2.3.2023   

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Journal officiel de l'Union européenne

C 79/8


Résolution du Comité européen des régions sur l’Année européenne des compétences 2023

(2023/C 79/02)

LE COMITÉ EUROPÉEN DES RÉGIONS (CdR),

considérant la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à l’Année européenne de la jeunesse 2023, présentée par la Commission européenne (1),

1.

se félicite de la proposition de la Commission européenne de proclamer l’année 2023 «Année européenne des compétences» et en soutient les objectifs globaux en tant que contribution opportune et précieuse en vue de renforcer la résilience sociale, économique et territoriale, notamment au lendemain de la crise de la COVID-19 et dans le contexte de la guerre en Ukraine, et de répondre aux nouvelles exigences en matière de compétences, en particulier celles liées à la transition écologique et numérique;

2.

recommande d’associer étroitement les jeunes et les organisations de jeunesse à la planification, à la mise en œuvre et à l’évaluation de l’Année européenne des compétences, de manière à consolider les acquis de l’Année européenne de la jeunesse et dans un esprit d’intégration des jeunes;

3.

souligne qu’au vu de la difficulté de prévoir les tendances futures du marché du travail et le rythme des changements que celles-ci imposent dans le domaine de l’éducation et de la formation, une transformation profonde des mentalités et des comportements de toutes les parties prenantes revêt une importance capitale; espère, à cet égard, que l’Année européenne des compétences sera l’occasion de créer, en coopération avec tous les niveaux de gouvernance, un écosystème dynamique et créatif dans lequel les citoyens, et en particulier les jeunes, peuvent discuter des réponses à apporter en matière d’éducation et de formation pour faciliter cette transition, et les concevoir conjointement;

4.

attire l’attention sur le fait que l’Année européenne des compétences devrait être l’occasion d’investir dans la pérennisation de la politique en matière de compétences. Cette démarche, ainsi que la dimension numérique croissante de la vie professionnelle nécessitent un changement de paradigme concernant les palettes de compétences. Le CdR insiste, à cet égard, sur la nécessité d’encourager et de promouvoir les compétences adéquates en vue de la transition écologique et numérique, tout en préservant les compétences et savoir-faire traditionnels;

5.

attend de l’Année européenne des compétences qu’elle stimule la mise en œuvre de la stratégie européenne en matière de compétences de 2021, et qu’elle devienne une étape importante sur la voie de la réalisation des grands objectifs de l’UE fixés dans le plan d’action sur le socle européen des droits sociaux, qui prévoit que 60 % des adultes participent chaque année à des activités de formation et que le taux d’emploi atteigne au moins 78 % d’ici à 2030, ainsi que pour permettre aux femmes et aux jeunes d’intégrer ou de réintégrer le marché du travail et les aider dans cette démarche; espère, dans le même ordre d’idées, qu’en incitant les individus à améliorer leurs compétences et, partant, leur employabilité, l’Année européenne des compétences contribuera également à la réalisation du troisième grand objectif du plan d’action sur le socle européen des droits sociaux, à savoir réduire d’au moins 15 millions le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale;

6.

s’attend à ce que la mise en œuvre de cette Année européenne des compétences contribue à la réalisation du programme des Nations unies à l’horizon 2030 et de ses 17 objectifs de développement durable (ODD);

7.

espère que l’Année européenne des compétences sera l’occasion d’évaluer les progrès accomplis dans les différents territoires de l’Union en ce qui concerne les dispositions spécifiques de NextGenerationEU relatives à l’initiative phare «promouvoir la reconversion et la mise à niveau des compétences» (Reskill and upskill), ainsi que l’adaptation des systèmes d’éducation et de formation en vue de soutenir les compétences numériques et l’enseignement et la formation professionnels à tous les âges;

8.

souligne que la crise de la COVID-19 et les conséquences de la guerre en cours en Ukraine se sont traduites par des reculs considérables dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la santé mentale et du revenu disponible; demande, à cet égard, que l’Année européenne des compétences serve à promouvoir des mesures visant à lutter contre le chômage, y compris le chômage de longue durée et le sous-emploi, et à s’attaquer aux problèmes cruciaux des jeunes ne travaillant pas, ne suivant pas d’études ou de formation (NEET), ainsi qu’à la question essentielle de l’adéquation des compétences avec les besoins futurs;

