30.7.2013 |
FR |
Journal officiel de l'Union européenne |
C 217/89 |
RECOMMANDATION DU CONSEIL
du 9 juillet 2013
concernant le programme national de réforme des Pays-Bas pour 2013 et portant avis du Conseil sur le programme de stabilité des Pays-Bas pour la période 2012-2017
2013/C 217/22
LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE,
vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, et notamment son article 121, paragraphe 2, et son article 148, paragraphe 4,
vu le règlement (CE) no 1466/97 du Conseil du 7 juillet 1997 relatif au renforcement de la surveillance des positions budgétaires ainsi que de la surveillance et de la coordination des politiques économiques (1), et notamment son article 5, paragraphe 2,
vu le règlement (UE) no 1176/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 sur la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques (2), et notamment son article 6, paragraphe 1,
vu la recommandation de la Commission européenne,
vu les conclusions du Conseil européen,
vu l'avis du comité de l'emploi,
vu l'avis du comité économique et financier,
vu l'avis du comité de protection sociale,
vu l'avis du comité de politique économique,
considérant ce qui suit:
(1) |
Le 26 mars 2010, le Conseil européen a approuvé la proposition de la Commission de lancer la stratégie Europe 2020, une nouvelle stratégie pour l'emploi et la croissance fondée sur une coordination renforcée des politiques économiques, qui porte avant tout sur les principaux domaines dans lesquels des mesures sont nécessaires pour doper le potentiel de croissance durable et de compétitivité de l'Europe. |
(2) |
Le 13 juillet 2010, le Conseil a adopté une recommandation relative aux grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l'Union (2010-2014) et, le 21 octobre 2010, une décision relative aux lignes directrices pour les politiques de l'emploi des États membres (3), qui forment ensemble les «lignes directrices intégrées». Les États membres ont été invités à tenir compte de ces lignes directrices intégrées dans leurs politiques nationales en matière d'économie et d'emploi. |
(3) |
Le 29 juin 2012, les chefs d'État ou de gouvernement des États membres ont adopté un pacte pour la croissance et l'emploi qui fournit, aux niveaux national, de l'Union et de la zone euro, un cadre d'action cohérent mobilisant tous les moyens, instruments et politiques possibles. Ils ont statué sur les mesures à prendre au niveau des États membres et se sont en particulier pleinement engagés à atteindre les objectifs de la stratégie Europe 2020 et à mettre en œuvre les recommandations par pays. |
(4) |
Le 10 juillet 2012, le Conseil a adopté une recommandation (4) relative au programme national de réforme des Pays-Bas pour 2012 et a émis un avis sur le programme de stabilité des Pays-Bas pour la période 2012-2015. |
(5) |
Le 28 novembre 2012, la Commission a adopté l'examen annuel de la croissance, qui marque le lancement du semestre européen 2013 de coordination des politiques économiques. Le 28 novembre 2012 également, la Commission a adopté, sur la base du règlement (UE) no 1176/2011, le rapport sur le mécanisme d'alerte, dans lequel les Pays-Bas ont été mentionnés parmi les États membres qui feront l'objet d'un bilan approfondi. |
(6) |
Le Parlement européen est dûment associé au semestre européen, conformément au règlement (CE) no 1466/97 et, le 7 février 2013, il a adopté une résolution sur l'emploi et les aspects sociaux dans le cadre de l'examen annuel de la croissance 2013 et une résolution sur la contribution à l'examen annuel de la croissance 2013. |
(7) |
Le 14 mars 2013, le Conseil européen a approuvé les priorités concernant la stabilité financière, l'assainissement budgétaire et les mesures destinées à stimuler la croissance. Il a souligné la nécessité d'assurer un assainissement budgétaire différencié et propice à la croissance, de revenir à des pratiques normales en matière de prêt à l'économie, de promouvoir la croissance et la compétitivité, de lutter contre le chômage et les conséquences sociales de la crise et de moderniser l'administration publique. |
(8) |
Le 10 avril 2013, la Commission a publié les résultats de son bilan approfondi concernant les Pays-Bas, conformément à l'article 5 du règlement (UE) no 1176/2011. Son analyse l'amène à conclure que les Pays-Bas connaissent des déséquilibres macroéconomiques, qui ne sont toutefois pas excessifs. |
(9) |
Le 29 avril 2013, les Pays-Bas ont présenté leur programme national de réforme pour 2013 et leur programme de stabilité pour la période 2012-2017. Vu leur interdépendance, les deux programmes ont été évalués simultanément. |
