COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL Réaliser l'objectif de 10 % d'interconnexion dans le secteur de l'électricité Un réseau électrique européen prêt pour 2020 /* COM/2015/082 final */
Les
interconnexions, éléments essentiels de l'Union de l'énergie
Au cours des
dernières décennies, l'Union européenne s'est employée à construire le marché
commun de l'énergie le plus intégré, le plus compétitif et le plus durable du
monde. L'intégration
des marchés de l'énergie de l'Union donne des résultats concrets: les prix
de gros de l'électricité ont baissé d'un tiers[1]; les
consommateurs bénéficient d'un choix plus diversifié entre des
fournisseurs d'énergie qui se concurrencent en proposant des prix moins élevés
et des services plus performants et le cadre législatif a intensifié la
concurrence dans le secteur. Néanmoins, il
reste encore beaucoup à faire. En effet, l'UE est dépendante des importations,
les infrastructures sont dépassées et les investissements font défaut. En
outre, le marché de détail n'est pas pleinement opérationnel et les prix finaux
élevés de l'énergie, pour les particuliers comme pour les professionnels,
nuisent à la compétitivité des entreprises. Il faut passer à une économie à
faibles émissions de carbone pour lutter contre le changement climatique et
notre suprématie technologique est menacée. La nécessité de mettre un terme au
morcellement des marchés nationaux de l'énergie en Europe est devenue
incontestable. L'UE doit transformer ses modes de production, de transport et
de consommation de l'énergie. Sa politique énergétique doit changer de cap et
s'orienter vers une Union de l'énergie. Ces raisons ont
poussé la Commission européenne à adopter un cadre stratégique pour une Union
de l'énergie résiliente, assortie d'une politique en matière de changement
climatique orientée vers l'avenir. La présente communication, relative à
l'objectif de 10 % d'interconnexion dans le secteur de l'électricité,
représente une étape concrète dans cette direction. Pour assurer sa
sécurité énergétique, pour renforcer la concurrence sur le marché intérieur et
rendre les prix plus compétitifs et pour réaliser les objectifs politiques
qu'elle s'est fixés en matière de climat et de décarbonisation, il est
indispensable que l'Europe se dote d'un réseau d'énergie interconnecté. Un
réseau interconnecté permettra d'atteindre l'objectif ultime de l'Union de
l'énergie, à savoir procurer à l'UE une énergie abordable, sûre
et durable et stimuler la croissance et l'emploi. Des interconnexions
font encore défaut entre plusieurs pays. Il faut mobiliser d'urgence
tous les efforts à tous les niveaux pour construire ces interconnexions et
atteindre l'objectif commun consistant à mettre en place un marché intérieur de
l'énergie totalement opérationnel et connecté. Les
infrastructures énergétiques figurent en tête des priorités de l'Europe dans le
domaine de l'énergie. Le Conseil européen d'octobre 2014 a appelé à «mettre
en œuvre rapidement toutes les mesures nécessaires pour atteindre l'objectif
consistant à assurer l'interconnexion d'au moins 10 % de la capacité
installée de production d'électricité de tous les États membres». En
réponse à cette demande, la présente communication[2]
expose une stratégie destinée à permettre l'intégration complète du marché
intérieur de l'électricité en garantissant un niveau suffisant d'interconnexion
des réseaux, stratégie faisant partie intégrante de l'Union de l'énergie.
Les
avantages d'un système énergétique interconnecté
L'interconnexion
de réseaux électriques nationaux isolés et la création d'un système électrique
véritablement européen s'accompagneront d'un certain nombre d'avantages non
négligeables pour l'Union européenne et ses États membres. Les
interconnexions électriques renforceront la sécurité d'approvisionnement
de l'Europe. Elles accroîtront la fiabilité du système électrique, amélioreront
la qualité de service et feront diminuer les coupures d'électricité et les
pertes de productivité dans les secteurs commercial et industriel. Atteindre
des niveaux ambitieux d'interconnexion électrique contribuera à réduire la
dépendance de l'Europe car l'optimisation du système permettra de réduire les
importations de combustibles fossiles, ce qui créera davantage de possibilités pour
l'Europe en termes d'investissements, de croissance et d’emploi. En outre, les
interconnexions facilitent l'activation de mécanismes d'aide instantanée entre
gestionnaires de réseau de transport et renforcent la coopération et la
solidarité entre ces derniers. Un réseau
interconnecté est caractérisé par une concurrence accrue et une meilleure
efficacité, ce qui garantit des prix plus abordables sur le marché
intérieur, ainsi qu'une utilisation des ressources disponibles
optimisée et un meilleur rapport coût-efficacité. Les interconnexions
impliquent une intégration plus poussée du marché européen, permettent d'en
augmenter la taille et l'efficacité et renforcent la concurrence. Le graphique
ci-dessous montre que les échanges transfrontaliers se sont significativement
accrus depuis la fin des années 90, au début de l'ouverture du marché. Légende:
Développement des échanges transfrontaliers globaux depuis 1975 dans les pays
dont les GRT sont membres du REGRT-E Sur un marché
interconnecté et donc plus intégré, il ne serait pas nécessaire de faire appel
au même moment aux installations de chaque pays, ce qui réduit les besoins
d'investissement dans des capacités de production en pointe et de stockage. Les
États membres en retireraient des avantages économiques et politiques
substantiels car les investissements en capital diminueraient et l'incidence
sur l'environnement serait moindre puisque la construction de certaines
installations ne se justifierait plus. L'augmentation des échanges liés aux
services d'équilibrage de réseaux réduit aussi les coûts d'exploitation à court
terme du système. La baisse des coûts de production et/ou du niveau des
investissements consacrés à la production, ainsi que les coûts de combustible
évités grâce à l'interconnexion des réseaux électriques vont se traduire par
des tarifs de l'électricité plus concurrentiels pour les entreprises et les
ménages. Enfin, un réseau énergétique européen suffisamment interconnecté
permet aux Européens de profiter des avantages du marché, car les consommateurs
pourraient économiser 12 à 40 milliards d'EUR par an d'ici à 2030[3]. Un réseau
électrique bien interconnecté est essentiel pour le développement durable
et pour la décarbonisation du bouquet énergétique car il permet
l'intégration de quantités croissantes d'énergies renouvelables caractérisées
par leur variabilité. Accroître la part des énergies renouvelables dans le
bouquet énergétique aide à progresser vers les objectifs de l'UE dans le
domaine du climat en faisant diminuer les émissions de CO2 et en
renforçant en outre la sécurité d'approvisionnement. Se doter d'un réseau plus
interconnecté est aussi essentiel pour l'UE, qui aspire à devenir le leader
mondial des énergies renouvelables, ambition qui ne relève pas uniquement d'une
politique responsable en matière de changement climatique mais est aussi un
impératif de politique industrielle. Les entreprises européennes du secteur des
énergies renouvelables et des technologies connexes sont devenues des acteurs
industriels d'envergure, qui employaient environ 1,2 million de personnes
en 2012. Elles créent des emplois stables aux niveaux régional et local et
génèrent de la croissance durable. En résumé, un
taux d'interconnexion plus élevé contribuera à rendre les prix de
l'électricité plus abordables sur le long terme en raison de l'efficacité
accrue du marché et à améliorer la sécurité, la fiabilité et la qualité
de l'approvisionnement en électricité, aspects essentiels pour les
activités économiques et sociales, tout en assurant un niveau élevé de protection
de l'environnement. Ces améliorations feront aussi diminuer notre dépendance
énergétique en réduisant la consommation de combustibles importés et faciliteront
la réalisation de nouveaux investissements en Europe grâce aux prix plus
concurrentiels de l'électricité et au renforcement de la compétitivité des
entreprises européennes. Augmenter le taux d'interconnexion permettra de
renoncer à certains projets de construction d'installations et de faire
diminuer les émissions de CO2, ce qui réduira les incidences sur
l'environnement. Le réseau aura une capacité accrue d'intégration des
énergies renouvelables et libérera un potentiel de croissance plus élevé
pour le secteur européen de l'énergie renouvelable, assurant ainsi à ce
dernier une place de leader mondial et renforçant par là même sa capacité de
création d'emplois, jusqu'à garantir une création nette d’emplois en Europe. Pour tous les
motifs énumérés ci-dessus, il importe que l'interconnexion des marchés de
l'électricité devienne, à tous les niveaux, une priorité pour l'Union
européenne dans les années à venir.
