COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU PARLEMENT EUROPÉEN Renforcer la lutte contre la contrebande de cigarettes et les autres formes de commerce illicite de produits du tabac – Une stratégie globale de l'UE /* COM/2013/0324 final */
TABLE DES MATIÈRES COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU PARLEMENT
EUROPÉEN Renforcer la lutte contre la contrebande de cigarettes et les autres
formes de commerce illicite de produits du tabac – Une stratégie globale de
l'UE.............................................................................................................................................. 4 1........... Introduction.................................................................................................................... 4 2........... Nature et ampleur du problème posé par le
commerce illicite du tabac dans l'Union.......... 5 2.1........ La nature du commerce illicite......................................................................................... 5 2.2........ L'échelle et l'ampleur du commerce illicite dans
l'UE........................................................ 6 2.3........ Pays tiers dont proviennent les produits illicites
du tabac.................................................. 7 2.4........ Production illicite dans l'Union......................................................................................... 9 2.5........ Marques saisies et lieux des saisies.................................................................................. 9 3........... Facteurs contribuant au commerce illicite....................................................................... 10 3.1........ De fortes incitations et des vides juridiques
conséquents................................................. 10 3.2........ Les mesures de contrôle de la chaîne
d’approvisionnement ne sont pas à la hauteur de la menace 11 3.3........ Enjeux pour les autorités de répression.......................................................................... 12 3.3.1..... Autorités douanières et fiscales...................................................................................... 12 3.3.1.1.. Gestion des risques....................................................................................................... 13 3.3.1.2.. Méthodes de contrôle, équipement, formation et
outils informatiques.............................. 13 3.3.2..... Autres autorités de répression....................................................................................... 14 3.3.3..... Collaboration entre les autorités compétentes et
les acteurs de l’Union........................... 14 3.3.4..... Corruption.................................................................................................................... 15 3.3.5..... Coopération internationale avec les autorités des
pays tiers............................................ 15 3.4........ Faible dissuasion: les sanctions imposées par les
États membres sont relativement légères 15 4........... L’approche à suivre...................................................................................................... 15 4.1........ Mesures destinées à réduire les incitations..................................................................... 16 4.2........ Mesures destinées à sécuriser la chaîne
d’approvisionnement......................................... 17 4.3........ Mesures destinées à renforcer la répression................................................................... 18 4.3.1..... Aider les autorités de répression à surmonter les
difficultés auxquelles elles sont confrontées 18 4.3.1.1.. Gestion des risques....................................................................................................... 18 4.3.1.2.. Mesures opérationnelles................................................................................................ 18 4.3.1.3.. Outils et équipements informatiques............................................................................... 19 4.3.1.4.. Coopération entre les autorités de l'Union...................................................................... 19 4.3.1.5.. Problèmes spécifiques................................................................................................... 20 4.3.1.6.. Partage de compétences et de meilleures pratiques........................................................ 21 4.3.2..... Renforcer la coopération avec les principaux pays
d'origine et de transit......................... 22 4.4........ Renforcement des sanctions.......................................................................................... 23 5........... Conclusion................................................................................................................... 24 COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU
PARLEMENT EUROPÉEN Renforcer la lutte contre la
contrebande de cigarettes et les autres formes de commerce illicite de produits
du tabac – Une stratégie globale de l'UE 1. Introduction Selon les estimations de l'Office européen de lutte
antifraude (OLAF), le commerce illicite[1]
de cigarettes occasionne des pertes financières annuelles de plus de 10 milliards
d'EUR pour le budget de l'Union européenne et les budgets des États membres[2].
Ces pertes sont dues au non‑paiement de droits de douane et de taxes,
notamment des montants de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et d'accise. Les
cigarettes représentent la majeure partie du commerce illicite de tabac, mais
d'autres produits (tels que le tabac à rouler) sont également vendus de manière
illégale. Il y a dix ans, le commerce illicite consistait pour
l'essentiel en une contrebande à grande échelle, par conteneurs, de cigarettes
de marques renommées. Ces dernières années, la part relative de la contrebande
de ces «marques principales»[3]
a diminué. En revanche, la contrefaçon, la production illicite et, surtout, la
contrebande d'«autres marques[4]»
(produites essentiellement hors de l'Union en quantités excédant largement la
demande sur les marchés nationaux concernés) sont en hausse. Le commerce illicite du tabac n'est pas seulement un enjeu
économique. Outre le préjudice important qu'il représente pour les recettes
nationales et celles de l'Union, ce commerce favorise l'économie parallèle. Il
est en réalité presque exclusivement le fait de groupes criminels organisés qui
opèrent par‑delà les frontières. En outre, sur le plan de la santé, le
commerce illicite nuit aux initiatives politiques qui visent à réduire la
consommation des produits du tabac, notamment parmi les groupes vulnérables que
sont les jeunes et les groupes à faibles revenus. Les produits du tabac
illicites ne sont généralement pas produits dans le respect des exigences
prévues par la législation de l'UE relative aux produits du tabac[5]. La Commission européenne et les États membres ont déjà pris
des mesures visant à juguler le commerce illicite du tabac. Par exemple, des
accords de coopération juridiquement contraignants ont été conclus avec quatre
des principaux fabricants mondiaux de cigarettes[6].
En 2011, la Commission a présenté un plan d'action de lutte contre la
contrebande le long de la frontière orientale de l'UE[7]
afin de résoudre les problèmes recensés dans cette zone géographique
spécifique. L'analyse des informations disponibles[8]
montre cependant qu'en dépit de ces efforts, le commerce illicite est
globalement en augmentation dans l'UE. L'Union est confrontée à un afflux
croissant de produits illicites d'autres marques en provenance de l'extérieur,
ainsi qu'à une production et une distribution illicites accrues à l'intérieur
de son territoire. De plus, le commerce illicite des produits du tabac n'est
pas, de toute évidence, une spécificité de l'Union: il s'agit d'un problème
mondial. En novembre 2012, en effet, les 176 parties contractantes à la
Convention‑cadre pour la lutte antitabac («CCLAT») ont adopté un
protocole à la convention visant en particulier à traiter le problème du
commerce illicite des produits du tabac[9]. Ce problème revêt une grande importance et se pose à
l'échelle mondiale. Il est présent sous diverses formes aux frontières de
l'Union et à l'intérieur de son territoire. Le commerce illicite est influencé
par les facteurs de demande et d'offre, ainsi que le manque d'efficacité des
mesures de contrôle. Son impact financier conséquent sur les budgets de l'Union
et des États membres est très grave, notamment dans le contexte de la crise
économique qui frappe actuellement l'Union. Il est clair qu'une approche
globale du problème posé par le commerce illicite des produits du tabac
s'impose. La présente communication
décrit la nature et l'ampleur du problème posé par le commerce illicite du
tabac dans l'Union, recense les facteurs qui y contribuent, et propose une stratégie
globale de l'UE pour lutter contre ce phénomène à l'intérieur de son
territoire. L'approche globale prévue
dans cette stratégie tient compte du fait que la lutte contre le commerce
illicite est une question transversale, sur laquelle influe une multitude de
facteurs et de causes, et qui fait elle‑même intervenir un vaste ensemble
de politiques de l'UE et/ou nationales. 2. Nature et ampleur
du problème posé par le commerce illicite du tabac dans l'Union 2.1. La nature du
commerce illicite Le commerce illicite du tabac couvre plusieurs phénomènes,
qui ont, dans une certaine mesure, des caractéristiques différentes et
appellent des réponses diverses, à différents niveaux. Les multiples formes du
commerce illicite comprennent: ·
la contrebande (internationale) de produits du tabac authentiques
(c'est‑à‑dire les marques principales et les «autres marques»); ·
la contrebande (internationale) de cigarettes contrefaites, et ·
la production et la distribution illicites dans l'UE (sans droits
de douane, sans paiement de TVA ou de droits d'accise). La contrebande internationale (de marchandises
authentiques ou contrefaites) peut prendre les formes suivantes: ·
déclarations erronées/incorrectes (déclarer une fausse
description/valeur/origine/etc. des marchandises; les droits de douane sont
incorrects, s'ils sont acquittés, et la TVA et les droits d'accise ne sont pas
versés); ·
dissimulation de marchandises dans des cargaisons licites, à bord
de véhicules ou sur des passagers (les droits de douane, la TVA et les droits
d'accise ne sont pas acquittés), et enfin, ·
franchissement illégal des frontières, échappant totalement au
contrôle des autorités (les droits de douane, la TVA et les droits d'accise ne
sont pas acquittés). Dans l'UE, le commerce illicite comprend la
production et la distribution illicites/non autorisées à l'intérieur du
territoire douanier de l'Union (y compris dans les diverses juridictions
fiscales). La distribution illicite couvre les marchandises produites dans l'UE
et déclarées à l'exportation ou ayant une destination intra-UE et déplacées en
suspension de TVA et de droits d'accise, mais qui ne quittent jamais le
territoire douanier de l'Union ou sont livrées à un destinataire dans l'UE
figurant sur le document d'accise dans l'EMCS[10]
ou sur la déclaration de TVA, ainsi que les marchandises importées mises en
libre pratique dans l'UE en suspension de TVA et de droits d'accise, et
distribuées ensuite illégalement sans paiement de TVA ou d'accises. Ce commerce
consiste également à retirer du régime de transit des marchandises qui sont
ensuite vendues illégalement dans l'Union (les droits de douane, la TVA et les
droits d'accise ne sont pas acquittés). 2.2. L'échelle et
l'ampleur du commerce illicite dans l'UE Des études réalisées sur le sujet reconnaissent[11]
qu'il est particulièrement difficile d'évaluer le commerce illicite en
raison de la nature illégale et clandestine de l'activité. Quelques estimations
sont toutefois disponibles[12].
