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Document 52017TA1206(38)

Rapport sur les comptes annuels de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes relatifs à l’exercice 2016, accompagné de la réponse de l’Agence

OJ C 417, 6.12.2017, p. 233–240 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

6.12.2017   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 417/233


RAPPORT

sur les comptes annuels de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes relatifs à l’exercice 2016, accompagné de la réponse de l’Agence

(2017/C 417/38)

INTRODUCTION

1.

L’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (ci-après l’«Agence» ou «Frontex») a été créée en vertu du règlement (UE) 2016/1624 du Parlement européen et du Conseil (1) (ci-après le «nouveau règlement fondateur»), abrogeant le règlement (CE) no 2007/2004 du Conseil (2). Elle succède à l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne, dont elle reprend le nom abrégé «Frontex» ainsi que le siège, situé à Varsovie. Le nouveau règlement fondateur étend le mandat de l’Agence, chargée d’assurer la gestion européenne intégrée des frontières extérieures, dans le but de gérer efficacement le franchissement des frontières extérieures. Cela implique notamment de s’attaquer aux défis migratoires et aux éventuelles futures menaces à ces frontières, en contribuant ainsi à lutter contre les formes graves de criminalité ayant une dimension transfrontalière, afin d’assurer un niveau élevé de sécurité intérieure au sein de l’Union, dans le plein respect des droits fondamentaux, tout en y préservant la libre circulation des personnes.

2.

Le tableau présente des chiffres clés relatifs à l’Agence (3).

Tableau

Chiffres clés relatifs à l’Agence

 

2015

2016

Budget (en millions d’euros)

143,3

251

Total des effectifs au 31 décembre (4)

309

365

INFORMATIONS À L’APPUI DE LA DÉCLARATION D’ASSURANCE

3.

L’approche d’audit choisie par la Cour comprend des procédures d’audit analytiques, des tests directs sur les opérations et une évaluation des contrôles clés des systèmes de contrôle et de surveillance de l’Agence. À cela s’ajoutent des éléments probants obtenus grâce aux travaux d’autres auditeurs, ainsi qu’une analyse des prises de position de la direction.

OPINION

4.

Nous avons contrôlé:

a)

les comptes de l’Agence, constitués des états financiers (5) et des états sur l’exécution du budget (6) pour l’exercice clos le 31 décembre 2016;

b)

la légalité et la régularité des opérations sous-jacentes à ces comptes,

conformément aux dispositions de l’article 287 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).

Fiabilité des comptes

Opinion sur la fiabilité des comptes

5.

Nous estimons que les comptes de l’Agence pour l’exercice clos le 31 décembre 2016 présentent fidèlement, dans tous leurs aspects significatifs, la situation financière de l’Agence au 31 décembre 2016, le résultat de ses opérations, ses flux de trésorerie, ainsi que l’état de variation de l’actif net pour l’exercice clos à cette date, conformément à son règlement financier et aux règles comptables adoptées par le comptable de la Commission. Ces dernières sont fondées sur les normes comptables internationalement admises pour le secteur public.

Légalité et régularité des opérations sous-jacentes aux comptes

Recettes

Opinion sur la légalité et la régularité des recettes sous-jacentes aux comptes

6.

Nous estimons que les recettes sous-jacentes aux comptes pour l’exercice clos le 31 décembre 2016 sont, dans tous leurs aspects significatifs, légales et régulières.

Paiements

Opinion sur la légalité et la régularité des paiements sous-jacents aux comptes

7.

Nous estimons que les paiements sous-jacents aux comptes pour l’exercice clos le 31 décembre 2016 sont, dans tous leurs aspects significatifs, légaux et réguliers.

Responsabilités de la direction et des personnes en charge de la gouvernance

8.

En vertu des articles 310 à 325 du TFUE et conformément au règlement financier de l’Agence, la direction est responsable de l’établissement et de la présentation des comptes sur la base des normes comptables internationalement admises pour le secteur public, ainsi que de la légalité et de la régularité des opérations sous-jacentes à ces derniers. Cette responsabilité comprend la conception, la mise en œuvre et le maintien de contrôles internes pertinents pour l’établissement et la présentation d’états financiers exempts d’anomalies significatives, qu’elles résultent d’une fraude ou d’une erreur. La direction est également chargée de s’assurer que les activités, les opérations financières et les informations présentées dans les états financiers sont conformes aux textes législatifs et réglementaires qui les régissent. La direction de l’Agence est responsable en dernier ressort de la légalité et de la régularité des opérations sous-jacentes aux comptes.

