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Document 52015IE1068

Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Le rôle des ingénieurs dans la réindustrialisation de l’Europe» (avis d’initiative)

OJ C 71, 24.2.2016, p. 20–26 (BG, ES, CS, DA, DE, ET, EL, EN, FR, HR, IT, LV, LT, HU, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, FI, SV)

24.2.2016   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 71/20


Avis du Comité économique et social européen sur le thème «Le rôle des ingénieurs dans la réindustrialisation de l’Europe»

(avis d’initiative)

(2016/C 071/04)

Rapporteur:

M. Antonello PEZZINI

Corapporteur:

M. Zbigniew KOTOWSKI

Le 19 février 2015, le Comité économique et social européen (CESE) a décidé, conformément à l’article 29, paragraphe 2, de son règlement intérieur, d’élaborer un avis d’initiative sur:

«Le rôle des ingénieurs dans la réindustrialisation de l’Europe»

(avis d’initiative).

La commission consultative des mutations industrielles (CCMI), chargée de préparer les travaux du CESE en la matière, a adopté son avis le 5 novembre 2015 (rapporteur: M. PEZZINI, corapporteur: M. KOTOWSKI).

Lors de sa 512e session plénière des 9 et 10 décembre 2015 (séance du 9 décembre 2015), le CESE a adopté le présent avis par 206 voix pour, 1 voix contre et 6 abstentions.

1.   Conclusions et recommandations

1.1.

Le CESE estime que tant les ingénieurs et les techniciens européens que leurs associations nationales et européennes représentent une ressource fondamentale dans le processus de réindustrialisation de l’Europe, en tant que facteurs accélérant la transformation des recherches en applications commerciales innovantes.

1.2.

Le développement économique de l’Union européenne est de plus en plus lié à un processus de réindustrialisation assimilé à une stratégie de transition vers de nouveaux modèles durables de conception, de production et de commercialisation de produits innovants à haute valeur ajoutée, qui incorporent des technologies, des matériaux et des services nouveaux et de qualité dans un monde de plus en plus numérisé.

1.3.

Le CESE considère qu’il y a lieu de souligner et de valoriser davantage le rôle essentiel que jouent les ingénieurs et les professions techniques dans ce processus, afin de résoudre les problèmes que représentent, pour la société européenne, les défis liés à la réindustrialisation, et réclame le lancement d’un exercice de prospective participative sur l’avenir de la profession.

1.4.

Le CESE recommande de promouvoir une culture européenne de l’entrepreneuriat et de l’innovation grâce à des actions concrètes visant à relancer les professions d’ingénieur et de technicien, artisans de la civilisation et de la prospérité.

1.5.

Le CESE convient de la nécessité d’un cadre européen harmonieux pour la promotion de cette profession, axé sur les éléments suivants:

une reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles,

la mobilité intraeuropéenne et l’esprit d’entreprise,

des modèles européens de formation permanente et d’apprentissage formel et informel continu, assortis de programmes de soutien,

un accès plus aisé aux marchés publics, en particulier pour les coopératives, start-ups et réseaux d’entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que les associations professionnelles d’ingénieurs,

un accès plus aisé au financement et aux marchés de capitaux,

des campagnes visant à augmenter l’attrait des formations et des carrières et à améliorer les reconnaissances professionnelles,

des aides à la pluridisciplinarité et au travail en réseau numérique,

la flexibilité et la valorisation de l’égalité entre les hommes et les femmes,

une réglementation mutuelle de la responsabilité professionnelle dans l’ensemble du marché unique,

des politiques actives visant à encourager le recrutement d’ingénieurs par les PME,

la promotion de la culture de la propriété intellectuelle.

1.6.

Le CESE estime que des niveaux élevés de formation et de qualification en ingénierie constituent une condition préalable essentielle à un système efficace de reconnaissance mutuelle. Si nous voulons maintenir la confiance de tous les États membres en ce qui concerne la réciprocité de la mobilité professionnelle fondée sur la connaissance, il est nécessaire de garantir des normes élevées en matière d’éducation et de formation, notamment grâce à l’instauration d’un 29e régime réglementaire de l’Union européenne, facultatif, reposant sur les expériences acquises en matière de «cartes professionnelles européennes» volontaires (1), et avec le soutien des associations professionnelles d’ingénieurs nationales et européennes.

