EUR-Lex Access to European Union law

Back to EUR-Lex homepage

This document is an excerpt from the EUR-Lex website

Document 52010IE0463

Avis du Comité économique et social européen sur «La politique des transports dans la région des Balkans occidentaux»

OJ C 354, 28.12.2010, p. 50–55 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

28.12.2010   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 354/50


Avis du Comité économique et social européen sur «La politique des transports dans la région des Balkans occidentaux»

2010/C 354/08

Rapporteur: M. ZOLTVÁNY

Lors de sa session plénière du 16 juillet 2009, le Comité économique et social européen a décidé, conformément à l'article 29, paragraphe 2, de son Règlement intérieur, d'élaborer un avis d'initiative sur:

La politique des transports dans la région des Balkans occidentaux.

La section spécialisée «Relations extérieures», chargée de préparer les travaux du Comité en la matière, a adopté son avis le 4 mars 2010.

Lors de sa 461e session plénière des 17 et 18 mars 2010 (séance du 17 mars 2010), le Comité économique et social européen a adopté le présent avis par 132 voix pour, 2 voix contre et 4 abstentions.

1.   Recommandations

1.1   Recommandations à l'intention de l'Union européenne (Commission européenne):

poursuivre le processus d'élargissement de l'UE;

accélérer le processus de libéralisation du régime des visas avec l'Albanie et la Bosnie-Herzégovine afin de permettre à leurs citoyens de circuler sans visa dans les pays membres de Schengen; entamer également des négociations à ce sujet avec le Kosovo (1);

mobiliser toutes les ressources financières disponibles afin de maximiser les investissements dans les projets d'infrastructure et utiliser à cette fin le cadre d'investissement en faveur des Balkans occidentaux récemment créé;

continuer à accorder la priorité à la dimension sociale dans la mise en œuvre du traité instituant une communauté des transports. Il convient de soutenir le forum social afin d'en faire un instrument efficace pour renforcer le dialogue social sectoriel à l'échelle de la région;

soutenir les mesures en faveur des modes de transport les plus écologiques, tels que les voies navigables intérieures et les chemins de fer dans les Balkans occidentaux;

tenir compte des évaluations de l'impact socio-économique des réseaux de transport dans la conception d'une politique commune des transports;

soutenir la modernisation du réseau de base du transport régional en fonction des besoins;

considérer le réseau principal de transport régional de l'Europe du sud-est comme un élément futur des réseaux transeuropéens de transport (TEN-T) dans le cadre du processus de révision de la politique en matière de TEN-T, afin de soutenir l'intégration renforcée des Balkans occidentaux à l'UE;

lancer une étude sur l'emploi dans les pays des Balkans occidentaux signataires de la communauté des transports; également veiller dûment à la création de programmes de formation destinés tant aux employeurs qu'aux salariés afin de leur permettre de mieux faire face aux évolutions du marché de l'emploi;

allouer au secrétariat de la communauté des transports les ressources humaines suffisantes pour traiter des affaires sociales et du dialogue social.

1.2   Recommandations à l'intention du Comité économique et social européen (CESE):

encourager, grâce aux travaux des comités consultatifs mixtes, les partenaires sociaux des pays des Balkans occidentaux à jouer un rôle actif dans le dialogue social tant à l'échelon national que régional;

organiser une conférence sur la politique des transports dans les Balkans occidentaux avec la participation de représentants des organisations de la société civile de ces pays, de la Commission européenne et du CESE;

définir les mécanismes de création et d'institutionnalisation de la future coopération avec le forum social régional que prévoit d'établir le traité instituant une communauté des transports.

