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Document 52012IE1578

Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Les femmes entrepreneurs – politiques spécifiques pour favoriser la croissance et l'emploi dans l'UE» (avis d'initiative)

OJ C 299, 4.10.2012, p. 24–28 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

4.10.2012   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 299/24


Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Les femmes entrepreneurs – politiques spécifiques pour favoriser la croissance et l'emploi dans l'UE» (avis d'initiative)

2012/C 299/05

Rapporteure: Mme Madi SHARMA

Le 19 janvier 2012, le Comité économique et social européen a décidé, conformément à l'article 29, paragraphe 2, de son Règlement intérieur, d'élaborer un avis d'initiative sur le thème

"Les femmes entrepreneurs – politiques spécifiques pour favoriser la croissance et l'emploi dans l'UE"

La section spécialisée "Emploi, affaires sociales, citoyenneté", chargée de préparer les travaux du Comité en la matière, a adopté son avis le 28 juin 2012.

Lors de sa 482e session plénière des 11 et 12 juillet 2012 (séance du 11 juillet 2012), le Comité économique et social européen a adopté le présent avis par 121 voix pour, 7 voix contre et 4 abstentions.

1.   Conclusions et recommandations pour la promotion de l'entrepreneuriat des femmes en Europe

1.1   Le présent avis fait quatre propositions concrètes clés comportant des interventions au plan politique visant à promouvoir et développer l'entrepreneuriat des femmes, afin d'appuyer une croissance durable en Europe. Il se concentre uniquement sur l'entrepreneuriat des femmes et ne traite pas de la dimension plus large de la représentation des femmes sur le marché du travail ou dans le processus décisionnel.

1.2   Ces recommandations politiques ne sont pas sans incidence sur les coûts, mais les faibles investissements demandés par la Commission européenne et les États membres seront contrebalancés par le retour sur investissement découlant de la valeur économique accrue provenant de l'augmentation de la part des entreprises détenues par des femmes dans l'économie et de la création d'emplois dans ces entreprises. L'on pourrait également faire valoir que les fonds pourraient être réorientés au détriment de projets à impact faible, afin de mieux appuyer les objectifs.

1.3   En outre, les recommandations de politique ne nécessitent aucune nouvelle structure et peuvent être intégrées aux ministères actuels en charge du développement économique, mais ne doivent pas être rattachées aux ministères en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes, car l'entrepreneuriat des femmes est une question "économique".

1.4   Ces recommandations peuvent être étayées par des éléments tangibles attestant d'un retour sur investissement découlant des résultats de mesures similaires aux États-Unis: elles ont donné lieu à un doublement du nombre de femmes entrepreneurs, à une augmentation des créations d'emploi ainsi qu'à un apport économique à la société. C'est l'élément obligatoire en matière de collecte des données et de politique des commandes publiques qui a eu les effets les plus importants (1).

1.5   Créer un Office européen de l'entreprise féminine (European Office of Women's Business Ownership) au sein de la Commission européenne, et des ministères compétents (de préférence pas des ministères de l'égalité entre les femmes et les hommes, afin de faire la distinction entre les activités économiques et les responsabilités en matière d'égalité entre les femmes et les hommes) à l’échelon des États membres, sans mettre en place de structures entièrement nouvelles.

1.6   Nommer un directeur, représentant spécial ou haut représentant chargé de la création d’entreprise des femmes au sein de la Commission européenne et des ministères des États membres en charge des entreprises, doté d’un rôle transversal à travers les domaines de compétence des organismes et ministères existants, pour sensibiliser aux avantages économiques qu’apporte le fait d'encourager davantage de femmes à créer et développer une entreprise.

1.7   Recueillir des données et produire des mises à jour annuelles en matière de politique et de recherche sur les entreprises détenues par des femmes dans les différentes régions d’Europe, de manière à améliorer l’accès à des données, entre les différents ministères et agences, tenant compte de la différence entre hommes et femmes.