La
politique de l'UE en matière d'infrastructures énergétiques s'est
profondément modernisée
Bien conscients
des avantages que procurent les interconnexions dans le domaine de l'énergie,
les États membres ont augmenté leurs capacités d'interconnexion au cours des
dernières décennies. Cependant, douze États membres, situés pour la plupart à
la périphérie de l'UE, n'ont pas atteint l'objectif de 10 %
d'interconnexion électrique et sont donc isolés du marché intérieur de
l'électricité. Taux
d'interconnexion du réseau électrique en 2014 État membre || || États membres dont le réseau présente un taux d'interconnexion supérieur à 10 % AT || || 29 % BE || || 17 % BG || || 11 % CZ || || 17 % DE || || 10 % DK || || 44 % FI || || 30 % FR || || 10 % GR || || 11 % HR || || 69 % HU || || 29 % LU || || 245 % NL || || 17 % SI || || 65 % SE || || 26 % SK || || 61 % États membres dont le réseau présente un taux d'interconnexion inférieur à 10 % IE || || 9 % IT || || 7 % RO || || 7 % PT || || 7 % EE[4] || || 4 % LT4 || || 4 % LV4 || || 4 % UK || || 6 % ES || || 3 % PL || || 2 % CY || || 0 % MT || || 0 % || Source: REGRT-E, Scenario Outlook and Adequacy Forecast 2014 || Dans ce
contexte, l'Union européenne s'est progressivement dotée des instruments
politiques adaptés pour réaliser les investissements nécessaires dans les
infrastructures de réseau, parmi lesquels les investissements dans les
interconnexions revêtent une importance primordiale. À la suite de la
crise économique, la Commission européenne a présenté un programme énergétique
européen pour la relance (PEER) prévoyant notamment de recenser les projets
d'interconnexion dans toute l'UE et de mobiliser les ressources financières de
l'UE. Ce programme a permis de réaliser plusieurs projets d'interconnexion
entre États membres, qui n'avaient pas été menés à bien auparavant parce que
les fonds nécessaires n'étaient pas disponibles. 650 millions d'EUR ont
été consacrés aux interconnexions électriques (Annexe 1) au titre du PEER. Carte
des interconnexions financées par le PEER Le règlement
concernant des orientations pour les infrastructures énergétiques
transeuropéennes[5]
adopté en 2013, ainsi que le mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE)[6]
constituent un instrument stable conçu pour recenser et mettre en œuvre en
temps utile les projets dont l’Europe a besoin dans douze corridors et domaines
prioritaires. Associés à l'introduction des projets d’intérêt commun (PIC), à
l'amélioration du traitement réglementaire et à l'accélération des procédures
d’octroi des autorisations, ces outils représentent un progrès considérable. Comme l'a
souligné le Conseil européen, l'objectif d'interconnexion devrait
essentiellement être atteint par la mise en œuvre des projets d'intérêt commun.
La première liste de PIC pour l'Union a été adoptée
en 2013. Elle comporte 248 projets, dont 137 dans le
domaine de l'électricité. Au nombre de ces derniers figurent 52
interconnexions électriques et un projet d'investissements anticipés
pour de futures interconnexions. 37 de ces projets d'interconnexion concernent
des États membres dont le taux d'interconnexion est actuellement inférieur à
10 %. Carte
de la première liste de PIC pour les interconnexions électriques dans les États
membres dont le taux d'interconnexion est inférieur à 10 % La liste de PIC
est une liste variable qui est mise à jour tous les deux ans. Des travaux
préparatoires sont actuellement en cours, dans le cadre régional établi par le
règlement RTE- E, pour élaborer une deuxième liste qui serait adoptée par la
Commission à l'automne 2015. Les projets de nature à accroître
notablement la capacité d'interconnexion actuelle, lorsqu'elle est nettement
inférieure à l'objectif de 10 % établi, seront considérés comme
prioritaires, notamment lorsque cet objectif est particulièrement
difficile à réaliser. La conception et
la mise en œuvre des PIC est confiée à la fois aux gestionnaires de réseau de
transport et à des promoteurs privés. Les projets actuels se trouvent à des
stades de développement différents. Certains sont en construction, mais
beaucoup en sont encore aux premières étapes de la préparation. Environ
75 % de tous les PIC de la première liste de l'Union devraient être
achevés d'ici à 2020. Dans les
paragraphes ci-dessous figurent des exemples de projets PEER et de PIC qui,
lorsqu'ils auront été réalisés, permettraient aux États membres d'atteindre
l'objectif de 10 %, certains déjà dans les mois à venir, d'autres à moyen
terme. ·
Le projet d'interconnexion entre Baixas,
en France et Santa Llogaia, en Espagne, a reçu le soutien du
PEER. Après son inauguration en février 2015,
la capacité d'interconnexion électrique entre la France et la péninsule
ibérique sera doublée. Le PIC entre la région Aquitaine, en France, et
le Pays basque, en Espagne, fait actuellement l'objet d'études
approfondies financées par des subventions de la CE. Ce
projet permettra de doubler de nouveau la capacité d'interconnexion. Tous les
efforts devraient être mobilisés pour qu'il soit achevé en 2020, ce qui
permettrait de se rapprocher de l'objectif de 10 % d'interconnexion
électrique. ·
Le nouveau projet d'interconnexion entre
Vila Fria — Vila do Conde — Recarei, au Portugal, et Beariz — Fontefría,
en Espagne, qui figurait déjà sur la première liste de PIC, va permettre
d'augmenter, d'ici à 2016, le taux d'interconnexion entre le Portugal et
l'Espagne, qui est actuellement de 7%, et de faire passer le taux
d'interconnexion du Portugal au-dessus de l'objectif de 10 %. ·
Les réseaux de l'Estonie, de la Lettonie
et de la Lituanie sont bien intégrés entre eux, mais en 2011 ces trois
réseaux étaient seulement interconnectés à 4 % avec le marché européen de
l'électricité. Toutefois, la situation s'améliore rapidement. En 2015, les pays
baltes sont parvenus à l'objectif de 10 % d'interconnexion avec le marché
de l'électricité de l'UE via la Finlande, grâce au projet PEER Estlink2.
