RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LA SUBSIDIARITÉ ET LA PROPORTIONNALITÉ
(19e rapport «Mieux légiférer», 2011) /* COM/2012/0373 final */
RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LA SUBSIDIARITÉ ET LA PROPORTIONNALITÉ
(19e rapport «Mieux légiférer», 2011) 1. Introduction Le présent document constitue le 19e rapport
annuel sur l'application des principes de subsidiarité et de proportionnalité
dans le processus législatif de l'UE. Il est présenté conformément à l'article
9 du protocole (n° 2) sur l’application de ces principes (ci-après le
«protocole»), annexé au traité sur le fonctionnement de l'Union européenne
(TFUE). Comme pour les années précédentes, le rapport met l’accent
sur la manière dont ces principes sont mis en œuvre par les différents organes
et institutions de l'UE, la Commission, le Parlement européen, le Conseil et le
Comité des régions, et présente de manière plus détaillée certaines initiatives
et propositions législatives de la Commission qui ont posé des problèmes de
subsidiarité au cours de l'année 2011. Il examine également la façon dont le
mécanisme de contrôle de la subsidiarité, qui, en vertu de l'article 12 du TUE
et du protocole, confère aux parlements nationaux un rôle particulier dans le
contrôle du principe de subsidiarité, a évolué depuis l'entrée en vigueur du
traité de Lisbonne. Étant donné les liens étroits qui existent entre les
mécanismes de contrôle de la subsidiarité et le dialogue politique entre les
parlements nationaux et la Commission, ce rapport doit être considéré comme
complémentaire du rapport annuel de la Commission pour 2011 sur les relations
avec les parlements nationaux[1]. 2. Manière dont les institutions appliquent
ces principes Les décisions concernant l'opportunité d’une action au
niveau de l'UE (subsidiarité) et, si c'est le cas, la forme que cette action pourrait
prendre (proportionnalité) sont indispensables à une réglementation
intelligente[2].
Chaque institution et organe de l'Union européenne sont tenus de respecter les
deux principes. Il est important de procéder à une évaluation attentive des
principes de subsidiarité et de proportionnalité au cours de la phase
prélégislative afin que les propositions soient conçues de façon appropriée.
Au cours de la phase post-législative, la Cour de justice est compétente
pour se prononcer sur la légalité de la législation adoptée. À ce jour, la Cour
n’a annulé aucune mesure pour violation du principe de subsidiarité. Il est impératif d'assurer la transparence des arguments sur
la subsidiarité et la proportionnalité, afin que les différents acteurs
institutionnels et le grand public puissent débattre de manière constructive de
la validité de chaque proposition. Par conséquent, conformément à l'article 5
du protocole et quelle que soit l'origine de l'initiative, tout projet d'acte
législatif devrait comporter une «fiche» contenant des éléments circonstanciés
permettant aux parties intéressées d'apprécier le respect des principes de
subsidiarité et de proportionnalité. Même s'il est impossible d'apprécier la
subsidiarité d'une façon automatique en se référant à des critères
opérationnels, la Commission continue à utiliser la vérification de la
«nécessité» et de la «valeur ajoutée de l'action de l'UE» dans son cadre
analytique et recommande aux autres parties de faire de même. 2.1. La Commission En tant qu'auteur de propositions législatives de par son
droit d'initiative, la Commission s'emploie à veiller à ce que les bonnes
décisions quant à l'opportunité et la manière de proposer une action au niveau
de l'UE soient prises à un stade précoce de l'élaboration des politiques. Les feuilles de route[3]
publiées pour toutes les initiatives majeures exposent les intentions de la
Commission et comprennent une première justification au regard des principes de
subsidiarité et de proportionnalité. Ces idées sont vérifiées ultérieurement au
cours de la consultation des parties prenantes et de la procédure d'analyse
d'impact. La «fiche subsidiarité» pour chaque proposition d'acte législatif,
prévue par l'article 5 du protocole, est présentée dans l'exposé des motifs et
son contenu est rappelé dans les considérants de la proposition. Les analyses