9.

Pour établir les comptes, la direction est tenue d’évaluer la capacité de l’Agence à poursuivre son exploitation, de faire connaître, le cas échéant, les questions en rapport avec la continuité d’exploitation et de partir de l’hypothèse de la continuité d’exploitation.

10.

Les personnes responsables de la gouvernance sont chargées de surveiller le processus de présentation de l’information financière de l’entité.

Responsabilités de l’auditeur en matière d’audit des comptes et des opérations sous-jacentes

11.

Nos objectifs consistent, d’une part, à déterminer avec une assurance raisonnable si les comptes de l’Agence sont exempts d’anomalies significatives et si les opérations sous-jacentes à ces comptes sont légales et régulières, et, d’autre part, à fournir au Parlement européen et au Conseil, ou aux autres autorités de décharge respectives, une déclaration d’assurance fondée sur notre audit, concernant la fiabilité des comptes ainsi que la légalité et la régularité des opérations sous-jacentes à ces derniers. Une assurance raisonnable correspond à un degré d’assurance élevé, mais non à une garantie que toute anomalie ou toute non-conformité significatives seront détectées lors de l’audit. Les anomalies de même que les non-conformités peuvent résulter de fraudes ou d’erreurs et sont considérées comme significatives si l’on peut raisonnablement craindre que, isolément ou globalement, elles influent sur les décisions économiques prises par les utilisateurs sur la base de ces comptes.

12.

Un audit comprend la mise en œuvre de procédures en vue d’obtenir des éléments probants relatifs aux montants et aux informations qui figurent dans les comptes, ainsi qu’à la légalité et à la régularité des opérations qui leur sont sous-jacentes. Le choix des procédures s’appuie sur le jugement de l’auditeur, qui se fonde entre autres sur une appréciation du risque que des anomalies significatives affectent les comptes et, s’agissant des opérations sous-jacentes, du risque de non-respect, dans une mesure significative, des obligations prévues par le cadre juridique de l’Union européenne, que cela soit dû à des fraudes ou à des erreurs. En procédant à cette évaluation des risques, l’auditeur tient compte des contrôles internes relatifs à l’établissement et à la présentation fidèle des comptes, ainsi qu’à la légalité et à la régularité des opérations sous-jacentes, afin de définir des procédures d’audit adaptées aux circonstances. L’auditeur ne vise cependant pas à formuler une opinion sur l’efficacité des contrôles internes. Un audit comporte également l’appréciation de l’adéquation des méthodes comptables appliquées et de la vraisemblance des estimations comptables effectuées par la direction, ainsi que l’évaluation de la présentation générale des comptes.

13.

En ce qui concerne les recettes, nous vérifions les subventions versées par la Commission et évaluons les procédures mises en place par l’Agence pour percevoir des redevances ou d’autres revenus, le cas échéant.

14.

En ce qui concerne les dépenses, nous examinons les opérations de paiement quand les dépenses ont été exposées, enregistrées et acceptées. Cet examen porte sur toutes les catégories de paiements autres que les avances, une fois qu’ils ont été effectués. Le paiement d’une avance est examiné lorsque le destinataire des fonds justifie sa bonne utilisation et que l’Agence accepte la justification en procédant à son apurement, que cela ait lieu la même année ou plus tard.

15.

Lors de l’établissement du présent rapport et de la déclaration d’assurance, nous avons pris en considération les travaux d’audit réalisés par l’auditeur externe indépendant concernant les comptes de l’Agence, conformément aux dispositions de l’article 208, paragraphe 4, du règlement financier de l’Union européenne (7).

16.

En réponse à la crise migratoire à laquelle l’Union est confrontée, le mandat de Frontex a été considérablement étendu et son budget 2016 était supérieur de 75 % à celui de l’exercice précédent. En 2016, les effectifs disponibles n’ont augmenté que de 18 % et le processus d’adaptation des systèmes et des procédures aux nouvelles circonstances était toujours en cours. Les commentaires ci-après ne remettent pas en cause l’opinion de la Cour et doivent être lus en tenant compte des défis auxquels l’Agence a été confrontée.