1.3   Recommandations à l'intention des gouvernements des pays des Balkans occidentaux:

renforcer la coopération régionale dans les domaines de la politique des transports et des infrastructures de transport;

assurer une planification efficace des investissements publics d'intérêt régional dans le secteur des transports et y renforcer les capacités;

mettre en œuvre les réformes nécessaires et accélérer le processus d'adoption de l'acquis communautaire;

exploiter les possibilités de financement ou de cofinancement privé des projets prioritaires et complémentaires (partenariats publics/privés) et créer un environnement approprié pour ce type de projet;

accroître la transparence des marchés publics;

améliorer l'administration des frontières et accroître les capacités aux points de passage des frontières pour accélérer les transports et en améliorer la qualité à l'échelle régionale;

élaborer des politiques cohérentes à l'échelle régionale qui viseraient à encourager les transports intermodaux et le déploiement de systèmes de transports intelligents (STI);

poursuivre les efforts de rapprochement avec les pays voisins et résoudre les questions en suspens dans le cadre des relations bilatérales;

jouer un rôle actif dans le développement de la stratégie du Danube actuellement en cours de préparation afin de bénéficier des projets conjoints d'infrastructures avec les États membres de l'UE et les pays voisins;

associer les partenaires sociaux, ainsi que des représentants d'autres organisations de la société civile concernées, au processus d'élaboration de la politique régionale des transports et faire converger les politiques de l'emploi et les réformes.

2.   Contexte de l'avis

2.1   Le rôle que jouent les transports et les infrastructures en matière de coopération régionale dans Balkans occidentaux est tenu pour un facteur crucial du développement économique général, social et environnemental de cette région. Le développement du réseau principal de transport régional pour l'Europe du sud-est («South East Europe Core Regional Transport Network») (ci-après le réseau principal) représente une excellente occasion pour les pays des Balkans occidentaux d'unir leurs intérêts et de chercher des solutions qui soient avantageuses du point de vue économique, social ainsi qu'environnemental et profitables à cette région dans son ensemble. En termes d'essor économique, la mise en œuvre de projets d'infrastructures régionales a une incidence positive sur les économies de la région, contribue à l'ouverture de leurs marchés à de nouvelles initiatives entrepreneuriales et renforce l'efficacité des échanges commerciaux entre les pays de la région. Le développement du réseau de transport régional aide en particulier les gouvernements des pays des Balkans occidentaux à lutter contre un taux de chômage élevé et, dès lors, stimule l'expansion économique générale de la région. De meilleures opportunités d'emploi et une mobilité accrue de la main-d'œuvre contribuent également au développement social. Le réseau de transport régional permet également de renforcer la coopération transfrontalière et les contacts interpersonnels. Compte tenu de l'impact considérable des transports sur l'environnement, il est essentiel que les questions environnementales soient prises en compte dans le cadre du développement du réseau de base du transport régional.

Le développement de ce réseau a également une forte dimension politique. En mettant en œuvre des projets d'infrastructures, les gouvernements des pays des Balkans occidentaux avec l'ensemble des autres acteurs concernés peuvent témoigner de leur disponibilité à surmonter les tensions et les problèmes bilatéraux issus d'un passé récent. Le développement du réseau de transport régional contribue dès lors à l'intégration régionale des pays des Balkans occidentaux.

2.2   Le rôle de l'Union européenne dans le développement de la politique des transports dans la région des Balkans occidentaux.

2.2.1

L'UE porte un intérêt direct aux Balkans occidentaux car cette région est située au cœur de l'Europe. Tous les pays de la région sont soit des candidats, soit des candidats potentiels à l'adhésion à l'UE. Pour atteindre cet objectif, ils doivent satisfaire à l'ensemble des critères et des conditions d'adhésion. La coopération régionale est l'un des préalables en vue d'une intégration réussie de ces pays dans l'Union européenne et elle constitue dès lors également un élément essentiel du processus de stabilisation et d'association (PSA). Pour cette raison, l'UE tient à soutenir l'essor de projets régionaux, notamment du réseau principal de transport régional, qui joue un rôle fondamental.