1.8   Assurer l'application de la législation actuelle. Il y aurait lieu, à cet égard, de mettre notamment l'accent sur la garantie que l'affectation des ressources et des fonds soit analysée par sexe, afin d'assurer transparence, responsabilité et diligence pour qu'un respect véritable de l'égalité entre les femmes et les hommes soit avéré.

1.9   Pour créer un environnement propice aux femmes entrepreneurs, il y a lieu d'envisager également:

d'inclure les hommes dans les débats et la communication;

de supprimer les stéréotypes liés à l'identité sexuelle, en particulier dans l'enseignement et les parcours de carrière;

de favoriser des études universitaires susceptibles de mener à de nouvelles créations d'entreprises pour les femmes;

de garantir un accès équitable aux financements et aux ressources, avec des conditions égales;

d'améliorer la protection sociale des indépendants.

2.   Contexte

2.1   La croissance dans l'UE et les petites et moyennes entreprises (PME)

2.1.1   La résolution du Parlement européen sur "L'entrepreneuriat féminin dans les petites et moyennes entreprises" (2) reconnaît les éléments suivants: "qu'il existe des divergences entre les États membres concernant le nombre de femmes entrepreneurs; considérant que les femmes sont moins nombreuses que les hommes à voir dans l'entrepreneuriat un choix de carrière viable et considérant que, en dépit de l'augmentation du nombre de femmes dirigeant des PME enregistrée au cours de la dernière décennie, une femme sur dix seulement est un entrepreneur dans l'Union européenne, contre un homme sur quatre, considérant que les femmes représentent environ 60 % de tous les diplômés de l'université mais qu'elles sont sous-représentées dans l'emploi à temps plein sur le marché du travail, notamment dans le secteur de l'entreprise; considérant qu'il est crucial d'encourager et d'habiliter les femmes à se lancer dans des projets d'entreprise de manière à réduire les inégalités qui existent entre hommes et femmes".

2.1.2   Dans le contexte de la crise financière que traverse l'Europe, l'austérité est devenue le maître mot des recherches de solutions pour sortir de la crise. Ce n'est que récemment que le discours d'austérité a été complété d'un discours sur l'investissement. Les politiques visant à promouvoir la croissance doivent constituer le point focal.

2.1.3   Dans un paysage mondial en évolution caractérisé par l'incertitude, le changement constant et une concurrence mondiale beaucoup plus importante que par le passé, reconnaître le rôle des entrepreneurs qui sont porteurs de ce type d'investissement, nécessaire à la relance économique, est l'un des éléments cruciaux si l'on veut garantir une économie européenne compétitive et dynamique. Après avoir reconnu le rôle des PME dans notre société, la Commission européenne considère à présent comme tout à fait prioritaire d'exploiter les potentialités des PME.

2.1.4   Les entrepreneurs ont pris de plus en plus d'importance en tant que créateurs d'opportunités d'emplois et acteurs clés du bien-être des communautés locales et régionales (3). L'UE, avec la stratégie de Lisbonne sur la croissance et l'emploi, le "Small Business Act", la stratégie Europe 2020 et le nouveau programme COSME (4), a délibérément placé les besoins des PME au cœur de ses activités, en parvenant à des résultats tout à fait satisfaisants.

2.1.5   Les environnements nationaux et locaux au sein de l'UE dans lesquels les PME opèrent sont très différents, à l'image de la nature des PME elles-mêmes. Les politiques concernant les besoins des PME doivent donc reconnaître intégralement cette diversité, et respecter pleinement le principe de subsidiarité ("Priorité aux PME", un "Small Business Act" pour l'Europe).

2.1.6   Dans son avis récent sur la communication "Small Business, Big World – un nouveau partenariat pour aider les PME à exploiter les possibilités du marché mondial" (5), le CESE note que la Commission présuppose une égalité entre les femmes et les hommes dans les entreprises, mais n'émet aucune recommandation spécifique pour soutenir les PME détenues par des femmes du point de vue de l'internationalisation.