COMMENTAIRES SUR LA LÉGALITÉ ET LA RÉGULARITÉ DES OPÉRATIONS

17.

Le précédent règlement fondateur de l’Agence, resté en vigueur jusqu’au 5 octobre 2016, prévoyait le financement d’opérations de retour conjointes organisées avec les pays participants. Les opérations nationales de retour ne sont devenues éligibles qu’avec le nouveau règlement fondateur. Or, pendant la période allant de janvier à octobre 2016, l’Agence a financé des opérations nationales de retour pour un montant de 3,6 millions d’euros. Ces paiements sont irréguliers.

18.

Le statut applicable aux agents de l’Union européenne dispose qu’en cas de procédure de sélection externe, les agents temporaires ne peuvent être engagés qu’aux grades SC 1 à SC 2, AST 1 à AST 4 ou AD 5 à AD 8 (8). En 2016, l’Agence a recruté 14 agents AST à des grades plus élevés. Les recrutements effectués à ces grades sont irréguliers.

COMMENTAIRES SUR LA GESTION BUDGÉTAIRE

19.

Le montant des crédits engagés qui ont été reportés a augmenté pour le titre II (Dépenses administratives), atteignant 6,4 millions d’euros, soit 43 % (contre 3,2 millions d’euros, soit 38 %, en 2015). Cette même tendance a été observée pour le titre III (Dépenses opérationnelles), où ce montant a atteint 67,3 millions d’euros, soit 37 % (contre 40,2 millions d’euros, soit 35 %, en 2015). Cela s’explique principalement par des contrats et des opérations s’étendant au-delà de la fin de l’exercice. L’Agence pourrait envisager d’introduire des crédits budgétaires dissociés pour mieux tenir compte des délais inévitables ente les engagements juridiques, l’exécution des contrats, les opérations et les paiements correspondants.

20.

Concernant le titre III (Dépenses opérationnelles), le montant des crédits reportés de 2015 qui ont été annulés était élevé, atteignant 6,4 millions d’euros (16 %). Cette situation s’explique par une surestimation des coûts de 2015 devant être remboursés aux pays participants en 2016. Les pays coopérants doivent fournir des estimations plus précises et déclarer les coûts dans de meilleurs délais.

COMMENTAIRES SUR LA BONNE GESTION FINANCIÈRE ET LA PERFORMANCE

21.

Le mandat étendu de l’Agence accorde une grande importance aux opérations de retour et un montant de 63 millions d’euros y a été consacré dans le budget 2016. Cependant, 23 millions d’euros, soit 37,5 % de ce montant, ont été remboursés au budget de l’Union européenne, le nombre d’opérations de retour effectuées ayant été plus faible que prévu. Le retard important enregistré par la procédure de marché relative à un contrat-cadre d’une valeur de 50 millions d’euros pour l’affrètement d’avions et l’acquisition de services connexes aux fins des opérations de retour de Frontex a contribué à cette situation et continue à avoir une incidence sur le nombre d’opérations de retour organisées par l’Agence. Cette procédure de marché n’avait pas débuté en fin d’année, alors que son lancement était programmé pour mars 2016.

22.

Le 22 décembre 2015, la Commission et l’Agence, en qualité de cobénéficiaire et de coordonnatrice de trois autres cobénéficiaires (l’EASO, l’OIM et le HCR) (9), ont conclu une convention de subvention pour un montant de 5,5 millions d’euros destiné à apporter un soutien régional à une gestion des migrations axée sur la protection dans les Balkans occidentaux et en Turquie, pour une période de trois ans à partir du 1er janvier 2016. Cependant, les accords de coopération avec les trois partenaires, portant sur un montant de 3,4 millions d’euros d’engagements juridiques, n’ont été signés qu’entre août et novembre 2016. Pour deux de ces accords, les engagements budgétaires, qui auraient dû permettre de débloquer les fonds avant la conclusion des engagements juridiques, n’ont été signés qu’entre octobre et décembre 2016. Par ailleurs, les engagements budgétaires, s’élevant à 1,2 million d’euros, ne couvraient que les préfinancements. Cette procédure est contraire aux dispositions du règlement financier sur la gestion budgétaire et la signature tardive des accords a suscité l’incertitude quant à la coopération opérationnelle entre partenaires.

AUTRES COMMENTAIRES

23.

