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Document 32022H0627(02)
Council Recommendation of 16 June 2022 on a European approach to micro-credentials for lifelong learning and employability 2022/C 243/02
Recommandation du Conseil du 16 juin 2022 sur une approche européenne des microcertifications pour l’apprentissage tout au long de la vie et l’employabilité 2022/C 243/02
Recommandation du Conseil du 16 juin 2022 sur une approche européenne des microcertifications pour l’apprentissage tout au long de la vie et l’employabilité 2022/C 243/02
ST/9790/2022/INIT
OJ C 243, 27.6.2022, p. 10–25
(BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, GA, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)
27.6.2022 |
FR |
Journal officiel de l’Union européenne |
C 243/10 |
RECOMMANDATION DU CONSEIL
du 16 juin 2022
sur une approche européenne des microcertifications pour l’apprentissage tout au long de la vie et l’employabilité
(2022/C 243/02)
LE CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE,
vu le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, et notamment ses articles 149 et 292, ainsi que ses articles 165 et 166,
vu la proposition de la Commission européenne,
considérant ce qui suit:
1. |
En Europe, de plus en plus de personnes doivent mettre à jour et améliorer leurs connaissances, leurs aptitudes et leurs compétences afin de combler l’écart entre leur éducation et leur formation formelles et les besoins d’une société et d’un marché du travail en mutation rapide. La reprise à la suite de la pandémie de COVID-19 ainsi que les transitions numérique et écologique ont accéléré le rythme des changements dans la manière dont nous vivons, apprenons et travaillons. Ils ont également mis en évidence la nécessité d’être mieux armé pour relever les défis actuels et futurs. La pandémie a eu une incidence négative sur les perspectives de carrière tant des jeunes que des adultes. Elle a par ailleurs conduit à une hausse du chômage et porté atteinte au bien-être physique, mental et émotionnel de centaines de millions de personnes en Europe. |
2. |
L’un des défis majeurs auxquels les entreprises et les employeurs européens sont confrontés est une offre insuffisante de compétences appropriées sur le marché du travail de l’UE. Dans le même temps, les travailleurs font face à des changements sans précédent dans le mode d’organisation du travail. En outre, les profils des tâches et les compétences requises connaissent un changement fondamental en raison des transitions numérique et écologique. Comme indiqué dans la décision (UE) 2021/1868 du Conseil du 15 octobre 2021 relative aux lignes directrices pour les politiques de l’emploi des États membres (1), «[l]es États membres et l’Union doivent s’attacher à élaborer une stratégie coordonnée pour l’emploi et, en particulier, pour promouvoir une main-d’œuvre qualifiée, formée et capable de s’adapter, ainsi que des marchés du travail tournés vers l’avenir et aptes à réagir rapidement à l’évolution de l’économie». La reconversion et le perfectionnement professionnels continus sont essentiels pour permettre aux travailleurs de répondre aux besoins de leur emploi actuel ou d’opérer une transition vers de nouveaux emplois et des secteurs en expansion, tels que les secteurs de l’écologie et du numérique, en particulier dans le contexte du vieillissement démographique. |
3. |
Il est nécessaire d’avoir accès à un enseignement et un apprentissage de qualité dispensés selon des modalités différentes et dans des cadres différents, afin de développer ses connaissances, aptitudes et compétences personnelles, sociales, culturelles et professionnelles. Des appels ont été lancés pour que les systèmes d’éducation et de formation gagnent en flexibilité et trouvent des solutions pour offrir à une plus grande diversité de profils un apprentissage davantage axé sur l’apprenant, accessible et inclusif. Les prestataires de l’éducation et de la formation non formelles répondent aussi à ce besoin en proposant des possibilités nouvelles et innovantes en matière de reconversion et de perfectionnement professionnels. |
4. |
Une véritable culture de l’apprentissage tout au long de la vie est essentielle pour s’assurer que chacun possède les connaissances, les aptitudes et les compétences nécessaires pour réussir dans la société, sur le marché du travail et dans sa vie personnelle. Il est essentiel de pouvoir avoir accès à une éducation, une formation et une reconversion et un perfectionnement professionnels appropriés et de qualité tout au long de sa vie. Les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie devraient s’inscrire dans la stratégie à long terme des établissements d’enseignement et de formation en vue d’améliorer leur capacité à répondre aux besoins en évolution rapide des employeurs et des apprenants. Cela permettrait à une plus grande diversité d’apprenants (comprenant des diplômés de ces établissements et d’autres apprenants adultes) de se perfectionner et de se reconvertir. Il est recommandé aux établissements d’enseignement supérieur, aux établissements d’enseignement et de formation professionnels (EFP), aux prestataires d’éducation et de formation des adultes et aux autres prestataires du secteur des microcertifications, y compris aux employeurs, de coopérer et de tenir compte des derniers résultats de la recherche dans la conception et la mise à jour des possibilités d’apprentissage. |