2.1.7   L'Europe pâtit de l'absence d'une infrastructure intervenant spécifiquement en soutien de l'entrepreneuriat des femmes. Aucune des politiques mentionnées plus haut, non plus que les interventions ni les dispositions ultérieures, n'ont pleinement reconnu la question de la différence entre les hommes et les femmes lorsqu'il s'agit de détenir une entreprise, et elles n'ont pas non plus repéré les possibilités de croissance, ni leur diversité au sein du secteur de l'entreprise (à domicile, microentreprises, familiales)

2.2   La politique actuelle concernant les entreprises détenues par des femmes

2.2.1   Des entreprises détenues par des femmes sont essentielles à la santé de l'économie européenne. Depuis plus de dix ans, les gouvernements ainsi qu'une série d'organisations des secteurs public, privé et de l'enseignement supérieur ont reconnu l'importance de soutenir les entreprises des femmes à la fois d'un point de vue politique, et d'un point de vue pratique. Il en a résulté une prise de conscience accrue de la contribution que ces entreprises apportent à l'économie.

2.2.2   La Commission travaille actuellement avec des États membres pour trouver des moyens de surmonter les facteurs qui découragent les femmes d'envisager la possibilité de créer une entreprise, et un certain nombre d'initiatives ont été lancées, parmi lesquelles:

Le réseau européen des mentors pour les femmes entrepreneurs, a été inauguré au cours d'une manifestation de la présidence polonaise le 15 novembre 2011. Ce réseau est l'une des actions proposées par la révision du SBA 2011, met en œuvre et complète les actions visant à promouvoir, aider et encourager l'entrepreneuriat des femmes.

Le Réseau européen des décideurs pour la promotion de l’entrepreneuriat féminin (WES).

Le Portail destiné à l’entrepreneuriat féminin (6).

3.   Les potentialités économiques

3.1   En dépit de progrès encourageants, l’UE doit encore prendre des mesures importantes si elle veut exploiter tout le potentiel des entreprises, en particulier des PME détenues par des femmes. Les femmes sont encore trop souvent invisibles dans le monde des affaires – dans les médias, au sein des organisations représentatives des entreprises et lorsqu’il s'agit d'influencer les politiques.

3.2   L’écart entre hommes et femmes persiste dans ce domaine, ce qui se traduit par un nombre de femmes entrepreneurs qui reste inférieur à celui de leurs homologues masculins. À l’heure actuelle, les femmes chef d’entreprise en Europe ne représentent que 30 % de l'ensemble des entrepreneurs. Ceci accroît encore le potentiel de croissance économique inexploité.

3.3   En 2012, le rôle des entreprises détenues par des femmes est plus important que jamais – il existe, dans toute l’Europe, ainsi que dans des régions du voisinage telles que la région euro-méditerranéenne (7), des entreprises gérées par des femmes dans tous les secteurs, et leur rôle pour faire croître l’économie et créer de nouveaux emplois durables est crucial pour la relance et la croissance.

3.4   Il est très inquiétant qu'à un moment où le financement public du soutien aux entreprises a été réduit dans de nombreux pays, et où bon nombre d'entreprises se battent pour survivre et pour croître, les politiques destinées à appuyer les entreprises détenues par des femmes ne font plus partie des priorités, et ce en dépit des beaux discours. Les entreprises détenues par des femmes représentent "un potentiel de plusieurs milliards d'euros" (8) qu'il est impératif de reconnaître, au lieu de l'écarter.

3.5   Le manque de données, tant quantitatives que qualificatives, constitue l'une des principales difficultés du calcul du nombre d'entreprises détenues par des femmes en Europe. Les registres du commerce et de nombreuses sources de statistiques publiques (y compris le numéro d'identification de TVA) ne tiennent pas compte de la différence entre hommes et femmes. De la même manière, les informations relatives à ce facteur ne sont pas facilement disponibles auprès des banques ni des organisations qui soutiennent les entreprises.

3.6   En dépit de ces lacunes, plusieurs sources d'information cohérentes sur l'entrepreneuriat et le travail indépendant fournissent des données sur l'activité entrepreneuriale masculine et féminine. Parmi ces sources figurent l'Observatoire Mondial de l'Entrepreneuriat (Global Entrepreneurship Monitor (GEM)) et les enquêtes annuelles de population réalisées dans la plupart des pays européens (recensement). La collecte de données aux États-Unis met en relief les potentialités qui existent en Europe (9).

