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Document 52016IR0040
Opinion of the European Committee of the Regions — The EU response to the demographic challenge
Avis du Comité européen des régions — La réponse de l’Union européenne au défi démographique
Avis du Comité européen des régions — La réponse de l’Union européenne au défi démographique
OJ C 17, 18.1.2017, p. 40–45
(BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)
18.1.2017 |
FR |
Journal officiel de l'Union européenne |
C 17/40 |
Avis du Comité européen des régions — La réponse de l’Union européenne au défi démographique
(2017/C 017/08)
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RECOMMANDATIONS POLITIQUES
LE COMITÉ EUROPÉEN DES RÉGIONS,
Les défis démographiques auxquels est confrontée l’Union européenne
1. |
indique que l’évolution démographique constitue l’un des plus grands défis auxquels est confrontée l’Union européenne. Au rang des facteurs de ce changement figurent le vieillissement de la population, la diminution du nombre de jeunes et une baisse de la fécondité. De ce fait, la croissance démographique dépend, dans une large mesure, des mouvements migratoires, qui diffèrent fortement d’un territoire à l’autre de l’Union. Les déséquilibres suscitent une série de défis, tant dans les régions affectées par le dépeuplement que dans les grandes zones urbaines d’accueil; |
2. |
estime cependant que l’apport découlant du phénomène migratoire n’est qu’une solution de courte durée et qui ne suffit pas à résoudre le problème de la baisse de la natalité; si les migrations apportent une main-d’œuvre supplémentaire dans l’immédiat, elles augmentent aussi les pourcentages de population adulte présente dans les territoires européens, sans résoudre le problème de la dénatalité et du vieillissement général de la population; |
3. |
signale que depuis l’an 2000 la croissance démographique de l’Europe a été très modeste comparée à celle des cinquante années précédentes: environ 0,5 % par an. En 2014, la population de douze États membres a diminué, tandis que dans les seize autres elle a augmenté. On observe des différences significatives entre l’est et l’ouest de l’Europe et également, bien que dans une moindre mesure, entre le nord et le sud. Les disparités régionales sont fréquentes, même au sein d’un même État membre. En particulier, la tendance générale dans la plupart des pays européens consiste en une plus forte croissance dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Les zones rurales reculées sont confrontées à des défis démographiques sur tout le continent. La récente crise économique a accentué la polarisation des tendances tant au niveau européen que national, ainsi que les problèmes de dépeuplement au niveau régional; |
4. |
souligne la nécessité de tenir compte des projections d’ici 2060 du «Rapport 2015 sur le vieillissement». La dynamique de la fécondité, de l’espérance de vie et des migrations laisse entrevoir des changements majeurs dans la structure des âges de la population de l’Union européenne. Le rapport entre les personnes en activité et les personnes dépendantes passera de 4 pour 1 à environ 2 pour 1. En 2060, la population européenne sera non seulement plus vieille, mais également répartie de manière très inégale. Les projections indiquent de grandes différences entre les États membres et en leur sein, montrant une diminution de la population dans environ la moitié d’entre eux et une croissance dans l’autre moitié; |
5. |
attire l’attention sur l’énorme impact économique, social, budgétaire et environnemental du changement démographique, tant au niveau national que régional et local. Il affecte la viabilité des systèmes de retraite et des systèmes de santé et détermine l’évolution de l’État providence, essentiellement par la pression exercée sur les systèmes de soins de santé et les services sociaux aux personnes âgées et dépendantes. Il a une incidence sur le développement des différents territoires de l’Union européenne et sur le maintien des écosystèmes traditionnels et des infrastructures. Le Comité souligne les risques de dépeuplement que courent certaines régions de l’Union européenne. Les régions éloignées, par exemple, sont confrontées à des défis géographiques et démographiques spécifiques en raison des contraintes de mobilité. Et même si les caractéristiques de certaines zones ou régions font qu’elles seront touchées par ces changements plus tard ou dans une moindre mesure, il est indéniable que leurs effets se feront sentir sur l’ensemble de l’Union; |
6. |