5. |
Les microcertifications pourraient contribuer à certifier les acquis de petites expériences d’apprentissage sur mesure. Elles permettent l’acquisition ciblée et flexible de connaissances, d’aptitudes et de compétences afin de répondre aux besoins nouveaux et émergents de la société et du marché du travail, et offrent aux individus la possibilité de remédier aux déficits de compétences qu’il leur faut combler pour réussir dans un environnement en mutation rapide, sans se substituer aux certifications traditionnelles. Elles peuvent, le cas échéant, venir compléter des certifications existantes, en apportant une valeur ajoutée sans porter atteinte au principe fondamental des programmes d’étude complets de l’éducation et de la formation initiales. Les microcertifications pourraient être conçues et délivrées par divers prestataires dans différents cadres d’apprentissage (cadres d’apprentissage formels, non formels et informels). |
6. |
Malgré le recours croissant aux microcertifications, il n’existe pas pour celles-ci de définition commune ou de normes en Europe, ce qui limite la compréhension et l’adoption des microcertifications et compromet de ce fait la capacité de ces dernières à faciliter des parcours d’apprentissage et professionnels flexibles. La présente recommandation vise à contribuer à renforcer la confiance de toutes les parties prenantes, prestataires ou bénéficiaires, dans les microcertifications à travers l’Europe. |
7. |
Selon le premier principe du socle européen des droits sociaux (2), toute personne a droit à une éducation, une formation et un apprentissage tout au long de la vie inclusifs et de qualité, afin de maintenir ou d’acquérir des compétences lui permettant de participer pleinement à la société et de gérer avec succès les transitions sur le marché du travail, dans l’ensemble de l’Union européenne. Selon le quatrième principe du socle européen des droits sociaux, toute personne a le droit de bénéficier, en temps utile, d’une aide adaptée à ses besoins afin d’améliorer ses perspectives d’emploi salarié ou non salarié. Cela inclut le droit de recevoir une aide en matière de formation et de reconversion. Le plan d’action sur le socle européen des droits sociaux décrit les microcertifications comme des instruments innovants qui «peuvent faciliter des parcours d’apprentissage souples et aider les travailleurs pendant qu’ils occupent un emploi ou lors de transitions professionnelles». Les microcertifications peuvent jouer un rôle dans la réalisation des grands objectifs de l’UE à atteindre d’ici 2030, notamment l’objectif de 60 % de l’ensemble des adultes participant chaque année à des activités de formation et un taux d’emploi d’au moins 78 %. Ces deux objectifs ont été salués par les dirigeants de l’UE, les partenaires sociaux et la société civile lors du sommet social de Porto, puis par le Conseil européen lors de sa réunion des 24 et 25 juin 2021 (3). |
8. |
Parallèlement au plan d’action, la Commission a adopté une recommandation concernant un soutien actif et efficace à l’emploi (EASE) à la suite de la crise de la COVID-19 (recommandation «EASE») (4). Cette recommandation propose des orientations stratégiques concrètes aux États membres concernant l’élaboration de trains de mesures cohérents pour faciliter les transitions professionnelles et favoriser une reprise génératrice d’emplois à la suite de la pandémie de COVID-19. Ces orientations stratégiques portent notamment sur des possibilités de reconversion et de perfectionnement professionnels et des mesures de soutien. |
9. |
La stratégie européenne en matière de compétences (5) prévoit, parmi ses 12 actions phares, une nouvelle initiative sur une approche européenne des microcertifications. Cette nouvelle initiative vise à favoriser la qualité, la transparence et l’adoption des microcertifications dans l’ensemble de l’UE. La stratégie en matière de compétences prévoit aussi une initiative sur les comptes de formation individuels qui pourrait contribuer à combler les lacunes constatées dans l’accès à l’éducation et à la formation des adultes en âge de travailler et à donner aux personnes concernées les moyens de réussir leurs transitions sur le marché du travail. Les microcertifications peuvent être utilisées dans le cadre de l’éducation et de la formation proposées afin de contribuer au fonctionnement de ces comptes de formation individuels. |
10. |
Dans sa communication relative à la réalisation d’un espace européen de l’éducation d’ici à 2025 (6), la Commission a annoncé qu’elle s’emploierait à développer une approche européenne des microcertifications afin de contribuer à élargir les possibilités d’apprentissage et à renforcer le rôle joué par les établissements d’enseignement supérieur et les établissements d’EFP dans l’apprentissage tout au long de la vie. |
11. |
Dans sa recommandation en matière d’enseignement et de formation professionnels (EFP) en faveur de la compétitivité durable, de l’équité sociale et de la résilience (7), le Conseil invite la Commission à «étudi[er] le concept de microcertification et l’utilisation de cet outil». |
12. |
