d'accroître considérablement les capacités de cyberdéfense des États membres; prie instamment l'Agence européenne de défense (AED) de renforcer la coordination en matière de cyberdéfense entre les États membres et invite les États membres à donner à l'AED les moyens d'atteindre cet objectif; invite la Commission à mettre à jour le règlement sur les biens à double usage afin d'éviter que des systèmes ne soient exportés vers ceux qui visent à nuire à la sécurité et aux grandes infrastructures de l'Union, et que des technologies de surveillance de masse ne parviennent à des régimes autoritaires; rappelle l'importance de veiller à un équilibre entre la protection des libertés numériques et la sécurité;

24.

demande la révision et la cohérence de la politique migratoire de l'Union; souligne la nécessité de traiter les causes profondes des migrations irrégulières, en intensifiant la coopération avec les pays de transit et les pays d'origine des flux migratoires grâce à toutes les politiques et à tous les instruments d'aide, y compris les politiques commerciales et de développement, l'aide humanitaire, la prévention des conflits, la gestion de crise, en conjonction avec la nécessité de renforcer les voies migratoires légales; demande à nouveau d'accroître l'aide humanitaire destinée aux pays qui accueillent des refugiés et de renforcer les programmes de protection régionaux, gérés en collaboration avec le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés près des régions d'origine des réfugiés; souligne que les questions relevant de la gestion de la migration devraient faire partie de l'action extérieure de l'Union et constituer une priorité de la coopération de l'Union avec ses voisins orientaux et méridionaux; rappelle que les pertes de vies humaines aux frontières de l'Union européenne doivent être évitées;

25.

souligne que l'énergie est de plus en plus utilisée comme outil de politique étrangère et rappelle que la coopération énergétique fait partie des fondements de l'intégration européenne; souligne qu'il importe de construire une Union européenne de l'énergie visant à renforcer la cohérence et la coordination entre la politique étrangère et la politique énergétique; souligne que la sécurité énergétique devrait s'inscrire dans la stratégie globale de l'action extérieure de l'Union européenne et considère que la politique énergétique doit être conforme aux autres priorités d'action de l'Union, dont la sécurité, la politique étrangère et de voisinage, le commerce et le développement ainsi que la défense et les droits de l'homme; à cet égard, souligne la nécessité de réduire considérablement la dépendance à l'égard de la Russie et de trouver d'autres sources d'énergie; invite la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et la Commission à analyser et à régler le problème du contrôle d'infrastructures par des entités extérieures à l'Union européenne, et notamment par des entreprises étatiques, des banques nationales ou des fonds souverains de pays tiers qui pénètrent le marché européen de l'énergie ou qui entravent la diversification, y compris dans le secteur nucléaire; souligne que les entreprises énergétiques non européennes doivent également être soumises aux règles de concurrence applicables au marché européen de l'énergie;

26.

salue la création du poste de vice-président de la Commission chargé de l'Union de l'énergie et la communication de la Commission sur une stratégie européenne en matière de sécurité énergétique; invite la Commission et les États membres à intensifier la coopération pour mettre en œuvre les actions à court terme et à long terme énumérées dans ladite stratégie; affirme la nécessité d'accroître la cohérence entre la politique étrangère de l'Union et les autres politiques revêtant une dimension extérieure, telles que la politique énergétique, et escompte des résultats dans ce domaine grâce à la nouvelle structure de la Commission, organisée en pôles; demande de nouvelles mesures pour assurer la compatibilité des objectifs en matière de sécurité énergétique avec d'autres objectifs poursuivis par l'Union européenne; demande à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de définir des priorités stratégiques de politique énergétique extérieure qui seront consacrées par les objectifs généraux de la politique étrangère, et de recourir plus systématiquement aux instruments de politique étrangère en matière de sécurité énergétique;

27.

estime qu'un mécanisme de solidarité devrait être mis en place pour faire face à d'éventuelles ruptures de l'approvisionnement énergétique; est convaincu qu'une infrastructure énergétique interconnectée devrait être développée et que l'ensemble du territoire de l'Union européenne devrait faire partie d'un réseau énergétique étendu à toute l'Union; souligne que les efforts de diversification de l'approvisionnement énergétique de l'Union doivent être accélérés afin de renforcer son indépendance énergétique; estime que le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique renforcera considérablement la crédibilité de l'action extérieure de l'Union; rappelle la caractère indispensable d'un marché intérieur de l'énergie opérationnel et qu'il est dans l'intérêt de l'Union de veiller à ce que les marchés internationaux de l'énergie soient stables et transparents et qu'ils obéissent à des règles internationales; invite la Commission à présenter une proposition de stratégie globale pour le renforcement de la sécurité de l'approvisionnement en ressources autres que les ressources énergétiques;

28.

salue l'attitude coopérative de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, désireuse de renforcer sa responsabilité devant l'institution; réaffirme la nécessité d'une consultation systématique et anticipée du Parlement européen, et en particulier de la commission des affaires étrangères de ce dernier, préalablement à l'adoption de stratégies en matière de politique étrangère et de mandats dans le domaine de la PSDC; demande au Conseil d'achever les négociations avec le Parlement européen sur le remplacement de l'accord interinstitutionnel de 2002 sur l'accès du Parlement à des informations sensibles du Conseil dans le domaine de la politique de sécurité et de défense; s'engage à intensifier la coopération avec les parlements nationaux au sein de la conférence interparlementaire pour la PESC, la PSDC et la COSAC afin d'être mieux préparé à en contrôler les ressources respectives;

Préserver et renforcer l'ordre politique et juridique européen

29.

souligne la nécessité de consolider l'Union européenne et de renforcer sa capacité d'intégration, qui constitue l'un des critères de Copenhague; réaffirme les perspectives d'élargissement pour tous les pays candidats et candidats potentiels en vertu de la déclaration de Thessalonique de 2003, pour autant que les critères de Copenhague soient respectés, et soutient la poursuite des négociations d'adhésion avec tous les pays candidats; soutient à cet égard la démarche de la Commission européenne qui aborde des réformes fondamentales dans le domaine de l'état de droit, de l'administration publique et de la gouvernance économique à un stade précoce du processus d'élargissement; rappelle que chaque pays sera jugé à l'aune de ses mérites et estime que dans les cas où l'Union européenne considère que le degré de conformité d'un pays candidat avec l'acquis de l'Union est satisfaisant, les négociations d'adhésion devraient être ouvertes ou se poursuivre, dans la mesure où de tels processus sont essentiels pour préserver la crédibilité de l'Union dans son ensemble; souligne l'importance de la coopération avec les pays candidats dans le domaine de la politique étrangère et insiste sur l'importance de leur conformité avec la PESC;

30.

juge nécessaire de définir une stratégie politique globale qui vise à rétablir l'ordre politique et juridique européen qui a été établi par l'acte final d'Helsinki de 1975 et lie tous les États européens, y compris la Russie; affirme que cet ordre se fonde sur le respect des droits de l'homme, des droits des minorités et des libertés fondamentales, de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale des États, ainsi que sur la résolution pacifique des conflits; juge indispensable de développer un dialogue constructif avec la Russie et d'autres États du voisinage européen en matière de coopération afin que cet ordre soit renforcé en tant qu'élément essentiel de la paix et de la stabilité en Europe, pour autant que la Russie respecte le droit international et respecte ses engagements vis-à-vis de la Géorgie, de la Moldavie et de l'Ukraine, et notamment qu'elle se retire de Crimée;

31.

juge nécessaire de définir une nouvelle stratégie de l'Union dans ses relations avec les pays du voisinage oriental sur la base de leurs mérites, de la différenciation et du principe qui consiste à donner plus pour recevoir plus; estime que la politique étrangère de l'Union doit avoir pour priorité de soutenir les pays désireux de se rapprocher de l'Union et que l'un des principaux moyens de contenir les ambitions de la Russie dans son voisinage consiste à investir dans l'indépendance, la souveraineté, le développement économique et la poursuite de la démocratisation de ces pays; se déclare attaché à la perspective européenne des voisins européens à l'est de l'Union et rappelle que, conformément à l'article 49 du TUE, ils peuvent, comme toute autre État européen, poser leur candidature à l'adhésion à l'Union pour autant qu'ils respectent les critères de Copenhague ainsi que les principes de la démocratie, les libertés fondamentales, les droits de l'homme et les droits des minorités, et qu'ils garantissent l'état de droit.

32.

salue la signature, la ratification par le Parlement européen et les parlements nationaux des pays concernés, et l'application provisoire des accords d'association, dont les accords de libre-échange approfondi et complet avec la Géorgie, la Moldavie et l'Ukraine, qui constituent une étape majeure pour la convergence politique et économique de ces pays vers l'Union; estime que ces pays devraient s'appuyer sur ce processus pour moderniser la gouvernance démocratique, renforcer l'état de droit, réformer l'administration publique et entreprendre des réformes économiques et structurelles, étapes majeures pour la convergence politique, économique, sociale et environnementale de ces pays vers l'Union; demande instamment une augmentation substantielle de l'aide politique, financière et technique apportée par l'Union pour soutenir ces réformes; exige néanmoins une stricte conditionnalité et la nécessité de garantir que les ressources dépensées seront justifiées et de parvenir à réduire la corruption; salue le déroulement et les résultats des élections législatives en Ukraine et en Moldavie qui se sont tenues respectivement en octobre et en décembre 2014 dans le respect des normes démocratiques internationales;

33.

demande le renforcement de la coopération avec les pays du voisinage oriental qui n'ont pas encore conclu d'accord d'association avec l'Union ou qui souhaitent approfondir et renforcer leurs relations dans différents contextes, y compris par la promotion d'une coopération bilatérale dans les domaines présentant un intérêt mutuel; rappelle néanmoins que l'aide de l'Union ne peut être efficace que si les pays partenaires jouent suffisamment le jeu, respectent les valeurs européennes et se conforment aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international;

34.

prie instamment la Russie d'honorer ses promesses et ses obligations légales, y compris celles qui figurent dans la charte de l'ONU, la charte de Paris, l'acte final d'Helsinki de l'OSCE, le mémorandum de Budapest et le traité d'amitié, de coopération et de partenariat entre la Russie et l'Ukraine; condamne vivement la violation du droit international par la Russie, à la suite de son intervention militaire et de la guerre hybride qu'elle mène contre l'Ukraine, qui a fait des milliers de morts parmi les militaires et la population civile, ainsi que de l'annexion illégale de la Crimée et des opérations de même nature vis-à-vis de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, qui sont des territoires de la Géorgie; met en lumière la détérioration alarmante du respect des droits de l'homme, de la liberté d'expression et de la liberté des médias en Crimée; exhorte la Russie à désenvenimer la situation, à retirer ses troupes du territoire ukrainien et à rétablir le statu quo préalable à l'annexion; salue les efforts déployés en vue d'un accord global conclu à Minsk le 12 février 2015 et demande que cet accord soit immédiatement et pleinement appliqué; rejette comme illégitimes les élections présidentielles et législatives organisées à Donetsk et Louhansk le 2 novembre 2014;

35.

soutient les sanctions adoptées par l'Union en réponse à l'agression russe contre l'Ukraine et souligne que lesdites sanctions sont évolutives et réversibles, en fonction surtout de l'application de l'accord de Minsk, mais qu'elles pourraient aussi être renforcées si la Russie ne respecte toujours pas ses obligations internationales; demande à la Commission de veiller à ce qu'elles soient appliquées de manière uniforme;

36.

souligne la nécessité pour l'Union et ses États membres de faire preuve de solidarité et de parler d'une seule voix dans leurs relations avec la Russie; invite les pays candidats à l'adhésion à harmoniser leur politique étrangère vis-à-vis de la Russie avec celle de l'Union; demande à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité d'élaborer d'urgence une stratégie commune à l'égard de la Russie afin d'obtenir de celle-ci qu'elle s'engage en faveur de la paix et de la stabilité en Europe y compris par le respect inconditionnel de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de ses voisins; estime que de bonnes relations entre la Russie et l'Union européenne, fondées sur le respect du droit international et des autres obligations internationales, profiteraient aux deux parties et espère que la Russie, en respectant le droit international, se montrera ouverte à une telle évolution;

37.

souligne la nécessité d'une stratégie européenne cohérente à l'égard des campagnes de désinformation et des activités de propagande menées par la Russie à l'intérieur comme à l'extérieure de l'Union européenne; prie instamment le SEAE et la Commission de présenter un plan d'action contenant des mesures concrètes pour contrer la propagande russe; demande, en la matière, une coopération avec le Centre d'excellence en matière de communication stratégique de l'OTAN;

38.

prie instamment les instances dirigeantes de l'Union européenne et les États membres de garantir la sécurité et la liberté des chrétiens et des autres minorités religieuses et ethniques qui, pris entre deux feux, sont de plus en plus discriminés et persécutés; demande au SEAE et aux États membres de veiller à ce que les futurs accords bilatéraux comportent des mécanismes efficaces de surveillance aux fins de la protection des droits de l'homme des minorités religieuses et de la bonne application des lignes directrices de l'Union européenne sur la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction;

Renforcer la sécurité et la stabilisation dans les pays du voisinage méridional

39.

souligne que l'Union doit réviser en profondeur sa politique à l'égard de ses voisins méridionaux, qui devrait comporter des ressources budgétaires suffisantes et prévoir la définition et la mise en place d'une stratégie globale au titre de laquelle les instruments et les ressources budgétaires limitées de l'Union serviraient prioritairement à aider les pays à bâtir des États ouverts à la diversité et opérationnels, aptes à assurer la sécurité de leurs citoyens, à faire face à l'extrémisme religieux et à consolider l'état de droit, préalable à l'investissement et au développement économique; souligne le potentiel inexploité des échanges entre les pays de la région; demande instamment une étroite coopération avec les autorités des pays concernés en matière de gestion des flux migratoires, dans le respect des droits de l'homme et du droit international;

40.

souligne que l'Union doit veiller au respect des conditions lorsqu'elle apporte une aide et un soutien, puisque les programmes d'aide et le soutien à la société civile ne peuvent être maintenus que si des conditions claires sont fixées au plus haut niveau politique;

41.

insiste pour que la stratégie révisée de l'Union à l'égard de ses voisins méridionaux soit basée sur la différenciation et le principe qui consiste à donner plus pour recevoir plus, en vertu duquel l'Union devrait apporter une aide supplémentaire aux gouvernements partenaires qui s'engagent sur le chemin de la démocratisation, et font des progrès tangibles dans cette voie, notamment la Tunisie, la Jordanie et le Maroc;

42.

déplore la récente détérioration des relations entre l'Union européenne et la Turquie et demande que de nouveaux efforts soient déployés pour favoriser un partenariat plus solide en vue de relever les défis communs en matière de sécurité et d'aide humanitaire au sud de la Méditerranée; exhorte en outre la Turquie à élaborer des réformes qui respecteront pleinement les normes des droits de l'homme, y compris la liberté de la presse, la démocratie, l'égalité et l'état de droit;

43.

prie instamment les autorités de l'Union de développer, en coopération étroite avec les États-Unis et avec la participation des grandes puissances (par exemple la Russie et la Chine), une stratégie qui pousserait les acteurs régionaux (dont la Turquie, l'Iraq, Israël, la Jordanie, l'Égypte, les gouvernements du Conseil de coopération du Golfe, l'Iran, la Ligue arabe et les forces kurdes) à s'unir pour mettre un terme aux guerres par procuration et cesser de financer les fondamentalistes et trouver une solution pour la paix et la stabilité dans la région, notamment en vue de mettre fin à la guerre en Syrie et en Iraq; souligne la nécessité de préserver l'intégrité territoriale et l'unité nationale de la Libye et demande instamment à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité d'encourager les acteurs régionaux à œuvrer davantage pour la médiation et le règlement du conflit, en étroite coordination avec l'ONU; se réjouit des négociations avec l'Iran actuellement menées par le groupe E3+3 et espère que celles-ci aboutiront à la conclusion d'un accord mutuellement acceptable garantissant le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien, et qu'elles permettront d'envisager la perspective à long terme d'une réintégration pleine et entière de l'Iran dans la communauté internationale; soutient l'engagement de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et de toutes les parties au processus de paix au Moyen-Orient à trouver au conflit touchant la région une solution globale, constructive, durable et viable pour les deux camps; souligne que l'absence de progrès vers l'adoption d'une solution négociée fondée sur la coexistence de deux États délimités par les frontières de 1967 ne mène qu'à de nouvelles violences et effusions de sang;

44.

se félicite que la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ait annoncé l'ouverture d'un bureau à Erbil, dans le Kurdistan iraquien, et prie instamment la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et le SEAE d'ouvrir ce bureau le plus rapidement possible; souligne que l'ouverture de ce bureau permettrait à l'Union européenne de recueillir des informations sur le terrain, d'améliorer son engagement auprès des acteurs locaux, de mieux évaluer et coordonner les interventions humanitaires et militaires et d'accroître sa notoriété dans la région;

45.

souhaite qu'un conseiller spécial soit nommé pour évaluer le bien-fondé de l'ouverture d'une représentation diplomatique permanente de l'Union européenne en Iran;

46.

estime que les activités criminelles et la violence barbare perpétrées par les groupes terroristes djihadistes du soi-disant État islamique (EI) et ceux qui lui sont associés représentent une menace majeure pour la région élargie du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, pour l'Europe, voire pour la paix et la stabilité mondiales; soutient la coalition mondiale contre l'EI et ses efforts pour lutter militairement contre cette organisation; salue les contributions des États membres de l'Union dans ce contexte et promeut le renforcement et l'efficacité de la coopération et du dialogue à l'échelle mondiale en vue de parvenir à une analyse commune de la menace; demande instamment l'intensification de la forte pression mondiale afin que les djihadistes soient privés de revenus pétroliers et que des sanctions strictes au niveau mondial soient appliquées sur les transactions financières dont ils sont les bénéficiaires; observe, dans ce contexte, que les ressources financières des groupes djihadistes proviennent également de certains pays arabes, auxquels l'Union devraient demander davantage de cohérence; souligne qu'il est urgent de lutter contre l'utilisation de l'internet par les groupes djihadistes à des fins de recrutement et de propagande; souligne la nécessité de renforcer à l'échelle internationale et au sein de l'Union la coopération visant à empêcher les extrémistes de se rendre en Syrie et en Iraq pour se joindre à la lutte djihadiste, y compris par des investissements dans des programmes nationaux de prévention de la radicalisation et de déradicalisation dans les États membres; appelle les États membres à prendre des mesures législatives, dans le cadre de leur système de droit pénal national, pour traduire en justice les combattants européens de retour dans leur pays; rappelle la nécessité d'une coopération et d'une coordination plus étroites entre la Turquie et l'Union européenne;

47.

exhorte les pays de la région à poursuivre la guerre contre le terrorisme et à s'abstenir de toute mesure susceptible de causer entre eux des tensions, des frictions et des crises et de créer des problèmes supplémentaires dans la lutte que mène la communauté internationale contre l'EI;

48.

condamne les violences brutales du régime de Bachar Al-Assad contre les citoyens syriens et demande d'accroître la pression pour déclencher une véritable transition politique en Syrie, notamment en renforçant le soutien apporté à l'opposition syrienne modérée;

49.

souligne que, dans de nombreux domaines, la politique extérieure de l'Union à l'égard de son voisinage méridional doit aussi faire le lien avec l'Afrique; estime que l'Afrique, en particulier la région du Sahel et du Sahara, est confrontée à une menace stratégique, à laquelle l'Union doit répondre de façon appropriée, notamment par des mesures dans les domaines du développement économique, de la démocratie, de l'état de droit, de l'éducation et de la sécurité; note le renforcement constant des activités criminelles des terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Al-Mourabitoun issu de la fusion entre le Mouvement pour l’unification et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et la brigade des hommes masqués de Mokhtar Belmokhtar, et de Boko Haram; souligne la nécessité de suivre les recommandations figurant dans la stratégie européenne pour la sécurité et le développement au Sahel et invite la Commission à réaliser une évaluation de cette stratégie;

50.

souligne l'importance de la Jordanie et du Liban en tant que partenaires stables au Moyen-Orient; rappelle que ces deux pays sont confrontés à un afflux croissant de réfugiés, qui pose d'immenses problèmes socioéconomiques; se félicite de l'assistance que les pays voisins prêtent sans relâche aux réfugiés d'Iraq et de Syrie; prie instamment les autorités de l'Union à engager une action mondiale associant notamment les pouvoirs régionaux afin d'accroître massivement l'aide humanitaire aux civils touchés par le conflit en Syrie et en Iraq et par les violences perpétrées par l'EI, en particulier afin de soutenir les réfugiés et de fournir un soutien financier direct aux pays de la région qui accueillent des réfugiés;

51.

prie instamment l'Union européenne de s'assurer que la coopération avec les pays tiers en matière de lutte contre le terrorisme respecte l'état de droit et les droits de l'homme universels;

Renforcer un ordre mondial coopératif et fondé sur des règles

52.

est convaincu que les États-Unis sont un partenaire stratégique essentiel de l'Union et promeut, entre ces deux ensembles, une coordination plus étroite, d'égal à égal, dans le domaine de la politique étrangère européenne, de sorte que le droit international soit respecté et que des stratégies communes soient adoptées contre les problèmes qui se posent dans le voisinage de l'Union et à l'échelle mondiale; souligne le caractère stratégique du partenariat transatlantique de commerce et d'investissement, qui a le potentiel d'inciter les partenaires transatlantiques à fixer des normes en matière d'emploi, de santé, d'environnement et de propriété intellectuelle, et à renforcer la gouvernance au niveau mondial; demande à cet égard davantage d'ouverture et de transparence dans les négociations et souhaite que toutes les parties concernées soient associées à tous les stades du processus; estime que l'Amérique latine est un partenaire important de l'Union européenne et qu'il convient de définir plusieurs modalités de coopération transatlantique triangulaire;

53.

souligne la nécessité de développer avec plusieurs pays une coopération et des partenariats stratégiques accompagnés d'un programme clair, et de réexaminer les partenariats stratégiques actuels à la lumière des effets produits par leurs politiques;

54.

salue les conclusions du sommet de l'OTAN de septembre 2014 qui s'est tenu au pays de Galles et demande qu'elles soient suivies d'effet; est convaincu que la coopération entre l'Union et l'OTAN devrait être renforcée et qu'il faudrait parvenir à une planification et à une coordination plus étroites entre la défense intelligente de l'OTAN et la mutualisation et le partage des capacités de l'Union en vue d'utiliser au mieux les ressources limitées qui sont disponibles; rappelle la nécessité de respecter les politiques de sécurité des États membres de l'Union qui ne sont pas membres de l'OTAN;

55.

souligne la nécessité d'une stratégie européenne, en coordination avec les États-Unis, sur la manière de partager avec la Russie, la Chine, l'Inde et d'autres puissances majeures la responsabilité en matière de paix et de stabilité de l'ordre politique et économique mondial; souligne l'importance d'approfondir les relations avec les États pivots d'Asie, ainsi qu'avec les organisations régionales telles que l'ANASE au titre de cette stratégie;

56.

invite la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité à renforcer la politique étrangère de l'Union vis-à-vis de l'Asie, et plus particulièrement de la Chine et de l'Inde; demande instamment à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de veiller à ce que des sommets bilatéraux avec la Chine et l'Inde soient organisés une fois par an et produisent des résultats tangibles;

57.

souligne que la paix et la stabilité dans la région Asie-Pacifique, en particulier dans les régions de la mer de Chine méridionale et de la mer de Chine orientale, revêtent une importance capitale pour l'Union européenne; prie instamment toutes les parties concernées dans la région de résoudre leurs différends de façon pacifique, conformément au droit international, et de coopérer entre elles pour exploiter les ressources naturelles et marines; préconise l'élaboration et la promotion de politiques européennes à la lumière des stratégies de prévention active et de résolution pacifique des conflits; estime que le maintien de la croissance et de la prospérité en Asie de l'Est présente un intérêt substantiel pour l'Union européenne; insiste sur la nécessité de renforcer le partenariat économique entre l'Union et les pays d'Asie-Pacifique de manière globale, afin de préserver la paix, la stabilité et la prospérité à long terme; se félicite des améliorations encourageantes observées dans les relations entre les deux rives du détroit de Taïwan au cours des six dernières années et demande à toutes les parties de prendre des mesures supplémentaires pour faciliter l'évolution pacifique de ces relations;

58.

appelle la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et les États membres de l'Union à redonner une forte impulsion à la politique européenne de contrôle des armes et de désarmement nucléaire; salue le réexamen à venir par l'ONU du traité de non-prolifération, qui est une avancée majeure vers la paix et la sécurité internationales et presse les États membres de se montrer coordonnés et volontaristes pendant les négociations; salue l'entrée en vigueur du traité sur le commerce des armes et demande son application effective et intégrale; demande la création d'une autorité européenne pour le commerce des armes, chargée d'aider les États membres à interpréter les normes établies par la position commune de l'Union sur les exportations d'armes et à veiller au respect strict et systématique de ces normes; souligne la nécessité d'améliorer les contrôles a posteriori de l'utilisation des armes exportées;

59.

affirme que l'Union européenne, qui a déjà obtenu des résultats concrets dans le passé dans le domaine de la lutte contre la peine de mort, doit s'engager plus résolument; demande aux institutions et aux États membres de maintenir et de renforcer leur engagement et leur volonté politique pour cette cause aux fins d'une abolition définitive de la peine de mort dans le monde;

60.

affirme une nouvelle fois la nécessité de réformer le Conseil de sécurité de l'ONU de sorte qu'il reflète mieux les réalités du monde d'aujourd'hui; prie instamment la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de faire de cette initiative une priorité et de lancer un débat européen sur la réforme du Conseil de sécurité; rappelle à cet égard que l'Union européenne devrait devenir membre à part entière de l'ONU;

61.

rappelle que l'Union européenne doit jouer un rôle de premier plan pour promouvoir la signature et la ratification universelles du statut de Rome de la Cour pénale internationale, et pour continuer à renforcer et à soutenir la Cour pénale internationale;

62.

rappelle que l'Union européenne a pris l'engagement ferme de lutter contre l'impunité et de promouvoir l'universalité du statut de Rome instituant la Cour pénale internationale; salue la ratification récente du statut de Rome par la Palestine;

63.

demande l'élaboration, à l'échelon de l'Union, d'une stratégie cohérente de sécurité climatique axée sur les conséquences stratégiques et politiques du changement climatique, de sorte que l'Union puisse se préparer à l'instabilité politique provoquée par ce phénomène et y réagir et que la coopération avec les pays en développement et les pays les plus touchés par les effets du changement climatique fassent l'objet d'une attention particulière; mesure l'importance du prochain sommet de Paris sur le changement climatique; demande au SEAE d'axer prioritairement la diplomatie sur les objectifs climatiques afin de susciter l'adhésion à une accord puissant et global; demande la tenue d'un débat sur une stratégie tournée vers l'avenir pour traiter les migrations découlant du changement climatique.

64.

invite l'Union et ses États membres à contribuer de manière positive et coordonnée à l'élaboration du programme de développement pour l'après-2015, et souligne le rôle important que joue la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour garantir l'influence de l'Union européenne dans les négociations; souligne que le nouveau programme devrait mettre l'accent sur les causes structurelles de la pauvreté, des inégalités et des violences en prévoyant le renforcement d'institutions efficaces, plurielles et démocratiques, de la bonne gouvernance et de l'état de droit;

o

o o

65.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente et haute représentante de l'Union pour la politique étrangère et de sécurité commune, au Conseil et à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres de l'Union européenne, au secrétaire général de l'ONU, au secrétaire général de l'OTAN, au président de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, au président en exercice de l'OSCE, au président de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, au président du Comité des ministres du Conseil de l'Europe et au président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/141


P8_TA(2015)0076

Rapport annuel sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2013 et sur la politique de l'Union européenne en la matière

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 concernant le rapport annuel 2013 sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde et la politique de l'Union européenne en la matière (2014/2216(INI))

(2016/C 316/18)

Le Parlement européen,

vu la déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que les autres traités et instruments des Nations unies en faveur des droits de l'homme,

vu la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant ainsi que sa résolution du 27 novembre 2014 sur le 25e anniversaire de cette convention (1),

vu la déclaration du millénaire des Nations unies du 8 septembre 2000 (2), le programme de développement des Nations unies pour l’après-2015 et les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies,

vu la Convention européenne des droits de l'homme,

vu les articles 2, 3 et 21 du traité sur l'Union européenne (traité UE),

vu l'article 207 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE),

vu la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu le cadre stratégique et le plan d'action de l'Union européenne en faveur des droits de l'homme et de la démocratie (3), adoptés par le Conseil des affaires étrangères le 25 juin 2012,

vu le rapport annuel de l'Union européenne sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2013, adopté par le Conseil le 23 juin 2014,

vu le rapport annuel sur les principaux aspects et les choix fondamentaux de la PESC en 2013, approuvé par le Conseil le mardi 22 juillet 2014,

vu le rapport annuel 2014 de la Commission sur les politiques de l'Union européenne en matière de développement et d'aide extérieure et leur mise en œuvre en 2013 (COM(2014)0501), adopté le 13 août 2014, et les documents qui l'accompagnent,

vu sa résolution du 11 décembre 2013 sur le rapport annuel sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2012 et la politique de l'Union européenne en la matière (4),

vu les lignes directrices de l'Union européenne en matière de droits de l'homme,

vu les conclusions du Conseil du 23 juin 2014 sur le dixième anniversaire des lignes directrices de l'Union sur les défenseurs des droits de l'homme,

vu sa résolution sur la politique de l'Union européenne en faveur des défenseurs des droits de l'homme adoptée le 17 juin 2010 (5),

vu ses résolutions d'urgence concernant les cas de violation des droits de l'homme, de la démocratie et de l'état de droit,

vu sa résolution du 13 mars 2014 sur les priorités de l'Union pour la 25e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (6),

vu sa recommandation du 2 avril 2014 à l'intention du Conseil sur la 69e session de l'Assemblée générale des Nations unies (7),

vu sa résolution du 17 novembre 2011 sur le «soutien de l’UE à la CPI: être à la hauteur des enjeux et surmonter les difficultés» (8),

vu sa résolution du 17 juillet 2014 sur le crime d'agression (9),

vu sa résolution du 7 juillet 2011 sur les politiques extérieures de l'Union européenne en faveur de la démocratisation (10),

vu sa résolution du jeudi 13 juin 2013 sur la liberté de la presse et des médias dans le monde (11),

vu la communication conjointe de la Commission et de la Vice-présidente de la Commission/Haute représentante de l'Union pour les relations extérieures et la politique de sécurité du 8 mars 2011, intitulée «Un partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée» (COM(2011)0200),

vu la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies du 20 décembre 2012 sur un moratoire sur l'application de la peine de mort (12),

vu sa résolution du 11 mars 2014 sur l'éradication de la torture dans le monde (13),

vu sa résolution du 17 juin 2010 sur la mise en œuvre du règlement (CE) no 1236/2005 du Conseil concernant le commerce de certains biens susceptibles d'être utilisés en vue d'infliger la peine capitale, la torture ou d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (14),

vu les résolutions 1325, 1820, 1888, 1889 et 1960 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité,

vu le rapport 2011 sur les indicateurs de l'Union européenne pour l'approche globale de la mise en œuvre par l'Union européenne des résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité des Nations unies concernant les femmes, la paix et la sécurité, adopté par le Conseil le 13 mai 2011,

vu les principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme: mise en œuvre du cadre de référence «protéger, respecter et réparer» des Nations unies, approuvés par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies dans sa résolution 17/4 du 16 juin 2011,

vu le guide sectoriel TIC (technologies de l'information et de la communication) sur la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme publié par la Commission le 17 juin 2013,

vu la résolution du Conseil des droits de l'homme de l'ONU du 26 juin 2014 appelant à la création d'un groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée dont le mandat sera d'«élaborer un instrument international juridiquement contraignant pour réglementer, dans le cadre du droit international des droits de l'homme, les activités des sociétés transnationales et autres entreprises»,

vu sa résolution du 25 novembre 2010 sur la responsabilité sociale des entreprises dans les accords commerciaux internationaux (15),

vu sa résolution du 14 février 2006 sur la clause relative aux droits de l'homme et à la démocratie dans les accords de l'Union européenne (16),

vu sa résolution du 25 novembre 2010 sur les droits de l'homme et les normes sociales et environnementales dans les accords commerciaux internationaux (17),

vu sa résolution du 25 novembre 2010 sur les politiques commerciales internationales dans le cadre des impératifs dictés par les changements climatiques (18),

vu les conclusions du Conseil du 14 mai 2012 intitulées «Accroître l'impact de la politique de développement de l'UE: un programme pour le changement»,

vu sa résolution du 25 novembre 2014 sur l'Union et le cadre du développement mondial pour l'après-2015 (19),

vu sa résolution du 10 octobre 2013 sur la discrimination fondée sur la caste (20),

vu la communication conjointe de la Commission et de la Vice-présidente de la Commission/Haute représentante de l'Union pour les relations extérieures et la politique de sécurité du 5 mars 2014, intitulée «Pour une approche intégrée au niveau de l'Union de l'approvisionnement responsable en minerais originaires de zones de conflit ou à haut risque» (JOIN(2014)0008),

vu la convention des Nations unies contre la corruption (CNUCC),

vu sa résolution du 8 octobre 2013 sur la corruption dans les secteurs public et privé: incidences sur les droits de l'homme dans les pays tiers (21),

vu les conclusions du Conseil du 12 mai 2014 sur l'approche globale de l'UE,

vu sa recommandation du 18 avril 2013 à l'intention du Conseil sur le principe onusien de la responsabilité de protéger (R2P) (22),

vu les articles 52 et 132, paragraphe 2, de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires étrangères et les avis de la commission du développement ainsi que de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (A8-0023/2015),

A.

considérant que l'article 21 du traité UE renforce encore les engagements de l'Union pour l'élaboration d'une politique étrangère et de sécurité commune fondée sur les principes de la démocratie, de l'état de droit, de l'universalité et de l'indivisibilité des droits de l'homme et des libertés fondamentales, sur le respect de la dignité humaine, les principes d'égalité et de solidarité, le principe de promotion du droit et de la justice internationaux et le respect des principes de la charte des Nations unies, de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et du droit international; considérant que conformément à l'article 6 du traité UE «l'Union adhère à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales»;

B.

considérant que l'article 207 du traité FUE dispose que la politique commerciale de l'Union est fondée sur les principes et objectifs de l'action extérieure de l'Union;

C.

considérant que le respect, la promotion et la sauvegarde de l'universalité et de l'indivisibilité des droits de l'homme sont des pierres angulaires de la politique étrangère et de sécurité de l'Union; considérant que l'universalité des droits de l'homme est remise en question avec force par un certain nombre de régimes totalitaires, notamment dans les forums multilatéraux;

D.

considérant que plus de la moitié de la population mondiale vit encore sous des régimes non démocratiques et que la liberté a reculé constamment au niveau mondial ces dernières années;

E.

considérant que les régimes démocratiques ne se définissent pas uniquement par la tenue d'élections, mais aussi par le respect de l'état de droit, la liberté d'expression, le respect des droits de l'homme, l'indépendance du système judiciaire et une administration impartiale;

F.

considérant qu'une cohérence accrue entre les politiques internes et externes de l'Union en matière de démocratie et de droits de l'homme permettra de renforcer la crédibilité de l'Union dans ses relations extérieures et sur la scène internationale;

G.

considérant que la nouvelle vice-présidente de la Commission/Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) a déclaré que les droits de l'homme seraient l'une de ses principales priorités et qu'elle compte les utiliser comme critère de référence pour toutes les relations avec des pays tiers; considérant qu'elle a également réaffirmé l'engagement de l'Union à promouvoir les droits de l'homme dans tous les domaines des relations extérieures «sans exception»; considérant que l'adoption du nouveau plan d'action de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie et le renouvellement du mandat du représentant spécial de l'Union pour les droits de l'homme seront au programme de l'Union au début de l'année 2015;

H.

considérant que, le 23 juin 2014, le Conseil a adopté le rapport annuel de l'Union européenne sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2013, couvrant la première année complète de mise en œuvre du cadre stratégique et du plan d'action de l'Union européenne en matière de droits de l'homme et de démocratie; considérant que 2013 a aussi été la première année complète du nouveau mandat du représentant spécial de l'Union pour les droits de l'homme; considérant que la personne exerçant ces fonctions devrait aider l'Union à coordonner ses actions afin d'améliorer la clarté et la visibilité de son travail de promotion du respect des droits de l'homme à travers le monde, et plus particulièrement des droits de la femme;

I.

considérant que le rapport de l'Union sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2013 et les événements survenus après la fin de la période couverte par ce rapport rappellent avec force les graves conséquences humaines du non-respect des droits de l'homme; considérant que le non-respect des droits de l'homme dans les pays tiers entraîne des conséquences néfastes pour l'Union lorsque le non-respect des droits de l'homme et l'absence de participation démocratique légitime provoquent l'instabilité, l'émergence d'États défaillants, des crises humanitaires et des conflits armés, phénomènes auxquels l'Union est tenue de réagir;

J.

considérant que l'engagement de l'Union européenne en faveur d'un multilatéralisme efficace, centré sur l'ONU, fait partie intégrante de la politique extérieure de l'Union et est fondé sur la conviction qu'un système multilatéral reposant sur des règles et des valeurs universelles est le mieux adapté pour faire face aux crises, aux menaces et aux défis mondiaux;

K.

considérant que l'Union et ses États membres sont des alliés résolus de la Cour pénale internationale (CPI) depuis sa création, qu'ils lui ont apporté un soutien financier, politique, diplomatique et logistique tout en promouvant l'universalité du statut de Rome et en défendant son intégrité dans le but de renforcer l'indépendance de la Cour;

L.

considérant que, dans sa résolution du 17 juillet 2014, le Parlement a affirmé une nouvelle fois son soutien résolu en faveur de l'adoption des amendements de Kampala au statut de Rome de la CPI, y compris l'amendement relatif au crime d'agression, et qu'il a invité tous les États membres de l'Union à ratifier ces amendements et à les intégrer à leur législation nationale; considérant que l'amendement relatif au crime d'agression favorisera le respect de l'état de droit à l'échelle internationale, ainsi que la paix et la sécurité dans le monde, en exerçant un effet dissuasif apte à décourager le recours illégal à la force et en participant de manière proactive à la prévention de tels crimes et à la consolidation d'une paix durable;

M.

considérant que le thème principal de la 59e session de la Commission de la condition de la femme de l'ONU, qui se tiendra à New York du 9 au 20 mars 2015, sera le suivi de la déclaration et du programme d'action de Pékin, y compris les défis actuels qui entravent sa mise en œuvre et donc la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes et le renforcement de l'autonomie des femmes, et qui limitent également les possibilité de réaliser l'égalité entre les hommes et les femmes et le renforcement de l'autonomie des femmes dans le programme d'objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) post-2015;

N.

considérant que l'éducation primaire gratuite pour tous les enfants est un droit fondamental prévu par la Convention internationale des droits de l'Enfant des Nations unies de 1989; considérant que l'éducation des enfants et des adultes aide à réduire la pauvreté, la mortalité infantile et à promouvoir les bonnes pratiques environnementales; considérant que l'accès à l'éducation pour tous est intrinsèquement lié à l'objectif OMD d'égalité des sexes notamment en termes d'achèvement du cycle primaire; considérant que cet objectif est loin d'être atteint;

O.

considérant qu'en période de conflit armé, les femmes et les enfants font partie des groupes les plus vulnérables de la société, auxquels s'ajoutent les femmes et les enfants réfugiés, les demandeurs d'asile et les apatrides et que les risques auxquels sont exposées les adolescentes déplacées lors de crises humanitaires sont exacerbés;

P.

considérant qu'aucune forme de discrimination et de violence à l'égard des femmes, y compris les abus sexuels, les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les prétendus «crimes d'honneur», l'exploitation sexuelle des femmes à des fins commerciales et la violence domestique, ne saurait être, en aucun cas, justifiée par quelque approche politique, sociale, religieuse ou culturelle que ce soit ni par des traditions populaires ou tribales;

Q.

considérant qu'il existe un lien manifeste entre la corruption et les violations des droits de l'homme; considérant que la corruption dans les secteurs public et privé perpétue et aggrave les inégalités et les discriminations, et qu'elle empêche par conséquent l'égalité dans l'exercice des droits civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels; considérant qu'il est établi que les actes de corruption sont souvent associés à des violations des droits de l'homme, à un abus de pouvoir et à un manque de responsabilité;

R.

considérant que les droits du travail et les droits syndicaux sont gravement menacés dans le monde entier, tandis que le mode de fonctionnement des entreprises a un impact profond sur les droits des travailleurs, des communautés et des consommateurs en Europe et en dehors de celle-ci; considérant que la législation internationale en matière de droits de l'homme impose aux États l'obligation de protéger les droits de l'homme, de veiller à ce que les activités des entreprises relevant de leur juridiction ne violent pas les droits de l'homme et de faire en sorte que les victimes disposent de moyens de recours effectifs;

S.

considérant que le monde des entreprises a un rôle important à jouer dans la promotion des droits de l'homme, que ces efforts sont fortement souhaitables et qu'ils doivent bénéficier du soutien des institutions publiques dans le monde entier; considérant que la promotion des droits de l'homme devrait être considérée comme une plate-forme de coopération entre le secteur public et le secteur privé;

T.

considérant que le système des préférences communautaires Plus (GSP +) accordé aux pays tiers requiert une clause de respect des conventions internationales relatives aux droits de l'homme et au droit du travail;