souligne l’opportunité d’examiner ces facteurs dans le contexte de l’évolution démographique mondiale. À cet égard, le Comité accueille très favorablement le travail de collecte de données comparatives concernant la population, à l’échelon local et régional, effectué par l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui aide à comprendre le contexte des défis démographiques au-delà de leur dimension européenne. Les cartes démographiques au niveau de l’Union européenne pourraient constituer des instruments utiles pour comprendre les défis démographiques et collecter des données sur les évolutions démographiques. Ils consistent en des outils informatiques utilisés pour explorer les données et cartographier les indicateurs démographiques grâce au système d’information géographique (SIG); |
La réponse des régions et des villes au défi démographique
7. |
prend note des différentes manières dont les régions et les villes européennes réagissent aux défis démographiques:
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8. |
encourage les villes et les régions européennes à continuer à traiter ces problèmes et, en outre, à exploiter les possibilités associées à l’évolution démographique, comme celles inhérentes à l’«économie des seniors» pour les entreprises et entités qui développent et proposent des services et des produits novateurs pour les seniors, ce potentiel devant en particulier être exploité sur les territoires qui sont les plus touchés par les changements démographiques. Les défis fournissent aussi l’occasion de renforcer les investissements dans le capital humain, de mieux tirer profit des ressources locales, de mettre en place des services publics plus efficaces et efficients et de développer de nouveaux moyens d’améliorer la qualité de vie de tous les citoyens. Il s’agit d’améliorer la qualité de la vie mais aussi le bien-être, entendu comme l’état tridimensionnel de bien-être physique, mental et social. Les possibilités liées à l’évolution démographique prennent aussi la forme de perspectives d’emplois liés aux services (physiques, numériques, styles de vie sains, etc.) destinés aux personnes âgées; |
9. |
souligne l’importance que les ajustements apportés aux structures de service, nécessaires dans les régions frappées par un déclin démographique, puissent être effectués de telle manière que les personnes, souvent âgées, qui demeurent dans ces régions aient accès aux services conformément à leurs droits fondamentaux. Cela signifie qu’il faudra développer des formes de prestations de services grâce à une coopération et à des initiatives verticales entre les différents niveaux, en veillant à ce que les collectivités locales et régionales disposent des ressources dont elles ont besoin pour s’adapter à cette évolution démographique; |
10. |
s’engage à continuer de soutenir l’initiative «Pacte européen sur les changements démographiques», lancée par la plateforme européenne des personnes âgées (AGE Platform Europe), en étroite collaboration avec l’OMS-Europe, sur la base du projet AFE-Innovnet, une plateforme de collectivités locales et régionales dont le but est d’encourager la création d’environnements adaptés aux personnes âgées dans des domaines tels que la santé, les services sociaux, le logement, les technologies de l’information et de la communication, l’urbanisme et la mobilité; |
11. |
souligne l’importance des municipalités et des régions européennes qui sont des acteurs privilégiés de la mise en œuvre de politiques européennes pour relever le défi démographique, notamment dans la mise en place d’initiatives qui valorisent la diversité et promeuvent l’interculturalité. De même, il est nécessaire d’œuvrer à l’élaboration de stratégies régionales et locales pour soutenir l’établissement de liens entre les centres de recherche et développement, les entreprises et les organismes publics, promouvoir les viviers d’entreprises, renforcer le tourisme rural, etc., en vue de générer de l’emploi et d’augmenter l’attractivité pour la population en âge de travailler; |
12. |
souligne l’importance de la coopération horizontale en relation avec l’évolution démographique. Les programmes de coopération territoriale ont été occasionnellement orientés vers cet objectif, notamment pour faire face au vieillissement de la population, au déclin dans les zones rurales ou, dans une moindre mesure, aux aspects liés aux taux de natalité en relation avec les changements démographiques. Dans ce domaine, le Comité accueille favorablement les cadres de réflexion et d’échange de bonnes pratiques tels que le Réseau européen des régions confrontées à des défis démographiques (DCRN) qui a rendu possible la création d’espaces adéquats permettant de générer des initiatives communes et des réponses conjointes; |
13. |
estime que le changement démographique que connaît l’Europe est d’une telle ampleur qu’il ne peut être affronté sans l’aide également d’importantes initiatives de coopération verticale venant renforcer les actions menées au niveau régional et local au moyen de mesures conçues au niveau national et supranational; |
La réponse actuelle de l’Union européenne au défi démographique
14. |