d'impact, qui sont établies pour les propositions ayant des incidences
importantes, fournissent l'analyse la plus détaillée de la subsidiarité et de
la proportionnalité. La qualité de cette analyse est systématiquement contrôlée
par le comité d'analyses d'impact. En 2011, ce dernier a continué d'évaluer la valeur ajoutée
de l'action de l'UE dans le cadre de son contrôle de la qualité des analyses
d'impact. Même si le nombre de ses recommandations concernant les principes de
subsidiarité et de proportionnalité a légèrement diminué par rapport à 2010, celles-ci
sont néanmoins apparues dans un nombre important d'avis (43 %). Le comité
a souvent demandé de mieux justifier la nécessité d’agir au niveau de l’UE, et
notamment: — d'apporter davantage d'éléments justifiant la
nécessité d’une action au niveau de l'UE. En ce qui concerne l'initiative
relative au règlement extrajudiciaire des litiges, le comité a demandé
que soient mieux démontrées l'existence et l'ampleur de la défaillance du
marché et sa portée pour le fonctionnement du marché intérieur. De la même
manière, dans le cas de la stratégie de l’Union européenne pour la
protection et le bien-être des animaux, le comité a réclamé que les questions
relevant de la compétence de l'UE, telles que les distorsions de concurrence
dans le marché intérieur, soient mieux différenciées des autres problèmes pour
lesquels une action au niveau de l'État membre serait plus appropriée; — dans certains cas, il a conclu que les éléments
attestant la nécessité et la proportionnalité d'une initiative législative de
l'UE étaient insuffisants, comme dans le cas de l'initiative susmentionnée sur
le règlement extrajudiciaire des litiges, concernant laquelle il a fait
valoir que les coûts et les avantages, tant au niveau européen qu’au niveau des
États membres, d’un système de règlement extrajudiciaire des litiges applicable
dans l’ensemble de l’Union n'apparaissaient pas de manière suffisamment claire.
De la même façon, le comité a estimé, en ce qui concerne l'initiative sur l’accès
à un compte de paiement de base, qu'il convenait d'apporter des éléments
plus convaincants de la nécessité et de la proportionnalité d'un instrument
contraignant de l'UE. Les services concernés de la Commission ont pris en
compte les observations du comité dans le rapport final d'analyse d'impact. 2.2. Les parlements nationaux Le mécanisme de contrôle de la subsidiarité confère aux
parlements nationaux le droit d'émettre un avis sur la question de savoir si
les projets d'actes législatifs qui ne relèvent pas de la compétence exclusive
de l'UE respectent le principe de subsidiarité. En fonction du nombre d'avis
motivés concluant qu'une proposition ne respecte pas le principe de
subsidiarité[4],
c'est-à-dire si les seuils mentionnés à l'article 7 du protocole sont atteints
dans le délai de huit semaines, le mécanisme dit du «carton jaune» ou du
«carton orange» peut être appliqué. Cette procédure implique le réexamen du
projet d'acte législatif et peut conduire à la modification ou au retrait de la
proposition. En 2011, la Commission a reçu 64 avis motivés des parlements
nationaux, soit une augmentation de 75 % par rapport à 2010, première
année d’existence du mécanisme de contrôle de la subsidiarité. En dépit de
cette augmentation, ces 64 avis motivés ne représentent que 10 % environ
des 622 avis reçus au total par la Commission en 2011 dans le cadre de son
dialogue politique élargi avec les parlements nationaux. Comme lors de la première année d'application du nouveau
mécanisme de contrôle de la subsidiarité, les 64 avis motivés des parlements
nationaux reçus en 2011 ont été très hétérogènes, portant sur 28 propositions
différentes de la Commission. La majorité des avis motivés était centrée sur
des propositions législatives dans les domaines de la fiscalité, de
l'agriculture, du marché intérieur et de la justice. Les propositions qui ont
fait l'objet du plus grand nombre d'avis motivés concernaient l'assiette
commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (neuf avis), la réintroduction
temporaire du contrôle aux frontières intérieures dans des circonstances
exceptionnelles (six avis), le droit commun européen de la vente (cinq avis) et