L'interconnexion entre la Suède (Nybro) et la Lituanie (Klaipeda) - projet dit
«Nordbalt1», financé au titre du PEER– améliorerait encore l'intégration du
futur marché de l'électricité entre les États baltes et le Nord Pool Spot à
partir de la mi-2016. ·
L'achèvement de l'interconnexion PIC
entre la Lituanie et la Pologne, dit «LitPol Link», permettrait de
doubler la capacité d'interconnexion de la Pologne, qui atteindrait un taux de
4 % d'ici à la fin de 2015. Il renforcerait également l'interconnexion
synchrone des réseaux baltes avec les réseaux d'Europe continentale. Un autre
PIC, l'interconnexion entre Vierraden, en Allemagne, et Krajnik, en Pologne,
ferait passer le taux d'interconnexion de la Pologne au-dessus du seuil de
10 % d'ici à 2020. ·
Les PIC prévus au Royaume-Uni,
qui comprennent des lignes intérieures et des interconnexions avec la Belgique,
la France, l'Irlande et la Norvège, vont permettre à ce pays d'atteindre
l'objectif de 10 % et de réduire la congestion de ses interconnexions. ·
Plusieurs PIC exécutés en Italie
dans le secteur de l'électricité, essentiellement des interconnexions entre
l'Italie et la France, la Suisse et l'Autriche et des travaux nécessaires de
renforcement du réseau national permettraient de faire passer le taux
d'interconnexion du réseau italien avec ses voisins à environ 12 % d'ici à
l'achèvement des projets en 2020. La fiabilité de l'approvisionnement en
électricité s'en trouverait améliorée en Italie et le risque de congestion
serait bien moindre. ·
La réalisation de plusieurs PIC figurant sur la
première liste permettrait à l'Irlande d'accroître notablement sa
capacité d'interconnexion. Le taux
d'interconnexion du réseau irlandais, qui était de 3 % en 2011, est passé
à 7 % en 2013 grâce à un projet d'interconnexion entre l'Irlande et le
Royaume-Uni financé au titre du PEER. Il pourrait même dépasser 15 % en
2020 lorsque les PIC prévus pour améliorer l'interconnexion avec le Royaume-Uni
(Irlande du Nord et Grande-Bretagne) et éventuellement avec la France auront
été réalisés. ·
Avec la mise en œuvre de
l'interconnexion avec la Serbie d'ici à 2017, le taux d'interconnexion de la Roumanie,
qui est actuellement de 7 %, dépasserait 9 %, ce qui le rapprocherait
de l'objectif fixé. ·
Chypre est un îlot énergétique très dépendant du
pétrole et où les prix de l'électricité sont très élevés.
La future interconnexion dite «Interconnecteur EuroAsia», qui se trouve
actuellement au stade de l'étude de préfaisabilité, figurait sur la première
liste de PIC de l'Union. Le projet aura une capacité de 2 000 MW et
fera passer le taux d'interconnexion de Chypre à plus de 100 % lorsqu'il
aura été réalisé en 2023. ·
Grâce au soutien du PEER, le taux
d'interconnexion de Malte va passer de 0 % actuellement à environ 35 %,
avec l'entrée en service de l'interconnexion haute tension avec l'Italie
(Sicile) dans le courant de 2015. La mise en œuvre
des PIC va permettre à l'Europe de se rapprocher de l'objectif de 10 %
d'interconnexion électrique entre les États membres si les projets prévus
sont achevés[7]
en 2020 (voir la carte ci-dessous). Il faut redoubler d'efforts en adoptant
une approche plus coordonnée et en utilisant tous les outils disponibles pour
que les États membres qui sont en-deçà de l'objectif, en particulier l'Espagne
et Chypre, l'atteignent d'ici à 2020. Carte
avec taux d'interconnexion en 2020 après la mise en œuvre des PIC actuels
Le
cadre réglementaire européen doit être pleinement mis en œuvre et
appliqué
La réalisation
des investissements nécessaires dans les infrastructures suppose un cadre
réglementaire solide. Depuis 2013, l’Union européenne envisage la question de
la planification et de la mise en œuvre des infrastructures dans sa globalité. Le
règlement relatif aux infrastructures énergétiques transeuropéennes (RTE-E)
consacre pour la première fois des dispositions spécifiques aux projets de
nature transfrontalière ou ayant une incidence sur les flux transfrontaliers. Selon le
règlement RTE-E, ces projets doivent faire l'objet d’un traitement réglementaire
spécifique. Il propose que soit démontré clairement, au moyen d’une analyse des
coûts et avantages, l'intérêt que ces projets présentent à l'échelle
supranationale, et prévoit une possibilité de répartition transfrontalière de
leurs coûts en fonction de leurs retombées dans les États membres concernés.