Dans sa résolution relative à un cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l’éducation et de la formation, dans la perspective de l’espace européen de l’éducation et au-delà (2021-2030) (8), le Conseil présente l’étude du concept des microcertifications et de leur utilisation comme l’une des questions concrètes et des actions pour le domaine prioritaire 2 du cadre stratégique (Apprentissage tout au long de la vie et mobilité). |
13. |
Dans ses conclusions sur l’initiative «universités européennes» - Mettre en relation l’enseignement supérieur, la recherche, l’innovation et la société pour jeter les bases d’une nouvelle dimension pour l’enseignement supérieur (9), le Conseil souligne que, «[s]ans s’écarter du principe fondamental des programmes universitaires complets ni le remettre en cause, les microcertifications pourraient contribuer à élargir les possibilités d’apprentissage pour répondre aux besoins des apprenants non traditionnels et à la demande de nouvelles compétences sur le marché du travail; rendre l’expérience d’apprentissage plus souple et modulaire; soutenir l’accès à l’enseignement supérieur; et mobiliser les apprenants, quelles que soient leurs qualifications antérieures ou leurs origines, en offrant des possibilités de reconversion et de perfectionnement professionnels tout en assurant une éducation de qualité». |
14. |
Dans le communiqué de Rome du processus intergouvernemental de Bologne (10), les ministres de l’éducation de l’espace européen de l’enseignement supérieur se sont engagés à aider leurs établissements d’enseignement supérieur à: i) diversifier leur offre d’apprentissage; et ii) innover en matière de contenus éducatifs et de modes de prestation. Outre des programmes diplômants complets, et tout en préservant leur droit de concevoir des programmes d’études et de réglementer les questions de transfert de crédits de manière indépendante, de nombreux établissements d’enseignement supérieur proposent ou prévoient de proposer de plus petites unités d’apprentissage. Celles-ci peuvent aider les apprenants à développer ou à mettre à jour leurs aptitudes et leurs compétences culturelles, professionnelles et transversales à différentes étapes de leur vie. La coopération dans le cadre du processus de Bologne permettra d’étudier comment, et dans quelle mesure, ces unités d’apprentissage plus petites et flexibles – y compris celles donnant lieu à des microcertifications – peuvent être définies, élaborées, mises en œuvre et reconnues à l’aide d’outils communs. |
15. |
Les systèmes d’éducation et de formation devraient répondre aux divers besoins, aptitudes et capacités propres à chaque apprenant. Ils devraient aussi offrir à tous des possibilités d’apprentissage, y compris dans des contextes non formels et informels, comme le Conseil l’a souligné dans ses conclusions sur l’équité et l’inclusion dans le domaine de l’éducation et de la formation afin de promouvoir la réussite éducative pour tous (11). Des microcertifications bien conçues peuvent être utilisées dans le cadre de mesures ciblées pour favoriser l’inclusion et l’accessibilité de l’éducation et de la formation pour une plus grande diversité d’apprenants. Cette plus grande diversité d’apprenants inclut les groupes défavorisés et vulnérables (tels que les personnes handicapées, les personnes âgées, les personnes peu qualifiées/ayant un faible niveau de compétences, les minorités, les personnes issues de l’immigration, les réfugiés et les personnes moins favorisées en raison de leur éloignement géographique et/ou de leur situation socio-économique défavorable). Les microcertifications peuvent aussi être utilisées pour contribuer à mieux orienter les étudiants, pour faciliter l’accès à l’apprentissage et à la formation et la réussite de ces derniers et pour aider à la transition entre l’école et le monde du travail. L’augmentation attendue du nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile nécessitera de mettre au point des stratégies afin d’intégrer efficacement ces groupes dans les systèmes d’éducation et de formation et sur les marchés de l’emploi. Des orientations et un apprentissage mutuel dans toute l’UE en ce qui concerne la conception et la délivrance de microcertifications peuvent favoriser l’inclusion et faire en sorte que les apprenants de tous les groupes de la société puissent en bénéficier. |
16. |
Les microcertifications peuvent également favoriser la mobilité et le développement professionnels des travailleurs, y compris des personnes occupant des emplois atypiques, comme les travailleurs de l’économie des plateformes (12), qui peuvent avoir des difficultés à accéder à la formation en fonction de leur statut professionnel (13). |
17. |
Les microcertifications pourraient jouer un rôle actif dans la mise en œuvre des initiatives stratégiques de l’UE visant à faire progresser les transitions numérique et écologique. Les microcertifications pourraient: i) soutenir les objectifs du plan d’action en matière d’éducation numérique 2021-2027 (14) afin de contribuer à offrir des possibilités d’apprentissage flexibles et accessibles concernant les compétences numériques; et ii) permettre d’atteindre les objectifs du plan de la Commission intitulé «Une boussole numérique pour 2030» visant à ce que l’Europe soit dotée, d’ici 2030, d’une population disposant de compétences numériques et de professionnels du numérique hautement qualifiés. Les microcertifications pourraient aussi jouer un rôle dans la mise en œuvre du pacte vert pour l’Europe (15), la stratégie de croissance de l’Europe visant à transformer son économie et sa société et à les placer sur une trajectoire plus durable. |
