LIVRE VERT Construire l'union des marchés des capitaux /* COM/2015/063 final */
Avant-propos Les priorités de
la Commission, celles de l'Europe, ce sont l'emploi et la croissance. Pour
faire repartir la croissance en Europe, nous devons relancer l'investissement
dans les entreprises et les infrastructures. Le programme d'investissement de
315 milliards d'euros permettra d'engager ce processus. Mais pour
renforcer l’investissement à long terme, nous devons construire un véritable
marché unique des capitaux: une union des marchés des capitaux couvrant
l'ensemble des 28 États membres. Par rapport à
d’autres régions du monde, les entreprises en Europe se tournent plus
volontiers vers les banques pour leur financement, et relativement moins vers
les marchés de capitaux. Des
marchés des capitaux renforcés joueraient un rôle complémentaire à celui des
banques en tant que source de financement et permettraient: ·
de
mobiliser davantage d’investissements pour toutes les entreprises, notamment
les PME, et pour des projets d’infrastructure; ·
d'attirer
dans l’Union européenne davantage d'investissements internationaux; et ·
de
rendre le système financier plus stable en élargissant l'éventail des sources
de financement. En substance,
notre tâche est de trouver des moyens de faire le lien entre les investisseurs
et les épargnants et la croissance. Une mesure unique ne suffira pas à mettre
en place une union des marchés des capitaux. Il faudra une série de mesures
qui, prises séparément, pourront être modestes, mais dont l'effet cumulé sera
significatif. Nous devons repérer et faire tomber les barrières qui séparent
l’argent des investisseurs des possibilités d’investissement et supprimer les
obstacles qui empêchent les entreprises de trouver des investisseurs. Nous
devons également nous doter d’un système pour l’acheminement de ces fonds — la
chaîne de l’investissement — qui soit aussi efficace que possible, tant au
niveau national qu'international. Quel est
l'enjeu? Voici quelques exemples illustrant les avantages potentiels. Les
entreprises de taille moyenne, qui sont les locomotives de nombreuses économies,
reçoivent cinq fois plus de financements sur les marchés des capitaux aux
États-Unis que dans l’UE. Si nos marchés du capital-risque étaient aussi
profonds que ceux des États-Unis, 90 milliards d'euros de fonds auraient
été disponibles entre 2008 et 2013 pour financer les entreprises. Si le niveau
des titrisations de prêts aux PME pouvait regagner — en toute sécurité — ne
serait-ce que la moitié du terrain qu'il a perdu par rapport à 2007, cela
pourrait représenter quelque 20 milliards d’euros de financement
supplémentaire. Il est vrai que
nombre des questions en jeu – la législation en matière d’insolvabilité et en
matière de titres financiers, le traitement fiscal — font l’objet de débats
depuis de nombreuses années. La nécessité d'avancer sur ce front est cependant
plus pressante que jamais. Il s'agit d'un projet à long terme, qui nécessitera
un effort soutenu durant de nombreuses années, mais il ne faut pas pour autant
renoncer à des progrès immédiats. Par conséquent, dans les mois à
venir, nous allons: ·
élaborer
des propositions pour favoriser une titrisation de haute qualité afin de
libérer suffisamment d'espace dans le bilan des banques pour qu'elles puissent
octroyer de nouveaux prêts; ·
réexaminer
la directive «prospectus» afin que les entreprises, en particulier les petites
entreprises, puissent plus facilement lever des fonds et trouver des
investisseurs à l'étranger; ·
lancer
les travaux visant à améliorer la disponibilité de l’information sur la
solvabilité des PME, afin que les investisseurs puissent investir plus aisément
dans celles-ci; ·
coopérer
avec le secteur pour mettre en place un régime paneuropéen de placement privé
afin d'encourager l’investissement direct dans les petites entreprises; et ·
soutenir
le recours aux nouveaux fonds européens d’investissement à long terme pour
canaliser l'investissement vers les infrastructures et d’autres projets à long
terme. Ce livre vert
marque le début d’une consultation qui durera trois mois. Nous souhaitons
recueillir l'avis des parlementaires, des États membres, de ceux qui
travaillent sur les marchés des capitaux et de tous les groupes concernés par
l’emploi, la croissance et les intérêts des citoyens européens. Ces
informations nous aideront à élaborer un plan d’action en vue de poser les bases
d’une union des marchés des capitaux, qui sera pleinement opérationnelle d’ici
2019. La voie à suivre
est claire: construire un marché unique des capitaux en partant de la base,
repérer les obstacles et les supprimer un à un, créer un nouvel élan et susciter
un sentiment grandissant de confiance permettant d'investir dans l'avenir de
l’Europe. La libre circulation des capitaux est l'un des principes fondamentaux
sur lesquels l’Union européenne s’est construite. Plus de cinquante ans après
le traité de Rome, nous devons saisir l'occasion de réaliser ce projet. Section 1:
Construire une union des marchés des capitaux Le principe de
libre circulation des capitaux a été inscrit dans le traité de Rome il y a plus
de cinquante ans. Faisant partie des libertés fondamentales de l’Union
européenne, il devrait être au cœur du marché unique. Or, malgré les progrès
accomplis, les marchés des capitaux demeurent aujourd'hui fragmentés et
généralement organisés selon des contours nationaux. Après une phase d’approfondissement,
le degré d'intégration des marchés financiers dans l’Union européenne a diminué
depuis la crise, banques et investisseurs se repliant sur leurs marchés
d'origine. Par rapport à
d’autres régions, le financement sur les marchés des capitaux est relativement
peu développé en Europe. Nos marchés des actions, de la dette et autres jouent
un rôle plus restreint dans le financement de la croissance, les entreprises
européennes restant très dépendantes des banques, ce qui rend nos économies
vulnérables en cas de resserrement du crédit bancaire. En outre, le niveau de
confiance des investisseurs est insuffisant et l’épargne européenne n'est
peut-être pas toujours utilisée de la manière la plus productive qui soit. Les
investissements européens sont très en dessous des normes historiques et les
marchés de capitaux européens sont moins compétitifs au niveau mondial. Pour permettre
un retour durable à la croissance et à la création d’emplois, il faut,
parallèlement à d'autres réformes visant à améliorer l’environnement des
entreprises, que les marchés des capitaux jouent un rôle plus important dans
l'apport de financements à l’économie. En pratique, cela suppose de recenser et
de lever les obstacles à la circulation des capitaux entre investisseurs et demandeurs
de financements, qu'il s'agisse d'obstacles internes aux États membres ou
d'obstacles transnationaux. La mise en place
d’une union des marchés des capitaux fait partie des initiatives clés du
programme de travail de la Commission. Elle assurerait une diversification des
modes de financement de l’économie et réduirait le coût du capital, surtout
pour les PME. Des marchés des capitaux plus intégrés, surtout en ce qui
concerne les titres de capital, augmenteraient la capacité d’absorption des
chocs de l’économie européenne et permettraient de développer l’investissement
sans accroître les niveaux d’endettement. Grâce à une infrastructure de marché
et à des intermédiaires performants, l'union des marchés des capitaux devrait
avoir pour effet d'accroître les flux financiers entre investisseurs et projets
d’investissement européens, ce qui améliorera l'allocation des risques et des
capitaux au niveau de l’UE et, en définitive, permettra à l’Europe de mieux
résister à de futurs chocs. C'est pourquoi
la Commission s’est engagée à mettre en place, d’ici à 2019, les composantes
d’une union des marchés des capitaux bien réglementée et intégrée, dont
feraient partie tous les États membres, afin que toute l'économie puisse
profiter au maximum des avantages que peuvent offrir les marchés de capitaux et
les établissements financiers non bancaires. L'union des
marchés des capitaux devrait permettre à l’Union européenne de progresser vers
une situation dans laquelle, entre autres exemples, les PME pourront obtenir
des financements aussi facilement que les grandes entreprises; il y aura
convergence, au niveau de l’UE, des coûts d’investissement et des possibilités
d’accès aux produits d’investissement; il sera de plus en plus simple d'obtenir
des financements sur les marchés de capitaux; et ceux qui voudront se financer
dans d'autres États membres ne se heurteront plus à des obstacles juridiques ou
prudentiels injustifiés. Ces changements contribueront à réduire la dépendance
à l’égard des financements bancaires, mais les banques, en tant que prêteurs à
une bonne partie de l’économie et en tant qu'intermédiaires sur les marchés,
resteront un acteur central au sein de l'union des marchés des capitaux et
continueront de jouer un rôle vital dans l’économie européenne. Ces défis ne
sont pas tous nouveaux, mais le besoin de croissance de l’UE fait qu'il devient
urgent d'y répondre. Cette urgence nous donne aussi l’élan nécessaire pour
avancer. Le présent livre vert a pour but d'ouvrir, au niveau européen et au
niveau national, un débat avec les colégislateurs, les autres institutions de
l’UE, les parlements nationaux et toutes les personnes intéressées, sur les
mesures à prendre dans l'immédiat et à plus long terme pour atteindre ces
objectifs. Une union des
marchés des capitaux n'est pas une union bancaire: l'approfondissement des
marchés de capitaux passera par des mesures qui seront bien distinctes des
éléments clés de l'union bancaire. Néanmoins, parce qu'elle vise à rompre le
lien entre défaillances bancaires et dettes souveraines dans la zone euro,
l’union bancaire fournira un socle stable sur lequel il sera possible de
s'appuyer pour créer une union des marchés des capitaux regroupant tous les
États membres de l’UE. De même, des marchés de capitaux bien intégrés
amélioreront la résilience de l’Union économique et monétaire. Une union des
marchés des capitaux devrait reposer sur les principes fondamentaux suivants: -
maximiser
les avantages que les marchés de capitaux peuvent apporter à l’économie, à
l’emploi et à la croissance; -
créer
un marché unique des capitaux pour l’ensemble des 28 États membres, en
supprimant les obstacles aux investissements transfrontières dans l’UE et en
renforçant les liens avec les marchés de capitaux mondiaux; -
partir
de bases solides en termes de stabilité financière, avec notamment, pour les
services financiers, un corpus unique de règles qui soit effectivement
appliqué, et de manière cohérente; -
garantir
aux consommateurs et aux investisseurs une protection effective; et -
contribuer
à attirer des investissements du monde entier et à accroître la compétitivité
de l’UE. 1.1 Créer
une union des marchés des capitaux La construction
d’une union des marchés des capitaux est un projet de long terme.