Le règlement RTE-E dispose également que les autorités réglementaires
nationales accordent des mesures incitatives réglementaires proportionnées au
niveau de risque des projets concernés. Il s'ensuit que les tarifs fixés pour
l’utilisation des infrastructures doivent prendre en compte, par exemple, une
durée suffisante pour permettre la récupération des investissements, en
prévoyant une période d’amortissement adéquate, la nécessité d’investissements
anticipatifs, etc. La grande
majorité des projets ont pour promoteurs les gestionnaires de réseau de
transport, tandis que les régulateurs approuvent ou fixent les tarifs. Il
existe également des projets, notamment des projets d’intérêt commun, qui
émanent d'acteurs privés et sont dénommés «lignes marchandes». Ces acteurs
tendent à récupérer leurs investissements en exploitant le différentiel de prix
entre les deux extrémités de la ligne. Les risques qu’ils prennent sont donc de
nature très différente. Aussi, bien que les dispositions du règlement RTE-E
concernant l’octroi des autorisations leur soient applicables, ces lignes
bénéficient souvent de dérogations à certaines parties du cadre réglementaire,
comme celles qui concernent l’accès des tiers et la tarification de la
congestion. Le règlement
RTE-E aborde également pour la première fois les problématiques de la lenteur
des procédures d’octroi des autorisations et de l’acceptation par
le public, qui constituent les principaux obstacles au développement des
infrastructures, notamment pour les lignes électriques aériennes. Le règlement
prévoit un délai total contraignant de 3,5 ans pour l’octroi des autorisations,
soit nettement moins que la moyenne actuelle, qui est de 10 à 13 ans. Les
compétences d’octroi des autorisations doivent être centralisées par une seule
autorité compétente («guichet unique»). La Commission ayant veillé à
l'application rigoureuse de cette règle, ces autorités seront finalement en
place dans tous les États membres au printemps 2015[8]. Le
règlement instaure également de nouvelles règles renforçant la consultation et
la transparence, afin d'associer davantage les citoyens au processus de
planification. L’objectif est de rendre le processus plus efficace tout en
préservant le niveau élevé des exigences de l’UE en matière de protection de
l’environnement[9]. Il
est primordial que les États membres mettent en œuvre et appliquent pleinement
les dispositions du règlement RTE-E afin d’éviter tout retard dans la mise en
œuvre des projets nécessaires. La Commission veillera
à la mise en œuvre intégrale et au strict respect de ces dispositions.
Exploiter
pleinement tous les instruments financiers disponibles, le mécanisme pour
l’interconnexion en Europe, les fonds structurels et d’investissement
européens et le Fonds européen pour les investissements stratégiques
La Commission
estime que 200 milliards d’EUR seront nécessaires d’ici à 2020 pour
construire les infrastructures qui permettront d'assurer une interconnexion
suffisante entre tous les États membres de l’UE, de manière à garantir la
sécurité de l’approvisionnement et à renforcer le développement durable. Pour
les projets dans le secteur de l’électricité, l'investissement à réaliser
s'élève à quelque 105 milliards d’, dont environ 35 milliards d’EUR
pour les interconnexions qui ont acquis le statut de projet d’intérêt
commun et qui sont nécessaires pour atteindre l’objectif de 10 % dans
l’ensemble de l’UE. Le budget
pluriannuel de l’UE pour la période 2014-2020 témoigne de l'importance accordée
à la mise en place d’un réseau électrique interconnecté. Dans le cadre du mécanisme
pour l’interconnexion en Europe (MIE) qui couvre trois secteurs
(transports, énergie, télécommunications), l’énergie représente un montant de
5,35 milliards d’EUR sur une enveloppe totale d’environ 30 milliards d’EUR[10]. Bien
que les financements relevant du MIE ne représentent qu’environ 3 % des
investissements nécessaires d'ici à 2020, ils peuvent exercer un effet de
levier sur d’autres fonds par le recours à des instruments financiers tels que
les obligations liées à des projets, déjà utilisés à titre expérimental lors de
la phase pilote en 2012-2013. Par conséquent, une part importante du MIE sera
mise en œuvre au moyen de ces instruments. Pour avoir un
véritable impact, les subventions du MIE doivent être ciblées sur un petit
nombre de projets critiques et se conjuguer aux efforts des régulateurs pour
financer des projets au moyen de tarifs de réseau. Les États membres peuvent
également recourir aux fonds structurels et d’investissement européens
(fonds ESI), si certaines conditions sont réunies. Selon les premières
estimations, une somme d'environ 2 milliards d’EUR en provenance du Fonds
européen de développement régional (FEDER) devrait être affectée aux grandes
infrastructures électriques et gazières. La République tchèque (pour un montant
indicatif d'environ 200 millions d’EUR) et la Lituanie (pour un montant
indicatif de 69,5 millions d’EUR), par exemple, envisagent d'exploiter cette
possibilité et de faire appel au FEDER pour se doter de réseaux électriques
intelligents à haute tension. Le 13 janvier
2015, la Commission a proposé la création d’un Fonds européen
d’investissements stratégiques (EFSI) destiné à améliorer de manière
significative l'accès au financement à long terme pour les projets
d’investissement de l’UE. Cet instrument pourrait couvrir des projets
d’intérêt commun ou d’autres projets d’interconnexion et, partant,
accélérer l'octroi d'un soutien aux projets d’intérêt commun et autres et
compléter la structure actuelle à cet effet. L'EFSI, qui sera mis en
place en partenariat étroit avec la Banque européenne d’investissement (BEI),
offre de nouvelles possibilités de financement commercial. Le Fonds est un
élément vital du train de mesures de la Commission en faveur de la croissance,
de l’emploi et de l’investissement. L’EFSI mobilisera au moins 315 milliards
d’EUR d'investissements privés et publics dans l’ensemble de l’UE, la
contribution du budget de l’UE s'élevant à 16 milliards d’EUR et celle de la BEI,
à 5 milliards d’EUR. L’effet multiplicateur de l’EFSI est donc estimé à un
facteur d’au moins 15. L’énergie occupe
une place privilégiée parmi les priorités du Fonds. Les opérations
d’investissement du Fonds doivent être en adéquation avec les politiques de
l’Union et soutenir la réalisation d'objectifs généraux tels que le
développement des infrastructures, notamment dans le secteur de l’énergie, en
particulier les interconnexions énergétiques. Aux côtés du
mécanisme pour l’interconnexion en Europe, l’EFSI pourrait devenir un outil
important pour réaliser les projets d’intérêt commun et pour aider les
promoteurs à mettre en œuvre leurs projets. Un portail consacré aux
investissements est en train de se créer, qui vise à renforcer la transparence
du circuit parcouru par les projets d’investissement de l’UE et à rendre
l’information accessible aux investisseurs potentiels. L'EFSI est un point de
rencontre entre les promoteurs de projet et les investisseurs et favorise la
prise de risques financiers. Comme la grande majorité des projets
d’infrastructure s'appuient sur un dossier solide, l’EFSI peut jouer un rôle