18. |
La recommandation du Conseil concernant le cadre européen des certifications pour l’apprentissage tout au long de la vie et annulant la recommandation du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2008 établissant le cadre européen des certifications pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (16) fournit un cadre de référence commun pour aider les personnes et les organisations à comparer à la fois les différents systèmes de certification et les niveaux de certification qu’ils prévoient. En tant que cadre de référence européen, le cadre européen des certifications (CEC) est ouvert à tous les types et tous les niveaux de certification et sert de référence commune en matière de transparence, de transférabilité et de comparabilité. Le CEC est également ouvert aux microcertifications, si et lorsqu’elles sont d’abord intégrées dans des cadres nationaux de certification. |
19. |
Dans sa recommandation du 20 décembre 2012 relative à la validation de l’apprentissage non formel et informel (17), le Conseil a invité les États membres à mettre en place pour 2018 – en tenant compte des situations et des spécificités nationales, et dans les conditions qu’ils jugent appropriées – des modalités de validation des apprentissages non formels et informels. Ces modalités de validation signifient qu’il est possible de faire valider les connaissances, les aptitudes et les compétences qui ont été acquises grâce à l’apprentissage non formel et informel. Ces modalités de validation permettent aussi aux personnes concernées d’obtenir une certification complète ou, le cas échéant, partielle. Dans l’évaluation de 2020 de cette recommandation (18), il a été préconisé de renforcer les liens entre la validation et les microcertifications. |
20. |
La décision (UE) 2018/646 du Parlement européen et du Conseil du 18 avril 2018 concernant un cadre commun pour l’offre de meilleurs services dans le domaine des aptitudes et des certifications (Europass) et abrogeant la décision n° 2241/2004/CE (19) jette les bases pour la mise à disposition d’outils internet permettant de gérer sa carrière et son apprentissage tout au long de la vie à l’aide de services d’authentification des certifications qui rendent les microcertifications transférables. |
21. |
La pertinence, l’élaboration et la mise à jour des microcertifications dépendent:
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22. |
La présente recommandation respecte pleinement les principes de subsidiarité et de proportionnalité, les principes d’autonomie institutionnelle et de liberté académique, ainsi que la responsabilité des États membres pour le contenu et l’organisation de l’enseignement et de la formation professionnelle, en fonction des situations nationales, et en étroite coopération avec toutes les parties prenantes concernées. |
23. |
La présente recommandation s’entend sans préjudice de la directive 2005/36/CE, modifiée par la directive 2013/55/UE, relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles et du système de reconnaissance automatique qui y est prévu, |
A ADOPTÉ LA PRÉSENTE RECOMMANDATION devant être mise en œuvre conformément à la législation et aux priorités régionales, nationales et de l’Union, aux situations nationales et aux ressources disponibles, y compris la situation socio-économique et les caractéristiques des systèmes nationaux d’éducation, de formation, d’apprentissage tout au long de la vie et d’emploi, et en coopération étroite avec toutes les parties prenantes concernées:
Objectifs
1. |
Il est recommandé aux États membres d’adopter une approche européenne des microcertifications dans l’objectif:
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2. |
Il est recommandé aux États membres d’utiliser les microcertifications, le cas échéant, comme outils pour renforcer et compléter les possibilités d’apprentissage existantes, accroître la participation à l’apprentissage tout au long de la vie et contribuer à atteindre l’objectif consistant à ce que 60 % de l’ensemble des adultes participent chaque année à des formations, fixé dans le plan d’action sur le socle européen des droits sociaux, salué par les dirigeants de l’UE et approuvé par la résolution du Conseil sur un nouvel agenda européen dans le domaine de l’éducation et de la formation des adultes (2021-2030) (20). |
Champ d’application
3. |
La présente recommandation couvre les microcertifications ainsi que les politiques susceptibles de favoriser leur conception, leur délivrance et leur utilisation effectives. |
4. |
Les microcertifications peuvent être utilisées pour compléter et améliorer les écosystèmes d’éducation, de formation, d’apprentissage tout au long de la vie et d’employabilité. Les mesures décrites dans la présente recommandation visent à accroître les possibilités d’apprentissage et l’employabilité sans bouleverser les systèmes d’enseignement initial, d’enseignement supérieur et d’enseignement et de formation professionnels (EFP) et sans affaiblir ni remplacer les certifications et diplômes existants. Les mesures recommandent la mise en place d’une approche européenne commune de l’offre existante et en devenir de microcertifications dans l’Union européenne, et contiennent une définition et des orientations pour la conception, la délivrance et la description des microcertifications afin d’améliorer leur qualité et leur transparence et d’en faciliter l’adoption. |