le règlement «OCM unique» (cinq avis). Le Riksdag suédois, la Chambre
des Députés de Luxembourg (chambre basse) et le Sejm et le Senat
polonais (chambre basse et chambre haute) ont été les parlements nationaux les
plus actifs pour émettre des avis motivés. Les seuils pour l'application de la procédure du carton
jaune ou du carton orange n'ont été atteints dans aucun des cas de 2011. Les
dossiers susmentionnés mis à part, la grande majorité des 28 propositions
d'actes législatifs concernant lesquels les parlements nationaux ont émis des
avis motivés en 2011 n'ont suscité tout au plus que trois avis motivés. En
vertu de l’engagement politique qu’elle a pris à l’égard des parlements
nationaux, la Commission a répondu ou prépare une réponse à chaque avis motivé
dans le cadre du dialogue politique et elle en tiendra compte dans les débats
et les négociations interinstitutionnels qui vont suivre. Chaque parlement national choisit sa propre procédure
interne pour l'adoption des avis motivés ainsi que la forme sous laquelle ils
sont transmis à la Commission. Cela se traduit par une grande diversité des
formats, de la longueur et des éléments fournis, ainsi que des acteurs associés
au processus d'adoption. Vu qu'il existe, dans une certaine mesure, un
chevauchement inévitable entre le dialogue politique et le mécanisme de
contrôle de la subsidiarité, le président Barroso a seulement demandé aux
parlements nationaux dans sa lettre du 1er décembre 2009[5]
«de distinguer autant que faire se peut, dans leurs avis, les aspects de la
subsidiarité et les observations concernant le fond de la proposition et
d’apprécier aussi clairement que possible le respect du principe de
subsidiarité par la proposition». La Commission continuera d'insister sur ce
dernier point dans ses contacts avec les parlements nationaux. Hormis les aspects plus formels, le contenu des avis motivés
adressés à la Commission en 2011 et le raisonnement qui les sous-tend ont
été également variables. Dans plusieurs cas, les parlements nationaux ont
employé des arguments de fond pour justifier le non-respect du principe de
subsidiarité, comme les effets négatifs potentiels d'une mesure proposée sur la
situation économique générale, tandis que d'autres ont assis leurs conclusions
sur des arguments de subsidiarité et de proportionnalité ou sur une base
juridique prétendument incorrecte ou non précisée. Enfin, les parlements
nationaux ont parfois eu recours à un avis motivé pour exprimer leur opposition
à l'utilisation proposée des actes délégués dans un certain domaine ou à
l'absence de justification de la subsidiarité dans l'exposé des motifs (voir
point 3.1). Ainsi que le souligne le président Barroso dans sa lettre
susmentionnée, la Commission «examinera tous les avis motivés sur la
compatibilité d'un projet d'acte législatif avec le principe de subsidiarité
(…), même si les différents avis motivés invoquent des motifs différents de
non-respect du principe de subsidiarité». Conformément à son interprétation du
mécanisme de contrôle de la subsidiarité, la Commission considère que
l'élaboration d'un avis motivé sur une proposition de la Commission ainsi que
les arguments sur lesquels il est fondé relèvent de la compétence exclusive de
chaque parlement national. Étant donné que certains avis motivés reçus en 2011 ont mis
en évidence l'absence ou l'insuffisance des moyens de justification de la
subsidiarité et que d'autres ont conclu qu'ils violaient formellement le
principe de subsidiarité, la Commission rappelle qu'elle s'engage à veiller à
ce que, dans toutes les propositions d'actes législatifs relevant du mécanisme
de contrôle de la subsidiarité, les exposés des motifs contiennent des éléments
suffisants de justification de la subsidiarité. 2.3. Le Parlement européen et le Conseil Il appartient aussi aux législateurs de veiller à la
conformité de la proposition aux principes de subsidiarité et de
proportionnalité et de fournir une justification si l'amendement qu'ils
proposent influence la portée d'une action de l'UE[6]. Au Conseil, c'est le Comité des représentants
permanents des gouvernements des États membres (Coreper) qui veille au respect
des principes[7].