clé dans la mobilisation des investissements nécessaires, conjointement avec
d’autres organismes d'investissement et banques commerciales. Pour obtenir un
financement de l’EFSI, la rapidité et le respect du calendrier d'élaboration
des projets seront déterminants. Un rôle important à cet égard sera dévolu aux
groupes régionaux impliqués dans le processus des projets d’intérêt commun. Une plateforme européenne
de conseil en investissement (EIAH), qui s'appuiera sur les services de conseil
existants de la BEI et de la Commission, aidera à sélectionner, préparer et
développer des projets d’investissement et fera office de guichet unique pour
le conseil technique au financement de projets dans l’Union, y compris sur les
aspects juridiques. Elle fournira notamment des conseils sur l’utilisation de
l’assistance technique aux fins de la structuration des projets, l’utilisation
d’instruments financiers novateurs et les partenariats public-privé. L'EIAH ne
se limitera pas à l'EFSI mais fournira également des conseils sur l’utilisation
d’autres possibilités de financement déjà disponibles pour les projets
d’infrastructure, notamment le mécanisme pour l’interconnexion en Europe et les
fonds structurels et d’investissement européens. Il convient
également d'insister sur la contribution des investisseurs privés, soit par
l'intermédiaire de l’EFSI soit via d’autres instruments fondés sur le marché,
comme les fonds européens d’investissement à long terme, qui peuvent orienter
les financements privés vers des investissements à long terme tels que les
infrastructures énergétiques. La politique du RTE-E porte déjà ses premiers
fruits, mais il faut aller de l'avant. Pour accélérer la réalisation de
l’objectif d’interconnexion, la Commission compte intensifier les travaux des
groupes régionaux mis en place dans le cadre du règlement RTE-E, suivre de près
la réalisation de chaque projet d’intérêt commun et proposer des mesures
correctives et ciblées précoces s'il y a lieu, en particulier dans les États
membres les plus éloignés de l’objectif de 10 %. La Commission
intensifiera également son soutien aux projets critiques par des mesures
ciblées. Elle étudiera, projet par projet, les obstacles et les risques
susceptibles de retarder la construction et prendra des mesures le cas échéant,
pour: - réunir les promoteurs afin de résoudre les
problèmes techniques, de planification, de conception et de mise en œuvre qui
se posent et de faciliter les contacts avec la BEI et d’autres banques; - donner accès à une assistance technique afin
d'améliorer le dossier du projet et de le rendre intéressant à financer; - coopérer avec l’ACER et les régulateurs nationaux
pour optimaliser les mesures d’incitation; - assurer la conformité avec le règlement RTE-E et
engager les procédures qui s'imposent si certaines dispositions ne sont pas
encore mises en œuvre, par exemple, en matière d'octroi des autorisations; - faciliter la conclusion d’accords entre les États
membres pour résoudre les questions politiques.
Il faut renforcer la coopération
régionale
Les projets
d’intérêt commun critiques, en particulier les interconnexions, sont
généralement des projets de grande ampleur, par définition complexes et sujets
aux retards. Pour les promoteurs de projet, les procédures d’octroi des
autorisations et l’adhésion du public sont les principaux facteurs de risque
pouvant faire obstacle à une mise en œuvre rapide des projets. Par conséquent,
les possibilités d’accélérer cette mise en œuvre exigent une action concertée
de toutes les parties concernées, parmi lesquelles les États membres, les
gestionnaires de réseau de transport et les promoteurs, les autorités de
régulation et les autorités chargées de l’aménagement du territoire. Tous les projets
d’intérêt commun doivent bénéficier d’une approche qui dépasse le niveau du
projet individuel. Une forte coopération régionale, telle qu'elle est assurée
dans le cadre des groupes régionaux des RTE-E, est un facteur de mise en œuvre
essentiel. Les quatre
groupes régionaux pour l’électricité [réseau dans les mers septentrionales,
plan d'interconnexion des marchés énergétiques de la région de la mer Baltique
(PIMERB), interconnexions Nord-Sud en Europe de l'Ouest et interconnexions
Nord-Sud en Europe centrale et en Europe du Sud-Est] adoptent une liste
régionale de projets d’intérêt commun devant servir ensuite à l'élaboration de
la liste de l'UE. Ils surveillent la mise en œuvre des projets d’intérêt commun
dans leur région, signalent les difficultés éventuelles et peuvent proposer des
mesures correctrices. L'influence des
groupes régionaux peut toutefois s'avérer insuffisante. Il convient notamment
de renforcer encore la coopération régionale et de la porter à un
niveau plus élevé afin d'agir sur les grandes priorités stratégiques qui
dépassent les problèmes de planification et de mise en œuvre particuliers. Il
s'agit, par exemple, de trouver des solutions technologiques innovantes,
d'établir des liens plus étroits entre la planification du réseau et la
planification de la production, de faire face aux risques urgents pesant sur la
sécurité d’approvisionnement par des mesures synchronisées portant sur la
réglementation et les infrastructures ou de s’engager plus fermement dans la
recherche de solutions acceptables et durables dans les régions écologiquement
sensibles. La Commission
juge nécessaire de renforcer les travaux des groupes régionaux des RTE-E dans
les domaines suivants. -
Dans le cas de la région de la mer
Baltique, la coopération régionale au sein du PIMERB, dans sa forme
actuelle, porte ses fruits et la région bénéficiera de bonnes interconnexions,
non seulement dans le secteur de l’électricité, mais aussi dans celui du gaz,
d’ici à 2020. La Commission réexamine actuellement les structures du PIMERB en
étroite coopération avec les États membres concernés afin de rationaliser et de
recentrer l’action sur les problèmes qui subsistent, notamment la connexion en
synchrone des États baltes avec le réseau du continent européen, l’intégration
des sources d’énergie renouvelables et l'amélioration de l’efficacité
énergétique. La procédure de réexamen devrait
aboutir à la signature d’un nouveau protocole d’accord dans le cadre de la
présidence lettonne de l’UE. -
Dans ses conclusions d'octobre 2014, le
Conseil européen s'est intéressé de près à une autre région, à savoir la péninsule
ibérique. La coopération relative à ses capacités d'interconnexion
s'est récemment intensifiée avec la signature en janvier 2015, par les gestionnaires
de réseau de transport de l’Espagne, de la France et du Portugal, d’un document
stratégique commun pour le développement de l’interconnexion. Ce document
établit une liste d’objectifs communs et propose des possibilités de projets.
La Commission a activement favorisé cette coopération et met en place
actuellement un nouveau groupe à haut niveau chargé de concrétiser la
coopération. Pour accompagner ces travaux, la Commission a lancé une
étude sur les avantages, les coûts et les possibilités techniques de création
de nouvelles interconnexions entre la péninsule ibérique et le reste de l’UE.