constate que la réponse actuelle de l’Union européenne au défi démographique est partielle et peu développée. Elle est partielle, car elle se concentre presque exclusivement sur le vieillissement, sans accorder une attention suffisante à d’autres aspects tels que la faible natalité ou le dépeuplement pour raisons socio-économiques, ou encore les questions de transport, de mobilité et de migration. Elle est peu développée, car de nombreuses politiques susceptibles de contribuer à relever le défi démographique ne prévoient pas une approche spécifique à cet égard; |
15. |
fait observer que ce sont les politiques d’innovation et de recherche qui ont promu la plus grande partie des initiatives visant à gérer les défis démographiques, presque toutes axées sur le vieillissement. Dans le cadre de son initiative phare «Une Union de l’innovation», la stratégie Europe 2020 a promu un partenariat européen d’innovation («European Innovation Partnership») pour un vieillissement actif et en bonne santé. L’évolution démographique est l’un des défis sociétaux du troisième pilier du programme Horizon 2020. L’initiative de programmation conjointe «Vivre plus longtemps et mieux», la communauté de la connaissance et de l’innovation sur l’innovation pour un vieillissement actif et en bonne santé et le programme «Assistance à l’autonomie à domicile» sont d’autres exemples; |
16. |
souligne que la politique agricole commune (PAC) contribue à relever les défis démographiques dans le cadre de son «second pilier», qui est consacré au développement rural. Au cours de la période de programmation 2014-2020, les efforts visent principalement à «encourager le développement de services et d’infrastructures qui vont dans le sens de l’inclusion sociale et d’une inversion de la tendance au déclin économique et social et au dépeuplement des zones rurales». Le vieillissement de la population est une préoccupation majeure dans le monde rural, c’est pourquoi la PAC promeut le renouvellement des générations et l’emploi féminin; |
17. |
signale que la politique de cohésion devrait jouer un rôle plus important dans la lutte contre les défis démographiques, conformément au mandat explicite de l’article 174 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Cet article stipule qu’«une attention particulière est accordée aux zones rurales, aux zones où s’opère une transition industrielle et aux régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents, telles que les régions les plus septentrionales à très faible densité de population et les régions insulaires, transfrontalières et de montagne». De même, l’article 175 du TFUE prévoit que la formulation et la mise en œuvre des politiques et actions de l’Union doivent prendre en compte les objectifs visés à l’article précédent, que leur réalisation doit être soutenue par les Fonds structurels, la Banque européenne d’investissement et d’autres instruments financiers, et que d’autres actions spécifiques peuvent s’avérer nécessaires. Jusqu’ici, ces dispositions n’ont toutefois pas été suffisamment mises en œuvre et aucune mesure de discrimination positive basée sur l’existence de handicaps démographiques n’a été adoptée; |
18. |
regrette que de nombreuses politiques européennes qui pourraient contribuer à relever les défis démographiques ne contiennent pas de mesures spécifiques en faveur des zones touchées par ces problèmes. Cela vaut pour les politiques relatives aux transports, à la société de l’information, à l’emploi et à la politique sociale, à l’environnement et au climat, aux entreprises, etc.; |
19. |
signale qu’une plus grande attention devrait être accordée aux problèmes démographiques dans le cadre du semestre européen, qui jusqu’à présent ne prend en compte que les incidences du vieillissement sur la viabilité des budgets des États membres. En particulier, il convient de tenir davantage compte du niveau local et régional, tant pour ce qui est de l’évaluation que de la formulation des recommandations aux États membres; |
La réponse que l’on attend de l’Union européenne face au défi démographique
20. |
estime qu’en réponse à l’évolution démographique, l’Union européenne devrait adopter une approche large, coordonnée et inclusive, étant donné qu’il s’agit d’un thème transversal. Il est nécessaire d’élaborer une stratégie européenne visant à relever les défis démographiques dans le cadre de laquelle toutes les politiques — cohésion, innovation, transports, santé, politiques sociales et de l’emploi, technologies de l’information et de la communication, développement rural, migration, etc. — accordent une plus grande attention à cette question. Cette stratégie devrait s’appuyer fermement sur les valeurs communes de l’Union européenne, l’égalité de traitement et les droits de l’homme. De même, une approche stratégique devrait inclure une analyse des coûts et des projections au niveau national, régional et local; |
21. |
