ISSN 1725-2431

Journal officiel

de l’Union européenne

C 235

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Édition de langue française

Communications et informations

49e année
29 septembre 2006


Numéro d'information

Sommaire

page

 

I   Communications

 

Cour des comptes

2006/C 235/1

Rapport spécial no 6/2006 relatif aux aspects environnementaux de la coopération au développement de la Commission, accompagné des réponses de la Commission

1

FR

 


I Communications

Cour des comptes

29.9.2006   

FR

Journal officiel de l’Union européenne

C 235/1


RAPPORT SPÉCIAL N o 6/2006

relatif aux aspects environnementaux de la coopération au développement de la Commission, accompagné des réponses de la Commission

(présenté en vertu de l'article 248, paragraphe 4, deuxième alinéa, du traité CE)

(2006/C 235/01)

TABLE DES MATIÈRES

ABRÉVIATIONS ET TERMINOLOGIE

I-VI

SYNTHÈSE

1-7

INTRODUCTION

1-3

Contexte

4-7

Étendue et approche de l'audit

8-27

STRATÉGIE DE LA COMMISSION CONCERNANT LES ASPECTS ENVIRONNEMENTAUX DE SON AIDE AU DÉVELOPPEMENT

8

Introduction

9-13

Il est nécessaire de définir une stratégie environnementale claire et intégrée

14-27

Les dispositions, qui en matière de gestion doivent permettre d'appliquer la stratégie d'intégration de l'environnement de la Commission et d'évaluer les performances environnementales de son aide au développement, doivent encore être élaborées

15-17

Mécanismes de supervision de la mise en œuvre de la stratégie d'intégration de l'environnement

18-23

Renforcement des capacités de la Commission à mettre en œuvre la stratégie d'intégration de l'environnement

24-27

Systèmes visant à évaluer les performances environnementales de l'aide au développement de la Commission

28-46

ÉVALUATION DE L'EFFICACITÉ DE L'INTÉGRATION DE L'ENVIRONNEMENT PAR LA COMMISSION

28

Introduction

29-35

Bien que leur incidence ne puisse être encore évaluée, des progrès ont été réalisés en 2005 en ce qui concerne le renforcement de l'analyse environnementale des pays effectuée pour les nouveaux DSP

36-38

Peu d'efforts ont été déployés pour intégrer l'environnement dans les programmes de soutien budgétaire

39-46

Les procédures d'intégration de l'environnement au niveau des projets n'ont pas été appliquées de manière suffisamment systématique

47-81

ÉVALUATION DE L'EFFICACITÉ DES PROJETS EN MATIÈRE D'ENVIRONNEMENT ET DES FACTEURS EXERÇANT UNE INFLUENCE SUR L'EFFICACITÉ

47

Introduction

48-56

Évaluation de l'efficacité des projets

57-81

Analyse des facteurs exerçant une influence sur l'efficacité des projets en matière d'environnement

58-63

Conception trop ambitieuse des projets

64-67

Retards au cours de l'élaboration et de la mise en œuvre des projets

68-70

Progrès limités en matière de renforcement des capacités institutionnelles

71-72

Nécessité de mettre davantage l'accent sur l'utilisation durable des ressources naturelles par les communautés locales

73-77

Impact insuffisant des projets sur les politiques et le cadre légal

78-81

Approche non réaliste de la viabilité financière

82-101

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

82-86

Conclusions

87-101

Recommandations

87-93

Établissement d'une stratégie environnementale intégrée et suivi de sa mise en œuvre

94-97

Amélioration de l'efficacité de l'intégration de l'environnement

98-101

Amélioration de l'efficacité des projets en matière d'environnement

ANNEXE I — Comité d'aide au développement de l'OCDE — Classification des projets

ANNEXE II — Projets environnementaux examinés et évaluation de leur efficacité

ANNEXE III — Aperçu de l'efficacité des projets

Réponses de la Commission

ABRÉVIATIONS ET TERMINOLOGIE

ACP

États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique signataires de l'accord de Cotonou

ALA

Pays en développement d'Amérique latine et d'Asie

AME

Accords multilatéraux sur l'environnement

CAD/OCDE

Comité d'aide au développement de l'Organisation de coopération et de développement économiques

DFID

Département britannique pour le développement international

DG DEV

Direction générale du développement

DG ENV

Direction générale de l'environnement

DG Relex

Direction générale des relations extérieures

DSP

Documents de stratégie par pays

DSRP

Documents de stratégie de réduction de la pauvreté

DWNP

Department of Wildlife and National Parks

Ecofac

Écosystèmes forestiers d'Afrique centrale

EES

Évaluation environnementale stratégique

EIE

Évaluation des incidences sur l'environnement

EuropeAid

Office de coopération EuropeAid

FAO

Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture

FEM

Fonds pour l'environnement mondial

GAQA

Groupe d'appui à la qualité d'EuropeAid

GIAQ

Groupe interservices d'appui à la qualité

MEDA

Mesures d'accompagnement à la réforme des structures économiques et sociales dans les pays tiers méditerranéens

OCDE

Organisation de coopération et de développement économiques

OMD

Objectifs du Millénaire pour le développement

PEP

Profil environnemental par pays

PNUD

Programme des Nations unies pour le développement

PPRN

Programme «Politique des ressources naturelles»

SMDD

Sommet mondial sur le développement durable

WWF

World Wildlife Fund

SYNTHÈSE

I.

La protection de l'environnement a une importance vitale dans la promotion du développement durable. Conformément au traité, la protection de l'environnement doit être intégrée dans la définition et la mise en œuvre de l'ensemble des politiques et des actions de la Communauté, y compris sa politique d'aide extérieure. De manière plus générale, l'environnement a fini par représenter un élément essentiel de la politique internationale de développement, et la gestion durable de l'environnement est l'un des objectifs du Millénaire pour le développement (voir points 1 à 3).

II.

C'est pourquoi la Cour des comptes européenne a, en 2005, effectué un audit sur la gestion, par la Commission, des aspects environnementaux de son aide au développement. L'audit a consisté à examiner si la Commission disposait d'une stratégie intégrée pour traiter les aspects environnementaux de sa coopération au développement, si elle avait adopté, pour la gestion, les dispositions lui permettant de mettre en œuvre sa stratégie, dans quelle mesure l'environnement avait été intégré dans ses programmes et ses projets de développement, et quels étaient les résultats de ses projets environnementaux. L'audit a porté non seulement sur les systèmes en place au siège et dans les délégations de la Commission, mais également sur 65 projets environnementaux (montant total: 560 millions d'euros) et 43 programmes et projets non environnementaux (montant total: 1 073 millions d'euros) mis en œuvre dans 16 pays (voir points 4 à 7).

III.

Il est nécessaire que la Commission élabore une stratégie intégrée claire en ce qui concerne les aspects environnementaux de son aide au développement. Alors que depuis 2001 il existe une stratégie tenant compte de la nécessité d'intégrer l'environnement dans la coopération au développement, l'approche en matière de financement des programmes et des projets dans le secteur de l'environnement et des ressources naturelles n'a pas été clairement traitée. La nouvelle politique de développement signée en décembre 2005 constitue une base solide pour l'élaboration d'une stratégie intégrée (voir points 9 à 12). Le plan d'action de la Commission visant à mettre en œuvre sa stratégie d'intégration n'a pas fait l'objet d'un suivi et d'une coordination systématiques par les trois directions générales concernées au premier chef. Par conséquent, les mesures prévues ont généralement été mises en œuvre avec un certain retard ou ne l'ont pas été (voir points 15 à 17). La Commission n'a pas effectué une étude satisfaisante des conséquences de sa stratégie d'intégration au niveau des ressources humaines. Elle s'en est remise à un helpdesk«environnement» composé d'experts externes et devant apporter un soutien au personnel de la Commission, mais aucun helpdesk n'était opérationnel entre la mi-2002 et la mi-2004. Le manuel d'intégration de l'environnement, qui aurait dû être appliqué en 2003, n'était pas encore terminé à la fin de 2005, malgré son importance à la fois pour la définition des procédures d'intégration que doivent suivre les agents de la Commission et en tant que contribution majeure à la formation. Les cours de formation n'ont pas été rendus obligatoires pour les fonctionnaires des secteurs clés, contrairement à ce qui était prévu, et leur taux de fréquentation était souvent faible (voir points 18 à 23). Il est nécessaire de renforcer encore les systèmes d'information, de suivi et d'évaluation en ce qui concerne les aspects environnementaux de la coopération au développement de la Commission afin de permettre une meilleure évaluation de ses performances dans ce domaine (voir points 24 à 28).

IV.

La Commission n'a guère progressé depuis 2001 en ce qui concerne l'intégration de l'environnement dans sa coopération au développement. Les documents de stratégie par pays (DSP) qu'elle a élaborés en collaboration avec les pays bénéficiaires, et qui couvrent son aide à ces derniers pour la période 2001 à 2006, ne tiennent pas suffisamment compte des questions environnementales. En élaborant la nouvelle génération de DSP (2007-2013), la Commission a adopté une approche beaucoup plus systématique visant à analyser les questions environnementales dans les pays bénéficiaires en établissant des profils environnementaux par pays (PEP), mais il est encore trop tôt pour apprécier dans quelle mesure cette analyse influencera les DSP eux-mêmes (voir points 29 à 35). Malgré l'importance croissante du soutien budgétaire en tant qu'aide au développement, la Commission n'a guère œuvré pour intégrer l'environnement dans ce domaine (voir points 36 à 38). Aucun système cohérent d'examen environnemental des nouveaux projets n'a été mis en place. La Commission ne dispose d'aucun inventaire des évaluations des incidences sur l'environnement (EIE) qui ont été réalisées en ce qui concerne les projets de développement, et certains éléments attestent que ces évaluations n'ont pas été effectuées chaque fois qu'elles auraient dû l'être. Il s'avère également nécessaire de mettre en place des procédures visant à garantir la mise en œuvre des recommandations des EIE (voir points 39 à 46).

V.

La quasi-totalité des projets examinés étaient adaptés aux besoins des pays bénéficiaires et répondaient souvent aussi à des besoins généraux en matière de conservation, particulièrement celle des forêts et de la biodiversité. Les réalisations accomplies et les résultats obtenus dans le cadre des projets sont fréquemment restés en deçà des objectifs visés. En outre, l'approche des projets souffre de difficultés inhérentes en ce qui concerne l'obtention d'incidences sensibles et la garantie de la viabilité financière (points 47 à 56). Les facteurs qui ont influé considérablement sur l'efficacité des projets sont: une conception trop ambitieuse des projets, des retards dans leur élaboration et leur mise en œuvre, des progrès limités dans le renforcement des capacités institutionnelles, des difficultés à répondre aux besoins des communautés locales en matière de développement tout en poursuivant des objectifs environnementaux, une incidence insuffisante des projets sur le cadre politique et légal, et la définition d'objectifs irréalistes en matière de viabilité financière des projets passé le terme de leur financement (voir points 57 à 81).

VI.

Des recommandations précises sur l'élaboration d'une stratégie intégrée en matière d'environnement, sur le suivi de sa mise en œuvre ainsi que sur la façon d'améliorer l'efficacité tant de l'intégration que des projets environnementaux figurent aux points 88 à 101.

INTRODUCTION

Contexte

1.

Depuis la Conférence des Nations unies sur l'environnement humain, organisée à Stockholm en 1972, le problème de l'environnement et les moyens de garantir un développement durable sont devenus des sujets de préoccupation internationale. La Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement, tenue à Rio de Janeiro en 1992, a accordé une plus grande place à l'environnement et au développement durable et a donné lieu à trois accords multilatéraux sur l'environnement (AME): la convention sur le changement climatique, la convention sur la diversité biologique et la convention sur la lutte contre la désertification. Bien qu'au cours de la seconde moitié des années 90 les politiques de développement aient été réorientées dans une certaine mesure vers les questions de réduction de la pauvreté, la gestion durable de l'environnement a été choisie pour constituer l'un des huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), fixés en 2000 lors du sommet du Millénaire des Nations unies. En 2002, le sommet mondial sur le développement durable (SMDD) de Johannesburg a voulu s'attaquer à la fois aux problèmes de pauvreté et d'environnement.

2.

La communauté des donateurs s'est appuyée essentiellement sur deux types d'interventions pour aborder les aspects environnementaux de la coopération au développement:

a)

le financement de programmes et de projets dont l'objectif principal est l'amélioration des conditions environnementales;

b)

l'intégration des préoccupations environnementales (également dénommée mainstreaming de l'environnement) dans tous les autres programmes et projets de développement. Ces dernières années, la communauté des donateurs, y compris la Commission européenne, a accordé une attention accrue à cette approche.

3.

L'attention accordée par la Commission à l'intégration de l'environnement dans le cadre du développement doit être appréhendée non seulement sous l'angle de la reconnaissance accrue, par les donateurs, de l'importance de cette approche, mais également de celui, plus large, du cadre juridique et politique de l'Union européenne. Ainsi, l'article 6 du traité instituant la Communauté européenne, dans sa version modifiée par le traité d'Amsterdam de 1997, stipule que «les exigences de la protection de l'environnement doivent être intégrées dans la définition et la mise en œuvre des politiques et actions de la Communauté […], en particulier afin de promouvoir le développement durable». En juin 1998, le Conseil européen de Cardiff a souligné l'importance d'intégrer la protection de l'environnement et le développement durable dans les principaux domaines politiques gérés par la Commission, y compris l'aide au développement, et a invité celle-ci à proposer des stratégies appropriées. La politique de développement de la Communauté européenne, adoptée en 2000, incluait l'environnement en tant que thème horizontal. Le consensus sur la politique de développement auquel sont parvenus la Commission européenne, les États membres et le Parlement européen en décembre 2005 a non seulement confirmé le statut de thème horizontal de l'environnement, mais a également fait de l'environnement et des ressources naturelles l'un des neuf secteurs prioritaires du financement.

Étendue et approche de l'audit

4.

Considérant le rôle clé joué par l'environnement, qui est l'un des trois piliers du développement durable, et l'importance qu'il revêt du fait qu'il constitue l'un des OMD, la Cour des comptes européenne a procédé en 2005 à un audit de la gestion, par la Commission européenne, des aspects environnementaux de sa coopération au développement avec les pays en développement d'Asie et d'Amérique latine, avec les pays méditerranéens du Sud et avec le groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. L'audit a été centré notamment sur les questions clés suivantes (1):

a)

La Commission dispose-t-elle, pour traiter les aspects environnementaux de sa coopération au développement, d'une stratégie intégrée et a-t-elle adopté, pour la gestion, les dispositions lui permettant de mettre en œuvre sa stratégie et d'évaluer les performances environnementales de son aide au développement?

b)

La Commission a-t-elle intégré efficacement l'environnement dans l'ensemble de sa coopération au développement?

c)

Les programmes et les projets environnementaux financés par la Commission ont-ils été efficaces?

5.

L'environnement n'est pas un terme aisément définissable. Pour les besoins de cet audit, l'environnement a été entendu tout d'abord au sens relativement étroit donné par le Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE dans l'optique de la classification de projets (voir annexe I). En outre, l'audit a également tenu compte des secteurs relatifs aux ressources naturelles (sylviculture, eau, pêche) et a été centré sur l'un deux, à savoir la sylviculture (2). Les montants engagés pour les programmes et les projets mis en œuvre dans ces secteurs en 2003 et en 2004 figurent au tableau I ci-après:

Tableau I

Engagements budgétaires 2003-2004 dans le secteur de l'environnement et des ressources naturelles

Domaine

Engagements 2003-2004 (FED et budget général de l'UE; en millions d'euros)

Engagements en % de l'aide totale de la Commission en 2003-2004

Protection de l'environnement en général

279

1,8

Distribution et assainissement de l'eau

679

4,3

Sylviculture

42

0,3

Pêche

70

0,4

Total

1 070

6,8

Source: Commission européenne.

6.

Les travaux ont été effectués au siège de la Commission, notamment auprès de l'Office de coopération EuropeAid (EuropeAid) et des directions générales du développement (DG DEV), des relations extérieures (DG Relex) ainsi que de l'environnement (DG ENV), afin de définir et d'évaluer les systèmes mis en place pour gérer les aspects environnementaux de la coopération au développement. Des missions sur place ont été réalisées au Botswana, au Brésil, en Amérique centrale, en Chine, au Congo, au Gabon, en Indonésie, au Mali, à Maurice, au Maroc, dans la région du Pacifique et en Tanzanie. Lors de ces missions, la Cour a audité 65 projets environnementaux, qui représentaient un montant total de 560 millions d'euros engagés au cours de la période 1995-2005, en vue d'en évaluer l'efficacité. Elle a examiné par ailleurs 43 autres programmes et projets de développement (montant total des engagements: 1 073 millions d'euros) dont l'objectif premier n'était pas le soutien en faveur de l'environnement, afin d'évaluer dans quelle mesure les aspects environnementaux y avaient été intégrés.

7.

Des réunions ont également été organisées avec la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le département britannique pour le développement international (DFID) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ce qui a permis d'effectuer une comparaison avec l'approche adoptée par la Commission pour gérer les aspects environnementaux de sa coopération au développement. De plus, des réunions ont été organisées avec deux ONG de premier plan dans le domaine de l'environnement, le WWF (Bureau politique européen) et l'Institut international pour l'environnement et le développement.

STRATÉGIE DE LA COMMISSION CONCERNANT LES ASPECTS ENVIRONNEMENTAUX DE SON AIDE AU DÉVELOPPEMENT

Introduction

8.

L'audit visait à établir:

a)

si la Commission avait, en ce qui concerne les aspects environnementaux de sa coopération au développement, une stratégie intégrée qui tienne compte à la fois du financement des programmes et des projets environnementaux et de l'intégration de l'environnement dans d'autres programmes et projets de développement;

b)

si la Commission avait mis en place des systèmes de gestion garantissant la mise en œuvre et le suivi de cette stratégie et permettant d'évaluer les performances de son aide sous l'angle de l'environnement.

Il est nécessaire de définir une stratégie environnementale claire et intégrée

9.

La protection de l'environnement est l'un des trois piliers du développement durable (3). À ce titre, il devrait être une composante essentielle des objectifs de développement (4). La politique de développement de la Communauté européenne adoptée en novembre 2000, dont l'objectif principal était la réduction de la pauvreté, s'efforçait d'appréhender la dimension environnementale en en faisant un thème horizontal à intégrer, parmi d'autres, dans l'ensemble des programmes et des projets de développement. Selon cette politique, l'environnement ne faisait cependant pas partie des six domaines prioritaires sur lesquels le financement des programmes et des projets d'aide serait centré.

Encadré 1La déclaration commune du Conseil et de la Commission du 10 novembre 2000 concernant la politique de développement de la CEObjectif principal: la réduction de la pauvretéAspects prioritaires de la coopération:

1)

lien entre commerce et développement

2)

intégration et coopération régionales

3)

appui aux politiques macroéconomiques et promotion d'un accès équitable aux services sociaux

4)

transports

5)

sécurité alimentaire et développement rural durable

6)

renforcement des capacités institutionnelles

Principaux thèmes horizontaux:les droits de la personne humaine, l'environnement, l'égalité entre les hommes et les femmes, la bonne gestion des affaires publiques

10.

La politique de développement, en suivant une approche axée très largement sur l'intégration de l'environnement, n'a pas suffisamment pris en considération le fait que des cadres de coopération régionale existants, avec les États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) (5), l'Amérique latine et l'Asie (ALA) (6) et la région méditerranéenne (MEDA) (7), permettaient un financement important de programmes et de projets dans le secteur de l'environnement et dans celui, plus large, des ressources naturelles. En fait, les lignes budgétaires relatives à l'assistance technique et financière apportée aux régions ALA et MEDA réservent 10 % des ressources financières à l'environnement et aux ressources naturelles. Par ailleurs, bien qu'il n'en soit pas fait mention dans la politique de développement, un règlement spécifique sur la conservation et la gestion des forêts stipulait qu'un montant de 249 millions d'euros serait affecté à cet effet pour la période 2000-2006 (8).

11.

L'absence de cohérence parfaite entre l'approche adoptée en matière d'environnement par la politique de développement, d'une part, et celle prévue dans les cadres juridiques de la coopération au développement, d'autre part, ont mis en évidence la nécessité de définir une stratégie intégrée en ce qui concerne les aspects environnementaux de la coopération au développement. Le principal document de stratégie établi par la Commission sur les aspects environnementaux de sa coopération au développement est le document de travail de ses services, d'avril 2001, intitulé «Intégrer l'environnement dans la politique de coopération en matière d'économie et de développement — Une stratégie intégrée». Ce document souligne l'importance de l'environnement pour le développement durable, expose la façon dont il peut être intégré dans une politique communautaire de développement globale et indique les mesures à prendre pour la mise en œuvre de la stratégie. Cependant, il ne constitue pas une stratégie environnementale intégrée comparable à celles qu'ont adoptées plusieurs autres donateurs, qui se préoccupent non seulement de l'intégration de l'environnement, mais également du financement des programmes et des projets environnementaux. Un certain nombre de questions fondamentales qu'une stratégie de ce type serait censée aborder figurent dans l'encadré 2 ci-après.

Encadré 2Exemples de questions stratégiques concernant le financement de programmes et de projets environnementauxQuels sont les objectifs et les domaines prioritaires de la Commission en ce qui concerne le financement de programmes et de projets environnementaux, compte tenu des points forts et des faiblesses de celle-ci ainsi que du rôle des autres donateurs?Lorsque la Commission contribue au financement d'un programme ou d'un projet spécifique, dans quels cas devrait-elle en assurer elle-même la gestion, et dans quels cas le projet gagnerait-il à être géré par d'autres donateurs?Quels sont les avantages comparatifs des différents instruments dont dispose la Commission pour financer des interventions dans le secteur de l'environnement («grands» projets, «petits» projets, programmes d'aide sectoriels, fonds spéciaux, etc.)?Quel lien devrait-il y avoir entre les projets financés par une aide bilatérale et ceux qui bénéficient d'un financement au titre de la ligne budgétaire «Environnement et forêts tropicales»?Quelles sont les incidences financières des engagements pris par la Commission dans le cadre des AME, par exemple en ce qui concerne le renforcement des capacités institutionnelles dans les pays bénéficiaires?Jusqu'à quel point et de quelle façon la Commission va-t-elle traiter la question du financement des biens publics mondiaux?Quels sont les objectifs et les priorités de financement de la Commission au niveau régional?