En mars 2015 se tiendra un sommet des chefs d’État et de gouvernement des trois
pays concernés. La Commission est convaincue que ce sommet donnera un nouvel
élan à ce processus et elle appuiera tout nouvel engagement en ce sens. -
Les pays qui entourent les mers
septentrionales ne sont pas encore suffisamment interconnectés pour
utiliser de façon optimale la capacité de production existante et prévue sur
terre et en mer. Les mers septentrionales offrent des conditions idéales pour
fournir de grandes quantités d’énergie provenant de sources autochtones, à
faibles taux d'émission de carbone, produites à proximité de régions comptant
parmi les plus énergivores d’Europe. Leur potentiel de production d’électricité
pourrait représenter de 4 à 12 % de la consommation d’électricité de l’UE
d’ici à 2030. Dans cette région, l’objectif consiste à améliorer les
interconnexions pour faciliter l’intégration du marché et les flux commerciaux
et intégrer de grandes quantités d’énergie produite à partir de sources
renouvelables en mer, notamment l’énergie éolienne. La région offre également
de bonnes perspectives de développement de technologies innovantes, comme la
stratégie de captage et de stockage du carbone, le stockage de l’énergie ou la
production de gaz à partir d'électricité. La Commission soutient activement et
continuera à soutenir les travaux de ce groupe régional et l’élaboration
d’un plan d’action. -
La Commission a lancé une
coopération renforcée sur les priorités en matière de développement des
infrastructures en Europe centrale et en Europe du Sud-Est. Le
marché de l’électricité doit être mieux interconnecté et modernisé dans cette
région, notamment pour permettre l'exploitation de l’important potentiel
d’énergie renouvelable. L'enjeu est d’autant plus important que la région est
actuellement confrontée à une situation particulièrement difficile dans le
secteur du gaz après l’abandon du South Stream. Dès lors, un groupe à
haut niveau a été créé en janvier 2015 et s'est réuni pour la première
fois le 9 février à Sofia. La Commission travaillera en étroite
collaboration avec les États membres concernés pour chacune de ces formes de
coopération régionale renforcée en vue d'élaborer une stratégie spécifique pour
chaque région visant à faire face aux problèmes les plus urgents et à décider
des mesures à prendre. Les quatre régions établiront un plan d’action
comprenant des étapes concrètes pour sa mise en œuvre, notamment des propositions
concrètes d'interconnexion pour atteindre l’objectif de 10 % défini au
niveau de l’UE. Dans certains cas où la réalisation de l'objectif de 10 %
serait difficile à réaliser, la Commission a eu connaissance des différentes
propositions qui ont été présentées (par exemple, pour les États baltes, une
nouvelle phase dans la ligne LitPol ou, pour l'interconnexion entre la
péninsule ibérique et la France, les interconnexions Navarra-Bordeaux,
Sabiñanigo-Marsillon ou Monzón-Cazaril). En pareil cas, la Commission fournira
une aide et des conseils aux parties intéressées afin d’ajouter de nouveaux
projets dans leurs plans d’action. La Commission suivra de près la mise en
œuvre des plans d'action. Dans la mesure du possible, la Commission encouragera
l’harmonisation des méthodes de travail des groupes régionaux. La Commission assurera également une étroite
collaboration avec le réseau européen des gestionnaires de réseau de transport
d’électricité (REGRT-E) pour que le plan décennal de développement du réseau
(TYNDP), qui constitue l’unique instrument de sélection des projets d’intérêt
commun (PIC), possède un champ d’application plus étendu et désigne clairement
les projets nécessaires pour atteindre l’objectif d’interconnexion de
10 %, tout en proposant des actions concrètes, y compris la possibilité de
compléter le plan décennal de développement du réseau, le cas échéant. La Commission fera rapport chaque année
au Conseil européen sur la mise en œuvre des PIC et sur les progrès réalisés
pour atteindre l'objectif de 10 %, qui sera un élément important du bilan
annuel complet prévu par le cadre stratégique pour une Union de l’énergie. La
Commission veillera à ce que les travaux des groupes régionaux bénéficient des
synergies nécessaires avec l’EFSI, une fois qu’il sera constitué. La Commission
animera également le débat au sein des groupes régionaux sur d’autres questions
urgentes, telles que la modernisation des réseaux. En outre, à la fin de 2015, la
Commission organisera le premier forum sur les infrastructures
énergétiques afin d'examiner et de résoudre les problèmes communs à
toutes les régions d’Europe, éventuellement avec les pays voisins.
Préparer
2030
À l’invitation
du Conseil européen de mars 2014, la Commission a proposé, en mai 2014, de
relever l’objectif d’interconnexion de l’électricité, qui est de 10 %
actuellement, pour le porter à 15 % d’ici à 2030, tout en tenant compte
des aspects liés aux coûts et des possibilités offertes par les échanges
commerciaux dans les régions concernées. Le Conseil européen d'octobre 2014 a
chargé la Commission de faire rapport «régulièrement au Conseil européen, le
but étant d'atteindre l'objectif de 15 % d’ici 2030». Il est
prévu d'atteindre cet objectif principalement par la mise en œuvre de projets
d’intérêt commun. Les objectifs de
la politique énergétique de l’UE et les objectifs énergétiques et climatiques
pour 2020 et 2030 ne pourront pas être atteints sans un réseau électrique
européen totalement interconnecté, avec un plus grand nombre d'interconnexions transfrontalières,
un plus grand potentiel de stockage et des réseaux intelligents pour gérer la
demande et garantir la sécurité de l’approvisionnement énergétique dans un
système où les énergies renouvelables, de nature variable, occupent une plus
large place. À cet égard, la construction progressive des autoroutes
paneuropéennes de l’électricité jouera également un rôle décisif. En janvier
2014, la Commission a annoncé son intention de surveiller le déploiement des
réseaux intelligents et le niveau des interconnexions entre les États membres,
en conférant un caractère d'urgence à ceux qui sont le plus éloignés de
l’objectif convenu, à savoir 10 % de leur capacité de production
installée. L’achèvement du
marché intérieur de l’électricité, mettant fin notamment à l’isolement des
«îlots électriques», la sécurité de l’approvisionnement en énergie pour tous
les consommateurs et l'augmentation de la part de production d’électricité
variable provenant de sources d’énergie renouvelables nécessitent une capacité d’interconnexion
supérieure à 10 %, et les efforts de l’UE et des États membres doivent
être guidés par l'idée que tous les États membres devraient atteindre au moins
15 % d'interconnexion d’ici à 2030. Dans le même temps, en raison des
différences entre les États membres en ce qui concerne la situation
géographique et la structure du bouquet énergétique et de l'approvisionnement
en énergie, une approche au cas par cas s'impose, fondée sur une évaluation
approfondie des goulets d’étranglement, en tenant compte des coûts. Les
structures de coopération régionale constitueront un cadre précieux pour la
concertation et la prise de décisions sur la marche à suivre. La Commission
utilisera également ces formes de coopération régionale renforcée pour la
réalisation de l’objectif de 15 %.