Le tableau des effectifs de l’Agence pour 2016 prévoyait 275 emplois de fonctionnaires et d’agents temporaires (10). Fin 2016, seuls 197 (71 %) de ces emplois étaient pourvus, essentiellement en raison du fait que 50 nouveaux emplois n’ont été créés qu’en octobre 2016 et que les recrutements ne sont pas encore terminés. L’Agence éprouve généralement des difficultés pour trouver du personnel ayant le profil requis, notamment en raison du coefficient correcteur appliqué aux salaires (66,7 %).

24.

À la suite de l’extension de son mandat, l’Agence verra ses effectifs plus que doubler, passant de 365 agents en 2016 à 1 000 en 2020 (11). Cette augmentation n’est pas fondée sur une analyse approfondie des besoins.

25.

La hausse prévue des effectifs nécessitera des surfaces de bureaux supplémentaires. L’Agence étudie différentes possibilités pour répondre aux besoins, en coopération avec la Commission et le pays hôte.

SUIVI DES COMMENTAIRES DES ANNÉES PRÉCÉDENTES

L’annexe donne une vue d’ensemble des mesures correctrices prises en réponse aux commentaires formulés les années précédentes par la Cour.

Le présent rapport a été adopté par la Chambre IV, présidée par M. Baudilio TOMÉ MUGURUZA, Membre de la Cour des comptes, à Luxembourg en sa réunion du 19 septembre 2017.

Par la Cour des comptes

Klaus-Heiner LEHNE

Président


(1)  JO L 251 du 16.9.2016, p. 1.

(2)  JO L 349 du 25.11.2004, p. 1.

(3)  De plus amples informations concernant les compétences et les activités de l’Agence sont disponibles sur son site internet à l’adresse www.frontex.europa.eu

(4)  Personnel travaillant effectivement à l’Agence, y compris les fonctionnaires, les agents temporaires et contractuels, ainsi que les experts nationaux détachés. Le nombre d’emplois autorisés dans le tableau final des effectifs de 2016 était plus élevé, avec 275 emplois de fonctionnaires et d’agents temporaires et 192 emplois d’agents contractuels et d’experts nationaux détachés.

Source: informations communiquées par l’Agence.

(5)  Les états financiers comprennent le bilan, le compte de résultat, l’état des flux de trésorerie, l’état de variation de l’actif net, ainsi qu’une synthèse des principales méthodes comptables et d’autres notes explicatives.

(6)  Les états sur l’exécution du budget comprennent les états qui présentent sous forme agrégée la totalité des opérations budgétaires et les notes explicatives.

(7)  Règlement (UE, Euratom) n o  966/2012 du Parlement européen et du Conseil (JO L 298 du 26.10.2012, p. 1).

(8)  Article 53, second alinéa, du régime applicable aux autres agents de l’Union européenne.

(9)  Bureau européen d’appui en matière d’asile (Malte), Organisation internationale pour les migrations (Belgrade) et Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Genève).

(10)  Auxquels s’ajoutent 192 emplois d’agents contractuels et d’experts nationaux détachés.

(11)  Proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes et abrogeant le règlement (CE) no 2007/2004, le règlement (CE) no 863/2007 et la décision 2005/267/CE du Conseil [COM(2015)0671 final — 2015/0310 (COD)].


ANNEXE

Suivi des commentaires des années précédentes

Année

Commentaires de la Cour

Mise en œuvre des mesures correctrices

(Terminée/En cours/En attente/Sans objet)

2012

Les procédures de recrutement examinées présentaient des insuffisances significatives ayant une incidence sur la transparence et l’égalité de traitement des candidats: les questions pour les tests écrits et les entretiens ont été établies après l’examen des candidatures par le comité de sélection; les notes minimales que les candidats devaient obtenir pour être convoqués aux épreuves écrites et à l’entretien ou pour figurer sur la liste des lauréats n’ont pas été fixées; le comité de sélection n’a pas documenté l’ensemble de ses réunions et décisions.

Terminée

2013

Les déclarations de fin d’année des fournisseurs ont été très difficiles à rapprocher. Il est nécessaire de contrôler plus régulièrement les soldes fournisseurs et d’analyser les différences de manière plus ponctuelle.

En cours

2013

Frontex est devenue opérationnelle en 2005 et a, jusqu’ici, travaillé sur la base d’une correspondance et d’échanges avec l’État membre d’accueil. Toutefois, elle n’a signé avec ce dernier aucun accord de siège global. Un tel accord renforcerait la transparence des conditions dans lesquelles l’Agence et son personnel opèrent.