L'établissement d'un corpus de règles unique (dit «règlement uniforme») a déjà
commencé, un grand nombre de réformes essentielles[1] étant
en cours de mise en œuvre. L’approche de la Commission reposera sur une
évaluation des grandes priorités, tant du point de vue de leur faisabilité que
de leurs incidences probables, étayée par une analyse économique, une analyse
d’impact et des consultations approfondies. Sur la base de
cette consultation, la Commission s'efforcera d'identifier les actions
nécessaires pour atteindre les objectifs suivants: -
améliorer
l’accès au financement pour toutes les entreprises de toute l’Europe (en
particulier les PME) et pour les projets d’investissement tels que les
infrastructures; -
développer
et diversifier les sources de financement offertes par les
investisseurs dans l'UE et partout ailleurs dans le monde; et -
rendre
le fonctionnement des marchés plus efficace et plus efficient, en
mettant les investisseurs en relation avec ceux qui ont besoin de financements
à moindre coût, aussi bien au sein des États membres que par-delà les
frontières. La Commission a
entrepris une vaste consultation sur la nature des problèmes, les mesures qui
pourraient être prises et leur degré de priorité. Légiférer n'est peut-être pas
toujours la réponse la plus adaptée à ces défis; dans bien des cas, ce sera au
marché de trouver des solutions. Dans d’autres domaines, des mesures non
législatives, et l'application effective des règles régissant la concurrence et
le marché unique, pourraient constituer la meilleure option. La Commission
soutiendra les solutions venant du marché qui sont susceptibles d’être
efficaces, et les modifications réglementaires uniquement dans la mesure où
elles sont nécessaires. La suite du
présent livre vert est structurée comme suit. La section 2 décrit
l'organisation actuelle des marchés de capitaux européens et propose une
première analyse de certains des obstacles qui les empêchent d'être plus
profonds et plus intégrés. Une analyse plus détaillée figure dans le document
de travail des services de la Commission qui accompagne ce livre vert. La section
3 regroupe des questions sur les priorités politiques qu'il est proposé,
sur la base de la communication de la Commission intitulée «Un plan
d’investissement pour l’Europe»[2], de
poursuivre dans l'immédiat, parmi lesquelles la mise en œuvre du règlement sur
les fonds européens d'investissement à long terme (ELTIF), les titrisations de
qualité, les données de crédit sur les PME, les placements privés et la
révision de la directive sur les prospectus. La section 4 vise à
recueillir des avis sur les obstacles à l’accès au financement, le
développement des sources de financement, les moyens d'améliorer le
fonctionnement des marchés et les domaines dans lesquels les travaux entrepris
pourraient se poursuivre sur la base des réponses reçues. Parmi les obstacles
aux flux transnationaux de capitaux figurent par exemple des dispositions
législatives en matière d’insolvabilité, de droit des entreprises, de fiscalité
et de valeurs mobilières; dans chacun de ces domaines, une analyse plus
approfondie et un retour d’informations sont nécessaires pour déterminer
l’ampleur du problème, les solutions appropriées et le degré de priorité. Parce qu'elle
ouvrira davantage les marchés nationaux aux investisseurs, aux émetteurs et aux
intermédiaires, et qu'elle favorisera ainsi la libre circulation des capitaux
et le partage des meilleures pratiques, l'union des marchés des capitaux doit
aussi être vue comme un moyen d'aider les marchés à se développer au niveau
national. Le niveau de développement des marchés de capitaux étant inégal d'un
État membre à l'autre de l’UE et les différents États membres étant confrontés
à des défis spécifiques, les réponses politiques pourront nécessiter des
actions sur mesure au niveau national, basées, entre autres, sur les
recommandations spécifiques par pays formulées par la Commission dans le cadre
du semestre européen. La Commission invite les États membres à procéder aux
consultations nécessaires sur les défis spécifiques que présente le
développement de leur marché des capitaux et à enrichir le débat de leurs
conclusions. Section
2: Les défis actuels sur les marchés de capitaux européens 2.1 État
actuel des marchés de capitaux en Europe En dehors des
prêts bancaires directs, les marchés de capitaux sont le principal mécanisme
permettant la rencontre des investisseurs potentiels et de ceux qui cherchent
un financement; ils fournissent à l’économie un éventail diversifié de sources
de financement. Le graphique 1 schématise les flux de financements qui
irriguent l’économie. Bien que leur principale activité soit le financement
direct, les marchés de capitaux ont également des liens étroits avec les
intermédiaires financiers qui assurent souvent la circulation des fonds entre
épargnants et investisseurs. Graphique 1
Représentation schématique du rôle des marchés de capitaux dans l'ensemble du
système financier Les dernières
décennies ont vu les marchés de capitaux se développer dans l’UE. La
capitalisation boursière totale représentait ainsi 8 400 milliards
d’EUR (environ 65 % du PIB) fin 2013, contre 1 300 milliards en 1992
(22 % du PIB). La valeur totale de l’encours de titres de créance a
dépassé 22 300 milliards d’EUR (171 % du PIB) en 2013, contre
4 700 milliards (74 % du PIB) en 1992[3]. Néanmoins, les
marchés de l'UE sont encore très peu développés par rapport à ceux d’autres
régions du monde. Ils sont près de deux fois inférieurs en taille aux marchés
boursiers américains (en pourcentage du PIB) et pèsent trois fois et demie
moins lourd que les marchés suisses (graphique 2). Graphique 2: Capitalisation boursière et titres de créance (% du PIB) || || || || || Les États-Unis disposent aussi de marchés du capital investissement environ deux fois supérieurs en volume à ceux de l’UE, et de marchés de placements privés obligataires trois fois plus importants. Le développement des marchés de capitaux est toutefois très inégal d'un État membre à l'autre de l’UE. La capitalisation boursière dépasse ainsi 121 % du PIB au Royaume-Uni, contre moins de 10 % en Lettonie, à Chypre et en Lituanie. || || || Source: ECMI Statistical package. || || || || Graphique 3: Modes de financement des entreprises (en % du passif total) || Les entreprises européennes font traditionnellement davantage appel aux banques, les prêts bancaires jouant un rôle nettement plus important dans leur financement que l’émission de titres de créance sur le marché (graphique 3). Globalement, cette plus grande dépendance à l’égard des prêts bancaires rend l’économie européenne, et en particulier les PME, plus vulnérables en cas de resserrement du crédit bancaire, comme lors de la crise financière. || || || Source: Eurostat, OCDE. Remarque: les prêts incluent les prêts bancaires et les prêts interentreprises. || || || || L’accès aux
marchés de capitaux varie beaucoup en fonction du type d'entreprise et de
l'État membre. Les émissions d’obligations d'entreprises non financières ont
progressé de façon notable dans l'UE, en partie parce que la faiblesse des taux
d’intérêt a créé des conditions de marché favorables aux émetteurs
obligataires. Ces émissions sont toutefois, pour la plupart, le fait de grandes
entreprises, et non de PME. De plus, les émissions obligataires se sont
concentrées sur les grandes places boursières, et non sur celles où les
problèmes de financement des entreprises se posent avec le plus d'acuité. Avant la crise,
les marchés de capitaux de l’UE avaient commencé à devenir plus intégrés du
point de vue de la détention transnationale d’instruments financiers, mais
comme l'a révélé la crise, cette intégration découlait en partie de flux
d'endettement relevant de la banque de gros et donc sujets à de brusques
revirements en cas de choc. Les marchés d’actions dans l’UE restent
caractérisés par un tropisme national, ce qui signifie que les risques comme
les gains potentiels ne sont pas partagés d'un pays à l'autre. La détention
transfrontière de titres de créance reste également en deçà de ce à quoi l'on
s'attendrait sur un marché parfaitement intégré. Même les marchés nationaux les
plus performants de l’UE n'atteignent pas la taille critique qui leur permettrait
d'avoir plus d’investisseurs et un plus grand choix d’instruments financiers. 2.2 Défis
et opportunités liés à la mise en place d’une union des marchés des capitaux L’intégration et
le développement des marchés de capitaux de l’UE se heurtent à différents
obstacles découlant de facteurs historiques, culturels, économiques et
juridiques, dont certains sont profondément ancrés et difficiles à surmonter.
L'on peut par exemple citer la préférence historique des entreprises pour
certains modes de financement, les caractéristiques des régimes de retraite,
l’imposition de règles prudentielles et d'obstacles administratifs, certains
aspects de la gouvernance des entreprises et du droit des sociétés, les lacunes
en matière de données, les caractéristiques de nombreux systèmes fiscaux et le
manque d'efficience des structures de marché. Même sur les marchés de capitaux
les mieux intégrés, certaines de ces différences perdureront. Pour pouvoir
bénéficier de tous les avantages d’un marché unique des capitaux parfaitement
intégré, il est nécessaire de résoudre les problèmes qui se posent, notamment,
dans les trois grands domaines suivants. Premièrement, du
côté de la demande, l'une des priorités essentielles est d’améliorer l’accès
aux financements, y compris au capital-risque, surtout pour les PME (comme les
jeunes entreprises innovantes à forte croissance). Cela suppose, à terme,
de surmonter les problèmes d’information et de fragmentation de certains
segments clés du marché et de réduire les coûts d'accès aux marchés des
capitaux. De plus, le financement des projets à long terme, notamment des
infrastructures, se heurte à des obstacles spécifiques. Deuxièmement, du
côté de l’offre, le développement des marchés de capitaux dans l’UE dépendra de
l'attrait que les instruments des marchés de capitaux exerceront sur les flux
financiers. Stimuler l'afflux de capitaux d'investissement institutionnels
et de détail sur les marchés de capitaux favoriserait la
diversification des sources de financement. Le développement des régimes de
retraite professionnels et de l'épargne retraite individuelle en Europe
pourrait entraîner un afflux plus important de fonds vers un éventail plus
large d’investissements, via les instruments du marché des capitaux, et
faciliter l'essor du financement par le marché. Une confiance accrue des
investisseurs de détail dans les marchés de capitaux et les intermédiaires
financiers pourrait réorienter vers les instruments du marché des capitaux une
plus grande partie de l'épargne des ménages, actuellement détenue
essentiellement sous la forme de patrimoine immobilier et de dépôts bancaires.
Les marchés de capitaux européens y gagneraient ainsi en compétitivité et en
attractivité au niveau mondial, ce qui pourrait aussi avoir un effet stimulant
sur les flux d’investissements. Troisièmement,
pour qu'émergent des marchés de capitaux plus volumineux, mieux intégrés et
plus profonds, il faudra aplanir les obstacles qui fragmentent les marchés et
qui freinent le développement de certains segments de marché. Des marchés
plus performants permettraient à l’UE de bénéficier des avantages que
peuvent procurer des volumes plus importants et une plus grande profondeur.