Conclusion
Pour mettre en
place une Union de l’énergie résiliente, soutenue par une politique climatique
tournée vers l’avenir, l’Union européenne doit porter son niveau
d’interconnexion électrique à 10 % d’ici à 2020. Il est évident que
l’Europe doit redoubler d’efforts pour répondre aux défis de la politique
énergétique et climatique. Le cadre
réglementaire et financier qui a été récemment mis en place commence à porter
ses fruits. Les États membres et tous les autres acteurs doivent à présent
faire preuve de détermination politique pour atteindre les objectifs fixés.
Cela suppose une intensification des travaux dans les groupes régionaux mis en
place dans le cadre du règlement RTE-E, tandis que la Commission continuera à
déployer des initiatives visant à approfondir la coopération régionale. Le Conseil européen a décidé qu’un système de
gouvernance fiable et transparent, sans charges administratives inutiles, sera
mis au point pour que l’UE puisse respecter ses objectifs politiques. Il
s’agira notamment de rationaliser les exigences actuelles en matière de
présentation de rapports. La Commission
rédigera un rapport sur la base des rapports qu'elle recevra des États membres.
Ce rapport, qui sera un élément important du bilan annuel complet prévu par le
cadre stratégique pour une Union de l’énergie, comprendra un état d’avancement
complet de tous les projets d’intérêt commun, ainsi que des recommandations en
vue d'accélérer les projets et de renforcer la flexibilité de la liste de projets
d'intérêt commun dans l'éventualité où l'échéance de 2020 pour la réalisation
de l'objectif de 10% de capacité d'interconnexion ne serait pas respectée. S'il
y a lieu, la Commission proposera de nouvelles mesures afin d’atteindre cet
objectif. Comme en
témoigne l’engagement politique positif concernant la région de la mer Baltique
et la péninsule ibérique, un soutien au plus haut niveau est essentiel pour
faire progresser ces grands projets. [1] Pour la
période 2008-2012; voir COM(2014) 21/2. [2]
Conformément au mandat donné par le Conseil européen, la présente communication
porte sur l'électricité. En ce qui concerne le gaz, aucun objectif
d'interconnexion n'a été proposé car, pour des raisons liées à la sécurité de
l'approvisionnement, les États membres sont déjà obligés de prévoir des mesures
en cas de défaillance de leur plus grande infrastructure de gaz (règle dite
«N-1»). Voir
le règlement (UE) n° 994/2010. [3] Étude: Benefits of an
integrated European energy market, juillet 2013, Booz & Co. [4] Les trois États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) ne sont pas
encore synchronisés avec le réseau européen et doivent par conséquent être
considérés comme une seule entité. Ces trois réseaux sont totalement intégrés
entre eux, et la valeur de 4 % indiquée pour chacun des trois réseaux
baltes se rapporte à son taux d'interconnexion avec le marché européen de
l'électricité (via la Finlande). Cette valeur correspond à la situation au
début de 2014, avant l'entrée en service de l'interconnexion Estlink2. Avec
l'achèvement de ce projet, le taux d'interconnexion a sensiblement augmenté
pour s'établir autour de 10 %. [5] Règlement (UE)
n° 347/2013 concernant des orientations pour les infrastructures
énergétiques transeuropéennes, JO L 115 du 25.4.2013. [6] Règlement (UE) n° 1316/2013
établissant le mécanisme pour l'interconnexion en Europe, JO L 348 du
20.12.2013. [7]
L'annexe 2 donne un aperçu des projets dans les États membres dont le taux
d'interconnexion est inférieur à 10 %. [8] Le règlement RTE-E
prévoyait leur mise en place au plus tard à l'automne 2013. [9] Par
ailleurs, les services de la Commission ont élaboré des orientations visant à
rationaliser les procédures d’évaluation d’impact sur l’environnement des
projets d’intérêt commun ayant trait à des infrastructures énergétiques. [10] Ces chiffres tiennent
compte de la récente proposition de la Commission visant à instituer un Fonds
européen pour les investissements stratégiques (EFSI). ANNEXE
1 Projets
cofinancés par le programme énergétique européen pour la relance (PEER) Ø EstLink
2 est la deuxième interconnexion CCHT entre l'Estonie
et la Finlande, qui porte la capacité de transfert entre ces deux pays à
1 000 MW. Ø Nordbalt est une nouvelle interconnexion entre
la Suède et la Lituanie et sa capacité de transfert est de 700 MW. Ø L'interconnexion Autriche-Hongrie
(Vienne-Györ), dont la capacité est de 1 100 MVA, a amélioré
l'interopérabilité des réseaux électriques autrichien et hongrois. Ø L'interconnexion Espagne-France (Santa Llogaia-Baixas) est une
ligne souterraine essentielle d'une capacité de 1 400 -
1 800 MW qui traverse la chaîne des Pyrénées en empruntant une
galerie technique spécifique. Ø L'interconnexion
Malte-Italie (Pembroke - Marina di Ragusa) est un
câble souterrain CAHT de 250 MVA qui mettra fin à l'isolement du réseau
électrique maltais par rapport au reste de l'Europe. Ø L'interconnexion Royaume-Uni - Irlande (Deeside
- Meath) est un câble CCHT d'une capacité de 500 MW. Il s'agit du premier
projet d'interconnexion électrique entre l'Irlande et la Grande-Bretagne. Ø Le
projet comprenant quatre lignes aériennes entre Lunes and Tavira (PT),
Lunes et Estói (PT), Tavira (PT) et Alcoutim (ES) et Ourique et Estói
(PT) a contribué à la modernisation et à l'extension du réseau électrique
portugais. Ø Le
renforcement du réseau électrique entre la région du Douro (PT)