U.

considérant que l'article 16 de la déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) déclare qu'à partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille, et qu'ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution et que le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux;

V.

considérant que l'article 14 de la DUDH reconnaît le droit de chaque personne, face à la persécution, de chercher asile dans d'autres pays; considérant que la convention des Nations unies relative au statut des réfugiés affirme clairement que tous les réfugiés ont droit à une protection particulière, et qu'aucun État ne peut expulser un réfugié vers un territoire où il risque de subir des persécutions ou dans lequel sa vie ou sa liberté serait menacée;

W.

considérant que l'article 18 de la DUDH reconnaît la liberté de pensée, de conscience et de culte; considérant que le nombre d'incidents touchant à la liberté de culte ou de croyance a fortement augmenté, notamment du fait du nombre croissant de conflits présentant une dimension religieuse;

X.

considérant que l'article 25 de la DUDH reconnaît le droit de toute personne à un «niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille», la maternité et l'enfance ayant droit à une aide et à une assistance spéciales, notamment pour les soins médicaux; considérant que la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, traité relatif aux droits de l'homme le plus largement ratifié, célèbre son 25e anniversaire; considérant que la résolution 26/28 du CDH demande à ce que la prochaine réunion du Forum social concentre son attention sur la question de l'accès aux médicaments dans le contexte du droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible; considérant que la constitution de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que la possession du meilleur état de santé qu'il est possible d'atteindre constitue l'un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale;

Y.

considérant que les effets du changement climatique, comme l'augmentation des températures, la hausse du niveau des mers et les conditions météorologiques extrêmes vont intensifier les risques d'instabilité mondiale et, par conséquent, le risque de graves violations des droits de l'homme;

Z.

considérant que l'accès à un approvisionnement en eau potable et à des services d'assainissement est un droit humain qui découle du droit à un niveau de vie adéquat et qu'il est indissociable du droit au meilleur état de santé physique et mentale possible et du droit à la vie et à la dignité humaine; considérant qu'environ 2,6 milliards de personnes, soit la moitié du monde en développement, ne disposent même pas de simples «latrines améliorées» et que 1,1 milliard de personnes n'ont aucun accès à l'eau potable;

AA.

considérant que le présent rapport, bien que rédigé en réponse au rapport annuel de l'Union sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2013, adopté par le Conseil, constitue une analyse prospective des activités de l'Union dans ce domaine de politique; considérant que le Parlement européen, dans ses résolutions sur les précédents rapports annuels et sur le réexamen de la stratégie de l'Union en matière de droits de l'homme, a souligné la nécessité de poursuivre la réflexion relative à ses propres pratiques en matière d'intégration systématique des droits de l'homme dans ses activités, de suivi de ses résolutions d'urgence sur les violations de la démocratie, des droits de l'homme et de l'état de droit ainsi que du suivi du respect des clauses démocraties et droits de l'homme dans tous les accords conclus par l'UE avec des pays tiers;

Rôle central des droits de l'homme dans les politiques extérieures de l'Union

1.

rappelle que le préambule de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne affirme que l'Union «place la personne et la dignité humaine au cœur de son action»;

2.

invite les institutions et les États membres de l'Union à mettre les droits de l'homme au cœur des relations de l'Union avec tous les pays tiers, y compris ses partenaires stratégiques, et au cœur de toutes les déclarations et réunions de haut niveau; souligne l'importance d'une mise en œuvre efficace, systématique et cohérente de la politique européenne en matière de droits de l'homme, dans le respect des obligations claires définies à l'article 21 du traité UE et dans le cadre stratégique de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie; félicite la nouvelle vice-présidente de la Commission/Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) pour avoir affirmé ouvertement son engagement résolu en faveur de la mise en œuvre de ces principes;

3.

souligne l'importance pour les États membres de parler d'une même voix en faveur de l'indivisibilité, de l'inviolabilité et de l'universalité des droits de l'homme et, en particulier, en faveur de la ratification de tous les instruments internationaux en matière de droits de l'homme établis par les Nations unies; invite l'Union européenne à défendre l'indivisibilité et l'inviolabilité des droits de l'homme, y compris des droits inscrits dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, conformément à l'article 21 du traité UE; invite l'Union à continuer de promouvoir les normes internationales en matière de droits de l'homme en tant que fondement de sa collaboration avec les pays tiers et les organisations régionales, tant au niveau des dialogues politiques que des dialogues relatifs aux droits de l'homme et des négociations commerciales;

4.

salue la décision de la Commission de mettre l'état de droit au cœur du processus d'élargissement; exhorte l'Union à suivre de près la mise en œuvre des dispositions de protection des droits de l'homme et des droits des personnes appartenant à des minorités tout au long du processus d'élargissement;

5.

met cependant en garde contre les conséquences indésirables d'une extension continue de la liste des droits de l'homme et de l'inclusion d'aspects idéologiquement ou politiquement controversés, qui pourraient finalement saper le soutien généralisé en faveur de l'idée même du caractère universel et indivisible des droits de l'homme;

6.

souligne qu'en plus des souffrances humaines, l'Union devrait également tenir compte de l'ensemble des conséquences du non-respect des droits de l'homme, lorsque le non-respect des droits de l'homme et l'absence de participation démocratique légitime provoquent l'instabilité, la corruption, l'émergence d'États défaillants, des crises humanitaires ou des conflits armés, autant de phénomènes qui entravent les efforts de l'Union dans sa politique de développement et auxquels l'Union ou ses États membres sont tenus de réagir dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité; se félicite à cet égard des efforts récents de l'Union visant à inclure les violations des droits de l'homme dans son tableau d'alerte précoce pour la prévention des crises; demande toutefois une action préventive plus forte et prie instamment la VP/HR, la Commission et les États membres de développer un élément de prévention des crises basé sur les droits de l'homme qui devrait être ajouté à l'approche globale de l'Union envers les conflits et les crises externes et qui devrait être intégré à la prochaine stratégie européenne révisée pour la sécurité;

7.

estime que l'Union et ses délégations devraient être attentives aux signes précurseurs susceptibles de révéler des risques de conflits et de catastrophes humanitaires, comme la répression des minorités et les violations des droits de l'homme; demande à l'Union d'élaborer des bonnes pratiques en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme après la survenue d'une catastrophe ou après un conflit, en étant particulièrement attentive aux personnes handicapées, aux femmes, aux enfants et aux autres catégories vulnérables de la population, en communiquant des statistiques et en adoptant des mesures pertinentes contenant des références concrètes aux personnes handicapées, la disponibilité de plans de réduction des risques de catastrophes incluant ces personnes, la formation de tout le personnel de service concerné, ainsi que la proportion d'abris d'urgence et de sites de secours accessibles aux sinistrés, en veillant à ce que les droits de l'homme soient intégrés aux efforts d'assistance et de reconstruction, dans le respect des principes d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance, et en veillant également à ce que l'aide humanitaire réponde aux besoins réels;

8.

encourage l'Union à assurer des synergies entre les opportunités de soutien offertes par l'instrument de stabilité, l'instrument financier pour la démocratie et les droits de l'homme (IEDDH) et le Fonds européen pour la démocratie;

9.

exprime sa profonde préoccupation face à l'augmentation des violations graves des droits de l'homme liées au terrorisme dans le monde entier; renvoie à un rapport de 2014 indiquant une augmentation de 62 % des activités terroristes entre 2012 et 2013 et une augmentation de 15 à 24 du nombre de pays victimes d'actes de terrorisme ayant fait plus de 50 morts; prie instamment la VP/HR et le Service européen pour l'action extérieure (SEAE), au vu de l'augmentation de l'activité terroriste, de coopérer plus efficacement avec les gouvernements pour lutter contre toutes les formes de terrorisme;

10.

affirme que la dénégation des génocides et d'autres crimes contre l'humanité et les actes de racisme, de xénophobie ou de haine religieuse constituent des violations manifestes des droits de l'homme et des libertés fondamentales et doivent par conséquent être condamnés;

11.

invite la HR/VP Frederica Mogherini et les ministres des affaires étrangères de l'Union à mettre régulièrement à l'ordre du jour du Conseil des affaires étrangères la discussion des efforts déployés par l'Union pour obtenir la libération des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes, des militants politiques et d'autres personnes qui exercent leurs droits de façon pacifique;

Le rapport annuel de l'Union sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en tant qu'outil de compte rendu pour la politique européenne en matière de droits de l'homme et de démocratie

12.

se félicite de l'adoption par le Conseil du rapport annuel de l'Union européenne sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2013; invite la nouvelle VP/HR à s'engager à participer à l'avenir à deux débats annuels en session plénière consacrés à la politique européenne en matière de droits de l'homme et de démocratie afin de présenter le rapport de l'Union et de réagir au rapport du Parlement;

13.

regrette que la Commission n'ait formulé aucune réponse écrite à la résolution du Parlement précitée sur le rapport annuel sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2012 et considère que ces réponses écrites sont d'une extrême importance pour la coopération interinstitutionnelle à ce sujet et ne peuvent pas être remplacées par le débat en plénière, qui laisse moins de temps pour la réflexion et pour répondre de manière systématique à tous les points soulevés par le Parlement;

14.

félicite le SEAE et la Commission pour leurs rapports clairs et complets sur les mesures prises par l'Union au cours de la période sous revue; réitère toutefois son avis selon lequel les rapports par pays, en particulier, devraient donner une vue d'ensemble des tendances positives et négatives importantes et permettre d'évaluer l'efficience de l'action de l'Union; observe que des comptes rendus publics plus approfondis, fondés notamment sur les priorités et indicateurs définis dans les stratégies par pays de l'Union en matière de droits de l'homme, jusqu'à présent confidentielles, encourageraient une plus grande cohérence dans l'application de la conditionnalité aux droits de l'homme ou dans l'évaluation de l'incidence des politiques de l'Union sur les droits de l'homme;

15.

reste convaincu que les institutions de l'Union devraient s'efforcer ensemble d'améliorer le format du rapport annuel sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde afin de lui permettre de toucher un large public tout en conservant son caractère exhaustif de rapport de mise en œuvre du cadre stratégique et du plan d'action de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie; affirme une nouvelle fois sa volonté de participer à une coopération active et constructive entre les institutions de l'Union européenne dans la préparation des rapports futurs; rappelle sa demande d'inclure, dans le rapport annuel, un chapitre consacré à la mise en œuvre des plans d'action par les États membres;

Mise en œuvre du cadre stratégique et du plan d'action de l'Union

16.

exprime une nouvelle fois son appréciation du cadre stratégique et du plan d'action de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie adoptés par le Conseil en 2012, qui constituent une étape majeure et une avancée dans l'élaboration des politiques et qui confirment à nouveau l'engagement de l'Union envers son obligation, au titre du traité, d'intégrer les droits de l'homme à toutes les politiques externes de l'Union «sans exception»';

17.

rappelle que les droits de l'homme sont devenus une composante essentielle de l'action extérieure de l'Union et un véritable élément de son identité dans ses relations bilatérales, multilatérales et institutionnelles;

18.

apprécie les efforts déployés par le SEAE et la Commission pour rendre compte au Parlement européen de la mise en œuvre du premier plan d'action de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie; invite la VP/HR et le SEAE à associer les États membres, la Commission, le Parlement, la société civile et les organisations régionales et internationales à l'analyse et aux consultations menant à l'adoption d'un nouveau plan d'action qui devrait prendre effet au début de l'année 2015; accueille favorablement les discussions visant à mieux définir les priorités des objectifs du nouveau plan d'action et à améliorer la lisibilité, l'efficacité et la cohérence de cet outil de la politique extérieure de l'Union européenne, mais met en garde contre une restriction de la portée du plan d'action et une baisse des ambitions en termes d'intégration systématique des droits de l'homme dans tous les domaines de politique de l'Union;

19.

encourage la nécessaire appropriation de la politique extérieure de l'UE en matière de droits de l'homme et de ses différents outils par tous les acteurs de l'action extérieure de l'UE et la prise en compte transversale des droits de l'homme par l'ensemble de ces acteurs notamment en organisant des formations régulières sur les droits de l'homme à destination des fonctionnaires concernés;

20.

exprime sa préoccupation particulière concernant la concrétisation de l'engagement pris dans le cadre stratégique de «mettre les droits de l'homme au cœur des relations avec tous les pays tiers, y compris ses partenaires stratégiques»; exhorte par conséquent la VP/HR et le SEAE à accorder une attention particulière au respect de cet engagement et à l'intégration systématique des droits de l'homme et de la démocratie dans les relations de l'Union avec ses partenaires stratégiques dans des contextes centraux tels que les sommets et les conclusions du Conseil; recommande par ailleurs qu'en cas de violation grave des droits de l'homme par un pays partenaire avec lequel un accord a été conclu, l'Union prenne des mesures plus efficaces pour infliger des sanctions adéquates conformément aux clauses relatives aux droits de l'homme de l'accord concerné, en ce compris la suspension (temporaire) éventuelle de l'accord;

21.

invite la VP/HR, en coordination avec tous les autres commissaires, à rédiger un programme intégrant les droits de l'homme dans différentes activités de l'Union, notamment dans les domaines du développement, de la migration, de l'environnement, de l'emploi, de la protection des données sur l'internet, du commerce, des investissements, de la technologie et des entreprises;

22.

félicite la VP/HR d'avoir affirmé publiquement la nécessité de réexaminer la stratégie de l'Union envers tous ses partenaires stratégiques tels que la Chine et la Russie, et l'invite à donner la priorité aux droits de l'homme dans ces pays au cours de son mandat en affirmant clairement que les violations graves des droits de l'homme constituent une menace pour les relations bilatérales entre l'Union et ses partenaires stratégiques;

Mandat du représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme

23.

reconnaît l'importance du mandat confié au tout premier représentant spécial de l'Union européenne (RSUE) pour les droits de l'homme et félicite le titulaire actuel de cette fonction pour le travail accompli jusqu'à présent; encourage le RSUE à continuer d'accroître la visibilité de l'Union et sa collaboration avec les mécanismes multilatéraux et régionaux en matière de droits de l'homme (les Nations unies, le Conseil de l'Europe, l’Organisation de coopération et de développement économiques, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, l'Union africaine et l'Organisation de la coopération islamique), à promouvoir les principales priorités thématiques de l'Union, y compris les priorités exprimées dans les lignes directrices de l'Union en matière de droits de l'homme adoptées récemment, à travailler en faveur de l'autonomisation de la société civile dans le monde entier et à contribuer à l'intégration systématique, à la cohérence, à la constance et à l'efficacité de la politique européenne en matière de droits de l'homme ainsi qu'au maintien d'un équilibre adéquat entre la diplomatie silencieuse et la diplomatie publique; reconnait la nécessité de donner plus de visibilité à la fonction du RSUE pour les droits de l'homme, qui doit disposer d'un pouvoir d'initiative et du droit de prendre la parole en public, en s'appuyant sur les différents services au sein des institutions de l'Union européenne dans le but d'assurer une bonne coordination;

24.

invite le Conseil à adopter, à titre de principe général, la pratique consistant à inclure systématiquement la coopération avec le RSUE pour les droits de l'homme dans le mandat des futurs RSUE géographiques;

25.

demande à ce que le poste de RSUE pour les droits de l'homme soit maintenu en vue d'en faire une fonction permanente, avec des moyens adéquats pour jouer pleinement son rôle, par exemple en recourant à la diplomatie publique;

Cohérence interne/externe de la politique de l'Union en matière de droits de l'homme et de démocratie

26.

souligne que la politique européenne en faveur des droits de l'homme doit être compatible avec le respect des obligations du traité, garantir la cohérence des politiques intérieures et extérieures et éviter la pratique du deux poids, deux mesures; demande par conséquent l'adoption de conclusions du Conseil «Affaires étrangères» de l'Union en matière de droits de l'homme concernant les partenaires stratégiques; appelle de ses vœux, dans ce contexte, la définition de seuils communs pour les fonctionnaires des États membres et de l'Union en ce qui concerne les préoccupations relatives aux droits de l'homme qu'ils doivent soulever, au minimum, auprès de leurs homologues des partenaires stratégiques tout en gardant à l'esprit les circonstances propres à la situation de chaque pays;

27.

souligne que la cohérence de l'action de l'Union à l'égard des pays tiers est la condition de sa crédibilité et donc de son efficacité et que les divergences et les incohérences nuisent à l'effectivité de son action et rendent parfois ses discours sur les droits de l'homme inaudibles; rappelle que, malgré les nombreuses difficultés rencontrées, la cohérence demeure un objectif prioritaire en matière de politique extérieure et qu'elle doit figurer au cœur du mandat de tous les acteurs de cette politique;

28.

estime qu'il est essentiel par ailleurs que les exigences en matière de droits de l'homme posées par l'Union dans ses relations avec les pays tiers s'appliquent également aux États membres; rappelle à ce titre que le Parlement européen adopte un rapport annuel sur la situation des droits fondamentaux dans l'Union européenne établi par la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures;

29.

demande au SEAE de renforcer la gestion, le contrôle et la responsabilité des fonds de l'Union en faveur de la défense des droits de l'homme;

30.

observe les défis considérables posés par l'annexion de la Crimée par la Russie et par l'intervention militaire persistante dans l'est de l'Ukraine; souligne que cette politique d'agression constitue une poursuite de la dérive de la Russie vers un régime autoritaire, avec une détérioration de la situation des droits de l'homme à l'intérieur du pays; souligne que la Russie représente désormais un «problème stratégique» pour l'Union et qu'elle ne répond plus aux critères d'un partenariat stratégique;

31.

invite l'Union à traiter efficacement les défis internes en matière de droits de l'homme, comme la situation des Roms, le traitement des réfugiés et des migrants, la discrimination à l'encontre des personnes LGBTI, les conditions de détention ou la liberté des médias dans les États membres, afin de préserver la crédibilité et la cohérence de sa politique extérieure en matière de droits de l'homme; regrette que la minorité rom continue d'être victime de discriminations, de racisme et d'exclusion sociale, au sein de l'Union européenne comme dans les pays candidats à l'adhésion des Balkans occidentaux et en Turquie; observe à cet égard que le respect des droits des minorités est l'un des principaux défis recensés dans la stratégie d'élargissement de la Commission pour 2014-2015;

Outils de la politique de l'Union en matière de droits de l'homme

Stratégies par pays en matière de droits de l'homme et rôle des délégations de l'Union

32.

félicite le SEAE pour l'achèvement réussi du premier cycle de stratégies par pays en matière de droits de l'homme, lesquelles étaient fortement axées sur l'appropriation au niveau des délégations de l'Union; regrette cependant le manque de transparence persistant en ce qui concerne le contenu des stratégies par pays, et en particulier le fait que le Parlement n'ait pas été dûment informé, et demande une nouvelle fois que les priorités essentielles de chaque stratégie par pays au moins soient rendues publiques et que le Parlement ait accès à ces stratégies afin de permettre un niveau de contrôle adéquat; encourage le SEAE à adopter des indicateurs en vue d'évaluer leur efficacité et à traiter plus explicitement les chapitres du rapport annuel sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde consacrés aux différents pays comme des rapports de mise en œuvre des stratégies par pays; rappelle l'engagement de l'Union à faire en sorte que les stratégies par pays en matière de droits de l'homme soient prises en considération à tous les niveaux des politiques envers les pays tiers, et notamment dans les dialogues politiques et les dialogues relatifs aux droits de l'homme;

33.

insiste sur la nécessité que les délégations de l'Union rédigent un rapport annuel de leurs activités dans le domaine des droits de l'homme;

34.

accueille favorablement le réseau presque achevé de points focaux sur les droits de l'homme et d'agents de liaison pour les défenseurs des droits de l'homme au sein des délégations de l'Union; invite la VP/HR et le SEAE à élaborer des lignes directrices opérationnelles claires concernant leur rôle au sein des délégations afin de leur permettre de réaliser pleinement leur potentiel, de créer des normes crédibles et d'éviter les incohérences entre les délégations de l'Union;

35.

encourage le renforcement de la coopération entre les réseaux diplomatiques des États membres et les délégations de l'UE dans le monde afin de contribuer aux réflexions des groupes de travail droits de l'homme dans les pays tiers;

36.

invite le SEAE à faire en sorte que les cas des défenseurs des droits incarcérés soient abordés lors de toutes les réunions à haut niveau entre l'Union et des pays tiers, y compris lors des réunions du Conseil de coopération/du Conseil d'association; insiste pour que toutes les stratégies par pays en matière de droits de l'homme incluent une section sur les défenseurs des droits incarcérés;

37.

rappelle l'engagement à intégrer les droits de l'homme dans toutes les évaluations d'impact de l'Union; insiste sur l'importance de cet engagement pour faire en sorte que l'Union respecte, protège et fasse appliquer les droits de l'homme et pour faire en sorte que ses politiques et actions extérieures soient conçues et mises en œuvres de manière à consolider les droits de l'homme à l'étranger; invite l'Union, dans le cadre d'une meilleure concertation et coordination avec la société civile et les institutions de l'Union, à améliorer la qualité et le caractère systématique des évaluations d'impact sur les droits de l'homme;

Dialogues et consultations dans le domaine des droits de l'homme

38.

réaffirme son soutien en faveur de dialogues dédiés dans le domaine des droits de l'homme en tant qu'outil de la politique européenne en faveur des droits de l'homme, pour autant que ces dialogues ne constituent pas une fin en soi, mais un moyen d'obtenir des engagements spécifiques et des résultats de la contrepartie; reconnaît la valeur d'une participation à un dialogue consacré spécifiquement aux droits de l'homme, en particulier avec des pays présentant de graves problèmes sur le plan des droits de l'homme; souligne toutefois la nécessité pour l'Union de tirer des conclusions politiques claires lorsque le dialogue sur les droits de l'homme ne donne pas de résultats positifs en raison du manque de volonté de la contrepartie de dialoguer de bonne foi ou d'un manque d'engagement réel en faveur des réformes, et de mettre l'accent sur la diplomatie publique afin d'éviter de mettre en péril la crédibilité publique de la politique européenne en faveur des droits de l'homme; déconseille en outre de dissocier les discussions sur les droits de l'homme des dialogues politiques de haut niveau; insiste pour que l'Union européenne soulève de façon efficace, responsable et transparente les cas des défenseurs des droits de l'homme menacés ou incarcérés, ainsi que les cas des prisonniers politiques; exige, en cas de violations flagrantes des droits de l'homme, que la question soit placée au centre des dialogues politiques à haut niveau;

39.

prie instamment le SEAE d'élaborer un mécanisme de réexamen complet afin de contribuer à l'évaluation des dialogues au vu de leur incapacité à aboutir à des résultats significatifs et tangibles; exhorte également l'Union à renforcer son mécanisme de critères de référence afin de faciliter la mesure de la réussite et de rendre les dialogues plus efficaces, ce qui contribuerait à rapprocher les pays présentant de graves lacunes sur le plan des droits de l'homme des normes internationales en la matière; exhorte l'Union, étant donné, par exemple, que le dialogue UE/Chine sur les droits de l'homme n'a abouti à aucun résultat significatif et concret, et au vu des développements récents à Hong Kong, à reconsidérer sa stratégie en matière de droits de l'homme et à adopter une approche plus cohérente, unifiée et stratégique en la matière;

40.

regrette qu'en raison de la variété de structures, de formats, de périodicité, de méthodes et de la confidentialité des échanges il n'existe pas de véritable mécanisme de suivi et d'évaluation de ces dialogues, ni d'indicateurs de progrès; recommande une clarification des objectifs de chaque dialogue et une évaluation des résultats en consultation avec le Parlement;

41.

prie instamment le SEAE de continuer à s'engager auprès de tous les pays avec lesquels il entretient actuellement un dialogue sur les droits de l'homme en demandant des engagements concrets de la part des autorités concernées et en assurant le suivi régulier des demandes exprimées lors des consultations;

Lignes directrices de l'Union en matière de droits de l'homme

42.

se félicite de l'adoption par le Conseil des lignes directrices de l'Union sur les droits de l'homme des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexuées (LGBTI) et des lignes directrices relatives à la promotion et à la protection de la liberté de religion et de conviction, adoptées toutes deux en 2013, ainsi que des lignes directrices sur la liberté d'expression en ligne et hors ligne, adoptées en 2014;

43.

rappelle que l'adoption de lignes directrices ne doit pas introduire de sélectivité dans le système des droits de l'homme, car les principes d'universalité et d'indivisibilité doivent demeurer essentiels; invite la Commission à clarifier le processus de sélection des thématiques couvertes par les lignes directrices en définissant les critères de choix avec l'implication du Parlement et des acteurs de la société civile;

44.

invite la Commission à compléter les lignes directrices en assurant une meilleure lisibilité par une harmonisation du contenu et du format des lignes directrices qui devraient établir des objectifs, des critères, des moyens, des calendriers, des indicateurs et intégrer une évaluation régulière; rappelle à ce titre que le Parlement a récemment recommandé une mise en œuvre des lignes directrices en matière de torture «efficace et axée sur les résultats»;

45.

recommande une plus grande participation des acteurs de la société civile dans l'élaboration, l'évaluation et la révision des lignes directrices;

46.

prie instamment le SEAE et le Conseil de prendre des mesures adéquates pour mettre en œuvre et évaluer les lignes directrices de l'Union au niveau des pays; encourage le SEAE et les États membres à assurer la formation continue et la sensibilisation du personnel du SEAE et des délégations de l'Union ainsi que des diplomates des États membres afin de faire en sorte que les lignes directrices de l'Union en matière de droits de l'homme aient l'effet escompté dans l'élaboration des politiques sur le terrain;

Politiques de l'Union européenne en faveur du processus de démocratisation et des élections

47.

souligne que les régimes démocratiques ne se définissent pas uniquement par la tenue d'élections, mais aussi par le respect de l'état de droit, la liberté d'expression, le respect des droits de l'homme, l'indépendance du système judiciaire et une administration impartiale; invite la Commission et le SEAE à appuyer les processus démocratiques engagés dans les pays tiers; souligne à cet égard l'importance d'assurer le suivi des rapports et des recommandations des missions d'observation électorale en les utilisant dans le cadre de l'engagement de l'Union en faveur de la démocratie dans le pays concerné et en chargeant l'observateur en chef de jouer un rôle spécial dans le suivi et le contrôle de l'application des recommandations, en tant qu'élément cohérent de l'approche globale du Parlement en faveur de la démocratie et avec le soutien des organes permanents du Parlement; remarque le rôle positif que peuvent jouer les missions de suivi électoral déployées par l'Union européenne pour garantir la crédibilité de l'Union en tant partenaire;

48.

invite les États membres de l'UE à poursuivre leur travail de définition des bonnes pratiques dans ce domaine afin de soutenir et de consolider les processus de démocratisation; encourage le développement d'outils de politique et d'outils opérationnels à utiliser dans les pays prioritaires afin d'intégrer à l'approche de l'Union, de façon souple, cohérente et crédible, les mesures de soutien en faveur des droits de l'homme et de la démocratie, y compris les mesures de prévention des conflits et de médiation;

49.

insiste sur le fait que la transition politique et la démocratisation doivent être associées au respect des droits de l'homme, à la promotion de la justice, de la transparence, de l'obligation de rendre des comptes, de la réconciliation, de l'état de droit et de la mise en place d'institutions démocratiques; demande un soutien systématique de l'Union européenne en faveur des parlements élus de façon libre et régulière; souligne la nécessité d'investir dans les dialogues politiques entre les partis au pouvoir et les partis d'opposition;

50.

rappelle qu'à la suite des Printemps arabes, l'Union européenne a redéfini sa politique de voisinage vis-à-vis du Sud de la Méditerranée et a insisté sur le rôle de la société civile et sur le principe du «plus pour plus» afin de développer des partenariats plus solides avec ses voisins et d'accompagner leurs réformes et transitions démocratiques;

51.

considère que l'approche «plus pour plus» fondée sur les résultats devrait guider les relations de l'Union avec tous les pays tiers, que l'Union européenne ne devrait accorder le statut «avancé» aux pays partenaires que moyennant le respect d'exigences claires en matière de droits de l'homme et de démocratie et qu'elle ne devrait pas hésiter à geler ce statut si ces exigences ne sont plus respectées;

52.

demande l'utilisation efficace des nouvelles technologies et d'internet pour rendre aussi accessibles que possible aux habitants du monde entier les informations relatives aux droits de l'homme et à la démocratie ainsi qu'aux programmes de l'Union;

53.

accueille favorablement les travaux dans des pays pilotes réalisés jusqu'à présent par neuf délégations de l'Union en vue d'accroître la cohérence du soutien en faveur de la démocratie dans les relations extérieures de l'Union européenne, travaux lancés par les conclusions du Conseil de 2009 et 2010 et intégrés en 2012 au cadre stratégique et au plan d'action de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie;

54.

demande à la Commission et au SEAE d'améliorer leur coordination avec le Parlement en ce qui concerne la deuxième génération de pays pilotes afin de faire en sorte que toutes les institutions de l'Union européenne participent et associent leur expertise dans la pratique efficace du soutien en faveur de la démocratie dans les pays tiers;

55.

félicite le Fonds européen pour la démocratie pour son travail efficace de promotion de la démocratie dans notre voisinage et soutient une extension réfléchie de son mandat à d'autres sociétés luttant pour la démocratisation; invite les États membres, dans un esprit de solidarité et d'engagement, à doter le Fonds d'un budget suffisant pour assurer un soutien aussi souple et efficace que possible aux acteurs locaux du changement démocratique;

56.

souligne l'importance de renforcer le rôle des femmes dans la promotion des droits de l'homme et des réformes démocratiques, dans la contribution à la prévention des conflits et dans la consolidation de la participation et de la représentation politiques; relève également, à cet égard, que les recommandations formulées dans les rapports des missions d'observation électorale de l'Union concernant la participation pleine et égale des femmes au processus électoral doivent être prises en compte et faire l'objet d'un suivi;

57.

rappelle que l'élargissement a été l'initiative de démocratisation la plus réussie de l'Union et souligne que les négociations avec les pays des Balkans occidentaux restent le principal outil permettant d'aider ces pays à mettre en place des sociétés démocratiques à part entière;

Soutien de l'UE aux défenseurs des droits de l'homme

58.

se félicite des conclusions dédiées du Conseil sur les défenseurs des droits de l'homme à l'occasion du 10e anniversaire des lignes directrices de l'Union sur les défenseurs des droits de l'homme; félicite en outre la Commission pour son recours accru à l'IEDDH afin d'accorder des subventions d'urgence aux défenseurs des droits de l'homme exposés à une menace imminente, et encourage la Commission à continuer de rechercher de nouvelles manières de soutenir les défenseurs des droits de l'homme; rappelle dans ce cadre l'importance du Fonds européen pour la démocratie comme outil de promotion et de protection des militants pro-démocratie, des bloggeurs et des journalistes à travers le monde;

59.

déplore que la persécution et la marginalisation des défenseurs des droits de l'homme demeurent une tendance largement répandue dans le monde entier, et en particulier dans les pays qui ne reconnaissent pas le caractère universel des droits de l'homme;

60.

invite l'Union mettre particulièrement l'accent sur le problème des défenseurs des droits de l'homme incarcérés dans le monde entier et sur la nécessité, pour l'Union, de renforcer collectivement son action en vue d'obtenir la libération de ces personnes, notamment en créant un groupe de travail interne du Parlement européen qui se tiendrait informé, grâce à une étroite collaboration avec la société civile, sur les dossiers des militants incarcérés dans le monde entier;

61.

invite à nouveau le SEAE à continuer de protéger les ONG, les défenseurs des droits de l'homme, les militants de la société civile, les journalistes et les avocats en renforçant l'efficacité des dialogues de l'Union sur les droits de l'homme et en promouvant les priorités thématiques de l'Union et les lignes directrices de l'Union en matière de droits de l'homme; encourage, dans ce contexte, l'organisation de campagnes visant à toucher les défenseurs des droits de l'homme même dans les régions isolées des pays tiers afin de contribuer à la réalisation des objectifs de politique de l'Union;

62.

invite le SEAE et la Commission à faire en sorte que les subventions de l'Union et d'autres programmes soient disponibles non seulement pour les grandes ONG, mais aussi pour renforcer les capacités locales; demande donc instamment un allègement des contraintes bureaucratiques tout en préservant la responsabilité dans les procédures de candidature et les procédures comptables, et recommande de prendre en considération la pression croissante exercée sur la société civile par les régimes répressifs; demande une approche plus pragmatique envers les pays en situation de transition démocratique afin de soutenir les personnes et les organisations adéquates;

63.

demande au SEAE et aux délégations de l'Union de mener avec les défenseurs des droits de l'homme et avec les ONG un dialogue politique effectif et pragmatique visant à trouver les meilleures façons de favoriser un environnement propice à leur travail; demande à l'Union d'intensifier sa diplomatie active dans les pays tiers et de consolider la position des points focaux sur les droits de l'homme afin d'intégrer systématiquement les droits de l'homme au travail politique au quotidien des délégations de l'Union concernées, en mentionnant systématiquement les noms des prisonniers politiques, en observant les procès, en rendant visite aux prisonniers en prison et assurant le suivi de ces affaires; souligne la nécessité pour l'Union d'utiliser la diplomatie publique pour soutenir les défenseurs des droits de l'homme et de demander la libération des militants des droits de l'homme emprisonnés; insiste pour que les représentants à haut niveau de l'Union, et notamment la VP/HR, le président du Conseil, les commissaires, les représentants spéciaux de l'Union et les responsables gouvernementaux des États membres rencontrent systématiquement les défenseurs des droits de l'homme lorsqu'ils se déplacent dans des pays où la société civile est sous pression;

64.

invite la VP/HR et les ministres des affaires étrangères de l'Union à organiser chaque année un Conseil «Affaires étrangères» consacré à l'examen des efforts déployés pour obtenir la libération des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes, des militants politiques et d'autres personnes qui exercent leurs droits de façon pacifique, en accordant une attention particulière aux cas soulevés dans des résolutions du Parlement européen concernant les débats sur des cas de violations des droits de l'homme, de la démocratie et de l'état de droit;

Soutien de l'Union européenne en faveur des droits de l'homme universels et des organisations multilatérales de défense des droits de l'homme

65.

rappelle l'engagement du Parlement et de sa sous-commission des droits de l'homme en faveur d'un système multilatéral solide de défense des droits de l'homme sous l'égide des Nations unies, y compris le Troisième comité de l'Assemblée générale, le Conseil des droits de l'homme, l'Office du Haut-commissaire aux droits de l'homme et les travaux des agences spécialisées de l'ONU actives dans des domaines connexes, comme l'Organisation internationale du travail (OIT), ainsi que ceux des procédures spéciales de l'ONU;

66.

rappelle l'importance des arrêts rendus par la Cour européenne des droits de l'homme et de leur exécution dans les pays concernés en ce qui concerne le respect et la consolidation des droits de l'homme en tant que valeurs et principes fondamentaux;

67.

rappelle sa position sans équivoque en faveur de l'institutionnalisation de sa présence aux sessions de l'Assemblée générale des Nations unies, exprimée dans sa résolution du 7 février 2013 sur les priorités de l'Union européenne au Conseil des droits de l'homme, et estime qu'il est indispensable de continuer à envoyer une délégation du Parlement européen aux sessions dudit Conseil et de l'Assemblée générale, et regrette que cette pratique ait été interrompue en 2014;

68.

rappelle l'importance d'une participation active de l'Union à tous les mécanismes de l'ONU en faveur des droits de l'homme, et notamment au Troisième comité de l'Assemblée générale des Nations unies et au Conseil des droits de l'homme; encourage les États membres de l'Union à agir en ce sens en soutenant et en déposant des résolutions, en prenant une part active aux débats et aux dialogues interactifs et en publiant des déclarations; soutient fermement le recours croissant de l'Union à des initiatives transrégionales;

69.

souligne une fois de plus l'importance d'une coordination et d'une coopération efficaces entre le SEAE, la Commission, le Parlement et les États membres sur les questions relatives aux droits de l'homme; encourage le SEAE, en particulier grâce aux délégations de l'Union à Genève et à New York, à améliorer la cohérence de l'Union en s'appuyant en amont sur des consultations approfondies afin de présenter la position de l'Union d'une seule voix;

70.

rappelle l'importance de l'action de l'Union européenne au sein de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au moment où celle-ci s'apprête à faire le bilan de ses 40 ans d'existence; encourage le renforcement des liens de l'Union européenne avec l'OSCE et le Conseil de l'Europe;

71.

rappelle également l'importance du travail effectué par le Conseil de l'Europe en la matière et la nécessité pour l'Union européenne d'adhérer rapidement à la Convention européenne des droits de l'homme conformément aux traités;

72.

réaffirme l'importance d'intégrer le travail effectué à New York et à Genève dans le contexte de l'Assemblée générale des Nations unies, du Troisième comité et du Conseil des droits de l'homme aux activités internes et externes de l'Union dans ce domaine afin de garantir la cohérence;

La politique de l'UE relative à la justice pénale internationale et à la Cour pénale internationale

73.

exprime une nouvelle fois son soutien sans réserve à la Cour pénale internationale (CPI) dans son rôle visant à mettre fin à l'impunité des auteurs des crimes les plus graves qui préoccupent la communauté internationale et à rendre justice aux victimes de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocides; reste vigilant vis-à-vis de toute tentative de saper sa légitimité ou son indépendance; rappelle son rôle essentiel dans le double processus de justice et de réconciliation; exhorte l'Union et ses États membres à collaborer avec la Cour et à lui apporter un soutien diplomatique et politique solide dans leurs relations bilatérales et au sein de tous les forums, y compris aux Nations unies; s'inquiète du fait que plusieurs mandats d'arrêt n'ont toujours pas été exécutés; invite l'Union européenne, les États membres et les représentants spéciaux de l'Union européenne à promouvoir activement la CPI, l'exécution de ses décisions et la lutte contre l'impunité des crimes relevant du Statut de Rome; considère le nombre croissant d'États parties comme une évolution importante dans le renforcement de l'universalité de la Cour; se félicite de la ratification du statut de Rome par la Côte d'Ivoire en février 2013, mais regrette qu'aucun État ne l'ait ratifié en 2014; encourage l'Union et ses États membres à intensifier leurs efforts en vue d'encourager la ratification et la mise en œuvre du statut de Rome afin d'élargir l'accès à la justice des victimes de crimes graves en droit international; invite les États membres de l'Union, en tant qu'États parties au statut de Rome de la CPI, à fournir à celle-ci les moyens nécessaires pour exercer son mandat de manière équitable et efficace; encourage l'Union à continuer de fournir une assistance à la justice pénale internationale et à la CPI, y compris en soutenant les acteurs de la société civile par le biais de l'IEDDH;

74.

demande une nouvelle fois la création d'un représentant spécial de l'Union européenne pour la justice internationale et le droit humanitaire international afin de donner à ceux-ci l'importance et la visibilité qu'ils méritent, de promouvoir efficacement le programme de l'Union et d'intégrer la lutte contre l'impunité dans toutes les actions extérieures de l'Union;

75.

regrette que le statut de Rome de la CPI n'ait pas encore été ajouté, dans le nouveau règlement relatif au SPG, à la liste des conventions requises pour pouvoir bénéficier du statut SPG+; note qu'un certain nombre de candidats au SPG+ (comme l'Arménie et le Pakistan) ne sont pas parties au statut ou ne l'ont pas ratifié; rappelle sa recommandation relative à l'ajout du Statut de Rome à la future liste de conventions;

76.

invite une nouvelle fois l'Union à adopter une position commune concernant le crime d'agression et les amendements de Kampala, et invite les États membres de l'Union à aligner rapidement leurs législations nationales sur les définitions des amendements de Kampala et sur les autres obligations découlant du statut de Rome afin de permettre les enquêtes et poursuites nationales par les États membres et de renforcer la coopération avec la Cour;

77.