Parmi ces avantages figurent une concurrence accrue, un choix plus large, une
baisse des coûts pour les investisseurs ainsi qu'une répartition plus
rationnelle et un meilleur partage des risques. Des marchés de capitaux plus
intégrés, surtout en ce qui concerne les titres de capital, augmenteraient la
capacité d’absorption des chocs de l’économie européenne et permettraient de
développer l’investissement sans accroître les niveaux d’endettement. Le bon
fonctionnement de ces marchés améliorera l'allocation des capitaux dans
l’économie en facilitant l'entrepreneuriat, la prise de risques et
l'investissement dans les infrastructures et les nouvelles technologies. Section
3: Priorités d'action immédiates La
Commission a recensé plusieurs domaines où la nécessité de progresser est
largement reconnue et où des effets positifs pourraient rapidement se faire
sentir. La présente section présente ces différentes possibilités et sollicite
l'avis des personnes intéressées sur des points précis dans chaque domaine. 3.1 Réduire
les entraves à l’accès aux marchés de capitaux Le prospectus
est un document détaillé destiné à informer les investisseurs sur la société,
sur les conditions de l'investissement et sur les risques encourus. C'est, pour
les entreprises en quête de financements, un passage obligé pour accéder aux
marchés de capitaux: la plupart des entreprises qui souhaitent émettre des
titres de créance ou de capital doivent en produire un. Il ne doit en aucun cas
constituer un obstacle injustifié à l'accès aux marchés de capitaux. La
Commission réexaminera la réglementation en vigueur en matière de
prospectus, dans le cadre d'une consultation publique spécifique lancée
parallèlement au présent livre vert, afin que les entreprises (notamment les
PME) puissent plus aisément lever des capitaux dans toute l’UE[4] et pour
donner un véritable élan aux «marchés pour la croissance des PME». Ce réexamen
portera sur les circonstances dans lesquelles un prospectus est nécessaire, sur
la rationalisation des procédures d'agrément et sur la simplification des
informations à fournir dans les prospectus. 3.2 Élargir
l'éventail des investisseurs accessible aux PME Les PME ont été
plus touchées que les grandes sociétés par les problèmes d'accès au financement
pendant la crise. Les informations relatives aux PME sont généralement
limitées et détenues par les banques; certaines PME ont les plus grandes
difficultés à atteindre la base plus large des investisseurs non bancaires
susceptibles de répondre à leurs besoins de financement. Une meilleure
information sur la solvabilité faciliterait la mise en place d'un marché des
capitaux performant et pérenne pour les PME. La définition d’un socle
minimal commun de données comparables pour l'information financière et
l'évaluation du crédit pourrait contribuer à attirer des financements vers les
PME. En outre, des informations normalisées et continues sur la qualité de
crédit pourraient faciliter le développement d’instruments de refinancement des
prêts, par exemple par titrisation, pour les PME. Des travaux ont
été entrepris sur l'évaluation du risque de crédit (credit scoring),
avec un large soutien des États membres. L'évaluation du risque de crédit
permet d'informer les investisseurs et les prêteurs de la solvabilité des PME.
Or, en Europe, environ 25 % des entreprises, et 75 % des entreprises
patrimoniales, n'ont pas de cote de crédit. Les actions envisageables dans ce
domaine pourraient participer à la diversification des sources de financement
des jeunes entreprises innovantes ou en forte croissance. Dans un premier
temps, la Commission prévoit de poursuivre ces travaux en organisant en 2015 des
ateliers consacrés à l’information sur la solvabilité des PME. 3.3 Mettre
en place un marché pérenne pour les titrisations La titrisation,
qui consiste à regrouper des actifs, par exemple des créances hypothécaires,
dans un portefeuille de titres placés ensuite auprès d'investisseurs, peut être
un moyen très efficace de transférer des risques et d'accroître la capacité de
prêt des banques. Cependant, cette activité n'a pas retrouvé ses niveaux
d'avant la crise, malgré les faibles taux de pertes enregistrés sur les
titrisations européennes. En 2014, les titrisations n'ont représenté que
216 milliards d'EUR en Europe, contre 594 milliards en 2007[5].
Au niveau de l'UE, un marché pérenne caractérisé par des titrisations de
haute qualité, reposant sur des instruments de titrisation simples,
transparents et normalisés, pourrait faire le lien entre banques et marchés de
capitaux. Comme en atteste
l'adoption récente d'actes délégués sur Solvabilité II et sur l’exigence de
couverture des besoins de liquidité, des travaux sont déjà en cours pour
définir une approche prudentielle globale et cohérente pour les titrisations
simples, transparentes et normalisées. Outre ces initiatives, les banques
centrales, les autorités de surveillance, les autorités nationales et les
représentants du secteur privé plaident pour une approche plus globale de la
relance de la titrisation dans l’UE. Pour les
investisseurs, une initiative à l’échelle de l’UE doit nécessairement garantir
l'application de normes exigeantes, la sécurité juridique et la comparabilité
des instruments de titrisation. Le cadre mis en place devra accroître la
transparence, la cohérence et la disponibilité des informations essentielles,
notamment dans le domaine des prêts aux PME, et promouvoir le développement de
marchés secondaires pour faciliter les émissions de titres et les
investissements. Parallèlement au présent livre vert, la Commission lancera
une consultation sur des mesures spécifiques visant à atteindre ces objectifs. 3.4 Stimuler
l’investissement à long terme Les
investissements dans l’UE ont considérablement chuté par rapport au pic atteint
en 2007 et ils restent en-dessous des normes historiques. La Commission
européenne a déjà annoncé un plan d’investissement qui libèrera au moins
315 milliards d’euros d'investissements publics et privés pour l’économie
au cours des trois prochaines années au moyen du nouveau Fonds européen pour
les investissements stratégiques (Fonds ESI)[6] et elle
a publié une communication sur le financement à long terme de l’économie
européenne qui définit une série de mesures visant à stimuler l'investissement.
Le cadre réglementaire des fonds européens d'investissement à long terme
(ELTIF), récemment finalisé, permettra aux investisseurs d'injecter de l'argent
dans des entreprises et des projets d'infrastructure à long terme. Les ELTIF
devraient être particulièrement intéressants pour les investisseurs tels que
les compagnies d’assurance ou les fonds de pension qui ont besoin de flux de
revenus réguliers ou qui visent une croissance du capital à long terme. Vous
êtes invités à vous prononcer sur le rôle que la Commission et les États
membres pourraient jouer pour soutenir l’implantation des ELTIF,
notamment l’extension éventuelle aux ELTIF d’avantages existant dans les
régimes nationaux. 3.5 Développer
des marchés européens de placements privés Les
placements privés sont pour les entreprises un moyen de lever des fonds,
consistant à offrir des titres à un investisseur ou à un petit groupe
d’investisseurs ailleurs que sur les marchés organisés. Ils peuvent offrir aux
entreprises un meilleur rapport coût-efficacité pour lever des fonds et
élargir les possibilités de financement des moyennes et grandes entreprises
et, potentiellement, des projets d’infrastructures. Les entreprises
européennes moyennes accèdent au marché américain des placements privés depuis
de nombreuses années et elles y ont levé 15,3 milliards de dollars en
2013[7]. Depuis
le début de la crise financière, les placements privés ont connu un succès
croissant en Europe et certains États membres ont développé des marchés de
placements privés. En particulier, les marchés français et allemand de
placements privés ont fourni près de 15 milliards d’euros d'emprunts
en 2013. Mais les différences entre les législations nationales en
matière d’insolvabilité et l’absence de procédures standardisées, de
documentation et d'informations sur la qualité de crédit des émetteurs
constituent des obstacles au développement de marchés paneuropéens. En tant que
première étape vers la mise en place de marchés européens de placements privés,
un consortium d’organismes du secteur a établi un guide sur les pratiques de
marchés communes et sur des principes et des documents standardisés pour les
placements privés compatibles avec la diversité des cadres juridiques. Ce guide
a été publié récemment et les premières émissions devraient suivre rapidement.
La Commission se félicite de cette approche conforme à une logique de marché,
qui pourrait contribuer à faciliter la création prochaine d’un marché européen
de placements privés. Questions 1)
Outre les cinq domaines prioritaires définis pour des actions à court terme,
quels autres domaines devraient être prioritaires? 2)
Quelles mesures complémentaires concernant la disponibilité et la normalisation
des informations sur la solvabilité des PME pourraient favoriser
l'approfondissement du marché du financement des PME et des start-ups et
l'élargissement de la base d’investisseurs? 3)
Comment soutenir les ELTIF afin d'encourager le recours à ces fonds? 4)
Quelle action de l’UE serait nécessaire pour contribuer au développement des
marchés de placements privés, outre le soutien aux efforts issus du
secteur privé en vue de convenir de normes communes? Section
4: Les mesures de développement et d'intégration des marchés des capitaux Pour pouvoir
bénéficier des avantages d’un marché unique des capitaux parfaitement intégré,
il est nécessaire de résoudre les problèmes qui se posent, notamment, dans les
trois grands domaines suivants: -
améliorer
l’accès au financement pour toutes les entreprises de toute l’Europe (en
particulier les PME) et les projets d’investissement tels que les
infrastructures; -
développer
et diversifier les sources de financement offertes par les
investisseurs dans l'UE et partout ailleurs dans le monde; et -
rendre
le fonctionnement des marchés plus efficace, en mettant les
investisseurs en relation avec ceux qui ont besoin de financements plus
efficients et à moindre coût, aussi bien au sein des États membres que par-delà
les frontières. 4.1
Améliorer l’accès au financement Compte
tenu de la taille et de l'importance des marchés des actions et des
obligations, leur bon fonctionnement sera crucial pour assurer l’efficacité de
l'union des marchés des capitaux et un accès au financement le plus large
possible. Toutefois, il existe toutefois d’importantes frictions dans les flux
de financement, en particulier pour les entreprises de petite ou moyenne
taille, et pour les projets à long terme, tels que les infrastructures, qui
sont essentiels pour augmenter la capacité de production et la croissance
économique. Ces problèmes de financement sont particulièrement prononcés dans
les États membres qui ont été les plus touchés par la crise. Les PME
ont toujours été essentiellement tributaires des financements bancaires. Lors
de la crise, les décisions de prêt des banques sont inévitablement devenues
plus sélectives, en raison à la fois des contraintes pesant sur les bilans des
banques et du plus grand risque de défaillance des emprunteurs. Tandis que les
marchés de capitaux peuvent compléter les banques dans les prêts qu'elles
octroient aux PME, la diversité de ces dernières et le peu d’informations sur
leur solvabilité font que, souvent, des prêts reposant sur la relation avec le
client sont mieux adaptés. D'autres
sources de financement peuvent toutefois jouer un rôle important, en
particulier pour les start-ups et les petites entreprises à croissance
rapide dans des secteurs innovants. Ces entreprises ne disposent
généralement que de flux de trésorerie faibles au départ et sont tributaires
des financements externes pour développer leur activité. Le financement
bancaire, ainsi que d’autres instruments financiers, comme la
location-financement et l’affacturage, sont souvent difficiles d’accès ou insuffisants
pour les entreprises possédant des immobilisations incorporelles significatives
qui ne peuvent pas facilement être utilisées comme garanties pour obtenir des
prêts bancaires. L’accès aux
marchés de capitaux est coûteux, non seulement pour les PME mais également pour
les entreprises de taille moyenne, qui sont plus susceptibles que les
PME d'emprunter sur ces marchés. Les émissions d'actions et de titres de
créance sont caractérisés par des coûts fixes importants liés au devoir de
diligence et aux exigences réglementaires. Parmi ces coûts, on compte ceux liés
à la divulgation des informations requises par les investisseurs ou les
autorités de surveillance, au respect d’autres exigences en matière de
gouvernance d’entreprise et à la demande de notations externes. En outre, les
entreprises à un stade précoce de leur développement peuvent avoir un intérêt
commercial à ne pas divulguer des informations détaillées sur leur plan
d’entreprise. Elles peuvent être réticentes à abandonner le contrôle ou à faire
face à une surveillance externe accrue. Ces aspects empêchent souvent les
petites et moyennes entreprises d’accéder aux marchés publics des actions et de
la dette, les dirigeant surtout vers des marchés privés moins standardisés,
plus complexes et souvent plus coûteux. Les
grandes entreprises ont généralement une taille suffisante pour
justifier les coûts fixes du recours aux marchés de capitaux et pour que chaque
émission soit suffisamment significative pour attirer l’attention des
souscripteurs, des investisseurs et des analystes. Toutefois, alors que
l’émission d’obligations d'entreprises a augmenté sensiblement au cours de ces
dernières années, compensant en partie la contraction du crédit bancaire,
l’émission d’actions cotées est restée modeste en Europe. Des marchés plus
efficaces et efficients permettraient de diminuer le coût de l’accès à ces
marchés et profiteraient à toutes les entreprises. Enfin, l’UE a
besoin d'un nombre considérable de nouveaux investissements dans les
infrastructures afin de maintenir sa compétitivité. Les flux de fonds vers
ces projets est toutefois limité par le court-termisme, des obstacles
réglementaires ainsi que d’autres facteurs. En outre, de nombreux projets
d’infrastructures présentent des caractéristiques de biens publics, ce qui
signifie que le financement privé à lui seul pourrait ne pas convenir pour
atteindre le niveau optimal d’investissement. L’EFSI contribuera de manière
significative à stimuler l’investissement dans les projets d’infrastructures[8].