En cours

2014

Des améliorations considérables ont été enregistrées dans les vérifications tant ex ante qu’ex post des dépenses déclarées par les pays coopérants dans le cadre de conventions de subvention. Toutefois, les documents fournis par ces pays pour justifier leurs dépenses déclarées ne sont pas toujours suffisants. En outre, aucun certificat d’audit n’a été réclamé, alors que les règles d’application du règlement financier le recommandent pour les subventions dépassant des seuils spécifiques (1). Des certificats d’audit renforceraient l’assurance concernant la légalité et la régularité des opérations de subvention.

En cours pour les vérifications ex ante et ex post

Terminée pour les certificats d’audit

2014

Le nombre élevé et en constante augmentation de conventions de subvention et l’ampleur des dépenses y afférentes à vérifier et à rembourser par Frontex incitent à se demander si d’autres mécanismes de financement, plus efficients et plus efficaces, ne pourraient pas être utilisés.

En attente (2)

2014

Il est nécessaire d’affiner le calcul des contributions des pays associés à l’espace Schengen (Suisse, Liechtenstein, Islande et Norvège) afin de mieux refléter les dispositions juridiques en la matière (3). À titre d’exemple, ce calcul pourrait s’appuyer sur la subvention annuelle définitive versée par la Commission plutôt que sur celle qui a été budgétisée.

En cours

2015

L’audit ex post en Islande réalisé par l’Agence en octobre 2015 a permis de détecter des paiements irréguliers pour un montant total de 1,4  million d’euros concernant l’amortissement d’un navire ayant participé à sept opérations conjointes de 2011 à 2015. Les garde-côtes islandais avaient demandé le remboursement des coûts d’amortissement de ce navire malgré le dépassement de la durée de vie utile prévue par les lignes directrices de l’Agence. Bien que l’Agence ait le droit de recouvrer les paiements irréguliers effectués au cours des cinq dernières années, elle a annoncé qu’elle ne récupérerait que ceux effectués depuis janvier 2015, dont le montant s’élève à 0,6  million d’euros.

En cours

2015

Le Fonds pour la sécurité intérieure (FSI) a été mis en place pour la période 2014-2020. Il se compose de deux instruments, FSI «Frontières et visas» et FSI «Police», au titre desquels des montants respectifs de 2,8  milliards d’euros et de 1 milliard d’euros sont disponibles pour financer des mesures. Dans le cadre de l’instrument FSI «Frontières et visas», la Commission rembourse aux États membres les achats de moyens de transport, tels que des véhicules ou des navires, ainsi que les coûts de fonctionnement, par exemple ceux liés à la consommation de carburant ou à la maintenance. L’Agence rembourse également ce type de coûts à ceux qui participent aux actions conjointes. Il existe donc un risque de double financement qui n’est pas pris en considération (4).

En cours

2015

En ce qui concerne le titre II (Dépenses administratives) et le titre III (Dépenses opérationnelles), les reports de crédits engagés ont été élevés, atteignant respectivement 3,2  millions d’euros, soit 38 % (contre 4,5  millions d’euros, soit 36 %, en 2014) et 40,2  millions d’euros, soit 35 % (contre 28,4  millions d’euros, soit 44 %, en 2014). Dans le cas du titre II, ce niveau élevé de reports s’explique principalement par des marchés informatiques s’étendant au-delà de la fin de l’exercice, tandis que pour le titre III, il résulte du caractère pluriannuel des activités de l’Agence.

Sans objet

2015

Les États participant aux opérations de surveillance des frontières déclarent les dépenses effectuées sur la base de fiches de déclaration de coûts, qui détaillent les «dépenses fixes» (l’amortissement et la maintenance), les «dépenses variables» (essentiellement pour le carburant) et les «frais de mission» (principalement des indemnités et d’autres dépenses liées à l’équipage). Les coûts sont déclarés sur la base des valeurs réelles et en fonction de normes nationales; les divergences d’approches entre États participants qui en résultent donnent lieu à un système particulièrement laborieux pour toutes les parties concernées. Dans son rapport spécial no 12/2016, la Cour a recommandé aux agences d’avoir recours aux options simplifiées en matière de coûts chaque fois que cela s’avère approprié (5).