à l'approche du 100e anniversaire du génocide arménien, invite tous les États membres de l'Union à le reconnaître et les encourage, ainsi que les institutions européennes, à continuer à promouvoir sa reconnaissance;

78.

prie instamment le SEAE de diffuser les bonnes pratiques concernant les droits, la protection et le soutien des victimes de crimes et de violences dans les pays tiers et d'échanger des politiques de lutte contre la corruption avec les pays tiers, étant donné que la corruption ouvre souvent la voie à l'impunité et est souvent la cause profonde de l'injustice pour les victimes;

L'action de l'Union européenne contre la peine de mort

79.

réaffirme sa position sans équivoque concernant la peine capitale, et encourage l'Union et ses États membres à garder une politique visible en faveur de l'abolition de la peine de mort au niveau mondial; prie instamment le SEAE de rester vigilant vis-à-vis des évolutions dans tous les pays du monde et d'utiliser tous les moyens dont il dispose pour exercer une influence;

80.

soutient sans réserve le projet de résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies de décembre 2014 relative à un «Moratoire sur l'application de la peine de mort» (23);

81.

invite l'Union à continuer d'utiliser la coopération et la diplomatie au sein de tous les forums possibles dans le monde entier au service de l'abolition de la peine de mort, conformément aux orientations de l'Union européenne concernant la peine de mort, et de faire en sorte que le droit à un procès équitable soit totalement respecté pour chaque personne menacée d'exécution, sans recours à la torture et à d'autres mauvais traitements pour obtenir des aveux forcés;

82.

exprime son inquiétude face à l'augmentation signalée du nombre d'exécutions dans le monde entre 2012 et 2013, alors même que ces exécutions sont confinées à un nombre de plus en plus réduit de pays; invite l'Union européenne à prendre les mesures nécessaires face à la persistance d'un nombre élevé d'exécutions en Chine et en Iran, à la reprise des exécutions en 2013 en Indonésie, au Koweït, au Nigeria et au Vietnam, l'exécution de mineurs en Iran, en Arabie saoudite et au Yémen en 2013, ainsi que face à l'augmentation prononcée du nombre d'exécutions signalées en Irak et en Arabie saoudite;

83.

se félicite de la relance des débats aux États-Unis concernant le caractère arbitraire et propice aux erreurs de la peine capitale, de la campagne visant à interrompre l'exportation depuis l'Europe des substances utilisées pour les exécutions aux États-Unis et de l'abolition de la peine de mort par l'État du Maryland en 2013; encourage la VP/HR, le RSUE et le SEAE à dialoguer avec le gouvernement fédéral des États-Unis et les gouvernements des États du pays en vue d'accélérer la suppression de la peine de mort aux États-Unis, afin de renforcer la coopération transatlantique sur le plan international de faire avancer de façon tangible les droits de l'homme, la justice internationale et la démocratie;

84.

encourage la Commission à utiliser la flexibilité désormais offerte par l'IEDDH pour étudier de nouvelles façons de faire campagne pour l'abolition de la peine de mort et de soutenir les actions visant à éviter les condamnations à mort ou les exécutions;

85.

souligne l'importance pour l'Union de continuer de surveiller les conditions dans lesquelles les exécutions sont effectuées dans les pays qui pratiquent encore la peine de mort, et de soutenir les réformes juridiques et constitutionnelles menant à une abolition complète;

86.

rappelle sa ferme conviction que la peine de mort, en tant que violation du droit à l'intégrité personnelle et à la dignité humaine, est incompatible avec l'interdiction des peines cruelles, inhumaines ou dégradantes en droit international et invite le SEAE et les États membres à reconnaître formellement cette incompatibilité et à adapter la politique européenne sur la peine de mort en conséquence; souligne la nécessité d'interpréter les orientations de l'Union européenne concernant la peine de mort et la torture comme des orientations transversales;

L'action de l'Union contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants

87.

prie instamment la VP/HR et le SEAE, à la lumière des rapports persistants faisant état d'un recours fréquent à la torture et aux mauvais traitements dans le monde entier, à intensifier les efforts de l'Union dans la lutte contre la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants; exprime une nouvelle fois son inquiétude face au fait que l'action de l'Union dans ce domaine reste largement inefficace et en-deçà des engagements pris en vertu des orientations de l'Union concernant la torture; demande en particulier un plus grand soutien de l'Union en faveur de la mise en place et du renforcement de mécanismes nationaux et régionaux de prévention de la torture; se réjouit de la proposition de règlement de la Commission du 14 janvier 2014 modifiant le règlement (CE) no 1236/2005 du Conseil concernant le commerce de certains biens susceptibles d'être utilisés en vue d'infliger la peine capitale, la torture ou d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (COM(2014)0001) et répondant ainsi à sa résolution du 17 juin 2010;

88.

rappelle que selon les articles 7 et 8 du statut de Rome de la CPI, la torture commise sur une base systématique ou à grande échelle peut constituer un crime de guerre ou un crime contre l'humanité; souligne que le principe posant une «responsabilité de protéger» confère à la communauté internationale une responsabilité particulière qu'elle se doit d'exercer;

89.

encourage le SEAE à accorder une grande attention aux conclusions par pays du Comité des Nations unies contre la torture, du sous-comité établi au titre du protocole facultatif se rapportant à la convention contre la torture et du Comité de prévention de la torture du Conseil de l'Europe, et à soulever systématiquement ces préoccupations dans les dialogues politiques avec les pays concernés ainsi que dans ses déclarations publiques; invite le SEAE, notamment les délégations de l'Union, et les États membres, notamment leurs ambassades sur le terrain, à accélérer la mise en œuvre des orientations de l'Union concernant la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants; invite l'Union et les États membres à renforcer le contrôle du commerce des biens pouvant être utilisés pour perpétrer des actes de torture ou infliger des traitements inhumains et dégradants ainsi que le contrôle de l'exportation des technologies et biens à double usage;

90.

insiste sur le fait que les personnes appartenant à des groupes vulnérables, par exemple certaines minorités ethniques, linguistiques et religieuses, sont plus souvent exposées à la torture ou aux mauvais traitements en détention, et qu'elles nécessitent par conséquent une attention particulière;

91.

déplore les exportations par des entreprises européennes de produits et armes pouvant être utilisés à des fins de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants y compris dans le cadre de la répression de manifestation; soutient dans ce contexte le processus de révision du règlement (CE) no 1236/2005;

92.

rappelle l'importance de mécanismes efficaces de contrôle des exportations de certains médicaments susceptibles de servir à des exécutions et d'équipements susceptibles d'être utilisés à des fins de torture; demande à la Commission de combler les lacunes restantes du règlement en introduisant une clause-balai d'utilisation finale qui interdirait l'exportation de tout médicament susceptible d'être utilisé pour la torture ou des exécutions;

93.

invite l'Union et les États membres à œuvrer à la ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées du 20 décembre 2006 par l'ensemble des pays tiers;

Les droits de l'homme dans les accords commerciaux de l'Union et les autres accords internationaux

94.

invite l'Union à s'assurer que les accords commerciaux conclus avec les pays tiers favorisent leur développement économique et social et garantissent une bonne gestion de leurs ressources naturelles, en particulier la terre et l'eau; demande une nouvelle fois l'inclusion systématique de clauses contraignantes, applicables et non négociables relatives aux droits de l'homme dans les accords internationaux de l'Union, y compris les accords commerciaux et d'investissement conclus par l'Union avec des pays tiers ou dont la conclusion est prévue, et demande une meilleure consultation du Parlement européen au début du processus de négociation, un contrôle efficace de l'application des clauses relatives aux droits de l'homme ainsi que la présentation de rapports au Parlement concernant les aspects de ces accords relatifs aux droits de l'homme;

95.

rappelle que la politique commerciale contribue à l'accomplissement des objectifs globaux de l'Union et que selon l'article 207 du traité FUE, la politique commerciale de l'Union est menée «dans le cadre des principes et objectifs de l'action extérieure de l'Union», souligne en outre qu'au titre de l'article 3 du traité UE elle doit contribuer notamment «à la paix, à la sécurité, au développement durable de la planète, à la solidarité et au respect entre les peuples, au commerce libre et équitable, à l'élimination de la pauvreté, et à la protection des droits de l'homme, en particulier ceux de l'enfant, ainsi qu'au strict respect et au développement du droit international, notamment au respect des principes de la charte des Nations Unies»;

96.

invite la Commission européenne à prendre en compte lors de la rédaction de sa future stratégie commerciale le rôle important du commerce et des accords internationaux dans la promotion des droits de l'homme sur la scène internationale;

97.

insiste sur la nécessité de la poursuite de la coopération et du dialogue au niveau multilatéral entre l'Union européenne et notamment l'Organisation mondiale du commerce et les Nations Unies dans le domaine des droits de l'homme afin d'assurer un cadre commercial multilatéral contribuant au respect des droits de l'homme;

98.

rappelle que le SPG a été conçu dans le respect des principes inscrits dans les conventions internationales en matière de droits de l'homme et des normes fondamentales en droit du travail par les pays bénéficiaires, et qu'il inclut un régime spécial de préférences tarifaires supplémentaires afin de promouvoir la ratification et la mise en œuvre effective des conventions internationales fondamentales sur les droits de l'homme et le droit du travail, la protection de l'environnement et la bonne gouvernance; rappelle que le non-respect de ces conditions peut entraîner la suspension du régime commercial; rappelle l'importance d'un suivi régulier et d'une évaluation de la mise en œuvre des conventions internationales des pays bénéficiant du SPG+;

99.

se félicite de l'entrée en vigueur le 1er janvier 2014 du système SPG révisé; rappelle que le SPG+ a été maintenu dans le système de préférences généralisées et qu'il exige des pays demandant à bénéficier du SPG+ qu'ils s'engagent à coopérer de manière pleine et entière avec les organisations internationales en ce qui concerne le respect des conventions internationales relatives aux droits de l'homme et aux droits des travailleurs;

Entreprises et droits de l'homme

100.

déplore l'absence persistante à l'échelle mondiale d'une approche globale de la façon dont les entreprises se conforment aux droits de l'homme, ce qui permet à certaines d'entre elles et à certains États de les contourner; insiste dès lors sur la nécessité d'adopter des dispositions en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE); approuve pleinement la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme; invite en particulier la Commission à introduire des mesures efficaces afin d'appliquer pleinement le cadre intitulé «Protéger, respecter et remédier», présenté par John Ruggie, représentant spécial des Nations unies pour la question des droits de l'homme, des sociétés transnationales et autres entreprises; rappelle qu'il est important de promouvoir la RSE, y compris dans les activités menées en dehors de l'Union, et de garantir son respect tout au long de la chaîne d'approvisionnement, en particulier concernant le commerce du bois illégal, le trafic d'espèces sauvages et le commerce des minerais issus de zones de conflits; est convaincu que les entreprises européennes, leurs filiales et leurs sous-traitants devraient jouer un rôle majeur dans la promotion et la diffusion des normes internationales dans le domaine des entreprises et des droits de l'homme à l'échelle mondiale;

101.

demande à la Commission et au SEAE d'encourager les délégations de l'Union dans le monde entier à dialoguer avec les entreprises européennes afin de promouvoir le respect des droits de l'homme, et de veiller à ce que le thème «entreprises et droits de l'homme» fasse partie des thèmes prioritaires des appels à propositions locaux au titre de l'IEDDH; demande aux États membres de veiller à ce que les entreprises qui relèvent de leur droit national ne s'affranchissent pas du respect des droits de l'homme et des normes sociales, sanitaires et environnementales qui s'imposent à elles quand elles s'installent ou mènent leurs activités dans un État tiers;

102.

rappelle la stratégie de l'Union sur la responsabilité sociale des entreprises pour la période 2011-2014, qui invite les États membres à élaborer un plan national pour la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme; demande une nouvelle fois à la Commission de rendre compte régulièrement de la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme par les États membres de l'Union, y compris leurs plans d'action nationaux; déplore le peu de progrès accomplis par la Commission dans son suivi de la demande du Parlement européen l'invitant à proposer une législation obligeant les entreprises de l'Union à veiller à ce que leurs transactions ne soutiennent pas les instigateurs de conflits ou les auteurs de graves violations des droits de l'homme;

103.

réaffirme que les entreprises européennes doivent faire preuve de toute la diligence requise pour faire en sorte que leurs activités respectent les droits de l'homme, quel que soit l'endroit où elles se déroulent; souligne l'importance de comptes rendus sérieux sur les aspects sociaux, environnementaux et relatifs aux droits de l'homme des projets soutenus par les institutions financières européennes; insiste sur la nécessité, pour ces institutions, de garantir la conformité de leurs activités à l'article 21 du traité UE, qui prévoit notamment l'obligation de respecter les droits de l'homme;

104.

fait remarquer qu'au lieu de voir cet élément comme un obstacle, les entreprises devraient le considérer comme une possibilité de créer un nouveau potentiel d'affaires dans les régions qui ont le plus besoin d'investissements durables et responsables, et comme un moyen de contribuer au respect des droits de l'homme dans les pays en développement;

105.

demande à la Commission et au Conseil de s'assurer que les entreprises détenues par des ressortissants de pays tiers ou par des États tiers et établies dans les États membres ne soutiennent pas les instigateurs de conflits ou les auteurs de graves violations des droits de l'homme, et notamment les formes modernes d'esclavage comme la traite des êtres humains et leur emploi dans des conditions répugnantes;

106.

invite la Commission et le SEAE à prendre des initiatives résolues en vue d'améliorer l'accès à la justice des victimes de violations des droits de l'homme liées aux activités d'entreprises en dehors de l'Union; insiste également sur la nécessité de mettre en place des recours efficaces permettant de sanctionner les sociétés qui se rendent coupables de violations des droits de l'homme, ainsi que de donner aux victimes de ces violations les moyens d'obtenir réparation;

107.

invite l'Union à s'impliquer dans le débat émergent concernant un instrument international juridiquement contraignant concernant les entreprises et les droits de l'homme au sein du système de l'ONU;

108.

rappelle les quatre normes fondamentales et universelles du travail ancrées dans les instruments de l'OIT, à savoir: liberté d'association et le droit à la négociation collective: l'élimination de toute forme de travail forcé, d'exploitation et d'esclavage; l'abolition du travail des enfants; et l'élimination de la discrimination en matière d'emploi;

109.

rappelle en particulier l'impérieuse nécessité de respecter la liberté syndicale et de lutter contre toutes les formes de répression en ce domaine, y compris l'assassinat de syndicalistes;

110.

fait remarquer avec une grande inquiétude que, d'après l'OIT, environ 21 millions d'hommes, de femmes et d'enfants dans le monde sont victimes d'une forme d'esclavage; souligne la nécessité d'appréhender les droits de l'homme comme un concept entier et indivisible, en insistant sur l'importance des droits civils et politiques ainsi que des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, et en prenant des engagements contraignants dans ces domaines, car il ne peut y avoir de développement sans que ces droits soient garantis; souligne également la nécessité de lutter contre les causes profondes de la pauvreté; rappelle l'obligation de se conformer aux normes internationales du travail parallèlement à la mise en œuvre du programme de l'OIT en faveur d'un travail décent; estime que les enjeux sociaux devraient occuper une place plus centrale dans les relations extérieures de l'Union; regrette, dans ce contexte, que l'Union ne dispose pas d'une clause sociale standard à intégrer dans tous ses accords dans le domaine du commerce extérieur; exhorte donc l'Union à intégrer un chapitre sur le développement et une clause sociale qui reflète les normes fondamentales de l'OIT dans tous les accords qu'elle engage dans ce domaine;

111.

note que la dégradation de la situation en matière de sécurité au niveau mondial et l'aggravation de la crise financière depuis l'effondrement de 2008 ont entraîné une augmentation du recours au travail des enfants dans les pays les plus pauvres du monde, ce qui pourrait avoir des incidences juridiques et sur la réputation des entreprises qui s'approvisionnent dans les pays en développement; prie instamment la VP/HE et le SEAE de promouvoir le programme international pour l'abolition du travail des enfants, en particulier dans les pays en développement, où nombre d'enfants sont mis au travail pour apporter un complément au revenu de leur famille;

L'action de l'Union pour garantir la liberté d'expression en ligne et hors ligne et pour limiter l'impact des technologies de surveillance sur les droits de l'homme

112.

reconnaît que l'évolution rapide des technologies de l'information et de la communication a transformé l'environnement dans lequel s'exercent la liberté d'expression et l'accès à l'information à travers le monde, entraînant à la fois de grands avantages et de graves préoccupations; salue dans ce contexte l'adoption par le Conseil, en mai 2014, des lignes directrices dédiées de l'Union sur la liberté d'expression en ligne et hors ligne;

113.

réaffirme que la liberté d'expression et la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias sont des éléments essentiels d'une démocratie durable, qui assurent une implication maximale de la société civile et renforcent le pouvoir des citoyens, et qu'ils sont donc indispensables pour garantir la transparence et l'obligation de rendre des comptes dans la vie publique;

114.

demande un soutien accru en faveur de la promotion de la liberté des médias, de la protection des journalistes et des blogueurs indépendants, de la réduction du fossé numérique et de la garantie d'un accès sans restriction à l'information et à la communication et d'un accès non censuré à l'internet (liberté numérique);

115.

invite l'Union et ses États membres à mieux contrôler et à condamner clairement et rapidement toutes les restrictions de la liberté d'expression, dont le recours agressif à la législation pénale relative à la diffamation et à d'autres législations restrictives, les critères restrictifs ou les procédures contraignantes pour obtenir une accréditation de journaliste, accéder à tout métier lié aux médias ou créer une entreprise de médias, et les invite également à prendre des initiatives résolues pour favoriser l'accès aux informations d'intérêt public;

116.

condamne toutes les restrictions imposées aux communications numériques, comme la fermeture de sites internet et le blocage de comptes personnels, surtout lorsque ces restrictions ciblent la société civile, les militants des libertés civiles et les médias libres;

117.

exprime son inquiétude face à la prolifération et à la propagation des technologies de surveillance, de contrôle, de censure et de filtrage, qui représente une menace croissante pour les défenseurs des droits de l'homme et de la démocratie dans les pays autocratiques et qui soulève des questions troublantes concernant le droit au respect de la vie privée dans les pays démocratiques, même lorsqu'elles sont utilisées comme objectifs légitimes comme la lutte contre le terrorisme, la sécurité d'État et l'application de la loi;

118.

reconnaît que l'Europe compte d'importants producteurs de technologies de piratage informatique et de surveillance susceptibles d'être utilisées pour commettre des violations des droits de l'homme et attaquer les infrastructures numériques européennes; invite la Commission à revoir le système européen de contrôle des exportations afin d'empêcher que des technologies dangereuses ne tombent dans de mauvaises mains;

119.

félicite la Commission pour la publication, en juin 2013, du guide sectoriel TIC (technologies de l'information et de la communication) sur la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme; reste cependant préoccupé par le commerce de produits et de services visant à empêcher l'accès à l'internet, à permettre un contrôle et une surveillance en masse du trafic sur l'internet et des communications mobiles et le filtrage des résultats de recherches, ou à s'immiscer dans des conversations privées; rappelle la Communication de la Commission du 24 avril 2014 intitulée «réexamen de la politique de contrôle des exportations: garantir la sécurité et la compétitivité dans un monde en mutation» COM(2014)0244 qui reconnait notamment les problèmes rencontrés dans l'exportation de certaines TIC; demande par conséquent à la Commission de réfléchir à la façon d'améliorer la situation en vue de l'adoption éventuelle de lignes directrices mises à jour pour le contrôle des exportations;

120.

demande à la Commission de continuer à soutenir les initiatives liées au développement et à la diffusion de technologies de sécurité numérique afin de renforcer l'autonomie des défenseurs des droits de l'homme en leur fournissant des mécanismes sécurisés de collecte, de cryptage et de stockage des données qui les mettent à l'abri de la surveillance par des gouvernements répressifs;

Le soutien de l'Union européenne en faveur de la liberté de réunion et d'association

121.

exprime sa profonde inquiétude face à la marge de plus en plus réduite accordée à l'action légitime de la société civile dans de nombreux pays du monde; estime qu'une société civile libre est l'un des fondements de la protection et du soutien des droits de l'homme et des valeurs démocratiques dans toutes les sociétés; accueille favorablement, dans cette perspective, tous les programmes de l'Union visant à former les jeunes professionnels de pays tiers et à simplifier les programmes d'échanges d'étudiants pour les ressortissants de pays tiers, étant donné que ces programmes favorisent la participation active des jeunes à la consolidation de la démocratie et qu'ils contribuent efficacement au développement de la société civile;

122.

invite l'Union et ses États membres à contrôler davantage, et à condamner rapidement et sans ambiguïté, toutes les restrictions de la liberté de réunion et d'association, y compris les interdictions d'organisations de la société civiles, le recours agressif aux lois pénales sur la diffamation et à d'autres lois restrictives, les obligations excessives d'enregistrement et de déclaration, les règles exagérément restrictives en matière de financement étranger et les interdictions faites aux ONG de mener des activités politiques ou d'entretenir des contacts avec des étrangers;

123.

invite l'Union et ses États membres à aborder les violations de la liberté de réunion et d'association à tous les niveaux du dialogue politique, y compris au plus haut niveau, lorsque les autres formes de dialogue, comme le dialogue relatif aux droits de l'homme, n'ont pas abouti à des améliorations concrètes sur le terrain; exhorte l'Union et ses États membres à utiliser ces dialogues pour soulever des cas particuliers préoccupants, et notamment tous les cas impliquant des personnes incarcérées au seul motif d'avoir exercé leur droit de réunion et d'association pacifique;

124.

encourage les représentants des délégations de l'Union et les ambassades des États membres à suivre les procès de défenseurs des droits de l'homme et de toutes les personnes incarcérées au seul motif d'avoir exercé leur droit de réunion et d'association pacifiques et, le cas échéant, à condamner publiquement le non-respect du droit à un procès équitable;

125.

invite l'Union européenne à faire du respect et de la promotion de la liberté de réunion et d'association une priorité clé du futur plan d'action de l'Union sur les droits de l'homme et la démocratie et de proposer des actions spécifiques en la matière, dans la mesure où la liberté de réunion et d'association est un élément essentiel de la démocratie et d'une société ouverte;

126.

se dit une nouvelle fois favorable à ce que la majorité du financement de l'IEDDH soit consacré au soutien apporté aux défenseurs des droits de l'homme et aux actions de la société civile dans le monde entier et soutient la création de fonds de défense en justice pour aider les journalistes et les activistes poursuivis à faire appel à un avocat et à bénéficier d'un procès équitable;

127.

souligne l'importance des institutions nationales des droits de l'homme (INDH) au niveau national pour surveiller les droits de l'homme, mener des actions de sensibilisation et assurer un recours aux victimes de violations; invite l'Union à élaborer une politique de soutien aux INDH, conformément aux principes de Paris, et à en faire une priorité de son assistance externe, notamment dans le cadre de l'instrument européen de voisinage;

Liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction

128.

condamne toutes les formes de violence et de discrimination fondées sur l'idéologie, la religion ou les convictions, conformément à l'article 10 du traité FUE; exprime sa profonde inquiétude face à la persistance des cas signalés de violences et de discriminations à l'encontre de minorités religieuses dans le monde entier, notamment au Moyen-Orient; souligne que le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction est fondamental et étroitement lié à d'autres droits de l'homme et libertés fondamentales, et rappelle que ce droit embrasse le droit de croire ou de ne pas croire, la liberté de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion ou croyance, et le droit d'adopter, de changer de conviction ou d'abandonner une conviction et de reprendre une conviction de son choix, comme le prévoit l'article 18 de la déclaration universelle des droits de l'homme;

129.

invite l'Union et ses États membres à faire en sorte que les minorités religieuses soient respectées dans le monde entier et en particulier au Moyen-Orient, où des chrétiens, par exemple les catholiques, les Arméniens apostoliques, les coptes et les yézidis, ainsi que les minorités musulmanes, sont persécutés par l'EIIL et par d'autres groupes terroristes;

130.

condamne fermement les attaques dirigées contre les chrétiens dans plusieurs pays du monde et exprime sa solidarité avec les familles des victimes; exprime sa profonde inquiétude face au nombre croissant de cas de répression, de discrimination, d'intolérance et d'attaques violentes contre des communautés chrétiennes, en particulier en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient; demande aux gouvernements de traduire les responsables en justice; est profondément préoccupé par la situation actuelle des chrétiens en Corée du Nord, en Somalie, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Arabie saoudite, au Pakistan, en Ouzbékistan, au Yémen, au Nigéria et dans de nombreux autres pays, où les chrétiens vivent dans la crainte d'être tués, sont confrontés à la torture, au viol et aux enlèvements et où leurs églises sont endommagées ou détruites;

131.

exprime sa profonde inquiétude concernant la situation des personnes appartenant à la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie/Myanmar, qui se voient refuser la nationalité birmane et sont confrontés à des persécutions et à des violations systématiques de leurs droits humains; rappelle la résolution du Parlement européen du 13 juin 2013 sur la situation des musulmans Rohingyas (24);

132.

accueille favorablement l'adoption, au cours de l'année 2013, des lignes directrices de l'Union relatives à la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction, et invite les institutions de l'Union et les États membres à accorder une attention particulière à la mise en œuvre de ces lignes directrices tant au niveau des forums internationaux et régionaux que dans leurs relations bilatérales avec des pays tiers, et à accorder une attention particulière à la situation vulnérable des apostats; félicite la nouvelle VP/HR d'avoir affirmé que la liberté de religion ou de conviction constituait l'une des priorités en matière de droits de l'homme; encourage la VP/HR et le SEAE à mener un dialogue permanent avec les ONG, les groupes religieux ou les groupes de croyants et les dirigeants religieux;

133.

salue l'engagement de l'Union à promouvoir le droit à la liberté de religion ou de conviction au sein des forums internationaux et régionaux, et notamment au sein des Nations unies, de l'OSCE, du Conseil de l'Europe et d'autres mécanismes régionaux; encourage l'Union à continuer de déposer sa résolution annuelle relative à la liberté de religion ou de conviction devant l'Assemblée générale de l'ONU et à soutenir l'action du Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction;

Droits des femmes et des jeunes filles

134.

se félicite du soutien de l'Union en faveur des résolutions des Nations unies sur les questions liées au genre, et notamment sur l'élimination des violences à l'encontre des femmes et des filles, sur les discriminations à l'encontre des femmes, sur le rôle de la liberté d'opinion et d'expression dans l'autonomisation des femmes, ainsi qu'en faveur des déclarations des Nations unies relatives aux mariages précoces et forcés et sur la mutilation génitale féminine;

135.

invite l'Union à participer activement à la 59e session de la Commission de la condition de la femme et à continuer de lutter contre toutes les tentatives de faire obstacle au programme d'action de Pékin des Nations unies concernant, entre autres, l'accès à l'éducation et à la santé comme un droit de l'homme fondamental ou encore les droits sexuels et génésiques;

136.

déplore que le corps des femmes et des filles, en particulier en ce qui concerne leur santé sexuelle et génésique et les droits y afférents, suscite encore des débats idéologiques et demande à l'Union et à ses États membres de reconnaître le droit inaliénable des femmes et des filles à l'intégrité physique et à la prise de décisions autonome pour ce qui est, entre autres, du droit à l'accès à la planification familiale volontaire, du droit à l'avortement légal et sans risque et du droit d'être à l'abri des violences telles que les mutilations génitales féminines, la maternité et le mariage précoces et forcés et le viol conjugal;

137.

réaffirme sa condamnation de toutes formes de violence et de mauvais traitements envers les femmes et les filles, notamment la violence sexuelle utilisée comme arme de guerre et la violence domestique; invite en conséquence les États membres du Conseil de l'Europe à signer et à ratifier la Convention d'Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique; invite l'Union à faire les démarches nécessaires pour accéder à cette convention afin de garantir la cohérence des actions internes et externes de l'Union en matière de violence à l'égard des femmes et des filles;

138.

exprime sa profonde inquiétude face aux gouvernements qui ferment les yeux devant des cas inhumains d'abus sexuels contre les femmes, alors qu'une femme sur trois dans le monde entier sera confrontée à la violence au cours de sa vie; prie instamment le SEAE de poursuivre l'élaboration de bonnes pratiques dans la lutte contre le viol et les violences sexuelles contre les femmes dans les pays tiers afin de s'attaquer aux causes profondes de ce problème;

139.

souligne qu'il importe que les autorités élaborent des campagnes d'éducation à destination des hommes, et en particulier des jeunes générations, afin de les associer aux mesures de prévention et d'élimination progressive de tous les types de violence fondée sur le genre; souligne la nécessité de veiller à ce que les professionnels de la santé, les agents de police, les procureurs et les juges, tant dans l'Union que dans les pays tiers, disposent d'une formation suffisante pour prêter soutien et assistance aux victimes de violence;

140.

souligne que la violence fondée sur le genre, y compris les pratiques coutumières et traditionnelles malfaisantes, constitue une violation des droits fondamentaux et, notamment, de la dignité humaine, du droit à la vie et du droit à l'intégrité de la personne;

141.

souligne que la Convention d'Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique est un outil international important et contraignant et que, de ce fait, l'adhésion à celle-ci d'un nombre croissant de pays contribuera considérablement à l'élaboration d'une politique intégrée en matière de protection et d'émancipation des victimes et de promotion de la coopération internationale dans ce domaine;

142.

demande au Conseil d'inclure la question de l'avortement sélectif selon le sexe dans les lignes directrices de l'Union sur les violences contre les femmes et les filles; encourage la Commission et le Conseil à élaborer des méthodes de collecte de données et des indicateurs relatifs à ce phénomène, et encourage le SEAE à inclure ce point dans l'élaboration et la mise en œuvre des stratégies par pays en matière de droits de l'homme;

143.

souligne l'importance d'organiser des campagnes d'information et de sensibilisation au sein des communautés dans lesquelles les mutilations génitales féminines, les abus sexuels perpétrés sur les filles, les mariages précoces et forcés, les féminicides et d'autres violations des droits humains fondées sur le genre sont pratiqués, et insiste sur la nécessité d'associer à la préparation et la réalisation de ces campagnes les défenseurs des droits humains qui luttent déjà pour faire cesser ces pratiques; rappelle que les mariages d'enfants, les mariages précoces et forcés et la non-application d'un âge minimum légal de mariage constitue non seulement une violation des droits de l'enfant, mais aussi un véritable frein à l'émancipation des femmes;

144.

condamne avec fermeté les violences sexuelles perpétrées contre les femmes et les filles comme tactique de guerre, à savoir le viol de masse, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, toutes formes de persécution fondées sur le sexe, notamment les mutilations génitales féminines, la traite des êtres humains, le tourisme sexuel, les mariages précoces et forcés, les crimes d'honneur et toutes les autres formes de violence sexuelle de gravité comparable; reste particulièrement préoccupé à cet égard par la situation dans la région africaine des Grands Lacs et en Syrie, par exemple; exprime son soutien aux travaux d'ONU Femmes, du rapporteur spécial des Nations unies sur la violence à l'égard des femmes, ses causes et ses conséquences, et du représentant spécial des Nations unies sur les violences sexuelles commises en période de conflit; se réjouit que le prix Sakharov ait été décerné en 2014 au Docteur Denis Mukwege pour la lutte remarquable qu'il mène afin de protéger les filles et les femmes victimes de violences sexuelles lors de conflits armés;

145.

attire l'attention sur le fait que les crimes sexistes et les crimes de violence sexuelle figurent dans le Statut de Rome parmi les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité ou les éléments constitutifs du génocide ou de la torture; salue, dans ce contexte, la résolution 2106 du Conseil de sécurité des Nations unies relative à la prévention des violences sexuelles en période de conflit, adoptée le 24 juin 2013, qui réaffirme que la CPI joue un rôle essentiel dans la lutte contre l'impunité pour les crimes sexuels et sexistes; invite l'Union européenne à appuyer l'application complète de ces principes;

146.

rappelle la volonté de l'Union européenne d'intégrer les droits de l'homme et les aspects liés au genre dans les missions de la politique étrangère et de sécurité commune, conformément aux résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité des Nations unies relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité; à cet égard, invite une nouvelle fois l'Union et ses États membres à soutenir, dans la perspective d'une réconciliation durable, la participation systématique des femmes en tant qu'élément essentiel des processus de paix, et à reconnaître la nécessité d'intégrer systématiquement les perspectives de genre dans la prévention des conflits, les opérations de maintien de la paix, l'aide humanitaire et la reconstruction après un conflit et le processus de transition démocratique;

147.

considère que la sous-représentation des femmes dans la prise de décision politique est une question de droits fondamentaux et de démocratie, valeurs qui soulignent la capacité des gouvernements à se consacrer pleinement aux processus de consolidation et de maintien de la démocratie; se félicite de l'instauration de systèmes de parité et de quotas dans la législation et demande que le processus législatif nécessaire soit mis en place dans les plus brefs délais;

148.

demande à l'Union et à ses États membres de soutenir la pleine participation des femmes à la prise de décision politique et économique, en particulier dans les processus de construction de la paix, dans la transition démocratique et dans la résolution des conflits; encourage les États membres, la Commission et le SEAE à mettre l'accent sur l'émancipation économique et politique des femmes dans les pays en développement, en promouvant leur participation dans les entreprises et la mise en œuvre de projets régionaux et de développement local;

149.

souligne qu'il importe de garantir aux femmes, en Europe et dans le reste du monde, le droit de pouvoir assumer librement leurs choix, au même titre que les hommes, sans aucune contrainte idéologique, politique ou religieuse;

Droits de l'homme et corruption

150.

rappelle que la corruption constitue une violation des droits de l'homme et que l'Union a demandé une compétence pour la signature de la convention des Nations unies contre la corruption (CNUCC);

151.

déplore qu'aucun suivi n'ait jusqu'à présent été donné à la demande adressée par le Parlement à la VP/HR de présenter un plan d'action de l'Union contre la corruption afin d'assurer un contrôle efficace des recommandations de la CNUCC, y compris l'obligation faite aux États parties de publier et de diffuser des informations relatives à la corruption, de mettre en place des mécanismes de signalement des infractions et de créer un cadre législatif adapté pour la protection des témoins et pour permettre les activités de la société civile dans ce domaine;

152.

encourage Europol à développer davantage de partenariats stratégiques et opérationnels avec les pays tiers en vue de lutter plus efficacement contre la corruption et la criminalité organisée;

153.

invite la Commission à développer des mécanismes financiers novateurs afin de mener des réformes fiscales et de renforcer la lutte contre la corruption, les flux financiers illicites et l'évasion fiscale; recommande, dans ce contexte, d'envisager des partenariats public-privé, de combiner les subventions et les prêts et d'aider les pays en développement à mieux mobiliser leurs ressource internes; prend acte de l'appel lancé en faveur de la mise en place d'une taxe internationale sur les transactions financières, qui pourrait faire office de source supplémentaire de financement du développement, et rappelle aux États membres de l'Union européenne qu'ils se sont déjà engagés à instaurer une taxe nationale sur les transactions financières et à consacrer une partie des fonds au financement des biens publics mondiaux, y compris du développement;

154.

fait remarquer que les pays tiers où la gouvernance est défaillante et qui bénéficient de flux d'aide importants présentent également un taux de corruption plus élevé, ce qui, en conséquence, détourne l'objectif de l'aide au développement et porte atteinte à l'épanouissement des droits de l'homme; demande au SEAE de soutenir les programmes de développement dans lesquels l'aide humanitaire et la transparence vont de pair, afin de promouvoir les droits de l'homme dans les pays tiers;

155.

invite une nouvelle fois l'Union européenne et ses États membres à soutenir la création d'un poste de rapporteur spécial des Nations unies sur la criminalité financière, la corruption et les droits de l'homme;

Traite des êtres humains

156.

condamne les activités illicites que sont la traite des êtres humains, le trafic d'êtres humains aux fins du prélèvement d'organes et toute autre activité fondée sur l'exploitation qui viole le droit à l'intégrité physique et qui inflige des violences; insiste sur la nécessité de lutter contre la traite d'êtres humains, dont la majorité des victimes sont des femmes, exploitées à des fins sexuelles;

157.

invite l'Union à donner la priorité à la lutte contre la traite des êtres humains dans ses politiques internes comme externes, en mettant l'accent en particulier sur la protection des victimes; souligne la nécessité d'une coopération accrue avec les pays tiers pour l'échange des bonnes pratiques et le démantèlement de réseaux de trafic internationaux, qui recourent également à l'internet pour trouver de nouvelles victimes; affirme une nouvelle fois la nécessité de voir tous les États membres de l'Union transposer la directive européenne 2011/36/UE et la stratégie de l'Union en vue de l'éradication de la traite des êtres humains (2012-2016);

Discrimination fondée sur les castes

158.

condamne les violations persistantes des droits de l'homme commises à l'encontre de personnes victimes de hiérarchies de castes et de discriminations fondées sur les castes, en ce compris le déni d'égalité et d'accès au système judiciaire et à l'emploi, le maintien d'une ségrégation et d'obstacles fondés sur les castes empêchant l'exercice des droits de l'homme fondamentaux et l'épanouissement; invite l'Union à adopter une politique d'action visant à éliminer les discriminations fondées sur les castes et à inclure des objectifs politiques relatifs aux discriminations fondées sur les castes dans son nouveau plan d'action européen en faveur des droits de l'homme et de la démocratie;

Droits des LGBTI

159.

fait observer que l'homosexualité constitue toujours un délit dans 78 pays, dont 10 prévoient la peine de mort (l'Arabie saoudite, le Nigeria, la Mauritanie, le Soudan, la Sierra Leone, le Yémen, l'Afghanistan, l'Iran, les Maldives et le Brunei), et que 20 pays continuent d'ériger les identités transgenres en délit; condamne avec fermeté la recrudescence récente de lois discriminatoires et estime que les pratiques et les actes de violence contre des personnes sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre ne doivent pas rester impunis; recommande de suivre de près la situation au Nigeria, en Ouganda, au Malawi, en Inde et en Russie, où de nouvelles lois ou des évolutions juridiques récentes mettent gravement en péril la liberté des minorités sexuelles; réaffirme son soutien aux efforts persistants du Haut-Commissaire aux droits de l'homme pour lutter contre ces lois et pratiques discriminatoires et, plus généralement, à l'action des Nations unies en ce domaine;

160.

soutient l'idée salon laquelle le SEAE devrait accorder la priorité à ses actions dans ce domaine et mettre l'accent en particulier sur les situations où la peine de mort est en vigueur et/ou lorsque des tortures et/ou des mauvais traitements sont commis à l'encontre de personnes LGBTI, en condamnant ces pratiques conformément aux orientations de l'Union européenne concernant la peine de mort et aux orientations de l'Union européenne concernant la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants;

161.

salue l'adoption, en 2013, des lignes directrices de l'Union visant à promouvoir et garantir le respect de tous les droits fondamentaux des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI); invite le SEAE et la Commission à soulever la question des droits des LGBTI dans le cadre des dialogues politiques et relatifs aux droits de l'homme avec les pays tiers ainsi que dans les forums multilatéraux; insiste sur l'importance que la Commission et le SEAE continuent de soulever la question des droits des LGBTI dans le cadre des dialogues politiques et relatifs aux droits de l'homme et utilisent l'IEDDH pour soutenir les organisations qui défendent les droits des LGBTI en les aidant à s'opposer aux législations homophobes et transphobes et aux discriminations contre les personnes LGBTI, en sensibilisant l'opinion publique aux violences subies par les personnes aux orientations sexuelles et aux identités de genre différentes et en apportant une assistance d'urgence (allant d'une assistance psychosociale et médicale à la médiation et à une aide à la réintégration) aux personnes qui ont besoin d'un tel soutien;

162.

prend acte de la légalisation du mariage homosexuel ou des unions civiles homosexuelles dans un nombre croissant de pays — dix-sept à l'heure actuelle — dans le monde entier; encourage les institutions de l'Union et les États membres à contribuer davantage à la réflexion sur la reconnaissance du mariage homosexuel ou de l'union civile homosexuelle comme un enjeu politique, social et lié aux droits civils et aux droits de l'homme;

163.

demande à la Commission et à l'OMS de retirer les troubles de l'identité de genre de la liste des troubles mentaux et du comportement; demande à la Commission d'intensifier ses efforts en vue de mettre fin à la pathologisation des identités «trans»; encourage les États à mettre en place des procédures de reconnaissance du genre rapides, accessibles et transparentes qui respectent le droit à l'autodétermination;

164.

se félicite du soutien politique croissant visant à interdire l'exigence de stérilisation pour la reconnaissance juridique du genre, comme l'a exprimé le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, et estime que cette exigence devrait être traitée et poursuivie comme une violation du droit à l'intégrité physique et une atteinte à la santé et aux droits sexuels et génésiques;

165.

se félicite de l'annulation, en octobre 2013, de la loi moldave interdisant la «propagation de toute autre relation que celles liées au mariage ou à la famille», et invite les autres pays de la région à suivre l'exemple de la Moldavie;

Droits des personnes appartenant à des minorités nationales

166.

souligne que les communautés de minorités nationales ont des besoins spécifiques et qu'il convient par conséquent de promouvoir une égalité absolue et effective entre personnes appartenant à une minorité nationale et des personnes appartenant à la majorité dans tous les domaines de la vie économique, sociale, politique et culturelle;

Droits des personnes handicapées

167.

se félicite des ratifications de la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées; réaffirme l'importance d'une application efficace par les États membres comme par les institutions de l'Union et souligne, en particulier, la nécessité d'intégrer de façon crédible le principe d'accessibilité universelle et l'ensemble des droits des personnes handicapées dans tous les instruments de politique et toutes les politiques de l'Union, y compris dans le domaine de la coopération au développement, en soulignant le caractère normatif et horizontal de ce thème; souligne qu'il est important que l'Union agisse en coopération avec les organisations internationales et régionales concernées ainsi qu'avec la société civile, en particulier avec les organisations de personnes handicapées, afin de garantir que les programmes de développement internationaux soient adaptés aux besoins des personnes handicapées,

168.

encourage la VP/HR à continuer de soutenir le processus de ratification et de transposition de la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées par les pays qui ne l'ont pas encore ratifiée ou mise en œuvre;

169.

encourage le SEAE à accorder une attention minutieuse aux observations et aux recommandations par pays publiées par le Comité des droits des personnes handicapées, ainsi qu'aux rapports par pays, et à aborder ces préoccupations de façon systématique dans les dialogues politiques avec les pays concernés ainsi que dans ses déclarations publiques; invite la Commission à préparer et à rédiger des principes directeurs de l'Union visant à promouvoir et à protéger la jouissance de tous les droits humains par les personnes handicapées afin de garantir une politique systématique et cohérente à cet égard, même dans ses dialogues et négociations avec des pays tiers;

170.

demande à la Commission et au SEAE d'encourager les délégations de l'Union européenne dans le monde entier à dialoguer avec la société civile afin de promouvoir la jouissance effective des droits de l'homme par les personnes handicapées;

Droits de l’enfant

171.