Une étude financée par l'Union a estimé que la consommation de cigarettes
illicites dans l'UE représentait, en 2007[13],
8,5 % de la consommation globale. Le «KPMG Project Star Report» de 2012[14]
a estimé que la consommation de cigarettes illicites était de 8,4 % en 2007,
de 8,6 % en 2008, de 8,9 % en 2009, de 9,9 % en 2010, de 10,4 %
en 2011 et de 11,1 % en 2012. Ces chiffres représentent une hausse de
30 % au cours des 6 dernières années. Les saisies déclarées par les États membres confirment que
les cigarettes représentent clairement la majeure partie des saisies de
produits du tabac[15],
bien que quelques saisies importantes de tabac à rouler aient également été
enregistrées. Les autres produits du tabac ne figurent pas en quantités
notables dans les déclarations. 2.3. Pays tiers dont
proviennent les produits illicites du tabac Selon les données disponibles, les principaux pays de
provenance des produits du tabac de contrebande sont, par ordre
d'importance: la Chine, les Émirats arabes unis (EAU)[16],
le Viêt Nam, la Malaisie, la Fédération de Russie, Singapour, la
Biélorussie et l'Ukraine. Graphique 1: Informations sur l'acheminement || Quantités (nbre de cigarettes) Type de marque || Marques principales || Autres marques Nombre de saisies La Chine demeure le pays d'origine de la majeure partie des
cigarettes saisies. L'analyse des échantillons saisis montre qu'il s'agit
essentiellement des cigarettes contrefaites. Les envois illicites saisis ont
été soit expédiés directement vers des ports maritimes européens, soit
transbordés via Singapour et la Malaisie, où le commerce illicite est aggravé
par l'insuffisance des contrôles dans les zones franches. Alors que les EAU semblaient par le passé jouer
essentiellement un rôle de point de transbordement, les informations actuelles
montrent clairement qu'ils sont désormais un lieu de production important pour
les autres marques[17],
en particulier dans leurs zones franches. La Grèce semble être une cible préférentielle pour l'entrée
des envois provenant de Chine et des EAU. Les envois sont souvent transbordés en Égypte, en Turquie et
dans d'autres ports de la Méditerranée orientale. Malgré les mesures déjà prises, la frontière orientale de
l'Union demeure également la cible du commerce illicite, notamment la région
baltique. Les principaux pays de provenance dans cette zone sont la Russie,
l'Ukraine et, de manière croissante, la Biélorussie. Dans le cas de la Russie
(ainsi que des EAU), la plupart des produits saisis sont authentiques. Cela
signifie qu'ils sont produits légalement, mais en quantités excédant largement
la demande locale dans les pays d'origine. Que les droits soient acquittés dans
leur pays d'origine ou non, ces produits sont ensuite introduits en contrebande
dans l'UE. L'analyse établie par FRONTEX confirme que la contrebande de
cigarettes est l'un des problèmes majeurs en ce qui concerne la frontière
orientale de l'UE, et indique qu'il existe une contrebande à grande échelle
provenant des pays des Balkans occidentaux. Elle précise également que la
contrebande de cigarettes entrave considérablement le travail des autorités
frontalières aux frontières terrestres orientales, notamment aux frontières
terrestres avec la Turquie et avec les pays des Balkans occidentaux[18]. Le mode opératoire de la contrebande est très variable. Les
marchandises arrivent par conteneurs maritimes, dans des véhicules routiers
(camions, camionnettes, voitures), par voie maritime ou fluviale sur des
bateaux de petite taille, par chemin de fer, ainsi que par fret aérien ou par
la poste. L'entrée de produits du tabac dissimulés dans d'autres marchandises
reste le mode opératoire le plus utilisé. La contrebande répétée concernant des
quantités réduites (dite «contrebande de fourmis») est un problème majeur dans
les régions frontalières. Il arrive que ce trafic soit bien organisé et que les
petites quantités soient regroupées pour former des cargaisons plus
volumineuses avant d'être transportées vers d'autres États membres pour la
vente sur le marché illicite. Il convient de souligner que la criminalité organisée joue
un rôle important dans le commerce illicite, ce qui aggrave encore le problème[19].
Le commerce illicite du tabac étant une activité très lucrative et peu risquée,
il est particulièrement attrayant pour les organisations criminelles qui ont la
possibilité de blanchir les bénéfices conséquents résultant de ce commerce. 2.4. Production illicite
dans l'Union Il est probable que des quantités importantes de cigarettes
soient aussi produites illégalement dans l'UE. Le nombre d'usines
illégales recensées a connu une augmentation rapide: en 2011, les États
membres ont découvert neuf usines illégales dont la capacité de production
combinée a été estimée à plus de 9 millions de cigarettes par jour.
En 2010, seulement cinq usines de ce type avaient été découvertes. 2.5. Marques saisies et
lieux des saisies La part des autres marques par rapport aux marques
principales[20]
dans les saisies augmente de façon constante et a atteint environ 58 %
en 2011. Les mesures prises par les quatre principaux fabricants en
application des accords de coopération, comme le suivi et la traçabilité des
produits du tabac, les vérifications diligentes à l'égard des clients et la
prévention du blanchiment de capitaux, ont clairement réduit de manière notable
la présence des produits proposés par ces sociétés sur le marché illégal. Pour certaines des autres marques[21]
les quantités saisies pendant la période analysée ont été similaires à celles
des marques principales ou sont en forte augmentation[22],
ce qui montre clairement qu'elles sont bien implantées sur les marchés
illégaux. Des quantités importantes de certaines autres marques[23]
sont produites dans l'UE. Une analyse de la typologie des lieux de saisie ou des modes
de transport utilisés montre que, même si les saisies réalisées dans les
ports maritimes demeurent les plus importantes en termes de quantités,
celles effectuées à l'intérieur du territoire ont augmenté et atteignent
également un niveau notable, tant par leur nombre que par les quantités
saisies. Graphique 2: Typologie des lieux de saisie Typologie des lieux de saisie || PORT MARITIME || TERRITOIRE NATIONAL LIEU INCONNU FRONTIERE DU PAYS ENTREPOT AUTRE LIEU CENTRE POSTAL PORT (MARINA) AEROPORT ZONE FRANCHE PORT FLUVIAL CHEMIN DE FER HAUTE MER VOIE NAVIGABLE INTERIEURE || Quantités (nbre de cigarettes) || Nombre de saisies 3. Facteurs
contribuant au commerce illicite Le commerce des produits du tabac est complexe en raison de
la multitude de règles et d'exigences qui lui sont applicables (par exemple
différentes règles fiscales). Par conséquent, le traitement du commerce légal
nécessite aussi bien l'application des procédures et règles douanières de base
de l'Union que celle des procédures fiscales nationales complexes permettant de
classer, d'évaluer et d'appliquer des taux d'imposition corrects. Le traitement
du commerce illicite (incitations, dissuasions et contrôle) est donc une question
complexe. Le commerce illicite de cigarettes est favorisé par
quatre facteurs principaux: 1) fortes incitations et vides juridiques
conséquents; 2) mesures de contrôle de la chaîne
d'approvisionnement mal adaptées à l'ampleur de la menace; 3) autorités de répression confrontées à certains
défis généraux ou spécifiques; 4) faibles dissuasions: sanctions légères. Pour qu'une stratégie soit efficace dans la lutte contre la
contrebande de cigarettes, elle doit cibler simultanément les facteurs liés aux
incitations, aux dissuasions et au contrôle. 3.1. De fortes
incitations et des vides juridiques conséquents Les produits du tabac sont généralement fortement taxés dans
l'UE. Les droits à l'importation sont élevés, allant de 40 à 58 %[24].