3.7   Les recherches démontrent (10) que les entreprises détenues par des femmes investissent davantage que les employeurs en général dans la formation de leur personnel et qu'environ deux tiers d'entre elles visent à accroître la capacité dirigeante de leurs cadres. Par conséquent, le soutien accordé à des entreprises détenues par des femmes qui sont axées sur la croissance est susceptible de donner un meilleur retour qu'un investissement dans des entreprises en général.

3.8   La plupart des statistiques sont des estimations prudentes et il existe des recherches importantes indiquant que certaines femmes entrepreneurs, y compris les mères de famille, aspirent encore plus à la croissance (11). Selon une étude menée à l'initiative de la banque Natwest au Royaume-Uni, 88 % des femmes, à comparer avec 74 % pour les hommes, prévoyaient de la croissance pour leur entreprise. Le taux de croissance espéré s'élevait à 25 % en moyenne.

4.   L'équité entre les femmes et les hommes dans les entreprises

4.1   L'UE a le devoir éthique de donner aux femmes ce qu'elles méritent vraiment. Les objectifs en matière d'égalité entre les femmes et les hommes doivent rester au premier plan du processus décisionnel de l'UE. En temps de crise, la "justice entre les hommes et les femmes" revêt un caractère encore plus impératif. Les hommes comme les femmes doivent être présents dans le débat, car, trop souvent, les questions concernant les femmes n'amènent que des femmes autour de la table.

4.2   Des politiques d'intégration des questions d'égalité entre les hommes et les femmes, y compris au plan législatif, sont en place en Europe depuis bon nombre d'années, mais elles ne mettent pas l'accent sur la garantie d'une analyse de l'affectation des ressources ou fonds par sexe. Pour assurer transparence, responsabilité et diligence afin qu'un respect véritable de l'égalité entre les femmes et les hommes soit avéré, il y a lieu de procéder à une telle analyse.

4.3   Il s'agit d'ailleurs d'une obligation juridique au Royaume-Uni en vertu du devoir de respecter l'égalité des sexes (Gender Equality Duty) (12), qui oblige tous les pouvoirs publics, dans l'exercice de l'ensemble de leurs fonctions, à prendre dûment en considération:

l'élimination de toute discrimination illégale et de tout harcèlement fondés sur le sexe,

la promotion de l'égalité des chances entre les femmes et les hommes.

Cela devrait exiger une analyse de l'affectation des ressources et des fonds afin de faire en sorte que la neutralité entre les sexes soit avérée.

4.4   Le concept de respect de l'égalité des sexes est important pour garantir l'égalité entre les femmes et les hommes par les responsabilités et par une évaluation de l'affectation des ressources ainsi que la collecte de données désagrégées dans une perspective hommes-femmes. Cela appuierait les décideurs dans l'évaluation de l'impact véritable sur l'entrepreneuriat des femmes (Exemple: Fonds pour le développement régional (FEDER) ou social (FSE): l'UE affecte des fonds aux États membres, lesquels réaffectent ces fonds à un échelon régional. Souvent, ceux-ci sont utilisés pour créer de l'emploi en créant des entreprises, mais, à aucun moment, la question hommes-femmes n'est soulevée.) Pour garantir la transparence en matière d'égalité entre les femmes et les hommes, chaque niveau de décideurs devrait se demander, en fonction du sexe, comment les ressources financières sont distribuées, et procéder à une analyse en ce sens.

4.5   La perspective d'égalité entre les femmes et les hommes peut être une "lentille" susceptible de permettre de comprendre d'autres inégalités (liées à la race, au handicap ou à l'âge), et d'agir sur celles-ci. Pour que l'intégration des questions d'égalité entre les femmes et les hommes soit effective à travers l'Europe, il faut adopter une approche intégrée, comme le souligne en particulier le rapport de l'OCDE "Tackle gender gap to boost growth" (Agir sur le fossé hommes-femmes pour favoriser la croissance) (13). Se pencher sur les perspectives hommes-femmes signifie couvrir tous les aspects de l'égalité; cela affecte chacun, à la fois les hommes et les femmes. Se pencher sur les perspectives hommes-femmes, c'est reconnaître que les inégalités entre femmes et hommes sont le résultat d'une injustice ou de stéréotypes qui affectent chacun.