En cours


(1)  Règlement délégué (UE) no 1268/2012 de la Commission (JO L 362 du 31.12.2012, p. 1).

(2)  Conformément aux dispositions de l’article 3, paragraphe 4, du règlement (CE) no 2007/2004, l’Agence n’est autorisée à cofinancer des opérations conjointes qu’au moyen de subventions.

(3)  Arrangement entre la Communauté européenne, d’une part, et la Confédération suisse et la Principauté de Liechtenstein, d’autre part, sur les modalités de la participation de ces États aux activités de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (JO L 243 du 16.9.2010, p. 4); arrangement entre la Communauté européenne, la République d’Islande et le Royaume de Norvège sur les modalités de la participation de ces États aux activités de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (JO L 188 du 20.7.2007, p. 19).

(4)  La Cour a fait état de ce risque au point 39 et dans la recommandation no 4 de son rapport spécial no 15/2014 intitulé «Le Fonds pour les frontières extérieures a encouragé la solidarité financière, mais il doit apporter davantage de valeur ajoutée européenne et ses résultats doivent être mieux mesurés».

(5)  Voir recommandation no 1 du rapport spécial no 12/2016 de la Cour intitulé «Octroi de subventions par les agences: un choix pas toujours approprié et d’une efficacité pas systématiquement démontrée».


RÉPONSE DE L’AGENCE

18.

En 2016, au vu de la pression migratoire colossale exercée sur les États membres de l’Union européenne et à la suite du plan d’action de l’Union européenne en matière de retour lancé en octobre 2015, ainsi que des conclusions du Conseil européen du 15 juin 2015 et des 16-17 mars 2016, le directeur exécutif de l’Agence a adopté la décision 2016/36, fournissant une interprétation plus large des modalités de (co)financement des opérations de retour conjointes, de sorte que même une opération de retour nationale menée par un seul État membre faisant face à des pressions migratoires excessives soit (co)financée par le budget de Frontex. Par ailleurs, l’autorité budgétaire a amendé le budget de 2016 afin, spécifiquement, de mettre en œuvre le plan d’action en matière de retour susmentionné.

19.

La décision adoptée par Frontex concernant l’engagement de nouveaux agents temporaires à des grades supérieurs à celui d’AST 4 a été appuyée par le conseil d’administration lors de l’adoption du programme de travail et du budget de l’année 2016, incluant le plan des effectifs.

La promotion de cinq postes de grade AST 4 au grade AST 5 est fondée sur les besoins opérationnels du fonctionnement du service des agents 24 h/24, 7 j/7. Compte tenu du niveau de responsabilité requis en raison des flux migratoires et des problèmes de sécurité aux frontières extérieures de l’Union européenne, Frontex doit être en mesure d’attirer des candidats qualifiés et expérimentés faisant preuve d’une expérience professionnelle préalable, sans obligation, toutefois, de détenir un diplôme universitaire (contrairement aux fonctions d’AD). Par ailleurs, le coefficient correcteur de 66,7 % applicable à la rémunération constitue un frein considérable et toute possibilité d’accéder à un échelon supérieur attire potentiellement des candidats correspondant davantage au profil recherché.

20.

L’utilisation de dotations différenciées induit une modification considérable au niveau de la gestion budgétaire. Au regard des modifications et des difficultés auxquelles l’Agence doit faire face, les avantages et les inconvénients seront examinés rigoureusement en vue de l’élaboration d’un cadre de contrôle interne solide.

21.

L’Agence reconnaît le besoin d’obtenir des estimations des coûts plus précises et des rapports sur les coûts plus rapidement de la part des États membres et des pays associés à l’espace Schengen coopérants. L’Agence s’engage à tout mettre en œuvre pour améliorer la coopération avec ces États et pays concernant l’élaboration des estimations des coûts. Par ailleurs, l’Agence a engagé en 2017 un processus de révision de l’intégralité de son plan financier en vue de sa simplification; les subventions doivent être remplacées par des contrats de service et des tarifs forfaitaires doivent être instaurés.

22.