2.2.2

L'UE considère que les transports sont un domaine d'action tout désigné et approprié pour une coopération régionale efficace et estime par conséquent que la politique des transports dans la région des Balkans occidentaux peut être ambitieuse et faire progresser la région vers l'alignement sur l'acquis communautaire. L'importance de cette politique est encore renforcée par le fait que quatre des dix corridors paneuropéens traversent les Balkans occidentaux. La politique européenne en matière de transports poursuit dans cette région trois objectifs principaux. Le premier consiste à améliorer et à moderniser le réseau de transport de l'Europe du sud-est en vertu de considérations de développement économique et social. Le second vise à optimiser le trafic sur le réseau en appliquant des mesures douces et/ou horizontales. Le dernier vise à permettre d'aligner la région sur l'acquis en matière de transport. Afin de développer ces priorités, l'UE négocie actuellement un traité instituant une communauté des transports avec les pays des Balkans occidentaux (voir le paragraphe 4.3 ci-après).

3.   Description du réseau principal de transport de cette région

Le protocole d'accord sur le développement du réseau principal de transport régional pour l'Europe du sud-est le définit comme un réseau multimodal qui comprend les liaisons routières, ferroviaires et de navigation intérieure des sept pays participants des Balkans occidentaux, l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l'ancienne République yougoslave de Macédoine, le Monténégro, la Serbie et le Kosovo (2), ainsi que certains ports maritimes, fluviaux et aéroports.

Le réseau principal routier et ferroviaire se compose de corridors et de voies. Les corridors correspondent aux corridors paneuropéens de transport établis, numéros V, VII, VIII et X, qui relient ces pays à l'UE. Les voies, dont sept sont routières et six ferroviaires, complètent le réseau principal afin de relier entre elles les capitales de cette région et ces dernières à celles de pays voisins. Leur objectif est également de relier les grands centres urbains régionaux, d'assurer l'accès aux ports (et aéroports) du réseau principal et de garantir une desserte appropriée des zones les plus isolées de cette région. Le réseau principal des voies navigables intérieures se compose du Corridor VII (le Danube) et de la Save.

3.1   Le réseau routier principal

Le réseau routier principal est long de 5 975 km au total, dont 3 019 de corridors et 2 956 de routes. Selon les données recueillies par l'observatoire des transports de l'Europe du sud-est (OTESE), 13,2 % du réseau routier principal sont classés comme étant en mauvais ou en très mauvais état, tandis que 87 % des routes le sont comme étant en état médiocre à très bon (3).

La prépondérance du secteur routier explique que lui soit allouée la plus grande part des financements. Il convient d'améliorer la qualité des routes afin de réduire les pertes de temps, les embouteillages ainsi que la pollution et de les rendre plus sûres. Bien que les pays en question se soient efforcés d'étoffer et de durcir leur législation, la sécurité routière reste l'un des problèmes essentiels (4). Les données en la matière dépeignent une situation inquiétante dans cette région de l'Europe du sud-est, où le nombre de victimes ne cesse de croître, en raison des effets cumulés d'un manque d'investissements, de l'absence d'entretien approprié et de l'inapplication de la législation.

3.2   Le réseau ferroviaire principal

3.2.1

Le réseau ferroviaire principal est long de 4 615 km au total, dont 3 083 de corridors et 1 532 de voies. Seuls 15 % du réseau ferroviaire principal sont classés comme en bon état, tandis que 19 % le sont comme en mauvais ou très mauvais état (5).

3.2.2

Le transport ferroviaire est le maillon le plus faible de tous les modes de transport. L'analyse de l'accessibilité, en comparant les mêmes couples départ/destination, montre que les trajets en chemin de fer ont une durée jusqu'à 200 % plus importante que celle des trajets par la route. L'infrastructure ferroviaire est sous développée dans tous les pays des Balkans occidentaux. C'est pourquoi des investissements ferroviaires considérables y sont nécessaires. La restructuration des compagnies de chemin de fer, dont les effectifs sont souvent considérés comme pléthoriques, constitue un autre défi à relever à l'avenir.

3.3   Les autres modes de transport (voies navigables intérieures, ports de navigation intérieure, ports maritimes)

3.3.1

Le Danube (corridor VII) (6) traverse la Croatie et la Serbie sur 588 km et la Save est navigable sur 593 km. Le réseau principal se compose également de sept ports maritimes et de deux ports fluviaux (7) Hormis une portion de 30 km, le Danube est pour l'essentiel en bon étatcontrairement à la Save, dont l'état est bien plus mauvais (8).