12.

En décembre 2005, une nouvelle politique de développement communautaire a été signée («le consensus européen sur le développement»), qui s'efforce d'appréhender les aspects environnementaux de l'aide au développement de la Commission non seulement par le biais de l'intégration de l'environnement, mais également en faisant de l'environnement et des ressources naturelles l'un des neuf secteurs prioritaires du financement. En proposant cette nouvelle approche, la Commission a reconnu que la politique antérieure s'en remettait trop à l'intégration pour garantir la prise en compte des aspects environnementaux de sa coopération au développement (9).

13.

Cependant, bien que la nouvelle politique fasse clairement état de l'intention de la Commission d'accorder une plus grande priorité au financement de programmes et de projets environnementaux, une stratégie claire reste nécessaire pour rendre cette politique effective. En particulier, outre les questions soulevées dans l'encadré 2, la stratégie devrait déterminer la façon dont la Commission s'efforcera de garantir que cette priorité est effectivement traduite en programmes et en projets d'environnement dans les documents de stratégie par pays. Il s'agit là d'une considération importante, car ce secteur n'est qu'un secteur prioritaire parmi neuf et les pays bénéficiaires sont tenus de ne diriger les fonds reçus que sur un ou deux secteurs de concentration. Étant donné que, dans la plupart des pays bénéficiaires, l'environnement ne constitue pas la priorité majeure, il est à craindre que le montant des fonds consacrés au secteur de l'environnement et des ressources naturelles soit relativement modeste en dépit de l'accent qui est mis désormais, dans la politique de développement de la Commission, sur le financement de programmes et de projets environnementaux.

Les dispositions, qui en matière de gestion doivent permettre d'appliquer la stratégie d'intégration de l'environnement de la Commission et d'évaluer les performances environnementales de son aide au développement, doivent encore être élaborées

14.

Étant donné que le principal document de stratégie concernant les aspects environnementaux de la coopération au développement est axé sur l'intégration, cette section traite plus particulièrement des dispositions adoptées en matière de gestion pour assurer le suivi de cette stratégie. Elle est également consacrée aux mesures qui ont été prises par la Commission pour évaluer les performances environnementales globales de son aide, à la fois sous l'angle de l'intégration et sous celui des projets environnementaux financés.

Mécanismes de supervision de la mise en œuvre de la stratégie d'intégration de l'environnement

15.

La mise en œuvre de stratégies visant à intégrer l'environnement dans la coopération au développement s'avère constituer un défi majeur non seulement pour la Commission, mais également pour d'autres donateurs. À la Commission, le fait que les responsabilités soient réparties sur trois directions générales (la direction générale du développement, celle des relations extérieures et l'Office de coopération EuropeAid) complique encore la tâche.

16.

En vue d'assurer une mise en œuvre efficace et de faciliter la coordination, la Commission a élaboré un «cadre opérationnel pour la poursuite de l'intégration» à l'annexe du document de travail de ses services sur l'intégration de l'environnement. Ce cadre définit les objectifs, le type d'activités, les dates butoirs et les directions générales impliquées. Toutefois, aucun groupe de pilotage interservices n'a été mis en place pour garantir le suivi global et systématique de la mise en œuvre du cadre. C'est en partie pour cette raison que l'état d'avancement des différentes activités définies dans le cadre variait sensiblement selon le domaine concerné, mais leur mise en œuvre a presque toujours subi des retards, ou n'a pas eu lieu.

17.

Comme l'indique le document de travail, «pour diriger le processus d'intégration de l'environnement, il sera nécessaire de mettre au point une série de critères de performance permettant de mesurer ses progrès». Cependant, aucun de ces critères de performance n'a été élaboré, et l'état d'avancement de la mise en œuvre du cadre n'a fait l'objet d'aucun rapport global, que ce soit interne ou externe.

Renforcement des capacités de la Commission à mettre en œuvre la stratégie d'intégration de l'environnement

18.

La Commission n'a procédé à aucun examen approprié de la question de savoir si elle dispose de capacités suffisantes pour mettre en œuvre sa stratégie d'intégration de l'environnement. Dans le document de travail de ses services sur l'intégration de l'environnement, il est seulement indiqué «qu'il faut plus de généralistes de l'environnement» et qu'il est nécessaire de «faire appel à des spécialistes pour une courte période». La Commission n'a pas pris de mesures suffisantes pour répondre à ces besoins alors même que la conclusion 4.3 du Conseil européen de Göteborg stipule que: «pour réaliser une intégration effective de l'environnement, les services de la Commission, que ce soit à Bruxelles ou au sein des délégations, doivent pouvoir disposer de capacités suffisantes en termes de ressources humaines ainsi que de formation, de mise en commun des connaissances et d'utilisation à bon escient des données d'expérience».

19.

L'approche de la Commission en ce qui concerne le renforcement de ses capacités a été centrée sur la formation et le soutien apportés au personnel existant en matière d'intégration de l'environnement. Les principaux moyens mis en œuvre à cet effet ont été:

a)

la création d'un helpdesk«environnement» qui fournisse des conseils sur l'intégration;

b)

la publication d'un manuel sur les modalités d'intégration de l'environnement;

c)

la mise en place de cours de formation sur l'intégration de l'environnement.

Du fait de ses compétences internes limitées, la Commission a confié ces travaux à des experts environnementaux. Elle a cependant rencontré des difficultés dans la mise en œuvre de chacun de ces éléments.

20.

Un helpdesk«environnement» était en place de 1999 à 2002, mais, après l'expiration du contrat, il a fallu attendre 2004 pour que la tâche soit confiée à un nouveau helpdesk, composé de trois experts environnementaux. Comme la Commission était largement dépendante des compétences externes, cet intervalle de deux ans a sérieusement retardé la mise en œuvre de sa stratégie d'intégration, le helpdesk ne donnant pas seulement des conseils, mais étant également chargé de l'élaboration du manuel et de la formation.

21.

La stratégie d'intégration prévoyait notamment l'élaboration d'un manuel d'intégration de l'environnement pour 2003. Alors que le manuel a été mis en chantier en 1998, il n'était toujours pas terminé à la fin de 2005 (voir encadré 3 pour de plus amples précisions).

Encadré 3Un manuel d'intégration de l'environnementEn 1998, la Commission a recouru aux services d'une société de conseil pour une durée de douze mois, mais le manuel finalement présenté en 2001 n'a pas été jugé satisfaisant et n'a pas été adopté officiellement. Il en est par conséquent resté à l'état de projet et n'a guère été utilisé, premièrement du fait de son statut de projet, deuxièmement parce qu'il était extrêmement long et troisièmement parce que certains agents ne connaissaient même pas son existence. Ce n'est qu'à la mi-2004 que d'importants travaux de révision du manuel ont débuté, lorsqu'ils ont été confiés à une nouvelle société. Étant donné la complexité de la tâche, et du fait que la Commission accordait une priorité plus élevée à la mise en place d'un programme de formation et que ses agents chargés de la gestion du contrat changeaient souvent, la révision du manuel n'était toujours pas terminée à la fin de 2005.

22.

La stratégie d'intégration prévoyait que «tous les fonctionnaires du siège et des délégations responsables de secteurs politiques clés ou de secteurs géographiques» auraient achevé leur formation pour la fin de 2004. En fait, les cours de formation n'ont débuté qu'en novembre 2004 et ils n'étaient pas obligatoires. Il était prévu également que la formation utiliserait le nouveau manuel, mais cela s'est avéré impossible (voir point 21). Les cours dispensés au siège de la Commission ont été peu fréquentés. Bien que le taux global de fréquentation ait été plus élevé dans les délégations, le nombre d'agents de la Commission assistant aux cours demeure limité (voir encadré 4).

Encadré 4Formation à l'intégration de l'environnementS'agissant des cours dispensés au siège de la Commission, la moyenne des participants par module de formation était de huit, alors qu'une moyenne de quinze était prévue. Plusieurs sessions ont dû être annulées faute de participants. Trente-sept agents de la DG Relex ont participé à un cours de formation d'une demi-journée sur l'intégration de l'environnement au stade de la programmation. Toutefois, seuls neuf agents ont assisté au module de formation complet de deux jours sur ce sujet, alors que 2005 était précisément l'année au cours de laquelle la DG Relex devait élaborer les DSP pour 2007-2013. En ce qui concerne les délégations, le budget formation attribué ne permettait d'organiser des cours que dans vingt d'entre elles (des agents des délégations et d'organisations des pays bénéficiaires ont assisté à ces cours). Dans la plupart des délégations d'Asie, d'Amérique latine et du bassin méditerranéen, la formation a eu lieu trop tard pour qu'elles puissent en tirer profit pour élaborer les nouveaux DSP.

23.

L'une des initiatives susceptibles de renforcer les capacités internes de la Commission en matière de gestion des aspects environnementaux de la coopération au développement a été la mise en place, en 2003, d'un «réseau environnemental de points de contact». Il s'agissait de désigner des agents — un par unité — qui, mis en relation, réfléchiraient à la manière d'accorder une plus grande place aux questions environnementales dans les projets de développement et contribueraient à la diffusion des meilleures pratiques. Cependant, alors que le réseau s'est réuni à quatre reprises jusqu'en mai 2004, aucune réunion n'a eu lieu depuis lors. De plus, il était axé en grande partie sur les agents d'EuropeAid et n'intégrait pas suffisamment d'autres services de la Commission, notamment les délégations. C'est pourquoi il n'a guère contribué jusqu'à présent à renforcer les capacités internes.

Systèmes visant à évaluer les performances environnementales de l'aide au développement de la Commission

24.

La Commission procède également à des évaluations, tant des règlements et des secteurs, auquel cas elles sont organisées par l'unité d'évaluation d'EuropeAid, que de projets individuels, ces évaluations étant alors organisées par ses délégations. Le cadre opérationnel de la Commission (voir point 16) exigeait que soit effectuée une évaluation indépendante des performances environnementales de l'aide communautaire pour la période 1996-2000, qui interviendrait dans le cadre d'un processus d'évaluation régulier. Cela aurait pu servir à établir des données de base et à tester des indicateurs de performance (voir point 17), ainsi qu'à mettre en évidence les enseignements à tirer des interventions antérieures, lesquels auraient pu contribuer à développer une stratégie intégrée pour l'environnement (voir point 11). Cependant, l'évaluation, dont l'achèvement était prévu pour la mi-2002, n'a toujours pas été réalisée (10).

25.

En ce qui concerne les projets environnementaux individuels, le siège de la Commission ne dispose d'aucun système permettant d'obtenir et d'évaluer les résultats des évaluations effectuées par ses délégations. Par conséquent, il n'existe aucune procédure pour diffuser les enseignements et les meilleures pratiques qui ont été dégagés des projets d'évaluation clôturés. De même, il n'existe aucun système permettant d'obtenir et d'évaluer des informations relatives aux incidences environnementales de projets non environnementaux.

26.

La Commission dispose depuis 2001 d'un système permettant de suivre les projets de développement en cours («système de suivi orienté vers les résultats»), selon lequel une visite doit être effectuée environ tous les douze mois, pour chaque projet de développement de plus d'un million d'euros, par des chargés de suivi appartenant à des sociétés de conseil auxquelles la Commission a confié l'exécution de cette tâche. Les chargés de suivi évaluent chaque projet et lui attribuent une«note» en se fondant sur un ensemble de cinq critères: pertinence, efficience, efficacité, impact et durabilité, ainsi que sur des sous-critères connexes, dont la durabilité environnementale. Cependant, les constatations quantitatives et qualitatives figurant dans les rapports ne sont pas analysées de manière systématique au siège de la Commission en vue d'évaluer les performances globales des projets environnementaux et le degré d'intégration de l'environnement dans d'autres projets de développement.

27.

La Commission utilise le système d'information et de suivi financiers du CAD/OCDE, qui n'est pas adapté, car il permet de déterminer les projets pour lesquels des dépenses liées à l'environnement ont été effectuées, mais pas leur montant. Le système de codage utilisé par la Banque mondiale permet de résoudre ce problème (11). En outre, en utilisant de manière inégale le système de marquage destiné à mettre en évidence les dépenses effectuées dans le cadre des AME, la Commission n'a pas été en mesure de satisfaire précisément aux obligations d'information contractées au titre de ces accords.

ÉVALUATION DE L'EFFICACITÉ DE L'INTÉGRATION DE L'ENVIRONNEMENT PAR LA COMMISSION

Introduction

28.

Cette partie du rapport est consacrée à l'évaluation de l'efficacité avec laquelle la Commission a intégré l'environnement dans sa coopération au développement. L'évaluation a porté sur des interventions de la Commission de trois types différents:

a)

les documents de stratégie par pays;

b)

les programmes de soutien budgétaire;

c)

les projets non environnementaux.

Bien que leur incidence ne puisse être encore évaluée, des progrès ont été réalisés en 2005 en ce qui concerne le renforcement de l'analyse environnementale des pays effectuée pour les nouveaux DSP

29.

La Commission a élaboré pour la première fois en 2001 et en 2002 des DSP pour chacun des pays et des régions auxquels elle apporte une aide au développement, afin de déterminer la forme que prendra cette dernière jusqu'en 2006-2007. En principe, les DSP devaient prendre en considération tant les priorités de développement de chaque pays, de manière à garantir l'appropriation des projets par le pays, que les propres politiques de la Commission. La stratégie de la Commission concernant les aspects environnementaux de son aide au développement, telle qu'elle est définie dans sa politique de développement 2000 et dans le document de travail de ses services sur ce sujet, était centrée sur l'intégration de l'environnement dans tous les domaines de la coopération au développement. Il était par conséquent essentiel, pour que la stratégie intégrée soit efficace, que l'environnement soit intégré dans les DSP.

30.

En fait, les examens de cette première génération de DSP (2001-2007) réalisés par la Cour lors de l'audit, mais également par les propres services de la Commission, ont montré que l'environnement n'y avait pas été intégré de façon satisfaisante. L'analyse des questions environnementales effectuée dans les DSP était généralement superficielle et les stratégies de réponse de la Commission n'abordaient pas de façon appropriée les questions relevant de l'environnement dans les secteurs devant bénéficier d'un financement prioritaire. Sur un échantillon de soixante DSP, aucun ne mentionnait les OMD concernant l'environnement durable, et environ un quart d'entre eux seulement faisait référence aux AME.

31.

Dans une certaine mesure, le fait que l'environnement n'ait guère été intégré dans les DSP reflète la faible priorité accordée à cet aspect par de nombreux pays bénéficiaires. Pour les pays ayant un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) (12), la politique de la Commission a consisté à aligner son DSP sur le DSRP. Comme l'a montré une étude de la Banque mondiale (13), l'environnement n'a généralement pas été intégré dans les DSRP, en partie du fait que de nombreux pays bénéficiaires ne reconnaissaient pas l'importance des liens entre la pauvreté et l'environnement. Les ministères de l'environnement devraient avoir pour objectif premier la défense des intérêts environnementaux dans les politiques nationales, mais dans la pratique, même dans des pays plus développés ayant des préoccupations environnementales majeures, comme le Brésil et la Chine, ils n'ont pas les mêmes ressources ni la même influence que d'autres ministères d'existence plus ancienne.

32.

Toutefois, le fait que l'environnement ait été peu intégré dans l'aide au développement reflète également les insuffisances de la Commission. En effet, bien que, dans son document de travail sur l'intégration de l'environnement, elle ait stipulé que les profils environnementaux par pays (PEP) constituaient un outil important de l'intégration de l'environnement au stade de la programmation, l'examen qu'elle a effectué en 2002 sur un échantillon de soixante DSP a montré que six de ces PEP seulement avaient été rédigés, et ce malgré le fait que ce type d'analyses environnementales par pays faisait partie des bonnes pratiques depuis qu'en 1992 le CAD/OCDE avait publié des lignes directrices en la matière (14).

33.

En 2005, la Commission a franchi une étape importante pour la prise en compte de cet aspect, en élaborant des PEP pour les pays bénéficiaires de l'aide en Asie, en Amérique latine et dans le bassin méditerranéen, dans le cadre du processus d'élaboration de la nouvelle génération de DSP pour la période 2007-2013. Une approche analogue est suivie pour les États ACP. Comme les DSP étaient toujours en cours d'élaboration à la fin de l'audit, il était encore trop tôt pour apprécier dans quelle mesure les PEP avaient amélioré l'intégration dans les DSP. Celle-ci dépend en dernière instance du niveau de priorité accordé à la fois par les pays bénéficiaires et par les services de la Commission à la prise en compte, dans les DSP, des problèmes environnementaux soulevés par les PEP.

34.

À cet égard, depuis l'adoption de sa propre stratégie d'intégration, la Commission n'a guère progressé dans la sensibilisation des pays bénéficiaires à l'égard de l'environnement et dans le renforcement de leurs capacités d'intégration. Elle disposait, pour promouvoir l'intégration de l'environnement dans sa coopération au développement, d'un instrument spécifique, le règlement (CE) no 2493/2000 (15), avec un budget de 93 millions d'euros pour la période 2000-2006. Cet instrument n'a eu toutefois qu'une incidence limitée. Il aurait pu contribuer de manière significative au renforcement des capacités environnementales dans les pays en développement, mais la Commission n'a pas défini d'approche globale pour le renforcement des capacités et n'a promu de manière ponctuelle que des projets individuels.

35.

Au niveau de la Commission, il est inquiétant de constater qu'en 2005 les agents chargés de l'élaboration des DSP ont peu exploité les occasions qui leur étaient offertes de suivre des formations à l'intégration de l'environnement (voir encadré 4). Bien que la DG DEV, la DG ENV et EuropeAid aient toutes des unités spécialisées chargées d'examiner les aspects environnementaux des DSP, ces examens ne sont généralement pas fondés sur des connaissances précises du pays concerné et, les effectifs répartis entre ces trois directions générales étant peu nombreux, les contrôles opérés sont souvent superficiels.

Peu d'efforts ont été déployés pour intégrer l'environnement dans les programmes de soutien budgétaire

36.

La politique de la Commission et des donateurs en général tend à faire du soutien budgétaire une part croissante de l'aide globale. Ainsi, c'est à ce titre qu'environ 25 % du concours FED ont été affectés aux pays ACP. Toutefois, la Commission ne s'est guère efforcée d'intégrer l'environnement dans cette nouvelle forme d'aide, bien que le Conseil ait déclaré dans ses conclusions du 31 mai 2001 concernant la stratégie d'intégration de l'environnement de la Commission que «les considérations environnementales devraient être systématiquement prises en compte lors de l'élaboration de tous les programmes d'ajustement structurel et les programmes sectoriels de réforme et d'assistance» (16).

37.

Le principal instrument d'évaluation environnementale à utiliser dans le cadre des programmes de soutien budgétaire est l'évaluation environnementale stratégique (EES), qui porte sur les aspects environnementaux des politiques, des plans et des programmes des pays bénéficiaires, qui sont financés par l'aide budgétaire, notamment les DSP. Dans ses conclusions, le Conseil a fait observer que «pour réaliser cette intégration, il faudrait procéder systématiquement à des évaluations environnementales stratégiques, notamment lors de l'élaboration de programmes structurels et sectoriels ainsi que lorsque la construction de nouvelles infrastructures est envisagée» (17). L'importance de l'EES est également reconnue dans la stratégie d'intégration de la Commission. Cette dernière l'a très peu utilisé jusqu'ici, en partie en raison du fait que, contrairement aux PEP et aux évaluations des incidences sur l'environnement (EIE), il s'agit d'un instrument relativement nouveau que la communauté des donateurs dans son ensemble ne maîtrise pas encore complètement (18). Cependant, la Commission aurait pu souligner les aspects environnementaux d'une telle aide par le biais de ses manuels détaillés sur le soutien budgétaire et sectoriel, mais ceux-ci ne font pratiquement jamais mention de l'environnement. Les agents de la Commission n'ont donc pas disposé de lignes directrices leur indiquant quand et comment utiliser les EES et comment effectuer des évaluations environnementales plus limitées dans les cas où les EES ne sont pas jugées appropriées.

38.

Ce manque de procédures d'évaluation de l'aspect environnemental se reflète dans l'élaboration des programmes de soutien budgétaire:

a)

aucune évaluation réalisée par la Commission sur les possibles incidences sur l'environnement des politiques et des programmes gouvernementaux soutenus par l'aide budgétaire n'a été fournie pour quelque pays que ce soit;

b)

en 2005, dans un seul pays ACP (à savoir la Tanzanie) sur vingt ayant bénéficié d'une aide budgétaire générale octroyée au titre du neuvième FED, l'aide était assortie de conditions conçues pour soutenir l'environnement;

Encadré 5Un exemple d'intégration de l'environnement dans les programmes de soutien budgétaireEn Tanzanie, dans le cadre du programme de soutien budgétaire pour la réduction de la pauvreté 2003-2006 (114 millions d'euros), les donateurs et le gouvernement de Tanzanie avaient fait de l'adoption d'une législation environnementale l'un des six objectifs stratégiques pour la réduction de la pauvreté, ce qui a considérablement favorisé l'adoption de la loi sur la gestion de l'environnement en 2005.

c)

en dépit des liens importants qui existent entre la pauvreté et l'environnement, les indicateurs de réduction de la pauvreté n'abordaient pas les questions environnementales;

d)

des possibilités non négligeables n'ont pas été exploitées en ce qui concerne l'intégration des questions environnementales dans les deux secteurs prioritaires de l'aide budgétaire de la Commission, à savoir l'éducation et la santé, en particulier la prévention en matière de santé;

e)

de plus en plus, la Commission s'efforce d'apporter son soutien à la construction de routes dans le cadre de programmes d'aide sectoriels plutôt que via des projets individuels, ce qui signifie que les EES sont particulièrement nécessaires si l'on veut éviter des incidences négatives sur l'environnement.

Les procédures d'intégration de l'environnement au niveau des projets n'ont pas été appliquées de manière suffisamment systématique

39.