4.6   Il y a lieu d'analyser les perspectives hommes-femmes afin d'éviter le gaspillage de ressources dans l'éducation et la formation, l'augmentation des niveaux de mauvaise santé, et des coûts économiques pour les entreprises où les compétences des femmes ne sont pas mises en valeur et où les potentialités et les talents qui sont les leurs ne sont pas reconnus. De plus, il est essentiel, pour autonomiser les femmes de tous âges, de leur fournir un appui pour leur orientation de carrière, de surmonter les stéréotypes et de briser le "plafond de verre". Les médias et la société doivent aussi valoriser davantage des exemples de femmes qui réussissent et de dirigeants féminins, afin de mettre en exergue les mutations positives que les femmes apportent à l'économie.

5.   Recommandations

5.1   Interventions au plan politique

5.1.1   Le CESE reconnaît que l’Europe se trouve en période de mesures d’austérité, mais de simples politiques spécifiquement conçues pour les entreprises détenues par des femmes pourraient apporter un retour sur investissement qui dépasserait la faible contribution de l’UE et des États membres nécessaire pour mettre en place ces quatre propositions.

5.1.2   Ces propositions n’ont pas été sélectionnées au hasard mais sont le fruit de consultations avec des femmes entrepreneurs et des associations professionnelles. Des recommandations similaires ont été faites dans une résolution du Parlement européen (14). Plus important encore, des mesures semblables ont été mises en place aux États-Unis dans le "Women's Business Ownership Act" (1988). C'est l'élément obligatoire en matière de collecte de données et d'achats qui y a eu les effets les plus importants. La proportion des femmes entrepreneurs par rapport aux hommes aux États-Unis est actuellement d’environ 2 pour 1 (le nombre de femmes chefs d’entreprise aux États-Unis en pourcentage de toutes les entreprises est passé de 26 % en 1992 à 57 % en 2002). Cela a donné lieu à un doublement du nombre de femmes entrepreneurs, a augmenté le nombre de créations d'emploi et a accru l'apport économique à la société.

5.1.3   Ces propositions consistent à:

5.1.3.1

Créer un Office de l'entreprise féminine (Office of Women's Business Ownership) au sein de la Commission européenne, et des ministères compétents des États membres. Il ne devrait de préférence pas être sous la tutelle des ministères en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes, afin de fournir une distinction claire entre les activités relatives à l'entreprise économique et les responsabilités en matière d'égalité ente les femmes et les hommes. Cet office devra disposer d'un mandat solide, assorti d’objectifs et de ressources. La DG Entreprises dispose actuellement d'une personne sur 900 qui s’occupe uniquement de l'entrepreneuriat des femmes en Europe!

5.1.3.2

Nommer un directeur, représentant spécial ou haut représentant chargé de la création d’entreprise des femmes au sein de la Commission européenne ainsi que dans les ministères des États membres en charge des entreprises, mais doté d’un rôle transversal à travers les domaines de compétence des organismes et ministères existants, pour sensibiliser aux avantages économiques qu’apporte le fait d'encourager davantage de femmes à créer et développer une entreprise. Il s'agirait de services temporaires (de 4 à 10 ans, en fonction de l’économie et de leur structure de financement) qui devraient avoir des compétences très claires et des objectifs et responsabilités spécifiques. Le directeur, représentant spécial ou haut représentant pourrait également avoir la compétence de promouvoir les parcours industriels et universitaires, car cela engendre un accroissement de l'entrepreneuriat des femmes; il pourrait par exemple s'agir de la recherche, la science, la haute technologie, la vente directe et le développement en ligne/TIC.