3.3.2

Les voies navigables intérieures constituent le mode de transport le plus écologique et le moins cher. Cependant, il présente l'inconvénient d'être lent.

3.3.3

L'intermodalité des transports est limitée et se résume actuellement pour l'essentiel au transport terrestre de containers de et vers les ports. De plus, les terminaux intermodaux existants ne sont pas utilisés à leur pleine capacité. Cependant, le potentiel des transports intermodaux dans le cadre du réseau principal est estimé à quelque 10 %, et devrait croître de 15 % d'ici 2015.

3.3.4

On peut faire valoir que les réformes du secteur des transports progressent constamment dans tous les pays de cette région grâce à la poursuite des stratégies nationales de transport et à l'adoption de nouveaux textes législatifs et réglementaires conformes à l'acquis et la politique de transport de l'UE. Ces pays admettent de manière générale que ces réformes devraient être cohérentes avec les intérêts de leur région, ce qui signifie qu'elles ne devraient pas créer de disparités qui pourraient aller à l'encontre du développement et une gestion efficace du réseau principal. À l'image de ce qui se passe pour le processus d'adhésion à l'UE, certains pays sont plus avancés que d'autres.

4.   Les documents cadres et les dispositions institutionnelles

4.1

La politique commune des transports pour les Balkans occidentaux remonte au Pacte de stabilité pour l'Europe du sud-est de 1999. Comme indiqué précédemment, l'UE voit dans la coopération des pays de la région des Balkans occidentaux un pré-requis à leur adhésion future à l'UE et une condition préalable au développement de la politique des transports pour cette région. L'UE a donc encouragé ces pays à développer une coopération intrarégionale et à renforcer leur coordination dans le domaine de la politique commune de transport. Afin de stimuler le développement d'une infrastructure de transport en Europe du sud-est, les participants de la région et la Commission européenne ont signé en 2004 un protocole d'accord sur le développement du réseau principal de transport de la région d'Europe du sud-est. En conséquence, trois grands organismes de coordination ont remplacé les divers forums qui agissaient dans le domaine de l'infrastructure de transport régional. Le premier est la conférence ministérielle annuelle, qui prend les décisions stratégiques, le second est un comité directeur qui coordonne la mise en œuvre du dit protocole d'accord et le dernier est l'Observatoire des transports de l'Europe du sud-est (OTESE) qui sert de secrétariat permanent (9). Ce protocole d'accord engage les parties prenantes à concevoir et à mettre en œuvre conjointement un plan d'action pluriannuel glissant sur une période de 5 ans. Il sert également à encadrer un processus coordonné qui mène à l'élaboration d'un projet de traité instituant une communauté des transports avec les pays des Balkans occidentaux.

4.2

Ce dernier traité, actuellement en cours de négociation, viendra remplacer le protocole d'accord existant. Il vise à créer un marché intégré des infrastructures, des systèmes et des services de transports terrestres, fluviaux et maritimes, lié étroitement au marché intérieur de l'Union européenne des transports en question. L'institution de cette communauté des transports accélérerait l'intégration des systèmes de transports au sein de cette région ainsi qu'avec ceux de l'UE. En plus d'accélérer l'alignement de la législation afférente, y compris l'acquis social dans ce domaine, cette communauté des transports permettrait aux usagers et aux citoyens de bénéficier plus rapidement du processus d'adhésion. Elle offrirait également une sécurité juridique aux opérateurs et aux investisseurs du secteur des transports, permettant ainsi de stimuler et d'accélérer les investissements nécessaires et le développement économique (10).

4.3

Elle vise par ailleurs à créer un cadre réglementaire et commercial stable qui permette d'attirer les investisseurs pour tous les modes de transports et les systèmes de gestion du trafic, d'accroître l'efficacité des modes de transport et de contribuer à une répartition modale plus durable ainsi que d'associer au développement des transport le progrès social et le respect de l'environnement. Il convient de souligner que le traité ne prendra effet dans certains pays des Balkans occidentaux que lorsque ces derniers appliqueront l'ensemble de l'acquis nécessaire.