Malgré la proportion croissante de l'aide fournie par le biais du soutien budgétaire, le financement de projets demeure le principal mécanisme d'octroi des fonds. Une première étape de l'évaluation de la dimension environnementale des projets consiste à les examiner sous l'angle des risques et des chances potentiels pour l'environnement. Le projet de manuel d'intégration de l'environnement de 2001 a posé le principe de ce type d'examen sous la forme d'un «formulaire d'intégration de l'environnement» qui doit être rempli pour chaque projet, en suivant les orientations du manuel. Étant donné que ce dernier en est resté à l'état de projet (voir point 21), cette procédure n'a pas été mise en place de manière systématique. Par conséquent, de nombreuses délégations ont appliqué d'autres procédures d'examen (screening) environnemental, voire n'en ont suivi aucune.

Encadré 6L'examen environnemental à la délégation de la Commission au NicaraguaLa délégation régionale de la Commission au Nicaragua couvre six pays et emploie plus de 140 agents. L'audit a permis de constater que la délégation ne suit aucune orientation en ce qui concerne l'examen environnemental et que ce dernier n'avait jamais débouché sur une évaluation plus approfondie dans le cas des projets et des programmes des DSP 2002-2006. De plus, la délégation ne disposait pas d'un expert en matière d'environnement, alors que celui-ci aurait pu superviser les procédures d'examen environnemental et apporter son concours en la matière.

40.

Dans la pratique, la procédure la plus utilisée par la Commission pour contrôler l'examen environnemental s'inscrit dans le cadre de l'élaboration des fiches d'identification de projet, qui sont établies par les délégations au début du cycle de projet et soumises au groupe d'appui à la qualité d'EuropeAid (GAQA). L'environnement ne constitue cependant que l'un des multiples aspects que ces fiches doivent prendre en considération, et l'audit de vingt d'entre elles, examinées par le GAQA en 2005, a montré que les problèmes environnementaux n'y avaient pas été dûment traités:

a)

alors qu'une classification du projet en fonction de son incidence environnementale était requise (19), elle n'avait été effectuée dans aucun des vingt cas;

b)

alors qu'il fallait exposer les modalités d'intégration de l'environnement dans la conception du projet, cela n'avait pas été fait dans seize cas.

41.

Ces déficiences sont dues en partie au fait que les experts environnementaux ne participent pas à l'examen des projets non environnementaux. Au sein des délégations, les compétences environnementales sont principalement axées sur les pays pour lesquels l'environnement constitue un domaine prioritaire et elles ne sont jamais mises à profit pour vérifier les aspects environnementaux des fiches d'identification de projets non environnementaux. De même, au sein d'EuropeAid, le nombre d'experts environnementaux est juste assez élevé pour permettre l'évaluation de la qualité des projets portant sur l'environnement et les ressources naturelles, mais pas pour déterminer si l'environnement a été intégré dans des projets non environnementaux.

42.

En raison d'insuffisances au niveau du processus d'examen, il s'est avéré difficile de déterminer les cas dans lesquels il convenait d'effectuer des EIE. Les EIE sont des outils utilisés depuis longtemps pour déterminer ex ante les effets probables d'un projet sur l'environnement et pour recommander l'intégration de mesures permettant de les atténuer au stade de la conception et de la mise en œuvre. L'Union européenne dispose depuis 1985 d'une législation EIE pour les politiques internes (20). La convention Lomé IV de 1990 exigeait le recours à des EIE pour les projets d'envergure et pour ceux présentant un risque important pour l'environnement (21). En 1992, le CAD/OCDE a publié des lignes directrices sur les meilleures pratiques en matière d'EIE pour les projets de développement, que tous ses membres sont tenus de respecter (22).

43.

Les EIE sont particulièrement pertinentes dans le cas de projets miniers et d'infrastructure, car ceux-ci ont généralement une incidence environnementale élevée. Près de 35 % des fonds octroyés au titre du neuvième FED sont affectés, dans le cadre des DSP actuels, aux seuls projets routiers. Cependant, la Cour a constaté que, pour plusieurs de ces projets, aucune EIE n'avait été établie. Une évaluation effectuée en 2004 par la Commission sur ses «interventions dans le secteur des transports dans les pays tiers» a permis de constater que quatre des quinze projets évalués n'avaient donné lieu à aucune EIE. Même lorsque des EIE plus substantielles avaient été réalisées, elles étaient généralement axées davantage sur l'incidence environnementale directe du projet routier lui-même que sur celle des nouvelles activités économiques générées par un meilleur accès. Cette faiblesse est particulièrement importante dans le cas de routes traversant des secteurs sensibles comme les forêts tropicales, lorsqu'il existe un lien direct entre l'amélioration de l'accès et une recrudescence de la déforestation et de la chasse illégale.

Encadré 7Études d'impact sur l'environnement dans le cas d'importants projets miniers et d'infrastructureEn Tanzanie, pour la réhabilitation et la modernisation des routes menant du point frontière de Mwanza à Tinte et d'Isaka à Nzga (huitième FED, 85 millions d'euros), ce que la proposition de financement qualifiait d'EIE se résumait à une seule page dans l'étude de faisabilité.Au Botswana, aucune EIE n'a été effectuée sur un projet Sysmin (huitième FED, 30 millions d'euros), qui contribuait à prolonger l'existence de la mine de cuivre et de nickel de Selebi Phikwe sans s'intéresser aux sérieux risques d'effondrement des barrages de stériles ou au niveau inacceptable du dioxyde de soufre émis par la fonderie.Au Guatemala, aucune EIE n'a été effectuée pour un projet visant à réinstaller des réfugiés (12 millions d'euros), alors que les projets de réinstallation peuvent être considérés a priori comme ayant une incidence potentiellement élevée sur l'environnement. Les réinstallations ont causé de sérieux dommages aux écosystèmes locaux.

44.

Outre les grands projets agricoles, miniers et d'infrastructure pour lesquels une EIE est requise, il serait souhaitable voire essentiel de procéder à une EIE pour de nombreux autres types de projets. Cependant, en l'absence d'orientations ou de dispositions claires sur l'identification des projets devant faire l'objet d'une EIE, le risque était considérable que des EIE ne soient pas effectuées alors même qu'elles auraient dû l'être.

Encadré 8Études d'impact sur l'environnement pour d'autres types de projetsDans le Pacifique, quatre au moins des projets audités auraient gagné à faire l'objet d'une EIE. Pour le «Kiribati Seaweed Development project» (septième et neuvième FED, 2,8 millions d'euros), par exemple, les tuteurs en bois nécessaires à la culture des algues ont été taillés dans la végétation environnante, y compris dans la mangrove, importante pour les écosystèmes marins et la préservation des côtes. De plus, les tortues protégées qui se nourrissent des plantations d'algues sont tuées par les exploitants. Une EIE antérieure au projet aurait permis de mettre ces problèmes au jour et de formuler des recommandations sur la façon d'y remédier.

45.

Dans les cas où des EIE avaient été effectuées et où des mesures d'atténuation avaient été définies, aucun système ne permettait de garantir que ces dernières avaient été transposées dans un plan de gestion de l'environnement à mettre en œuvre au cours du projet. Il n'était pas non plus prévu d'intégrer, le cas échéant, les recommandations des EIE dans le cahier des charges des marchés de travaux de manière systématique. Lorsqu'elles l'étaient, le non-respect des exigences environnementales figurant dans le contrat n'était pas toujours assorti de sanctions.

Encadré 9Le suivi des études d'impact sur l'environnementDans le cas du projet relatif à l'irrigation des plaines du nord à Maurice (septième FED, 9 millions d'euros), bien qu'une EIE approfondie ait été effectuée pour le remplacement d'une canalisation et que les conditions spéciales de la convention de financement aient prévu «un suivi systématique des incidences environnementales afin de garantir la mise en œuvre des mesures correctrices proposées par l'EIE», rien ne prouve qu'il ait eu lieu.Au Mali, pour le projet «Soutien au secteur du riz» (huitième FED, 15,4 millions d'euros), il était recommandé, dans l'EIE, de replanter des arbres autour des villages, de surveiller le degré de pollution de l'eau et de procéder à une étude sur le recyclage des huiles, mais ces recommandations n'ont pas été incluses dans le cahier des charges.Pour le projet «Rewa Bridge» aux Fidji (septième et huitième FED, 11 millions d'euros), étant donné l'incidence potentielle sur la pêche aux «kai» (palourdes d'eau douce), le contrat comportait une exigence relative au contrôle de la qualité de l'eau. Le contractant ne s'y est pas conformé, mais aucune sanction n'était prévue dans le contrat pour cette éventualité.

46.

La Commission ne dispose d'aucun registre central des EIE effectuées pour les projets de développement qu'elle finance. Il s'agit là d'une déficience au niveau de l'information de gestion interne. Un tel registre faciliterait également l'accès du public à cette information

ÉVALUATION DE L'EFFICACITÉ DES PROJETS EN MATIÈRE D'ENVIRONNEMENT ET DES FACTEURS EXERÇANT UNE INFLUENCE SUR L'EFFICACITÉ

Introduction

47.

Outre les mesures visant à intégrer l'environnement dans la coopération au développement, qui ont été abordées dans la section précédente, la Commission s'est également employée à résoudre les questions environnementales en finançant des programmes et des projets dans le secteur de l'environnement. Même si ce secteur n'était pas un domaine prioritaire de la politique de développement adoptée en 2000 (voir point 9), et si la proportion des engagements dans ce domaine par rapport au financement total de l'aide était relativement faible (voir tableau), la Commission est restée active dans ce domaine et pourrait le devenir davantage avec l'adoption de la nouvelle politique en matière de développement dans laquelle l'environnement et les ressources naturelles constitueront un domaine prioritaire (voir point 12). L'audit a visé à:

a)

évaluer l'efficacité des projets en matière d'environnement financés par la Commission;

b)

identifier les facteurs clés exerçant une influence sur l'efficacité.

Évaluation de l'efficacité des projets

48.

La Cour a examiné soixante-cinq projets représentant des engagements d'un montant total de 560 millions d'euros dans seize pays. Ces projets ont été financés par le budget général au cours de la période 1995-2005 et par les septième, huitième et neuvième FED. Les projets examinés étaient de deux types:

a)

trente des projets examinés, représentant environ 15 % du montant de 560 millions d'euros, avaient été financés par des lignes budgétaires spécifiques à l'environnement, notamment la ligne budgétaire «Environnement et forêts» (voir points 10 et 34). Les projets financés par cette ligne budgétaire étaient d'une taille relativement modeste (en général, 1,0 à 2,5 millions d'euros) et habituellement mis en œuvre par des ONG, à la suite d'un appel de propositions de projets de la Commission. Ces fonds ne sont pas affectés pays par pays, mais en fonction de ce que la Commission estime être les meilleures propositions;

b)

trente-quatre des projets examinés, représentant environ 80 % du montant de 560 millions d'euros, ont été financés par une aide bilatérale octroyée à certains pays par la Commission dans le cadre des FED et des lignes budgétaires «Coopération avec les pays en développement d'Asie», «Coopération avec les pays en développement d'Amérique latine» et «Coopération avec les pays tiers méditerranéens». La taille des projets variait sensiblement, mais elle était de l'ordre de 10 à 15 millions d'euros en moyenne.

En outre, l'une des interventions examinées était un programme de soutien budgétaire et non un projet traditionnel, à savoir un programme de soutien de la politique sectorielle relatif au traitement des déchets liquides à Maurice (neuvième FED, 29,8 millions d'euros). Cet exemple illustre l'utilisation limitée de ces programmes dans le secteur de l'environnement et des ressources naturelles.

49.

L'évaluation de l'efficacité des projets a été fondée sur cinq critères:

a)

pertinence: les objectifs du projet correspondaient-ils aux besoins des pays bénéficiaires?

b)

réalisations: le projet a-t-il permis de mettre en place l'infrastructure, les services et les équipements prévus lors de sa planification?

c)

résultats: le projet a-t-il amené les changements positifs prévus pour les bénéficiaires?

d)

impact: le projet a-t-il eu des effets positifs extérieurs à lui-même?

e)

durabilité: les résultats obtenus par le projet persisteront-ils après la fin du soutien de la Commission?

50.

L'évaluation globale, par la Cour, de chacun de ces cinq critères est résumée au diagramme ci-après. Un tableau détaillé présentant l'évaluation de chaque projet par la Cour en fonction de ces cinq critères figure à l'annexe II et un texte explicatif concernant l'efficacité des projets par pays figure à l'annexe III. Étant donné que tous les projets n'étaient pas terminés à l'époque de l'audit et qu'il ne sera possible de porter un jugement définitif sur l'impact et la durabilité des projets en matière d'environnement que bien après leur achèvement, l'évaluation ne doit être considérée qu'à titre indicatif.

Image

51.

L'audit a permis de constater que, dans quasiment tous les cas, les projets étaient pertinents à des degrés divers par rapport aux besoins des pays bénéficiaires et qu'ils tenaient fréquemment compte également de la nécessité, au niveau mondial, de préserver l'environnement, en particulier les forêts et la biodiversité. En l'absence d'évaluations globales de l'environnement, il n'était pas possible d'établir si les projets financés étaient les plus pertinents par rapport aux besoins des bénéficiaires. Toutefois, l'utilisation de plus en plus systématique que la Commission a fait, à partir de 2005, des profils environnementaux par pays (voir point 33), visant à présenter une évaluation complète des aspects environnementaux dans chaque pays, devrait lui permettre de mieux identifier les projets présentant le degré de priorité le plus élevé.

52.

L'évaluation de la Cour a révélé que dans 63 % des projets les réalisations avaient été menées à bien ou avaient de fortes chances de l'être. Dans 37 % des cas, les réalisations n'avaient été que partiellement menées à bien ou seraient probablement en partie achevées dans les délais prévus.

53.

La plupart des résultats avaient été obtenus pour 58 % des projets, certains résultats pour 21 % des projets et peu de résultats pour les 21 % restants. Il est évident que les résultats ne sont généralement pas obtenus si les réalisations n'ont pas été menées à bien.

54.

Pour 42 % des projets, l'impact a été évalué comme étant moyennement élevé ou susceptible de l'être, tandis que dans les 58 % restants il a été jugé faible. L'impact est toujours une question essentielle, mais il l'était particulièrement pour un grand nombre des projets en matière d'environnement examinés, étant donné qu'ils étaient conçus comme des projets pilotes ou de démonstration destinés à être reproduits dans d'autres régions du pays bénéficiaire.

55.

Pour 45 % des projets, les perspectives de durabilité ont été jugées bonnes, tandis que dans 55 % elles ont été jugées limitées. La viabilité financière constitue un aspect particulièrement essentiel de la durabilité, car, dans la mesure où les projets en matière d'environnement sont centrés sur la préservation plutôt que sur le développement, il se peut que les pays bénéficiaires doivent continuer à fournir un soutien financier pour la préservation après la fin du soutien du donateur, tout en renonçant à des avantages économiques potentiels.

56.

La tendance générale qui se dégage de ces chiffres est celle-ci: bien que les projets soient presque toujours pertinents, ils ne débouchent pas toujours sur toutes les réalisations prévues. Les résultats escomptés sont obtenus dans un peu plus de la moitié des cas et un peu moins de la moitié ont un impact significatif au-delà du projet et des chances d'être durables. L'exemple de l'encadré 10 ci-dessous illustre ces différents aspects de l'efficacité pour l'un des plus importants projets financés par la Commission.

Encadré 10Illustration des critères d'évaluation — le cas du programme régional pour la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (Ecofac)Depuis 1992, la Commission joue un rôle de premier plan dans la mise en place d'activités visant la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale, essentiellement par le biais du programme régional pour la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (Ecofac) (sixième, septième, huitième et neuvième FED; 72,45 millions d'euros).Le programme présente une pertinence élevée, car il contribue à préserver ce qui représente la deuxième plus grande étendue continue de forêt tropicale après l'Amazonie, en conservant ainsi la biodiversité et en évitant les changements climatiques au profit de l'ensemble de la planète. Aux niveaux régional et national, la forêt constitue, pour les pays d'Afrique centrale, une importante source de revenus provenant tant de l'exploitation industrielle du bois d'œuvre que des autres produits de la forêt et de la viande de gibier.En termes de réalisations, le programme Ecofac a permis la mise en place d'un large éventail d'infrastructures (routes d'accès, pistes, ponts, centres de recherche, d'accueil, camps de tourisme, points de vue, aéroports de brousse, équipements pour gardes forestiers et personnel) pour la gestion des zones protégées.En termes de résultats, le programme a fait prendre conscience de la nécessité de préserver les écosystèmes forestiers d'Afrique centrale et a contribué à la création, à la valorisation et à la sauvegarde d'importantes zones protégées, qui sont indispensables à la préservation de la biodiversité unique de la région. Il a également permis de réaliser un volume important de recherches. En revanche, la promotion de l'héritage naturel et culturel de ces zones protégées par le développement du tourisme a été limitée en raison de plusieurs facteurs (coût du transport aérien, épidémies de maladies infectieuses causées par le virus Ebola, manque de succès dans l'accoutumance des gorilles à la présence de l'homme dans la réserve de Lopé au Gabon, manque d'engagement des autorités nationales et manque d'intérêt des investisseurs privés).En dehors des zones protégées, le programme n'a guère eu d'impact. Il ne s'est intéressé que faiblement aux aspects essentiels tels que l'exploitation forestière légale et illégale, ou la chasse illégale en dehors des zones protégées. Sa contribution à la diminution de la pauvreté parmi les peuplades forestières a été faible, cela étant partiellement dû à l'insuccès des mesures de développement rural mises en œuvre.La viabilité financière des zones protégées n'est pas encore garantie sur le plan financier et ces dernières restent très dépendantes d'un financement extérieur. De ce fait, le programme Ecofac a été prolongé à plusieurs reprises depuis 1992. Il a permis la mise en place d'un Réseau des aires protégées d'Afrique centrale (RAPAC) en coopération avec les institutions et l'administration responsables de la gestion de la zone protégée, telles que la Comifac (conférence ministérielle des forêts d’Afrique centrale). Il s'agissait là d'un bon pas vers un engagement plus marqué des autorités nationales, mais les ressources financières ont fait défaut.

Analyse des facteurs exerçant une influence sur l'efficacité des projets en matière d'environnement

57.

Cette section du rapport traite des facteurs clés ayant exercé une influence sur l'efficacité des projets. Étant donné que l'aide au développement accordée par la Commission est fondée sur le principe du partenariat avec les pays bénéficiaires, certains des problèmes identifiés découlaient, du moins en partie, d'insuffisances au niveau du pays bénéficiaire. Il appartient toutefois également à la Commission de s'attaquer à ces problèmes dans la mesure du possible.

Conception trop ambitieuse des projets

58.

Les projets bilatéraux de grande ampleur sont conçus conjointement par la Commission et les gouvernements des pays bénéficiaires, avec l'assistance d'experts, la Commission étant responsable de leur évaluation globale avant toute décision de financement. Les projets généralement de taille plus modeste financés par la ligne budgétaire «Environnement et forêts» sont conçus par les ONG, bien que la Commission soit également responsable de leur évaluation. Environ la moitié de tous les projets examinés péchaient par une conception trop ambitieuse, en particulier parce qu'ils visaient des réalisations excessives au regard des délais impartis. Dans de tels cas, les projets n'avaient parfois pas été conçus en tenant suffisamment compte du fait que, pour en garantir l'efficacité dans le domaine de l'environnement, il faut consacrer énormément de temps aux concertations avec les communautés locales et à s'assurer leur participation active.

59.

La ligne budgétaire «Environnement et forêts» exigeait que les projets soient mis en œuvre en trente-six mois au maximum et parfois en vingt-quatre mois seulement, ce qui n'était pas réaliste dans la plupart des cas. Le fait que les propositions de projets présentées en vue d'obtenir un concours financier soient en concurrence avec d'autres projets fait naître le risque que les objectifs fixés soient trop ambitieux, les projets promettant des réalisations plus importantes étant plus susceptibles de bénéficier d'un financement.

60.

Depuis 2002, le règlement financier impose que les engagements juridiques concernant tous les projets soient intégralement pris dans les trois ans à compter de l'engagement budgétaire pour le projet en cours d'établissement, ce qui impose une nouvelle contrainte qui peut être particulièrement difficile à respecter lorsqu'il s'agit de concevoir les types de grands projets environnementaux qui sont financés par l'aide bilatérale.

61.

De nombreux projets en matière d'environnement sont mis en œuvre dans des zones géographiques vastes et éloignées. Néanmoins, plusieurs régions sont parfois incluses sans nécessité dans un seul projet, alors qu'il serait préférable de se concentrer sur une seule. Dans de tels cas, l'approche trop ambitieuse adoptée peut être due au fait que les conditions locales n'ont pas suffisamment été prises en considération. En Indonésie, l'étendue géographique de deux projets audités a dû être réduite pendant la mise en œuvre parce que leur conception était trop ambitieuse.

62.

Les consultants externes et les ONG, qui travaillent généralement à la conception détaillée des projets, ne possèdent pas toujours une connaissance approfondie des procédures de mise en œuvre de la Commission, lesquelles sont relativement longues même si elles sont engagées sans délai. La sous-estimation du temps nécessaire pour suivre ces modalités constitue une autre raison de l'excès d'ambition des objectifs de certains projets.

63.

Depuis 2002, EuropeAid a accompli des efforts importants pour améliorer les procédures d'évaluation des projets par l'intermédiaire du groupe d'appui à la qualité (GAQA). Toutefois, outre ces procédures d'examen au siège de la Commission, il est nécessaire de veiller à ce que des ressources suffisantes soient consacrées à l'évaluation des projets sur le terrain par des équipes d'agents de la Commission, qui possèdent des compétences suffisantes en matière d'environnement et une bonne connaissance des conditions locales et des procédures de la Commission.

Encadré 11Exemple d'une conception de projet trop ambitieuseLe projet de gestion des forêts naturelles en Chine (16,9 millions d'euros) vise à introduire en cinq ans une approche entièrement nouvelle de la gestion des forêts en Chine, impliquant une «cogestion»entre les villageois des forêts de l'État et les entreprises. Le mode de fonctionnement de la «cogestion» dans le contexte chinois n'est toujours pas défini. Le projet couvre trois provinces du sud-ouest de la Chine (Sichuan, Hunan et Hainan) et comprendra des interventions dans six départements, onze municipalités et cinquante-huit villages de ces trois provinces. Hormis le travail de base sur la cogestion, le projet comporte un volet de réduction de la pauvreté qui prévoit la mise en œuvre d'au moins 290 petits projets d'infrastructures publiques dans les villages. Il est prévu de créer dans chaque département et dans chaque municipalité couverts par le projet de nouvelles institutions telles que des comités de cogestion villages-municipalités et des unités de microfinancement de villages et de municipalités. En outre, une aide conséquente au renforcement des capacités institutionnelles devra être fournie à l'administration des forêts de l'État aux niveaux provincial et départemental où cette capacité est faible afin qu'elle puisse jouer son rôle dans le projet. Les dix-huit premiers mois du projet ont été perdus en raison de l'annulation de l'appel d'offres pour l'assistance technique.