5.1.3.3

Recueillir des données essentielles permettant de mesurer et quantifier l'affectation des ressources pour les femmes entrepreneurs – une raison clés pour laquelle les femmes sont confrontées à des discriminations dans le monde de l'entreprise, en particulier dans les phases de lancement. Encourager la production de mises à jour annuelles en matière de politique et de recherche sur les entreprises détenues par des femmes dans les différentes régions d’Europe. Améliorer la collecte des données, et l’accès à des données tenant compte de la différence entre hommes et femmes entre les différents ministères et agences. Il est essentiel que la DG Entreprises et les ministères des États membres en charge du développement économique mènent une évaluation d'impact axée sur la perspective hommes-femmes, en collectant des données pertinentes incluant le nombre de femmes entrepreneurs, le nombre d'entreprises détenues par des femmes, le nombre de salariés dans ces entreprises, l'affectation des ressources à ces entreprises et ces entrepreneuses. Il est important de reconnaître que des pays comme l'Australie, le Canada et les États-Unis ont réussi à accroître les niveaux d'entrepreneuriat des femmes grâce au recueil et à l'analyse de telles données.

5.1.3.4

Appliquer la loi en vigueur dans les domaines de l’égalité entre les femmes et les hommes. Des chiffres récents montrent que le chômage des femmes est à son niveau le plus élevé depuis 23 ans en Europe. Il y a également un nombre record de jeunes, parmi lesquels de nombreuses femmes diplômées, qui sont économiquement non-actifs. La différence de salaires entre hommes et femmes est une réalité, et les femmes sont sous-représentées dans le processus décisionnel dans toute l'Europe. Il est essentiel que l'UE et les États membres remplissent l'obligation qui est la leur en matière de devoir de parité, en ventilant des informations par sexe, en particulier dans le domaine du recueil de données et de l'affectation des ressources.

5.2   Interventions de la société civile

5.2.1   Il est proposé:

5.2.1.1

Qu'étant donné que toutes les activités relatives à la promotion de l'entrepreneuriat des femmes et des entreprises détenues par des femmes sont bénéfiques à toute la société et à toute l'économie, il y a lieu d'encourager les hommes à participer au débat et à reconnaître la valeur ajoutée afférente à la promotion des activités des femmes en tant qu'entrepreneurs. Les communications, réseaux et formations pertinents devraient inclure les deux sexes, et la protection sociale devrait aussi garantir que tous bénéficient de l'égalité de traitement dans la société.

5.2.1.2

De garantir l'accessibilité à tous de l'entrepreneuriat, en faisant en sorte que l'enseignement à tous les niveaux supprime les stéréotypes sexués au sujet des entrepreneurs, et en procédant à une gestion du langage et des termes utilisés pour décrire les entrepreneurs. Dans le même temps, de faire en sorte que l'actuelle aide à la création d’entreprise dans le cadre de l’université ou de la formation continue soit intéressante et utile pour les jeunes femmes, et puisse combler le fossé entre le nombre de jeunes hommes et celui des jeunes femmes qui créent leur entreprise.

5.2.1.3

De promouvoir les parcours de carrière traditionnels et non traditionnels pour les femmes de tous âges de manière à garantir la neutralité entre les sexes. L'Europe possède bon nombre de femmes hautement qualifiées, diplômées, dont beaucoup sont actuellement au chômage du fait de la crise, et qui peuvent ne pas avoir envisagé la possibilité de détenir leur propre entreprise.

5.2.1.4

De créer des centres spécifiques pour les entreprises détenues par les femmes, proposant des informations essentielles sur l'entreprise, des réseaux, un partage de connaissances, une formation et du tutorat. Ces centres n'existent pas dans certains pays de l'UE, et ils sont souvent sous-financés dans le cadre des associations d'entrepreneurs et des chambres de commerce dans l'UE. Toutefois, de tels centres, où des ressources spécifiques sont affectées, peuvent s'avérer être très efficaces pour la promotion de l'entrepreneuriat féminin. L'on peut trouver, en Allemagne, bon nombre d'exemples de bonnes pratiques à cet égard.