invite une nouvelle fois la Commission à proposer une stratégie et un plan d'action ambitieux et complets en faveur des droits des enfants pour les cinq prochaines années, comme le demande sa résolution susmentionnée du 27 novembre 2014 relative au 25e anniversaire de la convention relative aux droits de l'enfant;

172.

salue la coopération de l'Union avec l'UNICEF et d'autres organisations et ONG engagées en faveur des droits des enfants, qui a débouché sur la création d'une «boîte à outils» pour la prise en compte systématique des droits de l'enfant dans la coopération au développement et dans le soutien aux principaux OMD et aux programmes de protection des enfants visant à faire respecter les droits des enfants, en particulier dans des contextes délicats; salue en particulier le manifeste sur les droits de l'enfant et encourage un plus grand nombre de députés au Parlement européen, ainsi que les parlementaires nationaux, à signer ce manifeste et à devenir des «champions des droits de l'enfant»; se félicite que les fonds versés à l'Union pour son prix Nobel soient utilisés pour aider les enfants dans des situations de conflit; rappelle l'importance de fournir un soutien psychologique aux enfants qui ont été exposés à des événements violents ou qui sont victimes de guerre; souligne l'importance de garantir l'accès à l'éducation pour les enfants touchés par les conflits; salue la participation de l'Union à la troisième conférence mondiale sur le travail des enfants, tenue à Brasilia en octobre 2013, ainsi que sa participation aux négociations relatives à la déclaration tripartite sur le travail des enfants;

173.

insiste sur la nécessité de combattre toutes les formes de travail forcé des enfants et d'exploitation des enfants; demande une meilleure application des règles nationales et internationales existantes qui encouragent la sensibilisation à la maltraitance des enfants sur le marché du travail;

174.

demande à la Commission et au SEAE de poursuivre leurs actions concernant les droits de l'enfant en mettant l'accent en particulier sur la violence à l'égard des enfants, y compris la torture, à la lumière des cas de torture et de détention d'enfants signalés récemment; demande qu'une attention particulière soit accordée aux problèmes du travail forcé des enfants et de la pauvreté et de la malnutrition infantiles et, dans cette perspective, à l'objectif de l'enseignement primaire universel, à la réduction de la mortalité infantile, du mariage des enfants et des pratiques néfastes, du recrutement d'enfants dans des groupes armés et aux questions de leur désarmement, de leur réhabilitation et de leur réintégration; demande également à ce que la question de la sorcellerie liée aux enfants soit mise à l'ordre du jour des dialogues relatifs aux droits de l'homme avec les pays concernés; souligne qu'il importe de placer les droits des enfants au centre de la politique extérieure, de la coopération au développement et de l'aide humanitaire de l'Union afin de garantir un financement approprié et de renforcer la protection des enfants dans les situations d'urgence; invite la VP/HR à rendre compte annuellement au Parlement des résultats obtenus en ce qui concerne l'action externe de l'Union axée sur les enfants; souligne que les enfants et les adolescents devraient pratiquer uniquement un travail qui ne nuit pas à leur santé et à leur épanouissement personnel et n'entrave pas leur scolarité; souligne qu'il importe de placer les droits des enfants au centre de la politique extérieure de l'Union;

175.

observe que la convention relative aux droits de l'enfant demande des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives en matière de travail des enfants, reconnaissant ainsi la nécessité d'une approche pluridimensionnelle; souligne qu'il convient que les lois, pour être appliquées efficacement, soient accompagnées d'interventions politiques proposant des alternatives sous la forme d'une éducation et d'une formation professionnelle, ainsi que de mesures de protection sociale au bénéfice des enfants et des familles;

176.

invite l'Union à continuer de promouvoir un environnement propice à la prévention et à l'élimination du travail des enfants, un dialogue social ainsi que des actions concertées entre le secteur public et le secteur privé autour de l'éradication du travail des enfants; souligne la nécessité d'apporter un soutien et de renforcer les capacités en vue de lutter contre le travail des enfants dans les pays en conflit et les pays en situation post-conflit;

177.

réaffirme la nécessité d'intensifier les efforts axés sur l'application de la stratégie de mise en œuvre révisée des orientations de l'Union européenne sur les enfants face aux conflits armés; appelle dans ce cadre à une meilleure utilisation des fonds de l'instrument de stabilité et de l'IEDDH pour traiter le phénomène des enfants soldats; encourage l'Union européenne à renforcer encore sa coopération avec le représentant spécial des Nations unies pour les enfants et les conflits armés, en soutenant les plans d'action et les mécanismes de surveillance et de communication; appelle de ses vœux la ratification universelle de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, et notamment de son troisième protocole facultatif, qui permettra aux enfants de soumettre leurs plaintes au Comité des droit de l'enfant des Nations unies; invite la Commission et la VP/HR à étudier les possibilités dont dispose l'Union pour adhérer unilatéralement à la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant;

178.

fait observer que la sous-nutrition et la malnutrition des enfants dans les pays en développement soulèvent de graves inquiétudes; salue à cet égard le cadre d'action adopté lors de la deuxième conférence internationale sur la nutrition, qui fixe l'objectif global de réduire de 40 % le nombre d'enfants de moins de cinq ans dont la croissance est retardée au niveau mondial;

179.

réaffirme que l'accès à l'éducation est un droit fondamental de l'enfant, consacré à l'article 28 de la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant; souligne la nécessité d'améliorer l'accès des enfants à des services et à des soins de santé de qualité dans toutes les actions menées par l'Union et les États membres;

180.

déplore qu'il reste encore des pays dans le monde qui hésitent à signer la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées et la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, qui fournissent des orientations détaillées pour la création de sociétés inclusives assurant la protection des enfants handicapés;

181.

invite l'Union et ses États membres à mener en cohérence les politiques d'aide humanitaire et de développement pour lutter contre la malnutrition des enfants;

Droits des populations indigènes

182.

constate avec inquiétude que les populations indigènes sont particulièrement menacées de discrimination et sont particulièrement vulnérables aux changements et aux perturbations politiques, économiques, environnementaux et professionnels; observe que la plupart de ces personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et n'ont guère ou pas accès à la justice, au système de représentation ou à la prise de décision politique; est particulièrement préoccupé par les informations faisant état d'un accaparement des terres largement répandu, de déplacements forcés et de violations des droits de l'homme à la suite d'un conflit armé;

Action de l'Union concernant les migrations et les réfugiés

183.

exprime son indignation face au nombre de décès en mer Méditerranée, qui s'élève à 3 000 pour l'année 2013 selon les estimations publiées par l'Organisation internationale pour les migrations dans son rapport «Fatal Journeys» — ce qui fait de cette mer la région la plus mortelle du monde pour la migration irrégulière; exprime son extrême inquiétude face aux comptes rendus faisant état de violations des droits de l'homme à l'encontre des migrants et des demandeurs d'asile en route pour l'Union; demande à l'Union et à ses États membres de collaborer avec les Nations unies, avec les mécanismes régionaux, avec les gouvernements et avec les ONG pour résoudre ces problèmes; souligne l'urgence d'élaborer des politiques plus fortes, plus solidaires et plus intégrées au niveau de l'Union pour faire face aux problèmes pressants liés aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d'asile d'une manière conforme à la législation internationale en matière de droits de l'homme et à la dignité humaine fondamentale, et invite l'Union à garantir des normes communes efficaces pour les procédures d'accueil dans l'ensemble de l'Union afin de protéger les mineurs non accompagnés et les personnes les plus vulnérables; invite la VP/HR, le commissaire chargé de la migration et des affaires intérieures et le SEAE à accroître la coopération et un partage équitable de la charge entre les États membres, notamment pour l'hébergement et la réinstallation des réfugiés, pour contribuer aux opérations de recherche et de sauvetage afin de venir en aide aux migrants en situation de détresse en mer alors qu'ils tentent d'atteindre les côtes de l'Europe; rappelle à cet égard la nécessité de respecter le principe du non-refoulement dans les eaux européennes et internationales confirmé par la Cour européenne des droits de l'homme; rappelle l'engagement de la Commission à développer des canaux adéquats de migration licite; invite par conséquent les États membres à transposer intégralement le train de mesures commun en matière d'asile récemment adopté par l'Union ainsi que la législation commune en matière de migration et demande, à cette fin, que soit déclenché le mécanisme de gestion de crise visé à l'article 33 du règlement Dublin, qui prévoirait un contingent minimal clairement défini par État membre, afin d'obtenir rapidement un mécanisme de répartition opérationnel de façon à réduire les pressions exercées sur les États membres les plus sollicités quand le quota minimal est nettement dépassé; invite les États membres à participer aux programmes de réinstallation et à développer davantage les programmes de protection régionaux dans les régions les plus touchées; souligne également la nécessité de lutter contre les causes profondes de l'immigration clandestine; encourage le SEAE et les États membres à accorder une grande attention aux pays d'origine de la traite et du passage illicite d'êtres humains, aux pays de transit et aux pays de destination; appelle la VP/HR et les États membres à encore renforcer la dimension extérieure de l'Union, en travaillant en coopération avec les pays d'origine et de transit, y compris les pays partenaires de l'Union, en particulier dans la région méditerranéenne, en abordant ces préoccupations de façon systématique dans les dialogues politiques avec les pays concernés ainsi que dans ses déclarations publiques, et en renforçant au maximum la collaboration avec ces pays afin de démanteler les réseaux illégaux de trafic illicite des migrants et de combattre les mafias illégales qui profitent de la traite des êtres humains;

184.

considère que les enfants migrants sont particulièrement vulnérable, surtout lorsqu'ils ne sont pas accompagnés; rappelle que les enfants non accompagnés sont avant tout des enfants et que leur traitement doit se fonder avant tout sur les principes de la protection des enfants, et non sur les politiques en matière d'immigration, respectant ainsi le principe fondamental de l'intérêt de l'enfant;

185.

encourage la VP/HR et le SEAE à continuer de soutenir le processus de ratification de la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, son protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, son protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer et son protocole contre la fabrication et le trafic illicites d'armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions;

186.

demande à l'Union de faire en sorte que la négociation et la mise en œuvre de tous les accords de coopération en matière de migration et de réadmission conclus avec des pays non-membres de l'UE respectent la législation internationale relative aux droits de l'homme, le droit des réfugiés et le droit maritime international, et demande à être consulté avant la conclusion des négociations; demande une plus grande transparence dans la négociation de ces accords et l'intégration de mécanismes de contrôle afin d'évaluer l'impact sur les droits de l'homme de la coopération en matière de migration avec des pays tiers, ainsi que des mesures de contrôle aux frontières, en ce qui concerne notamment Frontex et Eurosur; insiste sur le fait que les droits de l'homme doivent jouer un rôle important en matière de migration et d'asile; demande donc que l'officier aux droits fondamentaux de Frontex et les experts en formation du Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO) bénéficient d'un financement adéquat leur permettant de mener des activités d'évaluation et de contrôle et de présenter les meilleures pratiques;

187.

invite la Commission européenne à réaliser une évaluation continue de ses programmes en matière de migration et de contrôle aux frontières dans l'Union et dans les pays tiers en vue de proposer des mesures plus efficaces pour empêcher les violations des droits de l'homme et à partager les meilleures pratiques;

188.

encourage le Bureau européen d'appui en matière d'asile à développer des partenariats avec les pays tiers en vue de renforcer la protection internationale des demandeurs d'asile;

189.

salue l'ajout du critère du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales à la liste des critères clés pris en compte pour l'entrée en négociations pour des accords d'exemption de visas avec des pays tiers (25); invite la Commission à utiliser ce nouveau critère comme un levier pour approfondir le dialogue sur les droits de l'homme avec des pays tiers, dans le cadre stratégique et économique que constituent les négociations sur les visas;

190.

condamne la criminalisation croissante de la migration irrégulière au sein de l'Union aux dépens des droits humains des personnes concernées; demande instamment que des mesures soient prises sans retard en vue de l'établissement des protections nécessaires des droits de l'homme ainsi que des mécanismes de responsabilité et d'application;

191.

demande à la Commission et au SEAE de participer activement au débat sur le terme «réfugié climatique», y compris sa définition juridique possible en droit international ou dans le cadre de tout accord international juridiquement contraignant;

192.

reconnaît que l'apatridie constitue un des défis importants dans le domaine des droits de l'homme; demande à la Commission et au SEAE de combattre l'apatridie dans le cadre de l'ensemble de l'action extérieure de l'Union, notamment en dénonçant les législations sur la nationalité qui imposent des discriminations sur la base du sexe, de la religion ou de l'appartenance à une minorité, en promouvant le droit des enfants à avoir une nationalité et en soutenant la campagne de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui vise à mettre fin à l'apatridie d'ici 2024;

Droits de l'homme et développement

193.

souligne que le respect des droits de l'homme, y compris des droits économiques, culturels, sociaux et environnementaux, l'accès à l'alimentation, la bonne gouvernance, les valeurs démocratiques, la paix, la sécurité et l'accès à un système judiciaire équitable et efficace sont des conditions indispensables à la réduction de la pauvreté et des inégalités, et à la concrétisation des objectifs du Millénaire pour le développement; estime qu'il est nécessaire de promouvoir les droits de l'homme de manière transversale dans tous les objectifs, cibles et indicateurs de l'agenda de l'après-2015; insiste sur le fait que la mise en œuvre de cet agenda doit reposer sur des mécanismes de transparence et de responsabilisation solides; affirme que les engagements sur le plan de la gouvernance et des droits de l'homme doivent être mesurables et pouvoir faire l'objet de mesures de suivi;

194.

rappelle que les Nations unies ont reconnu l'impossibilité de réaliser complètement les objectifs de développement sans une approche du développement fondée sur les droits de l'homme; demande à l'Union de rester vigilante et de veiller à ce que la question des défenseurs des droits de l'homme et de l'espace accordé à la société civile soit explicitement intégrée aux discussions post-OMD;

195.

insiste sur l'interdépendance entre la pauvreté extrême et l'absence de droits de l'homme, et souligne la nécessité de mettre au point un ensemble de principes sur l'application des normes et critères relatifs aux droits de l'homme dans le contexte de la lutte contre l'extrême pauvreté;

196.

souligne l'importance de garantir la cohérence des politiques au service du développement parallèlement au respect des droits de l'homme; rappelle à cette fin la nécessité d'adopter des lignes directrices, de réaliser des études d'incidences et de mettre en place des mécanismes de suivi et d'information pour garantir la traduction de ces politiques dans les actions de l'Union et dans celles des États membres, en particulier dans les domaines du commerce et de l'agriculture; estime que l'Union devrait conserver son rôle politique moteur en la matière; demande par conséquent à l'Union de collaborer avec des pays partenaires engagés afin de mettre en place des initiatives internationales (dans le cadre des Nations unies, du G20, etc.) destinées à faire de la cohérence des politiques au service du développement un objectif universel;

197.

invite l'Union et les États membres à mieux coordonner leurs programmes de développement dans l'esprit du traité de Lisbonne en plaçant la politique de développement à l'avant-plan des relations extérieures de l'Union, de façon à mieux coordonner les priorités nationales et les programmes européens en matière de promotion des droits de l'homme via le développement, en tenant compte des complexités inhérentes à la politique de développement de l'Union;

198.

invite le SEAE, sous la coordination de la VP/HR, à mieux associer la politique étrangère et de sécurité et la politique de développement afin de développer des synergies et de garantir une approche cohérente visant l'application universelle des droits de l'homme via la politique de développement de l'Union; invite également l'Union à assurer une meilleure coordination externe au sein des forums multilatéraux avec les économies émergentes, comme les pays BRICS, afin de s'attaquer aux problèmes mondiaux de gouvernance et de promouvoir les droits de l'homme via la coordination de leurs différents programmes en matière de développement;

199.

prie instamment l'Union d'intégrer plus efficacement les droits de l'homme et la démocratie dans toutes les actions de coopération au développement et de faire en sorte que les programmes de développement de l'Union contribuent au respect, par les pays partenaires, de leurs obligations internationales en matière de droits de l'homme;

200.

souligne l'importance de lier l'aide au développement à des efforts crédibles de démocratisation;

201.

invite le Comité d'analyse d'impact, sous la supervision du Président de la Commission, à faire que en sorte que l'impact sur la situation des droits de l'homme soit prise en considération lors des discussions portant sur les projets de coopération au développement de l'Union, et inversement;

202.

reconnaît qu'il est important d'associer activement les ONG à la planification, à la mise en œuvre et à l'évaluation des dispositions en matière de droits de l'homme, de manière à assurer la participation la plus large possible de la société civile au processus d'élaboration des politiques et aux mesures visant à garantir l'efficacité desdites dispositions;

203.

salue la nouvelle initiative «EU Aid Volunteers» qui offrira, de 2014 à 2020, l'occasion à près de 18 000 personnes de l'Union et de pays tiers de participer dans le monde entier à des opérations humanitaires où l'aide est la plus urgente et de faire preuve de solidarité en aidant les communautés touchées par des catastrophes naturelles ou causées par l'homme;

204.

demande une action concertée de l'Union en vue de lutter contre l'accaparement des terres en promouvant la mise en place de mesures de prévention dans les pays concernés et au sein de l'Union auprès des entreprises européennes qui sont présentes dans ces pays; observe que le fait de refuser aux populations défavorisées des zones rurales et urbaines l'accès aux terres et aux ressources naturelles est l'une des principales causes de famine et de pauvreté dans le monde et qu'à ce titre, cette interdiction a une incidence sur l'exercice des droits de l'homme des communautés locales, et en particulier de leur droit à une alimentation adéquate; demande que soient mesurés les effets de la politique commerciale de l'Union sur l'accaparement des terres; salue l'implication de l'Union européenne dans le développement des directives volontaires mondiales relatives aux régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire, adoptées sous l'égide des Nations unies, et appelle à leur mise en œuvre et à l'adoption de mesures contraignantes pour prévenir l'accaparement des terres; souligne néanmoins la nécessité urgente d'intégrer systématiquement les questions de droits de l'homme et de réduction de la pauvreté dans les prises de décisions concernant l'acquisition ou la location à long terme de territoires importants par des investisseurs; estime que la réponse de l'Union en la matière constituera une mise à l'épreuve importante de son engagement en faveur d'une approche fondée sur les droits pour sa politique de coopération au développement, telle que l'envisage le traité de Lisbonne, par laquelle la politique de développement de l'Union contribuerait davantage au développement économique, social et environnemental durable des pays en développement, l'objectif premier étant d'éradiquer la pauvreté dans le monde entier; invite l'Union européenne à s'engager résolument en faveur de l'agro-écologie pour garantir le droit à l'alimentation, comme le recommande le rapporteur spécial des Nations unies dans ce domaine;

205.

observe avec une profonde inquiétude que les populations autochtones sont particulièrement touchées par les violations des droits de l'homme liées à l'extraction des ressources; invite le SEAE à soutenir des cadres juridiques et des initiatives stricts visant à garantir la transparence et la bonne gouvernance dans le secteur minier et dans les autres secteurs de ressources, qui respectent le consentement préalable, libre et éclairé des populations locales et la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones;

206.

observe avec une profonde inquiétude que les groupes vulnérables sont tout particulièrement touchés par les violations des droits de l'homme liées à la dégradation de l'environnement, étant donné que l'expansion de la monoculture, le développement de l'exploitation du bois et des infrastructures, et le soutien accordé à l'exploitation du gaz et du pétrole, aux biocarburants, au secteur minier ou à l'exploitation de l'énergie hydraulique à grande échelle entraînent tous la déforestation et la dégradation des forêts; appelle la Commission à mettre en œuvre le 7e programme d'action pour l'environnement et à établir un plan global pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts et leurs conséquences environnementales, sociales et au niveau des droits de l'homme;

207.

rappelle que la mise en place de programmes de développement, d'éducation et de santé, permettent de lutter contre la pauvreté et au-delà de contribuer à combattre le terrorisme international; demande à l'UE de développer davantage de stratégies dans le monde sur le modèle de la stratégie du SEAE pour «la sécurité et le développement au Sahel»;

208.

souligne que, malgré les progrès déjà accomplis en matière d'accès à l'eau potable et d'assainissement, il reste encore environ 2,6 milliards de personnes sans latrines et 1,1 milliard de personnes sans accès à l'eau potable sous quelque forme que ce soit; affirme que cette situation ne s'explique pas seulement par un manque de ressources, mais aussi par un manque de volonté politique; demande par conséquent aux gouvernements de garantir l'accès à une eau potable sûre et à des services d'assainissement, en accordant une attention particulière aux femmes et aux enfants;

209.

demande une stratégie politique et un plan d'action ambitieux à long terme en matière de santé publique, d'innovation et d'accès aux médicaments qui envisage, entre autres, de nouveaux mécanismes d'encouragement en faveur de la recherche et du développement tels que ceux décrits dans le rapport du groupe de travail consultatif d'experts de l'OMS intitulé «Recherche et développement: financement et coordination», afin de sauvegarder le droit à un niveau de vie adéquat pour la santé et le bien-être de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale; souligne que les femmes et les filles continuent d'être les plus durement touchées par la pandémie de VIH et qu'elles sont également les plus impliquées dans les soins aux patients dans leurs communautés;

Événements culturels et sportifs internationaux et droits de l'homme

210.

dénonce la pratique croissante des États totalitaires consistant à accueillir des événements sportifs ou culturels de grande envergure afin de renforcer leur légitimité internationale tout en continuant de réprimer les désaccords en interne; invite l'Union et ses États membres à dialoguer avec les fédérations sportives internationales, avec les acteurs du monde de l'entreprise et avec les organisations de la société civile sur les modalités de leur participation à ces événement, notamment dans la perspective des premiers Jeux européens organisés à Bakou en 2015 et de la Coupe du monde FIFA organisée en Russie en 2018; demande l'élaboration d'un cadre de politique de l'Union sur les sports et les droits de l'homme et l'inclusion d'engagements en la matière dans le futur plan d'action en faveur des droits de l'homme;

211.

rappelle que dans le cadre de l'universalité des droits de l'homme, et sur la base des conventions de l'Unesco, la diversité culturelle et l'héritage culturel font partie du patrimoine mondial et que la communauté internationale a le devoir de coopérer afin d'assurer leur protection et leur valorisation; considère que les formes intentionnelles de destruction du patrimoine culturel et artistique, telles qu'elles se déroulent actuellement en Syrie et en Iraq, devraient être poursuivies en tant que crimes de guerre et crimes contre l'humanité;

Renforcement de l'action du Parlement européen sur le terrain des droits de l'homme

212.

réaffirme son engagement en faveur de l'amélioration constante des procédures, processus et structures du Parlement afin de faire en sorte que les droits de l'homme et la démocratie soient au cœur de ses actions et de ses politiques; rappelle son engagement historique en faveur des droits de l'homme, notamment à travers son prix Sakharov pour la liberté de l'esprit; estime en outre qu'une coopération efficace à l'échelle du Parlement et l'intégration systématique des droits de l'homme sont indispensables pour permettre à la sous-commission des droits de l'homme d'accomplir sa mission consistant, comme l'indique le règlement, à «assurer la cohérence entre toutes les politiques extérieures de l'Union et sa politique des droits de l'homme»;

213.

demande une meilleure mise en œuvre des recommandations à l'usage des délégations interparlementaires du Parlement européen sur la promotion des droits de l'homme et de la démocratie, et plaide pour un réexamen de ces recommandations qui devrait être réalisé par la Conférence des présidents des délégations en collaboration avec la sous-commission des droits de l'homme; recommande, dans ce contexte, de soulever de manière plus systématique et transparente les problèmes liés aux droits de l'homme, et notamment les cas particuliers cités dans des résolutions du Parlement ainsi que les lauréats et nominés du prix Sakharov exposés à un risque, lors des visites des délégations dans les pays tiers, et de rendre compte à la sous-commission des droits de l'homme des mesures prises par écrit et, si cela se justifie du point de vue politique, par une séance de compte rendu spécifique;

214.

souligne la nécessité de poursuivre la réflexion concernant les moyens les mieux adaptés de maximiser la crédibilité, la visibilité et l'efficacité des résolutions du Parlement relatives à des atteintes aux droits de l'homme, à la démocratie et à l'état de droit, ainsi que la nécessité d'une synchronisation et d'un suivi adaptés par toutes les institutions européennes ainsi que par le Fonds européen pour la démocratie; souligne en particulier la nécessité d'un suivi institutionnel des problèmes soulevés dans les résolutions d'urgence du Parlement;

215.

encourage les discussions relatives à l'intégration des différents outils dont dispose le Parlement en matière de promotion et de soutien des droits de l'homme dans un seul document stratégique qui serait adopté par le Parlement en séance plénière; demande la création d'un site Internet mis à jour régulièrement et dressant la liste des défenseurs des droits de l'homme cités dans les résolutions d'urgence du Parlement européen ainsi que la mise en place d'un groupe de travail interne du Parlement européen chargé de suivre les dossiers des défenseurs reprise dans cette liste dans le monde entier et d'encourager les délégations en déplacement dans des pays tiers à les rencontrer;

o

o o

216.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au représentant spécial de l'Union européenne pour les droits de l'homme, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de sécurité des Nations unies, au Secrétaire général des Nations unies, au président de la 69e Assemblée générale des Nations unies, au président du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, au Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme ainsi qu'aux chefs des délégations de l'Union.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0070.

(2)  A/RES/55/2.

(3)  Document du Conseil 11855/2012.

(4)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0575.

(5)  JO C 236 E du 12.8.2011, p. 69.

(6)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0252.

(7)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0259.

(8)  JO C 153 E du 31.5.2013, p. 115.

(9)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0013.

(10)  JO C 33 E du 5.2.2013, p. 165.

(11)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0274.

(12)  A/RES/67/176.

(13)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0206.

(14)  JO C 236 E du 12.8.2011, p. 107.

(15)  JO C 99 E du 3.4.2012, p. 101.

(16)  JO C 290 E du 29.11.2006, p. 107.

(17)  JO C 99 E du 3.4.2012, p. 31.

(18)  JO C 99 E du 3.4.2012, p. 94.

(19)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0059.

(20)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0420.

(21)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0394.

(22)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0180.

(23)  A/RES/69/186.

(24)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0286.

(25)  Règlement (UE) no 509/2014 du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 modifiant le règlement (CE) no 539/2001 du Conseil fixant la liste des pays tiers dont les ressortissants sont soumis à l'obligation de visa pour franchir les frontières extérieures des États membres et la liste de ceux dont les ressortissants sont exemptés de cette obligation, JO L 149 du 20.5.2014, p. 67.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/172


P8_TA(2015)0077

Relations entre l'Union européenne et la Ligue des États arabes et coopération dans la lutte contre le terrorisme

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur les relations entre l'Union européenne et la Ligue des États arabes et sur la coopération dans la lutte contre le terrorisme (2015/2573(RSP))

(2016/C 316/19)

Le Parlement européen,

vu la résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 24 septembre 2014 sur les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d'actes de terrorisme (résolution 2178 (2014)),

vu la déclaration commune de Riga adoptée à la suite de la réunion informelle des ministres de la justice et des affaires intérieures tenue à Riga les 29 et 30 janvier 2015,

vu les activités du bureau de liaison UE-LAE à Malte, qui visent à faciliter le dialogue entre la Commission et la Ligue des États arabes,

vu la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu la déclaration adoptée au cours de la troisième réunion des ministres des affaires étrangères de l'Union européenne et de la Ligue des États arabes les 10 et 11 juin 2014,

vu la signature, le 19 janvier 2015, d'un protocole d'accord entre Federica Mogherini, vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR), et Nabil Al-Arabi, secrétaire général de la Ligue des États arabes, au nom, respectivement, de l'Union européenne et de la Ligue des États arabes,

vu la stratégie de sécurité intérieure de l'Union européenne telle qu'adoptée par le Conseil le 25 février 2010,

vu les conclusions du Conseil «Affaires étrangères» sur la lutte contre le terrorisme, et notamment celles du 9 février 2015,

vu sa résolution du 11 février 2015 sur les mesures de lutte contre le terrorisme (1),

vu sa résolution du 15 janvier 2015 sur la situation en Égypte (2),

vu ses résolutions antérieures au sujet des pays de la Ligue des États arabes (LEA),

vu la déclaration du 19 janvier 2015 de VP/HR Federica Mogherini,

vu l'article 123, paragraphes 2 et 4 du Règlement,

A.

considérant que le terrorisme et l'extrémisme violent sont des menaces graves à l'encontre de la sécurité et des libertés au niveau mondial et que le respect des droits fondamentaux est un ressort essentiel de la réussite des politiques de lutte contre le terrorisme;

B.

considérant que le terrorisme est une menace mondiale qu'il convient de combattre par des efforts coordonnés des gouvernements nationaux et des organisations tant régionales qu'internationales; souligne que seule une alliance mondiale est en mesure de faire efficacement obstacle à cette menace, dans le respect absolu du droit international, des valeurs fondamentales et des normes internationales en matière de droits de l'homme;

C.

considérant que, le 19 janvier 2015, Federica Mogherini, vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR), et Nabil Al-Arabi, secrétaire général de la Ligue des États arabes (LEA), ont signé un protocole d'accord entre le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) et le secrétariat général de la LAE;

D.

considérant que le contenu du protocole d'accord 2015 entre le SEAE et le secrétariat général de la LEA n'a pas été rendu public;

E.

considérant que l'Union européenne et la Ligue des États arabes ont un intérêt commun à trouver des solutions durables afin d'assurer la paix et la stabilité régionales; que ce protocole d'accord est destiné à soutenir et renforcer les relations entre les États membres de l'Union et les membres de la Ligue des États arabes, afin de consolider leurs structures de travail, de partager leur expérience et d'entretenir leur dialogue pour atteindre des objectifs communs dans des domaines d'intérêt mutuel;

F.

considérant que le phénomène des combattants quittant l'Europe pour mener la guerre sainte («djihad») en différents endroits du monde ainsi que la menace pour la sécurité qu'ils pourraient constituer à leur retour sur le territoire de l'Union risquent de persister au cours des prochaines années; qu'il est rapporté que des milliers de ressortissants d'États membres de l'Union européenne ont quitté leur pays pour devenir des combattants étrangers après le déclenchement de la guerre et des violences en Syrie, en Iraq et en Libye, ce qui constitue un défi supplémentaire pour la sécurité des autres citoyens de l'Union; que les récents actes terroristes à Paris et Copenhague ont été commis par des ressortissants de l'Union;

G.

considérant que la diffusion de la propagande terroriste est facilitée par l’utilisation de l’internet et des réseaux sociaux; que le cyberterrorisme permet aux groupes terroristes de tisser et d'entretenir des liens sans être entravés par l'obstacle physique des frontières, ce qui réduit leur besoin de disposer de bases ou de sanctuaires dans certains pays;

H.

considérant que de graves atteintes aux droits de l'homme sont perpétrées de manière systématique dans des États membres de la LEA;

I.

considérant que des organisations de la société civile qui, aux yeux de l'Union, exercent leurs droits de l'homme universels et leurs libertés fondamentales sont souvent qualifiées d'organisations terroristes par des gouvernements d'États membres de la LEA; que la lutte antiterroriste et la sécurité nationale sont, de plus en plus fréquemment, invoquées pour légitimer la répression de personnalités de l'opposition, de la société civile et de journalistes;

J.

considérant que les politiques extérieures de l'Union doivent contribuer également à combattre la menace terroriste, qui s'intensifie dans certaines régions de son voisinage; que les stratégies préventives de lutte contre le terrorisme devraient reposer sur une démarche complexe visant à empêcher la préparation d'attentats sur le territoire de l'Union et à admettre la nécessité de s'attaquer aux racines du terrorisme;

K.

considérant que l'Union réprouve, quel que soit l'endroit du globe, le recours à la peine de mort et à tout châtiment cruel et inhumain, y compris contre des personnes reconnues coupables d'actes de terrorisme;

1.

se déclare profondément indigné par les souffrances humaines et les pertes de vie causées par les attentats terroristes, et exprime sa solidarité avec les familles de toutes les victimes innocentes;

2.

souligne que le terrorisme exerce une menace directe contre tous les pays et toutes les personnes, sans distinction d'origine ethnique, de religion ou de conviction;

3.

demande que le protocole d'accord soit rendu public pour que son contenu puisse faire l'objet d'un contrôle démocratique et judiciaire;

4.

invite le Conseil à œuvre à une définition harmonisée, non équivoque, du terrorisme avec tous les États membres de la LEA;

5.

souligne l'importance de la coopération en matière d'assistance humanitaire par l'échange d'informations sur les situations de crise; insiste sur l'importance de partager les évaluations et les bonnes pratiques de manière appropriée et de coopérer en vue de définir des actions concrètes visant à répondre aux menaces, notamment une approche plus efficace destinée à empêcher la radicalisation, le recrutement et les déplacements des terroristes et des combattants étrangers ainsi que des mesures ciblant les combattants qui reviennent sur leur lieu d'origine;

6.

affirme à nouveau que dans la lutte contre le terrorisme, il est essentiel de répondre non seulement aux conséquences mais aussi aux facteurs sous-jacents de la radicalisation, et insiste sur la nécessité d'une approche globale intersectorielle qui garantisse l'implication de toutes les politiques concernées, notamment l'importance de la promotion d'une culture d'inclusion et de tolérance, par exemple par l'éducation, et les politiques sociales et régionales;

7.

observe que l'extrémisme djihadiste est l'une des principales causes de la menace terroriste actuelle dans l'Union européenne et dans les États arabes; est d'avis qu'une politique de déradicalisation et de lutte contre le terrorisme ne peut pas être efficace sans l'étroite coopération des pays d'origine;

8.

appelle les autorités des États membres de l'Union et de la LEA à respecter l'interdiction de la torture, hautement consacrée dans la convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, que la plupart de ces États ont signée et ratifiée; rappelle que l'extorsion d'aveux sous la torture ne saurait être reconnue valable

9.

réaffirme la nécessité de maintenir un équilibre entre la liberté et la sécurité en réponse à la menace terroriste, et d'examiner toutes les mesures devant être prises du point de vue de leur compatibilité avec l'État de droit et les critères des droits fondamentaux;

10.

se félicite, en général, de la coopération et du partenariat entre l'Union et les pays tiers pour combattre le terrorisme; se réjouit de la mise en place d'un dialogue stratégique UE-LEA, avec des échanges sur des questions de politique et de sécurité, des réunions régulières entre le comité politique et de sécurité de l'Union et les représentants permanents arabes, et se félicite des progrès accomplis dans le domaine de l'alerte précoce et de la réaction face aux crises, notamment de la mise en œuvre intégrale du projet d'alerte précoce et de réaction en cas de crise;

11.

rappelle néanmoins que les mesures antiterroristes ne sauraient en aucun cas être utilisées à mauvais escient pour réprimer des voix contestataires légitimes ou porter atteinte aux droits de l'homme universels des citoyens; demande à l'Union d'assortir sa coopération avec des pays tiers de garanties bien définies, de façon à ne pas soutenir ou légitimer, directement ou indirectement, la répression, au nom de la lutte antiterroriste, d'organisations légitimes ou de citoyens;

12.

souligne que les ministres des affaires étrangères de l'UE et de la LEA ont convenu également de poursuivre les travaux sur la mise en œuvre complète de la stratégie antiterroriste mondiale de l'ONU; appuie le fait qu'ils se sont félicités à cet égard de la création du Centre de lutte contre le terrorisme de l'ONU à l’initiative du Gardien des deux saintes mosquées et ont demandé un appui à ce centre, et qu'ils se sont réjouis de la tenue de la première conférence internationale contre le terrorisme à Bagdad en mars 2014, laquelle a permis d'aborder et de rechercher les voies et moyens appropriés pour favoriser la coopération internationale et lutter contre le terrorisme au niveau régional;

13.

réaffirme l'importance de la coopération entre l'Union européenne et la LEA dans le domaine des droits de l'homme et souligne l'importance de continuer à œuvrer pour la protection des droits de l'homme et la défense de l'intégralité des droits de fondamentaux dont tout un chacun peut se prévaloir, y compris le droit au développement économique et social, la liberté d'expression et la liberté de religion ou de conviction, de promouvoir les valeurs de tolérance et de coexistence des différentes religions et de rejeter l'exclusion, l'extrémisme, l'incitation à la haine et à la violence et leur propagation;

14.

demande au Conseil de vérifier s'il y a eu violation du code de conduite de l'Union concernant l'exportation d'armes en matière de répression

15.

demande à l'Union européenne d'élaborer, en coopération avec la Ligue des États arabes, un mécanisme dédié visant à endiguer le phénomène du trafic d'armes, en ciblant plus particulièrement les pays d'origine du terrorisme ou les pays où les terroristes sont formés; demande à l'Union de suivre de près les exportations d'armes, et en particulier de technologies à double usage susceptibles d'être exploitées par des terroristes; est convaincu qu'il est essentiel de lutter contre le financement du terrorisme en coopération avec les acteurs concernés, y compris la LEA et ses membres;

16.

estime que l'Union européenne doit revoir la faiblesse généralisée qui a caractérisé jusqu'ici la coopération dans la lutte contre le terrorisme avec les pays d'origine, de transit et de destination par lesquels les combattants étrangers et les ressources pour les soutenir ont été acheminés, y compris des États membres de la LEA;

17.

souligne qu'une stratégie globale de l'Union sur les mesures de lutte contre le terrorisme, sur la base d'une approche combinant moyens diplomatiques et socio-économiques et instruments de développement, de prévention des conflits, de consolidation de la paix et de gestion de crises, doit également faire plein usage de sa politique étrangère et de développement pour combattre la pauvreté, la discrimination et la marginalisation, lutter contre la corruption et promouvoir la bonne gouvernance et prévenir et résoudre les conflits, qui tous contribuent à la marginalisation de certains groupes ou secteurs de la société et, partant, les rendent plus vulnérables face à la propagande de groupes extrémistes;

18.

rappelle que la communauté internationale s'est engagée à adopter des mesures garantissant le respect des droits de l'homme et la primauté du droit en tant que base fondamentale de la lutte antiterroriste par l'adoption de la stratégie globale de lutte contre le terrorisme par l'Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 60/288;

19.

rappelle aux États membres et aux organismes de l'Union, dont Europol et Eurojust, les obligations qui leur incombent au titre de la charte des droits fondamentaux et du droit international sur les droits de l'homme, ainsi que les objectifs de la politique extérieure de l'Union,

20.

affirme à nouveau que les droits des minorités religieuses sont indissociables du respect des autres droits fondamentaux et libertés fondamentales, notamment les droits à la liberté, à la sécurité, à l'égalité des chances entre hommes et femmes et à la liberté d'expression, et invite la LEA, le SEAE et les États membres des deux organisations à protéger les minorités religieuses dans le monde arabe et à appliquer intégralement les orientations de l'Union relatives à la promotion et à la protection de la liberté de religion ou de conviction;

21.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ainsi qu'au secrétaire général de la Ligue des États arabes.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0032.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0012.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/176


P8_TA(2015)0078

Exploitation durable du bar

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur l'exploitation durable du bar (2015/2596(RSP))

(2016/C 316/20)

Le Parlement européen,

vu la proposition de résolution de la commission de la pêche,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant le manque de données scientifiques suffisantes sur l'état des stocks de bar, en particulier en ce qui concerne la délimitation précise des zones, les voies de migration de l'espèce et ses lieux de reproduction;

B.

considérant que le Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM) recense quatre types de stocks de bar: mer Celtique/Manche/mer du Nord, golfe de Gascogne, eaux à l'Ouest de la péninsule Ibérique, et Ouest de l'Écosse/Irlande;

C.

considérant que de nombreuses études montrent que l'état des stocks de bar est inquiétant, en dépit des mesures d'urgence adoptées précédemment par la Commission;

D.

considérant que le bar, dont la mortalité est encore très élevée, appartient aux espèces à maturation tardive et à croissance lente et que, de ce fait, les populations des stocks de bar mettent longtemps à se reconstituer;

E.

considérant que le bar est une espèce noble très demandée par l'industrie de la pêche du fait de sa valeur économique élevée;

F.

considérant qu'un nombre important de navires se consacrent à la pêche au bar, pêche hétérogène que ce soit du point de vue de la taille des navires, des saisons de pêche et des engins utilisés;

G.

considérant que la pêche récréative contribue à un quart des captures de bar au moins, et que ces captures sont considérables;

H.

considérant que le règlement (UE) no 1380/2013 du 11 décembre 2013 relatif à la politique commune de la pêche (1) prévoit que les populations de stocks doivent être rétablies et maintenues au-dessus des niveaux qui permettent d'obtenir le rendement maximal durable;

I.

considérant que le bar ne fait pas partie des espèces soumises aux totaux admissibles des captures (TAC);

J.

considérant que la Commission a adopté des mesures d'urgence interdisant la pêche au bar à l'aide de chaluts pélagiques en mer Celtique, dans la Manche, en mer d'Irlande et dans le Sud de la mer du Nord jusqu'au 30 avril 2015;

K.

considérant que les mesures de gestion prises au niveau national n'ont jusqu'à présent pas permis de maintenir les populations de cette espèce ni de résoudre les problèmes de partage et d'accès aux ressources;

L.

considérant que l'exploitation du bar durant le frai doit faire l'objet de limitations drastiques, sachant qu'elle ralentit visiblement le renouvellement des stocks et les empêche de se reconstituer;

M.

considérant que l'Irlande réserve la pêche au bar à la pêche récréative;

N.

considérant que le Comité scientifique, technique et économique de la pêche (CSTEP) recommande de réduire la mortalité par pêche du bar de 60 % environ;

O.

considérant que les travaux du groupe de travail inter-CCR sur le bar recommande que des mesures de gestion soient adoptées au niveau européen;

P.

considérant que l'exploitation durable du bar suppose d'opérer des choix politiques avec la participation de tous les acteurs concernés;

1.

invite la Commission et les États membres à évaluer l'état des stocks de bar et leur délimitation, leur migration et les lieux exacts de reproduction de l'espèce; les invite également à faire appel au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, qui offre des financements considérables pour la collecte de données scientifiques;

2.

souligne qu'il est important d'évaluer précisément le segment des différentes activités liées à la pêche au bar, ainsi que le segment du pourcentage que représente la pêche récréative dans les captures;

3.

estime qu'il est nécessaire que des mesures de gestion des activités de pêche au bar soient prises au niveau européen si l'on veut sauvegarder cette espèce; estime en outre que de telles mesures devraient dûment tenir compte des connaissances scientifiques et favoriser la gestion de proximité ainsi que le principe de régionalisation;

4.

invite la Commission à proposer un plan de gestion pluriannuel pour le bar afin de porter la population des stocks au-dessus des niveaux permettant d'obtenir le rendement maximal durable; insiste sur la nécessité de faire participer les pêcheurs professionnels et les amateurs de pêche récréative ainsi que les conseils consultatifs à l'élaboration d'un tel plan;

5.

rappelle que les plans de gestion pluriannuels doivent être élaborés en suivant la procédure de codécision;

6.

estime qu'afin d'élaborer un plan de gestion pluriannuel pour le bar, il importe d'évaluer différentes mesures de gestion relatives à la pêche commerciale, en particulier l'établissement d'un TAC et la nécessité d'une décision étayée scientifiquement concernant la taille minimale de débarquement et les interdictions dans certaines zones ou pendant certaines périodes, ainsi que d'autres mesures techniques;

7.

est conscient des problèmes que soulèverait l'instauration d'un TAC, en particulier en ce qui concerne le calcul des captures historiques, la répartition des quotas au niveau national entre les différentes activités et la difficulté à couvrir la pêche récréative, mais estime que, compte tenu de la nécessité absolue de traiter la question de l'état des stocks de bar, une telle mesure doit être étudiée;

8.

estime que l'Union européenne doit prendre des mesures concernant la pêche récréative en fixant des limites quantitatives, lesquelles restent à définir;

9.

estime que les mesures concernant la pêche commerciale et la pêche récréative doivent être cohérentes les unes par rapport aux autres afin que la population des stocks soit maintenue au-dessus des niveaux permettant d'obtenir le rendement maximal durable, conformément aux objectifs de la politique commune de la pêche;

10.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres.


