Sécurité nucléaire dans les nouveaux États indépendants et les pays d'Europe centrale et orientale

La Commission évalue sa contribution à l'amélioration de la sûreté nucléaire dans les nouveaux États indépendants (NEI) et les pays d'Europe centrale et orientale et présenter des propositions pour l'action communautaire dans l'avenir.

ACTE

Communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen, du 6 septembre 2000. Appui de la Commission à la sûreté nucléaire dans les nouveaux États indépendants et les pays d'Europe centrale et orientale [COM(2000) 493 final - Non publié au Journal officiel].

SYNTHÈSE

Contexte

En mars 1998, la Commission a adopté une communication exposant les actions entreprises par la Communauté dans le domaine de la sûreté nucléaire, en Europe centrale et orientale et dans les nouveaux États indépendants (NEI), et proposant des orientations pour l'avenir. La présente communication vise à mettre à jour les développements dans ce domaine, depuis 1998 et à présenter l'approche adoptée par la Commission en cette matière.

Approche de la Commission

L'approche de la Commission s'appuie sur deux grands objectifs qui s'inscrivent pleinement dans la politique de la communauté internationale:

Mise en œuvre de la stratégie actuelle

En ce qui concerne l'approche globale, la Commission s'attache à promouvoir le dialogue politique, à fournir une assistance technique et financière et à garantir un niveau élevé de la protection de la santé humaine dans les États membres et les pays voisins.

Les instruments employés comprennent, entre autres:

* l'assistance technique dans le cadre des programmes communautaires Phare (pour l'Europe centrale et orientale) et Tacis (pour les NEI) ainsi que d'autres programmes ;

* les prêts d'Euratom;

* la contribution de l'UE au compte de sûreté nucléaire gérée par la Banque européenne de reconstruction et développement (BERD) qui s'inscrit dans le cadre international ;

* les fonds de préadhésion pour les pays candidats affectés à la réalisation de la sûreté nucléaire. Une priorité est accordée à ce sujet dans le cadre de l'élargissement de l'UE.

* la création, en 1992, des comités et des groupes de travail entre les autorités de régulation de l'Union européenne, des NEI et des pays d'Europe centrale et orientale, notamment les groupes CONCERT et GTASN (groupe de travail "Autorités de sûreté nucléaire") ;

* la création d'un nouveau forum, le Groupe ENIS (European Nuclear Installations Safety Group), rassemblant les autorités de régulation et exploitants nucléaires des États membres et des pays candidats.

Progrès accomplis

Sommairement, les progrès accomplis en matière de sûreté nucléaire dans ces pays sont:

En outre, l'UE a contribué à l'élaboration et à l'amélioration des stratégies énergétiques et notamment au développement de sources d'énergie de substitution et au renforcement du rendement énergétique.

Par ailleurs, la Communauté a participé à la création du Centre international pour la science et la technologie (ISTC), à Moscou, en 1992, qui opère également dans d'autres pays des NEI afin d'aborder le problème de la réorientation des talents des experts en armement nucléaire nécessaire après la fin de l'empire soviétique.

Budget accordé

Au total, l'UE a engagé 913 millions d'euros dans ce domaine sur la période 1991-1999. 192 millions d'euros dans le cadre du programme Phare et 721 millions d'euros dans la cadre du programme Tacis, dont une contribution de 100 millions au Chernobyl Shelter Fund.

Au total, quelques 950 projets ont été financés, 300 dans le cadre du Phare, et 650 dans celui de Tacis. 450 projets sont en cours et 200 autres en préparation. Cela étant, l'appui financier susceptible d'être fourni par l'UE reste limité par rapport aux besoins.

Analyse et perspectives pour l'avenir: les pays candidats

La production d'énergie nucléaire continuera, dans un avenir immédiat, à occuper une place importante dans le paysage énergétique d'au moins six des pays candidats. Sept des treize pays candidats disposent de centrales en exploitation ou en construction. Trois pays candidats, la Bulgarie, la Lituanie et la Slovaquie, ont entrepris le déclassement des unités considérées comme non modernisables à un coût raisonnable. La Commission est donc impliquée d'une part, dans la mise en œuvre des engagements de fermeture et, d'autre part, dans d'autres questions ayant trait à la sécurité nucléaire telles que la modernisation des centrales existantes.