rappelle que dans sa résolution du 9 septembre 2015 relative au rapport sur la mise en œuvre, les résultats et l’évaluation globale de l’Année européenne 2012 du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle, le Parlement européen «invite la Commission (1) à adopter une stratégie européenne sur le changement démographique afin de coordonner l’action de l’Union dans plusieurs domaines, de manière à réaliser des synergies et optimiser leur effet positif sur les citoyens et l’économie européens et la création d’emplois en Europe, ainsi que pour protéger les droits fondamentaux des personnes âgées dans toutes les politiques de l’Union»; |
22. |
estime que cette stratégie devrait donner la priorité au soutien aux conditions de vie et à la création de perspectives qui contribuent à attirer et à retenir une population jeune sur l’ensemble du territoire, afin d’encourager une croissance équilibrée entre les zones densément peuplées et les zones qui se dépeuplent, ainsi que les zones à faible densité de population, en favorisant la fourniture de services publics de qualité à tous les citoyens. Elle devrait également promouvoir des politiques favorables à la famille, au moyen de mesures qui éliminent les obstacles qui découragent la parentalité et qui contribuent à relever le taux de natalité, intégrer la dimension du genre, encourager une vie autonome des personnes âgées, augmenter l’espérance de vie en bonne santé et réduire la dépendance, lutter contre l’exclusion sociale à laquelle est confrontée une partie de la population et encourager de nouveaux efforts s’agissant de la reconnaissance des travaux domestiques non rémunérés et de la mise en œuvre de politiques qui concilient la vie professionnelle et la vie familiale; |
23. |
signale que toute stratégie européenne à venir devrait intégrer et associer la société tout entière, ainsi que dûment tenir compte du rôle des collectivités régionales et locales dans la lutte contre le changement démographique, promouvoir l’échange entre elles des bonnes pratiques et favoriser les approches centrées sur la prévention et l’intervention précoce; |
24. |
s’engage à souligner l’importance d’une réponse à l’échelle européenne aux défis démographiques par l’intermédiaire du système ESPAS, plateforme de prospective politique associant les différents organes et institutions de l’Union européenne. Cette plateforme pourrait tirer parti de l’expérience de nombreux réseaux de l’échelon européen qui traitent des questions du vieillissement en bonne santé, tels que le groupe de travail de l’Organisation mondiale de la santé pour un vieillissement en bonne santé, le réseau des villes amies des aînés, le Pacte européen sur les changements démographiques, le réseau AFE-Innovnet, AGE Platform Europe; |
25. |
insiste sur le fait que toutes les politiques et actions de l’Union européenne devraient tenir compte des défis démographiques et prévoir des mécanismes permettant de les relever. L’Union européenne devrait chercher à intégrer les questions démographiques dans tous les domaines d’action. Elle devrait également prendre en compte ce qui précède lors de l’élaboration des futurs cadres financiers pluriannuels, inclure dans son budget des rubriques consacrées au développement de ces politiques et actions ainsi qu’établir des mécanismes de priorité pour les régions particulièrement touchées par les incidences de l’évolution démographique. Ces mécanismes devraient se fonder sur la nomenclature des unités territoriales statistiques de niveau 3 (NUTS 3); |
26. |
souligne que l’évolution démographique a des incidences sur la mobilité dans les régions confrontées à des défis démographiques, en particulier les zones rurales proches de grands centres urbains attirant la population, et réitère son appel en faveur d’un livre vert sur ce thème (2); |
27. |
considère que l’Union européenne doit soutenir dans les États membres la mise en place de politiques d’immigration, fondées principalement sur l’emploi, à même d’atténuer les tendances démographiques négatives précédemment mentionnées, et souligne la nécessité d’une vision à long terme de l’intégration des immigrants, en vue de contribuer ainsi au développement d’une société interculturelle qui respecte les valeurs fondamentales européennes. À cet effet, il souligne le rôle important des collectivités locales et régionales, en ce compris les petites communes des zones rurales, qui doivent disposer de tous les moyens nécessaires pour mettre en œuvre avec succès les politiques d’intégration sur le terrain; |
28. |
signale que le vieillissement de la population et les pressions exercées sur les finances publiques obligeront les collectivités locales à se préparer à une main-d’œuvre vieillissante, à planifier le départ à la retraite d’un grand nombre de personnes au cours des prochaines années et à faire en sorte de pouvoir attirer un nombre suffisant de jeunes qualifiés sur le plan professionnel. À tous les niveaux de gouvernement, il importera d’accorder une plus grande attention aux efforts pour recruter et retenir les jeunes et les moins jeunes ainsi qu’à la migration de retour; |