Définitions
5. |
Aux fins de la présente recommandation, il faut entendre par:
|
Définition et éléments types européens aux fins de décrire une microcertification
6. |
Il est recommandé aux États membres d’adopter les éléments suivants et d’en promouvoir l’utilisation:
|
Développement de l’écosystème de microcertifications
7. |
Il est recommandé aux États membres, le cas échéant, de faciliter le développement actuel et émergent de microcertifications dans des cadres d’apprentissage formels, notamment:
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8. |
Il est recommandé aux États membres, le cas échéant, de faciliter le développement actuel et émergent de microcertifications dans des cadres d’apprentissage non formels et informels, notamment:
|
9. |
Les États membres sont encouragés à favoriser la qualité et la transparence des microcertifications, le cas échéant, notamment:
|
10. |
Les États membres sont encouragés à favoriser et à soutenir, le cas échéant, l’expérimentation, la coopération, la gouvernance et le partenariat effectifs entre:
Cette expérimentation, cette coopération, cette gouvernance et ce partenariat sont importants pour recenser les besoins en matière de microcertifications, cocréer des microcertifications et mettre à jour des microcertifications, ainsi que pour en évaluer l’incidence sur la reconversion et le perfectionnement professionnels, l’apprentissage tout au long de la vie et le développement professionnel. |
Réaliser le potentiel des microcertifications
11. |
Il est recommandé aux États membres, le cas échéant, d’intégrer les microcertifications dans les systèmes d’éducation et de formation et dans les politiques en matière de compétences, notamment:
|
12. |
Il est recommandé aux États membres, le cas échéant, d’intégrer les microcertifications dans leurs politiques de l’emploi et leurs politiques actives du marché du travail (autrement dit, les services de l’emploi, l’aide à la formation et les mesures d’incitation à l’emploi), notamment:
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13. |
Il est recommandé aux États membres, le cas échéant, d’encourager et de soutenir le réseau européen des centres nationaux d’information et les centres nationaux d’information sur la reconnaissance académique des diplômes (réseaux ENIC-NARIC) ou les organes compétents en vue de l’élaboration, selon les besoins, de procédures transparentes de reconnaissance des microcertifications délivrées par différents types de prestataires. Cela devrait se faire en coopération avec les parties prenantes concernées visées au paragraphe 10, y compris en étudiant la faisabilité d’une reconnaissance automatique des microcertifications (26). |
14. |
Il est recommandé aux États membres, le cas échéant, de veiller à ce que les informations et les conseils relatifs au recensement et à la sélection des microcertifications soient intégrés aux services d’orientation en matière d’apprentissage tout au long de la vie. Ces services incluent les services d’orientation des centres d’orientation professionnelle des établissements d’enseignement supérieur, les SPE, les services privés de l’emploi, les services sociaux et d’autres services d’orientation (emploi, carrière, éducation et formation, accompagnement). L’intégration d’orientations en matière de microcertifications dans ces services devrait répondre aux besoins de tous les apprenants, y compris ceux issus des groupes défavorisés et vulnérables. |
15. |
Il est recommandé aux États membres, s’il y a lieu:
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Appui de la Commission
Le Conseil se félicite de l’intention de la Commission, dans le respect du principe de subsidiarité et des situations nationales et en étroite coopération avec les États membres:
16. |
de développer et adapter, le cas échéant, les outils et services de l’Union existants pour favoriser la création de microcertifications par tous les types de prestataires, notamment:
|
17. |
de soutenir la coopération entre les États membres et entre les parties prenantes, notamment:
|
18. |
de soutenir la mise en œuvre technique de la recommandation en envisageant de nouveaux développements dans la plateforme Europass afin de fournir, le cas échéant:
|
19. |
de soutenir de nouveaux travaux de recherche sur:
|
20. |
Les États membres et la Commission devraient travailler conjointement à améliorer la portée et la pertinence de la collecte de données existantes sur les microcertifications au niveau de l’Union. |
Rapports
21. |
Il est recommandé aux États membres de mettre la présente recommandation en œuvre dès que possible. Ils sont invités à informer la Commission au plus tard en décembre 2023 des mesures qui seront prises au niveau approprié pour soutenir les objectifs de la présente recommandation. |
22. |
La Commission est invitée à suivre les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la présente recommandation à l’aide des cadres pertinents de surveillance et d’établissement de rapports de l’Union existants, sans charge supplémentaire pour les États membres, en coopération avec ceux-ci et après consultation des parties prenantes concernées, et à faire rapport au Conseil dans un délai de cinq ans à compter de la date de son adoption. |
Fait à Luxembourg, le 16 juin 2022.