Retards au cours de l'élaboration et de la mise en œuvre des projets

64.

La Commission assume la responsabilité globale de la mise en place du cadre procédural de l'élaboration et de la mise en œuvre des projets. En général, les autorités des pays bénéficiaires ou les ONG mettent ensuite les projets en œuvre sous réserve de contrôles approfondis effectués à chaque étape par les services de la Commission. Les objectifs des projets sont non seulement souvent irréalistes parce qu'ils ne prennent pas en considération le temps nécessaire à la mise en œuvre des projets conformément aux procédures de la Commission, mais, en outre, la plupart des projets examinés avaient accusé d'importants retards imprévus au cours de leur préparation et de leur mise en œuvre. Dans la plupart des cas, les problèmes rencontrés n'étaient pas spécifiques au secteur de l'environnement, mais susceptibles de se présenter également dans des projets relatifs à d'autres secteurs. La responsabilité de ces retards incombe tant à la Commission qu'aux autorités des pays bénéficiaires (ou aux ONG).

65.

Les projets ont souvent nécessité de longues périodes de préparation entre la sélection et l'approbation. Contrairement à la phase de mise en œuvre, la durée de cette phase n'est soumise à aucune limitation. Dans le cas de projets financés par la ligne budgétaire «Environnement et forêts», le temps mis par la Commission pour passer de la publication de l'appel de propositions de projets à la signature du contrat a été excessivement long. C'est ainsi que, s'agissant de l'appel de propositions publié en janvier 2001, les contrats relatifs à environ 50 % des projets dont le financement avait été approuvé n'ont été signés qu'au second semestre de 2002, tandis que les contrats relatifs aux autres 50 % n'ont été signés qu'au cours du second semestre de 2003. Ces retards ont parfois eu pour effet de réduire la pertinence du projet, le contexte ayant évolué depuis la date à laquelle la proposition initiale avait été soumise (voir encadré 12 ci-après).

66.

Des retards se sont fréquemment produits entre l'approbation et le démarrage des projets. Les deux principales causes de cette situation résidaient dans les retards affectant le transfert initial des fonds et la mise à disposition de l'équipe d'assistance technique du projet. Pendant la mise en œuvre, les projets en matière d'environnement autres que les petits projets financés par la ligne budgétaire «Environnement et forêts» ont tendance à nécessiter un grand nombre de marchés différents (infrastructure, services, équipement), de contrats de subvention ainsi que l'élaboration et l'approbation de programmes de travail pour mener à bien les réalisations et produire les résultats. Cela signifie qu'ils sont plus susceptibles d'accuser des retards que les projets entrepris dans certains autres secteurs. Une difficulté particulière est imputable au fait que le matériel qui devrait être disponible à un stade précoce du projet, à la fois pour obtenir les résultats escomptés et pour laisser un laps de temps suffisant pour que le personnel du pays bénéficiaire directement concerné puisse être formé par l'équipe d'assistance technique, n'a été fourni qu'à la fin du projet. C'est ainsi que le programme intégré de protection de l'environnement au Liaoning, en Chine, a souffert du fait que le matériel destiné à trois volets différents du projet, à savoir les ressources en eau, la qualité de l'air et l'énergie, n'a été fourni que quasiment en fin de projet.

67.

La mise en œuvre de deux projets au Brésil, d'un projet au Guatemala et d'un projet au Maroc a été retardée parce qu'il a fallu suspendre ceux-ci le temps d'enquêter sur des irrégularités financières. Dans le cas des projets au Brésil, les activités ont repris après que toute la lumière a été faite sur les irrégularités. Au Guatemala et au Maroc, il a été décidé de mettre un terme aux projets.

Encadré 12Exemples de retards affaiblissant la pertinence d'un projetLe projet «Consommation et production responsables de café» au Nicaragua (1,2 million d'euros) n'a été approuvé que deux ans après sa présentation. De ce fait, des activités essentielles telles qu'un programme de café organique et l'ouverture du marché ont dû être mises en œuvre par le bénéficiaire avec d'autres ressources financières.Le projet de promotion d'une gestion forestière écologiquement durable, socialement équitable et économiquement viable via la mise en œuvre d'un projet de systèmes crédibles de certification en Indonésie (0,9 million d'euros), a également été approuvé deux ans après sa présentation. Ce retard, associé à une durée prévue de seulement deux ans pour le projet, a eu pour conséquence que les cinq régions cibles visées au départ ont été réduites à trois.Le développement durable du projet de corridor économique Cuiabá-Santarem au Brésil (1,5 million d'euros) a, lui aussi, été approuvé deux ans après sa présentation. Dans l'intervalle, la région où le projet devait se dérouler connaissait une situation inquiétante de conflits d'intérêts et de violence perturbant les activités de l'ONG chargée de la mise en œuvre.

Progrès limités en matière de renforcement des capacités institutionnelles

68.

Alors que le renforcement des capacités institutionnelles constitue un élément essentiel de toute coopération au développement, comme cela a déjà été mentionné (voir point 34), les ministères de l'environnement et les autres institutions environnementales sont souvent de création relativement récente et ont particulièrement besoin d'une telle assistance. Cela est d'autant plus vrai dans les pays où une décentralisation récente a entraîné le transfert aux niveaux régional et local de responsabilités plus importantes en matière d'environnement. Les perspectives de durabilité des projets ne prévoyant pas un appui efficace au renforcement institutionnel sont réduites, même si les résultats techniques immédiats sont produits.

69.

Dans les cas où la Commission a prévu un appui au renforcement des capacités institutionnelles, elle n'a pas toujours veillé à garantir un engagement suffisant à haut niveau dans le pays bénéficiaire, afin que le soutien soit efficace. Au Botswana, un important projet de 14 millions d'euros, essentiellement centré sur le renforcement des capacités institutionnelles au sein du Department of Wildlife and National Parks (DWNP), a été mis en œuvre sans une participation et un engagement suffisants de la part du ministère de la faune sauvage, de l'environnement et du tourisme, dont dépendait le DWNP (voir encadré 13 ci-après). Bien que l'équipe d'assistance technique soit le principal instrument du renforcement des capacités institutionnelles, elle n'a été capable de s'acquitter de cette tâche que lorsque des homologues à un niveau hiérarchique adéquat étaient mis à disposition par l'institution bénéficiaire afin de travailler avec elle. C'est rarement le cas dans la pratique, car les niveaux généralement élevés de rotation des membres du personnel de haut niveau ont pour effet que les acquis en termes de formation quels qu'ils soient qui ont découlé de la mise à disposition de l'équipe d'assistance technique sont perdus pour l'organisation.

70.

En l'absence de personnel local adéquat relevant des autorités du pays bénéficiaire, l'équipe d'assistance technique a trop souvent assumé un rôle exécutif plutôt que consultatif, afin de contribuer à l'obtention des résultats visés, mais au détriment du développement d'une durabilité à long terme. Un autre obstacle au principe de durabilité est constitué par le temps que le personnel d'assistance technique hautement qualifié est contraint de consacrer aux procédures de passation de marchés et aux tâches administratives. En outre, les projets ont fréquemment souffert d'un ou de plusieurs changements dans la composition de l'équipe d'assistance technique au cours du contrat, généralement d'une durée de trois à quatre ans, au titre duquel ses membres sont engagés.

Encadré 13Exemple de problèmes affectant les projets de renforcement des capacités institutionnellesLe programme de conservation et de gestion de la faune sauvage au Botswana, financé par le huitième FED (14 millions d'euros), illustre bon nombre des problèmes rencontrés dans les projets de renforcement des capacités institutionnelles. Un projet financé par le septième FED avait apporté un soutien financier au secteur de la faune sauvage, mais n'avait guère contribué aux aspects de renforcement des capacités institutionnelles. Ce projet financé par le huitième FED était destiné à remédier à cette insuffisance. Le statut du DWNP a été incertain, sa transformation en un organisme parastatal faisant partie des possibilités. Cela a compliqué l'élaboration et la mise en œuvre du projet. Le chef de l'équipe d'assistance technique n'occupait pas un poste de direction au sein du DWNP mais seulement un poste de cadre moyen. Son homologue n'était pas un fonctionnaire du DWNP, celui-ci ayant affecté au projet un autre assistant technique étranger. Le premier chef de l'équipe d'assistance technique a dû être remplacé après onze mois, sa relève n'a toutefois pu être assurée que cinq mois plus tard. Une grande partie du temps du chef de l'équipe d'assistance technique est consacrée à l'administration du projet, ce qui ne constitue pas une utilisation rentable de son temps. Un volet important du projet devait consister en un audit de la gestion du DWNP, mais, à mi-parcours, cela n'avait pas encore été réalisé en l'absence d'appui du DWNP et d'engagement du ministère. Alors qu'un conseiller en assistance technique au renforcement des capacités institutionnelles était également prévu, ce poste n'a été pourvu qu'à mi-parcours.

Nécessité de mettre davantage l'accent sur l'utilisation durable des ressources naturelles par les communautés locales

71.

Si l'on veut que les projets en matière d'environnement atteignent pleinement leurs objectifs et deviennent durables, il est absolument nécessaire que les communautés locales participent à leur élaboration et à leur mise en œuvre. La Commission a accru progressivement l'intérêt qu'elle porte à cet aspect, en partie à la suite de la politique de développement axée sur la réduction de la pauvreté qui a été adoptée en 2000. Celle-ci requiert une plus grande prise en considération du développement des communautés parallèlement aux questions de préservation.

72.

La conciliation des besoins économiques des communautés locales avec la nécessité de préserver la nature constitue toutefois un défi de taille. Les projets visant à aider les populations locales à générer durablement des revenus à partir des ressources naturelles n'ont pas fait l'objet d'un intérêt suffisant. C'est ainsi, par exemple, que la chasse illégale (le «braconnage») par les populations locales continue de compromettre gravement les résultats acquis par les projets de préservation et leur durabilité environnementale. C'est le cas même dans les régions où la Commission a fourni un appui pendant de longues périodes, telles que le parc national Serengeti en Tanzanie et les zones protégées de la région de l'Afrique centrale financées par le programme Ecofac. Le développement du tourisme constitue une source d'accroissement des revenus aussi bien locaux que nationaux. Toutefois, au Botswana, le projet relatif à la faune sauvage financé par le huitième FED n'a guère contribué au développement du tourisme dans le parc national Makgadikgadi, alors même qu'une étude sur le tourisme financée par le sixième FED avait recommandé une telle approche. En dépit de ses résultats en termes de préservation, le programme Ecofac n'a pas accompli beaucoup de progrès concernant les aspects liés au tourisme (voir encadré 10). Cela souligne la nécessité, pour la Commission, de continuer à rechercher les moyens permettant de mettre en place d'autres sources de revenus pour ces populations.

Encadré 14Projet illustrant l'importance de l'évaluation des besoins des communautés locales dans le cadre de projets en matière d'environnementLe projet pilote «Développement d'un modèle pour la gestion de la faune dans les forêts d'Afrique centrale dans le nord-est du Gabon» (1,9 million d'euros) a été conçu pour remédier au problème du braconnage commercial dans les forêts du bassin du Congo. Le projet comportait donc plusieurs mesures devant être mises en œuvre par des unités antibraconnage. Les concepteurs du projet n'ont toutefois pas tenu compte du fait que la plupart des communautés locales se livraient également à la chasse. De ce fait, le projet n'avait pas prévu de mesures visant à les aider. Lors d'une visite de l'équipe d'audit, des représentants d'une des communautés locales de pêche ont reconnu qu'ils possédaient cinq bases de chasse dans la forêt, qui avaient été détruites par les unités antibraconnage, et expliqué qu'ils étaient confrontés au dilemme d'un déclin réel du gibier et de la nécessité de satisfaire leurs propres besoins à court terme.

Impact insuffisant des projets sur les politiques et le cadre légal

73.

En l'absence d'une politique de soutien et d'un cadre légal clairs, les chances qu'un projet aille au-delà de réalisations et de résultats immédiats, présente une durabilité à long terme et ait un impact plus large sont fortement réduites. Lors de la sélection des projets, la Commission n'a toutefois pas suffisamment contrôlé si un tel cadre existait et, dans la négative, si le financement du projet pourrait contribuer à modifier la situation à cet égard.

74.

Des cadres légaux incomplets, en particulier en ce qui concerne les droits fonciers des bénéficiaires des projets au sein des communautés locales, ont par exemple entravé des projets forestiers en Indonésie et en Chine. Au Botswana et en Tanzanie, l'absence de lois précises pour l'établissement d'une gestion des ressources naturelles par les collectivités locales et de zones de gestion de la faune sauvage constitue également un obstacle à l'obtention d'un plein impact des projets. Dans plusieurs pays, le manque de ressources ou de volonté pour faire appliquer des lois antibraconnage afin de protéger la faune sauvage a compromis la durabilité des projets après leur achèvement.

75.

L'une des manières d'utiliser les projets pour apporter des changements politiques et de cadre légal consiste, pour la Commission, à assortir son financement de conditions. Toutefois, cette approche n'est pas possible dans le cas de projets mis en œuvre par des ONG et financés par la ligne budgétaire «Environnement et forêts», puisque les gouvernements des pays bénéficiaires ne sont pas éligibles. Dans certains cas, des projets bilatéraux financés par la Commission prévoyaient d'exiger des gouvernements des pays bénéficiaires qu'ils prennent des «mesures d'accompagnement» afin de mettre en place les politiques appropriées. Toutefois, ces mesures n'étaient pas toujours bien définies et suivies par la Commission.

76.

De plus, les montants financiers limités qui sont en jeu, même dans ces projets bilatéraux de taille relativement importante, font qu'il est plus difficile d'insister pour que les mesures d'accompagnement soient effectivement prises. Par exemple, en Tanzanie, la Commission voulait garantir que le gouvernement affecte une plus grande partie des revenus générés par les concessions de chasse à la prise en charge des coûts d'exploitation des réserves de chasse. Mais elle n'a pas traité la question fondamentale du manque de transparence de l'attribution des concessions de chasse, et il lui était d'autant plus difficile d'imposer sa volonté que le budget du projet concerné ne s'élevait qu'à 2 millions d'euros. À cet égard, l'inclusion d'un train de mesures en matière de politique environnementale et de réforme législative dans un important soutien budgétaire direct serait un meilleur moyen de contribuer à la mise en place des structures nécessaires pour que les interventions au niveau du projet aient un caractère durable et un impact.

77.

La diffusion des résultats des projets et des enseignements tirés pourrait également jouer un rôle clé pour influer sur la politique. Toutefois, au niveau de la conception des projets, aucune approche claire pour la diffusion des résultats n'est généralement définie. En outre, les calendriers trop ambitieux et les retards qui s'ensuivent ont réduit les possibilités, pour l'assistance technique et les ONG, de diffuser les résultats avant la fin du projet. L'impact de la politique est particulièrement difficile à évaluer en ce qui concerne la ligne budgétaire «Environnement et forêts». Alors que l'un des principaux objectifs de la ligne budgétaire consiste à soutenir des projets pilotes afin de contribuer à l'élaboration de nouvelles approches politiques, la Commission a largement fait appel aux ONG pour mettre en œuvre ces politiques et n'a mis en place aucun mécanisme garantissant que les gouvernements des pays bénéficiaires soient systématiquement informés des résultats de ces projets.

Encadré 15Un exemple d'impact et de durabilité de projet réduits par des problèmes politiques et de cadre légalAu Brésil, la Commission, par le biais du programme «Politique des ressources naturelles» (PPRN), finance la définition et la mise en œuvre d'un modèle intégré de gestion de l'environnement et sa décentralisation du niveau fédéral aux niveaux des entités fédérées et des municipalités dans cinq États de l'Amazonie (16,7 millions d'euros). Le PPRN a été le principal projet financé au titre du programme pilote de conservation de la forêt tropicale humide brésilienne (PPG7), visant à atteindre l'objectif primordial de la maîtrise et de l'inversion du processus de déforestation en Amazonie.Le modèle de gestion de l'environnement a été moins efficace que prévu dans la lutte contre la déforestation. Le manque d'engagement politique au niveau des États a constitué un facteur déterminant à cet égard. L'état précaire des finances de la plupart des États et municipalités et les «droits acquis» de certaines élites des États et des municipalités ont pour effet que les gouvernements locaux tolèrent des concessions d'exploitation forestière et une expansion agricole qui génèrent des revenus et de l'emploi aux dépens de la gestion forestière. De ce fait, le modèle n'a eu qu'une faible incidence sur la politique des pouvoirs publics dans certains États ou, au pire, n'a été appliqué qu'en tant qu'instrument véritablement restrictif. En outre, il a été utilisé pour repérer des domaines d'expansion économique future plutôt que pour la gestion de l'environnement. L'État du Mato Grosso, où le modèle a été le mieux développé, était toutefois celui accusant le taux de déforestation le plus mauvais pour 2004.Le programme n'est pas parvenu à garantir que les questions d'environnement soient effectivement intégrées dans les États dans d'autres secteurs tels que l'agriculture, la sylviculture, l'éducation, le transport, etc. Il s'agit là d'un aspect primordial, car le programme est mis en œuvre dans un contexte politique et économique d'orientations et de priorité, visant le prodéveloppement à court terme, qui se marient mal avec le développement durable. La faiblesse des politiques d'intégration de l'environnement a pour effet que les agences pour l'environnement des États doivent trop recourir à des procédures directives. Cette approche est toutefois fortement entravée par le manque de ressources financières et de personnel formé, de sorte qu'il n'existe aucun agrément et aucun contrôle efficaces.

Approche non réaliste de la viabilité financière

78.

Les projets de la Commission dans le domaine de l'environnement, comme dans d'autres secteurs, intègrent l'hypothèse de la viabilité financière finale. Il s'agit d'un objectif qui peut être poursuivi de façon réaliste dans le cas de projets générant des revenus. Des progrès satisfaisants ont en effet été enregistrés à cet égard dans les projets de traitement des déchets liquides à Maurice et dans la deuxième ville de Tanzanie, Mwanza, les tarifs de l'eau étant augmentés régulièrement pour atteindre le niveau qui devrait permettre de compenser les coûts d'exploitation et d'amortissement. Par ailleurs, dans la région du Pacifique, les projets d'élimination des déchets solides aux Fidji et à Tuvalu ont connu des difficultés en raison de la réticence de la population à payer pour le service.

79.

S'agissant des projets — de taille relativement modeste et souvent pilotes — financés par la ligne budgétaire «Environnement et forêts», une possibilité consiste à recevoir une nouvelle aide sous la forme de projets de plus grande taille financés par le FED et la ligne budgétaire géographique. Cela s'est toutefois rarement produit dans la pratique, en partie du fait que la Commission n'a prévu aucune stratégie claire en vue de promouvoir le prolongement de ces projets pilotes de taille plus modeste par des projets bilatéraux plus importants. En effet, la Commission comme les pays bénéficiaires ont tendance à considérer la possibilité du financement via la ligne budgétaire «Environnement et forêts» comme un motif pour ne pas affecter de fonds bilatéraux au domaine de l'environnement.

80.

En tout état de cause, les perspectives de viabilité financière sans soutien gouvernemental sont très limitées dans la plupart des pays, et, dans bon nombre de pays en développement, les budgets publics sont insuffisants pour financer des mesures de préservation. En vue d'inciter les pays bénéficiaires à financer davantage la protection de l'environnement, la Commission et les autres donateurs ont encore la possibilité d'offrir un soutien plus important à la recherche et de renforcer le dialogue avec les pays en question, concernant les avantages économiques de la préservation de l'environnement et la nécessité d'éviter l'épuisement progressif de ressources naturelles non renouvelables. Néanmoins, pour bon nombre de pays bénéficiaires, des avantages économiques plus importants, tout au moins à court terme, peuvent être retirés de l'exploitation de ressources naturelles disponibles dans les régions où des mesures de préservation doivent être mises en œuvre. Plusieurs cas de ce type de comportement, qui risque de compromettre les résultats obtenus par le projet, ont été constatés au cours de l'audit (voir encadré 16 ci-après).

81.

Par ailleurs, les avantages retirés par l'Union européenne de la préservation continue de l'environnement dans les pays en développement devraient être clairement reconnus. À cet égard, il faudrait se poser la question de savoir si l'approche traditionnelle de la Commission en ce qui concerne les projets de développement, consistant à ne financer un projet que pendant quelques années après quoi il doit devenir financièrement viable, est bien appropriée au domaine de l'environnement. Si la Commission avait mis en place une stratégie complète en vue d'intégrer l'environnement dans le cadre de l'aide au développement (voir encadré 11), d'autres approches pour la mise à disposition de l'aide auraient pu susciter un plus grand intérêt, par exemple:

a)

des délais plus longs pour les projets en matière d'environnement;

b)

des programmes d'appui à la politique sectorielle dans le domaine de l'environnement et des ressources naturelles;

c)

un recours plus large aux fonds en fiducie;

d)

une coopération plus étroite avec le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), l'instrument le plus important dont disposent les donateurs pour répondre aux préoccupations environnementales dans les pays en développement. La Commission n'étant actuellement pas membre du FEM, elle ne peut y contribuer directement, mais il existe de larges possibilités de pratiquer davantage le cofinancement avec ce Fonds.

Encadré 16Activités économiques qui risquent de compromettre l'efficacité des projetsEn Indonésie, la Commission a apporté son appui au développement d'une gestion forestière durable dans la région de Berau au Kalimantan. Toutefois, la société charbonnière de Berau possède une licence d'exploitation couvrant 25 % de la région, qui comprend seize des dix-huit sites de recherche financés. Bien que les activités d'extraction de charbon soient officiellement suspendues jusqu'en 2011 au moins, terme du projet actuel fixé à l'origine, les activités d'exploration des couches de charbon se poursuivaient même durant la mission d'audit en juin 2005. L'exploitation illégale a également continué de saper l'efficacité des fonds octroyés par la Commission au secteur forestier en Indonésie.En Chine, malgré une interdiction générale d'exploitation, la déforestation s'est poursuivie dans deux (Hainan et Hunan) des trois provinces couvertes par le projet de gestion des forêts naturelles.En Tanzanie, des activités d'exploration minière se déroulaient dans la réserve de gibier de Kigosi, l'une des réserves financées par le FED.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Conclusions

82.