29. |
estime que la politique de cohésion doit résolument se concentrer sur la réponse au défi démographique. Il s’agit d’un aspect qu’il convient de souligner dans les débats sur l’avenir de cette politique après 2020, et qui doit influencer sa portée et son approche ainsi que les futurs mécanismes de mise en œuvre, de sorte à contribuer à l’exploitation des points forts de chaque territoire et à surmonter les obstacles, y compris les problèmes démographiques, qui freinent le développement équilibré des régions. Le Comité regrette que cet aspect n’ait pas été suffisamment développé jusqu’à présent, malgré que le traité de Lisbonne ait inclus la dimension territoriale dans cette politique; |
30. |
estime que les services fournis par les collectivités locales dans le domaine du logement et de la planification doivent également prendre en considération les besoins de logement des personnes âgées, en respectant autant que possible leur souhait de rester dans leur environnement le plus proche, en intervenant dans la modification ou l’adaptation des habitations existantes, en favorisant le développement d’une conception inclusive dans les pratiques du secteur de la construction et en réalisant également des projets de logement social lorsque les ressources disponibles le permettent; |
31. |
demande aux institutions européennes une définition précise de la notion de «handicaps démographiques graves et permanents» figurant à l’article 174 du TFUE, et aussi que l’Union européenne se dote d’indicateurs statistiques à l’échelon pertinent pour étayer cette définition; |
32. |
rappelle que dans son avis sur le thème «Indicateurs de développement territorial — Au-delà du PIB» (3), il signale que le produit intérieur brut (PIB) ne constitue pas un instrument précis pour mesurer la capacité d’une société à traiter des problématiques qui l’affectent, telles que l’évolution démographique, et demande de définir des indices à l’échelle internationale, nationale, locale et régionale pour mesurer le progrès au-delà du PIB. Dès lors, si l’on décidait de prendre en compte des indicateurs supplémentaires autres que le PIB, il serait opportun d’évaluer également l’introduction d’indicateurs permettant d’apprécier la situation démographique d’un État, d’une région ou d’un territoire spécifique; |
33. |
demande, en outre, que la politique de cohésion prévoie des instruments spécifiques pour les zones les plus touchées par les défis démographiques, notamment en octroyant un poids accru aux critères démographiques dans la méthode de répartition de fonds ou une plus grande flexibilité dans le choix des objectifs thématiques ou en ce qui concerne les taux de cofinancement. Le Comité rappelle, à cet égard, ce qu’il a indiqué dans son avis sur «L’avenir démographique de l’Europe», à savoir que le soutien aux régions en difficulté constitue une «possibilité de développer des instruments appropriés de lutte contre le changement démographique pour toute l’Europe» (4); |
34. |
signale que le Fonds européen de développement régional peut aider les zones dont les indices de vieillissement, de ruralité et de dépeuplement sont élevés à améliorer leurs infrastructures de transport, de télécommunication et de tourisme, à réduire la fracture numérique, à se doter de meilleurs services publics et à miser sur l’adaptation des logements et les institutions résidentielles, entre autres objectifs; |
35. |
considère que le Fonds social européen peut jouer un rôle très important dans la formation des jeunes, freiner leur exode et faciliter leur retour à leur lieu d’origine. Par ailleurs, il peut contribuer à promouvoir l’employabilité des femmes, à favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale et à lutter contre l’exclusion sociale des personnes âgées; |
36. |
juge nécessaire de renforcer la coopération entre les acteurs locaux et régionaux sur les questions liées à l’évolution démographique. C’est pourquoi le Comité propose que le programme de coopération territoriale européenne inclue la possibilité, tant au niveau transfrontalier que transnational et interrégional, de former des consortiums afin de collaborer de manière conjointe à la recherche de solutions aux défis démographiques; |
37. |
souligne, en ce qui concerne la politique des transports, qu’il est important que les zones moins actives sur le plan démographique, ainsi que les zones qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves, ne deviennent pas isolées, afin d’éviter une exclusion plus grande de ces régions, qui sont souvent des zones rurales, périphériques, de montagne et éloignées; |
38. |