Néanmoins, la Commission souhaite recueillir des avis sur d’autres moyens pour
atteindre cet objectif. Remédier
aux problèmes d’information En Europe, la
plupart des PME ne s'adressent aux banques que pour obtenir un financement.
Près de 13 % de ces demandes soient rejetées, mais c’est souvent parce
qu’elles ne correspondent pas aux profils de risque souhaités par les banques,
même lorsqu'elles sont viables. Les banques renvoient parfois les PME vers
d’autres fournisseurs de financement mais ce n'est pas toujours le cas: il
arrive que ni les banques ni les PME n'aient une connaissance suffisante de
l’existence d'autres solutions. On pourrait encourager les banques à fournir un
meilleur retour d’information aux PME dont les demandes de crédit ont été
refusées et à sensibiliser les PME dont le crédit a été refusé à d'autres
possibilités de financement. Les normes
internationales d’information financière (IFRS) ont joué un rôle essentiel dans
la promotion d’un langage comptable unique dans l’UE, qui permet aux grandes
entreprises de l’UE cotées en bourse d'accéder plus facilement aux marchés
internationaux de capitaux. Cependant, imposer pleinement les normes IFRS aux
petites entreprises, notamment à celles souhaitant accéder aux plateformes de
négociation spécifique, serait source de coûts supplémentaires. L'élaboration
d’une norme comptable simplifiée, commune et de haute qualité, adaptée aux
sociétés cotées sur certaines plateformes de négociation[9]
pourrait être un pas en avant en termes de transparence et de comparabilité, et
si elle est appliquée de manière proportionnée, elle pourrait rendre plus
attractives les sociétés à la recherche d'investisseurs transfrontières. Une
telle norme pourrait devenir une composante des marchés de croissance des PME,
et être disponible pour une utilisation plus large. La transparence
des projets d’infrastructures et des réserves de projets pourrait augmenter
leur attractivité pour les investissements privés et aider les autorités de
surveillance à adopter un régime prudentiel plus adapté aux investissements
dans les infrastructures. Le rapport de décembre 2014 de la task force sur
l’investissement a suggéré la création d’un site web central au niveau de l’UE
fournissant des liens vers les projets/réserves de projets des États membres de
l’UE et contenant des informations sur les projets européens (par exemple dans
le cadre du mécanisme pour l’interconnexion en Europe et des Fonds structurels
et d’investissement européens). Sur la base du rapport de la task force sur
l’investissement, la Commission a proposé la création d’une réserve européenne
de projets d’investissement afin de faciliter l’accès des investisseurs aux
informations sur les possibilités d’investissement dans l’ensemble de l’UE et
de maximiser la participation des investisseurs au financement[10]. Un
site web spécifique serait également créé, et des normes communes pour la
présentation des informations seraient élaborées. La mise en place d’une telle
réserve de projets s’appuiera sur les travaux qui ont déjà commencé dans certains
États membres. La
normalisation en tant que mécanisme de lancement des marchés Bien que la
normalisation présente aussi des inconvénients, certains marchés peuvent être
lancés avec un ensemble commun de règles de marché, en appliquant une
surveillance et des règles cohérentes, ainsi que la transparence aux
caractéristiques des produits. Un certain degré de normalisation peut attirer
un plus grand nombre d’investisseurs et accroître la profondeur et la liquidité
du marché. C’est particulièrement le cas dans les petits États membres où les
marchés ne parviennent pas à atteindre une taille efficiente s’ils sont limités
aux volumes de capitaux nationaux. Lorsqu’il est difficile ou peu utile de
mettre en place des normes communes, les efforts politiques peuvent viser la
mise en place de meilleures pratiques dans l'ensemble de l’UE afin de
promouvoir le développement de certains instruments financiers. Le développement
d’un marché européen d'obligations garanties plus intégré pourrait
contribuer au financement efficace des banques et offrir aux investisseurs un
plus large éventail de possibilités d’investissement. Le succès des obligations
garanties en tant qu'instruments de financement est étroitement lié à la mise
en place de cadres juridiques nationaux spécifiques. La Commission mènera en
2015 une consultation sur l'intérêt potentiel et la forme possible d’un cadre
européen pour les obligations garanties et présentera des options politiques en
vue d'intégrer davantage les marchés d’obligations garanties, sur la base de
l’expérience acquise dans les cadres nationaux. La Commission se penchera
également sur la question de savoir s’il convient de fournir aux investisseurs
davantage d’informations sur les garanties qui sous-tendent les obligations
garanties et d’autres titres de créances structurés, sur le modèle des
exigences d'information sur les prêts applicables aux instruments financiers
structurés. Malgré la
récente croissance des émissions d’obligations d'entreprises, la
situation se caractérise par de faibles niveaux de normalisation et de
transparence des prix. Bien qu’au cours des dernières années, de nouvelles
plateformes de négociation électronique des obligations destinées à des
investisseurs de détail aient vu le jour dans plusieurs États membres, le
manque de normalisation est susceptible d'entraver le développement de
plateformes de négociation d’obligations et d’un marché secondaire liquide. Une
plus grande normalisation des émissions des titres de créances d’entreprise
pourrait favoriser le développement d'un marché secondaire plus liquide pour
les obligations d'entreprises. La Commission souhaiterait recueillir des points
de vue sur la question de savoir s'il y a lieu d'examiner plus en détail la
possibilité de développer un marché de la dette des entreprises plus
standardisé, et si le meilleur moyen d'y arriver est une initiative dirigée par
le secteur privé ou une intervention réglementaire. Une autre
catégorie d’investissement émergente qui pourrait élargir l'accès au
financement est formée par les investissements environnementaux, sociaux et
de gouvernance d'entreprise, comme les obligations vertes. Le produit de la
vente des obligations vertes est destiné à des projets et des actions qui
visent à promouvoir la durabilité en matière de climat ou d'autres aspects
environnementaux. La croissance rapide de ce marché est soutenue par un
processus de normalisation venant du marché et reposant sur des critères de
sélection d'obligations vertes élaborés, entre autres, par la Banque mondiale,
la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la
reconstruction et le développement. Les acteurs du marché mettent actuellement
au point des lignes directrices volontaires, appelées «Green Bond Principles»
(principes relatifs aux obligations vertes), qui recommandent la transparence
et visent à assurer l’intégrité lors du développement du marché des obligations
vertes en clarifiant l’approche adoptée pour l’émission des obligations vertes. Faciliter
le développement d'autres moyens de financement Alors que des
mécanismes tels que le peer to peer lending et le financement
participatif devraient, du fait de leur caractère en ligne, contribuer
fortement au financement de l’économie au-delà des frontières nationales, on ne
constate en pratique que peu d’activité transfrontière ou paneuropéenne en la
matière. Dans le cadre du suivi de la communication sur le financement
participatif[11], la
Commission rassemble actuellement des informations sur les approches du secteur
en matière de divulgation des informations et sur les approches des États
membres en matière de réglementation. Les premiers résultats montrent que la
diversité des approches nationales dans ces domaines peut favoriser les
activités de financement participatif au niveau local, mais elle fait que ces
activités ne sont pas nécessairement compatibles entre elles dans un contexte
transfrontière. Questions 5)
Quelles autres mesures pourraient contribuer à améliorer l’accès au financement
et à diriger les fonds vers ceux qui en ont besoin? 6)
Faut-il prendre des mesures, telles que la normalisation, afin d'accroître la
liquidité des marchés d'obligations d’entreprises? Dans l’affirmative, quelles
mesures sont nécessaires et peuvent-elles être atteintes par le marché, ou
faut-il recourir à une action réglementaire? 7)
Outre le soutien qu'elle apporte à l'élaboration de lignes directrices par le
marché, l’UE doit-elle agir pour faciliter le développement d'investissements
environnementaux, sociaux et de gouvernance qui soient standardisés, transparents
et responsables, y compris les obligations vertes? 8)
Est-il opportun d’élaborer une norme comptable commune au niveau de l’UE pour
les petites et moyennes entreprises cotées sur les MTF? Une telle norme
devrait-elle devenir une composante des marchés pour la croissance des PME? Si
oui, à quelles conditions? 9) Existe-t-il des obstacles à la mise
en place de plateformes réglementées pour le financement participatif ou peer to
peer, notamment sur une base transfrontière? Si oui, comment y remédier? 4.2 Développer
et diversifier l'offre de financement La taille des
marchés des capitaux dépend en définitive des flux d’épargne vers les
instruments des marchés des capitaux. Ainsi, pour être florissants, les marchés
des capitaux doivent attirer les investisseurs institutionnels, les
investisseurs particuliers ainsi que les investisseurs internationaux. Stimuler
l'investissement institutionnel Le
rôle que jouent les investisseurs institutionnels à long terme sur les marchés
des capitaux s'est considérablement accru. Des obstacles réglementaires ainsi
que d’autres facteurs peuvent néanmoins restreindre les flux d’investissement
institutionnel vers les projets à long terme, notamment l’investissement dans
les infrastructures. Avec plus de
17 000 milliards d'EUR d'actifs sous gestion, le secteur européen de la
gestion d'actifs joue un rôle essentiel consistant à canaliser l’argent des
investisseurs vers l’économie. Ce succès est en grande partie le résultat
direct du cadre régissant les fonds d’investissement en Europe. Pour les fonds
de placement commun, le cadre régissant les OPCVM (organismes de placement
collectif en valeurs mobilières)[12]
constitue une norme internationale reconnue, tandis que la directive sur les
gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (directive AIFM)[13] a créé
un cadre permettant aux gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs
européens d'opérer. Créer un fonds,
en devenir le gestionnaire agréé et le commercialiser à l'étranger comporte un
coût réglementaire qui est actuellement variable d'un État membre à l'autre.