La Commission doit encore prendre en compte suffisamment les aspects environnementaux de sa coopération au développement et elle doit encore mettre en place une stratégie intégrée en matière d'environnement pour sa coopération au développement. La nouvelle politique en matière de développement, signée en décembre 2005, offre une base plus claire pour l'élaboration d'une telle stratégie non seulement en reconnaissant l'importance de l'intégration de l'environnement dans tous les programmes et projets de développement, mais aussi en faisant de l'environnement un domaine de dépenses prioritaire. Néanmoins, à défaut de stratégie claire permettant de rendre opérationnelle l'approche de la nouvelle politique de développement, ses avantages potentiels risquent d'être compromis.

83.

Au cours de la période 2001-2005, la stratégie de la Commission a été très largement centrée sur l'intégration de l'environnement dans la coopération au développement. Toutefois, la mise en œuvre de cette stratégie a été lente et n'a pas fait l'objet d'un suivi approprié, tandis que les implications de la stratégie en termes de besoins de personnel supplémentaire n'ont pas été dûment prises en considération. Bien que la formation du personnel existant en matière d'intégration de l'environnement ait effectivement débuté en 2005, elle a pâti du fait qu'elle n'était pas obligatoire pour les agents occupant un poste clé. L'élaboration d'un manuel sur l'intégration de l'environnement a été sérieusement retardée et était seulement près d'être terminée à la fin de 2005. De manière plus générale, le suivi, l'évaluation et l'établissement de rapports concernant les performances environnementales de la coopération au développement de la Commission auraient également pu faire l'objet d'un plus grand intérêt.

84.

En partie en raison de certaines de ces insuffisances, l'environnement doit encore être effectivement intégré dans la coopération au développement de la Commission. Les DSP actuels (2001-2006) n'ont pas pris en considération les questions environnementales de façon appropriée, bien que la Commission ait pris des mesures importantes pour améliorer l'analyse environnementale disponible pour la prochaine génération de DSP actuellement en cours d'élaboration. La mesure dans laquelle cette amélioration se traduira effectivement dans les nouveaux DSP dépend toujours de la priorité accordée à l'environnement tant par la Commission que par les pays bénéficiaires. L'intégration de l'environnement dans l'aide budgétaire directe constitue un défi de taille pour tous les donateurs, mais la Commission ne s'est guère employée à résoudre cette question importante. Au niveau des projets et en l'absence de manuel définissant clairement les procédures clés et les rendant obligatoires, l'intégration de l'environnement a pâti d'un manque de procédures systématiques.

85.

Les projets financés en matière d'environnement ont été pertinents, mais les réalisations accomplies et les résultats obtenus sont fréquemment restés très en deçà des objectifs visés bien que, dans certains cas, cet échec ait été dû à la conception trop ambitieuse des projets. Abstraction faite des problèmes de conception et de mise en œuvre, l'approche des projets, du moins considérée indépendamment des autres instruments d'aide, souffre de difficultés inhérentes en ce qui concerne l'obtention d'incidences sensibles et la garantie de la viabilité financière. Cela montre la nécessité d'évaluer la possibilité de recourir à d'autres instruments afin de mieux traiter ces questions dans le cadre d'une stratégie intégrée en matière d'environnement.

86.

Il faut que la Commission précise le degré de priorité qu'elle accorde à l'environnement parmi les priorités nombreuses et différentes dont elle doit tenir compte dans le domaine de la coopération au développement. Si l'environnement doit être considéré comme l'un des trois piliers du développement durable, la Commission doit alors faire en sorte que cette priorité politique se traduise effectivement en programmes et en projets environnementaux dans les documents de stratégie par pays, qu'elle dispose de compétences internes suffisantes en matière d'environnement et que des procédures claires pour l'intégration de l'environnement soient à la fois définies et respectées.

Recommandations

Établissement d'une stratégie environnementale intégrée et suivi de sa mise en œuvre

87.

La Commission devrait établir une stratégie intégrée concernant les aspects environnementaux de sa coopération au développement, fondée sur la nouvelle approche des questions d'environnement adoptée en 2005 dans le cadre de la politique de développement.

88.

La Commission devrait mettre en place un nouveau cadre opérationnel pour la mise en œuvre de sa stratégie en matière d'environnement et prévoir des indicateurs de performance et des mécanismes de coordination clairs pour sa mise en œuvre.

89.

La Commission devrait examiner si ses capacités internes sont suffisantes pour mettre en œuvre sa stratégie en matière d'environnement.

90.

Le manuel sur l'intégration de l'environnement devrait être terminé et approuvé dès que possible, et les mécanismes appropriés mis en place pour garantir la mise en œuvre systématique des procédures ainsi prévues.

91.

La formation, fondée sur le nouveau manuel, devrait être rendue obligatoire pour tous les agents occupant un poste clé, et des crédits suffisants devraient être affectés à cette fin.

92.

La Commission devrait mettre en place un système global pour l'examen de ses performances environnementales en effectuant une évaluation globale, en améliorant les systèmes d'évaluation des projets individuels et en exploitant mieux les données fournies par son système de contrôle externe.

93.

La Commission devrait revoir son système d'information financière interne afin de garantir l'enregistrement des dépenses liées à l'environnement dans le cadre de projets qui n'ont pas l'environnement pour objectif premier.

Amélioration de l'efficacité de l'intégration de l'environnement

94.

La Commission devrait veiller à ce que l'analyse et les recommandations des PEP récents soient suivies systématiquement et de façon transparente lors de l'élaboration des nouveaux DSP.

95.

La Commission devrait faire un effort particulier pour mieux intégrer l'environnement dans son soutien budgétaire direct, en particulier en veillant à ce que les évaluations stratégiques de l'environnement soient réalisées et en recherchant des possibilités d'inclusion d'indicateurs environnementaux.

96.

Des procédures spécifiques visant à garantir l'examen environnemental de tous les projets devraient être mises en place; elles devraient être contrôlées par des points de contact en matière d'environnement localisés dans les délégations et par les spécialistes de l'environnement d'EuropeAid.

97.

Des contrôles spécifiques devraient être mis en place en vue de garantir que des EIE sont entreprises dans chaque cas et que leurs recommandations sont suivies dans les plans de gestion de l'environnement et les conditions contractuelles.

Amélioration de l'efficacité des projets en matière d'environnement

98.

La Commission devrait accorder une priorité plus élevée à l'évaluation sur place des propositions de projets en matière d'environnement.

99.

La Commission devrait prendre d'autres mesures pour repérer et éliminer les goulets d'étranglement dans les procédures de passation de marchés.

100.

La Commission devrait envisager d'aider davantage les communautés locales à trouver des moyens durables d'utiliser les ressources naturelles.

101.

En vue d'améliorer l'impact et la durabilité, y compris le renforcement des capacités institutionnelles, la Commission devrait analyser l'efficacité des différents instruments d'aide dans le domaine de l'environnement. À titre de solutions de rechange de l'approche actuelle, consistant à financer des projets relativement à court terme, il faudrait envisager de recourir davantage aux programmes d'appui de la politique sectorielle, aux fonds en fiducie et au cofinancement avec le FEM, et de financer les projets traditionnels sur de plus longues périodes.

Le présent rapport a été adopté par la Cour des comptes à Luxembourg en sa réunion du 15 juin 2006.

Par la Cour des comptes

Hubert WEBER

Président


(1)  Ces questions clés ont été abordées en tenant compte, lors de l'audit, des lignes directrices de l'Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle (Intosai) sur l'audit des projets environnementaux.

(2)  La raison principale pour laquelle l'audit s'est concentré sur la sylviculture est que la Commission a une ligne budgétaire spécifique pour les forêts tropicales et autres (voir point 10). Bien qu'une facilité ACP-UE pour l'eau ait été spécialement créée en 2004, elle en est encore à une phase initiale de sa mise en œuvre.

(3)  Les deux autres piliers sont le bien-être économique et le développement social. Le développement durable est le plus souvent défini comme un «développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures de satisfaire les leurs» (Rapport Bruntland de 1987 sur l'environnement et le développement).

(4)  L'article 177 du traité CE stipule que le développement durable est un objectif de la coopération au développement.

(5)  Article 32 de l'accord de partenariat signé à Cotonou le 23 juin 2000 (JO L 317 du 15.12.2000).

(6)  Article 5 du règlement (CEE) no 443/92 du Conseil du 25 février 1992 relatif à l'aide financière et technique et à la coopération économique avec les pays en développement d'Amérique latine et d'Asie (JO L 52 du 27.2.1992, p. 1).

(7)  Annexe II du règlement (CE) no 1488/96 du Conseil du 23 juillet 1996 relatif à des mesures d'accompagnement financières et techniques (MEDA) à la réforme des structures économiques et sociales dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen (JO L 189 du 30.7.1996, p. 1).

(8)  Règlement (CE) no 2494/2000 du Parlement européen et du Conseil du 7 novembre 2000 relatif à des mesures visant à promouvoir la conservation et la gestion durable des forêts tropicales et des autres forêts dans les pays en développement (JO L 288 du 15.11.2000, p. 6).

(9)  Le document de travail des services de la Commission du 13 juillet 2005 intitulé «Proposition de déclaration conjointe du Conseil, du Parlement européen et de la Commission sur la politique de développement de l'Union européenne» envisageait qu'une «attention accrue soit portée à la dimension environnementale du développement durable en la “promouvant” de son statut de thème horizontal […] à celui d'un objectif explicite de l'aide de l'UE qui correspondrait à des priorités thématiques précises de l'aide communautaire».

(10)  La Commission a certes effectué une évaluation plus spécifique de la ligne budgétaire «Environnement et forêts tropicales», comme stipulé en 2004 dans la réglementation concernée.

(11)  En 2002, la Banque mondiale a mis en place un nouveau système de codage bidimensionnel. Chaque prêt est référencé à la fois par des codes thématiques et par des codes sectoriels. Les onze codes thématiques correspondent aux buts et aux objectifs des activités de la Banque et les douze codes sectoriels indiquent quels secteurs de l'économie bénéficient directement de son soutien. La gestion de l'environnement et des ressources naturelles constitue l'un des onze thèmes.

(12)  Depuis la fin des années 90, les pays en voie de développement ont élaboré des DSRP afin de donner un cadre aux politiques et aux programmes nationaux ainsi qu'à l'aide extérieure, dans le but général de réduire la pauvreté.

(13)  «Niveau et évolution des priorités environnementales dans les stratégies de réduction de la pauvreté: une évaluation de cinquante documents de réduction de la pauvreté». Documents du département de l'environnement, Banque mondiale, novembre 2003.

(14)  CAD/OCDE. Lignes directrices sur l'aide et l'environnement. No 2: «Bonnes pratiques pour les études et stratégies nationales concernant l'environnement». Le terme équivalent utilisé par la Commission est «profil environnemental par pays» (PEP).

(15)  Règlement (CE) no 2493/2000 du Parlement européen et du Conseil du 7 novembre 2000 relatif à des mesures visant à promouvoir la pleine intégration de la dimension environnementale dans le processus de développement des pays en développement (JO L 288 du 15.11.2000, p. 1).

(16)  Point 3.6 des conclusions du Conseil concernant une stratégie d'intégration des préoccupations environnementales dans la politique de coopération économique et de coopération au développement de la Communauté en vue de promouvoir le développement durable (8971/01).

(17)  Point 3.14 des conclusions du Conseil concernant une stratégie d'intégration des préoccupations environnementales dans la politique de coopération économique et de coopération au développement de la Communauté en vue de promouvoir le développement durable (8971/01).

(18)  Au moment de l'audit, un groupe institué par le CAD/OCDE travaillait sur l'utilisation des EES dans le cadre de la coopération au développement.

(19)  Les trois catégories prévues sont: A — Incidence environnementale élevée, B — Risques et opportunités potentiellement importants en matière d'environnement et C — Incidence environnementale faible.

(20)  Directive 85/337/CEE du Conseil du 27 juin 1985 concernant l'évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l'environnement (JO L 175 du 5.7.1985, p. 40), modifiée par la directive 97/11/CE du 3 mars 1997 (JO L 73 du 14.3.1997, p. 5).

(21)  Article 37 de la quatrième convention ACP-CEE signée à Lomé le 15 décembre 1989 (JO L 229 du 17.8.1991).

(22)  Lignes directrices sur l'aide et l'environnement du Comité d'aide au développement de l'OCDE. No 1: «Bonnes pratiques pour les études de l'impact sur l'environnement exercé par les projets de développement», Paris, 1992.


ANNEXE I

COMITÉ D'AIDE AU DÉVELOPPEMENT DE L'OCDE — CLASSIFICATION DES PROJETS

Code CAD5 (1)

Code SNPC (2)

Description

Précisions/remarques complémentaires concernant le champ d'application

410

 

Protection de l'environnement, général

Secteur non spécifié

 

41 010

Politique de l’environnement et gestion administrative

Politique de l’environnement, lois et réglementations et instruments environnementaux; institutions et pratiques administratives; planification de l’environnement et de l’utilisation des terres, procédures de décisions; séminaires, réunions; actions de préservation et de protection non spécifiées ci-dessous

 

41 020

Protection de la biosphère

Lutte contre la pollution de l’air, protection de la couche d’ozone; lutte contre la pollution marine

41 030

Diversité biologique

Y compris réserves naturelles et actions dans les régions environnantes; autres mesures visant à protéger les espèces menacées ou vulnérables dans leur habitat naturel (par exemple la protection des marécages)

41 040

Protection des sites

Se rapporte à un paysage culturel exceptionnel; y compris des sites et des objets d’une valeur historique, archéologique, esthétique, scientifique ou éducative

41 050

Prévention et lutte contre les inondations

Inondations de la mer et des rivières; y compris la lutte contre l’avancée et la montée du niveau de l’eau de la mer

 

41 081

Éducation et formation environnementales

 

41 082

Recherche environnementale

Y compris établissement de bases de données, inventaires et estimations des ressources naturelles et physiques; profils environnementaux et études d’impact lorsque le secteur ne peut être déterminé


(1)  Code du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE.

(2)  Code du système de notification des pays créanciers (SNPC).


ANNEXE II

PROJETS ENVIRONNEMENTAUX EXAMINÉS ET ÉVALUATION DE LEUR EFFICACITÉ

 

Pertinence

Réalisation

Résultats obtenus

Impact

Perspectives de durabilité

Pays/Région

Description du projet

Source de financement

Montant en euros

Date de démarrage du projet

Date d'achèvement du projet

Oui/non

Oui/partielle/s.o.

La plupart/certains/quelques-uns/s.o.

Élevé/moyen/faible/s.o.

Bonnes/Limitées

Botswana

Septième FED Faune sauvage

FED

6 400 000

20.12.1993

30.6.2004

oui

partielle

certains

faible

limitées

Botswana

Huitième FED Faune sauvage

FED

14 000 000

6.11.2001

31.12.2007

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Botswana

Centre de recherche de l'Okavango

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 500 000

29.12.1999

28.2.2005

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Botswana

Septième FED Sylviculture

FED

3 000 000

18.12.1992

30.6.2004

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Botswana

Huitième FED Sylviculture

FED

2 000 000

25.1.2000

6.3.2002

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Brésil

Corridors écologiques

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

7 000 000

1.5.2002

1.5.2007

oui

partielle

s.o.

s.o.

bonnes

Brésil

Programme «Politique des ressources naturelles» — PPRN

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

16 700 000

1.7.1995

30.6.2006

oui

oui

la plupart

faible

bonnes

Brésil

Réserves extractives — RESEX, phase II

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

7 000 000

22.11.2000

31.7.2007

oui

partielle

certains

faible

bonnes

Brésil

Développement durable du corridor économique Cuiabà-Santarem en Amazonie centrale: conciliation de la croissance économique et de la préservation à grande échelle de la forêt

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 497 295

17.9.2003

17.9.2006

oui

partielle

certains

faible

bonnes

Brésil

Projets de démonstration PD/A

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

4 000 000

20.9.1994

31.12.2003

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Brésil

Programme de recherche orientée, phase II

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

5 000 000

29.7.1998

28.2.2003

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Région de l'Afrique centrale

Ecofac

FED

72 450 000

1992

1.9.2004

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Région de l'Afrique centrale

Programme régional de gestion de l'information environnementale (PRGIE)

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

3 334 697

1.3.1998

7.4.2003

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Chine

Programme de coopération pour la gestion environnementale

Ligne budgétaire ALA

13 000 000

11.6.1998

30.9.2005

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Chine

Programme intégré de protection de l'environnement au Liaoning

Ligne budgétaire ALA

37 000 000

11.6.1998

30.6.2005

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Chine

Projet de gestion des forêts naturelles

Ligne budgétaire ALA

16 900 000

6.11.2001

31.10.2006

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Chine

Programme «Énergie et environnement»

Ligne budgétaire ALA

20 000 000

3.4.2002

31.3.2007

oui

partielle

s.o.

s.o.

limitées

Fidji

Programme environnemental

FED

8 500 000

31.12.2002

31.12.2005

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Gabon

Valorisation des aires protégées (PSVAP)

FED

4 700 000

31.12.2001

31.12.2006

oui

oui

la plupart

moyen

limitées

Gabon

Chasse villageoise et conservation

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 400 000

25.9.2003

25.9.2005

oui

oui

la plupart

moyen

limitées

Gabon

Appui régional à l'École nationale des eaux et forêts

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

4 410 000

1.12.2002

31.12.2006

oui

partielle

s.o.

faible

limitées

Gabon

Conservation par la valorisation des espèces phares

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 696 537

27.2.2003

26.2.2006

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Guatemala

Protection et gestion régionale des ressources côtières dans le golfe du Honduras

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 120 415

1.2.2003

31.1.2006

oui

partielle

certains

faible

limitées

Guatemala

Projet régional des moyens d'existence forestiers pour les pauvres: certification et développement du marché de la sylviculture durable en Amérique centrale

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

2 221 846

15.3.2003

15.3.2006

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Honduras

Proyecto de comanejo sustentable de la Biosfera Tawahka Asangni y parte sur de la Biosfera de Río Plátano

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 623 838

1.1.2005

1.1.2008

oui

s.o.

s.o.

s.o.

bonnes

Honduras

Programa de desarrollo y gestión sostenible de las cuencas de Honduras (Forcuencas)

Ligne budgétaire ALA

34 000 000

1.7.2004

1.7.2010

oui

partielle

s.o.

s.o.

bonnes

Honduras

Protección del bosque húmedo tropical Biosfera Tawahka Asangni

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

861 445

27.4.1999

31.12.2003

oui

oui

la plupart

élevé

bonnes

Indonésie

Amélioration de la gouvernance des ressources forestières et réduction de l'abattage illégal et du commerce qui y est associé avec la pleine participation de la société civile en Asie du Sud-Est (EIA/Telapak)

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

2 000 000

1.4.2005

31.3.2008

oui

s.o.

s.o.

s.o.

bonnes

Indonésie

Promotion de la gestion forestière durable, socialement équitable et économiquement viable en Indonésie par la mise en œuvre de systèmes de certification crédibles (LEI)

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

924 648

1.3.2004

28.2.2006

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Indonésie

Programme de développement de Leuser

Ligne budgétaire ALA

27 670 327

1.5.1995

1.11.2004

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Indonésie

Programme de lutte contre les incendies de forêt du sud Sumatra (SSFFMP)

Ligne budgétaire ALA

8 500 000

20.12.2001

20.12.2006

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Indonésie

Projet d'aide FLEGT CE-Indonésie (FLEGT)

Ligne budgétaire ALA

15 000 000

30.3.2005

30.3.2013

oui

s.o.

s.o.

s.o.

bonnes

Indonésie

Projet de gestion des forêts de Berau

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

7 926 767

1.4.1996

1.3.2002

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Indonésie

Projet de relais de la gestion des forêts de Berau (BFBP)

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

697 986

1.9.2002

30.6.2004

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Indonésie

Aménagement participatif du territoire pour la gestion durable des ressources forestières dans les îles Tanimbar en Indonésie orientale (Tanimbar)

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

991 905

1.11.2002

31.10.2005

oui

oui

la plupart

moyen

limitées

Indonésie

Gestion participative des ressources naturelles dans le Berau et le Bulungan

Ligne budgétaire ALA

17 000 000

27.3.2003

21.12.2010

oui

partielle

s.o.

s.o.

limitées

Indonésie

Centre de riposte à l'abattage illégal (ILRC)

Ligne budgétaire ALA

2 000 000

1.4.2001

1.2.2006

oui

oui

certains

faible

limitées

Mali

Lutte contre l'ensablement

FED

7 359 099

21.1.1994

30.9.2001

oui

oui

la plupart

élevé

bonnes

Mali

Lutte contre la désertification

FED

14 000 000

22.5.2001

31.12.2006

oui

oui

certains

moyen

limitées

Mali

Gestion intentionnelle des ressources (AGIR)

FED

2 000 000

1.7.2000

31.12.2005

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Maurice

Programme de soutien de la politique sectorielle relative au traitement des déchets liquides (AGIR)

FED

29 800 000

26.1.2004

31.12.2009

oui

oui

certains

moyen

bonnes

Maurice

Station de traitement des déchets liquides de St Martins

FED

16 700 000

15.4.1999

1.1.2005

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Maurice

Rodrigues antiérosion

FED

4 000 000

15.3.1999

30.6.2004

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Maurice

Programme régional d'éducation en matière d'environnement

FED

2 000 000

2.5.2000

31.12.2005

oui

partielle

s.o.

s.o.

limitées

Maurice

Appui aux programmes régionaux en matière d'environnement

FED

11 000 000

8.7.1993

31.12.2003

oui

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Maroc

Protection de la biodiversité des ressources en eau du bassin versant de la Moulouya

LIFE-Pays tiers

169 423

11.11.2002

31.12.2005

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Maroc

Projet de démonstration sur les stratégies de lutte contre la désertification dans les zones arides avec implication directe des communautés agropastorales locales en Afrique du Nord (Maroc et Tunisie)