9.

souligne que le mentorat peut être un outil précieux pour combler les déficits de formation et de compétences, réduire les taux de chômage et, à terme, les inégalités sociales, tout en favorisant la solidarité intergénérationnelle; à cet égard, appelle de ses vœux la mise en place d’un cadre européen de mentorat;

10.

attire l’attention sur l’importance de remédier au problème des pénuries de compétences, y compris dans les communautés éloignées ou peu peuplées, en s’appuyant sur le perfectionnement et la reconversion professionnels, l’apprentissage tout au long de la vie, l’éducation numérique, la formation et l’investissement dans les nouvelles technologies; estime que l’inclusion des compétences de base, qui sont transversales et complémentaires des compétences vertes et autres compétences de la vie courante, dans tous les programmes de formation et d’enseignement et de formation professionnels (EFP) permettra d’accroître la résilience sociale et l’employabilité tout au long de la vie, et de disposer d’une main-d’œuvre autonome, consciente d’apporter une contribution significative à la transition écologique;

11.

signale également que, pour réaliser les transitions écologique et numérique, il est indispensable d’investir dans le renforcement des capacités des personnes employées dans la fonction publique;

12.

rappelle que, dans la plupart des États membres, conformément au principe de subsidiarité et dans une perspective de gouvernance à plusieurs niveaux, les collectivités locales et régionales ont des responsabilités majeures en matière de politiques d’éducation et de formation et jouent un rôle stratégique dans les domaines des politiques de l’emploi; fait dès lors observer que les villes et les régions constituent l’échelon de gouvernance où les liens opérationnels entre les établissements d’enseignement et de formation et le marché du travail sont les plus forts et qu’ils devraient donc être financés, mis en œuvre et suivis à leur niveau;

13.

souligne qu’au-delà du rôle essentiel que jouent les collectivités locales et régionales, d’autres acteurs, parmi lesquels les organisations du secteur privé et du tiers secteur, devraient être associés à la mise en œuvre de mesures visant à garantir l’intégration ou la réintégration des personnes sur le marché du travail; estime que les systèmes de compétences et de formation devraient veiller, pour toutes les générations, à une meilleure adéquation des compétences aux besoins du marché de l’emploi, qui évoluent rapidement;

14.

demande que des mesures appropriées soient prises afin de mieux reconnaître les compétences acquises dans le cadre de l’éducation non formelle et de l’apprentissage informel, et de veiller à ce que ces compétences puissent être validées lors de l’entrée ou de la réintégration dans un parcours d’enseignement formel ou un emploi, ainsi que pour promouvoir des compétences transversales adaptées à l’évolution de la nature de l’emploi et encourager les compétences linguistiques;

15.

constate que le recours aux formations et à la reconversion varie considérablement dans l’ensemble de l’Union, ce qui entraîne des déficits et des inadéquations de compétences dans les régions européennes; invite à cet égard la Commission européenne à associer davantage les collectivités locales et régionales et tous les acteurs concernés, étant donné qu’une approche universelle s’avère inefficace;

16.

insiste sur la nécessité d’un dialogue permanent entre les partenaires européens, nationaux, régionaux et locaux afin de recenser les besoins locaux et régionaux spécifiques en matière de compétences; réitère sa demande d’une approche plus territoriale lors du suivi et de l’évaluation de l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Année européenne des compétences;

17.

reconnaît l’impact plus important que la politique de cohésion de l’UE peut avoir sur les compétences, notamment par l’intermédiaire du Fonds social européen (FSE) et du Fonds européen de développement régional (FEDER), en contribuant à recenser et à renforcer les domaines d’action stratégiques, en promouvant la cohésion sociale, en aidant tous les citoyens à concrétiser leur potentiel et leurs attentes professionnelles, et, d’une manière générale, en garantissant un impact positif à long terme sur la compétitivité de l’Union;