(1)  JO L 354 du 28.12.2013, p. 22.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/178


P8_TA(2015)0079

Vingt-huitième session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur les priorités 2015 de l'Union européenne pour le Conseil des droits de l'homme des Nations unies (2015/2572(RSP))

(2016/C 316/21)

Le Parlement européen,

vu la déclaration universelle des droits de l'homme et les conventions des Nations unies sur les droits de l'homme et leurs protocoles facultatifs, notamment la convention relative aux droits de l'enfant et la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW),

vu la résolution 60/251 de l'Assemblée générale des Nations unies instituant le Conseil des droits de l'homme,

vu la convention européenne des droits de l'homme, la charte sociale européenne et la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu le cadre stratégique et le plan d'action de l'Union européenne en matière de droits de l'homme et de démocratie, adoptés le 25 juin 2012,

vu ses résolutions antérieures sur le Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies,

vu ses résolutions antérieures sur les violations des droits de l'homme, notamment ses résolutions d'urgence sur ces questions,

vu le rapport annuel 2013 sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde et la politique de l'Union européenne en la matière,

vu les conclusions du Conseil «Affaires étrangères» du 9 février 2015 sur les priorités de l'Union dans les enceintes des Nations unies compétentes en matière de droits de l'homme,

vu l'article 2, l'article 3, paragraphe 5, et les articles 18, 21, 27 et 47 du traité sur l'Union européenne,

vu la 28e session du Conseil des droits de l'homme, qui se tiendra du 2 au 27 mars 2015,

vu l'article 123, paragraphes 2 et 4, de son règlement,

A.

considérant que le respect, la promotion et la sauvegarde de l'universalité des droits de l'homme font partie de l'acquis éthique et juridique de l'Union européenne et constituent l'une des pierres angulaires de l'unité et de l'intégrité européennes;

B.

considérant que les droits de l'homme sont inhérents à tous les êtres humains, sans distinction de nationalité, de race, de sexe, d'origine ethnique, de religion ou sur la base d'autres critères, et que le respect de ces droits est consacré par la déclaration universelle des droits de l'homme, par le pacte international relatif aux droits civils et politiques, par le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et par les conventions, déclarations et résolutions internationales ultérieures relatives aux droits de l'homme;

C.

considérant que tous les droits de l'homme, qu'il s'agisse de droits civils, politiques, économiques, sociaux ou culturels, sont indivisibles, indissociables et interdépendants, et que la violation de l'un de ces droits a une incidence directe et négative sur les autres droits;

D.

considérant que le non-respect des droits de l'homme et l'absence de participation démocratique légitime provoquent l'instabilité, l'émergence d'États défaillants, des crises humanitaires et des conflits armés;

E.

considérant que l'action de l'Union, dans ses relations avec les pays tiers, est guidée par l'article 21 du traité de Lisbonne, qui réaffirme l'universalité et l'indivisibilité des droits de l'homme et des libertés fondamentales et prévoit le respect de la dignité humaine, les principes d'égalité et de solidarité et le respect des principes de la charte des Nations unies et du droit international;

F.

considérant que tous les États ont l'obligation de respecter les droits fondamentaux de leur population respective et le devoir de prendre des mesures concrètes pour faciliter le respect de ces droits à l'échelon national, ainsi que de coopérer à l'échelon international en vue d'éliminer les obstacles à la réalisation des droits de l'homme dans tous les domaines;

G.

considérant que les sessions ordinaires du Conseil des droits de l'homme, la désignation de rapporteurs spéciaux, le mécanisme de l'examen périodique universel et les procédures spéciales, qui s'intéressent à la situation particulière d'un pays ou traitent de questions thématiques, contribuent à la promotion et au respect des droits de l'homme, de la démocratie et de l'état de droit;

H.

considérant, hélas, que certains des membres actuels du Conseil des droits de l'homme sont parmi les auteurs des violations des droits de l'homme les plus graves dans le monde et ont de piètres résultats en matière de coopération avec les procédures spéciales des Nations unies et de respect des obligations d'information vis-à-vis des organes des Nations unies chargés des droits de l'homme;

Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies

1.

se félicite des priorités de l'Union européenne, définies dans les conclusions du Conseil du 9 février 2015, pour la 28e session ordinaire à venir du Conseil des droits de l'homme des Nations unies;

2.

se félicite de la désignation de l'ambassadeur Joachim Rücker comme président du Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies pour 2015;

3.

félicite le prince Zeid Ra'ad Zeid al Hussein pour sa nomination au poste de Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme et réaffirme son appui sans réserve à son action et à son mandat;

4.

se félicite de la présence de Mme Mogherini, vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, à la session de haut niveau du Conseil des droits de l'homme, qui émet le bon signal concernant le fort engagement de l'Union européenne en faveur du système multilatéral de défense des droits de l'homme;

5.

accueille favorablement le rapport annuel du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme à l'Assemblée générale des Nations unies, couvrant la période allant de décembre 2013 à novembre 2014, et exprime son soutien plein et entier en faveur de l'indépendance et de l'intégrité de son service; souligne qu'il est important de défendre cette indépendance, afin de veiller à ce que le Haut-Commissaire puisse continuer d'exercer ses fonctions de manière efficace et impartiale; réaffirme la nécessité de doter le Haut-Commissariat de moyens suffisants;

6.

rappelle l'attachement du Parlement européen et de sa sous-commission des droits de l'homme à un système multilatéral solide de défense des droits de l'homme sous l'égide des Nations unies, y compris le Troisième comité de l'Assemblée générale, le Conseil des droits de l'homme et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, conjointement avec les travaux des agences spécialisées de l'ONU, comme l'Organisation internationale du travail (OIT), et des procédures spéciales de l'ONU;

7.

encourage le Service européen pour l'action extérieure (SEAE), en particulier par l'intermédiaire des délégations de l'Union européenne à New York et à Genève, à améliorer la cohérence de l'Union en s'appuyant en amont sur des consultations approfondies afin de présenter la position de l'Union d'une seule voix; réaffirme l'importance d'intégrer le travail effectué à New York et à Genève, dans le contexte de l'Assemblée générale des Nations unies, du Troisième comité et du Conseil des droits de l'homme, aux activités intérieures et extérieures de l'Union dans ce domaine, afin de garantir leur cohérence;

8.

estime que la poursuite du harcèlement et de la détention de défenseurs des droits de l'homme et de figures de l'opposition par un certain nombre de membres du Conseil des droits de l'homme sape le crédit de celui-ci; réaffirme que les membres du Conseil des droits de l'homme devraient être élus parmi les États qui respectent les droits de l'homme, l'état de droit et la démocratie et qui ont accepté d'adresser des invitations permanentes à toutes les procédures spéciales, et invite instamment les États membres à promouvoir et à adopter des critères de résultats dans le domaine des droits de l'homme, qui devraient s'appliquer à tous les États avant de pouvoir être élus comme membres du Conseil des droits de l'homme; invite instamment les États membres à encourager la transparence, l'ouverture et la concurrence dans les procédures d'élection des membres du Conseil des droits de l'homme;

9.

réitère son soutien au mécanisme de l'examen périodique universel (EPU) et son appréciation du travail très utile mené dans ce cadre, et demande aux membres de préparer activement leur examen périodique universel, également en y associant la société civile, de mener un dialogue interactif au cours de la session de l'EPU de participer aux débats sur l'adoption des résultats de cet examen, de mettre en œuvre ses recommandations et de prendre des mesures concrètes pour améliorer et maintenir l'exécution de leurs obligations en matière de droits de l'homme;

10.

continue de s'opposer au vote «en bloc» au sein du Conseil des droits de l'homme; demande instamment aux pays membres du Conseil des droits de l'homme de continuer de voter de manière transparente;

11.

demande à l'Union européenne et à ses États membres de continuer de suivre les recommandations de l'examen périodique universel dans tous les dialogues politiques avec les pays concernés, afin de chercher des moyens de soutenir ces pays dans la mise en œuvre des recommandations;

12.

réaffirme son soutien aux procédures spéciales et à l'indépendance des titulaires de mandat, ce qui leur permet d'exercer leurs fonctions en toute impartialité, demande à tous les États de coopérer avec ces procédures et encourage les États membres à dénoncer les situations où des pays qui disposent d'un mandat au titre de ces procédures ne coopèrent pas;

13.

estime qu'il est important d'envoyer des délégations parlementaires aux sessions du Conseil des droits de l'homme et aux autres sessions pertinentes de l'Assemblée générale des Nations unies;

14.

regrette que le champ d'interaction entre la société civile et le Conseil des droits de l'homme ne cesse de se réduire et que les ONG aient moins d'occasions de prendre la parole lors de ces sessions; demande instamment à l'Union et au Conseil des droits de l'homme de veiller à ce que la société civile puisse contribuer aussi pleinement que possible à la 28e session du Conseil des droits de l'homme et au processus d'examen périodique universel ainsi qu'à d'autres mécanismes des Nations unies relatifs aux droits de l'homme sans avoir à craindre des représailles une fois de retour dans leur pays d'origine;

Droits civils et politiques

15.

réaffirme que la liberté d'expression, qui est la pierre angulaire de toute société libre et démocratique, est un droit fondamental de toute personne; condamne fermement l'assassinat de douze personnes, dont plusieurs dessinateurs, qui a eu lieu en France en janvier 2015 au siège du magazine Charlie Hebdo et de quatre autres personnes dans un supermarché casher, ainsi que celui d'un réalisateur et d'un vigile de synagogue à Copenhague, perpétrés par des terroristes attaquant la liberté d'expression et de religion;

16.

condamne l'utilisation de la religion par les groupes extrémistes et djihadistes dans tous les pays, en particulier en Syrie, en Iraq, en Libye, au Myanmar, au Nigeria et en Afrique centrale, qui commettent des attaques armées, des attentats à la bombe, des attentats-suicides, des enlèvements et d'autres actes de violence qui terrorisent les populations; estime que, pour lutter contre le terrorisme, il faut s'attaquer aux causes profondes du problème, dont font partie l'exclusion sociale, la marginalisation politique et l'inégalité; demande que davantage d'efforts soient consentis afin de protéger les droits des personnes appartenant à des minorités religieuses; demande instamment que les droits de l'homme et l'état de droit soient défendus dans toutes les activités de lutte contre le terrorisme;

17.

exprime sa préoccupation face à toutes les restrictions de la liberté de réunion et d'association, y compris l'interdiction des organisations de la société civile, le recours agressif aux lois pénales sur la diffamation et à d'autres lois restrictives, les obligations excessives d'enregistrement et de déclaration ainsi que les règles exagérément limitatives en matière de financement étranger, et réaffirme que la liberté d'association et de réunion pacifique sont des éléments fondamentaux en matière de droits de l'homme;

18.

demande à tous les gouvernements d'encourager et de soutenir les organisations de la société civile et les militants des droits de l'homme et de leur permettre d'agir sans peur, répression ou intimidation, de coopérer avec le Conseil des droits de l'homme dans le cadre du mécanisme de l'examen périodique universel et de veiller à ce que les pays responsables de représailles à l'encontre des militants des droits de l'homme aient à répondre de ces faits, notamment lorsqu'il s'agit de représailles mortelles comme celles qui ont entraîné le décès de la militante Cao Shunli, en Chine, en mars 2014, parce qu'elle avait tenté de prendre l'avion pour assister à la session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, à Genève, en septembre 2013;

19.

réaffirme sa condamnation du recours à la peine de mort et soutient fermement la mise en place d'un moratoire sur la peine de mort dans l'optique de son abolition;

20.

réaffirme l'importance de la lutte contre la torture et les autres formes de mauvais traitements et rappelle que l'Union européenne s'est engagée à accorder la priorité à cette question, notamment eu égard aux enfants, et à faciliter le travail du rapporteur spécial des Nations unies sur la torture; demande instamment au SEAE, à la Commission et aux États membres de l'Union européenne de démontrer leur volonté commune d'éradiquer la torture et d'en soutenir les victimes, notamment en continuant d'apporter ou, le cas échéant, en entamant une contribution au Fonds de contributions volontaires des Nations unies pour les victimes de la torture et au Fonds spécial établi par le protocole facultatif à la convention contre la torture;

21.

exprime sa préoccupation face à la discrimination persistante et répandue des migrants, y compris des demandeurs d'asile et des réfugiés, et face aux violations de leurs droits; demande à l'Union européenne et à ses États membres de soutenir le travail du rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des migrants, ainsi que la mise en œuvre de ses recommandations; demande aux gouvernements de respecter les droits de l'homme et la dignité intrinsèque des migrants, de mettre un terme aux arrestations et aux détentions arbitraires, et, afin d'éviter la détention abusive de migrants en situation irrégulière, de réexaminer les périodes de détention, et d'avoir recours à d'autres solutions; demande aux gouvernements de respecter en toutes circonstances le principe du non-refoulement et de respecter pleinement leurs obligations juridiques internationales en ce qui concerne l'expulsion de migrants; demande aux États de mettre en place, s'ils ne l'ont pas encore fait, des mécanismes et des procédures destinés à garantir la pleine conformité de leurs programmes et institutions dans le domaine des migrations avec leurs obligations au titre de la législation internationale en matière de droits de l'homme;

22.

souscrit au dernier rapport du rapporteur spécial du Conseil des droits de l'homme sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance qui y est associée, ainsi qu'à ses conclusions; demande à l'Union européenne et à ses États membres de mettre en œuvre les recommandations du rapporteur spécial dans leurs politiques internes de lutte contre la diffusion de propos de haine raciale, ethnique et xénophobe et de messages d'incitation dans ce sens sur l'internet et les réseaux sociaux, en prenant des mesures législatives appropriées, sans toutefois déroger au plein respect d'autres droits fondamentaux, tels que la liberté d'expression et d'opinion;

23.

constate que l'évolution rapide des technologies de l'information et de la communication a transformé les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté d'expression à travers le monde, évolution porteuse d'avantages notables mais aussi de graves préoccupations; se félicite, à cet égard, de l'adoption par le Conseil, en mai 2014, des orientations de l'Union relatives à la liberté d'expression en ligne et hors ligne, et condamne toutes les restrictions imposées à la communication numérique, y compris celles qui visent les acteurs de la société civile; réaffirme la nécessité d'accorder une attention particulière aux droits des journalistes et des blogueurs;

24.

encourage le Conseil des droits de l'homme à poursuivre le débat sur le droit à la vie privée et à désigner à cette fin un rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la vie privée, en particulier dans le cadre de la communication numérique;

Droits économiques et sociaux

25.

prend acte de ce que le programme de développement des Nations unies dans le prolongement des objectifs du Millénaire pour le développement se fixe comme objectif l'éradication de la pauvreté d'ici à 2030 par une approche globale considérant à la fois les questions économiques, sociales et environnementales; salue le rapport de synthèse du Secrétaire général sur le programme de développement durable pour l'après-2015, publié en amont du sommet spécial pour le développement durable; appuie les demandes du Secrétaire général en faveur d'une stratégie axée sur les besoins et les droits des personnes dans le but d'éradiquer la pauvreté;

26.

estime qu'il est important de remédier aux inégalités extrêmes croissantes afin de lutter contre la pauvreté en général et de garantir les droits sociaux et économiques en favorisant notamment l'accès à l'alimentation, à l'eau, à l'éducation, aux soins de santé et à un logement adéquat; insiste, à cet égard, sur le problème grandissant de l'accaparement des terres, qui doit être combattu;

27.

estime que la corruption, la fraude fiscale, la mauvaise gestion des biens publics et l'absence d'obligation de rendre des comptes contribuent à la violation des droits des citoyens, en détournant des fonds qui auraient pu être consacrés à des investissements dans les services publics qui en ont grand besoin, tels que l'éducation, les services de santé de base et d'autres infrastructures à vocation sociale, maintenant ainsi les populations dans la pauvreté; rappelle qu'en vertu du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, les États ont le devoir de respecter les droits de leurs citoyens en mettant à disposition les ressources nécessaires; souligne, à cet égard, qu'il convient de prêter une attention particulière à la protection des militants des droits de l'homme qui œuvrent en faveur de la promotion des droits économiques, sociaux et culturels;

28.

se dit une nouvelle fois favorable à la nomination d'un rapporteur spécial de l'ONU pour la criminalité financière, la corruption et les droits de l'homme;

Entreprises et droits de l'homme

29.

soutient fermement la diffusion et la mise en œuvre efficaces et complètes, dans l'Union et hors de ses frontières, des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, et souligne la nécessité de prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier aux lacunes dans la mise en œuvre efficace de ces principes, y compris en ce qui concerne l'accès à la justice; salue l'initiative visant à élaborer un règlement mettant en place un devoir de diligence concernant les chaînes d'approvisionnement responsables pour ce qui est des minerais en provenance de zones de conflit; invite toutes les parties prenantes à participer activement à la 11e session du groupe de travail des Nations unies sur la question des droits de l'homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, ainsi qu'à soutenir les efforts d'alignement de leurs politiques sur les principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales et sur les principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme; demande de nouveau à la Commission de lui présenter, d'ici à la fin 2015, un rapport sur la mise en œuvre par les États membres de l'Union des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme;

30.

encourage les délégations de l'Union dans le monde entier à dialoguer avec les entreprises européennes afin de promouvoir le respect des droits de l'homme, et de veiller à ce que le thème «entreprises et droits de l'homme» fasse partie des thèmes prioritaires des appels à propositions locaux au titre de l'instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme;

31.

estime qu'entreprises et droits de l'homme peuvent être complémentaires en créant de nouveaux débouchés dans les régions qui ont le plus besoin d'investissements durables et responsables et en contribuant au respect général des droits de l'homme dans les pays en développement;

32.

demande à l'Union et à ses États membres de contribuer au débat naissant sur la mise en place, au sein du système des Nations unies, d'un instrument international juridiquement contraignant relatif aux entreprises et aux droits de l'homme;

Droits de la femme

33.

souligne que la prise en compte de la dimension de genre, qui implique la réorganisation, l'amélioration, la mise en place et l'évaluation des politiques de sorte à garantir que les responsables de leur élaboration intègrent dans chacune d'elles — à tous les niveaux et à toutes les étapes — le principe d'égalité des chances entre les hommes et les femmes, constitue un outil important pour atteindre l'égalité des sexes;

34.

invite l'Union à participer activement à la 59e session de la Commission de la condition de la femme et à continuer de lutter contre toutes les tentatives de faire obstacle au programme d'action de Pékin des Nations unies, qui sera réexaminé à l'occasion du vingtième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes en ce qui concerne, entre autres, l'accès à l'éducation et à la santé en tant que droit de l'homme fondamental, ainsi que les droits sexuels et génésiques;

35.

observe de façon critique qu'en dépit des progrès réalisés jusqu'ici sur la voie de l'égalité entre hommes et femmes et du renforcement de l'autonomie des femmes, des lois discriminatoires restent en vigueur dans de nombreux pays, notamment dans les domaines de la famille et de l'accès à la propriété; observe que les femmes sont encore nettement sous-représentées aux postes de prise de décision et que la violence à l'égard des femmes demeure très répandue, alors que l'accès à la justice reste limité malgré le nombre de femmes qui décèdent chaque jour des suites de violences domestiques; exprime sa vive préoccupation face au recul constaté dans certains pays, notamment dans le domaine des droits sexuels et génésiques;

36.

condamne avec fermeté les violences sexuelles perpétrées contre les femmes, notamment le viol de masse, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, toutes formes de persécution fondées sur le sexe, notamment les mutilations génitales féminines, la traite des êtres humains, les mariages précoces et forcés, les crimes d'honneur et toutes les autres formes de violence sexuelle de gravité comparable, y compris lors de leur emploi comme tactique de guerre; invite de nouveau l'Union européenne et ses États membres à signer et à ratifier la convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (convention d'Istanbul);

37.

rappelle la volonté de l'Union d'intégrer la question des droits de l'homme et les aspects liés au genre dans les missions de politique de sécurité et de défense commune, conformément aux résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité des Nations unies relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité; à cet égard, invite une nouvelle fois l'Union et ses États membres à soutenir, dans la perspective de la construction d'une réconciliation durable, la participation systématique des femmes en tant qu'élément essentiel des processus de paix, et à reconnaître la nécessité d'intégrer les perspectives de genre dans la prévention des conflits, les opérations de maintien de la paix, l'aide humanitaire et les processus de reconstruction après un conflit et de transition démocratique;

38.

met l'accent sur le fait que la mutilation sexuelle féminine (MSF) est une forme de torture; souligne qu'il demeure nécessaire que l'Union travaille avec les pays tiers pour éradiquer les MSF; rappelle aux États membres dotés d'une législation nationale pénalisant les MSF qu'ils doivent appliquer cette législation lorsque leurs citoyens y ont eu recours;

39.

se félicite de la reconnaissance, par la Cour pénale internationale, des crimes liés à l'appartenance sexuelle ou de genre, parmi lesquels le viol, l'agression et l'humiliation sexuelles, et de sa recommandation de les considérer comme des crimes de guerre;

Droits de l'enfant

40.

s'inquiète, en dépit des progrès réalisés depuis l'adoption de la convention relative aux droits de l'enfant en 1989, du fait qu'au moins 58 millions d'enfants, en particulier des filles et des enfants issus de familles pauvres, handicapés ou vivant dans des zones de conflit, ne sont pas scolarisés, que de nombreux enfants souffrent encore de maladies qui peuvent aisément être évitées et que d'autres sont contraints de travailler;

41.

invite tous les États à s'engager à éliminer les pires formes de travail des enfants, telles que les définit l'article 3 de la convention no 182 de l'OIT, notamment l'esclavage, la traite des enfants, leur prostitution et les travaux dangereux susceptibles de nuire à leur santé physique et mentale;

42.

rappelle que l'une des principales obligations de l'État est de fournir à tous les enfants un accès à l'éducation en multipliant les possibilités, en créant des établissements appropriés et en traitant les causes structurelles des principaux obstacles à la mise en place d'un enseignement primaire universel, notamment le taux de décrochage scolaire, qui demeurent un des problèmes majeurs en la matière;

43.

demande à l'Union de consacrer des financements suffisants aux programmes de démobilisation et de réintégration destinés aux enfants engagés dans des conflits armés et aux anciens enfants soldats; rappelle son soutien plein et entier à la campagne «Des enfants, pas des soldats», qu'il avait déjà exprimé lors de l'audition organisée le 3 décembre 2014 sur le même thème au sein de la sous-commission «droits de l'homme»; salue les rapports annuels de la représentante spéciale des Nations unies pour les enfants et les conflits armés et de la représentante spéciale des Nations unies chargée de la question de la violence à l'encontre des enfants, ainsi que le rapport de la rapporteure spéciale sur la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants;

Droits des personnes LGBTI

44.

exprime son inquiétude face à l'augmentation récente du nombre de lois et pratiques discriminatoires et des violences contre les personnes fondées sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre; recommande de suivre de près la situation des personnes LGBTI, notamment au Nigeria et en Gambie, où des lois anti-LGBTI récemment adoptées menacent la vie des membres des minorités sexuelles; fait part de ses vives inquiétudes concernant les lois «anti-propagande» limitant la liberté d'expression et de réunion, y compris dans des pays du continent européen; se félicite de la résolution du CDH sur la lutte contre la violence et les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, adoptée le 26 septembre 2014; réitère son soutien aux travaux assidus du Haut-Commissaire visant à promouvoir et à protéger l'exercice, par les personnes LGBTI, de tous leurs droits fondamentaux, notamment au moyen de déclarations, de rapports et de la campagne «Libres et égaux»; encourage le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme à poursuivre la lutte contre les lois et les pratiques discriminatoires;

Changement climatique et droits de l'homme

45.

souligne que le changement climatique a une forte incidence sur les groupes et les personnes en situation de vulnérabilité, en particulier dans les pays à faible revenu ainsi que dans les États côtiers et les petits États insulaires de faible altitude qui ne possèdent pas les ressources économiques nécessaires pour s'adapter à des modifications radicales de l'environnement;

46.

relève avec inquiétude que les peuples autochtones sont particulièrement affectés par les incidents liés au changement climatique; note à cet égard que la plupart des peuples autochtones vivent en dessous du seuil de pauvreté et qu'ils n'ont que peu ou pas accès aux systèmes de représentation, de décision politique ou judiciaires;

47.

se félicite que le Conseil des droits de l'homme des Nations unies soit d'avis que les modifications de l'environnement menacent les moyens de subsistance des populations et font obstacle à la réalisation de droits fondamentaux reconnus au niveau international; prie instamment les États parties, par conséquent, de prendre d'urgence des mesures ambitieuses d'atténuation et d'adaptation lors de la prochaine conférence sur les changements climatiques, qui aura lieu à Paris en 2015;

48.

demande à la Commission et au SEAE de participer activement au débat sur le terme «réfugié climatique», notamment sur son éventuelle définition en droit international ou dans le cadre de tout accord international juridiquement contraignant;

Lutte contre l'impunité et Cour pénale internationale (CPI)

49.

renouvelle son soutien sans réserve à l'action de la CPI, qui s'emploie à mettre fin à l'impunité des auteurs des crimes les plus graves qui préoccupent la communauté internationale et à rendre justice aux victimes de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocides; reste vigilant vis-à-vis de toute tentative visant à saper sa légitimité ou son indépendance; exhorte l'Union et ses États membres à collaborer avec la Cour et à lui apporter un soutien diplomatique, politique et financier solide, y compris au sein des Nations unies; invite l'Union, ses États membres et ses représentants spéciaux à promouvoir activement la CPI, l'exécution de ses décisions et la lutte contre l'impunité des crimes relevant du statut de Rome; salue la récente ratification du statut de Rome par l'Autorité palestinienne en janvier 2015;

Peuples autochtones

50.

invite le SEAE, la Commission et les États membres à apporter leur soutien au réexamen du mandat du mécanisme d'experts sur les droits des peuples autochtones, conformément au document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones (résolution 69/2 de l'Assemblée générale des Nations unies), en vue de suivre, d'évaluer et d'améliorer la réalisation des objectifs définis dans la déclaration sur les droits des peuples autochtones; prie instamment les États membres de l'Union de demander à tous les représentants des Nations unies titulaires d'un mandat au titre des procédures spéciales d'accorder une attention particulière aux questions touchant les femmes et les filles autochtones et de faire systématiquement rapport au Conseil des droits de l'homme des Nations unies à ce sujet; prie instamment le SEAE et les États membres de soutenir activement l'élaboration d'un plan d'action relatif aux peuples autochtones à l'échelle de l'ensemble du système, comme le demande l'Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution de septembre 2014, notamment en ce qui concerne l'organisation de consultations régulières des peuples autochtones dans le cadre de ce processus;

Manifestations culturelles et sportives internationales et droits de l'homme

51.

dénonce le fait que les États totalitaires accueillent de plus en plus souvent des événements sportifs ou culturels de grande envergure afin de renforcer leur légitimité internationale, tout en continuant de réprimer toute opposition interne; invite l'Union et ses États membres à prendre l'initiative de soulever cette question, y compris au sein du Conseil des droits de l'homme, ainsi qu'à nouer un dialogue avec les fédérations sportives nationales, les acteurs du monde de l'entreprise et les organisations de la société civile sur les modalités de leur participation à de tels événements, notamment dans la perspective des premiers Jeux européens, qui auront lieu à Bakou en 2015, et de la Coupe du monde de la FIFA, organisée en Russie en 2018 et au Qatar en 2022;

Drones et armes autonomes

52.

demande une nouvelle fois au Conseil d'élaborer une position européenne commune sur l'utilisation de drones armés, accordant la plus haute importance au respect des droits de l'homme et du droit humanitaire international et abordant des points tels que le cadre juridique, la proportionnalité, l'obligation de rendre des comptes, la protection des civils et la transparence; exhorte une fois de plus l'Union à interdire le développement, la production et l'utilisation d'armes entièrement autonomes permettant d'effectuer des frappes sans intervention humaine; insiste pour que les droits de l'homme soient intégrés à tous les dialogues avec les pays tiers en matière de lutte contre le terrorisme;

Intégration des droits de l'homme par l'Union

53.

demande à l'Union de promouvoir le caractère universel et indivisible des droits de l'homme, notamment des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, conformément à l'article 21 du traité de Lisbonne et aux dispositions générales relatives à l'action extérieure de l'Union;

54.

invite l'Union, ses États membres, la Commission et le SEAE à intégrer la question des droits de l'homme dans tous les domaines de leur politique extérieure avec les pays tiers; souligne également qu'il faut veiller à ce que les politiques intérieures et extérieures de l'Union en matière de droits de l'homme soient cohérentes, respectent les obligations du traité sur l'Union européenne et évitent une approche du type «deux poids, deux mesures»;

55.

invite l'Union à adopter une approche fondée sur les droits et à intégrer le respect des droits de l'homme dans le domaine du commerce, de l'investissement, des services publics et de la coopération au développement, ainsi que dans sa politique de sécurité et de défense commune;

Priorités de l'Union sur les questions concernant spécifiquement certains pays

Ukraine

56.

s'inquiète vivement des violences et de l'intensification des conflits armés dans l'est de l'Ukraine; espère que l'accord de cessez-le-feu fondé sur l'accord de Minsk sera respecté; condamne les violations massives des droits de l'homme lors du conflit et les conséquences des récents affrontements; apporte son entier soutien à la mission d'observation des droits de l'homme des Nations unies et à la mission spéciale d'observation de l'OSCE en Ukraine et demande que celle-ci soit renforcée; fait part de ses vives préoccupations quant au sort des personnes déplacées sur le territoire ukrainien en raison du conflit dans le sud-est du pays; condamne l'annexion illégale de la Crimée par la politique agressive et expansionniste de la Russie, politique qui constitue une menace pour l'unité et l'indépendance de l'Ukraine; demeure préoccupé par la discrimination et les violations des droits de l'homme généralisées commises à l'encontre de la population locale de cette région, notamment des Tatars de Crimée; invite les États membres de l'Union à soutenir tous les efforts possibles déployés au niveau des Nations unies pour lutter contre l'impunité et mener des enquêtes impartiales sur les événements violents et les violations des droits de l'homme liés à la répression des manifestations sur la place Maïdan, à l'annexion illégale de la Crimée et au conflit armé dans l'est de l'Ukraine; appelle au respect du droit et des principes humanitaires internationaux afin que la population civile touchée par le conflit soit protégée;

République populaire démocratique de Corée (RPDC)

57.

se félicite de la prolongation prévue du mandat du rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée; salue également la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies encourageant le Conseil de sécurité des Nations unies à prendre les mesures qui s'imposent pour garantir l'établissement des responsabilités, y compris en envisageant de saisir la Cour pénale internationale de la situation en République populaire démocratique de Corée; invite le Conseil des droits de l'homme à demander à nouveau l'établissement des responsabilités, notamment eu égard aux personnes responsables de crimes contre l'humanité au titre de politiques mises en place au plus haut niveau de l'État; se félicite de la mise en place d'une structure de terrain en République de Corée afin d'améliorer le contrôle de la situation et la collecte de preuves destinées à établir les responsabilités, exhorte tous les États à coopérer avec cette structure et invite le Conseil des droits de l'homme à être davantage attentif à la situation en République populaire démocratique de Corée en organisant une tribune officielle, lors d'une de ses prochaines sessions, où puissent s'exprimer des victimes de violations de leurs droits;

Iran

58.

salue la résolution du Conseil des droits de l'homme de mars 2014 sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran et la prolongation du mandat du rapporteur spécial, et invite l'Iran à autoriser le rapporteur spécial des Nations unies à entrer sur son territoire, ce qui constituerait un signe marquant de la volonté de l'Iran à agir en faveur de l'ouverture d'un dialogue sur les droits de l'homme; renouvelle sa condamnation de la peine capitale en Iran, y compris pour les mineurs, qui est souvent exécutée à la suite d'un procès qui ne respecte pas les normes minimales internationales reconnues en matière de procès juste et équitable; demeure préoccupé par le taux élevé d'exécutions sans respect des droits de la défense et sans procès équitable; souscrit à la déclaration commune des titulaires d'un mandat au titre des procédures spéciales des Nations unies du mois d'août 2014 réprouvant la vague d'arrestations et de condamnations d'acteurs de la société civile en Iran; demande à l'Union et au Conseil des droits de l'homme de continuer à suivre de près la violation systématique des droits de l'homme dans le pays et de veiller à ce que les droits de l'homme demeurent une priorité centrale de toute tractation avec le gouvernement iranien; invite les autorités iraniennes à se conformer au droit international en matière de droits de l'homme, en vertu duquel l'exécution de mineurs délinquants constitue une violation des normes internationales minimales, et à renoncer à l'exécution de tout mineur délinquant;

Birmanie/Myanmar

59.

souscrit au dernier rapport en date du rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, qui salue les avancées réalisées à ce jour tout en recensant les domaines qui demeurent particulièrement préoccupants; invite le gouvernement du Myanmar à intégrer les droits de l'homme, y compris les droits des minorités, dans les cadres institutionnels et juridiques ainsi que dans l'ensemble des politiques du pays, et à respecter pleinement la liberté d'expression et de réunion; exprime sa préoccupation face à la proposition de législation sur la «protection de la race et de la religion», laquelle inclut quatre projets de loi sur le mariage interreligieux, la conversion religieuse, la monogamie et le contrôle démographique; demande au Conseil des droits de l'homme de renouveler le mandat du rapporteur spécial conformément au point 4, de réaffirmer sa profonde préoccupation face à la situation de la minorité Rohingya dans l'État d'Arakan, aggravée par le fait que cette communauté ne dispose pas de statut juridique et continue par conséquent de subir des discriminations systématiques, de demander des enquêtes complètes, transparentes et indépendantes sur toutes les violations des droits de l'homme dont il est fait état à l'encontre de la minorité Rohingya, et d'accélérer la procédure relative à l'ouverture dans le pays d'un bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme doté d'un mécanisme complet de surveillance et de communication de l'information; déplore les agressions de civils dans les États de Kachin et de Shan, les violences sexuelles commises par les forces de sécurité pendant le conflit armé, la détention de prisonniers politiques, le harcèlement des militants des droits de l'homme, des militants et des professionnels des médias, les exécutions extrajudiciaires, les confiscations de terres et la stigmatisation de minorités ethniques et religieuses; estime que la négociation d'un accord d'investissement entre l'Union et le Myanmar doit être envisagée avec prudence, car l'afflux d'investissements étrangers dans ce pays risque d'aggraver les violations des droits de l'homme;

Biélorussie

60.

fait part de ses vives préoccupations au vu des violations persistantes des droits de l'homme en Biélorussie; condamne les trois exécutions auxquelles il a été procédé en 2014, le harcèlement des militants des droits de l'homme, la persécution des journalistes indépendants, la censure de toutes les communications sur l'internet et le caractère restrictif de la législation régissant les organisations non gouvernementales; appelle de ses vœux la reconduction du mandat du rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme en Biélorussie lors de la 29e session du Conseil et engage le gouvernement de ce pays à accorder un accès plein et entier aux titulaires d'un mandat au titre des procédures spéciales des Nations unies, y compris au rapporteur spécial; demande la libération inconditionnelle et la réhabilitation de tous les prisonniers politiques restants;

Bahreïn

61.

fait part de ses préoccupations persistantes face à la répression des dirigeants de l'opposition, des acteurs de la société civile et des militants à Bahreïn, ainsi que face à la situation des militants des droits de l'homme et des militants de l'opposition politique dans le pays; invite toutes les parties prenantes à Bahreïn à engager des négociations constructives avec tous les acteurs concernés en vue d'une véritable réconciliation et dans le respect des droits fondamentaux de toutes les communautés du pays; demande la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d'opinion, journalistes, militants des droits de l'homme et manifestants pacifiques, et apporte son soutien à la déclaration conjointe des représentants des Nations unies titulaires d'un mandat au titre des procédures spéciales du 4 février 2015 concernant l'arrestation d'un dirigeant de l'opposition politique et la dispersion des manifestations qui ont suivi; invite les États membres de l'Union et les autres membres du Conseil des droits de l'homme à continuer de suivre de près la situation des droits de l'homme à Bahreïn, en se concentrant sur la mise en œuvre des engagements pris par le pays dans le cadre du processus d'examen périodique universel et des recommandations de la commission d'enquête indépendante de Bahreïn, qui ont été saluées par le roi de Bahreïn; regrette le manque de progrès du gouvernement de Bahreïn dans sa coopération avec les procédures spéciales du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, et demande aux États membres de l'Union de faire adopter, lors de la session de mars du CDH, une résolution qui demande au Royaume de Bahreïn de mettre pleinement en œuvre les engagements qu'il a pris dans le cadre du processus d'examen périodique universel ainsi que les recommandations de sa commission d'enquête indépendante, y compris celles relatives aux militants des droits de l'homme, qui demandent au HCDH de faire rapport sur la situation des droits de l'homme sur place et sur les progrès réalisés par le Bahreïn dans sa coopération avec les mécanismes des Nations unies relatifs aux droits de l'homme;

Égypte

62.

salue le processus d'examen périodique universel concernant l'Égypte mené en novembre 2014 et espère que ses conclusions seront adoptées lors de la prochaine session du Conseil des droits de l'homme; invite instamment l'Égypte à procéder à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les militants et militants des droits de l'homme, ainsi que de tous ceux qui sont détenus pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d'expression, de réunion et d'association; exige également que le gouvernement égyptien adopte une législation conforme aux normes internationales et garantisse le droit d'association consacré dans la constitution égyptienne, y compris le droit de recevoir et de distribuer des financements, et qu'il abroge la loi anti-manifestations de novembre 2013 et adopte une nouvelle législation qui garantirait la liberté de réunion; exhorte le gouvernement égyptien à ouvrir un enquête pour déterminer l'identité des commanditaires et des auteurs des exécutions arbitraires ayant eu lieu au cours de la répression des manifestations, dans une large mesure pacifiques, qui ont été organisées depuis le 3 juillet 2013, y compris la dispersion des manifestants le 14 août 2013 sur les places Raba et Nahda, opérations au cours desquelles au moins 1 000 manifestants ont été tués; exhorte l'Égypte à mener des enquêtes indépendantes, impartiales et efficaces sur toutes les violations des droits de l'homme commises depuis 2011, y compris les violences sexuelles, et de veiller à ce que leurs auteurs soient traduits en justice et à ce que les victimes aient droit à des réparations appropriées, conformes aux normes internationales; demande aux autorités égyptiennes d'annuler immédiatement toutes les condamnations à mort, d'ordonner de nouveaux procès qui garantissent le droit à une justice équitable, d'imposer un moratoire immédiat sur la peine de mort et sur les exécutions, de libérer sans délai tous les journalistes et professionnels des médias actuellement en détention et de garantir le droit à la liberté d'information et d'expression, comme le prévoient les normes internationales; exhorte le gouvernement égyptien à autoriser la visite en Égypte de la rapporteure spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes, qui fait l'objet d'un accord de principe suspendu depuis le début 2014, et d'inviter également les représentants des mécanismes et des procédures des Nations unies sur les droits de l'homme, en particulier le rapporteur spécial sur la liberté de réunion, le rapporteur spécial sur la torture, le rapporteur spécial sur les droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme et la rapporteure spéciale sur l'indépendance des juges et des avocats; demande au gouvernement égyptien de garantir la conformité de sa législation internationale avec les normes internationales sur les droits de l'homme, d'abroger immédiatement la loi no 136/2014, de mettre un terme aux procès de civils par des tribunaux militaires, d'annuler toutes les condamnations prononcées par ces tribunaux contre des civils et de faire rejuger ces personnes par des tribunaux civils; demande à l'Union européenne et à ses États membres de soutenir une déclaration forte sur ces questions;