Réduire le coût de la création d'un fonds, et plus généralement de sa
commercialisation transnationale, permettrait d'abaisser les barrières à
l’entrée et créerait davantage de concurrence. Face aux nouveaux entrants, il
faut également que les fonds puissent se développer et réaliser des économies
d’échelle. La Commission souhaiterait recueillir des
points de vue sur les mesures susceptibles d'encourager les investisseurs
institutionnels à lever des montants plus importants et à les investir dans un
éventail d’actifs plus large, notamment dans des projets à long terme, des
start-ups et des PME. Les secteurs de
la retraite et de l'assurance détiennent également un montant considérable
d'actifs, de l'ordre de 12 000 milliards d’EUR, pouvant contribuer à
financer l’investissement. Solvabilité II[14], le
nouveau régime prudentiel qui s'appliquera aux assureurs à compter du 1er
janvier 2016, permettra aux entreprises d'investir davantage dans des actifs à
long terme en supprimant les restrictions nationales portant sur la composition
de leur portefeuille d'actifs[15].
En outre, la Commission a veillé à ce que la formule standard de calcul des
exigences de fonds propres applicables aux assureurs ne crée pas d'obstacles à
l’investissement à long terme et à l'appariement des passifs à maturité longue
avec les actifs à maturité longue[16]. Si cet
effort a été bien accueilli, certains ont appelé à un traitement spécial pour
les investissements dans les infrastructures, en ce qui concerne le calibrage
des exigences de fonds propres applicables aux assureurs et aux banques. Il est
nécessaire de poursuivre les travaux pour identifier les investissements dans
les infrastructures, sous forme de prêt et/ou de capital, qui présentent un
faible risque, en vue éventuellement de revoir les règles prudentielles et de
créer des sous-catégories d’infrastructures. Les régimes
de retraite par capitalisation jouent un rôle de plus en plus important
dans certains États membres. De tels régimes, s'ils sont gérés prudemment et
d'une manière qui reflète leur rôle social, peuvent contribuer à la pérennité
et à l’adéquation des systèmes de retraites; ils constituent en outre des
sources de plus en plus importantes d'investissement dans l’économie
européenne. Les nouvelles règles relatives aux régimes professionnels de
retraite qui sont actuellement à l'examen pourraient éliminer les obstacles
empêchant les institutions de retraite d'investir davantage dans des actifs à
long terme. En outre, l’échange de bonnes pratiques pourrait aussi accroître la
compatibilité des systèmes nationaux. S'agissant de
l'épargne retraite individuelle, les prestataires sont soumis à un certain
nombre de textes législatifs de l’UE. La question est donc de savoir si
l'introduction d'un produit standardisé, par exemple à travers un régime
paneuropéen ou «29e» régime, supprimant les obstacles à un accès
transfrontière serait susceptible de renforcer le marché unique de l'épargne
retraite individuelle. Il faudrait que toute modification assure un niveau
efficace de protection des consommateurs, tout en améliorant la couverture et
la demande, et garantisse un niveau approprié de sécurité de l'épargne. Le capital-investissement
et le capital-risque jouent un rôle important dans l'économie européenne en
tant que sources alternatives de financement, à côté du traditionnel crédit
bancaire ou de l'émission d'obligations ou d'actions. Mais les marchés du
capital-risque manquent souvent d'envergure; c'est le cas non seulement des
marchés boursiers spécialisés dans le financement des sociétés à forte
croissance, mais aussi des investissements en capital-risque dans des nouvelles
entreprises en phase de démarrage ou de développement ou dans des entreprises
de haute technologie. Le niveau de développement des marchés du capital-risque
est par ailleurs très variable d'un État membre à l'autre: environ 90 %
des gestionnaires de fonds de capital-risque sont concentrés dans huit États
membres[17]. Dans certains
États membres, les fonds de capital-risque peinent à atteindre la taille
nécessaire pour pouvoir étaler leur risque de portefeuille. Cela semble
principalement s'expliquer par l'absence de culture de la prise de
participation, le manque d’information, la fragmentation du marché et le niveau
élevé des coûts. Afin
d'encourager l'apport de capital-risque aux start-ups et aux entreprises de
l'économie sociale sous forme de prises de participations ou de prêts à
certaines conditions, l’UE a mis en place en 2013 le règlement EuVECA (relatif
aux fonds de capital-risque européens)[18] et le
règlement EuSEF (relatif aux fonds d'entrepreneuriat social européens)[19]. Le
succès de ces fonds a jusqu'ici été encourageant, mais il reste encore une
marge de progression. Il est probable que divers obstacles s'opposent à une
plus large implantation de ces fonds. Un problème particulier qui a été soulevé
réside dans le fait que les gestionnaires dont le portefeuille dépasse
500 millions d'EUR ne peuvent demander à établir et exploiter de tels
fonds, ni ne peuvent utiliser les dénominations EuVECA ou EuSEF pour
commercialiser des fonds dans l’UE. Élargir l’éventail des acteurs du marché
pourrait potentiellement accroître le nombre de fonds EuVECA et EuSEF. Le financement
public peut également jouer un rôle, les autorités régionales étant, dans
plusieurs États membres, d'importants fournisseurs de capital-risque. Les
instruments financiers de l’UE, tels que le programme-cadre pour l’innovation
et la compétitivité (PIC), les Fonds structurels et d'investissement européens
(Fonds ESI)[20] et
l'investissement sous forme de capital soutenu par les programmes des Fonds
structurels ont permis de mobiliser du capital-risque pour les PME. Le
programme européen pour la compétitivité des PME (COSME)[21] et les
programmes «Horizon 2020» s’appuieront sur ce succès. Par ailleurs, les règles
relatives aux aides d'État ont été modifiées en juillet 2014 afin de permettre,
si nécessaire, une plus grande intervention de l'État dans le développement du
marché du financement à risque et d'aider les PME et les moyennes capitalisations
de petite taille ou innovantes[22] à y
accéder plus facilement. La question est
de trouver comment augmenter l’envergure des fonds de capital-risque et de
déterminer comment les financements publics et privés pourraient y contribuer. Le manque de
possibilités de sortie pour les investisseurs peut également constituer un
obstacle au développement du financement par capital-risque. La Commission
aimerait savoir s'il est possible de prendre des mesures afin de créer un
environnement plus favorable aux «business angels»[23], au
capital-risque et aux introductions en Bourse afin de garantir aux
investisseurs de meilleures stratégies de sortie et de stimuler l'apport de
capital-risque aux start-ups. Il est probable
que les banques restent des acteurs clés des marchés des capitaux, en tant
qu'émetteurs, investisseurs et intermédiaires, et que leur fonction
d'intermédiation de crédit demeure essentielle, à travers leur rôle dans le
financement et la fourniture d’informations. Cependant, de nouvelles technologies
et de nouveaux modèles économiques voient le jour, tels que le peer-to-peer
lending (P2P) ou d'autres types de prêts directs non bancaires, qui proposent
des financements aux PME et aux start-ups. La Commission souhaite obtenir des
avis sur l'importance des barrières à l'entrée s'opposant à la prestation de
ces services et à leur développement, à côté des prêts bancaires. Questions 10) Quelles mesures
pourraient inciter les investisseurs institutionnels à lever des montants plus
importants et à les investir dans un éventail plus large d’actifs, en
particulier dans des projets à long terme, dans des PME et dans des start-ups
innovantes à fort potentiel de croissance? 11) Quelles mesures pourrait-on prendre
afin de réduire le coût qu'entraînent, pour les gestionnaires de fonds, la mise
en place et la commercialisation de fonds dans toute l’UE? Quels obstacles
empêchent les fonds de réaliser des économies d’échelle? 12) Les travaux sur le traitement
spécial à réserver aux investissements dans les infrastructures devraient-ils
cibler certaines sous-classes d’actifs clairement identifiables? Si tel est le
cas, auxquelles de ces sous-classes la Commission devrait-elle donner la
priorité lors des réexamens futurs des règles prudentielles telles que CRD
IV/CRR et Solvabilité II? 13) L’introduction d’un produit
standardisé ou la suppression des obstacles actuels à l’accès transfrontière
renforceraient-ils le marché unique des produits de retraite? 14) Modifier les règlements EuVECA et
EuSEF permettrait-il aux grands gestionnaires de fonds de l'UE de plus
facilement créer ce type de fonds? Quels autres changements, le cas échéant,
sont nécessaires pour augmenter le nombre de fonds de ce type? 15) Comment l’Union européenne peut-elle
développer davantage le capital-investissement et le capital-risque en tant que
sources alternatives de financement pour l’économie? En particulier, quelles
mesures pourraient permettre d'augmenter l'envergure des fonds de
capital-risque et d'améliorer les possibilités de sortie pour les investisseurs
en capital-risque? 16)
Existe-t-il des obstacles empêchant d'augmenter sans risque les prêts directs,
aussi bien bancaires que non bancaires, aux entreprises qui ont besoin de
financements? Stimuler
l'investissement des particuliers Dans l'Union
européenne, les investisseurs particuliers sont généralement peu enclins à
investir directement sur les marchés des capitaux, la plupart d'entre eux
préférant les placements collectifs. Or les ménages européens détiennent une
importante épargne sur des comptes bancaires, alors que celle-ci pourrait
parfois être utilisée de manière plus productive. La baisse des taux de
rémunération des dépôts pourrait inciter les ménages à moins placer leur
patrimoine financier à la banque et davantage dans des titres financiers. Les produits de
fonds communs de placement, tels que les OPCVM, sont un moyen très prisé des
investisseurs particuliers pour investir sur les marchés des capitaux. Le taux
de participation directe des investisseurs particuliers dans les OPCVM reste
néanmoins relativement faible: en 2013, les ménages ne représentaient que
26 % des détenteurs de fonds d’investissement dans la zone euro[24]. Afin
d'élargir le choix de produits de fonds d’investissement et d'accroître la
concurrence, la Commission aimerait recueillir des points de vue sur la manière
d'augmenter la participation transfrontière des particuliers dans les OPCVM. Les
investisseurs particuliers ne seront enclins à investir sur les marchés des
capitaux que si ces marchés et les intermédiaires financiers qui s'y trouvent
leur inspirent confiance et s'ils pensent pouvoir obtenir sans risque un
meilleur rendement de leur épargne. Redonner confiance aux investisseurs est
une responsabilité essentielle et un défi majeur pour le secteur financier. Améliorer
les connaissances financières des consommateurs permettrait par ailleurs à ces
derniers de choisir plus efficacement et plus facilement des produits
financiers et de les comparer entre eux. Divers programmes nationaux en place
visent à développer l'éducation financière du public, de même que le projet
européen «Consumer Classroom». Des produits financiers plus standardisés ou
plus simples, comme il en existe dans certains États membres, pourraient
également être utiles dans certains cas. La réglementation
et la surveillance peuvent permettre de renforcer la confiance des
investisseurs. La directive MIFID II[25] et
d'autres mesures réglementaires ont doté l’Autorité européenne des marchés
financiers (AEMF) et l’Autorité européenne des assurances et des pensions
professionnelles (AEAPP) de pouvoirs accrus en matière de protection des
investisseurs. Comme indiqué dans le récent rapport de la Commission sur les
autorités européennes de surveillance (AES)[26], leur
mandat dans le domaine de la protection des consommateurs/des investisseurs
pourrait être clarifié et renforcé là où c'est nécessaire. Renforcer
la concurrence transfrontière dans le domaine des services financiers de détail
pourrait élargir le choix, abaisser le prix et améliorer la qualité des services.
