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Document 52012DC0410
REPORT FROM THE COMMISSION TO THE EUROPEAN PARLIAMENT AND THE COUNCIL On Progress in Romania under the Cooperation and Verification Mechanism
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN ET AU CONSEIL sur les progrès en Roumanie dans le cadre du mécanismede coopération et de vérification
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN ET AU CONSEIL sur les progrès en Roumanie dans le cadre du mécanismede coopération et de vérification
/* COM/2012/0410 final */
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN ET AU CONSEIL sur les progrès en Roumanie dans le cadre du mécanismede coopération et de vérification /* COM/2012/0410 final */
RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU
CONSEIL
sur les progrès réalisés par la Roumanie au titre du mécanisme de coopération
et de vérification
I. Le mécanisme de coopération et de vérification:
soutien à la Roumanie en matière de réforme de la justice et de lutte contre la
corruption Dans le cadre des préparatifs d'adhésion de la Roumanie à
l'UE en 2007, il avait été convenu qu'il serait nécessaire de poursuivre les
efforts dans des domaines fondamentaux, afin de combler certaines lacunes en
matière de réforme du système judiciaire et de lutte contre la corruption. Un
cadre avait donc été créé pour soutenir la Roumanie et suivre les progrès
réalisés dans ces domaines: le mécanisme de coopération et de vérification
(MCV)[1].
Des objectifs de référence ont été définis dans quatre domaines: réforme
judiciaire, intégrité, lutte contre la corruption à haut niveau, prévention et
lutte contre la corruption dans le secteur public. Cette décision prévoyait
notamment l'établissement de rapports réguliers par la Commission et la
poursuite du mécanisme tant que les objectifs du MCV n'auront pas été remplis
et les quatre objectifs de référence atteints[2],
Cinq ans après l'adhésion, le moment est venu de voir
si les objectifs du MCV ont ou non été atteints. Le rapport technique
accompagnant cette évaluation résume les grands développements survenus ces
cinq dernières années. Le présent rapport dresse le bilan des réalisations à ce
jour et fait le point sur le chemin qu'il reste à parcourir. Il porte à la fois
sur la législation et les outils en place, sur les éléments du cadre juridique
qui doivent encore être parachevés et sur la question de savoir si
l'appropriation par le pays est suffisamment ancrée dans les mentalités pour
garder le cap des réformes. Ce faisant, la Commission considère le caractère
durable et irréversible du processus de réforme comment un élément capital de
son évaluation. Au cours de ces cinq ans, le pays a connu des périodes
d'avancées et de reculs, des moments où la coopération a bien fonctionné et
d'autres où le mécanisme a été l'objet de ressentiments et de résistances. Le
présent rapport reconnaît les progrès globaux réalisés depuis l'adhésion. Son adoption survient néanmoins alors que le respect de
l'État de droit et l'indépendance du système judiciaire en Roumanie soulèvent
d'importantes questions. Les progrès réalisés dans l'ensemble doivent être
évalués dans un contexte de large reconnaissance sociale de certains principes
fondamentaux, tels que l'État de droit et l'indépendance de la procédure
judiciaire, qui font partie des contre-pouvoirs permettant à une démocratie de
bien fonctionner. Un système judiciaire efficace et indépendant, de même que le
respect des institutions démocratiques sont indispensables pour instaurer la confiance
mutuelle au sein de l'Union européenne et pour gagner la confiance des citoyens
et des investisseurs. La Commission considère que les récentes mesures prises par
le gouvernement roumain suscitent de sérieuses inquiétudes quant au respect de
ces principes fondamentaux. Ces mesures sont survenues dans le cadre d'un
système politique polarisé à l'extrême, où la méfiance règne entre les
différentes fractions et où les accusations sont monnaie courante. Le contexte
politique seul ne saurait toutefois expliquer le caractère systématique de
plusieurs actions. Si certaines d'entre elles peuvent en partie être imputées à
cette polarisation politique, elles n'en ont pas moins soulevé des doutes
sérieux quant à la détermination à respecter l'État de droit ou la
compréhension de ce que signifie l'État de droit dans un système démocratique
pluraliste. La remise en question des décisions judiciaires par les
responsables politiques, la fragilisation de la Cour constitutionnelle, le
contournement de procédures établies et la suppression de contre-pouvoirs
importants ont soulevé des interrogations sur la détermination du gouvernement
à respecter l'État de droit et à garantir un contrôle juridictionnel
indépendant. La Commission s'émeut tout particulièrement des manipulations et
des pressions dont semblent être victimes les institutions et les membres de
l'appareil judiciaire et qui sont susceptibles d'avoir à terme de graves
incidences sur la société tout entière. Si le présent rapport s'intéresse aux
cinq années écoulées dans leur globalité, il est à noter que les controverses
actuelles menacent lourdement les progrès accomplis à ce jour et soulèvent des
questions quant au devenir des réformes lancées. C'est pourquoi le présent
rapport comporte des recommandations spécifiques pour faire face à la situation
actuelle et contribuer à restaurer le respect de principes qui sont les pierres
angulaires de la démocratie européenne. Les composantes de l'Union européenne sont aujourd'hui
fortement interdépendantes. L'État de droit fait partie des valeurs
fondamentales de l'UE et suscite un vif intérêt commun, à l'instar de l'intérêt[3]
que la population roumaine porte à ces questions. Un sondage Eurobaromètre a
montré que 93 % des Roumains considéraient que la corruption était un problème
grave pour leur pays, 91 % d'entre eux ayant une réponse similaire en ce
qui concerne les défaillances de leur système judiciaire. Le même sondage a
aussi montré que 76 % des Roumains étaient favorables au fait que l'UE
aide leur pays à résoudre ces problèmes[4]. Le MCV n'attend pas de la Roumanie qu'elle respecte des
normes plus élevées que ce qui se fait dans les autres États membres. Son but
est d'aider la Roumanie à établir des normes comparables à celles des autres
États membres, un objectif qui a les faveurs de 72 % des Roumains[5].
Pour tenter d'avoir une idée claire, dans ce contexte, des progrès réellement
accomplis par la Roumanie depuis l'adhésion, la situation dans d'autres États
membres est un point de repère important. La Commission a recours, dans le
présent rapport, à des points de référence et à des indicateurs de comparaison,
pour autant qu'ils soient disponibles[6].
Pour comparer les progrès réalisés par la Roumanie à la situation dans d'autres
États membres, la Commission a également fait appel à des experts de haut
niveau représentant des professions clefs s'occupant de ces questions[7].
Depuis 2007, le budget de l'UE a soutenu la lutte contre la
corruption et la réforme judiciaire en Roumanie par l'intermédiaire des Fonds
structurels, à hauteur de 12 millions d'EUR. Ont ainsi été financés des
projets dans les domaines de l'éducation, de la santé, des affaires régionales
et de la justice, ainsi que des projets réalisés en collaboration avec l'Agence
nationale pour l'intégrité. Un soutien supplémentaire a été apporté au moyen
des fonds de préadhésion. Dans le même temps, des États membres ont soutenu la
Roumanie dans le cadre de projets bilatéraux dans tous les domaines de la
réforme de la justice et en matière de lutte contre la corruption[8]. II. Analyse des progrès accomplis au titre du
MCV 2007-2012 L'évaluation globale, par la Commission, des progrès
réalisés par la Roumanie depuis son adhésion révèle qu'une grande partie des
éléments constitutifs requis sont désormais en place, bien que les événements
récents aient remis en question l'irréversibilité du processus de réforme. Le
MCV a contribué dans une large mesure au processus de transformation en cours
en Roumanie. En conséquence, la priorité consiste désormais à vérifier que la
mise en œuvre de ces éléments donne les résultats attendus et que le pays s'est
à ce point approprié les réformes qu'il est à même d'en assurer la poursuite,
même s'il doit pour cela faire face à des circonstances politiques difficiles. Depuis 2007, la Roumanie s'est employée et s'emploie encore
à mettre en place le cadre juridique de base requis dans tous les domaines
couverts par le MCV. Une fois menée à bien, l'introduction des nouveaux codes
devrait représenter une modernisation considérable du système judiciaire.
D'autres décisions politiques, telle la stratégie nationale de lutte contre la
corruption, ont également fourni un cadre solide. De nombreuses institutions
importantes contribuent également à la solidité de cette base, dont la
Direction nationale anticorruption (DNA) et l'Agence nationale pour l'intégrité
(ANI). Ce cadre a été mis en œuvre de diverses façons. Ainsi, les
résultats affichés par la DNA et l'ANI, les dispositions prises par la Haute
cour pour s'attaquer aux grandes affaires de corruption à haut niveau et le
fait que certaines instances gouvernementales combattent la corruption dans
leurs rangs sont autant d'indices que le pays va dans la bonne direction. Il
est heureux que les hautes instances judiciaires aient démontré leur
attachement à l'indépendance dans le contexte des événements récents.
Toutefois, la mise en œuvre de ce cadre de règles par le système judiciaire et
l'administration en général n'a pas encore satisfait aux objectifs fixés par le
MCV. Dans certains cas, cette mise en œuvre débute à peine, les réformes
n'ayant été introduites que récemment. Dans d'autres, la mise en œuvre s'est
heurtée à des difficultés, souvent liées à l'appropriation des réformes par les
autorités. On ne saurait considérer aujourd'hui que toutes les agences
gouvernementales œuvrent conjointement aux mêmes fins[9].
Les progrès en matière de lutte contre la corruption, de conflits d'intérêts et
de marchés publics continuent de rencontrer des obstacles. L'esprit
d'initiative qui a caractérisé le traitement des procès de corruption à haut
niveau par la Haute cour demande à être reproduit dans les autres degrés de
juridictions. Il convient aussi de noter que dans d'autres domaines
importants, les changements ont avant tout été la résultante d'une pression
extérieure. Le MCV a lui-même joué un rôle capital dans ce processus, rôle qui
lui est reconnu de fait par l'opinion publique roumaine[10].
Il a contribué à maintenir le cap des réformes en des temps de pression et à
favoriser des changements demandant un certain courage, dès lors qu'il
s'agissait de toucher à des intérêts particuliers. Le fait qu'une pression
extérieure soit nécessaire pour aller de l'avant amène toutefois à se poser des
questions sur le caractère durable et irréversible des réformes, surtout à la lumière
des événements actuels. Le processus de transformation dont les rapports du MCV ont
rendu compte n'a pas été uniforme. Des gouvernements et des parlements
différents ont donné des orientations différentes à ces questions. S'agissant
de questions politiques sensibles, il est normal que des débats et des
différences surviennent, dans une certaine mesure, dans le cadre du processus
politique. Certaines institutions sont rapidement devenues opérationnelles,
tandis que d'autres ont eu besoin de plus de temps pour monter en puissance.
L'évolution des attitudes dans l'administration et le système judiciaire est un
processus irrégulier, mais néanmoins progressif. Partant, appropriation et mise en œuvre sont les
maîtres-mots de la réalisation des objectifs de référence définis dans le MCV.
Ils sont le gage du caractère durable et irréversible du processus de réforme.