Par le Conseil
Le président
O. DUSSOPT
(1) JO L 379 du 26.10.2021, p. 1.
(2) JO C 428 du 13.12.2017, p. 10.
(3) «(...) [L]e Conseil européen prend note avec satisfaction des grands objectifs de l’UE exposés dans le plan d’action sur le socle européen des droits sociaux, conformément à la déclaration de Porto», conclusions du Conseil européen des 24 et 25 juin 2021, doc. EUCO 7/21.
(4) C(2021) 1372 final.
(5) COM(2020) 274 final.
(6) COM(2020) 625 final.
(7) JO C 417 du 2.12.2020, p. 1.
(8) JO C 66 du 26.2.2021, p. 1.
(9) JO C 221 du 10.6.2021, p. 14.
(10) Communiqué ministériel de Rome du 19 novembre 2020.
(11) JO C 221 du 10.6.2021, p. 3.
(12) «(...) [L]a notion d’économie des plateformes en ligne devrait s’entendre comme couvrant l’ensemble de l’activité économique découlant de transactions commerciales réelles ou prévues sur le marché intérieur et facilitée directement ou indirectement par des plateformes en ligne, en particulier des services d’intermédiation en ligne et des moteurs de recherche en ligne», décision de la Commission du 26 avril 2018 relative à la création du groupe d’experts de l’observatoire de l’économie des plateformes en ligne, C(2018) 2393 final, 26 avril 2018, p. 1 (traduction du Conseil).
(13) Dans sa résolution du 16 septembre 2021 sur des conditions de travail, des droits et une protection sociale justes pour les travailleurs de plateformes – nouvelles formes d’emploi liées au développement numérique (2019/2186(INI)), le Parlement européen a demandé que la question de l’éducation et de la formation des travailleurs de plateformes soit abordée dans le cadre de l’approche de l’UE en matière de microcertifications.
(14) COM(2020) 624 final.
(15) COM(2019) 640 final.
(16) JO C 189 du 15.6.2017, p. 15.
(17) JO C 398 du 22.12.2012, p. 1.
(18) SWD(2020) 121 final.
(19) JO L 112 du 2.5.2018, p. 42.
(20) JO C 504 du 14.12.2021, p. 9.
(21) Dans l’éducation et la formation formelles, le terme «apprentissage hybride» désigne une situation dans laquelle une école, un éducateur ou un élève adopte plus d’une approche du processus d’apprentissage.
(22) Définition basée sur la recommandation du Conseil du 20 décembre 2012 relative à la validation de l’apprentissage non formel et informel (JO C 398 du 22.12.2012, p. 1).
(23) Définition tirée du règlement (UE) 2021/817 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2021, établissant Erasmus+, le programme de l’Union pour l’éducation et la formation, la jeunesse et le sport, et abrogeant le règlement (UE) n° 1288/2013 (JO L 189, du 28.5.2021, p. 1).
(24) Définition tirée du règlement (UE) 2021/817 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2021, établissant Erasmus+, le programme de l’Union pour l’éducation et la formation, la jeunesse et le sport, et abrogeant le règlement (UE) n° 1288/2013 (JO L 189, du 28.5.2021, p. 1).
(25) JO C 221 du 10.6.2021, p. 14.
(26) Au sens de la recommandation du Conseil du 26 novembre 2018 en faveur de la reconnaissance mutuelle automatique des qualifications de l’enseignement supérieur, des qualifications de l’enseignement et de la formation secondaires de deuxième cycle et des acquis de périodes d’apprentissage effectuées à l’étranger (JO C 444 du 10.12.2018, p. 1).