Mali

63.

salue les travaux de l'expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l'homme au Mali et invite le Conseil des droits de l'homme à prolonger son mandat; se félicite des avancées réalisées par le gouvernement malien dans le rétablissement du pouvoir judiciaire dans certaines parties du pays et dans les enquêtes sur la torture et le meurtre de 21 soldats d'élite en 2012, ainsi que de la constitution de la commission «Vérité, justice et réconciliation»; demeure préoccupé par la poursuite de la détérioration de la situation en matière de sécurité et par la poursuite de l'utilisation et du recrutement d'enfants soldats, et invite le gouvernement du Mali à enquêter sur tous les belligérants qui se sont rendus coupables des crimes de guerre commis pendant le conflit armé de 2012-2013 et à les poursuivre; se félicite de l'accord de paix pour l'ensemble des habitants du Mali, sachant que ces derniers en seront les premiers bénéficiaires après des mois d'instabilité et d'insécurité, mais regrette le retard imposé par les rebelles du nord; invite toutes les parties à emprunter la voie dans laquelle s'est engagée le gouvernement malien et à signer immédiatement l'accord, dont l'application fera l'objet d'un contrôle de l'Union, ainsi qu'à garantir que tout futur accord de paix prévoie l'établissement des responsabilités, le renforcement de la commission «Vérité, justice et réconciliation» et l'habilitation après enquête des membres des forces de sécurité;

Soudan du Sud

64.

invite l'Union africaine à rendre public le rapport de sa commission d'enquête sur les violations des droits de l'homme commises par toutes les parties au Soudan du Sud, dans l'objectif de promouvoir la justice en ce qui concerne les violations des droits de l'homme commises depuis le début du conflit; condamne l'enlèvement d'un groupe de jeunes enfants à Wau Shilluk, en février 2015, dans le but d'en faire des enfants soldats; invite instamment le Conseil des droits de l'homme à adopter une résolution soulignant que des enquêtes équitables et crédibles et la poursuite des crimes en vertu du droit international sont essentielles pour que le Soudan du Sud rompe la spirale de la brutalité alimentée par l'impunité, en demandant, à cet effet, que la possibilité d'établir un système judiciaire hybride soit envisagée, et en exhortant le Soudan du Sud à adhérer au statut de Rome, et à établir un mandat de rapporteur spécial pour le Soudan du Sud, afin de contribuer à promouvoir des poursuites équitables et crédibles et des mesures plus larges en matière d'établissement des responsabilités, avec le soutien de la communauté internationale;

Sri Lanka

65.

prend acte des engagements pris par le gouvernement sri-lankais nouvellement élu et l'invite à prendre des mesures concrètes en vue de l'établissement des responsabilités, d'ici à la 30e session du Conseil des droits de l'homme en septembre 2015, afin de tenir ses promesses consistant à améliorer la situation des droits de l'homme dans le pays et de prévenir un retour en arrière, notamment par des enquêtes et des poursuites sérieuses, accompagnées d'autres mesures visant à lutter contre le problème plus général de l'impunité et des violations des droits de l'homme, ainsi qu'à coopérer pleinement avec le Haut-Commissariat aux droits de l'homme dans le cadre de son enquête internationale concernant le Sri Lanka;

Syrie

66.

se dit extrêmement préoccupé par la gravité et la violence du conflit ainsi que par la crise humanitaire qui résulte du recours à la violence, d'abord principalement le fait du régime d'Assad, mais aussi du groupe «État islamique»/Daesh ainsi que d'autres milices, à l'encontre des civils, en particulier des groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants; fait part de son inquiétude quant au fait que l'EI est en train d'exporter son idéologie à l'étranger; est extrêmement préoccupé par les violations systématiques des droits de l'homme et du droit humanitaire international en Syrie, qui pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité; prie instamment toutes les parties de se conformer au droit humanitaire international en vigueur en vue de protéger les civils, de respecter leurs droits fondamentaux et de répondre à leurs besoins essentiels; invite instamment tous les pays membres des Nations unies à dénoncer catégoriquement la violence et à défendre en particulier les droits des minorités, y compris la persécution systématique des chrétiens; demande la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes qui sont détenues de manière arbitraire ou qui ont été enlevées parce qu'elles exerçaient leurs droits fondamentaux, ou des autres militants politiques pacifiques; demande à l'Union européenne et à ses États membres de soutenir résolument la responsabilisation de la commission d'enquête de l'ONU et le renouvellement de son mandat;

Iraq

67.

fait part de ses vives inquiétudes quant à la gravité et à la violence du conflit ainsi qu'à la crise humanitaire en Iraq; constate que la situation des droits de l'homme se détériore en raison des enlèvements et des exécutions de masse perpétrés par le groupe «État islamique»/Daesh et d'autres milices ainsi que de la persécution des minorités ethniques et religieuses du pays, y compris des chrétiens;

Palestine/Israël

68.

condamne les tirs de roquettes sur Israël opérés, de la bande de Gaza, par le Hamas ainsi que par d'autres groupes armés, et se déclare gravement préoccupé par la crise humanitaire à Gaza; demande à l'Union européenne et à ses États membres d'exprimer ouvertement leur soutien à la commission d'enquête de l'ONU et de dénoncer le manque de coopération des autorités israéliennes avec cette mission, dans une déclaration publique lors du CDH; souligne que la justice et le respect de l'état de droit sont des jalons indispensables à la paix et demande qu'il soit mis un terme à la situation d'impunité permanente et généralisée qui entoure les violations du droit international; salue l'ouverture d'un examen préliminaire de la situation en Palestine par le procureur de la Cour pénale internationale; demande à l'Union européenne de collaborer pleinement avec les services du procureur de la CPI; lui demande également de se réengager dans le point 7 de l'agenda du CDH, de condamner fermement les violations prolongées du droit international et la non-application de l'avis consultatif de la Cour internationale de justice, et de soutenir le renouvellement du mandat de la commission d'enquête;

o

o o

69.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au représentant spécial de l'Union européenne pour les droits de l'homme, aux gouvernements et aux parlements des États membres, ainsi qu'au Conseil de sécurité des Nations unies, au Secrétaire général des Nations unies, au président de la 69e Assemblée générale des Nations unies, au président du Conseil des droits de l'homme des Nations unies et au Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/190


P8_TA(2015)0080

Situation au Venezuela

Résolution du Parlement européen du 12 mars 2015 sur la situation au Venezuela (2015/2582(RSP))

(2016/C 316/22)

Le Parlement européen,

vu ses précédentes résolutions sur la situation au Venezuela, en particulier celles du 27 février 2014 sur la situation au Venezuela (1) et du 18 décembre 2014 sur la persécution de l'opposition démocratique au Venezuela (2),

vu sa résolution du 20 avril 2012 sur la sécurité juridique des investissements européens en dehors de l'Union européenne (3),

vu les communiqués de presse du 23 février 2015 de la porte-parole de la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, sur l'arrestation du maire de Caracas, Antonio Ledezma, et sur la situation au Venezuela,

vu la déclaration du 26 février 2015 du porte-parole du Secrétaire général des Nations unies sur la situation au Venezuela,

vu la déclaration du 25 février 2015 du secrétaire général de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et ancien président de la Colombie, Ernesto Samper, sur la situation au Venezuela et la mort de Kluivert Roa, un écolier âgé de 14 ans,

vu la déclaration de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) du 24 février 2015,

vu l'avis du 26 août 2014 du groupe de travail sur la détention arbitraire de la Commission des droits de l'homme de l'Assemblée générale des Nations unies,

vu la déclaration du 20 octobre 2014 du haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme sur la détention de manifestants et de responsables politiques au Venezuela,

vu le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel le Venezuela est partie,

vu le rapport 2014/2015 d'Amnesty International intitulé «La situation des droits humains dans le monde», publié le 25 février 2015, et le rapport de Human Rights Watch sur le Venezuela intitulé «New Military Authority to Curb Protests» («Une nouvelle autorité accordé à l'armée pour juguler les manifestations»), publié le 12 février 2015,

vu l'article 123, paragraphes 2 et 4, de son règlement,

A.

considérant que, le 19 février 2015, Antonio Ledezma, élu démocratiquement à deux reprises maire du district métropolitain de Caracas et l'une des figures de l'opposition, a été arrêté arbitrairement par des officiers du service de renseignement bolivarien (Sebin) fortement armés, qui n'ont pas présenté de mandat d'arrêt ni aucun élément de preuve indiquant la culpabilité de M. Ledezma dans une infraction; qu'à la suite de sa détention, Antonio Ledezma a été accusé de conspiration et d'association de malfaiteurs — des délits passibles de lourdes peines d'emprisonnement au Venezuela — et incarcéré à la prison militaire de Ramo Verde;

B.

considérant que le fait de détenir des civils dans une prison militaire est incompatible avec les normes internationales; que le Venezuela a l'obligation de garantir la vie, le traitement humain et la sécurité de toutes les personnes privées de liberté, et d'assurer des conditions de détention conformes aux normes internationales applicables;

C.

considérant que le président Nicolas Maduro a annoncé, lors d'une intervention à la radio et à la télévision nationales, le démantèlement d'un projet supposé visant à déstabiliser son gouvernement par un coup d'État, qui aurait impliqué les dirigeants de la Table de l'unité démocratique, Maria Corina Machado et Julio Borges, membres de l'Assemblée nationale, et Antonio Ledezma, maire de Caracas; que ces figures de l'opposition auraient également été associées à un projet d'assassinat du dirigeant de l'opposition Leopoldo López, détenu dans une prison militaire depuis plus d'un an; que, depuis sa détention, Leopoldo López a subi des actes de torture physique et psychologique et a été placé en isolement;

D.

considérant que le président Maduro a également annoncé d'étonnants complots étrangers, projets de déstabilisation et tentatives d'assassinat présumés, signalés par l'administration nationale à plusieurs occasions;

E.

considérant que, par le passé, les dirigeants de l'opposition démocratique ont à de nombreuses reprises fait l'objet d'accusations infondées de participation à des projets supposés de déstabilisation et de coup d'État; que les actes d'intimidation et les mauvais traitements à l'égard des chefs de l'opposition et des étudiants emprisonnés qui ont participé aux manifestations de 2014 ont augmenté; que Leopoldo López, Daniel Ceballos et d'autres personnalités politiques de l'opposition sont toujours en détention arbitraire, que María Corina Machado a été démise de ses fonctions illégalement et arbitrairement et renvoyée du Parlement vénézuélien, et que le gouvernement du Venezuela menace de lever l'immunité parlementaire du député Julio Borges;

F.

considérant que l'on peut estimer que la présomption d'innocence a été violée lorsqu'une personne à l'encontre de laquelle des accusations pénales sont portées fait l'objet d'une détention provisoire sans justification appropriée, puisque, dans un tel cas, la détention devient une mesure de répression plutôt que de précaution;

G.

considérant que, selon des organisations locales et internationales, un an après les manifestations pacifiques, plus de 1 700 manifestants sont en attente de jugement, plus de 69 sont encore derrière les barreaux, au moins 40 personnes ont été tuées pendant les manifestations, et que leurs meurtriers n'ont pas répondu de leurs actes; que la police, des membres de la garde nationale et des groupes progouvernementaux armés, violents et échappant à tout contrôle ont fait un usage excessif et systématique de la force et de la violence à l'encontre des manifestants;

H.

considérant qu'un État démocratique ne doit pas criminaliser les dirigeants de l'opposition politique et doit garantir la participation de tous les secteurs à la vie politique du pays, ainsi que les droits de l'homme des personnes qui se déclarent comme faisant partie de l'opposition, comme l'a indiqué Human Rights Watch le 24 février 2015;

I.

considérant que des membres de la Cour suprême ont ouvertement rejeté le principe de séparation des pouvoirs, ont publiquement fait part de leur détermination à faire progresser le programme politique du gouvernement et statué de manière récurrente en faveur du gouvernement, validant le mépris du gouvernement pour les droits de l'homme; qu'en décembre 2014, la majorité favorable au gouvernement de l'Assemblée nationale a nommé 12 nouveaux membres à la Cour suprême par un vote à la majorité simple, à la suite de l'impossibilité d'obtenir une majorité des deux tiers, pour laquelle un consensus avec l'opposition aurait été nécessaire;

J.

considérant que la récente résolution 8610 du ministère de la défense autorise l'armée à utiliser des armes à feu pour maîtriser des «réunions publiques et des manifestations pacifiques»; que, d'après l'article 68 de la Constitution vénézuélienne, l'usage d'armes à feu et de substances toxiques pour contenir des manifestations pacifiques est interdit; que, d'après les normes internationales, le recours aux forces militaires dans les opérations de sécurité publique devrait être limité;

K.

considérant que, le 24 février 2015, l'élève Kluivert Roa, âgé de 14 ans, a été tué par balle au cours d'une manifestation sur la pénurie de nourriture et de médicaments à San Cristóbal, dans l'État de Táchira, devenant ainsi la première victime depuis que le recours aux armes à feu pour maîtriser les manifestations a été autorisé; que, le 25 février 2015, le bureau du procureur général a annoncé qu'un officier de police avait été accusé d'homicide volontaire, entre autres crimes;

L.

considérant que la liberté d'expression et le droit de manifester pacifiquement sont les pierres angulaires de la démocratie; qu'il ne peut y avoir d'égalité et de justice pour tous sans le respect des libertés et des droits fondamentaux pour tous les citoyens; que de nombreuses informations confirment que les médias sont soumis à des actes de censure et d'intimidation de plus en plus fréquents;

M.

considérant que le Venezuela est le pays d'Amérique latine qui dispose des plus grandes réserves d'énergie; que la population vénézuélienne souffre de graves pénuries de produits de première nécessité, que les prix alimentaires ont doublé et que le rationnement alimentaire a été renforcé; qu'en raison de l'incapacité de l'État à garantir le droit et à maintenir l'ordre, ainsi que de la polarisation politique croissante, le Venezuela est devenu l'un des pays les plus violents au monde;

N.

considérant que seuls le respect des libertés et droits fondamentaux et un dialogue constructif et respectueux mené dans un esprit de tolérance peuvent aider le pays à sortir de cette grave crise et à surmonter les difficultés à venir;

O.

considérant que la «mesa de diálogo» (la table du dialogue) entre le gouvernement et l'opposition a permis d'entamer des pourparlers qui ont malheureusement été interrompus sans avoir abouti;

P.

considérant que l'article 207 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE) établit que les investissements européens dans les pays tiers constituent un élément fondamental de la politique commerciale commune de l'Union européenne et font, dès lors, partie intégrante de sa politique extérieure; que, conformément au traité de Lisbonne, les investissements étrangers directs (IED) relèvent exclusivement de la compétence de l'Union européenne, en vertu de l'article 3, paragraphe 1, point e), et des articles 206 et 207 du traité FUE;

Q.

considérant que le gouvernement vénézuélien, tout particulièrement, a la responsabilité de respecter l'état de droit et le droit international étant donné qu'il a été élu membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies le 16 octobre 2014;

1.

se dit toujours vivement préoccupé par la détérioration de la situation au Venezuela et condamne le recours à la violence à l'encontre de manifestants; demande aux autorités vénézuéliennes de libérer immédiatement Antonio Ledezma, Leopoldo López, Daniel Ceballos et tous les manifestants pacifiques, étudiants et chefs de l'opposition détenus arbitrairement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et leurs droits fondamentaux, conformément aux exigences formulées par plusieurs organisations des Nations unies et autres organisations internationales; demande aux autorités vénézuéliennes de retirer les accusations sans fondement portées à leur encontre;

2.

demande aux autorités vénézuéliennes de veiller à ce qu'Antonio Ledezma, Leopoldo López, Daniel Ceballos et tous les autres prisonniers politiques reçoivent tout soin médical dont ils pourraient avoir besoin, et bénéficient d'un contact immédiat, privé et régulier avec leurs familles et les avocats de leur choix; s'inquiète vivement de la détérioration de l'état de santé des prisonniers;

3.

demande au gouvernement vénézuélien de mettre un terme à la persécution et à la répression politiques de l'opposition démocratique et aux violations des libertés d'expression et de manifestation, et le prie instamment de mettre fin à la censure des médias; rappelle aux autorités que les voix de l'opposition sont indispensables à une société démocratique;

4.

condamne l'assassinat de Kluivert Roa et de six autres étudiants, et exprime ses condoléances à leurs familles; demande au gouvernement de révoquer la résolution 8610 récemment adoptée, qui autorise les forces de sécurité à employer une force potentiellement mortelle, en ayant recours à une arme à feu ou à une autre arme susceptible de donner la mort, afin de réprimer les manifestations civiles, dans la mesure où cette résolution déroge à l'article 68 de la Constitution vénézuélienne;

5.

invite le gouvernement vénézuélien à se conformer à sa propre Constitution et à ses obligations internationales en matière d'indépendance du pouvoir judiciaire, de droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique, et de pluralisme politique, qui constituent le socle de la démocratie; demande au gouvernement vénézuélien de créer les conditions pour que les défenseurs des droits de l'homme et des ONG indépendantes puissent réaliser leurs activités légitimes de défense des droits de l'homme et de la démocratie; souligne que le gouvernement vénézuélien a la responsabilité particulière de respecter l'état de droit et le droit international en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies;

6.

demande au gouvernement vénézuélien de veiller à ce que les accusations fassent l'objet d'une enquête rapide et impartiale, sans laisser de place à l'impunité, dans le respect plein et entier du principe de la présomption d'innocence et d'une procédure judiciaire en bonne et due forme; rappelle que le respect du principe de séparation des pouvoirs est fondamental dans une démocratie et que le système judiciaire ne saurait être utilisé comme arme politique; invite les autorités vénézuéliennes à garantir la sécurité de tous les citoyens du pays, quelles que soient leurs opinions et leurs affinités politiques;

7.

se déclare préoccupé par l'éventualité que de nouvelles manifestations débouchent sur d'autres actes de violence, ce qui ne ferait que creuser le fossé qui sépare le gouvernement de l'opposition et polariserait encore davantage les événements politiques sensibles que connaît le Venezuela; invite les représentants de toutes les parties et de toutes les composantes de la société vénézuélienne à agir et à s'exprimer dans le calme; met en garde contre toute action susceptible de créer un climat de tension et de régression, ce qui pourrait conduire à une perte de légitimité et à une interdiction de l'opposition démocratique et/ou à une annulation des élections;

8.

se dit inquiet qu'au cours d'une année électorale, l'opposition politique ait été victime de détentions et d'attaques arbitraires, qui pourraient remettre en question tant la légitimité que l'issue du processus électoral;

9.

demande aux autorités vénézuéliennes, à l'approche des élections législatives, de mettre à profit cette période pour établir un processus politique inclusif basé sur le consensus et l'adhésion commune, par le biais d'un véritable dialogue national avec la participation réelle de toutes les forces politiques démocratiques dans le cadre de la démocratie, de l'état de droit et du respect plein et entier des droits de l'homme; invite en outre les deux parties à débattre des problèmes les plus graves auxquels le pays est confronté pour entreprendre les réformes économiques et de gouvernance nécessaires; invite les autorités vénézuéliennes à garantir la tenue d'élections législatives libres et équitables dans le cadre d'un processus pleinement inclusif, avec la participation de tous les acteurs démocratiques; invite tous les acteurs politiques à maintenir l'affrontement politique dans les limites de l'ordre constitutionnel, en résistant aux pressions en faveur d'une radicalisation de leurs actions;

10.

encourage les partenaires régionaux du Venezuela, tels que l'Unasur et l'Organisation des États américains, à ouvrir des voies de dialogue et de compréhension entre les parties en conflit et à garantir la sécurité et la protection publiques, ainsi qu'un retour au calme et à la normalité au Venezuela;

11.

invite instamment l'Union européenne, les États membres et la communauté internationale à faire des déclarations et à prendre des mesures en signe de solidarité avec la population vénézuélienne dans cette période difficile;

12.

exhorte la Commission et le Conseil à étudier et à adopter toute mesure nécessaire pour garantir les intérêts européens et le principe de sécurité juridique des entreprises européennes au Venezuela;

13.

demande au Service européen pour l'action extérieure (SEAE) et à la délégation de l'Union européenne au Venezuela, ainsi qu'aux ambassades des États membres, de poursuivre leur observation attentive des enquêtes et des audiences judiciaires des responsables de l'opposition; réitère sa demande d'envoi au plus tôt d'une délégation ad hoc du Parlement européen chargée d'analyser la situation au Venezuela et de mener un dialogue avec toutes les parties au conflit;

14.

rappelle qu'il demandera prochainement à la haute représentante et vice-présidente de réclamer la libération immédiate des manifestants qui ont été arrêtés de façon arbitraire depuis le début des manifestations;

15.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au gouvernement et à l'Assemblée nationale de la République bolivarienne du Venezuela, à l'Assemblée parlementaire euro-latino-américaine et au secrétaire général de l'Organisation des États américains.


(1)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0176.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0106.

(3)  JO C 258 E du 7.9.2013, p. 84.


II Communications

COMMUNICATIONS PROVENANT DES INSTITUTIONS, ORGANES ET ORGANISMES DE L’UNION EUROPÉENNE

Parlement européen

Mercredi 11 mars 2015

30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/194


P8_TA(2015)0059

Demande de levée de l'immunité parlementaire de Theodoros Zagorakis

Décision du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la demande de levée de l'immunité de Theodoros Zagorakis (2015/2048(IMM))

(2016/C 316/23)

Le Parlement européen,

vu la demande de levée de l'immunité de Theodoros Zagorakis, transmise en date du 19 décembre 2014 par le substitut du procureur près la Cour suprême grecque, en liaison avec la procédure en instance devant le tribunal correctionnel à juge unique de Thessalonique sous la référence E2010/3844, et communiquée en séance plénière le 28 janvier 2015,

vu que Theodoros Zagorakis a renoncé à son droit d'être entendu, conformément à l'article 9, paragraphe 5, du règlement,

vu les articles 8 et 9 du protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne ainsi que l'article 6, paragraphe 2, de l'acte portant élection des membres du Parlement européen au suffrage universel direct, du 20 septembre 1976,

vu les arrêts rendus par la Cour de justice de l'Union européenne les 12 mai 1964, 10 juillet 1986, 15 et 21 octobre 2008, 19 mars 2010, 6 septembre 2011 et 17 janvier 2013 (1),

vu l'article 62 de la Constitution de la République hellénique,

vu l'article 5, paragraphe 2, l'article 6, paragraphe 1, et l'article 9 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques (A8-0044/2015),

A.

considérant que le substitut du procureur près la Cour suprême grecque a demandé la levée de l'immunité parlementaire de Theodoros Zagorakis, député au Parlement européen, en liaison avec l'éventuelle sanction d'une infraction présumée;

B.

considérant qu'en vertu de l'article 9 du protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne, les membres du Parlement européen bénéficient, sur leur territoire national, des immunités reconnues aux membres du parlement de leur pays;

C.

considérant qu'en vertu de l'article 62 de la Constitution de la République hellénique, aucun député ne peut, durant la législature, être poursuivi, arrêté, emprisonné ou soumis à d'autres contraintes sans l'autorisation de la Chambre des députés;

D.

considérant que Theodoros Zagorakis est mis en examen pour coups et blessures par négligence et non-respect des obligations de sécurité sur un lieu de travail;

E.

considérant que l'action pénale concerne un accident de travail d'un employé du club de football PAOK, survenu le 13 mai 2010 dans le stade dudit club à Thessalonique, et que Theodoros Zagorakis est poursuivi en sa qualité de président et de représentant légal du club;

F.

considérant que l'infraction présumée est manifestement sans aucun lien avec le statut de député au Parlement européen de Theodoros Zagorakis, mais plutôt en lien avec son mandat de président du club de football PAOK;

G.

considérant que l'action pénale ne concerne pas une opinion ou un vote émis par le député dans l'exercice de ses fonctions de membre du Parlement européen, au sens de l'article 8 du protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne;

H.

considérant qu'il n'existe aucun motif de présumer que l'action pénale est inspirée par l'intention de nuire à l'activité politique du député (fumus persecutionis), attendu que ladite action a été engagée plusieurs années avant le début de son mandat de député;

1.

décide de lever l'immunité de Theodoros Zagorakis;

2.

charge son Président de transmettre immédiatement la présente décision et le rapport de sa commission compétente à la Cour suprême grecque.


(1)  Arrêt de la Cour de justice du 12 mai 1964, Wagner/Fohrmann et Krier, 101/63, ECLI:EU:C:1964:28; arrêt de la Cour de justice du 10 juillet 1986, Wybot/Faure et autres, 149/85, ECLI:EU:C:1986:310; arrêt du Tribunal du 15 octobre 2008, Mote/Parlement, T-345/05, ECLI:EU:T:2008:440; arrêt de la Cour de justice du 21 octobre 2008, Marra/De Gregorio et Clemente, C 200/07 et C-201/07, ECLI:EU:C:2008:579; arrêt du Tribunal du 19 mars 2010, Gollnisch/Parlement, T-42/06, ECLI:EU:T:2010:102; arrêt de la Cour de justice du 6 septembre 2011, Patriciello, C 163/10, ECLI: EU:C:2011:543; arrêt du Tribunal du 17 janvier 2013, Gollnisch/Parlement, T-346/11 et T-347/11, ECLI:EU:T:2013:23.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/196


P8_TA(2015)0060

Demande de levée de l'immunité parlementaire de Sergei Stanishev

Décision du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la demande de levée de l'immunité de Sergei Stanishev (2014/2259(IMM))

(2016/C 316/24)

Le Parlement européen,

vu la demande de levée de l'immunité de Sergei Stanishev, transmise en date du 24 novembre 2014 par le procureur général de la République de Bulgarie en liaison avec la procédure judiciaire en instance devant le tribunal de la ville de Sofia (sous la référence CCAN no C-280/2013), et communiquée en plénière le 15 décembre 2014,

ayant entendu Sergei Stanishev, conformément à l'article 9, paragraphe 5, de son règlement,

vu les articles 8 et 9 du protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne ainsi que l'article 6, paragraphe 2, de l'acte portant élection des membres du Parlement européen au suffrage universel direct, du 20 septembre 1976,

vu les arrêts rendus par la Cour de justice de l'Union européenne les 12 mai 1964, 10 juillet 1986, 15 et 21 octobre 2008, 19 mars 2010, 6 septembre 2011 et 17 janvier 2013 (1),

vu l'article 70 de la Constitution de la République de Bulgarie,

vu l'article 5, paragraphe 2, l'article 6, paragraphe 1, et l'article 9 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques (A8-0045/2015),

A.

considérant que le procureur général de la République de Bulgarie a transmis une demande du ministère public de la ville de Sofia visant à obtenir l'autorisation de poursuivre la procédure pénale engagée contre Sergei Stanishev pour une infraction relevant de l'article 358, paragraphe 1, lu en conjonction avec l'article 26, paragraphe 1, du code pénal bulgare;

B.

considérant qu'en vertu de l'article 8 du protocole sur les privilèges et immunités de l'Union européenne, les députés au Parlement européen ne peuvent être recherchés, détenus ou poursuivis en raison des opinions ou des votes émis par eux dans l'exercice de leurs fonctions;

C.

considérant qu'en vertu de l'article 9 du protocole précité, les députés au Parlement européen bénéficient, sur leur territoire national, des immunités reconnues aux membres du parlement de leur État;

D.

considérant qu'en vertu de l'article 70, paragraphe 1, de la Constitution de la République de Bulgarie, les députés ne peuvent être arrêtés ni traduits pénalement en justice, sauf en cas de crime grave et avec l'autorisation de l'Assemblée nationale ou, lorsqu'elle ne siège pas, de son président, hormis en cas de flagrant délit; considérant qu'en vertu de l'article 70, paragraphe 2, de la Constitution de la République de Bulgarie, aucune autorisation n'est requise pour engager des poursuites pénales contre un député qui y consent par écrit;

E.

considérant qu'il appartient au seul Parlement de décider de lever ou non l'immunité dans chaque cas spécifique; que le Parlement peut raisonnablement tenir compte de la position du député lorsqu'il décide de lever ou non son immunité (2);

F.

considérant que l'infraction présumée n'a pas de lien direct ou évident avec l'exercice, par Sergei Stanishev, de ses fonctions de député au Parlement européen et qu'elle ne constitue pas une opinion ou un vote émis par lui dans l'exercice desdites fonctions au sens de l'article 8 du protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne;

G.

considérant que Sergei Stanishev faisait déjà l'objet d'une instruction préparatoire longtemps avant son élection au Parlement européen et que cette instruction n'a donc a fortiori aucun lien avec ses fonctions de député européen;

H.

considérant que, d'abord lorsqu'il était Premier ministre puis lorsqu'il était député à l'Assemblée nationale bulgare, Sergei Stanishev a remis deux déclarations écrites au président de l'Assemblée, dans lesquelles il consentait à l'ouverture de poursuites pénales à son encontre, en application de l'article 70, paragraphe 2, de la Constitution bulgare;

I.

considérant qu'en l'espèce, le Parlement n'a trouvé aucune preuve de fumus persecutionis, c'est-à-dire des indices suffisamment sérieux et précis indiquant que ces poursuites ont été engagées dans le but de porter préjudice à la carrière politique du député concerné;

1.

décide de lever l'immunité de Sergei Stanishev;

2.

charge son Président de transmettre immédiatement la présente décision et le rapport de sa commission compétente à l'autorité compétente de la République de Bulgarie et à Sergei Stanishev.


(1)  Arrêt de la Cour de justice du 12 mai 1964, Wagner/Fohrmann et Krier, 101/63, ECLI:EU:C:1964:28; arrêt de la Cour de justice du 10 juillet 1986, Wybot/Faure et autres, 149/85, ECLI:EU:C:1986:310; arrêt du Tribunal du 15 octobre 2008, Mote/Parlement, T-345/05, ECLI:EU:T:2008:440; arrêt de la Cour de justice du 21 octobre 2008, Marra/De Gregorio et Clemente, C 200/07 et C-201/07, ECLI:EU:C:2008:579; arrêt du Tribunal du 19 mars 2010, Gollnisch/Parlement, T-42/06, ECLI:EU:T:2010:102; arrêt de la Cour de justice du 6 septembre 2011, Patriciello, C 163/10, ECLI: EU:C:2011:543; arrêt du Tribunal du 17 janvier 2013, Gollnisch/Parlement, T-346/11 et T-347/11, ECLI:EU:T:2013:23.

(2)  Arrêt Mote/Parlement, T-345/05, précité, point 28.


III Actes préparatoires

PARLEMENT EUROPÉEN

Mardi 10 mars 2015

30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/198


P8_TA(2015)0041

Mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (demande EGF/2013/009 PL/Zachem — Pologne)

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/009 PL/Zachem, présentée par la Pologne) (COM(2015)0013 — C8-0010/2015 — 2015/2016(BUD))

(2016/C 316/25)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2015)0013 — C8-0010/2015),

vu le règlement (CE) no 1927/2006 du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 2006 portant création du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (1) (ci-après dénommé «règlement relatif au Fonds»),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), et notamment son article 12,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3) (ci-après dénommé «accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013»), et notamment son point 13,

vu la procédure de trilogue prévue au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013,

vu la lettre de la commission de l'emploi et des affaires sociales,

vu la lettre de la commission du développement régional,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0036/2015),

A.

considérant que l'Union a mis en place des instruments législatifs et budgétaires pour apporter une aide complémentaire aux travailleurs subissant les conséquences de modifications majeures de la structure du commerce mondial et pour les accompagner dans leur réinsertion sur le marché du travail;

B.

considérant que l'aide financière de l'Union aux travailleurs licenciés devrait être dynamique et fournie avec toute la rapidité et l'efficacité possibles, conformément à la déclaration commune du Parlement européen, du Conseil et de la Commission adoptée lors de la réunion de conciliation du 17 juillet 2008, et dans le respect de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 en ce qui concerne l'adoption de décisions relatives à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (ci-après dénommé «Fonds»);

C.

considérant que cette demande est l'une des deux dernières à être examinée au titre du règlement relatif au Fonds de 2006 et que l'adoption du règlement (UE) no 1309/2013 (4) reflète l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil en vue de réintroduire le critère de mobilisation relatif à la crise, de porter la contribution financière de l'Union à 60 % du coût total estimé des mesures proposées, d'accroître l'efficacité du traitement des demandes d'intervention du Fonds au sein de la Commission ainsi que par le Parlement et le Conseil en resserrant les délais d'évaluation et d'approbation, d'étendre les actions admissibles et les bénéficiaires potentiels aux indépendants et aux jeunes et de financer des incitations pour que les bénéficiaires montent leur propre entreprise;

D.

considérant que la Pologne a introduit la demande EGF/2013/009 PL/Zachem en vue d'obtenir une contribution financière du Fonds à la suite de 615 licenciements chez Zaklady Chemiczne Zachem et deux de ses fournisseurs en raison de la cessation de la production et de la restructuration de Zachem, entreprise relevant de la division 20 de la NACE Rév. 2 («Industrie chimique»), située dans la voïvodie de Couïavie-Poméranie, région de niveau NUTS II; que 404 des 615 travailleurs licenciés sont inscrits comme chômeurs au bureau de l'emploi du district de Bydgoszcz; que les licenciements sont survenus durant la période de référence allant du 31 mars 2013 au 31 juillet 2013 et sont liés à un recul de la part de marché de l'Union dans l'industrie chimique;

E.

considérant que la contribution financière demandée au Fonds s'élève à 115 205 EUR (soit 50 % du budget total);

F.

considérant que la demande remplit les critères d'admissibilité fixés par le règlement relatif au Fonds;

1.

note que les conditions fixées à l'article 2, point a), du règlement relatif au Fonds sont remplies et convient par conséquent avec la Commission que la Pologne a droit à une contribution financière au titre de ce règlement;

2.

constate que les autorités polonaises ont déposé la demande de contribution financière du Fonds le 9 octobre 2013 au titre du règlement relatif au Fonds, qui ne fixe pas de délai d'instruction du dossier, et que la Commission a rendu son évaluation le 21 janvier 2015;

3.

se déclare préoccupé par la longueur de la procédure qui s'est déroulée entre la date des premiers licenciements et l'évaluation de la demande; rappelle que le Fonds a pour objectif de fournir une aide aux travailleurs licenciés avec toute la rapidité possible;

4.

se félicite que les autorités polonaises, soucieuses d'apporter sans tarder une aide aux travailleurs, aient décidé de lancer la mise en œuvre des services personnalisés le 4 mars 2013, sans attendre la décision ni même la demande d'octroi d'un soutien du Fonds pour l'ensemble coordonné proposé;

5.

relève que la part de l'Union dans le marché mondial des produits chimiques a connu une forte baisse entre 1992 et 2012, passant de 35,2 % en 1992 à 17,8 % en 2012 (5); fait observer que la tendance des dernières années a démontré la migration de l'industrie chimique vers l'Asie, et plus particulièrement la Chine, où la fabrication de produits chimiques est passée d'une part de 8,7 % en 2002 à 30,5 % en 2012 en raison de l'augmentation des ventes des marchés émergents ainsi que des coûts salariaux plus faibles, de l'accès aux marchés, des subventions, de la fiscalité et de la réglementation; estime par conséquent que les licenciements survenus chez Zachem et ses deux fournisseurs sont liés à des modifications majeures de la structure du commerce international résultant de la mondialisation;

6.

souligne que Zachem était le principal employeur de la région et qu'au cours de la période de référence, les travailleurs licenciés directement ou indirectement de Zachem représentaient 60 % des nouveaux chômeurs enregistrés au bureau de l'emploi du district de Bydgoszcz;

7.

relève que les licenciements survenus chez Zachem et ses fournisseurs devraient être préjudiciables à la voïvodie de Couïavie-Poméranie, qui connaît le taux de chômage le plus élevé du pays, à savoir 17,4 % en juillet 2013, et ce malgré l'expansion économique dans la région a bénéficié;

8.

relève que les mesures soutenues par le Fonds visent les 50 travailleurs les plus défavorisés et se composent des deux mesures suivantes: incitations à l'embauche et mesures d'intervention;

9.

relève que la majorité des coûts des services personnalisés sera consacrée à des incitations à l'embauche de 45 travailleurs, dans le but d'inciter les employeurs à embaucher ces travailleurs pour au moins 24 mois;

10.

relève qu'une aide de plus faible ampleur est offerte à 5 travailleurs licenciés de plus de 50 ans afin de les aider à payer leurs cotisations de sécurité sociale; relève que les personnes de cette tranche d'âge sont exposées à un risque plus élevé de chômage de longue durée et d'exclusion du marché du travail;

11.

se félicite de la complémentarité de l'intervention du Fonds avec les actions financées par les Fonds structurels; relève notamment que l'ensemble coordonné de services personnalisés entend compléter les nombreuses mesures en cours dont disposent les travailleurs licenciés dans le cadre du programme opérationnel «Capital humain» cofinancé par le Fonds social européen ainsi que les autres mesures engagées par les bureaux de l'emploi de la région; souligne qu'il est essentiel d'éviter tout double financement dans le cadre de ces actions complémentaires;

12.

relève que la mise en œuvre des services personnalisés est prévue jusqu'au 30 septembre 2015 et que, selon les données provisoires, 36 personnes ont jusqu'à présent retrouvé un emploi grâce à leur participation aux services proposés par l'ensemble coordonné; relève que l'exécution du budget programmé était de 59 % à la fin de l'année 2014;

13.

salue le fait que le comité du dialogue social de la voïvodie ait discuté des possibilités d'aide aux travailleurs licenciés de Zachem et de ses fournisseurs et que l'ensemble de mesures personnalisées proposées ait été débattu lors d'une réunion du conseil de l'emploi de Bydgoszcz à laquelle ont participé des syndicats, des entreprises et des représentants des autorités locales et régionales;

14.

rappelle qu'il est essentiel d'améliorer l'employabilité de tous les travailleurs grâce à une formation adaptée et à la reconnaissance des aptitudes et des compétences acquises tout au long de leur carrière professionnelle;

15.

salue le fait que les principes d'égalité entre les femmes et les hommes et de non-discrimination aient été appliqués et qu'ils continueront de l'être aux différentes étapes de la mise en œuvre des mesures du Fonds et dans l'accès à celles-ci;

16.

souligne que l'aide apportée par le Fonds doit uniquement cofinancer des mesures actives sur le marché du travail qui débouchent sur des emplois durables à long terme; rappelle que l'aide apportée par le Fonds ne doit pas se substituer aux actions relevant de la responsabilité des entreprises en vertu du droit national ou de conventions collectives, ni aux mesures de restructuration des entreprises ou des secteurs;

17.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

18.

charge son Président de signer cette décision avec le Président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

19.

charge son Président de transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 406 du 30.12.2006, p. 1.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(4)  Règlement (UE) no 1309/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour la période 2014-2020 et abrogeant le règlement (CE) no 1927/2006 (JO L 347 du 20.12.2013, p. 855).