5.   Les principaux défis concernant la politique des transports dans la région des Balkans occidentaux

L'intégration de l'infrastructure est un grand défi pour les pays des Balkans occidentaux. Alors que les infrastructures et la facilitation des transports sont cruciaux pour le développement économique, la cohésion et l'intégration sociales, on peut faire valoir que les transports dans cette région se caractérisent par leurs systèmes extrêmement fragmentés, leur infrastructure détériorée et leurs services inefficaces. Pour changer cet état des choses, des efforts appropriés seront nécessaires dans les domaines de la planification, de la législation et des financements. Au moment de relever ces trois défis, il conviendrait toutefois de tenir compte des grands traits spécifiques historiques, politiques, économiques, sociales et géographiques de la région des Balkans occidentaux. De ce fait, l'expérience de l'extension de la politique de transports de l'UE aux douze nouveaux États membres ne sera que faiblement transposable.

5.1   La planification

5.1.1

L'harmonisation réglementaire et la coordination entre autorités sont les principaux moteurs de l'intégration du secteur des transports. Eu égard au nombre d'acteurs qui participent au processus de développement de la politique régionale des transports, il convient de planifier et de coordonner convenablement ces activités.

5.1.2

Au plan national, l'application de l'acquis requiert des gouvernements des pays des Balkans occidentaux de planifier et de mettre en œuvre d'importantes réformes dans leurs secteurs des transports, ainsi que dans d'autres secteurs connexes. Ce processus devrait être accompagné d'une étude d'impact précise.

5.1.3

Parmi les éléments importants pour un développement efficace de la politique des transports, il conviendrait de citer la planification efficace des dépenses publiques et la coopération avec les autres parties prenantes, y compris les partenaires sociaux et les institutions financières internationales.

5.1.4

Un défi connexe réside dans la nécessité de faire correspondre les stratégies nationales des transports aux intérêts de cette région et de coordonner la mise en œuvre du projet de réseau principal, pour soutenir la gestion efficace et le développement du réseau principal.

5.1.5

Enfin et surtout, l'élaboration des plans d'action glissants pluriannuels de l'OTESE pour le développement du réseau principal de transport pour cette région requiert de planifier et de coordonner efficacement ces activités au plan régional. Une telle coordination sera également nécessaire dans le cadre du forum social régional, auquel participeront les représentants des partenaires sociaux et des autres parties concernées des pays des Balkans occidentaux, y compris les organisations non gouvernementales.

5.2   La législation

5.2.1

Une priorité en la matière réside dans l'adaptation nécessaire de la législation nationale à l'acquis communautaire et aux normes de l'UE dans le domaine des transports. L'acquis est particulièrement vaste dans ce domaine, couvrant l'accès au marché et les normes en matière sociale, technique, fiscale, de sécurité et environnementale. Les pays des Balkans occidentaux sont donc confrontés au défi de mettre en œuvre et d'appliquer ce vaste corpus d'acquis qui comprend un grand nombre de règlements, de directives et de décisions. La transposition et l'application sélectives de cet acquis européen constituent des défis supplémentaires.

5.2.2

En raison de la fragmentation élevée qui caractérise la région de l'Europe du sud-est, les questions liées au passage des frontières y sont très importantes. Actuellement, les temps d'attente aux frontières entravent sérieusement l'efficacité et la compétitivité du réseau principal. Aussi, les participants des Balkans occidentaux devraient-ils consentir des efforts supplémentaires pour améliorer la gestion et les procédures aux frontières et réduire les temps d'attente.

5.2.3

Il conviendrait également de mettre en lumière les aspects environnementaux. L'application des normes environnementales revêt une importance toujours plus grande lors de l'élaboration des projets d'infrastructure. Comme la législation en la matière constitue une part importante de l'acquis, il ne saurait être question qu'elle ne soit pas appliquée. On peut cependant arguer de ce que les pays des Balkans occidentaux connaissent de sérieuses difficultés à appliquer la législation environnementale.