(10) |
Sur la base de l'évaluation du programme de stabilité réalisée conformément au règlement (CE) no 1466/97, le Conseil est d'avis que les Pays-Bas ont mis en œuvre d'importantes mesures d'assainissement en 2011, en 2012 et en 2013, mais que l'effort budgétaire consenti ne sera probablement pas suffisant pour corriger le déficit excessif d'ici à 2013, principalement à la lumière de l'évolution économique plus négative que prévu. Le scénario macroéconomique sur lequel se fondent les projections budgétaires contenues dans le programme de stabilité est globalement plausible. Pour 2013 et 2014, le programme de stabilité prévoit une croissance économique réelle de – 0,4 % et de 1,1 % respectivement, soit des pourcentages très proches de ceux des prévisions du printemps 2013 des services de la Commission, à savoir – 0,8 % et 0,9 %. L'objectif déclaré du programme de stabilité est de ramener durablement le déficit nominal en deçà de 3 % du PIB à compter de 2014. Toutefois, le programme de stabilité ne contient aucune référence explicite à l'objectif budgétaire à moyen terme (OMT), ce qui laisse à penser que l'OMT de – 0,5 % communiqué dans le programme de stabilité de l'an dernier est confirmé. Cet OMT est conforme aux exigences du pacte de stabilité et de croissance. De plus, si le programme de stabilité prévoit, en 2015, une réduction du solde structurel de 0,5 % du PIB en termes structurels, conformément à l'exigence structurelle annuelle minimale, en 2016 en revanche, le solde structurel devrait se détériorer de 0,4 % du PIB, pour ensuite s'améliorer de 0,1 % en 2017, s'écartant ainsi de la trajectoire d'ajustement appropriée. Sur la base des prévisions du printemps 2013 des services de la Commission, l'effort budgétaire annuel moyen d'environ 0,7 % du PIB au cours de la période 2010 à 2013 est conforme à l'effort structurel de 0,75 % du PIB recommandé par le Conseil. En 2011 et en 2012, l'ajustement budgétaire était principalement axé sur les dépenses, mais en 2013, il reposait en grande partie sur des mesures relatives aux recettes. Le déficit nominal prévu par le programme de stabilité est conforme à une correction du déficit excessif d'ici à 2014, soit un an après le délai fixé par le Conseil, le 2 décembre 2009, au titre de la procédure concernant les déficits excessifs. Le Conseil considère que l'effort budgétaire envisagé par les autorités n'est pas compatible avec une véritable correction du déficit excessif d'ici à 2014. Des mesures d'assainissement supplémentaires éventuelles qui étaient mentionnées dans le programme de stabilité ont été temporairement retirées, mais elles ne seraient de toute façon pas suffisantes. Les Pays-Bas doivent définir de nouvelles mesures pour ramener durablement le déficit public nominal effectif sous le seuil de 3 % du PIB en 2014. Le programme de stabilité indique que le taux d'endettement devrait poursuivre son ascension pour atteindre 74 % du PIB en 2013 et encore augmenter légèrement pour s'établir à 75 % du PIB, en 2014. Il devrait donc rester nettement supérieur à la valeur de référence de 60 %. Pour 2015, le programme de stabilité indique que le taux d'endettement devrait tomber à 71,4 % du PIB et continuer à baisser légèrement par la suite pour s'établir à 70,8 % en 2017. Les mesures destinées à soutenir cette baisse du taux d'endettement prévue après 2014 sont toutefois insuffisantes. |
(11) |
Pour augmenter le potentiel de croissance futur des Pays-Bas, il est primordial que l'assainissement requis pour assurer une correction durable du déficit excessif et atteindre l'OMT à court ou moyen terme préserve les dépenses de nature à favoriser la croissance. En particulier, des efforts susceptibles de favoriser l'innovation et la recherche, y compris la recherche fondamentale, l'éducation et la formation, seront essentiels pour assurer un ajustement équilibré. Cela contribuera non seulement à soutenir la relance économique, mais pourrait également aider à soutenir l'innovation et le capital humain, et améliorer la compétitivité et les perspectives de croissance à moyen et à long terme. |
(12) |