18.

est d’avis que, compte tenu de la nature transsectorielle de la politique des compétences et pour consolider durablement les acquis de l’Année européenne des compétences, il y a lieu d’enrichir cette dernière d’un objectif supplémentaire, à savoir réduire au minimum la fuite des cerveaux et optimiser leur afflux afin de contribuer à une plus grande cohésion territoriale; rappelle au demeurant l’importance de concevoir de nouvelles manières d’attirer une main-d’œuvre issue de pays tiers afin de pourvoir les postes vacants dans les secteurs qui en ont besoin, tels que les soins et la santé, ainsi que des travailleurs possédant des talents et des compétences particulièrement recherchées, une nécessité pour que l’Europe reste compétitive;

19.

se félicite de la place accordée à l’inclusion et reconnaît que les objectifs de l’Année européenne des compétences ne peuvent être atteints que s’il est tenu compte des besoins et des aspirations de toutes les personnes dans leur diversité. Cela vaut également pour les régions rurales, périphériques et moins développées, de manière à ne laisser personne de côté;

20.

salue la proposition de prévoir des réunions de coordinateurs nationaux pour organiser le déroulement de l’Année européenne des compétences, tout en veillant à ce que les collectivités locales et régionales aient leur mot à dire dans son élaboration, sa mise en œuvre et son évaluation; propose que le CdR soit associé, en qualité d’observateur, aux réunions des coordinateurs nationaux;

21.

souligne en outre que les collectivités locales et régionales devraient avoir accès à des possibilités de financement de l’UE visant à soutenir les initiatives locales et régionales en matière de compétences tout au long de l’année 2023 et ultérieurement;

22.

demande que les entrepreneurs et les travailleurs indépendants soient associés aux initiatives de perfectionnement et de reconversion professionnels, étant donné qu’ils jouent un rôle de premier plan pour stimuler l’innovation, créer des emplois et contribuer à une croissance durable;

23.

invite les collectivités locales et régionales à collaborer étroitement avec les établissements d’enseignement et l’industrie afin de contribuer à recenser les besoins du marché du travail local et régional et à y répondre, de manière à renforcer les possibilités pour les jeunes d’acquérir des compétences conduisant à des emplois décents et pérennes;

24.

souligne que l’évolution de la réalité du monde du travail due à la pandémie et aux transitions numérique et écologique touche en particulier les femmes. Par conséquent, l’inclusion d’une dimension d’égalité entre les hommes et les femmes dans cette double transition, la promotion de compétences adaptées aux besoins futurs et l’accès aux compétences numériques devraient faire partie intégrante de tous les efforts déployés dans le domaine de l’apprentissage tout au long de la vie. En outre, il convient de prendre en compte la dimension de genre et de lutter contre les préjugés sexistes lors de la conception et de la mise en œuvre des programmes de formation;

25.

s’attend à ce que l’Année européenne des compétences contribue à accélérer la réalisation d’un espace européen de l’éducation de manière à garantir à chacun une éducation de qualité. L’Union devrait renforcer la coordination entre les systèmes d’éducation et de formation et les différents programmes d’études, en tenant compte des besoins des citoyens et des exigences du marché du travail;

26.

demande d’accorder, dans le cadre de l’Année européenne des compétences, toute l’attention voulue aux compétences citoyennes en dispensant une éducation civique appropriée, de manière à doter les citoyens de tous âges des moyens nécessaires pour être ou devenir des citoyens actifs, participer pleinement à la vie démocratique et faire preuve de résilience face à la manipulation des médias, à la désinformation et aux discours haineux, y compris en ligne;

27.

souligne l’urgence de prendre des mesures de réforme pour adapter l’EFP et les apprentissages aux défis à venir, comme indiqué dans la proposition relative à l’Année européenne des compétences. Les écosystèmes régionaux et les guichets uniques existants doivent être encouragés afin d’améliorer l’accès à un enseignement et à une formation professionnels de qualité. Le renforcement de ces écosystèmes peut assurer la nécessaire continuité des initiatives politiques couronnées de succès et améliorer la liaison avec le soutien financier disponible dans le cadre du programme FSE+;