Ils se manifestent dans les actions réalisées, les résultats obtenus et les
décisions prises par les personnes à même d'influencer la direction et la
rapidité des changements. À cet égard, les nominations à venir d'un nouveau
procureur général et d'un premier procureur de la DNA seront de précieux
indicateurs de la viabilité des réformes. La Commission demande, en outre,
instamment au gouvernement roumain de prendre les mesures nécessaires pour
réparer les dommages occasionnés aux réformes ces dernières semaines. II.1 Réforme judiciaire 2007-2012 Objectif de référence
n° 1: garantir un processus judiciaire à la fois plus transparent et plus
efficace, notamment en renforçant les capacités et la responsabilisation du
Conseil supérieur de la magistrature. Rendre compte de l’incidence des nouveaux
codes de procédure civile et pénale et assurer le suivi de cet aspect Événements récents concernant l’indépendance du système
judiciaire et le respect de l’État de droit L'indépendance de la justice demeure une question importante
pour la Roumanie. Depuis l'adhésion, le système judiciaire a su s'affirmer peu
à peu son indépendance, en menant notamment à bien enquêtes, poursuites et
procès dans un nombre sans cesse croissant d'affaires de corruption à haut
niveau. Il en est résulté d'importantes avancées au niveau des poursuites et
aussi, depuis 2010, au niveau des juridictions, ainsi que décrit au
point II.2 du présent rapport. Une condamnation définitive dans une
affaire emblématique de corruption à haut niveau en juin et les actions menées
par la Haute cour de cassation et de justice, le Conseil supérieur de la
magistrature[11]
et la Cour constitutionnelle pour résister aux pressions politiques exercées
sur l'indépendance du système judiciaire et affirmer l'intégrité
professionnelle au lendemain de ce verdict ont marqué un changement de cap
radical dans cette direction. La Commission est toutefois préoccupée par les récentes
pressions exercées sur la Cour constitutionnelle par les membres du
gouvernement roumain et des responsables politiques de haut rang. Il s'agit là
d'interventions inacceptables à l'encontre d'une institution judiciaire
indépendante. Il importe que le gouvernement et tous les échelons politiques
respectent la séparation des pouvoirs. Il importe également qu'ils respectent
strictement l'indépendance du système judiciaire. La Commission s'inquiète tout particulièrement de la récente
limitation des pouvoirs de la Cour constitutionnelle en ce qui concerne les
décisions parlementaires. Les autorités roumaines doivent lui restituer
d'urgence ces pouvoirs, conformément à ce que prévoit la Constitution roumaine.
La Commission a été informée par un courrier du Premier ministre roumain daté
du 16 juillet qu'il sera donné suite à cette exigence. L'indépendance judiciaire et la séparation des pouvoirs sont
des piliers essentiels d'une société démocratique. Dans les mois qui viennent,
toutes les instances politiques roumaines devront prouver, par leurs actions,
qu'elles sont déterminées à respecter ces principes, de manière à restaurer la
confiance. La Commission suivra de près l'évolution de la situation dans ce
domaine. Principaux développements 2007-2012 Le cadre législatif du système judiciaire a été réformé afin
de réactualiser son système judiciaire et de l'orienter vers les priorités
actuelles. Quand tous les nouveaux codes seront entrés en vigueur, la Roumanie
aura réformé sa législation pénale et civile. Dans l'intervalle, la «petite loi
de réforme» a fait figure de législation pratique et pragmatique s'attaquant à
des lacunes réelles. D'autres lois ont mis en place des mesures importantes
visant à garantir une responsabilisation et une intégrité accrues du système
judiciaire. Celui-ci a évolué depuis 2007. De nombreux signes démontrent
que les juges et les procureurs ont acquis une confiance professionnelle
accrue. Pour l'essentiel, les professionnels souscrivent au concept de réforme
judiciaire et en reconnaissent les avantages. L'engagement des magistrats, des
associations professionnelles et de la société civile en faveur de la réforme
s'est considérablement accru ces dernières années. Il existe des exemples
concrets de bonne pratique professionnelle qui gagneraient à être suivis
ailleurs. La réunion de ces différentes mesures en vue d'en tirer
pleinement parti nécessitera des efforts supplémentaires de la part du système
judiciaire, de l'exécutif et de la classe politique. À ce jour, le progrès le
plus important a été d'ordre législatif. Alors que plusieurs actes juridiques
majeurs viennent seulement d'être adoptés ou ne sont pas encore entrés en
vigueur et que d'autres attendent encore d'être approuvés par le Parlement, une
stratégie résolue sera nécessaire si l'on veut que les réformes expriment tout
leur potentiel en termes de changements sur le terrain. L'incohérence de la
jurisprudence, les difficultés survenant dans l'application des lois et
l'inefficacité des procédures judiciaires restent des problèmes répandus[12].
La réponse du système judiciaire aux défis posés à l'intégrité et à la
responsabilisation n'a pas suffi à restaurer la confiance du public. Les outils existent à présent pour permettre aux hautes
instances judiciaires et à l'exécutif de consolider les réformes. Pour y
parvenir, il conviendra de déployer des efforts plus cohérents et de mettre
davantage l'accent sur la gestion du Conseil supérieur de la magistrature, tout
en créant un nouvel échelon de coopération entre l'exécutif et le judiciaire,
avec le soutien du Parlement et de la société civile. Il appartient au
gouvernement et aux responsables politiques de clairement montrer l'exemple:
toute pression exercée sur les tribunaux suscite de la méfiance entre les
branches du pouvoir. Si le Conseil supérieur de la magistrature peut assurer la
direction de la réforme et recevoir le soutien de l'exécutif pour mettre en
œuvre les changements, des bénéfices directs pourraient être observés assez
rapidement dans des domaines tels que l'organisation des juridictions et la
répartition de la charge de travail. Les résultats des deux projets en cours de
la Banque mondiale fourniront d'importants instruments et recommandations
politiques pour les prochaines étapes[13]. Le cadre législatif Depuis l'adhésion, la Roumanie a engagé un ambitieux
programme législatif. Celui-ci comprend notamment les nouveaux codes civil et
pénal, ainsi que les codes de procédure les accompagnant, dans le but explicite
de moderniser la procédure judiciaire. L'expérience internationale a été mise à
contribution pour soutenir ces efforts. L'adoption de ces codes, en 2009 et
2010, a consacré les efforts consentis par le gouvernement, le Parlement et le
système judiciaire, même si le processus de mise en œuvre a traîné en longueur.
Jusqu'ici, seul le nouveau code civil est entré en vigueur. Le nouveau code de
procédure civile entrera en vigueur à l'automne, tandis que le nouveau code
pénal et le nouveau code de procédure pénale devraient entrer en vigueur l'an
prochain, selon les dernières estimations. Bien que des doutes aient été émis
quant à la question de savoir si tout avait été mis en œuvre pour garantir la
bonne application des changements et si les préparatifs de mise en œuvre
devront être intensifiés, ces codes constituent une véritable tentative de
modernisation et pourraient, s'ils sont correctement appliqués, faire
considérablement progresser la procédure judiciaire en termes d'efficacité, de
transparence et de cohérence. Parallèlement, le Parlement a aussi adopté un certain nombre
d'autres mesures législatives importantes. Entrée en vigueur en 2010, la
«petite loi de réforme» a apporté des améliorations concrètes pour ce qui est
de la cohérence et de l'efficacité de la procédure judiciaire. La législation a
également été modifiée pour renforcer la responsabilisation de l’appareil
judiciaire et réformer les nominations à la Haute cour de cassation et de
justice. Toutes ces mesures sont autant de réponses aux interrogations du
public quant à l'objectivité des nominations à des postes de la magistrature et
des procédures disciplinaires en vigueur dans le système judiciaire: il faudra
une série d'exemples irréprochables pour gommer l'impression négative héritée
du passé. Cohérence de la procédure judiciaire La Haute cour de cassation et de justice assume la
responsabilité principale de l'unification de la jurisprudence. Un certain
nombre de mesures importantes ont été prises depuis 2007. La «petite loi de
réforme» a modifié la procédure relative aux recours déposés dans l'intérêt de
la procédure judiciaire, afin d'en renforcer l'efficacité. Les nouveaux codes
de procédure introduisent un mécanisme de renvoi préjudiciel, nouvel instrument
d'unification juridique, ainsi que des dispositions juridictionnelles
réformatrices destinées à faciliter l'unification[14].
La Haute cour a également été à l'origine de discussions structurées sur des
points de jurisprudence avec des cours d'appel et mis au point des lignes
directrices pour le prononcé dans certaines affaires de corruption. Le non-respect
des décisions rendues par la Haute cour dans le cadre des recours présentés
dans l'intérêt de la loi, ainsi que des décisions de la Cour constitutionnelle,
donne désormais lieu à des mesures disciplinaires[15]. Toutefois, ces mécanismes n'ont toujours pas réussi à gommer
l'incohérence, qui est l'un des grands points faibles du système judiciaire
roumain[16].
Une partie du problème semble tenir au fait que les membres de la magistrature
n'ont pas suffisamment conscience de l'importance de l'unification du droit, en
raison peut-être d'une interprétation extrême de la notion d'indépendance. Il
semble que le principe «même délit, même peine» et l'effet dissuasif qu'il peut
avoir sur les délits ne soit pas apprécié à sa juste valeur. Pas plus
d'ailleurs que son intérêt au regard de la responsabilisation et de l'intégrité
des magistrats. Cela peut sans doute aider à comprendre pourquoi l'analyse
montre que les juges n'utilisent pas correctement les mesures d'unification
juridique[17].
Toutefois, le Conseil supérieur de la magistrature et les présidents des
tribunaux n'ont toujours pas inscrit la cohérence de la jurisprudence parmi
leurs priorités. Même si des juges souhaitaient améliorer la cohérence, ils ne
disposent pas des outils nécessaires pour accéder à la jurisprudence des autres
juridictions. Une publication entièrement électronique des décisions de
justice, notamment de la Haute cour de cassation et de justice, fait toujours
défaut. Les cours d'appel publient certaines décisions, sans toutefois
appliquer des critères uniformes. La principale base de données judiciaires
(ECRIS) ne permet d'accéder qu'aux jurisprudences de la même circonscription de
cours d'appel et les juges ne peuvent comparer entre elles les différentes
jurisprudences du pays[18].
Un autre système, Jurindex, n'est pas mis à jour. Les experts recommandent de mettre davantage l'accent sur
les recours présentés dans l'intérêt de la loi et d'encourager les pratiques
cohérentes chez les juges en publiant l'intégralité des décisions de justice
motivées, en organisant régulièrement dans tous les tribunaux des discussions
sur des affaires et en faisant en sorte que les présidents des tribunaux et le
Conseil supérieur de la magistrature promeuvent activement la cohérence
juridique. Les hautes instances judiciaires pourraient également insister
davantage sur la cohérence juridique lors des nominations et promotions, donner
à l'inspection judiciaire un rôle à jouer dans l'analyse du degré d'incohérence
de la jurisprudence, étendre les lignes directrices pour le prononcé et faire
appel à l'Institut national de la magistrature pour faire de la cohérence un
thème majeur dans le cadre de la formation initiale et continue. De nouvelles réformes de la Haute cour de cassation et de
justice pourraient également contribuer à promouvoir la cohérence. Des progrès
importants ont été réalisés à cet égard par la «petite loi de réforme» et par
les nouveaux codes de procédure. Les réformes instaurées par les nouveaux codes
de procédure doivent être introduites de manière à garantir que la Haute cour
ne soit pas inondée de demandes abusives et que seules les affaires soulevant
d'importantes questions de droit soient admises. Cela nécessite un filtre
approprié pour les appels interjetés et les demandes de renvoi préjudiciel.
D'autres tâches pourraient également être transférées de la Haute cour vers
d'autres juridictions, telles que la compétence de juger des affaires en
première instance et le fait de statuer sur un certain nombre de questions
juridiques internes[19].
Cela permettrait à la Haute cour de se concentrer sur son rôle premier
d'unification du droit, ainsi qu'il en va dans la plupart des États membres de
l'UE. La Haute cour doit aussi disposer des locaux et du personnel nécessaires
à l'exercice de ses missions[20].
Organisation et efficacité du système judiciaire L'administration publique roumaine a été évaluée par la
Banque mondiale, qui l'a jugée la moins efficace de l'UE[21].
Le système judiciaire présente certaines faiblesses similaires. En dépit de
quelques améliorations, celui-ci se caractérise dans l'ensemble par le manque
de dynamisme dont il fait preuve pour s'attaquer aux problèmes ayant un impact
réel sur sa capacité à rendre la justice, et ce de manière rapide et cohérente.