1.6.1.

L’évolution actuelle de la société entraîne la création d’une multitude de nouveaux emplois en dehors du domaine technique, qui, sous l’influence des médias et en raison de la recherche de popularité sociale, attirent les jeunes intéressés par une carrière rapide et prestigieuse. De ce point de vue, la profession d’ingénieur est perçue comme un métier traditionnel qui n’offre aucune possibilité de carrière simple et rapide. Eu égard à ce qui précède, l’ingénierie ne sera pas attrayante pour les générations futures, ce qui risque sérieusement de nuire à la réindustrialisation de l’Europe et à la compétitivité de l’industrie européenne. Il s’agit là d’un défi de taille pour les systèmes éducatifs existants, et il apparaît nécessaire de réorienter l’enseignement primaire vers les mathématiques, la physique et l’ingénierie et de veiller à une présentation attrayante de ces matières, afin de susciter la curiosité des jeunes générations. De même, la formation en alternance et les bonnes pratiques en la matière (en Allemagne, en Autriche et en Suisse) méritent une attention particulière de la part de tous les États membres dans lesquels un tel système n’existe pas.

1.7.

Selon le CESE, il convient de créer un marché unique de l’ingénierie européenne et de développer une approche commune multidimensionnelle visant à accroître la mobilité dans l’ensemble de l’espace européen, étant donné l’importance de la reconnaissance mutuelle, en particulier pour les ingénieurs autonomes et indépendants.

1.8.

Le CESE plaide pour qu’un rôle important soit réservé à l’ingénierie dans la politique de normalisation européenne, afin d’accélérer, de simplifier et de moderniser les procédures et de garantir l’interopérabilité des systèmes et des réseaux.

1.9.

Le CESE recommande aux organisations employant des ingénieurs de développer, sur la base du cadre européen des certifications professionnelles, des modèles de formation axés sur le numérique et adaptés aux nouvelles générations, ainsi que des modalités de gouvernance et d’évaluation tenant compte des caractéristiques des nouveaux ingénieurs, proposant des environnements de travail et des carrières professionnelles attrayantes.

1.10.

Selon le CESE, les organisations de représentation et les ordres professionnels devraient trouver davantage de points de convergence pour pouvoir jouer un rôle moteur uniforme, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union européenne, et offrir à leurs propres membres une formation permanente conforme à des paramètres communs européens.

1.11.

Le CESE recommande à la Commission de donner une suite concrète à la constitution du forum européen des professions libérales, au sein duquel les organisations, ordres et groupements professionnels (2) d’ingénieurs sont amplement représentés, et appelle de ses vœux la création d’un portail de l’ingénieur européen qui accorderait une place à des problématiques telles que la responsabilité, la propriété intellectuelle, la fiscalité et les montants des retraites, la formation continue, les codes de bonnes pratiques, etc.

1.12.

Il recommande également à la Commission d’élaborer un code européen des bonnes pratiques en matière d’ingénierie sur la base de l’expérience des organisations nationales d’ingénieurs et de techniciens, qui créerait pour ces professionnels les conditions juridiques et financières nécessaires à la réalisation de projets innovants, en particulier pour les PME et les acteurs de la recherche et du développement (R&D).

1.13.

Le CESE convient de la nécessité que la profession soit de plus en plus axée sur la gestion de problèmes complexes, liés à la durabilité économique, sociale et environnementale, ainsi que la valorisation accrue des approches pluridisciplinaires poussées et une interopérabilité adéquate entre les systèmes manufacturiers et les nouvelles réalités de l’Industrie 4.0.

1.14.

Le CESE invite la Commission et les États membres à tenir dûment compte des conclusions du Conseil européen des 20 et 21 mars 2014, dans lesquelles ce dernier les invite à remédier en priorité aux lacunes en ce qui concerne les compétences dans le domaine des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (les compétences «STEM»), en veillant à ce que l’industrie joue un rôle plus important.