L'incidence fiscale totale (TVA comprise) se situe, pour les cigarettes ayant
un prix moyen pondéré, entre 70,12 % du prix de vente au détail toutes
taxes comprises («PVDTTC») (au Luxembourg) et 88,97 % (au Royaume-Uni). Étant donné que bon nombre de ces facteurs varient d'un pays
à l'autre, les produits du tabac présentent des différences notables
au niveau du prix (payé par le consommateur final), tant à l'intérieur de
l'Union que par comparaison avec les pays voisins. Dans le domaine des droits
d'accise sur les cigarettes, l'écart entre les deux États membres qui
appliquent les taxes les plus faibles et les plus élevées représente 206,41 EUR
pour 1000 cigarettes, soit plus de 4 EUR par paquet de 20 cigarettes,
ce qui, en raison d'une forte demande, encourage la distribution illégale dans
les différentes juridictions fiscales de l'Union. Il existe le même type
d'écart en matière de taux d'accise pour les autres produits du tabac. Bien que les écarts de prix aient diminué entre les pays de
l'Union, les prix pratiqués dans les pays situés à la frontière orientale
demeurent jusqu'à huit fois plus bas. Les différences marquées entre les prix
de vente au détail toutes taxes comprises ont fait naître un environnement
favorable aux achats transfrontaliers axés uniquement sur les taxes ainsi qu'à
la contrebande et à la fraude. Les achats transfrontaliers sont parfaitement
légaux et constituent l'un des avantages du marché intérieur, à condition que
les produits soient achetés par des particuliers pour leur consommation
personnelle. La limite est toutefois ténue entre ces achats transfrontaliers et
la «contrebande» intra‑UE dans laquelle les particuliers achètent
du tabac dans d'autres États membres prétendument pour leur consommation
personnelle, alors qu'ils le vendent en réalité dans l'État membre de
consommation sans verser de droits d'accise. L'écart avec les pays tiers voisins en matière d'accises est
encore plus marqué. La complexité des règles applicables induit en outre
des incitations à la pratique d'activités illégales. La législation fiscale
relative aux produits du tabac est particulièrement complexe dans le contexte
de l'Union, notamment en raison de son caractère essentiellement national. La
définition des produits du tabac soumis à accise reste extrêmement complexe et
le nombre de problèmes liés à la classification et à la définition s'accroît
pour certains produits[25].
En outre, il existe des vides juridiques et des «zones d'ombre»[26]
entre la contrebande et l'importation licite de tabac (ainsi que d'alcool) dans
le respect des seuils d'exonération à l'importation applicables aux voyageurs
venant de pays tiers ou se déplaçant dans l'Union. Les mesures actuelles visant à limiter la mise à la
consommation de volumes importants/excessifs de produits du tabac juste avant
une hausse des taxes («forestalling») ne sont pas non plus suffisantes. La
création de stocks excessifs mis à la consommation avant une hausse des taxes
occasionne une évasion fiscale conséquente et réduit les recettes perçues par
les États membres. Plus généralement, l'identification et la classification des
produits du tabac (et de leur origine) peuvent être difficiles et nécessiter un
équipement spécialisé ou une analyse de laboratoire. Ces écarts et vides juridiques constituent une forte
incitation économique à la contrebande et à d'autres formes de commerce
illicite. 3.2. Les mesures de
contrôle de la chaîne d’approvisionnement ne sont pas à la hauteur de la menace
Les criminels étant clairement incités à se livrer à un
commerce illicite, les mesures visant au contrôle des chaînes
d’approvisionnement du tabac par les autorités ou par les opérateurs
économiques eux-mêmes sont largement insuffisantes. En dehors des accords en vigueur avec les principaux
fabricants, il n’existe pas, à ce jour, de dispositions juridiques au niveau de
l’Union qui obligeraient les opérateurs économiques prenant part à la chaîne
d’approvisionnement du tabac à effectuer une vérification diligente au cours de
leurs activités[27].
Il n’existe pas non plus, à ce stade, d’obligation légale générale imposant aux
producteurs ou importateurs de surveiller les mouvements des cigarettes et
autres produits du tabac tout au long de leur chaîne d’approvisionnement
(suivi). En l’absence de telles mesures, il est très difficile (voire
impossible) pour les autorités de déterminer à quel stade est intervenu le
détournement d'un produit vers le commerce illicite (traçabilité). Vu le contexte des tendances et incitations exposé ci‑dessus,
les exigences actuellement imposées aux opérateurs économiques en matière de
contrôle des chaînes d’approvisionnement doivent de toute évidence être
considérées comme insuffisantes, en dépit de quelques avancées réalisées dans
le domaine de la contrebande des marques principales. 3.3. Enjeux pour les
autorités de répression En matière de répression, les autorités douanières et
fiscales sont les acteurs principaux de la lutte contre la contrebande en
provenance de pays tiers. Les gardes-frontières et la police ont également un
rôle à jouer. La police et les autorités fiscales – ainsi que, dans
plusieurs États membres, les autorités douanières – sont des protagonistes
majeurs de la lutte contre la production et la distribution illicites dans
l’Union. Toutes les autorités concernées (autorités douanières et fiscales,
police ou gardes—frontières) se heurtent à de nombreuses difficultés. Certaines
sont d’ordre général (par exemple les problèmes liés à l’échange de données, à
la gestion des risques et au ciblage) et d’autres sont spécifiquement liées au
commerce illicite du tabac. En outre, il n’existe pas toujours, entre les
autorités compétentes et les organes de l’Union, de mécanismes de coopération
leur permettant collaborer efficacement, ce qui entrave l'effort global
déployé. 3.3.1. Autorités douanières
et fiscales Les autorités douanières utilisent leur personnel, leurs
systèmes informatiques et leurs procédures et équipements de contrôle pour
détecter une multitude de trafics illicites internationaux de marchandises,
parmi lesquelles figurent notamment les produits du tabac. L’UE étant une union
douanière et disposant d’une base juridique commune, ses autorités douanières
sont étroitement interconnectées par l’intermédiaire de systèmes informatiques
partagés, de groupes d'experts mixtes et d’échanges de fonctionnaires[28].
Les autorités fiscales de l’Union prennent également part à diverses formes de
coopération administrative afin de lutter contre la fraude et l’évasion
fiscales dans l’Union. Une multitude de réseaux et systèmes informatiques gérés
par la Commission favorisent la coopération entre les autorités dans le cadre
de ce travail[29].
Cette coopération comprend non seulement l’échange d’informations sur les
risques[30],
mais aussi des réseaux transeuropéens visant à contrôler le mouvement des
marchandises en suspension de droits de douane et autres taxes[31].
Tant les autorités douanières que les autorités fiscales sont néanmoins
confrontées à un certain nombre de difficultés dans la lutte contre le commerce
illicite du tabac à l’extérieur et à l’intérieur de l’Union. 3.3.1.1. Gestion des risques
Les autorités douanières ont développé, ces dernières
années, un cadre commun de gestion des risques liés aux mouvements commerciaux
de marchandises traversant la frontière extérieure de l’Union au sein de la
chaîne d’approvisionnement. Comme souligné récemment dans la communication
relative à la gestion des risques en matière douanière et à la sécurité de la
chaîne d’approvisionnement[32],
les autorités douanières de l’Union sont confrontées à plusieurs défis en ce
qui concerne la mise en œuvre d’une gestion efficace des risques. Ces défis
concernent principalement la qualité, la disponibilité et le partage des
données nécessaires à une gestion des risques, un contrôle et des activités
d’enquête efficaces. La communication recense des problèmes spécifiques
concernant les données fournies par les opérateurs économiques pour la
réalisation d’analyses des risques ainsi que la capacité des autorités
douanières de l’Union à utiliser et à partager les informations relatives au
risque entre elles et avec d’autres autorités, et souligne la nécessité
d’améliorer la coopération et le partage des données et des analyses avec les
opérateurs économiques et les partenaires internationaux. Des propositions ont
été faites concernant des mesures supplémentaires visant à renforcer la
capacité des autorités douanières à gérer les risques dans la chaîne
d’approvisionnement pour toutes les marchandises; elles portent notamment sur
une plus grande convergence dans l’utilisation des informations, des sources de
données, des outils et des méthodes employés par les douanes pour cerner les
risques et analyser les mouvements commerciaux au sein de la chaîne
d’approvisionnement. Leur mise en œuvre aura également une incidence
significative sur la capacité des douanes de l’Union à combattre le problème de
la contrebande de tabac. 3.3.1.2. Méthodes de contrôle,
équipement, formation et outils informatiques Le contrôle de certains types de contrebande, comme la
dissimulation de tabac illicite dans des cargaisons légales ou dans des
véhicules (particuliers ou utilitaires), est également entravé par l’absence
d’équipement de contrôle adéquat comme les scanners et les chiens renifleurs.