Au nombre des problèmes rencontrés figurent des contraintes en matière de
capacités et des pressions liées à la charge de travail des juges et des
procureurs, qui résultent dans une large mesure de déséquilibres au niveau des
ressources et de fortes variations dans la charge de travail selon la situation
géographique et l'échelon juridictionnel. Le nombre élevé de postes vacants,
l'offre d'une formation à l'entrée en service et les lacunes dans la structure
et l'organisation interne des tribunaux et du ministère public sont d'autres
problèmes encore. Des efforts ont été consentis pour faire face à ces
problèmes. Ils ont consisté à organiser des concours de recrutement
périodiques, à rationaliser certaines procédures[22]
et à prendre des décisions pour renforcer la capacité de formation initiale au
sein de l'Institut national de la magistrature. En 2011, une petite mesure a
été prise en faveur de la rationalisation: la fermeture de neuf tribunaux
redondants, de trois tribunaux à l'activité insuffisante et des parquets
correspondants. L'incidence de ces mesures reste toutefois limitée. Les
indicateurs d'efficacité clefs, tels que la disparité de la charge de travail
et les taux de vacance d'emploi ne se sont pas améliorés depuis 2007[23].
Des pressions sur les ressources et un conflit entre l'exécutif et le judiciaire
en 2009 ont ralenti les réformes et entraîné de nombreux départs à la retraite
alors que la charge de travail ne cessait d'augmenter. Le système judiciaire ne dispose pas – faute de les avoir
développés - d'indicateurs de performance efficaces qui le renseigneraient sur
l'ensemble des besoins en ressources et l'allocation de ressources dans le
système judiciaire. La Roumanie a récemment admis ces faiblesses et il y sera
remédié par un projet financé par la Banque mondiale, qui préparera et pilotera
des indicateurs relatifs à l'argumentation et à la charge de travail d'ici
début 2013. La coopération entre le Conseil supérieur de la
magistrature, l'exécutif et les hautes instances du ministère public sur la
politique en matière de ressources humaines pour le système judiciaire n'a
cessé de se heurter à des difficultés[24].
La législation instituant la fonction d'administrateurs de tribunaux et
redéfinissant le rôle des greffiers est toujours en suspens, alors qu'elle
pourrait considérablement alléger la charge de travail des magistrats. Des
améliorations des capacités de l'Institut national de la magistrature et
l'introduction de critères de recrutement égaux pour les différentes catégories
de candidats n'ont été apportées que récemment, trop tard pour préparer
correctement la mise en œuvre des nouveaux codes. Un plan conjoint de mise en
œuvre des nouveaux codes n'a toujours pas été adopté[25]. On aurait pu s'attendre à ce que les pressions exercées sur
les finances publiques induisent des gains d'efficience, mais il n'en est rien
pour l'heure. En cause, l'absence de direction imprimée par le Conseil
supérieur de la magistrature en ce qui concerne la gestion du système
judiciaire et le désaccord existant entre le système judiciaire et le
gouvernement. Le Conseil supérieur de la magistrature a été incapable de mettre
sur pied une stratégie des ressources humaines permettant de changer les
structures et les systèmes et s'est obstiné en revanche à demander toujours
plus de personnel et de ressources. Le Parlement a aussi contribué à cette
inertie en dénaturant les propositions de restructuration du système pénal[26].
La nouvelle législation a été critiquée pour ne pas avoir tenu compte du risque
de provoquer un déferlement de nouvelles affaires devant les tribunaux. Pratique judiciaire La pratique judiciaire continue d'afficher de graves
lacunes, comme le montre l'évaluation de la pratique judiciaire des tribunaux
dans les affaires de corruption à haut niveau. Certaines de ces lacunes sont
structurelles: le système judiciaire roumain, de par sa structure même, est
sujet à des abus. Ainsi en est-il, notamment, des périodes de prescription, qui
ne sont ni clôturées ni suspendues lors de l'adoption d'un acte de mise en
accusation. Cette situation est souvent exacerbée par le manque de rigueur qui
caractérise le traitement des procédures judiciaires, la balance penchant le
plus souvent en faveur des prévenus[27].
Les experts estiment que ces faiblesses sont particulièrement importantes au
regard de ce qui se pratique dans d'autres États membres. Le système judiciaire
a également éprouvé des difficultés à faire aboutir des affaires financières
complexes. Cela vaut notamment pour les affaires de marchés publics, qui font
figure d'exception à la règle, à l'heure où le traitement des affaires de
corruption à haut niveau connaît une évolution positive (voir ci-après). Ces
affaires requièrent, de la part des procureurs et des juges, des compétences
particulières développées par la formation, la spécialisation et l'expertise
externe. De surcroît, bien qu'il soit prévu par la loi, le budget alloué aux
experts judiciaires est rarement disponible dans la pratique, ce qui a pour
conséquence que les prévenus paient souvent les expertises demandées par les
tribunaux, en plus de devoir payer leurs propres expertises[28].
Cela suscite des doutes quant à l'indépendance et à l'impartialité des experts
nommés par les tribunaux. On trouve un exemple de la différence que peuvent apporter
des responsables enclins à prendre des initiatives dans le changement
d'approche de la Haute cour de cassation et de justice depuis la nomination des
nouvelles hautes instances judiciaires, en 2010[29].
Elle est désormais à même de proposer de bonnes pratiques aux autres
juridictions dans des domaines tels que la gestion des cas, en tenant compte du
risque de prescription et en envoyant le message que la Cour ne cédera pas à
des tentatives fallacieuses de retardement de la procédure. Il conviendra de
maintenir et d'étendre ces acquis pour progresser dans la réforme judiciaire
globale. Obligation de rendre des comptes Fin 2011, la Roumanie a renforcé la base juridique en
matière de responsabilité judiciaire. Le Parlement a voté des amendements
instituant de nouvelles fautes disciplinaires et renforçant les sanctions
existantes. Ils ont étendu le rôle du ministre de la justice et du procureur
général au cours de la procédure disciplinaire et accru l'indépendance de
l'inspection judiciaire[30].
Il est désormais loisible à cette dernière de centrer son action sur des
enquêtes disciplinaires mieux ciblées, plus rapides et plus proactives, et de
disposer d'une voix consultative plus forte en ce qui concerne les lacunes dans
l'organisation, les procédures et la pratique judiciaires. Le Conseil supérieur
de la magistrature devrait exploiter davantage ce potentiel en demandant à
l'inspection d'entreprendre un suivi systématique des aspects essentiels de la
pratique judiciaire, de l'unification du droit et de l'adoption, par les
présidents des tribunaux, de bonnes pratiques en matière de gestion[31].
Il importera également d'appliquer les nouveaux droits dans le plein respect de
l'indépendance des magistrats, afin de dissiper les inquiétudes du système
judiciaire quant à d'éventuels abus découlant de la nouvelle loi. La loi aura d'autant plus d'effets qu'elle sera perçue comme
le moyen d'appliquer des sanctions claires, cohérentes et dissuasives. La
réputation du système judiciaire et la reconnaissance de l'aptitude du Conseil
supérieur de la magistrature à y mettre de l'ordre ont été mises à mal par la
réponse apportée par les hautes instances judiciaires à toute une série de
malversations judiciaires, qui est apparue insuffisante et timorée[32].
Dans de nombreux États membres, on attend des personnes qui occupent des postes
à responsabilité dans l'administration publique qu'elles consentent à se
démettre de leurs fonctions au besoin, afin de préserver la réputation du
service public concerné. Le fait que des juges fortement critiqués par le grand
public aient continué à siéger dans les juridictions alors qu'ils faisaient
l'objet d'enquêtes a nui à la réputation des tribunaux. Des règles claires
gagneraient à être établies, comme la suspension immédiate des magistrats
faisant l'objet d'une enquête pour délits graves, tels que la corruption à haut
niveau, de manière à protéger les magistrats et le système judiciaire dans son
ensemble[33].
Cette mesure pourrait figurer dans la stratégie du Conseil supérieur de la
magistrature visant à améliorer l'intégrité du système judiciaire. La Roumanie a également amélioré fin 2011 les procédures de
nomination à la Haute cour de cassation et de justice en adoptant des
procédures plus transparentes et objectives permettant d'évaluer le mérite des
candidats de manière plus globale, plus objective et en toute indépendance. Il
s'agit là d'une mesure importante pour l'amélioration du respect, par la Haute
cour de cassation et de justice, de l'obligation de rendre des comptes. II.2 Lutte contre la corruption
2007-2012 Objectif de référence
n° 2: constituer, comme prévu, une agence pour l'intégrité compétente en
matière de vérification de patrimoine, d'incompatibilités et de conflits
d'intérêts potentiels et dotée de la capacité d'arrêter des décisions
impératives pouvant donner lieu à la prise de sanctions dissuasives Objectif de référence
n° 3: continuer, en se basant sur les progrès déjà accomplis, à mener des
enquêtes professionnelles et non partisanes sur les allégations de corruption à
haut niveau Objectif de référence
n° 4: prendre des mesures supplémentaires pour prévenir et combattre la
corruption, en particulier au sein de l’administration locale La lutte contre la corruption et la promotion de l'intégrité
sont des tâches exigeantes supposant l'engagement de l’ensemble des autorités
publiques. Elles doivent suivre une approche descendante, de manière à être
diffusées à l'ensemble de la société. La capacité du système judiciaire roumain
et de l'administration roumaine à appliquer l'État de droit constitue un
préalable important. Depuis l'adhésion, la Roumanie a réalisé des progrès
importants sur le plan des poursuites et des procès dans les affaires de
corruption à haut niveau. La Direction nationale anticorruption (DNA) s'est
révélée être un procureur énergique et impartial dans ces affaires. Le pays a
également été capable de mettre au point un système pour détecter et
sanctionner les conflits d'intérêt, les incompatibilités et les avoirs
injustifiés. L'Agence nationale pour l'intégrité (ANI) est une institution
déterminée à mener à bien son mandat. En adoptant récemment des mesures visant
à accélérer les procès pour corruption à haut niveau à la Haute cour, la
Roumanie a commencé à résoudre l'un des grands problèmes limitant l'effet
dissuasif de la lutte contre la corruption. Une législation plus forte visant à
promouvoir l'intégrité au sein même de l'appareil judiciaire et une loi
introduisant la confiscation élargie des avoirs d’origine criminelle ont été
adoptées. La nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption met
l'accent sur l'adoption de bonnes pratiques dans la lutte contre la corruption:
il reste désormais à la mettre en œuvre telle qu'elle a été conçue et à lui
donner suffisamment de temps pour faire la preuve de son efficacité. La
réalisation des objectifs du MCV est jalonnée de mesures importantes. Eu égard
aux événements actuels, toutefois, le maintien des progrès réalisés et du
rythme auquel ils l'ont été et la garantie d'une stabilité institutionnelle
sont les principaux gages de viabilité. Ces mesures ont été prises alors même que la grande majorité
des Roumains considéraient la corruption comme un problème fondamental[34].
Elles n'ont pas encore convaincu les Roumains que la situation s'améliorait, la
plupart d'entre eux considérant au contraire qu'elle se détériorait[35].