2.   Introduction

2.1.

L’origine de l’ingénierie européenne réside dans la recherche du renouveau incarnée par le génie de Léonard de Vinci, qui reflète l’ouverture de la société européenne à l’innovation et la culture de valorisation de l’engagement citoyen, de la bonne gouvernance et de l’ardeur au travail.

2.2.

Comme le souligne le Parlement européen, «la crise a gravement touché les économies européennes. L’Union a besoin d’une stratégie de croissance complète visant à surmonter ces défis» (3).

2.3.

La stratégie de réindustrialisation de l’Union européenne se concentre en particulier sur les investissements dans l’innovation, où l’ingénieur joue un rôle crucial, surtout dans les secteurs en croissance rapide.

2.4.

La convergence de technologies numériques, de systèmes de communication et réseaux intelligents, de nanobiotechnologies, de technologies industrielles durables, d’imprimantes 3D et de technologies génériques propres intersectorielles est en train de modifier en profondeur les modes de fonctionnement des économies et des sociétés à une vitesse rendue exponentielle par la mondialisation.

2.5.

L’avenir de l’Union européenne est lié à un processus de réindustrialisation assimilé avant tout à une stratégie de transition vers de nouveaux modèles durables de conception, de production et de commercialisation de produits à haute valeur ajoutée, qui incorporent des technologies, des matériaux et des services nouveaux dans un monde de plus en plus numérisé.

2.6.

Le CESE est convaincu qu’en l’absence de ressources humaines techniques et scientifiques dotées du potentiel nécessaire en matière d’expérience et de connaissances, il sera difficile d’atteindre les objectifs fixés dans la stratégie «Europe 2020». À cet égard également, il convient de valoriser le rôle des organisations et des associations professionnelles d’ingénieurs et de techniciens au niveau national et européen.

2.7.

En Europe, la majeure partie des compétences techniques se trouvent dans le secteur de l’ingénierie, qui compte quelque 130 000 entreprises occupant plus de 10 millions de travailleurs hautement qualifiés et compétents, avec une production annuelle d’une valeur avoisinant les 1 840 milliards d’EUR, soit environ un tiers du total des exportations de l’Union européenne. En outre, les ingénieurs et techniciens jouent un rôle important dans tous les secteurs de l’économie (4).

2.8.

Il convient de développer dans le cadre des politiques européennes une nouvelle approche intelligente, qui conférerait un nouveau rôle aux professionnels techniques. Il devient de plus en plus indispensable de gérer des processus de transformation intelligente des territoires, expressément requis par la nouvelle programmation européenne.

2.9.

Pour réaliser ces objectifs, l’Union européenne doit améliorer le niveau de compétence de sa main-d’œuvre. La demande du secteur public et du secteur privé augmentera surtout dans le domaine des compétences d’ingénierie. Le secteur public aura besoin de plus de compétences techniques pour relever les défis dans les secteurs de l’énergie, des transports, de la santé, de la gestion des déchets, de l’éducation, de l’empreinte carbone, de l’internet des objets et de l’économie circulaire, en appliquant les nouvelles directives sur les marchés publics, en recourant à des formes de coopération en réseaux d’entreprises et grâce au travail en grappes et aux nouveaux logiciels.

2.10.

Le secteur privé devra lui aussi accroître ses compétences d’ingénierie s’il veut récolter les fruits du développement des compétences sur le lieu de travail. Les analyses du comportement des consommateurs révèlent une augmentation constante de la demande de composantes intelligentes dans les produits et les services.

2.11.

Les connaissances et l’expérience technique doivent être actualisées en permanence afin de pouvoir relever les défis des nouveaux processus industriels. De nouvelles formes et méthodes d’apprentissage et un nouveau type de formation doivent être mis en place pour permettre l’utilisation optimale et flexible du capital humain et social dans le secteur. Il convient d’organiser de nouvelles formes de travail pour les professions libérales dans le domaine des services professionnels, techniques et scientifiques en Europe.

2.12.