et la frontière espagnole à Aldeadavila a été réalisé à l'automne 2011. ANNEXE 2: PIC
augmentant la capacité dans les États membres dont le taux d'interconnexion est
inférieur à 10 % Corridor prioritaire || Projet d'intérêt commun (PIC) || Date d'entrée en service et stade du projet[1] Corridor prioritaire Réseau énergétique des mers septentrionales («REMS») || 1.1.1. Interconnexion entre Zeebruge (BE) et les environs de Richborough (UK) || 2018 Autorisations 1.2 PIC Belgique — deux plates-formes en mer prêtes pour le raccordement au réseau, raccordées à la station terrestre de Zeebrugge (BE) avec investissements anticipés pour de futures interconnexions avec la France et/ou le Royaume-Uni[2] || 2018 Autorisations 1.6 PIC Interconnexion France — Irlande entre La Martyre (FR) et Great Island ou Knockraha (IE) || 2025 Phase d'étude 1.7.1. Interconnexion France — Royaume-Uni entre le Cotentin (FR) et les environs d’Exeter (UK) (actuellement dénommé «projet FAB») || 2022 Phase d'étude 1.7.2. Interconnexion France — Royaume-Uni entre Tourbe (FR) et Chilling (UK) (actuellement dénommé «projet IFA2») || 2020 Phase d'étude 1.7.3. Interconnexion France — Royaume-Uni entre Coquelles (FR) et Folkestone (UK) (actuellement dénommé «projet ElecLink») || 2016 Construction mi-2015 1.9.1. Interconnexion Irlande — Royaume-Uni entre Co. Offaly (IE), Pembroke et Pentir (UK) || 2019 Autorisations 1.9.2. Interconnexion Irlande – Royaume-Uni entre les postes de Coolkeeragh - Coleraine (IE) et la station de Hunterston, Islay, Argyll et les parcs éoliens offshore du point C (UK) || 2020 Phase d'étude 1.9.3. Interconnexion Irlande — Royaume-Uni entre le hub Nord, Dublin et Codling Bank (IE) et Trawsfynyd et Pembroke (UK) || 2020 Phase d'étude 1.9.4. Interconnexion Irlande — Royaume-Uni entre la région centrale de l’Irlande et Pembroke (UK) || 2017-2020 Phase d'étude 1.9.5. Interconnexion Irlande — Royaume-Uni entre la région centrale de l’Irlande et Alverdiscott, Devon (UK) || 2017-2020. Phase d'étude 1.9.6. Interconnexion Irlande — Royaume-Uni entre la côte irlandaise et Pembroke (UK) || 2017-2020. Phase d'étude 1.10 PIC Interconnexion Norvège — Royaume-Uni || 2020 Autorisations 1.11.2. Interconnexion Irlande — Royaume-Uni entre le nord-ouest de l’Irlande (IE) et les Midlands (UK) || 2017 Autorisations 1.11.4. Interconnexion Irlande – Royaume-Uni entre Glinsk, Mayo (IE) et Connah's Quay, Deeside (UK) || 2018 Autorisations Corridor prioritaire Interconnexions électriques Nord-Sud en Europe de l'Ouest («INS Électricité Ouest») || 2.4 PIC Interconnexion France — Italie entre Codrongianos (IT), Lucciana (Corse, FR) et Suvereto (IT) (actuellement dénommé «projet SA.CO.I.3») || 2022 Phase d'étude 2.5.1. Interconnexion entre Grande Île (FR) et Piossasco (IT) (actuellement dénommé «projet Savoie-Piémont») || 2019 Autorisations FR Construction IT 2.7 PIC Interconnexion France — Espagne entre l'Aquitaine (FR) et le Pays basque (ES) || 2020 Phase d'étude 2.13.1. Interconnexion Irlande — Royaume-Uni entre Woodland (IE) et Turleenan (UK- Irlande du Nord) || 2017 Autorisations 2.13.2. Interconnexion Irlande — Royaume-Uni entre Srananagh (IE) et Turleenan (UK — Irlande du Nord) || 2020-2025. Phase d'étude 2.14 PIC Interconnexion Italie — Suisse entre Thusis/Sils (CH) et Verderio Inferiore (IT) || 2018 Autorisations 2.15.1. Interconnexion entre Airolo (CH) et Baggio (IT) || 2022 2.17 PIC Interconnexion Portugal — Espagne entre Vila Fria - Vila do Conde — Recarei (PT) et Beariz - Fontefría (ES) || 2016 Autorisations Corridor prioritaire Interconnexions électriques Nord-Sud en Europe centrale et en Europe du Sud-Est («INS Électricité Est») || 3.2.1. Interconnexion entre Lienz (AT) et la Vénétie (IT) || 2022 Phase d'étude 3.3 PIC Interconnexion Autriche — Italie entre Nauders (AT) et la région de Milan (IT) || 2018 Phase d'étude 3.4 PIC Interconnexion Autriche — Italie entre Wurmlach (AT) et Somplago (IT) || 2017 Autorisations 3.10.1. Interconnexion entre Hadera (IL) et Vasilikos (CY) || 2018 Phase d'étude 3.10.2. Interconnexion entre Vasilikos (CY) et Korakia, Crète (EL) || 2022 Phase d'étude 3.14.1. Interconnexion entre Eisenhűttenstadt (DE) et Plewiska (PL) || 2022 Phase d'étude 3.15.1. Interconnexion entre Vierraden (DE) et Krajnik (PL) || 2017 Autorisations 3.19.1. Interconnexion entre Villanova (IT) et Lastva (ME) || 2017 Construction 3.20.1. Interconnexion entre Udine Ouest (IT) et Okroglo (SI) || 2021 Phase d'étude 3.21 PIC Interconnexion Italie — Slovénie entre Salgareda (IT) et Divača — région de Bericevo (SI) || 2022 Autorisations 3.22.1. Interconnexion entre Resita (RO) et Pancevo (RS) || 2017 Autorisations Corridor prioritaire Plan d'interconnexion des marchés énergétiques de la région de la mer Baltique («PIMERB Électricité») || 4.2.1. Interconnexion entre Kilingi-Nõmme (EE) et le poste CHP2 de Riga (LV) || 2020 Autorisations 4.3 PIC Estonie/Lettonie/Lituanie, interconnexion synchrone avec les réseaux de l'Europe continentale || 2023-2025. Phase d'étude 4.5.1. Partie lituanienne de l’interconnexion entre Alytus (LT) et la frontière LT/PL || 2015 Construction [1] Selon le PDDR 2014 du
REGRT-E (le cas échéant) ou suivant les informations fournies à la Commission
par les promoteurs de projets en 2014. [2] Les projets en bleu
concernent les projets d'interconnexion qui devraient être achevés d'ici à
2017/2018 ou sur lesquels les travaux devraient avoir considérablement avancé
d'ici à 2017; ils pourraient bénéficier d'un soutien au titre de l'EFSI.