ANNEXE I
Éléments types européens aux fins de décrire une microcertification
La présente annexe inclut une liste d’éléments types européens communs aux fins de décrire les microcertifications, recommandés comme ressource à l’appui de la mise en œuvre (1).
Éléments obligatoires: |
Identification de l’apprenant |
Intitulé de la microcertification |
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Pays/région(s) de l’organisme de délivrance |
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Organisme(s) de délivrance |
|
Date de délivrance |
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Acquis d’apprentissage |
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Charge de travail théorique nécessaire pour obtenir les acquis d’apprentissage (en crédits ECTS, dans la mesure du possible) |
|
Niveau (et cycle, le cas échéant) de l’expérience d’apprentissage donnant lieu à la microcertification (CEC, CC-EEES), le cas échéant |
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Type d’évaluation |
|
Forme de participation à l’activité d’apprentissage |
|
Type d’assurance qualité utilisée pour étayer la microcertification |
|
Éléments facultatifs, le cas échéant (liste non exhaustive) |
Conditions préalables à remplir pour s’inscrire à l’activité d’apprentissage |
Supervision et vérification de l’identité au cours de l’évaluation (non supervisé sans vérification d’identité, supervisé sans vérification d’identité, supervisé en ligne, ou sur place avec vérification d’identité) |
|
Note obtenue |
|
Options d’intégration/d’empilabilité (microcertification autonome, indépendante/intégrée, empilable en vue d’une autre certification) |
|
Informations complémentaires |
Ces éléments types figureront dans un modèle de données européen (2) qui spécifie un format commun pour décrire les microcertifications. Ce modèle de données sera disponible sous la forme d’une norme ouverte à utiliser par les prestataires du secteur des microcertifications, le cas échéant, et pourrait faciliter l’interopérabilité et l’échange de données sur les microcertifications.
La Commission créera le modèle de données sur la base des éléments types communs énumérés ci-dessus. Elle élaborera le modèle de données:
i) |
en consultation avec les États membres et les parties prenantes; |
ii) |
en cohérence avec les besoins des utilisateurs et les avancées technologiques; |
iii) |
en fonction des évolutions sur les marchés du travail; |
iv) |
dans le respect des approches existantes en matière d’éducation et de formation. |
Ce modèle de données vise à favoriser la cohérence des informations et à démontrer une valeur ajoutée claire. Le modèle de données pour les microcertifications sera régi conformément à la décision Europass, en particulier son article 6, paragraphe 1, points b) et d), et paragraphe 2, point b), dans lesquels la Commission est déjà invitée à développer, tester et actualiser des normes ouvertes.
(1) L’utilisation des éléments types européens aux fins de décrire les microcertifications n’implique pas, en soi, une validation ou une reconnaissance officielle, mais constitue un élément déterminant de cette validation ou reconnaissance.
(2) Les modèles de données sont des représentations graphiques et/ou lexicales de données, spécifiant leurs propriétés, leur structure et leurs interactions. Ils sont utilisés comme des normes ouvertes, sont gratuits, transparents et élaborés par consensus.
ANNEXE II
Principes européens applicables à la conception et à la délivrance des microcertifications
Les dix principes présentés ci-après spécifient la nature des microcertifications et donnent des orientations aux États membres, aux autorités publiques et aux prestataires concernant la conception et la délivrance des microcertifications et des systèmes de microcertifications. Les principes soulignent les caractéristiques essentielles de l’approche européenne des microcertifications qui peuvent favoriser la confiance dans les microcertifications et leur qualité. Les principes sont universels et peuvent être appliqués dans n’importe quel domaine ou secteur, le cas échéant.