Une plus grande mobilité sur les marchés nationaux, européen et mondial de l’emploi induit une meilleure utilisation de la main-d’œuvre disponible au sein d’un vivier européen attrayant d’ingénieurs. La possibilité d’opter pour un régime réglementaire de l’Union européenne facultatif (29e régime) permettrait de favoriser la diffusion d’une carte professionnelle de l’Union européenne grâce à laquelle il serait plus facile, pour les ingénieurs spécialisés, d’acquérir une expérience professionnelle dans différents pays européens.

2.13.

Afin de sensibiliser les étudiants potentiels à la profession d’ingénieur, il y a lieu de mettre en place une plus grande coopération entre l’industrie et le monde universitaire et entre les employeurs et les écoles publiques et privées, tant au niveau primaire que secondaire, ainsi que la R&D. Il s’agit d’appliquer le concept de responsabilité sociale des entreprises et de promouvoir une formation appropriée.

2.14.

L’implication des chefs d’entreprise et l’émergence de nouvelles problématiques plus complexes font apparaître clairement aux jeunes que les mathématiques, les technologies informatiques, la physique et la chimie sont indispensables pour résoudre les problèmes auxquels la société est confrontée, et constituent la clé de solutions innovantes dans les domaines de la médecine et des soins de santé ainsi que des transports, de la lutte contre la pollution ou des économies d’énergie.

2.15.

Une telle coopération doit être mise en place au niveau local, mais les expériences et les bonnes pratiques doivent être partagées au niveau européen. Cela contribuerait à la création d’emplois et de perspectives de carrière pour les ingénieurs et pourrait rendre ces matières plus vivantes et pertinentes aux yeux des jeunes générations.

2.16.

Dans le même temps, eu égard aux progrès accomplis parallèlement dans les multiples disciplines et en matière de pluridisciplinarité des applications pratiques, il y a lieu de garantir la qualité et l’efficacité en mettant en place des parcours éducatifs qui intègrent, au niveau secondaire et universitaire, d’autres matières telles que la psychologie sociale et la gestion des ressources humaines en équipe, la stimulation des processus créatifs, les nanotechnologies, l’ingénierie biomédicale, l’histoire de la technique, la géographie économique, etc.

2.17.

L’un des moyens de garantir la conformité de ces professions avec la norme est de mettre sur pied un processus d’accréditation des programmes d’enseignement. Le processus de garantie de qualité doit prévoir la définition de critères de référence et d’évaluation, conformément au cadre européen et national des certifications professionnelles.

2.18.

L’accréditation externe et la garantie de la qualité interne sont deux processus très importants pour maintenir la qualité de la formation en ingénierie.

3.   Observations générales

3.1.   Le rôle moteur de l’ingénieur dans la réindustrialisation de l’Union européenne

Le CESE considère fondamental le rôle moteur des ingénieurs et des techniciens dans la réalisation concrète de la stratégie de réindustrialisation européenne, en ce qu’ils permettent d’apporter des réponses viables, en matière de processus, de produits et e services économes, propres et écologiques («lean, clean, green»), aux défis du développement durable et compétitif.

3.1.1.

Dans le même temps, le CESE convient de la nécessité d’un cadre européen pour la promotion de cette profession, axé sur les éléments suivants:

une reconnaissance mutuelle des qualifications et des professions,

une mobilité interne et externe au marché unique et le développement de l’esprit d’entreprise,

des modèles européens convergents de formation permanente et d’apprentissage formel et informel continu, assortis de programmes de soutien,

des prises et des garanties de responsabilité homogènes sur le marché unique,

des campagnes visant à augmenter l’attrait des formations et des carrières et à améliorer les reconnaissances professionnelles et le respect du principe de l’égalité des sexes,

des aides à la pluridisciplinarité et à la gestion en réseau de problèmes complexes,

la flexibilité et la valorisation des spécificités des jeunes générations,

la génération C (génération connectée),

des politiques visant à améliorer la souplesse de la gestion et de la communication, également au niveau intersectoriel et multidisciplinaire, garantissant l’interopérabilité entre la science, les entreprises et Industrie 4.0,

le soutien du rôle des ingénieurs et des techniciens ainsi que de leurs organisations socioprofessionnelles dans le cadre du recours aux programmes de recherche et d’innovation et aux Fonds structurels,

des mesures visant à promouvoir la prise de responsabilités et l’application de codes déontologiques, en particulier dans le cadre des marchés publics faisant l’objet de nouvelles directives (5), grâce aux réseaux d’entreprises et grappes collaboratives, notamment les marchés publics verts et les marchés portant sur la défense et la protection civiles,

un cadre de coopération internationale garantissant un accès aisé aux marchés des pays tiers,

des modifications réglementaires visant à garantir une protection des droits de propriété intellectuelle adaptée au développement de la société de l’information.