L’Agence a augmenté considérablement le nombre de vols de retours conjoints: 232 en 2016, contre 66 en 2015 et 39 en 2014. En 2016, cela représentait 10 700 personnes reconduites dans des pays tiers, plus 1 000 personnes transportées par l’Agence depuis les îles grecques vers la Turquie depuis l’entrée en vigueur de la déclaration UE-Turquie en mars 2016. Malgré cette hausse sans précédent des services fournis en retour par l’Agence, seulement 40 millions d’euros ont pu être utilisés sur les 63 millions alloués à cette activité dans le budget de 2016. La principale raison pour laquelle les 23 millions d’euros restants n’ont pas pu être utilisés est que le contrat-cadre régissant l’affrètement d’avions et les services associés dans le cadre des opérations de retour a connu des retards provoqués par la priorité accordée, au détriment du projet, aux mesures visant à assurer le soutien logistique (ferries et bus) de la mise en œuvre de la déclaration UE-Turquie. Ce changement de priorité a eu des répercussions négatives et s’est traduit par un manque de personnel, exacerbé par l’augmentation des besoins opérationnels à couvrir. Les exigences à cet égard impliquent une procédure d’appel d’offres complexe prévue par le contrat-cadre et un budget de plusieurs millions d’euros. Entre-temps, un appel d’offres concernant l’établissement d’un contrat-cadre d’une durée de quatre ans a été publié, avec toutefois une estimation budgétaire inférieure (20 millions d’euros).

23.

Frontex et la Commission européenne ont participé conjointement au processus d’élaboration du projet de la convention de subvention dans le cadre de ce programme régional depuis 2014. En août 2015, juste avant la finalisation et la signature de la convention de subvention, de nouveaux facteurs accablants (notamment le profond bouleversement de la situation migratoire dans les Balkans occidentaux) ont amené la Commission à demander de réécrire le projet afin qu’il reflète convenablement la situation migratoire. Ainsi, le concept du projet a été entièrement modifié dans l’urgence et la convention de subvention a été signée à l’échéance du contrat en décembre 2015.

En raison de ces changements de dernière minute, les quatre partenaires de mise en œuvre du projet (Frontex, l’EASO, l’OIM et le HCR) n’ont pu engager les discussions sur les dispositions des accords de coopération qu’à partir de janvier 2016. Dans la mesure où les accords de coopération incluent des dispositions prévoyant la dotation globale pour chaque partenaire, un budget détaillé du projet doit être élaboré et convenu entre les parties avant la signature des accords de coopération. Par ailleurs, la signature avec l’EASO s’est déroulée rapidement et sans difficulté, tandis que les autres partenaires ont contesté certaines règles prévues par le directeur exécutif de l’Agence, à savoir l’utilisation de l’euro et non du dollar des États-Unis, ainsi que l’obligation de divulguer des données budgétaires plus complètes dans un souci de transparence.

Compte tenu de la situation susdécrite et du fait que la convention de subvention a été mise en œuvre en janvier 2016, les partenaires de mise en œuvre ont commencé à supporter les coûts des activités avant la signature des accords de coopération avec Frontex. Afin de justifier de telles circonstances et de documenter le fait que l’engagement juridique à l’égard des trois partenaires du projet ait été considéré avant l’engagement budgétaire, Frontex a dument documenté cette situation comme une exception.

Conformément à l’article 7.2 des modalités d’application, les dotations correspondant à des recettes assignées doivent être disponibles immédiatement, tant pour les crédits d’engagement que pour les crédits de paiement, dès lors que les recettes ont été reçues par l’institution.

24.

L’Agence apprécie que la Cour reconnaisse que le très faible coefficient correcteur est défavorable aux recrutements. L’Agence est en contact avec les services pertinents de la Commission afin de trouver des mesures visant à remédier au préjudice occasionné par la situation actuelle et espère que l’interprétation du statut des fonctionnaires permettra d’offrir des solutions.

25.

L’Agence prend note de l’observation de la Cour; toutefois, elle souhaite préciser que les chiffres concernant le personnel ont été inclus dans les fiches financières législatives accompagnant la proposition de la Commission relative au statut européen des garde-frontières et des garde-côtes.

26.

L’Agence a déjà consulté au début de l’année 2017 l’autorité budgétaire et a reçu le feu vert pour agrandir ses locaux actuels afin d’accueillir des agents supplémentaires. Par ailleurs, le gouvernement polonais s’est engagé à faire don d’un terrain à l’Agence, dès l’entrée en vigueur de l’accord de siège, afin d’y construire un nouveau bâtiment qui demeurera propriété de l’Agence.


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