Tous les États membres ne disposent pas de tels équipements à un niveau
suffisant pour protéger leurs frontières extérieures. Le degré et la qualité de
la sensibilisation et de la formation des agents peuvent également avoir une
incidence sur l’efficacité de la lutte contre la contrebande au plan national. Dans le marché intérieur, la lutte contre la contrebande de
cigarettes nécessite des réseaux nationaux d’équipes de détection intérieures
ayant pour mission d'entraver et de démanteler l’approvisionnement et la
distribution de tabac illicite dans le commerce de détail, les locaux professionnels
ou les lieux privés, ce qui implique l’établissement d’unités de contrôle
mobiles (vérification de seconde ligne) et l’extension des contrôles aux postes
de contrôle et aux marchés à l'intérieur des frontières. Tous les États membres
n’ont pas mis cette pratique en œuvre. S’il existe un certain nombre
d’outils informatiques spécifiques pour soutenir la lutte contre le commerce
illicite de cigarettes au niveau de l’Union, il apparaît également que certains
de ces systèmes ne sont actuellement pas pleinement exploités. Par exemple,
bien que le nouveau module de signalement CIGINFO du système d'information
antifraude (AFIS) présente de nettes améliorations, certaines informations
essentielles font toujours systématiquement défaut ou sont incomplètes, malgré
les efforts déployés pour rationaliser et simplifier la notification des
saisies par les États membres. Les informations sur les mouvements des produits
du tabac (NSTI, EMCS) ne sont toujours pas non plus pleinement exploitées au
moyen des nouvelles technologies telles que l'étude analytique des données. 3.3.2. Autres autorités de
répression Les services de police et de contrôle des frontières ont
également un rôle à jouer dans la lutte contre les différentes formes de
commerce illicite de produits du tabac. La responsabilité de la protection des
frontières extérieures incombe aux États membres, sur la base d’un ensemble de
règles et procédures européennes communes. Les États membres jouent un rôle
déterminant dans la détection des produits du tabac illégalement transportés à
travers la frontière verte de l’Union. Leurs autorités sont assistées, dans
leur lutte contre la criminalité transfrontière, par FRONTEX[33].
FRONTEX, entre autres tâches, effectue des analyses de risques, coordonne la
coopération opérationnelle entre les États membres et élabore et gère des
systèmes d'information permettant l’échange d'informations. La lutte contre le commerce
illicite des produits du tabac incombant principalement aux services de douane,
le rôle des autorités de police varie d’un État membre à l’autre. La police
joue toutefois un rôle essentiel dans la lutte contre la criminalité organisée
et les délits associés, comme le blanchiment d’argent. L’Office européen de
police (EUROPOL) soutient les services de police des États membres dans la
lutte contre les formes graves de criminalité, en particulier la fabrication et
la distribution illicites de produits du tabac dans l’Union, qui comprend la
fraude organisée à la TVA. EUROJUST[34]
appuie la coopération entre les autorités compétentes des États membres pour
renforcer l'efficacité de leurs enquêtes et de leurs poursuites en cas
d’infractions graves. 3.3.3. Collaboration entre
les autorités compétentes et les acteurs de l’Union Une politique efficace de lutte
contre le commerce illicite de produits du tabac requiert une coopération
ciblée entre les services de répression et d’enquête nationaux. La création de
task forces spéciales, rassemblant des brigades douanières et financières, des
services de police et tout autre service de répression s’est avérée fructueuse.
Cette pratique n’est cependant pas très répandue dans l’Union européenne. Il convient également d'améliorer,
au niveau de l’Union, l’échange de renseignements et d'informations entre les
différents organes de l’Union participant à la lutte contre la fraude
douanière, la criminalité organisée et la criminalité transfrontière (OLAF,
EUROPOL, EUROJUST et FRONTEX). 3.3.4. Corruption Enfin, de nombreux dossiers et études de l'OLAF[35]
ont montré que la corruption au sein des autorités de répression empêche
de combattre efficacement le commerce illicite, en particulier lorsqu’elle
affecte les autorités douanières[36].
La corruption des fonctionnaires demeure en fait l’une des principales méthodes
utilisées par les trafiquants pour couvrir leurs activités illégales. 3.3.5. Coopération
internationale avec les autorités des pays tiers Le problème du commerce illicite du tabac possède une
dimension internationale importante. Les informations sur les risques, les
tendances et les menaces doivent donner lieu, en particulier dans le cadre des
enquêtes, à un degré élevé d’échange d’informations et de coopération avec les
autorités des pays d’origine et de transit. La coopération entre l’Union
européenne et les pays tiers est d’un niveau et d’une qualité très variables et
est parfois très difficile. Grâce à des efforts conjoints, la coopération avec
l’Ukraine et la Moldavie s’est améliorée ces deux dernières années, ce qui
n’est pas le cas avec la Biélorussie. La coopération opérationnelle avec la
Russie, la Chine et la Malaisie est bonne, mais des difficultés considérables
subsistent en raison de l’ampleur du commerce illicite en provenance de ces
pays. La coopération opérationnelle de Singapour et des Émirats arabes unis est
insuffisante en ce qui concerne les zones franches situées dans ces pays. La
corruption au sein des autorités de répression est également un grave problème
dans les pays d’origine et de transit en dehors de l’Union européenne. 3.4. Faible dissuasion:
les sanctions imposées par les États membres sont relativement légères Malgré les incitations manifestes et les énormes profits
tirés du commerce illicite, les risques encourus par les trafiquants
dans l’Union européenne, et a fortiori dans les pays tiers, sont relativement
faibles[37].
Les sanctions infligées en cas de contrebande de cigarettes diffèrent largement
selon les États membres, tant en ce qui concerne la nature de la sanction
(administrative ou pénale) que la lourdeur des peines. Alors que dans l’un des
États membres, les infractions les plus graves en la matière sont passibles
d’une peine maximale d’un an d’emprisonnement, les coupables encourent jusqu’à
dix ans de prison dans d’autres États membres. De même, le niveau des amendes
varie considérablement. Cette énorme disparité dans les sanctions infligées
permet aux trafiquants de choisir leurs points d’entrée dans l’Union en
fonction du pays dans lequel les sanctions sont les plus clémentes. 4. L’approche à
suivre Dans l’approche qu’il est proposé de suivre, des actions ont
été recensées en vue de traiter tous les aspects du problème. Toutefois, afin
de concentrer les ressources, qui sont limitées, l’accent est mis sur les
mesures qui devraient avoir les effets les plus immédiats, à savoir une
sécurisation plus efficace de la chaîne d’approvisionnement et le renforcement
de la répression. Les actions liées aux mesures suivantes sont énumérées dans
le plan d’action joint à la présente communication. 4.1. Mesures destinées à
réduire les incitations La possibilité d'harmoniser les droits d’accises dans
l’Union, et a fortiori avec les pays voisins, est actuellement limitée. Il est
cependant possible, tout en poursuivant cette idée à plus long terme dans
l’Union et avec les voisins orientaux en particulier, de prendre, dès maintenant
et à court terme, d’autres mesures afin de réduire les incitations et les vides
juridiques. Par exemple, la définition du tabac soumis à accises,
qui reste hautement complexe, pourrait être simplifiée si elle était alignée
sur les définitions appliquées dans le domaine douanier. Une définition précise
des produits soumis à accises, fondée sur des critères objectifs, est une
condition indispensable à la réduction de la charge administrative pour les
opérateurs économiques et les autorités fiscales, qui réduirait ainsi les vides
juridiques et garantirait un plus grand respect de la législation sur les
accises. En ce qui concerne la zone grise entre la
contrebande et les importations légitimes par les voyageurs, la Commission
envisage d’élaborer des lignes directrices techniques afin d’aider les États
membres à recourir à des critères objectifs lorsqu’ils appliquent les seuils
d'exonération pour les voyageurs. S’agissant du «forestalling», il convient d’examiner
si des règles de base communes sur les mesures «anti-forestalling» pourraient
limiter l’évasion fiscale tout en évitant les distorsions de la concurrence
entre des opérateurs économiques établis dans des États membres différents. Les
mesures anti-forestalling sont liées à la preuve de paiement des droits
d’accises. Les opérateurs de confiance qui ont conclu des accords garantissant
des normes de conformité plus élevées devraient avoir la possibilité de
bénéficier de périodes transitoires plus longues pour prouver le paiement des
droits d’accises. Il convient de réduire les incitations non
seulement pour les trafiquants, mais aussi pour les consommateurs.