28.

attire l’attention sur le fait que l’éducation, la formation et l’EFP devraient être constamment mis à jour et guidés par une perspective en matière de compétences tournée vers l’avenir. Les collectivités locales et régionales peuvent contribuer à mettre en place des systèmes de suivi et des mécanismes d’anticipation et de mise en adéquation des compétences aux niveaux local et régional; estime à cet égard que la formation continue et l’EFP gagnent en résilience lorsqu’elles sont intégrées dans les stratégies économiques, industrielles et d’innovation, y compris celles liées à la reprise durable, aux transitions écologique et numérique et à la spécialisation intelligente;

29.

souligne que, compte tenu de l’urgence d’améliorer la performance énergétique des bâtiments dans le cadre de la transition écologique et de la crise énergétique en cours, il s’impose de manière impérieuse de se concentrer sur la reconversion et le perfectionnement de la main-d’œuvre active dans le secteur de la construction;

30.

attire l’attention sur le fait que la transition vers des véhicules numérisés et à émissions nulles aura une incidence considérable sur les écosystèmes automobiles et les structures socio-économiques des régions; dans le même ordre d’idées, fait observer que la décarbonation du transport routier aura de profondes répercussions sur la main-d’œuvre spécialisée dans le secteur automobile et équipementier, ce qui nécessite d’assurer en urgence la reconversion et le perfectionnement de 2,4 millions de travailleurs d’ici à 2030. Le CdR demande donc instamment la mise en place d’un cadre européen permettant d’anticiper et de gérer les changements dans ce secteur afin de garantir une transition juste et équitable pour les régions dotées d’un secteur automobile et équipementier. Des plans de transformation régionaux doivent être élaborés dans le cadre d’une étroite coopération entre les collectivités locales et régionales;

31.

note qu’alors que la numérisation et l’automatisation croissantes du secteur ferroviaire devraient se traduire par une augmentation de la demande de professionnels des TIC et de la cybersécurité, il y a lieu d’apporter des solutions efficaces à l’important déficit de compétences existant et à l’évolution des exigences en matière de compétences, notamment en mettant en place des programmes structurés de stages dans le secteur ferroviaire et en promouvant l’éducation dans les métiers du rail;

32.

rappelle que les centres d’excellence professionnelle jouent un rôle de catalyseurs pour l’investissement des entreprises locales en créant des écosystèmes de compétences, et qu’ils soutiennent une reprise durable, les transitions écologique et numérique, l’innovation régionale et l’innovation technologique pour les PME; souligne, à cet égard, qu’il importe d’associer les collectivités locales et régionales aux centres d’excellence professionnelle en tant que multiplicateurs desdits écosystèmes;

33.

insiste sur la nécessité d’accroître la capacité d’adaptation de l’EFP aux rapides métamorphoses de la société et du monde du travail, d’accélérer sa numérisation, de moderniser et de réinventer les méthodes pédagogiques et d’investir davantage dans les aptitudes et compétences des enseignants et des formateurs; souligne l’importance d’investir davantage dans le perfectionnement, la reconversion et la formation, en particulier après la crise de la COVID-19 — qui a accéléré de manière exponentielle la transition numérique dans l’éducation, mais aussi l’évolution des régimes de travail —, et à la lumière de la politique globale en matière de compétences au niveau européen;

34.

appelle de ses vœux une adoption rapide de la décision relative à l’Année européenne des compétences 2023 afin de permettre le déploiement d’activités dès le début de l’année;

35.

s’engage, compte tenu de ce qui précède, à contribuer à la réalisation des objectifs de l’Année européenne des compétences, y compris par la mise en œuvre du plan d’action que le Comité lui consacre;

36.

charge son président de transmettre la présente résolution à la Commission européenne, au Parlement européen, aux présidences suédoise et espagnole du Conseil de l’Union européenne et au président du Conseil européen.

Bruxelles, le 1er décembre 2022.

Le président du Comité européen des régions

Vasco ALVES CORDEIRO


(1)  COM(2022) 526 final.