51998IP0322

Résolution sur la situation en Sierra Leone

Journal officiel n° C 104 du 06/04/1998 p. 0239


B4-0322, 0334, 0344, 0358, 0360, 0371 et 0381/98

Résolution sur la situation en Sierra Leone

Le Parlement européen,

- vu la position commune du Conseil du 20 février 1998,

- vu la résolution 1132 du Conseil de sécurité des Nations unies,

- vu ses résolutions précédentes sur la Sierra Leone,

A. rappelant qu'un coup d'État militaire a été perpétré le 25 mai 1997 par une partie de l'armée sierra-leonaise, obligeant le président Ahmed Tejan Kabbah, démocratiquement élu, à fuir le pays,

B. considérant qu'un accord de paix avait été signé le 23 octobre 1997 à Conakry entre la junte militaire et la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao),accord accepté par le président Kabbah, qui prévoyait pour le mois d'avril 1998 la rétrocession du pouvoir au président élu,

C. considérant qu'à l'occasion du dernier sommet de la Cedeao, réuni à Lomé, les pays membres de l'organisation avaient majoritairement réaffirmé leur volonté de faire aboutir un règlement négocié de la crise en Sierra Leone et avaient refusé de donner un mandat militaire au Nigeria, dont les troupes composent l'essentiel de l'Ecomog,

D. regrettant dès lors que le Nigeria ait pris d'assaut la capitale de la Sierra Leone et ait lancé une offensive généralisée dans ce pays, outrepassant ainsi le mandat donné à l'Ecomog,

E. se félicitant néanmoins des efforts régionaux ayant abouti au renversement du régime militaire du major Johnny Paul Koroma et au rétablissement du président Kabbah, démocratiquement élu,

F. préoccupé par la situation des réfugiés et des personnes déplacées et par les pénuries alimentaires,

G. inquiet de ce que la situation semble loin d'être stabilisée, puisque, dans l'est du pays, les affrontements se poursuivent,

H. regrettant profondément qu'à l'occasion de leur retraite, des soldats rebelles aient enlevé pendant deux semaines plusieurs coopérants, pour la plupart européens;

1. se félicite du rétablissement du gouvernement civil élu du président Kabbah et invite celui-ci à relancer les négociations afin de résoudre le problème de l'insécurité de manière pacifique et de rétablir un ordre constitutionnel, et à relancer le processus de réconciliation nationale sur la base des accords d'Abidjan de 1996 et de Conakry;

2. déplore toutefois que l'option militaire ait prévalu dans la résolution de la crise, au prix de nombreuses victimes civiles tombées au cours des combats entre putschistes et troupes nigérianes engagées sous le drapeau de l'Ecomog, et qu'ainsi l'esprit de l'accord de Conakry n'ait pas été respecté;

3. demande aux troupes fidèles à la junte militaire du major Johnny Paul Koroma de cesser toute activité militaire et de coopérer avec le gouvernement démocratique réinstallé afin de rétablir la loi et l'ordre et invite tous les citoyens de Sierra Leone à s'abstenir de commettre des actes de violence ou de vengeance et à contribuer à rétablir le fonctionnement normal de leur pays;

4. demande à la communauté internationale et notamment à l'Union européenne d'intensifier ses actions d'aide et de renforcer l'aide humanitaire aux victimes sierra-leonaises de la crise actuelle dans la partie occidentale de l'Afrique, ainsi que de participer aux actions en faveur des enfants traumatisés par la guerre;

5. demande aux parties en conflit de coopérer avec les Nations unies, l'Office humanitaire de la Communauté européenne (ECHO) et les organisations non gouvernementales afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire;

6. demande que soit garantie la sécurité du personnel des organisations non gouvernementales et des organisations humanitaires internationales qui sont présentes en Sierra Leone;

7. demande à l'Union européenne de fournir une assistance aux pays voisins qui ont accueilli un grand nombre de réfugiés depuis le début des combats;

8. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux co-présidents de l'Assemblée paritaire ACP-UE, aux gouvernements des États signataires de la convention de Lomé, aux Nations unies, à la Cedeao, à l'OUA et au gouvernement de Sierra Leone.