Les doutes du public ne seront levés que lorsque des condamnations objectives
et définitives seront prononcées dans les procès de corruption à haut niveau
les plus importants et que les bonnes pratiques seront considérées comme la
norme dans le déroulement des procès. Trop peu d'affaires de conflit d'intérêts
donnent lieu à des poursuites, notamment en matière de marchés publics, et même
en ce cas, les sanctions ne sont pas dissuasives en droit. La confiscation
d'avoirs injustifiés est encore trop rare pour être satisfaisante. La conversion
de la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption en un outil
visant à rationaliser cette lutte dans l'ensemble des institutions sera un
important test de vérification de la mise en œuvre. En dépit de belles avancées, l'autorité de ces institutions
de lutte contre la corruption est de surcroît remise en cause. La base
juridique des travaux de la Direction nationale anticorruption (DNA), du
ministère public et de l'Agence nationale pour l'intégrité (ANI) n'a cessé
d'être contestée depuis 2007, sans que des solutions aient toujours été
apportées. Les nominations à venir aux postes de procureur général, de premier
procureur de la DNA et d'autres nominations importantes au sein du ministère
public sont l'occasion de montrer que les hautes instances politiques et
judiciaires soutiennent pleinement des poursuites pour corruption à la fois
solides et indépendantes. Il convient pour ce faire que le processus de
nomination au sein du cadre juridique existant soit à la fois transparent et
objectif et fasse jouer la libre concurrence en utilisant des critères clairs
et en recherchant une direction la plus forte possible, tout en ayant soin
d'assurer la continuité du fonctionnement de ces institutions. L'efficacité
démontrée dans le traitement d'un certain nombre d'affaires de corruption à
haut niveau ayant atteint le stade final dans les tribunaux sera un bon test de
la capacité du système judiciaire roumain à continuer d'affirmer son
indépendance et d'appliquer l'État de droit. Corruption à haut niveau Les résultats obtenus par la Direction nationale
anticorruption (DNA) en matière d'enquêtes et de poursuites relatives à des
affaires de corruption à haut niveau peuvent être considérés comme faisant
partie des avancées les plus significatives réalisées en Roumanie depuis son
adhésion. La DNA a été en mesure de prononcer un nombre sans cesse croissant de
condamnations, d'année en année, les enquêtes étant menées avec diligence et de
manière proactive. Depuis 2007, la DNA a mis au jour des affaires dans les
sphères les plus élevées de la scène politique et du système judiciaire,
mettant en cause des personnes issues de toutes les grandes formations
politiques[36].
L'efficacité de la DNA a entraîné une forte augmentation des
décisions de justice et des condamnations dans des affaires de corruption à
haut niveau, en particulier depuis 2010[37].
Toutefois, l'efficacité des procédures judiciaires et la cohérence et le
caractère dissuasif des arrêts rendus par les tribunaux dans les affaires de
corruption à haut niveau n'ont pas été à la hauteur des progrès accomplis au
niveau du ministère public. Depuis 2007, les affaires de corruption à haut
niveau ont souffert d'importants retards dans les tribunaux. Des lacunes dans
la législation et des capacités insuffisantes en seraient partiellement à
l'origine. Les lacunes dans la pratique judiciaire énumérées dans la section
précédente du présent rapport ont été particulièrement évidentes dans les
affaires de corruption à haut niveau, les juges faisant preuve d'une trop grande
bienveillance à l'égard des tentatives des prévenus de faire traîner en
longueur les procédures judiciaires, voire de les faire échouer, notamment
lorsqu'elles se rapprochaient du délai de prescription[38]. Certaines causes de retard ont été supprimées. La «petite
loi de réforme» et les modifications apportées à la loi sur la Cour
constitutionnelle ont introduit d'importants changements destinés à accélérer
les procès en éliminant les effets suspensifs des exceptions
d'inconstitutionnalité et d'illégalité soulevées par les prévenus. Une décision
interprétative de la Haute cour a également «arrêté le chronomètre» pour les
périodes durant lesquelles un procès était précédemment suspendu dans l'attente
d'un jugement relatif à une exception d'inconstitutionnalité[39].
Néanmoins, un certain nombre d'affaires de corruption à haut
niveau ont été perdues en tout ou en partie à cause du délai de prescription
début 2011[40].
À la mi-2011, il est devenu évident qu'un certain nombre d'affaires importantes
de corruption à haut niveau, qui avaient été retardées des années durant pour
diverses raisons, allaient vraisemblablement arriver à prescription.
Conformément aux recommandations[41]
de la Commission, les nouveaux responsables de la Haute cour de cassation et de
justice ont encouragé le recours aux bonnes pratiques par une gestion plus
efficace et plus rigoureuse des procès. Ces mesures ont donné lieu à un certain
nombre de décisions en première instance dans des affaires importantes à partir
de fin 2011, ainsi qu'aux premières condamnations pour corruption avec peine
d'emprisonnement prononcées contre un ancien Premier ministre, un ancien
ministre et un membre actuel du Parlement[42].
Une autre inquiétude apparaissant dans les rapports de la
Commission concernait la cohérence et le caractère dissuasif des arrêts rendus
dans les affaires de corruption à haut niveau[43].
Une étude conjointe du système judiciaire et du ministère de la justice en a
pris acte en 2009 et adopté des mesures correctives ayant donné lieu à quelques
améliorations. Faute de réaction de la part des hautes instances judiciaires,
un groupe de juges de la cour d'appel de Bucarest a élaboré des lignes
directrices pour le prononcé destinées à renforcer la cohérence face aux délits
de corruption en 2010. Ces lignes directrices ont plus tard inspiré les
nouveaux responsables de la Haute cour de cassation et de justice, qui ont à
leur tour élaboré et adopté de nouvelles lignes directrices pour le prononcé
concernant certains délits de corruption en 2011. Ces exemples montrent bien que le système judiciaire roumain
peut réagir de manière pragmatique à des lacunes objectives. Dès lors qu'elles
seront appliquées et étendues à d'autres délits, ces lignes directrices pour le
prononcé seront le gage d'une plus grande cohérence et d'une meilleure
prévisibilité dans les jugements rendus dans les affaires de corruption à haut
niveau. Les mesures prises par la Haute cour relatives à la gestion des
affaires et à la pratique judiciaire sont une reconnaissance importante de la
responsabilité qui incombe aux tribunaux de veiller à ce que la justice soit
rendue. Ces mesures, pour autant qu'elles soient suivies d'effets, peuvent
conduire à une série de décisions définitives dans les affaires concernant de
hauts responsables politiques dans le courant de l'année. La première de ces
décisions, rendue le mois dernier - une décision définitive concernant un
procès impliquant un ancien Premier ministre -, a fait la preuve que la Haute
cour commençait à rendre des décisions même à l'encontre de prévenus de très
haut rang exerçant une influence politique. Toutefois, le recours aux bonnes pratiques dans ces affaires
n'est pas rationalisé de manière active et rien ne laisse penser qu'il sera
suivi dans d'autres juridictions. En dépit d'améliorations visibles au sein de
la Haute cour, de nombreuses autres affaires de corruption à haut niveau
concernant des dignitaires locaux, tels que des préfets, des présidents de
conseils généraux ou des maires, traitées dans d'autres tribunaux, continuent
de faire l'objet de retards et d'interruptions au bien-fondé douteux. Il
convient de noter que les progrès constatés dans le traitement, par les
tribunaux, des affaires de corruption et de fraude dans les marchés publics
sont particulièrement lents. Des efforts devront être consentis pour connaître
les raisons de ces importants retards et permettre aux juges d'accéder plus
facilement aux compétences techniques et connaissances spécifiques nécessaires[44].
La plupart des peines dans les affaires de corruption à haut niveau restent
assorties d'un sursis. Très peu de condamnations définitives à des peines
d'emprisonnement ont jusqu'ici été prononcées dans les affaires importantes
mettant en cause de hauts responsables politiques[45].
Cela a des répercussions négatives sur le caractère dissuasif du système. Pour que la lutte contre la corruption à haut niveau soit
efficace, il importe que l'action de la justice soit respectée et que les
enquêtes menées par le système judiciaire bénéficient du plein soutien de la
classe politique. L'adoption, en 2011, d'un code déontologique par le parti
alors au pouvoir peut être considérée comme une grande avancée. En vertu de ce
code, le même parti a exclu un maire influent qui avait été condamné pour
corruption à haut niveau[46].
En vertu de la Constitution roumaine, telle qu'interprétée
par la jurisprudence de la Cour constitutionnelle, l'approbation du Parlement
est requise pour autoriser l'arrestation ou la recherche de parlementaires.
Elle est également requise pour autoriser l'ouverture d'enquêtes pénales à
l'encontre de parlementaires qui sont d'anciens ministres ou des ministres en
exercice. Le refus du Parlement d'autoriser l'ouverture d'enquêtes pénales en
pareils cas génère une immunité de fait à l'égard des enquêtes pénales, ce qui a
pour effet d'entraver l'exercice de la justice. Depuis 2007, un certain nombre
de parlementaires, dont un ancien Premier ministre, ont ainsi été dispensés
d'enquête pénale par le refus du Parlement d'autoriser l'ouverture de telles
enquêtes à leur encontre[47].
Le fait que le Parlement ne motive pas ses refus d'autoriser l'ouverture
d'enquêtes pénales rend difficile l'établissement de l'objectivité des
décisions[48].
En outre, le fait que des parlementaires puissent continuer à siéger tout en
étant condamnés pour des infractions graves de type corruption entache la
réputation du Parlement. Dans nombre de systèmes parlementaires, il est de
pratique courante de suspendre les parlementaires mis en accusation dans de
telles affaires et de les exclure dès lors qu'ils sont condamnés[49].
Le nouveau gouvernement a envoyé des signaux contradictoires
lors de sa récente constitution. La désignation et, en définitive, la
nomination de ministres ayant fait l'objet d'une décision de justice définitive
ou sous le coup d'une procédure judiciaire en cours a donné lieu à des
controverses bien compréhensibles et indiqué une réticence à admettre et
comprendre que l'État de droit est un principe fondamental[50].
Cela démontre qu'il reste du chemin à parcourir pour ce qui est de la fixation de
normes élevées pour les postes à haute responsabilité. Intégrité Lors de son adhésion, la Roumanie a accepté de mettre en
place un cadre juridique et institutionnel pour prévenir et sanctionner la
corruption en s'attaquant aux incompatibilités, aux conflits d'intérêts et à
l'enrichissement injustifié. L'Agence nationale pour l'intégrité (ANI) vérifie
les situations de conflit d'intérêts et d'incompatibilité et recense les cas
potentiels d'enrichissement injustifié parmi les fonctionnaires de l'État et les
responsables politiques élus. Ses conclusions ou ses saisines peuvent faire
l'objet d'un recours ou être confirmées par des juridictions ou encore être
suivies par d'autres instances judiciaires ou administratives. Créée en 2007, l'ANI est rapidement devenue opérationnelle
et a mis en place une méthode efficace en matière d'administration et
d'enquête. Elle a largement contribué à une plus grande transparence en
instituant l'accès public, centralisé et électronique à toutes les déclarations
de patrimoine et d'intérêts. Grâce au double soutien du budget national et des
fonds de l'UE, elle a mis au point un système informatique de gestion des
affaires et des accords de coopération avec toutes sortes d'autorités
administratives et judiciaires. L'ANI est désormais un rouage essentiel du
cadre institutionnel de lutte contre la corruption, qui affiche des résultats
significatifs[51].
Toutefois, les progrès de l'ANI ont été entravés par un
certain nombre de difficultés. En 2010, son fondement juridique a été déclaré
inconstitutionnel, ce qui a eu pour effet de semer le doute sur sa compétence
essentielle, à savoir la possibilité d'obtenir la confiscation d'avoirs
injustifiés[52].
Le débat sur la manière de modifier la base juridique de l'ANI a révélé combien
la volonté politique de défendre l'intégrité et de respecter les engagements
contractés lors de l'adhésion était ténue. Les représentants au Parlement de
tous les grands partis politiques ont soulevé à nouveau la question de
l'existence de l'ANI. Le Parlement n'est pas davantage parvenu à mettre en
œuvre les décisions relatives à l'incompatibilité et au conflit d'intérêts[53]. Avec une base juridique ainsi affaiblie, il est encore plus
difficile pour l'ANI d'obtenir des résultats. Sa constitutionnalité reste
contestée, bien que deux plaintes en ce sens aient été rejetées par la
Cour constitutionnelle en juin[54].