En ce qui concerne la fermeture des unités en Bulgarie, en Lituanie et en Slovaquie, la Commission a commencé à fournir l'aide financière. Les fermetures se feront par étapes. La fermeture des unités 1 et 2 de la centrale de Kozuldy en Bulgarie interviendra au plus tard avant 2003. La décision concernant les dates de fermeture des unités 3 et 4 sera prise en 2002, en accord avec la Commission. En Lituanie, la fermeture de l'unité 1 de la centrale d'Ignalina interviendra, au plus tard, en 2005 et une décision concernant la fermeture de l'unité 2 sera prise en 2004. La Commission escompte que la fermeture interviendra au plus tard en 2009. Les deux unités de la centrale Bohunice VI en Slovaquie seront fermées respectivement en 2006 et 2008.

Elle estime que l'appui total s'élèvera à au moins 150 millions d'euros pour la Slovaquie et à 165 millions d'euros pour la Lituanie d'ici la fin de l'actuelle perspective financière 2000-2006. Pour la Bulgarie, la Commission a proposé une aide pluriannuelle de 200 millions d'euros jusqu'à 2006. L'octroi de ce montant sera, pour moitié, subordonné à la confirmation, en 2002, du mémorandum d'entente concernant les dates de fermeture définitive des unités 3 et 4 de la centrale de Kozloduy. Cette aide s'inscrit dans le cadre du programme Phare et des fonds internationaux pour le déclassement de ces trois centrales, créés le 12 juin 2000 et gérés par le BERD. Il est également constaté qu'il est essentiel d'assurer un haut niveau de sûreté pendant la période transitoire.

Pour ce qui est d'autres questions liées à la sûreté nucléaire, certains réacteurs nucléaires de conception, soit soviétique, soit occidentale, peuvent être modernisés sur la base de normes de sûreté acceptables. Ceci concerne les unités 5 et 6 de la centrale de Kozloduy en Bulgarie, les unités 1 (en exploitation) et 2 (en construction) de la centrale de Cernavoda en Roumanie, deux unités à Bohunice et deux autres unités à la centrale de Mochovce en Slovaquie, la centrale de Krsko en Slovénie (détenue conjointement par la Slovénie et la Croatie), quatre unités à Paks en Hongrie, quatre unités à la centrale de Dukovany et une unité à Temelin en République tchèque.

La Commission va élaborer, conjointement avec les pays candidats concernés, d'autres mesures qui pourraient être prises afin d'octroyer une assistance supplémentaire, à savoir:

Analyse et perspectives pour l'avenir: les Nouveaux États indépendants (NEI)

Le rapport constate qu'il a été difficile de s'entendre sur une approche globale en cette matière avec certains de ces pays, notamment parce que le budget disponible dans la Communauté et dans les pays reste dérisoire par rapport aux besoins. En outre, il existe des disparités entre les différents pays sur le plan géographique, industriel et la volonté de s'engager dans ce débat, entre autres. La future politique de la Commission doit tenir compte de ces facteurs. Le niveau de sûreté nucléaire dans ces pays continue à susciter des inquiétudes.

Le programme Tacis, qui couvre la période 2000-2006, assigne trois priorités au programme de sûreté nucléaire dans les NEI, à savoir:

Il prévoit aussi un soutien à l'application de systèmes de garanties efficaces.

L'assistance future de l'UE devrait viser à:

Toutes mesures prises feront l'objet d'un contrôle technique et d'un suivi technique par la Commission.

Aspects nationaux des NEI

Arménie

Le gouvernement arménien s'est engagé à fermer sa centrale en 2004, à condition qu'une source d'énergie sûre de remplacement soit disponible. La Commission travaille en coopération avec les Arméniens, notamment en ce qui concerne le plan de fermeture de la centrale, les sources d'approvisionnement alternatives et l'assistance sur site à la centrale de Medzamor.