(5)  The European chemical industry. Facts & Figures 2013, CEFIC (http://www.cefic.org/Facts-and-Figures)


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/009 PL/Zachem, présentée par la Pologne)

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2015/469.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/201


P8_TA(2015)0042

Mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation — demande EGF/2014/014 DE/Aleo Solar — Allemagne

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil concernant la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2014/014 DE/Aleo Solar, présentée par l'Allemagne) (COM(2014)0726 — C8-0012/2015 — 2015/2018(BUD))

(2016/C 316/26)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0726 — C8-0012/2015),

vu le règlement (UE) no 1309/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour la période 2014-2020 et abrogeant le règlement (CE) no 1927/2006 (1) (ci-après dénommé «règlement relatif au Fonds»),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), et notamment son article 12,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3) (ci-après dénommé «accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013»), et notamment son point 13,

vu la procédure de trilogue prévue au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013,

vu la lettre de la commission de l'emploi et des affaires sociales,

vu la lettre de la commission du développement régional,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0030/2015),

A.

considérant que l'Union a mis en place des instruments législatifs et budgétaires pour apporter une aide complémentaire aux travailleurs subissant les conséquences de modifications majeures de la structure du commerce mondial, et pour les accompagner dans leur réinsertion sur le marché du travail;

B.

considérant que l'aide financière de l'Union aux travailleurs licenciés devrait être dynamique et fournie avec toute la rapidité et l'efficacité possibles, conformément à la déclaration commune du Parlement européen, du Conseil et de la Commission adoptée lors de la réunion de conciliation du 17 juillet 2008, et dans le respect de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 en ce qui concerne l'adoption de décisions relatives à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (ci-après dénommé «Fonds»);

C.

considérant que l'adoption du règlement relatif au Fonds reflète l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil en vue de réintroduire le critère de mobilisation relatif à la crise, de porter la contribution financière de l'Union à 60 % du coût total estimé des mesures proposées, d'accroître l'efficacité du traitement des demandes d'intervention du Fonds au sein de la Commission ainsi que par le Parlement et le Conseil en resserrant les délais d'évaluation et d'approbation, d'étendre les actions admissibles et les bénéficiaires potentiels aux indépendants et aux jeunes et de financer des incitations pour que les bénéficiaires montent leur propre entreprise;

D.

considérant que l'Allemagne a introduit la demande EGF/2014/014 DE/Aleo Solar en vue d'obtenir une contribution financière du Fonds à la suite de 657 licenciements, dont 390 intervenus chez Aleo Solar AG, entreprise relevant de la division 26 de la NACE rév. 2 «Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques», et 267 dans deux de ses filiales, dont 476 personnes devraient participer aux mesures, pendant et après la période de référence allant du 7 mars 2014 au 7 juillet 2014, en raison de la diminution de la part de marché détenue par les entreprises du secteur solaire de l'Union;

E.

considérant que la demande remplit les critères d'admissibilité fixés par le règlement relatif au Fonds;

1.

note que les conditions fixées à l'article 4, paragraphe 1, point a), du règlement relatif au Fonds sont remplies et convient par conséquent avec la Commission que l'Allemagne a droit à une contribution financière au titre de ce règlement;

2.

relève que les autorités allemandes ont déposé la demande de contribution financière du Fonds le 29 juillet 2014, laquelle a été complétée par des informations complémentaires dont les dernières ont été transmises le 23 septembre 2014, et que la Commission a rendu son évaluation le 16 décembre 2014;

3.

se félicite que les autorités allemandes, soucieuses d'apporter sans tarder une aide aux travailleurs, aient décidé de lancer la mise en œuvre des services personnalisés le 11 avril 2014, sans attendre la décision ni même la demande d'octroi d'un soutien du Fonds pour l'ensemble coordonné proposé;

4.

estime que les licenciements survenus chez Aleo Solar AG sont liés à des modifications majeures de la structure du commerce international résultant de la mondialisation, la part des recettes de la Chine étant passée de 11 % à 45 % entre 2005 et 2011, alors que celle de l'Allemagne a chuté de 64 % à 21 % au cours de la même période; relève qu'en raison des énormes surcapacités de production de modules solaires de la Chine, qui ne peuvent être absorbées ni par ses propres consommateurs, ni par le marché mondial, les prix de l'Union en 2011 ont chuté de 40 % par rapport à 2010 et ne suffisent plus à couvrir les coûts de production d'Aleo Solar AG; note qu'en 2013, l'Union a autorisé l'institution de droits supplémentaires visant les modules solaires originaires de Chine ainsi que d'un prix minimum qui reste malgré tout inférieur au coût de production des fabricants allemands;

5.

relève qu'en 2010, le chiffre d'affaires d'Aleo Solar AG s'élevait à 550 millions d'euros, pour un bénéfice de 43 millions d'euros; que ces chiffres ont rapidement chuté à partir de 2011 et qu'en 2013, les pertes de l'entreprise s'élevaient à 92 millions d'euros; souligne que l'entreprise a mené diverses tentatives de restructuration et d'amélioration de son rendement, mais qu'elle n'est malheureusement pas parvenue à se remettre à flot;

6.

relève qu'il s'agit de la deuxième demande d'intervention du Fonds dans le secteur de la fabrication de modules solaires et que plusieurs autres vont suivre;

7.

relève que les licenciements survenus chez Aleo Solar AG risquent de mettre à mal la région de Prenzlau, dans le Brandebourg, où le revenu par habitant est bien en-dessous de la moyenne nationale et le taux de chômage est l'un des plus élevés d'Allemagne, atteignant 15,5 % et 16,4 % respectivement; souligne que l'ajout des licenciements intervenus chez Aleo Solar AG fera monter ce taux de 0,9 %; regrette l'absence de perspectives immédiates pour les travailleurs licenciés de trouver un emploi équivalent, en raison de la faiblesse relative de la densité de population et du manque d'employeurs potentiels: la région accueille principalement des petites et moyennes entreprises, dont dix seulement (0,3 %) emploient plus de 249 travailleurs (Aleo Solar AG était l'un de ces grands employeurs);

8.

observe que l'ensemble coordonné de services personnalisés à cofinancer se compose des mesures suivantes en vue de la réinsertion des 476 travailleurs licenciés sur le marché du travail: formation professionnelle, conseils et orientation professionnels, groupes de pairs/ateliers, aide à la création d'entreprise, aide à la mobilité interrégionale, recherche d'un emploi par un prospecteur d'emploi professionnel, accompagnement de suivi pour les travailleurs ayant décroché un emploi mais qui ont besoin de conseils pour assurer cet emploi parce que ce dernier implique une réinstallation, allocation de formation équivalente à 60 % du dernier salaire net du travailleur, conformément à l'article 7, paragraphe 1, point b), du règlement relatif au Fonds;

9.

constate que les autorités comptent utiliser le maximum autorisé de 35 % du total des coûts pour des allocations et incitations sous la forme d'allocations de formation (Transferkurzarbeitergeld) constituant 60 % ou 67 % du revenu net antérieur du travailleur — en fonction de sa situation familiale — ce qui est conforme à la pratique lorsque des travailleurs sont mis au chômage en Allemagne; relève que l'allocation de formation ne se substitue pas à des mesures passives de protection sociale et que l'octroi de cette allocation est soumis à des conditions strictes de participation aux formations et aux autres activités organisées;

10.

salue le fait que l'ensemble coordonné de services personnalisés a été composé en consultation avec les représentants des bénéficiaires visés, en tenant compte du potentiel de la région et du tissu entrepreneurial;

11.

rappelle qu'il est essentiel d'améliorer l'employabilité de tous les travailleurs grâce à une formation adaptée et à la reconnaissance des aptitudes et des compétences acquises tout au long de leur carrière professionnelle; s'attend à ce que la formation offerte dans l'ensemble coordonné de mesures soit adaptée non seulement aux besoins des travailleurs licenciés, mais aussi à l'environnement réel des entreprises;

12.

relève que 164 des travailleurs d'Aleo Solar AG licenciés à Prenzlau ont été réengagés par un consortium asiatique, qui a acheté l'usine au liquidateur; constate que le raisonnement suivi par les autorités allemandes pour permettre à ces travailleurs de bénéficier des mesures à financer par le Fonds est que la sécurité de leur nouvel emploi n'était pas garantie à l'époque;

13.

relève que les 104 travailleurs licenciés dans le centre administratif d'Oldenburg ne sont pas inclus dans les mesures à financer par le Fonds; constate que la situation de l'emploi dans cette région est beaucoup plus prometteuse;

14.

regrette que le risque de chômage de longue durée soit élevé pour les travailleurs licenciés et souligne donc l'importance de mesures destinées à encourager les travailleurs à chercher un emploi dans une zone géographique plus large et à accepter des offres d'emploi qui pourraient exister dans d'autres régions;

15.

considère que les travailleurs des tranches d'âge de 55-64 ans et 15-29 ans sont exposés à un risque plus élevé de chômage de longue durée et d'exclusion du marché du travail; estime par conséquent que ces travailleurs ont des besoins particuliers en termes d'approche personnalisée;

16.

rappelle que, conformément à l'article 7 du règlement relatif au Fonds, la conception de l'ensemble coordonné de services personnalisés devrait anticiper les futures perspectives sur le marché du travail et compétences requises et être compatible avec la transition vers une économie économe en ressources et durable;

17.

souligne que l'aide apportée par le Fonds doit uniquement cofinancer des mesures actives sur le marché du travail qui débouchent sur des emplois durables à long terme; rappelle que l'aide apportée par le Fonds ne doit pas se substituer aux actions relevant de la responsabilité des entreprises en vertu du droit national ou de conventions collectives, ni aux mesures de restructuration des entreprises ou des secteurs;

18.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

19.

charge son Président de signer cette décision avec le Président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

20.

charge son Président de transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 855.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (demande EGF/2014/014 DE/Aleo Solar, présentée par l'Allemagne)

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2015/473.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/204


P8_TA(2015)0043

Mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation — demande EGF/2013/007 BE/Hainaut steel (Duferco-NLMK) — Belgique

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, en application du point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/007 BE/Hainaut steel (Duferco-NLMK), présentée par la Belgique) (COM(2014)0725 — C8-0013/2015 — 2015/2019(BUD))

(2016/C 316/27)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0725 — C8-0013/2015),

vu le règlement (CE) no 1927/2006 du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 2006 portant création du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (1) (ci-après dénommé «règlement relatif au Fonds»),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), et notamment son article 12,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3) (ci-après dénommé «accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013»), et notamment son point 13,

vu la procédure de trilogue prévue au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013,

vu la lettre de la commission de l'emploi et des affaires sociales,

vu la lettre de la commission du développement régional,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0031/2015),

A.

considérant que l'Union a mis en place des instruments législatifs et budgétaires pour apporter une aide complémentaire aux travailleurs subissant les conséquences de modifications majeures de la structure du commerce mondial et pour les accompagner dans leur réinsertion sur le marché du travail;

B.

considérant que l'aide financière de l'Union aux travailleurs licenciés devrait être dynamique et fournie avec toute la rapidité et l'efficacité possibles, conformément à la déclaration commune du Parlement européen, du Conseil et de la Commission adoptée lors de la réunion de conciliation du 17 juillet 2008, et dans le respect de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 en ce qui concerne l'adoption de décisions relatives à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (ci-après dénommé «Fonds»);

C.

considérant que l'adoption du règlement (UE) no 1309/2013 (4) reflète l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil en vue de réintroduire le critère de mobilisation relatif à la crise, de porter la contribution financière de l'Union à 60 % du coût total estimé des mesures proposées, d'accroître l'efficacité du traitement des demandes d'intervention du Fonds au sein de la Commission ainsi que par le Parlement et le Conseil en resserrant les délais d'évaluation et d'approbation, d'étendre les actions admissibles et les bénéficiaires potentiels aux indépendants et aux jeunes et de financer des incitations pour que les bénéficiaires montent leur propre entreprise;

D.

considérant que la Belgique a introduit la demande EGF/2013/007 BE/Hainaut steel en vue d'obtenir une contribution financière du Fonds à la suite de 708 licenciements, au sein de deux entreprises, consécutivement à la fermeture de l'entreprise Duferco et à des réductions de personnel dans l'entreprise NLMK, entreprises qui relèvent de la division 24 («Fabrication de métaux de base») de la NACE 2 et se situent toutes deux à La Louvière, dans la région du Hainaut; que les licenciements sont survenus durant la période de référence allant du 22 janvier 2013 au 22 octobre 2013 et sont liés à un recul de la part de marché de l'Union dans le secteur de la production d'acier;

E.

considérant que la contribution financière demandée au Fonds s'élève à 981 956 EUR (soit 50 % du budget total);

F.

considérant que la demande remplit les critères d'admissibilité fixés par le règlement relatif au Fonds;

1.

constate que les conditions fixées à l'article 2, point b), du règlement relatif au Fonds sont remplies et convient par conséquent avec la Commission que la Belgique a droit à une contribution financière au titre de ce règlement;

2.

constate que les autorités belges ont déposé la demande de contribution financière du Fonds le 27 septembre 2013, au titre du règlement relatif au Fonds, qui ne fixe pas de délai d'instruction du dossier, et que la Commission a rendu son évaluation le 9 décembre 2014;

3.

se déclare préoccupé par la longueur de la procédure qui s'est déroulée entre la date des premiers licenciements et l'évaluation de la demande; rappelle que le Fonds a pour objectif de fournir une aide aux travailleurs licenciés avec toute la rapidité possible; souligne que la demande de mobilisation du Fonds a été présentée le 27 septembre 2013, mais qu'il a fallu presque un an et demi pour qu'elle parvienne au stade du vote en commission des budgets;

4.

se félicite que les autorités belges, soucieuses d'apporter sans tarder une aide aux travailleurs, aient décidé de lancer la mise en œuvre des services personnalisés le 1er juin 2013, sans attendre la décision, ni même la demande, d'octroi d'un soutien du Fonds pour l'ensemble coordonné proposé;

5.

considère que les licenciements intervenus à Duferco et NLMK sont liés à des modifications majeures de la structure du commerce international résultant de la mondialisation, dans la mesure où le secteur de la production d'acier a connu de graves perturbations économiques, avec notamment un recul brutal de la part de marché de l'Union; qu'en outre, en raison de la crise économique et d'une relative augmentation des coûts de production, cette évolution de la structure du commerce mondial a été aggravée par d'autres facteurs, tels que la baisse de la demande d'acier dans les secteurs de l'automobile et de la construction;

6.

relève que, selon les données auxquelles se réfèrent les autorités belges (5), entre 2006 et 2011, la production d'acier brut dans l'UE-27 a diminué pour passer de 206,9 millions de tonnes à 177,7 millions de tonnes (– 14,1 %, soit — 3 % de croissance annuelle (6)), tandis qu'au niveau mondial, la production est passée de 1 249 millions de tonnes à 1 518,3 millions de tonnes (+21,6 %, soit + 4 % de croissance annuelle); constate que cette évolution s'est traduite par un recul de la part de l'UE-27 sur le marché de la production d'acier brut (mesurée en volume), part qui est passée de 16,6 % en 2006 à 11,7 % en 2011 (– 29,4 %, soit — 6,7 % de croissance annuelle), et souligne, à titre de comparaison, la croissance de la part de marché de la Chine, qui est passée de 33,7 % à 45 % au cours de la même période;

7.

relève qu'il s'agit de la cinquième demande d'intervention du Fonds dans le secteur de la sidérurgie, sachant que trois des précédentes demandes étaient fondées sur la mondialisation et la quatrième sur la crise financière et économique mondiale; insiste sur la nécessité d'une approche efficace et coordonnée au niveau de l'Union dans la lutte contre le chômage dans le secteur sidérurgique;

8.

relève que les licenciements à Duferco et NLMK devraient être préjudiciables à la région du Hainaut, un ancien bassin minier et sidérurgique, dans lequel l'emploi est fortement tributaire de l'industrie lourde traditionnelle et du secteur public et où, en 2012, le taux de chômage était de 17,7 % (contre une moyenne de 15,8 % pour l'ensemble de la Wallonie et de 11,2 % au niveau national (7)), avec un pic de 39 % chez les 18-25 ans; souligne que la faiblesse du niveau de qualification des demandeurs d'emploi (51 % d'entre eux n'ont pas terminé l'enseignement secondaire supérieur, contre 47 % dans l'ensemble de la Wallonie) constitue un handicap supplémentaire dans leurs recherches d'emploi;

9.

fait observer que, vu la situation économique et le nombre de licenciements dans le secteur métallurgique de la région, les travailleurs de Duferco et de NLMK désireux de trouver un nouvel emploi dans la région devront se reclasser dans d'autres activités et d'autres secteurs;

10.

observe que l'ensemble coordonné de services personnalisés à cofinancer se compose des mesures suivantes en vue de la réintégration de 701 travailleurs licenciés sur le marché du travail (regroupées par catégorie): 1) aide individuelle à la recherche d'emploi, accompagnement et services généraux d'information, 2) formation et reconversion et 3) promotion de l'entreprenariat;

11.

se félicite que les divers partenaires sociaux et organisations sociales aient été associés à la coordination et à l'application générales des mesures d'aide: des organisations syndicales (la FGTB, la CSC), le FOREM (le service public de l'emploi et de la formation en Région wallonne), les centres sectoriels de formation professionnelle et technologique implantés en Wallonie, l'agence Fonds social européen de la Communauté française de Belgique et le gouvernement wallon; salue en outre le fait que les organisations syndicales participent directement à la gestion des deux cellules de reconversion spécifiquement mises en place pour chacune des deux sociétés;

12.

se félicite des mesures actives sur le marché du travail proposées pour améliorer l'employabilité des travailleurs licenciés; rappelle que les indemnités ne font pas partie des services personnalisés susceptibles d'être financés par le Fonds;

13.

rappelle l'importance d'améliorer l'employabilité de tous les travailleurs grâce à une formation adaptée et à la reconnaissance des aptitudes et des compétences acquises tout au long de leur carrière professionnelle; escompte que la formation offerte dans l'ensemble coordonné de mesures soit adaptée non seulement aux besoins des travailleurs licenciés, mais aussi à l'environnement réel des entreprises, ainsi qu'au potentiel de la région;

14.

relève que les mesures proposées s'adressent également à un groupe de cadres dirigeants des entreprises concernées;

15.

salue le fait que les principes d'égalité entre les femmes et les hommes et de non-discrimination aient été appliqués et qu'ils continueront de l'être aux différentes étapes de la mise en œuvre des mesures du Fonds et dans l'accès à celles-ci;

16.

souligne que l'aide apportée par le Fonds doit uniquement cofinancer des mesures actives sur le marché du travail qui débouchent sur des emplois durables à long terme; rappelle que l'aide apportée par le Fonds ne doit pas se substituer aux actions relevant de la responsabilité des entreprises en vertu du droit national ou de conventions collectives, ni aux mesures de restructuration des entreprises ou des secteurs;

17.

fait observer que les mesures obligatoires dans le cadre des procédures de licenciements collectifs en Belgique, qui sont mises en œuvre par les cellules de reconversion dans le cadre de leurs activités habituelles (aide au reclassement, formation, accompagnement dans la recherche d'emploi et orientation professionnelle, etc.), ne relèvent pas de la présente demande de mobilisation du Fonds; relève que plus de la moitié du coût total estimé devrait être consacrée à des services de reclassement, c'est-à-dire à des mesures d'accompagnement, d'orientation et de réinsertion;

18.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

19.

charge son Président de signer cette décision avec le Président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

20.

charge son Président de transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 406 du 30.12.2006, p. 1.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(4)  Règlement (UE) no 1309/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour la période 2014-2020 et abrogeant le règlement (CE) no 1927/2006 (JO L 347 du 20.12.2013, p. 855).

(5)  Source: World Steel Association, Steel Statistical Yearbook (Annuaire statistique 2012 de l'acier).

(6)  Taux de croissance annuel moyen.

(7)  Source: Steunpunt WSE.


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/007 BE/Hainaut steel (Duferco-NLMK), présentée par la Belgique)

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2015/468.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/208


P8_TA(2015)0044

Mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation — demande EGF/2014/012 BE/ArcelorMittal — Belgique

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, en application du point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2014/012 BE/ArcelorMittal, présentée par la Belgique) (COM(2014)0734 — C8-0014/2015 — 2015/2020(BUD))

(2016/C 316/28)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0734 — C8-0014/2015),

vu le règlement (UE) no 1309/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour la période 2014-2020 et abrogeant le règlement (CE) no 1927/2006 (1) (ci-après dénommé «règlement relatif au Fonds»),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), et notamment son article 12,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3) (ci-après dénommé «accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013»), et notamment son point 13,

vu la procédure de trilogue prévue au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013,

vu la lettre de la commission de l'emploi et des affaires sociales,

vu la lettre de la commission du développement régional,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0035/2015),

A.

considérant que l'Union a mis en place des instruments législatifs et budgétaires pour apporter une aide complémentaire aux travailleurs subissant les conséquences de modifications majeures de la structure du commerce mondial et pour les accompagner dans leur réinsertion sur le marché du travail;

B.

considérant que l'aide financière de l'Union aux travailleurs licenciés devrait être dynamique et fournie avec toute la rapidité et l'efficacité possibles, conformément à la déclaration commune du Parlement européen, du Conseil et de la Commission adoptée lors de la réunion de conciliation du 17 juillet 2008, et dans le respect de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 en ce qui concerne l'adoption de décisions relatives à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (ci-après dénommé «Fonds»);

C.

considérant que l'adoption du règlement relatif au Fonds reflète l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil en vue de réintroduire le critère de mobilisation relatif à la crise, de porter la contribution financière de l'Union à 60 % du coût total estimé des mesures proposées, d'accroître l'efficacité du traitement des demandes d'intervention du Fonds au sein de la Commission ainsi que par le Parlement et le Conseil en resserrant les délais d'évaluation et d'approbation, d'étendre les actions admissibles et les bénéficiaires potentiels aux indépendants et aux jeunes et de financer des incitations pour que les bénéficiaires montent leur propre entreprise;

D.

considérant que la Belgique a présenté la demande EGF/2014/012 BE/ArcelorMittal en vue d'obtenir une contribution financière du Fonds à la suite de 1 285 licenciements survenus chez ArcelorMittal Liège S.A., entreprise relevant de la division 24 de la NACE rév. 2 «Fabrication de métaux de base», dont 910 personnes devraient participer aux mesures, pendant et après la période de référence du 1er janvier 2014 au 1er mai 2014, en raison de graves perturbations économiques, et notamment un recul brutal de la part de marché de l'Union;

E.

considérant que la demande remplit les critères d'admissibilité fixés par le règlement relatif au Fonds;

1.

note que les conditions fixées à l'article 4, paragraphe 1, point a), du règlement relatif au Fonds sont remplies et convient par conséquent avec la Commission que la Belgique a droit à une contribution financière au titre de ce règlement;

2.

relève que les autorités belges ont déposé la demande de contribution financière du Fonds le 22 juillet 2014, à savoir dans un délai de douze semaines à compter de la date à laquelle les critères d'intervention exposés ci-dessous avaient été satisfaits, laquelle demande a été complétée par des informations complémentaires dont les dernières ont été transmises le 16 septembre 2014, et que la Commission a rendu son évaluation le 9 décembre 2014;

3.

se félicite que les autorités belges, soucieuses d'apporter sans tarder une aide aux travailleurs, aient décidé de lancer la mise en œuvre des services personnalisés le 1er janvier 2014, sans attendre la décision ni même la demande d'octroi du soutien du Fonds pour l'ensemble coordonné proposé;

4.

estime que les licenciements survenus chez ArcelorMittal Liège S.A. sont liés à des modifications majeures de la structure du commerce international résultant de la mondialisation dans la mesure où entre 2007 et 2013, la production d'acier brut dans l'UE-27 a diminué pour passer de 210,1 millions de tonnes à 166,2 millions de tonnes (4) (soit -20,9 %, ce qui correspond à un taux de croissance annuel de -3,8 % (5)), tandis qu'au niveau mondial, la production est passée de 1 348,1 millions de tonnes à 1 649,3 millions de tonnes (soit +22,3 %, ce qui correspond à un taux de croissance annuel de +3,4 %); relève que la baisse de la part de l'Union dans la production mondiale d'acier de 16 % en 2007 à 10 % en 2013 a été plus importante qu'aux États-Unis et en Russie, alors que l'Asie a connu une hausse très importante, passant de 56 % à 67 % de la production mondiale au cours de la même période, raison pour laquelle la métallurgie liégeoise a connu un déclin ces dernières années, passant de 6 193 emplois dans 40 entreprises en 2007 à 4 187 emplois dans 35 entreprises en 2012, soit une baisse de 32 % de l'emploi dans ce secteur;

5.

souligne que les conséquences de cette évolution de la structure du commerce ont été aggravées par d'autres facteurs, tels qu'une baisse de la demande d'acier dans les secteurs de l'automobile et de la construction dans l'Union en raison de la crise économique, et une augmentation relative des coûts de production (matières premières, énergie, contraintes environnementales, etc.); ces facteurs ont eu des répercussions négatives sur la compétitivité de l'industrie sidérurgique européenne et ont occasionné, au cours des dernières années, de nombreuses pertes d'emplois dans ce secteur à la suite des fermetures de sites et des restructurations décidées par plusieurs producteurs d'acier en Europe;

6.

souligne qu'il est essentiel d'adopter une approche efficace et coordonnée à l'échelle de l'Union afin de remédier au recul de la compétitivité du secteur sidérurgique européen; souligne l'importance d'investissements concrets et ciblés dans le but de garantir que l'innovation soit le principal moteur de la compétitivité mondiale du secteur sidérurgique de l'Union et permette de préserver les emplois en Europe;

7.

prend acte du rapport sur l'état d'avancement de la mise en œuvre de la communication de la Commission du 11 juin 2013 sur le plan d'action pour une industrie sidérurgique compétitive et durable en Europe, selon lequel la moitié des actions prévues dans la communication ont été mises en œuvre; souligne que les actions concernées doivent être mises en œuvre comme il se doit afin d'aboutir à des résultats concrets qui permettront de relancer le secteur sidérurgique de l'Union;

8.

relève qu'il s'agit de la quatrième demande d'intervention du Fonds dans le secteur de la sidérurgie, trois d'entre elles étant liées à des modification majeures de la structure du commerce international résultant de la mondialisation (6) et une à la crise financière et économique mondiale (7); demande instamment à la Commission d'empêcher toute nouvelle vague de licenciements dans ce secteur par la définition et la mise en œuvre de mesures de prévention et de stimulation;

9.

fait observer que les licenciements survenus chez ArcelorMittal Liège S.A. devraient avoir une incidence négative considérable sur la région liégeoise, largement dépendante du secteur sidérurgique, où l'impact de la restructuration d'ArcelorMittal est d'autant plus marqué que la part d'ArcelorMittal dans l'emploi local est de 78,9 % dans le secteur métallurgique et de 14,3 % dans le secteur manufacturier;

10.

observe que l'ensemble coordonné de services personnalisés à cofinancer porte sur trois domaines principaux: la reconversion, la formation et le recyclage et la valorisation de l'entrepreneuriat; souligne qu'il faut veiller à ce que les services de reconversion soient mis en œuvre conformément aux besoins réels du marché du travail dans la région concernée;

11.

plaide pour qu'il soit fait usage à l'avenir des dispositions du règlement relatif au Fonds pour soutenir les jeunes sans emploi qui ne suivent ni enseignement ni formation dans cette région (NEET);

12.

salue le fait que l'ensemble coordonné de services personnalisés a été élaboré en concertation avec les bénéficiaires visés et les partenaires sociaux;

13.

relève que plus de la moitié du coût total estimé devrait être consacrée à des services de reclassement, c'est-à-dire à des mesures d'accompagnement, d'orientation et de réinsertion; relève que ces services seront fournis par le FOREM (le service public de l'emploi et de la formation en Région wallonne), qui participe en tant qu'organisme intermédiaire à des actions faisant l'objet de la demande;

14.

rappelle l'importance d'améliorer l'employabilité de tous les travailleurs grâce à une formation adaptée et à la reconnaissance des aptitudes et des compétences acquises tout au long de leur carrière professionnelle; compte sur le fait que la formation offerte dans l'ensemble coordonné de mesures soit adaptée non seulement aux besoins des travailleurs licenciés, mais aussi à l'environnement réel des entreprises;

15.

rappelle que, conformément à l'article 7 du règlement relatif au Fonds, la conception de l'ensemble coordonné de services personnalisés devrait anticiper les futures perspectives sur le marché du travail et les compétences requises et être compatible avec la transition vers une économie économe en ressources et durable;

16.

souligne que l'aide apportée par le Fonds doit uniquement cofinancer des mesures actives sur le marché du travail qui débouchent sur des emplois durables à long terme; rappelle que l'aide apportée par le Fonds ne doit pas se substituer aux actions relevant de la responsabilité des entreprises en vertu du droit national ou de conventions collectives, ni aux mesures de restructuration des entreprises ou des secteurs;

17.

fait observer que les mesures obligatoires dans le cadre des procédures de licenciements collectifs en Belgique, qui sont mises en œuvre par les cellules de reconversion dans le cadre de leurs activités habituelles (aide au reclassement, formation, accompagnement dans la recherche d'emploi et orientation professionnelle, etc.), ne relèvent pas de la présente demande de mobilisation du Fonds;

18.

se félicite du fait que l'appui financier du Fonds social européen ait été octroyé par le passé à un projet (En-Train — En Transition-Reconversion-Accompagnement à l'Insertion) dont le but était de mettre au point des méthodes pédagogiques à l'intention des cellules de reconversion en général et que les conclusions de ce projet s'avèreront probablement utiles dans le cadre de la mise en œuvre des mesures planifiées;

19.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

20.

charge son Président de signer cette décision avec le président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

21.

charge son Président de transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 855.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(4)  Source: World Steel Association, Steel Statistical Yearbook 2014.

(5)  Taux de croissance annuel moyen.

(6)  Demandes EGF/2009/022 BG/Kremikovtsi (demande rejetée par la Commission), EGF/2012/010 RO/Mechel (COM(2014)0255 du 7.5.2014), EGF/2013/007 BE/Hainaut steel (Duferco-NLMK) (COM(2014)0725 du 9.12.2014) et EGF/2013/002 BE/Carsid (COM(2014)0553 du 5.9.2014).

(7)  Demande EGF/2010/007 AT/Steiermark-Niederösterreich. Décision 2011/652/UE du 27 septembre 2011 (JO L 263 du 7.10.2011, p. 9).


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (demande EGF/2014/012 BE/ArcelorMittal, présentée par la Belgique)

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2015/472.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/212


P8_TA(2015)0045

Mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation — demande EGF/2014/011 BE/Caterpillar — Belgique

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil concernant la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2014/011 BE/Caterpillar, présentée par la Belgique) (COM(2014)0735 — C8-0015/2015 — 2015/2021(BUD))

(2016/C 316/29)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0735 — C8-0015/2015),

vu le règlement (UE) no 1309/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour la période 2014-2020 et abrogeant le règlement (CE) no 1927/2006 (1) (ci-après dénommé «règlement relatif au Fonds»),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), et notamment son article 12,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3) (ci-après dénommé «accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013»), et notamment son point 13,

vu la procédure de trilogue prévue au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013,

vu la lettre de la commission de l'emploi et des affaires sociales,

vu la lettre de la commission du développement régional,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0033/2015),

A.

considérant que l'Union a mis en place des instruments législatifs et budgétaires pour apporter une aide complémentaire aux travailleurs subissant les conséquences de modifications majeures de la structure du commerce international et pour les accompagner dans leur réinsertion sur le marché du travail;

B.

considérant que l'aide financière de l'Union aux travailleurs licenciés devrait être dynamique et fournie avec toute la rapidité et l'efficacité possibles, conformément à la déclaration commune du Parlement européen, du Conseil et de la Commission adoptée lors de la réunion de conciliation du 17 juillet 2008, et dans le respect de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 en ce qui concerne l'adoption de décisions relatives à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (ci-après dénommé «Fonds»);

C.

considérant que l'adoption du règlement relatif au Fonds reflète l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil en vue de réintroduire le critère de mobilisation relatif à la crise, de porter la contribution financière de l'Union à 60 % du coût total estimé des mesures proposées, d'accroître l'efficacité du traitement des demandes d'intervention du Fonds au sein de la Commission ainsi que par le Parlement et le Conseil en resserrant les délais d'évaluation et d'approbation, d'étendre les actions admissibles et les bénéficiaires potentiels aux indépendants et aux jeunes et de financer des incitations pour que les bénéficiaires montent leur propre entreprise;

D.

considérant que la Belgique a présenté la demande EGF/2014/011 BE/Caterpillar en vue d'obtenir une contribution financière du Fonds à la suite de 1 030 licenciements intervenus chez Caterpillar Belgium S.A., entreprise relevant de la division 28 de la NACE rév. 2 «fabrication de machines et équipements n.c.a.», dont 630 personnes devraient participer aux mesures, pendant et après la période de référence du 1er janvier 2014 au 30 avril 2014, en raison d'une diminution de la demande en Europe;

E.

considérant que la demande remplit les critères d'admissibilité fixés par le règlement relatif au Fonds;

1.

note que les conditions fixées à l'article 4, paragraphe 1, point a), du règlement relatif au Fonds sont remplies et convient par conséquent avec la Commission que la Belgique a droit à une contribution financière au titre de ce règlement;

2.

relève que les autorités belges ont déposé la demande de contribution financière du Fonds le 22 juillet 2014, laquelle a été complétée par des informations additionnelles dont les dernières ont été transmises le 16 septembre 2014, et que la Commission a rendu son évaluation le 9 décembre 2014;

3.

relève que le budget total est de 2 038 090 EUR, dont 73 378 EUR sont affectés à la mise en œuvre, et que la contribution financière du Fonds s'élève à 1 222 854 EUR, ce qui représente 60 % du coût total des mesures proposées;

4.

se félicite que les autorités belges, soucieuses d'apporter sans tarder une aide aux travailleurs, aient décidé de lancer la mise en œuvre des services personnalisés le 1er avril 2014, sans attendre la décision ni même la demande d'octroi d'un soutien du Fonds pour l'ensemble coordonné proposé; relève que ces services personnalisés déjà offerts seront admissibles au financement du Fonds;

5.

considère que les licenciements intervenus chez Caterpillar Belgium S.A. sont liés à des modifications majeures de la structure du commerce international résultant de la mondialisation, la fabrication et l'importation de produits d'Asie en Europe revenant désormais moins cher pour l'entreprise que la fabrication de produits en Europe à destination d'un marché en déclin; relève que le site de production de Gosselies a souffert des répercussions en amont et en aval de l'usinage, étant donné que l'acier et les produits métalliques en Europe souffrent de la forte concurrence des économies émergentes et que la crise de 2009 a affaibli les secteurs de la construction et de l'exploitation minière en Europe, lesquels sont les principaux clients de Caterpillar;

6.

relève que la demande d'engins de construction a souffert de la baisse de l'investissement privé et public dans les infrastructures, en raison de la mauvaise santé de l'économie mondiale;

7.

relève qu'il s'agit de la douzième demande de mobilisation du Fonds pour le secteur «fabrication de machines et équipements n.c.a.» et que les demandes précédentes sont réparties de façon homogène entre les critères du commerce et de la crise économique;

8.

regrette que bon nombre de chômeurs dans la région de Charleroi soient peu qualifiés (59 % n'ont pas de diplôme de l'enseignement secondaire supérieur) et que 43 % soient sans emploi depuis plus de 2 ans; déplore que, en s'établissant à 52,26 %, le taux d'emploi à Charleroi compte parmi les plus faibles de la Région wallonne; se félicite donc que les autorités aient décidé de demander le concours du Fonds pour aider les travailleurs licenciés;

9.

relève que les licenciements survenus chez Caterpillar devraient avoir des répercussions extrêmement négatives sur la région de Charleroi, qui doit faire face à une situation particulièrement délicate au regard de l'emploi en raison de sa dépendance excessive envers l'emploi industriel traditionnel et de l'absence de nouvelles industries; souligne qu'en raison de leur faible niveau de qualification, les travailleurs licenciés ont du mal à retrouver un nouvel emploi dans un contexte économique peu favorable; recommande que la Commission réalise une étude pour identifier les réussites entrepreneuriales dans la région et aider les travailleurs licenciés en leur présentant des idées inspirées des cas les plus appropriés;

10.

constate que 18 % des travailleurs licenciés ciblés susceptibles de participer aux mesures sont menacés d'exclusion du marché du travail, étant donné qu'ils appartiennent à la tranche d'âge des 55 à 64 ans;

11.

observe que l'ensemble coordonné de services personnalisés à cofinancer porte sur trois domaines: la reconversion, la formation et le recyclage et la promotion de l'entrepreneuriat;

12.

relève que plus de la moitié du total des coûts estimés sera consacrée à des services de redéploiement, à savoir des mesures de soutien, d'orientation et d'intégration; constate que ces services seront fournis par le FOREM (le service public de l'emploi et de la formation de la Région wallonne), qui agit en tant qu'organisme intermédiaire pour la mise en œuvre de cette demande;

13.

salue le fait que l'ensemble coordonné de services personnalisés ait été élaboré en concertation avec les bénéficiaires visés et les partenaires sociaux, en tenant compte du potentiel de la région et du tissu entrepreneurial;

14.

rappelle qu'il est essentiel d'améliorer l'employabilité de tous les travailleurs grâce à une formation adaptée et à la reconnaissance des aptitudes et des compétences acquises tout au long de leur carrière professionnelle; s'attend à ce que la formation offerte dans l'ensemble coordonné de mesures soit adaptée non seulement aux besoins des travailleurs licenciés, mais aussi à l'environnement réel des entreprises;

15.

plaide pour qu'il soit fait usage à l'avenir des dispositions du règlement relatif au Fonds pour soutenir les jeunes sans emploi qui ne suivent ni enseignement ni formation dans cette région (NEET);

16.

rappelle que, conformément à l'article 7 du règlement relatif au Fonds, la conception de l'ensemble coordonné de services personnalisés devrait anticiper les futures perspectives sur le marché du travail et les compétences requises et être compatible avec la transition vers une économie économe en ressources et durable;

17.

souligne que l'aide apportée par le Fonds doit uniquement cofinancer des mesures actives sur le marché du travail qui débouchent sur des emplois durables à long terme; rappelle que l'aide apportée par le Fonds ne doit pas se substituer aux actions relevant de la responsabilité des entreprises en vertu du droit national ou de conventions collectives, ni aux mesures de restructuration des entreprises ou des secteurs;

18.

se félicite que le soutien financier du Fonds social européen ait été précédemment accordé à un projet (En Train — En Transition-Reconversion-Accompagnement) qui visait à élaborer des méthodes pédagogiques pour les unités de redéploiement en général et que les conclusions de ce projet soient susceptibles d'être utiles à l'application des mesures prévues;

19.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

20.

charge son Président de signer cette décision avec le Président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

21.

charge son Président de transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 855.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (demande EGF/2014/011 BE/Caterpillar, présentée par la Belgique)

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2015/471.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/215


P8_TA(2015)0046

Dimensions et poids des véhicules routiers circulant dans la Communauté ***II

Résolution législative du Parlement européen du 10 mars 2015 relative à la position du Conseil en première lecture en vue de l'adoption de la directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 96/53/CE du Conseil, fixant, pour certains véhicules routiers circulant dans la Communauté, les dimensions maximales autorisées en trafic national et international et les poids maximaux autorisés en trafic international (11296/3/2014 — C8-0294/2014 — 2013/0105(COD))

(Procédure législative ordinaire: deuxième lecture)

(2016/C 316/30)

Le Parlement européen,

vu la position du Conseil en première lecture (11296/3/2014 — C8-0294/2014),

vu l'avis du Comité économique et social européen du 11 juillet 2013 (1),

vu sa position en première lecture (2) sur la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2013)0195),

vu les engagements pris par la Commission, au cours d'une séance plénière du Parlement européen, de faire sienne la position arrêtée par celui-ci en deuxième lecture, et par le représentant du Conseil, par lettre du 18 décembre 2014, d'approuver ladite position, conformément à l'article 294, paragraphe 8, point a), du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 294, paragraphe 7, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 69 de son règlement,

vu la recommandation pour la deuxième lecture de la commission des transports et du tourisme (A8-0032/2015),

1.

arrête la position en deuxième lecture figurant ci-après;

2.

prend note de la déclaration de la Commission annexée à la présente résolution;

3.

suggère que l'acte soit cité comme «la directive Leichtfried-Lupi relative aux poids et aux dimensions des véhicules utilitaires» (3);

4.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 327 du 12.11.2013, p. 133.

(2)  Textes adoptés du 15.4.2014, P7_TA(2014)0353.

(3)  Jörg Leichtfried et Maurizio Lupi ont mené les négociations relatives à l'acte concerné au nom du Parlement et du Conseil, respectivement.


P8_TC2-COD(2013)0105

Position du Parlement européen arrêtée en deuxième lecture le 10 mars 2015 en vue de l’adoption de la directive (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 96/53/CE du Conseil fixant, pour certains véhicules routiers circulant dans la Communauté, les dimensions maximales autorisées en trafic national et international et les poids maximaux autorisés en trafic international

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, la directive (UE) 2015/719.)


ANNEXE À LA RÉSOLUTION LÉGISLATIVE

Déclaration de la Commission sur la révision du cadre de réception par type

La dérogation relative à la longueur maximale pour les cabines aérodynamiques et les dispositifs aérodynamiques arrière des poids lourds, prévue par la nouvelle directive sur les poids maximaux et les dimensions maximales des poids lourds (modifiant la directive 96/53/CE), requiert de modifier le cadre juridique de la réception par type (à savoir le règlement (CE) no 661/2009 et le règlement (UE) no 1230/2012).

La Commission révise actuellement le règlement (CE) no 661/2009 du Parlement européen et du Conseil, afin d'améliorer la sécurité générale des véhicules. Comme l'exige l'article 17 du règlement (CE) no 661/2009, la Commission présentera en 2015 au Parlement européen et au Conseil un rapport accompagné, le cas échéant, de propositions de modification dudit règlement ou d'autres actes législatifs de l'Union pertinents en vue d'ajouter de nouvelles fonctions de sécurité, en particulier pour les camions. La Commission compte proposer les modifications nécessaires, à la suite d'une consultation des parties prenantes et, au besoin, d'une étude d'impact, d'ici à 2016 au plus tard.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/217


P8_TA(2015)0047

Fonds européens d'investissement à long terme ***I

Résolution législative du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux fonds européens d'investissement à long terme (COM(2013)0462 — C7-0209/2013 — 2013/0214(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2016/C 316/31)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2013)0462),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 114 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C7-0209/2013),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 16 octobre 2013 (1),

vu l'avis du Comité des régions du 30 janvier 2014 (2),

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 10 décembre 2014, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 59, et l'article 61, paragraphe 2, de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires et l'avis de la commission des budgets (A7-0211/2014),

vu les amendements qu'il a adoptés lors de la séance plénière du 17 avril 2014 (3),

vu la décision de la Conférence des présidents du 18 septembre 2014 sur les travaux qui n'ont pas été achevés pendant la septième législature,

vu le rapport complémentaire de la commission des affaires économiques et monétaires (A8-0021/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 67 du 6.3.2014, p. 71.

(2)  JO C 126 du 26.4.2014, p. 8.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0448.