Les nouvelles commissions d'enquête sur le patrimoine, créées à un stade
intermédiaire entre l'ANI et les tribunaux pour les affaires dans lesquelles
l'ANI suggère la confiscation d'avoirs injustifiés, semblent avoir eu pour
effet de compliquer les poursuites pour avoirs injustifiés. Ces commissions ont
ajouté un niveau de juridiction supplémentaire, tout en offrant moins de
transparence et de droits aux parties. En dépit d'efforts visant à réunir les
différents intervenants lors de séminaires, les procédures utilisées n'ont pas
été totalement uniformisées et des défaillances sont apparues lors de
l'utilisation des éléments de preuve. À ce jour, aucune affaire traitée par les
commissions d'enquête sur le patrimoine depuis leur rétablissement en 2010 n'a
fait l'objet d'un règlement définitif par une juridiction. Le cadre juridique
complique encore les tentatives de résolution des conflits d'intérêts
administratifs. Il importe d'abord d'élaborer des processus juridiques
distincts pour trancher les recours introduits contre les conclusions de l'ANI
relatives à des conflits d'intérêts et, ultérieurement, pour annuler des actes
juridiques tels que les contrats de marchés publics conclus dans une situation
de conflit d'intérêts[55]. L'efficacité du système roumain d'intégrité pâtit aussi de
la lenteur des procédures judiciaires, de l'incohérence de la jurisprudence et
d'un manque de coopération entre les autres autorités administratives, le
système judiciaire et l'ANI. Les procédures judiciaires relatives aux affaires
relevant des trois attributions de l'ANI ont été particulièrement lentes. Au
total, les tribunaux n'ont confirmé à ce jour que quatre affaires d'avoirs
injustifiés, toutes antérieures à la nouvelle loi (l'une d'elles remontant à
2005). De simples affaires d'incompatibilité peuvent prendre plusieurs années
avant d'être finalement tranchées par des juridictions. Il en est résulté des
affaires dans lesquelles aucune sanction ne pouvait être appliquée, car les
mandats avaient déjà expiré. L'incohérence de la jurisprudence s'est aussi
avérée problématique dans les affaires retenues par l'ANI, sans qu'aucune
mesure corrective rapide n'ait encore été prise par le système judiciaire[56].
Bien que l'ANI ait signé des accords de coopération avec un certain nombre
d'autres organes administratifs et avec le ministère public, cette coopération
n'a pas eu de résultats tangibles à ce jour, à l'exception d'une coopération
constructive avec la DNA. Très peu d'informations ont été envoyées à l'ANI par
d'autres institutions et le suivi donné par d'autres institutions aux saisines
de l'ANI a fait défaut, ce qui n'a donné lieu qu'à une mise en accusation et à
une demande d'impôt supplémentaire[57]. L'ANI ne s'en est pas moins montrée de plus en plus capable
de cibler les affaires importantes et complexes depuis 2010. Un examen
analytique visant à recenser les conflits d'intérêts parmi les conseillers
locaux a permis de mettre au jour un nombre élevé d'affaires potentielles. Il
sera instructif d'observer dans quelle mesure le ministère public et les
tribunaux donneront suite à ces affaires[58].
Un exercice similaire a été lancé avec les autorités gérant les fonds de l'UE.
Ces évolutions sont les bienvenues. À l'avenir, les enquêtes de l'ANI devraient
être encore plus ciblées, grâce à des analyses de risques, et mettre l'accent
sur les domaines vulnérables, ce qui pourrait avoir des répercussions sur les
effectifs de l'ANI, amenés dès lors à s'étoffer[59]. En dépit des failles du suivi judiciaire, un grand nombre de
conclusions d'incompatibilité sont devenues définitives et ont conduit à des
démissions et à des sanctions disciplinaires[60].
Les résultats sont plus décevants en ce qui concerne le suivi réservé aux
affaires de l'ANI relatives à la confiscation d'avoirs injustifiés et à des
conflits d'intérêts. Les améliorations apportées à la base juridique de l'ANI
peuvent contribuer à résoudre ce problème[61],
mais il importe surtout que le système politique, judiciaire et administratif
dans son ensemble voie en l'ANI un atout sur lequel miser. Le traitement des
affaires de l'ANI par les tribunaux et la coopération entre les institutions
doivent s'améliorer si l'Agence entend changer radicalement les mentalités à l'égard
de l'intégrité. Prévention et répression de la corruption généralisée au
sein du secteur public Pour faire reculer durablement la corruption, il convient
d’infliger des sanctions dès que de tels faits sont décelés, mais également,
avant tout, de limiter les possibilités de commettre semblables actes. La mise
en place de mesures de prévention visant à limiter les opportunités et les
risques de corruption, telles que des procédures transparentes et un processus
décisionnel prévisible de la part des institutions publiques, est, à cette fin,
essentielle. L’orientation globale de l'action en la matière s’inscrit
dans le cadre d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption. Les cinq
dernières années offrent à cet égard un tableau contrasté. La stratégie
2008-2010 n’a pas débouché sur les résultats escomptés. Une nouvelle stratégie
globale a toutefois été adoptée en mars dernier, et la décision du nouveau
gouvernement de procéder à sa réadoption sans lui apporter de modifications,
avec l’aval du Parlement, laisse penser qu’elle bénéficie d'un soutien
politique général. Cette nouvelle stratégie reprend de nombreuses
recommandations formulées dans une analyse d’impact figurant dans les deux
stratégies précédentes et constitue une bonne base pour la coordination et la
définition de l’orientation des actions des différentes instances étatiques.
Elle permet également de suivre les avancées réalisées à l’aide d’une série
d’indicateurs. L’aval du Parlement a souligné utilement que toutes les parties
influentes de la société ont un rôle à jouer dans le succès de cette stratégie. Le suivi est largement fonction de l’action menée par les
différentes composantes du gouvernement. La Direction générale anticorruption
du ministère de l'administration et de l'intérieur (DGA), qui est une instance
spécialisée, pourvue d’effectifs suffisants, chargée de la prévention de la
corruption et de l’instruction des faits de corruption, a bien progressé dans
la lutte contre la corruption au sein de la police roumaine et d’autres
structures du ministère dont elle dépend. La DGA est, à ce jour, le seul
département à procéder à une analyse circonstanciée des risques de corruption.
Elle a signalé un nombre élevé de cas de corruption au ministère public[62].
Pour tirer parti de ces avancées et exploiter tout son potentiel, la DGA
devrait à présent étendre ses bons résultats à d’autres cas de corruption
graves et complexes, y compris dans le domaine des marchés publics et des liens
de corruption entre la police et la criminalité organisée. Les autres secteurs de l'activité gouvernementale n'ont pas
enregistré de résultats comparables. Des secteurs tels que l’administration
fiscale, l’enseignement, la santé et les investissements dans les
infrastructures sont particulièrement touchés par la corruption; les risques
auxquels ils sont soumis en la matière commencent à peine à être étudiés, et
quelques mesures seulement ont été prises dans les secteurs d’activités qui
sont les plus exposés à la corruption et les plus sensibles sur le plan budgétaire[63].
Le secteur éducatif a piloté quelques mesures de prévention utiles, y compris
des mesures proposées par le Centre national pour l'intégrité, parmi lesquelles
la mise en place d’un système de vidéosurveillance lors des épreuves du
baccalauréat. Il procède actuellement à l’élaboration d’une stratégie
sectorielle dans le cadre d’un projet de lutte contre la corruption financé par
l’UE. Les investissements dans les infrastructures scolaires, de même que le
système d’examens scolaires et la délivrance des diplômes universitaires, sont
également très exposés à la corruption. Des mesures commencent à être prises
dans le secteur de la santé, dans le cadre d’un autre projet important financé
par l’UE[64].
Quelques actions pilotes utiles ont été entreprises dans des domaines sensibles
à la corruption ayant un impact important sur le budget de l'État, actions qui
nécessitent toutefois une approche systématique. Quelques actions ont été
menées dans des secteurs tels que la fiscalité et les douanes, même si les risques
spécifiques à ces secteurs justifieraient la mise en place d’unités de
prévention robustes dotées d’un mandat proactif[65].
Les autorités de contrôle administratif ont un rôle important à jouer mais, en
règle générale, elles ne procèdent pas encore à l’évaluation des risques de
corruption dans les domaines sensibles et ne collaborent pas avec les autorités
judiciaires ni avec l’ANI. Les experts invoquent, parmi les causes
sous-jacentes importantes de cette inaction, une indépendance insuffisante et
une influence du monde politique[66].
Le nombre limité de faits de corruption signalés par les
autorités administratives a également eu une incidence sur le nombre de cas
poursuivis par le ministère public et les tribunaux. Une exception a cependant
pu être constatée au sein de la police, où la DGA a relevé de très nombreux
cas. Le procureur général a chargé les parquets locaux d’élaborer des
stratégies de lutte contre la corruption à l'échelon local, a publié des
orientations concernant l'instruction des affaires de corruption et a mis sur
pied un réseau de procureurs spécialisés. Ces mesures ont débouché sur une
hausse du nombre de faits de corruption poursuivis par le ministère public[67]. La nouvelle stratégie anticorruption mise en place à
l’échelon national offre l’occasion d’amorcer un changement radical dans
l'engagement de l'ensemble des agences gouvernementales à mettre en œuvre des
politiques proactives rendant la corruption plus ardue et à identifier les
problèmes dès qu’ils se présentent. Les bonnes pratiques en la matière, telles
que celles du ministère de l'administration et de l'intérieur, pourraient être
étendues à l’ensemble des secteurs à haut risque et à fort impact budgétaire.
La création d’une ligne téléphonique indépendante permettant de signaler des
délits de corruption au sein du service public contribuerait également à
encourager le signalement de tels faits. Mais les mesures de lutte contre la
corruption doivent avant tout gagner la confiance du grand public. Il convient
à cet effet de mettre en place un cercle vertueux lui permettant de constater
que des résultats concrets sont obtenus dans les cas qui le justifient. Médiateur Le médiateur joue un rôle important dans la lutte contre la
corruption en Roumanie. Le médiateur est habilité à enquêter sur les actes
illégaux supposés de l’administration. Il s’agit d’un organe indépendant, qui
peut agir sur la base d’un recours introduit par n’importe quelle personne ou
de sa propre initiative. Le médiateur est également habilité, en vertu de
l’article 26, paragraphe 2, de la loi 35/1997, à porter à la
connaissance du Parlement et du Premier ministre les «cas graves de corruption»
décelés au cours de ses enquêtes. Le rôle du médiateur est important pour le
fonctionnement du MCV, notamment en ce qui concerne le quatrième objectif de
référence relatif à la prévention et à la lutte contre la corruption. Le
médiateur est également la seule institution habilitée à contester directement
les ordonnances du gouvernement devant la Cour constitutionnelle. La Commission note que le Parlement a mis fin prématurément
au mandat du médiateur le 3 juillet 2012. Les autorités roumaines doivent
assurer l’indépendance du médiateur et désigner un médiateur jouissant du
soutien de tous les partis, capable d’exercer efficacement et en toute
indépendance ses fonctions légales. Recouvrement des produits du crime L’expérience montre que la répression de la corruption se
résume souvent à recouvrer les produits du crime. Le recouvrement de ces
produits et la lutte contre le blanchiment de capitaux constituent par
conséquent des aspects essentiels de la stratégie anticorruption. La Roumanie a
mis sur pied en 2011 un bureau de recouvrement des actifs[68]
et adopté en 2012 une nouvelle législation en matière de confiscation élargie.