Le marché du logement, dans lequel se sont accumulés au fil des décennies des rigidités et des facteurs de distorsion qui expliquent les modes de financement des achats immobiliers et les schémas de l'épargne sectorielle, pose un défi majeur. La tendance des ménages à contracter un emprunt hypothécaire en donnant comme garantie leur patrimoine immobilier s'explique, dans une large mesure, par des incitations fiscales de longue date, notamment la déductibilité fiscale totale des intérêts hypothécaires. Depuis le mois d'avril 2012, une série de mesures ont été partiellement mises en œuvre. Certaines d'entre elles concernent l'adaptation du traitement fiscal du financement des dépenses de logement. Le passage graduel à une déductibilité fiscale limitée des intérêts hypothécaires et à des incitations plus importantes en matière d'amortissement est justifié, mais l'introduction progressive de cette mesure est trop lente pour influencer de manière significative les comportements en ce qui concerne les amortissements. Le marché de la location est bridé par la réglementation et par l'existence d'un secteur du logement social imposant, qui doit également tenir compte de longues listes d'attente. L'introduction récente d'un barème des loyers en fonction des revenus dans le secteur du logement social est un pas dans la bonne direction, mais son incidence est encore limitée. En conséquence, si les mesures proposées vont dans le bon sens, le rythme général des réformes destinées à régler les problèmes sous-jacents est lent et doit être accéléré, mais il faut prendre en compte l'impact sur l'environnement économique actuel et veiller parallèlement à ce que des logements sociaux restent disponibles pour les personnes défavorisées, incapables de s'offrir un logement aux conditions du marché, y compris dans les zones d'habitation où la demande est élevée. |
(13) |
La viabilité à long terme du système de retraite a été améliorée grâce au relèvement progressif de l'âge légal de la retraite de 65 ans, en 2012, à 67 ans, en 2021. Les Pays-Bas ont donc parfaitement respecté cette partie de la recommandation de 2012 portant sur le relèvement de l'âge légal de la retraite et sur le lien entre celui-ci et l'espérance de vie, tant pour le premier que pour le deuxième pilier. Il reste maintenant à trouver une répartition intra- et intergénérationnelle appropriée des coûts et des risques. De plus, la révision tant attendue de la gouvernance des caisses de retraite du deuxième pilier doit avoir lieu pour améliorer la capacité de résistance face au vieillissement. La mise en œuvre des plans de réforme des soins de longue durée contribuerait à enrayer l'augmentation rapide des coûts du vieillissement et, partant, améliorerait la soutenabilité des finances publiques. Cela étant, la qualité et l'accessibilité des soins de longue durée doivent être maintenues à un niveau approprié. |
(14) |
Les réformes du marché du travail proposées par le gouvernement ont pour objectif d'accroître la participation au marché du travail et la mobilité sur celui-ci. La réforme de la loi sur la participation est ambitieuse et adéquate pour encourager la participation au marché du travail. Toutefois, les réformes ne sont pas encore inscrites dans la législation. De plus, d'autres mesures sont nécessaires pour améliorer l'employabilité des personnes en marge du marché du travail, y compris celles des femmes, des personnes issues de l'immigration, des personnes handicapées et des personnes âgées. Les Pays-Bas ont annoncé des réformes du système d'indemnités de chômage et de leur législation relativement stricte en matière de protection de l'emploi. Ces réformes, combinées à une incitation fiscale à la mobilité (mobiliteitsbonus) pour les employeurs qui engagent des personnes qui bénéficient d'une prestation de sécurité sociale, qu'il s'agisse de personnes âgées de cinquante ans et plus ou de personnes invalides, sont bien ciblées pour toucher le segment du marché dans lequel le taux de participation est plus faible. Toutefois, bien qu'elles aillent dans la bonne voie, ces mesures ne pourront être pleinement appréciées que lorsqu'elles auront été adoptées. Enfin, la suppression accélérée des facteurs qui dissuadent les personnes à travailler pour apporter un second revenu au ménage afin d'augmenter le nombre d'heures travaillées pourrait également contribuer à atténuer les pénuries de main-d'œuvre futures. |
(15) |
Des progrès substantiels ont été accomplis en ce qui concerne la recommandation de 2012 relative aux liens entre l'innovation et la science, d'une part, et les entreprises, d'autre part. La politique d'entreprise «vers le sommet», y compris son approche sectorielle en faveur de partenariats public/privé dans le domaine de la recherche, de l'innovation et de l'enseignement (top sector), est entrée dans sa phase de mise en œuvre. Indépendamment des politiques sectorielles en matière d'innovation, il est important de poursuivre les politiques horizontales dans le domaine de la recherche et de l'innovation et de conserver un niveau de financement public adéquat pour la recherche fondamentale non ciblée. |