Afin de dissuader les citoyens d’acheter des cigarettes et autres produits du
tabac illicites, il faudrait mieux informer le public sur les effets négatifs
du commerce illicite, en particulier son incidence sur les finances publiques
et l’implication de la criminalité organisée, ainsi que sur la non-conformité
des produits illicites avec la législation de l’Union relative aux produits du
tabac, par exemple avec les dispositions concernant les ingrédients et
l’apposition obligatoire de mises en garde relatives à la santé sur
l'emballage. La
Commission va -
examiner comment simplifier l’application des règles en matière d’accises, par
exemple par des lignes directrices techniques; - étudier
la possibilité de limiter l’évasion fiscale en introduisant des règles de base
communes sur les mesures «anti-forestalling»; - étendre
les actions ciblées existantes, en coopération avec les États membres intéressés
qui le souhaitent, afin de sensibiliser le public au préjudice causé par la
consommation de produits du tabac illicites et aux risques spécifiques qui en
découlent. 4.2. Mesures destinées à
sécuriser la chaîne d’approvisionnement En tant que toute première mesure destinée à mieux sécuriser
les chaînes d’approvisionnement du tabac, l’Union et les États membres ont un
intérêt commun à signer, ratifier et mettre efficacement en œuvre le
protocole de la CCLAT (convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac),
y compris les dispositions relatives à l’octroi de licences pour le matériel de
fabrication, à la vérification diligente et aux zones franches situées sur le
territoire de l’Union européenne. Le protocole fait surtout obligation aux parties d’établir
un système de suivi et de traçabilité pour tous les produits du tabac
fabriqués ou importés sur leur territoire (article 8)[38].
Ce système consiste essentiellement à apposer des marques d’identification
uniques, qui aideront à déterminer l’origine des produits et le point où
intervient leur détournement vers le commerce illicite. Il permettra la
surveillance et le contrôle du mouvement des produits du tabac et de leur
statut juridique par les autorités compétentes des parties (c’est‑à‑dire
des États membres et de la Commission européenne) et comprendra également un
échange d’informations avec les partenaires internationaux par l’intermédiaire
du point focal mondial pour l’échange d’informations situé au Secrétariat
général de la CCLAT de l’OMS. Ce système de suivi et de traçabilité améliorera
considérablement le contrôle de la chaîne d’approvisionnement et renforcera les
mesures actuellement appliquées au mouvement des produits soumis à accises au
sein de l’Union (EMCS pour les produits UE ou NSTI pour les produits non UE). Les éléments fondamentaux des systèmes nationaux de suivi et
de traçabilité devraient être déterminés au niveau de l’Union afin que soient
évitées les distorsions sur le marché intérieur de l’Union des produits du
tabac. L’adoption de la récente proposition de la Commission concernant une
nouvelle directive sur les produits du tabac (DPT) permettrait d’atteindre cet
objectif[39].
Afin d'assurer une entière traçabilité des produits du tabac et de garantir que
seuls les produits conformes se trouvent sur le marché de l’Union, la
proposition (article 14) prévoit des mesures de suivi et de traçabilité à
partir des paquets pour les produits du tabac tout au long de la chaîne
d’approvisionnement (à l’exclusion de la vente au détail). La proposition
prévoit que les fabricants de tabac passent, avec des tiers indépendants, des
marchés prévoyant des capacités de stockage de données pour un tel système, de
façon à garantir une transparence complète ainsi qu’un accès permanent des
autorités des États membres et de la Commission aux données. La proposition prévoit en outre l’apposition, sur tous les
produits du tabac, d’un élément de sécurité qui aide les consommateurs et les
autorités à distinguer les produits authentiques des contrefaçons. La proposition de la Commission concernant une nouvelle
directive sur les produits du tabac contient donc, en son article 14, des
dispositions sur le suivi et la traçabilité qui sont pleinement conformes au
protocole de la CCLAT en ce qui concerne le commerce des produits du tabac dans
l’Union. La
Commission proposera des mesures visant à: -
promouvoir la signature, la ratification et l'application du protocole de la
CCLAT au niveau de l’Union; - assurer
le respect des dispositions du protocole en ce qui concerne les domaines
relevant des compétences de l’Union. Le
Parlement européen et le Conseil devraient adopter dès que possible la
proposition de la Commission relative à une nouvelle directive sur les produits
du tabac, y compris les mesures proposées concernant le suivi et la
traçabilité. 4.3. Mesures destinées à
renforcer la répression 4.3.1. Aider les autorités
de répression à surmonter les difficultés auxquelles elles sont confrontées
4.3.1.1. Gestion des risques
La mise en œuvre des mesures répertoriées dans la
communication relative à la gestion des risques en matière douanière, notamment
en ce qui concerne la qualité des données à fournir par les opérateurs
économiques ainsi que l'accessibilité et le partage de ces données à des fins
de gestion des risques, permettra la mise en place d'un cadre plus solide, plus
cohérent et mieux coordonné en matière de gestion des risques et pourrait
contribuer à un meilleur ciblage des transactions suspectes (y compris celles
ayant pour objet les produits du tabac). Le partage des informations
analytiques avec les bureaux de douane et les autres intervenants de l'Union
participant à la lutte contre le commerce international illicite renforcera
la capacité des autorités opérationnelles. Ce cadre amélioré contribuera de
manière appréciable à la lutte contre toutes les formes de commerce illicite,
notamment la contrebande de tabac. 4.3.1.2. Mesures
opérationnelles Les mesures opérationnelles mises en œuvre au titre du plan
d'action le long de la frontière orientale donnent déjà des résultats
prometteurs et doivent être poursuivies dans le cadre de la présente stratégie.
La contrebande de cigarettes compte au nombre des domaines prioritaires de
contrôle (DPC) définis pour 2013 au titre du cadre de gestion des risques
en matière douanière de l'UE afin de garantir, au niveau de l'Union, des
contrôles coordonnés plus intensifs fondés sur les risques[40].
Le DCP est complété par une opération douanière conjointe (ODC) régionale
organisée par la Commission et les autorités douanières roumaines, avec la
participation de l'Ukraine et de la Moldavie. À la lumière des résultats
obtenus, des recommandations spécifiques seront définies et mises en œuvre en
vue de renforcer de manière systématique la capacité de l'Union de recenser et
de cibler les risques communs dans le secteur des cigarettes. Si l'analyse
finale des résultats est positive, il pourrait également être recommandé d'organiser
de nouvelles mesures ciblées dans le domaine du commerce illicite du tabac,
en tenant particulièrement compte, le cas échéant, des transactions à haut
risque comme les envois en provenance des principaux pays sources, tels que les
Émirats arabes unis, ou des pôles de risque bien établis. Il convient de remédier aux faiblesses décelées par
le groupe «Coopération douanière» (GCD) du Conseil[41]
dans les opérations douanières conjointes et d'améliorer le partage des
informations dans le cadre de ces opérations. Les informations relatives à l'origine géographique des lots
de tabac illicites pourraient être améliorées par la réalisation d'une analyse
technique sur des échantillons de produits saisis dans les États membres. 4.3.1.3. Outils et équipements
informatiques Les États membres devraient être encouragés à exploiter
pleinement le potentiel des outils informatiques existants, comme le système
CIGINFO. Dans le même temps, la Commission s'attachera à fournir un
meilleur retour d'information sur les résultats des analyses auxquelles elle
soumet les produits saisis. La Commission et les autorités des États membres
pourraient étudier la possibilité d'utiliser les données du service «Container
Status Message» pour repérer les envois douteux en rapport avec la contrebande
de cigarettes. Seront également examinées les possibilités d'utiliser plus
efficacement d'autres équipements tels que les infrastructures liées aux systèmes
automatisés de reconnaissance des plaques minéralogiques et des marques
d'identification des conteneurs (en partageant les informations obtenues
grâce à ces équipements au niveau régional ou au niveau de l'UE). Il convient par ailleurs d'étudier
la possibilité d'exploiter le système ATIS[42]
pour dégager des tendances sur la base des résultats de l'analyse des données,
afin d'assister les États membres dans leurs efforts visant à mieux cibler le
risque opérationnel. Un exercice similaire
pourrait également être envisagé sur la base des transactions enregistrées dans
le système d'informatisation des mouvements et des contrôles des produits
soumis à accises (EMCS). Les Fonds structurels de l'UE
pourraient, à l'avenir, apporter un plus grand soutien à la modernisation
des douanes, notamment en ce qui concerne les infrastructures et les
équipements, si les États membres étaient sensibilisés à l'importance de cet
objectif et lui accordaient un rang prioritaire dans leur enveloppe nationale. 4.3.1.4. Coopération entre les
autorités de l'Union En plus des mesures spécifiques prévues dans la
communication relative à la gestion des risques, qui visent à améliorer le
partage des informations sur les risques et à exploiter davantage les données
relatives à la chaîne d'approvisionnement grâce au développement de méthodes et
d'instruments communs de gestion des risques au niveau de l'Union, la réforme
de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) devrait ouvrir la voie à une
meilleure coopération entre l'OLAF, EUROPOL, EUROJUST et FRONTEX dans le
contexte des enquêtes[43].