Pour le Parlement européen, il existe dans son règlement intérieur une règle
spécifique sur l'«examen du respect du principe de subsidiarité»[8],
qui prévoit que le respect du principe de subsidiarité est contrôlé par les
commissions chargées des dossiers législatifs concernés, ainsi que par la
commission des affaires juridiques, et que la commission compétente pour la
matière visée ne procède pas à son vote final avant l'expiration du délai de
huit semaines. Il y a également lieu de noter que le nombre de questions
parlementaires relatives aux problèmes liés au respect des principes de subsidiarité
et de proportionnalité adressées à la Commission en 2011 a été tout à fait
limité (32 sur plus de 12 000). Ces questions invitaient essentiellement à
étayer la conformité de certaines propositions de la Commission aux principes
en question, reprenant par là, en partie, des préoccupations exprimées par
d'autres institutions ou acteurs. 2.4. Le Comité des régions Le Comité des régions (CdR)
exprime son avis soit lorsqu'il est consulté, soit en adoptant un avis
d'initiative. En vertu de l'article 8 du protocole, il peut aussi, conformément
à l'article 263 du TFUE, contester la validité d'un acte législatif en ce qui
concerne le respect du principe de subsidiarité, mais uniquement s'il a été
consulté en vertu d'une obligation prévue dans le TFUE. Le CdR communique les résultats
de son contrôle de la subsidiarité soit dans ses avis, soit par les activités
du réseau de monitorage de la subsidiarité, soit, enfin, au moyen des
contributions que des parlements régionaux dotés de pouvoirs législatifs ont
transmises à leur parlement national en vertu du mécanisme de contrôle de la
subsidiarité. Les modalités de la consultation des parlements régionaux par les
parlements nationaux varient d'un pays à l'autre, et, à cet égard, le délai de
huit semaines pose un problème majeur. Quelques parlements régionaux ont
commencé à envoyer directement à la Commission leur avis sur la subsidiarité, à
titre d'information. Bien qu'il n'ait relevé aucune
violation du principe de subsidiarité en 2011, le CdR a multiplié les références
à ce principe dans ses avis et prévoit d’augmenter le nombre de ses
appréciations de la subsidiarité incluses dans ses avis définitifs. À cet
égard, il continue d'utiliser sa grille d'analyse de la subsidiarité et de la
proportionnalité. Le réseau de monitorage de la
subsidiarité (RMS) du CdR comptait, fin 2011, 134 partenaires, soit une
augmentation sensible, notamment, au niveau des parlements et gouvernements
régionaux. En 2011, ce réseau a mené des consultations ciblées sur cinq
propositions de la Commission (mécanisme pour l'interconnexion en Europe; moins
de démarches administratives pour les citoyens; réexamen de la politique de
l'UE en matière de qualité de l'air et d'émissions; efficacité énergétique; intégration
des Roms[9]).
Il a également lancé le second plan d'action sur la politique en matière de
RTE-T destiné à recenser les bonnes pratiques en matière d'application du
principe de subsidiarité dans les régions et les villes d'Europe. 2011 a aussi été marquée par la
préparation de l'ouverture du site web REGPEX qui est destiné à aider les
régions dotées de pouvoirs législatifs à jouer leur rôle dans le mécanisme de
contrôle de la subsidiarité et à être une source d'informations et d'échanges
entre les parlements régionaux et les gouvernements dans le contexte de leurs
analyses de la subsidiarité. Le site web a été lancé en mars 2012[10]. Enfin l'accord révisé de
coopération entre la Commission européenne et le Comité des régions, dont les
négociations ont débuté en 2011 et qui a été signé le 16 février 2012[11]
montre la volonté de continuer à renforcer la coopération et les échanges
concernant la mise en œuvre du protocole. 2.5. La Cour de justice Conformément à l'article 263 du TFUE, la Cour de justice de
l'Union européenne est compétente pour contrôler la légalité des actes
législatifs au regard du respect du principe de subsidiarité. Le protocole
précise que le Comité des régions ou les États membres, en leur nom ou au nom
de leurs parlements nationaux, peuvent saisir la Cour. L'arrêt Luxembourg contre Parlement et Conseil[12]
a confirmé ce qui avait déjà été constaté dans l'arrêt relatif au règlement
concernant l'itinérance sur les réseaux publics de téléphonie mobile[13],
évoqué dans le rapport de 2009. Dans son examen du respect des principes de
subsidiarité et de proportionnalité, la Cour examine l'analyse d'impact
réalisée par la Commission. 3. Principaux cas ayant suscité des
préoccupations quant au respect des principes de subsidiarité et de
proportionnalité La présente section examine les propositions de la
Commission qui ont suscité le plus de débats en ce qui concerne le respect des
principes de subsidiarité et de proportionnalité. 3.1. Suivi des cas évoqués dans les rapports
précédents Pour certains cas évoqués dans les rapports précédents, tels
que la directive sur les redevances de sûreté aérienne[14],
la directive relative à la protection des sols[15],
la directive sur l'égalité de traitement en dehors de la sphère de l'emploi[16]
et la directive relative à la culture d'organismes génétiquement