La fourniture de services financiers par l'intermédiaire d'outils électroniques
et mobiles pourrait y contribuer, à condition que l'on parvienne à régler les
problèmes de fraude, de piratage et de blanchiment d'argent tout en préservant
la facilité d’utilisation pour les clients. La Commission entamera des travaux
préparatoires afin de déterminer comment le marché unique des services
financiers de détail pourrait bénéficier davantage aux consommateurs. Questions 17)
Comment faire pour augmenter la participation transfrontière des particuliers
aux OPCVM? 18)
Comment les AES peuvent-elles contribuer davantage à garantir la protection des
consommateurs et des investisseurs? 19) Quelles mesures pourraient augmenter
les investissements des particuliers? Quelles mesures supplémentaires
pourrait-on prendre pour donner plus d'autonomie et protéger les citoyens de
l’Union qui investissent sur les marchés des capitaux? 20) Existe-t-il, en matière de
développement de produits d’investissement simples et transparents destinés aux
consommateurs, de bonnes pratiques nationales qui pourraient être partagées? Attirer
les investissements internationaux Les marchés
européens des capitaux doivent être ouverts et compétitifs à l'international,
bien réglementés et intégrés pour attirer les investissements étrangers, et
c'est pourquoi il faut des normes européennes élevées pour garantir l’intégrité
du marché, la stabilité financière et la protection des investisseurs. Compte
tenu du caractère mondial des marchés des capitaux, il importe de mettre en
place l'union des marchés des capitaux en tenant compte du contexte
international général. Si toutes les
régions ont été touchées par la diminution du volume des flux bruts de capitaux
après la crise, c'est dans l’Union européenne (et en particulier dans la zone
euro) que la baisse d’ampleur des flux bruts entrants et sortants en
pourcentage du PIB a été le plus marquée. Toutes les composantes des flux bruts
entrants de capitaux (investissements de portefeuille, investissement direct
étranger, et prêts avec intermédiation bancaire) étaient moins élevées en 2013
qu'en 2007. Selon les
données du Fonds monétaire international (FMI), l'encours total mondial des
investissements de portefeuille transfrontières atteignait 25 000
milliards d'EUR à la fin de 2013. L'encours total des investissements de
portefeuille transfrontières entre États membres de l'UE s'élevait à
9 600 milliards d’EUR, tandis que les investissements de portefeuille
provenant de l’extérieur de l’UE se montaient à 5 000 milliards d’EUR. Par
conséquent, il est possible d'attirer encore beaucoup plus d'investissements de
pays tiers sous forme de capital ou de prêt. La politique
internationale de commerce et d'investissement de l’UE[27] a un
rôle important à jouer pour encourager les investissements internationaux. Les
accords internationaux en matière de commerce et d’investissement libèrent les
mouvements de capitaux, régulent l'accès au marché et l'investissement, y
compris pour la fourniture de services financiers, et peuvent permettre
d'atteindre à la fois un niveau adéquat de protection des investisseurs en
Europe et des conditions de concurrence équitables dans l’ensemble de l’UE[28]. En
outre, la Commission contribue aux travaux internationaux sur la libre
circulation des capitaux, y compris par exemple sur les codes de l'OCDE de la
libération des mouvements de capitaux. La
commercialisation directe de fonds d’investissement et autres instruments
d’investissement européens dans des pays tiers devrait être facilitée. Le moyen
pour cela pourrait être de réduire les obstacles empêchant les établissements
et les services financiers de l’UE d’accéder aux marchés des pays tiers,
notamment, le cas échéant, en ouvrant les marchés à la gestion transfrontière
d'actifs dans le cadre des futurs accords commerciaux. Au vu de ces
évolutions, la Commission aimerait recueillir des avis sur les mesures qui
pourraient être prises pour augmenter l’attrait des marchés de l’UE aux yeux
des investisseurs internationaux. Questions 21) Pourrait-on prendre des mesures supplémentaires dans le domaine de la réglementation des services financiers afin de garantir la compétitivité internationale de l’Union européenne et l'attrait qu'elle présente aux yeux des investisseurs? 22) Quelles mesures pourrait-on prendre pour faciliter l’accès des entreprises de l’UE aux investisseurs et aux marchés des capitaux des pays tiers? 4.3
Améliorer l'efficacité du marché – intermédiaires, infrastructures et cadre
juridique plus général «Règlement
uniforme», application et concurrence L'établissement,
ces dernières années, d'un corpus de règles unique, ou «règlement uniforme», a
permis une avancée majeure vers la mise en place d'un cadre réglementaire plus
harmonisé pour les marchés des capitaux, permettant aux entreprises de se
livrer concurrence au-delà des frontières dans des conditions équitables. Le
succès de ce «règlement uniforme» dépend également de la mise en œuvre
effective et de l’application cohérente des règles. Il existe encore des actes
législatifs clés de l’UE qui permettent l'ajout d'exigences, soit une
surréglementation (dite «gold-plating») par les États membres. Par ailleurs,
des problèmes de divergence d'interprétation des règles sont également apparus.
La Commission, en coopération avec les États membres et les AES, s’emploie à
faire en sorte que la législation financière de l’UE soit correctement mise en
œuvre et appliquée sur le terrain. La concurrence joue un rôle essentiel pour garantir
que les consommateurs obtiennent les meilleurs produits et services à des prix
adéquats, et que les flux d’investissement soient dirigés vers les emplois les
plus productifs. Il faut supprimer, lorsque cela est possible, les barrières
empêchant l'entrée de concurrents et assurer l’accès à l’infrastructure du
marché financier. Pour des marchés des capitaux plus efficaces et leur bon
fonctionnement, la Commission a fait usage de ses pouvoirs en matière de
concurrence dans plusieurs affaires. La Commission continuera de veiller à ce
que le droit de la concurrence soit rigoureusement appliqué afin d’empêcher que
des restrictions ou des distorsions de la concurrence ne contrarient
l'avènement de marchés des capitaux intégrés et performants. Il convient
également de faire respecter le principe de la libre circulation des capitaux
afin de supprimer les entraves injustifiées aux flux d'investissement au sein
de l'UE. Par exemple, les exigences imposées par l’État membre d’accueil à des
entreprises de marché bénéficiant d'un passeport européen de commercialisation
accordé par leur État membre d’origine pourraient dans certains cas constituer
une entrave non justifiée à la libre circulation des capitaux. Un cadre plus
stable, transparent et prévisible pour les investisseurs pourrait contribuer à
renforcer la confiance et permettre au marché unique d'attirer davantage
d'investissements à long terme. Convergence
en matière de surveillance Bien que les
cadres réglementaires régissant les marchés des capitaux aient été largement
harmonisés, le succès des réformes dépend également de la mise en œuvre et de
l’application cohérente des règles. Les AES jouent un rôle clé dans la
promotion de la convergence. La Commission a publié récemment un rapport sur le
fonctionnement des AES et du système européen de surveillance financière (SESF)[29] qui
recense plusieurs domaines dans lesquels des améliorations pourraient être
apportées à court ou moyen terme. La Commission continuera de surveiller le
fonctionnement des AES, ainsi que leur gouvernance et leur financement. Les AES ont un
rôle important à jouer dans l'amélioration de la convergence en matière de
surveillance, en mettant davantage l’accent sur l'examen par les pairs et le
recours à ce dernier et sur des suivis appropriés. En outre, le recours au
règlement des litiges, en cas de besoin, et aux pouvoirs d’enquête en cas
d'allégations de violations du droit de l'UE pourrait faciliter une mise en
œuvre et une application cohérentes du droit de l’UE dans l’ensemble du marché
unique. On pourrait se
pencher davantage sur le rôle que jouent les AES en la matière. Dans la mesure
où des régimes de surveillance nationaux peuvent se traduire par des
différences dans le niveau de protection des investisseurs et des entraves aux
opérations transfrontières et dissuader les entreprises de chercher des financements
dans d’autres États membres, les AES pourraient avoir un rôle supplémentaire à
jouer dans le renforcement de la convergence. Données
et publication d'informations La mise en place
de données et de publications communes dans l’ensemble de l’UE pourrait
permettre une plus grande intégration des marchés des capitaux. Par exemple,
l'existence, sur le marché des actions, d'un système consolidé de publication
(«consolidated tape») est essentielle pour garantir la qualité et la
disponibilité en temps utile des informations post-négociation. Si les efforts
du secteur ne suffisent pas à mettre en place un système consolidé de
publication facilement accessible et utilisable par les acteurs du marché à des
conditions commerciales raisonnables, il pourrait être nécessaire d'envisager
d’autres solutions, comme de confier à une entité commerciale l'exploitation
d'un tel système consolidé de publication. La Commission s'emploiera également
à faire en sorte que la diffusion des informations consolidées à des conditions
commerciales raisonnables ne soit pas entravée. Des approches
plus efficaces en faveur d'une information prudentielle et d'une communication
financière faisant intervenir les autorités nationales ou l’AEMF, par exemple
en ce qui concerne des approches informatiques communes pour certaines
exigences en matière d’information, pourraient également être utiles pour les
acteurs du marché. La Commission souhaiterait recueillir des avis pour
déterminer si des initiatives supplémentaires sont nécessaires pour améliorer
les données et la publication d'informations dans l’Union européenne, et la
forme qu'elles doivent prendre. Infrastructures
de marché et droit des titres Les infrastructures de marché et
le droit des titres, c'est-à-dire le dispositif qui canalise les
investissements et les lois qui le régissent, sont des facteurs déterminants du
point de vue de l'efficacité et de la facilité avec lesquelles les
investissements peuvent être réalisés. La mise en place du cadre réglementaire
applicable aux infrastructures de marché est en cours, avec des textes
législatifs visant à garantir la solidité des contreparties centrales (CCP) et
des dépositaires centraux de titres (DCT) et du projet Target2-Titres (T2S)
dirigé par l’Eurosystème. Comme elle l'a annoncé dans son programme de travail,
la Commission a l’intention de présenter une proposition législative visant à
créer un cadre européen pour le redressement et la résolution des défaillances
d’établissements financiers d’importance systémique tels que les contreparties
centrales. Certains aspects relatifs aux infrastructures de marché sur
lesquelles s'appuie la négociation pourraient néanmoins encore être améliorés. Les garanties financières (le «collatéral») sont un élément essentiel du système financier, puisqu'elles
sous-tendent un grand nombre de transactions sur le marché et servent de filet
de sécurité en cas de problème. La fluidité de ces garanties dans
toute l'UE est actuellement limitée, ce qui empêche les marchés d’opérer
efficacement. Depuis la crise financière, la demande de collatéral est plus
forte, du fait de l'exigence du marché de financements plus sûrs et en raison
également de nouvelles obligations réglementaires, telles que celles imposées
par le règlement sur l'infrastructure du marché européen (EMIR)[30] et le
règlement sur les exigences de fonds propres (CRR)[31].