5.3   Les financements

5.3.1

Le développement et l'entretien des réseaux de transports mobilisent des moyens financiers que les secteurs publics ne peuvent pas fournir. La coordination entre donateurs joue donc à cet égard un rôle important. L'UE mise à part, il convient que les institutions financières internationales (IFI), telles que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque de développement du Conseil de l'Europe (BDCE), et les donateurs bilatéraux coordonnent leurs activités pour allouer les fonds nécessaires. Les gouvernements des pays des Balkans occidentaux peuvent également recourir aux partenariats publics/privés (PPP) pour financer leurs réseaux de transport.

5.3.2

La conférence ministérielle tenue à Sarajevo en septembre 2009 en a d'ailleurs reconnu toute l'importance. La déclaration des ministres participants n'a pas seulement reconnu et salué le rôle important que le secteur privé joue dans le développement des infrastructures, mais également la nécessité de créer un cadre institutionnel et législatif qui lui permette de participer aux projets d'infrastructure par le biais des partenariats publics/privés. De plus, les ministres se sont engagés, à cette occasion, à élaborer des projets d'infrastructure à l'échelle régionale et ils ont soutenu la mise en place d'un réseau des partenariats publics/privés de l'Europe du sud-est (11). Cette déclaration fournit un cadre approprié en vue d'améliorer la réalisation de projets PPP de développement des infrastructures dans la région. Sa mise en œuvre exige cependant des réformes, y compris des régimes législatifs et réglementaires, ainsi que le soutien actif, au moyen d'une assistance technique et financière, des partenaires internationaux, à savoir la Commission européenne, les institutions financières internationales et les donateurs bilatéraux.

5.3.3

Le cadre d’investissement en faveur des Balkans occidentaux (WBIF) constitue une mesure supplémentaire importante destinée à garantir une coopération plus étroite entre les institutions financières internationales, les donateurs bilatéraux et l'Union européenne. Il a été lancé en décembre 2009 et il comprend un mécanisme conjoint d’aide non remboursable et un mécanisme conjoint de prêts destinés à financer la réalisation de projets prioritaires dans les Balkans occidentaux, parmi lesquels les projets d'infrastructure jouent un rôle crucial (12).

6.   Les retombées économiques et sociales/le rôle de la société civile

L'extension des réseaux de transports régionaux présente des risques et des opportunités équivalents pour les employeurs et les salariés. La participation de ces deux groupes est essentielle pour mener à bien la mise en œuvre de tout projet d'infrastructure. On peut cependant faire valoir que ni les organisations patronales ni les syndicats n'utilisent efficacement leur rôle de partenaires sociaux vis-à-vis des institutions de l'UE, des institutions financières et des donateurs internationaux. D'autre part, le succès de la restructuration des infrastructures et des réformes d'accompagnement dépend largement d'un soutien total et d'une acceptation générale, ce qui ne pourra se faire sans l'engagement actif des organisations de la société civile. Le dialogue avec les partenaires sociaux et les acteurs de la société civile devrait donc jouer un rôle crucial en matière de conception de toute politique dans les Balkans occidentaux, y compris la politique des transports. Les pays de cette région se caractérisent cependant par une tradition de dialogue social et civil médiocre, des mécanismes de consultation peu développés et une conception du partenariat déficiente. Dans ces conditions, il convient d'encourager les gouvernements des pays des Balkans occidentaux à faciliter la participation active de représentants des partenaires sociaux et d'autres organisations de la société civile concernées au processus d'élaboration de la politique régionale des transports et à la conception des stratégies de réforme.

6.1   Les organisations patronales

6.1.1

Les transports sont l'un des secteurs prépondérants dans l'emploi dans la région. Les employeurs devraient donc jouer un rôle dans l'élaboration des politiques et la conduite des réformes qui bénéficient à leurs entreprises, mais également aux salariés et aux citoyens de leur pays. Les organisations du secteur des transports et les employeurs ont également un rôle à jouer dans la négociation des priorités des réseaux de transport nationaux et régionaux, dans l'analyse de leur impact sur la promotion de la mobilité, la création et le maintien d'emplois ainsi qu'au niveau des bénéfices généraux pour les économies nationales.