modifiés, aucune évolution significative des procédures législatives en
cours n'a été constatée en 2011. En ce qui concerne la directive relative
aux travailleurs saisonniers, les débats se sont poursuivis au sein
du PE et du Conseil sans qu'aucune observation ne soit formulée au sujet de la
subsidiarité ou de la proportionnalité. En ce qui concerne la directive sur le congé de maternité[17],
évoquée dans le rapport 2008, les législateurs ne sont toujours pas
parvenus à trouver un terrain d'entente. Lors du Conseil «Emploi, politique
sociale, santé et consommateurs» de juin 2011, le Conseil a pris note d'un
rapport sur l'état d'avancement des travaux qui prend acte des préoccupations
de certaines délégations demandant qu'une attention particulière soit accordée
au principe de subsidiarité et à la diversité des situations dans les
différents États membres. Au cours de cette réunion, quelques délégations ont
rappelé la déclaration actée de huit délégations lors du Conseil de
décembre 2010, qui proposait que chaque État membre puisse décider
librement du niveau de protection tout en respectant certaines conditions
minimales, conformément au principe de subsidiarité. Certaines voix se sont
élevées pour demander au Conseil de mettre fin à ses travaux sur le sujet. Les débats interinstitutionnels de décembre 2011 ont
permis de dégager un accord sur la distribution de denrées alimentaires aux
personnes les plus démunies qui, en 2010, avait fait l’objet de trois avis
motivés de parlements nationaux. Le Parlement européen a déclaré qu’il
soutenait fermement la poursuite du programme au-delà de 2013. Le Conseil a
aussi obtenu, grâce à un accord politique, la poursuite du programme jusqu'en
2013. La Commission a pris acte, dans sa déclaration, de l'avis d'un groupe
important d'États membres qui ne souhaitent pas poursuivre le programme au-delà
de 2013. Toutefois, cela ne porte pas atteinte au droit d'initiative conféré à
la Commission par le traité. Le Parlement européen a adopté au cours de sa session
plénière de février 2012 un rapport sur la proposition de systèmes de
garantie des dépôts sur laquelle un accord n'avait pas été obtenu en
première lecture. Cette proposition avait suscité, en 2010, trois avis motivés
de parlements nationaux. Néanmoins, tant le rapporteur, M. Simon
(S&D/DE), que la présidence danoise du Conseil ont exprimé leur volonté de
poursuivre les négociations en vue de parvenir rapidement à un accord en
seconde lecture. La directive relative aux droits des consommateurs a
été formellement adoptée par le Conseil en octobre 2011. 3.2. Autres cas ayant suscité des préoccupations
quant au respect du principe de subsidiarité Assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés
(ACCIS)[18] La Commission a proposé, en mars 2011, un régime commun
pour le calcul de l'assiette imposable des entreprises exerçant leur activité
dans l'Union européenne. Cette proposition vise à réduire de manière
significative les charges administratives, les coûts du respect des prix de
transfert, à permettre la compensation transfrontière des pertes fiscales et à
régler certaines incertitudes juridiques auxquelles les entreprises de l'UE se
trouvent actuellement confrontées en ayant à traiter avec 27 régimes nationaux
différents pour la détermination de leurs bénéfices imposables. Cette proposition a recueilli le plus grand nombre d'avis
des parlements nationaux au cours de 2011, soit 17 avis au total dont 9 avis
motivés au sens du protocole. Ceux-ci faisaient valoir que la proposition
violait le principe de subsidiarité. Comme les avis motivés reçus ne
représentaient que 13 voix, la procédure dite du «carton jaune» qui requiert au
moins 18 voix, n'a pas été lancée. Outre les lacunes alléguées dans la justification de la
subsidiarité, plusieurs parlements nationaux ont dit redouter que la proposition
ne légifère dans un domaine relevant de la compétence des États membres. Ils
ont déclaré que cette proposition aurait des effets négatifs pour les États
membres puisqu'ils ne pourraient pas utiliser l'impôt sur les sociétés pour
favoriser la croissance et l'emploi. Ils ont considéré qu'elle priverait les
États membres de leurs avantages compétitifs individuels et générerait une
pression indirecte sur les taux d'imposition nationaux, entraînant une érosion
budgétaire et une baisse des recettes fiscales. De surcroît, deux avis motivés
ont posé la question de la proportionnalité en faisant valoir que la
proposition allait au-delà du nécessaire et débouchait sur deux régimes
différents d'impôt sur les sociétés, ce qui entraînerait une charge
administrative inutile. Dans ses réponses aux parlements nationaux, la Commission a
souligné que le domaine en question de la fiscalité relève de la compétence
partagée et que l'article 115 du TFUE constitue la base juridique des mesures
dans ce domaine. C'est sur cette base qu'elle a adopté le projet d'acte
législatif afin de s'attaquer aux entraves et aux disparités fiscales qui
proviennent principalement de la fragmentation du marché intérieur de l'Union
en 27 régimes fiscaux différents. Les entreprises sont confrontées à ces
obstacles lorsqu'elles exercent leurs activités au sein du marché intérieur.