(16) |
Dans le cadre du semestre européen, la Commission a procédé à une analyse complète de la politique économique des Pays-Bas. Elle a évalué le programme national de réforme et le programme de stabilité et a présenté un bilan approfondi. Elle a tenu compte non seulement de leur bien-fondé dans l'optique d'une politique budgétaire et socio-économique viable aux Pays-Bas, mais aussi de leur conformité avec les règles et orientations de l'Union, eu égard à la nécessité de renforcer la gouvernance économique globale de l'Union par la contribution de l'Union aux futures décisions nationales. Les recommandations figurant aux points 1 à 4 ci-après reflètent ses recommandations dans le cadre du semestre européen. |
(17) |
Eu égard à cette évaluation, le Conseil a examiné le programme de stabilité, et la recommandation figurant au point 1 ci-dessous, en particulier, reflète son avis (5). |
(18) |
À la lumière des résultats du bilan approfondi de la Commission et de cette évaluation, le Conseil a examiné le programme national de réforme et son programme de stabilité. Ses recommandations formulées en vertu de l'article 6 du règlement (UE) no 1176/2011 se reflètent en particulier dans la recommandation figurant au point 2 ci-après. |
(19) |
Dans le cadre du semestre européen, la Commission a aussi effectué une analyse de la politique économique de l'ensemble de la zone euro. Sur cette base, le Conseil a adressé des recommandations spécifiques aux États membres dont la monnaie est l'euro (6). En tant que pays dont la monnaie est l'euro, les Pays-Bas devraient également veiller à mettre en œuvre intégralement et en temps utile ces recommandations, |
RECOMMANDE que les Pays-Bas, au cours de la période 2013-2014, s'attachent:
1) |
à renforcer et à mettre en œuvre la stratégie budgétaire, étayée par des mesures suffisamment bien définies, pour l'année 2014 et au-delà afin de garantir que le déficit excessif sera corrigé de manière durable d'ici à 2014 et que l'effort d'ajustement structurel défini dans les recommandations formulées par le Conseil dans le cadre de la procédure concernant les déficits excessifs sera mené à bien; à protéger les dépenses dans des domaines directement liés à la croissance tels que l'éducation, l'innovation et la recherche; après la correction du déficit excessif, à poursuivre l'effort d'ajustement structurel qui permettra aux Pays-Bas d'atteindre l'OMT d'ici à 2015; |
2) |
à redoubler d'efforts pour réformer progressivement le marché du logement en accélérant la réduction annoncée de la déductibilité des intérêts hypothécaires, tout en prenant en compte l'impact sur l'environnement économique actuel et en proposant un mécanisme de fixation des loyers plus axé sur le marché, y compris une meilleure adéquation des loyers aux revenus des ménages dans le secteur du logement social; à recentrer les sociétés de logement social afin qu'elles soutiennent les ménages les plus démunis; |
3) |
à adapter le deuxième pilier des retraites, en consultation avec les partenaires sociaux, afin d'assurer une répartition intra- et intergénérationnelle appropriée des coûts et des risques. À soutenir le relèvement progressif de l'âge légal de la retraite par des mesures visant à accroître l'employabilité des travailleurs plus âgés; à mettre en œuvre la réforme annoncée du système des soins de longue durée afin d'assurer sa rentabilité et la compléter par des mesures visant à endiguer l'augmentation des coûts, afin d'assurer la viabilité du système; |
4) |
à adopter d'autres mesures pour promouvoir la participation au marché de l'emploi, en particulier des personnes en marge de ce marché; à continuer à réduire les entraves fiscales à l'emploi, y compris en supprimant les crédits d'impôts transférables pour les personnes qui apportent un second revenu au ménage; à favoriser les transitions sur le marché du travail et à régler le problème des rigidités sur ce marché, notamment en réformant la législation en matière de protection de l'emploi et le système des indemnités de chômage. |
Fait à Bruxelles, le 9 juillet 2013.
Par le Conseil
Le président
R. ŠADŽIUS
(1) JO L 209 du 2.8.1997, p. 1.
(2) JO L 306 du 23.11.2011, p. 25.
(3) Maintenue pour 2013 par la décision 2013/208/UE du Conseil du 22 avril 2013 relative aux lignes directrices pour les politiques de l'emploi des États membres (JO L 118 du 30.4.2013, p. 21).
(4) JO C 219 du 24.7.2012, p. 88.
(5) Conformément à l'article 5, paragraphe 2, du règlement (CE) no 1466/97.
(6) Voir page 97 du présent Journal officiel.