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Qualité |
Les microcertifications sont soumises à une assurance qualité interne et externe par le système qui les produit (par exemple, le contexte d’éducation, de formation ou de marché du travail dans lequel la microcertification est élaborée et délivrée). Les procédures d’assurance qualité doivent être adaptées à l’objectif poursuivi, clairement documentées et accessibles, et répondre aux besoins et aux attentes des apprenants et des parties prenantes. Prestataires: l’assurance qualité externe repose essentiellement sur l’évaluation des prestataires (plutôt que des différents cours) et de l’efficacité de leurs procédures d’assurance qualité internes. Les prestataires doivent veiller à ce que l’assurance qualité interne couvre l’ensemble des éléments suivants:
Normes: l’assurance qualité externe doit être effectuée conformément:
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Transparence |
Les microcertifications sont mesurables, comparables et compréhensibles, avec des informations claires sur les acquis d’apprentissage, la charge de travail, le contenu, le niveau et l’offre d’apprentissage, le cas échéant. Charge de travail
Cadre/systèmes des certifications
Informations sur l’offre de microcertifications Les systèmes de microcertifications devraient fournir des informations claires et transparentes, à l’appui des systèmes d’orientation pour les apprenants, conformément aux pratiques nationales et aux besoins des parties prenantes:
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Pertinence |
Les microcertifications devraient être conçues et délivrées comme des acquis d’apprentissage distincts et ciblés, et les possibilités d’apprentissage donnant lieu à ceux-ci doivent être mises à jour si nécessaire, afin de répondre aux besoins d’apprentissage recensés. La collaboration entre les structures d’enseignement et de formation, les employeurs, les partenaires sociaux, d’autres prestataires et les utilisateurs des microcertifications est encouragée afin d’accroître la pertinence des microcertifications pour le marché du travail. |
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4 |
Évaluation valable |
Les acquis d’apprentissage de la microcertification sont évalués par rapport à des critères transparents. |
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Parcours d’apprentissage |
Les microcertifications sont conçues et délivrées pour favoriser des parcours d’apprentissage flexibles, y compris la possibilité de valider, reconnaître et «empiler» les microcertifications de différents systèmes. Empilabilité Les microcertifications sont conçues pour être modulaires de sorte à pouvoir y ajouter d’autres microcertifications pour créer des certifications plus grandes. Les décisions d’«empiler» ou de combiner des certifications appartiennent à l’organisation réceptrice (par exemple, les établissements d’enseignement et de formation, les employeurs, etc.), conformément à leurs pratiques, et devraient soutenir les objectifs et les besoins de l’apprenant. Le fait d’empiler des certifications ne donne pas lieu à un droit automatique à une certification ou à un diplôme. De telles décisions sont prises par les autorités ou établissements régionaux et nationaux, conformément à leurs procédures de délivrance; Validation de l’apprentissage non formel et informel Il est possible d’obtenir des microcertifications à la suite d’une évaluation des acquis d’apprentissage, obtenus soit grâce à un cours spécifique donnant lieu à une microcertification soit sur la base de l’évaluation des acquis d’apprentissage résultant de l’apprentissage non formel et informel. |
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6 |
Reconnaissance |
Les microcertifications ont une valeur claire de signalement des acquis d’apprentissage pour les modules d’apprentissage plus petits. La reconnaissance ouvre la voie à une offre plus vaste de telles expériences d’apprentissage de façon comparable dans toute l’UE. Les microcertifications sont reconnues, dans la mesure du possible, par les autorités compétentes à des fins d’études, de formation ou d’emploi, sur la base des informations fournies conformément aux éléments types européens (annexe I) et aux principes applicables à la conception et à la délivrance des microcertifications (annexe II). Lorsque les microcertifications sont délivrées par des prestataires de l’éducation formelle, elles sont reconnues, dans la mesure du possible, sur la base de procédures de reconnaissance types utilisées pour reconnaître les certifications étrangères et les périodes d’apprentissage à l’étranger. Cette disposition est sans préjudice du droit des autorités compétentes de définir des procédures de reconnaissance ou de vérifier l’authenticité des documents. |
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7 |
Transférabilité |
Les microcertifications sont détenues par le titulaire d’une certification (l’apprenant) et peuvent être aisément conservées et partagées par celui-ci, notamment au moyen de portefeuilles numériques sécurisés (par exemple, Europass), conformément au règlement général sur la protection des données. L’infrastructure de conservation des données est fondée sur des normes ouvertes et des modèles de données, ce qui garantit l’interopérabilité et la fluidité de l’échange de données, et permet de procéder aisément à des contrôles de l’authenticité des données. |
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8 |
Accent mis sur l’apprenant |
Les microcertifications sont conçues pour répondre aux besoins du groupe d’apprenants ciblé. Les apprenants participent aux procédures d’assurance qualité interne et externe et leurs retours sont pris en considération dans le cadre de l’amélioration continue de la microcertification. |
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9 |
Authenticité |
Les microcertifications contiennent des informations suffisantes pour vérifier l’identité du titulaire d’une certification (apprenant), l’identité légale de l’organisme de délivrance, la date et le lieu de délivrance de la microcertification. |
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Informations et orientations |
Des informations et des conseils sur les microcertifications devraient être intégrés aux services d’orientation sur l’apprentissage tout au long de la vie et devraient atteindre le plus grand nombre de groupes d’apprenants possible, de manière inclusive, afin de les aider dans leurs choix en matière d’éducation, de formation et de carrière. |