P8_TC1-COD(2013)0214

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 10 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil relatif aux fonds européens d'investissement à long terme

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2015/760.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/219


P8_TA(2015)0048

Commissions d'interchange pour les opérations de paiement liées à une carte ***I

Résolution législative du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux commissions d'interchange pour les opérations de paiement liées à une carte (COM(2013)0550 — C7-0241/2013 — 2013/0265(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2016/C 316/32)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2013)0550),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 114, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C7-0241/2013),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis de la Banque centrale européenne du 5 février 2014 (1),

vu l'avis du Comité économique et social européen du 11 décembre 2013 (2),

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 21 janvier 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 59 et l'article 61, paragraphe 2, de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires (A7-0167/2014),

vu les amendements qu'il a adoptés au cours de la séance plénière du 3 avril 2014 (3),

vu la décision de la Conférence des présidents du 18 septembre 2014 sur les questions en instance à la fin de la septième législature,

vu le rapport complémentaire de la commission des affaires économiques et monétaires (A8-0022/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 193 du 24.6.2014, p. 2.

(2)  JO C 170 du 5.6.2014, p. 78.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0279.


P8_TC1-COD(2013)0265

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 10 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil relatif aux commissions d'interchange pour les opérations de paiement liées à une carte

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2015/751.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/220


P8_TA(2015)0049

Mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (demande EGF/2013/011 BE/Saint-Gobain Sekurit — Belgique)

Résolution du Parlement européen du 10 mars 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil concernant la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/011 BE/Saint-Gobain Sekurit, présentée par la Belgique) (COM(2015)0009 — C8-0011/2015 — 2015/2017(BUD))

(2016/C 316/33)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2015)0009 — C8-0011/2015),

vu le règlement (CE) no 1927/2006 du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 2006 portant création du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (1) (ci-après dénommé «règlement relatif au Fonds»),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), notamment son article 12,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3) (ci-après dénommé «accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013»), notamment son point 13,

vu la procédure de trilogue prévue au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013,

vu la lettre de la commission de l'emploi et des affaires sociales,

vu la lettre de la commission du développement régional,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0034/2015),

A.

considérant que l'Union a mis en place des instruments législatifs et budgétaires pour apporter une aide complémentaire aux travailleurs subissant les conséquences de modifications majeures de la structure du commerce mondial, aggravées par la crise économique, financière et sociale, et pour les accompagner dans leur réinsertion sur le marché du travail;

B.

considérant que l'aide financière de l'Union aux travailleurs licenciés devrait être adaptée et fournie avec toute la rapidité et l'efficacité possibles, conformément à la déclaration commune du Parlement européen, du Conseil et de la Commission adoptée lors de la réunion de conciliation du 17 juillet 2008, et dans le respect de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 en ce qui concerne l'adoption de décisions relatives à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (ci-après dénommé «Fonds»);

C.

considérant que cette demande est la dernière à être examinée au titre du règlement de 2006;

D.

considérant que les objectifs et critères du règlement relatif au Fonds ont été étendus en décembre 2013 afin d'intégrer et de faciliter les demandes des régions et des pays de densité démographique moindre;

E.

considérant que l'efficacité du traitement des demandes d'intervention du Fonds au sein de la Commission, ainsi que par le Parlement et le Conseil, a été améliorée par le raccourcissement des délais d'évaluation et d'approbation, par l'extension des actions admissibles et des bénéficiaires potentiels aux indépendants et aux jeunes et par le financement d'incitations aidant les bénéficiaires à monter leur propre entreprise;

F.

considérant que la Belgique a introduit la demande EGF/2013/011 BE/Saint-Gobain Sekurit en vue d'obtenir une contribution financière du Fonds à la suite de 257 licenciements consécutifs à la fermeture d'un site du groupe Saint-Gobain Sekurit (SGS), situé à Auvelais, qui produisait du verre de sécurité pour l'industrie automobile; considérant que ces licenciements sont survenus pendant et après la période de référence allant du 31 août 2013 au 31 décembre 2013 et sont liés à un recul de la production de verre de sécurité dans l'Union;

G.

considérant que la contribution financière demandée au Fonds s'élève à 1 339 928 EUR (soit 50 % du budget total);

H.

considérant que même si la demande ne remplit pas les critères établis à l'article 2, points a) et b), du règlement relatif au Fonds, elle relève de la catégorie des circonstances exceptionnelles, qui permettent la mobilisation du Fonds;

1.

partage l'avis de la Commission qui, dans sa décision, estime que la demande d'intervention du Fonds présentée par la Belgique le 19 décembre 2013 est recevable et donne droit à une contribution financière en vertu de l'article 2, point c) — des circonstances exceptionnelles avérées –, bien que les critères d'intervention prévus à l'article 2, points a) et b), du règlement relatif au Fonds ne soient pas satisfaits; souligne, cependant, que le recours à l'article 2, point c), devrait être évalué au cas par cas et ne devrait pas devenir un motif général de mobilisation du Fonds lorsque les critères de base ne sont pas remplis;

2.

insiste sur le fait que le Fonds est un instrument spécial qui permet à l'Union de réagir à des circonstances particulières imprévues et qu'il devrait continuer de poursuivre son objectif principal, à savoir fournir un soutien lorsque, pendant une période de référence, un nombre important de travailleurs (au moins 500) perdent leur emploi en raison de modifications majeures de la structure du commerce international résultant de la mondialisation ou de crises financières et économiques à l'échelle mondiale; souligne que le Fonds ne doit pas se substituer à d'autres Fonds structurels ou d'investissement européens, tels que le Fonds social européen, mais doit être utilisé en complément; insiste sur le fait que les circonstances exceptionnelles qui permettent de mobiliser le Fonds ne doivent pas détourner celui-ci de l'objectif susmentionné;

3.

constate que les autorités belges ont déposé la demande de contribution financière du Fonds le 19 décembre 2013 au titre du règlement relatif au Fonds, qui ne fixe pas de délai d'instruction du dossier, et que la Commission a rendu son évaluation le 21 janvier 2014; déplore l'insuffisance des informations fournies pour justifier l'invocation de circonstances exceptionnelles; souligne qu'une dérogation aux conditions visées à l'article 2, points a) et b), du règlement relatif au Fonds ne doit être accordée qu'après évaluation en bonne et due forme de ces circonstances exceptionnelles;

4.

se déclare préoccupé par la longueur de la procédure qui s'est déroulée entre la date des premiers licenciements et l'évaluation de la demande; rappelle que le Fonds a pour objectif de fournir une aide aux travailleurs licenciés avec toute la rapidité possible;

5.

prie instamment les États membres et l'ensemble des institutions concernées de consentir les efforts nécessaires pour améliorer les dispositions pratiques en matière de procédure et de budget, de façon à accélérer la mobilisation du fonds; prend acte, à cet égard, de la procédure améliorée mise en place par la Commission, à la suite de la demande du Parlement d'accélérer le déblocage des subventions, en vue de soumettre au Parlement européen et au Conseil l'évaluation de la Commission concernant l'admissibilité d'une demande d'intervention ainsi que la proposition de mobilisation du Fonds, et prend acte de l'adoption du nouveau règlement (UE) no 1309/2013 relatif au Fonds, qui permettra de renforcer le fonds sur le plan de l'efficacité, de la transparence, de la responsabilité et de la visibilité;

6.

engage les États membres à tirer parti de l'échange des bonnes pratiques et à tirer en particulier les leçons de l'expérience des États membres et des collectivités régionales et locales qui ont déjà mis en place des réseaux d'information nationaux sur le Fonds avec la participation des partenaires sociaux et des parties prenantes au niveau régional ou local, de manière à pouvoir disposer d'une bonne structure d'aide pour faire face à toute situation relevant du champ d'application du Fonds qui pourrait survenir;

7.

se félicite que les autorités belges, soucieuses d'apporter sans tarder une aide aux travailleurs, aient décidé de lancer la mise en œuvre des services personnalisés le 31 août 2013, sans attendre la décision, ni même la demande, d'octroi d'un soutien du Fonds pour l'ensemble coordonné proposé;

8.

relève que le secteur de la production de verre de sécurité destiné à l'industrie automobile a connu de graves perturbations économiques du fait de plusieurs facteurs, notamment la baisse de la production de verre de sécurité pour véhicules automobiles dans l'Union, l'accroissement des parts de marché des concurrents de pays tiers et la hausse de l'importation de ces produits dans l'Union; note que les activités de SGS Benelux étaient étroitement liées à l'évolution de la production de l'industrie automobile et que la production de voitures particulières dans l'Union est passée de 21,9 millions à 19,5 millions d'unités entre 2007 et 2012, tandis qu'elle a augmenté dans le reste du monde, pour passer de 47,5 à 60,6 millions d'unités pendant la même période; observe, par ailleurs, la tendance générale des fabricants et des fournisseurs de l'industrie automobile à transférer la production au sein de l'Union, de l'Europe occidentale (notamment la France, la Belgique et l'Espagne) vers l'Europe de l'Est;

9.

note que si aucune autre demande d'intervention financière du Fonds portant de manière spécifique sur le secteur du verre pour véhicules automobiles (4) n'a été présentée, une série de demandes portant sur les constructeurs de véhicules automobiles ou sur les fournisseurs de pièces automobiles (5) ont été introduites;

10.

observe que les licenciements survenus chez SGS concernent principalement des travailleurs de la chaîne de production (83 % du personnel concerné ont le statut d'ouvrier); estime qu'étant donné la situation du marché du travail dans la région touchée, les travailleurs licenciés devront se reconvertir dans des métiers et/ou des secteurs différents;

11.

déplore que, étant donné la situation socio-économique de la région concernée et des régions voisines (Charleroi, Namur), les perspectives d'emploi dans ces régions pour les travailleurs licenciés par SGS Benelux restent limitées, puisqu'ils seront probablement en concurrence avec de nombreux autres travailleurs possédant des qualifications et une expérience similaires pour un nombre d'emplois limité dans le secteur du verre; rappelle que la région présente un niveau relativement élevé de chômage structurel, avec une part relativement importante de demandeurs d'emploi de longue durée possédant un faible niveau de qualifications et de compétences; souligne que les licenciements chez SGS Benelux sont par conséquent intervenus dans un contexte socio-économique local difficile;

12.

relève que les services personnalisés énumérés dans la demande comprennent plusieurs mesures visant à favoriser le retour des personnes à l'emploi et à les aider dans leurs démarches auprès de l'administration, dont la plupart devraient bénéficier à tous les travailleurs licenciés;

13.

observe que l'ensemble coordonné de services personnalisés à cofinancer se compose des mesures suivantes en vue de la réinsertion des 257 travailleurs licenciés sur le marché du travail (regroupées par catégorie): 1) aide individuelle à la recherche d'emploi, accompagnement et services généraux d'information, 2) formation et reconversion et 3) promotion de l'entrepreneuriat;

14.

se félicite que divers partenaires sociaux et organisations sociales aient été associés à la coordination et à l'application générales des mesures d'aide: des organisations syndicales (la FGTB, la CSC), le FOREM (le service public de l'emploi et de la formation en région wallonne), les centres sectoriels de formation professionnelle et technologique implantés en Wallonie, l'agence du Fonds social européen de la Communauté française de Belgique et le gouvernement wallon; salue en outre le fait que les organisations syndicales participent directement à la gestion des deux cellules de reconversion spécifiquement mises en place pour chacune des deux sociétés;

15.

insiste sur la nécessité de stimuler et d'encourager l'aide en renforçant l'autonomie et en facilitant l'accès au niveau régional afin de mettre en place une logique ascendante, permettant d'appliquer des solutions locales au niveau régional au cas où une situation entrant dans le champ d'application du Fonds viendrait à se produire;

16.

prend acte des mesures proposées afin d'améliorer l'employabilité des travailleurs licenciés; rappelle que les indemnités ne font pas partie des services personnalisés susceptibles d'être financés par le Fonds;

17.

prend acte du fait que les mesures obligatoires en vertu de la législation belge relative aux licenciements collectifs et qui sont mises en œuvre de manière systématique par la cellule de reconversion (aide au reclassement et à la recherche d'emploi, formation, orientation professionnelle, etc.) ne sont pas couvertes par cette demande de mobilisation du Fonds;

18.

rappelle qu'il est essentiel d'améliorer l'employabilité de tous les travailleurs grâce à une formation adaptée et à la reconnaissance des aptitudes et des compétences acquises tout au long de leur carrière professionnelle; compte sur le fait que la formation offerte dans l'ensemble coordonné de mesures soit adaptée non seulement aux besoins des travailleurs licenciés, mais aussi à l'environnement réel des entreprises;

19.

salue le fait que les principes d'égalité entre les femmes et les hommes et de non-discrimination aient été appliqués et qu'ils continueront de l'être aux différentes étapes de la mise en œuvre des mesures du Fonds et dans l'accès à celles-ci;

20.

salue l'association des partenaires sociaux à la préparation du plan social ainsi qu'à la mise en œuvre des mesures;

21.

souligne que l'aide apportée par le Fonds doit uniquement cofinancer des mesures actives sur le marché du travail qui débouchent sur des emplois durables à long terme; rappelle que l'aide apportée par le Fonds ne doit pas se substituer aux actions relevant de la responsabilité des entreprises en vertu du droit national ou de conventions collectives, ni aux mesures de restructuration des entreprises ou des secteurs;

22.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

23.

charge son Président de signer cette décision avec le président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

24.

charge son Président de transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 406 du 30.12.2006, p. 1.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(4)  Voir la base de données du Fonds, disponible à l'adresse suivante: http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=582&langId=fr

(5)  Voir les projets de propositions de la Commission relatives aux demandes suivantes: EGF/2007/001 FR/fournisseurs Peugeot (décision COM(2007)0415 du 12.7.2007), EGF/2007/010 PT/Lisboa-Alentejo (décision COM(2008)0094 du 20.2.2008), EGF/2008/002 ES/Delphi (décision COM(2008)0547 du 9.9.2008), EGF/2008/004 ES/Castilla y León/Aragón (décision COM(2009)0150 du 20.3.2009), EGF/2009/007 SE/Volvo et EGF/2009/009 AT/Steiermark (décision COM(2009)0602 du 27.10.2009), EGF/2009/013 DE/Karmann (décision COM(2010)0007 du 22.1.2010), EGF/2009/019 FR/Renault (décision COM(2011)0420 du 11.7.2011), EGF/2010/002 ES/Cataluña automoción (décision COM(2010)0453 du 2.9.2010), EGF/2010/004 PL/Wielkopolskie — Industrie automobile (décision COM(2010)0616 du 29.10.2010), EGF/2010/031 BE/General Motors Belgium (décision COM(2011)0212 du 14.4.2011), EGF/2011/003 DE/Arnsberg et Düsseldorf — Industrie automobile (décision COM(2011)0447 du 20.7.2011), EGF/2011/005 PT/Norte-Centro Automotive (décision COM(2011)0664 du 13.10.2011), EGF/2012/004 ES/Grupo Santana (décision COM(2014)0116 du 5.3.2014), EGF/2012/005 SE/Saab (décision COM(2012)0622 du 19.10.2012), EGF/2013/006 PL/Fiat Auto Poland (décision COM(2014)0699 du 10.11.2014), EGF/2013/012 BE/Ford Genk (décision COM(2014)0532 du 22.8.2014).


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2013/011 BE/Saint-Gobain Sekurit, présentée par la Belgique)

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2015/470.)


Mercredi 11 mars 2015

30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/224


P8_TA(2015)0053

Régime commun applicable aux importations de certains pays tiers ***I

Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif au régime commun applicable aux importations de certains pays tiers (refonte) (COM(2014)0323 — C8-0014/2014 — 2014/0168(COD))

(Procédure législative ordinaire — refonte)

(2016/C 316/34)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0323),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 207, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8–0014/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 10 décembre 2014 (1),

vu l'accord interinstitutionnel du 28 novembre 2001 pour un recours plus structuré à la technique de la refonte des actes juridiques (2),

vu la lettre en date du 13 novembre 2014 de la commission des affaires juridiques adressée à la commission du commerce international conformément à l'article 104, paragraphe 3, de son règlement,

vu les articles 104 et 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission du commerce international (A8-0014/2015),

A.

considérant que, de l'avis du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, la proposition de la Commission ne contient aucune modification de fond autre que celles identifiées comme telles dans la proposition et que, en ce qui concerne la codification des dispositions inchangées des actes précédents avec ces modifications, la proposition se limite à une codification pure et simple des actes existants, sans modification de leur substance;

1.

arrête sa position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  Non encore paru au Journal officiel.

(2)  JO C 77 du 28.3.2002, p. 1.


P8_TC1-COD(2014)0168

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l'adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil relatif au régime commun applicable aux importations de certains pays tiers (refonte)

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2015/755.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/226


P8_TA(2015)0054

Accord de stabilisation et d'association avec le Monténégro ***I

Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil concernant certaines procédures d'application de l'accord de stabilisation et d'association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République du Monténégro, d'autre part (texte codifié) (COM(2014)0374 — C8-0035/2014 — 2014/0190(COD))

(Procédure législative ordinaire — codification)

(2016/C 316/35)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0374),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 207, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8-0035/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 10 décembre 2014 (1),

vu l'accord interinstitutionnel du 20 décembre 1994 sur une méthode de travail accélérée pour la codification officielle des textes législatifs (2),

vu les articles 103 et 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques (A8-0051/2014),

A.

considérant que, de l'avis du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, la proposition en question se limite à une codification pure et simple des textes existants, sans modification de leur substance;

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  Non encore paru au Journal officiel.

(2)  JO C 102 du 4.4.1996, p. 2.


P8_TC1-COD(2014)0190

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil concernant certaines procédures d'application de l'accord de stabilisation et d'association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République du Monténégro, d'autre part (texte codifié)

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2015/752.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/227


P8_TA(2015)0055

Contingents tarifaires de l'Union pour la viande bovine de haute qualité, la viande porcine, la viande de volaille, le froment (blé) et méteil et les sons, remoulages et autres résidus ***I

Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil portant ouverture et mode de gestion de certains contingents tarifaires de l'Union pour la viande bovine de haute qualité, la viande porcine, la viande de volaille, le froment (blé) et méteil et les sons, remoulages et autres résidus (texte codifié) (COM(2014)0594 — C8-0169/2014 — 2014/0276(COD))

(Procédure législative ordinaire — codification)

(2016/C 316/36)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0594),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 207, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8-0169/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 10 décembre 2014 (1)

vu l'accord interinstitutionnel du 20 décembre 1994 sur une méthode de travail accélérée pour la codification officielle des textes législatifs (2),

vu les articles 103 et 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques (A8-0052/2014),

A.

considérant que, de l'avis du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, la proposition en question se limite à une codification pure et simple des textes existants, sans modification de leur substance;

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  Non encore paru au Journal officiel.

(2)  JO C 102 du 4.4.1996, p. 2.


P8_TC1-COD(2014)0276

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil portant ouverture et mode de gestion de certains contingents tarifaires de l'Union pour la viande bovine de haute qualité, la viande porcine, la viande de volaille, le froment (blé) et méteil et les sons, remoulages et autres résidus (texte codifié)

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2015/754.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/228


P8_TA(2015)0056

Importation dans l'Union de produits agricoles originaires de Turquie ***I

Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relative à l'importation dans l’Union de produits agricoles originaires de Turquie (texte codifié) (COM(2014)0586 — C8-0166/2014 — 2014/0272(COD))

(Procédure législative ordinaire — codification)

(2016/C 316/37)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0586),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 207, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8-0166/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 10 décembre 2014 (1),

vu l'accord interinstitutionnel du 20 décembre 1994 sur une méthode de travail accélérée pour la codification officielle des textes législatifs (2),

vu les articles 103 et 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques (A8-0048/2014),

A.

considérant que, de l'avis du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, la proposition en question se limite à une codification pure et simple des textes existants, sans modification de leur substance;

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  Non encore paru au Journal officiel.

(2)  JO C 102 du 4.4.1996, p. 2.


P8_TC1-COD(2014)0272

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil relatif à l'importation dans l'Union de produits agricoles originaires de Turquie (texte codifié)

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2015/753.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/229


P8_TA(2015)0057

Suspension de certaines concessions relatives à l'importation dans l’Union de produits agricoles originaires de Turquie ***I

Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil suspendant certaines concessions relatives à l'importation dans l’Union de produits agricoles originaires de Turquie (codification) (COM(2014)0593 — C8-0170/2014 — 2014/0275(COD))

(Procédure législative ordinaire — codification)

(2016/C 316/38)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0593),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 207, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8–0170/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 10 décembre 2014 (1),

vu l'accord interinstitutionnel du 20 décembre 1994 sur une méthode de travail accélérée pour la codification officielle des textes législatifs (2),

vu les articles 103 et 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques (A8-0050/2014),

A.

considérant que, de l'avis du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, la proposition en question se limite à une codification pure et simple des textes existants, sans modification de leur substance;

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  Non encore paru au Journal officiel.

(2)  JO C 102 du 4.4.1996, p. 2.


P8_TC1-COD(2014)0275

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 11 mars 2015 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2015/… du Parlement européen et du Conseil suspendant certaines concessions relatives à l'importation dans l'Union de produits agricoles originaires de Turquie (texte codifié)

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2015/756.)


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/230


P8_TA(2015)0058

Création de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée ***

Résolution législative du Parlement européen du 11 mars 2015 sur le projet de décision du Conseil sur l'acceptation, au nom de l'Union européenne, de l'accord amendé portant création de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (14993/2014 — C8-0027/2015 — 2014/0274(NLE))

(Approbation)

(2016/C 316/39)

Le Parlement européen,

vu le projet de décision du Conseil (14993/2014),

vu le projet d'accord amendé portant création de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (15458/2014),

vu la demande d'approbation présentée par le Conseil conformément à l'article 43, paragraphe 2, et à l'article 218, paragraphe 6, deuxième alinéa, point a), du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (C8-0027/2015),

vu l'article 99, paragraphe 1, premier et troisième alinéas, et paragraphe 2, ainsi que l'article 108, paragraphe 7, de son règlement,

vu la recommandation de la commission de la pêche (A8-0038/2015),

1.

donne son approbation à la conclusion de l'accord amendé;

2.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres et à la Commission générale des pêches pour la Méditerranée.


30.8.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 316/231


P8_TA(2015)0061

Orientations pour le budget 2016 — Section III

Résolution du Parlement européen du 11 mars 2015 sur les orientations générales pour la préparation du budget 2016 — section III — Commission (2015/2008(BUD))

(2016/C 316/40)

Le Parlement européen,

vu les articles 312 et 314 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 106 bis du traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique,

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (1),

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (2),

vu le règlement (UE, Euratom) no 966/2012 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l'Union et abrogeant le règlement (CE, Euratom) no 1605/2002 du Conseil (3),

vu sa résolution du 17 décembre 2014 relative à la position du Conseil sur le nouveau projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2015 (4),

vu le budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2015 (5) ainsi que les six déclarations communes convenues entre le Parlement, le Conseil et la Commission et les trois déclarations unilatérales qui s'y rapportent,

vu la communication intitulée «Un plan d'investissement pour l'Europe», adoptée par la Commission le 26 novembre 2014 (COM(2014)0903), et la proposition de règlement sur le Fonds européen pour les investissements stratégiques, adoptée par la Commission le 13 janvier 2015 (COM(2015)0010),

vu le titre II, chapitre 8, de son règlement,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0027/2015),

A.

considérant que le budget de l'Union est avant tout un budget d'investissement, doté d'un fort effet de levier, et qu'il permet de stimuler la croissance, la compétitivité et l'emploi dans toute l'Union; qu'il facilite la mise en œuvre de programmes et de projets qui, sans lui, seraient difficiles, voire impossibles à réaliser et qu'il garantit l'investissement stratégique dans des actions dotées d'une valeur ajoutée européenne grâce à la mise en commun des ressources et à la réalisation d'économies d'échelle; que le budget de l'Union a une incidence positive concrète sur le quotidien de la population; qu'il joue un rôle essentiel pour réduire les disparités entre les régions européennes et faire en sorte que les investissements aient lieu là où ils sont les plus indispensables;

B.

considérant qu'en raison de la crise économique et financière, le niveau des investissements a connu une baisse importante dans l'Union et que l'écart de développement entre les diverses régions de l'Union s'est élargi; qu'en raison des contraintes économiques et budgétaires persistantes au niveau national, le budget de l'Union est amené à jouer un rôle essentiel pour encourager la compétitivité et améliorer la cohésion économique, sociale et territoriale de l'Union;

C.

considérant que le budget de l'Union ne peut pas remplir sa mission si sa solidité, son équité et sa crédibilité sont remises en cause; qu'il est impératif que tous les engagements qui font partie du cadre financier pluriannuel 2014-2020 soient intégralement respectés et que les multiples problèmes qui se sont accumulés au fil des ans, en particulier le montant sans précédent des factures impayées à la fin de l'exercice 2014, soient résolus sans délai; que cette accumulation de factures non honorées provoque des retards dans la mise en œuvre des programmes et fonds européens qui pénalisent en premier lieu les citoyens européens; que le retard des paiements structurels pose également la question de l'introduction d'intérêts sur les retards de paiements dans la mesure où les collectivités territoriales doivent recourir à des préfinancements de la quote-part de l'Union européenne en ayant recours aux marchés financiers; que le dégagement n'est pas une solution à la crise des paiements; que, conformément à l'article 310 du traité FUE, le budget de l'Union doit être équilibré en recettes et en dépenses;

D.

considérant que 2016 est l'année où les nouveaux programmes européens du CFP 2014-2020 seront opérationnels et auront atteint leur vitesse de croisière ainsi que l'année où sera lancée la révision à mi-parcours du CFP;

Remettre l'Europe sur les rails grâce aux trois E: emploi, entreprises et esprit d'entreprise pour une croissance intelligente, durable et inclusive dans l'Union européenne

1.

souligne le potentiel et la valeur ajoutée du budget de l'Union pour la création d'emplois et le développement des entreprises et de l'esprit d'entreprise pour une croissance intelligente, durable et inclusive dans l'Union; souligne également, dans ce contexte, la contribution du budget de l'Union à la cohésion économique, sociale et territoriale et au soutien à la recherche-développement ainsi que le potentiel de la transition énergétique et de l'interconnexion pour créer de la croissance et de nouveaux emplois; reconnaît qu'une série de programmes de l'Union, dont Horizon 2020, COSME, Erasmus+ et l'Initiative pour l'emploi des jeunes contribuent directement à la réalisation de ces objectifs; attend de la Commission qu'elle inscrive ces programmes et instruments axés sur la croissance au cœur du projet de budget pour 2016 afin qu'ils soient dotés des moyens nécessaires;

2.

rappelle qu'il y a plus de 20 millions de PME dans l'Union et qu'elles représentent 99 % de toutes les entreprises; estime qu'un environnement favorable aux entreprises et au développement de l'esprit d'entreprise ainsi que des emplois décents dans l'Union permettraient de rendre aux PME leur rôle de premier créateur d'emploi dans l'Union, que la crise économique avait affaibli; souligne, dans ce contexte, qu'il faut faciliter la création et le fonctionnement de start-ups dans l'Union en mettant les chefs d'entreprises en relation et en encourageant les nouveaux projets; estime que, parallèlement à la simplification de la législation et à la réduction des formalités administratives, les instruments financiers disponibles au titre du programme COSME doivent être utilisés au maximum pour aider et soutenir les PME dans ce sens, notamment en facilitant leur accès aux marchés et aux crédits; souligne l'énorme potentiel, pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire, du Fonds européen pour les investissements stratégiques;

3.

souligne que les fonds structurels et les fonds d'investissement européens représentent la majorité des dépenses d'investissement du budget de l'Union et qu'ils sont également indispensables à la création d'emploi, à la relance de la croissance et au renforcement de la compétitivité et de l'innovation; souligne le fait que la politique de cohésion de l'Union a contribué à soutenir les investissements publics dans des secteurs vitaux de l'économie et a produit des résultats tangibles sur le terrain qui peuvent permettre aux États membres et aux régions de surmonter la crise actuelle et d'atteindre les objectifs de la stratégie Europe 2020; demande à la Commission et aux États membres de s'efforcer d'adopter rapidement les derniers programmes opérationnels au cours des prochains mois afin qu'ils puissent atteindre leur vitesse de croisière en 2016;

4.

se dit préoccupé par le financement de l'initiative pour l'emploi des jeunes à partir de 2016 étant donné la concentration de tous les crédits de l'enveloppe financière du programme en 2014 et en 2015; souligne que la lutte contre le chômage des jeunes doit s'intensifier et que toutes les possibilités de financement doivent être envisagées à cet effet; rappelle, à cet égard, que 2016 sera la première année où des moyens de la marge globale pour des engagements pourront être débloqués, comme le prévoit le règlement sur le CFP 2014-2020, au-delà des plafonds fixés par le CFP pour les exercices 2016 à 2020 pour atteindre des objectifs liés à la croissance et à l'emploi, en particulier celui des jeunes; demande à la Commission d'établir les causes du retard de la mise en œuvre de ce programme et de collaborer avec les États membres pour que le fonds soit pleinement utilisé;

5.

souligne l'importance de la mobilité transfrontalière, qui permet à l'Europe de tirer parti de la diversité des compétences de la population tout en élargissant les possibilités de formation et d'emploi à toutes les générations; estime que des programmes de mobilité emblématiques et ayant prouvé leur utilité, tel Erasmus+, bénéficient à la fois aux participants et à l'économie et que, par conséquent, ils doivent être exploités au maximum; rappelle, dans ce contexte, que les aspects sociaux de la mobilité doivent toujours être pris en considération, que la mobilité n'est que l'un des nombreux outils de lutte contre le chômage et qu'elle ne doit pas être utilisée en dernier recours;

6.

rappelle que le fraude et l'évasion fiscales ont un impact négatif sur les économies des États membres et, par voie de conséquence, sur le budget de l'Union; souligne notamment que les fraudes à la TVA, comme la fraude carrousel, ont une incidence directe sur les recettes de l'Union; demande à la Commission de renforcer les programmes de l'Union qui complètent l'action des États membres dans ce domaine;

7.

salue l'introduction de critères de développement écologiques dans le budget de l'Union; estime que les politiques de l'Union devraient contribuer effectivement à la réalisation des objectifs convenus en matière de lutte contre le changement climatique, de promotion des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique et de protection de l'environnement et de la biodiversité; estime qu'il s'agit de grands défis planétaires à moyen et à long terme qu'il convient de ne pas oublier;

Le budget de l'Union et le plan d'investissement

8.

salue le plan d'investissement présenté par la Commission, première étape permettant de mobiliser 315 milliards d'EUR d'investissements dans les infrastructures, l'éducation et la recherche ainsi que les PME et les entreprises de taille intermédiaire, afin de combler le manque d'investissements publics et privés dû à la crise économique et financière; relève que le budget de l'Union devrait constituer l'ossature de ce plan d'investissement en mettant à disposition le fonds de garantie d'un montant de 8 milliards d'EUR nécessaire en engagements et en paiements pour provisionner le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS); estime que la contribution du budget de l'Union devrait être rentable en raison d'un effet de levier important; confirme sa volonté d'examiner avec la plus grande vigilance la façon dont les engagements financiers de l'Union européenne en faveur de la BEI pour la mise en place du FEIS sont inscrits au budget de l'Union;

9.

souligne le caractère additionnel et complémentaire du plan d'investissement proposé et du budget de l'Union ainsi que leur objectif commun de donner un coup de fouet à l'économie et à la création d'emploi; souligne que le budget de l'Union est, par nature, un important outil d'investissement, doté d'un rôle et d'une mission spécifiques, qui a permis d'obtenir des résultats concrets présentant une véritable valeur ajoutée européenne; est convaincu qu'il faut tout faire pour créer des synergies non seulement entre le plan d'investissement et le budget de l'Union, mais aussi avec les budgets nationaux, afin de combler le manque d'investissements, d'assurer la convergence et la stabilité au sein de l'Union et de maximiser l'effet des dépenses publiques sur l'économie réelle; souligne par ailleurs, l'importance d'éliminer les obstacles à l'investissement, notamment en termes de clarté et de prévisibilité du cadre réglementaire;

La solidarité interne et extérieure et une Europe sûre

10.

rappelle que le budget de l'Union est un outil de solidarité interne dans la mesure où il soutient la cohésion économique, sociale et territoriale, où il aide à lutter contre la pauvreté, où il favorise l'intégration sociale et où il aide à minimiser les écarts de développement entre les États membres, mais aussi entre les régions des États membres; souligne qu'il s'agit également d'un instrument de solidarité extérieure qui fournit une aide d'urgence lors de crises humanitaires ou civiles en soutenant les pays qui en ont besoin — comme l'Ukraine — et en permettant à l'Union d'être le premier donateur en matière d'aide au développement, et ce afin de contribuer à l'éradication de la pauvreté à laquelle l'Union s'est engagée et que le consensus européen pour le développement a réaffirmé, et de contribuer au programme mondial pour le développement après 2015;

11.

relève avec inquiétude que tout en étant l'un des continents les plus sûrs au monde, l'Europe se trouve confrontée à de nouvelles formes de risques pour sa sécurité intérieure, ce qui rend indispensable une coopération et une coordination policières et judiciaires plus étroites, l'adoption de mesures en faveur d'une meilleure intégration et d'une plus grande cohésion sociale et la promotion de la stabilité et de la paix dans les zones de conflit; souligne qu'une action commune de prise en charge des flux de migrants relève à la fois de la solidarité interne et de la solidarité externe; rappelle qu'il est favorable au renforcement des moyens de l'Union et à la mise en place d'une politique de répartition équitable des charges entre les États membres en matière d'asile et de migration, et ce afin de garantir la sécurité et la sûreté des frontières extérieures parallèlement au respect des valeurs fondamentales de l'Union, notamment en ce qui concerne l'action en Méditerranée et à la frontière sud-est de l'Union; invite la Commission à proposer des renforcements ciblés des programmes et instruments concernés afin de témoigner de la volonté de l'Union de s'attaquer à ces questions;

Le respect des engagements

12.

est convaincu que le budget de l'Union ne peut pas libérer tout son potentiel avant que l'on ait définitivement et clairement réglé les multiples problèmes qui se sont accumulés ces dernières années et qui, malheureusement, ont dominé les négociations budgétaires de l'an dernier, notamment le problème récurrent des factures impayées en fin d'exercice, la question de la budgétisation des instruments spécifiques du CFP et le retard dans la mise en œuvre des nouveaux programmes opérationnels dans le cadre de la politique de cohésion; estime que 2015 doit être la dernière limite pour apporter des solutions concrètes et durables à ces questions;

13.

demande la mise en œuvre intégrale des déclarations communes relatives aux crédits de paiement et à un échéancier de paiement, convenues entre le Parlement, le Conseil et la Commission à la fin de la procédure budgétaire 2015, et estime que cette mise en œuvre témoignerait de la volonté réelle des trois institutions de dégager une solution au problème des factures impayées; rappelle l'engagement de tenir, au cours de cette année, au moins trois réunions interinstitutionnelles consacrées aux paiements afin de faire le point sur l'exécution des paiements et les prévisions révisées; espère que la première de ces réunions, en mars 2015, permettra de disposer d'une première vue d'ensemble du montant des factures impayées à la fin de 2014 pour les grands domaines d'action; déplore que, comme c'était à prévoir, le montant sans précédent atteint fin 2014 soit de 24,7 milliards d'EUR pour les seuls programmes de cohésion de la période 2007-2013; regrette que cette dette nuise à la crédibilité de l'Union et soit contraire aux objectifs de croissance et d'emploi fixés au plus haut niveau politique; souligne que les paiements sont la conséquence directe et logique d'engagements antérieurs;

14.

attache la plus grande importance à la définition et à la mise en œuvre d'un échéancier de paiement solide permettant de ramener le niveau des factures impayées en fin d'exercice à son niveau structurel pendant la durée du CFP en cours, comme l'ont déclaré le Conseil, le Parlement et la Commission dans la déclaration commune qu'ils ont adoptée dans le cadre de la procédure budgétaire 2015; rappelle que cet échéancier sera validé par les trois institutions en temps utile avant que le projet de budget pour 2016 ne soit présenté; estime que la réunion interinstitutionnelle de mars 2015 devrait donner l'occasion aux trois institutions de valider cet échéancier;

15.

réaffirme la position qu'il défend depuis longtemps, à savoir que le financement des instruments spéciaux (instruments de flexibilité, Fonds de solidarité de l'Union européenne, Fonds européen d'ajustement à la mondialisation et réserve d'aide d'urgence) doit être calculé au-delà du plafond des paiements du CFP, à l'instar des engagements; regrette qu'aucun accord n'ait été possible au cours de la procédure budgétaire de l'an dernier en raison de l'interprétation erronée que donnait le Conseil de la disposition correspondante du CFP; souligne que la position du Conseil sur la question pourrait entraîner une nouvelle réduction du CFP par rapport à la période 2007-2013; espère que la question sera réglée grâce à l'ajustement technique de la marge globale pour les paiements par la Commission en 2015;

16.

rappelle que les agences de l'Union jouent un rôle important dans la définition et la mise en œuvre des politiques et objectifs de l'Union tels que la compétitivité, la croissance ou l'emploi; rappelle à la Commission et au Conseil que les agences de l'Union exercent des missions qui leur sont affectées par l'autorité législative et qu'elles doivent donc être respectées en tant que volets essentiels de l'administration de l'Union; souligne que les agences doivent disposer de moyens financiers et humains suffisants pour qu'elles puissent remplir pleinement et efficacement le mandat qui est le leur; souligne qu'une première agence de l'Union a d'ores et déjà annoncé le report ou l'annulation de projets en cours en raison de réductions drastiques de personnel et de moyens budgétaires décidées pour le budget 2015; rappelle qu'il est opposé au pool de redéploiement et demande à la Commission d'en annuler les effets lorsqu'elle présentera le projet de budget pour 2016;

La voie à suivre

17.

demande instamment à la Commission de tenir dûment compte des priorités politiques susmentionnées lors de l'établissement de son projet de budget pour 2016 afin que les programmes et actions pertinents de l'Union disposent des moyens nécessaires à la réalisation de ces objectifs; s'attend, dans ce contexte, à une réponse positive de la Commission en ce qui concerne les autres demandes et positions exprimées dans la présente résolution pour régler les problèmes récurrents et faciliter la procédure budgétaire de cette année; attend également de la Commission qu'elle propose, dans son projet de budget, un niveau de crédits de paiement suffisant fondé sur des prévisions et des besoins réels afin de donner à l'Union européenne les moyens de ses ambitions;

18.

rappelle qu'en vertu du traité, le Parlement européen, le Conseil et la Commission veillent à la disponibilité des moyens financiers permettant à l'Union de remplir ses obligations juridiques à l'égard des tiers; insiste pour que tous les moyens disponibles au titre du règlement sur le CFP soient utilisés pour que l'Union remplisse ses obligations juridiques et pour que les paiements dus aux divers acteurs tels que les chercheurs, les universités, etc., ne soient pas retardés ou remis en cause;

19.

invite le Conseil, lorsqu'il examinera le budget de l'an prochain, à cesser d'être incohérent et à ne pas décevoir les attentes suscitées par ses propres déclarations et décisions, qu'elles portent sur la crise des paiements, le CFP, la stratégie Europe 2020 ou la relance des investissements; estime que ces déclarations et ces engagements politiques resteront lettre morte s'ils ne s'accompagnent pas des moyens budgétaires suffisants à leur mise en œuvre;

20.

s'engage, dans le respect des plafonds du CFP et en étant pleinement conscient du manque criant de crédits de paiement, à assumer sa fonction de branche de l'autorité budgétaire avec détermination et responsabilité, et ce en soutenant des hausses de crédits ciblées dans les domaines budgétaires présentant une capacité d'absorption élevée qui correspondent à ses priorités politiques et qui permettent d'en assurer la réalisation; entend examiner, dans ce cadre, avec l'aide de ses commissions spécialisées, les programmes et lignes budgétaires spécifiques permettant de mieux parvenir à cet objectif;

21.

souligne que le budget 2016 sera capital étant donné qu'il s'agira non seulement de la première année de mise en œuvre des nouvelles dispositions du CFP sur la marge globale pour les paiements, mais que ce budget servira également de référence au réexamen et à la révision postélectorale du CFP qui seront entrepris avant la fin de 2016; souligne qu'il faut définir les priorités politiques et identifier en temps utile les domaines où les dépenses de l'Union apportent une valeur ajoutée avérée et pour lesquels de nouveaux investissements seront jugés indispensables pendant la deuxième moitié du CFP 2014-2020; souligne, dans ce cadre, qu'il importe de surveiller de près, dès la procédure budgétaire actuelle, la mise en œuvre et les performances des grands programmes de l'Union;

22.

réaffirme sa position en faveur d'une réforme approfondie du système des ressources propres de l'Union, dont les insuffisances sont à l'origine des graves impasses actuelles lors des négociations budgétaires; attache donc la plus grande importance politique aux travaux du groupe de haut niveau sur les ressources propres présidé par Mario Monti; salue le premier rapport d'évaluation de ce groupe de haut niveau, qui propose d'étudier en fonction du plus grand nombre possible de points de vue la question des ressources propres du budget de l'Union, et attend avec intérêt les résultats de ses travaux et les propositions finales qui doivent être présentés lors d'une conférence interinstitutionnelle en 2016, à laquelle participeront les parlements nationaux, et qui seront examinés dans le cadre du réexamen et de la révision postélectorale du CFP;

o

o o

23.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et à la Cour des comptes.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(2)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(3)  JO L 298 du 26.10.2012, p. 1.

(4)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0100.

(5)  JO L 69 du 13.3.2015.