3.2.   Reconnaissance mutuelle des qualifications et des professions, mobilité et esprit d’entreprise

3.2.1.

Le CESE est d’avis que des niveaux élevés de formation et de qualification dans l’ingénierie constituent la condition préalable d’un système efficace de reconnaissance mutuelle: l’abaissement des normes d’enseignement en vue d’accroître la mobilité risquerait de réduire la confiance réciproque dans une Union européenne fondée sur la connaissance, capable de répondre aux nouveaux défis de l’ingénierie.

3.2.2.

Selon le CESE, il convient de développer une approche multidimensionnelle commune — carte professionnelle européenne (6) subséquente à une meilleure convergence des parcours de formation, d’adopter un régime réglementaire facultatif parallèle relatif à une carte professionnelle volontaire de l’Union européenne et de prévoir un cadre commun de formation et des systèmes de validation des qualifications formelles et/ou informelles acquises.

3.2.3.

Le CESE recommande de mener des actions concrètes visant à relancer les professions d’ingénieur et de technicien, en tant qu’acteurs principaux de la transposition accélérée des recherches en applications commerciales et en solutions aux problèmes de la société. Le CESE réclame en particulier un renforcement spécifique, à l’intention des ingénieurs, de l’initiative Erasmus pour les jeunes entrepreneurs (EYE) et des mécanismes de microfinancement, ainsi que le lancement d’un prix européen de l’ingénieur créatif, pour offrir à la profession l’occasion d’acquérir une plus grande visibilité et inciter à la conception d’idées et de projets d’ingénierie d’excellence.

3.3.   Formation et apprentissage formel et informel continu

3.3.1.

Eu égard à la vitesse du progrès technologique, le CESE juge important qu’une aide européenne soit apportée au développement de modules de formation en partenariat avec l’industrie, pour permettre l’acquisition de niveaux élevés de compétences spécifiques, ainsi qu’au développement de l’apprentissage collaboratif et de projets d’apprentissage par la pratique; pour améliorer la communication interpersonnelle, et de modules en ligne sur la technologie numérique et les réseaux de communication, pour acquérir et évaluer les informations.

3.3.2.

Avec l’appui d’une réglementation européenne, il y a lieu de définir des normes globales de validation des compétences d’encadrement et de prise de risques acquises dans le cadre d’un apprentissage non formel (7).

3.3.3.

La valorisation des compétences des nouvelles générations («génération connectée») nécessite une nouvelle configuration des structures de production, d’organisation, de communication et de commande.

3.4.   Image et avenir de l’ingénieur dans la réindustrialisation de l’Union européenne

3.4.1.

Le CESE considère qu’il y a lieu de souligner et de valoriser davantage le rôle essentiel joué par les ingénieurs et les professions techniques dans la résolution des problèmes que représentent, pour la société européenne, les défis liés à la réindustrialisation, et réclame le lancement d’un exercice de prospective participative associant les acteurs du développement, les administrations, les décideurs politiques et les parties prenantes, qui définisse et valorise les futurs profils nécessaires pour la profession, en matière de résolution des problèmes, de rapidité d’acquisition et d’application des nouvelles technologies.

3.4.2.

À cet égard, les ingénieurs devraient se voir conférer un rôle particulièrement précieux s’agissant de doter la réindustrialisation d’une dimension de durabilité économique, sociale et environnementale, de manière à favoriser une transition progressive vers le nouveau modèle d’économie circulaire, «comprenant notamment le processus de retransformation et de reconsommation» (8).