MEDA-SMAP

3 446 678

2.9.2002

1.4.2007

oui

oui

la plupart

élevé

bonnes

Maroc

Amélioration de la qualité de l'air urbain — Tetouan

MEDA-SMAP

2 020 745

21.12.2001

30.9.2005

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Maroc

Protection et gestion participative des écosystèmes forestiers du Rif (Gefrif)

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 950 000

1.6.1998

30.9.2001

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Maroc

Création d'une maison de l'environnement pour les villes de Meckhnes et de Fes

LIFE-Pays tiers

320 000

24.11.1999

30.6.2003

non

partielle

quelques-uns

faible

limitées

Nicaragua

Café: un ejemplo de producción y consumo responsable

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 221 620

1.5.2003

20.4.2006

oui

partielle

certains

moyenne

bonnes

Région Pacifique

Gestion durable des sites globalement importants pour la biodiversité dans le Pacifique

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 293 032

6.9.2003

6.9.2007

oui

oui

s.o.

s.o.

limitées

Région Pacifique

Réduction de la vulnérabilité des États ACP du Pacifique

FED

7 000 000

1.4.2002

31.3.2006

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Région Pacifique

Réseau d'information sur l'environnement dans le Pacifique (PEIN)

FED

1 120 000

1.6.2000

31.12.2003

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Région Pacifique

Initiative «Coral Gardens»

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

543 040

29.7.2003

29.7.2005

oui

oui

la plupart

faible

limitées

Tanzanie

Intégration des rôles et des incitants communautaires dans l'écosystème

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

2 070 025

28.12.2004

31.3.2010

oui

s.o.

s.o.

s.o.

bonnes

Tanzanie

Projet de gestion de l'écosystème de Mahale

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

1 758 723

28.5.2003

28.5.2008

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Tanzanie

Projet du parc national Serengeti

FED

8 605 620

2.2.1994

30.6.2002

oui

oui

la plupart

moyen

bonnes

Tanzanie

Présevation biologique et gestion durable du système naturel du Mont Meru en Tanzanie

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

815 360

31.12.1999

30.11.2003

oui

oui

la plupart

élevé

bonnes

Tanzanie

Rénovation du réseau d'assainissement de Mwanza

FED

5 500 000

5.12.2000

31.12.2004

oui

oui

quelques-uns

faible

bonnes

Tanzanie

Programme spécial en faveur des régions confrontées à un afflux de réfugiés, septième FED

FED

19 295 768

5.9.1997

31.8.2003

oui

oui

certains

faible

limitées

Tanzanie

Aide aux réserves de chasse de Tanzanie

FED

1 980 000

20.2.2004

30.6.2009

oui

s.o.

s.o.

s.o.

limitées

Tanzanie

Projet de protection du rhinocéros noir de Selous

Ligne budgétaire «Environnement et forêts»

565 188

1.6.2000

31.5.2003

oui

partielle

certains

faible

limitées

Tanzanie

Programme d'approvisionnement en eau — Centres régionaux

FED

33 660 000

6.6.2003

1.12.2007

oui

s.o.

s.o.

s.o.

bonnes

Tuvalu

Programme d'aide au développement

FED

5 865 135

9.2.2000

31.12.2004

oui

oui

certains

faible

limitées

 

 

 

560 087 162

 

 

 

 

 

 

 


ANNEXE III

APERÇU DE L'EFFICACITÉ DES PROJETS

La présente annexe a pour objet de fournir au lecteur des informations générales sur les différents projets en matière d'environnement qui ont été audités dans chacun des pays/chacune des régions visité(e)s au cours de l'audit de la Cour. Elle n'a toutefois pas pour objet de tirer des conclusions sur l'efficacité globale des projets environnementaux dans un pays déterminé.

1.

Au Botswana, l'environnement n'était pas un secteur de concentration au sein du neuvième FED, mais des fonds importants avaient été consacrés à ce domaine dans le cadre de FED antérieurs. Bien que dans le huitième FED la Commission se soit efforcée de concentrer de plus en plus l'aide sur le renforcement des capacités institutionnelles dans le secteur de l'environnement, les résultats enregistrés jusqu'à présent sont limités. Le projet «Sylviculture» (2 millions d'euros) financé par le huitième FED a été clôturé après l'examen à mi-parcours, essentiellement en raison d'un manque d'engagement de la part des autorités du pays bénéficiaire en vue d'améliorer les pratiques de gestion et de mettre en place une nouvelle politique en matière de sylviculture. À l'époque de l'audit, un projet de renforcement des capacités institutionnelles de grande ampleur (14 millions d'euros, huitième FED) au Department of Wildlife and National Parks (DWNP) n'avait guère produit de résultats, là aussi en raison essentiellement d'un manque d'engagement de la part du pays bénéficiaire. Le projet vise à lutter contre la pauvreté et ses liens avec l'environnement par la promotion d'une gestion des ressources naturelles fondée sur les collectivités locales, mais il n'envisage pas clairement la contribution devant être apportée par le tourisme.

2.

Au Brésil, l'environnement constitue un domaine de coopération prioritaire du DSP 2001-2006, en particulier en ce qui concerne le soutien du Brésil dans ses efforts en matière de préservation et de développement durable de la forêt amazonienne. L'Union européenne est le deuxième contributeur par ordre d'importance au programme pilote de conservation de la forêt tropicale humide brésilienne (PPG7) (1). Le PPG7 a aidé le gouvernement brésilien à définir de nouvelles politiques en matière d'environnement ainsi qu'à renforcer les institutions concernées et la société civile. Il a également contribué à la création de zones protégées, à l'établissement du cadre administratif, à la délimitation et à la légalisation de 22 millions d'hectares de terres indigènes et à la mise en place de réserves extractives. De nouvelles approches en matière de prévention des incendies, d'agrosylviculture, de zonage écologique et environnemental et des plans intégrés de gestion environnementale ont été pilotés, et environ 160 projets de démonstration en développement des ressources naturelles ont été réalisés. Néanmoins, malgré ces précieuses contributions, la limitation de la déforestation en Amazonie n'a pas été réalisée.

3.

S'agissant du programme «Politique des ressources naturelles (PPRN)» et du projet «Réserves extractives (RESEX)», il est peu probable que tous les objectifs soient atteints dans les délais prévus, en raison de la lenteur de la mise en œuvre. L'efficacité des outils de gestion de l'environnement qui ont été élaborés dépendra de l'existence de la volonté politique pour les mettre en œuvre. Certaines déficiences structurelles des agences nationales chargées de l'environnement jettent le doute sur la durabilité des activités s'inscrivant dans le cadre du PPRN dans certains États sans financement complémentaire. Le projet RESEX a en partie perdu son statut de modèle de «conservation productive» en raison des retards qu'il a accumulés et de changements de contexte intervenus. La durabilité des réserves extractives n'est pas garantie compte tenu de leur dépendance par rapport au caoutchouc et aux noix du Brésil et du fait que les promoteurs du projet RESEX ne sont pas parvenus à convaincre les autorités brésiliennes de mettre en place des systèmes de transfert financier pour récompenser les «extractivistes» de leur contribution à la préservation de l'environnement. S'agissant des «projets de démonstration» et du «programme de recherche orientée» clôturés, d'autres phases — financées par d'autres donateurs — ont été nécessaires pour consolider les résultats et garantir la durabilité. La plupart des «projets de démonstration» n'étaient pas durables en raison de la courte période de mise en œuvre (trois ans) et du fait que leurs volets commerciaux n'étaient pas suffisamment développés. Malgré leur pertinence, les résultats du «programme de recherche orientée» n'ont généralement pas été exploités, de sorte que sa contribution au PPG7 a été limitée.

4.

En Chine, l'un des domaines prioritaires de coopération du DSP 2002-2006 est l'environnement et le développement durable, en partie compte tenu de la contribution accrue des taux de croissance économiques actuellement enregistrés en Chine aux gaz à effet de serre et au changement climatique. Les résultats des quatre principaux programmes en cours d'exécution ou récemment terminés sont variables. Le «programme intégré de protection de l'environnement au Liaoning» est, de façon générale, parvenu à améliorer l'environnement à l'exception du volet urbain. Le «programme de coopération pour la gestion environnementale» a produit un certain renforcement global des capacités dans le secteur public, mais les progrès en matière de sensibilisation et d'engagement de l'industrie ont été peu sensibles. Le «projet de gestion des forêts naturelles», plus récent, risque de ne pas atteindre ses objectifs très ambitieux. Le «programme énergie et environnement» en est toujours à un stade précoce, mais a connu des débuts difficiles. Les perspectives de durabilité sont bonnes, compte tenu de l'engagement vigoureux de la Chine en matière d'amélioration de la protection de l'environnement et du fait qu'elle possède les capacités institutionnelles et financières lui permettant de reproduire des projets pilotes ayant donné de bons résultats.

5.

Dans la région de l'Afrique centrale, l'environnement et la gestion durable des ressources naturelles constituent un domaine prioritaire de coopération de la stratégie régionale (septième, huitième et neuvième FED), mais pas des stratégies nationales des deux pays visités, le Congo (Brazzaville) et le Gabon. Le «programme régional de gestion de l'information environnementale (PRGIE)» a été prématurément clôturé en raison des mauvais résultats qu'il avait enregistrés. Dans le cadre du projet «Espèces phares», il n'a pas encore été possible d'accoutumer les gorilles à la présence de l'homme et l'activité touristique doit toujours démarrer. Les autres projets audités ont donné de meilleurs résultats. La rénovation de la station de recherche de Makokou (PSVAP 2) en a permis la réouverture. Le projet «Chasse villageoise» semble déjà avoir réduit le maraudage. Le programme régional de grande ampleur Ecofac a accru la prise de conscience de la nécessité de préserver la forêt équatoriale et a contribué à la sauvegarde d'importantes zones protégées, ainsi qu'à la mise en place de structures d'exploitation. Néanmoins, le manque de viabilité financière des zones protégées a pour effet que le programme Ecofac, qui a débuté en 1992, est à présent dans sa quatrième phase. Il doit traiter les difficultés relevant des phases antérieures, notamment le succès limité des mesures de développement rural, la nécessité d'exploiter le potentiel touristique, le braconnage, l'exploitation forestière légale et illégale en dehors des zones protégées et la nécessité d'un engagement plus marqué des autorités nationales. La durabilité du projet «Chasses villageoises» n'est pas non plus garantie, car elle est conditionnée par le financement de brigades mobiles, l'implication des autorités nationales et l'offre d'autres solutions économiques pour la population locale participant à la chasse commerciale.

6.

En Amérique centrale, la réduction de la vulnérabilité et l'amélioration de l'environnement constituent des domaines prioritaires de la coopération du DSP 2002-2006, la région étant très vulnérable aux catastrophes naturelles. S'agissant des trois pays visités, la gestion durable des ressources naturelles, en particulier de celles liées à l'eau et à la terre, constitue un domaine prioritaire de la coopération au Honduras, mais pas au Nicaragua et au Guatemala. Les deux activités les plus novatrices du projet «Consommation et production responsables du café» au Nicaragua (programme de culture du café à l'ombre et ouverture du marché en Espagne) n'ont pas donné de résultats tangibles. Au Honduras, la gestion durable du projet «Réserve de la biosphère de Tawahka Asangni» a eu une incidence notable sur la préservation de la réserve et l'amélioration des conditions de vie des populations locales. Toutefois, la gestion à long terme des réserves est confrontée à des défis excédant les capacités de l'ONG responsable de la mise en œuvre et d'un projet d'une durée de trois ans. Bon nombre des activités terminées ne seront pas durables sans un complément d'assistance technique et financière (2). Le projet «Gestion régionale des ressources côtières» aura également besoin d'un soutien complémentaire pour consolider les résultats et mener à terme les activités restant à achever.

7.

En Indonésie, la gestion des ressources naturelles, en particulier liées aux forêts, à l'eau et à l'environnement rural, a été identifiée comme l'un des domaines prioritaires de la coopération du DSP 2002-2006. Malgré leur pertinence, l'incidence des projets et leurs perspectives de durabilité sont incertaines ou douteuses dans la plupart des cas, car la pression globale sur l'environnement et sur les ressources forestières en particulier persiste et s'est même accrue ces dernières années, en raison de l'augmentation de la population et de l'exploitation commerciale aussi bien légale qu'illégale, la disponibilité de moyens publics pour poursuivre les activités n'étant généralement pas garantie. L'écosystème de Leuser est menacé par l'abattage illégal et par des plans de construction routière, et des mesures de protection constante seront nécessaires. La durabilité de la forêt de Berau est douteuse, en raison de difficultés en matière de droits de propriété locaux, de la poursuite de l'abattage illégal et de la menace pour la zone que constitueraient des activités d'exploitation minière pour lesquelles une concession a été accordée par les autorités. Toutefois, d'autres développements pourraient se répercuter positivement sur la durabilité, par exemple des projets récents visent à accroître l'appropriation par la population concernée ainsi que la participation des ONG locales et d'autres acteurs de la société civile.

8.

Au Mali, l'environnement ne constituait pas un secteur de concentration au sein des huitième et neuvième FED. Néanmoins, un financement important a été affecté dans le cadre des septième et huitième FED au projet «Lutte contre la désertification», qui a donné des résultats positifs, bien que des changements climatiques puissent toujours en hypothéquer la durabilité. S'agissant du projet AGIR, les populations locales ont de même accepté le projet dans ses principes et ont incorporé des activités environnementales dans les plans de développement des communes pour 2005-2009. Toutefois, il n'est pas encore certain que le projet a produit un changement d'attitude définitif des populations locales et la durabilité dépend de la bonne volonté des autorités locales à s'approprier les changements envisagés par le projet.

9.

À Maurice, l'environnement a constitué un secteur de concentration au sein des huitième et neuvième FED. De manière générale, l'aide a donné de bons résultats, en particulier la construction d'une importante station d'épuration des déchets liquides dans le cadre du huitième FED, suivie d'un appui à la politique sectorielle dans le cadre du neuvième FED. En général, les projets examinés en matière d'environnement régional dans l'océan Indien présentaient plus de problèmes. Le projet en matière d'environnement régional financé par le septième FED a permis d'obtenir des résultats immédiats limités avec le budget de 11 millions d'euros, bien que certaines études aient été utilisées ultérieurement dans le cadre du neuvième programme régional du FED. S'agissant du programme pilote d'éducation en matière d'environnement régional relevant du huitième FED, il reste à voir si tous les ministres de l'éducation nationale adopteront les programmes d'études pilotes élaborés dans le cadre du projet.

10.

Au Maroc, l'environnement ne constitue pas un domaine prioritaire de la coopération du DSP 2002-2006, bien qu'il prévoie certaines mesures de protection de l'environnement, notamment l'appui au secteur de l'eau via l'octroi des bonifications d'intérêts par la Banque européenne d'investissement. Les résultats des projets en matière d'environnement sont variables et leur durabilité n'est pas toujours garantie. Par exemple, les résultats du projet Gefrif étaient généralement positifs, mais l'approche participative lors de la phase ultérieure ne garantissait pas la participation de la population locale ni son appropriation du projet. Le projet «Amélioration de la qualité de l'air urbain» à Tétouan a abouti à une étude diagnostique concernant la réduction des émissions atmosphériques dans la région et à la mise en place d'un certain nombre de stations d'échantillonnage de la qualité de l'air ainsi que d'un laboratoire, dont la gestion est confiée à l'université de Tétouan. De la même façon, le projet «Lutte contre la désertification» s'est acquis la pleine collaboration de la population locale et a donné des résultats encourageants. Toutefois, les résultats et la durabilité du projet «Maison de l'environnement», qui est terminé, ont été très limités, car il n'a pas permis d'établir des partenariats à long terme en vue de promouvoir l'environnement à Fès et à Meknès.

11.

Dans la Région Pacifique, l'environnement a constitué un secteur de concentration au sein des huitième et neuvième FED. Il l'a également été dans le cadre du huitième FED dans les trois pays visités, Fidji, Kiribati et Tuvalu, mais ne l'est plus au sein du neuvième FED. Les projets en matière d'environnement examinés se sont soldés par tout un éventail d'avantages en matière d'infrastructure et de technologie pour les pays de la région. Toutefois, tous les résultats escomptés n'ont pas été obtenus. Une campagne de sensibilisation à l'environnement concernant la mise en place d'une décharge à Naboro, visant à accroître le recyclage et à faire accepter par la population les nouveaux tarifs pour l'élimination des déchets, n'a pas encore été organisée. La production des avantages environnementaux de l'ambitieux projet «Réduction de la vulnérabilité» nécessite davantage de temps pour exploiter les informations générées de manière pratique. Le système d'élimination des déchets solides de Tuvalu continue d'être très peu utilisé et ceux qui ne sont pas disposés à payer la redevance annuelle pour le service de gestion des déchets poursuivent leurs déversements sans discernement. Les perspectives de durabilité dans le Pacifique sont relativement bonnes, car les organisations régionales sont en mesure de poursuivre leur appui. Toutefois, la durabilité sera également tributaire d'une participation accrue de la population et d'une appropriation plus importante de sa part.

12.

En Tanzanie, une aide importante a été affectée au secteur de l'environnement dans le cadre des septième et huitième FED, mais il ne constitue plus un secteur de concentration au sein du neuvième FED. Le projet «Parc national Serengeti» soutenu par le septième FED a contribué à rendre le parc financièrement viable. S'agissant du principal projet en matière d'environnement, financé dans le cadre du septième FED, «Programme spécial pour les régions confrontées à un afflux de réfugiés» et du projet «Aide aux réserves de chasse du nord-ouest», financé dans le cadre du neuvième FED, de bons résultats ont été obtenus avec un budget limité, sous la forme d'améliorations de l'infrastructure et de la gestion. Toutefois, des progrès négligeables ont été enregistrés à ce jour dans la mise en place de zones de gestion de la faune sauvage fondée sur les collectivités locales en raison du manque d'engagement de la Wildlife Division. La Commission doit encore examiner pleinement les questions sensibles de gouvernance relatives à la délivrance non transparente de permis de chasse, dont le traitement, s'il est approprié, permettrait d'assurer la durabilité. Des questions de gouvernance analogues doivent être soulevées en ce qui concerne l'aide octroyée à la réserve de Selous afin de protéger le rhinocéros noir, qui est menacé d'extinction. Un projet de réseau d'assainissement à Mwanza n'a pas permis de réduire les taux de pollution des eaux se jetant dans le lac Victoria afin de les rendre conformes aux normes imposées, même si la situation est susceptible d'amélioration dès lors que des projets connexes seront mis en œuvre.


(1)  Ce programme a été créé lors du sommet de 1990 du groupe des sept pays les plus industrialisés (G7), dans le sillage des préoccupations croissantes suscitées par la déforestation rapide du bassin amazonien. Le gouvernement du Brésil a lancé le programme en 1992 au sommet de la Terre qui s'est tenu à Rio de Janeiro.

(2)  Un autre projet financé par la ligne budgétaire «Environnement et forêts» suit les activités de la réserve de la biosphère de Tawahka Asangni.


RÉPONSES DE LA COMMISSION

SYNTHÈSE

III.

À la suite de la signature, en décembre 2005, du consensus européen sur le développement, qui renforce l’importance des aspects environnementaux des politiques de développement, la Commission procédera à un réexamen et à une mise à jour de la stratégie d’intégration de l’environnement de 2001 afin de la rendre plus globale.

La Commission mettra en place un groupe de pilotage interservices consacré aux aspects environnementaux du développement. Ce groupe fournira des orientations et assurera une meilleure coordination. Pour ce qui est des besoins en personnel, il importe, lors de la fixation des priorités en matière d’utilisation des ressources limitées, de veiller, d’une part, à renforcer les capacités du personnel non spécialisé afin que celui-ci puisse gérer les procédures élémentaires d’intégration de l’environnement (examen environnemental ou screening) et, d’autre part, à garantir la disponibilité, sur demande, d’un soutien spécialisé dans ce domaine lors de l’identification et de la formulation des mesures. Le projet de manuel d’intégration de l’environnement est en phase d’achèvement. Certaines parties sont déjà utilisées et très fréquemment consultées. Entre novembre 2004 et la fin de l’année 2005, quelque 350 membres du personnel ont suivi une formation au siège ou dans les délégations. La Commission reconnaît la nécessité d’approfondir davantage les connaissances du personnel en la matière et envisagera de rendre des cours thématiques obligatoires pour le personnel clé.

Si des systèmes de suivi et d’évaluation bien développés existent déjà, la Commission examinera néanmoins les manières de diffuser les bonnes pratiques mises en évidence lors de l’évaluation des projets.

IV.

La Commission a systématiquement élaboré des profils environnementaux par pays (PEP) afin de mieux intégrer les questions environnementales dans la prochaine génération (2007-2013) de documents de stratégie par pays (DSP). L’incidence de ces PEP sur les nouveaux DSP dépendra toutefois, in fine, de l’importance que les pays partenaires accorderont aux problèmes d’environnement.

L’appui budgétaire général (ABG), axé sur la réduction de la pauvreté, la stabilité macroéconomique et l’amélioration de la gestion des finances publiques conformément aux différents engagements et dispositions juridiques (comme l’article 61, paragraphe 2, de l’accord de Cotonou), nécessite un large dialogue sur les stratégies de développement des pays partenaires. La Commission s’efforcera, le cas échéant, d’intégrer les questions environnementales dans ce dialogue. Pour ce qui est du soutien budgétaire sectoriel (SBS), les problèmes environnementaux particuliers peuvent être pris en considération dans le cadre du dialogue sectoriel ou de l’élaboration même des programmes. On peut également envisager un SBS axé sur l’environnement. La Commission tient compte de la dimension environnementale dans la révision en cours de ses manuels sur les soutiens budgétaires général et sectoriel.

L’examen environnemental (screening) des projets peut encore être amélioré. Un inventaire des évaluations des incidences sur l’environnement réalisées dans le contexte de projets de développement a été dressé. Celui-ci sera complété et mis à jour régulièrement.

V.

Compte tenu du contexte difficile dans lequel se déroule la coopération au développement, la Commission estime que les projets sont plutôt efficaces. Il ne faut pas perdre de vue le nombre important de facteurs intervenant lors de la mise en œuvre (notamment l’instabilité politique et les problèmes d’application de la loi) sur lesquels les gestionnaires de projet n’ont souvent aucune prise et qui réduisent la probabilité de voir atteints les objectifs escomptés et l’incidence voulue.