Depuis 2010, le ministère public et la police appliquent une procédure
normalisée aux fins de recouvrement des produits du crime, sous l'autorité
conjointe du procureur général et du ministre de l'intérieur. Une formation a
été rendue obligatoire dans ce domaine, et un réseau de procureurs spécialisés
a été mis sur pied. Cette action doit encore cependant porter ses fruits. La
confiscation élargie demeure un concept nouveau pour la police, le ministère
public et les juges. Des notions telles que la confiscation des avoirs de tiers
semblent volontiers contestées devant les tribunaux[69].
En dépit d’une jurisprudence positive, le blanchiment des capitaux n’est
toujours pas poursuivi en tant que délit distinct[70].
Une évaluation réalisée par des experts donne à penser que le niveau des
confiscations est plus faible que prévu[71].
En outre, le manque d'informations statistiques complètes en la matière rend le
suivi des avancées réalisées difficile pour les autorités. Marchés publics Les lacunes en matière d'application de la législation
relative aux marchés publics constituent une source importante de corruption et
d'utilisation abusive des fonds publics. Elles ont également une incidence
négative sur l’utilisation efficace des fonds de l’UE et diminuent la qualité
de la fourniture de biens publics. Les audits et évaluations réalisés par
divers services de la Commission ont, à plusieurs reprises, révélé des risques
systémiques et des dysfonctionnements dans ce domaine, qui ont parfois conduit
à la suspension des versements des fonds de l’UE, ainsi que le confirment des
plaintes directement adressées à la Commission. Depuis son adhésion, la Roumanie a mis en place un vaste
cadre institutionnel et juridique pour mettre en œuvre la législation de l’UE
en la matière. Toutefois, plusieurs faiblesses récurrentes n’ont pas reçu de
réponse suffisante. Des modifications fréquentes apportées au cadre juridique[72],
un dispositif institutionnel d’une capacité insuffisante et l’absence
d'instruments clés permettant d’exercer des contrôles efficaces, tels qu'un
registre exhaustif des marchés publics, sont une source d’incohérences. La
protection des marchés publics contre les conflits d’intérêts est qualifiée de
faiblesse spécifique dans des audits de la Commission, de même que par l’Agence
nationale pour l'intégrité[73].
La Roumanie s’est engagée à mettre en œuvre, au moyen d’un plan d’action
global, les conclusions d’une évaluation globale des marchés publics effectuée
par la Commission en 2011. Une action déterminante sera nécessaire pour
remédier aux dysfonctionnements recensés. III. Prochaines étapes L’évaluation effectuée par la Commission révèle les progrès
réalisés par la Roumanie au cours des cinq années qui ont suivi son adhésion à
l'UE. Ces avancées illustrent le rôle positif joué par le MCV. La Commission
considère qu’à l’avenir, la Roumanie pourrait atteindre les objectifs fixés par
ce mécanisme à condition de prendre rapidement des mesures pour garantir l’État
de droit, de maintenir le cap et de renforcer la mise en œuvre des réformes. Toutefois, comme indiqué dans l’introduction, les événements
récents mettent au jour des carences sérieuses en ce qui concerne le caractère
irréversible et durable des réformes. La Roumanie doit assurer le respect de
l'État de droit, et notamment garantir un contrôle juridictionnel indépendant.
Les partenaires de l’UE ne pourront accorder à nouveau leur confiance à la
Roumanie que si cette dernière apporte la preuve que l'État de droit prime sur
les intérêts des partis, que toutes les parties font preuve d’un respect total
pour le processus de contrôle juridictionnel et notamment le contrôle
constitutionnel, et que les réformes entreprises sont irréversibles. Des
mesures légales sont pour cela indispensables – de même qu’un engagement
politique vis-à-vis de l’État de droit, absent des dernières décisions. Le
gouvernement s’est maintenant engagé à agir rapidement pour assurer le respect
de l’État de droit, conformément aux recommandations énumérées ci-après (voir
IV.1). Ceci étaie la conclusion selon laquelle les avancées en
matière d’application des critères de référence, requises pour que la
Commission décide de mettre un terme au MCV, n’ont pas encore été réalisées.
Une appropriation plus large de la réforme au sein de toutes les branches du
pouvoir ainsi que de l’appareil judiciaire, de même qu’un engagement plus ferme
en faveur de l'intégrité et de la lutte contre la corruption, sont nécessaires
pour satisfaire d’une manière satisfaisante aux exigences fixées par ce
mécanisme. Les autorités roumaines doivent en particulier démontrer qu’un
processus de réforme durable et irréversible est réellement engagé en Roumanie
et qu’une intervention extérieure du MCV n’est plus nécessaire. C’est la raison
pour laquelle les mesures prises récemment par le gouvernement et par le
Parlement sont particulièrement préoccupantes. L’expérience de ces cinq dernières années montre que des
actions convaincantes peuvent produire des résultats. La Roumanie peut déjà
mettre en avant la direction positive prise par le processus de réforme dans
des institutions telles que la DNA et l’ANI, ainsi qu’une action ciblée comme
l'accélération du traitement des affaires par la Haute cour. Récemment,
l’appareil judiciaire a adopté une position proactive en faveur de la défense
de l'indépendance judiciaire. À l’évidence, la garantie de ces avancées et le
maintien du rythme des réformes et de la stabilité financière dans le cadre de
celles‑ci sont les premiers éléments constitutifs de la démonstration du
caractère durable de ces réformes. Le passage de la phase d’adoption de la
législation à une phase de mise en œuvre déterminée permettra à la Roumanie de
progresser plus rapidement vers la réalisation des exigences du MCV. Tous les
États membres ont des obligations et des chances à saisir en matière de
liberté, de sécurité et de justice, et la Commission attend de la Roumanie
qu’elle mène à bien le processus spécifique du MCV et qu'elle s'attaque à ces
questions dans le même esprit que les autres États membres. Eu égard aux incertitudes actuelles, la Commission adoptera
un nouveau rapport sur la Roumanie, en application du MCV, d’ici la fin 2012.
Dans ce rapport, elle examinera si les préoccupations qu'elle a exprimées
concernant l'État de droit et l’indépendance de l'appareil judiciaire ont été
levées et si le contrôle démocratique et l’équilibre ont été rétablis. Elle
suivra de près les progrès réalisés en effectuant régulièrement des missions et
en entretenant un dialogue fréquent avec les autorités roumaines et les autres
États membres. IV. Recommandations La prochaine grande étape consistera pour le gouvernement et
les principales institutions de Roumanie à démontrer leur engagement à mettre
en place les fondements indispensables de l’État de droit et de l’indépendance
judiciaire. Plusieurs mesures urgentes doivent pour ce faire être prises par le
gouvernement et le Parlement. Alors que les recommandations énumérées
ci-dessous comprennent plusieurs réformes spécifiques nécessaires pour que la
Roumanie continue à progresser dans le cadre du MCV, il est à noter que les
controverses actuelles décrites plus haut dans le présent rapport suscitent de
vives inquiétudes au regard des progrès accomplis à ce jour et soulèvent des
questions quant au caractère durable et irréversible des réformes lancées. Eu
égard au caractère exceptionnel des récents développements, le présent rapport
comporte des recommandations spécifiques urgentes pour faire face à la
situation actuelle, notamment à la rubrique 1: «Respect de l’État de droit et
de l’indépendance du pouvoir judiciaire». La Commission a invité la Roumanie à prendre sans délai des
mesures dans les domaines suivants afin de résoudre les points actuellement
sujets à controverse: 1. Respect de l’État de droit et de l’indépendance du
pouvoir judiciaire ·
Abrogation de l’ordonnance d’urgence nº 38/2012 et de
l’ordonnance d’urgence nº 41/2012 et respect des décisions de la Cour
constitutionnelle sur le quorum pour un référendum et les compétences qui lui
sont attribuées. ·
Respect des obligations constitutionnelles à l’occasion de
l’émission future d’ordonnances. ·
Mise en œuvre de toutes les décisions de la Cour
constitutionnelle. ·
Publication sans délai de tous les actes au Journal officiel, y
compris des décisions de la Cour constitutionnelle. ·
Exigence du respect de l’indépendance du système judiciaire par
tous les partis politiques et instances gouvernementales; engagement à
sanctionner tout membre du gouvernement ou d'un parti qui saperait la
crédibilité des juges ou exercerait des pressions sur les institutions
judiciaires. ·
Désignation d’un médiateur jouissant du soutien de tous les
partis, par une procédure transparente et objective, débouchant sur la
sélection d’une personnalité faisant preuve d’une autorité, d'une intégrité et
d'une indépendance incontestées. ·
Mise en place d’une procédure transparente pour la nomination du
procureur général et du premier procureur de la Direction nationale
anticorruption. Ces nominations doivent impliquer des appels à candidature
ouverts fondés sur des critères d’expérience professionnelle, d’intégrité et de
résultats positifs en matière de lutte contre la corruption. Aucune nomination
au cours de la présidence par intérim. ·
Éviter d'accorder une quelconque grâce présidentielle pendant la
présidence par intérim. ·
Aucune désignation de ministre à l’encontre desquels des
jugements pour manquement à l’intégrité ont été prononcés; démission
obligatoire de ministres dans cette situation. ·
Adoption de procédures claires imposant la démission de membres
du Parlement à l’encontre desquels des décisions définitives en matière
d’incompatibilité et de conflits d’intérêts ont été prises, ou ayant été
condamnés en dernier ressort pour délits de corruption de haut niveau. Par son courrier du 16 juillet et l'annexe mise à jour du 17
juillet, le Premier ministre roumain a confirmé au Président de la Commission
que toutes ces conditions ont été remplies ou le seront. La Roumanie doit également prendre des mesures dans les
domaines suivants: 2. Réforme du système judiciaire ·
Adoption et mise en œuvre d’un plan commun global visant à
garantir l'application des quatre codes, y compris tous les aspects pertinents
de la réforme structurelle et procédurale, les adaptations nécessaires en
matière de ressources humaines et les investissements en faveur des
infrastructures judiciaires. ·
Restructuration du système judiciaire et du ministère public,
rééquilibrage du personnel et de la charge de travail sur la base, notamment,
du réexamen sur le plan fonctionnel du système judiciaire de la Roumanie et du
projet relatif à une charge de travail optimale pour les tribunaux qui est
actuellement financé par la Banque mondiale. ·
Mise en place d’un groupe de suivi pour la réforme judiciaire
réunissant toutes les instances de l’État, les associations professionnelles et
la société civile. 3. Responsabilisation de l’appareil judiciaire ·
Accord sur une politique commune entre le Conseil supérieur de la
magistrature et le gouvernement en vue de la promotion de la responsabilisation
et de l’intégrité au sein du système judiciaire grâce une pratique
disciplinaire et à une jurisprudence convaincantes, avec des échéances claires
pour ce qui est de la mise en œuvre. Mise en avant de l'application des
nouvelles lois sur la responsabilité disciplinaire et la promotion des
magistrats de la Haute cour comme exemple pour l’ensemble de l’appareil
judiciaire. ·
Meilleure coordination des instruments juridiques, disciplinaires
et de gestion afin de préserver la réputation du système judiciaire dans les
cas de manquement graves, y compris la prise de décisions relatives à des
droits individuels tels que les retraites. ·
Renforcement des capacités et des résultats de l'Inspection
judiciaire en vue de la poursuite tant de la responsabilisation de l’appareil
judiciaire, grâce au suivi des affaires individuelles, que de la promotion de
l’efficacité, de la cohérence et des bonnes pratiques au sein du système
judiciaire, au moyen d’un réexamen régulier des pratiques à tous les niveaux de
celui‑ci. 4. Cohérence et transparence du processus judiciaire ·
Élaboration d’une approche globale en vue de la mise en place des
structures, procédures et pratiques nécessaires pour accélérer l’unification