3.5.   Rôle des ingénieurs et des techniciens dans le cadre du recours aux programmes de recherche et d’innovation et aux Fonds structurels

3.5.1.

Le CESE estime que les ingénieurs et les techniciens européens représentent une ressource fondamentale dans le processus de réindustrialisation, en tant que facteurs accélérant la transformation des recherches en applications commerciales innovantes et apportant des solutions aux problèmes complexes de transition vers une économie sociale de marché qui soit durable, saine et compétitive, et qu’une telle ressource doit pouvoir être soutenue et accéder à des solutions innovantes privilégiant la qualité et pas uniquement la rentabilité, et encourageant toutes les formes de collaboration conjointe en réseau et en grappe, grâce à des politiques et des programmes de l’Union, à commencer par:

les actions de la stratégie numérique,

«Horizon 2020», en particulier grâce aux technologies clés génériques,

COSME et le Fonds européen d’investissement,

les Fonds structurels et de cohésion.

4.   Observations finales

4.1.

L’Union européenne doit faire face à d’importants défis qui représentent autant de difficultés pour l’ingénieur européen:

perspectives de vieillissement de la population,

numérisation omniprésente et envahissante,

pénurie croissante de ressources dans un contexte environnemental et climatique de plus en plus critique,

mondialisation géographique, politique et financière, accompagnée d’un déplacement du centre de gravité hors de l’Europe,

convergence des technologies, en particulier les technologies de l’information et de la communication, les nanobiotechnologies et les systèmes 3D,

problèmes complexes de gestion intégrée, en particulier dans les mégalopoles,

croissance exponentielle de l’internet des produits et des services et des réseaux intelligents, assortie d’un développement de l’Industrie 4.0,

ample développement autonome du phénomène d’intelligence collective connectée en temps réel (cerveau social) pour les générations connectées.

4.2.

Selon le CESE, la nouvelle génération connectée d’ingénieurs devrait acquérir des niveaux plus élevés de qualifications et de compétences formelles et informelles, étant donné que les niveaux les plus simples de résolution des problèmes seront confiés à des systèmes numériques autonomes, et également développer des capacités interdisciplinaires et faire preuve de flexibilité pour gérer des problèmes complexes.

4.3.

Les organisations au sein desquelles l’ingénieur effectue son travail devraient élaborer, sur la base du cadre européen de certifications professionnelles, des modules de formation numérisés et des systèmes dotés de modes de gouvernance adaptés aux caractéristiques des nouveaux ingénieurs, renforçant le partage des valeurs et des missions de l’entreprise, en favorisant les environnements de travail et les carrières attrayantes.

4.4.

Selon le CESE, les organisations de représentation et les ordres professionnels d’ingénieurs devraient trouver davantage de points de convergence, au niveau européen, pour pouvoir jouer un rôle moteur accru tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union européenne, dans la création d’un marché unique de l’ingénieur européen.

4.5.

Le CESE recommande qu’une suite concrète soit donnée à la constitution du forum européen des professions libérales, au sein duquel les organisations, ordres et groupements professionnels (9) d’ingénieurs indépendants et de PME d’ingénierie sont amplement représentés, et que soit créé un portail de l’ingénieur européen qui proposerait un espace interactif pour des problématiques importantes telles que la gestion des responsabilités, le protection de la propriété intellectuelle, les régimes fiscaux et les systèmes de pension.

Bruxelles, le 9 décembre 2015.

Le Président du Comité économique et social européen

Georges DASSIS


(1)  Voir la «carte européenne de l’ingénieur» de la Fédération européenne des associations nationales d’ingénieurs (FEANI).

(2)  JO C 226 du 16.7.2014, p. 10.

(3)  Voir la résolution du Parlement européen du 15 janvier 2014.

(4)  Source: Eurostat.

(5)  JO L 94 du 28.3.2014, p. 1, 65 et 243.

(6)  JO L 354 du 28.12.2013, p. 132.

(7)  European Institute for Industrial Leadership, Position Paper P20-2015.

(8)  JO C 230 du 14.7.2015, p. 91.

(9)  JO C 226 du 16.7.2014, p. 10.


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