La plupart des actions dans le domaine de l’environnement visent, d’une part, à concilier objectifs de conservation et besoins de développement grâce au soutien à l’utilisation responsable des ressources naturelles ainsi qu’à certaines autres activités génératrices de revenus (comme le tourisme écologique) et, d’autre part, à renforcer les administrations locales chargées de la protection de l’environnement.

La Commission s’efforce d’améliorer les procédures d’évaluation préalable des projets ainsi que de rendre plus rapides les processus de sélection et de gestion des projets. La récente révision des procédures d’appel de propositions s’inscrit dans cette démarche.

La viabilité financière est un problème complexe commun à la plupart des projets de développement, à plus forte raison lorsque ceux-ci visent en premier lieu l’amélioration de l’environnement. La recherche actuelle de mécanismes de fourniture d’aide différents de l’approche projet classique (approches globales par secteur, programmes de soutien aux politiques sectorielles) se justifie, notamment, par un souci de durabilité des actions entreprises.

VI.

Les réponses de la Commission aux recommandations précises de la Cour figurent aux points 88 à 101.

STRATÉGIE DE LA COMMISSION CONCERNANT LES ASPECTS ENVIRONNEMENTAUX DE SON AIDE AU DÉVELOPPEMENT

9-13.

La Commission procédera à un réexamen et à une mise à jour de la stratégie d’intégration de l’environnement de 2001 afin de la rendre plus globale, en tenant compte des évolutions récentes comme la nouvelle politique de développement, la stratégie en faveur du développement durable et le programme thématique «Environnement et gestion durable des ressources naturelles, y compris l’énergie» (ENRTP).

Le nouveau consensus sur la politique de développement adopté en 2005 offre la possibilité d’une approche plus globale, étant donné qu’il intègre spécifiquement l’environnement et les ressources naturelles dans les secteurs de financement potentiels et constitue la première stratégie partagée avec les États membres et le Parlement dans ce domaine. L’ENRTP a un champ d’action plus étendu que son prédécesseur et est doté d’une enveloppe financière quelque peu supérieure. Outre des priorités d’action, il contient aussi des objectifs spécifiques destinés à promouvoir l’intégration de l’environnement dans les instruments géographiques. La préparation des PEP devrait par ailleurs contribuer fortement à ce qu’une partie appropriée du financement soit consacrée au secteur de l’environnement et des ressources naturelles, sur la base d’un dialogue avec les pays partenaires. La nouvelle stratégie insistera également sur le recours aux évaluations environnementales stratégiques prévues dans la déclaration sur la politique de développement, notamment en ce qui concerne la définition de critères et les procédures d’information.

Jusqu’ici, la cohérence entre les instruments géographiques et thématiques s’est révélée insuffisante. L’introduction de nouveaux instruments de coopération au développement permettra toutefois d’améliorer la situation. Ces derniers consacrent l’importance de la subsidiarité et de la complémentarité des programmes géographiques et thématiques.

En ce qui concerne les différences du niveau de financement en faveur de l’environnement entre les pays mentionnés par la Cour au point 13, on rappellera que la coopération au développement de la Communauté est régie par les principes de partenariat et d’appropriation des pays bénéficiaires. En d’autres termes, les priorités des mécanismes de coopération géographiques sont définies lors d’un processus de consultation, au cours duquel les pays partenaires bénéficiaires peuvent exprimer le souhait de consacrer davantage d’efforts aux secteurs sociaux comme la santé et l’éducation. Dans le cadre de ses relations bilatérales, la Commission continuera néanmoins de veiller à sensibiliser les pays partenaires aux questions environnementales. Les règlements spécifiques visant à promouvoir l’intégration de la dimension environnementale [règlement (CE) no 2493/2000] ainsi que la conservation et la gestion durable des forêts [règlement (CE) no 2494/2000] dans les pays en développement prévoient un cadre financier de respectivement 93 millions d'euros et 249 millions d'euros au cours de la période 2000-2006.

15-16.

La Commission a l’intention de mettre en place un groupe de pilotage interservices consacré aux aspects environnementaux du développement, en vue de rendre plus systématiques le suivi global du cadre opérationnel commun et la communication d’informations. Ce groupe viendra s’ajouter aux mécanismes de coordination interservices qui contribuent déjà à la mise en œuvre des différents aspects de la stratégie d’intégration de l’environnement. Il s’agit notamment des équipes de pays chargées du suivi de la programmation géographique, en association avec les bureaux régionaux de la DG Environnement, et du groupe interservices d’appui à la qualité (GIAQ), qui contrôle la qualité des documents de stratégie par pays et par région, notamment en ce qui concerne la bonne mise en œuvre de la stratégie d’intégration en question. Il existe par ailleurs une coordination interservices pour la supervision des activités de base du helpdesk«environnement» et pour la programmation et la mise en œuvre de lignes budgétaires thématiques.

17.

Les critères de performance portent essentiellement sur les aspects liés à la programmation, notamment sur le nombre et la qualité des PEP complets et sur la manière dont ceux-ci ont été traduits dans les DSP. La Commission travaille à l’élaboration d’un vaste ensemble de critères de performance.

18.

Le renforcement du personnel chargé de la gestion de l’aide extérieure constituait un des objectifs de la réforme de cette aide. Si des progrès ont été accomplis, la situation reste bien inférieure à celle de la moyenne des donateurs européens.

La Commission a pris des mesures pour organiser ses services de manière à pallier le problème du manque de ressources; elle a également réexaminé les questions liées aux effectifs dans la stratégie politique annuelle.

Des personnes de contact ont été désignées dans toutes les principales directions générales concernées. Un réseau de correspondants «environnement» a par ailleurs été mis en place au sein de la DG Relations extérieures. Les unités géographiques de la DG Environnement jouent, pour leur part, un rôle précieux en aidant la DG Relations extérieures à prendre dûment en compte la dimension environnementale dans la préparation des DSP. Quant au helpdesk«environnement», il fournit une expertise ponctuelle (voir points 19 à 22).

À la suite de la déconcentration de la gestion de l’aide extérieure, une personne de contact chargée des questions environnementales a été désignée dans la plupart des délégations de la Commission, la personne concernée exerçant néanmoins parfois des responsabilités dans d’autres domaines.

Les compétences thématiques d’EuropeAid ont été réorganisées en mars 2005 de manière qu’un soutien de qualité puisse être apporté efficacement aux délégations.

19-22.

Lorsque l’exercice de programmation du nouveau cycle de coopération (2007-2013) a débuté, le helpdesk avait repris ses activités, offrant formations et conseil aux responsables concernés. Bien qu’il n’ait encore que le statut de projet, le manuel d’intégration de l’environnement, et notamment les modèles de cahier des charges pour les profils environnementaux par pays et d’autres outils d’évaluation, a été fréquemment utilisé lors de l’exercice de programmation. Le helpdesk a traité plus de 160 demandes de conseil en 2005, la plupart concernant des questions de programmation.

Le retard enregistré en 2005 dans l’achèvement du manuel s’explique principalement par la nécessité de définir des modalités appropriées (efficaces et rentables) en vue de l’intégration de la dimension environnementale dans les nouveaux mécanismes de fourniture d’aide, ce qui, comme le reconnaît la Cour, constitue un problème auquel la plupart des donateurs sont toujours confrontés. Le CAD de l’OCDE effectue un travail parallèle sur l’élaboration d’outils d’évaluation environnementale des politiques, programmes et plans (de grande envergure).

Entre novembre 2004 et la fin de l’année 2005, quelque 350 membres du personnel de la Commission ont participé à une formation au siège ou dans les délégations.

23.

La plupart des onze réseaux thématiques coordonnés par EuropeAid ont cessé d’exister dans la forme qu’ils avaient alors à la suite de la réorganisation de l’Office en 2005. Une approche commune en vue de leur remise en service a été élaborée au début de l’année 2006. Celle-ci tient compte de la nouvelle situation découlant de cette réorganisation et du transfert, aux délégations, des responsabilités liées à la gestion de l’aide. Elle s’est traduite par le regroupement, dans des unités thématiques nouvellement créées, des compétences sectorielles auparavant réparties dans les différentes directions géographiques, l’objectif étant de renforcer la qualité des opérations. Cette nouvelle approche en matière de réseaux thématiques met l’accent sur les services aux délégations. Sur cette base, un certain nombre de mesures ont été prises, comme la consultation des correspondants «environnement» des délégations sur la proposition de manuel d’intégration de l’environnement.

24.

La Commission a donné la priorité, en 2003 et en 2004, à l’évaluation complète des règlements sur l’environnement et les forêts tropicales prévue par la base juridique des deux programmes. L’échantillon de projets sélectionnés pour la phase pratique de la partie environnementale de l’évaluation couvrait trente-cinq projets répartis dans seize pays.

25-26.

La Commission a lancé la création d’une base de données qui constituera un inventaire de toutes les évaluations de projets. Il sera possible d’y effectuer des recherches par mots clés, comme «environnement». De cette manière, les résultats pourront être examinés plus systématiquement.

Les rapports de suivi axé sur les résultats sont des documents concis ciblant les principales composantes d’un projet. Ils sont avant tout destinés à aider l’équipe de gestion du programme à prendre des décisions rapides.

27.

Le système de marquage du CAD que la Commission utilise permet de fournir des informations en matière d’environnement conformément aux directives du CAD. La Commission a entre-temps fait rapport au CAD sur les «marqueurs de Rio» pour les années 2003 et 2004.

Comme le souligne la Cour, le système d’information du CAD ne permet pas d’établir des rapports complets satisfaisant aux obligations d’information détaillée (encore en évolution) des conventions environnementales, notamment en ce qui concerne les montants des dépenses effectuées pour les actions d’appui aux différents objectifs des AME. La Commission s’efforce d’améliorer constamment la précision des informations fournies, en soutenant l’utilisation optimale des outils et des systèmes d’information existants.

ÉVALUATION DE L'EFFICACITÉ DE L'INTÉGRATION DE L'ENVIRONNEMENT PAR LA COMMISSION

29-35.

En dépit de certaines avancées, les progrès accomplis en matière d’intégration de l’environnement dans la programmation par pays n’ont pas été aussi rapides qu’ils auraient dû l’être. Néanmoins, des soixante pays ayant fait l’objet d’un réexamen en 2002, seuls deux ne disposaient d’aucun PEP à la fin de 2005. Dix-neuf avaient un PEP plus ou moins acceptable aux yeux de la Commission, vingt-quatre un PEP court (moins de dix pages), quatre étaient inclus dans un PEP régional et, pour les onze restants, la préparation d’un PEP était en cours ou envisagée. Si les PEP n’ont pas pu contribuer à l’intégration de l’environnement dans la première génération de DSP (2001-2007), ils constituent une bonne base en vue de la prise en compte de l’environnement dans la prochaine génération de ces documents.

L’adoption des DSP/DSR est en cours et des mécanismes interservices à l’échelle de la Commission permettent de vérifier si les recommandations des PEP sont bien intégrées dans les instruments de coopération géographiques. Le GIAQ, qui supervise l’ensemble des documents de stratégie par pays et par région, est chargé de garantir cette cohérence. Il n’en reste pas moins que les progrès dans ce domaine dépendent également de l’importance que les pays partenaires accordent à ces questions.

L’évaluation indépendante à mi-parcours prévue par le règlement (CE) no 2493/2000 et lancée par la Commission recommande également que l’intégration de l’environnement fasse l’objet d’une attention toute particulière dans le cycle de programmation au-delà de 2006. Le nouveau programme devrait tenir compte de cette recommandation. L’élaboration d’une approche globale plus cohérente en matière de renforcement des capacités dans les pays en développement y occupera une place plus importante.

La possibilité, pour les fonctionnaires des pays bénéficiaires, de participer aux formations dispensées dans les délégations par le helpdesk«environnement» (voir point 22) contribue à ce renforcement des capacités ainsi qu’à la sensibilisation à l’intégration de l’environnement dans ces pays (voir point 34).

Le processus d’élaboration des PEP, fondé sur une vaste consultation associant de nombreuses parties prenantes dans les pays bénéficiaires, devrait aussi nettement favoriser la sensibilisation à l’environnement et les capacités d’intégration.

En ce qui concerne les formations organisées au siège (voir point 35), pas moins de soixante-dix membres du personnel des DG chargées de la programmation ont participé, depuis novembre 2004, à des cours réguliers ou ciblés traitant des questions de programmation. On se référera également à la réponse au point 22.

Pour ce qui est des procédures de révision des aspects environnementaux des DSP, un réseau actif de correspondants «environnement» existe au sein de la DG Relations extérieures. La plupart d’entre eux travaillent dans les directions géographiques et, de ce fait, ont une vision tant des questions environnementales que des spécificités des différents pays.

Le renforcement de la coordination entre les DG opérationnelles contribuera à l’amélioration du niveau de contrôle actuel des DSP/DSR grâce aux synergies et au partage adéquat des responsabilités qu’il permettra d’assurer.

36-38.

L'ABG, axé sur la réduction de la pauvreté, la stabilité macroéconomique et l’amélioration de la gestion des finances publiques conformément aux différents engagements et dispositions juridiques (comme l’article 61, paragraphe 2, de l’accord de Cotonou), nécessite un large dialogue sur les stratégies de développement des pays partenaires. Les questions environnementales ne comptant généralement pas parmi les critères d’éligibilité et de paiement prévus par les programmes financés au titre de l’ABG, elles doivent faire l’objet d’une discussion dans le cadre d’un dialogue politique plus large.

Dans le cas particulier de la Tanzanie (encadré 5), la stratégie de réduction de la pauvreté de ce pays a une composante environnementale importante. C’est pourquoi le cadre d’évaluation de la performance applicable aux versements de fonds fait de la réalisation des actions liées à l’environnement un des éléments pris en considération par la Commission aux fins de l’appréciation de la mise en œuvre de ladite stratégie.

Pour ce qui est du soutien budgétaire aux secteurs sensibles du point de vue écologique (soutien budgétaire sectoriel), les problèmes environnementaux particuliers peuvent être pris en compte dans le cadre du dialogue sectoriel ou de l’élaboration même du programme. On peut également envisager un SBS axé sur l’environnement.

Les évaluations des incidences sur l’environnement (EIE) sont des outils précieux dont la Commission s’efforcera, le cas échéant, de promouvoir l’utilisation au niveau du dialogue politique.

La Commission tient compte de la dimension environnementale dans la révision en cours de ses manuels sur les soutiens budgétaires général et sectoriel. Dans ces manuels, ainsi que dans celui relatif à l’environnement, elle harmonisera la manière de gérer la relation entre questions environnementales et soutien budgétaire.

39-46.

L’examen environnemental (screening) des projets peut encore être amélioré. Le manuel d’intégration de l’environnement donnera des orientations appropriées ainsi que des indications plus cohérentes quant à ce processus.

Pour le reste, le fait que l’environnement apparaisse parmi un nombre (limité) d’autres sujets dans les fiches types de formulation et d’identification de projet n’empêche pas, en soi, que les questions environnementales soient dûment prises en considération lors de l’élaboration des projets.

En ce qui concerne le personnel affecté à la promotion de l’intégration de l’environnement, on se référera à la réponse au point 18. Il importe, lors de la fixation des priorités en matière d’utilisation des ressources limitées, de veiller, d’une part, à renforcer les capacités du personnel non spécialisé afin que celui-ci puisse gérer les procédures élémentaires d’intégration de l’environnement (examen environnemental ou screening) et, d’autre part, à garantir la disponibilité, sur demande, d’un soutien spécialisé dans ce domaine lors de l’identification et de la formulation des mesures.

Pour ce qui est de l’information sur les EIE, un premier inventaire, toutefois non encore exhaustif, des études d’incidences, essentiellement dans le secteur des transports, a été dressé en novembre 2005 avec le soutien du helpdesk«environnement» de la Commission. Cet inventaire sera complété et régulièrement mis à jour, de telle sorte que les informations intéressantes puissent être accessibles au personnel de la Commission et au grand public.

La délégation du Nicaragua, mentionnée dans l’encadré 6, est une délégation régionale qui couvre six pays et dont le personnel est réparti au Nicaragua, au Guatemala, au Costa Rica et au Panama.

ÉVALUATION DE L'EFFICACITÉ DES PROJETS EN MATIÈRE D'ENVIRONNEMENT ET DES FACTEURS EXERÇANT UNE INFLUENCE SUR L'EFFICACITÉ

50-56.

Compte tenu du contexte difficile dans lequel se déroule la coopération au développement, la Commission estime que les projets sont plutôt efficaces. Il ne faut pas perdre de vue le nombre important de facteurs intervenant lors de la mise en œuvre (notamment l’instabilité politique et les problèmes d’application de la loi) sur lesquels les gestionnaires de projets n’ont souvent aucune prise et qui réduisent la probabilité de voir atteints les objectifs escomptés.

La viabilité financière est un problème complexe commun à la plupart des projets de développement, à plus forte raison lorsque ceux-ci visent en premier lieu l’amélioration de l’environnement. La plupart des actions soutenues par la Communauté dans le domaine de l’environnement visent certes à concilier objectifs de conservation et besoins de développement en soutenant l’utilisation responsable des ressources naturelles par les communautés locales ainsi que certaines autres activités génératrices de revenus (comme le tourisme écologique) en vue de renforcer les administrations locales chargées de la protection de l’environnement. Toujours est-il que les bénéfices économiques que ces activités sont susceptibles d’apporter resteront vraisemblablement inférieurs à ce qui est requis pour garantir la viabilité financière des efforts de conservation tant que l’ensemble des services environnementaux locaux et généraux rendus par les zones de conservation n’auront pas été évalués de manière appropriée.

Au cours des dernières années, la Commission a pris des mesures destinées à accroître l’efficacité et la durabilité des projets et elle continuera à suivre avec attention les résultats obtenus dans le cadre des projets financés, afin d’améliorer encore la situation.

Encadré 10. La Commission estime que le tourisme écologique s’est bien développé, même s’il existe encore des possibilités en la matière. D’importants progrès ont été accomplis dans la lutte contre le braconnage tant dans les zones d’intervention protégées que dans les zones tampons. Les résultats limités de certaines mesures de développement sont davantage imputables au manque d’expérience ou de modèle en ce qui concerne ce type d’environnement physique et humain caractérisé par un degré de réceptivité très bas. Le programme Ecofac a fait appel à la collaboration de différentes équipes d’anthropologues spécialistes de ces environnements afin qu’il soit possible de trouver une solution à ce problème.

58-59.

La Commission s’efforce d’améliorer les procédures d’évaluation préalable des projets (voir point 63), ce qui devrait permettre une détection précoce des démarches trop ambitieuses ou de toute incohérence entre les objectifs d’un projet et les moyens envisagés, notamment en termes de durée. L’évaluation des délégations est capitale à cet égard. La qualité du cadre logique et l’existence des indicateurs objectivement vérifiables appropriés ont également leur importance. La participation active des communautés locales est une condition sine qua non de la sélection d’un projet; cet élément fait l’objet d’un examen approfondi lors de l’évaluation d’une proposition.

La Commission cherche par ailleurs à rendre plus rapides les processus de sélection et de gestion des projets. La récente révision des procédures d’appel de propositions s’inscrit dans cette démarche. Le transfert des responsabilités liées à la mise en œuvre aux délégations contribue beaucoup à l’amélioration de la situation.

Les objectifs poursuivis par les programmes en matière d’environnement, tout particulièrement en ce qui concerne les forêts, ne peuvent être atteints sur une courte période de temps. C’est pourquoi la durée maximale des projets financés au titre de la ligne budgétaire «Environnement et forêts» est désormais fixée à soixante mois.

60.

La règle «d + 3» visée à l’article 166 du règlement financier introduit en effet une contrainte temporelle dans la gestion de l’aide extérieure, puisque les contrats et conventions individuels (à l’exception de l’audit et de l’évaluation) mettant en œuvre les conventions de financement doivent être conclus au plus tard trois années à compter de la date de l’engagement budgétaire (le délai dit n + 1 étant compris dans le délai d + 3). Les conséquences de cette règle se feront sentir pour la première fois cette année, étant donné que le règlement financier est entré en vigueur le 1er janvier 2003. Cette règle est parfois perçue comme une source de difficultés dans la gestion de l’aide extérieure. La Commission a proposé de modifier l’article en question pour que les contrats puissent être conclus dans un délai allant jusqu’à cinq ans dans le cas de projets à long terme comportant de nombreuses phases.

61.

Il convient d’examiner l’étendue géographique des différents projets cas par cas, en tenant compte des facteurs inhérents à ces derniers ainsi que du contexte dans lequel ils s’inscrivent. Un champ d’action multirégional vise parfois la multiplication des retombées possibles à plus grande échelle.

62.

La Commission admet que les ONG et les consultants externes doivent mieux connaître ses procédures. Des séminaires régionaux sont organisés à cet effet. Par ailleurs, des efforts sont déployés en vue d’une simplification et d’une harmonisation des procédures en question.

63.

La Commission est consciente qu’il est nécessaire de prendre dûment en considération la situation réelle sur le terrain lors de l’évaluation préalable des projets. C’est pourquoi le Guide pratique des procédures contractuelles applicables aux actions extérieures de la CE, en vigueur depuis février 2006, accorde davantage d’importance aux observations des délégations de la Commission dans la phase d’évaluation des propositions de projets.

Encadré 11. Le projet de gestion des forêts naturelles (NFMP) peut apparaître trop ambitieux non seulement par son étendue géographique, mais aussi parce qu’il s’adresse aux services centraux de l’État dans un contexte d’action politique. Il ne faut cependant pas l’envisager de manière isolée. Le NFMP vient à l’appui d’un programme sectoriel plus vaste mené par le gouvernement central, le programme de protection des forêts naturelles (NFPP), qui vise à améliorer les systèmes de gestion des forêts à travers le pays. Le NFMP fait donc partie d’une série d’actions organisées au titre du NFPP en vue d’une amélioration de la gestion des forêts en Chine. Il bénéficie du soutien du NFPP et peut, par conséquent, être efficace dans une zone géographique assez étendue et dans un contexte d’action politique.

64-65.

Tout en souhaitant améliorer l’efficacité des procédures de préparation des projets, la Commission cherche à garantir que les études de faisabilité et l’élaboration du projet satisfassent à des normes de qualité élevées et respectent le principe d’appropriation. À cet égard, la nécessité de réaliser une évaluation ex ante des incidences sur l’environnement associant les parties prenantes peut également avoir des répercussions sur la durée de la phase de préparation.