6.1.2

Dans cette région, la visibilité et l'influence des organisations patronales varient d'un pays à l'autre. De manière générale, leurs positions sont plutôt faibles surtout en raison d'une absence de capacités internes de mobilisation, de difficultés à offrir une représentation efficace et à promouvoir leurs intérêts dans les relations avec le gouvernement et les autres parties prenantes.

6.1.3

Il y a donc lieu de développer les compétences des membres des organisations patronales en matière de représentation et d'analyse, qui seraient bénéfiques non seulement pour chaque pays mais également pour l'UE.

6.2   Les organisations syndicales

6.2.1

Le secteur des transports est l'un des plus grands pourvoyeurs d'emploi dans la région. La plupart de ces pays connaissent des conditions sociales et d'emploi précaires, avec un chômage persistant élevé, des taux de pauvreté importants et une forte migration de la population active, ainsi que des systèmes de sécurité sociale surchargés. Le secteur des chemins de fers a vu en une décennie quelque 50 % de ses travailleurs quitter leur emploi (13). La réforme des chemins de fer que chacun de ces pays devra mettre en œuvre passe par une réduction des effectifs, la privatisation des opérateurs de fret et la fermeture des lignes locales qui ne sont pas rentables (14). Les plans visant à libéraliser le transport ferroviaire auront donc un impact sur l'emploi et les conditions de travail.

6.2.2

Des pertes d'emplois affectent également les activités portuaires, ainsi que les communautés et les économies locales qui en dépendent. Des pertes d'emplois comparables se sont produites dans le secteur de la navigation intérieure.

6.2.3

Les organisations syndicales jouent avec les autres partenaires sociaux un rôle important dans l'évaluation de l'impact du développement du réseau principal de transport sur l'emploi. Les syndicats des transports de la région, coordonnés par la fédération européenne des travailleurs des transports, ont fait campagne – tant au niveau national qu'européen – pour que des études d'impact social se généralisent tout au long de la planification stratégique et de la mise en œuvre du traité instituant une communauté des transports (15). Les syndicats se préoccupent par ailleurs de faire converger les politiques de l'emploi et les réformes.

6.3   Autres groupes d'intérêt

Le développement des infrastructures a des effets considérables sur l'environnement. En conséquence, la protection de ce dernier joue un rôle important dans ce processus et devrait être prise en compte lors de la planification et du développement du réseau d'infrastructure. À cet égard, les organisations de défense de l'environnement ont un rôle significatif à jouer. Parmi elles, le centre régional pour l'environnement (CRE) de l'Europe centrale et orientale jouit d'une position unique. Sa mission est d'aider à résoudre les problèmes environnementaux de la région. Son objectif principal est de favoriser la coopération entre les organisations non gouvernementales, les gouvernements, les entreprises et d'autres acteurs dans le domaine de l'environnement et également de soutenir l'échange d'informations et la participation du public dans la prise de décisions en matière environnementale. Ce centre a convenu avec une autre initiative régionale importante, le conseil de coopération régionale, de mettre en œuvre le programme cadre, feuille de route pour la coopération environnementale en Europe du sud-est, qui comprend une série de conférences thématiques trimestrielles à haut niveau.

Outre les organisations de défense de l'environnement, le développement des infrastructures intéresse tout spécialement les organisations de consommateurs de l'ensemble de cette région, de même qu'un large éventail d'organisations non gouvernementales qui se consacrent au développement local ou d'associations qui prônent l'usage de la voiture, comme celles de l'industrie automobile.

7.   Le rôle du CESE pour le développement de la politique des transports dans la région des Balkans occidentaux

Les pays des Balkans occidentaux se caractérisent par une tradition de dialogue social médiocre et des mécanismes de consultation entre les partenaires sociaux peu développés. L'engagement des partenaires sociaux dans le processus de réforme est donc un pré requis essentiel pour une politique régionale des transports durable dans les Balkans occidentaux. Le CESE peut donc jouer un rôle de conseil important pour renforcer le dialogue social dans cette région, y compris à l'occasion du Forum de la société civile des Balkans occidentaux. Le CESE peut prêter son assistance afin de choisir les partenaires au sein des organisations de la société civile dans chacun des pays des Balkans occidentaux, ainsi que de renforcer les capacités de ces organisations et de leurs membres. De plus, l'expérience du CESE peut apporter une valeur ajoutée lors de la création du forum social régional, que prévoit d'établir le traité instituant une communauté des transports.