L'accord auquel sont parvenus les différents acteurs doit encore être
formalisé. La proposition de réforme d'EUROPOL[44]
a également préparé le terrain en vue d'une intensification de l'échange
d'informations dans le cadre des enquêtes. Le partage d'informations et de renseignements entre les
différentes autorités participant à la protection des frontières extérieures
contribue à prévenir et à combattre ce type particulier de criminalité
transfrontière. Il importe dès lors que l'OLAF et FRONTEX partagent les
renseignements obtenus dans le cadre du système EUROSUR au niveau de l'Union et
que les autorités douanières participent à cet échange et intègrent dans le
système EUROSUR[45]
les informations recueillies au niveau national. 4.3.1.5. Problèmes spécifiques
Le problème à la fois grave et spécifique que présente la Grèce,
en tant que point d'entrée important, sera abordé dans le contexte de la «task
force pour la Grèce»[46]
et de l'assistance technique fournie en faveur de la réforme du Secrétariat
général des recettes publiques. La
Commission va -
organiser de nouvelles ciblées, dans l'Union comme dans les pays tiers, en
recourant aux instruments existants les plus appropriés tels que les DCP et les
ODC au niveau régional et/ou international; -
remédier aux faiblesses constatées à l'occasion des opérations douanières
conjointes; -
poursuivre ses travaux relatifs aux méthodes scientifiques de recherche et
d'analyse pouvant être employées dans le cadre de la lutte contre le commerce
illicite du tabac; -
améliorer son retour d'information aux États membres en ce qui concerne
l'analyse des produits saisis; -
proposer des mesures destinées à relier et à rassembler, au niveau central, les
informations provenant des systèmes automatisés de reconnaissance des plaques
minéralogiques et des marques d'identification des conteneurs, afin de mettre
ces informations à la disposition des autres États membres; - fournir
aux autorités douanières des États membres une assistance supplémentaire pour
les aider à répertorier les programmes existants et futurs afin de soutenir et
de moderniser les services douaniers de l'Union sur les plans des infrastructures,
des équipements (y compris pour les laboratoires douaniers), des systèmes
et des services; -
faciliter l'accès des États membres aux instruments et programmes de
financement actuels et futurs; -
répondre aux problèmes spécifiques qui se posent en Grèce au moyen de mesures
appropriées dans le cadre de la «task force pour la Grèce». La
Commission et les États membres devraient - sur la
base des résultats du DCP, formuler et mettre en œuvre des recommandations en
vue de renforcer la capacité de l'Union à repérer les opérations de contrebande
de cigarettes. Le
Parlement européen et le Conseil devraient adopter - le
nouveau règlement relatif à l'OLAF, et ce dans les meilleurs délais; - la
proposition de la Commission en vue de la réforme d'EUROPOL. Les États
membres devraient améliorer la présentation de rapports dans le cadre du
système CIGINFO. 4.3.1.6. Partage de
compétences et de meilleures pratiques À titre de mesure générale, il est essentiel d'optimaliser
et de coordonner les ressources disponibles au niveau national et au niveau
de l'Union afin de renforcer les aptitudes et les capacités de répression.
Particulièrement dans le domaine de la contrebande internationale de
cigarettes, le succès des stratégies nationales a contribué à réduire le
commerce illicite dans de nombreux États membres. Le partage d'expérience et de compétences peut créer
des synergies importantes et permettre de déterminer les technologies et les
méthodes les plus récentes et les plus efficaces sur le plan de la prévention
comme sur celui de la détection. Ce partage de compétences, ainsi que le projet
de mise en commun des ressources, sont des objectifs essentiels des futurs
programmes Douane et FISCALIS 2020[47].
Une partie du soutien peut également être apportée dans le cadre de la lutte
contre la fraude au moyen du programme Hercule III. La lutte contre les
activités criminelles transfrontières peut en outre bénéficier d'un soutien de
l'instrument de soutien financier à la gestion des frontières extérieures et à
la politique commune des visas créé dans le cadre du Fonds pour la sécurité
intérieure[48].
Le groupe de travail «Coopération douanière» du Conseil a
entrepris des travaux en vue de la mise en commun des pratiques nationales
en matière de lutte contre la criminalité douanière (principalement la contrebande).
Un groupe spécifique s'efforce d'améliorer les possibilités de lutte contre la
menace que constitue la grande criminalité organisée dans le domaine de la
contrebande de tabac, en recourant à de nouvelles formes de coopération et
techniques d'enquête[49].
On pourrait également envisager une approche coordonnée en
vue de l'organisation de formations, à l'intention du personnel des
différents services de répression, sur les spécificités du commerce des
produits du tabac qui, même sous sa forme licite, est extrêmement complexe. Il
serait aussi possible de mettre en place, au niveau de l'Union, des mesures
spécifiques et un partage d'expérience dans le domaine de la lutte contre la
corruption. Dans cette optique, la Commission devrait aider les États
membres à organiser des échanges de personnel entre les autorités nationales
compétentes en matière de lutte contre la contrebande. La
Commission va -
élaborer, en collaboration avec les États membres, CEPOL et (par la suite)
EUROPOL, un module de formation spécialisé à l'intention des autorités de
répression; - aider
les États membres à garantir la mise en commun des meilleures pratiques dans le
domaine de la lutte contre la criminalité douanière et contre la corruption,
notamment en leur accordant, au titre du programme Hercule, un soutien
financier en faveur des échanges de personnel. 4.3.2. Renforcer la
coopération avec les principaux pays d'origine et de transit Il importe que les principaux pays d'origine et de transit
mettent en commun les informations dont ils disposent concernant leur
production et distribution de cigarettes, les évaluations de la menace
auxquelles ils ont procédé et les informations relatives à la criminalité
organisée, et qu'ils coopèrent et apportent leur aide lors des enquêtes. À cette fin, l'Union doit tirer davantage parti des cadres
de coopération existant avec la Chine, comme celui créé au titre de l'Accord de
coopération et d'assistance administrative mutuelle en matière douanière
(CCMAA)[50],
et évoquer le problème dans ce contexte. L'Union devrait également tirer
pleinement parti des accords d'association actuels et futurs avec les pays
visés par la politique européenne de voisinage et des accords d'association
passés avec les pays des Balkans occidentaux. Le problème devrait donc être
évoqué de manière systématique lors des réunions ministérielles compétentes
organisées dans le cadre de la politique de voisinage et lors des séminaires à
haut niveau sur la coopération douanière. Il convient de prendre des mesures
pour encourager l'adoption, dans le cadre d'enceintes multilatérales existantes
ou nouvelles, d'approches harmonisées en faveur de la convergence des
structures et des taux des accises entre pays partenaires voisins, afin de
réduire au minimum les incitations à la contrebande résultant des disparités
entre les différents pays. Il convient de poursuivre la mise en œuvre des cadres
stratégiques de coopération douanière avec la Russie, l'Ukraine et la Moldavie,
et notamment de créer des mécanismes permettant d'examiner les possibilités de
coopérer en matière de lutte contre la fraude douanière, y compris, le cas
échéant, dans le cadre d'actions conjointes, ainsi que de mettre en place un
cadre similaire avec la Biélorussie. Les négociations relatives aux dispositifs
de coopération administrative entre l'OLAF et les douanes ukrainiennes et
moldaves devraient être achevées pour juin 2013 et des négociations
devraient être entamées avec la Russie et la Biélorussie. Bien qu'il n'existe pas de cadre bilatéral de coopération
avec les EAU, l'Union européenne doit non seulement renforcer les contrôles
auxquels elle soumet les envois en provenance des EAU et organiser des
opérations ciblées, mais aussi rechercher une solution au niveau politique. L'Union devrait également continuer à fournir une
assistance technique et financière aux pays visés par la politique