L'ACCIS devrait représenter des économies pour les entreprises, favorisant de
ce fait l'expansion transfrontière non seulement de groupes multinationaux
existants mais aussi d'entreprises purement nationales, notamment les PME, qui
ne peuvent actuellement pas se permettre de s'établir au-delà de leurs
frontières. L'ACCIS vise par conséquent à générer des économies d'échelle et à
favoriser les investissements transfrontières des entreprises. La Commission a
de plus insisté sur le fait que la proposition ne porte pas atteinte au droit
souverain des États membres de fixer individuellement leurs taux d'imposition. La proposition qui relève d'une procédure législative
spéciale est actuellement sur la table du Conseil. Le Parlement européen a
rendu un avis favorable sur cette proposition le 19 avril 2012. Réintroduction temporaire du contrôle aux frontières
intérieures dans des circonstances exceptionnelles[19] La proposition de règlement adoptée en septembre 2011,
fondée sur les conclusions du Conseil européen de juin 2011, vise à
renforcer la gouvernance dans l'espace sans contrôles aux frontières
intérieures (espace Schengen). Le règlement doit permettre aux États membres de
faire face à des circonstances exceptionnelles mettant en péril le
fonctionnement global de la coopération Schengen, sans, toutefois, porter
atteinte au principe de la libre circulation des personnes. La Commission a reçu onze avis des parlements nationaux sur
cette proposition, dont six avis motivés. Les parlements nationaux ont fait
valoir que la proposition empiète sur la souveraineté nationale des États
membres qui sont mieux placés pour juger et décider de l'éventuelle
réintroduction des contrôles aux frontières. Certains parlements nationaux ont
en outre considéré que le respect du principe de la subsidiarité n'était pas
correctement justifié. Les arguments avancés par les parlements nationaux ont
été repris dans les débats du Conseil sur le sujet. Dans ses réponses aux parlements nationaux qui s'étaient
inquiétés du respect du principe de subsidiarité, la Commission a insisté sur
le fait que l'espace Schengen est un bien partagé par l'ensemble de l'UE, de
sorte que toute décision le concernant doit être arrêtée au niveau de l'UE et
non pas au niveau individuel. Les règles régissant la création et le maintien
d'un tel espace sans frontières intérieures sont contenues dans la législation
de l'UE, et toute exception au principe de la libre circulation doit être décidée
à ce niveau. La Commission a aussi estimé que la proposition respecte
pleinement la compétence souveraine des États membres en ce qui concerne le
maintien de l'ordre public et la sauvegarde de la sécurité intérieure. Données relatives aux passagers aériens[20] La Commission a reçu dix avis des parlements nationaux sur
la proposition relative à l’utilisation des données des dossiers passagers pour
la prévention et la détection des infractions terroristes et des formes graves
de criminalité, dont la majorité concluait que le texte de la Commission était
conforme au principe de subsidiarité. Cinq chambres ont toutefois estimé que la
proposition ne respectait pas le principe de la proportionnalité, jugeant disproportionnée
la période de conservation proposée des données. 4. Conclusions Comme les années précédentes, la majorité des propositions
de la Commission ont été adoptées par les colégislateurs sans avoir suscité de
débats majeurs en ce qui concerne la subsidiarité et la proportionnalité. En
2011, les seuils dits du «carton jaune» et du «carton orange» n'ont pas été
atteints, et seul un pourcentage limité (10 % environ) des avis des
parlements nationaux adressés à la Commission dans le cadre du dialogue
politique étaient des avis motivés au sens du protocole, c'est-à-dire
mentionnant une violation du principe de subsidiarité. Dans le même temps, dans
les cas où le respect des principes de subsidiarité et de proportionnalité a
été mis en doute, les avis des institutions et ceux des autres acteurs concernés
ont parfois fortement divergé. Les principes de subsidiarité et de proportionnalité