Cette hausse de la demande de collatéral entraîne le risque que les mêmes
titres soient réutilisés pour garantir plusieurs transactions, comme c’était le
cas avant la crise, et des travaux ont été engagés au niveau international pour
se pencher sur ce problème. La Commission souhaiterait recueillir des avis sur
la nécessité d'entreprendre des travaux pour faciliter les flux de collatéral,
de manière correctement régulée, à travers l’UE. Par ailleurs,
bien que des progrès considérables aient été accomplis en matière
d'harmonisation des règles destinées à assurer la transparence et l’intégrité
des marchés de valeurs mobilières, la législation relative aux droits des
investisseurs concernant les titres diffère d'un État membre à l'autre. En
conséquence, il est difficile pour les investisseurs d'évaluer le risque
attaché, dans les différents États membres, aux investissements sous forme de
capital. C'est un sujet de débat depuis plus d'une décennie, depuis le deuxième
rapport Giovaninni en 2003. Il s'agit cependant d'une question complexe,
touchant au droit de la propriété, des contrats, des sociétés et de
l’insolvabilité, ainsi qu'aux lois applicables à la détention de titres et aux
conflits de lois. Selon certains points de vue divergents, une harmonisation au
niveau de l'UE et une définition européenne unique des titres ne seraient pas
nécessaires. En outre, certains avancent que le lancement du système Target 2
Titres à la mi- 2015 permettra d’éliminer les risques juridiques et
opérationnels liés au transfert et à la détention de titres dans plusieurs pays
et de réduire les coûts, et pourrait augmenter les investissements
transfrontières. Au vu de ces contraintes, la Commission aimerait recueillir
des points de vue sur la faisabilité et l'opportunité de modifications ciblées
de la législation relative aux règles régissant la détention de titres ayant
pour but de renforcer l’intégration des marchés des capitaux au sein de
l’Union. Il importe
également, afin de créer un marché paneuropéen pour la titrisation et les
contrats de garantie financière, ainsi que pour d’autres activités telles que
l’affacturage, d’assurer une plus grande sécurité juridique dans les cas de
transfert transfrontière de créances et concernant l’ordre de priorité de ces
transferts, notamment dans les cas d'insolvabilité. La Commission publiera en
2015 un rapport recensant les problèmes et les solutions possibles. Les banques
jouent un rôle clé, non seulement en matière de crédit mais aussi
d’intermédiation sur les marchés des capitaux, notamment en assurant la
liquidité par le biais de la tenue de marché. Certaines recherches signalent
une baisse de liquidité sur certains segments du marché, mais soulignent
également que pendant la période qui a précédé la crise, le coût de la
liquidité était peut-être anormalement bas. D'aucuns attribuent la baisse de la
liquidité à une nécessaire correction du marché ainsi qu’à une détérioration de
la confiance des marchés provoquée par la crise, tandis que d'autres
l'attribuent aux mesures réglementaires mondiales prises à la suite de la
crise. La Commission souhaite obtenir des avis sur la manière d’instaurer des
conditions solides de liquidité à un coût juste, notamment sur la possibilité
de prendre des mesures afin de soutenir la liquidité dans les segments de
marché fragiles, et sur l'existence de barrières à l’entrée pour de nouveaux
acteurs du marché capables de jouer un rôle dans l'appariement des acheteurs et
des vendeurs. Droit
des sociétés, gouvernance d’entreprise, insolvabilité et fiscalité. Il existe une
législation européenne dans le domaine de la gouvernance d'entreprise
(par exemple concernant les déclarations de gouvernance d’entreprise[32], ou
l'exercice transfrontière des droits des actionnaires[33]), mais
celle-ci reste souvent du ressort exclusif des lois et normes nationales. Après
la crise financière, un réexamen du cadre de la gouvernance d'entreprise dans
l'UE a été entrepris à travers deux consultations[34].
La révision en cours de la directive sur les droits des actionnaires vise à
encourager les investisseurs institutionnels et les gestionnaires d'actifs à
apporter davantage de capital à long terme aux entreprises. La protection
des droits des actionnaires minoritaires améliore la gouvernance
d'entreprise et augmente l'attrait des entreprises aux yeux des investisseurs
étrangers, lesquels sont souvent des investisseurs minoritaires. Une bonne
gouvernance d'entreprise repose également sur l'aptitude du conseil
d'administration ou de surveillance à contrôler les dirigeants de l'entreprise.
Les conseils d'administration et de surveillance protégeant les intérêts des
investisseurs, leur bon fonctionnement et leur efficience sont également
essentiels pour attirer les investissements. Malgré plusieurs
directives sur le droit des sociétés[35],
d’importants obstacles s'opposent encore à la mobilité et aux
restructurations transfrontières des entreprises. De nouvelles réformes du
droit des sociétés pourraient aider à supprimer les barrières à l'établissement
et à l'exploitation transfrontières des entreprises. Les divergences
entre les règles nationales de conflit de lois en ce qui concerne le
fonctionnement interne d’une entreprise peuvent être source d'insécurité
juridique, dans la mesure où elles peuvent conduire à une situation dans
laquelle une entreprise sera simultanément soumise aux lois de différents États
membres, par exemple, si elle a été constituée dans un État membre, mais opère
principalement à partir d’un autre État membre. Si, en raison de
sa complexité, le débat au sujet de l'harmonisation du droit matériel de
l'insolvabilité n'a que peu avancé au cours des trois dernières décennies,
des progrès considérables ont en revanche été accomplis dans le domaine des
règles de conflit des lois pour les procédures d'insolvabilité transfrontières[36].
Cependant, du point de vue de leurs caractéristiques principales et de leur
efficacité, les cadres nationaux sous-jacents en matière d’insolvabilité
restent encore divergents[37].
Réduire cette divergence pourrait favoriser la mise en place de marchés
paneuropéens des actions et de la dette, car cela diminuerait l'incertitude
pour les investisseurs qui ont besoin d'évaluer les risques dans plusieurs
États membres. De plus, le manque ou l'inadéquation, dans de nombreux États
membres, des règles permettant une restructuration précoce de la dette,
l’absence de dispositions relatives à la «deuxième chance», ainsi que la
longueur et les coûts excessifs des procédures formelles d’insolvabilité
peuvent se traduire par de faibles taux de recouvrement pour les créanciers et
décourager les investisseurs. Pour avancer sur le front de l'insolvabilité, la
Commission a adopté une recommandation relative à une nouvelle approche en
matière de défaillances et d’insolvabilité des entreprises[38] dans
laquelle elle exhorte les États membres à mettre en place des procédures de
restructuration précoce et des dispositions sur la «seconde chance». La
recommandation invite également les États membres à envisager d’appliquer ces
principes au surendettement des consommateurs et à la faillite personnelle. Une
évaluation de cette recommandation est prévue en 2015. Les différences
de régime fiscal d'un État membre à l'autre peuvent freiner le
développement d’un marché unique des capitaux. Elles peuvent notamment
constituer un obstacle aux investissements transfrontières, tels que l'épargne
retraite et l’assurance-vie. Dans le cadre du suivi du livre blanc sur les
retraites[39], la
Commission a réalisé une étude sur les règles discriminatoires en matière de
capital, de cotisations et de versements dans le cadre de l'épargne retraite et
de l’assurance-vie. La Commission prendra ultérieurement les mesures
nécessaires si elle constate des règles discriminatoires ou des règles fiscales
discriminatoires concernant les investissements transfrontières dans des biens
immobiliers réalisés par les entreprises d’assurance-vie et les fonds de
pension. Par ailleurs, les travaux se poursuivent en vue de simplifier les
procédures de réduction de la retenue à la source concernant le «post-marché». Outre les
différences de traitement fiscal des différents acteurs du marché d'un État
membre à l'autre, il existe également des différences de traitement fiscal
selon le type de financement, ce qui peut créer des distorsions. Notamment, les
différences de traitement fiscal du financement sous forme de dette et du
financement sous forme de capital pourraient accentuer le recours des
entreprises au financement par émission de dettes ou par emprunt bancaire. En
outre, la définition de la dette et du capital et leur traitement fiscal
respectif, y compris en ce qui concerne les instruments de fonds propres
réglementaires, varient d'un État membre à l'autre, ce qui est susceptible de
compromettre l’égalité des conditions de concurrence, de fragmenter les marchés
et de créer des possibilités de transfert de bénéfices. Enfin, il est
particulièrement difficile pour les start-ups d'obtenir un financement, car ne
disposant pas de garanties financières et n'ayant pas encore fait leurs
preuves, elles ne peuvent apporter aucune certitude aux bailleurs de fonds. Les
start-ups ont pourtant un potentiel d'innovation susceptible de remettre en
question la position sur le marché des grandes entreprises déjà bien établies.