européenne de voisinage, aux pays des Balkans occidentaux et à la Turquie, afin
de lutter contre le commerce illicite et la corruption au sein des services
douaniers et des autres autorités de répression. Les accords de partenariat et de coopération avec le Viêt
Nam, la Malaisie et Singapour[51]
devraient servir de base à une coopération renforcée en matière de lutte contre
la criminalité organisée. Les dispositions antifraude prévues dans les accords
de libre-échange (ALE) avec ces pays doivent être utilisées pour renforcer la
coopération en matière douanière. L'inclusion de dispositions antifraude de ce
type sera proposée de manière systématique dans tous les accords internationaux
de commerce et/ou de coopération qui seront conclus par l'UE. L'entrée en vigueur et la mise en œuvre du protocole de
la CCLAT (OMS) vont, au niveau mondial également, conférer une nouvelle
dimension à la lutte contre le commerce illicite, grâce non seulement au
système de suivi et de traçabilité et au point focal mondial pour l'échange
d'informations situé au secrétariat de la convention, mais aussi à un
renforcement de la coopération judiciaire en matière pénale et de l'assistance
juridique mutuelle. Outre l'OMS, l'OMD et Interpol peuvent eux aussi jouer un
rôle important en encourageant leurs membres à ratifier et à mettre en œuvre le
protocole de la CCLAT et à prendre des mesures efficaces sur la base dudit
protocole. La
Commission va -
intensifier ses travaux avec la Chine, les pays visés par la politique
européenne de voisinage, la Russie, les pays des Balkans occidentaux et la
Turquie dans les domaines de la coopération douanière et de la lutte contre la
contrebande de cigarettes; -
examiner l'opportunité de détacher un plus grand nombre d'officiers de liaison
de l'Union vers les pays d'origine et de transit importants; -
proposer l'inclusion systématique de dispositions antifraude dans les mandats
de négociation confiés en vue de la signature d'accords internationaux dans les
domaines concernés; -
encourager la signature, la ratification et la mise en œuvre du protocole de la
CCLAT, notamment par les principaux pays d'origine, notamment en veillant à
coopérer étroitement avec l'OMD et en renforçant la coopération avec Interpol,
mais aussi en accordant un soutien financier et une assistance technique au
secrétariat de la CCLAT de l'OMS et aux pays tiers. Au niveau
de l'Union, la Commission et le service européen pour l'action extérieure
(SEAE) soulèveront systématiquement le problème du trafic illicite de tabac
avec les principaux pays d'origine et de transit, et en particulier avec les
EAU. La Commission proposera des plans d'action conjoints entre l'Union et les
principaux pays d'origine. La
Commission assurera la coopération avec le point focal mondial pour l'échange
d'informations situé au secrétariat de la convention de la CCLAT de l'OMS, et
les États membres sont encouragés à faire de même. 4.4. Renforcement des
sanctions En ce qui concerne les mesures de dissuasion, il est
nécessaire, pour parvenir à réduire le commerce illicite du tabac, de mettre en
place dans l'Union des sanctions efficaces et dissuasives, et notamment des
sanctions pénales. La Commission va faire réaliser une étude externe sur les sanctions
spécifiques prévues par les États membres en cas de commerce illicite des
produits du tabac, notamment la contrebande, et sur leur application par les
tribunaux. Plusieurs initiatives existantes, plus générales, offrent
déjà la possibilité de renforcer les mesures de dissuasion visant le commerce
illicite du tabac. Ainsi, les dispositions du protocole de la CCLAT récemment
adopté sous les auspices de l'OMS imposent aux parties contractantes d'adopter
des mesures, notamment législatives, visant à faire en sorte qu'une liste de
comportements donnés soient considérés comme illicites au regard du droit
national et que les personnes tenues responsables du comportement illicite
soient soumises à des sanctions, pénales ou non, qui soient efficaces, proportionnées
et dissuasives. Il est en outre prévu, dans le cadre de l'étude envisagée, de
contrôler le respect du protocole de la CCLAT et, à la lumière des résultats,
la Commission étudiera la possibilité de proposer des mesures législatives. Par ailleurs, la Commission a déjà proposé, en juillet 2012,
l'adoption d'une directive relative à la lutte contre la fraude portant
atteinte aux intérêts financiers de l'Union au moyen du droit pénal (la
«directive PIF»)[52],
qui vise à harmoniser la définition des infractions, le niveau des sanctions
minimales et maximales, ainsi que les délais de prescription, lesquels varient
encore d'un État membre à l'autre. Si la directive obtient l'appui des États
membres, elle pourrait contribuer aux efforts entrepris pour lutter contre le
problème de l'hétérogénéité des sanctions dans les États membres. En outre, la
Commission proposera, en 2013, un rapprochement des définitions des
infractions douanières et des sanctions non pénales. La
Commission va - faire
réaliser une étude externe concernant les sanctions en vigueur dans les États
membres, qui aura également pour objectif d'analyser les transpositions du
protocole de la CCLAT; -
présenter une proposition visant au rapprochement des définitions des
infractions douanières et des sanctions non pénales. 5. Conclusion La lutte contre le commerce illicite des produits du tabac
nécessite à la fois un engagement politique et des mesures concrètes afin de
protéger les intérêts financiers de l'UE et des États membres, de combattre la
criminalité transfrontière et de protéger les citoyens contre les produits non
conformes à la législation en matière de lutte antitabac. Certaines mesures et initiatives ont été adoptées et sont
déjà mises en œuvre. D'autres sont en préparation, et d'autres encore doivent
être renforcées. Il convient avant tout de souligner que la contrebande de
tabac est un problème complexe qui se pose à l'échelle mondiale. La seule façon
d'obtenir des résultats concrets est d'adopter une approche globale, non
seulement du point de vue géographique, mais aussi sur le plan des règles, des
ressources et des procédures utilisées pour couvrir à la fois la demande,
l'offre, le contrôle et la répression. La mise en œuvre de la stratégie présentée dans la présente
communication, ainsi que des mesures et actions connexes prévues dans le plan
d'action qui l'accompagne, permettrait de combattre les problèmes et facteurs
répertoriés et, partant, d'intensifier la lutte contre le commerce illicite
dans l'Union et d'appuyer la mise en œuvre des mesures et politiques
existantes. La Commission invite le Parlement européen et le Conseil à
examiner les mesures proposées dans la présente communication et le plan
d'action connexe, et à apporter leur soutien à la Commission et aux États
membres pour leur mise en œuvre. La Commission suivra de près la mise en œuvre
du plan d'action, qui devrait s'achever fin 2015, et notamment ses effets
sur les différentes causes du problème, et élaborera un rapport à ce sujet
trois ans après la publication de la présente communication. [1] Aux
fins de la présente communication, on entend par «commerce illicite»
différentes sortes de contrebande (internationale) concernant des produits du
tabac authentiques ou contrefaits (essentiellement des cigarettes), ainsi que
la production et la distribution illicites à l'intérieur de l'Union. [2] Cette
estimation est fondée sur les saisies déclarées par les États membres, qui ont
représenté de 4,5 à 4,6 milliards de cigarettes par an entre 2005 et 2011.
[3] Notamment
les marques des quatre producteurs mondiaux principaux: Philip
Morris International, Japan Tobacco International, British American Tobacco et
Imperial Tobacco Limited. [4] Aux
fins de la présente communication, l'expression «autres marques» est
employée pour désigner des marques non produites par les quatre fabricants avec
lesquels l'Union et les États membres ont conclu des accords de coopération.
Ces cigarettes sont souvent appelées «cheap whites». [5] Par
exemple en ce qui concerne les dispositions relatives aux ingrédients et à la
mention obligatoire sur l'emballage de mises en garde relatives à la santé. [6] Philip Morris International (juillet 2004),
Japan Tobacco International (décembre 2007), British American Tobacco (juillet 2010)
et Imperial Tobacco Limited (septembre 2010), voir: http://ec.europa.eu/anti_fraud/investigations/eu-revenue/cigarette_smuggling_fr.htm.