juridique. L’unification juridique doit constituer une priorité, en termes de
gestion, pour les présidents des différentes juridictions, et la cohérence doit
représenter un élément important du système d’évaluation et de promotion des
juges. Mise à jour complète et continue des décisions de justice motivées et
publication en ligne de cette mise à jour. ·
Poursuite de la réforme de la Haute cour en mettant davantage
l’accent sur l’unification du droit. 5. Efficacité de l'action judiciaire ·
Élaboration et mise en œuvre, dans l’ensemble de l’appareil
judiciaire, d'orientations claires sur les bonnes pratiques concernant les
condamnations, la gestion des affaires et l’examen des preuves dans les procès
au pénal, en insistant notamment sur les domaines dans lesquels des manquements
ont déjà été recensés, comme lors de procès complexes ayant trait à la
criminalité économique et à la passation de marchés publics. ·
Mise en place de réformes en faveur de la publication rapide des
motifs des décisions à la suite du prononcé du verdict, de la suspension des
délais de prescription dès l'ouverture des instructions judiciaires, ainsi que
de l'amélioration de la qualité et de la disponibilité de l’expertise
judiciaire. ·
Poursuite de la mise en œuvre des mesures prises par la Haute
cour pour accélérer les procès pour corruption à haut niveau, non‑application
de délais de prescription et instauration de mesures similaires auprès d'autres
juridictions. ·
Poursuite de l’amélioration de la cohérence et du caractère
dissuasif des sanctions infligées dans les affaires de corruption à haut niveau
par l'ensemble des juridictions roumaines. ·
Poursuite par les nouvelles hautes instances judiciaires des
résultats obtenus par le ministère public. 6. Intégrité ·
Réalisation d'avancées convaincantes en matière d’imposition de
sanctions rapides et dissuasives. Simplification du contrôle juridictionnel des
décisions de l’ANI grâce à l’amélioration des procédures et pratiques
judiciaires, ainsi qu’au réexamen du cadre juridique applicable à cette
autorité, en vue d’accélérer la prise des décisions finales et d’améliorer la
cohérence et le caractère dissuasif de celles‑ci. ·
Amélioration de la coopération apportée par les autorités
judiciaires et d’autres instances administratives à l'ANI en vue du signalement
des faits de corruption et de l'échange d'informations opérationnelles, d’une
manière efficace, sur les trois domaines d’activités de l’ANI. La
coopération apportée à l'ANI devrait permettre de mesurer de façon claire le
rôle moteur joué par les autres instances administratives. 7. Lutte contre la corruption ·
Poursuite par les nouvelles hautes instances judiciaires des
résultats obtenus par la DNA. ·
Mise en œuvre de la nouvelle stratégie nationale de lutte contre
la corruption telle qu'elle a été élaborée, et mise en place d'un système de
suivi global permettant à l'ensemble des agences gouvernementales de fixer des
objectifs et de présenter des rapports annuels, dans un format commun et
comparable, sur la prévention et la répression de la corruption, de la fraude
et des conflits d’intérêts. Élaboration, conformément à cette stratégie, de
règles procédurales claires et de bonnes pratiques concernant les décisions du
Parlement en vue d’enquêter sur des parlementaires, de les arrêter ou de les
faire rechercher. ·
Démonstration de l’obtention d’un bilan positif en matière de
poursuites contre le blanchiment de capitaux en tant que délit distinct et de
résultats convaincants en ce qui concerne le recouvrement des produits du
crime, grâce au renforcement de la pratique judiciaire et à l'application de la
nouvelle législation en matière de confiscation élargie. ·
Mise en place d’un mécanisme de coordination et de suivi clair
entre la police, le ministère public et les autorités de contrôle
administratif, qui seront chargés spécifiquement de garantir une coopération et
une communication efficaces sur les faits de corruption. ·
Amélioration des résultats en matière de prévention et de
répression de la corruption, de la fraude et des conflits d’intérêts dans le
domaine des marchés publics, dans l'ensemble des domaines d’activité des
administrations publiques. Dans ce contexte, il convient que la Roumanie assure
un suivi adéquat des recommandations formulées dans le cadre du réexamen
externe du système de passation des marchés publics effectué à l’initiative de
la Commission. [1] Conclusions
du Conseil des ministres du 17 octobre 2006 (13339/06); décision de
la Commission du 13 décembre 2006 établissant un mécanisme de coopération
et de vérification des progrès réalisés par la Roumanie en vue d'atteindre
certains objectifs de référence spécifiques en matière de réforme du système
judiciaire et de lutte contre la corruption [C(2006) 6569 final]. [2] Elle
prévoyait aussi la possibilité d'un mécanisme de sauvegarde, qui n'a pas dû
être invoquée. [3] Les
conclusions du Conseil européen des 28 et 29 juin prévoient l'engagement
de l'UE, dans le pacte pour la croissance et l'emploi, de réduire les retards
dans les systèmes judiciaires dans le cadre de la modernisation des
administrations publiques (conclusions du Conseil européen du
29 juin 2012, page 8). [4] Sondage
Eurobaromètre Flash réalisé en mai 2012 par la Commission en Roumanie
(Eurobaromètre Flash n° 351: «Le mécanisme de coopération et de
vérification pour la Bulgarie et la Roumanie» à l’adresse suivante: http://ec.europa.eu/public_opinion/index_fr.htm). [5] Eurobaromètre
Flash n° 351. [6] Les
travaux du Conseil de l'Europe, de l'OCDE et des agences des Nations unies font
partie de ces points de référence. [7] En
2012, ces experts comprenaient des praticiens du droit expérimentés venus
d'Allemagne, d'Espagne, de France, d'Irlande, de Pologne, du Royaume-Uni et de
Slovénie. [8] Rapport
technique, page 48. [9] Ainsi,
l'action de l'ANI serait bien plus efficace si elle bénéficiait de la pleine
coopération des autres agences gouvernementales et d'un suivi énergique de la
part du système judiciaire. [10] Ces
conclusions sont corroborées par l'opinion publique. 65 % des personnes ayant
répondu au sondage Eurobaromètre Flash réalisé en Roumanie sont d'avis que
l'action de l'UE, par le truchement du MCV, a eu une incidence favorable sur la
réduction des lacunes du système judiciaire (59 % des sondés sont du même
avis en ce qui concerne la corruption). Dans le même temps, une large majorité
des personnes interrogées estiment que la situation n'a pas évolué dans ces
deux domaines, voire qu'elle s'est détériorée au cours de ces
cinq dernières années. (Eurobaromètre Flash n° 351). [11] En
juin, la position officielle du Conseil supérieur de la magistrature en faveur
de la défense de l'indépendance du système judiciaire, qui s'est manifestée au
travers d'interventions publiques ayant trait à une affaire importante de
corruption à haut niveau, a envoyé un message significatif en ce sens. [12] Des
statistiques de la CEDH révèlent que la Roumanie arrive en deuxième position
parmi les États membres de l'UE pour le nombre d'arrêts de cette cour en
attente d'exécution. Un grand nombre de ces arrêts portent sur des difficultés
liées à des mesures de droit civil, la longueur excessive des procédures
civiles, l'absence de voie de recours effective et l'inefficacité des enquêtes
pénales (Conseil de l'Europe: surveillance de l'exécution des arrêts et
décisions de la CEDH, rapport annuel 2011: http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/execution/Source/Publications/CM_annreport2011_fr.pdf). [13] La
Banque mondiale mène actuellement une évaluation du fonctionnement du système
judiciaire roumain, financée à l'aide de fonds de l'UE. Un second projet d'amélioration
des capacités en vue de recueillir et de traiter des données juridiques et
d'élaborer des normes de charge de travail optimale dans le système judiciaire
est actuellement réalisé par des consultants grâce à un prêt de la Banque
mondiale. [14] La
nouvelle procédure de renvoi préjudiciel visait à introduire une procédure plus
dynamique que l'actuelle procédure relative aux recours déposés dans l'intérêt
de la loi (voir rapport technique, pages 6 et 7). [15] Le
non-respect des décisions de la Cour constitutionnelle et des recours déposés
dans l'intérêt de la loi auprès de la Haute cour de cassation et de justice
peut faire l'objet d'une enquête disciplinaire et entraîner des sanctions,
conformément aux modifications apportées aux dispositions des lois du système
judiciaire sur la responsabilité disciplinaire des magistrats, adoptées fin
2011 et promulguées début 2012. [16] L'incohérence
de la jurisprudence est souvent mise en avant en Roumanie et confirmée par
diverses parties prenantes, telles que les investisseurs étrangers, les
cabinets juridiques et les associations professionnelles de magistrats. Des
décisions incohérentes ont été recensées par les experts, notamment dans des
affaires sensibles concernant des prévenus de haut niveau et des affaires de marchés
publics. [17] Cela
explique notamment pourquoi la jurisprudence émanant de juridictions
supérieures n'est pas prise en ligne de compte et pourquoi il est si rarement
fait appel à la procédure relative aux recours déposés dans l'intérêt de la
loi. Le nombre de ces derniers a
diminué en 2011, par rapport aux années 2007-2009. [18] À
l'exception des juges de la Haute cour de cassation et de justice, qui peuvent
accéder à tous les jugements de la base de données. [19] La
Haute cour juge un certain nombre de délits en première instance, lorsqu'ils
ont été commis par un certain type de prévenus. Elle statue aussi en matière
financière, notamment pour les demandes des parties de transférer des affaires
vers d'autres juridictions et en cas de conflits de jurisprudence entre
tribunaux. [20] Des
raisons logistiques ont été avancées pour expliquer le fait que les
dispositions relatives au renvoi préjudiciel en droit civil figurant dans le
code de procédure civile soient entrées en vigueur quatre mois après le
reste du code. [21] Indicateurs
de gouvernance de la Banque mondiale 2011. [22] La
«petite loi de réforme» a notamment permis au ministère public de reprendre les
motivations de la police pour les décisions de classement de certaines affaires
simples, lui a donné plus de latitude quant au choix de ne pas poursuivre
certaines infractions, lorsque les preuves existantes ne justifient aucune
enquête supplémentaire, et a réduit les possibilités de recours pour les
affaires mineures. [23] La
Roumanie est régulièrement condamnée par la CEDH pour atteintes aux droits
procéduraux consécutives à des procédures judiciaires excessivement longues. Les
retards dans la publication des motifs des décisions de justice dépassant la
limite légale de 30 jours y sont fréquents. Il n'existe à ce jour aucune
donnée fiable en matière de rétention d'affaires. Cette lacune devrait être
comblée début 2013 par la publication d'une étude de la Banque mondiale. [24] Les
responsabilités de la gestion des ressources humaines du système judiciaire
sont partagées. Le Conseil supérieur de la magistrature est chargé de la
gestion du recrutement, de la progression de carrière, de la formation et des
actions disciplinaires. Le ministère de la justice est responsable du budget et
a l'initiative juridique. Le procureur général a la responsabilité des
résultats des poursuites, tandis que tout ce qui peut avoir une incidence sur
la carrière d'un procureur est du ressort du Conseil. [25] Les
capacités de recrutement actuelles ne permettent pas de fournir le nombre de
nouvelles recrues nécessaires dans les délais impartis et d'un niveau de
qualité et de préparation adéquat, selon les estimations d'une analyse d'impact
réalisée pour les nouveaux codes. [26] Cela
concerne notamment les propositions du ministre de la justice et du procureur
général visant à fermer les petits tribunaux et parquets à en redistribuer les
postes entre les zones ayant des besoins urgents en la matière. [27] L'évaluation
de ces points par la Commission se trouve aux pages 13 et 14 de la mise à jour
technique SEC(2011) 968 publiée le 20 juillet 2011. Elle renvoie
notamment à des cas où le système judiciaire a fait montre d'une grande
indulgence à l'égard de demandes de report introduites par des prévenus, mais
aussi à des lacunes dans la gestion des preuves, le traitement des
irrégularités de procédure et les questions d'organisation. [28] Mise
à jour technique SEC(2011) 968 du 20 juillet 2011, page 14.