Kazakhstan

La centrale nucléaire d'Aktau bénéficie d'une assistance sur site depuis 1994. De plus, fait assez unique dans les NEI, le gouvernement a décidé, en 1999, de déclasser la centrale. Dans l'état actuel des choses, l'assistance est limitée à la préparation de ce déclassement.

Fédération de Russie

Elle est un acteur particulièrement important, étant le seul État de l'ancienne Union soviétique concerné par tous les aspects de l'énergie nucléaire. L'énergie nucléaire constitue une source importante d'électricité et l'industrie nucléaire civile constitue également une source d'emploi importante. Il est clair que la Russie souhaite maintenir une contribution prépondérante de l'énergie nucléaire dans les sources d'énergie utilisées. Elle continue à construire de nouveaux réacteurs et mène une politique de prolongation de la durée de vie de ses réacteurs.

L'UE et la Russie ont coopéré dans plusieurs projets dans le cadre du programme Tacis, pourtant, contrairement aux autres pays, le financement de l'UE ne constitue pas un élément vital, même s'il est considéré comme un supplément appréciable par rapport aux efforts nationaux.

Il existe des divergences fondamentales entre l'UE et la Russie, en ce qui concerne l'approche à l'égard de la sûreté nucléaire. Elles sont soulignées notamment par les violations persistantes de la part de la Russie de son accord conclu avec le BERD dans le cadre du compte de sûreté nucléaire.

La Russie mène une politique de prolongation de vie de ses réacteurs de première génération qui excède la durée de vie nominale fixée à 30 ans. La Commission ne cautionne pas une politique pareille.

Néanmoins, la Commission souhaite encourager une coopération accrue avec la Russie dans cette matière, tout en respectant leur politique nationale. Elle envisage certains aspects spécifiques de coopération: l'obtention des prêts Euratom, la coopération en matière de garanties nucléaires, le soutien aux autorités de régulation nucléaire et la coopération dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs dans le nord-ouest de la Russie, etc.

Ukraine

L'Ukraine a bénéficié d'une aide non remboursable de 100 millions d'euros dans le cadre du programme Tacis, relatif à la sûreté nucléaire pour la période 1994-1996. La Commission a mis l'accent sur certaines priorités pendant cette période, telles que l'établissement d'un plan d'action pour le déclassement des réacteurs de Tchernobyl, un soutien en faveur de la réforme du secteur énergétique et un soutien à la préparation du grand projet de substitution visant à assurer l'achèvement de deux nouveaux réacteurs, en conformité aux normes de sûreté internationales.

Le plan de réalisation d'un massif protection (SIP) est actuellement en cours de réalisation. Il est financé par un fonds spécial géré par la BERD auquel Tacis a déjà contribué 90,4 millions d'euros sur la période 1998-1999.

La stratégie future comprend la poursuite de l'assistance à Tchernobyl, la sensibilisation au problème de la sûreté nucléaire, les mesures visant à encourager la réforme de secteur énergétique et la poursuite de la coopération concernant l'achèvement de nouveaux réacteurs.

Analyse et perspectives pour l'avenir: la mise en œuvre

Lors de la mise en œuvre et notamment en matière d'appels d'offres, la Commission doit tenir compte de la nature spécifique du secteur nucléaire, à savoir, l'absence de concurrence et la nécessité de travailler avec des organismes publics.

Le retard de la mise en œuvre des projets reste important. La Commission vise à régler ce problème en clarifiant les règles et le type de contrat pour chaque domaine d'action et en adaptant les contrats à la complexité et spécificité de ce secteur. Les compétences pour la sûreté nucléaire au sein de la Commission ont été réorganisées afin d'améliorer l'efficacité et la Commission a proposé que, à partir de 2001, une ligne budgétaire unique soit créée pour l'assistance financière à la sûreté nucléaire dans les NEI.

Conclusions

Il est estimé que, depuis 1991, la Commission apporte une contribution importante à l'amélioration de la sûreté nucléaire dans ces pays. Toutefois, un long chemin reste à faire et la Commission doit veiller à ce que la sûreté nucléaire reste une haute priorité dans ces pays. Elle doit également continuer à contribuer à la mise en place d'un environnement économique et juridique afin d'assurer que le travail nécessaire pourra être fait.

Dernière modification le: 10.05.2007