rappelle que dans l’avis du Comité intitulé «La mobilité dans des régions confrontées à des défis géographiques et démographiques» (5), il est constaté que les régions confrontées à des désavantages assument des tâches essentielles pour le développement équilibré de l’Union européenne, notamment en matière d’accès aux matières premières, d’agriculture, de pêche, de protection de l’environnement, de tourisme, de relations transfrontières et de possibilités de loisirs. Dès lors, l’amélioration des liaisons de transport au sein de ces régions et avec le reste de l’Union européenne devrait constituer un élément essentiel de la politique de cohésion de l’Union européenne et des politiques de l’Union européenne dans le domaine de la mobilité, et cela en ce qui concerne non seulement la mobilité des personnes, mais aussi celle des marchandises. La promotion d’une croissance économique renforcée dans les régions confrontées à des défis contribuera au bon fonctionnement du marché intérieur et à la cohésion territoriale de l’ensemble de l’Union; |
39. |
met en lumière le rôle essentiel que peuvent jouer les technologies de l’information et de la communication et les environnements intelligents pour améliorer les conditions de vie dans les zones les plus touchées par les défis démographiques. À cet égard, le Comité demande à l’Union européenne de tenir compte de la fracture numérique qui affecte bon nombre de ces régions; |
40. |
demande instamment aux institutions européennes de reconnaître, dans le cadre des politiques relatives à l’environnement et à la lutte contre le changement climatique, le rôle essentiel de nombreuses zones rurales et faiblement peuplées, ainsi que des zones aux populations très dispersées, dans le maintien du milieu rural, de la biodiversité et des paysages; |
41. |
encourage la PAC à continuer de prévoir des mesures visant à faciliter le renouvellement des générations en milieu rural, à promouvoir l’emploi des femmes et à favoriser la diversification économique; insiste sur la nécessité d’améliorer la méthodologie Leader en intensifiant la participation des acteurs du milieu rural, ainsi que sur celle d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies de développement intégrées; |
42. |
demande, dans le cadre de l’initiative «Mieux légiférer», d’inclure dans l’analyse d’impact préalable à toute initiative législative européenne ses éventuelles incidences sur le plan démographique; |
43. |
estime que le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) a le potentiel de constituer un outil important pour promouvoir les investissements dans des domaines prioritaires de l’Union européenne tels que l’énergie, les transports, la logistique intermodale, le tourisme, la culture, les technologies de l’information et de la communication, la recherche et l’innovation, les petites et moyennes entreprises, l’éducation, la santé, l’efficacité environnementale, les infrastructures sociales et l’économie sociale et solidaire, comme prévu à l’article 9 du règlement FEIS (6). Il est souhaitable que ce Fonds puisse également bénéficier aux territoires les moins dynamiques sur le plan démographique et contribuer ainsi à prévenir des fractures territoriales; |
44. |
préconise que la stratégie Europe 2020 accorde une plus grande attention aux défis démographiques au niveau régional et local, et envisage une initiative phare en matière démographique. Le Comité s’engage à inscrire le traitement des questions démographiques à l’ordre du jour de la plateforme de suivi de ladite stratégie; |
45. |
met l’accent sur le lien qui doit exister entre l’évolution démographique et le semestre européen, et souligne le fait que ce dernier doit comporter une dimension territoriale. Les collectivités locales et régionales devraient jouer un rôle important dans les mesures adoptées dans le cadre du semestre européen pour relever les défis démographiques et être prises en considération dans les recommandations destinées aux États membres pour relever ces défis; |
46. |
estime que le vieillissement représente sans aucun doute un défi, mais aussi un atout dans la mesure où les avancées de tous types que la société européenne a réalisées constituent une opportunité de cohésion, d’emploi et de progrès; |
47. |
conclut en indiquant que, tandis que l’Union s’oriente vers un scénario tel que celui qui est décrit, il est essentiel de continuer à sensibiliser tous les acteurs à l’importance des défis démographiques et d’avancer dans la bonne direction en s’appuyant sur les outils existants. |
Bruxelles, le 16 juin 2016.
Le président du Comité européen des régions
Markku MARKKULA
(1) 2014/2255(INI), point 41.
(2) Avis CdR 1691/2014 sur «La mobilité dans des régions confrontées à des défis géographiques et démographiques».
(3) CdR 2015/4287.
(4) CdR 341/2006 fin, paragraphe 26.
(5) Voir note 2.
(6) Règlement (UE) 2015/1017 du Parlement européen et du Conseil du 25 juin 2015 sur le Fonds européen pour les investissements stratégiques, la plateforme européenne de conseil en investissement et le portail européen de projets d’investissement et modifiant les règlements (UE) no 1291/2013 et (UE) no 1316/2013 — le Fonds européen pour les investissements stratégiques (JO L 169 du 1.7.2015, p. 1).