constituent des éléments fondamentaux du processus d'élaboration des politiques
des institutions de l'UE, et les analyses d'impact réalisées par la Commission
demeurent le moyen essentiel pour s'attaquer aux problèmes de subsidiarité et
de proportionnalité au cours de la phase prélégislative, le comité d'analyses
d'impact étant appelé à jouer un rôle essentiel à cet égard. La pratique
institutionnelle montre cependant que la manière d'interpréter et d'appliquer
ces principes pendant la phase législative dépend souvent du contexte
politique, ce qui met en évidence leur dimension politique. La manière dont la majorité
des parlements nationaux mettent le protocole en œuvre et utilisent le
mécanisme de contrôle de la subsidiarité a fait ressortir le caractère
essentiellement politique de ce nouvel instrument, un fait que la Commission
avait déjà souligné dans la lettre du président Barroso du 1er décembre
2009. Le mécanisme de contrôle de la subsidiarité a servi à
apporter plus de transparence au processus et a nettement contribué à amener
les politiques de l'UE dans le débat public des États membres et, partant, à
sensibiliser l'opinion publique à ces questions. ANNEXE Liste des initiatives
de la Commission ayant fait l'objet en 2011 d'avis motivés de la part des
parlements nationaux concernant le respect du principe de subsidiarité || Titre || Chambres nationales ayant émis un avis motivé 1. || Assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (ACCIS), COM(2011) 121 || UK: House of Commons BG: Narodno sabranie SE: Riksdag NL: Tweede Kamer PL: Sejm ML: Kamra tad-Deputati IE: Dail Eireann RO: Camera Deputaţilor SK: Národná Rada 2. || Réintroduction temporaire du contrôle aux frontières intérieures dans des circonstances exceptionnelles, COM(2011) 560 || FR: Assemblée nationale Les deux chambres néerlandaises PO: Assembleia da República SE: Riksdag RO: Senatul SK: Národná Rada 3. || Règlement OCM unique, COM(2010) 799 || PL: Sejm PL: Senat DK: Folketing LU: Chambre des Députés SE: Riksdag 4. || Droit commun européen de la vente, COM(2011) 635 || AT: Bundesrat DE: Bundestag UK: House of Commons BE: Sénat BE: Chambre des Représentants 5. || Compétence, loi applicable, reconnaissance et exécution des décisions en matière d'effets patrimoniaux des partenariats enregistrés, COM(2011) 127 || PL: Senat PL: Sejm RO: Senatul IT: Senato della Repubblica 6. || Exigences prudentielles applicables aux établissements de crédit et aux entreprises d'investissement, COM(2011) 52 || UK: House of Commons SE: Riksdag FR: Sénat 7. || Système commun de taxe sur les transactions financières, COM(2011) 594 || CY: Vouli ton Antiprosopon SE: Riksdag MT: Kamra tad-Deputati 8. || Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour la période 2014-2020, COM(2011) 608 || Les deux chambres néerlandaises SE: Riksdag DK: Folketing 9. || Exigences spécifiques applicables au contrôle légal des comptes des entités d’intérêt public, COM(2011) 779 || BE: Chambre des Représentants SK: Národná Rada SE: Riksdag 10. || Normes de commercialisation, COM(2010) 738 || LU: Chambre des Députés PL: Senat 11. || Restructuration du cadre communautaire de taxation des produits énergétiques et de l’électricité, COM(2011) 169 || BG: Narodno sabranie Les deux chambres espagnoles 12. || Coopération renforcée dans le domaine de la création d'une protection par brevet unitaire, COM(2011) 215, et dans le domaine de la création d'une protection par brevet unitaire en ce qui concerne les modalités applicables en matière de traduction, COM(2011) 216 || IT: Camera dei Deputati Les deux chambres espagnoles 13. || Directive relative à l'efficacité énergétique COM(2011) 370 || FI: Eduskunta SE: Riksdag 14. || Accès à l'activité des établissements de crédit et surveillance prudentielle des établissements de crédit et des entreprises d'investissement, COM(2011) 453 || SE: Riksdag RO: Camera Deputaţilor 15. || Règles relatives aux paiements directs en faveur des agriculteurs au titre des régimes de soutien relevant de la politique agricole