Bruxelles, le 17 mars 2010.

Le Président du Comité économique et social européen

Mario SEPI


(1)  Tel qu'il est défini par la résolution 1244/1999 du Conseil de sécurité des Nations unies.

(2)  Tel qu'il est défini par la résolution 1244/1999 du Conseil de sécurité des Nations unies.

(3)  Plan de développement du réseau principal des transports dans la région du sud-est européen, Observatoire des transports de l’Europe du sud-est (OTESE), décembre 2008, www.seetoint.org/index.php?option=com_rubberdoc (en anglais).

(4)  Voir: Fédération routière européenne et Chambre de commerce mixte Belgique/Luxembourg/Europe du sud est: des réseaux pour la paix et le développement (2006), disponible en anglais sur le site:http://www.erf.be/index.php?option=com_content&view=article&id=157 %3Anetworks-for-peace-and-development&catid=18&Itemid=31

(5)  Plan de développement du réseau principal des transports en Europe du sud-est, Observatoire des transports de l’Europe du sud-est (SEETO), décembre 2008, www.seetoint.org/index.php?option=com_rubberdoc (en anglais)

(6)  L'Union européenne élabore actuellement une stratégie pour la région du Danube (la stratégie du Danube), où elle reconnaît toute l'importance de ce fleuve.

(7)  Font partie du réseau principal les sept ports maritimes suivants: Rijeka, Split, Ploce, Dubrovnik (en Croatie), Bar (au Monténégro), ainsi que Durres et Vlore (en Albanie). Les deux ports fluviaux se trouvent en Serbie, à Belgrade et à Novi Sad.

(8)  Plan de développement du réseau principal des transports de l'Europe du sud-est, Observatoire des transports de l’Europe du sud-est (SEETO), décembre 2009, www.seetoint.org/index.php?option=com_rubberdoc (en anglais).

(9)  L'objectif de l'OTESE est également de promouvoir la coopération en matière de développement des infrastructures principales et auxiliaires du réseau principal de transport de l'Europe du sud-est et de promouvoir et de renforcer les capacités locales en vue de mettre en œuvre les programmes d'investissement, de gestion, de collecte des données et d'analyse en matière de réseau de transport principal de la région. www.seetoint.org (en anglais).

(10)  Voir: «La Commission propose la création d’une Communauté des transports avec les Balkans occidentaux et prend de nouvelles mesures pour renforcer la coopération avec les pays voisins dans le secteur des transports», Bruxelles, le 5 mars 2008, http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/08/382&format=HTML&language=FR

(11)  Déclaration ministérielle sur les partenariats publics/privés pour le développement des infrastructures en Europe du sud-est, le 25 septembre 2009.

(12)  Pour une présentation du cadre d’investissement en faveur des Balkans occidentaux, voir (en anglais): http://ec.europa.eu/enlargement/pdf/western-balkans-conference/wbif-a4-def_en.pdf; pour le lancement du cadre d’investissement en faveur des Balkans occidentaux, voir: http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=BEI/09/246&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=en

(13)  Voir: Fédération européenne des travailleurs des transports (FET): l'impact social de la politique européenne d'infrastructures de transport, 2005 Contribution à une consultation publique.

(14)  Voir: Banque mondiale: la réforme des chemins de fer dans les Balkans occidentaux, document inédit de la Banque mondiale, District de Washington, 2005.

(15)  La fédération européenne des travailleurs des transports coordonne les actions syndicales avec ses membres provenant de l'Europe du sud-est depuis janvier 2003. Cette fédération couvre les secteurs suivants: les transports routiers, ferroviaires, maritimes et de la navigation interne et l'aviation. Il n'existe pas de dialogue social sectoriel à l'échelle européenne dans le secteur portuaire.


Top