5.2.1.5

D'assurer un soutien et un accès aux informations, aux fonds et aux ressources dans la recherche, les sciences et la technologie pour les femmes potentiellement désireuses de lancer leur entreprise ou de développer leurs recherches ou leurs innovations.

5.2.1.6

De faire en sorte que les établissements financiers réexaminent la divulgation des informations en matière de prêts dans une perspective hommes-femmes. Des recherches montrent que les prêts aux femmes sont peu élevés et présentent souvent des taux d'intérêts bien plus élevés que les prêts aux hommes (15).

5.2.1.7

De revoir les dispositions en matière de sécurité sociale pour tous les entrepreneurs, mais en particulier les aspects pratiques des dispositions concernant les femmes entrepreneurs pendant leur grossesse, en tant que mères et pouvant avoir à s’occuper de membres de leurs familles. Le document de la Commission intitulé "Plan d'action: l'agenda européen de la politique de l'esprit d'entreprise" (16) attire l’attention sur la nécessité d’améliorer les systèmes de sécurité sociale, mais ne va pas assez loin en matière de propositions pertinentes sur le sujet.

5.2.1.8

D'élaborer et de mettre en œuvre à l’échelon européen une convention sur les médias publics, afin d'encourager les responsables des radios et télévisions publiques des États membres à s'engager à fixer des objectifs en matière d'équilibre hommes/femmes de la couverture médiatique lorsqu’il est question de l'entrepreneuriat: il faut faire sortir les femmes des rubriques "femmes" et les mettre en section "entreprise"! Des études indiquent que la couverture médiatique peut influencer de manière significative et positive les perceptions et les attitudes envers les femmes entrepreneurs. Augmenter la couverture médiatique de femmes ayant réussi en tant que chefs d'entreprises, qui feraient figure de modèles, aurait un impact évaluable dans les attitudes de la société vis-à-vis de l’entrepreneuriat féminin.

Bruxelles, le 11 juillet 2012.

Le président du Comité économique et social européen

Staffan NILSSON


(1)  1988: Women's Business Ownership Act (HR5050) http://www.nwbc.gov/sites/default/files/nwbc05.pdf.

(2)  (2010/2275(INI)).

(3)  Avis du CESE sur le thème "Employabilité et esprit d'entreprise – Le rôle de la société civile, des partenaires sociaux et des organismes régionaux et locaux du point de vue du genre", JO C 256 du 27.10.2007, p. 114.

(4)  Programme pour la compétitivité des entreprises et des PME (COSME) 2014-2020.

(5)  COM(2011) 702 final.

(6)  Cf.: http://ec.europa.eu/enterprise/policies/sme/promoting-entrepreneurship/women/portal/.

(7)  Avis du CESE sur le thème "La promotion de l'esprit d'entreprise chez les femmes dans la région Euromed", JO C 256 du 27.10.2007.

(8)  Cf. www.wescotland.co.uk/wepg.

(9)  http://womeninbusiness.about.com/od/wibtrendsandstatistics/a/statswibindustr.htm.

(10)  http://www.bis.gov.uk/assets/biscore/enterprise/docs/b/11-1078-bis-small-business-survey-2010-women-led-businesses-boost.pdf.

(11)  http://www.enterprising-women.org/static/ew_growthreport.pdf.

(12)  http://freedownload.is/doc/overview-of-the-gender-equality-duty-11622854.html.

(13)  http://www.oecd.org/document/0,3746,fr_21571361_44315115_50401407_1_1_1_1,00.html.

(14)  (2010/2275(INI)).

(15)  Cf. par exemples: "Women and banks - Are female customers facing discrimination?" (Les femmes et les banques: les clients féminins sont-ils confrontés à une discrimination?), rapport de l'IPPR, novembre 2011, in: http://www.wireuk.org/uploads/files/women-banks_Nov2011_8186.pdf; "Women’s business ownership: a review of the academic, popular and internet literature" (Les entreprises détenues par des femmes: examen des ouvrages universitaires, de grand public et d'Internet), in: http://www.bis.gov.uk/files/file38362.pdf.

(16)  COM(2004) 70 final.


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