Selon les conclusions d'une étude récente commandée par la Commission
européenne[40], les incitations
fiscales à la R&D ciblant les jeunes entreprises innovantes sont une
pratique efficace. Technologies L'un des moteurs
de l’intégration des marchés des capitaux vient des rapides avancées
technologiques, qui ont notamment permis la mise en place des plateformes de
négociation électroniques, du trading haute fréquence et des entreprises de
«FinTech». La «FinTech» peut être définie comme la combinaison de services
financiers innovants et de la mise à disposition de capitaux grâce à
l'utilisation de nouvelles technologies (numériques), comme le financement
participatif («crowdfunding»). Selon un rapport récent, les investissements
mondiaux dans les entreprises de FinTech ont triplé depuis 2008 pour atteindre
près de 3 milliards d’USD en 2013; cette tendance devrait se poursuivre,
l'investissement mondial dans les FinTech étant en bonne voie pour atteindre
8 milliards d'USD d'ici 2018[41]. Le droit
européen et les droits nationaux des sociétés n'ont pas évolué aussi vite que
les changements technologiques et n'ont par exemple pas suffisamment intégré
les avantages de la numérisation. Les échanges d’informations entre les
entreprises, les actionnaires et les pouvoirs publics se font encore souvent
sur papier. Par exemple, dans de nombreuses entreprises, les actionnaires ne
peuvent toujours pas voter par voie électronique et il n'y a pas
d’immatriculation en ligne des entreprises à l'échelle européenne.
L'utilisation des technologies modernes dans ces domaines pourrait permettre de
réduire les coûts et les contraintes, mais également d'assurer une
communication plus efficace, notamment dans un contexte transnational. Questions:
23)
Existe-t-il des mécanismes permettant d’améliorer le fonctionnement et
l’efficacité des marchés qui ne soient pas abordés dans le présent document, en
particulier dans les domaines du fonctionnement et de la liquidité des marchés
des actions et des obligations? 24)
À votre avis, existe-t-il des domaines dans lesquels le corpus de règles unique
demeure encore insuffisant? 25)
Pensez-vous que les autorités européennes de surveillance sont dotées de
compétences suffisantes pour assurer une surveillance cohérente? Quelles
mesures supplémentaires relatives à la surveillance au niveau de l’UE
pourraient contribuer de manière significative à la mise en place d’une union
des marchés des capitaux? 26)
En tenant compte des expériences passées, y a-t-il des modifications ciblées
des règles relatives à la détention de titres qui pourraient contribuer à une
plus grande intégration des marchés des capitaux au sein de l’Union européenne? 27)
Quelles mesures pourraient être prises pour améliorer les flux transnationaux
de collatéral? Faut-il entreprendre d'améliorer le caractère exécutoire
transfrontière du collatéral et des accords de compensation avec déchéance du
terme? 28)
Quels sont les principaux obstacles à l’intégration des marchés des capitaux
créés par le droit des sociétés, y compris sur le plan de la gouvernance
d’entreprise? Y a-t-il des mesures ciblées qui pourraient permettre de les
surmonter? 29)
Quels aspects spécifiques des lois sur l’insolvabilité faudrait-il harmoniser
pour favoriser l’émergence d’un marché paneuropéen des capitaux? 30)
Quelles sont les barrières autour de la fiscalité qu'il faudrait examiner en
priorité pour favoriser une plus grande intégration des marchés des capitaux au
sein de l’Union et une structure de financement plus solide au niveau de
l’entreprise et au moyen de quels instruments? 31)
Comment l’UE peut-elle au mieux aider le marché à développer de nouvelles
technologies et de nouveaux modèles d’entreprise favorisant l'intégration et
l'efficacité des marchés des capitaux? 32) Y a-t-il d'autres domaines, non
recensés dans ce livre vert, dans lesquels il serait nécessaire d'agir pour
parvenir à établir une union des marchés des capitaux? Dans l’affirmative,
quels sont ces domaines et quelle forme pourrait prendre cette action? Section 5: Prochaines étapes En
se fondant sur les résultats de cette consultation, la Commission examinera les
actions prioritaires nécessaires pour mettre en place, d’ici à 2019, les
éléments constitutifs d’une union des marchés des capitaux intégrée, bien
réglementée, transparente et liquide couvrant l’ensemble des 28 États membres
de l’Union. En plus de soutenir les initiatives venant du marché lorsque cela
est possible, l’action de l’UE pourrait prendre la forme de mesures non
législatives, de textes législatifs, de mesures de mise en œuvre des règles de
concurrence et d'actions contre les infractions, et de recommandations
spécifiques par pays dans le cadre du semestre européen. Les États membres sont
encouragés à examiner si leur législation et pratiques nationales créent des
barrières et des obstacles et à réfléchir à la meilleure manière de les
surmonter. Les
parties intéressées sont invitées à communiquer leurs réponses aux questions du
présent livre vert avant le 13 mai 2015 au moyen du questionnaire en ligne:
http://ec.europa.eu/finance/consultations/2015/capital-markets-union/index_en.htm Au
cours du processus de consultation, la Commission européenne:
travaillera
avec le Parlement européen pour obtenir un retour d’information direct de
la part de ses membres;
invite
les États membres à organiser des consultations et des rencontres avec le
public et les parlementaires nationaux afin d'encourager le débat sur
l'union des marchés des capitaux au niveau national; et
organisera
de manière transparente et équilibrée des ateliers afin de consulter les
parties ayant une expertise technique spécifique (universitaires, acteurs
du marché) en vue de former un avis éclairé sur des questions spécifiques.
La Commission organisera
une conférence au cours de l’été 2015 pour clore la consultation. Un plan
d’action sur l'union des marchés des capitaux sera publié dans le courant de
l'année 2015. [1] Comme la législation sur les marchés d’instruments financiers
(MIFID II), sur les abus de marché (MAR/CSMAD), sur les gestionnaires de
fonds d’investissement alternatifs (directive AIFM), sur l’infrastructure des
marchés financiers européens (EMIR) et sur les dépositaires centraux de titres
(DCT). [2] COM(2014) 903 final du
26.11.2014. [3] ECMI Statistical package
2014 [4] Dans
le cadre du programme REFIT (programme pour une réglementation affûtée et
performante) [5] SIFMA/AFME
European Structured Finance Data Tables (4th Quarter 2014). [6] Proposition de
règlement du Parlement européen et du Conseil sur le Fonds européen pour les
investissements stratégiques et modifiant les règlements (UE) n° 1291/2013
et (UE) n° 1316/2013, COM(2015) 10. [7] Voir le rapport du 3e trimestre
2014 de l'ICMA. [8] Dans
le cadre des investissements dans les infrastructures, les fonds structurels et
d’investissement européens (Fonds ESI) peuvent également jouer un rôle
important, pour autant que les critères d’éligibilité applicables soient
remplis. [9] Telles que les systèmes
multilatéraux de négociation (MTF). [10] Voir COM(2015) 10
final, article 9. [11] COM(2014)
172 [12] Directive
2014/91/UE. [13] Directive 2011/61/UE
modifiant les directives 2003/41/CE et 2009/65/CE ainsi que les règlements (CE)
nº 1060/2009 et (UE) nº 1095/2010. [14] Directive
2009/138/CE. [15] Par ailleurs, dans le
cadre de la réglementation prudentielle bancaire, l’acte délégué de la
Commission relatif au ratio de couverture des besoins de liquidité (LRC)
prévoit des incitations supplémentaires à investir dans les infrastructures et
les PME, qui faciliteront les investissements dans les PME. [16]
http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-14-578_en.htm. [17] Le Royaume-Uni,
l’Allemagne, la Suède, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, la France et
l’Espagne. [18] Règlement (UE)
n° 345/2013. [19]
Règlement (UE) n° 346/2013. [20] Règlement (UE)
n° 1303/2013. [21] Règlement (UE) n° 1287/2013. [22] JO C 19
du 22.1.2014, p. 4. [23] Les «business
angels» sont des investisseurs privés, connaissant généralement le monde des
affaires, qui apportent des capitaux à des start-ups. [24] Fact Book 2014,
European Fund and Asset Management Association. [25] Directive
2014/65/UE modifiant la directive 2002/92/CE et la directive 2011/61/UE. [26] COM(2014) 509. [27] COM(2010) 343. [28] L’UE veille également à obtenir, dans le cadre de ses accords
commerciaux et d’investissement, des garanties adéquates assurant un niveau de
protection approprié dans des domaines tels que la sécurité, la santé, la
protection de l’environnement ou la diversité culturelle. [29] COM(2014) 509. [30] Règlement (UE)
n° 648/2012. [31] Règlement (UE )
nº 575/2013 modifiant le règlement (UE)
nº 648/2012. [32] Directive 2006/46/CE. [33] Directive 2007/36/CE. [34]
COM(2010) 284 et COM(2011) 164. [35] Par exemple le règlement
(CE) n° 2157/2001 du Conseil et la directive 2005/56/CE. [36] Le règlement
nº 1346/2000 relatif aux procédures d’insolvabilité sera remplacé par un
instrument juridique amélioré en 2015. [37]
Document de travail des services de la Commission SWD(2014) 61 final. [38]
Recommandation de la Commission C(2014) 1500. [39] Le
livre blanc intitulé «Une stratégie pour des retraites adéquates, sûres et
viables», qui s'appuie sur la consultation lancée dans le cadre du livre vert
de 2010, a été adopté le 16 février 2012. Ce livre blanc passe en revue les
défis qui menacent l’adéquation et la pérennité des systèmes de retraite et propose
une série de mesures au niveau de l’UE. [40] CPB (2014), «Study
on R&D tax incentives», Taxation papers N° 52. [41] http://www.accenture.com/SiteCollectionDocuments/PDF/Accenture-Rise-of-Fintech-New-York.pdf