En ce qui concerne les procédures d’appel de propositions applicables aux programmes thématiques, la Commission reconnaît que des retards sont intervenus entre le lancement de l’appel et la signature de la deuxième série de contrats. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que l’appel de propositions de 2001 était le premier lancé par la Commission dans le cadre des programmes thématiques relatifs à l’aide extérieure. Comme indiqué plus haut, la Commission a depuis lors tout mis en œuvre pour accélérer les processus de sélection et de gestion des projets, ce qui s’est déjà traduit par une amélioration sensible lors de l’appel suivant, lancé en 2003. La procédure d’appel de propositions introduite en 2006 prévoit un délai maximal d’un an entre l’ouverture d’un appel et l’établissement des contrats.

66.

Les procédures et règles de passation des marchés établies par la Commission ont pour objectif de garantir un niveau maximal de transparence et d’équité et de permettre la surveillance ainsi que le contrôle de la manière dont sont utilisés les deniers publics. La Commission reconnaît qu’il est possible de simplifier ces procédures afin d’améliorer la rapidité et l’efficacité de la fourniture de l’aide; elle a proposé des modifications du règlement financier en ce sens. Une première révision des procédures du règlement actuel, entrée en vigueur en février de cette année (voir le nouveau guide pratique), a déjà été effectuée par EuropeAid.

Encadré 12. La Commission estime que, en dépit du retard intervenu entre la présentation de la proposition et son approbation, le projet mené au Brésil a gardé toute sa pertinence, étant donné que les besoins et problèmes mis en évidence dans la proposition étaient toujours d’actualité lorsque le projet a débuté. Il importe d’éviter autant que faire se peut les retards dans l’approbation.

68.

La Commission partage le point de vue de la Cour quant à l’importance primordiale du renforcement des capacités dans les pays partenaires. Il s’agit en effet d’un objectif systématiquement poursuivi par la politique de coopération de la Communauté, même s’il est parfois difficile de procéder à une évaluation quantitative et qualitative des résultats obtenus en la matière. Les mesures de renforcement des capacités sont souvent axées sur l’échelon local (zone d’intervention du projet), ciblant les pouvoirs locaux ainsi que la société civile. Les activités qui visent les administrations centrales font, quant à elles, généralement partie d’opérations de plus grande envergure menées au titre des programmes géographiques. L’engagement et l’appropriation de la part des institutions bénéficiaires sont néanmoins indispensables pour que le travail de renforcement des capacités et des institutions produise tous ses effets.

69.

Lors de l’identification et de l’élaboration des mesures mises en œuvre dans le cadre des programmes géographiques, la Communauté veille toujours à ce que l’engagement politique du pays bénéficiaire soit le plus fort possible. Toutefois, en raison notamment du poids limité des questions environnementales par rapport aux autres priorités politiques des pays ou régions bénéficiaires, cet engagement n’est, en pratique, pas toujours aussi ferme et résolu que ce que ces derniers affirment et il arrive qu’il ne se traduise pas par une coopération et un soutien appropriés au niveau opérationnel.

70.

La situation que la Cour évoque dans ce point est directement imputable aux circonstances décrites au point 69 ainsi qu’à la mauvaise connaissance des procédures de la Commission dont il est fait état dans la réponse au point 62. La Commission insiste de plus en plus sur l’appropriation et la responsabilité des administrations partenaires lorsqu’il s’agit de la gestion des opérations, conformément aux dispositions applicables du règlement financier. La recherche actuelle de mécanismes de fourniture d’aide différents de l’approche projet classique (approches globales par secteur, programmes de soutien aux politiques sectorielles) se justifie, notamment, par un réel souci de durabilité des actions entreprises. La Commission est consciente des difficultés liées à la rotation du personnel et a, malheureusement, fait l’expérience des conséquences négatives de ces changements sur les projets/programmes, notamment ceux mis en œuvre dans les zones les plus reculées. Ce problème dépasse toutefois généralement le cadre du dialogue politique que la Communauté peut mener avec les pays bénéficiaires.

72.

Conformément à ses objectifs généraux de réduction de la pauvreté, la Commission veille constamment à ce que l’élaboration des projets et programmes tienne compte de la nécessité de créer des revenus pour les communautés locales, condition essentielle de la durabilité des mesures de conservation. Les possibilités de création de revenus dans les zones de conservation et alentour sont toutefois généralement limitées et insuffisantes pour permettre de couvrir les besoins en matière de développement local à long terme et de protection de l’environnement. Voir la réponse de la Commission aux points 50 à 56.

Par ailleurs, et plus important encore, les avancées soutenues par l’aide au développement de la Communauté dans ce domaine restent dépendantes des évolutions induites par les politiques nationales et internationales dans d’autres secteurs, d’où l’absolue nécessité de veiller à la cohérence des politiques liées au développement.

Une partie considérable du travail accompli au titre du programme Ecofac au cours des années d’intervention a été consacrée au tourisme et, plus largement, aux questions liées à la création de revenus [zones de chasse en Afrique centrale, tourisme au Congo (Brazzaville), au Gabon, en Guinée équatoriale et à São Tomé e Príncipe]. Toutes les infrastructures de tourisme écologique existant dans la zone d’intervention d’Ecofac ont été créées dans le cadre du programme.

73-74.

L’approche projet se prête mal à une évaluation conjointe avec les partenaires du développement des politiques et programmes environnementaux généraux menés par les pays partenaires et à un examen des retombées sur l’environnement des politiques en vigueur dans d’autres domaines. Les profils environnementaux par pays désormais réalisés dans le cadre de la préparation des documents de stratégie par pays sont toutefois destinés à mettre en évidence ces manquements afin qu’il puisse en être tenu compte lors de l’élaboration des mesures d’aide.

75.

Depuis 2001, les gouvernements centraux ne sont plus admis comme candidats ou partenaires dans le cadre des appels de propositions lancés au titre de la ligne budgétaire «Environnement et forêts» et ne peuvent, de ce fait, pas bénéficier de subventions. Ils ont néanmoins la possibilité de participer aux projets, notamment en tant qu’associés. Bien que cette participation ne soit pas fréquente, il conviendrait de l’encourager afin de garantir la durabilité des résultats des projets grâce à leur intégration dans les politiques générales.

76.

En ce qui concerne le soutien budgétaire direct, on se référera aux commentaires relatifs aux points 36 à 38.

77.

Il convient de consacrer davantage d’efforts pour mieux faire connaître les résultats des projets menés dans le cadre des programmes «Environnement et forêts» et de diffuser plus largement les enseignements qui en ont été tirés. Lors de l’évaluation d’une proposition, il importe de veiller à ce qu’une partie du budget soit bien prévue pour les questions liées à la diffusion et à la durabilité une fois les activités achevées. Pendant la réalisation du projet, il y a lieu d’établir, au cours de la dernière année, un véritable plan relatif à la diffusion et aux activités ultérieures. Le processus de déconcentration devrait également permettre aux autorités des pays bénéficiaires d’être mieux informées des résultats des projets.

Encadré 15. Le PPG7 est une question complexe depuis sa conception. En 1992, les sept plus grandes puissances économiques ont convaincu le Brésil, en tant que pays hôte de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, d’accepter la création du PPG7. À l’époque, le pays n’avait, dans son ensemble, pas conscience de l’urgence qu’il y avait à protéger l’environnement en Amazonie. Les structures et budgets appropriés n’existaient d’ailleurs pas dans les États concernés.

Le moment venu, le programme a contribué à la création du ministère de l’environnement et des agences de l’environnement dans les États en question. De nombreuses actions de formation ont également été entreprises, lesquelles n’ont pas toujours eu toutes les retombées positives escomptées, en raison d’une rotation importante du personnel.

Les différences culturelles et législatives considérables entre les différents États de l’Amazonie est également source de complications. L’État de Rondônia est ainsi le seul à avoir inscrit le zonage écologique et économique (ZEE) dans sa législation. Un autre État ne disposait d’aucune politique officielle en faveur du ZEE.

L’expérience a montré que les mesures axées sur la réglementation et la surveillance ne peuvent être mises en œuvre de manière efficace, la puissance publique étant pratiquement absente dans la région, alors même que la surveillance des cinq millions de kilomètres carrés que compte la forêt amazonienne, soit bien plus que les quatre millions de kilomètres carrés actuels de l’Union européenne, nécessiterait une présence publique très forte. Ce problème est progressivement résolu par la mise en place de contrôles aériens et satellites.

En dépit des efforts déployés par le ministère de l’environnement, il reste difficile de faire de la protection environnementale une politique horizontale associant également d’autres ministères, essentiellement en raison de pressions politiques en faveur de la croissance et de l’emploi.

78.

En ce qui concerne la viabilité financière des projets dans le domaine de l’environnement (protection, conservation, valorisation), on se référera aux réponses aux points 50 à 56 et 72.

79.

La Commission est consciente du problème et entend y apporter une solution dans la préparation du nouveau programme thématique pour la période 2007-2013, lequel souligne l’importance de la subsidiarité et de la complémentarité des programmes thématiques et géographiques.

80.

La Commission partage pleinement l’avis de la Cour à ce sujet et renvoie à nouveau aux réponses aux points 50 à 56 et 72. Elle veille particulièrement à garantir la cohérence des politiques au service du développement, afin d’éviter que certaines mesures n’aient comme effet d’encourager fortement la réalisation de bénéfices économiques à brève échéance, ce qui compromettrait les efforts de coopération en matière de conservation et les perspectives à long terme de ceux-ci.

Par ailleurs, en ce qui concerne l’exploitation clandestine des forêts (encadré 16), qui est bien souvent l’un des principaux facteurs hypothéquant la viabilité des projets financés par la Communauté, la Commission a mis en place un plan d’action intitulé «Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux (FLEGT)» (COM/2003/251 final). Ce plan représente une étape importante dans la bonne direction, à savoir vers une approche globale des questions environnementales, prenant en considération les retombées fondamentales, et souvent négligées, des comportements commerciaux sur la protection de l’environnement.

81.

 

a)

La Commission s’efforce d’améliorer les procédures d’évaluation préalable des projets, ce qui devrait notamment permettre de garantir une adéquation entre les objectifs et la durée de ces projets.

b)

On se référera à la réponse aux points 36 à 38.

c) et d)

La Commission procède actuellement à un réexamen de son soutien au travers de fonds fiduciaires et d’approches globales et attache une importance particulière aux questions de la visibilité, de la vérification et de la fourniture d’informations.

Encadré 16. Toutes les forêts naturelles de Chine se voient attribuer un quota d’abattage qui détermine la quantité de bois pouvant être abattue, d’une part, pour l’utilisation domestique et, d’autre part, pour la rénovation des habitations. Dans les zones relevant du projet de gestion des forêts naturelles (NFMP), il existe une interdiction d’abattage totale pour la province de Sichuan, mais pas pour celles de Hunan et de Hainan. Dans ces dernières, les forêts, décimées au fil du temps, ont été, ou sont en passe d’être, replantées avec des bambous (Hunan) ou des caoutchoucs (Hainan) qui sont exploités en toute légalité pour la production de bois ou de caoutchouc. Les zones plantées de bambous ou de caoutchoucs sont en propriété collective et jouxtent les forêts naturelles. Il a été signalé que certains fermiers empiètent sur les forêts naturelles lorsqu’ils abattent les arbres de leurs forêts collectives. À la connaissance de la délégation de la Commission en Chine, aucun arbre abattu clandestinement n’est utilisé dans l’industrie du bois. L’abattage commercial dans les provinces de Hunan et de Hainan n’a pas d’incidence sur l’efficacité du NFMP. En ce qui concerne la manière dont les populations locales utilisent la forêt, c’est précisément le rôle du NFMP de promouvoir des modes d’utilisation durables.

En Indonésie, la Commission a soutenu le programme de gestion des forêts de Berau, qui a instauré une gestion forestière durable, et a contribué à la protection des sites de recherche du programme STREK, créés à l’origine avec l’aide du CIRAD français.

Les activités d’extraction du charbon représentent toujours une menace. Néanmoins, le nouveau projet envisagé, intitulé «Planification participative des ressources naturelles à Berau et à Bulugan», offrira un cadre général d’aménagement intégré du territoire permettant aux assemblées de district d’effectuer, en toute connaissance de cause, les arbitrages nécessaires entre les utilisations concurrentes des terres.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

82.

À la suite de la signature, en décembre 2005, du consensus européen sur le développement, qui renforce l’importance des aspects environnementaux des politiques de développement, la Commission procédera à un réexamen et à une mise à jour de la stratégie d’intégration de l’environnement de 2001 afin de la rendre plus globale.

83.

Pour ce qui est des besoins en personnel, il importe, lors de la fixation des priorités en matière d’utilisation des ressources limitées, de veiller, d’une part, à renforcer les capacités du personnel non spécialisé afin que celui-ci puisse gérer les procédures élémentaires d’intégration de l’environnement (examen environnemental ou screening) et, d’autre part, à garantir la disponibilité, sur demande, d’un soutien spécialisé dans ce domaine lors de l’identification et de la formulation des mesures.

Le projet de manuel d’intégration de l’environnement est en phase d’achèvement. Certaines parties sont déjà utilisées et très fréquemment consultées. Entre novembre 2004 et la fin de l’année 2005, quelque 350 membres du personnel ont suivi une formation au siège ou dans les délégations. La Commission reconnaît la nécessité d’approfondir davantage les connaissances du personnel en la matière et envisage de rendre des cours thématiques obligatoires pour le personnel clé.

Si des systèmes de suivi et d’évaluation bien développés existent déjà, la Commission examinera néanmoins les manières de diffuser les bonnes pratiques mises en évidence lors de l’évaluation des projets.

84.

La Commission a systématiquement élaboré des PEP en vue de mieux intégrer les questions environnementales dans la prochaine génération (2007-2013) de DSP. L’incidence de ces PEP sur les nouveaux DSP dépendra toutefois, in fine, de l’importance que les pays partenaires accorderont aux problèmes d’environnement.

L’ABG, axé sur la réduction de la pauvreté, la stabilité macroéconomique et l’amélioration de la gestion des finances publiques conformément aux différents engagements et dispositions juridiques (comme l’article 61, paragraphe 2, de l’accord de Cotonou), nécessite un large dialogue sur les stratégies de développement des pays partenaires. La Commission s’efforcera, le cas échéant, d’intégrer les questions environnementales dans ce dialogue. Pour ce qui est du SBS, les problèmes environnementaux particuliers peuvent être pris en considération dans le cadre du dialogue sectoriel ou de l’élaboration même des programmes. On peut également envisager un SBS axé sur l’environnement. La Commission tient compte de la dimension environnementale dans la révision en cours de ses manuels sur les soutiens budgétaires général et sectoriel.

85.

Compte tenu du contexte difficile dans lequel se déroule la coopération au développement, la Commission estime que les projets sont plutôt efficaces. Il ne faut pas perdre de vue le nombre important de facteurs intervenant lors de la mise en œuvre (notamment l’instabilité politique et les problèmes d’application de la loi) sur lesquels les gestionnaires de projet n’ont souvent aucune prise et qui réduisent la probabilité de voir atteints les objectifs escomptés et l’incidence voulue. La Commission s’efforce d’améliorer les procédures d’évaluation préalable des projets.

La Commission insiste de plus en plus sur l’appropriation et la responsabilité des administrations partenaires lorsqu’il s’agit de la gestion des opérations, conformément aux dispositions applicables du règlement financier. La recherche actuelle de mécanismes de fourniture d’aide différents de l’approche projet classique (approches globales par secteur, programmes de soutien aux politiques sectorielles) se justifie, notamment, par un souci de durabilité des actions entreprises.

86.

La coopération au développement de la Communauté est régie par les principes de partenariat et d’appropriation par les pays bénéficiaires. En d’autres termes, les priorités des mécanismes de coopération géographiques sont définies lors d’un processus de consultation, au cours duquel les pays partenaires bénéficiaires peuvent exprimer le souhait de consacrer davantage d’efforts aux secteurs sociaux comme la santé et l’éducation. Dans le cadre de ses relations bilatérales, la Commission continuera néanmoins de veiller à sensibiliser les pays partenaires aux questions environnementales. Elle concentre ses efforts sur l’optimalisation de l’utilisation des ressources limitées dont elle dispose. À cet égard, les compétences thématiques d’EuropeAid ont été réorganisées en mars 2005 de manière qu’un soutien de qualité puisse être apporté efficacement.

87.

La Commission procédera à un réexamen et à une mise à jour de la stratégie d’intégration de l’environnement de 2001 afin de la rendre plus globale, en tenant compte des évolutions récentes comme le consensus européen sur le développement de décembre 2005, la stratégie en faveur du développement durable et le programme thématique «Environnement et gestion durable des ressources naturelles, y compris l’énergie» (ENRTP).

88.

La Commission mettra en place un groupe de pilotage interservices consacré aux aspects environnementaux du développement. Ce groupe fournira des orientations et assurera une meilleure coordination.

D’autres synergies seront créées grâce à la mise en place, par le Centre commun de recherche, d’un observatoire de l’environnement et du développement durable destiné à venir en appui à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique de développement de la Communauté.

89.

Il importe, lors de l’établissement des priorités en matière d’utilisation des ressources limitées, de veiller, d’une part, à renforcer les capacités du personnel non spécialisé afin que celui-ci puisse gérer les procédures élémentaires d’intégration de l’environnement (examen environnemental ou screening) et, d’autre part, à garantir la disponibilité, sur demande, d’un soutien spécialisé dans ce domaine lors de l’identification et de la formulation.

90.

Le manuel d’intégration de l’environnement devrait être approuvé en 2006 et transmis aux services de la Commission concernés à Bruxelles ainsi qu’aux délégations. Le respect de ce manuel sera vérifié dans le cadre des contrôles réalisés par le groupe d’appui à la qualité lors des phases d’identification et d’élaboration des mesures.

91.

La Commission reconnaît la nécessité d’approfondir davantage les connaissances du personnel et envisagera de rendre des cours thématiques obligatoires pour le personnel clé. Cette décision se prendra en parallèle avec celle portant sur l’attribution des fonds nécessaires à ces cours. La Commission examinera cette question en 2006.

92.

La Commission examinera la possibilité de réaliser une évaluation globale à ce stade ainsi que la faisabilité d’une meilleure exploitation des données provenant des systèmes de surveillance, en vue d’une amélioration des performances.

La Commission a lancé la création d’une base de données qui constituera un inventaire de toutes les évaluations de projets. Il sera possible d’y effectuer des recherches par mots clés, comme «environnement». De cette manière, les résultats pourront être examinés plus systématiquement.

93.

La Commission est consciente qu’elle doit déployer des efforts supplémentaires afin de renforcer sa capacité de fournir des informations aussi précises que possible sur les dépenses environnementales. Il y a toutefois des limites à ce qui peut être réalisé, notamment en ce qui concerne la possibilité d’isoler les dépenses en faveur de l’environnement effectuées dans le cadre de projets qui n’ont pas l’environnement comme objectif premier.

94.

Les orientations en matière de programmation applicables à la prochaine génération de DSP insistent sur l’analyse de la situation environnementale, fondée sur les PEP, et présentent quelques domaines d’action possibles (soit intégrés dans les secteurs de concentration, soit propres au secteur de l’environnement ou des ressources naturelles).

95.

Lors de la mise à jour des manuels concernés, qui devrait s’achever en 2006, la Commission réalisera un effort particulier en vue de mieux intégrer l’environnement dans ses opérations de soutien budgétaire direct grâce au dialogue sur les stratégies de réduction de la pauvreté qui accompagne l’ABG et, le cas échéant, grâce au dialogue de politique sectorielle et à l’élaboration des différents SBS (conditions d’éligibilité et de paiement).

L’EIE des politiques gouvernementales sera encouragée lorsqu’il y a lieu, notamment en ce qui concerne les approches ou le soutien budgétaire sectoriels relatifs à des secteurs plus sensibles sur le plan environnemental.

96.

Le manuel d’intégration de l’environnement contiendra des procédures d’examen environnemental. Leur application sera vérifiée dans le cadre des contrôles réalisés par le groupe d’appui à la qualité lors des phases d’identification et de formulation. La Commission examinera comment renforcer le rôle des délégations dans ce domaine d’une manière compatible avec la disponibilité actuelle et à venir de ressources humaines qualifiées, tout en tenant compte de la nécessité de ne pas aller à l’encontre des efforts actuels en matière de simplification des procédures. Il importe tout particulièrement de renforcer les capacités du personnel non spécialisé afin que celui-ci puisse réaliser l’examen environnemental (screening) et de garantir la disponibilité, sur demande, d’un soutien spécialisé.

97.

La plupart de ces contrôles seront réalisés au cours de la phase de formulation par le groupe d’appui à la qualité, qui a pour mission d’examiner la qualité et la cohérence des actions proposées, notamment en ce qui concerne la qualité et l’exhaustivité de toutes les études préliminaires et les dispositions contenues dans les projets de conventions de financement.

98.

La Commission est consciente qu’il est nécessaire de prendre dûment en considération la situation réelle sur le terrain lors de l’évaluation préalable des projets. C’est pourquoi le Guide pratique des procédures contractuelles applicables aux actions extérieures de la CE, en vigueur depuis février 2006, accorde davantage d’importance aux observations des délégations de la Commission dans la phase d’évaluation des propositions de projets.

99.

La Commission reconnaît qu’il est possible de simplifier les procédures afin d’améliorer la rapidité et l’efficacité de la fourniture de l’aide tout en garantissant transparence et équité. Elle a proposé des modifications du règlement financier en ce sens. Une première révision des procédures du règlement actuel, entrée en vigueur en février de cette année (voir le nouveau guide pratique), a déjà été effectuée par EuropeAid.

100.

Le futur programme thématique relatif à l’environnement et aux ressources naturelles, y compris en ce qui concerne l’énergie, encouragera les communautés locales à gérer leurs ressources de manière responsable et soutiendra l’intégration des actions en la matière dans les programmes géographiques.

101.

Dans le cadre de la révision de sa stratégie en faveur de l’environnement, la Commission envisagera la réalisation d’une étude portant sur les différents mécanismes d’aide possibles dans ce secteur, en se fondant sur sa propre expérience ainsi que sur celle d’autres donateurs et compte tenu des contraintes liées aux procédures ou à la législation en vigueur.