Depuis le dernier rapport annuel de la Commission, la Haute cour de cassation
et de justice s'est vu allouer un budget spécial pour les experts judiciaires. [29] Parmi
les innovations importantes, on citera l'introduction de lignes directrices
pour le prononcé concernant des délits de corruption et des mesures destinées à
accélérer les procès pour corruption à haut niveau. Toutefois, les bonnes
pratiques appliquées dans ces domaines spécifiques n'ont pas encore été
rationalisées. [30] Ces
modifications juridiques permettront au ministre de la justice et au procureur
général d'engager des actions disciplinaires, par l'intermédiaire de
l'inspection judiciaire. Cette dernière dispose à présent d'un mandat plus fort
lui permettant d'examiner la pratique judiciaire et de faire appel de sanctions
disciplinaires imposées par le Conseil supérieur de la magistrature. [31] C'est
dans cette optique que l''inspection judiciaire a rédigé ses trois premiers
rapports fin 2011et début 2012: deux rapports thématiques sur les retards
importants observés dans certaines enquêtes et sur l'accélération des procès
pour corruption à haut niveau et un rapport sur les pratiques de la Haute cour
de cassation et de justice en matière de gestion. [32] La
Commission en a rendu compte en février 2012 [COM(2012) 56 final, page 3]. [33] La
Commission a fait état, en février 2012, d'affaires dans lesquelles des
juges de la Haute cour de cassation et de justice continuaient à siéger dans
les juridictions alors qu'ils faisaient l'objet d'enquêtes pour corruption à
haut niveau. D'autres juges ont échappé à des sanctions disciplinaires en
partant à la retraite [COM(2012) 56 final, page 3]. Toutefois, la réponse
récente du Conseil supérieur de la magistrature au lancement d'une enquête sur
l'un de ses propres membres témoigne d'une approche plus proactive pour contrer
les atteintes à la réputation du système judiciaire. [34] D'après
un sondage Eurobaromètre spécial daté de février 2012, 96 % des
Roumains considéraient que la corruption était un problème majeur, un
pourcentage légèrement plus élevé qu'en 2007 (Eurobaromètre spécial
n° 374: http://ec.europa.eu/public_opinion/index_fr.htm).
Depuis 2007, la Roumanie a perdu 6 places dans l'indice de perception de
la corruption (Transparency International), son taux de perception ayant
baissé. Son classement Freedom House est resté inchangé. [35] D'après
un sondage Eurobaromètre de février 2012, 67 % des Roumains seraient
d'avis que la corruption a augmenté au cours des trois dernières années. [36] En
2011, la DNA a mis en examen 1 091 personnes dans le cadre de
233 affaires, contre 415 mises en examen dans le cadre de
167 affaires en 2007. Environ 60 % de toutes les enquêtes durent moins de
6 mois. Depuis 2007, la DNA a mis en examen un ancien Premier ministre, un
ancien vice-Premier ministre, un certain nombre d'anciens ministres et membres
du Parlement, ainsi que d'innombrables préfets, maires, conseillers généraux et
responsables d'entreprises publiques. En 2011, la DNA a mis en examen
deux membres du Parlement et un maire influent appartenant à la coalition
gouvernementale d'alors, ainsi qu'un parlementaire de l'opposition de l'époque. [37] En
2011, des décisions non définitives ont été rendues à l'encontre de 879
prévenus, contre 199 en 2007. Toujours en 2011, des décisions définitives ont
été rendues à l'encontre de 158 prévenus, contre 109 en 2007. [38] En
Roumanie, la possibilité de prescription ne prend pas fin lorsque les enquêtes
ou les procédures judiciaires commencent, comme dans de nombreuses autres
juridictions. [39] Il
a fallu pour cela exclure de la période la date de prescription, les périodes
pendant lesquelles le procès était suspendu dans l'attente de la décision de la
Cour constitutionnelle sur une exception d'inconstitutionnalité. [40] Voir
rapport technique, page 29. [41] Dans
son rapport COM(2011) 460 final du 20 juillet 2011, la Commission
recommandait à la Roumanie de «prendre des mesures urgentes en vue d'améliorer
la pratique judiciaire et la gestion des affaires et accélérer la prise de
décision dans les affaires importantes de corruption à haut niveau, afin
d'éviter le dépassement du délai de prescription dans tous les cas de figure». Le
même rapport recommandait aussi à la Roumanie de «poursuivre la réforme de la
Haute cour de cassation et de justice afin de lui permettre de mieux exercer
son rôle en matière de cassation et d'accroître sa capacité à traiter les
affaires de corruption de haut niveau». [42] Voir
rapport technique, page 25. [43] Voir,
par exemple, l'évaluation de la Commission figurant en page 15 de la mise
à jour technique SEC(2011) 968 publiée le 20 juillet 2011. [44] Sur
les 43 condamnations enregistrées par la DNA dans les tribunaux depuis
2006, seules deux décisions définitives ont été rendues. [45] Les
données collectées depuis 2007 indiquent qu'environ 60 % des peines arrêtées
par les tribunaux sont égales ou inférieures aux peines minimales. Bien que la
part des peines d'emprisonnement assorties d'un sursis ait diminué, passant de
75 % dans les années 2007-2009 à 60 % en 2011, les peines assorties d'un sursis
restent majoritaires, en particulier dans les affaires importantes. Les trois
membres du Parlement actuels ou anciens ayant fait l'objet d'une condamnation
définitive en 2011 ont tous bénéficié d'un sursis [46] Ce
n'est toutefois pas encore la pratique habituelle: lors des élections locales
de juin, plusieurs candidats au poste de président du conseil communal ou
général étaient en état d'arrestation ou faisaient l'objet d'une enquête pénale
ou d'un procès pour corruption, et un certain nombre d'entre eux ont été élus. [47] Voir
le rapport technique, pp. 26 et 27. [48] Voir
rapport technique, page 27. [49] Trois
membres du Parlement ayant été condamnés pour corruption à haut niveau par une
décision définitive continuent de siéger au Parlement. [50] Ces
décisions ont fait suite à des recours contre des conclusions de l'ANI en
matière d'incompatibilité. [51] Voir
le rapport technique, pp. 18 et 19. [52] Les
compétences de l'ANI consistant à suggérer à la Cour la déchéance d'avoirs
injustifiés a été jugée en violation avec les principes constitutionnels de la
séparation des pouvoirs, ainsi que de la présomption et de l'interdiction de
confiscation de patrimoine légalement acquis. [53] La
commission juridique de la Chambre des députés a proposé qu'il ne soit pris
aucune mesure à l'encontre de deux parlementaires faisant l'objet de conclusions
définitives en matière d'incompatibilité et de conflit d'intérêts. Les
décisions définitives du Parlement concernant ces deux affaires sont encore en
suspens. [54] La
loi modifiée a également contraint l'ANI à abandonner un nombre important
d'affaires faisant alors l'objet d'une enquête, en raison de l'introduction de
délais de prescription. La grande majorité de ces affaires concernaient des
responsables politiques élus. [55] À
ce jour, un conflit d'intérêts administratif n'a été confirmé que dans
deux affaires, où les contrats concernés n'ont cependant jamais été
annulés. [56] Parmi
les affaires récentes faisant l'objet d'un débat public, deux concernent des
parlementaires étant également recteurs d'université. Dans un cas, une
incompatibilité a été détectée, alors que dans l'autre, le même tribunal en a
réfuté l'existence. Un épisode similaire s'est répété devant une autre cour
d'appel. Ces affaires sont désormais dans l'attente d'un jugement en appel
auprès de la Haute cour de cassation et de justice. [57] Globalement,
depuis sa création jusqu'au mois de mars 2012, l'ANI a procédé à quelque
4 000 vérifications ayant donné lieu à des conclusions ou des
saisines dans plus de 500 affaires, dont 250 conclusions
d'incompatibilité, 37 affaires de conflit d'intérêts (administratif),
24 affaires d'avoirs injustifiés présumés et 239 saisines du
ministère public pour suspicions de délits pénaux. [58] L'examen
analytique a eu jusqu'ici les résultats suivants: 75 conclusions
d'incompatibilité, 9 conclusions de conflit d'intérêts administratif et
des saisines de procureurs concernant 50 suspicions de délits pénaux. [59] Le
soutien apporté par le ministère de la justice en vue d'améliorer les salaires
du personnel de l'ANI constitue une démarche utile à cet égard. [60] Jusqu'à
présent, les conclusions d'incompatibilité émises par l'ANI ont été confirmées
par les tribunaux ou sont devenues définitives du fait même qu'elles n'avaient
fait l'objet d'aucun recours dans les délais stipulés par la loi dans
118 affaires. Dans 53 d'entre elles, des fonctionnaires ont dû
démissionner, dans 8 autres, des commissions disciplinaires ont prononcé des
licenciements et dans 16 autres encore, d'autres sanctions ont été prises. [61] Un
groupe de travail conjoint constitué de représentants du ministère de la
justice et de l'ANI a déjà formulé des propositions qui n'ont pas été reprises
jusqu'ici. [62] Elle
a, en particulier, collaboré avec la DNA sur plusieurs enquêtes importantes et
complexes relatives à des cas de corruption, notamment en
ce qui concerne la délivrance des permis de conduire (2008) et au sein de la
police des frontières (2010-11). Depuis 2007, elle a communiqué plus de
1 000 cas au total à la DNA, qui ont débouché à ce jour sur 222 mises
en examen pour corruption à haut niveau. Au cours de cette même période, la DGA
a transmis plus de 6 300 autres dossiers de corruption au ministère
public, qui ont conduit jusqu’ici à 836 mises en examen. [63] Certains
secteurs, tels que la fiscalité, les douanes et la délivrance de permis de
bâtir par les administrations locales, ne font toujours pas l'objet de mesures
anticorruption de grande ampleur. [64] Cela
renforcera la détection d’irrégularités commises dans les marchés publics
relatifs au secteur de la santé, tandis qu’un autre projet important de
sensibilisation aux droits des patients et de lutte contre la corruption du
côté de l'offre dans le secteur des soins de santé est envisagé. Un projet de
lutte contre la corruption a également été lancé par le ministère du
développement régional et du tourisme pour analyser de manière plus approfondie
les faiblesses face à la corruption au sein de ce ministère et de ses
structures subordonnées, et élaborer une stratégie détaillée. [65] Ce
mois-ci, le gouvernement a approuvé la création d’une unité chargée de
l’intégrité au sein de l’Agence nationale pour l’administration fiscale. Toutefois,
sa structure, ses compétences et ses ressources doivent encore être définies. [66] Dans
le domaine des marchés publics, l'Autorité nationale de régulation et de
surveillance des marchés publics (ANRMAP), qui est l’autorité de contrôle
compétente, n’a signalé que cinq cas à la DNA depuis 2007. En 2011, elle n’a
rapporté que trois cas de conflits d’intérêts. [67] Voir
le rapport technique, pp. 34 et 35. [68] Conformément
aux dispositions de la décision 2007/845/JAI du Conseil. [69] Il
n’existe pas encore au sein de la profession de vision commune de la
confiscation des avoirs de tiers, et la jurisprudence en la matière est
limitée. La disposition constitutionnelle en vertu de laquelle l’origine licite
des biens est présumée concourt à une approche prudente et à une pratique non
unitaire dans ce domaine. [70] Un
arrêt a été rendu dans une seule affaire et un avis juridique a été émis par le
procureur général. [71] Entre
2007 et 2011, on a dénombré 42 condamnations pour des infractions relatives au
blanchiment des capitaux. [72] Rapport
technique, p. 40. [73] Voir
la note de bas de page n° 56.