[7] Document
de travail des services de la Commission accompagnant la stratégie antifraude
de la Commission, Bruxelles, 24 juin 2011, SEC(2011) 791 final, ci‑après
dénommé le «plan d'action frontière orientale». [8] Voir
chapitre 2. [9] Protocole
pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac (ci‑après le
«protocole de la CCLAT». [10] «Excise
movement and control system» (système informatisé des mouvements et des
contrôles des produits soumis à accises), voir note de bas de page n° 29. [11] Par
exemple, Luk Joossens, «Pricing Policies and Control of Tobacco in Europe
(PPACTE), Work Package 5, deliverable 5.2: Illicit tobacco trade in
Europe: issues and solutions», août 2011, disponible à l'adresse
suivante: http://www.ppacte.eu/index.php?option=com_docman&task=cat_view&grid=65&Itemid=29
(ci‑après désigné par «Joossens»); World Bank Economics of Tobacco
Toolkit, «Understand, Measure and Combat Tobacco Smuggling», David
Merriman, 2001, consultable à l'adresse suivante: http://siteresources.worldbank.org/INTPH/Resources/7Smuggling.pdf. [12] Pour
la présente communication, l'analyse a été fondée essentiellement sur des
informations officielles (rapports sur les saisies) concernant la provenance,
le type et les marques de produits, fournies par les autorités des États
membres à la Commission (OLAF) par l'intermédiaire du système d'information
antifraude [sous-module CIGINFO créé sur la base du titre II du règlement (CE)
n° 515/97 du Conseil du 13 mars 1997, JO L 82 du 22.3.1997,
p. 1] en 2010 et 2011, et sur les informations fournies à l'OLAF par les
États membres dans le cadre du groupe de travail «Cigarettes» (réunion annuelle
organisée par l'OLAF avec les autorités des États membres de l'UE et de
quelques pays hors UE), complétées par des rapports du secteur (à savoir des
informations fournies par les quatre fabricants de produits du tabac avec
lesquels l'Union a conclu des accords de coopération juridiquement contraignants
et le rapport «KMPG Project Star»), les rapports sur le tabac de l'Organisation
mondiale des douanes (OMD), ainsi que l'analyse des menaces et des risques
effectuée par EUROPOL et FRONTEX. [13] Joossens,
p. 13. [14] «KMPG
Project Star Report 2012», commandé par Philip Morris International
Management S.A., http://www.pmi.com/eng/media_center/media_kit/Documents/Project_Star_2012_Final_Report.pdf. [15] Selon
le dernier rapport 2011 de l'OMC sur les douanes et les produits du tabac, les
cigarettes demeurent le principal défi au niveau mondial également. [16] En
Chine, les ports de Shekou, Xiamen, Guang, Zho, Huang Pou, Ningbo et Yantian
ont été les plus souvent signalés par les États membres; dans les EAU, les
ports signalés sont ceux de Jebel Ali et Dubai [17] Telles
que Richman, Manchester, Marble, Gold Mount, Capital. [18] Voir
par exemple la «Eastern border Annual Overview, 2012», http://www.frontex.europa.eu/assets/Publications/Risk_Analysis/EB_AO.pdf.
[19] Voir
également dans le rapport d'EUROPOL «EU Organised Crime Threat Assessment
OCTA 2011 Report»: http://www.europol.europa.eu/publications/European_Organised_Crime_Threat_Assessment_(OCTA)/OCTA_2011.pdf,
p. 24 et 25. [20] Voir
la note de bas de page n° 4. [21] Par
exemple Jin Ling. [22] Par
exemple Fest, Richman, Gold Mount. [23] Par
exemple Raquel, Gold Classic. [24] Il
existe environ 200 droits préférentiels et non préférentiels différents
applicables aux produits du tabac. [25] Comme
le tabac brut, les cigarillos (marques comme «Next, Partner, Braniff, Skjold»,
etc.), le tabac DIET (tabac expansé à la glace sèche), le tabac pour pipe à
eau, etc. [26] Ces
«zones d'ombre» concernent essentiellement la définition du terme «voyageurs»
et de l'expression «entrant occasionnellement dans l'Union en provenance d'un
pays tiers». [27] Par
exemple, l’obligation d’identifier le client, de contrôler les ventes afin de
s’assurer que les quantités sont proportionnées à la demande sur le marché
auquel les produits sont destinés, de signaler aux autorités tout élément
attestant qu'un client se livre à des activités illégales. [28] Coopération
douanière/assistance mutuelle sur la base du règlement (CE) n° 515/1997;
infrastructures informatiques: AFIS (système d'information antifraude) et MAB
(Mutual Assistance Broker); SID (système d'information douanier). [29] Par
exemple CRMS (système de gestion des risques en matière douanière) /RIF
(formulaire d'information sur les risques) – article 13 du règlement (CEE) n° 2913/92
du Conseil établissant le code des douanes communautaire, JO L 302 du 19.10.1992,
p. 1, et article 4 octies du règlement (CEE) n° 2454/93 fixant certaines
dispositions d'application du règlement (CEE) n° 2913/92 du Conseil établissant
le code des douanes communautaire, JO L 253 du 11.10.1993, p. 1; NSTI (nouveau
système de transit informatisé) – article 353 du règlement (CEE) n° 2454/93;
EMCS (système informatisé des mouvements et des contrôles des produits soumis à
accises) – règlement (CE) n° 684/2009 de la Commission du 24 juillet 2009
mettant en œuvre la directive 2008/118/CE du Conseil en ce qui concerne les
procédures informatisées applicables aux mouvements en suspension de droits de
produits soumis à accise, JO L 197 du 29.7.2009, p. 24; VIES (système d'échange
d'informations en matière de TVA) – règlement (UE) n° 904/2010 du Conseil du 7
octobre 2010 concernant la coopération administrative et la lutte contre la
fraude dans le domaine de la taxe sur la valeur ajoutée, JO L 268 du 12.10.2010,
p. 1; VIESCLO (bureau central de liaison du VIES). [30] CRMS/RIF. [31] NSTI. [32] COM(2012) 793 du 8.1.2013. [33] Règlement
(CE) n° 2007/2004 du Conseil du 26 octobre 2004 portant création d'une Agence
européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières
extérieures des États membres de l'Union européenne, JO L 349 du 25.11.2004,
p. 1. [34] Décision
2002/187/JAI du Conseil du 28 février 2002, JO L 63 du 6.3.2002, p. 1. [35] Par
exemple, Study on Anti-corruption measures in EU border control, Gounev,
Philip/Dzhekova, Rositsa/Bezlov, Tihomir, 2012, http://www.frontex.europa.eu/assets/Publications/Research/Study_on_anticorruption_measures_in_EU_border_control.pdf;
Integrated Report on Pricing Policies and Tobacco Control (étude réalisée pour
la Commission européenne au titre du septième programme-cadre), Currie,
Townsend, Leon Roux, Godfrey, Gallus, Gilmore, Levy, Nguyen, Rosenqvist,
Clancy, 2012. [36] Rapport
final de l’étude Examining the links between organised Crime and Corruption,
Philip Gounev et Tihomir Bezlov, Centre for the Study of Democracy, 2010, pp. 96-97,
http://ec.europa.eu/dgs/home-affairs/doc_centre/crime/docs/study_on_links_between_organised_crime_and_corruption_en.pdf. [37] Certains
pays limitrophes ont, de façon inquiétante, dépénalisé récemment la contrebande
de cigarettes. [38] Les
parties sont tenues d’instaurer cette obligation dans un délai de cinq ans à
compter de l’entrée en vigueur du protocole pour les cigarettes, et dans un
délai de dix ans pour les autres produits du tabac (article 8, paragraphe 3). [39] COM(2012)
788 final du 19.12.2012, proposition de directive relative au rapprochement des
dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres
en matière de fabrication, de présentation et de vente du tabac et de ses
produits. [40] Règlement
(CEE) n° 2454/93 de la Commission, articles 4 octies à 4 undecies. [41] DOC
9947/4/11 LIMITE ENFOCUSTOMS 38 REV, groupe de projet 4.6. du 4e
plan d'action de la stratégie de 2009 en matière de coopération douanière (doc.
15198/09 ENFOCUSTOM 118 ENFOPOL 272). [42] Le
système d'information antifraude pour le transit est une application d'AFIS,
voir la note de bas de page 28. [43] COM(2011)
135 final. [44] COM(2013)
173 final. [45] Document
de travail des services de la Commission intitulé «Determining the technical
and operational framework of the European Border Surveillance System (EUROSUR)
and the actions to be taken for its establishment» [SEC(2011)145 final]. [46] Il
conviendra notamment de financer des équipements douaniers supplémentaires dans
le cadre des projets Hercule II et Hercule III, ainsi que de coopérer avec les
autorités nationales grecques pour recenser et éliminer les faiblesses existant
au niveau des contrôles. [47] COM(2012) 464 final et COM(2012) 465 final. [48] COM(2011)
750 final. [49] Groupe
de projet responsable de l'action 5.1: «Améliorer les possibilités de lutte
contre la grande criminalité organisée dans le domaine de la contrebande de
tabac, en recourant à de nouvelles formes de coopération et de techniques
d'enquête». [50] JO
L 375 du 23.12.2004, p. 20. [51] L'accord
de partenariat et de coopération avec le Viêt Nam a été signé en juin 2012
et les négociations avec Singapour et la Malaisie sont en bonne voie. Les
négociations en vue de l'accord de libre-échange (ALE) avec Singapour se sont
achevées en décembre 2012. Des négociations similaires entamées avec les
autres pays sont encore en cours. [52] COM(2012)
363 final, 2012/0193 (COD), proposition de directive du Parlement européen et
du Conseil relative à la lutte contre la fraude portant atteinte aux intérêts
financiers de l'Union au moyen du droit pénal.