commune, COM(2011) 625 || DE: Bundesrat LU: Chambre des Députés 16. || Soutien au développement rural par le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), COM(2011) 627 || DE: Bundesrat [conjointement avec l'avis motivé sur la proposition COM(2011) 625] LU: Chambre des Députés 17. || Distribution de denrées alimentaires aux personnes les plus démunies de l’Union, COM(2011) 634 || SE: Riksdag UK: House of Lords 18. || Relations contractuelles dans le secteur du lait et des produits laitiers, COM(2010) 728 || PL: Sejm 19. || Financement de la politique agricole commune, COM(2010) 745 || PL: Senat 20. || Compétence judiciaire et reconnaissance et exécution des décisions en matière civile et commerciale, COM(2010) 748 || Les deux chambres néerlandaises 21. || Interconnexion des registres centraux, du commerce et des sociétés, COM(2011) 79 || PL: Sejm 22. || Compétence, loi applicable, reconnaissance et exécution des décisions en matière de régimes matrimoniaux, COM(2011) 126 || IT: Senato della Repubblica 23. || Aliments destinés aux nourrissons et aux enfants en bas âge ainsi que les aliments destinés à des fins médicales spéciales, COM(2011) 353 || IT: Senato della Repubblica 24. || Définition, désignation, présentation, étiquetage et protection des indications géographiques des produits vinicoles aromatisés, COM(2011) 530 || LU: Chambre des Députés 25. || Mécanisme d'échange d'informations sur les accords intergouvernementaux conclus entre des États membres et des pays tiers dans le domaine de l'énergie, COM(2011) 540 || LU: Chambre des Députés 26. || Programme de l’Union européenne pour le changement social et l’innovation sociale, COM(2011) 609 || SE: Riksdag 27. || Dispositions particulières applicables au Fonds européen de développement régional et à l'objectif «Investissement pour la croissance et l'emploi», et abrogeant le règlement (CE) n° 1080/2006, COM(2011) 614 || LU: Chambre des Députés 28. || Dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche relevant du Cadre stratégique commun, portant dispositions générales applicables au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen et au Fonds de cohésion, et abrogeant le règlement (CE) n° 1083/2006, COM(2011) 615 || IT: Camera dei Deputati [1] COM(2012)
375. [2] Les
différents aspects de la réglementation intelligente sont traités plus en
détail dans la communication de la Commission COM(2010) 543. [3] Les
feuilles de route sont disponibles sur le site web de la Commission consacré à
l'analyse d'impact: http://ec.europa.eu/governance/impact/index_en.htm. [4] Un
avis motivé est un avis adressé par un parlement national à la Commission (ou
au Parlement européen, au Conseil, à la Cour de justice, à la Banque centrale
européenne ou à la Banque européenne d'investissement, selon l'institution qui
a proposé la législation considérée), pendant la période de huit semaines
mentionnée dans le protocole, mentionnant la violation du principe de
subsidiarité. [5] http://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/relations/relations_other/npo/index_fr.htm. [6] Voir
l'accord interinstitutionnel sur la subsidiarité (JO C 329 du 6.12.1993, p.
132). [7] Décision
2009/937/UE du Conseil (JO L 325 du 11.12.2009, p. 35). [8] Article
38 bis. [9] COM(2011) 665, COM(2010) 747,
SEC(2011) 342, COM(2011) 370 et COM(2011) 173 respectivement. [10] http://extranet.cor.europa.eu/subsidiarity/regpex/Pages/default.aspx. [11] http://cor.europa.eu/en/about/interinstitutional/Documents/EN.pdf. [12] Affaire C-176/09. [13] Affaire C-58/08 Vodafone Ltd, Telefónica O2 Europe
plc, T-Mobile International AG, Orange Personal Communications Services
Ltd/Secretary of State for Business, Enterprise and Regulatory Reform, relative
au règlement (CE) n° 717/2007. [14] COM(2009) 217. De plus amples précisions sur le débat
interinstitutionnel sont disponibles dans la base de données PreLex à l’adresse
suivante: http://ec.europa.eu/prelex/apcnet.cfm. [15] COM(2006) 232. [16] COM(2008) 426. [17] COM(2008) 637. [18] COM(2011) 121. [19] COM(2011) 560. [20] COM(2011)
32.